L'Ecole valaisanne, décembre 1978

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8 28 -1978 50 ans de la loi scolaire valaisanne

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150 ans de la loi scolaire valaisanne

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50 ans de la loi scolaire valaisanne

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Ir e~ BANQUE CANTONALE DU VALAIS Il SËCURITËASSURËE

L'ECOLE VALAISANNE

REDACTEUR

DELAI DE REDACTION

EDITION,

Bulletin mensuel du personnel enseignant du Valais romand

Décembre 1978 XXllle année No 4

paraît à Sion le 15 de chaque mois, juillet et août exceptés.

M. Jean-Pierre Rausis.

Le 25 de chaque mois.

ADMINISTRATION, ODIS, Gravelone 5, 1950 Sion, tél. (027) 21 6286. REDACTION

IMPRESSION, Imprimerie Valprint S.A., Sion. EXPEDITION

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Sommaire

Henri Maître

Richard Métrailler

Léon Monnier / Joséphine Briguet

Roger Fellay / Antoine Fauchère Michel Jourdan et le comité AECOBT

C. Borel

Antoine Maillard

AVANT-PROPOS «L'école d'hier et d'aujourd'hui».

HIER ... «L'école primaire en Valais de 1828 à 1947»

INTRODUCTION: Rétrospective avant 1828 ...

1. LA PHASE PARLEMENTAIRE (1828-1849) . A) Un beau départ, mais ........... . B) Du libéralisme du décret de 1839 à la précarité de la loi de 1884. 10 C) La loi de 1849: création d'un système cantonal d'instruction .. Il

II. LA PHASE D'APPLICATION OU LE CONTACT DIFFICILE AVEC LA RÉALITÉ . . . . . . . . . . . . . . 13

A) De Charles-Louis De Bons à Henri Bioley . . . . 13

B) Les obstacles au développement de l'école primaire 15

1. La pauvreté et l'indifférence des administrations communales . 15 2. Le statut agricole des familles et ses répercussions sur la fréquen-

tation scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 3. Le poids de la tradition et des coutumes ancestrales. 25 4. Les conditions naturelles défavorables. . 28 5. Les faiblesses du système d'enseignement 29

III. LA PHASE ÉVOLUTIVE (1873-1910) . . 39

A) Les principaux facteurs d'évolution . . 39

B) La loi du 4 juin 1873 et ses corollaires. 40

IV. LA PHASE DE CONSOLIDATION (1910-1947) . 49 A) Réforme concerhant le corps enseignant . . . . 49 B) De la motion Crittin à la loi du 16 novembre 1946 50

CONCLUSION . . . . . . . . . . . 53 Notes et références. . . - . . . . . '. . 55 Bibliographie - Sommaire - Abréviations 57 Chronologie de l'Ecole primaire en Valais de 1828 à 1913 . 58

AUJOURD'HUI... «L'école valaisanne de 1947 à: 1978» . 61

L'ÉCOLE PRIMAIRE EN VALAIS DE 1962 A NOS JOURS 63

LE CYCLE D'ORIENTATION . . . . . . . . . . . . . . 67

De l'école secondaire premier degré au cycle d'orientation division A . 67

Des écoles ménagères et de promotion au cycle d'orientation division B 71

L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE DU DEUXIÈME DEGRÉ 85

L'ÉDUCATION PHYSIQUE EN VALAIS Remerciements et crédit photographique Communiqués . . . . . . . . '. . . . .

Photo de couverture: « L'examen scolaire », 1862, Albert Anker 103 X 175 cm, Musée de Berne

91 94 94

2 3

L'école d'hier et d'aujourd'hui

Ce numéro spécial de notre revue corporative est consacré à une histoire de l'Ecole valaÎsanne. Ce travail histori­que comprend deux volets bien distincts quant au fond et quant à la méthode.

La première partie est un véritable travail d'historien réalisé par Richard Métrailler qui met ainsi au profit de notre école ses recherches faites pour un travail de mémoire à l'Université de Fribourg.

La deuxième partie est une recen­sion d'événements et une réflexion fai­tes par les associations d'enseignants à qui la commission du ISOe anniver­saire avait confié la charge suiv~nte:

1) décrire l'évolution dans le sec­teur d'enseignement qui les con­cerne, à partir de 1962 (loi sur l'instruction publique de 1962 et ses modifications ultérieures; concordat romand; et toute au­tre disposition relative à la struc­ture de l'école et au programme scolaire);

2) dire quelles sont les préoccupa­tions essentielles de l'association quant à la situation actuelle de son secteur scolaire.

La réalisation de ce travail historique sous ces deux aspects (étude scientifique d'historien et point de vue de praticiens) nous a paru intéressante car elle pourrait satisfaire à la fois le souci de s'informer et la volonté de s'interroger. Elle s'ins­crit ainsi dans le sens voulu et donné aux activités commémoratives du IS0e anni­versaire de l'Ecole valaisanne: faire de 1978 une année importante de la péda­gogie valaisanne; engager les enseignants à la réflexion à partir d'informations, de rencontres, de conférences, d'assemblées de lectures et de séminaires.

Que chacun reçoive donc cette réali­sation comme un élément de toute une animation qui récoltera sans doute ses meilleurs fruits après les cérémonies du IS0e anniversaire.

Encore une remarque à propos des deux parties de ce travail historique: l'une choisissant comme terme la loi de 1946 et l'autre prenant comme point de départ la loi de 1962, il pourrait sem­bler que dans la chronologie des lois et décrets qui ont jalonné la «construc­tion» de notre école, il y ait une rupture, un fossé de seize années. En fait il n'en est rien car plusieurs textes d'association s'appuient sur le passé pour expliquer les changements intervenus et pour fonder leurs réflexions.

Le titre donné à l'introduction de ce numéro spécial de l'Ecole valaisanne ne veut surtout pas signifier que le temps est découpé en tranches, mais au con­traire que toute activité humaine s'ac­complit sur un tracé linéaire continu, que la trajectoire à dessiner aujourd'hui doit l'être dans le sens que l'histoire peut nous suggérer et que nous souhaitons pour l'avenir. Nous savons bien sûr que le passéisme est l'attitude de l'inaction et que la prophétie n'est pas de notre compétence; mais l'histoire et la pros­pective peuvent aider à élaborer nos projets actuels. Si ce numéro spécial en particulier et les manifestations commé­moratives en général peuvent contribuer pour une petite part à «engager» les enseignants pour l'école, alors les fruits de cette animation correspondront aux espérances ...

Henri Maître

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HIER ...

L'école primaire en Valais de 1828 à 1947

Albert Anker : L'école du village de 1848.

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Introduction

Rétrospective avant 1828 Pour mieux comprendre dans quel

esprit les hommes de 1827 vont entamer leurs premiers débats scolaires, il est nécessaire de jeter un bref regard rétro­spectif aussi loin que les sources le per-mettent. "

L'une des premières impulsions en ma­tière d'instruction fut donnée en Valais dans le courant du XIIIe siècle avec la création d'un nombre assez considérable d'écoles dites presbytérales. A cette épo­que, l'enseignement s'intégrait à la fonc­tion ecclésiastique et se voyait haute­ment recommandé par les évêques du "diocèse: il s'agissait alors d'emmagasiner surtout des connaissances religieuses. Dans les différentes régions du Valais, la cure devenait un véritable centre intel­lectuel e"t le nombre de ceux qui savaient lire, é~rire et compter augmentait ou diminuait suivant le rapprochement ou l'éloignement de ce foyer de science.

La décadence de la morale et de la religion à la fin du XVe et durant le XVIe siècle entraîna un net recul de l'institution paroissiale et l'on assista à une première apparition de l'enseigne­ment laïc: l'école passait alors dans les mains de personnes sans instruction ni formation préalables.

Avec le XIIe siècle, des temps meil­leurs allaient commencer. Le synode du 25 avril 1626, présidé par Mgr. Hilde­brand Jost, occasionna un renouveau important dans le domaine de l'instruc­tion. Cependant, en dépit même du plus grand zèle, le clergé ne parvenait q,ue très mal à dominer l'apathie populaIre et à vaincre l'indifférence des masses qui ne ressentaient guère le besoin de s'instruire. Pourtant les institutions reli ­gieuses ou rectorats se multiplièrent dans -le Haut-Valais, tandis que des maî­tres laïcs furent installés dans une bonne partie des éc~les bas-valaisannes.

Durant la période de la République helvétique de 1798, Ph.-Albert Stapfer, ministre des Sciences et des Arts pour la Confédération élabora un projet d'ins-

truction publique tout à fait révolution­naire prévoyant notamment la création dans chaque canton d'un Conseil d'édu­cation, et décrétant par le fait même la destitution du clergé dans le domaine de l'enseignement: un ministre de l'ins­truction publique devait prendre la place de l'évêque. Ce projet qui marquait un sérieux effort de régénération scolaire ne se réalisa malheureusement pas dans le Valais. Conçu sur une base trop laÏ­cisante, avec un excès du côté de la centralisation de l'enseignement, il de­meurait tout à fait anachronique pour le Valaisan de cette fin du XYIIIe siècle.

L'occupation napoléonienne (1810-1813) ne provoqua guère une évolution très notoire du phénomène scolaire. Elle permit toutefois d'apporter un remède à l'un des fléaux les plus graves que le Valais ait connu jusqu'au XIXe siècle, celui du crétinisme. La diminution des personnes affligées de goîtres et d'imbé­cilité par l'intervention des médecins de l'Empire provoqua indirectement une amélioration sensible de l'instruction valaisanne.

La Restauration n'apporta rien d'ori­ginal non plus, et les tentatives de réfor­mes des années 1817-18 visant à intro­duire dans le canton un corps d'inspec­teurs scolaires demeurèrent vaines.

C'est donc à une problèmatique tout à fait nouvelle que vont s'attaquer les parlementaires de la Diète valaisanne afin d'établir les fondements de l'école élémentaire. L'instruction supérieure -avait certes déjà fait l'objet de quelques décisions officielles, sans comparaison toutefois avec celles qui résulteront des débats s'ouvrant en ces années 1827-28 .

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Augustin Sulpice Zen Ruffinen , évêque de Sion, par J . Stocker, 1881 (5Ix70). Original à l'Evêché de Sion .

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1. La phase parlementaire (1828-1849)

A. Un beau départ, mais ...

Désireux de présenter à la Diète un plan d'éducation généralisé pour le Can­ton du Valais, le Conseil d'Etat songe de procéder au préalable à un sondage auprès des administrations communales afin de mieux prendre connaissance des systèmes déjà mis en place dans les différentes régions. Aussi, par une circu­laire datée du 22 février 1826 un ques­tionnaire est-il envoyé à tous les prési­dents de communes 5.

A la suite de ce premier sondage qui ne rencontre d'ailleurs pas le succès espéré, une commission préparatoire mixte composée de trois laïcs et de deux ecclésiastiques se constitue. Le Con­seil d'Etat fait appel à M. le grand vicaire Julier, M. le chanoine Berchtold, curé de la ville de Sion, M. Delaloie, président du Tribunal suprême, M. E. de Riedmatten, bourgemestre de la capital.e et M. Allet, conseiller d'Etat. Le travaIl d'approche de cette commission fort com­pétente permet à la Diète de traiter la question dès la session de mai 1827. On élabore un premier projet de législa­tion scolaire qui conserve toute son im­portance, puisqu'il contient en subs­tance la matière qui fera l'objet des dé­crets ultérieurs: le principe de la gratuité en particulier y est présenté à l'article 6 dans la mesure où les paroisses disposent de fonds suffisants; l'idée d'une école normale s'y trouve également à l'article 14. Amorcée en mai, la discussion qu'il nécessite se poursuit en novembre de la même année et aboutit à son approba­tion par la majorité des représentants de districts, y compris celle de l'évêque qui, rappelons-le, disposait de quatre suffra­ges. Cependant les réjouissances de no­vembre firent bien vite place aux criti­ques les plus acerbes de la part des membres du clergé haut-valaisan qui se sentaient profondément atteints dans leur amour-propre. Ce mécontentement qui partit de Sierre eut tôt fait de gagner tous les esprits traditionnalistes. Leurs reproches peuvent se résumer dans ces quelques propos tenus par A.-J. de Rivaz

dans son journal: «nous avons été una­nimes à trouver que le vice le plus mar­quant de cette loi est de n'y avoir pas fait à l'évêque et aux curés une part aussi grande à l'instruction primaire de la jeunesse chrétienne qu'elle compète de droit divin à l'ordre pastoral 6».

Le projet de 1827 avait certes été l'œuvre de personnalités fort compéten­tes - le chanoine Berchtold et le grand vicaire Julier - mais ces deux ecclésias­tiques passaient pour des !mbus d'id.ées libérales. Le fort vent de contestatIOn aboutit bientôt à un référendum de la part des dizains supérieurs. La requête se cristallisait autour de deux points essentiels: - 1) la question du Conseil d'éducation et de sa nomination, 2) la question des commissions locales et des compétences du curé - qui ne cesseront . d'ailleurs d'envenimer les rapports entre les pouvoirs ecclésiastique et civil durant les années futures.

Le projet en question prévoyait en effet en guise de pouvoir central un Conseil d'éducation composé de cinq membres, tant ecclésiastiques que laïcs: le clergé craignait que sa représentation fût largement déficitaire et que partant, la direction des écoles n'incombât qu'à des laïcs. En outre on désapprouvait for­tement le fait que l'évêque n'apparût pas dans la loi comme supérieur de l'Ordre ecclésiastique au même titre que le Con­seil d'Etat dans l'ordre civil 7.

