Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

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No 9 - Juin 2014 Apprendre dans et hors l’école

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Apprendre dans et hors l'école

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No 9 - Juin 2014

Apprendre dans et hors l’école

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1Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

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Si l’Ecole, telle que nous la connaissons, est la Maison de l’apprendre, tous les lieux peuvent aussi avoir cette mission. Hors les murs de la classe, les apprentissages ont naturellement un goût différent et se font, avec ou sans médiation.

Il est des manières d’apprendre, extérieures à l’école, qui lui sont reliées, par exemple lorsque la classe part à la découverte de la nature ou de la culture. Le rythme change également, lorsqu’un artiste, un scientifique ou un entrepreneur intervient dans l’univers scolaire pour accompagner un projet ou même pour évoquer son parcours de vie. L’école s’enrichit de ces respirations autres que celles du sérail. Evidemment tout est dans le dosage, car à trop vouloir rapprocher l’école de la société, elle pourrait perdre ses objectifs spécifiques de construction des savoirs fondamentaux.

Les apprentissages des élèves ne s’arrêtent pas dès que l’enseignant s’efface en fin de journée. Cours de théâtre, entraînement sportif, logiciels éducatifs… sont pour eux autant de manières d’exercer leurs intelligences multiples. Peut-être que l’école devrait davantage réfléchir aux possibilités de réinvestir cette énergie dévolue à d’autres formes d’acquisition de connaissances et de compétences pour qu’elles se transforment en carburant pour celles et ceux qui peinent à percevoir le sens des apprentissages scolaires. Et pendant les vacances, les élèves, inégalement il est vrai, vont ouvrir les écoutilles pour observer, expérimenter, mémoriser… A loisir, ils mettront leurs pas en terre inconnue, déambuleront dans des musées ou autres espaces culturels, se passionneront pour des livres d’aventure, deviendront des experts des règles de football, bidouilleront sur leur ordinateur, exerceront leur esprit d’équipe via des jeux en ligne, rempliront des cahiers de vacances, apprendront des mots ou des notions nouvelles au détour d’un surf sur internet… Bref, les occasions de remplir le coffre-fort des cerveaux, matière première dont la valeur est toujours à la hausse, ne manqueront pas. Même la télévision peut devenir évasion intelligente…

La connaissance est presque partout pour peu qu’on en ait compris la richesse et la diversité. Et c’est là que les enseignants entrent en scène, en tant que rouages principaux pour apprendre aux élèves à apprendre. Sans eux, seuls quelques autodidactes de naissance auraient le désir de faire des efforts pour satisfaire leur soif de curiosité, étant donné que le savoir exige des outils et de la persévérance, avant de devenir source de créativité.

Un enseignant qui cesserait d’apprendre pourrait-il encore enseigner? Pour ouvrir de nouvelles portes à la réflexion et au savoir, il faut parfois prendre le temps de se ressourcer, tout particulièrement entre deux années scolaires…

Je vous souhaite une pause estivale revigorante, avec, au programme, de la curiosité à foison. Profitez-en pour rêver, découvrir, lire, créer…

«La cité idéale est celle où tout est école.»

Albert Jacquard

«Les professeurs sont irremplaçables: ils vous apprennent à apprendre.»

Julien Green

L’Ecole hors les mursL’Ecole hors les murs

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S ommaire L’Ecole hors les murs N. Revaz 1

4-17

S ommaire

Réseau de la formation 18 Stéphane Roduit, président de VSnet – N. Revaz

Ecole-culture 20 Trois rencontres culturelles pour des élèves de Sainte-Agnès – J. De Pietro & P. Bonvin

Résonances en ligne 21 Résonances, multisupport – N. Revaz

MITIC 22 Bilan de la 11e Semaine des médias – C. Georges

Carte blanche 23 Classe de préapprentissage de Collombey-Muraz: roman d’école – La classe de C. Dorsaz

Français 24 Français: travailler en séquences à l’école primaire – P.-M. Gabioud

Echo de la rédactrice 25 L’or valaisan – N. Revaz

Education physique 26 Un moment de calme, un peu de détente… – Le team «animation EP»

Journée pédagogique 28 Les directeurs et la mise en œuvre du PER – N. Revaz

Sciences humaines et sociales 30 SHS Cycle 2: du nouveau en Géographie et Histoire – A. Solliard

Revue de presse 32 D’un numéro à l’autre – Résonances

Langues 34 Voyages linguistiques, plus que des cours de langue – C. Deléglise

CPVAL 36 Les valeurs morales dans l’investissement éthique – P. Vernier

Recherche 37 Publications récentes – URSP/CSRE

AC&M 38 Créativité et apprentissage au niveau des AC&M – L. Emery

Du côté de la HEP-VS 40 Mémoire sur les interactions et les liens d’affinité – N. Revaz

Education musicale 41 Une fête cantonale de chant réussie – B. Oberholzer

Rencontre 42 Didier Cachat, enseignant et blogueur – N. Revaz

Livres 44 La sélection du mois – Résonances

Fil rouge de l’orientation 46 Les projets personnels de six jeunes au CO de Grône – N. Revaz

Doc. pédagogique 48 DVD-R documentaires: les suggestions du mois – MV Valais - St-Maurice / M.- F. Moulin

Infos DFS 49 Explore-it, un partenariat DFS-Bureau des métiers – N. Revaz

Infos DFS 50 Oskar Freysinger, une année au DFS – N. Revaz

Les dossiers 52 Les dossiers de Résonances

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3Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Le dossier de cette fin d’année

scolaire vous invite à découvrir

des formes d’apprentissage,

traditionnelles ou novatrices,

hors des murs de la classe.

A l’école du musée,

de l’entreprise, du réseautage,

de la forêt, du Christ

pédagogue, etc. Bref,

les possibilités d’apprendre

présentées sont diverses,

peut-être que l’une

ou l’autre fera écho

à votre enseignement…

Dans les pas d’une classe de St-Gingolph au musée à Sion N. Revaz

Entreprendre, ça s’apprend? M. Pernet

Ecole Communautaire Entrepreneuriale Consciente H. Fournier

Sortir régulièrement en forêt avec vos élèves N. Barras

4 12

6 15

16

17

8

10

Double regard sur la pédagogie et la catéchèse N. Revaz

Apprendre hors de la classe: regards croisés N. Revaz

Des pistes pour aller plus loin Résonances

La bibliographie de la Documentation pédagogique E. Nicollerat

A pprendre dans et hors l’écoleA pprendre dans et hors l’école

L'école protestante de Sion en camp à Sapinhaut.

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Suivons les traces de la classe d’Odile Dor-saz, une 3-4P de St-Gingolph, venue visi-ter le Musée cantonal de la nature, à la rue des Châteaux à Sion.

La petite troupe est partie de St-Gingolph à 8 h 55 pour arriver à Sion à 10 h 12. Com-mencement de la vi-site à 11 h. Celle-ci de-vait initialement se terminer à 12 h 30, mais l’enthousiasme des élèves et de l’animatrice a en-traîné un débordement temporel. L’enseignante et une accompagnatrice ont profité de cette journée pour faire une balade avec les élèves dans le cœur historique de la ville tout en apercevant la périphérie. La classe a repris le train à 15 h 06 pour arriver au point de départ à 16 h 04. Même si le programme peut avoir des allures «touristiques», les élèves n’ont pas boudé les apprentis-sages, que ce soit au musée, en ville ou pendant le tra-jet, puisque la virée CFF a notamment permis d’observer les différences d’habitat le long de la plaine du Rhône.

Au Musée de la nature, c’est Béatrice Murisier, biolo-giste, qui a commenté le parcours de découverte. L’ani-mation débute sous les ailes d’un rapace, afin d’expli-quer aux élèves l’évolution des procédés de conservation des animaux depuis 1829, date de la fondation du Musée sous le nom de Cabinet d’histoire naturelle, et d’avoir quelques indications générales à propos de la diversité animalière, botanique, entomologique et mi-néralogique présente dans les collections. Au cours de ce moment d’accueil, l’animatrice précise les consignes pour le bon déroulement de la visite. Si les animaux, au milieu de la scénographie proposée par Marie-Antoi-nette Gorret, ne sont pas derrière des vitrines, il n’est toutefois pas possible de les toucher, hormis le renard «sur roulettes».

Entrée par la forêt

Première salle: les élèves entrent, deux par deux, en pleine forêt, après une halte devant les noc-tuelles. L’animatrice ex-plique la vie des cerfs, des chevreuils, des lé-rots... Les questions et les exclamations, du type «Mais c’est un écureuil!», fusent. Une borne sonore permet aux élèves d’associer un cri avec celui du chevreuil, un chant

avec celui du grand tétras... Le parcours se poursuit avec une salle entièrement consa-crée aux animaux domestiques. Là, la biologiste invite les enfants à un exercice de mémorisation, pour les aider à distinguer les races de moutons, de chèvres… Certains ont déjà des connaissances très étendues et parlent de la musaraigne, de l’hermine… Faisant suite à une explication de Béatrice Murisier, Odile Dorsaz évoque la mule de son papa et promet le récit d’anecdotes de retour à l’école. Ensuite, la classe examine, sous toutes les coutures, Souris, la vache d’Hérens consacrée reine par trois fois dans les années ‘90. Occasion aussi de par-ler du métier de taxidermiste. Les élèves poursuivent le parcours, rencontrant un ours d’Hérémence ou un lynx qui vivait dans les Alpes avant son extinction et donc différent de celui dont on voit les images. Autre expérience, chacun a aussi pu visualiser et ressentir au toucher les différences entre l’écorce d’un sapin blanc, d’un pin sylvestre, d’un mélèze ou d’un épicéa. La visite se fait ensuite lacustre, en présence de l’animal figu-rant sur le blason de St-Gingolph, à savoir la loutre. D’un monde à l’autre, place aux gypaètes, aux bou-quetins, aux fossiles… Au fil des salles, les élèves ont aussi pu se familiariser avec l’empreinte écologique. A la fin, dans la cour, autre moment magique, dixit l’enseignante, ils ont encore pu observer les samares d’érables et jouer avec ces étranges hélicoptères. Après le sérieux, la détente.

Bref, les élèves ont beaucoup aimé la sortie, qui n’était pourtant pas des plus ludiques. Auraient-ils aimé profiter

Dans les pas d’une classe de St-Gingolph au musée à SionDans les pas d’une classe de St-Gingolph au musée à Sion

www.musees-valais.ch/services/ecole-musee.html

A l’école de la forêt au Musée de la nature,

avec Béatrice Murisier.

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des jeux mis à disposition pour les familles? Plusieurs élèves relèvent qu’ils étaient accompagnés par une bio-logiste et que cela n’aurait pas été logique de jouer. Une élève explique que «c’était la meilleure visite de l’an-née», un autre a trouvé «dommage que la découverte ait une fin»… Et parmi les suggestions d’amélioration, les élèves agrandiraient l’espace d’exposition et surtout ils modifieraient le nom du musée, trouvant que celui-ci n’est pas suffisamment évocateur. Un élève aurait en outre aimé voir les plantes rares, mais impossible de faire le tour de toutes les collections en une seule fois.

Comme la classe avait un horaire souple, la découverte a pu se prolonger, de façon à satisfaire la curiosité des élèves, demeurés étonnamment attentifs du début à la fin. Et pour l’enseignante, c’était une opportunité pour une approche différente des objectifs du PER 1. Il est vrai que les notions abordées au cours de cette riche visite commentée étaient variées, mixant sciences naturelles, géographie, histoire… Odile Dorsaz, ayant aussi travaillé la thématique de l’énergie avec sa classe, dans le cadre des Journées du patrimoine organisées au Musée de St-Gingolph, envisage des prolongements en lien avec l’empreinte écologique…

Nadia Revaz

Note

1 MSN 28 – Déterminer des caractéristiques du monde vivant et de divers milieux et en tirer des conséquences pour la pé-rennité de la vie…

SHS 22 – Identifier la manière dont les Hommes ont orga-nisé leur vie collective à travers le temps, ici et ailleurs…

SHS 23 – S’approprier, en situation, des outils pertinents pour traiter des problématiques de sciences humaines et sociales…

Les élèves ont «apprivoisé» le renard sur roulettes.

Témoignages

Béatrice Murisier, biologiste

«En entrant dans chacune des pièces du musée, les élèves sont d’abord surpris par l’ambiance spécifique, ensuite ils posent des questions selon la logique thé-matique de la scénographie, sans trop se disperser. La visite-découverte est la formule particulièrement adaptée pour une première visite. On essaie de faire comprendre aux classes les fils rouges des milieux natu-rels en lien avec l’évolution de l’interaction humaine. Cette approche permet de faire des passerelles entre sciences, histoire et géographie. Après cette familiari-sation avec le Musée, les classes peuvent revenir pour découvrir des activités thématiques plus interactives («Une vie de castor», «Montre-moi tes dents, je te dirai ce que tu manges»). Une grande salle de média-tion, sorte de laboratoire, est en préparation au rez-de-chaussée de l’ancien musée à l’avenue de la Gare, avec une petite collection à manipuler.»

Odile Dorsaz, enseignante«J’ai été subjuguée par la conception du Musée, qui permet de voyager dans le temps grâce aux animaux. Les élèves ont pu réinvestir beaucoup de notions ap-prises, simplement en se référant aux espèces repré-sentées. Dans le cadre de la visite guidée, une ques-tion ou une réflexion en entraîne une autre. Via le PER, ils se sont progressivement habitués à mettre leurs lu-nettes de scientifique, de géographe et d’historien et font preuve d’une belle ouverture d’esprit. Pour se préparer à la visite, les élèves ont surfé sur inter-net, mais j’avoue que j’ai été impressionnée par leurs connaissances et leur enthousiasme.»

Quelques propos d’élèves «La biologiste expliquait bien, sans utiliser des

termes trop compliqués.» «J’ignorais que certains animaux avaient disparu et

avaient été réintroduits.» «La loutre, je l’imaginais différemment.» «Avec les ampoules dans les cylindres, j’étais étonné

de voir l’énergie qu’on utilisait selon les époques.» «Je connaissais le bouquetin, mais je ne savais pas

qu’il venait d’Italie.» «C’est bien de faire une visite avec une spécialiste,

car elle peut répondre à toutes nos questions.» «La partie sur les fossiles était la moins intéressante.» «J’ai été impressionné par le sanglier blanc.» «C’était bien de pouvoir toucher le renard sur rou-

lettes: il était doux.» «J’ai aimé tous les animaux, mais tout particu-

lièrement le gypaète barbu.»

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M. Pernet

Pour développer un esprit d’entrepreneur, autant l’éveil-ler tôt. Pour ce faire, le programme Apprendre à entre-prendre de l’Unité Ecole et Economie intervient dans les collèges et les écoles de commerce du canton, auprès des classes de deuxième année. Couplé au programme Parties pratiques intégrées (PPI) dans les écoles de com-merce, Apprendre à entreprendre offre aux jeunes étu-diants l’opportunité de suivre des ateliers pratiques tout au long de l’année avec l’objectif de monter leur produit, voire leur entreprise. En outre, la démarche encourage le travail interdisciplinaire et la collabora-tion avec les milieux professionnels. La sensibilisation à l’économie en général et à l’économie valaisanne en particulier est également visée.

Dans les écoles de commerce valaisannes A l’école de commerce de Martigny, quatre classes par-ticipent à ce programme. Près de cinquante étudiants ont développé six projets d’entreprise. A Monthey, ce sont trois classes pour autant de projets. Par groupes, ils ont pensé un modèle d’entreprise ou de produits validé par leurs professeurs. De l’élaboration d’un bu-siness modèle à la commercialisation de leur offre, ils sont initiés à travers le programme à toutes les étapes liées à la création d’une entreprise. Durant l’année, ils font progresser leur projet entrepreunarial en travail-lant tour à tour dans les différentes fonctions de l’en-

treprise. Une demi-journée par semaine est consacrée à des cours théoriques et des ateliers pratiques, sur les-quels l’accent est désormais porté. Au terme de l’an-née scolaire, il s’agira de mettre en œuvre leur projet.

Les écoles de commerce de Sion, Sierre et Brigue sont suivies par l’Institut de Management de la HES-SO Va-lais-Wallis. L’Antenne Régions Valais romand, quant à elle, anime des ateliers dans les écoles de commerce de Martigny et de Monthey. «Une des missions de l’An-tenne Régions Valais romand est d’assurer le dévelop-pement économique endogène. Notre participation à ce programme nous permet de transmettre aux étu-diants l’esprit entrepreunarial que nous rencontrons sur le terrain et d’éveiller chez eux la perception de la culture d’entreprise», explique la direction de l’Antenne Régions Valais romand. Des passerelles entre l’école et le monde du travail sont ainsi jetées. Au cours de ces ateliers, une évaluation des projets est réalisée, ainsi qu’un soutien à la rédaction du Business plan. L’élaboration d’une intervention ludique pour sensi-biliser les étudiants aux différentes démarches liées à la création de leur entreprise est en cours. Par le biais d’un jeu de piste organisé en fin d’année scolaire, les étudiants de Martigny auront l’opportunité de rencon-trer les principaux acteurs du tissu économique et les interlocuteurs clés des étapes de la création.

Une orientation tournée vers la pratique L’approche Apprendre à entreprendre, orientée sur la pratique, apporte de nombreux avantages aux étu-diants. Elle leur offre les prémices dans l’apprentissage de l’autonomie, de la gestion des responsabilités, des

L’intervention de l’Antenne Régions Valais romand dans les ateliers d’évaluation des projets, ici dans une classe de Martigny, a permis de donner des orientations pratiques aux étudiants.

E ntreprendre, ça s’apprend?E ntreprendre, ça s’apprend?

Pour en savoir plus: www.ecole-economie.ch

www.regionsvalaisromand.ch

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7Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

l’

auteur

Matthieu PernetMembre de direction (Antenne Régions Valais romand)[email protected]

prises de décisions et, par la mise en situation, les dif-férents aspects à gérer lorsque l’on est à la tête d’une entreprise. Forts de ces enseignements, ils se sentent mieux armés pour se lancer dans le monde profession-nel au terme de leurs études. Non seulement en tant qu’entrepreneur, mais également en tant qu’employé, car ils auront développé une vision globale des diffé-rents secteurs d’activités d’une société. Ainsi, la mise en pratique et l’ancrage des démarches dans des acti-vités pratiques constituent un véritable atout. Le tra-vail en groupe et les enseignements riches qui peuvent être tirés de l’apprentissage mutuel et la résolution des problèmes liés aux perceptions variées des uns et des autres sont également favorisés.

Selon Stéphane Dayer, responsable de l’Unité Ecole-Eco-nomie: «Cette approche a été mise en place depuis plus de quinze ans dans les écoles de commerce du Valais. Depuis la nouvelle maturité commerciale, Apprendre à entreprendre et PPI sont obligatoires pour les matu-rités commerciales. Avec ces deux programmes liés, les étudiants développent, à travers la création, l’esprit d’entreprendre et en même temps bénéficient de l’ac-quisition de la pratique professionnelle (PPI).»

Vers un futur entrepreunarial? Pour valoriser la réussite com-merciale et les aspects nova-teurs, les étudiants ont l’oppor-tunité de présenter leur travail au Prix Sommet Junior. Sur les treize projets candidats, six ont été présélectionnés. Les élèves ont également la possibilité de reprendre et continuer le projet à titre privé et hors du contexte scolaire, bénéficiant d’un soutien financier pour la phase de transi-tion. Une perspective supplémen-taire à la fin de leurs études.

InterviewQuatre classes de l’Ecole supérieure de commerce de Martigny (ECCG Martigny) ont suivi le programme Ap-prendre à Entreprendre. Chaque groupe a monté un projet d’entreprise, mené par un chef de projet désigné parmi les élèves. Entretien avec trois étudiants impliqués dans «Colder than you», vente de housses isothermes personnalisées: Jimmy Evershed, chef de projet, Diane Moulin, responsable du suivi, et Dorian Mabillard, res-ponsable comptabilité.

Quels avantages vous offre cette approche de l’entre-prise par rapport à un cours standard? Jimmy E:. L’aspect pratique et la répartition des tâches au sein du groupe. En tant que chef de projet, il a

fallu désigner des personnes à chaque poste clé pour la conception et le développement du projet. L’orga-nisation en ateliers nous a conféré une certaine auto-nomie dans la gestion des tâches. Diane M.: Cette approche nous permet de nous rendre compte rapidement, par nous-mêmes, de nos erreurs et de les corriger dans le même temps. Dorian M.: Je dirais les démarches concrètes qui doivent être entreprises auprès de différents partenaires dans la réalisation du projet, à l’exemple des banques.

Ces développements pratiques ont-ils rendu plus concrète votre vision de l’entreprise?Jimmy E.: Tout à fait, notamment pour la relation avec l’argent et sa gestion. Nous devions dégager le meilleur résultat possible de notre budget. L’expérience de l’auto-rité à travers la mise en place de la hiérarchie a été plus difficile à gérer par moments. L’esprit de concurrence, tel qu’on le retrouve dans la réalité, a aussi pu être perçu à certains moments entre les différents projets. Diane M.: Un stage en entreprise m’avait donné une bonne vision du service comptabilité. Par contre, avec ce programme, j’ai découvert les autres secteurs tels que Recherche & Développement, Event…Dorian M.: L’exercice de la rédaction du Business plan

nous donne une bonne vision de l’entreprise. Par contre, pour cer-taines étapes, la démarche n’était pas vraiment aboutie à mon sens.

Quelle est votre conception de l’entrepreneur?Jimmy E.: L’entrepreneur doit être innovant, faire preuve d’autorité, et également d’ou-verture pour entreprendre les différentes démarches, de-mander des soutiens. Cette expérience a révélé mon in-térêt pour l’entreprenariat, une voie que je pourrais en-visager de poursuivre.

Diane M.: Il faut oser aller vers les gens, fixer les prix, s’enquérir de leurs besoins. Cette expérience éveille un peu à cet esprit, mais il faut aimer la victoire. Dorian M.: Etre sûr de soi et aimer communiquer avec les autres me semblent deux qualités essentielles. La gestion de l’autorité est également importante.

De gauche à droite Diane Moulin, Jimmy

Evershed et Dorian Mabillard, étudiants

de 2e année de l’ECCG de Martigny.

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Dans la revue Résonances du mois d’avril 2014, un article titrait: «Ce que le Québec pourrait apporter à l’école valaisanne»… Coordinateur de l’OIECEC-Suisse, j’ai apprécié les propos d’Alexandre Buysse et vous partage ce projet «québécois» qui pourrait vous intéresser…

L’Organisation Internationale des Ecoles Communautaires Entrepre-neuriales Conscientes (OIECEC) est un programme éducatif visant le dé-veloppement d’établissements ayant pour objectif de former les jeunes au-trement et faire de l’école un lieu de formation plus épanouissant.

Rino Levesque de Montréal est le concepteur et auteur de l’ECEC «L’Ecole Communautaire Entrepreneuriale Consciente». Ce système-école se développe depuis une vingtaine d’années au New-Brunswick et au Qué-bec. Afin de diffuser ce concept à travers le monde, il

s’est associé à la Commission Scolaire Marguerite Bourgeoys de Montréal (écoles publiques de plus de 50 000 élèves et 8000 enseignants) pour créer une organisation internatio-nale dont la mission est de commu-niquer, réseauter et proposer cette approche aux pays concernés.

L’ECEC est une proposition qui s’adresse à toutes les écoles du canton, publiques et privées, du primaire au secondaire II. Voici quelques réflexions mettant en perspective le lien entre l’Ecole et l’Economie.

Comparaison Ecole – EntrepriseDans les modèles d’organisations vers lesquels on s’oriente, pour créer de la valeur ajoutée, il sera néces-saire que les salariés prennent des initiatives et contri-buent à l’amélioration continue des processus de tra-vail. En faisant confiance aux collaborateurs et en leur proposant de participer à des activités de réflexion et d'être initiateurs de projets, la motivation et la pro-ductivité tendent à s’améliorer. A l’école, ce n’est pas très différent…

Dans les ECEC, les jeunes apprennent également à de-venir des initiateurs, réalisateurs ou gestionnaires de projets entrepreneuriaux conscients. Les activités de réflexions, micro-entreprises pédagogiques sont en lien avec les besoins de la communauté et liés au dévelop-pement durable. C’est l’approche pédagogique en en-trepreneuriat conscient, un des piliers de ce système en phase avec l'Agenda 21 Valais, et plus particulièrement l'engagement N° 16: «Former les jeunes au principe du développement durable».

Management 3.0Le management du changement implique nécessaire-ment de revoir les structures hiérarchiques, en passant du modèle «diriger, commander» au leadership colla-boratif. Le fonctionnement en mode «silos» est encore très répandu dans nos organisations et la transversa-lité pose souvent des problèmes relationnels. Remettre

Ecole Communautaire Entrepreneuriale ConscienteEcole Communautaire Entrepreneuriale Consciente

L e d o s s i e r e n c i t a t i o n s

Par ici les sorties

«Les sorties, par la rupture qu’elles permettent, bousculent les certitudes, créent un espace pour le questionnement des élèves. Mais sortir, est-ce aussi travailler, ou la sortie ne serait-elle que la partie attractive du travail scolaire fait intra-muros? La sortie n’est-elle qu’un moyen de relancer la motivation?Les sorties culturelles semblent indispensables: l’école n’est-elle pas dans sa mission, lorsqu’elle guide tous les élèves dans des lieux qu’ils pourront continuer à fréquenter toute leur vie (théâtre, musée, etc.)? C’est in situ que chacun peut s’approprier les pratiques culturelles: apprendre à lire une œuvre d’art, accéder à la compréhension des spectacles vivants.»Michèle Amiel et Monique Ferrerons, «Hors les murs», Cahiers pédagogiques, janvier 2013www.cahiers-pedagogiques.com/Hors-les-murs

H. Fournier

www.oiecec.org

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9Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

l’humain au centre et lui permettre de se développer est une priorité…

Nous retrouvons dans la plupart de nos écoles les mêmes structures de fonctionnement en «silos» (classes) où la transversalité n’est pas toujours vécue… La «Forma-tion générale» dictée par le PER nécessite la mise en œuvre d’activités de groupes, de projets transdiscipli-naires. L’approche pédagogique et éducative en entre-preneuriat conscient de l’ECEC propose des activités de réflexions, projets, micro-entreprises pédagogiques au sein et à l’extérieur de l’école… Le Leadership collabo-ratif au sein des établissements scolaires est également une des 21 composantes structurelles de l’ECEC.

