Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, octobre 2012

56
Harcèlement entre pairs No 2 - Octobre 2012

description

Harcèlement entre pairs

Transcript of Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, octobre 2012

  • Harclement entre pairs

    No 2 - Octobre 2012

  • Evolution des sentiments de lenfant selon le Dr Harold Bessell (1985)(Programme de Dveloppement Affectif et Social)

    Dveloppement de la pense enfantine daprs le constructivisme

    Thorie psychanalytique

    2

    pegarvuonUartedlituonUocegarvuonU

    adplituO

    nocsetsipsedtnarffoeuqigogad

    udehcrehceralretlusnocliava

    epaledseniamodselsuottnarvu

    nelruopeuqigoga

    acilppasnoissergorpsedtesetrcn

    qirohtennodenuduoedienu

    ecnafneetite

    nexuatnemengiesn

    selba

    euq

    sna74edstnafn

    snummocstnioptesecnerfffidselrinifdt

    -atnorfnocalridnoffoorppadelbapactnadn

    -igamilsnadpuocuaebtnavivteeuqirtnec

    tnanetniamtsetnaffanel;sioffoalsiavuamt

    .eniamuhecneirpxelsnadttugibmaled

    emssmivitccturtsstnocelsrpaadenitnn

    emsimanydecedetpmocrinetedtnangies

    edomnosessecsnastihcirneteetiveulov

    -ulfni,etludadesnepertoncevarenigam

    .sertuaseleilbuotecnatropmiledennodtnafnel,ssihcrarihsaptnosiuqertpoidatacud,ennolliraciuqettennosaled,er

    drobadert-tuepelrap,iul,tnafneL.cte,enahcale.nodiugel,seuorxuedsel,ellesaleileriuqerdacudt

    .tnem

    -rarihedsapaynli,tuotsnadtsetuot,i

    edatnaffaneleuqerporperinamaltseem

    -oicossnoitnevretnisedlartnecfitcejbole

    eigtartsedregnahctiodtnaffanel,ednom

    snadgnolP.emsirtnecogledeitrosaleti

    edruotuaenruottuottesrevinunosede

    alrusertnecesnepenutseemsirtneco

    rapeuqramtseenitnaffaneesnepal,teg

    enurennodedtemrepuej

    ltnafneeleD

    e

    a

    g

    r

    u

    s

    u

    e

    df

    e

    n

    a

    e

    o

    e

    u

    segap236mc52x91

    fitcelloC

    ejoojrpsddsnargedsapsttsitepA

    7557evl

    2

    stts

    snoitidE

    eigogadPtesrisioLs

    .stnemegujsestesnoisicdsessnademonotuatneivedtnaffaneL.eriaffatiarved

    uqecuoelbapactselitnodecertnomiulnouqniosebsnioma,etludaled

    adnepdsniomtseli,elaicostirutamedteecneirpxedsulptnaya,sna6sD

    lI

    li

    tn

    ,tueplI.tilaraledsetniartnocsedredavsedtnaffanelisnia

    temrepuejeLLe.sesnetnisrisdederbbilesuoselbinpsecneirpxe

    sedegrahcdestnaffaneL.elfuomacsniomuosulpteevird

    noitcaffasitasenuetroppau

    secnadnetselletederiaffasit

    emmoclaicosepuorgelrap

    e

    oitide.www

    .09FHC:xirP3-66210-606-2-879

    252029.fRsegap236

    hc.pelsno

  • Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 1

    Harclement entre pairs: faire acte de rsilience! Harclement entre pairs: faire acte de rsilience! Certains laffirment: le harclement entre pairs est un amalgamedhistoires ordinaires denfants mont en pingle par des adultes et enparler revient les criminaliser. Pourtant, cest bien de linverse dont ilsagit et cest le pari que prend Rsonances ce mois-ci en proposant undossier spcial sur cette problmatique mergente. Le harclement entrelves ne doit justement pas tre rduit aux querelles, disputes etbagarres qui habitent les cours de rcration. Il ne doit pas non plus treconfondu avec les cueils de la socialisation qui impliquentncessairement des interactions plus ou moins violentes que lenfant doitapprendre grer avec le temps.

    Le harclement entre pairs se situe aux antipodes de ces clats visibles etrelativement matrisables. Il se joue un autre niveau: celui des actesnfastes (mdisances, insultes, jets dobjets, etc.) perptrs rgulirement,de manire insidieuse et oppressante, gnralement linsu des adultes.Il implique des lves, quil sagisse de la victime, de lauteur voire destmoins, qui souffrent tous diffrents degrs de la situation. Les effetsdu harclement, prsent mieux connus, sont en effet plutt inquitants.Ils concernent tant les rsultats scolaires des enfants que leur santmentale et physique et mettent assurment en pril leur insertion socialefuture.

    Parler de harclement entre pairs cest ainsi se situer lextrme opposdune criminalisation dactes qui auraient toujours rythm la vie desenfants. Sintresser ce phnomne, ltudier, mieux le connatre pourle prvenir et aider les lves qui sont concerns, cest justement refusersa simple criminalisation. Cest revenir sur un principe fondamental delcole, celui du postulat relatif lducabilit de chacun de nos lves.On reconnat un droit essentiel aux acteurs de ces situations nuisibles tous: celui de changer de comportement.

    Un lve qui en harcle un autre a le droit de ne plus commettre ces acteset de ne plus tre un bourreau, au mme titre quune victime peutsortir de ce statut sans pour autant basculer dans loppression de plusfaibles son tour. Quant aux tmoins, ils ont tous le droit de ne plus tredes tiers muets. Lcole doit refuser toute incrimination stigmatisante enaccompagnant et soutenant les lves sur le chemin de la rsilience.Trouver en soi les ressources afin daccepter une situation traumatisanteet parvenir la dpasser est en effet lune des cls de laccs lautonomie. Par lducation, lcole doit donner aux enfants le droit auchangement.

    Parler de harclement entre pairs est donc la fois une ncessit entermes de protection des enfants mais galement une formidableopportunit de matrialiser le droit de chacun de devenir diffrent.

    Le paradoxe de la conditionhumaine, c'est qu'on ne peutdevenir soi-mmeque sous l'influencedes autres.

    Boris Cyrulnik inNourritures affectives

    Zo

    e M

    oo

    dy

    invi

    te

    de

    la r

    d

    act

    ion

  • 2 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    4-20

    SommaireSommaire Faire acte de rsilience! Z. Moody 1

    Appuis pdagogiques intgrs: des nouveauts - OES / Guy Dayer 49Le dossier dvaluation en 3P et 4P - SE / P. Antille 50Les dossiers de Rsonances 52

    Ressources 21 Plateforme interactive miniprofs.ch - N. RevazMathmatiques 22 Jeux mathmatiques et logiques: championnat international - C. DubuisEducation musicale 23 De la crativit (1) - J.-M. Delasoie & B. OberholzerDoc. pdagogique 24 Mdiathque Valais - Sion: documentation pdagogique - N. RevazDoc. pdagogique 26 DVD-R documentaires: les suggestions du mois - Mdiathque Valais St-MauriceEducation physique 27 La rosace des sens - Le team EPDu ct de la HEP-VS 30 Remise des diplmes 2012 - HEP-VSFil rouge orientation 32 Premier clap: sites pour se documenter - N. RevazDu ct de la HEP-VS 32 Nouveaux animateurs pour le Valais romand - B. ClivazEcole-Muses 33 Atelier au muse - E. BerthodEnvironnement 34 Et la modlisation, mon PER? - C. Keim & S. FierzMITIC 36 MITIC dans le PER - C. GeorgesEcho de la rdactrice 37 Graine de curieux - N. RevazFranais 38 Vocabulaire de rfrence, quoi de neuf? - P.-M. GabioudMmento pdagogique 39 A vos agendas - RsonancesLivres 40 La slection du mois - Rsonances & D. Constantin RaposoBote outils 42 Difficults dapprentissage ou de comportement: que faire? - C. GrauRevue de presse 44 Dun numro lautre - RsonancesCPVAL 46 La rente-pont AVS de CPVAL - P. VernierPatrimoine littraire 48 Corinna Bille, nouvelle parution la Joie de lire - N. Revaz

  • Harclemententre pairs

    Harclemententre pairs

    Ce dossier sur le harclement entre

    pairs fait suite une enqute mene

    conjointement par lInstitut

    Universitaire Kurt Bsch (IUKB) et la

    Haute Ecole pdagogique du Valais

    (HEP-VS), avec le soutien du DECS.

    Lenqute a t conduite auprs de

    4000 lves valaisans de 5-6P

    (7-8 HarmoS ou fin du cycle 2).

    Hormis les articles de prvention

    (pp. 14-17) et les interviews grs

    par la rdaction, lensemble a t

    coordonn par Zoe Moody,

    responsable scientifique du projet

    pour la HEP-VS et galement membre

    du Conseil de rdaction de Rsonances.

    4 Une le de fraternit?J-F. Lovey5 La loi du plus fort exerce aux dpens de tousC. Piguet, Z. Moody & P. Jaff6 Interview: Brigitte DemuthN. Revaz8 Rsultats de lenqute IUKB & HEP-VSP. Jaff, Z. Moody & C. Piguet9 De Paris Bramois, en passant par Saint-MauriceLaprs-colloque: rfrence paratre

    10 Harclement entre lves: comparaison franco-valaisanneE. Debarbieux, P. Jaff & Z. Moody10 Interview: Jrme RenaudN. Revaz11 Et outre-Raspille?12 Violences lcole: violations des droits des enfants J. Zermatten, P. Jaff & Z. Moody12 Place la participation: paroles denfants13 Interview: Michel BeytrisonN. Revaz14 Comment prvenir le harclement lcole?J.-P. Bellon & B. Gardette16 Dvelopper les comptences relationnellesC. Bonnet-Burgener18 Regard d'une mdiatriceN. Revaz18 Interview: Danile TissonnierN. Revaz18 Personnes ressources et site internet19 Interview: Eric DebarbieuxN. Revaz20 Ressources pour les enseignantsC. Barby 20 La bibliographie de la Documentation pdagogiqueE. Nicollerat

  • On sait, mais avec davantage dmois impressionnistesque de rigueur scientifique, quun certain nombredenfants nont ni lme allgre ni lestomac sereinquand ils partent sur le chemin de lcole. Pour eux, cenest pas vers le miel du savoir quils accourent, maisvers le fiel des pnibles rencontres.

    Ils naiment pas apprendre? Ils trouvent leurs matresrevches et les horaires pesants? Ils sont davantage h-ritiers de la rcration que de la rvision? Les matiresles rebutent et les manires les froissent? Peut-tre.

    Mais surtout, ils sont les rguliers objets du mpris, dela parole qui griffe, du geste qui exclut; ils souffrentde ce que leurs pairs leur font sentir de supriorit.

    Une le valaisanne? Pour la premire fois, sur le modle de ce qui fut en-trepris ailleurs, a t mene en Valais une vaste tudesur la perception quont les lves valaisans de 5e et 6e

    primaires, du climat scolaire dans lequel ils voluentau quotidien. Et si les lments recueillis permettentde concevoir notre canton comme un lieu moins tou-ch que dautres par certaines formes de violence en-tre pairs, il nen demeure pas moins quen chaqueclasse ou presque un (ou plusieurs) lve(s) souffre(nt)rgulirement de ces formes rptes, lancinantes, quifont le malheur des fragiles et le dsarroi des familles.