D'autre part, au synode référendaire convoqué d'urgence par l'évêque le 5 juin 1828, les opposants insistèrent pour que les curés fussent de droit présidents des commissions locales et qu'ils pussent participer à la nomination du régent. L'atteinte à ce principe fondamental pesait lourd, selon l'abbé Boucard, da~s les causes du mécontentement des mI­lieux ecclésiastiques.

En novembre 1828, une commission cantonale fut mise sur pied afin d'exami­ner les amendements proposés par le clergé. Un mois plus tard, le projet de 1827 réapparaissait sous une forme édul-

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corée pour être débattu une nouvelle fois à la Diète. Le 15 décembre 1828, il était accepté comme premier décret sco­laire par la majorité des députés valai­sans. Le clergé venait de gagner des points puisque la Diète avait finalement adopté les amendements issus du synode extraordianire.

C'était un beau départ, mais ... alors que l'on attendait la mise à exécution de ce premier décret, de nouvelles diver­gences surgirent à propos de la rédaction d.e l'article 43 portant sur les compéten­ces des pouvoirs civil et ecclésiastique en ce qui concerne un éventuel renvoi du régent. Selon certains milieux cléricaux, cette rédaction ne correspondait pas à l'esprit de la décision adoptée en 1828.

Aussi, en mai 1829, les dizains votè­rent à 49 oui contre 10 non une corres­ponsabilité de l'évêque et du Conseil · d'Etat. Cette solution ne satisfit guère un groupe de députés bas-valaisans qui déposèrent à la Diète une nouvelle mo­tion visant à soumettre la décision de l'évêque au préavis des conseils d'éduca­tion locaux. Ce nouvel amendement, issu cette fois d'un milieu laïc, provoqua' l'ire de Monseigneur qui n'admettait pas qu'un droit naturel fut hypothéqué par l'immiscion du pouvoir civil, ce dernier n'ayant pas le droit de prescrire à l'évê­que la forme à suivre dans les jugements qu'il porte sur les affaires dépendant de l'autorité ecclésiastique 8.

La question scolaire s'acheminait à nou­veau dans une impasse, et la mort de monseigneur Zen Ruffinen, le 21 décem­bre 1829, renvoya aux calendes grecques l'échéance des prochains débats parle­mentaires. Ces discussions mouvemen­tées suscitèrent de plus au sein du peuple certaines réactions néfastes à la progres­sion de l'instruction, les communes crai­gnant par exemple de devoir renoncer à leur sacro-sainte autonomie au profit de l'Etat.

L'atmosphère révolutionnaire des an­nées 1830 s'avéra en outre peu propice à une reprise des discussions scolaires

abandonnées en 1829. C'est pourquoi le décret du. 15 décembre 1828 tomba dans les oubliettes du gouvernement sans jamais connaître une promulgation offi­cielle.

Mais, avec. l'abbé Boucard, on peut considérer que: «Ce décret accepté par la Diète et le Conseil des dizains ne constitue pas moins la première loi sco­laire valaisanne. Malgré ses imperfec­tions, on peut la considérer comme une des meilleures lois scolaires que l'on puisse rédiger 5».

B. Du libéralisme du décret de 1839 à la précarité de la loi de 1844

En 1838, le Conseil d'Etat chargea une nouvelle commission d'élaborer une révision de ce décret scolaire non pro­mulgué de 1828. Celle-ci présenta son rapport le 2 mai 1838 à la Diète qui fut contrainte de suspendre les débats parce qu'une fois de plus on ne parvenait pas à s'entendre sur le partage des compé­tences entre le pouvoir ecclésiastique et l'autorité civile.

Bientôt l'opposition libérale, emmenée par Maurice Barman, prépara un nou­veau projet qui fut présenté à la Diète en décembre 1838. Celui-ci, d'esprit fran­chement libéral, écartait toute prérogative de l'évêque sur l'instruction en arguant que la participation de Monseigneur n'a­vait d'autre apport que de mettre le pou­voir civil dans un état de dépendance incompatible avec sa dignité et d'être à la source d'éternelles et graves divergen­ces peu propices à l'amélioration de l'ins­truction. C'était la premiè·re fois dans le canton qu'on revendiquait la suprématie de l'Etat dans le domaine scolaire, Lors­que le peuple valaisan consulté à ce sujet dut se prononcer, en 1840, il expri­ma son veto catégorique, jugeant le pro­jet libéral trop révolutionnaire et totale­ment inadapté aux circonstances.

A la suite d'un tel échec, le gouverne­ment se contenta de diriger ses efforts vers l'enseignement supérieur en s'occu- 10 Il

pant de réorganiser les collèges classi­ques de Sion et de Brigue. Relevons que c'est également de cette époque que date le premier décret (l 0.9 .1841) stipulant la création d'une école normale à Sion dans les deux langues. Mais cet objectif ne sera réalisé qu'en 1846 avec l'ouver­ture du premier cours pédagogique.

Pendant ce temps, les élections de 1843 avaient favorisé l'accession au gou­vernement d'hommes plus modérés, prêts à redorer la blason du clergé en matière d'instruction publique.

Durant l'année 1843, on s'attela à l'élaboration d'un nouveau projet sco­laire. Celui-ci, contrairement au décret de 1839, reconnut à l'évêque le drCYit de partager avec le Conseil d'Etat le pou­voir de nomination des membres du Conseil d'éducation, ainsi que celui d'ap­prouver ou non le règlement des écoles. En outre, on accordait au clergé un droit de censure dans la nomination du per­sonnel enseignant et un droit d'approba­tion des brevets de capacité et de licence: La loi promulguée le 31 mai 1844 favori­sait manifestement une réhabilitation du pouvoir ecclésiastique sans pour autant reconnaître l'inamovibilité du curé au sein des commissions locales. Le Conseil d'éducation quant à lui réservait une large place au clergé (2 eccl. et 1 laïc), la présidence étant attribuée toutefois au seul membre laïc.

Cette première loi scolaire valaisanne acceptée par le peuple marque une étape importante dans l'histoire de l'instruc­tion cantonale. Elle consacre le prin­cipe de l'école obligatoire tout en de­meurant ambigüe quant à celui du financement. Hélas, le règlement d'appli­cation du 25 octobre 1845 eut à peine le temps 'de se faire connaître dans les communes que survinrent les troubles du Sonderbund qui allaient amener une de plus un bouleversement fondamental de l'institution scolaire.

En 1847, les radicaux s'imposent par la force. Le nouveau gouvernement ex­pulse les jésuites et écarte le clergé de sa fonction administrative.

C. La loi de 1849: mise en place d'un système cantonal d'instruction

L'innovation la plus importante con­siste en la création d'un département de ['instruction publique. Ce nouveau dicas­tère de l'administration cantonale enlève définitivement toute prégorative à l'évê­que sur l'instruction et transforme le Conseil d'éducation en un simple comité laïc entourant le chef du Département de l'instruction publique. L'école jus­qu'ici avait souffert de l'absence d'un pouvoir central capable de vaincre l'in­différence des masses et l'esprit forte­ment autonomiste des communes.

Revendiqué depuis 1828, tant par l'au­torité ecclésiastique que civile, le Con­seil d'éducation n'avait pas encore pu fonctionner réellement. En écartant le clergé de l'administration des écoles, les radicaux optèrent peut-être pour une manière d'agir peu élégante mais qui ne demeure pas moins un facteur décisif de l'évolution scolaire.

Ainsi, en vertu de l'article 8 de la Constitution valaisanne de 1848, l'ins­truction était placée sous la surveillance unique de l'Etat laïc, sans qu'il fût porté préjudice aux compétences du clergé en matière d'enseignement religieux. La loi du 31 mai 1849 consacre donc au niveau législatif le triomphe de l'école d'Etat. Outre le renouvellement du principe de l'école obligatoire, elle apporte une solu­tion nouvelle au financement de l'école en obligeant les communes dépourvues de fonds à prélever un impôt sur la fortune des domiciliés afin de subvenir aux dépenses scolaires. Le -règlement de 1845 prévoyait à cet effet une contribu­tion annuelle pour chaque élève versée par les parents; mais cette solution ne favorisait guère les familles nombreuses victimes généralement de la plus grande indigence. L'introduction de l'impôt sur la fortune constitue donc un pas impor­tant sur la voie d'une école primaire gratuite. Nous y reviendrons dans le chapitre suivant.

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Chanoine Joseph-Antoine Berchtold, curé de la ville de Sion .

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II. La phase d'application ou le contact difficile avec la réalité (1849-1873)

A. De Charles-Louis De Bons à Henri Bioley Après les déboires de 1828 et de 1839

et les illusions perdues de 1844, on était parvenu, en 1849, à l'élaboration d'un véritable système cantonal d'éducation basé sur l'établissement d'un départe­ment de l'instruction publique. Du niveau parlementaire, il fallait entrer mainte­nant dans la phase d'application propre­ment dite: cette période démontrera à quelles difficultés va s'achopper le gou­vernement dans sa tentative de générali­ser l'institution scolaire au niveau des communes. Toutes sortes de facteurs vont apparaître qui entraveront considé­rablement le développement de l'éc~le dans ce Valais du XIXe siècle. Avant d'aborder l'analyse de ces obstacles, voyons les principales initiatives prises par le gouvernement durant cette période.

Entre 1849 et 1852 règne un gouver­nement radical qui demeure fort distant du peuple à cause de sa conception anticléricale trop manifeste. Aussi son action se Iimite-t-elle plutôt à des mesu­res législatives. Dès 1852 apparaissent au gouvernement des hommes de ten­dance plus modérée, prêts à tolérer une certaine réhabilitation du clergé en ma­tière d'instruction.

Au début de l'année 1853, Charles­Louis De Bons accède au poste de chef du DIP: il va marquer l'école valai­sanne de sa personnalité. Dès son entrée au gouvernement, il réorganise l'ensei­gnement supérieur avant de procéder à un réexamen complet de l'enseignement primaire. Entre 1854 et 1856, il est rédacteur en chef de la revue intitulée «l'Ami des régens », au travers de laquelle il tend à communiquer ses idées pédagogiques et à améliorer le système d'enseignement. Soucieux de donner aux communes des ' ressources suffisantes, il fait décréter qu'une partie du produit des coupes de bois soit attribuée comme fonds à l'instruction publique. Il rap­pelle les commissions scolaires à l'ordre en envoyant des circulaires dans les com­munes. Il opère également un vaste son-

dage dans tout le canton pour s'enqué­rir de l'état des écoles auprès des diffé­rentes communes valaisannes. Il met en route un corps d'inspecteurs scolaires servant de trait d'union indispensable entre l'Etat, les commissions locales et le personnel enseignant. Le règlement de 1860 vient couronner son œuvre en apportant de notables modifications au règlement antérieur de septembre 1849. En 1861 , il quitte le Département de l'instruction publique en laissant à ses successeurs une législation bien adaptée à la situation et un département en pleine activité. Ces derniers vont mener leur action dans la même voie, freinés toutefois par une conjoncture peu favo­rable qui va conduire au krach de la banque cantonale de 1870. L'instruction durant les années 1860 retrouve un rôle de second plan et il faudra attendre le renouveau des années 1870 pour y voir apparaître un regain d'intérêt, avec l'en­trée au DIP de Henri 8ioley, personna­lité dynamique , qui va redonner à l'ins­truction l'impulsion souhaitée par l'éla­boration d'une nouvelle loi scolaire, en 1873.

Pendant ce temps, au niveau fédéral, la lutte est relancée entre les partisans de la centralisation et les adeptes du fédéralisme. La nouvelle constitution fédérale donne partiellement raison aux premiers en décrétant une armée fédé­rale que certains envisagent comme le prémice d'une école fédérale. L'article 27 de la nouvelle constitution semble confirmer ce point de vue puisqu'il auto­rise la Confédération à procéder à un contrôle de l'état de l'instruction dans les différents cantons. Pour réaliser cet objectif, le Département militaire fédé­ral instaure dès l'année 1875 un examen pédagogique destiné à tous les jeunes Suisses de 19 ans appelés à être incor­porés dans l'armée. Or, les premiers résultats de ces épreuves portant sur quatre branches fondamentales (lecture, composition, calcul, civisme) démon-

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trent que 50% de Valaisans ne savent pas lire et qu'en proportion à peu près égale ils ne savent pas écrire. L'analyse de ces statistiques durant la première période (1875-1885) permet d'établir une comparaison entre les résultats obte­nus par les recrues valaisannes et ceux de l'ensemble des recrues suisses.

Le graphique qui en résulte laisse apparaître d'une part la courbe des bons résultats (notes 1-2) pour les deux mi­lieux analysés et d'autre part celle des

80 Graphique No 1

mauvais résultats (notes 4-5). L'allure' générale des courbes démontre d'abord le retard considérable du Valais, tant sous le rapport des bonnes que sous celui des mauvaises notes et, aussi , la stagnation des résultats pour les recrues valaisannes durant cette période initiale . Les chiffres en % représentent le pour­centage des recrues ayant obtenu les notes 1 et 2 ou les notes 4 et 5 sur l'ensemble des quatre branches de l'exa­men (note moyenne).

ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES RÉSULTATS DE 1875 À 1885

70 (moyenne des 4 branches)

64

44

50

r-----

53 51

""- --/-~~~\: ------- - -----

40 l ""

/ 46 ' , \

37 /

l ''''',

,/ '~------30

/ 25

20

10 1~-=---==10

27 24

~~22

18 Légende

______ Bons résultats sur le plan suisse, notes 1-2 __ Bons résultats sur le plan valaisan, notes 1-2 = Mauvais résultats sur le plan suisse, notes 4-5 ___ Mauvais résultats sur le plan valaisan, notes 4-5

1875 1876 1877 1878 1879 1880 1881 1882 1883 1884 1885

Pour une meilleure compréhension du graphique ci-dessus, il faut connaî­tre la signification des notes attribuées par les experts fédéraux (voir Bovet Pierre: les examens de recrues dans l'ar­mée suisse de 1854 à 1913).