Sens de la communauté…Les difficultés rencontrées dans les entreprises sont sou-vent liées à des problèmes de relations humaines. Nos écoles n’échappent pas à ce constat. Les relations entre parents et enseignants sont parfois difficiles. Un article de l’Hebdo de septembre 2013 titrait de manière provo-cante «Parents, le pire cauchemar des profs!». Comment faire en sorte que la communication fonctionne mieux entre l’école et son environnement social? La proposi-tion d'une école communautaire va dans le sens d’une synergie entre l’école et son environnement socio-éco-nomique. Créer une nouvelle alliance entre toute la communauté éducative permet d’impliquer: parents, enfants, jeunes, directions d’écoles, enseignants et éga-lement associations de parents, syndicats, politiques, etc. La mission de l’OIECEC vise à co-créer avec le soutien de l’ensemble des parties prenantes.

Une motivation: l’avenir de notre canton…Nous pouvons tous contribuer à faire progresser notre canton, à la longueur de nos bras. Chacun a la possibi-lité de faire des propositions, de s’engager pour le bien commun afin de permettre à des rêves un peu «fous» de devenir une réalité. Je crois que nous avons en Valais de nombreux atouts pour rayonner encore plus, au-delà de nos frontières. Nous devons juste oser et avoir confiance car… «Il n’est rien d’aussi puissant qu’une idée dont le temps est venu» (Victor Hugo).

1er Congrès international en éducation entrepreneuriale conscienteInvité au 1er Congrès international en éducation entre-preneuriale consciente à Lévis/Québec du 23 au 25 avril 2014, j’ai découvert les projets des jeunes entrepreneurs conscients et fait la connaissance de nombreux directeurs d’écoles, pédagogues qui s’investissent afin de transfor-mer nos écoles. L’OIECEC permettrait à notre canton de disposer d’une visibilité internationale grâce à un réseau d’écoles qui est une excellente vitrine. Exporter notre savoir-faire prend tout son sens ici.

Développement ECEC en Valais

Nos écoles ne pourront intégrer ce modèle sans un appui de l’ensemble de la population concernée. J’envisage ainsi l’organisation d’un «Forum de l’éducation» afin de réunir toutes les personnes volontaires souhaitant partager leurs savoirs et expériences. Il est important de faire un état des lieux de ce qui se fait déjà en Valais pour mieux comprendre la plus-value que ce modèle apporterait à nos écoles. Avis aux partenaires intéres-sés à co-organiser un tel Forum…

Espoir pour nos jeunes…L’ECEC n’est pas uniquement un projet pour nos écoles, il est également un espoir pour toute notre commu-nauté valaisanne. Il s’agit de nos enfants, de l’avenir de nos écoles, de l’avenir de toute la population de notre canton qui se doit, plus que jamais, de s’unir au-tour de projets porteurs de sens. La communication au public d’un tel projet est essentielle et ne pourrait se faire sans l’appui des médias qui ont un rôle à jouer de manière constructive et positive. Je remercie particuliè-rement la revue Résonances ainsi que tous les médias qui nous soutiennent et permettent à cette idée d’être connue en Valais.

Informations sur le projetVous trouverez toutes les informations nécessaires sur le blog OIECEC-Suisse www.oiececsuisse.blogspot.ch ainsi que sur le site internet de l’OIECEC-International www.oiecec.org. J’invite toute personne intéressée à me contacter par courriel ou téléphone.

Osons le changement, osons innover et co-construire le Valais du 21e siècle!

l’

auteurHervé Fournier – [email protected]éléphone: 078 721 07 77Coordinateur OIECEC-Suisse Membre de l’Association Valais-Wallis 21Pour un Valais encore plus rayonnant, par et pour les Valaisans

La mission de l’OIECEC vise à co-créer avec le soutien de l’ensemble des parties prenantes.

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«Crois-moi, j’en ai fait l’expérience,Tu feras plus de découvertesDans les forêts que dans les livresArbres et pierres t’enseignerontCe qu’aucun maître ne te dira.»Bernard de Clairvaux (1091 – 1153)

La pédagogie par la nature, vous connaissez?Ses précurseurs en sont des ensei-gnant-e-s danois-e-s qui, dans les an-nées ’60 aux alentours de Copen-hague, ont commencé à emmener les enfants dans les forêts alentour de la capitale, faute de place suf-fisante en ville. La valeur pédago-gique de ce type d’enseignement ayant été reconnue quelque 30 an-nées plus tard, l’Etat danois finance aujourd’hui plusieurs centaines d’écoles en nature sur son territoire. Après le Dane-mark, c’est au tour de la Suède, dans les années ’80, de se lancer dans la pédagogie par la nature. Puis l’Alle-magne, en 1993, a vu l’ouverture de sa première école en plein air officiellement reconnue par l’Etat; elles sont désormais 400 sur sol allemand. Et les initiatives se pro-pagent de ce côté-ci du Rhin puisque, depuis la fin des années ’90, nombre de cantons suisse-allemands, St-Gall, Bâle et Zurich notamment, voient l’ouverture de classes en plein air. Les bases de cette pédagogie sont notamment véhiculées de ce côté-ci de la Sarine par l’ouvrage de Sarah Wauquiez: «Les enfants des bois. Pourquoi et comment sortir en nature avec de jeunes enfants», 2008 1. Le constat des conséquences néfastes d’un déficit de nature se fait outre-Atlantique égale-ment, notamment par Richard Louv, qui explique les graves risques qui pèsent sur la santé physique et psy-chique des enfants grâce à son concept du «syndrome du manque de nature» 2.

Apprendre dans, par et avec la nature: il semble bien que cela puisse être un plus pour l’école d’aujourd’hui!

Du côté du Valais romand ça bouge aussi!L’association EducaTerre www.educaterre.ch, fondée en novembre 2013 à Sion pour promouvoir notamment la

pédagogie par la nature dans l’enseignement valaisan, travaille à la concrétisation de plusieurs projets:

Servir de plateforme d’échanges pour tout ce qui touche à la pédagogie par la nature mais aussi à tous ceux et celles qui veulent offrir une éducation intégrale aux enfants, une éducation qui prend en compte le développement physique, émotionnel, cognitif et social de l’enfant; favoriser la création de réseaux mettant en lien des enseignants, parents et autres professionnels de l’éducation; aider à démar-rer des canapés forestiers, etc.

Ouvrir une école pour les élèves de 1re et 2e enfantine (1-2H selon le langage HarmoS) qui ait lieu principa-lement en plein air (2 / 3 du temps en plein air, 1 / 3 à l’intérieur). Cette école, qui a reçu un préavis favorable mais pas encore d’autorisation formelle du DFS (Dé-partement cantonal de la formation et de la sécurité), suivrait les objectifs du PER (Plan d’études Romand): ceci permettrait aux élèves qui ont fréquenté les classes d’EducaTerre de rejoindre les bancs d’école de leur commune de domicile avec les pré-requis nécessaires.

Pour plus de renseignements sur les deux projets susmentionnés contacter Fabrice Dini, président d’EducaTerre, tél. 077 455 30 10.

N. Barras

S ortir régulièrement en forêt avec vos élèvesS ortir régulièrement en forêt avec vos élèves

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l’a

uteureNathalie Barras,chargée de cours Silviva en pédagogie par la nature pour les HEP Fribourg et BEJUNE

Permettre aux enseignant-e-s valaisan-ne-s ainsi qu’aux étudiants de la HEP Valais de se former en pédagogie par la nature: Silviva www.silviva.ch, le centre de com-pétences suisse pour l’apprentissage dans la nature, offre des formations en pédagogie par la nature aux HEP de Suisse. Le but est de montrer pourquoi et com-ment sortir régulièrement en nature avec sa classe.

Pourquoi? Diverses études 3 démontrent les effets positifs d’un contact régulier avec la nature, notamment sur la ca-pacité de concentration, le développement social, la motricité générale, la créativité ainsi que la relation à la nature chez les enfants. Au jour d’aujourd’hui où notre existence est de plus en plus fragmentée et dé-connectée des différents rythmes naturels (effort / dé-tente, jour / nuit, donner / recevoir, etc.), des enseignant-e-s constatent chez certains de leurs élèves un patent manque dans les capacités pré-requises pour apprendre: notamment la capacité d’écouter, de collaborer, de res-sentir, de se situer dans un contexte et, celle qui fait tant parler d’elle, la capacité de se concentrer.

La pédagogie par la nature n’est pas la panacée qui va répondre à tous les défis qui se posent à l’école d’aujourd’hui, mais elle offre de sérieuses pistes en réponse aux difficultés de concentration, collabora-tion et centrage personnel que rencontrent de plus en plus d’élèves.

D’autre part, le cadre différent (forêt, jardin, vigne ou parc arboré) dans lequel est transmis le savoir, a un im-pact significatif sur davantage d’élèves que lorsque le savoir est transmis de manière frontale entre les quatre murs de la salle de classe: la pédagogie par la nature permet en effet de nourrir de manière optimale les intel-ligences multiples 4 des élèves. Tout cela dans le but de faire des élèves de futurs citoyens complets, qui sachent décider et agir avec leur tête, leur cœur et leurs mains. Et n’est-ce pas un des objectifs du PER que de viser à un projet global de formation de l’élève?

Comment? Le PER justement, parlons-en.

Le PER offre des opportunités de sortir en nature et c’est ce que nous autres, chargé-e-s de cours Silviva en pédagogie par la nature pour les HEP, démontrons aux

enseignant-e-s inscrit-e-s à nos cours: comment réali-ser les objectifs du PER en nature. Ainsi par exemple L1 13-14: Compréhension et production de l’oral, MSN 11: Explorer l’espace, SHS 12-13: Relation homme-temps, A 12: Mobiliser ses perceptions sensorielles et CM 13: Acquérir des habiletés motrices pour ne citer qu’eux, sont travaillés à travers des jeux, activités de découverte, expériences directes, mimes, jeux de rôle, chansons et histoires en nature que nous transmettons concrètement aux enseignant-e-s qui suivent les journées de forma-tion. Il va sans dire que les diverses Capacités Transver-sales du PER (Collaboration, Communication, Stratégies d’apprentissage, Pensée créatrice et Démarche réflexive) ainsi que différents aspects de la Formation Générale (Santé et bien-être, Choix et projets personnels, Vivre ensemble et exercice de la démocratie, et Interdépen-dances notamment), sont naturellement intensément travaillés lorsque la classe se trouve en plein air.

Outre le fait d’apprendre comment concrétiser les dif-férents objectifs du PER en emmenant sa classe réguliè-rement dans la nature, ce cours de formation continue permet notamment aux participant-e-s d’acquérir les compétences pour organiser, réaliser et exploiter des jour-nées / demi-journées régulières en nature avec leur classe (autorisations, sécurité, finances, bases juridiques, etc.), ainsi que de se constituer un recueil d’activités pratiques (jeux, chansons, histoires, etc.) au fil des quatre saisons.

La formation continue en pédagogie par la nature pour les enseignant-e-s valaisan-ne-s, organisée sur 4 samedis (1 par saison) durant l’année scolaire, devrait être propo-sée par la HEP dès cet automne 2014, puisqu’il y a plus d’une trentaine d’enseignant-e-s intéressé-e-s à la suivre.

Les enseignant-e-s intéressé-e-s par cette formation peuvent contacter Silviva, [email protected].

Notes

1 Disponible auprès de l’auteure: Sarah Wauquiez, [email protected]

2 Richard Louv: «Last Child in the Woods: Saving Our Children from Nature Deficit Desorder», 2005.

3 Voir notamment Dr. Markus Weissert, neuropédiatre, St-Gall.

4 Howard Gardner, 1983, traduit en français: «Les intelli-gences multiples: La théorie qui bouleverse nos idées re-çues», Retz, juin 2008. ISBN 978-2-7256-2787-8.

Ce que la pédagogie par la nature peut apporter aux enseignants dans la réalisation des objectifs du PER...

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Pierre Vianin, enseignant spécialisé, professeur à la Haute Ecole pédagogique du Valais, auteur d’ouvrages péda-gogiques, mais aussi rédacteur responsable d’un journal paroissial, et François-Xavier Amherdt, prêtre du diocèse de Sion et professeur de théologie pastorale, pédago-gie religieuse et d’homilétique à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, ont co-écrit un ouvrage qui parle de pédagogie et de catéchèse, intitulé «A l’école du Christ pédagogue». Mêlant ainsi le «dans» et le «hors» l’école, leur ouvrage est susceptible d’intéresser tous les enseignants, puisque c’est une analyse scientifique de la pédagogie du Christ. Le dernier chapitre (rédigé par François-Xavier Amherdt) est lui prioritairement destiné aux catéchistes, mais pas exclusivement, car engendrer l’autre à la foi et / ou au savoir, n’est-ce point un peu la même démarche? Donc, croyant ou pas, vous trouverez un intérêt à lire l’ouvrage dans son intégralité.

Quel a été le déclencheur de ce projet d’écriture?Pierre Vianin: C’est dans le cadre de mon travail de di-plôme, en Formation aux ministères en Eglise du diocèse de Sion, que j’ai fait le choix de ce sujet, me donnant l’occasion de réunir deux thèmes qui me passionnent, à savoir la pédagogie et la théologie. Non sans audace, j’ai opté pour une supervision du Christ à partir de clés péda-gogiques et, au lieu d’observer un stagiaire en classe, j’ai examiné un certain nombre de textes bibliques suggérés par François-Xavier Amherdt. N’étant pas théologien, il était indispensable que je puisse compter sur un accom-pagnement et une relecture critique de mon analyse.François-Xavier Amherdt: La collection «Perspectives pastorales» que je dirige aux Editions Saint-Augustin a pour objectif de mettre à disposition du grand public des travaux de fins de formation (à la Faculté de théologie de Fribourg ou dans les parcours théologiques romands et cantonaux) touchant à des problématiques actuelles et dignes d’intérêt. C’est le «mélange des genres», ou plutôt la profonde complémentarité entre le regard du professionnel de la pédagogie qu’est Pierre Vianin et l’approche à proprement parler théologique qui m’a motivé. L’ouvrage permet de découvrir que Jésus-Christ appliquait avant l’heure – et «à merveille» – les princi-paux modèles didactiques contemporains!

Quel est le texte des Evangiles qui vous a le plus marqué pour sa dimension pédagogique?PV: Assurément celui des pèlerins d’Emmaüs où le Christ marche avec les deux disciples sur le chemin de la ré-

flexion, même si la direction n’est pas la bonne. Com-bien de fois, avec mes élèves en appui, je me surprends à apporter des explications qu’ils ne sont pas encore en mesure d’entendre.FXA: Et dans ce chef-d’œuvre de Luc, Jésus combine l’accompagnement personnalisé et empathique des dis-ciples désorientés, avec l’enseignement explicite sur les Ecritures et le geste symbolique de la fraction du pain, pour leur redonner, en finale, l’initiative.

Parmi les procédés pédagogiques utilisés par le Christ, vous mentionnez l’usage de la parabole (métaphore) destiné aux foules (classe). Pensez-vous que les enseignants gagneraient à métaphoriser davantage leur discours?PV: Au-delà de la métaphore que l’enseignant pour-rait utiliser plus fréquemment, le Christ a le souci de rejoindre l’autre. La métaphore, avec son côté imagé, est une technique pédagogique parmi d’autres, per-mettant de toucher tous les élèves, dont ceux en diffi-culté. Si Jésus enseigne à la foule en paraboles, il recourt à d’autres formes d’enseignement face aux disciples. Grâce aux formations pédagogiques actuelles, les en-seignants sont devenus de bons techniciens, perdant cependant parfois de vue l’importance de la relation, essentielle à la transmission.FXA: Je crois beaucoup à l’impact pédagogique de l’image ou du conte: si Jésus emploie la parabole en y

Double regard sur la pédagogie et la catéchèseDouble regard sur la pédagogie et la catéchèse

François-Xavier Amherdt (à gauche) et Pierre Vianin: de la complicité dans le dialogue des co-auteurs.

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mettant souvent un grain d’extravagance (comme les ouvriers de la onzième heure, payés autant que ceux de la première), c’est qu’elle permet aux auditeurs de tous âges de s’ouvrir à l’au-delà des mots, au Royaume des cieux. Les enseignants, les catéchistes, les prêtres gagneraient à se faire davantage conteurs ou poètes, pour «évoquer» l’essentiel.

Face à «l’élève» Zachée, qui a le profil du «cancre», le Christ enseigne, de manière individualisée et différenciée, en tenant compte de ses motivations intrinsèques…PV: L’enjeu fondamental est le même que dans le cas de la métaphore: il s’agit de partir de ce que l’élève a compris, en répondant à ses besoins. C’est donc la même démarche globale qui est adaptée aux élèves et à leur niveau.FXA: Surtout, le Christ ne considère jamais personne comme irrécupérable. Il croit à «l’éducabilité» de cha-cun, même le plus marginal.

A la page 168, vous résumez les huit idées-forces de la pédagogie du Christ. En vous lisant, on peut se dire que la plupart des enseignants tentent de faire de même. Où se situe l’originalité du Christ?PV: C’est difficile de faire une analyse scientifique et objective quand on est croyant et j’admets qu’il puisse y avoir des biais. Reste que j’ai eu des surprises. Par exemple, je n’avais pas mesuré combien le Christ pou-vait être sévère et exigeant, en particulier dans le cha-pitre 23 de Mathieu. Cela m’a personnellement remis en question dans mon rapport avec les élèves: à un mo-ment donné, il faut oser l’autorité.FXA: Tant mieux si les enseignants pratiquent, sans le sa-voir peut-être, la pédagogie de Jésus. Cela montre bien que l’Evangile est réaliste et qu’il féconde de l’intérieur les dimensions les plus courantes de la vie humaine. Le plus que le Christ apporte? Il incarne pleinement ses valeurs pédagogiques en une totale cohérence entre son dire et son faire.

Vous écrivez: «Lorsqu’il enseigne, le Christ “parle un langage vivant, imagé, concret, bref, précis. Il évite toute prolixité et condense souvent en une phrase tout

ce qu’il doit exposer sur un sujet. Il ne fait pas de longs sermons.“» Le discours pédagogique présenterait-il des similitudes avec le langage politique?PV: Dans une certaine mesure, oui. Pourquoi nos élèves ne sont-ils pas motivés? Souvent parce que notre dis-cours d’enseignant n’est pas percutant et ne fait pas sens pour l’élève. Ce dernier a besoin d’être bousculé dans ses représentations.FXA: Les formules bien frappées, ou parfois para-doxales, font partie du trésor biblique, bien avant que nos autorités politiques ne s’en servent. Au moins, avec le Christ, nous pouvons être sûrs, dans la foi, qu’il ne nous manipule pas, au nom d’une idéologie déshuma-nisante, comme le font certains tribuns ou dictateurs de l’Histoire.

A plusieurs reprises, vous rappelez que le Christ n’oblige personne à croire, tout comme l’enseignant propose et l’élève dispose… Dans le même temps, la ruse pédagogique, avec un zeste de manipulation, n’est-elle point autorisée pour convertir les élèves décrocheurs?PV: Certainement et à ce propos il faut lire l’excellent ouvrage d’Yves Guégan sur les ruses éducatives utili-sées de manière éthique. Le Christ recourt aussi à des stratégies, en interrogeant par exemple les apôtres pour savoir ce qu’on dit de lui, ce qui permet à chacun d’exprimer plus librement ses propres doutes. Quand il utilise le miracle pour soutenir son discours, n’est-ce point une «pédagogie du détour»?FXA: Le Christ nous invite même à être «rusés comme des serpents» et confiants comme des colombes (Mat-thieu 10,16)! Avec les pèlerins d’Emmaüs, il fait sem-blant de s’en aller, non pour les manipuler, mais pour les amener à réagir. Il n’est pas interdit d’être «malin» en tant qu’enseignant ou que chrétien. Car c’est pour la «bonne cause»…

Dans le chapitre 4 sur la catéchèse d’engendrement, vous manifestez un empressement pour faire des espaces catéchétiques des lieux manifestes de liberté, d’espérance et d’enthousiasme. Ce souhait serait-il transposable à l’environnement scolaire?

A l’école du Christ pédagogue

Pour les auteurs, le Christ était d’abord un enseignant, un éveilleur. Il leur a dès lors paru intéressant d’analyser sa manière d’enseigner. Le chapitre 1 propose un résumé d’une série de démarches d’enseignement-apprentissage (une synthèse grand public, mais fournissant aussi des clés d’observation pour les enseignants en classe, ainsi que des jalons pour lire la suite de l’ouvrage). Les chapitres 2 et 3 étudient des exemples pédagogiques via quelques textes des Evangiles et livrent des clés sur la manière dont la pédagogie du Christ peut inspirer chaque enseignant.

Quant au chapitre 4, il contient des pistes pédagogiques pour enseigner la caté-chèse. Pour rassurer le lecteur encore rétif, l’humour, ingrédient pédagogique indis-pensable, est présent au fil des pages et tout particulièrement en propos liminaire et en postface. Le lecteur est aussi constam-ment guidé dans sa compréhension.Pierre Vianin et François-Xavier Amherdt. A l’école du Christ pédagogue. Comment enseigner à la suite du Maître. St-Maurice: Editions Saint-Augustin, coll. «Perspectives pastorales», 2011.

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PV: Ce parallèle me paraît tout à fait pertinent. Entre les apprentissages scolaires et la pastorale d’engendre-ment, il y a des passerelles. Dès l’introduction, nous par-lons de ce que l’on pourrait appeler une «pédagogie d’engendrement», car ce néologisme permet de faire résonner les liens avec la «catéchèse d’engendrement».FXA: Dans la mesure où les contraintes spatio-tempo-relles et les exigences des programmes l’autorisent, je crois important d’offrir un environnement scolaire fa-cilitant «l’enfantement» de chaque élève à lui-même: par l’aménagement de l’espace, les rythmes adoptés, la charte de vie appliquée…

En focalisant votre analyse sur la pédagogie du Christ, à l’heure de l’ouverture aux autres religions à l’école, aviez-vous imaginé que cela pourrait déstabiliser certains lecteurs? PV: J’ai été invité pour parler du livre en France et en Belgique dans des écoles catholiques et je suis étonné de la réaction très distante en Valais, sachant qu’il n’y a pas si longtemps les prêtres venaient dans toutes les classes.

Je pourrais comprendre que cette approche paraisse sus-pecte dans l’école laïque française, mais dans notre école, cela m’interpelle. Dans le même temps, je pense que cela pourrait évidemment être très intéressant d’avoir une approche similaire en lien avec d’autres religions.FXA: Toutes les attitudes de Jésus nous poussent à connaître les autres dans leur différence. Plus nous sui-vons le Christ, plus nous sommes invités à nous ouvrir aux autres traditions religieuses. C’est en étant enraci-nés dans notre identité spécifique que nous pouvons vivre le dialogue au mieux.

Quel regard portez-vous sur l’enseignement religieux dans l’Ecole valaisanne aujourd’hui?PV: Je suis très content de l’ouverture à l’éthique et aux différentes cultures religieuses, aussi j’adhère pleine-ment aux moyens d’enseignement utilisés. Néanmoins, en tant que croyant, je regrette que cette sensibilisation à la culture religieuse ne soit plus réalisée partout par des catéchistes ou des prêtres. Je pense qu’actuellement les pratiques enseignantes sont très diverses d’une classe à l’autre, selon la sensibilité propre de l’enseignant à la question religieuse.FXA: J’estime que c’est une chance pour les Eglises recon-nues de droit public de pouvoir toujours intervenir dans les classes. J’ai moi-même expérimenté la qualité des pro-grammes d’ENBIRO (Enseignement Biblique et Interre-ligieux Romand) et je trouve opportun que nous dispo-sions de journées d’aumônerie («fenêtres catéchétiques») sur le temps scolaire, pour des activités confessionnelles dont bénéficient les élèves catholiques et protestants. Etre présent dans l’école nous permet également de faire le relais avec toutes les offres catéchétiques et confes-sionnelles que nous proposons en paroisse et en famille.

Malgré les possibilités offertes via les moyens ENBIRO, d’aucuns estiment que la culture judéo-chrétienne, au-delà des croyances religieuses, est aujourd’hui insuffisante et inégale au sortir de la scolarité obligatoire, ne serait-ce que pour une compréhension du langage artistique. Partagez-vous ce constat?PV: Effectivement, que l’on soit croyant ou non, il est indispensable de disposer de clés de lecture pour com-prendre notre environnement. Et cet enjeu est d’autant plus fondamental qu’il dépasse la question artistique ou culturelle, mais touche au mieux vivre ensemble. La tolérance, notamment à l’égard des autres religions, passe ainsi par une connaissance approfondie de notre culture judéo-chrétienne.FXA: Par rapport aux anciens programmes catéché-tiques scolaires, je crois qu’ENBIRO transmet davantage de connaissances sur le patrimoine chrétien dont notre culture valaisanne et occidentale est pétrie. De plus, les responsables de nos deux Eglises ont pu inscrire aux pro-grammes obligatoires des «compléments» qui tiennent compte de la spécificité de notre canton.