    Il et t tentant de nous imaginer pargns par cesformes sournoises du rejet parce quil est toujoursplaisant de lire le malheur distance et dans le regarddes autres. Mais le strotype consolateur na pas placeen une tude scientifique. Le Valais nest pas une le.Tout au plus une presqule. Et les mares modernesnont aucune raison plausible de lignorer.

    Un phnomne ancien; des moyens contemporainsLes enseignants savent que les jeux de sduction et depouvoir entre jeunes lves du mme ge ont toujoursexist. Les forts ont toujours manifest leur hirar-chique mainmise par des conduites condamnables. Etlon pourrait se laisser aller considrer ces situationscomme faisant partie des relations humaines au seindes structures formatrices. Une constante entre hier et aujourdhui en quelquesorte. Un de ces rares domaines o lcole naurait paschang!

    Et lon aurait grand tort!Linjustice nest pas moins dtestable du fait davoirune longue histoire.

    Une cole qui dit non!Le grand mrite de lenqute susmentionne est demettre en lumire ce qui souffre sous le boisseau desnon-dits. Des lves, certes moins nombreux quail-leurs mais bien rels quand mme, ont de justes rai-sons de craindre le chemin de lcole, les alentours dessalles de classes, les camaraderies insultantes et, ce fai-sant, ils ont dhumaines raisons de ne pas aimer ap-prendre. Cela doit retenir lattention de tous ceux quiuvrent en ce milieu ducatif pour que le climat ins-taur concide avec les vises affiches.

    Il nous appartient dornavant:de reconnatre les faits (puisquil y a savoir)didentifier les potentielles victimes (puisquil y asignes)de mettre en place une politique de prvention quifasse du respect mutuel une valeur fondatrice du vi-vre-ensemble.

    Ces jeunes lves, peu touchs encore par la cybervio-lence, ne doivent-ils pas davantage au fait de ntrepas encore porteurs des appareils idoines qu uneprsume sagesse le fait dtre plus innocents queleurs ans?

    Afficher de meilleurs rsultats que nos voisins despays civiliss pourrait nous servir de baume ou de co-carde.

    Mais sy rsoudre, cest renoncer au devoir mobilisa-teur de ne pas accepter, en sphre scolaire, ce qui em-pche dapprendre et dtre heureux.

    Sil est une leon retenir de cette vaste enqute, cestcelle qui consiste clamer quune terre nest fertile quy reprer ce qui empche les pousses de bourgeonner.

    Une le de fraternit?Une le de fraternit?J.-F. Lovey

    4 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Jean-Franois LoveyChef du Service de lenseignement,Dpartement de lducation, de la culture et du sport du cantondu Valais.(lauteur

  • Le harclement entre lves estune problmatique mergentequi suscite lattention des cher-cheurs, des politiques et plusrcemment des mdias. Cesvictimations oppressantes, quiont longtemps t qualifiesde faits ordinaires qui endur-ciraient les enfants, sont au-jourdhui clairement identi-fies comme des violences n-fastes dont les effets corrosifsncessitent des interventionscibles de la part des adultes.Lampleur et la complexit duphnomne, tant sur le plande la dtection, de la prven-tion que de lintervention, ainsique les consquences dltrespour lensemble des individusconcerns proccupent gran-dement les professionnels delducation et les spcialistesdes droits humains.

    DfinitionsLe harclement entre pairs regroupe lensemble desviolences verbales, physiques et psychologiques com-mises par un ou plusieurs lves lencontre dunautre qui se trouve dans limpossibilit de se dfen-dre. Ces actions nuisibles peuvent prendre diversesformes (brimades, menaces, insultes, coups, rumeurs,etc.) et peuvent parfois sembler anodines. Pourtant,la frquence avec laquelle elles se manifestent et leurrptition dans le temps permettent didentifier leurcaractre oppressant et de les dsigner comme du

    harclement. Ces violences r-ptes se traduisent soit pardes agressions perptres ou-vertement contre la victime(harclement direct) soit enatteignant la victime par lin-termdiaire dautres lvesou moyens (harclement indi-rect).

    Le phnomne du harcle-ment connat actuellementune extension virtuelle aveclavnement des nouvellestechnologies de linformationet de la communication. Cettenouvelle forme de harcle-ment, qualifie de cyberhar-clement, se propage via lesrseaux sociaux et les smart-phones notamment. Ces es-paces virtuels augmentent lenombre de victimes poten-tielles qui sont parfois incon-nues de lagresseur et offrentdavantage de protection ce-lui-ci par lanonymat que pro-

    curent les pseudonymes. Cette forme peu matrise etpeu matrisable de harclement semble dsinhiber lesauteurs et augmenter leur sentiment de puissance.

    Tous perdants!Pour les victimes, les consquences du harclement sedclinent sous forme de troubles internaliss pouvanttre dordre physique, psychologique ou psychosoma-tique. Le plus frquemment, elles se traduisent par delanxit, des symptmes dpressifs et une faible es-time de soi. Le mtabolisme et les dfenses immuni-taires des victimes de harclement sont aussi affects.Celles-ci, de mme que les tmoins, peuvent souffrir dedivers symptmes tels que des vomissements, vanouis-sements, maux de tte, de ventre, problmes de vue,dinsomnie, etc., voire mme dun arrt de croissance.

    Un enfant harcel dans son enfance a quatre fois plusde risques de commettre une tentative de suicide ladolescence; le harclement a ainsi t identifi

    La loi du plus fort exerce aux dpens de tousLa loi du plus fort exerce aux dpens de tous

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 5

    Le harclement entre pairs est lexpression franco-phone consacre en Europe des termes suivants:

    school bullying, dans les pays anglophones;intimidation, au Qubec;Mobbing, dans les pays germanophones et nordiques;bullismo, en italien.

    Le cyberharclement se propage

    via les rseaux sociaux et

    les smartphones notamment.

  • comme lun des facteurs de stress les plus fortementassocis des comportements suicidaires chez les ado-lescents. Les lves harcels ne sont toutefois pas lesseules victimes. En effet, plusieurs recherches mon-trent que le fait de harceler ses pairs lcole est unindicateur de la naissance de conduites anti-sociales.Les auteurs de violences lcole se rvlent lgeadulte tre surreprsents parmi les auteurs de vio-lences sexuelle, conjugale et intrafamiliale (Olweus,1999) et sont plus nombreux avoir un casier judi-ciaire ou des problmes daddiction ainsi qu tresans emploi (Debarbieux, 2011).

    Les consquences du harclement ne se mesurent passeulement sur un plan individuel. Elles affectent ga-lement les sphres relationnelles et scolaires. Une op-pression continue exerce par un groupe ou un seulindividu en position de force peut amener llve vic-time des conduites auto-violentes ou des ruptionsde violence vis--vis dautrui.

    Ainsi, le harclement entre lves nuit au climat sco-laire et freine les apprentissages de lenfant harcel etde ses camarades de classe. Il a t prouv que lop-pression quotidienne dlves induit des troubles de laconcentration et de la mmorisation et entrane uneperte defficience ainsi quun effondrement des rsul-tats de la victime. Dans les cas les plus svres, le har-clement conduit un absentisme chronique voire

    au dcrochage scolaire. Ces consquences extrmespeuvent en partie tre expliques par le refus de serendre lcole et par la perte de confiance dans lins-titution et les enseignants qui ne sanctionnent pas oupeu ces conduites agressives (Debarbieux, 2011).

    Les enseignants sont galement affects par ces com-portements. Nombreux sont ceux qui, impuissants,perdent confiance en leur capacit dagir. Des re-cherches montrent que le taux de harclement entrepairs dans un tablissement est corrl au nombre desituations de burn-out des enseignants.

    Auteurs et victimes: profilageLes agresseurs se caractrisent gnralement par leurimpulsivit et leur besoin de domination. Ils prou-vent trs peu dempathie envers les autres, et plus par-ticulirement envers leurs victimes. Olweus (1999) re-lve, partir de donnes empiriques, trois aspects dela personnalit des agresseurs qui dterminent leurcomportement: un grand besoin de pouvoir, un cer-tain degr dhostilit face leur milieu et une com-posante de bnfice que cela soit en termes de gainsmatriels (argent, valeur) ou psychologique (prestige).

    Bien quil nexiste pas de profil-type, les victimes pr-sentent parfois des corpulences et des traits physiquessinguliers et peuvent tre plutt timides et sensibles.

    6 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Les massacres scolaires (school shootings) sontfrquemment commis par des lves qui sont ouont t victimes de harclement par leurs pairs.

    Le harclement entre lves nuit au climat scolaire et freine les apprentissages.

    Brigitte Demuth, personne ressource pour la gestion des comportements difficiles lcole auprimaire (arrondissement IV, V, VI)

    Quelle est votre avis la meilleure rponse pour enrayerle harclement entre pairs?Aborder la problmatique de manire globale au sein delcole, et pas seulement au niveau dune classe ou dunseul lve, me semble tre un moyen de lutte efficace. Leharclement entre pairs nest pas toujours visible pourlenseignant et en tant quintervenante externe la classe,jai la chance davoir le temps dobserver, tout en tant d-gage de la part dmotionnel. Il suffit quelquefois de peupour que le climat samliore.

    Quelles pistes pourriez-vous donner aux enseignants pouraider leurs lves?

    Il faut que chaque lve existe auxyeux de lenseignant et pour ce faireil est essentiel de lencourager, de le valoriser, mais ausside lui mettre des limites. En travaillant sur le dveloppe-ment de lestime de soi de tous les enfants, on aide les vic-times, les harceleurs et, dans le mme temps, on renforcela confiance en soi des autres aussi, ce qui nest jamais n-gligeable. Les lves qui ont des outils pour mieux vivreleurs diffrences comme une richesse et pour exprimer cequils ressentent peuvent ensuite sortir par eux-mmes ducercle du harclement.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Interview

  • Ces lves souffrent dun sentiment dinfriorit etont une image ngative deux-mmes et de leur situa-tion. Smith (2001) souligne que les enfants en situa-tion de handicap ou ayant des besoins spcifiquesainsi que les adolescents dont lorientation sexuelleest diffrente sont plus risque dtre victimiss. Parailleurs, lenvironnement familial et le mode dduca-tion sont deux variables prendre en compte car ellesinfluencent le comportement dune victime ainsi quesa capacit de rsilience.

    Les garons sont davantage concerns par le harcle-ment que les filles puisquils reprsentent le plusgrand nombre de victimes et dauteurs pour tous lestypes de harclement. Les filles quant elles semblentdavantage investir les agressions de type indirect, no-tamment par le biais des nouvelles technologies, demdisances et de mises lcart.

    Renverser la loi du plus fortEn Suisse, Perren et Alsaker (2006) ont montr que leharclement entre lves commence trs tt: dans lesclasses enfantines dj! Elles ont constat que les rlesvictime/agresseur ont tendance se figer avec les an-nes do la ncessit de commencer la prvention ra-pidement. Plusieurs faits divers tragiques aux Etats-Unis ont conduit ladoption dune loi scolaire anti-bullying, dabord au Massachussetts puis dans unemajorit des Etats. Ces lois obligent chaque employde lcole, y compris les surveillants et les employs decaftria, dnoncer les incidents qui pourraient sap-parenter du harclement. Le directeur est ensuitetenu denquter sur ces cas.