Notes 1 et 2 Résultat démontrant que le candidat a

compris la matière - Niveau de connais-sances satisfaisant. .

Notes 4 et 5 Résultat totalement insuffisant démon

trant l'ignorance voire l'analphabétisme des candidats.

Ces résultats furent l'indice combien révélateur d'une situation peu flatteuse pour notre canton, d'autant moins que l~ moyenne suisse était nettement supé­neure.

C'est la preuve aussi qu'en dépit des efforts du gouvernement opérés depuis 1849 , le Valais n'avait pas réussi à sor­tir de son ignorance et que l'instruction n'avait pas encore atteint un véritable caractère populaire. Quelles étaient donc les causes de ce retard? C'est à cette question que nous essayons de répondre maintenant. 14 15

B. Les obstacles au développement de l'école prImaIre

1. La pauvreté et l'indifférence des administrations communales

Au début du XIXe siècle, on ne con­naissait que très peu l'école communale. L'instruction était généralement livrée aux bons offices des curés. Pourtant il existait dans le domaine de l'instruction une institution tout à fait caractéristique de la société valaisanne: le consortage scolaire. L'organisation en consortages n'était pas seulement le propre de l'école. Un grand nombre d'institutions d'utilité publique, telles les fontaines communes, les laiteries, faisaient l'objet d'une sem­blable organisation. L'école n'échappait donc pas à cette pratique coutumière. Démunie de toute direction supérieure et victime de. la pauvreté généralisée des communes ou des sections, l'instruc­tion dépendait ainsi de l'initiative de certains parents aisés qui, se constituant un f0l1ds scolaire commun, nommaient un instituteur capable d'instruire leurs enfants. Ces obligations prises par les pères de famille dans le but de créer une école dite de consorts constituent, selon l'abbé Boucard, l'origine la plus valai­sanne des fonds scolaires 9 . Les enfants des non-membres n'y avaient accès qu'au prix d'une forte contribution, ce qui dissuadait nombre de parents de procu­rer Pinstruction à leurs enfants.

Dès l'éclosion du mouvement libéral, ce genre d'institution de type plutôt aristocratique sera remis sérieusement en cause, particulièrement durant les années 1830, au moment où l'on cher­che à instaurer une école démocratique et accessible à tous.

Déjà la loi de 1844 tend à limiter ces écoles particulières en les soumettant à l'administration générale des écoles, tout en reconnaissant le droit aux con­sorts de nommer leur commission pro­pre , ainsi que leur instituteur. Pourquoi donc ces écoles de consorts, qui avaient pourtant rendu de précieux services à

l'instruction au début du siècle devenaient elles maintenant une pierre d'achoppe­ment pour l'Etat cantonal?

En fait c'est surtout le problème du financement de l'école publique qui mit en péril l' instruction particulière 10.

Avant 1849 le principe de l'école gra­tuite figurait dans la législation sans qu'une solution concrète ne fût apportée au problème du financement de l'école publique.

La loi de 1849 prévoit à l'article 13 quatre ressources principales:

1. Les fonds scolaires 2. Les bénéfices paroissiaux 3. Eventuellement les fonds de

sociétés 4. L'impôt sur la fortune Il

Considérons plus particulièrement le problème des fonds scolaires et celui de l'impôt sur la fortune.

a) Les fonds scolaires

Quelques chiffres tirés des rapports d'inspecteurs (du district de Sierre) pour l'année 1854-55 permettront de consta­ter l'insuffisance des communes dans ce domaine:

l cogne: Fr. 40.- en argent et 8 fiche­lins de seigle (1 fichelin = environ 25 litres, selon la loi de 1825).

Montana : 14 fichelins de seigle et d'orge.

Chermignon: 40 écus par an (1 écu = Fr. 3.75 environ).

Lens: bénéfice du rectorat + fonds rapportant un intérêt annuel de Fr. 100.- .

Venthône: les fonds produisent un intérêt de 27 écus. Le surplus du

Page 10: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

traitement est payé par la caisse com­munale.

Randogne: intérêts des fonds = 3 écus; la commune donne 5 écus; redevance en denrées: 10 écus.

Ma//ens: le fonds produit un intérêt annuel de Fr. 72.46.

Pour se faire une idée de la valeur relative de ces montants, il suffit d'exa­miner dans ces mêmes rapports à com­bien s'élève le traitement du personnel enseignant pour la même époque:

En 1855:

- l'instituteur d'Icogne reçoit Fr. 10.­par mois, plus la pension;

- l'instituteur de Lens touche un sa­laire de Fr. 15.- par mois;

- l'instituteur de Venthône reçoit un salaire annuel de Fr. 145.- plus un setier de vin, soit environ Fr. 160.­au total;

- l'instituteur de Randogne se con­tente de 8 écus en argent et 10 en denrées, soit un total d'environ Fr. 65.-.

- le traitement du régent de Mollens. s'élève à Fr. 21.- par mois 13.

A titre de . comparaison, voici le prix des denrées affiché au marché de Sion en 1855:

1 livre de pain blanc = 27 centimes 1 livre de pain de seigle = 23 centimes 1 livre de beurre = 80 centimes 1 livre de bœuf= 35 centimes 1 livre de veau = 28 centimes 14.

Ces quelques données suffisent à se rendre compte de la pauvreté générale des communes en matière de fonds sco­laires. Cette insuffisance se répercutait de manière défavorable sur la qualité du corps enseignant d'une part et sur l'état des locaux d'autre part, problème qui sera examiné ultérieurement.

La situation était parfois encore plus dramatique dans les sections conda~­nées à une autosuffisance. Il faut saVOIr

en effet que dans plusieurs communes valaisannes, les affaires scolaires n'étaient pas centralisées. Chaque village ou grou­pe de villages, chaque section en fait, se chargeait personnellement de la ges­tion de l'école, sans avoir recours à l'appui financier de l'administration communale 15. Ce système décentralisa­teur présentait certes un avantage admi­nistratif. Cependant il défavorisait forte­ment les sections démunies de fonds sco­laires. Voici ce que déclare à ce propos le chef du DIP, Charles-Louis De Bons, en 1857:

«La persistance avec laquelle, dans le Bas-Valais surtout, on maintient la répartition des frais scolaires par section donne lieu à bien des tiraillements. Une

.section est riche, l'autre ne l'est pas, mais celle-là ne vient point au secours de celle-ci parce que le Conseil refuse d'exécuter la loi qui prescrit la fusion des fonds d'école, soit une direction unique dans la commune en matière scolaire. Pour briser cette résistance, il faudra probablement en venir à des me­sures de rigueur, les comminations étant tout à fait sans résultat sur certains fonctionnaires communaux 16».

En réalité aucun article de loi ne prescrivait la fusion des fonds et le par­tage des dépenses scolaires. Cette négli­gence donnait lieu à d'éternels litiges entre les sections et les communes. Par l'arrêté du 21 mars 1860, puis par la loi de 1902, décrétant à l'article 1 ~ la suppression de ces écoles de sectIOn, l'Etat mettait un terme à un problème d'importance. Selon ces dernières pres­criptions, les sections restaient proprié­taires de leurs fonds, tout en remettant aux communes la compétence de gérer librement le financement de l'école publi­que. Ainsi les charges scolaires furent, à l'avenir, prises en charge par les admi­nistrations communales 17. La loi de 1902 et son décret d'application de 1903- 18

marquent donc sans conteste une impor­tante amélioration du système de finan­cement de l'école publique. 16 17

b) L 'impôt sur la fortune des domiciliés

En cas d'insuffisance voire d'absence de fonds, l'article 13 de la loi de 1849 prévoit pour les communes l'obligation de 'percevoir un impôt proportionnel à la fortune de chaque domicilié, à l'excep­tion toutefois - et c'est important - des dissidents entretenant pour eux-mêmes une école particulière 19. L'école particu­lière constituera à un certain moment un obstacle sérieux au développement de l'école publique car les consorts, exemp­tés de l'impôt, étaient le plus souvent les gens les plus aisés de la commune. Ainsi, en tolérant une dérogation pour ces derniers, on arrivait dans certains cas à empêcher la création, voire le main-

2. Le statut des familles agricoles

tien, des écoles communales, ou à faire peser sur une partie de la population un fardeau en disproportion avec ses ressources réelles 20.

Par l'arrêté du 21 mars 1860 21, l'Etat remédiait à ce délicat problème en astrei­gnant également à la taxe proportion­nelle tous les fondateurs ou ayant-droit d'une école de consorts. Le fonds de ces écoles restait aux consorts pour autant que l'acte de fondation réservât cette faculté aux ayant-droit. Cet arrêté mar­quait ainsi le déclin de l'école particu­lière au profit de l'école publique. Il permit du même coup de généraliser le principe de l'imposition sur la fortune et de perfectionner le système d'une école gratuite.

et ses répercussions sur la fréquentation scolaire

a) les causes de résistance à l'école

Le Valais du XIXe siècle, faut-il le rappeler, est un canton essentiellement agricole. La principale ressource des familles provient de l'élevage du bétail et de la culture des champs ou de la vigne. L'école en tant qu'institution obligatoire s'annonce donc comme l'ennemi n° 1 de l'entreprise agricole familiale. Elle lui ôte la précieuse main d'œuvre et risque même de lui porter un coup fatal, si elle ne tient pas compte des conditions inhé- . rentes à sa bonne marche, c'est-à-dire un cycle de travail compris entre février et novembre. Les mois d'hiver restent donc l'unique planche de salut pour l'ins­truction des enfants, mais cela ne suffit guère. Ecoutons plutôt l'avis de l'inspec­teur d'Entremont en 1865:

«La plupart des parents insoucieux de l'instruction de leurs enfants les gardent auprès d'eux jusqu'à ce que la neige ait couvert nos vallées pour les reprendre dès que les premiers rayons de soleil de printemps ont découvert la terre de son manteau d'avril 22».

Selon les prescriptions légales, l'école devait s'ouvrir au lendemain de la Tous­saint et se terminer à la fin du mois de mai 23. Autant ' la pâture des trou­peaux en automne que les travaux viti­coles printaniers entravaient . la bonne marche de l'instruction. Les écoles de plaine dont la durée était la plus lon­gue souffraient énormément de déser­tion durant ces périodes. Ainsi en est-il de la commune de Sierre:

«Durant les mois d'octobre et de mai, les supplications pour justification d'ab­sences obsèdent sans discontinuer M. le président de la commission scolaire ... Ne point autoriser ces légitimations abou­tirait à un résultat désavantageux. Cer­tains élèves, soit les élèves en grand nom­bre manqueraient quand même et se fami­liariseraient à mépriser la loi en alimen­tant en eux l'esprit d'indépendance et d'insubordination... Cette observation s'applique à toutes les écoles de Sierre. 24»

Mises devant le fait accompli, les autorités devaient en général faire preuve de tact et de tolérance. Afin d'éviter un

Page 11: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

absentéisme excessif: l'inspecteur conseil­lait parfois au personnel d'interrompre les cours durant le mois de mai pour ne les reprendre qu'en juin; solution qui s'avérait judicieuse en de pareilles cir­constances! Immobilisés par la neige, les villages alpestres quant à eux bénéfi­ciaient sans conteste d'un avantage sur ce point; les enfants ne pouvant, dans ce cas, prétexter de devoir assister leurs parents dans leurs tâches agricoles. Ces raisons pourraient expliquer dans une

'certaine mesure l'excellente tenue du district de Conches aux examens de recrutement 25.

La loi prévoyait bien sûr une amende en cas d'absence, mais la pauvreté de certaines familles était telle que même ce moyen de répression n'avait aucun impact sur les parents dont la situation matérielle rendait impossible l'acquitte­ment de leur dû. Or c'étaient préci­sément ces mêmes familles qui sollici­taient le plus l'aide de leurs enfants; d'où une difficulté d'autant plus grande pour l'Etat d'obtenir une fréquentation régulière 26.

A cela s'ajoutait le plus souvent un mauvais-vouloir inconditionnel de cer­tains parents dû essentiellement à leur ignorance innée et se manifestant par un refus catégorique d'envoyer leurs enfants en classe. Ainsi, ce témoignage drama­tique du président de Nendaz en 1871, adressé au chef du DIP:

«J'ai le regret de porter à votre con­naissance la misérable conduite des ressor­tissants de nos localités qui , malgré mes insistances et mes récomandation ils s'ostinent et refusent d'envoyer leurs en­fans à l'écol , et quelques uns deux il les envoye que très rarement au grand regret du bon règent que nous avons le bonheur d'aitre desservi: les mèmes parent il sont incapables de donner les instructions à leur enfan vut que mème il sont dans sombre ignorance, quelques uns de ses en fans ont déjat un age très avancé je vous prie Monsieur le Conseiller d'Etat de nous donner des ordres esenpaire que nous puisson sup-

pnmer les desordre et les inconduite de ces maleraux parent qu'il néglige leur enfan de leur principal héritage qu'il doivent leur laisser 27 ».

Cette lettre, qui nous livre de surcroît un échantillon du degré d' instruction d'un président de cette époque, nous situe réellement au cœur du problème.