Propos recueillis par Nadia Revaz

Une question à Pierre Vianin

D’aucuns, ayant apprécié vos ouvrages sur la moti-vation ou l’échec scolaire, connaissant votre engage-ment diocésain et appréciant aussi la personnalité de François-Xavier Amherdt, n’ont pas lu votre ouvrage, craignant le mélange des genres. Avez-vous été sur-pris par ces réticences?A mon sens, à la seule lecture de la quatrième de cou-verture, notre démarche devient explicite. Si l’on de-vait attribuer une profession au Christ, ce serait l’en-seignement. C’est là le point de départ et le cœur de notre réflexion. J’aurais pu faire le même exercice avec Freinet, par exemple.

Une question à François-Xavier Amherdt

Le dernier chapitre de l’ouvrage est consacré à la «catéchèse d’engendrement», notion qui se déploie, comme vous l’expliquez en introduction, depuis quelques années dans la Francophonie. Quel est le changement le plus fondamental avec cette approche dont vous présentez quelques pistes et attitudes (une école du sujet, d’humanisation, d’espérance, d’écoute et de relation, de décision, de foi et de vie, du Maître intérieur, de la joie évangélique)?Grosso modo, nous sommes passés du «catéchisme» par questions et réponses à apprendre par cœur, à un accompagnement personnalisé du chemin de foi de chaque enfant, jeune ou adulte. Un chemin d’initia-tion, à la découverte du mystère de Dieu et de l’exis-tence, avec tous les sens, par une plongée dans la vie de la communauté.

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En deux témoignages, voici quatre formes d’écoles hors les murs. Théâtre, cirque, hôpital, domicile sont quatre lieux d’apprentissage choisis ou imposés par les circons-tances de la vie, où les formes d’enseignement diffèrent de la salle de classe.

Etienne Arlettaz est un comé-dien issu du monde du cirque contemporain (www.biclown.ch). Animateur théâtral pour les écoles de la Ville de Sion, il fait aussi partie de l’équipe d’enseignants de l’Ecole de cirque (www.ecoledecirque-desion.ch). Parfois il accom-pagne des projets hors cha-piteau ou hors scène, dans les murs des écoles.

Etienne Arlettaz, côté cirque...«Sous chapiteau, les élèves se trouvent directement dans un lieu qui amène du pétillant. C’est une accroche à l’enthousiasme, mais dans un espace conventionnel la magie des arts de la scène peut évidemment opérer. Le cirque peut s’enseigner sous l’angle de la performance, en axant uniquement sur la technique, ou alors en fa-vorisant l’épanouissement de l’enfant. A mon sens, le plus important est de permettre aux élèves de travailler avec des personnes qui viennent du milieu artistique,

si l’on veut amener un autre rapport à l’expression et à la créativité.»

… et côté théâtre«Les élèves des écoles primaires, de la 2P à la 6P de la Ville de Sion, bénéficient d’un semestre de cours d’expression. Tous les deux ans, les élèves de plusieurs centres sco-laires montent un spectacle. Cette fenêtre sur le monde théâtral invite à un autre rapport aux apprentissages.»

Brigitte Doggwiler enseigne aux élèves hospitalisés, en pédiatrie à Sion, en pédopsychiatrie à Sierre ou à domicile. Enseignante caméléon, elle doit s’adapter, avec souplesse, en fonction des raisons de l’absence des élèves. Même si les cours qu’elle donne sont la plupart du temps dispensés de manière individualisée, elle parle de sa «petite classe».

Brigitte Doggwiler, enseignante hors les murs...«Avec chaque élève, je compose à l’intuition, selon les objectifs thé-rapeutiques, et je commence sou-vent par chercher une alliance. Je ne dis pas oui à tout, mais j’essaie d’être à écoute des élèves pour les motiver et les faire entrer progres-sivement dans les apprentissages. Parfois, mes cours sont aussi labora-toires d’observation. Au cœur d’un réseau (parents, thérapeutes, en-seignants du CHUV, autorités sco-laires…), mon rôle est de relier.»

… à l’hôpital et à domicile«Parmi les élèves en pédiatrie qui ont des maladies graves, certains n’ont pas vraiment l’envie de travail-ler, considérant cette période à part, mais d’autres ont soif d’apprendre, parce qu’ils ont un autre rapport à la vie. En pédopsychiatrie, hormis quelques exceptions, mes élèves n’aiment pas l’école, et je travaille à leur redonner l’envie d’y aller dès que possible. Dans l’en-seignement à domicile, je mets l’accent surtout sur les méthodes d’apprentissage, en développant les straté-gies pour qu’ils gagnent en autonomie.»

A pprendre hors de la classe:regards croisésA pprendre hors de la classe:regards croisés

Gérard Kingston est éducateur de rue au RLC à Sion (www.rlcsion.ch). Dans le cadre du programme «Le Res-pect des gens et des choses» il passe dans les classes de la ville de Sion, ce qui facilite le dialogue avec les jeunes.

«Face à l’élève qui a décroché, il faut trouver com-ment lui permettre de raccrocher le wagon scolaire, et parfois c’est plus facile hors de l’école. Les para-mètres pour trouver des solutions personnalisées et efficaces aux souffrances des jeunes sont multiples. En tant qu’éducateur de rue, on peut aborder la problé-matique autrement, en travaillant sur l’émotionnel et en expliquant différemment les tenants et les aboutis-sants de la formation.»

Nadia Revaz

Brigitte Doggwiler,

entre école

à l’hôpital et

à domicile

Etienne Arlettaz,

entre théâtre à l’école

et école du cirque

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Voici quelques sites internet pour prolonger la balade hors les murs.

Classe inverséeLe fonctionnement est le suivant: les élèves reçoivent des cours sous forme de ressources en ligne (en géné-ral des vidéos) qu’ils vont pouvoir regarder chez eux à la place des devoirs, et ce qui était auparavant fait à la maison est désormais fait en classe, d’où l’idée de classe «inversée». En réalité, on va surtout profiter du temps libéré en classe pour organiser des activités, des projets de groupe et des échanges qui vont donner un vrai sens au contenu scolaire. Beaucoup de variantes sont pos-sibles, mais la finalité est de passer d’un modèle centré sur le professeur à un modèle centré sur l’élève afin de répondre aux besoins individuels de chacun.www.classeinversee.com

Ferme pédagogiqueLa Ferme pédagogique, située au cœur du val d’Hérens, au-dessus d’Hérémence, promeut la vie à la ferme en incitant tout particulièrement les enfants et les jeunes à renouer des liens avec le monde agricole et artisanal. Offre pour les classes.www.ferme-pedagogique.ch/fr/offres-et-tarifs/pour-les-classes

Flore-AlpeFlore-Alpe, à Champex-Lac, représente un potentiel unique pour s’initier à la connaissance des plantes al-pines, et cela aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Les classes et les groupes de jeunes sont les bien-venus à Flore-Alpe. Les enfants sont initiés au monde de la botanique et à ses spécificités. Pour les plus petits, la visite est axée sur les cinq sens par les formes, les cou-leurs et les parfums qui engendrent un émerveillement à nul autre pareil. Sur demande de l’enseignant, une visite de classe peut être organisée sur un thème spécifique.www.flore-alpe.ch/fr/Visites-guidees

Pearltrees Résonances, apprendre dans et hors l’écoleEt pour aller encore plus loin, quelques perles sont réunies sous: www.pearltrees.com/nadia.revaz/apprendre-ecole/id11634435

Des pistes pour aller plus loinL e d o s s i e r e n c i t a t i o n s

Des pistes pour aller plus loin

Les MOOCs dans le campus virtuel

«Bonne nouvelle: les Moocs promettent le plaisir d’apprendre. Avec des contenus enrichis sous forme de liens vers des textes ou des vidéos. Avec des échanges via des tchats, rendez-vous en direct donnés par les professeurs. Surtout, ils encouragent le travail collaboratif.»Christine Halary, «Petit cours particulier sur les Moocs», Clés magazine, juin-juillet 2014www.cles.com

Les MOOCs, révolution ou gadget?

«Apprendre grâce au MOOC est tout à fait plausible, pour peu que l’on en ait le temps et les moyens, mais il semble difficile de considérer aujourd’hui que l’on puisse faire toutes ses études en ligne. “Les MOOCs restent en phase d’expérimentation, analyse D. Boulier: les établissements se lancent pour être sur le coup, mais personne ne sait ce que ça va donner.” Et de rappeler que de nombreux pédagogues ne juraient que par l’e-learning dans les années 1990, avec les cours en ligne et la télé éducative par exemple, jusqu’à ce que le mouvement retombe comme un soufflet quelques années plus tard. De même, les MOOCs pourraient très bien disparaître dans les cinq ans. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’Internet n’a pas fini de bouleverser les savoirs et la pédagogie.» Fabien Trécourt, Apprendre par soi-même, in Sciences humaines, mars 2014www.scienceshumaines.com/les-moocs-revolution-ou-gadget_fr_32089.html

Responsabilité et appartenance

«Les sorties en milieu naturel, les voyages scolaires… augmentent la motivation et le sentiment de responsabilité des élèves, tout en renforçant leur sentiment d’appartenance et en influant positivement sur les relations entre pairs, avec les enseignants et avec les membres de la communauté. Si tant est, précisent ces rapports, que leur inscription dans le travail en classe soit explicite.»Marie-France Rachédi, Enseigner et apprendre hors les murs, Animation et éducation, mai 2003http://animeduc.occe.coop/spip.php

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17Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

L a bibliographie de laDocumentation pédagogique

d’emploi pour les formations, Paris, Ed. d’Organisation, 2008Cote: 371.3 COST

DAUVIN, M-T., L’apprentissage en questions: s’interroger pour améliorer nos pratiques, Bruxelles, De Boeck, 2011Cote: 371.3 DAUV

Eduquer à la biodiversité, Montpellier, SCÉRÉN-CRDP Académie de Montpellier Montpellier 474 allée Henri II de Montmorency, 34000: GRAINE Languedoc-Roussillon, cop. 2011 Cote: 502.3(072) EDUQ

ESPINASSOUS, L., Pour une éducation buissonnière, Saint-Claude-de-Diray, Hesse, 2010Cote: 371.233(44) ESPI

JOYE, M., Réussir ses études: mode d’emploi: organiser sa vie scolaire avec méthode et efficacité, Saint-Julien-en-Genevois ; Genève-Bernex, Jouvence, 2008Cote: 37.025 JOYE

Le secteur documentation pédagogique de la Médiathèque Valais – Saint-Maurice livre quelques suggestions de lecture pour le «dans» et le «hors» les murs de la classe. Tous les documents proposés sont bien sûr disponibles à la Médiathèque Valais – Saint-Maurice (cf. cotes indiquées) et pour certains à Sion également.

Apprendre avec les technologies numériques, Paris, L’Harmattan, 2012 Cote: 371.333 APPR

Apprendre demain: sciences cognitives et éducation à l’ère numérique, Paris, Hatier, 2008Cote: 371.333 APPR

COSTE, P., Former par les contes: recueil de contes et mode

MARHIC, P., L’enseignement individuel : une alternative à l’échec scolaire, Paris, L’Harmattan, 2009Cote: 371.311 MARH

MAURY, S., Aider les élèves en difficulté, Paris, Eyrolles – Ed. d’Organisation, 2008Cote: 371.398 MAUR

J’aime pas l’école [Enregistrement vidéo] / un reportage de Jean-Daniel Bohnenblust et Marcel Schüpbach, [Genève], Temps présent – TSR [prod.], 2010Cote: 371.212.72 (494) JAIM

L a bibliographie de laDocumentation pédagogique

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201418

Stéphane Roduit est le coordi-nateur informatique du Dépar-tement de la formation et de la sécurité et fait donc le lien entre le Service cantonal informatique, le DFS et les aspects techniques et métiers des Services. Il est aussi le président du Réseau scientifique valaisan (VSnet).

Après sa formation d’ingénieur, Sté-phane Roduit a d’abord travaillé dans le développement auprès d’Ec-kerle Industrie-Electronik en Alle-magne, puis à Grenchen dans le cadre de Swatch Group pour l’indus-trialisation de la fabrication de dif-férents produits. Au lancement de la «Swatch Skin», en 1997, il en a été le responsable, au niveau de l’ana-lyse technique et du retour des mar-chés, en vue de l’optimisation des processus d’automatisation. Après cette riche expérience, il a travaillé en Valais, chez Algroup (devenu Rio Tinto Alcan), pour un projet d’indus-trialisation et d’automatisation d’un centre de sciage. Avant de rejoindre le Département (de l’éducation, de la culture et du sport à l’époque) pour occuper un poste nouvelle-ment créé, il a encore acquis une expérience dans le domaine de la téléphonie fixe au niveau national, auprès de Swisscom. L’ingénieur a

par ailleurs complété sa formation, obtenant notamment en 2013 un Certificat d’études avancées dans la Stratégie et management des sys-tèmes d’information délivré par la HES-SO. Si les aspects techniques l’in-téressent, Stéphane Roduit croit à l’importance de l’humain et à la né-cessité de l’accompagnement dans le changement pour que celui-ci soit voulu collectivement et de manière durable, en vue de plus d’efficacité et d’efficience.

Entre coordination informatique au DFS…

Stéphane Roduit, en tant que coor-dinateur informatique du DFS, une partie de votre activité est donc liée à la formation. Quels ont été les premiers projets développés?L’un des premiers grands défis a été de rassembler les données collec-tées par les écoles, de façon à avoir ce que j’ai appelé une colonne ver-tébrale de l’information scolaire. Ce recueil de données permet au-jourd’hui aux Services de la forma-tion de connaître la situation du système scolaire valaisan, presque en temps réel. En 2002, avec l’in-troduction de la nouvelle matu-rité et la complexité de calcul des notes, l’informatique a permis

d’automatiser ces processus et d’en assurer la fiabilité. Le projet ISM 1 a donc démarré au secondaire II, d’abord dans les collèges, puis dans les ECCG, pour concerner ensuite les écoles enfantines et primaires et plus récemment les CO. Au niveau de la formation professionnelle, le logi-ciel ESCADA, qui fonctionnait déjà dans le canton de Bâle, a été mis en place, de façon à répondre à la par-ticularité de ses besoins.

En tant que coordinateur informa-tique, vous présidiez la commission stratégique ICT-VS…Effectivement. En 2002, le projet ICT-VS, porté par Serge Rappaz, Peter Summermatter et Toni Ritz, a été lancé par le Conseil d’Etat pour inté-grer les nouvelles technologies dans la scolarité obligatoire, en définis-sant des choix stratégiques. Jusqu’en 2012, l’accent a été mis sur la for-mation des enseignants, l’intégra-tion des ICT et le subventionnement d’équipements. Pour le secondaire II,

M é m e n t o p é d a g o g i q u eR é s e a u d e l a f o r m a t i o n

Stéphane Roduit, au cœur de la

mise en lien et de l’assemblage

de briques technologiques.

S téphane Roduit, président de VSnetS téphane Roduit, président de VSnet

Quelques réseaux valaisans

VSnet, la promotion du réseau scientifique valaisan www.vsnet.ch Fondation The Ark, une interface entre la recherche et l’économie (bioark,

blueark, ideark, phytoark, technoark, teleark) www.theark.ch RERO www.rero.ch, Bibliovalais www.bibliovalais.ch, plateforme Culture

Valais www.culturevalais.ch, un pont vers la culture Société académique du Valais, un lien avec la vie académique www.savs.ch Vslink, le lien vers les emplois hautement qualifiés www.vslink.ch

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19Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

un groupe ICT-S2, présidé à son lance-ment par Jean-Marie Cleusix puis res-pectivement par Marie-Thérèse Rey et Marie-Hélène Papilloud, a fonc-tionné en parallèle. Les deux groupes ont progressivement collaboré pour une redéfinition des prestations à offrir. Le partenariat avec Swisscom, fournissant des connexions gratuites aux écoles, a été déterminant pour la réussite du projet.

Quels ont été les grands boulever-sements en matière d’informatique scolaire?Dès l’arrivée de la tablette numé-rique, du wifi et des données dans le nuage, on a compris que notre réa-lité allait être modifiée. Le critère de proximité est tombé et les solutions pouvaient alors être virtuelles et à dis-tance, avec en contrepartie leur lot de problématiques concernant la locali-sation et la protection des données.

La volonté de créer un centre de compétences MITIC 2 est-elle née de ces évolutions?Pour éviter l’essoufflement, il fallait un nouveau concept commun pour tout le canton, afin de permettre aux différents groupes œuvrant dans le domaine de créer des synergies entre leurs diverses compétences. Ce projet, rassemblant les Services de l’enseignement, de la formation professionnelle et du tertiaire, a été immédiatement soutenu par Oskar Freysinger, notre nouveau chef de Département. Avec un petit groupe de travail, nous avons listé les presta-tions existantes et celles à dévelop-per pour nos 20 000 utilisateurs po-tentiels, entre élèves et enseignants. Tout démarrera concrètement au 1er septembre 2014 à Brigue et à Sion, avec évidemment un site internet. Le 4 juin, le comité de direction du centre de compétences MITIC présen-tera aux collaborateurs l’organisa-tion générale des deux pôles, Infras-tructures et services pédagogiques et Ressources et usages didactiques, mais chacun sera invité à apporter sa pierre à l’édifice. Parmi les dévelop-pements souhaités, il y a un concept de bibliothèque scolaire numérique, à penser en partenariat avec les

médiathèques. Toute une série de briques existent ici ou là, mais il reste à définir l’architecture globale du sys-tème d’information MITIC.

… et présidence de VSnetVotre activité au sein de VSnet n’est-elle point étroitement liée à votre fonction au DFS?Oui, parce que l’association VSnet a reçu mandat, via la Loi sur la for-mation et la recherche universitaire, d’offrir un catalogue de prestations internet, dont la connexion de haute performance «Switch», à l’ensemble des institutions scientifiques, péda-gogiques et culturelles du canton. Le fait d’être une association permet de partager la connexion et d’offrir des prestations communes / mutuali-sées, tout en respectant l’autonomie des différentes institutions et écoles.

A côté de cela, est-ce que VSnet a d’autres missions?VSnet attribue des mandats en fonc-tion des spécificités de ses besoins, mais c’est aussi un portail informa-tique très sommaire pour présen-ter la formation supérieure et la re-cherche en Valais, avec un agenda scientifique ainsi qu’un espace de partage de ressources électroniques payantes non accessibles au public. Le réseau est constitué de diffé-rentes personnes aux rayonnements complémentaires et mon rôle est de coordonner les mises en lien.

L’agenda scientifique pourrait-il devenir le miroir de celui de la pla-teforme Culture Valais?Nombre d’événements scientifiques

présents dans notre agenda figurent déjà sur la plateforme Culture Va-lais, décliné en un site et une App. Reste qu’une plateforme Sciences Valais est un projet en réflexion au sein d’un comité de pilotage. Il est aussi question d’une plateforme Eau Valais ou Sport Valais et celles-ci se-raient complémentaires, à l’image des pétales d’une marguerite. Et l’on pourrait évidemment ajouter un pé-tale Formation Valais. D’autres chantiers sont-ils ouverts?Aujourd’hui, avec Wikipédia, le par-tage de ressources électroniques de-vrait être modernisé. C’est en par-tie le cas, mais ce système devrait encore évoluer et pourrait s’élargir aux écoles afin de les affranchir de cette tâche et de limiter les coûts via des offres groupées.

D’un réseau à l’autre…Dans tout réseau, il y a des person-nalités. Quelles sont celles qui vous ont marqué?Sans hésiter, je peux citer Gilbert Fournier, Jacques Cordonier, Jean-Pierre Salamin et Antoine Mudry, qui étaient au Département à mon arrivée en 2002. Tous quatre four-millaient d’idées novatrices, et j’ai l’impression que j’en ai réalisé cer-taines quelques années plus tard.

Propos recueillis par Nadia Revaz

Notes

1 Internet school management.

2 Médias, images et technologies de l’information et de la communication.

Articles précédents de cette rubrique Marc-André Berclaz, pilote du Pôle EPFL Valais-Wallis (septembre 2013) Vincent Pellissier ou l’instruction en version sédunoise (octobre 2013) Françoise Berclaz, à la croisée des lecteurs et des auteurs (novembre 2013) Philippe Theytaz, auteur d’un livre sur les ados (décembre 2013) Pierre Dillenbourg, regard sur la formation à l’ère digitale (février 2014) Dominique Savioz, l’enthousiasme en partage (mars 2014) Mesures liées à la formation à l’OSEO (avril 2014) Patrice Cretton, directeur des Buissonnets (mai 2014)

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201420

E c o l e - c u l t u r e

Sainte-Agnès offre des prestations d’enseignement spécialisé, d’éducation so-ciale, de logopédie et de thérapie psychomotrice.

La classe d’observation 4-5H accueille 9 élèves, âgés de 9 à 12 ans, qui suivent un programme adapté.

Convaincus que l’accès à l’art et à la culture joue un rôle éducatif essentiel, nous essayons de rendre tangible l’éducation artistique dans le vécu des enfants. Trois rencontres, différentes et si-gnificatives, illustrent notre propos.

Le Petit ThéâtreLe Petit Théâtre à Lausanne est un lieu dédié au jeune public. Dirigé par Sophie Gardaz, il présente chaque année une saison variée. Nos enfants ont la chance d’assister à

certains spectacles. Des élèves ont vécu une expérience inédite autour de «La petite fille aux allumettes»

d’après Hans Christian Andersen, mise en scène par Julie Annen et interprétée par la Compagnie Pan. Ce conte résonne dans nos mémoires avec ses images contrastées de fête chaleureuse et de misère glacée, et avec sa fin tragique. Plutôt que de s’en tenir à cette triste conclusion, Julie Annen a préféré laisser le soin à des enfants, âgés de 5 à 12 ans et rencontrés en Belgique, en France et en Suisse pour évoquer la précarité, d’inventer une autre fin.

Dans le cadre de cette démarche, les élèves ont accueilli Julie Annen dans leur classe à Sion, assisté ensuite à Lausanne à une répétition avec les

comédiens et les techniciens et enfin découvert le spectacle. Une expérience inoubliable!

En considérant les enfants comme un public à part entière, le Petit Théâtre les initie à leur rôle de spectateur et leur permet de vivre des instants uniques et magiques.

HaydéHaydé Ardalan est auteure et illustratrice. D’origine iranienne, elle est diplômée de l’Ecole d’Art visuel de Lausanne, section graphisme. Haydé propose de nombreux ouvrages colorés et stylisés où les animaux sont rois, à l’image de Milton, son personnage fétiche qu’elle a nommé ainsi en hommage au graphiste Milton Glaser, qui est un chat citadin, noir et blanc, facétieux.

Dessin personnalisé de Haydé

pour la classe.

Trois rencontres culturelles pour des élèves de Sainte-AgnèsTrois rencontres culturelles pour des élèves de Sainte-Agnès

Le coup de projecteur d’Etincelles de culture à l’écoleLes Archives de l’Etat du Valais proposent des expositions virtuelles autour des traces documentaires laissées par les habitants du canton. Les premières expositions sont dédiées à la formation et aux aléas de la vie. Une ressource passionnante pour un travail en histoire ou autour de la vie des Valaisans au fil du temps.

Outil: expositions virtuelles des Archives de l’Etat du Valais «Les Archives et moi»Public: degrés secondaire I et II général et professionnelLien: https://web.vs.ch/web/exposition-virtuelleEtincelles de culture est le programme du Service de la culture qui soutient et promeut les activités culturelles en lien avec l’école. Offres, soutien et outils sur www.vs.ch/etincellesdeculture

Page 23: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

21Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Haydé utilise la technique de l’encre de Chine et le feutre. Elle se sert des cadrages de la bande dessinée, ses albums ont pour ressort l’humour.Haydé a été l’hôte des élèves de trois classes. Des échanges tendres et savoureux, des questions impertinentes, des «leçons» très particulières ont marqué cette visite.

La Fondation ArnaudSituée à Lens, la Fondation Arnaud a présenté sa première exposition intitulée «Divisionnisme. Couleur maîtrisée? Couleur éclatée!». La médiation culturelle propose une offre riche d’activités pédagogiques.

Les élèves de quatre classes ont découvert cette exposition. Grâce à Anne Michellod et à son équipe, les enfants et leurs accompagnants ont eu le privilège de découvrir les œuvres d’art, d’expérimenter, de ressentir et d’exprimer leurs émotions. Ils ont aussi appris à découvrir les familles de couleurs et les nuances.

La démarche pédagogique s’est déroulée en deux temps. Une première partie en classe a permis aux élèves de se familiariser avec la thématique de l’exposition en réalisant des activités préparatoires avec l’experte contribution de nos collègues thérapeutes en psychomotricité: Mélanie Chazal Van Geel et Mélissa Rouvinet. Ensuite, la visite nous a tous invités à apprendre à regarder, à observer, à mettre des mots sur les ressentis. Les activités proposées s’inscrivent toutes dans l’objectif «culture» du PER pour les différents domaines de l’art.

Pour conclure, acceptons l’invitation de Francesco Pavese à tirer profit d’une idée simple: sortir de son cercle permet de façonner des pensées originales et de prendre goût pour les jardins partagés grâce à l’«ouverture de chacun vers les modes de connaissance des autres».

Johanna De PietroPhilippe Bonvin

R é s o n a n c e s e n l i g n e

Focus histoire valaisanne

Charles-Louis de BonsCharles-Louis de Bons (1809 – 1879) a été député du Grand Conseil, conseiller d'Etat, vice-président puis président du Grand Conseil, secrétaire d'Etat, pré-sident et vice-président du Conseil d'Etat, juge au Tribunal d'Appel, président du Tribunal du district de Saint-Maurice puis juge instructeur. Charles-Louis de Bons a refusé en 1848 une élection comme conseiller aux Etats.

