L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

31

description

Gérondes, hier et aujourd'hui

Transcript of L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Page 1: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe
Page 2: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

ERONDE

QUINZE SIECLES D'HISTOIRE

par François-Olivier Dubuis Archéologue cantonal

LA COMMUNAUTE DES MONIALES

par Sœur Marie-Bénédicte

L'ECOLE VALAISANNE, DOCUMENT D'HISTOIRE No 2

Sion 1977

Page 3: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

SOMMAIRE

Présentation

QUINZE SIECLES D'HISTOIRE

l , II III IV V VI VII VIII

IX X

XI

XII XIII XIV

La premièr,e église rurale (Ve siècle) Les transformations du Vie siècle La reconstruction du VIle siècle Le sanctuaire roman (Xie siècle) Les derniers temps de la paroisse Saint-Martin La chartreuse (XIVe siècle) Les débuts du carmel (XVe siècle) Grands travaux et décadence (fin du XVe-XVIIe siècle) Essais et préparations (1645-1747) Le séminaire diocésain et son église (1748-1798) Du sac de Géronde (1799) à l'accueil des réfugiés L'institut des sourds-muets (1893-1929) L'arrivée des bernardines (1935) La restauration de l'église (1963-1970) Conclusion

LA COMMUNAUTE DES MONIALES

II

L'accueil d'une tradition - Saint-Benoît (480-547) - Cîteaux (1098) - Louise de Ballon (1591-1668)

Une communauté vivante - Activités quotidiennes

Prière, p. 44 ; Lectio divina, p. 44 ; Travail, p. 45.

- Vie en communauté Obéissance et liberté, p. 48 ; Communauté et solitude, p. 48.

INDICATIONS POUR LE VISITEUR

1 II III

Vue d'ensemble L'église Les stalles des carmes

2

p . 3

6

6 8 9

10 12 14 15

18 22

24

26 28 31 33 35

38

39 40 40 42 43 44

48

52

52 54 56

PRESENTATION

Le monastère des bernardines de Géronde se trouve au sud de Si erre, sur la colline la plus proche du Rhône. Le visiteur qui , pour la pre­mière fois, aborde ces lieux écartés, s'étonne d'y trouver une église aussi vaste, manifestement construite en des temps anciens. Il pres­sent que le paisible office des moniales continue une très longue tra­dition de prière. Les recherches archéologiques, faites lors de la récen­te restauration de l'église (1963-1970), confirment cette intuition.

Le résultat des fouilles vient d'être publié dans Vallesia : cette ,revue scientifique nous a pèrmis de présenter l'analyse détaillée des éléments découverts, de démontrer comment l'on restitue le plan des édifices successifs et comment l'on détermine leur date.

Il a paru utile de disposer d'une publication plus brève, plus simple aussi , qui donnerait les principaux résultats acquis par nos recherches.

Dans la première section de cette brochure, nous parcourrons les dif­féren tes époques durant lesquelles une église a existé sur la colline de Géronde . Nous montrerons les communautés qui y célébraient les offices.

Aujourd'h ui, l'église de Géronde est encore bien vivante. C'est pour­quoi, dans la deuxième section, l'actuelle communauté des moniales présentera les sources de sa spiritualité et les principaux aspects de sa vie quotidienne.

Enfin, une troisième section aidera le visiteur à découvrir Géronde et son église.

Nous tenons à féliciter les moniales qui ont pris l'initiative de ce petit ouvrage, ainsi que l'ECOLE VALAISANNE qui en a facilité l'édition. Nous remercions tous ceux qui ont participé aux recherches préala­bles, à l'établissement du texte et des illustrations et à la mise au point d'une plaquette que nous avons voulu attrayante.

F. O. Dubuis Sion, juillet 1977

3

Page 4: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

· HIER

Page 5: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

QUINZE SIECLES D'HISTOIRE

par François-Olivier Dubuis

CHAPITRE 1 LA PREMIERE EGLISE RURALE (Ve siècle)

Les éléments les plus anciens que nous avons découverts remontent au Ve s. Il s'agit des vestiges, malheureusement fragmentaires, d'une vaste église.

Celle-ci n'occupait pas exactement l'emplacement de l'édifice actuel : elle se terminait, à l'orient, devant l'entrée du chœur, mais débordait l'aire de la nef actuelle au nord, au sud et surtout à l'ouest.

Le plan que nous avons pu restituer (fig. 1) donne une idée générale, mais suffisante, des différents locaux qui composaient la première église de Géronde. La nef (N) avait sensiblement les dimensions de la partie basse de la nef actuelle. Elle était suivie à l'est, où se trouve maintenant une sorte d'esplanade devant le chœur, par un sanctuaire (S) en abside flanqué de deux petites annexes (A) qui servaient au déroulement de la liturgie. A l'ouest, la nef était précédée d'un vaste narthex (V), sorte de vestibule. Au nord et au sud de la nef et du nar­thex, des portiques (P) légers servaient aux accès et, problablement, comme c'est souvent le cas en Europe occidentale, à des sépultures privilégiées. Les sols étaient partout de terre battue.

Les vestiges découverts permettent de penser que les superstructures de cette église étaient de bois. Les maçonneries de base, de construc­tion assez faible, n'ont pas pu supporter une charge bien lourde. On a eu recours à une technique de construction qui n 'a pas survécu dans l'architecture religieuse du pays, mais qui demeure utilisée jusqu'à nos jours dans l'architecture rurale. Tout le monde connaît les chalets, les grenie'rs, les .granges et les raccards de bois, posés sur une base de maçonnerie : ils sont bâtis avec le plus grand soin. L'église de Géronde pouvait être de semblable qualité.

6

Nous avons, ici la plus ancienn.e des véritables égl ' 1 / . ," . Ises rura es decou-vertes 1usqu a ce 10ur en ValaIs. Manifestement il ne " t d' . t' f /. . S agI pas un petIt ora OIre uneraIre, nI de la chapelle privée d' . h '/

, . b ' d' l' un nc e propne-taIre, malS len un leu de culte destiné dès l' " , , toute une population. ,ongme, a receVOIr

Existai t-il une vraie paroisse? On peut en d t A servance des églises de campagne était so ou er

t· u V~ s., la des-

A / dl' / / , uven assuree par un pretre envoye e a cIte eplscopale ou d'un aut b ' La présence d'un curé résident était encore rare, re ourg Important.

Les fi dèles étaient-ils les gens d'un grand d' , pris plus tard par les rois burgondes? A la fi~~aI~~Ifallo-romaI~ ,re­de l'abbaye de Saint-Maurice croyait se 1 u ,e s., la tra,dItlOn Sierre avait été donné, en 515, par le roi r~~~~ er qu un dO,m,ame de à l'abbaye de Saint-Maurice naissante La ,~rg~n~es, SIgI~mond, pourrait être celle de ce domaine et ~vo' p::;rl1:~~ eghse d: Geronde que lui, aux religieux d'Agaune, Ir e e ce ee, en meme temps

Quoiqu'il en soit, en dehors des vesti es les l , ' / par le, chanoine Bourban, puis par Lo~is Blo:d~t ,a~cIens decou~erts Maunce, la première église de Gérond t lIa 1 a?ba~e de Saint -chrétien maintenant connu en Valais. e es e p us anCIen heu de culte

::=:O:='CJ:=: =: = ==: Il

v N

Fig. 1 - La première église de Géronde (Ve s.)

Echelle 1 : 400

7

Page 6: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

CHAPITRE II LES TRANSFORMATIONS DU VIe SIECLE

Les éléments que nous avons découverts (fig. 2) permettent de savoir que l'église a été transormée dans le courant du VIe s. et que les tra­vaux ont touché la partie orientale de l'édifice, en respectant son ar-chitecture de pierre et de bois.

L'ancienne abside a été agrandie (S) et les deux annexes latérales (A), destinées aux préparatifs de la célébrati~n liturgique, ont d,û êt.re mo­difiées pour tenir compte de cet agrandIssement. Deva~t l absIde, au niveau du sanctuaire, une esplanade (C) a été créée, ?ommant de ?eux marches le sol de la nef (N) que l'on chape de mortIer rose. Ce dISPO: sitif était destiné sans doute à recevoir l'ambon (ou les ambo~s) et a servir, avec les annexes latérales, au déroulement des processIOns et cérémonies de l'avant-messe.

Les transformations du VIe s. témoignent du désir d'améliorer la .cé­lébration liturgique; elles pourraient correspondre à l'organisatIOn d'une vraie paroisse.

::=:0: =c::J = = ===-==-= I l p

v

p

Fig. 2 - L'église transformée (VIe s.)

Echelle 1 : 400

8

CHAPITRE III LA RECONSTRUCTION DU VIle SIECLE

La reconstruction de l'église de Géronde, dans le courant du VIle s., a eu pour but d'agrandir l'édifice et de lui assurer une meilleure soli­dité (fig. 3).

L'agrandissement a été réalisé en construisant une abside nouvelle (8) devant la façade orientale: l'intérieur était en hémicycle et l'exté­rieur à pans coupés avec de petits contreforts décoratifs . La surface précédemment occupée par le sanctuaire est utilisée pour agrandir, vers l'est, l'avant-chœur (C) : celui-ci est séparé de la nef (N) par un mur trans.versa~ bas (chancel). Cette transformation n'augmente pas la place dIspomble pour les fidèles, mais amplifie l'espace qui sert au déroulement des cérémonies.