    Certains auteurs considrent quune condamnation ex-plicite des actes de harclement, complte par unesanction, est primordiale pour une lutte contre la toute-puissance des agresseurs qui stend gnralement dautres sphres que lcole. Les cots psycho-sociauxlis au harclement entre pairs sont importants, il sagit

    donc dun problme de sant publique auquel il fautrpondre par des programmes de prvention adaptset efficaces (Debarbieux, 2011). Car lcole se doit degarantir le droit dmocratique fondamental de toutlve dapprendre dans un environnement scure etun climat scolaire bienveillant.

    Bibliographie

    Debarbieux, E. (2011). Refuser loppression quotidienne: laprvention du Harclement lcole. Paris: Observatoire In-ternational de la Violence lEcole. Tlchargeable depuishttp://cache.media.education.gouv.fr/file/2011/64/5/Refuser-l-oppression-quotidienne-la-prevention-du-harcelement-al-ecole_174645.pdf

    Olweus, D. (1999). Violence entre lves, harclement et bru-talit, les faits, les solutions. Paris, France: ESF.

    Perren, S., & Alsaker, F. D. (2006). Social behavior and peerrelationships of victims, bully-victims, and bullies in kinder-garten. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 47(1),45-57.

    Smith, P. K. (2001). Le harclement lcole et comment leprvenir. Dans E. Debarbieux (Dir.). Violence lcole et poli-tiques publiques (pp. 133-146). Issy-les-Moulineaux, France:ESF.

    Smith, P. K., & Morita, Y. (1999). Introduction. Dans P. K.Smith, Y. Morita, J. Junger-Tas, D. Olweus, R. Catalano, et P. T.Slee (Dir.), The Nature of School Bullying: A Cross-NationalPerspective (pp. 250-263). Londres: Routledge.

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 7

    PUB

    Claire Piguet, cheffe de projet enqute Harclemententre pairs lcole en Valais, coordinatrice du CASViolence, gestion de classe et droits de lenfant ettitulaire du Master interdisciplinaire en Droits delEnfant.

    Zoe Moody, professeure la Haute Ecolepdagogique du Valais, doctorante la Facult dePsychologie et des sciences de lducation delUniversit de Genve, titulaire du Masterinterdisciplinaire en Droits de lEnfant et responsablescientifique de lenqute Harclement entre pairs lcole en Valais.

    Philip D. Jaff, directeur de lInstitut universitaire Kurt Bsch, responsable de lUnit dEnseignement et de Recherche en Droits de lenfant, professeur de psychologie et directeur scientifique de lenquteHarclement entre pairs lcole en Valais.

    les a

    uteurs

  • Prs de 95% des lves valaisans disent se sentir biendans leur cole. Ils sont autant affirmer entretenirune bonne, voire trs bonne relation avec leur ensei-gnant. Ces donnes, extrmement rjouissantes, ontt recueillies auprs de plus de 4000 lves de 5e et 6e

    primaire qui ont particip lenqute valaisanne sur leharclement entre pairs. Ces donnes permettent tou-tefois de mettre en vidence quune frange dlves serend lcole lestomac nou par la peur. Entre 5 10% des lves, soit un deux lves par classe, indi-quent tre frquemment perscuts par leurs cama-rades. Les rsultats de lenqute permettent de mieuxconnatre les conditions du harclement de ces en-fants qui vivent lcole comme un lieu de violence etdoppression quotidienne et ne bnficient pas desobjectifs dapprentissage et des dispositifs pdago-giques qui leur sont destins.

    Taux de victimationDe manire globale, le taux de harclement (dont leharclement physique, verbal, sexuel, les vols et le cy-berharclement) est relativement bas en Valais (5 10%) en regard des chiffres issus de la recherche au ni-

    veau international (plutt autour des 10 15%). Ainsi,les donnes recueillies en Valais montrent que les tauxde victimation natteignent pas une proportion alar-mante mais que ces situations sont malheureusementbien prsentes. Il convient galement de prendre encompte que lenqute valaisanne portait sur deslves de 10 13 ans tandis que la majorit des re-cherches concerne des adolescents. Il nest donc pasimprobable que la victimation soit plus importantepour les lves des cycles dorientation valaisans.

    Notre recherche montre une diffrence de victimationglobale des lves (combinaison de harclement phy-sique et verbal) entre ceux qui sont scolariss dans laplaine du Rhne et ceux qui frquentent les tablisse-ments des valles latrales. Les rgions linguistiques ducanton se diffrencient galement avec une prsence

    plus marque de tous lestypes de harclement dans largion francophone. Les pe-tits tablissements scolaires,qui selon lchantillon necomptent que une deuxclasse(s) 5 et 6P, ne semblentpas moins touchs par lephnomne du harclement.Par contre, les classes de-grs multiples, relativementnombreuses en Valais, sem-blent quant elles jouer unrle protecteur puisquellesprsentent un taux de victi-mation significativement in-frieur la moyenne.

    Types de victimationLes donnes de notre en-qute confirment le fait quilexiste une forte associationentre tous les types de har-

    Rsultats de lenquteIUKB & HEP-VSRsultats de lenquteIUKB & HEP-VS

    8 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Le chemin de lcole apparat commeun espace de vulnrabilit pour lescoliers valaisans.

  • clement. Ceci implique quun lve frquemment in-sult, menac, moqu est probablement galementbouscul et frapp. Ce mme lve sera aussi plus risque de subir dautres types dagressions rptes caractre sexuel ou par le biais des nouvelles technolo-gies. En Valais, comme dans le reste du monde, les gar-ons sont davantage victimes de harclement que lesfilles et sont galement les principaux auteurs de cesactes. Dans notre tude, cette donne nest toutefoispas vrifie pour le harclement caractre sexuel(pier dans les toilettes, donner un baiser ou retirer unvtement de force) qui parat tre une forme dagres-sion particulire.

    Tous les types de harclement sont prsents de ma-nire significative parmi les coliers valaisans. Les r-sultats concernant les comportements frquents voiretrs frquents sont les suivants: 8,7% denfants disenttre souvent trs souvent victimes de violencesverbales (insultes, menaces, etc.), 5,5% de violencesphysiques (coups, bagarres, bousculades, etc.), 2,2%de cyberharclement (insultes et menaces sur internet,etc.) et 1,9% de violences dites dappropriation (volsou racket). Dans ce domaine, les coliers valaisans sedistinguent par exemple de leurs camarades franaispuisquils sont bien plus souvent victimes de vols dob-jets personnels (5,2%).

    A lcole ou sur le chemin de lcoleLes climats de classe et dtablissement sont, en Valaiscomme dans la majorit des autres rgions enqutes,fortement associs avec tous les types de harclement.Moins les lves font tat de cas de victimations rp-tes, meilleur ils jugent le climat scolaire. Le fait que leclimat scolaire valaisan puisse tre qualifi de bon

    voire trs bon permet en partie dexpliquer le fait queles lves dclarent bien moins de violences fr-quentes que les coliers franais du mme ge.

    Une originalit de notre tude a t de montrer queles jeunes Valaisans sexposent des risques de vio-lences varies durant le temps des dplacements entrele domicile et lcole. Le fait que ce dplacement soitralis en transports publics ou par ses propres moyens( pied ou vlo) ninflue pas de manire significativesur ce constat. Ainsi, 27,6% des enfants rapportentavoir t insults et/ou frapps une ou plusieurs foissur le chemin de lcole durant lanne scolaire 2012.Parmi eux, 62,6% affirment que cela sest produitlorsquils effectuaient ce dplacement pied ou vlo.Le chemin de lcole apparat donc clairement commeun espace de vulnrabilit pour les coliers valaisansqui mrite un examen attentif par tous les acteursconcerns dont les autorits scolaires, les responsablesmunicipaux et les parents. Notre quipe de recherchepoursuivra avec ltude de cette zone dombre, lin-terstice des sphres familiales et scolaires, durant la-quelle la vulnrabilit des enfants est leve.

    Philip D. Jaff, Zoe Moody et Claire Piguet

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 9

    De Paris Bramois, en passant par Saint-Maurice

    Lenqute de prvalence dans un chantillon rando-mis de 217 classes de 75 tablissements scolaires valai-sans a mobilis 3 quipes de chercheurs arms de ques-tionnaires papier. Sur la base dune mthodologie si-milaire celle tablie par Debarbieux (2011), cesquestionnaires ont t adapts au contexte valaisan ettraduits pour les lves germanophones. Avec le sou-tien du Service de lenseignement, ils ont t soumis 4091 coliers gs de 10 13 ans qui ont donn leurconsentement explicite et reu lautorisation de leursparents. Compos de 53 items, le questionnaire inter-roge les participants sur leur victimation perue durantlanne scolaire courante, dcline selon les diverstypes de harclement (physique, verbal, sexuel, vio-lences dappropriation et cyberharclement). Celui-cipermet aussi de recueillir des informations relatives la perception du climat de la classe et du statut socio-conomique de la famille du rpondant ainsi qu songe et son sexe. Anonymat et confidentialit taientles matres mots durant les passages dans les classes, demanire laisser libre cours aux changes durant ladiscussion avec les lves. Un flyer informatif tait dis-tribu pour permettre aux lves concerns de trouverdu soutien. Un retour sur les principaux rsultats a tenvoy aux enseignants et directeurs concerns ac-compagn dune version adapte pour les enfants.

    Laprs-colloque: rfrence paratre

    Le 4e Colloque international de Sion, organis parlInstitut universitaire Kurt Bsch, lInstitut internatio-nal des droits de lenfant et la Haute Ecole pdago-gique du Valais, a eu lieu en mai dernier autour de lathmatique du harclement entre pairs.

    www.iukb.ch - www.childsrights.org - www.hepvs.ch

    Jaff, Ph. D., Moody, Z., Piguet, C. & Zermatten, J.(Eds.). ( paratre). Harclement entre pairs: Agir dansles tranches de lcole. Actes du Colloque internatio-nal Institut universitaire Kurt Bsch, Institut interna-tional des droits de lenfant et Haute Ecole pdago-gique du Valais. Sion: IUKB.

    Rfrence

  • Quantifier la prvalence du harcle-ment est essentiel pour pouvoir inter-venir, agir et prvenir. Quantifier prci-sment les victimations et les typesdagressions, sur la base de mthodesde recherche et de questionnaires simi-laires, permet galement de comparerles situations vcues par des lves dansdes contextes nationaux et rgionauxdiffrents et didentifier dventuelsfacteurs de risque ou protecteurs. Len-qute portant sur le harclement entrelves mene en Valais comporte cetavantage puisquelle a t construitesur un modle prouv en France no-tamment par Eric Debarbieux et sonquipe de lObservatoire Internationalde la Violence lcole (2011). Les don-nes prsentes ci-aprs se basent surles enqutes ralises auprs de plus de 12000 lvesfranais et de plus de 4000 lves valaisans, gs de 8 13 ans.