En dépit des mesures pourtant sévères prévues dans le règlement scolaire de 1860 28 , un grand nombre de parents continuaient à maintenir leurs enfants dans l'ignorance la plus complète.

Dans certains cas on ne se gênait guère de menacer l'instituteur d'un mau­vais traitement s'il osait se plaindre à l'inspecteur des absences encourues par les enfants 29. Pour terminer, voici un extrait du rapport du DIP de l'année 1894 qui montre jusqu'à quel point s'éle­vait l'entêtement de certaines familles:

«Une famille récalcitrante a mieux aimé être expulsée de son lieu d'habi­tation plutôt que de se soumettre au régime scolaire {p.» .

b) La fréquentation scolaire

1. Durée annuelle et journalière

Jusqu'en 1873, le minimum légal était fixé à cinq mois. a partir de cette année, il fut porté à une durée de six mois effectifs 31. Lorsque les circonstances le dictaient, l'Etat devait ordonner l'éléva­tion de ce minimum 32.

Qu'en est-il dans la réalité? Voici deux graphiques donnant la répartition des écoles valaisannes sous ce rapport. L'un se rapporte à l'année 1871-72, l'au­tre à l'année 1888. La mise en parallèle des deux courbes obtenues permet de considérer l'évolution qui s'est opérée dans ce domaine, de 1872 à 1888.

18 19

GraplliqueNo2

RÉPARTITION DES ÉCOLES VALAISANNES SELON LA DURÉE ANNUELLE

EN 1871 -7~

Mois -de S Set +. 7et +

400 Ecoles

GraphiqueNo3 ln Rapp. du CE. D/P. Annexes sta tistiques

RÉPARTITION DES ÉCOLES VALAISANNES

SELON LA DURÉE ANNUELLE EN 1888

Mois - de 5 5 et + 6 el + 7 et +

Aucun document ne permet de dres­ser un tel tableau avant 1871!

Par contre il est possible de tracer la courbe évolutive de la durée annuelle de 1855 à 1910 sur la base des statis­tiques recueillies dans les rapports du DIP.

GraphiqueNo4 ln : Rapp. du CE. D/P. Annexes statis tiques

DURÉE ANNUELLE MOYENNE DU CANTON DE1855À1910

8M 4J 7~~_~ ____ ___

6M 14.j ___ 6_M_16j 6M 10J

6M 14j ,.1'"-. ___ _

// 6M 10J --- ~-~ --L-é~::d~- ----- ---- ---_ __ Monthey

__ __ ____ -' 4M 15J

Commentaire du graphique

L'évolution décisive s'opère de 1865 à 1875 (loi de 1873). Puis l'on assiste à une nette stabilisation. L'école pri­maire valaisanne conservera très long­temps ce régime semestriel ùusqu'à la loi de 1962).

Quant à la durée moyenne des écoles de chaque district, elle nous est donnée par le graphique n° 5 concernant l'année 1872-73 .

Viége

Brigue

Rarogne

Conthey

Martigny

Monthey

Graphique NoS ln : Rapp. du CE. D/P. Annexes statistiques

SITUATION DES DISTRICTS PAR RAPPORT À LA DURÉE SCOLAIRE

EN 1872-73

~ __ ---j1 9j

f------j 22j

1---___ ----< 24j

f--___ ----'26j

I--------i 27j

f------j 28j

I---------j 29j

~ ____ ---j llj

f--_______ ----l 7m12j

L-_________ ----j 8m2j

Le tableau qui suit permettra enfin de comparer la durée scolaire du Valais à celle d'autres cantons pour l'année 1888. Dans cette durée sont inclues les heures consacrées aux cours complémentaires et préparatoires 33 (cf. tableau n° 1, p.20).

La durée totale de l'école primaire d'un Valaisan est donc, à cette époque, presque deux fois inférieure à celle d'un Genevois. Même l'élève tessinois bénéfi­cie d'un léger avantage sur ce point.

Dès lors il ne faut guère s'étonner si les résultats pédagogiques des recrues étaient si médiocres. Cette différence dans la durée suffirait presque à expli­quer le retard de notre canton!

Quant à la durée journalière, elle dépendait de nombreux facteurs tels la surcharge des classes, le manque d'insti­tuteurs ou l'éloignement de la maison d'école.

Le tableau ci-dessous permet de cons­tater la grande variété qui règnait dans le canton quant à l'établissement de la durée quotidienne (cf. tableau n02):

Page 12: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Tableau n ° 1: Comparaison de la durée scolaire obligatoire

Ecole Ecole Ecole Cours Cantons enfant. prim. comp. prép. TOTAL

Valais 5000 h. * 408 h. 48 h. 5456 h. Vaud 9174 h. 117 h. 9291 h. Genève 1320 h. 7920 h. 896 h. 10136 h. Tessin 5600 h. 160 h. 48 h. 5808 h.

* heures

Tableau n° 2: durée journalière dans les différents districts en 1873

Nombre de classes dont la durée est de Alternance

Districts 6 '12 h 6 h. 5 - 6 h. 5 h. 4 h. 3 h. 2 h. fi lles Avancés garçons début.

Conches *** 1 1

Rarogne or. *** 4

Brigue *** 2 7

Viège écoles 6 écoles plaine vallée

Rarogne oc. *** 3

Loèche *** 1

Sierre 8 *** 1 3

Hérens *** 2 6

Sion ***

Con the y *** 4

Martigny 1 10 30 14

Entremont ***

St-Maurice 21 ***

Monthey *** Val d'II-liez

*** = le plus grand nombre de classes

La parution en 1875 d'un nouveau plan-horaire va contribuer à une amélioration notoire dans ce domaine. 20' 21

2. La population scolaire

Le rapport établi à un moment donné entre la population totale et le nombre d'élèves inscrits à l'école primaire peut donner une idée du degré d'avancement de la popularisation scolaire. Toutefois, ce calcul reste relatif car le nombre d'élè­ves figurant sur les listes scolaires ne correspond pas forcément au nombre d'élèves participant réellement à l'ins­truction. Malgré tout , ce critère vaut la peine d'être pris en considération.

En 1828, on estime à environ 7500 la population scolaire, ce qui représente approximativement le 10% de la popula­tion totale. En 1910, ce même taux s'élève à 17% et le nombre d'élèves a presque triplé (21 615), alors que la popu­lation totale n'a augmenté que de 30 %. Il s'est donc produit en l'espace d'un siècle une augmentation sensible de la population scolaire, premier indice révé­lateur d'une réelle popularisation de l'ins­truction primaire.

Graphique No 6 InRapp, du CE. D/P. Annexes statistiques

ÉVOLUTION DE LA POPULATION SCOLAIRE DE1828À1910

7500 Elèves

1875 1885 1895 19051910

ln : Annuarre ollicieldu canton du Valais

t Graph,queNo?

ÉVOLUTION DE LA POPULATION VALAISANN[ DE1830À1910

1860 1870 1880 1890 1900 1910

Les graphiques ci-après (nos 6 et 7) expriment l'évolution qui s'est produite de 1828 à 1910.

Commentaires

Entre 1828 et 1863 , la population du Valais augmente de 23 %, tandis que la population scolaire cantonale progresse de 94%. De 1863 à 1875, cette même augmentation est de 7% pour la popu­lation totale contre 21 % pour le nombre d'élèves.

Entre 1875 et 1895 , l'augmentation de la population totale s'élève à 18 %, celle de la population scolaire à 7 %.

De 1875 à 1910, enfin, ces mêmes taux sont respectivement de 23% (pop. totale) et de 32 % (pop. scolaire).

C'est donc bien à partir de l'année 1875 que le rapport entre les deux mi­lieux se stabilise, preuve qu 'à partir de cette période les registres sont tenus plus consciencieusement, preuve aussi d'une plus grande participation à l'œuvre sco­laire.

Si l'on considère l'augmentation moyenne par année, c'est bien entre 1828 et 1854 (249) et de 1863 à 1875 (250) qu'elle a été la plus élevée.

L'évolution du nombre d'élèves par sexe entre 1854 et 1910 contribuera à complèter ce chapitre statistique.

Si, en 1854 (cf. ,graphique n° 8), le Valais n'est pas encore acquis à la cause de l' instruction féminine , le rapproche­ment des deux courbes entre 1854 et 1863 et leur évolution quasi symétrique jusqu'en 1910 indique que la situation s'est normalisée dans ce domaine. Ces chiffres doivent toutefois être pris avec précaution car les statistiques établies par le DIP ne donnent pas toujours de façon exacte la répartition entre les deux sexes, faute probablement d'informations plus précises données par les communes.

Ces quelques différences dues à l'ine­xactitude des chiffres ne devraient toute­fois pas avoir une trop grande incidence sur l'allure générale du phénomène ana­lysé.

Page 13: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Graphique No 8 ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques

11000[1

SCOLARISATION DES FILLES COMPARÉE À CELLE DES GARCONS

DE 1854 À 1910 .

10500

10000

9500

9000

8500

8000

7500 7497 //./ 72~_----

7000 7062

6500

6000 6259

1854 1863

./

9~;'<>- __ /

./ // 8429

1875

3. Le problème des absences et de leur répression par les commissions locales

L'un des principaux facteurs entra­vant le développement de l'école en Valais fut précisément celui des absen­ces. Avant 1875 toutefois , il est impos­sible de se faire une idée même approxi-

Graphique No 9

8955

1890 1895

10979

Legende __ __ _ Garçons __ Fille

1910

mative de ce phénomène vu l'inexistence de chiffres se rapportant à la question. A partir de 1875, le DIP commence à établir, sur la base des indications four­nies par le personnel enseignant des écoles et les commissions locales, des statistiques mesurant le degré de fréquen­tation scolaire. Avant d'examiner le gra­phique ci-dessous, il faut préciser d'em-

ÉVOLUTION DU TAUX D'ABSENCES PAR ÉLÈVE DE 1875 À 1910

--~~-1 1 ---

1875 1885 1890

ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques

Legende __ Total des absences ___ Absences injustifiées

1 ------ 0,4

1900 1905 1910 22 23

blée la relativité de ces chiffres surtout durant les premières années concernées, relativité due essentiellement au man­que de sérieux des commissions locales et du personnel enseignant dans la tenue du registre d'absences. Nous assistons donc à une augmentation du nombre d'absences, proportionnelle à l'intensifi­cation du contrôle opéré dans les diver­ses communes. A partir de 1900, la répression active du gouvernement com­mence à porter ses fruits et l'on assiste à une stabilisation du phénomène.

En isolant les absences injustifiées, il est possible de percevoir avec plus d'exactitude le problème de la désertion scolaire. Le taux par élève qui augmente de 1 à 1,5 entre 1875 et 1900 s'atté­nue par la suite pour tomber à 0,4 en 1910 (graphique n° 9).

2,3

Graphique No 10

TAUX D'ABSENCES INJUSTIFIÉES DANS CHAQUE DISTRICT 1,8

(moyenne sur4ans1875-1890-1900 - 1910j

0,9 0,8

0,7

Conches Rsrogne Loéche Brigue Martigny Conthey Sion Vlège Entremont Sierra St·Maurlce Monthey Hérens

Graphique No 11 /n ,' Rapp. du CE. D/P. Annexes statistiques

ABSENCES TOTALES TAUX DANS CHAQUE DISTRICT

(moyennesur6ans 1875- 1885 - 1890-1900 - 1905-1910j

Conches Raragne St-Maurice Martigny Conthey Monthey Sion Viége Entremont Loéche Brigue Sierre

Le problème de la fréquentation sem­ble donc être pratiquement résolu à par­tir de 1910.

L'analyse de la situation par district met en évidence l'excellente tenue des

écoles haut-valaisannes tant sous le rap­port des absences justifiées que sous celui des injustifiées (graphiques nOS 1 ° et Il].

Commentaire

Il faut considérer avec réserve la posi­tion de certains districts comme Sierre, dont le taux d'absences injustifiées semble peu élevé. Ce même district accuse en effet, avec Sion et Monthey, le plus grand nombre d'absences justifiées. Ce phénomène est directement explicable par le fait que certaines commissions scolaires accordaient volontiers des per­missions et les inscrivaient en toute con­science comme absences justifiées.

Un rapport du chef du DIP, en 1870, souligne d'ailleurs le problème posé par les négligences des commissions locales:

«La commission scolaire des commu­nes, sauf quelques honorables exceptions, est en général un rouage qui fonctionne mal. Les instituteurs se plaignent de ce que l'appui et le concours de la commis­sion scolaire leur font défaut. Ces com­missions se distinguent plus souvent par leur laisser-aller et leur inertie que par leur concours actif et ferme 35.»

On peut résumer à trois tâches prin­cipales le rôle des commissions locales à cette époque:

la visite mensuelle des classes, la tenue d'un registre des élèves, la répression des absences 36.

En 1854, le chef du DIP, M. Char­les -Louis De Bons, déplore qu'un nom­bre impressionnant de classes n'aient plus fait l'objet d'une seule visite depuis quatre ou cinq années 37 .

Le règlement de 1849 prévoyait pour­tant une fréquence de deux visites par mois 38 , prescription qui fut ramenée à une visite mensuelle dans la législa­tion ultérieure.

Le registre des élèves constituait l'uni­que moyen pour le personnel enseignant de contrôler la fréquentation des élèves.

Page 14: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Ce dernier faisait pourtant souvent défaut lors des visites de l'inspecteur scolaire. En 1873, le rapport du DIP souligne qu'un grand nombre de commissions loca­les omettent d'établir au début de l'an­née scolaire une liste des élèves astreints à la scolarité obligatoire 39.