L'ambiance intérieure est moins pauvre qu'aux siècles précédents: le sol est soigneusement pavé et les murs décorés d'une peinture rouge.

v N

Fig. 3 - L'église du VIle s.

Echelle 1 : 400

9

Page 7: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Pour augmenter la durabilité de l'édifice, on le reconstruit en maçon­nerie. Le bois désormais ne servira qu'à la toiture et peut-être au plafond (il n'y avait pas de voûte). Si la nef (N). et le. ~arthex ,(V) sont rebâtis sur le même plan qu'au Ve s., d'autres dIsposItIons relevent de modes architecturales nouvelles: suppression des portiques latéraux et installation des annexes (A) du sanctuaire de chaque côté de l'a­vant-chœur. L'annexe du midi aurait-elle servi de baptistère ? Elle possédait une petite abside (absidiole). Le patron, saint M,ar~in , pourrait avoir été choisi lors de la dédicace de cette nouvelle eghse.

Peut-être les religieux d'Agaune desservent-ils la paroisse ? Alors, il faudrait leur attribuer 'la construction de la chapelle Saint-Félix (VIlle - IXe s.) : ces ruines subsistent à quelques centaines de mètres à l'est du monastère. .

CHAPITRE IV LE SANCTUAIRE ROMAN (XIe siècle)

L'édifice du VIle s. avait-il succombé à la vétusté ou subi quelque accident? Nous l'ignorons. Le résultat des fouilles et de l'analyse du bâtiment permettent de savoir que l'église a été rebâtie dans le cou­rant du XIe s.

On a conservé (fig. 4) le plan de la nef (N) et de l'abside principale (S), mais on a agrandi l'espace réservé aux offices (C) en repoussant le chancel un peu vers l'ouest.

Le mur méridional de la nef a été remplacé par une série d'arcades que nous avons retrouvées. Piliers carrés et arcs en plei~ cintre as­suraient la liaison et la communication entre la nef anCIenne et un bas-côté nouveau (B).

Au nord de l'avant-chœur, on construit le premier clocher (T) con­nu de Géronde. Il nous en reste la partie essentielle, jusqu'au bas du

10

dernier étage actuel. Les fenêtres jumelées, très simples, ont été con­servées jusq ~ 'au ' XIXe s. N?us espérons qu'une restauration per­mettra de lUI rendre son vrai caractère en le débarrassant des bou­chons intempestifs et en réparant les fenêtres authentiques.

Le chantier du XIe s. n 'a pas gardé le narthex des églises précéden­tes. Il n'a con~ervé, devant la nouvelle façade occidentale, que le bas des murs anCIens. Ils entouraient une sorte de parvis ou de cimetiè-re (E) . .

L'église, toujours sans voûte, est recouverte d'une simple charpente peut-être plafonnée . Le sol de la partie réservée à la célébration li­turgique (S et C) est seul pavé.

Les dir~1ensio?s. de l'édifice, relativement restreintes, suggèrent que la parOIsse n'etait pas ou n 'était plus très étendue. L'état des circons­cripti?ns ecc~és~ati,qu,e~ v~is~nes (fig. 5) nous assure que la paroisse de Gero~d~ etaIt hmItee a 1 est par celle de Loèche, qui comprenait tout le dIstr,Ict a~tuel de ce nom, A l'ouest se trouvait Granges et sans doute aUSSI Grone et Lens. Il est possible que Saint-Maurice-de­Laques (au nord) et Chalais-Chippis (au sud) aient fait partie alors de la paroisse de Géronde,

Au XIe s., les droits sur Géronde paraissent appartenir à l'évêché. La paroisse devait être desservie par un prêtre séculier. La construc­tion de l'église romane pourrait remonter à l'époque de l'organisation

-- - - - - -----.. ---.......... r----------i- -- - -ii

L====- :.=._=.:_: = :.:_=:=.

N l i R l i L':.-=':' -::.

Fig. 4 - L'église romane (XIe s.)

Echelle 1 : 400

Il

Page 8: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

de la seigneurie épiscopale de Sierre et de l'édification du château non loin de la chapelle Saint-Félix. Cette dernière a été transformée au XIIe - XIIIe s.

CHAPITRE V LES DERNIERS TEMPS DE LA PAROISSE SAINT -MARTIN

On ne sait pas dans quelles circonstances l'abbaye des chanoines ' réguliers d'Abondance, en Haute-Savoie, acquit l'église romane de Géronde et la charge de desservir la paroisse. Peut-être s'agit-il d'une donation épiscopale au XIIe s. ?

Nous constatons seulement que dans le courant du XIIIe s., et en­core dans le premier tiers du XIVe, la paroisse a pour curé un religieux d'Abondance portant le titre de prieur. Peut-être est-il accompagné, selon la règle, de quelques confrères, ses auxiliaires dans la pastorale et les offices. Mais il n'y avait pas de véritable monastère.

La cure que l'on pourrait appeler aussi le prieuré, se trouvait, sem­ble-t-il 'dans l'angle nord-ouest du couvent actuel, où l'on décou­vre d~ns les caves des murs extrêmement anciens. On remarque d'ailleurs que l'église romane possédait une petite issue de ce côté­là, par la base du clocher.

Au XIIIe s. et au début du XIVe, la paroisse de Géronde (fig. 5) était limitée par celles de Chalais (au sud), de Granges (à l'ouest), de Villa et de Saint-Maurice-de-Laques (au nord) et de Loèche (à l'est). Se trouvaient donc, sur le territoire appelé par les documents "paroisse de Géronde", toutes les collines de Sierre avec leurs châteaux et, plus au nord, les quartiers de Plan-Sierrè (sur la route du Simplon)" de Gla­rey et du Marais. ,

Le 15 janvier 1331, l'évêque de Sion, Aymon de la Tour, conClut. un échange avec l'abbaye d'Abondance. Il lui donne l'église et la paro~s~e de ' Val-d'Illiez et reçoit l'église et la paroisse de Géronde. Aussltot il transfère le siège paroissial de Géronde à une nouvelle église,

12

.1 02 • 4 o 5

Fig. 5 Carte des paroisses médiévales . 1 : centres paroissiaux du XIIIe s. existant

encore en 1977 ; et 2 : n 'existant plus en 1977 ; 3 : centre paroissial du XIVe au

XVIIe s. ; 4 : centres paroissiaux créés dans la région de Sierre à partir du XVIIe s. ; 5 : villages et hameaux sans église .

Saint-Théodule, édifiée au quartier du Marais. Ce sanctuaire avait po~r origi~e une chapelle construite en 1310 ou 1311 par Théodule, major de SIerre. Elle fut adaptée à sa fonction paroissiale par l'adjonc­tion d'une nef et d'un clocher.

Dans ces. nouvelles dispositions, la paroisse prendra peu à peu le nom de SI erre ; elle sera desservie par un prêtre séculier.

13

Page 9: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Pourquoi l'évêque Aymon a-t-il accompli ce transfert à une époque où, en général, on répugnait à de telles opérations? L'évolutIOn de la vie économique avait fait qu'à partir du XIIIe s. et surtout au XIVe, la population s'était peu à peu déplacée vers le nord pour s'installer plus près de la grand-route, à Plan-Sierre surtout. Certes ces change­ments ont pu, dans une certaine mesure, inciter à transférer le cen­tre de la paroisse. Mais il est très probable que l'évêque a tenu compte surtout du désir qu'il avait d'employer l'église de Géronde à d'autres fins que l'on verra.

CHAPITRE VI LA CHARTREUSE (XIVe siècle)

Le changement des conditions de la vie quoti~ienne a~ai! fait d.e Géronde une sorte de désert dans lequel des momes voues a la solI­tude s'établiraient volontiers.

Sitôt après avoir libéré l'église d'un service paroissial sept fois. cen~e­naire, l'évêque Aymon de la Tour y fonde une chartreuse (19 ]anvle: 1331). Il répond ainsi au vœu .de certains ?e ses pr~décesse~~s et a ceux de ses ancêtres. Une partIe de sa famIlle contrIbuera d aIlleurs à la dotation du nouveau monastère.

Les chartreux reçoivent l'église Saint-Martin, la chapelle Saint-Félix, sa très ancienne dépendance, et toute la partie sud-occidentale de la colline qui dorénavant sera interdite aux incursions des chasseurs et deviendra le territoire réservé aux moines.

L'église, en bon état, servit sans modifications importantes aux offices des chartreux. Mais il fallut que l'évêché ou la Grande Chartreuse lui ajoute des bâtiments conventuels. Ceux-ci nous sont inconnus, soit que leur débris fassent partie du couvent actuel, dont l'analyse n'est pas encore faite, soit que les terrains voisins renfermen~ e?cor~ des vestiges ignorés. Le problème du ravitaillement e? eau, dlfflcu~te rencontrée jusqu'au début du XXe s. par tous les habItants succeSSIfs

14

de Géronde, fut sans doute résolu par la construction d'une citerne recueillant l'eau des toits.

Les circonstances furent défavorables à la vie des chartreux. La guer­re fin.it par les ~hasser et leurs bâtiments ne tardèrent pas à tomber en rume. A la fm du XIVe s., les moines conservent des droits théo­riques sur la maison, mais ne sont pas disposés à reprendre ici la vie régulière.

Dans les premières déCennies du XVe s., il incombait donc à l'évêché de choisir" entr~ l'improbable reto~r des cha.rtreux, la disparition totale de 1 etabhssement, ou la repnse de la VIe monastique par un autre ordre religieux.