    Deux fois moins de victimations en ValaisLe premier constat poser dans une dmarche compa-rative est que, de manire gnrale, les lves valai-sans sont deux fois moins exposs des victimations r-

    ptes par leurs pairs que les coliers franais. Globale-ment, 5 10% des petits Valaisans sont harcels dansle cadre scolaire contre 10 15% des Franais. Cettediffrence est constante pour ce qui est du harcle-ment physique, verbal et caractre sexuel. Ainsi, enmoyenne 15.4% dlves franais subissent souventou trs souvent une forme de harclement verbal,contre 8.8% en Valais. Cette moyenne slve 13.4%pour le harclement physique contre 5.5% en Valais.

    Harclement entre lves: comparaison franco-valaisanneHarclement entre lves: comparaison franco-valaisanne

    10 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Attention ne pas tomber dans un immobilisme satisfait!

    Jrme Renaud, enseignant lcole primaire Monthey dont la classe de lanne dernire aparticip lenqute sur le harclement entre pairs mene en Valais

    Sur le terrain, comment reprez-vous les situations deharclement entre pairs?Jappartiens un petit centre scolaire compos de quatreclasses, aussi avec mes collgues nous voyons peut-treplus rapidement les situations qui pourraient devenir pro-blmatiques. Sachant cependant que le harclement entrepairs peut aussi avoir lieu sur le chemin de lcole, dans lestransports publics notamment, nous navons quune visionpartielle du phnomne. Il nous faut donc tre particuli-rement attentifs aux modifications de comportement desenfants.

    Quelles sont les pistes que vous met-tez en place?A mon sens, il est primordial dinstaller un climat de con -fiance avec les lves, pour quils osent se confier. En dbutdanne scolaire, je prends le temps dvoquer tout ce quitouche linstauration dun bon climat dans le cadre desateliers thmatiques. Je travaille notamment avec la BDPax! Savoir vivre ensemble lcole, mais peut-tre quilnous faudrait davantage de ressources ciblant plus particu-lirement le harclement.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Interview

  • Toutefois, les taux de harclement entre pairs ne sem-blent tre influencs ni par le caractre plus ou moinsrural de la rgion dimplantation des tablissements,ni par la taille plus ou moins grande des centres sco-laires, en France comme en Suisse. Ainsi, les coles decampagne accueillant relativement peu dlves neconstituent pas un facteur protecteur, des cas de har-clement svres ayant mme t signals dans cetype dtablissement. Le niveau socio-conomique desfamilles des lves ne semble pas non plus constituerune variable explicative du taux de harclement entrelves. Quelles sont donc les conditions particuliresqui pourraient expliquer cette diffrence significativeentre la France et le Valais?

    La stabilit du corps enseignantSi lune des caractristiques de lcole nationale fran-aise semble tre la grande mobilit de ses ensei-gnants, engendrant une certaine instabilit desquipes ducatives encadrant les enfants, lcole valai-sanne est une institution caractrise par la sdenta-rit des enseignants et les longues carrires. Une en-qute rcente mene par Debarbieux (2012) montreque plus de 50% des enseignants en France sont enplace depuis moins de quatre ans et que moins de10% dentre eux le sont depuis plus de 20 ans. Desdonnes similaires ne sont pas disponibles pour le Va-lais. Toutefois, le Service de lenseignement confirmeque la mobilit des enseignants y est relativement fai-ble. Selon les donnes relatives au traitement des en-seignants, 42% des enseignants en fonction ont plusde 24 ans dexprience, acquise dans la plupart des cas

    en Valais. Les nouveaux engags (moins de quatre ansdexprience) ne reprsentent que 17% des ensei-gnants de 5 et 6P.

    Nous pouvons donc raisonnablement postuler que, ausu de la corrlation importante entre le climat scolaireet le taux de harclement entre pairs, et que, au vudes donnes prcises ci-dessus, la stabilit des quipespdagogiques et leur connaissance approfondie ducontexte dans lequel sinsre linstitution scolaireconstituent des facteurs protecteurs en matire devictimation entre lves. La stabilit serait donc unfacteur cl en matire de lutte contre le harclemententre pairs. Mais attention ne pas tomber dans unimmobilisme satisfait. Bien que les petits Valaisans vic-timisent moins leurs camarades de classe que leurshomologues franais, ils peuvent mieux faire! Et lesenseignants sont en premire ligne et ont les moyensde les y aider.

    Bibliographie

    Debarbieux, E. (2011). A lcole des enfants heureux oupresque, une enqute de victimation et climat scolaire auprsdlves du cycle 3 des coles lmentaires. OIVE et UNICEFFrance. www.unicef.fr/userfiles/UNICEF_FRANCE_violences_scolaires_mars_2011.pdf

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 11

    Petits Valaisans moins mauvaismais pas meilleurs.

    Et outre-Raspille?Le tirage au sort des 54 classes visites a gnr unchantillon trs diversifi allant de Biel Brig. Des pe-tites classes de montagne naccueillant parfois que 7lves aux plus grands centres scolaires, 856 lvesgermanophones au total ont t interrogs. Donner laparole ces lves a ncessit une grande mobilit dela part de lquipe de recherche haut-valaisanne au vudes distances importantes parcourir.Dans lensemble, les lves germanophones jugentmeilleur le climat scolaire dans lequel ils voluent etdclarent moins de victimations que leurs camaradesfrancophones. En effet, quil sagisse de cyberharcle-ment, de violences dappropriation ou encore de har-clement physique ou verbal, ces violences sont moinsreprsentes dans la partie germanophone du Valais.Un des facteurs explicatifs avancs est le plus grandnombre de classes multi-degrs dans le Haut-Valais,qui selon les rsultats de cette enqute auraient un ef-fet protecteur face au harclement entre pairs.

    Eric Debarbieux, professeur en sciences de lducation lUniversit Paris Est-Crteil, chercheur et directeurde lObservatoire international de la violence lcole.

    Philip Jaff, directeur de lInstitut universitaire KurtBsch, Responsable de lUnit dEnseignement et deRecherche en Droits de lenfant, professeur depsychologie et directeur scientifique de lenquteHarclement entre pairs lcole en Valais.

    Zoe Moody, Professeure la Haute Ecolepdagogique du Valais, Doctorante la Facult dePsychologie et des sciences de lducation delUniversit de Genve, titulaire du Masterinterdisciplinaire en Droits de lEnfant et responsablescientifique de lenqute Harclement entre pairs lcole en Valais.

    les a

    uteurs

  • Le harclement entre pairs porte atteinte aux droitsdes lves reconnus dans la Convention des NationsUnies relative aux Droits de lenfant (CDE, 1989). Uneanalyse dtaille des consquences du harclemententre pairs met en vidence le fait que plusieurs de cesdroits sont bafous en cas de violences lcole. Ainsi,les victimes, les auteurs et les tmoins sortent tous per-dants de ces situations. Celles-ci sont clairement in-compatibles avec la mise en uvre de conditions dap-prentissage efficaces et contraires la vise des droits:favoriser le dveloppement harmonieux des enfants.

    Atteinte globale aux droits des enfantsLe droit dtre protg contre toutes les formes de vio-lences (CDE, art. 19) apparat clairement comme tantviol dans les cas de harclement par les pairs. Au vudes consquences parfois svres de ces victimations

    en termes de sant physique (arrt de croissance, trou-bles alimentaires, perte de sommeil, etc.) et mentale(dpression, perte de confiance en soi, etc.), le mmeconstat peut tre pos concernant le droit de bnfi-cier du meilleur tat de sant possible (CDE, art. 24).

    La violation du droit lducation (CDE, art. 28-29)nest peut-tre pas aussi directement identifie. Pour-tant il est clair que la jouissance de ce droit est entra-ve. En effet, la baisse gnralise des rsultats sco-laires des victimes et leur surreprsentation parmi lesabsentistes, comme au sein des lves en situation dedcrochage scolaire, sont des exemples qui soulignentcombien le droit lducation de ces enfants nest plusrespect dans son intgralit. La forte corrlation entrele harclement entre lves et la qualit du climat sco-laire est le signal fort dune atteinte importante audroit lducation des lves victimes directes, commede leurs camarades, victimes indirectes.

    De plus, la perte de confiance en lenseignant qui nagitpas (par mconnaissance de la situation, manque de

    Violences lcole: violationsdes droits des enfantsViolences lcole: violationsdes droits des enfants

    12 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Le droit lducation comprend ledroit de vivre et dapprendre dans unespace hors-menace.

    Place la participation: paroles denfantsDans lesprit des principes participatifs de la Conventiondes Droits de lEnfant, la dmarche des enquteurs oc-troyait une place privilgie aux changes. En effet, leslves disposaient dun temps propice lexpression deleurs interrogations, proccupations et rflexions concer-nant les thmatiques abordes par le questionnaire. En-core fallait-il que les adultes sachent les couter. Peut-treest-ce lune des raisons pour lesquelles nombre dentreeux, soucieux de transmettre des complments et explica-tions, ont annot leurs copies. Les exemples parlent deux-mmes: un lve dclare que son matre ne donne que

    des punitions ducatives, un autre indique ne jamais avoirvol ses camarades mais confesse avoir trouv du matrieldans sa bote de bricolage alors quun autre juge sur labase de ses rsultats scolaires quil peut mieux faire. Ds-appoints dtre limits par les quelques mots proposs enqualit de rponse et de devoir nen choisir quun seul, leslves nont pas manqu dinspiration pour enrichir lequestionnaire de leurs touches personnelles et ainsi nousconfier toute lessence de leurs penses. Sen rsulte un r-pertoire riche de commentaires tonnants qui naurait pasvu le jour en employant une technologie plus moderne.

    Le harclement entre pairs porte atteinte aux

    droits des lves.

  • moyens ou crainte), frquemment cons -tate dans ce type de situation, est unindicateur clair des difficults qui vonten dcouler. Il est difficile de mettre enuvre le droit des enfants de participer(CDE, art. 12) dans un climat inscure.En qualit de premire institution extra-familiale dans laquelle les enfants vo-luent, lcole vise notamment formerdes futurs citoyens, acteurs confiants enla socit laquelle ils appartiennent.Cette mission est difficilement atteigna-ble tant que certains lves se rendent lcole la peur au ventre.

    Devoir dinterventionLe droit lducation comprend le droit de vivre etdapprendre dans un espace hors-menace pour re-prendre la formule consacre par Philippe Meirieu(2002, p. 41). Les principaux garants de la mise en u-vre de ce droit, les parents et les enseignants, ont doncle devoir de faire cesser durablement les menaces quiplanent afin de permettre le dveloppement de len-fant selon son plein potentiel. Lintervention nest pastoujours aise, ni mme instantanment efficace. Leschercheurs admettent quil ny a pas de recette mira-cle. Toutefois, des programmes de prvention existent

    (cf. articles sur la prvention pp. 14-17)et un travail sur le climat de classe oudtablissement est systmatiquementbnfique pour lensemble des en-fants con cerns.

    Lutter contre le harclement entrepairs cest aussi lutter pour les valeursdu vivre ensemble, cest lutter pour latolrance et lacceptation de la diff-rence. Cest refuser la stigmatisationen raison de la couleur dun vtement,dun accent plus ou moins marqu,dun handicap ou de toute autre parti-cularit saillante aux yeux de certains.Intervenir dans les affaires denfantsest une obligation lgale qui a pour

    but non seulement de lutter contre les discriminationsprcoces, mais galement doffrir lenfant les moyensde se sortir par lui-mme du rle (victime, auteur,tmoin) quil joue lcole. Devenu majeur, lenfantpourra alors ractiver les bons rflexes acquis en classepour les mettre au bnfice de la socit plus large.