Homme de lettres, il est connu pour ses romans historiques et ses essais. Jour-naliste, il collabore à des revues agricoles et fonde un journal pédagogique, L'Ami des Régens (1854 – 1856). Charles-Louis de Bons était également membre fondateur de la Société d'Histoire de la Suisse romande.www.wikivalais.ch

App tablette, version multimédia

Si vous avez envie de lire un nu-méro de l’année écoulée sur votre tablette cet été, n’hésitez pas à de-mander votre identifiant et / mot, puisque Résonances a désormais une App disponible pour iPad / iPhone et Android. [email protected]

Résonances, multisupport

Site Résonances,compagnon de la revue papierEntre deux numéros papier de Réso-nances, le site s’enrichit. Alors jetez un coup d’œil, car il y aura assuré-ment des ajouts (articles, brèves, bonus audio et / ou vidéo…) d’ici la fin juin et en tout début d’année scolaire, avant la parution de l’édi-tion de septembre.www.resonances-vs.ch

Les archives de RésonancesSi vous souhaitez découvrir L’Ami des Régens (1854 – 1856), ancêtre de Ré-sonances, allez découvrir les archives pdf qui s’étoffent progressivement.www.resonances-vs.ch

www.resonances.vs-chDes archives en ligne

Nadia Revaz

Résonances, multisupport

Page 24: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201422

Avec près de 600 classes officiellement inscrites, la 11e édition de la Semaine des médias à l’école a en-registré une très belle par-ticipation. Preuve que de nombreux enseignants ont trouvé matière à mettre en œuvre les objectifs MITIC inscrits dans le PER. La ma-nifestation était mise sur pied par l’unité «Médias» de la CIIP.

Formation préalableEn marge de la Semaine des médias à l’école, une conférence publique a été donnée par Claire Balleys, docteur en sociologie de la communication et des médias, sur le thème: «Comment être “publi-quement intime?“» Comprendre les usages juvéniles des médias sociaux. Un compte rendu est à lire ici: http://bienvu.wordpress.com/2014/03/12/comprendre-les-usages-juveniles-des-reseaux-sociaux

Site internet et réseaux sociauxLes informations sur la Semaine des médias à l’école sont hébergées sur: www.semainedesmedias.ch. Le fil Twitter @SemainemediasCH a dif-fusé plus de 200 tweets entre janvier et fin avril 2014. Une page Facebook a également été créée.

Activités suggéréesCinquante activités spécifiques ont été proposées aux classes, dont onze inédites, notamment: «Ask.fm: l’in-terrogatoire fantôme», «Les théo-ries du complot: quelle valeur leur accorder?», «Les animaux en ve-

dette?», «Aufémininpointconne»… Pour chacune, des fiches pédago-giques étaient à disposition des en-seignants. Les activités les plus té-léchargées? «Détecter un poisson d’avril dans les médias», «Poisson d'avril!», «Ouvrir mon quotidien: fiches d’activités et exemples pra-tiques».

Envois de matériel pédagogiqueDestinées aux élèves, 2000 brochures «Ouvrir mon quotidien», ont été commandées par les enseignants. Sous forme de DVD, les sept sup-ports audiovisuels proposés (émis-sions TV, documentaires) ont aussi été plébiscités.

Emission spéciale «La Semaine des médias»RTS Deux a proposé une série quotidienne (4 x 10’) à l’intention des 8-12 ans en priorité. Elle était consacrée à l’image et à ses ma-nipulations. Assorties d’un dos-sier pédagogique, ces émissions restent visibles en ligne sur: www. semainedesmedias.tv

Rencontres avec des professionnelsPlus d’une centaine de classes ont saisi l’occasion de visiter des médias ou de rencontrer des professionnels des médias.

ConcoursLe Concours de Unes a dé-bouché sur la présentation de 27 projets par les classes (voir www.e-media.ch/e-media/ evenements/semaine_des_

medias/concours/concours_de_unes). Cette année, le jury a préféré mettre l’accent sur la qualité plutôt que sur la quantité des contributions. Les classes étaient invitées à soumettre un seul projet au jury, au besoin en opérant une sélection interne. La re-mise des prix s’est déroulée le mer-credi 28 mai 2014. Un concours «flash radio» a égale-ment été proposé dans le cadre de la Semaine des médias. Les dix-neuf contributions soumises au jury sont en écoute sur le blog Scolcast: www.scolcast.ch/podcast/174/970. D’autres échos de la Semaine peuvent être consultés sur www.e-media.ch et sur http://bienvu.wordpress.com

Christian Georges, collaborateur scientifique CIIP

M I T I C

La RTS a proposé 5 émissions sur les coulisses

de l’image.

Bilan de la 11e Semaine des médias à l’écoleBilan de la 11e Semaine des médias à l’école

Couvertures valaisannes primées Page de couverture: Fabrice Thétaz pour le Cycle II, 6P Monthey (10 minutes)4e de couverture: Grégoire Vuissoz pour le secondaire II, ECCG Monthey (Himtime)

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23Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

C a r t e b l a n c h e

Bonjour,

Nous sommes 12 préappren-tis du CO de Collombey-Mu-raz. Nous souhaitons vous faire partager notre plaisir d’avoir achevé notre roman. Cela ne s’est pas fait sans mal: incertitudes, idées contradic-toires d’un groupe à l’autre, doutes, démotivation par-fois… Mais cela nous a permis d’échanger, de nous confron-ter, de nous exprimer (parfois avec démesure). Heureusement que nous avons pu bénéficier de l’accompagnement de l’écrivain Nicolas Couchepin qui avait déjà de l’expérience.

Le premier jour (au total cela dure 8 fois 2 heures / semaine), Monsieur Couchepin nous a décrit le projet. Il nous a dit que nous allions écrire une histoire ensemble et que nous n’étions pas obligés d’être des spé-cialistes de la rédaction car il nous aiderait.

Pendant la deuxième séance, nous avons fait des exercices d’écri-ture pour utiliser notre imagina-tion et pour nous habituer à ouvrir les boîtes/mots. On a ainsi réalisé que chaque mot est une boîte à trésors. Le mot n’est pas quelque chose de banal si on l’observe sous toutes ses coutures. Par exemple: une phrase aussi simple que «une femme marche dans la rue» révèle des surprises sans fin si on cherche un peu. Une femme jeune, vieille,

jolie, moche, triste, heureuse, est-elle seule, semble-t-elle aller re-joindre quelqu’un, est-elle amou-reuse, effrayée, inquiète, dirait-on qu’elle n’a pas l’habitude de mar-cher seule, marche-t-elle vite, a-t-elle l’air de n’aller nulle part, marche-t-elle comme si elle avait peur, est-elle heureuse, pourquoi, a-t-elle des chaussures à hauts talons, semble-t-elle décidée, revient-elle du boulot, que fait-elle comme travail, la rue est-elle vide, est-ce pour cela que je remarque la femme qui marche dans la rue, ou bien parce que son allure tranche avec celle de tous les autres, etc., etc., etc. Comme vous voyez, une phrase de trois mots peut contenir un roman entier.

L’étape suivante a consisté à créer un personnage chacun puis de discu-ter entre nous pour décider lesquels nous allions retenir pour l’histoire. Il faut des personnages très typés pour que le lecteur puisse s’identifier.

Lorsque nous avons inventé, et pré-cisé les caractères des personnages, nous imaginons quelles étincelles ça va faire lorsqu’ils seront mis en contact les uns avec les autres. Nous

inventons des dialogues entre eux… Et l’histoire commence! Attention! Elle emmènera le lecteur là où il n’aurait pas pensé aller! Et si les méchants étaient les gentils, et vice-versa? Rien n’est impossible quand on a de l’imagination!

Nous finirons en beauté notre roman d’école car nous irons en faire une lecture publique le lundi 16 juin à 19 heures au Château de Loèche dans le cadre du festival de litté-

rature. La lecture bilingue (il y a des classes du Haut-Valais qui ont fait le même travail) sera suivie d’un apéri-tif-dédicace de notre roman.

Nous nous réjouissons… Si vous sou-haitez partager ce moment avec nous, vous êtes les bienvenus.

La classe de Chantal Dorsaz

Classe de préapprentissage de Collombey-Muraz: roman d’école

Moment d’échange.

www.romandecole.ch www.schlossleuk.ch

Classe de préapprentissage de Collombey-Muraz: roman d’école

E n r a c c o u r c i SimplyScience

Science et technique en deux clics

La fondation SimplyScience a pour objectif de promouvoir la connaissance des jeunes sur des questions scientifiques et techniques, et de les orienter sur les possibilités de formation et de carrière. Avec un onglet pour les enseignants.www.simplyscience.ch

Page 26: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201424

F r a n ç a i s

Avant d’aborder la question des séquences, j’aimerais re-venir sur deux modifications structurelles survenues du-rant ces deux dernières dé-cennies à l’école primaire, modifications qui n’ont pas toujours été comprises par les praticiens.

Les modifications du livret scolaireLe livret en usage dans les années 80 prévoyait trois champs pour l’évaluation du français (fig. 1). A la fin des années 90, une seule note de français, pour l’ensemble de la scolarité obligatoire, est devenue l’exigence de l’Etat (fig.2). Pour établir cette note de français, les enseignants primaires ont appliqué les directives du Service de l’en-seignement et, pour ce faire, ont progressivement adopté le logiciel «Gestclasse» initié par un collègue émérite de Monthey. (fig. 3)

ISM, le successeur cantonal de Gestclasse, a repris les di-vers champs dans un premier temps, avant que l’arrivée du PER ne provoque une nou-velle configuration, en usage aujourd’hui dans l’ensemble des classes de l’école obligatoire (fig.4).

Les modifications du plan de travail hebdomadaireLes anciens plans horaires des en-seignants primaires étaient pré-cis (fig.5). Les sous-disciplines de la langue y apparaissaient clairement,

avec leur minutage rigoureux. Les plans horaires en usage aujourd’hui, selon les directives cantonales, ne mentionnent plus que les plages «français». Certains enseignants que je côtoie dans mon activité profes-sionnelle avouent avoir conservé en interne les anciennes pratiques et utilisent pour leur planification heb-domadaire un plan «caché».

Les idées qui ont présidé aux changements évoqués plus haut

La nécessité de considérer la langue dans son unicité.

Une plus grande souplesse laissée aux enseignants dans l’organisation et dans les modalités d’évaluation.

La possibilité d’aborder plusieurs compétences dans un même cours (à l’instar de ce qui est re-commandé dans l’ensei-gnement des langues étrangères).

L’incitation à aborder l’ap-prentissage du français sous forme de séquences, alors que l’édition de moyens d’enseignement va dans ce sens.

Le travail en séquence«Une séquence est une unité d’enseignement dans laquelle les heures de cours ne sont plus considérées comme autonomes. Les diverses activités inhérentes à l’enseignement du français y sont corrélées autour d’un

objectif fédérateur». Les élèves sont appelés à mieux comprendre les liens fondamentaux tissés entre les acti-vités de structuration, la lecture, la compréhension et la production de textes oraux et écrits.

Pour que l’élève garde la motivation et que ses progrès soient aisément mesurables, il est important que la

F rançais: travailler en séquences à l’école primaireF rançais: travailler en séquences à l’école primaire

Figure 1

Figure 2

Figure 3

Figure 4

Page 27: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

25Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

séquence se déroule dans un temps limité. (ex.: 4 à 5 cours hebdoma-daires durant deux semaines). Les séquences «s’exprimer en français» ont été conçues dans cette optique; la façon dont elles sont dispensées en classe est cependant très variable selon les classes (maître unique ou duo pédagogique) et les ensei-gnants. La solution qui consiste à confier la responsabilité d’une sé-quence de production à l’enseignant qui ne travaille qu’à un faible pour-centage devrait être proscrite. Les nouvelles séquences de compréhen-sion de l’oral – à disposition sur le site de l’animation – sont également développées selon la même philo-sophie.

Figure 5

Il est également possible d‘abor-der le fonctionnement de la langue sous forme de séquences. Je reste convaincu que cette façon de procé-der est plus efficace et qu’elle per-met à l’enseignant de mieux arti-culer les divers types d’évaluation (bilan de départ, ateliers de travail différenciés, évaluation formative en continu, bilan final noté). Voici quelques exemples concrets, que je pourrais développer dans un pro-chain article si la demande m’en est faite.

LEXIQUE: Dictionnaire mon ami (2P): par des activités ludiques, faire entrer progressivement les élèves dans la recherche active de mots afin d’éviter que cet ou-vrage, si important, ne soit pris «en grippe» par les enfants.

ORTHOGRAPHE: Corriger son texte (dès 3P): mettre en place un guide de relecture et une attitude réflexive, qui pourrait rendre ser-vice à l’élève durant toute sa sco-larité.

GRAMMAIRE: L’expansion du groupe nominal (4P), séquence vue comme un outil pour amé-liorer les descriptions dans la pro-duction de l’écrit.

CONJUGAISON: le passé com-posé (5P), séquence vue comme un outil pour améliorer la produc-tion de récits et de faits divers.

Pierre-Marie Gabioud

Echo de la rédactrice

L’or valaisan

J’aimerais dire bravo à toute l’équipe de la SPVal (Société pédagogique valaisanne) ayant initié la Balade des Savoirs, qui aura lieu le 17 janvier 2015 à Martigny. Des félicitations par avance, c’est bizarre, me direz-vous! Certes, mais l’idée est d’autant plus belle que l’humeur, financière s’entend, est souvent chagrine ces temps-ci et je suis experte dans l’art de la litote. La perception de l’école n’est pas toujours positive dans la société et c’est en l’invitant à découvrir la vie des classes et le métier d’enseignant autrement que son image pourra être redorée. Je suis persuadée que les actions enthousiastes peuvent avoir des effets magiques. Et je pèse mes mots. L’Ecole valaisanne, de l’école enfantine à la formation tertiaire, fourmille d’initiatives originales et réussies. Des trésors de Savoirs qui restent hélas bien souvent cachés. Dès lors, pourquoi ne pas les mettre en valeur? Le concept de la Balade des Savoirs ne peut être que source de motivations à la chaîne. Avec son dynamisme, le rouage des acteurs de l’école pourrait bien entraîner celui des partenaires de l’école, des politiciens… Bref, si la société se mettait en route pour faire de l’école sa priorité, en s’en donnant les moyens, ne serait-ce point une stratégie formidable pour un canton périphérique, dont les résultats en matière d’éducation font déjà, en l’état, des envieux. Assurément, la Balade des Savoirs, à la sauce valaisanne, sera savoureuse.

Nadia Revaz

Carte blanche, votre rubriqueCarte blanche, votre rubriqueVous pouvez collaborer à Résonances de diverses manières. Pour rappel, la rubrique carte blanche attend vos textes et / ou ceux de vos élèves et / ou ceux des étudiants de la HEP-VS.

Vous êtes également invité-e à faire part de vos suggestions de tous ordres. N'hésitez pas à clapoter pour envoyer un message à la rédaction, indiquer une adresse internet ou un projet que vous aimeriez faire partager Et si vous n'êtes pas adepte du courriel ([email protected]), vous pouvez aussi téléphoner au 027 606 41 59 ou au 079 429 07 01.

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201426

De nos jours, beaucoup d’ensei-gnants relèvent le défi qu’implique une leçon d’éducation physique: mouvement, bruit, mise en place et rangement du matériel,… avec des classes nécessitant régulièrement des moments de recadrage pour que tout se déroule sous le signe de la sécurité.

Les indicateurs d’une leçon d’EP réus-sie ne font pas la part belle au calme et la relaxation. En effet, les enfants ont besoin de temps vécu dans l’in-tensité (I), ont envie d’apprendre (A) et surtout participent avec beaucoup de plaisir (P) aux activités proposées lors d’une séquence sportive.

En résumé, les lettres A-I-P néces-sitent rythme, action et efficacité. Cependant, suite à ces périodes où les compétences physiques, émotionnelles, cognitives et so-ciales sont consolidées, les élèves doivent être capables de retourner

en classe, tranquillement, afin que la suite de la journée scolaire puisse se dérouler dans un climat propice aux études.

Le RAC, qu’est-ce que cela signifie?Les lettres RAC signifient Retour Au Calme. Cette partie souvent obligée

de la leçon d’EP se veut plate-forme, soupape canalisant l’énergie dépen-sée lors des activités. Du point de vue physiologique, comme le précise le PER, l’enfant découvre les princi-pales fonctions de son corps. De ce fait, il développera ses ressources motrices mais devra également être capable de maîtriser la période qui suit, à savoir le retour au calme.

E d u c a t i o n p h y s i q u e

Un moment de calme, un peu de détente…Un moment de calme, un peu de détente…

Avec matériel

Le fil Sur le poème «Le fil» de J. Guggenmos, mimer avec sa corde les mots-clés du poème

Il était une fois un fil,

On aurait dit un trait.

Il était couché là et il s’ennuyait.

«Que puis-je faire?» se demanda-t-il!

Soudain, en spirale il s’enroula.

Et puis, en une seule fois,

Qu’est-ce que nous voyons?

Mon numéroAvec un foulard, une balle, du matériel utilisé durant l’échauffement ou l’accent: imaginer une suite de mouvements, 1 ou plusieurs élèves la présentent en fin de leçon (évt. en musique)

MassageAvec une balle de tennis: auto-massage ou faire rouler sa balle sur le dos d’un pair.Variante: auto-massage sous la plante du pied

HistoireEcouter l’histoire ou la suite de l’histoire racontée par l’enseignant-e. Ex. Le yoga de Kika. Mimer certains éléments, exercices,…

«Que puis-je devenir encore?»

Et une idée lui vint alors...

«Je vais me changer en serpent,

Pour terroriser les passants!»

Drôl’ d’idée, car finalement,

Encore et toujours, il attend.

Un escargot dans sa maison.

Une autre idée lui vint de suite:

Deux p’tites boucles, voici un huit!

Après quoi, Abracadabra

En zéro il se transforma.

Puis, avec une grande adresse,

En un poisson, quelle sagesse!

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27Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Retour Au Calme: propositions sans matériel

Dos-tableauPar 2, dessiner avec son doigt une forme, un dessin, une lettre sur le dos d’un camarade assis ou couché sur le ventre.

La fée, le magicien

Une fée ou un magicien touche l’épaule des camarades cou-chés sur le sol. Au signal, se relever et se mettre en rang.

YogaSur une musique douce, effectuer quelques exercices d’éti-rement (portail, sapin,…).

Le chatMimer les différentes positions du chat: s’étirer, dos rond, de côté,… Variante: imiter un autre animal.

Poupée de chiffon

Seul, puis par 2, varier les moments de contraction-décon-traction selon le signal du partenaire (partie désignée). Variante: décontraction personnelle, couché sur le dos, en écoutant le bruit alentour.

Le mimePar 2, par groupes, en collectif: trouver le métier, sport, … mimé par une personne de la classe.

Le nœud gordien

Par 4 en se tenant par les mains, s’entremêler puis se démê-ler sans lâcher les mains.Idem en ½ classe mais rajouter un observateur (caché au départ) qui doit démêler le nœud.

Presse-citron

Classe divisée en 2 colonnes. Le 1er presse la main du 2e et ainsi de suite. Lorsque le dernier a reçu le signal, il se met devant et on recommence… Variante: en cercle en se te-nant par le petit doigt.

Histoire du temps (variante pizaiolo: gestes = préparer la pâte, pétrir, garnir,…)

Par 2. A couché sur le ventre, une oreille posée sur le sol. B sur les genoux «masse» avec les paumes de ses mains et raconte:

il fait beau le soleil brille (cercle dans l’espace) le vent arrive, souffle, de + en + fort (les mains se dé-

placent en 8) les éclairs zèbrent le ciel (remonter la colonne) / il neige

(mains en poings) / il pleut… / Imaginer d’autres idées puis tout se calme et laisse la place au soleil .-)) changer

les rôles.

1,2,3 soleilLe meneur se retourne après avoir dit «1,2,3 soleil» (ou poisson rouge…) et renvoie au départ les enfants qui ne sont pas transformés en statue.

Lors de cette partie, des objectifs pluriels sont mis en exergue:

mobiliser et baisser son activation améliorer sa souplesse augmenter ou retrouver sa

concentration développer ses sens (ouïe, vue,

toucher,…) écouter l’autre, collaborer, com-

muniquer avec un partenaire, un groupe

développer son sens créatif, ses moyens d’expression, son imagi-naire

prendre conscience de sa respira-tion

La respiration, que ce soit à l’aide de pistes amenées par le yoga, la sophrologie,… permet de:

découvrir son mode de fonction-nement, son rythme propre

mettre en avant la sensation de bien-être après l’effort

différencier inspiration et expira-tion

utiliser la respiration consciente lors d’exercices simples

Le RAC: quelques exemplesAfin de varier ces moments néces-saires et utiles, l’enseignant doit pos-séder plusieurs pistes selon le temps disponible ou le matériel à dispo-sition.

Voici quelques exemples concrets ciblés en priorité pour les classes du Cycle 1. Certains items peuvent être repris pour le Cycle 2, en adap-tant la thématique aux intérêts des enfants.

En quels lieux l’utiliser?Ces contenus s’adaptent particu-lièrement en salle de gymnastique mais ils peuvent s’appliquer aisé-ment dans le quotidien de la classe:

en début de journée afin de per-mettre aux enfants de se centrer, se calmer ou s’activer

lors d’une transition entre les cours de la grille-horaire

suite à un moment d’apprentis-sage conséquent

après un moment de tension entre les élèves, suite à la récréa-tion par exemple

à la fin d’un travail de groupe

En conclusion, ces temps de récupé-ration permettent aux élèves d’amé-liorer la gestion de leur énergie, par-fois débordante. Il n’est pas toujours aisé pour le professeur de trouver l’équilibre entre satisfaction des be-

soins et gestion du groupe. L’objectif est déjà, dans un premier temps, de proposer quelques pistes à concré-tiser… en étant bien conscient de la complexité de la vie d’une classe et du «vivre ensemble».

Nous vous souhaitons plein succès pour vos futurs tests!

Le team «animation EP»Nathalie Nanchen –

Gérard Schroeter – Lionel Saillen

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201428

J o u r n é e p é d a g o g i q u e

De manière dé-sormais tradition-nelle, la CODICO-VAR (Conférence des directeurs des cycles d’orientation du Valais), l’AVDEP (Association valai-sanne des directeurs d’écoles enfantines et primaires) et le SE (Service de l’ensei-gnement) co-orga-nisent régulièrement un temps de réflexion et d’échanges autour des questionnements scolaires. Le 7 mai der-nier, c’est la théma-tique du regard à adop-ter par les directions pour soutenir la mise en œuvre du PER (Plan d’études romand) dans les classes qui a fait l’objet d’une conférence et d’ateliers à l’Institut Notre-Dame-de-Lourdes à Sierre.

Jean-Marie Cleusix, chef du Service de l’enseignement, a ouvert la ma-tinée de réflexion, rappelant que les directeurs, les inspecteurs et le Département sont là pour soute-nir les enseignants et faire en sorte que le PER soit introduit avec suc-cès. Concernant les visites de classe, le chef du SE a précisé que, si elles se font «en bonne intelligence entre les directeurs et les enseignants, elles ne posent aucun problème, d’autant que parfois ce sont ces derniers qui sont demandeurs». Et d’ajouter: «Dans ce cas, il y a un rôle de colla-boration entre ceux qui ont la res-ponsabilité générale de l’école et ceux qui ont la responsabilité de la classe.» A ses yeux, il convient toute-fois de veiller à ne pas dévier le sens de ces visites, insistant sur l’impor-

tance de la liberté de l’enseignant et les dangers du formatage pour la qualité de l’enseignement. Jean-Marie Cleusix a placé au cœur de son message la confiance des directeurs envers les enseignants, pièce maî-tresse selon lui du succès de l’Ecole valaisanne d’hier et d’aujourd’hui.

Michel Beytrison, adjoint au Service de l’enseignement, a pour sa part expliqué que cette journée pédago-gique se voulait moins théorique que les précédentes et orientée vers les pistes d’observation possibles pour les directeurs afin d’accompagner les enseignants, jeunes, en fin de car-rière ou ayant changé de degré ou de discipline, dans la mise en œuvre du PER. Introduisant la conférence, il a souligné que cette rencontre était l’occasion de valoriser et de mettre en vitrine un projet d’éta-blissement, celui d’Euseigne, espé-rant que les prochaines journées de ce type soient l’occasion de découvrir les expériences et réflexions menées dans d’autres écoles du canton.

Conférence à deux voix

Dans une conférence à deux voix, Gérard Aymon, directeur du CO d’Euseigne, et Ro-maine Carrupt, pro-fesseure à la HEP-VS, ont évoqué leur col-laboration à travers un projet d’établis-sement encore en cours, autour de la différenciation et intégrant les iPad. Romaine Carrupt commence par

poser le cadre: «Contrai-rement à ce qu’on pourrait pen-ser, le PER se limite à présenter les contenus et vise à laisser aux ensei-gnants la plus grande variété des approches pédagogiques.» Gérard Aymon complète en disant que, sur la base d’une grille de type organi-sationnel, son objectif était d’iden-tifier les types d’enseignement de chaque enseignant, pour ensuite ouvrir la réflexion à d’autres dé-marches possibles, sans rien impo-ser. Des leçons intégrant l’un des modèles de la différenciation (com-mencer une séquence par une éva-luation pour repérer les obstacles et mettre en place des supports et des aides différenciés) ont en-suite été élaborées, avec l’aide de Romaine Carrupt. Quelques ensei-gnants ont accepté d’être filmés, ce qui a été précieux pour des dis-cussions croisées sur les pratiques en classe. Via un leadership trans-formationnel, il s’agissait de modi-fier les pratiques pédagogiques, en valorisant les expertises des ensei-gnants, dans une culture de colla-boration.

Dominique Delaloye et Pierre-Marie Gabioud ont co-animé

l’atelier reliant français et PER.

Les directeurs et la mise en œuvre du PERLes directeurs et la mise en œuvre du PER

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29Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Trois ateliers thématiques

Lors de la 2e partie de la matinée, les directeurs ont pu participer à trois ateliers thématiques, en lien avec la L1 (le français), les SN (sciences naturelles) et l’EPH (éducation phy-sique). Ceux-ci étaient animés par les inspecteurs, également présidents ou vice-présidents des commissions de branches.