CHAPITRE VII LES DEBUTS DU CARMEL (XVe siècle)

André de Gualdo, administrateur de l'évêché de Sion dès 1418 des­tina Géronde aux religieux de Notre-Dame du Mont-Carmel. Dans ce but, il prit contact avec leur supérieur général et obtint de lui que Thomas de Congey, prédicateur célèbre et réformateur de l'or­dre, fut mis à sa disposition pour organiser la nouvelle fondation.

Ensemble, ils construisirent l'église et le couvent (fig. 10) en utili­sant, comme le montre notre analyse, les ruines laissées par les char­treux. Le plan de l'église romane est conservé, de même que certai­nes des ~st:ucture~ (fig. 7) : ~es fondations, les arcades entre nef (N) et bas-cote (B - B ), une partie de la façade nord et la tour du clocher (!). En revanche, la façade ouest, sans doute la plus abîmée, est en­tIerement rebâ~ie ; la nef est surélevée jusqu 'à sa hauteur actuelle. Nous n~ connals~ons pas les travaux faits à l'abside (S) dont les ba­ses subSIstent malS dont on a probablement rebâti les superstructures.

15

Page 10: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

<s-- nord

Fi~ . fi

- - --~

a b

sud ~

587,25m 'Sl ____ _ _____ "7..

c

Profil transversal de la nef - Echelle 1 : 400

a : la première église des carmes (vers 1425) " " b . la transformation du milieu du XVIe s. : on remarque a 1 arnere-~lan le

. volume élevé du chœur (vers 1500) ; à droite le bas-côté roman a dIsparu.

c : l'église du séminaire (1758) : le plafond de la nef est remplacé par une voûte.

16

M

MI

N

~ : :=: . :...: ._ .= --: . =- .::;:==..

BI B 1 ~j

Fig. 7 - La première église des carmes (vers 1425)

Echelle 1 : 400

L'augmentation du volume de la nef nécessite l'exhaussement du clocher : on crée un étage supérieur, de style roman, ainsi qu'une flèch e de maçonnerie qui trahit déjà l'influence gothique.

L'intérieur de l'église était d'une grande simplicité. La nef, au sol de terre battue, était couverte d'un plafond de bois; les piliers étaient sommairement ornés de joints marqués au fer. Dans l'abside, l'autel principal était toujours dédié à saint Martin; nous connaissons plu­sieurs autels secondaires dont l'un au sommet du bas-côté (B) et peut-être un autre dans une chapelle (B'). L'austérité de l'ensemble convenait à l'esprit de pauvreté qui animait Thomas de Congey.

Les carmes avaient besoin non seulement d'une église, mais d'un couvent. Sans pouvoir estimer quels éléments proviendraient en­core de l'ancienne chartreuse, nous pensons que le volume actuel de l'habi tation (M - M', sauf les cloîtres du XVIIe s. et les combles énormément grossis au début du XXe s.) résulte des travaux de l'évêque André et du carme Thomas.

Il semble que, à l'intérieur du quadrilatère formé par les trois ailes du couvent et par l'église au sud, on ait bâti un cloître très pauvre, avec de simples piliers de bois et un toit sur charpente. Ce cloître communiquait avec l'église par deux portes, l'une au bas de la nef et l'autre au pied du clocher.

Les travaux exécutés à l'église et au bâtiment conventuel ne visaient qu'à rendre Géronde utilisable. Ils permirent l'installation des car­mes le 10 juillet 1425. La nouvelle communauté, essentiellement

17

Page 11: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

contemplative, ne comptait que treize religieux : l'acte de fonda­tion précise que le peu de ressources du pays obligeait à limiter le nom bre des moines.

Après 1425, les travaux continuent: tout au long du XVe s., l'his­torien enregistre des donations faites pour l'amélioration du couvent et des indulgences accordées par le Saint-Siège à ceux qui facilite­raiënt la vie matérielle du carmel.

CHAPITRE VIII GRANDS TRAVAUX ET DECADENCE

(fin du XVe-XVIIe siècle)

Dans le dernier quart du XVe s., l'élan d'austérité qui avait. animé les débuts du carmel de Géronde s'affaiblit. Les religieux, rompant les attaches qui les liaient aux couvents les plus respectueux de la réforme de Thomas, atténuent la part de la pauvreté et de la contem­plation. Désormais, ils consacrent une partie de leur vie au minis­tère paroissial; certains d'entre eux vont jusqu'à accepter la respon­sabilité d'une cure.

Ce changement d'orientation permet des embelllssements que la rigueur première de la fondation n'aurait pas tolérés. '

Le visiteur s'en rend compte d'emblée : l'entrée de la ~lôture mo­nastique est enrichie d'un large portail cintré. Actuellement sur­monté d'une maçonnerie au couronnement assez laid, il présentait à l'origine une silhouette beaucoup plus énergique que les gravures du XIXe s. nous font encore connaître. L'ensemble avait quelque chose de seigneurial.

Les travaux les plus importants eurent lieu à l'église. Vers 1490 -1505, l'abside (fig. 7, S) est détruite au profit d'un nouveau chœur, développé selon la conception gothique des chœurs monastiques. De vastes dimensions, il permet de disposer à l'avant-chœur (fig. 8,

18

C) les stalles dont il nous reste de somptueux lambeaux' 'l' t / 't/ . t 1 /1 / ,a ex re-ml e onen a e, sure eve de quatre marches le sanct . (S) d ' ' h ,liane propre-men t. lt est a c. evet polygonal. Le changement du patronage de saint Martm e~ celUI de Notre-Dam~ paraît coïncider avec cette n Il . constructIOn. Ouve e

Sobreme~t mais très correctement décoFé par les simples formes de son archItecture, ce chœur est corn plètemen t vo AC (f' 9) 1

/ éd t l' / 1" u e Ig. ,a ors que ?rec emmen egAlse a,valt toujours été charpentée ou pla-fon.nee. Les g~andes fenetres a remplage étaient enrichies de vitraux mamtenant dIsparus : l'un, portant le millésime de 1505 /t 't I d l' / AM' , e al une argesse e eveque athleu Schiner, le futur cardinal.

Au nor~ du ,chœur, Ja sacristie (AA) est extrêmement développée et conVIent ~ une VIe conventuelle bien organisée. L'ensemble de ces construct~ons nouvelles fait montre sinon de luxe du moins d' confortable aIsance. , une

Le nouveau chœur et ses annexes véritablement éno , 1 f' ' rmes par rap-P?r.t a a ne (N) h~:Ité~ de l'ancienne église, étaient dans l'esprit des batIs~eurs la premlere etape d'une reconstruction totale M' f _ te SOIt de moyens financiers soit de volonté l'œuvre d' aIs,. au h / U ' ,emeura ma-

c e~ee. / n nouveau clocher (T') , fondé à l'ouest de la sacristie ne fut el~ve qu: de quelques mètres, et la vieille nef avec son laf~nd de bOlS, SubsIsta presque intacte (fig. 6, a et fig. 9).' P

M' ,

Fig. 8 : L'agrandissement de l'église (vers 1500)

Echelle 1 : 400

19

Page 12: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Vers le milieu du XVIe s., les carmes paraissent se rendre compte qu'ils ne pourront jamais terminer la reconstruction de leur église. Ils ouvrent un nouveau chantier pour adapter, tant bien que mal, la nef ancienne au chœur gothique. Le bas-côté, peut-être en mau­vais état, est démoli (fig. Il et fig. 6, b). Les arcades, qui le mettaient en communication avec la nef, sont obturées. La nef reçoit un nou­veau sol de mortier rose et un nouvel enduit; elle garde son plafond de bois. L'encadrement de la porte d'entrée, dans la façade occiden­tale, est entièrement refait en tuf taillé. Le mur lui-même, sans dou­te affaibli par les intempéries, reçoit l'appui de deux gros contre­forts. En 1565, le relâchement des carmes est devenu si désastreux qu'à la Diète valaisanne on traite Géronde de maison de débauche.

Ce dépérissement du monastère, et le mauvais exemple qu'il don­nait à toute la région, devaient bientôt retenir l'attention de l'évêché, occupé à redresser, dans tout le diocèse, une situation fortement bouleversée par les conflits politico-religieux du XVIe s.

~ ouest

587,25m __ 7 _

Fig. 9 L'église agrandie (vers 1500) profil longitudinal Echelle 1 : 400

Le nouveau chœur est entièrement voûté , tandis que la nef demeure cou­

verte d'un simple plafond de bois . Remarquer la disproportion entre l'ancien

clocher (XIe et XVe s.) et le nouveau chœur.

20

D' ........ -- .... --.... ........

........ ........ -, \ , , , ,

\ \ o

Fig. 10 Le c~u.vent des carmes: plan de situation (XVe-XVIe s.) _ Echelle 1 : 1000

A : eghse (vers 1425) ; A' : agrandissement vers 1490-1505 ; B : monastère '

C : cour du cloître; D : portail d 'entrée; D - D' : m ur de l'enclos . '

21

Page 13: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

CHAPITRE IX ESSAIS ET PREPARATIONS (1645-1747)

Comme le concile de Trente avait exigé depuis longtemps la cr,éa­tion de maisons pour la formation des prêtres, les évêques ~e SIOn pensèrent récupérer les bâtiments qu'André de Gualdo av/ait, d~n­nés aux carmes et les attribuer à la fondation d'un ' grand semmaIre

diocésain,

Une certaine compétition devenait inévitable : l'ordre d~s ca~~es, pendant plusieurs années, essaya en vain ~e restaurer la VIe rehgIeu­se à Géronde, tandis que l'évêque comptait sur la fermeture du cou-

vent pour y réaliser son projet.