    Bibliographie

    Meirieu, P. (2002). Le pdagogue et les droits de lenfant: his-toire dun malentendu? Editions du Tricorne.

    Comit des droits de lenfant (2011). Observation gnrale n13, le droit dtre protg contre toutes formes de violence.

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 13

    Jean Zermatten, directeur de lInstitut internationaldes Droits de lEnfant, prsident du Comit desNations Unies des Droits de lEnfant, Docteur honoriscausa de lUniversit de Fribourg et ancien juge desmineurs du Canton du Valais.

    Philip D. Jaff, directeur de lInstitut universitaire Kurt Bsch, responsable de lUnit dEnseignement et de Recherche en Droits de lenfant, professeur de psychologie et directeur scientifique de lenqute Harclement entre pairs lcole en Valais.

    Zoe Moody, professeure la Haute Ecolepdagogique du Valais, doctorante la Facult dePsychologie et des sciences de lducation delUniversit de Genve, titulaire du Masterinterdisciplinaire en Droits de lEnfant et responsablescientifique de lenqute Harclement entre pairs lcole en Valais.

    les a

    uteurs

    Michel Beytrison, adjoint au SE

    Que retenez-vous de lenqute etdu colloque IUKB-IDE-HEP sur leharclement entre pairs?Dsormais, pour une date prcise,nous avons une photographie du harclement entrepairs la fin du cycle 2. Quelques lments quelquepeu inattendus ont t mis en vidence, notammentque le phnomne est moindre dans les classes de-grs multiples.

    Quelles pistes pour la suiteToute une srie dactions et de formations, dj entre-prises dans certaines coles, mriteraient dtre pluslargement connues. Cependant, il nest pas trs por-teur pour un tablissement de dire quil a mis en placedes mesures pour amliorer le climat scolaire, alorsque la dmarche est pourtant positive et prventive.Pour aller plus loin, il sagira de conserver un large pa-nel dinterventions possibles reconnues par le DECS etdassocier au partenariat IUKB-DECS dautres acteurs,dont la FRAPEV, car les parents ont un rle jouer

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Interview

  • La dcouverte du harclement lcole place lduca-teur dans une obligation daction. Face ce phno-mne, ladulte na pas dautre alternative que linterven-tion. Une telle attitude nengage pas seulement sa res-ponsabilit vis--vis de llve en termes de scurit, ellemet aussi en jeu la perception que lenfant a de limagede ladulte, personnalit de rfrence qui, dans labsolu,se doit dtre protectrice, juste et exemplaire. Lorgani-sation dune intervention sur le harclement lcole in-clut toujours les mmes tapes: dcouvrir, dbattre etexpliquer. En fonction du contexte, lordre de ces tapespeut tre modifi et le contenu adapt au public.

    Dcouvrir dabordCette tape qui consiste dlivrer des informations or-ganises un auditoire est particulirement sensible.De la bonne transmission de ces informations dpendlefficacit de lintervention. Rcits fictifs, extraits deromans ou de films sont des outils qui peuvent permet-tre dillustrer le phnomne, mais ce sont les tmoi-gnages rels qui ont limpact le plus fort. Lors de nospremires exprimentations, nous avions recours destmoignages crits. De telles illustrations permettentaux lves de sapproprier la situation. En forant laconcentration, la mdiation de lcrit offre dintres-santes perspectives de discussion, chacun pouvant re-venir au texte tout moment. Le dbat y gagne enprcision et en pertinence. Cependant, ce support critnest pas adapt toutes les situations. La vido est in-contestablement plus souple. La lecture plus aise et lacharge motionnelle des tmoignages rendent imm-diate la reconnaissance de la dtresse des victimes.

    Lautre faon de faire dcouvrir le harclement est desolliciter directement des tmoignages de victimes.Cette stratgie qui a le mrite de lauthenticit est pril-leuse plus dun titre. En effet, la victime est contraintede dvoiler les rouages de son agression, exercice dau-

    tant plus pnible que la proximit dge avec laudi-toire est grande. Nous navons dailleurs jamais sollicitde harcels lors des interventions craignant de trop lesexposer. Le bnfice recherch valoriser une victimeen la mtamorphosant en un acteur de prvention risque dtre contrebalanc par une raction ngativedu public scolaire. Si les lves victimes ne peuvent pastmoigner directement, leurs parents, en revanche,sont plus disposs le faire. Lors de sances dinforma-tion en direction des parents, le rcit des famillesdlves victimes a indniablement enrichi linforma-tion et facilit les questions.

    Dbattre ensuiteCette deuxime tape est probablement la plus dli-cate mettre en uvre. Cest ce moment que se jouela participation et donc ladhsion du groupe linter-vention. Le choix du support prend ici tout son sens. Entravaillant sur des textes, lorganisation de la discus-sion peut tre plus labore. Elle ncessite un anima-teur et un observateur pralablement forms. Le pre-mier sappuie sur des fiches danimation pour faire ra-gir le groupe tandis que le second note les positions dechacun et les remarques caractristiques quil rperto-rie dans une grille dobservation. Les renseignementsobtenus sont comments par la suite. Dans le cas delutilisation de tmoignages vido, lobjectif de lani-mation est diffrent. L o lcrit induit une prise dedistance parce que le public sattache au rcit et non

    Comment prvenir le harclement lcole?Comment prvenir le harclement lcole?

    J.-P. Bellon - B. Gardette

    14 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    www.harcelement-entre-eleves.com

    Prochain dossierLectures en partage tousles degrs de la scolarit.

  • la personne, limage propulse le groupe dans le quoti-dien dun lve ordinaire. Lidentification est instanta-ne et les ractions fusent. Pour lanimateur lexerciceva consister sappuyer sur leffervescence du groupepour recueillir les opinions puis noter ces remarquesen les organisant par thmes. Pour rsumer, nos prf-rences vont lcrit lorsque la formation sadresse unpublic plus g ou qui est plus investi donc plus motiv.Nous avons recours des mthodes mixtes dans le ca-dre de formations plus longues. Enfin, lutilisation ex-clusive de la vido sadapte aux formations de courtedure avec un public plus jeune ou moins captif.

    Expliquer enfinPour quil soit le plus efficace possible le discours expli-catif doit tre laboutissement des deux prcdentestapes. La dcouverte des tmoignages a permis demettre des mots sur les actes tandis que la discussion afavoris lmergence de la rflexion et le classementdes arguments en catgories. Ces catgories, btiespar les lves sous le contrle de lanimateur, vont ser-vir de base un discours explicatif qui sera ltape fi-nale de lintervention. Concrtement, cette prsenta-tion abordera les caractristiques principales du harc-lement et les consquences pour les victimes. La

    dernire partie, incontournable, traitera des moyens mettre en place pour combattre le harclement etconstruire des dispositifs de prvention.

    Ces dispositifs dintervention ncessitent lutilisationde certains outils. Ils sont dans ltat actuel bien peunombreux. Le site que nous animons depuis 2006,www.harcelement-entre-eleves.com, a prcismentt conu pour fournir aux professionnels dsireuxdintervenir sur la question du harclement une basede ressources documentaires consquente.

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 15

    Exemple de dispositif de prvention du harclement dans un tablissement scolaire

    Une quipe de pilotage est forme lintrieur de lta-blissement. Cest elle quest confie la tche dorgani-ser et danimer la prvention. Prside par le chefdtablissement et compose de membres du person-nel, dlves et de parents, cette quipe impulse les dif-frentes actions, les coordonne et les value.

    Des personnes ressources sont dsignes. Trois per-sonnes volontaires sont plus particulirement chargesdintervenir lorsquun cas de harclement survient dansltablissement: coute et soutien de la victime, audi-tion des tmoins et des agresseurs, suivi de la classe enliaison avec les professeurs.

    Tous les personnels sont sensibiliss la question duharclement. Au moment de la rentre des personnels,le chef dtablissement indique que la prvention de cephnomne est un axe prioritaire. Il invite tous lesmembres de la communaut sassocier aux diffrentesactions entreprises. Il indique quelles sont les personnesressources. Il insiste pour que soient rapidement signa-ls tous les cas de harclement dont les personnelspourraient avoir connaissance.

    Tous les dlgus de classe sont forms. Dans la forma-tion des dlgus, un minimum de deux demi-journes

    sont consacres la prvention du harclement. Aucours de ces sances, des tudes de cas bases sur des si-tuations relles de harclement sont examines avec leslves. On sattache dmonter les mcanismes du har-clement, on insiste sur ses consquences et lon re-cherche avec les lves ce qui pourrait permettre delviter.

    Laccent est mis sur les classes entrantes. Un travail desensibilisation est men en direction des nouveauxlves. Le professeur, lors de laccueil des nouvellesclasses, prsente la politique de prvention et invitetous les lves, victimes ou tmoins, se signaler auprsdes personnes ressources.

    Les parents dlves sont associs. Une runion dinfor-mation des parents est organise en dbut danne sco-laire. Lensemble du dispositif de prvention leur estprsent de faon dtaille. Ils sont invits sy asso-cier.

    Le dispositif est rgulirement valu. De faon me-surer lampleur du phnomne au sein de ltablisse-ment et valuer lefficacit de la prvention, une en-qute est rgulirement effectue parmi la populationde ltablissement.

    Jean-Pierre Bellon est professeur de philosophie. Bertrand Gardette est conseiller principal dducation.

    Ils sont les auteurs de deux ouvrages sur la question duharclement scolaire. (Harclement et brimades entrelves, la face cache de la violence scolaire, Fabert,2010 et Prvenir le harclement lcole, Fabert, 2012).

    les a

    uteurs

  • Jeanne est la seule nouvelle lve de cette classe de 5e

    primaire. Ses camarades se sont vite rendu compte deses comptences, notamment en maths, domaine oelle excelle. Jeanne remarque les regards changs en-tre ses camarades lorsquelle est interroge, des af-faires disparaissent de son bureau et lorsque lensei-gnant demande de former des groupes, ses camaradeslui font comprendre quils ne veulent pas delle. Face cette situation, Jeanne se renferme, nose plus rpon-dre aux questions de son enseignant et souffre demaux de ventre.

    Simon est en 2e primaire. Sur le chemin de lcole, puisdans la cour de rcration, il est rgulirement menacpar quelques camarades qui lui ordonnent de leur don-ner son goter. Craignant de se faire frapper sil enparle quelquun, Simon nose rien dire.

    Julien est en 4e primaire. Il est suivi par la logopdistede son cole cause de son bgaiement. Un camarade,leader de la classe, se moque ouvertement de lui etlorsquil croise Julien, il lui donne un coup dpaule, lemenace du poing et va mme jusqu le frapper.

    Aurlie est en 6e primaire. Discrte et plutt rserve,elle rencontre quelques difficults sintgrer danscette classe compose dlves forts caractres. Ceux-

    ci lignorent, ne lui adressent pas la parole et agissentcomme si elle nexistait pas.

    Marco est en 3e primaire. Un camarade la pris en photo son insu dans les vestiaires de la gym et a fait circulerla photo au sein de lcole. Depuis, tout le monde ri-gole sur son passage et se moque de son physique.