L'inventaire des absences constituait une charge importante, inefficace pour­tant, si les commissions négligeaient de mettre à exécution les mesures de répres­sion. En effet, devant la menace de cer­tains parents, les autorités n'osaient sou­vent pas assumer la responsabilité de l'encaissement des amendes. Elles n 'hési-

taient guère à réduire, voire à supprimer tout simplement le montant de l'amende prévue à cet effet au règlement sco­laire. Une circulaire du 23 mars 1880 40 ordonne aux communes de procéder cha­que dimanche à la publication officielle de la liste des absences injustifiées, à la sortie de l'office divin. Les parents con­cernés étaient invités à s'acquitter, par la même occasion, des amendes encou­rues pendant la semaine. Ce système de «criées publiques» qui se généralisa dans les communes facilita grandement la tâche des commissions locales dans l'exercice de leur fonction.

Ecole primaire d'Ardon (construction en 1881). Coût: Fr. 15.300.-. La Bourgeoise devait creuser la fouille, fournir les pierres, la chaux, le ~mble, le bois en bille, le tout rendu sur place. Réfection importante en 1927 et 1930.

24 . 25

3. Le poids de la tradition et des coutumes ancestrales

a) le nomadisme

Dans son effort de généraliser l'instruc­tion au niveau des masses populaires, l'Etat cantonal se heurte, dès 1850, à une résistance tenace de la société tradi­tionnelle qui entend perpétuer son héri­tage ancestral sans se soucier des bien­faits d'une instruction régulière.

Le nomadisme pratiqué dans certains districts constitue précisément l'une de ces coutumes chères aux Valaisans. On distingue à cette époque deux types de déplacement. Le premier, «déménage­ment partiel», consistait en une migra­tion de certaines familles seulement, du village résidentiel vers les mayens sou­vent fort éloignés de la maison d'école communale. Les enfants victimes de ces transhumances se voyaient contraints de franchir quotidiennement de très lon­gues distances s'ils désiraient participer à l'instruction communale. Dans ce cas, l'organisation scolaire n'accompagnait pas les enfants. Dans son rapport de 1867-68, l'inspecteur du district d'Hérens relève à ce propos le cas des élèves de Suen:

«Ce qui nuit à cette école, c'est le déménagement auquel la moitié à peu près des élèves sont astreints, attendu qu'à cause de la distance, des chemins impraticables et du mauvais temps, beau­coup d'enfants ne peuvent arriver pour la classe 41.»

Conditionné avant tout par le besoin en fourrage, ce déplacement des popula­tions éloignait donc un certain nombre d'élèves de l'instruction durant une pé­riode de l'année correspondant générale­ment aux deux mois de décembre et de janvier. Afin d'y remédier, certaines com­munes organisèrent peu à peu, à proxi­mité des mayens, un cours scolaire tem­poraire, destiné aux enfants nomades et tenu généralement par l'instituteur com­munal qui se déplacait pour la circons­tance; ce qui n'était guère un avantage pour l'école communale dont la durée journalière se voyait forcément réduite pour les besoins de la cause. De tels

déplacements avaient lieu également dans les districts de Monthey (de Troistor­rents à Morgins), et principalement dans le district de Sierre, sur la rive droite comme sur la rive gauche du Rhône.

1) Un cas significatif: les classes nomades du Val d'Anniviers

Les élèves d'Anniviers subissaient anuellement deux migrations importan­tes. La première survenait généralement au début du mois de décembre, soit un mois environ après l'ouverture officielle des écoles. C'étaient aussi les réserves de fourrages laissées dans les mayens dispersés de Zinal, Ayer ou Mission, qui déterminaient la migration de la plus grande partie des familles de Vissoie. Un seul instituteur restait en permanence à Vissoie pour recueillir les enfants séden­taires. Les deux autres régents se dépla­çaient avec leur classe, l'un à Ayer, l'autre à Mission. Le séjour dit «de Zinal» durait environ un mois. A la fin de décembre, certaines familles se met­taient déjà sur le chemin du retour. Le jour de l'Epiphanie, tout le monde devait avoir rejoint Vissoie. Certaines familles stationnaient encore durant leur retour dans les mazots intermédiaires; ce qui pouvait entraver la fréquentation sco­laire des enfants concernés. En janvier, l'école de Vissoie reprenait donc son plein rendement avec un effectif com­plet, ce, jusqu'à la mi-février.

C'est alors que survenait le grand départ vers la plaine. Toutes les écoles d'Anniviers, à l'exception de la classe permanente de Vissoie, accompagnées de leur maître, déménageaient dans les diverses résidences secondaires de la plaine. Contrairement à la première forme de déplacement signalée plus haut, l'institution scolaire accompagnait dans ce cas la population émigrante.

Les élèves de Grimentz s'installaient dans l'actuel quartier de «Villa» à Sierre. Ceux de St-Jean se partageaient les écoles de Noës et de la «Zervettaz». Les écoles de St-Luc et Chandolin s'établissaient à Muraz. A ces écoles jouissant d'une

Page 15: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

destination fixe venaient se joindre les enfants émigrés de Vissoie, Ayer, Mis­sion et Zinal, ainsi que ceux de Mayoux, Pinsec et Fang, qui fréquentaient généra­lement l'école communale existant dans leur quartier d'habitation. Ces nouvelles arrivées donnaient lieu à un brassage peu commun d'élèves dans les différentes classes où se cotoyaient des gens de force inégale, ce qui n'était pas pour faciliter la tâche de l'instituteur.

Dicté autant par le travail des vignes que par le fourrage du bétail, ce séjour de la plaine se prolongeait généralement jusqu'à la veille de Pâques (fin mars). Alors sonnait l'heure du retour au pays et de la reprise des classes dans les diffé­rents villages anniviards.

Certaines familles se déplaçaient une nouvelle fois à la veille des vendanges, accompagnées de leurs enfants, pour de­meurer dans la région sierroise jusqu'au lendemain de la traditionnelle foire de Ste-Catherine (fin novembre). A cette période de l'année, les enfants victimes de cette migration extraordinaire ne béné­ficiaient d'aucune classe officiellement ouverte. Ils n'avaient d'autre solution que celle de se mêler aux élèves d.e, Veyras et de Sierre ou, comme le faI­saient la plupart d'entre-eux d'ailleurs, de pratiquer «l'école buissonnière»! L'ins­pecteur du district de Sierre évoque fort bien le caractère variable de l'école de Veyras en 1900:

«Durant le mois de novembre et sur­tout en mars, 22 enfants émigrés d'un peu partout - de Vissoie, Fang, Pinsec -ont fait irruption dans l'école de Veyras. C'est le refuge des aventuriers nullis nomenti. Le nombre total varie périodi­quement de 28 à 45 42.»

On peut s'imaginer alors dans quelles conditions l'instituteur de cette école devait organiser sa classe, sans cesse perturbée par les fluctuations migratoi­res des Anniviards. D'autres exemples pourraient être évoqués dans ce chapitre, celui des écoles nomades de la Noble Contrée, celui de l'école nomade de Chalais-Vercorin, ou de GrÔne-Loye. Nous nous contenterons toutefois d'avoir

esquissé les données générales du problè­me au travers d'un cas des plus signifi­catifs.

2) Les inconvénients occasionnés par le nomadisme

En 1877, le chef du DIP évoque dans son rapport les difficultés engendrées par les migrations:

«Il est bien difficile qu'un enfant qui suit les périgrinations de la famille et change de domicile jusqu'à quatre ou cinq fois dans le courant de l'année, puisse fréquenter l'école d'une manière très régulière. Un autre inconvénient qui découle de cet état de choses c'est que par le fait de leur séjour successif dans plusieurs localités différentes, les enfants qui appartiennent à ces familles noma­des . doivent nécessairement fréquenter plusieurs écoles différentes et suivre les leçons de divers maîtres. On n'a pas de peine à comprendre combien cet ensei­gnement qu'ils reçoivent est de nature à entraver le progrès 43.»

Les changements perpétuels qu'on fai­sait subir aux élèves nomades les contra­gnaient à suivre un enseignement des plus incohérents, d'autant plus qu'à cette époque, chaque enseignant utilisait sa propre recette pédagogique. D'autre part, ces déplacements de population qui ne s'opéraient généralement pas de façon homogène occasionnaient durant plu­sieurs jours de nombreuses absences impu­tables surtout à l'insouciance des parents. L'école souffrira moins de ce problème dès le moment où les commissions loca­les se mettront à organiser les déplace­ments' dans un laps de temps convenu d'avance. Ce qui semble être le cas des villages d'Anniviers, au début du XXe siècle. Dès le jour «1 », fixé par l'autorité scolaire, les familles disposaient d'un délai de cinq jours pour leur migration, à l'expiration duquel l'école reprenait son cours normal 44.

Outre ces inconvénients, le nomadis­me engendrait aussi le problème des .locaux secondaires:

«Les mœurs nomades ... obligent les administrations communales à entrete­nir plusieurs bâtiments pour la même 26 27

école. Cette population de deux-mille âmes (Val d'Anniviers) possède en effet 19 maisons d'école 45.»

Ainsi les locaux des résidences secon­daires se signalaient le plus souvent par leur exiguïté, leur insuffisance, voire leur inexistence pure et simple. Le matériel et le mobilier étaient le plus souvent défec­tueux. L'école de Muraz, en 1904-05, en offre un exemple fort éloquent:

«Tout le matériel scolaire de Muraz est à refaire. Les bancs sont vermoulus et pourront être avantageusement utili­sés pour chauffer le fourneau de l'école cet hiver. C'est toute la partie que l'on peut en tirer 46.»

Conscient de tous ces problèmes, le gouvernement valaisan tente d'y remé­dier en proposant par exemple aux famil­les concernées de mettre leurs enfants en pension pendant la période de dépla­cement. Cette solution s'avéra bien vite irréalisable dans un canton Où les famil­les avaient déjà tant de peine à s'auto­satisfaire 47. En fait, seules les profondes mutations économiques qui virent le jour au XXe siècle signèrent peu à peu la disparition de ce véritable fait de société. Mais il faudra attendre presque les années 1950, dans certains cas, pour assister à l'abandon complet de cette coutume.

b) L'usage ancestral du patois Durant la deuxième partie du XIXe

siècle, le patois demeurait la langue principale de la plupart des familles valaisannes, tout particulièrement dans le monde rural et montagnard. Cette coutume s'avéra bien vite comme un sérieux obstacle au développement de l'instruction, à l'heure où l'Etat entreprit sa vaste campagne de généralisation de l'école primaire. Voici ce que constate à ce propos un ancien inspecteur sco­laire, Monsieur Cocatrix:

«Combien sont nombreux dans nos villages de montagne surtout, les enfants qui entrent à l'école à l'âge de 7 ans et qui ne comprennent pas un mot de français: l'instituteur, pour se faire comprendre, est obligé souvent (plus d'un me l'a avoué) de parler patois avec eux les

premiers jours; ces enfants ignorant les mots les plus usuels de la langue fran­çaise apprendraient tout aussi facile­ment l'allemand ou le russe, le chinois ou le sanscrit 48.»

D'autres témoignages émanant des rapports d'experts aux examens de recru­tement relèvent les difficultés des recrues à exprimer clairement leur pensée, à cause de l'usage du patois trop habituel encore dans un grand nombre de villa­ges 49. En 1872-73, l'inspecteur du dis­trict de Monthey attribuait la faiblesse des élèves de Troistorrents au fait qu'ils n'entendaient presque jamais un mot de français en dehors de l'école 50.

Comment réagit l'autorité scolaire face à ce nouvel obstacle à l'instruction? La législation scolaire ne porte aucune trace

1 de mesures concrètes prises par le gouver­nement à cet égard. Le seul article de loi se rapportant à la question et relève du règlement scolaire communal de Mon­they, daté de l'année 1824:

«Les régents interdiront à leurs éco­liers et s'interdiront absolument à eux­mêmes l'usage du patois dans les heures d'école et en général dans tous les cours de l'enseignement 51.»

Si le gouvernement valaisan ne se ris­qua jamais de légiférer sur un problème aussi délicat, les inspecteurs scolaires ainsi que les enseignants ne se désinté­ressèrent pas pour autant de la question. Il ressort par exemple d'une Conférence pédagogique de 1881 que tous les parti­cipants ont reconnu «la nécessité de tenir ferme pour que les élèves parlent toujours et partout le français dès qu'ils ne sont plus sous la surveillance du maître 52».

L'amélioration de la formation du per­sonnel enseignant - la mauvaise pronon­ciation des élèves provenait souvent du grasseyement du maître lui-même, à l'épo­que - et du niveau intellectuel des élèves conduira peu à peu à l'abandon à l'école de cette coutume ancestrale. L'école ne fut certes pas l'unique facteur de la disparition du patois au XXe siècle, mais elle y contribua pour une large part 53.

Page 16: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

4. Les conditions naturelles défavorables

La topographie du canton, l'absence presque totale de voies de communica­tions praticables entre certains villages de montagne, la position élevée de cer­tains hameaux, autant de facteurs qui entraînaient à cette époque pour les élèves le problème de la longueur et du danger du chemin de l'école. A cause de ces conditions topographiques défavora­bles, un grand nombre d'écoles primai­res ne pouvaient s'ouvrir que la moitié de la journée. En décentralisant l'institu­tion scolaire, l'organisation des écoles de section avait amélioré le sort de certains villages isolés. Cependant, chaque petit hameau ne pouvait s'offrir le luxe d'un instituteur! Ainsi les enfants étaient con-

Graphique No 12

Viège

Monthey 1--- ----

Brigue

Hèrens

Loèche

Rarogne 1----

Sierre

Martigny

Conches

Sion

r---1----

f---f-

Entremont r--=.­St-Maurice ~

Conthey ~

% 0 1 3 4 5 6 7 8 9 10

La multiplication des écoles contri­buera à résorber peu à peu ce handicap dans certaines communes. De 361, en 1857, le nombre d'écoles en Valais a presque doublé, en 1914 (641) 55. L'ins­titution des soupes scolaires par certai­nes administrations communales tendra aussi à remédier à ce difficile problème. En 1890, le DIP voit dans cette pratique le seul moyen de rendre régulière la

traints d'affronter la rigueur du temps et les dangers de toutes sortes pouvant sur­venir sur le chemin de l'école. Aussi, en dépit même de leur bon vouloir, nombre de parents préféraient garder leurs enfants auprès d'eux plutôt que de les exposer à ces dangers quotidiens.