Les bâtiments étaient alors en bien mauvais état: ,un c~r~e aurait même dit que, pour les rendre habitables, il faudrait venIr avec un

gros sac d'argent" !

L'évêque finit par prendre possession de . l'anci~n cou~ent (1645) et le mit bientôt à la disposition de la compagme ~e J,esus (l?56), Les anciens biens des carmes devaient faciliter aux J~sUltes le,f~nan­cement de collèges à organiser en Valais , Si des raisons pohtlques

Fig. Il _ L'église des carm es : dernier état (transformation vers 1550).

Echelle 1 : 400 '

22

n'avaient pas poussé la Diète à redouter l'implantation des pères dans le pays, la compagnie aurait peut-être été chargée de la forma­tion des séminaristes.

Mais les jésuites ne disposèrent de Géronde que durant quelques années. Ils y organisèrent toutefois certains cours : ils sont en quê­te d'un orgue pour leurs leçons de musique. La construction du cloî­tre actuel, à deux galeries superposées sur trois côtés de la cour in­térieure, et l 'a~ér:agement des passages qui relient la galerie supé­rieure à la SaCrIstIe et à l'église (fig. 12), d'une part, et au jardin de l'autre, indiquent la volonté d'adapter le vieux couvent à une nou­velle fon ction: celle d'un internat pour des collégiens ou des sémi­naristes. Ces nouvelles dispositions, encore en usage de nos jours, sont l'œuvre d'un architecte du milieu ou de la seconde partie du XVIIe s. Si , comme nous le pensons, les travaux ont été faits par les jésuites, ils témoignent des espoirs que la compagnie fondait sur la jouissance ?u couvent de Géronde et de son église, qu'illustraient alors les mIracles de Notre-Dame et le pélerinage voisin de Saint­Félix.

Mais, dès 1665, l'évêché s'arrange avec les pères et reprend la mai­son. Le projet de séminaire n'est pas pour autant abandonné. Vers la fin du XVIIe s" ou dans la première moitié du XVIIIe, les évêques ont transformé le couvent. Ce que nous pouvons encore lire sur les façades, en attendant leur restauration, montre que l'on a recréé des fen êtres au goût du jour. On a vraisemblablement refait toutes

Fig. 12 - Travaux de la seconde partie du XVIIe s. (construction du cloître)

Echelle 1 : 400

23 -

Page 14: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

les chambres à neuf dans la carcasse de l'ancien bâtiment. Ces tra­vaux paraissent avoir suivi d'assez près la construction des cloîtres.

A partir des années 1740-1745, l'évêque Blatter procède à des tra­vaux de rafraîchissement dans l'église. Le maître-autel reçoit peut­être déjà un retable baroque ; trois cloches nouvelles, ou refon­dues, viennent s'ajouter à une plus ancienne qui remontait au temps des chartreux.

CHAPITRE X LE SEMINAIRE DIOCESAIN ET SON EGLISE (1748-1798)

Désormais, le séIl1inaire pouvait ouvrir ses portes : les cours sont attestés dès l'hiver 1748-1749. Quelques années plus tard, en 1758, l'évêque Hildebrand Roten "modernise" la nef Il reconstruit la fa­çade occidentale de l'église en utilisant, pour l'entrée, l'encadrement de porte récupéré dans la démolition de la façade du XVe s. Il abat l'ancien plafond de bois et le remplace par une voûte baroque très simple (fig. 6, 'c et fig. 13 et 14) ornée de quelques stucs et de cartou­ches à inscriptions. De chaque côté du doubleau central figurent des sentences pieuses ; au-dessus de l'arc triomphal, le nom et les armes de l'évêque Roten rappellent le maître de l'œuvre tout en ou­bliant, comme le fait remarquer malicieusement l'évêque ]oseph­Xavier de . Preux, le legs de l'abbé Schiffgo, qui avait permis l'exécu­tion de ces travaux. La construction de la voûte a entraîné le perce­ment de nouvelles fenêtres au sud de la nef.

Depuis l'époque romane, le sol de la nef était de deux ou trois mar­ches inférieur à ce'lui du parvis occidental. Les travaux de 1758 éta­blissent un nouveau pavement au même niveau que le sol extérieur.

Cet exhaussement obligera à corriger aussi l'avant-chœur: trois mar­ches furent construites devant l'arc triomphal et, de ce fait, lé -sanc­tuaire lui-même ne se trouva plus surélevé que d'une marche.

24

o

, / ,/

./ ./

". / 'y'

/ "'-. /

Fig. 13 - L'église du séminaire (1758)

Echelle 1 : 400

Fig. 14 - L'église d _ . . u semmalre (1758) : profil longitudinal

Echelle 1 : 400

25

Page 15: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

La vie d'un séminaire si écarté de la ville épiscopale ne tarda pas à poser quelques problèmes. Les professeurs n'entendaient pas vivre loin de tout et il fallut organiser certains cours à Sion. La maison de Géronde se trouva progressivement vidée de ses séminaristes, mais les biens du domaine rural servirent toujours à leur entretien; l'ha­bitation permit d'accueillir, pendant la Terreur, des prêtres français chassés de leur pays.

CHAPITRE XI DU SAC DE GERONDE (1799). A L'ACCUEIL DES REFUGIES

En 1799, les troupes françaises et vaudoises, qui se préparaient à "libérer" le Haut-Valais, étaient cantonnées dans la région de Sier­re. La maison de Géronde, déserte, attira l'attention des soldats et fut mise à sac. Autels renversés, reliques des saints éparpillées sur le sol, tableaux lacérés, vitraux brisés, mobilier abîmé et tombes pro­fanées, tel fut le sort de l'église. Les quatre cloches et l'horloge de la tour furent emportées. L'habitation fut dépouillée de ses meubles et ustensiles; d'autres pillards poursuivirent l'œuvre de la soldates­que et s'emparèrent des lambris de la chambre épiscopale, des van­taux de portes et de fenêtres, en bref de tout ce qui pourrait servir; on prit même les livres de la bibliothèque.

Lors des réparations de l'église et de la maison, pratiquement ter­minées en 1801, les sols furent 'remis en état, les autels redressés et les fenêtres du sanctuaire vitrées (c'est probablement alors que les remplages disparurent). La tour reçut de nouvelles cloches. Les for ­mes générales de l'église et du couvent n'ont pas été modifiées.

Dans la première moitié du XIXe s., le séminaire de Géronde con­naît un moment de renouveau. Les jeunes élèves, parvenus presque à la fin de leurs études, passent dans la maison l'année prép~uatoi­re au sacerdoce. A partir de 1817, tous les séminaristes et leurs pro­fesseurs sont regroupés à Valère (Sion).

26

l 1

/' ,/

Après ,le transfert définitif du séminaire l'é ~ h / , , / de une maiso t /'. ,vec e possede a Geron-

e? quête d'un na:iIeu~n e:I~~ ~~~b~~i?~~S d~~~~ tl~c~~~l de ~eligi eux pIstes et des dommicains venus de France. e s., es trap-

? ans la deuxième ~oitié du XIXe s., l'église est l'objet de travaux etonnants, au premIer abord . le niveau de l' t h

XVIII t 1 . /' avan -c œur, surélevé au e s., es a ors rabaIsse presque jusqu'à son niveau du XVIe

(e;. le;5q)u~;eb marches sont rétablies devant le sanctuaire lui-même

Ig. . a sence de documents nous empêch dA. tention du maître de l' . e e connaItre l'm-

œuvre, malS nous croyons po . 1 d . L'abaissement de l' th' UVOlr a evmer.

avan -c œur tendaIt à créer une (t f d vant le sanctuaire: voulait-on construire un mur daris

e l!a~c nt~io~-fhal, affecter l~ ne~ à quelque usage profane et n'utiliser pour le cul~ e ~u: a pa~tIe /onentale de l'~glise ? Le projet pourrait très bien

aVOIr eté envIsage en un temps où l'on ne 't d b 'Iâge e~ où l.'architecture gothique était ~~~~~nte c;:~d~~~~e :~~: a seu e vraIment catholique.

/

Fig 15 L" j' , eg tS~ dans le dernier quart du XIXe s. - Echelle 1 : 400

A : m,attre-autel ; B - B' : stalles gothiques ; C _ C' de bots ; E : chaire, : autels latéraux ; D : grilk

27

Page 16: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

CHAPITRE XII L'INSTITUT DES SOURDS-MUETS (1893-1929)

Il faudra trouver une affectation pour Géronde, de nouveau vacant après le départ des dominicains (1874). En 1893, l'Etat du Valais, en accord avec l'évêque de Sion, décide la création d'un institut pour enfants sourds-muets, confiés aux sœurs de la Sainte Croix d'Ingen­boh!.

Cette destinée nouvelle oblige à adapter les vieux bâtiments. Les travaux entrepris en 1893 rendent l'habitation utilisable et permet­tent son ouverture en 1894. D'autres chantiers augmentent bien­tôt la capacité d'accueil: en 1902, l'ancien toit est remplacé par des combles très vastes abritant des dortoirs.