    Rle des adultes pour trouver des solutionsA travers ces quelques exemples, on constate quilnexiste pas une seule et unique manifestation du harc-lement entre pairs. Alors quil peut sexercer de manireflagrante, il peut prendre des formes plus insidieuses etpasser inaperu aux yeux des enseignants et des pa-rents. Face ce constat, il est trs important de rester vi-gilant et dobserver aussi bien ce qui se passe dans laclasse que dans les vestiaires ou la cour dcole. Sans lin-tervention et le soutien des adultes, les enfants victimesde harclement ne parviendront pas (ou trs difficile-ment) trouver des solutions leur permettant de sortirde cette situation et risquent mme de la relativiser.

    Lcole reste le lieu par excellence o les enfants ontloccasion dexprimenter leurs comptences relation-nelles et elle reprsente ainsi un terrain favorable pouraborder ce type de problme. De plus, les habilets so-

    ciales et comportementalesne doivent pas tre consi-dres comme des comp-tences innes mais bien descomptences pouvant sac-qurir par lapprentissage.Une bonne gestion de cetteproblmatique demandegalement que lon porteun regard positif sur les en-fants. Si lauteur nest peruque comme un lve vio-lent, mchant et dnu desentiments, les issues sem-blent pessimistes. Par con -tre, si on part de lide quecet lve na pas encore ac-quis les comptences socia -les lui permettant dinter-agir de manire cons truc -tive avec ses pairs, alors les

    Dvelopper les comptences relationnellesDvelopper les comptences relationnelles

    C. Bonnet-Burgener

    16 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

  • possibilits damlioration sont nombreuses. En pr-sence dun analphabte motionnel on va pouvoirlui apprendre grer un conflit, dvelopper unemeilleure estime de soi, recevoir de manire positiveles remarques dun camarade ou encore reconnatretant chez lui que chez les autres les diffrentes mo-tions lies aux vnements vcus en classe. Des pistesdaction concrtes peuvent alors tre envisageslorsque lon se retrouve confront ce type de situa-tion. Cette vision positive est imprative afin dagir etaider les lves trouver des solutions.

    Il nexiste malheureusement pas de recette magique,chaque situation tant diffrente et ncessitant une r-flexion afin de dterminer la faon dont on va la grer.Partant du principe que ce type de situation est souventla consquence dun manque de comptences relation-nelles, il convient ds lors de la grer avec lensembledes lves. Ces derniers peuvent trouver les solutionsmais ils doivent tre accompagns comme ils le sontlorsquils apprennent calculer laire dun triangle.

    Des pistes pour la classePrenons la situation de Jeanne et de ce quil serait pos-sible dentreprendre afin que cette lve ne soit plusharcele. Lors dun cours dexpression orale, lensei-gnant, conscient de la situation difficile de son lve,propose des jeux de rle dont lun a pour thme lesmoqueries (Vous tes en classe. Lenseignant vous in-terroge sur le livret. Un lve est interrog et lorsquildonne sa rponse, les autres se moquent de lui.).Aprs avoir form des groupes et demand chacunde prparer son jeu de rle, chaque groupe est invit jouer devant le reste de la classe la situation proposepar lenseignant. Puis, lenseignant dont lobjectif estde susciter la rflexion demande chaque lve com-ment il sest senti dans son rle. Aprs avoir changsur le ressenti de chacun, un lien avec ce qui se passeen classe peut tre fait (par exemple: Est-ce que cegenre de situation se produit dans votre classe? Est-ceque quelquun parmi vous sest dj senti commellve dont on sest moqu?).

    Les lves font ds lors rapidement des liens avec ce quise passe dans leur classe et reconnaissent les difficultsquils rencontrent. Cette tape permet ensuite de de-mander aux lves ce quils pensent de cette situationet de dterminer si elle peut avoir une autre issue quecelle quils vivent actuellement. Il est alors trs intres-sant de constater que les lves sont souvent insatisfaitset mme sils ne sont pas victimes de harclement, cettesituation reste difficile pour eux. La crainte de se retrou-ver la place de leur camarade harcel peut en tre uneraison. Permettre llve victime dexprimer son res-senti joue un rle capital et permet aux auteurs de com-mencer prendre conscience de limpact de leurs pa-

    roles et de leurs gestes. Le fait que cela soit verbalis enprsence de toute la classe aidera les auteurs modifierleur comportement. Le fait de savoir que certains cama-rades ne cautionnent pas leurs actes joue un rle degarde-fou. Aprs avoir chang autour des autres issuesquune telle situation peut avoir, il est important de leurfaire jouer au travers dun nouveau jeu de rle la solu-tion propose et de constater si les sentiments qui ysont lis sont diffrents. Jencourage ensuite de repr-senter visuellement la solution trouve par les lvesafin de pouvoir y rfrer rgulirement, comme parexemple coller sur une feuille le jeu de rle prpar enclasse et illustrer par un dessin la solution propose parles lves. Ce panneau sera affich bien visiblement enclasse. Afin quune telle situation puisse changer, il fautrappeler aux lves la solution quils ont trouve et va-luer rgulirement avec eux lvolution de la situation.Des problmes dordre relationnel doivent ainsi tretravaills avec tous les lves et pas seulement avec ceuxqui sont directement concerns par la situation.

    Des entretiens individuels avec Jeanne ou ses agres-seurs durant lesquels des lments ayant t discutsen groupe seraient repris peuvent renforcer les bn-fices de ce travail collectif. Un suivi psychologique per-mettant de faire des liens avec ce que vit llve sur unplan plus personnel peut galement tre complmen-taire ce type de dmarche. Lenseignant peut gale-ment faire appel un intervenant extrieur afin depouvoir, durant le moment de lintervention, prendreun autre rle que celui quil a habituellement, dcou-vrir de nouveaux outils ou encore poser un autre re-gard sur les relations au sein de sa classe. Compter surleurs comptences, tenir compte de lavis des lves etleur donner loccasion de sexprimer est important.Alphabtiser motionnellement ou apprendre re-connatre ses motions et les verbaliser, les accep-ter et les grer, prendre conscience des motions delautre ou encore parvenir se mettre la place delautre prend du temps. Ce nest que sur limpulsion delenseignant, attentif au climat de sa classe et aux en-jeux des relations qui sy droulent, que cela peut sefaire. Malgr un programme charg et des chances respecter, prendre ce temps, cest considrer lenfantcomme un individu vivant dans une socit o les as-pects relationnels sont au moins aussi importants queles maths ou le franais!

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 17

    Corinne Bonnet-Burgener, diplme en psychologie et co-auteure de Prvenir la violencedes jeunes. Lalphabtisationmotionnelle: des outils concrets pour mieux communiquer.Intervenante dans les coles.(lauteure

  • Pascale Theytaz est enseignante et m-diatrice au cycle dorientation rgionalde St-Gurin Sion. Dans son CO, qua-tre mdiateurs, dont Pascale Theytaz,sont pauls par un groupe danima-teurs-mdiateurs, constitu de quatreenseignants, et de deux des quatre m-diateurs. A ct de cela, les jeunes quile souhaitent sont aussi forms lagestion de conflits et la mdiationpar les pairs.

    Pour lenseignante-mdiatrice, mieuxvaut prvenir que gurir, aussi elleest davis quil faut parler du phno-mne de harclement entre pairs auxlves, de faon ce quils prennentconscience des dgts qui peuvent tre causs par cequils croient souvent ntre quun jeu. Elle est de plusconvaincue de la ncessit dune approche systmique,incluant tous les acteurs et partenaires de lcole, dontles parents. Si la mdiation fonctionne, elle estime quela direction ne devra recourir quexceptionnellement des sanctions et/ou interventions externes.

    Pascale Theytaz, que vous voque le harclement en-tre pairs en regard de votre exprience de mdiatrice?

    Au CO, le plus souvent ce sont des re-marques blessantes rptes qui devien-nent harclement. Si les attaques sontexceptionnelles, le jeune peut les igno-rer, les tourner en drision ou utiliser larsilience, mais de manire rcurrentecela devient vite lourd porter, voire in-supportable pour ceux qui nont pas laforce de casser une relation qui leur estnocive. Mme si le phnomne nest pasextrmement frquent, le harclemententre pairs est une problmatique nepas minimiser en contexte scolaire.

    Incluez-vous le cyberharclement?Absolument, mais le cyberharceleurpeut commencer par avancer masqu,

    ce qui est une complication supplmentaire pour trai-ter le problme rapidement.

    Quest-ce qui peut tre entrepris pour dsamorcerune situation de harclement entre pairs?Parfois une simple discussion avec le jeune qui est har-cel suffit pour quil puisse ensuite lui-mme dsamor-cer la situation. Dans certains cas, il nous faut confron-ter harceleur et harcel dans le cadre dune mdiation.Une autre possibilit consiste aborder la thmatique

    Regard d'une mdiatriceRegard d'une mdiatrice

    18 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Danile Tissonnier, collaboratrice scientifique au SE

    Que retenez-vous de lenquteet du colloque IUKB-IDE-HEP surle harclement entre pairs?Ctait intressant davoir les retours dune enqutescientifique sur une violence dont on savait lexistencemais sans en connatre vraiment les proportions. Au-del des chiffres, noublions pas que chaque situationpeut tre problmatique voire dramatique.

    Quelles pistes pour la suiteTrouver des solutions est essentiel pour favoriser unclimat de classe propice aux apprentissages scolaires.Les donnes recueillies serviront renforcer la prven-tion, dans le prolongement de ce qui est dj propos.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Interview

    Personnes ressources et site internet

    Pour le primaire: personnes ressources pour la gestiondes comportements difficiles lcole (cf. Rsonances,n septembre, p. 5).

    Pour le CO: Mdiateurs + personnes ressources pourla gestion des comportements difficiles lcole (cf.Rsonances, n septembre, p. 5).

    Intervenants externes: Corinne Bonnet-Burgener ([email protected]) - Centre de comptencesen ducation et relations humaines Sierre ([email protected])

    Pistes pour les tablissements scolaires et les ensei-gnants:www.vs.ch/enseignement > Informations scolaires >Education sociale et promotion de la sant

    Ressources

    Pascale Theytaz,enseignante etmdiatrice au CO de St-Gurin Sion.

  • de manire globale avec toute la classe, sans viser quique ce soit. Gnralement les harceleurs nont pasconscience du mal quils font, percevant leur attitudecomme un simple jeu. Il est aussi primordial de fairecomprendre aux jeunes qui seraient spectateurs deharclement quils sont alors complices et que leurinaction cautionne de tels actes ou paroles. Lentraideentre pairs est une rponse efficace. A contrario, lerire, et en particulier celui des adultes, peut tre unfacteur amplificateur terrible de la blessure.

    Au CO de St-Gurin, une formation la gestion desconflits et la mdiation par les pairs est mise en place:cela a-t-il un effet sur le climat de classe?Direction, mdiateurs et enseignants partons de lideque cela a un impact positif, mme si cest difficilementmesurable. Certains parents relvent un panouisse-ment de leur enfant suite cette formation et, pourma part, je suis convaincue que la prise de consciencedu fonctionnement des relations aide nos jeunes grandir. Jobserve que quelques-uns suivent la forma-tion pour trouver des ressources leurs difficults, sansavoir nous en parler, ce qui est trs bien aussi.