Dans l’atelier d’éducation physique, Denis Métrailler et Jean-Pierre Gas-poz ont mentionné quelques indica-teurs aisément observables pour une direction composée de non-spécia-listes du domaine. Pascal Knubel et Jean-Daniel Métrailler ont abordé les sciences naturelles sous l’angle de la démarche scientifique, déjà pré-sente dans les leçons de choses d’an-tan, des visites de classe en général et de la sécurité en particulier (stoc-kage des produits). Quant à Pierre-Marie Gabioud et Dominique Dela-loye, ils ont sensibilisé les directeurs aux points forts du PER en langue 1 (entrée par les textes, diversité des genres…), en illustrant leurs pro-pos avec des poupées russes et des PowerPoint d’avant la technologie, bricolés et colorés. Eh oui, les ins-pecteurs ont retenu l’attention des participants en variant les supports.

En conclusion, Gérard Aymon a évo-qué les iBooks Author, les stratégies de la classe inversée…, autant d’ou-tils favorisant un dialogue d’équipe autour du PER. Il a aussi souligné qu’il lui a fallu freiner les ensei-gnants les plus motivés, pour éviter qu’ils ne s’épuisent.

Geneviève Constantin-Zufferey, présidente de la CODICOVAR, et Jean-Claude Aymon, président de l’AVDEP, ont clos cette journée, sou-haitant que les inspecteurs puissent proposer des pistes similaires sur les didactiques de branches non abor-dées au cours de cette Journée pé-dagogique.

Regards croisés

Autour de ce projet d’établisse-ment liant tablette numérique et différenciation, quels étaient les rôles de chacun?Gérard Aymon, directeur du CO: L’essentiel, c’est d’avoir des en-seignants qui soient parties pre-nantes, voire à l’initiative du projet, comme cela a été le cas à Euseigne, avec une enseignante qui voulait suivre un cours sur la différenciation. Dans la dé-marche, mon action était plutôt dans l’opérationnel, avec la mise en lien, et dans le fonctionne-ment, puisque j’ai aussi participé en tant qu’enseignant. La direc-tion est plus là pour l’impulsion que pour l’expertise.Romaine Carrupt, de la HEP-VS: Collaborer à plusieurs, à différents niveaux et dans la complémenta-rité, c’est une richesse. Pour ma part, j’ai trouvé intéressant que l’inspecteur soit là au départ du projet et qu’il puisse ensuite faire des retours encourageants aux enseignants. Il nous a aussi aidés à inscrire ce projet dans le cadre légal prévu par le Département. Denis Métrailler, inspecteur de la scolarité obligatoire: Mon rôle était effectivement de cautionner la démarche puis de la suivre au gré des visites. La mise en place de la culture d’échanges était un préalable à la réussite du projet impliquant un changement de posture pour l’enseignant et la création d’une nouvelle identité pour l’établissement.

Un tel projet pourrait-il être re-pris dans un autre CO, de plus grande taille?Gérard Aymon: C’est vrai que la taille de l’établissement a facilité la mise en œuvre du projet. Peut-être que dans un grand CO, il fau-drait axer la démarche sur une seule branche.Denis Métrailler: Dans mon arron-dissement, j’ai aussi le plus grand CO, qui est celui de Conthey, et

j’arrive tout à fait à imaginer une transposition de la démarche, en la limitant par exemple à un mo-dule seulement, car il faut pou-voir travailler sur les représenta-tions des enseignants.Romaine Carrupt: Ce serait tout à fait possible, moyennant quelques aménagements.

Qu’est-ce qui a été le plus inté-ressant dans la démarche?Denis Métrailler: C’est assurément de voir l’évolution des cours, avec la mise en place d’une collabo-ration entre les enseignants. Ce projet a de plus apporté des ré-ponses concrètes pour l’intégra-tion du PER.Gérard Aymon: Dans l’établis-sement, des collaborations sont apparues à des niveaux non pré-vus initialement, par exemple sous forme de co-enseignement. A l’égard de Romaine, les ensei-gnants avaient au début une at-titude de consommateur. Petit à petit, ils ont compris qu’elle était là pour les inciter à réfléchir sur leur profession, sans leur donner de solutions toutes faites.Romaine Carrupt: Il était impor-tant de préciser à chaque ensei-gnant qu’il était expert de sa dis-cipline, de son contexte et de sa connaissance des élèves et que je n’étais là que pour mon exper-tise de la différenciation. Etablir ce climat de confiance était fon-damental pour la co-construction de ce projet.

Propos recueillis par Nadia Revaz http://coherens.ecolevs.ch

De gauche à droite: Denis Métrailler, inspecteur de la

scolarité obligatoire, Romaine Carrupt, de la HEP-VS, et

Gérard Aymon, directeur du CO du val d’Hérens.

Page 32: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201430

S c i e n c e s h u m a i n e s e t s o c i a l e s

Le PER bouscule certaines de nos habitudes? Une réalité!Si un domaine de notre en-seignement primaire vit de profondes modifications avec l'introduction de notre nou-veau Plan d'études Romand, c'est bien celui des Sciences Hu-maines et Sociales (SHS).

L’objectif de cet article n’est pas de justifier cette évo-lution, ce qui n’est pas de notre ressort! Mon intention est d’expliquer les nouvelles orientations et ce qui est mis à disposition de l'enseignant.

En résumé, quoi de neuf docteur?En géographie, l'élève va «com-prendre » l’organisation de l’es-pace, en lien avec les hommes qui le façonnent et pas seulement «décrire» l'espace. Concrètement, en plus de connaître des repères et notions sur l'espace et la société, il s'agit de se poser les bonnes ques-tions pour comprendre le pourquoi et le comment de son espace de vie (Qui? Pour faire quoi? Où? Pour-quoi là?).

En histoire, en plus de connaître cer-taines évolutions majeures (Qu’est-ce qui change? Qu’est-ce qui reste? Pourquoi?), l'élève comprend l'im-portance des traces du passé pour déterminer ces évolutions (Sur quoi se base-t-on pour le dire?). Il prend aussi conscience que lorsqu'on parle du passé, on peut vite se mettre à fabuler, et qu’il est essentiel de véri-fier ses informations et interpréta-

De nombreux complé- ments numériques (CN) dis- ponibles sur la plateforme du PER (Moyens d'ensei- gnement romands / Accé- der au MER / Habiter 5e) nouveau

Des banques d’exercices pour des évaluations dis- ponibles sur le site de

l’animation de la HEP-VS. Actuellement, des pro- positions existent déjà pour les modules 0, 1, 2, 4, 6 et 7. De nouvelles propositions seront dé- posées pour la prochaine rentrée scolaire.

Géographie 6H tout est nouveau!

Le manuel de l'élève transmissible (réf CE-

CAME = 3389)

Le fichier de l'élève non transmis-sible (réf CECAME = 3390)

Le mémento non transmissible que vous devez commander unique-ment pour la rentrée scolaire 2014 (réf CECAME = 3347). Dès 2015, vos élèves l'auront reçu en 5H.

Le guide didactique qui couvre deux années 5H et 6H (réf CE-CAME = 3206)

Le complément valaisan au guide didactique disponible sur la pla-teforme du PER, de même que de nombreux compléments numé-riques (CN). Les livres et fiches des autres cantons romands seront également disponibles sur cette plateforme.

tions auprès des historiens (Suis-je assez prudent?).

Moyens à disposition en géographie

Géographie 5H

Le manuel de l'élève transmissible (réf CECAME = 3208)

Le fichier de l'élève non transmis-sible (réf CECAME = 3207)

Le mémento non transmissible que l'élève gardera deux ans (réf CECAME = 3347) nouveau

Le guide didactique qui couvre les deux années 5H et 6H (réf CE-CAME = 3206) nouveau

SHS Cycle 2: du nouveau en Géographie et HistoireSHS Cycle 2: du nouveau en Géographie et Histoire

Page 33: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

31Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Et si le temps nous le permet: des banques d’exercices pour des éva-luations seront progressivement déposées sur le site de l’anima-tion de la HEP-VS. Restez donc attentifs!

Pour les 7H et les 8H Aucun chan-gement par rapport à l'année sco-laire en cours!

7H: Habitat – Loisir (CECAME = 3209)8H: Approvisionnements – Echanges (CECAME = 3210 et 3361)

Moyens à disposition en Histoire

Pour les 5H tout est nouveau!

Le manuel de l'élève transmissible – identique pour 5H et 6H (réf CE-CAME = 3386)

Les 10 fascicules non transmis-sibles (réf CECAME = 3385). At-tention! En 5H, vous n'utiliserez qu'une partie de ces fascicules. Vos élèves monteront en 6H avec le solde des fascicules.

Le guide didactique couvre aussi deux années 5H et 6H (réf CE-CAME = 3387)

Des compléments numériques (CN) qui seront disponibles sur la plateforme du PER.

Pour les 6H tout est nouveau!

Le manuel de l'élève transmissible – identique pour 5H et 6H (réf CE-CAME = 3386)

Pour l'année scolaire 2014-2015 uniquement, les 10 fascicules non transmissibles 5H-6H (réf CECAME = 3385; impossible de commander les fascicules 6H séparément). At-tention! Dès 2015-2016, vous uti-liserez le solde des fascicules que vos élèves auront reçus en 5H.

Le guide didactique qui couvre les deux années 5H et 6H, avec des propositions d'exercices d'évalua-tion (réf CECAME = 3387)

Des compléments numériques (CN) qui seront disponibles sur la plateforme du PER.

Pour les 7H et 8H Aucun change-ment par rapport à l'année scolaire en cours!

Il va falloir choisir!Oui! Il y a beaucoup trop de mo-dules et c’est voulu! Les moyens étant romands, il était indispen-sable de proposer suffisamment de documents permettant de «re-joindre» le maximum d'élèves dans leur contexte de vie.

Vous devrez donc faire des choix! Rassurez-vous, des fils rouges ou scé-narios sont présentés dans les Guides didactiques (Géographie 5H, Histoire 5/6H) et, au besoin, l'animation dé-veloppera d'autres scénarios (Géo-graphie 6H par exemple) à téléchar-ger sur son site (HEP-VS).

Pour garder le capLe guide contient beaucoup d'infor-mations dont une partie est destinée à la formation didactique des futurs enseignants. Pour l'enseignant ex-périmenté, il y a quelques pages-clés dont:

a) Les scénarios d’organisation de l'année, pour faire des choix parmi les modules.

b) Pour chaque module, les appren-tissages principaux contextuali-sés ou ce que l’on appelle aussi... les objectifs.

c) Les propositions d'activités, sans hésiter à faire des choix!

d) Les institutionnalisations qui vous permettent de mieux comprendre ce que les élèves doivent savoir ou mieux maîtriser.

Enfin, ne nous laissons pas piéger par le côté léché des fiches. L'essen-tiel, en géographie et en histoire, sera d'emmener les élèves en en-quête dans le passé ou dans l'espace

en faisant vivre les questions suggé-rées pour chaque module. Et il y a de quoi stimuler la curiosité et l'intérêt des élèves!

Mais comment évaluer?En faisant le lien entre les appren-tissages travaillés et les institution-nalisations proposées, vous devriez pouvoir, non seulement déterminer les connaissances, mais également les outils et les capacités à maî-triser par vos élèves. L'important est de trouver un équilibre entre ces différents objectifs. Ce travail est déjà réalisé pour les banques d'exercices d'évaluation Géo 5H disponibles sur le site de l’anima-tion de la HEP-VS.

Informations sur les nouveaux moyensPour vous permettre de mieux maî-triser ces nouveaux moyens d'ensei-gnement, le DFS et l’animation vous proposent:

a) une formation obligatoire, orga-nisée par arrondissement entre le 2 et le 25 septembre 2014

Arrondissement 1 = mardi 2 sept.Arrondissement 2 = jeudi 4 sept.Arrondissement 3 = mardi 9 sept.Arrondissement 4 = jeudi 11 sept.Arrondissement 5 = jeudi 18 sept.Arrondissement 6 = jeudi 25 sept.

b) une formation continue en his-toire et / ou en géographie pour les 5, 6, 7 et 8 H voir catalogue en ligne de la Formation Conti-nue HEP-VS.

Et surtout!N’oubliez pas que l’un de vos col-lègues se tient à votre disposition comme animateur pour essayer, dans la mesure de ses capacités, de ré-pondre au mieux à vos attentes, à vos doutes, à vos questions!

Alexandre Solliard, instituteur et

animateur SHS

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201432

R e v u e d e p r e s s e

D ’un numéro à l’autreD ’un numéro à l’autre Economie autrichienne

Sabrer dans l’éducation pour sauver une banqueOù trouver de l’argent lorsque l’on doit sauver une banque en faillite? Le gouvernement de «grande coalition» autrichien a une solution: en réduisant le budget de l’éducation. C’est en tout cas la seule parade que Vienne a pour le moment trouvée pour combler le financement nécessaire du «sauvetage» d’une banque nationalisée en 2009 et criblée de créances douteuses. L’effort a été demandé au Ministère de l’éducation. Sur le papier, les économies ne semblent pas considérables: 57 millions d’euros cette année, 60 millions d’euros l’an prochain. Mais dans la pratique, les effets de ces mesures vont être durement ressentis parce qu’ils touchent directement l’organisation des établissements et la scolarité quotidienne des élèves. L’une des principales mesures concerne ainsi la taille des classes qui est fortement relevée.La Tribune.fr (14.04)

Violence à l’écoleRavages dès le primaireInsultes entre élèves. Bousculades dans les corridors. Bagarres dans la cour d’école. Selon la toute première enquête sur la violence dans les écoles du Québec, c’est au primaire – et non au secondaire – que ces incidents sont les plus répandus. L’enquête, réalisée auprès de 56 000 élèves, de 4800 membres du personnel des écoles (principalement des enseignants) et de 9000

parents, permet de tracer le tout premier portrait de la violence dans les écoles québécoises. Si les enfants peuvent parfois être rudes entre eux, ils peuvent aussi être violents envers leurs enseignants. Parmi le personnel scolaire, 10,5 % au primaire affirment recevoir des coups quelques fois par année de la part des élèves, alors que cette proportion est plutôt de 1,3 % au secondaire. Le Soleil (Québec) (24.04)

Education financière en Belgique

Un pavé de bonnes intentionsPartant de l’idée que, pour ne pas être des pigeons, il vaut mieux être formé ou au moins informé, un député demande au Parlement ce que l’enseignement secondaire fait en Belgique francophone pour encourager les connaissances financières des jeunes. «En tant qu’acteurs dans le domaine de l’éducation financière, nous estimons qu’il y a urgence. Au même titre qu’il appartient à l’école de préparer les jeunes à leur responsabilité de refaire demain le monde que leur auront laissé leurs aînés, l’école a un potentiel immense pour les armer face au monde d’aujourd’hui. Pour leur apprendre à comparer. Pour leur apprendre à poser des questions. Pour leur faire comprendre les réalités d’un tarif affiché. Pour leur éviter les conséquences de choix impulsifs. Pour leur faire saisir ce qu’ils peuvent attendre d’autrui et ce qui est de leur devoir. C’est ce souffle, raisonné et ambitieux, digne de l’appellation “éducation financière pour tous” que l’on attend.»La Libre Belgique (30.04)

Enquête

La guerre des langues est déclaréeDans les cantons de Suisse alémanique, les initiatives pour ne conserver qu’une seule langue «étrangère» à l’école primaire se multiplient. La place du français est menacée. Le paysage linguistique suisse ne rime plus seulement avec Röstigraben. Un nouveau fossé est apparu à la hauteur de la Reuss, à l’ouest, les cantons gentils, qui privilégient le français. A l’est, ceux qui idolâtrent l’anglais. Les partisans des deux langues ont deux bases juridiques en leur faveur. Alain Berset l’a déjà dit au Conseil national. Il privilégiera la cohésion nationale, ce qui lui a déjà valu l’étiquette de «bailli des langues» en Suisse centrale. Une chose est sûre. La CDIP, les cantons et les enseignants ont intérêt à résoudre cette question avant qu’elle suscite une initiative populaire au niveau fédéral.L’Hebdo (1.05)

Etudes

Les filles meilleures que les garçonsDepuis quelques années, de nombreuses études montrent que les filles ont de meilleurs résultats à l’école que les garçons, à tel point qu’aux Etats-Unis, les discussions tournent aujourd’hui autour de ce «nouveau» déséquilibre éducatif et des moyens d’aider les garçons à combler leur retard. Le constat est aussi

une des raisons pour lesquelles Hanna Rosin, contributrice de Slate.com, annonçait récemment le déclin masculin et l’arrivée d’une ère dans laquelle les femmes accèdent enfin au pouvoir dans son livre The End of Men (voici venu le temps des femmes). Mais la «crise» des performances des garçons à l’école part de l’idée que les garçons étaient meilleurs à l’école avant que les filles n’arrivent à refaire leur retard et à les dépasser. Selon une nouvelle étude de grande ampleur, cette idée est fausse: les filles ont de meilleurs résultats que les garçons dans toutes les matières, et ce depuis au moins 100 ans, rapporte le magazine du Smithsonian.Slate.fr (2.05)

SantéPrévention pour et par les jeunesDurant une semaine, les 19 classes de première année de l’Ecole de commerce, de culture générale et préprofessionnelle de Sion (ECCG-EPP) ont suivi une journée de prévention sur les dépendances et la sexualité. 450 élèves ont été touchés par cette opération. Particularité: les exposés matinaux d’une heure et demie étaient présentés par les élèves d’une classe d’EPP qui s’y sont préparés durant toute l’année scolaire. Des intervenants externes du SIPE (Sexualité, Information, Prévention et Education) et d’Addiction Valais les ont coachés avant et pendant ces présentations. Pour le médiateur de l’école, cette Semaine Santé aura été un franc succès. Les remarques faites par les auditeurs prouvent que ces journées

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n’auront pas été vaines et que la réflexion sur ces aspects préventifs ne devrait pas s’arrêter là.Le Nouvelliste (3.05)

BâleEcole virtuelle pour les enfants jenischUn projet éducatif sera mis à l’essai l’année prochaine. Proposé par des représentants des gens du voyage, il vise à améliorer leur niveau scolaire. Le programme «Lernen auf Reisen» sera lancé en août 2015. Ce projet pilote est élaboré par Cooperation Jenische Kultur, un regroupement d’organisations communautaires basé à Bâle, et subventionné par la Confédération. L’idée consiste à développer la formation en ligne dans le cadre de la scolarité obligatoire.20Minutes.ch (5.05)

Cycle PISAUne lettre ouverte demande une pauseGrâce à un tweet de Luc Cédelle, on découvre une lettre ouverte à M. Schleicher, directeur du programme PISA à l’OCDE, figurant sur le site du Guardian. Lettre qui, pour résumer l’argument principal, demande une pause dans le programme au nom de l’effet palmarès que PISA a sur les politiques éducatives, poussant à toujours plus de tests standardisés pour bien figurer dans les résultats, au mépris de la richesse nécessaire d’un curriculum et de la diversité des contextes socio-culturels. Les universitaires qui ont signé cette lettre, en compagnie d’autres acteurs éducatifs (représentants de parents, chefs d’établissements…) sont pour la plupart des chercheurs assez renommés dans le monde anglo-saxon, plutôt situés dans ce qu’on appellerait en France la mouvance de la sociologie

des politiques publiques ou de la sociologie des politiques d’éducation. Certains (Stephen J. Ball, Harvey Goldstein, Atkinson…) ont déjà publié des travaux dans des publications francophones comme la Revue Française de Pédagogie ou collaboré avec des Français dans le cadre d’ouvrages.Eduveille (7.05)

NeurologieAgressé, il devient un génie des mathsL’histoire a tout d’un scénario de film. D’ailleurs, la référence au cultissime Rain Man n’est jamais très loin quand il est question de Jason Padgett. Agé aujourd’hui de 43 ans, cet Américain est devenu un génie des mathématiques en 2002 après avoir été violemment agressé au sortir d’un karaoké. Frappé «à l'arrière de la tête» jusqu’à tomber «inconscient», Jason Padgett a vu sa perception du monde bousculée dès le lendemain de son agression. Depuis, Jason Padgett est devenu mathématicien, dessine ce qu’il voit, comme des fractales, et revend ses œuvres.Slate.fr (7.05)

Histoire au secondaire

Des mécontents québécoisLe cours d’histoire de troisième et quatrième secondaire a fait l’objet de nombreuses critiques au cours des dernières années. Présentement, la matière est enseignée chronologiquement en troisième secondaire et présentée sous quatre grands thèmes l’année suivante, si bien que les élèves de quatrième secondaire ont l’impression d’avoir déjà vu le contenu. Une nouvelle mouture du cours devait être enseignée sous forme de projet-pilote cet automne, mais le ministre Bolduc a décidé de mettre ces changements sur la glace.Le Soleil (Québec) (9.05)

Coaching scolaire

Mode d’emploiAh les devoirs à la maison, tout un poème! Et parfois une bien difficile équation. Que faire alors? En plus des

structures de soutien scolaire mises en place par les cantons, il existe des répétiteurs, qui se chargent de faire réviser son vocabulaire ou ses équations à Junior. Mais depuis quelque temps se

développe également une offre de coaching en devoirs. Auteure d’un livre éclairant sur les problèmes scolaires, Isabel Perez a ouvert il y a quatre ans à Lausanne IP Coaching, une structure répondant à un vrai besoin: une trentaine d’enseignants accueillent désormais chaque semaine quelque 70 élèves.Migros Magazine (12.05)

Illettrisme en FranceAnalphabétismes des temps modernesNul doute, tant qu’il demeurera un analphabète ou un illettré, quelqu’un qui ne sait pas ou peu ou plus lire et écrire, il conviendra d’agir, d’instruire, d’enseigner, de remédier contre ce fléau qui interdit de vivre. Si «agir ensemble contre l’illettrisme» était le slogan de l’année 2013, qui était consacrée à cette grande cause nationale, il continue d’être un objectif et une démarche pour laquelle il convient de rester mobilisé. Mais en plus de l’accès de tous à la lecture et à l’écriture, il est indispensable que chacun puisse accéder aux compétences de base, numériques aussi, qui rendent possibles notre quotidien comme l’exercice de notre citoyenneté.Question d’Educ (14.05)

Forum des enseignants innovants

Des idées qui pourraient faire écoleLe 7e Forum des enseignants innovants est l’occasion de découvrir des expériences pédagogiques qui sortent de l’ordinaire. Un professeur d’histoire-géographie pratique la classe inversée. Un professeur de maths utilise des détours, des maquettes, et fait même jouer des saynètes de théâtre pour incarner des réalités mathématiques. Une enseignante d’arts plastiques invite ses classes à tendre des fils à linge à travers la cour, et à y accrocher l’espace d’une journée leurs œuvres réalisées sur des feuilles format A4. Une professeur de français / philosophie a créé un blog de termes philosophiques…Nouvel Observateur (17.05)

Ecole de demain?

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L a n g u e s

Dans le cadre de mon travail de ma-turité professionnelle commerciale (MPC), j’ai eu l’opportunité de sou-mettre deux questionnaires sur les séjours et échanges linguistiques (ré-unis sous le terme «voyages linguis-tiques») aux élèves des ECCG du Va-lais et à leurs enseignants.

Les buts de ces questionnaires étaient de comprendre pourquoi si peu d’élèves partent en voyage lin-guistique, de déterminer les diffi-cultés rencontrées par certains, mais aussi de pouvoir proposer des solu-tions pour faciliter l’accès à de telles formations.

Pour illustrer ces questionnaires, j’ai choisi d’interviewer deux catégories d’élèves, représentant les principales tendances des réponses, mais aussi de connaître l’avis d’un directeur.

Anika Zermatten«Partir? Oui mais…»Anika, 18 ans, étudiante en 3e année de l’ECCG de Sion, rêve, comme beaucoup de jeunes de son âge, de voyager, de découvrir et d’ap-prendre. Une première difficulté re-tarde son départ: les séjours linguis-tiques coûtent cher et les échanges l’intéressent moins.

Anika, aimerais-tu partir en séjour linguistique?

Oui, mais de pré-férence dans un pays lointain. Si je fais un séjour, j’ai-merais découvrir un pays par la même occasion. Je n’aime pas trop l’allemand, par contre l’an-

glais m’intéresse. Par exemple, j’avais imaginé de partir en Austra-lie mais cela coûte cher.

Plutôt un long séjour ou un séjour de courte durée?Je pensais un semestre au moins pour que ce soit utile. Je ne vois pas l’intérêt de partir 2 semaines. Je pense qu’il faut partir relative-ment longtemps pour avoir le temps de s’immerger et de bien apprendre.

As-tu été encouragée ou découra-gée par ton entourage?Mes parents m’ont encouragée à partir. Ils sont convaincus que l’im-mersion est un bon moyen pour apprendre une langue. Avant de changer d’orientation, on m’avait proposé de partir en séjour linguistique, le métier d’assistante-vétérinaire demandant de bonnes connaissances en allemand.

Cela te fait-il peur de devoir par-tir seule?Oui, surtout pour plusieurs mois. Depuis que je suis petite, je suis en-tourée de ma famille. Si j’ai un pro-blème, mes parents sont là pour m’aider tandis que si je partais à

l’autre bout du monde, je devrais me débrouiller toute seule, qui plus est dans une langue étrangère.

De pouvoir rencontrer et discuter avec des élèves ayant effectué un voyage linguistique te rassurerait?Oui j’en suis sûre. Je pense que de savoir ce qui nous manque, si on ne se sent pas trop seul et toutes sortes d’autres réponses à mes questions me rassureraient.

Nolwenn et Fatona«Tout le monde devrait faire ça!»Nolwenn Boson et Fatona Haxhija, deux jeunes filles de 18 ans, sont dans la même classe à l’ECCG de Martigny. Elles ne se côtoyaient que dans le cadre scolaire et ne s’attardaient pas

Voyages linguistiques, plus que des cours de langueVoyages linguistiques, plus que des cours de langue

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sur leurs vies respectives lorsqu’elles se parlaient.