Cependant, l'église n'était l'objet que de réparations urgentes: réfec­tion du toit de la sacristie, remplacement du "tavillon" (sur la nef) par de l'ardoise taillée; une petite cloche, dédiée à la Vierge Marie et à sainte Anne, remplace dans la tour (1896) les cloches de 1800-1801 dont le sort demeure inconnu.

On peut enfin, de 1906 à 1908, exécuter des travaux plus importants. Un premier projet prévoyait de restaurer entièrement l'église, mais il fut bientôt abandonné en vue d'une réalisation plus modeste. Com-

. me peut-être l'avaient déjà fait les dominicains, on estime le volu­me trop gr.and par rapport aux besoins réels; sans scrupules, on a­bandonne la nef baroque à des usages profanes et l'on ne garde pour le culte que la construction gothique qui, en ces temps, paraît plus digne de ce service.

En dépit d'une première opposition de l'autorité ecclésiastique, on construit au travers de la nef, peu à l'ouest de l'arc triomphal, un mur qui coupe l'église en deux (fig. 16 et 17). Trois arcades néo-go­thiques mettent en communication la nouvelle chapelle (A) avec la grande salle (B) constituée par l'ancienne nef. Une tribune de bois s'appuie au nouveau mur et à l'arc triomphal.

28

l ii ~ 1 Il

/ :

Il

<6 - ouest

o

Fig. 16 - La restauration de 1906-1908

Echelle 1 : 400

B

Fig. 17 - La restauration de 1906-1908 : profil longitudinal

Echelle 1 : 400

A : chapelle; B : salle

29

Page 17: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

l'ancien chœur gothique, devenu chapelle, sont dé~o­LéeSs ~~~~S~~h Morand: la peinture, inspi.rée par les mo?èl~s de é~~~t r P 'sente une draperie gothlque surmontee e m let-le-Duc, repre r . . e sont succédés dans cette Ions aux armes des ordres re l~le~x t q~~~ré mais les restes des stal-église. L'autel baroque est rep~m e r .' ' les échappent, heureusement, a la restaurat1On.

d / 't' ratiques obligent à re-D t l'hl'ver 1921-1922 es neceSSl es p ~ . L

uran . ' l' t dans la malson. es en-toucher l'ancienne nef. La tubercu o~le sev~l aérés le Conseil d'Etat fants étant trop serrés dans les com

d ets l~r :L'archÙecte jette son dé-

l é f n d'un nouveau or 0 . . ordonne a cr. a 10 f' ï ée une division horizontale (fig 18). volu sur l'ancIenne ne ou 1 cr, ., (rez-de-chaussée, B) ain-Pour éclairer et aérer l~ salle d eXPo.sIt1~~ce uatre grandes fenêtres si que le nouveau dorton (ét.age, C~~Lfune d~ns la façade ouest. Les dans la façade sud et agrandIt la d. é atifs de l'histoire de l'archi­travaux ne. réponda~ent .P~s a~xI~~~er l'institut. Après ce chantier tecture malS aux necessItes v~t le mobilier de la chapelle ; les on fit quelques fraishPour a,m

h 1Or~~ent une fois de plus à la restau-

restes des stalles got Iques ec app " ration et furent déposées au musée de Valere (S1On).

f' é au Bouveret où il est En 1929, l'institut de's sourd,s-m~ets,~u.t tr:n;e e;o'uveau à l'entière dis-encore. Les bâtiments de Geron e e men, ' position de l'évêché.

.q -- - ,- ouest

o 587,25m l

7

1 1922 : profil longitudinal Fig. 18 - Les transformations de 192 -

Echelle 1 : 400 A : chapelle; B : salle; C : dortoir ; D : tribune

30

CHAPITRE XIII L'ARRIVEE DES BERNARDINES (1935)

Mgr Victor Bieler, évêque de Sion, décida d'installer à Géronde des moniales bernardines, qui viendraient du monastère de Col­lombey (fondé dans la première moitié du XVIIe s.). Durant l'hi­ver 1934-1935, il fait adapter les locaux à la vie des moniales (fig. 19 et 20).

Les bernardines étant soumises à une clôture très stricte, il fallait séparer les locaux accessibles au public de ceux qui seraient réser­vés aux religieuses. Ces nécessités ont influé sur la distribution du volume de l'église.

L'aumônier célébrerait la messe dans l'ancienne chapelle de l'insti­tut (A) accessible au public. Les moniales ne pouvant y participer que de l'intérieur de la clôture, il convenait de leur aménager l'ora­toire nécessaire. L'évêque choisit pour cela l'étage de la nef: il fit abattre, au-dessus du rez-de-chaussée, le mur construit en 1907 -1908 et vitrer la partie supérieure de l'arc triomphal. De l'oratoire (B'), ainsi constitué de l'ancien dortoir et de l'ancienne tribune, on aurait sur la chapelle une vue jugée suffisante. Un passage, ménagé par l'intérieur du clocher, permettait aux sœurs de gagner la salle capitulaire (Z), au rez-de-chaussée, et d'y recevoir la communion par un guichet ouvrant sur la chapelle .

Dans le reste de l'ancienne salle d'exposition des sourds-muets étaient disposés l'entrée du monastère (X' et X), le parloir ouvert au public (Y) et, de l'autre côté de la grille, l'emplacement réservé aux sœurs (Y') ; de là, les moniales pouvaient passer à la salle capitulaire (Z) où l'on avait mis les anciennes stalles des carmes, ramenées du mu­sée de Valère. La nef, complètement défigurée pour les besoins de l' institut des sourds-muets, demeurait ainsi dans son état déplorable.

Les moniales célèbrent sainte Anne comme patronne de l'église. Nous ignorons quand ce nouveau vocable remplaça celui de Notre-Dame. Nous savons seulement qu'un pélerinage à sainte Anne existait ici quelque temps avant l'arrivée des bernardines.

31

Page 18: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

587.25m . "'1

Fig. 19 - Les transformations de 1934-1935

Echelle 1 : 400 , ' ouvent . Y - Y' : parloir ;

A : chapelle publique ; X' : entree ; X : acces au c , Z : salle capitulaire.

o

. 34 1935 ' rofil longitudinal Fig. 20 - Les transformatiOns de 19 - . p Echelle 1 : 400

Pour les lettres, voir fig . 19.

32

CHAPITRE XIV LA RESTAURATION DE L'EGLISE (1963-1970)

Pendant plusieurs années, les sœurs durent réserver leurs maigres ressources à améliorer les conditions de logement. A partir de 1963 -1965, elles purent enfin songer au cadre de leur liturgie. Elles com­mencèrent par rafraîchir la chapelle elle-même en remplaçant le dé­cor néo-gothique des parois, trop académique, par une peinture so­bre ; le maître-autel fut reconstruit en fonction des prescriptions liturgiques nouvelles.

En 1965, la célébration de l'office divin fut transférée de l'oratoire intérieur à l'avant-chœur. Une grille moderne sépara celui-ci du pu­blic, auquel on attribua l'ancienne salle capitulaire. Cette situation provisoire dura jusqu'en 1970 où la restauration fut menée à son terme (fig. 21 et 22). .

Le but des ttavaux était de rendre la nef à sa destination primitive en la restituant au public. Le travail allait être considérable puisqu'il fallait évacuer de la nef toutes les constructions accumulées depuis

Fig. 21 - La restauration de 1970

Echelle 1 : 400

A l'ouest de l'église, le nouveau parloir

33

Page 19: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

1907 et construire, à l'extérieur (à l'ouest), un nouveau parloir et une nouvelle salle capitulaire.

La restauration, entreprise avec l'aide du Département de l'instruc­tion publique, a permis d'examiner le bâtiment et de pratiquer des fouilles archéologiques. La connaissance historique de Géronde s'en est trouvée considérablement enrichie.

Vider la nef de son encombrement ne suffisait pas pour la restau­rer. Les grandes fenêtres, créées pour l'institut des sourds-muets, ont dû être éliminées ou remplacées par des ouvertures mieux pro­portionnées. A l'ouest, la fenêtre en demi-lune du XVIIIe s. a été ramenée à ses dimensions primitives. Les arcades romanes décou­vertes dans le mur méridional lors de la restauration ont été déga­gées ; le rétablissement du sol à son niveau du XIe s. contribue à les mettre en valeur. Entre le nouveau dallage de la nef et le niveau de l'avant-chœur, il a fallu trouver une transition: les marches de pier­re se combinent avec un large palier disposé à la verticale du tout ' premier sanctuaire de Géronde. Enfin, au bas de la nef, l'entrée du couvent et du nouveau parloir a pu être glissée sous une petite tri­bune.

L'église a été restaurée avec une grande simplicité. On a voulu cor­respondre à l'esprit cistercien qui règne aujourd'hui dans la mai­son. On a tenu en même temps à laisser vivre l'apport des époques successives, témoin d'une longue histoire.

Fig. 22 - La restauration de 1970 : profil longitudinal

Echelle 1 : 400

34

CONCLUSION

Au terme d'une histoire sommaire des é r . de, on ne peut qu'être fra é ' . g Ises successIves de Géron-1 /l /b t' l' . pp par 1 ancIenneté et la permanence de a ce e ra IOn IturgIque en ce lieu.