    Comment se droule cette formation la gestion desconflits et la mdiation par les pairs?En 1re anne, les animateurs en mdiation passentdans toutes les classes pour parler de la communica-tion, des motions, de la gestion des conflits et de lamdiation. Au terme de quatre priodes de sensibili-sation, un jeu de rle est mis en scne, avec un lvede 2CO, ayant suivi la formation la gestion desconflits et la mdiation par les pairs lanne prc-dente, dans la peau dun lve-mdiateur qui vient r-soudre un conflit entre deux lves jou par des ensei-gnants. Ensuite les lves de 1re anne qui le souhai-tent peuvent sinscrire pour suivre une formationdenviron douze heures qui se veut ludique. Et en 2e

    anne, ils ont la possibilit de poursuivre, en menantun projet de mdiation. Le taux de participation d-montre quil y a un rel intrt.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 19

    Eric Debarbieux, spcialiste de la violence scolaire depuis 35 ans

    Chercheur et spcialiste de la vio-lence scolaire, Eric Debarbieuxvient dtre nomm par VincentPeillon comme dlgu minist-riel charg de la prvention et dela lutte contre les violences enmilieu scolaire.

    Eric Debarbieux, quels sont les principaux enseigne-ments des enqutes sur le harclement entre pairs?Il ne sagit pas de faire un hit-parade, mais de mieuxcomprendre, via la comparaison entre les rgions,quels sont les facteurs de risque et de protection. Surla base de protocoles identiques, les enqutes livrentdes lments interprtatifs indispensables pour agir etprvenir.

    Quelle est lampleur du phnomne?Les formes de micro-violences rptitives sont multi-ples et touchent, certes des degrs variables, toutesles rgions et tous les milieux, alors que longtemps onsest focalis sur les zones socialement dfavorises.Sil ny a pas forcment daugmentation du phno-mne, il y a une volution des formes. Aujourdhui, onconstate par exemple que le nombre de trs bonslves insults en tant traits dintello est inquitant.Le harclement est souvent un phnomne de groupe,avec des tmoins qui peuvent tre complices, samuserde la situation ou lignorer. De fait, il faut possdercertains outils pour tre capables de ragir.

    Au-del du constat, quest-ce qui doit tre entrepris?Une fois la parole libre, le bon niveau daction est ce-lui de la prvention, sachant quil est difficile pour lavictime de sen sortir ds quelle est prise dans la spiraledu harclement. Et cette prvention doit passer parune approche concernant la totalit de ltablissementscolaire. En amliorant la qualit de vie au sein delcole, cela a des effets sur le bien-tre de chacun. Deplus, la convivialit entre les adultes, donc au sein delquipe enseignante, a un lien direct avec les relationstablies entre les lves. Dans une cole, il faut doncque les enseignants constituent une quipe solide etsolidaire si on veut pouvoir traiter le phnomne duharclement entre lves. Cest un constat de bon sensdont on ne tire hlas pas assez les consquences entermes de gestion dtablissement. Il y a des conditions raliser avant de pouvoir intervenir auprs des lveset cela passe par la formation des enseignants pour ap-prendre grer des projets en commun.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Interview

    Aux lves qui narrivent pas mettreun terme une relation de harclement, je leur dis dene pas attendre pour en parler des adultes, que cesoit leur titulaire ou un mdiateur, car laisser leharclement sinstaller peut atteindre gravement les-time de soi. En tant que titulaire, jai souvent invit leslves, dans le cadre dun conseil de classe mensuel, crire leurs proccupations positives ou ngatives surdes billets pour orienter les discussions.

    Suggestion pratique en partage

  • 20 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    Ressources pour les enseignantsanimation.hepvs.ch/harcelement (en allemand: fachbera-tung.phvs.ch/mobbing) est une plateforme bilingue deressources sur la thmatique du harclement entre pairs.Cre suite lenqute valaisanne prsente dans ce dos-sier, elle en expose les rsultats dans un volet scienti-fique qui propose galement une dfinition du harcle-ment entre pairs et une slection douvrages et darticlespour mieux comprendre cetteproblmatique.

    Des ressources pdagogiquespour les enseignants souhai-tant agir contre le schoolbullying au niveau de leurclasse ou de leur cole sontgalement rpertories. Une

    squence pdagogique de sept leons pour les ensei-gnants souhaitant aborder le harclement entre pairs avecleurs lves est disponible en tlchargement et accompa-gne dune brochure de llve photocopier. Le site com-porte une page adapte aux enfants, accessible directe-ment depuis la page daccueil et regroupant les liens versles ressources qui leur sont destines. Les parents dlves

    trouveront galement desinformations leur intentiondans une page qui leur estconsacre.

    Carole Barby, tudiante duMaster interdisciplinaire enDroits de lEnfant et concep-trice du site internethttp://animation.hepvs.ch/harcelement

    Le secteur documentationpdagogique de laMdiathque Valais - Saint-Maurice propose quelquessuggestions de lecture en lienavec le dossier pour aller plusloin. Tous les documentsmentionns sont bien srdisponibles la MdiathqueValais - Saint-Maurice (cf. cotesindiques) etpour certains Sion galement.

    BELLON J.-P.,Harclement etbrimades entrelves: la facecache de laviolence scolaire, Penser lemonde de lenfant, Paris,Fabert, 2011. Cote: 371.7 BELL

    Ecole, la violence entre leslignes [Enregistrement vido], Envoy spcial,[France], France 2 [prod.],2008. Cote: 371.7 ECOL

    ELLIOT M., Arrtons lintimidation, Cls pdagogiques,Montral, Chenelire Education, 2010. Cote: 159.942 ELLI

    Harclement scolaire [enregistrement vido]: la face cache descours de rcration, Envoy spcial, [S.l.], France 2 [prod.],2011. Cote: 371.7(44) HARC

    JACKSON, J.S, Halte aux tyrans!: un livre lusage des enfantspour les aider affronter les enfants qui harclent les autres,

    Lutin-conseil pour enfants, Strasbourg, Ed. du Signe, 2007. Cote: 159.943-053.2 JACK

    Lcole qui sait parler auxgarnements [enregistrementvido], Temps prsent, [Genve], RTS - Tempsprsent, 2012. Cote: 371.5ECOL

    Le silence de la peur [enregistrement vido], Genve, TroubadourFilms: TSR [prod.], [2007]. Cote: 343.713 SILE

    MARCELLI, D., La violence chez les tout-petits, Montrouge,Bayard, 2010. Cote: 159.943-053.2 MARC

    Pax!: savoir vivre ensemble lcole, La Chaux-de-Fonds, JeuneChambre conomique des Montagnes neuchteloises; Neuchtel,Jeune Chambre conomique de Neuchtel, 2007. Cote: 37.035PAXS

    La bibliographie de laDocumentation pdagogiqueLa bibliographie de laDocumentation pdagogique

    PINGEON D., En dcoudre avecla violence: la mdiationscolaire par les pairs,[Collection ies]; 8 , Genve,IES Editions, 2007. Cote:37.06(494) PING

    ROBERTS WALTER B., Lintimi -da tion chez les jeunes: com -prendre et aider les victimes etles intimidateurs, Chenelire/Didactique. Citoyennet etcomportement, Montral,Chenelire Education, 2009.Cote: 371.7 ROBE

    SAINT MARS D. de, Lili estharcele lcole, Ainsi va lavie; 99, [Genve], Calligram,2012. Cote: 159.92 AINS

    SANFAON C., Quand laviolence me rend malade: rcitdidactique sur les adolescentsvictimes dintimidation,Chene lire/Didactique.Citoyennet etcomportement, Montral,Chenelire Education, 2008.Cote: 371.7 SANF

  • miniprofs.ch propose, sur abonne-ment annuel (tarif cole et tarif fa-milles), des livres numriques quideviennent cahiers pour permettreaux lves de fin de primaire de r-viser leurs apprentissages scolairesautrement, de manire autonomeet en intgrant les possibilits ac-tuelles de linteraction en ligne.Utilisant la version 2 du program -me Didapages et Didaserveur, lesdiffrents livres sont lis au nou-veau Plan dtudes romand et cou-vrent ds lors certains domainesabords en classe.

    Le site contient actuellement septlivres pour les mathmatiques (es-pace, nombre, oprations, calculs,mesures, problmes, rvision). Undocument pour rviser les homo-phones du programme de franaisdevrait galement tre disponibleau moment de la lecture de ceslignes. Chaque livre-cahier virtuelrassemble des exercices, avec descorrigs immdiats et des explica-

    tions sur les activits. Intrt toutparticulier de miniprofs.ch, il estpossible dinterrompre son travailsans avoir tout recommencer, viale bouton denregistrement.

    Pour llve, le site permet de me-surer la progression de ses appren-tissages et pour les parents denavoir le suivi. Pour lenseignant, mi-niprofs.ch se veut outil de consoli-dation et dapprofondissement desnotions travailles en classe.

    Marc-Olivier Moulin, enseignant en6P Vionnaz et concepteur de mi-niprofs.ch, a initi ce projet, du faitquil narrivait pas trouver sur in-ternet la solution quil recherchaitafin que ses lves puissent travail-ler de manire autonome le pro-gramme, tout en utilisant les ICT.Ce site fait suite des demandesde parents souhaitant avoir desoutils simples pour aider leurs en-fants, explique lenseignant qui aralis les premiers livres pour saclasse lanne dernire. Dsormais ila dans lide dajouter de nouveauxdocuments en franais, en allemand,en environnement, mais cela sefera progressivement, sachant quellaboration dun cahier virtuel estgourmande en temps pour la pro-grammation de tous les champs in-teractifs. Et, selon les retours et lesremarques de ses collgues, les pluspetits degrs pourraient tre con -cerns. Sur www.miniprofs.ch, vouspouvez commencer par visionner lavido du livre dcouverte

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 21

    R e s s o u r c e s

    Plateforme interactiveminiprofs.chPlateforme interactiveminiprofs.ch

    Nadia Revaz

    www.miniprofs.ch

    Actuel Plan dtudes romand HarmoS (H) Age dentre thorique

    1re enfantine = 1E Cycle 1 1H 4

    2e enfantine = 2E 2H 5

    1re primaire = 1P 3H 6

    2e primaire = 2P 4H 7

    3e primaire = 3P Cycle 2 5H 8

    4e primaire = 4P 6H 9

    5e primaire = 5P 7H 10

    6e primaire = 6P 8H 11

    1CO1 = 7e Cycle 3 9H 12

    2CO = 8e 10H 13

    3CO = 9e 11H 14

    Organisation actuelle et future (selon HarmoS) de la scolarit obligatoire

    1 CO = cycle dorientation

  • Les enseignants qui nont pas orga-nis ce concours lanne dernireet qui souhaitent le faire cette an-ne sont pris de prendre contactavec Claude Dubuis avant la fin oc-tobre. Les enseignants qui ont or-ganis la qualification rgionalelanne dernire recevront auto-matiquement les renseignementspour cette nouvelle dition.

    ButDvelopper lesprit de recherche,de crativit, de logique, dastuceet dintuition laide dnigmes m-lant humour et rigueur.