Au détour d’une conversation, elles se sont rendu compte qu’elles avaient réservé un séjour linguistique, dans le même pays (Allemagne), dans la même ville (Munich), dans la même école et pratiquement aux mêmes dates, sans même s’être concertées auparavant. Un séjour qui ne les a pas laissées indifférentes.

Pour commencer pourquoi êtes-vous parties?Nolwenn: Je suis partie pour amé-liorer mon niveau d’allemand. J’ai-merais faire la HEP où deux semestres se font à Brigue.Fatona: Pour ma part, c’était également pour m’amélio-rer, atteindre au moins un ni-veau B2 1.

Comment s’est déroulé votre premier jour?N: Le premier jour là-bas, on était dans une grande salle avec tous les nouveaux élèves. On nous a sou-mis à un examen pour nous répartir dans les classes en fonction de notre niveau. J’ai fini dans la classe A2 et Fatona B1, mais après 3 semaines j’avais progressé et me suis retrou-vée dans la même classe qu’elle.

A combien estimez-vous le prix de ce séjour?N: Pour les deux mois que j’ai pas-sés à Munich, si je compte le voyage, l’hébergement, l’école et tout le reste, on arrive à environ CHF 8000.–F: Pour ma part c’était plus cher car j’ai un peu trop dépensé (rires). Rien que pour six semaines d’école, j’en ai eu pour CHF 6000.–. J’avais un petit job à côté de l’école, ce qui m’a per-mis de me payer ce séjour.

Avez-vous constaté des change-ments au niveau personnel?F: Dès que je suis arrivée là-bas, les rencontres et les amitiés que j’ai faites ont vraiment changé ma vi-sion du monde. Au niveau de l’alle-mand, je me suis surtout améliorée dans l’expression orale et la com-préhension.

N: On est revenues plus «dé-brouilles». Le premier jour je n’osais même pas commander un bretzel et à la fin j’ai même réservé l’hôtel pour ma maman. Je pense que tout le monde devrait faire de tels sé-jours, cela permet notamment aux gens timides de s’ouvrir.

Auriez-vous envie de repartir?N: Oh oui! J’aimerais partir une année en tant que jeune fille au pair.F: J’ai également envie de partir une année, mais pas avec Nolwenn, pour que ce soit un peu l’aventure.

Patrice Birbaum

«En règle générale, ces voyages sont très positifs et formateurs»Patrice Birbaum, di-recteur de l’ECCG de Monthey, nous

avoue qu’il ne parle pas très bien al-lemand. Partir durant deux étés à Tü-bingen, lorsqu’il avait 13-14 ans, lui a permis de se découvrir mais aussi de se confronter à une autre culture.

Avez-vous déjà participé à un séjour ou un échange linguistique?Oui, durant 2 étés, grâce au jume-lage de Monthey avec Tübingen. Ces échanges furent des expériences très enrichissantes. On se rendait compte que l’allemand qu’on «baragouinait» servait quand même à quelque chose.

En tant que directeur d’ECCG, que pensez-vous de l’engouement des jeunes pour les voyages linguis-tiques?En règle générale je trouve ces voyages très positifs et formateurs. On en fait la promotion, c’est-à-dire que depuis deux ans, on invite Ma-dame Barras à venir présenter le Bureau des Echanges Linguistiques, on met également des brochures et autres informations à disposi-tion. Grâce à cela, de plus en plus d’élèves sont prêts à partir plusieurs mois, la proportion restant malgré tout faible.

Est-ce que vous pensez que les sé-jours devraient être mis sur un pied d’égalité avec les échanges?Je pense que les séjours devraient rester du domaine privé. Par contre, l’école doit veiller à montrer ce qu’il est possible de réaliser, en complé-ment au système d’échanges perfor-mant qui existe en Valais.

Est-ce qu’on pourrait imaginer de remplacer l’examen final par un di-plôme de langue, afin que chaque élève sorte de l’ECCG avec un certi-ficat de langue en poche?Les examens finaux de langues sont conçus selon le modèle et le niveau des diplômes de langues internatio-naux, mais nous n’avons pas l’accré-ditation pour délivrer ces certificats. Cependant, celui qui veut passer ce genre de certificat peut le faire avec notre aide, puisque l’école propose des cours préparatoires. Beaucoup le feront une fois le cursus terminé.

Propos recueillis par Cyrille Déléglise

Note

1 Infos sur les différents niveaux: www. reseauetudiant.com/savoir/cours-et-formation-1/cours-langues-niveaux.htm

l’

auteur

Cyrille Deléglise, diplômé de l’Ecole de commerce de Monthey, a effectué plusieurs séjours linguistiques (3 mois à Berlin et 3 mois à Vancouver). Il est stagiaire MPC auprès du Service de la formation tertiaire, où il collabore dans trois domaines: Unité de recherche sur le système de formation, Résonances et Secrétariat et ressources humaines.

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C P V A L

Sans en faire une priorité absolue, CPVAL s’efforce d’investir dans des sociétés socialement responsables respectant des critères éthiques. Cette réflexion mérite qu’on s’y at-tarde un peu.

En effet, on peut se demander si les investissements socialement respon-sables (ISR) ont quelque chose à voir avec l’éthique. Il suffit de consul-ter le prospectus de certains fonds de placement socialement respon-sables pour constater bien souvent une absence de transparence dans la sélection des titres ou l’indication expéditive de quelques filtres des-tinés principalement à exclure cer-tains domaines comme le tabac ou l’armement. Vouloir contribuer à un monde financier davantage axé sur les valeurs morales est pourtant une entreprise louable et porteuse de perspectives durables. Encore faut-il pouvoir concevoir des inves-tissements moralement bons, qui in-tègrent un vrai souci pour les valeurs morales et, dans le même temps,

qui soient bons en tant qu’inves-tissements.

La finalité habituelle d’une entre-prise définit sa responsabilité sociale. S’il s’agit pour ses dirigeants de réa-liser le plus de profit possible, alors la sphère d’influence se limitera à l’actionnaire. Cette vision radicale n’a toutefois pas que des adeptes. Cette zone d’influence d’une entre-prise peut en effet être étendue à tous les acteurs qui prennent part à son activité, à savoir les clients, les fournisseurs, les partisans de l’envi-ronnement, les communautés locales et finalement la société au sens large. Cette vision élargie se rapproche le plus du concept de responsabilité so-ciale. Le profit n’est plus le seul ob-jectif d’une entreprise. Il devient un objectif parmi d’autres. La recherche du profit n’est plus la seule valeur. La moralité entre en scène, cherchant à valoriser les autres participants de sorte que tous les efforts de celle-ci convergent vers l’idée d’un certain bien social. Deux grandes théories

morales motivent à ce sujet la bonne action à la fois pour l’entreprise et pour l’investisseur. Il s’agit de l’uti-litarisme et du déontologisme, mais n’allons pas si loin puisque ces deux théories ont également leurs défauts.

Mais alors comment définir pareilles entreprises? S’il fallait tenter une dé-finition, une bonne entreprise est une organisation dirigée par des personnes qui font preuve des ver-tus requises pour la fonction (com-pétence, intégrité et justice) et qui prennent les meilleures décisions pour le plus grand bonheur du plus grand nombre, dans le respect de la dignité de toutes les parties concer-nées. Roche et ABB en Suisse sont des exemples de sociétés très bien gérées, sensibles aux exigences éthiques, qui excellent dans cette voie.

La découverte, le suivi et l’évalua-tion de ces sociétés moralement su-périeures représentent aujourd’hui un défi majeur pour le monde de la finance, et donc pour nous Caisses de pensions, qui devons gérer des actifs d’assurés. Mais ce défi regorge en même temps d’opportunités nou-velles pour une industrie qui cherche à redorer son blason.

En effet, qui n’est pas sensible aux critères éthiques aujourd’hui? Cette sensibilité des assurés ne s’est-elle pas passablement accrue ces dernières années? Mais par ailleurs, ces mêmes assurés, ne sont-ils pas également devenus plus exigeants en termes

C’était écrit dans l'Ecole primaire valaisanne, janvier 1854«L'homme qui sait lire ne connait pas l'ennui; il a à sa disposition tout ce qui peut éveiller la curiosité, intéresser l'esprit, émouvoir l'imagination. Veut-il voyager au loin, entendre le récit des désastres ou des triomphes de son pays, écouter les inspirations des poëtes, assister aux merveilleuses découvertes des savants, suivre les aventures romanesques de quelque héros imaginaire, la lecture comme une fée complaisante, l'emporte où il veut aller! souverain tout-puissant, sa cour est formée des plus grands génies que la terre ait vu naître, et qui, esclave de son plaisir, se taisent ou élèvent la voix selon sa fantaisie.»L'Ami des Régens, journal pédagogique pour les écoles françaises du Valais, 1er janvier 1854

Les valeurs morales dans l’investissement éthiqueLes valeurs morales dans l’investissement éthique

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R e c h e r c h e

de performance, surtout après une décennie perdue où les marchés n’ont pas délivré les rendements at-tendus? Or, comme l’ont montré de nombreuses études, une entreprise moralement bonne selon cette défi-nition aurait plutôt tendance à voir sa performance financière renfor-cée, ce qui constitue indéniablement l’un des meilleurs gages de perfor-mance boursière solide et durable.

ConclusionLe défi pour CPVAL sera, et vous l’au-rez certainement compris, de trouver des investissements qui permettent de remplir simultanément ces deux critères fondamentaux, rentabilité et attitude socialement responsable et éthique. Tant et aussi longtemps que les placements collectifs dits éthiques n’offriront pas les mêmes critères quantitatifs (performance, risque) que les placements qui ne portent pas ce label, ces investisse-ments ne rentreront pas dans l’uni-vers de placement de la Caisse, pour qui la rentabilité reste l’objectif et la priorité No 1. Toutefois, restons op-timistes et positifs! Ces placements s’améliorent et deviennent égale-ment plus transparents et plus ou-verts. La volonté subjective d’y inves-tir est bien présente dans l’esprit des dirigeants de la Caisse, mais encore une fois, pas à n’importe quel prix!

Patrice Vernier

E n r a c c o u r c i Dossier educa

Les courses d’école

En été, les trains, les bus et les bateaux de tout le pays se remplissent d’élèves en course d’école. La rédaction d’educa.ch a sélectionné quelques sites proposant aux enseignantes et enseignants des idées et des conseils pour l’organisation d’une journée d’excursion réussie.http://enseignement.educa.ch/fr/courses-decole

Recherche sur l’école enfantine

«L’école enfantine est souvent consi-dérée comme une école ayant des fortes spécificités se distinguant ainsi nettement de l’école primaire. Cette recherche, conduite avant la mise en œuvre du concordat Har-moS, interroge ses spécificités sur la base de l’analyse des pratiques déclarées d’enseignantes de l’école enfantine et de première année pri-maire. Contrairement aux attentes, ces pratiques apparaissent nette-ment plus proches que ne le lais-saient supposer les textes officiels et les discours communs. Si l’école enfantine a bien des caractéris-tiques qui lui sont propres, celles-ci concernent principalement le rôle moins directif de l’enseignante en classe. Mais, à part l’évocation de cet espace de liberté, la nature des objec-tifs d’apprentissage, des types d’activités et de l’évaluation propres aux deux premières années scolaires reste floue et difficile à percevoir. Alors qu’une large ma-jorité des enseignantes s’accorde à affirmer leur existence, les descriptions des enseignantes in-terrogées dans cette recherche n’ont pas permis de clarifier les spécificités de l’école enfantine au-delà d’une simple opposition au fonctionne-ment plus réglementé et structuré de l’école primaire.»

Patricia Gilliéron Giroud, Anne Meyer (Avec la collaboration de Ca-role Veuthey). Pratiques déclarées

Publications récentes

d’enseignement et d’évaluation dans les premières années d’école. Les spécificités de l’école enfantine en question. Lausanne: URSP, 2014.www.vd.ch/autorites/departements/dfjc/ursp

Recherche sur les instituts de formation des enseignants

«L’intégration des institutions de formation des enseignants dans le système tertiaire est à considérer comme un événement majeur dans la politique éducative suisse et qui se trouve avoir des conséquences importantes à différents niveaux. Cette thèse explore les changements organisationnels et institutionnels résultant de cette intégration, et

elle se propose d’éva-luer (…) les change-ments institutionnels qu’elle a entraînés. Les principaux as-pects traités sont la nouvelle mission de recherche attribuée à ces institutions de formation des en-seignants, ainsi que leur place par rap-port aux autres institutions du ni-veau tertiaire.»

Denzler, Stefan. Integration of Tea-cher Education into the Swiss Higher Education System. PhD thesis, Univer-sity of Lausanne, 2014. (Résumés de l’auteur en français, en allemand et en anglais sur le serveur de l’Univer-sité de Lausanne (http://serval.unil.ch/?id=serval:BIB_98AF6E7FC8D6); texte complet en PDF sur Edudoc (http://edudoc.ch/record/112267) ou sous http://my.unil.ch/serval/ document/BIB_98AF6E7FC8D6.pdf).

Publications récentes

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Dans mon article précédent1, je pré-sentais les nouveautés significatives apportées par le Plan d’études ro-mand au niveau des Activités créa-trices et manuelles ainsi que le chan-gement de posture demandé aussi bien au maître qu’à l’élève. L’auto-nomie laissée à l’élève engendre une gestion plus complexe des activités et pose problème aux enseignants rodés aux méthodes traditionnelles. Cette nouvelle orientation voulue par le PER interpelle également les parents en leur demandant de por-ter un regard différent sur les objets ramenés à la maison.

Si la question reste encore vive parmi les enseignants en place, qu’en pensent les maîtres en formation PIRACEF 2, eux qui entrent de plain-pied dans la nouvelle didactique des AC&M? Pour nourrir la réflexion et le débat voici quelques extraits tirés de leurs travaux réflexifs:

A propos de la créativité«J’ai pu remarquer d’autre part la confusion qui règne autour de ce terme. Bien des personnes pensent que créativité rime avec liberté […]. Mais n’oublions surtout pas que la créativité a besoin de règles et qu’elle se développe d’autant mieux qu’elle s’appuie sur des contraintes 3». Pour favoriser la créativité, il ne s’agit donc pas de «laisser faire» mais de proposer à l'élève des activités basées sur des consignes suffisam-ment ouvertes (situation problème – contrat) pour lui permettre de don-ner une réponse personnelle, indivi-duelle, originale. La multiplicité des réponses apportées par les élèves est un très bon premier indice de la per-tinence de la demande faite par l’en-seignant. Une des tâches de celui-ci

réside donc dans la formulation de ce type de sollicitation.

Attention encore à ne pas confondre la créativité de l’enseignant et celle de l’élève! «Lorsque les consignes disent à la fois le but et la procé-dure, l’enfant n’a pas à chercher, à construire, à créer, il exécute; cela ne peut pas servir à apprendre, à faire construire une compétence ou une connaissance. Ces situations font faire de belles œuvres mais qui ne sont identifiables que pour le maître. L’enfant n’a ni appris ni conquis une parcelle d’identité. Il a consommé des consignes.4» (Laureline Hache)

A propos de la conceptionEtre concepteur ou designer c’est un métier à part entière, cela veut donc dire qu’il nécessite plusieurs années d’apprentissages complexes. Néan-moins on peut être optimiste et au-dacieux et essayer de faire de nos élèves des concepteurs en herbe. Il s’agit de les sensibiliser, de les rendre

attentifs aux nombreuses étapes qui précèdent la fabrication des objets de la vie courante. En effet, lorsque l’on crée un objet, si simple soit-il, on se pose automatiquement des ques-tions de conception. Le problème c’est qu’on ne prend pas toujours le temps de développer ce questionne-ment. Il s’agit donc de donner aux élèves les moyens d’aller plus loin. De leur fournir un cadre, des exemples, une marche à suivre pour nourrir leurs réflexions. (Caroline Lamon)

Bien que les activités de conception soient un terrain très fertile pour les apprentissages, est-il nécessaire de confier, à chaque fois, toute la conception de l’objet à l’élève? Lors de travaux effectués sur du bois ou du métal, la fourniture et le prix du matériel peuvent nécessiter un cadre précis autour de la finalité de l’ob-jet. Dans ce cas, I’«outil» CRS 5 peut être très efficient: la création de «si-tuations pour réfléchir» permet à l'enseignant d'offrir des occasions de déploiement de la créativité dans les

A C & M

Créativité et apprentissage au niveau des AC&MCréativité et apprentissage au niveau des AC&M

Le PER invite à porter un regard nouveau sur les AC&M.

Laurent Emery

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champs techniques et conceptuels, tout en gardant une certaine maî-trise sur l'aboutissement de l'objet. De plus, ces moments de «remue - méninges» enthousiasment beau-coup les élèves. (Valérie Dupasquier)

A propos des objectifs d’apprentissageJe crois qu’ils doivent être le point de départ de la démarche de l’ensei-gnant. A partir du moment où il sait clairement les apprentissages qu’il veut proposer, celui-ci peut alors éla-borer la façon dont il va les présenter à ses élèves afin qu’ils puissent les in-tégrer au mieux par leurs activités. Je pense que ces «objectifs d’apprentis-sages» doivent être transmis claire-ment aux élèves ainsi que le moment et le contenu des évaluations. Une communication précise du sens de la tâche est nécessaire pour que l’ap-prenant puisse prendre en charge sa formation. (Valérie Dupasquier)

A propos de la place de l’objetIl faut bien admettre qu’il est diffi-cile, pour nous, enseignants, de ne pas laisser prôner la finalité de ces objets dans notre esprit lorsqu’on planifie nos leçons. Pourtant, l’élève doit construire des apprentissages avant tout. L’objet ne devient alors qu’un prétexte à l’édification de ceux-ci. (…)

Bien que prétexte au développe-ment des compétences de l’élève, la finalité de l’objet doit garder, à mon avis, une place importante dans nos activités. Un objet non-abouti ou mal facturé suscite chez l’élève un sentiment d’insatisfaction qui peut fortement gâcher la relation qu’il établit avec notre branche. (…)

Equilibrer les tensions entre la réus-site de l’objet et la construction des compétences de l’élève est-il un enjeu utopiste? Je pense qu’un esprit flexible, réactif et... créatif, permet à l’enseignant d’optimiser la gestion de ces paramètres. (…) Il pourra s’appuyer sur le fonde-

ment de sa démarche pour évoluer et voir ses habiletés de «concepteur de tâches» progresser au fil des an-nées. (Valérie Dupasquier)

A propos du regard des parents J’ai toujours été sensible au côté es-thétique des dessins et des objets que mes enfants ramenaient à la maison. Bien entendu, je leur de-mandais comment ils avaient fait, quelles techniques ils avaient utili-sées, s’ils avaient aimé travailler avec certains matériaux. Je me focalisais beaucoup plus sur le côté technique et esthétique que sur les vrais ap-prentissages…!

Des apprentissages dont je n’étais que peu consciente… malheureu-sement!

Au fil des cours, ça a donc été une véritable révélation de découvrir tous les enjeux cachés derrière ces projets! J’ai aussi été un peu une sur-prise, même un peu fâchée de mon ignorance jusqu’à ce jour de n’avoir même pas soupçonné ces trésors.

Le côté esthétique est bien sûr tou-jours important pour moi mais telle-ment moins que toutes ces capacités transversales à développer…

Maintenant, je préfère que mes en-fants me ramènent un projet person-nel, où ils se sont impliqués dans la réalisation, où ils ont donné de leur personne et peut-être un peu moins bien fini que si c’était un projet de leur maîtresse super bien pensé et avec de super finitions mais où ils se sont contentés de suivre les consignes et de choisir la couleur des peintures utilisées…

C’est comme si tout à coup, j’avais ou-vert les yeux… Moi, j’ai eu la chance de pouvoir changer mon regard, de voir au-delà des apparences… un peu comme dans le Petit Prince où l’essentiel reste invisible. (…)

Je pense qu’avec plus d’information, beaucoup de parents changeraient

aussi leur regard sur les bricolages ra-menés de l’école… (Nathalie Richard)

Notes

1 PER: Travaux manuels au CO, une nou-velle orientation. Résonances mars 2014.

2 Programme intercantonal romand de formation à l’enseignement des Acti-vités créatrices et l’économie familiale.

3 J.-M. Zakhartchouk, L’imagination au pouvoir, Résonances, avril 2008.

4 Anne-Marie Doly et Robert de Rosa, Construire son identité à la mater-nelle, Nathan pédagogie, 2006.

5 Outil didactique développé par l’UER art et technologie de la HEPL.

6 La créativité. Une finalité? Une passe-relle pour apprendre? Educateur, fé-vrier 2014.

Pour prolonger la réflexion et bien comprendre les enjeux des changements, je vous propose la lecture de l’article «Créatif en AC&M… oui, mais comment?» de Denis Leuba, responsable de la formation PIRACEF, paru dans l’Educateur 6.

En voici l’introduction:«Notre expérience montre fré-quemment qu’un objet d’élève issu d’un processus créatif est perçu par l’entourage comme maladroit, ne correspondant pas vraiment aux critères de bien facture attendus. Si l’élève est petit, c’est charmant; s’il est adolescent, c’est navrant. Bien des enseignants se trouvent donc dans la désagréable situation de devoir choisir entre les qualités de l’objet produit sous leur conduite ou le développement de la créa-tivité de leurs élèves. …» … et sa conclusion:«Nous disons: l’un et l’autre! Un objet créé par l’élève et un objet de qualité. En prime, un objet qui permette à l’élève de progresser dans des apprentissages expli-cites!»

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201440

Régulièrement, nous vous pré-sentons des mémoires de fin d’études dans le cadre de cette rubrique. Mélanie Bolis-Tornay, aujourd’hui enseignante à Or-sières, avait rédigé son travail sur l’influence des relations d’affinité sur les interactions sociales.

Les compétences cognitives se construisent socialement par le biais d’interactions. Forte de ce constat, l’auteure de ce tra-vail a ciblé son regard sur la re-lation entre les interactions et les liens d’affinité. La littérature met en exergue que les amis (su-jets connaissant des relations d’af-finité) travaillent dans un contexte favorable à l’apprentissage. Au contraire, les groupes de non-amis peuvent élaborer des interac-tions sur un mode excluant l’autre (contexte compétitif). Ainsi, les concepts développés sont les inte-ractions sociales, en lien avec l’ap-prentissage, et l’affinité, en lien avec la sociométrie.

Sur cette base, un questionnaire so-ciométrique a été élaboré en vue de mesurer les relations entre les élèves au sein de la classe d’expéri-mentation. Les résultats récoltés et analysés ont permis de former des groupes composés d’amis (présence de relations d’affinité) et compo-sés de non-amis (absence d’affinité). Par la suite, les groupes d’élèves ont été mis en situation de résoudre un problème ouvert et une observa-tion a été menée afin de recueillir les interactions entre les membres des groupes.

Les données récoltées ont été ana-lysées à l’aide d’une grille basée sur la partie théorique du travail. Cette

D u c ô t é d e l a H E P - V S

étape a permis de mettre en évi-dence les interactions favorisant l’apprentissage et celles l’entra-vant. Ces interactions ont été mises en lien avec les relations d’affinité présentes au sein des groupes. Le but de cette partie étant d’identifier quel type de regroupement (amis ou non-amis) favorise davantage l’ap-prentissage. Les résultats obtenus montrent que les groupes compo-sés d’amis ont fonctionné selon un mode coopératif, ils ont beaucoup échangé et davantage développé leurs explications.

Cependant, dans l’un des groupes de non-amis, les sujets ont tout de même baigné dans un contexte fa-vorable à l’apprentissage. Quant aux autres groupes, présentant un résul-tat plus mitigé, un post-test serait nécessaire pour mesurer les progrès individuels de chaque élève.

Cette recherche n’aboutit donc pas à des conclusions catégoriques. Ce-pendant, elle a le mérite d’orienter le regard sur une dimension intéres-sante de l’apprentissage.

Tornay, M. (2013). Influences des re-lations d’affinité sur les interactions sociales. Mémoire de fin d’études, Haute Ecole Pédagogique du Va-lais.www.hepvs.ch/images/stories/ recherche/memoire-tornay- melanie.pdf

Trois questions à Mélanie Bolis-TornayOn a l’impression que la dé-marche de votre travail vous a davantage apporté que les ré-sultats. Est-ce juste?Tout à fait. Je suis arrivée à des

résultats assez étranges, par contre, grâce à ce mémoire, j’ai pu prendre le temps d’analyser le fonctionne-ment des groupes. J’ai trouvé inté-ressant de pouvoir observer atten-tivement la manière dont les élèves interagissaient.

Pourquoi aviez-vous choisi cette thématique?Je me suis toujours questionnée sur les facteurs à prendre en compte pour constituer des groupes afin que les élèves travaillent vraiment ensemble et construisent des ap-prentissages. Le mémoire était l’oc-casion d’une analyse un peu fine et concrète.

Que retenez-vous de votre mémoire dans votre pratique d’enseignante?Lors des activités en groupes, je suis particulièrement attentive aux élèves qui ont le plus de difficulté à entrer en interaction avec les autres. Je réutilise certains outils de la socio-métrie, en les adaptant à mon degré d’enseignement.

Propos recueillis par Nadia Revaz

Mémoire sur les interactions et les liens d’affinitéMémoire sur les interactions et les liens d’affinité

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41Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

E d u c a t i o n m u s i c a l e

En marge de la fête cantonale de chant des enfants, Brigue, vendredi 2 mai 2014.

Nous avons eu le privilège de par-ticiper à cette manifestation fort joyeuse. Rappelons que c’est à la fête cantonale de Martigny en 1994 que la formule «Venez avec votre classe» a été mise en place, pour le plus grand bonheur de tous. Et, cette année, il y avait aussi de quoi jubiler.Pensez! 4300 élèves, essentiel- lement des classes enfantines et primaires de tout le Valais, dans une joyeuse cohorte multicolore et multilingue. Harmonies et mélodies dans les rues, sur les podiums et dans les salles de concert.