Apr.ès le premier sanctuaire de Saint-M' / anCIen lieu de culte chrétien do t 1 a~rIce, Geronde est le plus Valais . n es vestIges ont été découverts en

Maintes fois reconstruit de . 1 . desservi de fa pUIS . ors, l~ sanctuaIre de Géronde a été

, çon presque contmue J " . sant de pouvoir visiter au 'ourd'hui' usq~ a . nos Jours. Il est saisis-renferment, derrière leur C~é i une eghs~ dont certains murs au VIe et au Vile s. et dont l:S f~r~e~açon!1enes construites au Ve, transformations ultérieures. Au sud de l arc~tecturales perpétuent les pellent le chantier du XIe s 1 h a ne ,les arcades romanes rap­te ses volumes presque inta~~s eLc c:u~ de. la fin ?U /XVe nous présen­te baroque, et les vitraux 'd e semmaIre a laIsse Sur la nef la voû­tuaire. Tout l'édifice ex . mOl ernes re~aussent la beauté du sanc-/ prIme a succeSSIOn de ff t .

re la permanence du culte Il t ' . s e or s qUI ont assu-brer la messe devant l'ent;ée ~s I~pressI.onnant de Pouvoir célé­tuaire du Ve s.. u c œur, Just~ au-dessus du sanc-

En toute évidence, Géronde é' d'A . / lieu du christianisme dans la ~ ~Ite . etre. consIderé comme le haut­

regIOn SIerrOlse.

Publication scientifique utilisée:

FRANCOIS-OLIVIER DUBUIS L'église de Géron . . dans Vallesia; tome XXXII' Sion 1977 307de (Szerre), , , pp. - 392.

35

Page 20: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

UJOURD'HUI

Page 21: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

LA COMMUNAUTE DES MONIALES

par Sœur Marie-Bénédicte

Notre-Dame de Géronde, un lieu où les pierres ont une voix: elles livrent le message des générations qui, pendant quinze siècles, ont laissé dans les murs le témoignage de leur foi. Une autre voix se lève sur la colline sierroise, celle d'une communauté de moniales qui compte aujourd'hui une trentaine de membres. Entre ces deux voix, l'accord semble préétabli : de part et d'autre, apparaît une volonté d'enracinement dans ce qui demeure, par delà l'éphémère et le mou­vant.

Et cependant, qui veut rencontrer la communauté de Géronde, doit dépasser cette première impression. Il lui faut marquer les limites de cet accord qui cache un piège, renoncer à certains rapprochements faciles. entre le long passé des lieux et la vie des moniales.

Demeure alors l'intuition très sûre qui, pour comprendre la vie mo­. nastique, se tourne vers son origine: sur quoi se fonde une telle exis­tence ? Où puise-t-elle son inspiration ? Quelle est sa source ?

La réponse à ces questions ne peut venir que des moniales elles-mê­mes. A l'origine de leur projet de vie, une certitude: le Christ est res­suscité, il est le Vivant, présent aujourd'hui à tous les hommes. Là est le roc sur lequel s'édifie la vie monastique. Certes, la moniale par­tage la foi de tous les baptisés, mais, plus que d'autres, peut-être, el­le perçoit l'absolu de Dieu. Elle se sent appelée à faire de la recherche unique et exclusive de Dieu, le tout de sa vie. En même temps, elle pres­sent que, dans la fidélité à cet appel, elle trouvera la joie et devien­dra, pour tous les hommes, un signe d'espérance.

Ainsi le propos de saisir la vie monastique en son jaillissement nous plonge dans le présent où Dieu ne cesse d'agir. C'est Lui qui donne à la vie d'un monastère la jeunesse de ce qui naît aujourd'hui.

Cela dit, nous pouvons retrouver le rapprochement, esquissé spon­tanément, entre monachisme et valeurs du passé.

38

Car celui qui s'est sen ti a el / . . . le premie( à entendre ce~Pap~~tr g~~~ f,~t 9u 'Il .n'est pas le seul, ni Nouvelle du Christ mort et ress~scité ghs~, d. a reçu la ~onne contrera des frères ou des sœurs / . . Dfns ~ Eghse encore, Il ren­Iera l'expérience de ceux qui ar::~Isl p~r e me~eappel et il accueil­traces du Christ. , n UI, ont mIS leurs pas dans les

Dès lors, pour découvrir la communauté ' d'abord un regard Sur l'histo' .de Geronde, nous jetterons apparaître les éléments esse~;i:l~~na~tIqu.e et n~u~ verrons ainsi monastère. e a VIe quotIdIenne dans un

CHAPITRE 1 L'ACCUEIL D'UNE TRADITION

Le passé des moines qu" . . et la géographie locales l~ r: en e~~~m,als enten~u parler? L'histoi.re Maurice et le prieuré de BOP! _ .t a le.ur façon. L'Abbaye de Saint­des premières implantations g SaI~~-Plerre deme~rent les témoins des chapelles sont dédiées ' m?na~lqu~s en ValaIs. Des églises et de Tours à saint GUérin a ~amt. ntome l'ermite, à saint Martin qui devidt évêque de Sio~ ~I~~I cls~~rfien d'Aulps (Haute-Savoie) lieu nommé "Les Tra is e " e SIee e. Près de Sembrancher, un nau té qui trouva là ~~ t: conserve le souvenir d'une commu-

re uge, pendant la Révolution française.

A travers ces quelques n h" mes, des femmes ont Véc~~,~:ne . IStOlre a été, e.ntrevue : des hom-clairer les moines et les m . langdIle. Leur expenence continue d'é-

OllIa es u XXe " 1 A' . munauté de Géronde, la fidélité a sle~ e. I.nsI, pour la com-d'une tradition constituée ar' u ,présent s .enracme dans l'accueil té de Cîteaux la vie et l'œuPv 'dla LRegl.e de samt Benoît, la spirituali-

, re e OUIse de Ballon.

39

Page 22: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Saint Benoît (480-547)

Nous sommes aU Ve siècle. Les derniers cadres de l'empire romain d'Occident viennent de s'effondrer. Un monde nouveau se cher­che et se construit. L'avenir paraît sombre. Saint Benoît vit cette époque troublée. Tellement enraciné en Dieu que son nom devient synonyme de paix. Né vers 480 à Nursie, en Ombrie, il étudie à Rome, puis il se retire dans la solitude, "désirant plaire à Dieu seul" ,comme le note son biographe, saint Grégoire le Grand. Il vit en ermite dans une grotte, près de Subiaco. Bientôt, des disciples le rejoignent et un monastère naît. Un autre monastère sera fondé plus tard au Mont-

Cassin, près de Naples.

pour ses disciples, saint Benoît écrit la "Règle des moines", une œu­vre de génie, fruit d'une expérience très personnelle qui a assimilé les nombreux apports du monachisme antérieur. Le rayonnement de sa Règle fera de saint Benoît le Père des moines d'Occident, et, en 1964, le Pape Paul VI le proclamera Patron de l'Europe.

L'idéal de saint Benoît se résume dans la première question qu'il pose à propoS de celui qui entre au monastère: "Cherche-t-i1 vrai­

. ment Dieu ?". Toute sa Règle veut donc apprendre à chercher Dieu

ensemble, en communauté.

Cîteaux (1098)

Nous voici à la fin du XIe siècle, un tournant dans l'histoire. L'épo­que est marquée par un essor économique et la société civile et re­ligieuse subit une évolution rapide. On assiste à un progrès intel­lectuel et à un renouveau spirituel. Ils s'expliquent, en paTtie, par deux raisons apparemment contradictoires. D'une pdrt, la vie intel­lectuelle et la vie spirituelle se développent plus facilement à mesu­re que se desserrent les contraintes économiques. D'autre part, la prospérité matérielle avive chez beaucoup la faim d'autre chose et ils prennent des distances à son égard, pour se mettre en quête des

biens spirituels.

40

Page 23: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Au sein du monachisme, un décalage se creuse entre les réalisations traditionnelles et le's aspirations d'une partie des générations nou­velles. Deux traits principaux caractérisent ces aspirations: une plus grande sensibilité aux exigences de la pauvreté évangélique et un désir de retour à la simplicité du monachisme primitif. Dans ces per­pectives, certaines grandes abbayes sont parfois accusées de dégé-

nérescence.

La fondation de Cîteaux se situe dans ce contexte. Le 21 mars 1098, une vingtaine de moines bénédictins de Molesmes (Haute-Marne) quittent leur monastère, conduits par leur Abbé, Saint Robert. Ils s'établissent à Cîteaux (en latin: Cistercium, d'où cisterciens), un lieu inculte et dêsert, au sud de Dijon. Leur projet: "suivre pauvres le Christ pauvre" et, pou~ cela, observer dans toute sa pureté, la Règle de saint Benoît. Concrètement, ils renoncent aux possessions, revenus et dîmes qui engluent les monastères dans le système éco­nomique du temps. Ils entendent vivre du travail de leurs mains, dans la pauvreté et la solitude. Ce parti-pris de simplicité et d'authen­ticité va rester la note dominante de la vie cistercienne. Très tôt, le grain jeté en terre donne son fruit. Le XIIe siècle voit une prodi­gieuse extension de l'ordre cistercien et un approfondissement spi­rituel intense. Certains moines, tel Bernard de Clairvaux, sont à la fois des saints et des écrivains de génie. Maîtres spirituels de Cî­teaux, ils lui enseignent que "la mesure d'aimer Dieu, c'est de l'ai-

mer sans mesure'; (S. Bernard) .