Le graphique ci-dessous, élaboré selon les statistiques fournies par Grob pour l'année 1882, permet de localiser le phé­nomène dans les différents districts (gra­phique n' 12). Comme on peut le cons­tater, ce sont les districts de Viège, Mon­they, Brigue et Hérens qui souffraient le plus du problème de l'éloignement de la maison d'école.

ln: GROB Op. cif. pp. I-IX

SITUATION DES DISTRICTS QUANT À LA LONGUEUR DU CHEMIN DE L'ÉCOLE

1882

Légende __ % d'èlèves parcourant 3 km et plus

__ % d'èlèves parcourant 5 km et plus

15 20

fréquentation dans un certain nombre d'écoles rurales. Cette œuvre de bien­faisance figurera d'ailleurs en première ligne des œuvres subventionnées par la taxe sur l'alcool 56. Le rapport du DIP pour l'année 1910 montre qu'un assez grand nombre de communes attribuent un montant à l'institution des soupes scolaires, preuve qu'un certain progrès s'est accompli dans ce domaine 57 . 28 29

Dîner des enfants pauvres ,

5. Les faiblesses du système d'enseignement

L'analyse de ce rouage essentiel de l'engrenage scolaire permettra de débor­der sur d'autres aspects intéressants de l'organisation de l'école primaire à cette époque.

Régions Total des enseignants

I. Haut-Valais 63

2, Centre (Sierre, 52 Hérens, Sion)

3. Bas-Valais 97

TOTAL 212

a) Répartition du corps enseignant

Avant d'aborder les problèmes spéci­fiques du personnel enseignant, il est intéressant de considérer l'évolution de sa répartition depuis l'année 1828. Selon l'abbé Boucard, le corps enseignant valai­san se répartissait comme suit, en 1828:

Ecclésiastiques Laïcs

Nombre %

52 82% Il

14 26% 38

7 8% 90

73 53% 139

Page 17: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

La proportion d'ecclésiastiques était encore très importante, surtout dans la partie supérieure du canton (82 %) 58. En 1854, le rapport du DIP relève ceci:

«L'existence dans les districts supé­rieurs surtout, des régents-nés, des rec­teurs ayant l'obligation d'enseigner en

Régions Total des enseignants

Haut-Valais 100

Centre 64

Bas-Valais 176

TOTAL 340

En déduisant du nombre d'ecclésias­tiques les enseignants membres de cor­porations religieuses, on peut évaluer approximativement la proportion de prê­tres et curés qui enseignaient encore en 1854: 12 religieuses, dans le Haut-Valais, 15 dans le Bas, ainsi que 7 chanoines. Le nombre de prêtres enseignants s'éle-

Régions Total des enseignants

Haut-Valais 123

Centre 115

Bas-Valais 243

TOTAL 481

Le Haut-Valais conserve la plus forte proportion de membres du clergé. Sur 26 ecclésiastiques, l'école haut-valaisanne compte encore 15 prêtres enseignants (lI religieuses). Au centre, on en trouve encore Il, tandis que les 32 ecclésiasti­ques du Bas appartiennent tous à des corporations religieuses enseignantes. Le nombre d'institutrices a triplé depuis

vertu de l'acte de fondation de leur béné­fice est loin d'être favorable à l'instruc­tion primaire dans cette partie du pays; certains sont inaptes à leur fonction 59.»

Voici la répartition du personnel en­seignant, en Valais, durant cette même année:

Ecclésiastique Laïcs

Nombre %

55 55% 45

12 18% 52

25 14% 151

92 37% 248

vait donc à 56, dont 43 dans ie Haut­Valais.

Quant au nombre de femmes ensei­gnantes, de 11 en 1828, il a passé à 66 dont 26 religieuses en 1854.

Au lendemain de la nouvelle loi sco­laire, soit en 1875, la situation se pré­sentait comme suit:

Ecclésiastiques Laïcs

Nombre %

26 21% 97

16 13% 99

32 13% 211

74 15% 407

1854 et s'élève maintenant à 187 (38 % du corps enseignant), dont 38 religieuses. Le corps enseignant compte 30% d'ins­titutrices laïques, ce qui représente un sensible progrès depuis 1854.

Examinons la statistique, vingt ans plus tard, soit en 1895:

30 31

Régions Total des enseignants

Haut-Valais 148

Centre 129

Bas-Valais 266

TOTAL 543

La proportion de prêtres-régents dans le Haut-Valais est tombée à 1,5 % (17 reli­gieuses), contre 12% en 1875.

Autant dire que les années qui ont suivi la réorganisation du système ensei­gnant ont été fatales à cette pratique pourtant séculaire.

Le taux encore élevé (13 %) en faveur du clergé est dû principalement à l'ap­port des congrégations féminines (U rsu­lines, Bernardines et autres). En 1895, on peut dire que l'enseignement primaire n'est plus l'affaire des curés (voir encore

Régions Total des enseignants

Haut-Valais 163

Centre 152

Bas-Valais 295

TOTAL 610

Ces chiffres confirment incontestable­ment l'évolution entamée à la fin du XIXe siècle. Le recteur de Glis sauve l'honneur pour le clergé dans le Haut­Valais, tandis que les deux représentants du Centre ne sont autres que les Frères de Marie enseignant dans les écoles pri­maires supérieures de la ville de Sion (voir graphique n° 13).

Quant à la proportion des religieuses enseignantes, elle a subi une baisse sen­sible dans tout le canton. Les huit dames

Ecclésiastiques La"ics

Nombre %

19 12% 127

21 16% 108

34 12% 232

74 13% 469

graphique n° 13 à ce sujet). Dans toutes les parties du canton et même dans la plus traditionnaliste, le régent laïc s'est substitué au prêtre-régent.

Quant aux institutrices, leur propor­tion atteint, en 1895, presque la moitié du corps enseignant (46%). Sans l'apport congréganiste, cette même proportion s'élève à 32 % (voir graphique n° 15).

Voici un dernier point de la situation, en 1907, année marquant l'aboutisse­ment de la politique scolaire gouverne­mentale:

Ecclésiastiques Laïcs

Nombre %

0,5% 162

10 6 % 142

5 % 290

16 2,5% 594

enseignant à Sion s'occupent de classes enfantines. Dans le Bas-Valais, c'est tou­jours le district de Monthey, avec ses pensionnats, qui en totalise la plus grande proportion.

Dans l'ensemble du canton, seul un 2 % du corps enseignant appartient au clergé, en 1907. C'est le triomphe de la laïcisation entamée par les libéraux durant les années 1830. La proportion d'institutrices a diminué quelque peu, en raison surtout de la disparition d'une

Page 18: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

grande partie des religieuses enseignan­tes . Le taux d'institutrices la'iques a connu du reste un accroissement de 7% (39%) (voir graphique n° 15).

Ainsi, en 1907, l'Etat laïc est bel et bien maître de l'instruction primaire. Il

aura fallu presque un siècle de lutte acharnée pour permettre à l'instruction une telle évolution. Les quelques graphi­ques ci-dessous illustrent de façon plus globale le pas qui a été fait dans ce domaine (voir graphiques nOS 13-14-15).

80 82

70

60

50

40

30

26

20

10 8_

% 1828

400

350

300

55

1855

Graphique No 13 Annexe No 6 ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques

DIMINUTION DE LA PROPORTION D' ECCLÉSIASTIQUES DANS LE CORPS ENSEIGNANT VALAISAN

DE 1828 À 1907

Légende __ Haut-Valais ___ Centre (Sierre, Hérens, Sion) _____ Bas-Valais

1875 1895 1907

Graphique No 14 ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques

3~7

ÉVOLUTION DE L' ÉLÉMENT FÉMININ / DANS LE CORPS ENSEIGNANT /

DE 1828 À 1907 / _2~ __ ~/

2~_-

250 ....----- ~ 245 (66R) 253(12R)

-------~

201 ~ 200 ~

150

66(2R)

11 (2 Religieuses)

1828 1855

187 (38R)

1875 1895

Augmentation Hommes : 156 Femmes : 242

Légende __ Hommes __ Femmes

1907 1928 32 33

700 Graphique No 15 ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques

AUGMENTATION DU CORPS ENSEIGNANT EN VALAIS DE 1828 À 1907

600

500

400

300

200

543

481

340

212

1828 1855 1875 1895

b) Choix et nomination du personnel enseignant

Selon la loi de 1849 (article 12), le choix et la nomination du personnel enseignant incombent au Conseil muni­cipal, sous réserve de l'approbadon du DIP 60.

En outre, le règlement de 1860 pres­crit aux communes l'obligation de sou­mettre leurs propositions avant le 1 er

octobre à la ratification du DIP, délai au-delà duquel une amende est infligée aux administrations négligentes 61.

Or voici ce que déclare à ce propos l'inspecteur du district de Martigny, en 1855:

«La loi attribue aux conseils munici­paux la nomination des régents. Cepen­dant, dans bien des communes, ce sont les habitants des villages qui les nom­ment, ce qui rend les maîtres dépendants des pères de famille, abus qui doit dispa­raître 62.»

Selon la législation, le choix du per­sonnel enseignant devait porter avant tout sur les personnes détentrices d'un brevet de capacité ou , à défaut de cette qualification, munies d'une autorisation provisoire délivrée par le DIP. Selon la

610

Augmentation: 398

1907

loi de 1844, l'Etat délivrait deux sortes de brevets: le brevet de capacité et le brevet de licence. Ce dernier n'était attri­bué que pour une année ou deux et le détenteur avait l'obligation de suivre les cours de l'Ecole normale jusqu'à l'obten­tion du brevet de capacité. La loi du 31 mai 1849 précise que pour obtenir un brevet de capacité il faut être âgé d'au moins 18 ans.

Toutefois, en dépit de ces prescrip­tions légales, c'était souvent plus la question du traitement que les capa­cités du persOnnel qui entrait en ligne de compte au moment de sa nomination. On ne se gênait pas dans nombre de communes de procéder à un véritable marchandage des instituteurs. Aussi , un grand nombre de personnes quali­fiées étaient laissées pour compte au profit d'enseignants «à bon marché» sans la moindre formation pédagogique. Par une circulaire envoyée aux commu­nes, en 1865, le chef du DIP tente de remédier à cette insouciance en invitant ces dernières à accorder la priorité dans l'enseignement au personnel qualifié. Les observations formulées par l'inspecteur du district de Monthey, la même année, témoignent une fois de plus de cette indifférence des autorités locales:

Page 19: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

«Dans plusieurs écoles de sections, on ne semble pas vouloir comprendre la circulaire ou ne pas la prendre au sérieux. Ainsi, au Giétroz et aux Gran­ges, des régents brevetés ou autorisés qui ont déjà enseigné quelques années avec succès, se trouvent en concurrence avec des jeunes gens qui sont tout au plus de bons élèves de dernière année d'école primaire de village et qui n'ont suivi aucun cours de l'école normale. Comme ces places se remettent au rabais et que généralement ces derniers consen­tent à faire la classe à plus bas prix, ils sont ordinairement les préférés, au détriment de la bonne tenue des écoles, de l'éducation et de l'instruction. Au Giétroz, c'est le régent du Châtelard de l'année dernière qui n'est, si je suis bien informé, ni breveté, ni autorisé, qui a été choisi de préférence à Monsieur Lucien Vuilloz qui a suivi deux ans de l'école normale, parce que le premier s'est offert pour fr. 75.- tandis que le second en demandait cent 63.»

Nombre

400 Graphique No 16

Cette habitude de promouvoir les mé­diocres dissuadait nombre de candidats d'école normale à poursuivre leurs cours de perfectionnement pour l'obtention d'un brevet de capacité. En 1855, sur un total de 340 enseignants, 142 sont déten­teurs d 'un brevet d'enseignement (voir graphique n° 16). Le règlement de 1860 prescrira une amende de fr. 50.- à 100.- aux communes attribuant leur choix à des instituteurs incompétents 64. En 1865, la proportion d'enseignants non-qualifiés n'a pas diminué pour au­tant: sur 408 enseignants, 147 seulement (36% du corps enseignant) sont en posses­sion d'un brevet de capacité. Il faudra attendre le nouveau règlement de 1874 pour voir apparaître une amélioration dans ce domaine. Nous y reviendrons dans le chapitre consacré à l'évolution scolaire du canton. L'amélioration de la qualité du personnel enseignant dépen­dra aussi de façon très étroite de l'aug­mentation du traitement.

ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques 383 (63%)

POURCENTAGE D'ENSEIGNANTS PORTEURS D'UN BREVET DÉFINITIF

Evolution: DE 1854 À 1904

300

250 (46%)

200

L_----~1~47~(~36~%1-) _---------157 (30%)

142 (45% du corps enseignant)

100

1854 1865 1885 1895 1904 34 35

c) Le traitement du personnel enseignant

Voici ce qu'on pouvait lire en 1855 dans la revue pédagogique «l'Ami des régens» dont le rédacteur en chef était Charles-Louis de Bons, chef du DIP durant cette période:

«Le régent est tellement mal payé qu'on s'étonne qu'il ne soit pas obligé d'aller de porte en porte demander son pain quotidien ... Il en est qui n'ont que 30, 40 ou 50 francs. Ce qui fait que beaucoup quittent la profession et, atten­dant que quelque malheureux se pré­sente (qu'il soit capable ou non) les enfants restent sans maître et sans ins- 1

truction 65.»

Cette situation obligeait le personnel à mener une activité accessoire qui lui permît de complèter son salaire miséra­ble. Plusieurs instituteurs optaient pour un emploi temporaire dans l'administra­tion: secrétaire communal, teneur de rôlesr conseiller voire président de com­m une. En outre, pendant ses longues vacances scolaires, l'instituteur n'était guère rétribué. Quelle était donc son activité durant cette période de l'année? Courthion nous en donne la réponse:

«Le reste du temps, il le passait dans sa famille, et c'est là-dessus que l'on compte précisément pour le payer si peu. Car en restant chez soi, l'on est logé et nourri coûte que coûte, et si , par extraordinaire, on n'a pas de famille et d'exploitation rurale, on va faire les saisons dans les hôtels comme portier, valet de chambre, laveur de vaisselle, métiers d'ordre subalterne auxquels on finit par se vouer définitivement à preuve qu'ils étaient et sont encore préférables à la carrière intellectuelle qui s'en trouve bizarrement le point de départ 66.»

En 1872, la moyenne du traitement journalier d'un instituteur est la suivante dans les différents districts 67 :

Sion: Sierre: Brigue:

Fr. 1,53 1,53 1,29

Monthey: 1,27 Martigny: 1,27 Loèche: 1,06 St-Maurice: 1,03 Rarogne: 0,98 Hérens: 0,91 Viège: 0,88 Conthey: 0,87 Conches: 0,86 Entremont: 0,85

A titre comparatif, voici les prix des denrées affichés aux mercuriales du can­ton du Valais, en 1872:

- 1 livre de pain blanc - 1 livre de bœuf - 1 livre de beurre

24 centimes 80 centimes

Fr. 1,15 68

Le rédacteur du «Confédéré» du 5 janvier 1873 n'hésite pas à considérer la parcimonie avec laquelle on rétri­bue le personnel enseignant comme le plus grand obstacle à tout progrès sérieux: sérieux:

«Aussi longtemps que l'on ne sera pas revenu de cette prétention que le régent est une sangsue de la commune ou pour mieux dire un véritable paria, puisqu'on ne veut même pas lui accor­der le salaire d'un domestique de la pire espèce, aussi longtemps que l'on ne comprendra pas, en Valais, que le ma­riage est loin de constituer un empêche­ment, il sera impossible de maintenir, dans l'intérêt de l'école, le personnel enseignant à son poste d'honneur d'une manière fixe, à titre de vocation profes­sionnelle ... ce qui prouve surabondam­ment nos dires, c'est que les régents en Valais ne reçoivent pas en moyenne fr. 150.- par an 69».

La loi de 1873 marquera le point de départ d'une série de mesures visant à améliorer la condition matérielle des enseignants.

d) La formation du personnel enseignant

Au début du XIXe siècle, on con­fiait généralement l'enseignement à des personnes dévouées, sans tenir compte

Page 20: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

de leur formation pédagogique et de leurs connaissances.

La première loi valaisanne sur l'ins­truction contenait certes l'idée d'une école normale. Cependant, nous l'avons vu, l'organisation d'un cours pédagogi­que ne fut décrétée qu'en date du 8 sep­tembre 1841. Quant au premier cours de l'école normale, il s'ouvrit à Sion, du 18 août au 30 octobre 1846, sous la direction des Frères de Marie, ces der­niers ayant été nommés également r.es­ponsables des écoles primaires de la vIlle dès le 1 er novembre 1845. 74 élèves se présentèrent à ce cours initial. 40 d'.e~tre eux obtinrent le brevet de capacIte et 34 celui de licence 70. Au début, les can­didats poursuivaient leurs étude.s d~ns les branches suivies à l'école pnmaIre. La loi de 1849 fit la distinction entre un cours de pédagogie et un cours por­tant sur les matières les plus nécessaires à l'enseignement primaire. En 185~" les élèves reçurent des leçons de relIgIOn, de géographie, de style, épistolaire.' de grammaire, d'histoire samte, de callIgra­phie, d'arithmétique, de chant et de pédagogie 71.

Jusqu'en 1873, la durée de l'école nor­male resta fixée à trois ans de deux mois. On se demande bien quelle pou­vait être alors la formation d'un ensei­gnant, compte tenu du fait que le Valais ne possédait pas, à l'époque, une écol,e préparatoire. Le message du, ConseIl d'Etat adressé au Grand ConseIl en 1873 est significatif à cet égard:

«Que peut-on faire dans ce court laps de temps? Se hâter d'entasser dans ces jeunes cerveaux quantité de connaissan­ces que leur esprit n'a pas le temps d'assimiler parce qu'ils ne peuvent pas les étudier posément. C'est une course à la science au bout de laquelle les élèves ont beaucoup d'idées plus ou moins confuses mais ils n'ont pu acqué­rir l'essentiel qui est de savoir ensei­gner 72.»

Dès 1873 le Conseil d'Etat mettra fin à ce régime 'de «cours d'été rapides».

e) La méthode d'enseignement

Elle découle directement de la forma­tion reçue par le personnel enseignant.

Ce qu'on dénonçait le plus, à cette époque, c'était l'enseignement trop ma­chinal promulgué par un grand nombre de maîtres. On négligeait le raisonne­ment, voire l'intuition des élèves. Mais en fait, existait-il une méthode générali­sée dans tout le canton?

Après l'échec de l'enseignement mu­tuel 73 critiqué violemment par le clergé comme étant une atteinte directe à l'auto­rité du maître - l'enseignement mutuel consistait pour le régent à élire parmi ses meilleurs élèves quelques moniteurs chargés de l'instruction des débutants -, on recourut à la méthode dite mixte, conciliant l'enseignement simultané et l'enseignement mutuel. Cette méthode fut d'ailleurs introduite dans notre can­ton par les Frères de Marie émigrés de Fribourg vers 1840, Recommandée vive­ment par l'Etat dans les règlements de 1849 et de 1860, elle fera bientôt place à l'enseignement intuitif, c'est-à-dire une méthode faisant appel au raisonnement des élèves et non plus seulement à l'étude de formules toutes faites 74. Ce nouveau système d'enseignement sera codifié dans le plan d'études de 1875.

Les méthodes pédagogiques durent aussi leur évolution au perfectionnement et à l'uniformisation des livres d'école. Avant 1845, le plus grand désordre régnait sur ce point. Combien de parents donnaient à leurs enfants le premier livre qui leur tombait sous la main. C'était généralement un livre de lecture ou un catéchisme. Le règlement de 1845 institue un dépôt cantonal de livres dont l'usage est prescrit par la loi (art. Il). Il insiste aussi à l'article 32 sur l'unifor­misation des livres de classe, Les règle­ments ultérieurs vont maintenir cette prescription, ce qui va permettre une meilleure planification et une méthodo­logie plus efficace.

La méthode du maître dépendait aUSSI de façon directe du nombre d'élèves dont il était chargé. Jusqu'en 1907, le 36 37

li

/ --

l::.:

Albert Anker: La leçon de gymnastique, 1879 (l48x96),

nombre d'élèves maximum par classe resta fixé à 60. A partir de cette année il fut réduit à 50 par classe.

L'état et la grandeur des locaux sco­laires jouaient à ce point de vue un rôle de premier plan. Une enquête opé­rée par le DIP pour l'année 1871-72 75

révèle que sur un total de 402 classes, 103 étaient nettement trop réduites et 83 à peine suffisantes, soit un total de 186 classes aux dimensions insuffisantes. Les districts les plus touchés par ce problème étaient: Conthey (90% de clas­ses trop réduites), Brigue (65%), Viège (63%), Entremont (54%). L'étroitesse des locaux entravait sérieusement les progrès des élèves. Ici l'écriture laissait à désirer parce que les élèves étaient beau­coup trop serrés (Troistorrents en 1872); là, 8 filles seulement sur 40 savaient lire, car la place faisait défaut (V érossaz en 1866) 76. Outre ces inconvénients scolai­res, la surcharge des classes pouvait avoir

des conséquences Iacheuses sur les condi­tions d'hygiène et la santé des élèves.

Quant au mobilier et au matériel sco­laires, cette même enquête de 1872 signale que dans 180 classes ils s'avé­raient insuffisants; parmi elles 30 classes souffraient d'un état déplorable. Il arri­vait que dans certaines communes une partie des élèves ne pussent disposer de bancs en suffisance. C'était le cas de l'école de Monthey en 1873 où deux reli­gieuses se partageaient l'instruction de quelque 150 filles:

«Depuis Pâques, la situation s'est amé­liorée. Cette disposition était urgente. Les bancs et les tables n'étaient pas en nombre suffisant: environ une trentaine d'élèves n'avaient pas de place pour s'asseoir et un nombre à peu près égal d'enfants ne pouvaient pas écrire, faute de table 77.»

Les réformes entreprises depuis 1873 contribuèrent également à améliorer sen-

Page 21: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Graphique No 17

Classes'}'.

100 100 100

98

90

80

70

60

50

40

30

20

0 9

1

83

IMPORTANCE ACCORDÉE PAR LES ÉCOLES PRIMAIRES VALAISANNES

AUX DIFFÉRENTES BRANCHES EN 1875

ln: Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques

76

66

22

10 7

1 1 1 Histoire Chant

Catéchisme Composition Arithmetique

lecture Ecriture Calcul oral Dictée Travaux manuels

siblement l'état des locaux, ce qui faci­lita bien sûr la tâche du personnel ensei­gnant.

Quelques indications encore sur les matières d'enseignement. Elles sont pres­crites par la législation scolaire. Selon le règlement de 1849, l'enseign~ment se divise en deux degrés: l'enseIgnement élémentaire (prière, catéchisme, lecture, écriture et les quatre premières règles de l'arithmétique) et l'enseignement supé­rieur où l'on y ajoute la grammaIre, les éléments d'histoire sainte, d'histoire nationale, géographie, compt~bilité,. de chant et des notions complementaIres d'arithmétique. La loi de 1873 ne modi­fia en rien ces prescriptions légales.

Quelle importance accordait-on à ch~­cune de ces branches dans les écoles valai­sannes? Un bref sondage opéré dans les statistiques de 1875 permet de me­surer cette dernière. Le graphique qui en résulte s'efforce de démontrer le pour­centage de classes jouissant de l'ensei­gnement de telle ou telle branche (gra­phique n° 17).

Commentaire

L'écriture la lecture et le catéchisme étaient enseignéS dans la q~asi total~té des écoles valaisannes. VenaIent enSUIte l'arithmétique (83% des classes), la dic­tée (76%) et l'histoire (66%). La comp~­sition et le calcul oral n'étaient, enseI­gnées, en 1875, que da~s un 10% des classes. Les districts de Sierre et de Con­they ne connaissaient guère cette bran­che qui figurait pourtant à l'examen fédéral de recrutement. Comment s'éton­ner alors de la médiocrité des résultats obtenus par les Valaisans durant la pre­mière période.

L'enseignement de la gymnastique devient obligatoire dès l'année 1881. mais sa généralisation dans le canton ne put s'accomplir qu'à un rythme très lent.

La refonte des programmes opérée dans le règlement scolaire de 1874 ~t le nouveau plan adopté en 1875 contn­bueront à élargir petit à petit l'éven­tail des branches. 38 39

III. La phase évolutive (1873-1910)

A. Les principaux facteurs d'évolution

L'expérience des mauvaises gestions financières et politiques vécue dans le canton durant les années 1870 démontre plus que jamais la nécessité d'une instruc­tion valable, capable de dominer tous les problèmes de "la vie publique. Ce besoin de formation qui émane des milieux gou­vernementaux se propage peu à peu au niveau des masses populaires.

Nécessité politique d'abord: «Sans de bonnes écoles primaires, point de con­seils communaux capables et partant point d'intelligentes gestions des affaires publiques et point de complète exécu­tion des lois», constate déjà Charles­Louis de Bons dans son rapport de 1857, «et, poursuit-il, plus des trois-quarts de nos juges, présidents et conseillers muni­cipaux sortent non pas des collèges mais des écoles primaires seulement: en faut­il dire davantage pour indiquer l'impor­tance de ces dernières? Le législateur aura beau promulguer les dispositions les plus progressives, tant que la nation appelée à recueillir le fruit de ces inno­vations et ses chefs les plus immédiats n'y auront pas été préparés par une ins­truction suffisante, l'action salutaire du pouvoir, ses vues d'avenir, ses tentatives de développement seront aux trois-quarts paralysées 78».

L'instruction devient aussi indispen­sable au citoyen appelé à se prononcer sur un objet politique quelconque:

«Le suffrage universel qui doit être l'apanage glorieux d'un peuple libre peut en effet devenir une arme dangereuse entre les mains de citoyens ignorants et peu soucieux de la chose publique 79».