Chansons d’ici, chansons d’ailleurs et chansons d’aujourd’hui, dans un enthousiasme de bon aloi. On pou-vait ainsi passer du cirque à Johnny Hallyday, du rêve aux ritournelles, d’ABBA à Joe Dassin, de Miam-Miam à l’Arche de Noé, de Hugues Aufray à Musikalischer Küchensmaus, du «Weltreise» à «Autour du monde» 1.

Chapeau… aux élèves, pour leur désir de bien faire et leur implication profonde dans cette aventure.

… aux enseignantes et enseignants qui croient en la puissance du chant comme moyen de socialisation et de culture et qui ont fait de ce projet un élément essentiel de leur péda-gogie annuelle. Et ils étaient nom-breux 2 ces collègues que nous avons reconnus et avec qui nous avons pu partager des instants amicaux. Nous sommes d’autant plus en admiration qu’une telle journée demande un investissement de tous les instants

Une fête cantonale de chant réussieUne fête cantonale de chant réussie

précédé d’un travail intense pour mettre au point les chansons.

… également aux enseignants de musique qui ont su mobiliser leurs enseignants dans les établissements scolaires dont ils ont la charge.

… à celles et ceux qui ont pris la charge directoriale des quelque 25 ateliers avec toute l’énergie inhérente à ce genre d’activité. Diriger 200 voire 250 jeunes chanteuses et chanteurs mériterait une… médaille 3.

… à toutes les musiciennes et tous les musiciens accompagnateurs de ces ateliers qui ont su s’adapter à la situation avec brio.

… aussi aux parents qui ont ac-compagné leurs enfants tout au long de la journée et qui ont vibré lors des interprétations et du rassemblement final.

… aux directions d’école ainsi qu’aux administrations communales pour leur soutien logistique et financier.

… aux organisateurs de la Ville de Brigue pour leur sens de l’accueil.

… enfin, à Samuel Emery et Jean-Maurice Delasoie pour leur génie organisationnel et leur sang-froid à toute épreuve; mise à disposition des documents, organisation des ate-liers, des horaires.

Merci, aussi… à tous les collègues qui font de l’éducation musicale chantante dans leur classe une priorité mais qui n’ont pu participer à cette belle fête.

ProjetLa pédagogie du projet implique, comme mentionné, une multitude d’acteurs dans la plus parfaite colla-boration. Que chaque manifestation chantante organisée dans chaque recoin du Vieux Pays soit une fête.Bonnes vacances à toutes et tous.

Notes

1 Tous les documents nécessaires sont disponibles auprès de l’animation pé-dagogique, HEP-VS.

2 Il faudrait plus que cette page men-suelle pour tous les citer…

3 Plusieurs collègues ont avoué avoir perdu quelques grammes…

4300 élèves, essentiellement des classes enfantines et primaires,ont chanté à Brigue.

Bernard Oberholzer

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R e n c o n t r e d u m o i s

Enseignant actuellement en 3P au Vieux Collège à Monthey, Didier Ca-chat a choisi de s’exprimer via un blog, dans lequel il est notamment question d’école, sujet qu’il connaît bien depuis trente-sept ans. Ayant pris le goût de cet espace libre et citoyen, il lui arrive de raconter sa réalité scolaire sur son blog, dont le ton est davantage aux interroga-tions qu’aux réponses définitives. Rencontre avec l’instituteur, puisque c’est le terme qu’il utilise dans l’un de ses articles, et avec le blogueur.

Après avoir effectué ses écoles pri-maires et secondaires à Martigny, Di-dier Cachat a opté pour l’Ecole nor-male, formation qu’il a terminée à 19 ans. Il a enseigné pendant quinze ans à Val-d’Illiez. Ensuite, son par-cours de vie personnelle l’a conduit à Monthey, où il enseigne depuis vingt-deux ans, ayant alterné les de-grés entre la 2P et la 6P, avec une préférence pour les 3P-4P. Il fait par-tie des enseignants qui ont suivi une formation en sciences de l’éducation dispensée par le CRED à Sierre, et était dans la 1re volée des praticiens-formateurs de la HEP-VS.

Didier Cachat a toujours eu un rôle très actif dans les domaines sportif (il était footballeur et hockeyeur) et as-sociatif. A 40 ans, il s’est engagé dans la politique, se définissant comme un radical humaniste. Il a effectué une parenthèse active au sein du PLR, en qualité de conseiller géné-ral à Monthey et de député au Grand Conseil valaisan, mais celle-ci s’est ar-rêtée abruptement en octobre 2012, faute de voix suffisantes pour deve-nir conseiller municipal de sa ville. Après quatre ans dans la commis-sion de l’Education de la Culture et du Sport, il a siégé dans celle de la

Santé, des Affaires sociales et de l’In-tégration dont il a assumé la prési-dence pendant deux ans. Cette incur-sion dans la vie politique lui a donné le goût de débattre, d’où son envie de poursuivre en son nom le blog ini-tié à l’occasion de sa dernière cam-pagne. Didier Cachat se passionne également pour l’informatique et il est présent sur les réseaux sociaux. Montheysan oblige, il vit le carnaval avec intensité et était le Prince 2010, sous le nom de Cachalot 1er. Eh oui, il craignait que Didier Cuche ou Dider Défago lui fissent de l’ombre, alors il écarta le banal Didier numéroté. Avec son collègue Alexandre Dayer, ils ont même entraîné des classes dans l’aventure carnavalesque, ini-tiant le char des élèves du Vieux Col-lège il y a plusieurs années.

Si Didier Cachat peine à se souvenir de sa motivation initiale pour l’en-seignement, il raconte qu’il s’était présenté à l’examen d’entrée à l’Ecole normale, pour se tester. Il se souvient que son choix avait fait la

fierté de ses parents, appartenant au milieu ouvrier. Il n’imaginait alors pas faire le même métier toute sa vie. S’il se sent à l’aise dans sa classe, il confie, sans tabou, avoir été tenté de chercher un second souffle pro-fessionnel, «un peu par lassitude, mais aussi par envie de découvrir autre chose et par ambition de pro-motion». Et d’ajouter qu’après 50 ans, la prise de risque était néan-moins délicate à envisager.

Didier Cachat, les enseignants, même ceux qui font de la politique, s’expriment assez peu via les blogs ou les réseaux sociaux, non?C’est vrai que les blogs d’enseignants sont rares. Par contre, j’ai plusieurs collègues, également politiciens, qui sont actifs sur les réseaux sociaux, dont Pascal Rey et Jean-Claude Savoy.

Dans l’un de vos articles, intitulé «In-tégration scolaire des handicapés… et si OF n’avait pas tort!», vous par-lez d’un sujet que vous connaissez professionnellement puisque vous

D idier Cachat, enseignant et blogueurD idier Cachat, enseignant et blogueur

Didier Cachat enseigne à l’école primaire à Monthey.

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43Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Le blog de Didier Cachat:

http://didiercachat.com

avez accueilli plusieurs années des enfants en intégration dans votre classe, et personnellement avec un fils qui a mal vécu l’intégration et ne s’est épanoui qu’une fois en classe d’adaptation. Votre slogan est: «l’intégration oui, l’immersion et l’exclusion non.» Quelles seraient concrètement les pistes à suivre?La situation est tellement différente pour chaque enfant qu’il est impos-sible de généraliser. Il est faux de dire que l’intégration est la panacée. Par-fois ça se passe bien, parfois pas. Par ailleurs, le travail des titulaires qui intègrent des élèves handicapés mé-riterait d’être davantage reconnu. L’année passée, j’avais par exemple trois élèves en grande difficulté dans ma classe, avec une maîtresse d’appui fantastique, mais qui n’était présente que quelques heures par semaine. Outre le fait de devoir déployer de l’énergie en classe pour leur appor-ter une attention suffisante tout en ne perdant pas de vue les objectifs du programme pour les autres, il faut rencontrer les psychologues, les pé-dopsychiatres, etc. Les formations sont insuffisantes pour qu’un titu-laire puisse gérer des handicaps aussi divers que l’autisme ou la trisomie.

Dans un autre billet, vous évoquez votre situation d’instituteur, avec cette année une classe particulière-ment difficile…L’écriture de ce texte, qui est un constat, m’a aidé à me posi-tionner différemment. Certains enseignants m’ont dit qu’ils au-raient pu écrire les mêmes mots, ce qui démontre que je ne suis pas le seul à être confronté à ce type de situations.

Comment expliquez-vous ces dif-ficultés?Les enfants n’ont pas changé. Le seul problème, c’est qu’ils ne savent plus vivre ensemble, et ce pour de multiples raisons. Par ail-leurs, je constate que souvent les garçons n’ont pas envie de travail-ler et comme j’en ai dix-huit contre moins de la moitié de filles, je peine à les motiver à avoir des questions et à en chercher les réponses. Cepen-

dant, quand on connaît le parcours de vie de certains de ces enfants, on se dit qu’ils n’ont pas la possibilité d’avoir un comportement différent.

L’expérience professionnelle n’est-elle pas un atout?Je suis à l’aise au niveau de mes connaissances et compétences, mais je sens que ma patience commence à baisser, et ma tolérance également. Les nouveautés, notamment liées à l’introduction du PER, ne me font pas peur, mais dans notre métier, on nous demande de nous investir toujours plus en dehors du temps de classe.

Si vous deviez vous définir, dans quelle catégorie d’enseignant vous classeriez-vous?Je me qualifierais plutôt de progres-siste, car les nouvelles approches de l’enseignement m’intéressent. En classe, j’essaie d’être vivant et j’aime bien faire le clown. Par bou-tade, j’ai pour habitude de déclarer: «Chez Didier Cachat, on n’apprend rien, mais on a du plaisir à venir à l’école.» Et je rassure les parents, en leur disant que ce que les élèves n’apprennent pas chez moi, ils l’ap-prendront plus tard. Reste que ce portrait ne me correspond guère cette année, puisque j’ai surtout été sérieux et sévère et que j’ai dû pratiquer essentiellement un ensei-gnement frontal.

Qu’est-ce qui est essentiel pour en-seigner dans de bonnes conditions?Pour moi, l’important c’est que les élèves soient dans un environne-ment sécurisant, joyeux, et propice aux apprentissages. La bonne am-

biance n’empêche pas d’être exi-geant. Mon objectif, c’est de les rendre autonomes et responsables. Bref, le contraire de ce que j’ai réussi à instaurer cette année, même s’il y a du mieux depuis peu.

Si vous aviez une baguette ma-gique, que changeriez-vous dans votre classe?Un tableau blanc interactif, ce serait magique. L’un des défis de l’école, c’est aussi de coller à son époque. Un cours, donné avec les nouvelles technologies, permettrait peut-être d’éveiller la curiosité de certains de mes élèves décrocheurs.

Selon vous, les jeunes enseignants sont-ils bien formés?Assurément, ils le sont, mais surtout au niveau théorique. Sur le plan pra-tique, je pense que lors des stages il serait bien qu’ils puissent davan-tage enseigner, plutôt que de devoir faire des cours et rendre à chaque fois des rapports. Par ailleurs, pour-quoi n’y aurait-il pas un système de mentorat pour accompagner les jeunes qui sortent de la HEP? Avec ma classe de cette année, un jeune enseignant aurait eu besoin d’aide pour s’en sortir.

L’image de l’enseignant dans la so-ciété a bien changé. Comment reva-

loriser la profession?Les gens disent toujours que c’est un beau métier, avec beaucoup de vacances, mais en général ils ajoutent qu’ils n’aimeraient pas faire ce travail, pressentant bien les difficultés de la ges-tion de classe. Les politiciens veulent baisser le salaire des enseignants, alors qu’il faut encourager les jeunes à s’en-gager dans cette voie, si l’on veut éviter la pénurie. Et il faudrait de plus inciter les hommes à choisir ce métier,

histoire d’avoir un meilleur équi-libre. Autre élément fondamental, nous avons besoin qu’on nous fasse confiance.

Propos recueillis par Nadia Revaz

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L a sélection du mois Apprendre

D’où nous vient cette immense soif d’apprendre qui semble aujourd’hui plus intense que jamais? Outre les possibilités croissantes offertes par le numérique (MOOCs, serious games, sites en ligne…), les pratiques d’autoformation et les démarches autodidactes se multiplient. L’éducation non formelle (hors l’école), les apprentissages implicites font l’objet de recherches de plus en plus nombreuses. «Apprendre tout au long de la vie», mot d’ordre lancé par l’Europe à la fin du XXe siècle, se décline aujourd’hui en de multiples programmes. Mais comment apprendre et dans quel but? Quels sont les ressorts de la motivation? Quelles sont les forces et les faiblesses des nouvelles formes d’apprentissage? Les écrans modifient-ils le cerveau? Les sciences cognitives ont beaucoup renouvelé les perspectives et les recherches concernant les apprentissages. Cet ouvrage se propose de rappeler les fondamentaux et les avancées récentes de la recherche en matière d’apprentissage mais aussi d’explorer les mille et une manières d’apprendre tout au long de la vie.

Sous la direction de Véronique Bedin et Martine Fournier. Apprendre. Pourquoi? Comment? Auxerres, Sciences Humaines Editions, 2014.

Citation extraite de l’ouvrage«J’ai du mal à croire que l’on puisse un jour se passer d’un contact humain direct, que l’on puisse se passer de salles de classes et de contraintes temporelles pour assumer cette incroyable mission, si l’on comprend que cette mission s’adresse à tous les enfants et les adolescents. J’ai même tendance à penser que le monde dans lequel nous vivons étant de plus en plus complexe, riche, divers, imprévisible, nos enfants auront toujours besoin de plus de connaissances “non immédiates”, donc de plus d’école.» (André Tricot «Peut-on se passer des profs?»)

Un petit livre oublié sur un banc

A l’heure des textos et du livre numérique, «Un petit livre oublié sur un banc» est une histoire pleine de charme entre deux amoureux des livres... Une liaison épistolaire tendre et attachante, à contre-courant du flot numérique actuel...

Jim (scénariste), Mig (dessinateur). Un petit livre oublié sur un banc. Charnay-Lès-Mâcon: Bamboo Edition, 2014 (BD dès 12 ans).

Citation extraite de l’ouvrage«Ce livre est pour la personne qui le trouvera. Gardez-le. J’ai pris un grand plaisir à le lire, je tiens à ce que ce plaisir ne reste pas emprisonné sur une étagère de ma bibliothèque. Il est spécialement pour vous. Signé: un inconnu.»

Formation: l’autre miracle suisse

Si la Suisse a acquis une réputation mondiale en matière de savoir-faire horloger, pharmaceutique ou financier, il est un autre domaine dans lequel elle excelle: son système de formation, qui depuis l’apprentissage jusqu’à ses hautes écoles (HES, universités et écoles polytechniques) la place régulièrement en tête des enquêtes PISA parmi les pays européens, ainsi que des pays dont les institutions universitaires sont les plus attractives au monde. Comment cette machinerie complexe fonctionne-t-elle, comment s’organise-t-elle, qui sont les professeurs qui l’animent, que gagnent-ils, et comment sont-ils recrutés puis évalués? C’est à toutes ces questions et bien d’autres que répond cet ouvrage. L’auteur décrit tout d’abord l’originalité du système suisse de formation, en comparaison avec ceux des autres pays européens; puis, sur la base de données statistiques issues d’une vaste enquête de terrain, il révèle toute la singularité de cet appareil, qui chaque jour invente l’avenir de la Confédération.

François Garçon. Formation: l’autre miracle suisse. Universités – Ecoles polytechniques – HES – Apprentissage. Presses polytechniques et universitaires romandes, 2014.

Citation extraite de l’ouvrage«Voilà un peuple ayant compris que ni le protectionnisme, ni l’interventionnisme public mais l’innovation et ses applications industrielles permettaient de garder la tête hors de l’eau. Et que l’enseignement et la formation étaient les clés de la prospérité, sous réserve de ne jamais se couper du monde des entreprises, elles-mêmes appelées à assumer leurs responsabilités. Et que, sans excès, l’émulation permettait des prodiges.»

Les MOOC

Les MOOC (Massive Online Open Courses) bousculent les formes traditionnelles de formation initiale et continue. Ces nouveaux outils d’enseignement à distance qui tirent profit de la révolution du web et des réseaux sociaux nous obligent à repenser nos façons d’enseigner et d’apprendre.Sont-ils pour autant une menace pour les universités et les écoles?

L a sélection du mois

L i v r e s

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45Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

Les livres présentés dans cette rubrique sont disponi-bles à la Médiathèque Valais. www.mediatheque.ch

• Jeanne Siaud-Facchin. Tout est là, juste là. Méditation en pleine conscience pour les enfants et les ados aussi. Paris: Odile Jacob 2014.

• Max Frisch. Guillaume Tell pour les écoles. Hors Limite, 2014 (traduction de Camille Luscher, préface de Bernard Comment).

Et aussi

Ce livre apporte des réponses aux questions que beaucoup se posent:

Qu’est-ce qu’un MOOC, en quoi diffère-t-il de l’enseignement en ligne traditionnel?

Qui peut ou doit se former avec un MOOC et avec quels objectifs?

Comment réalise-t-on un MOOC?

Quelles sont les plates-formes disponibles pour développer ce type d’outil?

Quelle est la valeur d’un diplôme obtenu par le biais d’une formation en ligne?

Les MOOC vont-ils révolutionner l’enseignement ou simplement faire évoluer la pédagogie?

Est-ce la fin des universités ou seulement un formidable outil de formation tout au long de la vie?

Jean-Charles Pomerol, Yves Epelboin, Claire Thoury. Les MOOC. Conception, usages et modèles économiques. Paris: Dunod, 2014.

Citation extraite de l’ouvrage«Suivant une définition minimale proposée par un pionnier de l’enseignement de l’informatique en ligne, Christian Queinnec, on peut dire qu’un MOOC, c’est de l’enseignement à distance, accompagné d’évaluation essentiellement à distance elle aussi, associé à des réseaux sociaux qui favorisent les échanges entre étudiants.»

Enseigner, un métier sous contrôle?

Le contrôle du travail des enseignants est, dans nos sociétés, éminemment problématique: les intéressés craignent d’être contrôlés, les contribuables ne comprendraient point qu’ils ne le soient pas; les premiers pensent que leur métier n’est guère compatible avec un système de surveillance technocratique, les seconds expliquent que l’importance de la tâche qui est confiée aux enseignants impose une évaluation rigoureuse à laquelle, d’ailleurs, nul métier n’échappe aujourd’hui. Et que disent les chercheurs qui travaillent sur cette question? Que le moins que l’on puisse faire, c’est de poser la question. Le présent ouvrage s’attaque, sans tabou, à une question clé. Ecrit par des chercheurs de différents pays, il brosse un tableau très complet des pratiques et s’interroge sur les moyens de mettre en place une meilleure régulation de nos écoles pour une meilleure réussite de nos élèves. Même si les choses ne sont pas simples et si les solutions, là comme ailleurs, ne préexistent pas aux problèmes…

Coordonné par Monica Gather Thurler et Olivier Maulini. Enseigner, un métier sous contrôle? Entre autonomie professionnelle et normalisation du travail. Paris: esf Editeur, 2014.

Citation extraite de l’ouvrage«Les chercheurs en éducation peuvent se désintéresser de cette problématique, se désolidariser du contrôle comme “sale boulot”, perversité bureaucratique ou intolérable suspicion à l’égard des enseignants. Il me paraît préférable de ne pas creuser le fossé entre ceux qui assument des responsabilités et ceux qui peuvent discourir sur un système idéal. C’est à cette condition que le contrôle du travail des enseignants, plutôt que d’être bête, méchant et inefficace, peut devenir une source de régulation des pratiques, voire de développement professionnel.» (Philippe Perrenoud)

Professeurs débutants

Le métier d’enseignant est-il en crise ou définitivement en voie de mutation? En ce début de XXIe siècle se sont dessinés des changements profonds qui ont bousculé les repères traditionnels de la profession. C’est ce que montre cet ouvrage consacré à l’analyse des expériences et des épreuves vécues par les professeurs débutants dans les collèges et lycées. Il questionne, sur la base d’une enquête de deux années, plusieurs aspects autrefois déterminants, mais qui ont perdu leur caractère

d’évidence: la vocation, l’autorité, le rapport cultivé au savoir, l’identification à une institution reconnue. L’immersion dans le quotidien de classes et d’établissements contrastés, dans l’éducation prioritaire et ailleurs, dévoile un régime pédagogique marqué par l’incertitude. Les enseignants ont alors en charge de construire et de négocier un ordre scolaire qui n’est ni donné ni acquis. L’enjeu de transmission des savoirs ne s’efface pas, mais implique davantage la gestion des relations avec les élèves. Face à cet héritage professionnel qui se dérobe, les professeurs débutants inventent individuellement, en pointillé, ce que sera leur nouveau métier.

Pierre Périer. Professeurs débutants. Les épreuves de l’enseignement. Paris: puf, 2014.

Citation extraite de l’ouvrage«Les professeurs débutants, incertains de leurs qualités et identité, se montrent particulièrement attentifs et réactifs aux signes de considération reçus ou à leur absence.»

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Comment l’orientation des jeunes se construit-elle au fil des mois? Pour le savoir, nous avons pu, grâce à Patrick Rudaz, directeur du CO de Grône, et à Caroline Borgeat, psychologue-conseillère en orientation de l’éta-blissement, rencontrer six jeunes en 2CO, en novembre 2013, puis en mai 2014. Entre ces deux moments, Bap-tiste, Christelle, Danaë, Eric, Elise et Kevin ont avancé dans la construc-tion de leurs projets personnels, et la plupart ont effectué des stages.

Reste que, comme le relève la psy-chologue-conseillère en orientation du CO de Grône, qui travaille égale-ment au CO d’Anniviers, le parcours de ces jeunes n’est pas forcément emblématique, puisqu’ils étaient vo-lontaires pour ce jeu de l’interview. Si en 2e année, ils n’ont pas encore rencontré la conseillère en orien-tation, hormis pour lui emprunter des dossiers, ils la perçoivent tous comme une roue de secours.

Baptiste, la voie du sportEn novembre, Bap-tiste envisageait une carrière de journaliste spor-tif, estimant que ce métier pourrait lui correspondre. En Sport-Etude, il aime évidemment le domaine, a du bagout et suit

avec intérêt les reportages sportifs. Six mois plus tard, même si son choix est identique, la manière d’atteindre son objectif a évolué. Désormais, il pense que si ses notes sont suffi-santes, il ira directement au collège, même si ses parents et plusieurs en-seignants lui conseillent plutôt de

passer par la case 3CO, notamment en raison de ses entraînements de foot. C’est lors de ses stages à Canal 9 et au Nouvelliste qu’il a aban-donné l’idée de commencer par un apprentissage.

Baptiste se dit satisfait de ce qui est mis en place en matière d’orienta-tion, appréciant de pouvoir poser des questions sur les métiers à son titu-laire. Il a néanmoins une proposition d’amélioration: «Malgré les moyens mis à disposition, on a de la peine à découvrir les professions juste en en parlant, peut-être qu’il faudrait moins de théorie et davantage de pratique, pour expérimenter un peu plus concrètement, même en classe.»A ses yeux, le Salon des Métiers et Formations peut vraiment être utile, en particulier pour les jeunes qui ne savent pas trop ce qu’ils veulent faire plus tard. Idem pour les stages.

Christelle, un métier dans l’hôtellerieDepuis qu’elle a effectué deux stages linguistiques dans un hôtel à la Lenk, Christelle se projette dans l’hôtel-lerie. Elle a toutefois un deuxième choix, à savoir la couture, qu’elle considère plus comme un loisir. Cette année, elle a fait un stage de mo-tivation, organisé par l’hôtellerie suisse et valaisanne, à Grächen. Elle a aussi été stagiaire dans un hôtel à Sion et a pu découvrir la variété des activités. Dès lors, l’année prochaine elle suivra la 3CO, même si d’aucuns lui conseillent

d’aller au collège. Au terme de sa scolarité obligatoire, elle veut passer les examens pour entrer en appren-tissage. En cas d’échec, elle envisage de suivre une année d’ECG, de façon à pouvoir retenter sa chance. Entre-deux, elle espère effectuer d’autres stages, dans des hôtels étoilés.

Christelle trouve les cours sur les pro-jets personnels adaptés, grâce à l’en-gagement du titulaire dans le suivi de chacun: «On apprend beaucoup de choses sur chaque métier et on peut progressivement, par compa-raison avec notre carte de person-nalité, découvrir là où on se posi-tionne. Du coup, presque tous les élèves de ma classe ont un métier en tête.» Hors école, elle a participé à un Passeport Info et visité le Salon «Your Challenge», aussi en famille. Pour elle, ce sont des offres complé-mentaires.

Danaë, éducatrice de la petite enfance…Souhaitant deve-nir éducatrice de la petite enfance, Danaë peine pour un 2e projet. Secrè-tement, elle se rê-verait volontiers ac-trice. Début 2014, elle a effectué un stage dans une crèche et un autre pour se faire une idée du métier de maîtresse enfantine. Celui d’éducatrice de la petite enfance semble mieux cor-respondre à ses envies: «J’ai tou-jours eu un bon feeling avec les tout-petits, j’aime jouer avec eux et je suis patiente.» A la fin du CO, elle veut s’inscrire en ECG puis suivre la formation pour devenir

F i l r o u g e d e l ’ o r i e n t a t i o n

L es projets personnels de six jeunes au CO de GrôneL es projets personnels de six jeunes au CO de Grône

Nadia Revaz

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47Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

«éducatrice de la petite enfance ES». «Je voudrais sauter toutes les années d’école pour entrer dans le monde professionnel», dit-elle, impatiente.

Danaë est d’avis que les cours pour s’orienter se focalisent trop sur les apprentissages, négligeant les fi-lières scolaires. Malgré tout, elle les juge utiles. «Autrement, ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire plus tard ne s’en sortiraient pas, car il y a tellement de possibilités», souligne-t-elle. Elle privilégierait une approche moins autocentrée qui serait plus une ouverture concrète à un grand nombre de métiers, en invitant par exemple des professionnels à l’école. Par contre, elle a été un peu déçue par le Salon des Métiers et Formations, face à des personnes incapables de répondre à ses interrogations.