Louise de Ballon (1591-1668)

Moniale de l'abbaye cistercienne Sainte-Catherine, près d'Annecy, Louise de Ballon est née en 1591 à Vanchy (Haute-Savoie). Elle est cousine de saint François de Sales qui, à l'époque, met tout son zè­le à promouvoir dans son diocèse la réforme demandée par le conci-

le de Trente.

Louise de Ballon est bien placée pour ressentir l'urgence d'un re­nouveau spirituel. Son monastère est tombé dans une telle déca­dence qu'un chroniqueur du temps l'appellç "une vraie ménagerie" L .. Rien d'étonnant à cela. La plup,art des religieuses, fil1.es de la nobles­se, en mal de dot ou de mari, ont été placées là contre leur gré, selon

les usages du temps.

42

Les quelques moniales qui souhaitent / une opposition farouche Sur le . une r~forme se heurtent à leur évêque, elles quitte~t l'Abb con;e.Il de samt .François de Sales, une vie conforme aux exigencesa~: l:~nte-cat~enne, afin de mener té se forme à Rumilly le 8 se t b r vocatIOn. Une communau-de Clairvaux le mie'ux Pd em ~e 1622. Filles de saint Bernard

, connu es saInts cist . 1 vent le nom de "Bernardines". erClens, es sœurs reçoi-

Mère Louise de Ballon devient leur " /. ' ses écrits nous la révèlent prer~llere supeneure. Sa vie et de la vie quotidienne ardente, réalIste. Attentive aux détails

. ' aux mouvements de à faIre l'unité de sa vie dans la foi . , son cœur, elle cherche tiers le nom de simplicité. ' UnIté a laquelle elle donne volon-

Ainsi, Louise de Ballon s'insère d . . . . tée de saint Benoît et de Cît ans la tradItIOn splntuelle héri-et de l'intériorité que seule eaux

f, en y apportant un sens du concret

une emme peut donner.

Dès 1629, les Bernardines ont un / d'abord à saint M' . e communaute en Valais ' fixée - aunce, pUIS à Mon th Il' /' ' lombeyen 1647 De l' 1 ey, e e s etabht enfin à Col-. a, que ques sœurs viendront à Géronde en 1935.

CHAPITRE II UNE COMMUNAUTE VIVANTE

Le 2 mai 1935, la vie monasti ue re , / dines s'adaptent à u '1' q prend a Geronde. Les Bernar-. n ml leu nouveau' les bAt /'

VIgne et ses travaux la collin' d , 'd a .Iments seculaIres, la signal au bord du RhoAn D el l~on ee e soleIl, dressée comme un

. e. es Iens se nouent . accueIllante. Bientôt des voc tA' avec une populatIOn communauté naît et ~it. a IOns munssent. L'Esprit souffle, une

Sa vie s'organise selon la Rè le d' "-reconnaît l'interprétation co;crèt: ;aI~t Ben?It, dans laquelle elle nastère, tout se trouve do / el EvangIle pour elle . Au mo-

d 1 . nc axe sur a volonté d h ' h .

e e chercher ensemble Dl ' d ' 1 e c erc er DIeu et ne et l'organisation de la' ceo a ecou e~t le rythme de la vie quotidien­

mmunaute.

43

Page 24: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Activités quotidiennes

. he de Dieu s'exprime avec des nuance~, di-Chaque Jour, la reche~c t' 't /s principales d'une moniale: pnere, verses à travers les trOls ac IVI e lectio divina, travail.

Prière

11 veillent dans la nuit ... " BeaucOUP "Elles prient, elles c?ant~nt, e es t uère plus sur les moniales. Ils de nos conte~poralms r:,en :.~~~nla gpremière place dans la vie d'un savent l'essentiel: a pnere I monastère.

. / 1 s heures de l'office divin. Celui-ci com-La journée est J.alonnee p~r e t t . les Vigiles avant le lever du prend trois OffIces plus ImporA an s. é uscul~ S'y aJ' outent d'au-

d 'l'aube les Vepres au cr p . jour, les Lau es, a , l' née Tierce Sexte et None et, tres offices pl,:s courts: dans a th

u: la' prière épouse le symbolis­

le soir, Comphes. A tra~ers c~ rfte :Ss~cie l'hiver et la nuit à l'atten­me des heures et des saIsons. e é tl'on Pre/sence de la création,

1 d J'our à la r surrec . te du salut, le ever u 1 texte des psaumes, toutes les

/ d l'h anité' à travers e . d presence e u~ / '. tous les sentiments s'expnment, . e situations humaln~s .defIlent, . l devient la voix des sans-vOlX.

' l'angoisse à la jubIlatIOn. La monla e . Tout s'orien-l " e l'entraîne plus lOln encore .

Le mouvement ?et. a ~nl:r Christ jésus saisit et attire dans son offran-

te vers l'Euchans le ou . de l'univers entier et toute la VIe des hommes. .

Lectio divina

. " . d" "se rête mal à la traduction. E.n .effet, L'expreSSIOn lectI? lvma P 't At confondue avec une 'slmple la réalité qu'elle deslgne ne saurai e re' t se définir comme une lec-lecture, ni avec une étude. ~lle po~rra~nduit à la prière personnel­ture priante, paisible et aSSI ue, qUI c le, à l'oraison.

. . . rimordial l'Ecriture sainte, m~is ell.e La lectio dlvma a pour o~Jet l, des saints toute la réfleXIOn VI-englobe aussi les œuvres es eres, '

44

vante de l'Eglise au cours des siècles. Elle peut intégrer une étude, mais elle la dépasse, car elle vise moins l'acquisition d'un savoir que la transformation de l'être.

On mesure l'importance de la lectio divina. Tous les jours, les sœurs lui réservent un temps dont la longueur varie selon leurs activités et leurs besoins.

Travail

"Moines bâtisseurs", "moines défricheurs", "travaux de bénédictins", à travers ces expressions, une certaine image du moine est devenue familière: celle du travailleur.

Quelle sera son aCtivité? La Règle de saint Benoît ne le précise pas. Elle réserve cinq à six heures par jour au travail. Les préçisions "por­tent sur la manière de répartir les tâches ou de les accomplir: cha­cun recevra un travail à la mesure de ses forces et mettra les dons reçus au service de la communauté, les moines ne se plaindront pas si le temps de la moisson leur vaut un surcroît de fatigue.

Si saint Benoît n'a pas donné d'indications sur le genre d'activités proposées aux moines, la tradition cistercienne, dans son interpré­tation de la Règle, a toujours accordé sa préférence au travail manuel. Cela pour plusieurs raisons. D'une part, le travail manuel, souvent très simple, laisse à l'esprit assez de liberté pour prier. De plus, il se révèle facteur d'équilibre et constitue une école de dévoue­ment et de générosité.

Chaque monastère tient compte de ces données pour choisir les ac­tivités qui lui permettent de gagner son pain.

A Géronde, les sœurs font des hosties et blanchissent du linge d'é­glise pour les paroisses des environs. Elles cousent et brodent, elles assurent les divers services de la vie domestique : cuisine, lessive, raccomodages, nettoyages. Tout au long de l'année, ces tâches al­ternent avec les travaux de la vigne et du vin, de la ferme et du ver­ger qui réclament souvent la participation de toute la communauté. Les occupations varient, leur visée profonde, elle, ne change pas : servir, à la suite du Fils de Dieu venu en ce monde "pour servir et donner sa vie". (Mt 20, 28).

45

Page 25: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe
Page 26: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Vie en comm unauté

La recherche de Dieu se vit dans une communauté. Vivre ensemble selon l'Evangile est une grâce que l'on apprend à recevoir. Saint Be­noît le sait, il appelle le monastère "une école du service du Seigneur". Les cisterciens du XIIe siècle parlent aussi d"'école de charité". La notion de monastère-école est éclairante pour découvrir une commu­nauté. Elle envisage la vie monastique " d'une manière dynamique et met les institutions au service des personnes et de leur progrès spirituel. Obéissance, vie fraternelle, solitude doivent aider chaque moniale à grandir dans le Christ.

Obéissance et liberté

Saint Benoît place à la tête de la communauté un Abbé (de l'araméen Abba, Père), nommé " "parfois prieur" dans les monastères qui n 'ont pas le rang d'abbaye. C'est le cas de Géronde.

La communauté élit celle qui devra" la guider par son enseignement et son exemple. "Convaincue qu'il importe plus de se dévouer que de dominer" (Règle) , la prieure interprète la Règle, l'ajuste aux per­sonnes et aux circonstances; elle cherche à dïscerner la volonté de Dieu sur la communauté et sur les personnes.

Par son obéissance, vécue dans un climat de foi et de c'onfiance, la "m~niale accède à la vraie liberté et s'avance sur les traces du Christ obéissant jusqu'à la mort.