    RemarquesCe concours est approuv et encou-rag par le Dpartement de lEdu-cation, de la Culture et du Sport. Ilest organis dans une quinzaine de

    pays par la Fdration franaise desjeux mathmatiques (FFJM). En Va-lais, cest un groupe denseignantsbnvoles (GVJM) qui soccupe dece championnat.

    ResponsableClaude Dubuis - Ch. des Pruniers 71967 Bramois - Tl.: 027 203 37 40 Email: [email protected]

    Etapes1) Qualification rgionale, le mer-

    credi aprs-midi 21 novembre2012, dans les centres scolairesrgionaux. Environ 2500 partici-pants chaque anne!

    2) Finale valaisanne, le samedi 23mars 2013 au collge des Creu-sets Sion.

    3) Finale suisse lEPFL - Lausanne,4 mai 2013.

    4) Finale internationale Paris, finaot 2013.

    Lors des 3 premires tapes, les pre-miers (environ 20%) de chaque ca-tgorie sont qualifis pour ltapesuivante.

    CatgoriesCM = lves de 4e et 5e annes de

    la scolarit obligatoireC1 = lves de 6e et 7e annes de

    la scolarit obligatoireC2 = lves de 8e et 9e annes de

    la scolarit obligatoireL1 = lves de 10e anne scolaire

    et des suivantes jusqu lamaturit

    Ce concours a lieu en dehors desheures de classe.

    Jeux mathmatiques et logiques:championnat internationalJeux mathmatiques et logiques:championnat international

    Claude Dubuis

    22 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    M a t h m a t i q u e s

    27e dition du championnatinternational des jeux mathmatiques et logiques.

    www.gvjm.ch

    Partez en 2013aux prix 2012 !

    www.esl.ch

    ESL Montreux t 021 962 88 80

    PUB

    www.gvjm.ch

  • Objectif prioritaire dapprentissage 1:Expression et reprsentation

    Rappel

    Crativit: participation lla-boration dune uvre dont lesbases sont fixes davance.

    Cration: laboration compltedune uvre.

    Pense cratrice: dveloppementde linventivit, de la fantaisie,de limagination et la flexibilitdaborder toute situation.

    Nous vous proposons, tous degrsscolaires confondus, quelques pistes.Noubliez pas limportance du rveet de limaginaire et le respect de lalibert dexpression spontane dellve.

    Cration de mouvements corporels (seul, en groupe)1

    Ces actions peuvent se raliser en sui-vant la pulsation (mime danimaux,sauts, balancements, ) dune mu-sique qui pourrait aussi tre appor-te par les lves2. Ces exercicespourraient servir de tches domi-cile.On peut aussi proposer aux lvesde crer des mouvements non pasen suivant une pulsation mais ensinspirant des sentiments provo-qus par ladite musique.

    Jeux vocaux

    Sous ce terme, se cachent les milleet une possibilits dexploiter savoix, toujours dans le but de dga-ger une motion.

    Quelques pistes: Cluster: sons voisins (do, r,mi, fa, ) chants simulta-nment sur une voyelle avecla possibilit pour chaquelve de changer la hauteurdu son donn.Rptition: syllabes mises si-multanment et rptes des hauteurs diffrentes.Exploration de diverses possi-bilits de sa voix par diverssons spontans mis de ma-nire libre, avec un dpart si-multan.

    Paysages sonores

    Reproduire en groupe une am-biance avec sa voix et/ou diversobjets (papier journal, mtal,bouteilles, mobilier): la fort,lusine, la basse-cour, la ferme, lajungle, la circulation routireUn groupe ferme les yeux etcoute la production de lautregroupe. Utiliser un pome, une histoire,une image, une chanson, ... com -me support la cration.

    Invention mlodique (seul, en groupe)

    Proposer une phrase (en franais,en allemand) aux lves. Chacun,par ttonnement, propose une m-lodie avec divers caractres (joie).On peut aussi faire le contraire,cest--dire partir dune mlodie laquelle on joint un texte.

    Invention, improvisation dune mlodie ou dun rythmedans un cadre prcis

    Par exemple: structure refrain im-provisation refrain. Llve uti-lise des rythmes et des mlodiessimples et invente des motifs ryth-miques ou mlodiques.On peut utiliser toutes sortes desupports (voix, percussions corpo-relles, instruments divers).

    Ralisation dune activit musicale interdisciplinaire

    (Thtre, langues, histoire, gogra-phie, )

    RflexionLes activits proposes sont pour laplupart inhabituelles. Elles ne vontpas de soi et demandent de la partde lenseignant et de llve pasmal de simplicit, voire dhumilit.Nous esprons toutefois que cesquelques pistes vous permettrontdenrichir vos actions pdagogi queset musicales.La prochaine fois, nous nous pen-cherons sur le deuxime objectifdapprentissage: la perception.

    Jean-Maurice Delasoie et Bernard Oberholzer

    Notes

    1 Dans les objectifs de lducation phy-sique, on trouve aussi des propositionsralisables.

    2 Nous y reviendrons dans lobjectif prio-ritaire dapprentissage 4: culture.

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 23

    E d u c a t i o n m u s i c a l e

    Cration de mouvements co

    rporels.Reprsenter et exprimerune ide, un imaginaire,une motion.

    De la crativit (1)De la crativit (1)

  • Pour le Valais romand, le sigede la Documentation pdago-gique se trouve la Mdiath -que Valais - St-Maurice, dirigepar Valrie Bressoud et dontla responsabilit du secteur estcon fie Evelyne Nicollerat. Uneantenne dcentralise existe la Mdiathque Valais - Sion et,comme ce lieu est concern parune mue avec la transformationdes anciens arsenaux pouvantavoir des effets sur les pratiquesdes enseignants-lecteurs (cf. enca-dr ci-dessous), profitons de cetteinformation pour en savoir un peuplus sur le parcours et les habitudesde lecture de Damian Elsig, direc-teur gnral de la Mdiathque Va-lais, et de Nadine Michelet, biblio-thcaire rpondante pour la Docu-mentation pdagogique Sion.

    Aprs une formation initiale lEcolenormale de Brig, Damian Elsig estdirectement parti tudier lhistoirecontemporaine et lconomie poli-tique lUniversit de Fribourg. Sonparcours professionnel a dbut auSecrtariat lconomie Bernedans le cadre de projets daide audveloppement dans le domaine ducommerce en Asie centrale. En 2004,

    Damian Elsig a choisi de revenir enValais et a intgr la MdiathqueValais quil dirige depuis dbut 2009,aprs avoir complt sa formationpar un Certificat de formation con-tinue en gestion de documentationet de bibliothque lUniversit deFribourg et une formation de mana-ger public, dispense par le Centredducation permanente pour lafonction publique, de Lausanne. Lebibliothcaire cantonal est heureuxdavoir pu concilier ses deux cen-tres dintrt principaux, savoirlhistoire et la gestion de projets.

    Quant Nadine Michelet, aprsune maturit conomique, elle asuivi lcole de bibliothcaires Genve. Aujourdhui elle partageson temps professionnel entrela Mdiathque Valais - Sion etla Mdiathque du CO des Col-lines. Et si ctait refaire, elleconfie, sans aucune hsitation,quelle nenvisagerait aucun au-tre choix professionnel.

    Quelle place occupe la lecturedans votre vie professionnelleet personnelle aujour dhui?Damian Elsig. Dans ma vieprofessionnelle, je ne lis qua-

    24 Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012

    D o c . p d a g o g i q u e

    Nadine Michelet,

    bibliothcaire rpondante

    pour la Documentation

    pdagogique Sion.

    Mdiathque Valais - Sion:documentation pdagogiqueMdiathque Valais - Sion:documentation pdagogique

    Nadia Revaz

    Infos pratiquesDans lattente dun nouvel espace avec transformationdes btiments des anciens arsenaux sdunois dont lach-vement est prvu dici 2015, certaines collections de lan-tenne sdunoise de la Documentation pdagogique ontt ramnages provisoirement. Les enseignants doiventpasser par le service du prt pour emprunter certains do-cuments spcifiques, dont les mallettes pdagogiques oules lectures suivies. Un exemplaire de ces dernires (dpla-ces dans les magasins souterrains) peut tre consult sur

    place et un autre emprunt avant demande de la sriesouhaite soit auprs de la Mdiathque ou auprs deBibliomedia (www.bibliomedia.ch). Les DVD-R sont dis-position St-Maurice, mais peuvent tre rservs et reti-rs dans lun des trois sites de la Mdiathque Valaismoyennant un dlai dau minimum 72 heures. Les autresouvrages (romans, contes, ouvrages pdagogiques) de-meurent accessibles en libre accs.www.mediatheque.ch

    Damian Elsig, directeur gn

    ral

    de la Mdiathque Valais.

  • siment plus, part la lecture rapidede rapports et le survol de la presseprofessionnelle. Un bibliothcairecantonal ne touche les livres quepour les photos faites par les jour-

    nalistes, afin de correspondre leurimaginaire. Par contre, chaque soir,dans le train, je consacre du temps la lecture en tant que loisir. A unepoque, je lisais surtout des biblio-

    graphies, mais aujourdhui je pr-fre les romans. Dans le train dumatin, je consulte la presse sur sup-port lectronique.

    Nadine Michelet. Pour ma part,toutes mes lectures sont associesau plaisir. Je lis normment de ro-mans et jadore les pavs. En tra-vaillant aux renseignements ou auprt, je vois passer les nouveauts,ce qui me permet de faire des d-couvertes et de varier mes types delecture. Je lis aussi beaucoup de lit-trature jeunesse pour mon acti-vit de bibliothcaire au CO et entant que maman.

    Aimiez-vous lire lorsque vous tiezenfant?Damian Elsig. Enormment. En-fant unique, lire tait mon loisir pr-fr jusqu la fin du cycle dorienta-tion. Ensuite, pendant une priode,jai un peu dlaiss la lecture.

    Nadine Michelet. A lcole pri-maire, je navais jamais assez delecture. Il faut dire que le choix delivres pour les enfants tait nette-ment moins vaste quaujourdhui.Au CO et au collge, jai moinslu, renouant avec le livre lgeadulte.

    Rsonances - Mensuel de lEcole valaisanne - Octobre 2012 25

    Mdiathque Valais - Sion: horizon 2015Damian Elsig, quel sera lespace dvolu la Documentation pdagogiquedans la Mdiathque en 2015, aprs les travaux de transformation?Pour lheure, il est difficile de pouvoir rpondre prcisment cette question,dautant quune rflexion globale sur la place de la Documentation pdago-gique dans les diffrentes mdiathques dmarre. En lien avec les change-ments de pratiques des lecteurs, notre dfi sera de grer lhtrognit dessupports et larticulation entre collections physiques et numriques. Les diff-rents publics cibles seront rgulirement informs de lavancement des tra-vaux de transformation et des options retenues pour la mise en valeur des col-lections.

    La Bibliothque des jeunes de Sion intgrera la Mdiathque Valais en 2015.Ny a-t-il point un paradoxe entre la concentration des lieux de lecture alorsquon connat le besoin de proximit entre le livre et le lecteur et donc dediversit des espaces ddis au livre?Pour lcole du Sacr-Cur, cest assurment une perte. Par contre, pour lesautres enfants de la ville, lintgration de la Bibliothque des jeunes et de laBibliothque communale dans les locaux de la Mdiathque aura de nom-breux avantages, dont en particulier des horaires douverture largis. Et lacon