Eric, cuisinier et pâtissier en herbe

Pour Eric, l’envie de devenir bou-langer ou cuisi-nier remonte à ses 9 ans: «J’ai eu cette idée lors d’un an-niversaire au cours duquel on a fait du

pain et des gâteaux.» Il s’est rensei-gné sur les formations et a notam-ment suivi un Passeport-Info pour en savoir plus sur le métier de cuisi-nier. En ce début d’année, il a effec-tué un stage de pâtissier et pense que cette option correspond mieux à son profil créatif. Les horaires dé-calés ne l’inquiètent pas plus que cela. Son projet est le fruit d’une pas-sion, puisqu’il cuisine volontiers avec sa maman et se livre à la pâtisserie en solo. Comme il y aurait d’autres métiers susceptibles de lui convenir, notamment graphiste, il envisage de faire quelques stages avant de cher-cher une place d’apprentissage.

Concernant les cours consacrés aux projets personnels, il préfère net-tement ceux de 2e année, précisant que certains chapitres touchent tous

les élèves, tandis que d’autres un peu moins, surtout parmi ceux qui ont une idée assez claire de leur pro-fession future. Il y a un point qui est à ses yeux prioritaire: «Quand les jeunes ont effectué leur choix, il est capital que les enseignants, les parents et l’entourage les mo-tivent et leur fassent confiance.» Et pour trouver un métier, les stages lui semblent la meilleure solution. Il est plus réservé quant à l’utilité du Salon des Métiers.

Elise, architecte/skieuseAdorant des-siner, Elise se voyait dès la 5P architecte d’intérieur, mais après un stage dans un bureau à Sion ce printemps, elle a décou-vert que c’était mieux d’avoir des bases d’architecte avant de se spécia-liser. «Cette expérience m’a encore plus motivée, car j’ai pu découvrir concrètement le métier. J’envisage de faire un stage plus long pour voir s’il y a des choses qui pourraient me déplaire», commente-t-elle. Etant en filière Sport-Etude, elle pense opter pour la 3CO, plutôt que d’aller di-rectement au collège. Pour la suite, elle n’a pas tranché entre une forma-tion en école ou en apprentissage. Son choix dépendra surtout de ses résultats en ski. Prévoyante, elle a même une solution de repli: «Mes parents sont dans le commerce, donc je connais un peu ce secteur et cela me plairait d’y travailler.»

Pour des raisons sportives, Elise ex-plique n’avoir pas suivi toutes les heures de projets personnels. Reste que globalement, elle les trouve intéressants, surtout actuellement, puisque chaque élève expose de-vant la classe son projet, ce qui in-cite à la recherche d’informations dans les fiches de l’orientation. Elle a apprécié l’année passée la venue, dans le cadre de la Journée des mé-tiers, d’un architecte. «Inviter des

jeunes, en école ou en apprentis-sage, cela pourrait être une piste intéressante», propose-t-elle.

Kevin, futur apprenti… informaticien

En novembre dernier, Kevin ne savait pas trop ce qu’il avait envie de faire, tout en évoquant l’informatique ou l’électronique. Aujourd’hui, il se dit un peu plus convaincu de son choix, cherchant des infos sur internet et ayant listé des entreprises à contacter pour des stages, de façon à pouvoir compa-rer les ambiances de travail. «J’ai-merais pouvoir expliquer à mon futur patron pourquoi je veux de-venir informaticien, même si mes notes ne sont pas parfaites», ex-

plique-t-il, ayant néanmoins envi-sagé un choix de rattrapage, dans le domaine du secrétariat.

Kevin se réjouissait de visiter le Salon des Métiers, mais il a été un peu déçu: «Je n’ai pas vraiment trouvé ce que je cherchais.» Quant aux cours pour l’aider à construire son projet, même s’il ne les apprécie pas tous, il est d’avis qu’ils permettent d’avoir une idée des nombreuses possibili-tés professionnelles, quitte à avoir le vertige. Lui aurait inversé le pro-gramme: «En 1re année, dans le port-folio, on doit regarder si on est plus ci ou plus ça, et en 2e on aborde les métiers, pourquoi pas le contraire?» Il apprécie tout particulièrement les exposés de ses camarades. «On est toujours dans les bouquins, donc là c’est plus vivant. On devrait aussi ac-cueillir des gens pour nous parler de leur profession, sur le modèle de la Journée des métiers», suggère-t-il.

A suivre en juin 2015…

www.orientation.chwww.vs.ch/orientation

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201448

D o c . p é d a g o g i q u e

D VD-R documentaires:les suggestions du moisD VD-R documentaires:les suggestions du moisLes DVD-R sont à disposition des en-seignants et des étudiants et sont déposés dans le site de St-Maurice. Par le biais du catalogue online de la Médiathèque Valais (RERO-Valais), ceux-ci peuvent être réservés et reti-rés dans l’un des 3 autres sites de la Médiathèque Valais moyennant un délai d’au minimum 72 heures (jours ouvrables). Leur emprunt est stric-tement réservé à des fins pédago-giques, pour une durée de 14 jours, avec possibilité de 5 prolongations tant que le document n’est pas ré-servé par un autre lecteur.

Les enseignants peuvent exprimer leurs souhaits d’enregistrement pour le jeudi midi précédant la se-maine de diffusion de l’émission à l’adresse suivante: [email protected]

14-18: refuser la guerre Emission Histoire vivante, Diffusé le 06.04.2014 sur RTS 2, 55’ Cote 940.3 QUAT

La Première Guerre mondiale fut particulièrement meurtrière mais permit également l’éclosion de nombreux mouvements pacifistes, de désobéissance et de mutineries. Partout en Europe comme en Amé-rique du Nord, des voix s’élevèrent pour s’opposer aux massacres. Re-tour sur ces mouvements précurseurs souvent méconnus. (RTS)

1914: les facteurs de la guerre; [suivi de] 1914: les étincelles de la guerre Emission Le Dessous des cartes, Diffusé les 29.03 et 05.04 2014 sur Arte, 2X12’ Cote 940.3 MILL

1914: les facteurs de la guerre: Transforma-tions de l’économie européenne, mon-tée en puissance du pétrole par rapport au charbon, présence commerciale grandis-sante de l’Allemagne, hégémonie coloniale de la France et du Royaume-Uni: revue des causes de la Pre-mière Guerre mon-diale.

1914: les étincelles de la guerre: En plus de ses causes profondes, des facteurs conjoncturels ont mené à la Première Guerre mondiale: l’af-firmation des nationalismes, les guerres balkaniques en 1911, l’af-faiblissement de l’Empire ottoman jusqu’à l’attentat de Sarajevo, les systèmes d’alliances bipartites et la crise diplomatique de l’été 1914. (RTS)

Marie-Françoise Moulin

Les échanges épistolaires pour retracer le destin d’une famille durant la Première Guerre

mondiale.

Voir aussi Apocalypse, La Première Guerre mondiale, 6 épisodes de 52‘,

Diffusés sur FR3 en mars et avril 2014, Cote 914.3 APOC

La Première Guerre mondiale est racontée par Mathieu Kassovitz à travers des images colorisées, issues de fonds d’archives publics ou privés du monde entier. (RTS). Les avis sur cette série sont très mitigés: bruitages à outrance et commentaire envahissant, entre exposé scolaire et envolées sensation-nalistes...(Télérama)

14, des armes et des mots, 8 épisodes, Diffusés sur Arte en avril et mai 2014, Cote 914.3 QUAT

Une bouleversante saga documentaire qui restitue le cataclysme de la Grande Guerre à travers quatorze destins singuliers, racontés par des lettres et des journaux intimes. Ces points de vue subjectifs de «héros du quotidien» sont complétés par des archives rares, clichés d’époque ou actualités filmées.

La cicatrice, une familledans la Grande Guerre Emission La case de l’oncle doc, Diffusé le 24.03.2014 sur FR3, 52‘ Cote 940.3 CICA

Le destin d’une famille, durant la Première Guerre mondiale, est re-tracé tout au long du conflit grâce à leurs échanges épistolaires et leurs photographies. (RTS)

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p I n f o S Ep I n f o D F S

Nadia Revaz

Le Département de la for-mation et de la sécurité a décidé de soutenir et de promouvoir, en partenariat avec le Bureau des métiers et avec le soutien de l’asso-ciation «Jeunesse et écono-mie», l’action intitulée «VS: explore-it». Celle-ci, destinée aux classes des cycles 2 et 3 (de la 4P à la 3CO) et organi-sée sur trois années scolaires, se décline de la manière sui-vante: une brève formation continue orientée vers la pratique, des boîtes de matériel correspon-dantes, et des classes invitées à la Journée de l’invention. L’offre est limitée (inscription par ordre d’arri-vée) et la participation se fait sur la base du volontariat.

Si ce matériel, qui a été initié comme projet de re-cherche et de dé-veloppement par la Haute Ecole Pédagogique du Valais (HEP-VS) et de la Haute Ecole spéciali-sée de la Suisse du Nord-Ouest (PH FHNW), est déjà connu de certains en-

seignants, cette action, sous la res-ponsabilité de Pascal Knubel pour le Valais romand, vise à susciter plus largement l’intérêt des élèves du primaire pour la technique et les sciences naturelles.

Matériel d’expérimentation

Sept boîtes, contenant du matériel de bricolage et d’expérimentation

prévu pour différentes séquences pédagogiques, sont disponibles:

«De l'aimant permanent au mo-teur électrique»

«L'énergie rend mobile» «Solar-Power ça bouge» «De l'énergie éolienne à l’électri-

cité» «De l'énergie hydraulique à l’élec-

tricité» «Séparer et combiner des subs-

tances» «Le rêve de voler»

Chacune est prévue pour deux élèves afin d’explorer, inventer…

Formation continue

Chaque année scolaire, de 2014 à 2016, entre six et dix formations continues seront organisées par la HEP-VS (cours de trois heures ciblés sur le matériel). Après cette brève initiation, les participants peuvent commander le matériel à un prix for-tement réduit pour les élèves (15 boîtes au maximum par classe).

Journée de l’invention

La Journée de l’invention, une par région linguistique, aura lieu annuel-

lement et réunira jusqu’à 200 élèves ayant travaillé avec le matériel «VS: explore-it».

Soutien du Bureau des métiersChristian Tissières, respon-sable Formations et Lo-gistiques au Bureau des métiers (www.bureaudes-metiers.ch), souligne l’im-portance d’aborder la

technique, les sciences naturelles et l’innovation: «Lorsque René Pro-vidoli, de la HEP-VS, a présenté ex-plore-it, il a très vite été évident que le Bureau des métiers, organisation au service de l’artisanat et du bâti-ment, avait un intérêt direct à sou-tenir ce projet, visant à sensibiliser à ces dimensions pratiques, dès l’école primaire, car le chemin de l’orienta-tion commence dès ce moment-là.» Et d’ajouter: «Les enseignants ont à disposition un outil basique, qui permet d’expérimenter et de com-prendre le pourquoi et le comment des mécanismes, sans devoir être un as de la technique.»

Le Bureau des métiers compte sur les idées des élèves pour alimen-ter les journées de l’invention «VS: explore-it».

E xplore-it, un partenariat DFS-Bureau des métiersE xplore-it, un partenariat DFS-Bureau des métiers

«De l'énergie éolienne

à l'électricité».

Contacts

René Providoli, [email protected] 079 364 06 62

Daniela Bodenmüller, daniela.bodenmueller@ admin.vs.ch, 027 606 40 95

www.explore-it.org

Christian Tissières,

du Bureau

des métiers,

s’enthousiasme.

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Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201450

p I n f o D F S

Le 15 mai dernier, Oskar Freysinger a donné une conférence de presse pour évoquer les actions menées dans l’ensemble de son Dé-partement, incluant forma-tion et sécurité, et celles qui sont prévues (cf. encadré). Pour Résonances, il a accepté de commenter quelques points de cette liste à la Prévert et d’évoquer l’évolution de son regard sur la formation (cf. in-terview de septembre 2013). Dans l’édition de septembre 2014, nous reviendrons sur les annonces de rentrée.

Oskar Freysinger, parmi les points considérés comme réa-lisés, il y a le questionnaire aux enseignants qui avait pour but d’obtenir des informations sur la charge administrative et les moyens de la diminuer. C’est fait et à faire. Concrètement, quel suivi sera donné à ces résultats?Nous sommes en train d’examiner tout ce que le Département de-mande administrativement aux en-seignants, afin de supprimer ce qui peut l’être. L’analyse, faite à par-tir des résultats du questionnaire, est en cours, mais il nous faut être prudents pour ne pas enlever ce qui peut s’avérer utile.

Si vous deviez retenir un point de la longue liste des tâches effectuées par le DFS cette année, que met-triez-vous en avant?J’ai beaucoup apprécié l’expérience inédite de la Patrouille des jeunes visant à les initier au ski-alpinisme. C’était une formidable occasion de ne pas favoriser seulement quelques sportifs d’élite. Cette aventure a sus-cité l’enthousiasme. En élargissant

cette expérience à d’autres courses de ski-alpinisme ou aux sports d’été, ce pourrait être une excellente façon de relier les écoles des deux régions linguistiques du canton, sous une forme sportive, avec toujours à la clé le plaisir de l’effort, le dépassement de soi, la gestion de la souffrance, qui sont autant de vertus transpo-sables à l’école. Le sport et la mu-sique ont des effets éducatifs qui sont au service des branches géné-rales et aident ainsi à gérer le cursus scolaire. Ce sont des petites écoles de vie.

Parmi les tâches en cours de réali-sation, il y a le Centre cantonal de compétences MITIC…Ce centre est créé afin de permettre à l’Ecole valaisanne de réussir le défi de l’intégration de l’informatique et des multimédias. Avec la coor-dination des aspects techniques et pédagogiques, il sera directement

utile aux enseignants. En rendant accessibles et en partageant cer-taines ressources numériques, nous devrions à terme pouvoir rationaliser les dépenses dans ce domaine. Les MITIC doivent être renforcés à l’école, sans pour autant abandonner par exemple le plaisir de mémori-ser de beaux poèmes.

A ce propos, vous aviez an-noncé un recentrage sur l’en-seignement du français et des maths. Dans quel délai est-ce prévu?Pas tout de suite hélas. Comme il faut intervenir dans la grille horaire sur laquelle le Can-ton n’a qu’une marge de ma-nœuvre limitée, c’est un sujet extrêmement sensible. Avec

les 15 % sur lesquels on peut jouer, il nous faudra trouver la bonne straté-gie pour renforcer les connaissances fondamentales qui sont le socle de toutes les formations, ce qui prendra un peu de temps.

Parmi les points signalés comme étant à faire, il y a le rapproche-ment Ecole-HEP. Comment l’envisa-gez-vous?En déplaçant la HEP au Service de l’enseignement, il y a une volonté de rapprocher ce qui est organiquement lié. D’ici la fin de l’année, à partir des pistes d’un rapport de Jean-François Lovey en cours d’élaboration, nous ferons un bilan et examinerons les solutions possibles pour améliorer la formation des enseignants.

La réorganisation concerne-t-elle aussi les écoles de commerce?Il semble logique de rattacher les écoles de commerce au Service de la formation professionnelle,

Oskar Freysinger se sent

désormais serein.

Oskar Freysinger, une année au DFSOskar Freysinger, une année au DFS

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51Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 2014

puisqu’elles délivrent des CFC et des maturités professionnelles. J’essaie juste de donner une cohérence ad-ministrative en lien avec le terrain. Aujourd’hui, il n’y a plus seulement les collèges et la voie duale, mais de multiples filières qu’il faut bien organiser afin d’éviter que l’une ou l’autre ne périclite. Tout cela se ré-gule via les conditions d’admission, les passerelles et l’orientation. Cette dernière s’est nettement améliorée, en particulier avec le Salon des mé-tiers, mais elle a encore une marge de progression.

Côté bilan personnel, tout le monde devrait s’accorder à dire que vous avez insufflé de l’énergie et du dy-namisme. Une qualité qui a son dé-faut corollaire, à savoir parfois la précipitation…Seul celui qui n’agit pas ne fait pas d’erreurs. Il est clair que j’ai choisi d’avancer vite, en acceptant de me tromper parfois et de devoir corri-ger le tir après coup.

Parmi les points où l’on pourrait écrire «peut mieux faire», tout en relevant les progrès, il y a le tra-vail en équipe. Il y a une année, on pouvait avoir l’impression que vous vouliez tout régler tout seul. Avez-vous évolué sur ce plan?Je suis arrivé dans un univers fonc-tionnant selon des règles et des situations de pouvoir que je ne connaissais pas. Aujourd’hui, j’ai un secrétaire général qui maîtrise tout le système et un chef du Ser-vice de l’enseignement qui connaît bien l’école et partage mes visions. La transition a été complexe et j’ai dû improviser pendant plusieurs mois. Maintenant, avec mon nou-veau staff, je dispose d’un instru-ment adapté, donc ma vie a changé et je constate, en me déplaçant dans les bureaux (governing by walking), que l’ambiance est bonne. Je suis désormais serein, puisque je n’ai plus besoin d’être l’homme à tout faire. En tant que chef de Départe-ment, je dois être là pour donner des buts stratégiques, en laissant une large autonomie aux services pour les réaliser.

En vous accompagnant dans la classe de Pascal Rey (cf. article paru en mai), j’ai eu le sentiment que cette expérience avait modifié votre regard sur la réalité scolaire. Est-ce une illusion?C’est juste. Pourtant, j’ai fait l’Ecole normale, et avant d’être professeur au collège, j’ai effectué plusieurs remplacements au primaire et au cycle, donc le métier, je le connais. De plus, ayant été moniteur de co-lonie de vacances et cuisinier pour les scouts, j’ai été toute ma vie en contact avec des jeunes de tous âges. Cependant, je n’avais pas pris la me-sure de la nouvelle réalité de l’hété-rogénéité des classes. Les politiques ne se rendent pas compte de la dis-parité des situations individuelles

auxquelles les enseignants doivent faire face aujourd’hui et c’est pour cela que je veux continuer à aller sur le terrain. Je suis effaré de voir com-bien l’école doit gérer des enfants de moins en moins socialisés.

Pas simple d’enseigner…Les enseignants sont coincés entre le marteau et l’enclume. Ils sont pris entre les élèves, les parents, les di-rections, les politiques et soumis à de multiples pressions, étant donné que tout le monde – ayant fréquenté l’école – se croit spécialiste… Leur tâche est immense et complexe. Enfin, la mienne aussi!

Propos recueillis par Nadia Revaz

Inventaire à la Prévert (extrait de la CP du 15.05.2014)

Fait

Mise en place d’un calculateur en ligne pour les allocations de for-mation (bourses et prêts d’études)

Création de la première Patrouille des jeunes (mai 2014) Questionnaire entre les parents, les enseignants et les institutions

(août 2013) Convention d’aide à la scolarisation des enfants sourds et malenten-

dants (décembre 2013) Consultation du concept cantonal de pédagogie spécialisée (février

– mai 2014) Loi sur l’école primaire (novembre 2013) Nouvelles directives pour l’obtention d’une maturité bilingue (no-

vembre 2013) Nouvelle maturité bilingue Français – Anglais au collège de l’Abbaye

(février 2014) Création de 2 centres de compétences dans les métiers de la chimie

pour les laborantins CFC (projets BioArk à Viège et Monthey) Questionnaire de satisfaction du personnel enseignant (scolarité

obligatoire et secondaire II)

A faire

Modification de l’Ordonnance concernant l’octroi des allocations de formations (en cours)

Redynamiser la voie gymnasiale Limiter les effets des économies et les économies Rapprocher l’Ecole de la HEP Création d’un Centre de compétences MITIC (en cours) Coordonner les conditions d’admission aux différentes filières du

secondaire II Poursuite du projet «Campus»

www.vs.ch > Communication et médias > Conférences de presse

Page 54: Résonances, mensuel de l'Ecole valaisanne, juin 2014

Résonances - Mensuel de l’Ecole valaisanne - Juin 201452

LES DOSSIERS LA CITATION DU MOIS«La motivation, c'est quand

les rêves enfilent leurs habits

de travail.»

Benjamin Franklin

E n r a c c o u r c i Technoscope

La robotiqueTechnoscope est la revue technique de la SATW (Académie suisse des sciences techniques) destinée aux jeunes. Ce magazine informe avec compétence et de façon divertissante sur la technique et les métiers techniques. Technoscope paraît trois fois par an en allemand, en français et en italien. Il est possible de s’y abonner gratuitement. Les anciens numéros peuvent être commandés en version imprimée (si disponibles) ou téléchargés (PDF).La première édition 2014 est consacrée à la robotique, incluant un concours de connaissances sur cette thématique.www.satw.ch/publikationen/technoscopewww.satw.ch/concours

Centre Savary de Lyon

Recherche sur le décrochageEn quoi la culture écrite peut-elle être un facteur de décrochage mais aussi de raccrochage pour les élèves? L’hypothèse de la recherche intitulée «Culture écrite et prévention du décrochage» a été que l’écrit, et le statut particulier qu’il a dans l’institution scolaire, était une clé pour comprendre comment se joue petit à petit le décrochage de certains élèves, le passage au collège faisant office de révélateur de difficultés accumulées au fil des ans. Et en effet les chercheurs ont pu observer à la fois l’impact souvent négatif de pratiques scolaires normatives de l’écrit, dans un cadre trop souvent lui aussi très normatif, notamment au collège, qui excluent ceux qui ne maîtrisent pas ces normes, et l’impact favorable que peuvent avoir certaines pratiques de l’écrit moins traditionnelles qui autorisent en même temps qu’elles permettent d’éprouver les possibilités que donne l’écrit mais aussi l’impact favorable de pratiques en apparence traditionnelles mais qui favorisent la pensée des élèves. http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/difficultes-dapprentissage-et-prevention-du-decrochage

2009 / 2010 N° 1 septembre Infos 2009-2010N° 2 octobre Droits de l’enfant - CitoyennetéN° 3 novembre Structuration de la langue - de la penséeN° 4 décembre La verticalité (1/2)N° 5 février La verticalité (2/2)N° 6 mars Les personnes ressources de l’Ecole valaisanne (1/2)N° 7 avril Les personnes ressources de l’Ecole valaisanne (2/2)N° 8 mai L’humour à l’écoleN° 9 juin Entraide... entre pairs

2010 / 2011 N° 1 septembre Infos 2010-2011N° 2 octobre Quantité et/ou qualitéN° 3 novembre Sciences, techniques, technologiesN° 4 décembre Eveil / réveil de la curiositéN° 5 février Comprendre le monde environnantN° 6 mars Dyslexie, dysorthographie...N° 7 avril Les 10 ans de la HEP-VSN° 8 mai Réussite scolaire et… normeN° 9 juin L’image de l’enseignant

2011 / 2012 N° 1 septembre Eclairage 2011-2012N° 2 octobre Métier d’élèveN° 3 novembre Les intelligences multiples en classeN° 4 décembre Le début du cycle 1N° 5 février L’école entre tradition et modernitéN° 6 mars Les utopies pédagogiquesN° 7 avril La robotique en classeN° 8 mai Capacités transversalesN° 9 juin Approche concrète de l’EDD

2012 / 2013 N° 1 septembre Eclairage 2012-2013N° 2 octobre Harcèlement entre pairsN° 3 novembre Lectures en partageN° 4 décembre Astuces, ruses, stratégiesN° 5 février Outils pour gérer les projetsN° 6 mars Apprendre... à apprendreN° 7 avril Cap de l’école à l’horizon 2020N° 8 mai Du Secondaire I au Secondaire IIN° 9 juin L’élève au singulier

2013 / 2014 N° 1 septembre Triche et plagiat à l’écoleN° 2 octobre Le français connectéN° 3 novembre La mixité à l’école N° 4 décembre Histoire suisse et patrimoine culturelN° 5 février Prévenir et gérer le stress scolaireN° 6 mars Le PER sur le terrainN° 7 avril Ecole d'ici et d'ailleursN° 8 mai La fantaisie à l'école

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S’ABONNERAbonnement annuel (9 numéros)Tarif contractuel: Fr. 30.–Tarif annuel: Fr. 40.– Prix au numéro: Fr. 6.–

Vous pouvez vous abonner et effectuer vos changements d’adresse en passant directement par les formulaires en ligne sur www.resonances-vs.ch. Cela peut aussi se faire par courriel ([email protected]) ou par courrier DFS/SFT, Réso nances, rue de Conthey 19, case postale 478, 1951 Sion.

Site RésonancesSur www.resonances-vs.ch vous avez aussi la possibilité de consulter les archives de la revue ou de commander un numéro à l’unité via le magasin en ligne.

Application Résonances

Phase test: pour avoir accès à l’application, demandez votre code personnel à [email protected].

IMPRESSUMRésonancesLa revue Résonances, qui fait suite à L’Ecole valaisanneparue de 1956 à 1988, à L’Ecole primaire publiée de 1881 à 1956 ainsi qu’à L’Ami des Régens dont le premier numéro date de 1854, est éditée par le Département de la formation et de la sécurité (DFS).

Edition, administration, rédactionDFS/SFT - Résonances - Rue de Conthey 19Case postale 478 - 1951 Sion - Tél. 027 606 41 59www.resonances-vs.ch

RédactionNadia Revaz - [email protected] - Tél. 079 429 07 01

PhotographeJacques Dussez

Conseil de rédactionAlexandra Zwahlen, AVECO - www.aveco.chDaphnée Constantin Raposo, SPVAL - www.spval.chElodie Lovey, CDTEA - www.vs.ch/scjFlorian Chappot, AVEP - http://avep-wvbu.chNathalie Bollin, Ass. Parents - www.frapev.chStéphanie Mottier Fontannaz, AVPES - www.avpes.chZoe Moody, HEP-VS - www.hepvs.ch

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