Communauté et solitude

La profession monastique comporte une promesse de stabilité dans une communauté déterminée dont les membres sont ainsi définiti­vement liés entre eux. Cette disposition de la Règle joue un rôle ir­remplaçable dans l'école de charité que veut être le monastère. Elle fait du cloître un lieu où l'on se connaît bien et où l'on s'accepte tel que l'on est. A ce prix, grandit Un amour vrai: il crée l'unité, mals il respecte les différences légitimes entre les personnes. Il s'exprime

48

surto~/t par. le s~rvice. Le nom de "sœur" prend tout son sens. Un cli­mat s eta?ht, tres pr~che de celui qui règne dans une famille. Diffé­rent. aussI. Car la meme vocation qui rassemble les moniales exi e aUSSI pour elles un espace de solitude. g

S,ilence, dépouillement, solitude, voilà l'environnement d'un monas­tere: Ce que beaucoup ressentent comme un vide et une privation devIen~, pour !a monial~, une ouverture, une capacité d'accueil. El~ le se t~It ~our ecouter DIeu. Pour Lui donner toute la place elle mène une VIe sI~ple, pauvre, solitaire. Elle paraît s'être éloigné~ des hom­mes, ses fr~res ; or, elle perçoit, avec toujours plus d'acuité, leurs joies et !eurs pem~s . Dans. le Christ, elle vit pour eux, car "celui qui est en paIx . avec DIeu deVIent cause de paix pour les autres" (Théodore StudIte).

Tel est le visage actuel du monastère Notre Dame de G / d / - eron e : une c0t;tmuna,ute de sœurs rassemblées pour vivre l'Evangile. Saint Be-~?I t et samt ~ernard de Clairvaux leur montrent le chemin. Quinze sIec1es de ~resence chrétienne ont façonné le lieu où elles vivent. ~a?s le pr~sent comme dans le passé, Dieu dit son Nom: "Il est Il etaI t et Il VIent, le Vivant, le Fidèle" (cf. Apoc.) . '

49

Page 27: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

AVOIR

Page 28: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

INDICATIONS POUR LE VISITEUR

par François-Olivier Dubuis

VUE D'ENSEMBLE

~============~-~

Fig. 23 - Le couvent des moniales : plan de situation

Echelle 1 : 1000

52

Le visiteur n'est admis que dans une petite partie du terrain et des bâ­timents. Le plan lui permet toutefois de se représenter l'ensemble.

On pénètre dans la cour d'entrée Rar un grand portail construit à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe (le couronnement maladroit est tardif).

A gauche se trouve l'aumônerie (D) , suivie des ruraux (E). Dans le mur oriental de la cour, fonts baptismaux provenant de l'ancienne église de Varone.

Tout au long de la cour, les degrés font descendre du niveau du XVIe siècle à celui du XIe, où l'on entre dans l'église (A) (voir p. 54) .

A l'extrémité occidentale, parloir moderne et, à l'angle, entrée du monastère.

L'église est flanquée au nord par le couvent (B) maintes fois rema­nié . Les plus anciennes maçonneries sont antérieures à l'époque des chartreux. La cour intérieure (C) est entourée sur trois côtés d'un cloître à deux galeries superposées (deuxième moitié du XVIIe s.) . Le clocher roman, exhaussé au XVe s. se dresse à l'angle sud-est de cette cour.

Le jardin dit "des laitues" (F) contient les substructures occidenta­les des églises les plus anciennes (Ve-VIIe s.)

La grande terrasse (G), souvent remaniée, rappelle encore le tracé de l'enceinte conventuelle du moyen âge.

53

Page 29: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

L'EGLISE

Fig. 24 - L'église des moniales: plan de situation

Echelle 1 : 400

Fig. 25 - L'église des moniales

Echelle 1 : 400

54

A l'extérieur, observer les figures décorant le sommet des contre­forts du chevet (1), ainsi que les traces du remplage dans l'encadre­ment des fenêtres. Au pied de l'angle sud-ouest du chœur (2), ma­çonnerie moderne protégeant les vestiges d'une absidiole (VIle ~.).

La partie inférieure de la façade sud de la nef (3) est constituée par les arcades (XIe s.) qui ouvraient sur le bas-côté disparu lors de l'é­tablissement des trois contreforts au XVIe s. Les obturations an­ciennes ont été remplacées par de légers voiles de béton (1970). Les pentures néo-gothiques des portes ont été récupérées sur les van­taux de 1906-1908. La moitié supérieure de la façade remonte au XVe s. ; les deux fenêtres sont modernes (1970).

A l'intérieur, ' les trav.aux de restauration ont abaissé le sol de la nef (4) au niveau du XIe s. Devant l'arc triomphal , l'esplanade (5) marque l'emplacement du sanctuaire primitif (Ve et VIe s.). Der­rière l'unité apparente donnée par le crépissage, les parois de la nef sont le résultat de nombreux travaux successifs. Ainsi, le mur nord est fait de maçonneries superposées, œuvre de maçons du Ve, du VUe, du XIe et du X\'e s. Dans les matériaux utilisés par les construc­teurs du VIle s. se trouve la stèle funéraire (6) de Modestina (Ile s.).

A la voûte baroque, millésime (1758) de la cons'truction (7) et, flan­quant les naissances du doubleau, inscriptions religieuses (8-9) . Au­dessus de l'arc triomphal, armoiries et inscriptions de l'évêque Hilde­brand Roten (10). A l'ouest, tribune moderne (11) sur l'entrée du mo­nastère. Plus haut (12), fenêtre en demi-lune de 1758 restaurée en 1970.

L'ensemble du chœur (13-14) provient de l'agrandissement de l'é­glise (fin du XVe-début du XVIe s.). Le sanctuaire précédent, utilisé du VIle au XVe s., était situé immédiatement à l'est de l'arc triomphal actuel (15). Les colonnes engagées, très simples, portent la voûte sur croisées d'ogives. Modestes sur le chœur (13), où la clef porte la main bénissante du Christ (15'), les profils sont plus riches sur le sanc­tuaire (14) ; ici, la clef de voûte (16) est décorée de la colombe, sym­bole du Saint-Esprit.

Au sanctuaire: piscine murale (17), porte en tiers-point (18) de la sa­cristie et restes des stalles des carmes (19-20, voir p. 56). L'autel (21) est moderne (consécration en 1965) de même que le tabernacle orné du sacrifice de Melchisédech (œuvre de B. Mühlematter). Le Christ en croix ne provient pas de l'héritage de Géronde. Dans les quatre fenê­tres du chœur, les vitraux modernes ont été créés par Sœur Jean Olsommer. .

55

Page 30: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

b

LES STALLES DES CARMES

~

5

l

1 -l 3

Fig. 26 - Etat actuel des stalles gothiques

Echelle 1 : 40

56

10

1

!~

1

8

6

1

1

a

Les stalles sculptées pour le nouveau chœur des carmes (fin du XVe siècle-début du XVIe) ne sont que très partiellement conservées. Les hauts dossiers avaient sans doute été éliminés au XVIlIe s. ; le pillage de l'église (1799) n 'a fait qu'augmenter les dégâts. .

Depuis bien des décennies, les quelques éléments épargnés se trou­vent dans le sanctuaire (et non plus à l'avant-chœur). Nous avons gardé le regroupement arbitraire des pièces, faute d'indications sûres pour le corriger.

Des stalles hautes, il ne subsiste qu'une partie des jouées, des accou­doirs et des sièges.

Les grandes figures qui somment les jouées devaient être, à l'origine, dirigées vers le fond du sanctuaire. On reconnaît encore s. Pierre (1) et s. Paul (11), qui paraissent avoir constitué autrefois la tête des stalles (du côté de l'autel), puis ste Catherine d'Alexandrie (2) et ste Marie-Madeleine (12) .

Les stalles basses sont réduites à huit jouées qui encadrent aujourd'hui des prie-Dieu, mais dont la situation primitive demeure inconnue.

Elles portent chacune deux figures. On distingue les quatre grands Docteurs de l'Eglise latine, accompagnés des symboles des Evangé­listes: le pape s.Grégoire (4) coiffé de la tiare, avec le lion ailé de s. Marc (3) ; s. Jérôme (13) au chapeau de cardinal, avec l'homme ailé de s. Mathieu (14) ; s. Augustin (18) bien mutilé, avec s. Jean repré­sen té par l'aigle (17, . on ne voit plus que les serres) ; s. Ambroise de Milan (20) muni de son fouet, avec le bœuf ailé de s. Luc (19).

Noter encore la scène de l'Annonciation (la Vierge Marie, 16, et l'ange Gabriel, 15) ; s. Jean-Baptiste (7) vêtu de son rude manteau et portant l'agneau, avec s. Jacques le Majeur (8) en pèlerin de Com~ postelle ; s. Martin de Tour (10, il ne subsiste que les vestiges de son cheval) avec le pauvre (9) appuyé sur une béquille. Enfin, deux car­mes (5 et 6) s'entretenant des 'textes dont ils déploient les rouleaux.

57

Page 31: L'Ecole valaisanne, septembre 1977, annexe

Photographies de quelques détails des stalles:

p. 5 Le lion de saint Marc (fig. 26, 3)

p. 37 Les apôtres saint Pierre (à gauche, fig. 26, 1) et saint Paul (à droite, fig. 26, Il).

p. 51 Un moine carme (à gauche, fig. 26, 6) , saint Jean-Baptiste (au centre, fig . 26, 7)

et l'apôtre saint Jacques-le-Majeur (à droite, fig. 2?, 8) .

Photographies: B. Dubuis, pour les Monuments d'art et d'histoires du Valais .

58

, . Collaborateur de rédaction ' Pere MIchel LEJEUNE, aumônier de ·Géronde.

Photographe: Bernard DUBUIS, Sion

Collaborateur graphiste: Edgar MATHEY, Ravoire.

. Plans et profils : SerVIce cantonal des Monuments historiques et

Recherc~es archéologiques, Sion (pour Vallesza, sauf les fig. 17, 24 et 25) .

Imprimerie: Curdy S.A., Sion

59