Outre une nécessité politique, l'ins­truction s'annonce comme un élément essentiel, à une époque où les structures économiques commencent à se transfor­mer. L'assainissement de la plaine du Rhône entrepris dès les années 1860 80 a suscité un renouveau d'intérêt pour l'agriculture. L'apparition d'un enseigne-

ment agricole (arrêté du 9 septembre 1891) amène des méthodes nouvelles de travail et une exploitation plus ratio­nelle du sol. L'agriculture traditionnelle cède le pas à un certain modernisme, d'où un besoin plus grand de connais­sances.

L'arrivée du chemin de fer a favorisé dans une certaine mesure l'éclosion des échanges économiques avec l'extérieur et la naissance timide d'une première forme d'industrie. Tous ces facteurs sus­citent l'ouverture de carrières nouvelles soit dans l'administration publique (pos­tes, chemins de fer), soit dans le secteur privé. Une bonne école primaire va per­mettre à nombre de fils d'agriculteurs d'accéder à des postes mieux rétribués que dans le secteur primaire et d'échap­per, de la sorte, à leur condition agraire. La société valaisanne aspire progressive­ment vers une mutation socio-économi­que profonde.

L'exploitation des ressources hydro­électriques, au début du XXe siècle, favo­rise la naissance des premières firmes industrielles. L'économie appelle des besoins nouveaux. L'instruction est res­sentie de plus en plus comme le facteur prjmordial du progrès social et écono­mIque.

D'heureuses répercussions auront lieu alors au niveau de l'école primaire, jouant le rôle d'une saine émulation auprès des élèves. Ressentant plus que jamais les avantages d'une bonne instruction, la population valaisanne adhère plus volon­tiers aux ordres promulgués par le gou­vernement. Le résistance s'atténue et le besoin intellectuel devient une réalité, un moyen inespéré de gravir l'échelle sociale et d'échapper à la condition niisé­rable de l'agriculteur. C'est dans cette mutation qu'il faut envisager l'évolution de l'instruction primaire.

Outre ces facteurs structurels, le can­ton subit à cette même époque les mena­ces d'une centralisation de l'institution scolaire:

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«Il n'est pas éloigné le temps où nous avons pu voir les hommes chercher dans notre organisation et nos lois sco­laires des arguments et des armes pour les mettre au service du parti suisse qui est hostile à la souveraineté des can­tons. Pour combattre cette tendance, pour faire tomber ces armes, le moyen le plus efficace et le plus sûr est de nous mettre à l'œuvre, non pas sans prudence, mais avec résolution, pour combler les lacunes de la loi et l'orga­nisation présentes; après avoir reconnu, dis-je, que dans des temps et pour des besoins nouveaux, il faut des lois nou­velles 81».

Désireuse d'améliorer la situation intellectuelle du pays, la Confédération cherche par tous les moyens à se subs­tituer aux pouvoirs cantonaux en ma­tière d'instruction publique. C'est dans cette optique et en vertu de l'article 27 de la Constitution fédérale de 1874 pres­crivant l'obligation pour les cantons de pourvoir à l'instruction publique, que sont introduits les examens fédéraux. Face à cette pression fédérale, les can­tons, et en particulier le Valais, opposés à toute tentative de centralisation, cher­cheront à démentir la nécessité d'unè'loi fédérale désirant se substituer aux décrets cantonaux. L'échec de la loi Schenk en 1882 et celui de Jeanhenry en 1893 anéan­tiront pourtant tout espoir de légiférer au plan fédéral. Cependant, si les exa­mens n'ont pas atteint le but visé par les initiateurs, ils auront donné un coup de fouet salutaire aux institutions can­tonales et particulièrement à celle du Valais, en le forçant à prendre conscience de sa situation intellectuelle misérable et à sortir de sa léthargie intellectuelle. Pou­vant compter sur cette caution fédérale, les autorités cantonales n'eurent pas de peine à éveiller l'amour-propre des com­munes; les résultats des examens fourni­rent l'occasion précieuse de contrôler leur niveau scolaire et de mesurer leur avan­cement d'année en année. En 1894, le DIP doit reconnaître d'ailleurs, dans son rapport, tous les bienfaits apportés par cette institution sur l'école primaire valai­sanne:

«L'examen pédagogique fédéral a heurté à son origine à bien des obsta­cles, soulevé beaucoup de poussière et blessé maintes susceptibilités; on l'a con­tinué et maintenant, si l'on veut être franc et juste, on est forcé d'avouer qu'il a fait faire un grand pas à l'ins­truction primaire dans toute la Suisse en général, mais surtout dans le Valais, si bien que cette institution tant divisée à ses débuts a porté d'excellents fruits. Notre canton, entre autres, ne serait-il jamais arrivé à réduire ses illettrés de 49% à 12% sans ce puissant stimulant? Nous ne le pensons pas 82».

Aussi peut-on affirmer que si la loi de 1873 va être la conscience de l'extra­ordinaire évolution engendrée par le can­ton durant cette période, les résultats des examens fédéraux en constitueront le moteur indispensable.

A la fois révélateurs de l'analphabétis­me et leviers d'action pour une réforme, ils sont à l'origine de l'œuvre scolaire accomplie par le gouvernement valaisan durant cette période décisive.

B, La loi du 4 juin 1873 et ses corollaires

La crise financière des années 1870-71 amène un changement de gouvernement. C'est Henri Bioley qui prend la tête du Département de l'instruction publique. Jeune et dynamique, il va incontestable­ment apporter un souille nouveau à l'institution scolaire valaisanne.

Dès son arrivée au pouvoir, en 1871, il s'occupa d'emblée de la refonte de la loi sur l'instruction publique, afin de la mettre en harmonie avec les nouveaux besoins du canton. Une commission de trois membres fut choisie par le gouver­nement dans le but d'élaborer le nou­veau projet 83. Ce dernier ne rencontra que peu d'opposition au Grand Conseil et fut adopté le 27 janvier 1873. Redis­cutée en second débat à la session d'été, la loi fut définitivement adoptée le 4 juin 1873. 40 41

Dans son principe général, la modifi­cation la plus importante par rapport à celle de 1849 fut une certaine réhabili­tation du clergé. On estimait, en effet, dans les milieux majoritaires, que seul le concours des deux pouvoirs saurait amener à une véritable évolution de l'instruction populaire. Depuis l'instau­ration du DIP, en 1847, on se souvient que le Conseil d'éducation s'était substi­tué en un Conseil de l'instruction publi­que de moindre importance, composé de trois membres la·ics. La Haute-Assem­blée décida, en 1873, de porter ce nom­bre à cinq, en réservant la possibilité que l'un d'entre eux fût choisi dans les milieux ecclésiastiques. C'est toutefois quant au mode d'élection de ce dernier, que les députés ne parvenaient pas à s'en­tendre. Après moult débats, on décida finalement que ce membre du clergé fût nommé par le Conseil d'Etat, sur triple candidature présentée par l'évê­que 84. L'affaire la plus épineuse concer­nait toutefois la réintroduction du curé comme membre-né de la commission locale, proposée par la majorité. En clôture des débats, le Grand Conseil décréta à l'article 39 que le révérend curé aurait le droit d'entrée aux écoles et qu'il ferait partie, sauf empêchement, de la commission, dans sa commune rési­dentielle 85.

La question de la réhabilitation du clergé vers 1870 fut en réalité plus un sujet de polémique entre radicaux et conservateurs qu'un véritable problème pour l'instruction publique. En effet, l'attitude autour du clergé servit de che­val de bataille au parti conservateur et lui permit de discréditer dans une cer­taine mesure la politique scolaire radi­cale. Et il y a du vrai dans cet article publié à l'époque par le «Confédéré»:

«Les libéraux veulent détruire la reli­gion! Voilà le thème sur lequel les me­neurs du parti de l'ordre exécutent leurs variations à chaque occasion! Demande­t-on l'amélioration de nos écoles, veut­on répandre l'instruction et par là morali­ser nos campagnes, le parti qui règne par l'ignorance s'écrie d'un ton lamentable:

prenez garde on veut introduire le protes­tantisme en Valais 86».

En fait, la politique scolaire des radi­caux valaisans ne consistait pas à suppri­mer l'instruction religieuse à l'école: l'en­trée libre était accordée aux curés pour l'enseignement de la religion sans que jamais la hiérarchie scolaire établie par la Constitution ne fût dérangée, l'auto­rité civile se chargeant des autres matiè­res; on avait plutôt désiré mettre fin ainsi à une instruction se bornant à l'enseignement du catéchisme et de la lecture 87. Face au poids de la tradition clérico-conservatrice, le mouvement libé­ro-radical a joué un puissant rôle de bas­cule au niveau de l'opinion populaire. Certes, la réhabilitation du clergé s'était avérée souhaitable afin de regagner la con­fiance populaire, mais on ne peut guère affirmer qu'elle ait' modifié le cours de l'évolution scolaire. L'avenir montrera dans nombre de cas combien la place du curé sera discutée au sein des commis­sion locales

Après l'analyse de ces principes géné­raux, voyons quelles furent les réformes essentielles adoptées en 1873, de même que celles qui découlèrent directement de cette loi du 4 juin.

1. Réformes concernant le corps enseignant

L'une des réformes capitales fut le règlement du 19 novembre 1874 concer­nant les conditions d'admission et de promotion aux écoles normales ainsi que les examens pour l'obtention du brevet d'enseignement. Sur la base de l'article 76 de la loi de 1873, la durée de l'école normale fut portée à deux années scolaires de huit mois. Toutefois cette durée s'avérait encore bien courte en comparaison de celle de la plupart des cantons suisses (Fribourg: 3 ans de Il mois; Vaud: 4 ans de 10 mois) 88. A partir de 1882, les élèves de l'école normale purent bénéficier d'un cours annuel de 10 mois. Poursuivant dans cette voie, le Grand Conseil décida, par

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la loi du 21 novembre 1903 , de porter cette durée à 3 années de 10 mois. Cette mesure était d'autant plus urgente qu'en Valais, le candidat à l'école nor­male ne bénéficiait d'aucun cours prépa­ratoire 89. Le règlement sur les écoles nor­males de 1874 permit également de met­tre à exécution les dispositions de la loi de 1873 concernant l'obtention des bre­vets d'enseignement. On y distinguait trois sortes de brevets: le brevet provi­soire , délivré pour une année au candi­dat, après la deuxième année de cours; le brevet temporaire accordé pour qua­tre ans aux élèves ayant subi avec succès l'examen prévu à l'issue d'une année d'enseignement; le brevet définitif, enfin, récompensant le candidat ayant ensei­gné avec succès pendant cinq ans au moins et subi un nouvel examen. Ces trois sortes de brevets correspondaient aux trois degrés établis par la division des écoles primaires: l'instituteur d'une école du 3e degré devait être en posses­sion d'un brevet définitif; celui d'une du 2e degré, d'un brevet temporaire, tan­dis que l'instituteur détenteur d'un bre­vet provisoire se contentait d'une école du 1 er degré 90.

Les législateurs de 1873 portèrent égà­lement leurs efforts sur l'amélioration du traitement du personnel enseignant. On sait que jusqu'ici la plus grande liberté était accordée aux communes. quant au mode de rétribution des régents. La loi du 4 juin fixa le traitement mensuel minimum de la façon suivante:

Fr. 50.- aux régents brevetés - Fr. 45 .- aux régentes

de la même catégorie - Fr. 40.- aux régents autorisés - Fr. 35.- aux régentes autorisées 91

Le traitement annuel minimal des ins­tituteurs brevetés était donc, en Valais, de Fr. 300.-, tandis que celui des ins­titutrices s'élevait à Fr. 270.-. A titre de comparaison, ces mêmes traitements s'élevaient dans le canton de Fribourg à Fr. 1400.- et Fr. 1000.- en ville, et à Fr. 900.- et Fr. 800.- à la cam­pagne. Dans le canton de Vaud, les ins­tituteurs brevetés touchaient Fr. 1400.-

et leurs collègues féminines Fr. 900.-, sans compter les primes d'âge 92 . Une situation aussi déficitaire était sans doute due à la faible disponibilit{ des commu­nes mais encore et surtout à l'impossi­bilité pour l'Etat de participer au finan­cement de l'école primaire. En 1873, la part de ce dernier pour l'instruction publique s'élevait à Fr. 33.620.- (3% seulement du budget total), soit un mon­tant correspondant à peine à la som­me consacrée par la commune vaudoise d'Aigle à l'œuvre scolaire 93. Face aux Fr. 1.500.000.- attribués par l'Etat de Vaud au même département, cette parti­cipation était pour le moins dérisoire .

La première intervention concrète de l'Etat cantonal en ce qui concerne le financement de l'école primaire fut l'attri­bution des primes d'encouragement à tous les enseignants porteurs d'un brevet défin,itif, décrétée le 26 mai 1888. Cette heureuse initiative visait à encourager les enseignants à poursuivre leur forma­tion jusqu'à l'obtention de leur brevet de capacité. Malgré cela, l'insuffisance des traitements restait à l'ordre du jour en 1890 et le directeur de l'école nor­male, M. Hopfner, n'hésitait pas à impu­ter à cette dernière la pénurie de régents qualifiés dont souffrait l'école primaire:

«La journée du dernier manœuvre ou du simple ouvrier à la campagne se paie le plus souvent au-delà de Fr. 2.-, celle d'un bon artisan s'élève à 3 ou 4 francs, tandis que le minimum de la journée du régent valaisan est évalué à 1,60 fr. par jour, que souvent on lui marchande encore, sans qu'il ne soit jamais ques­tion de lui rembourser les frais de dépla­cement 94».

Au début de l'année 1896, le can­ton fut menacé d'une grève du person­nel enseignant. Une pétition adressée au Grand Conseil demandait instam­ment la fixation d'un nouveau minimum légal 95. Dans le courant de la même année, le Conseil d'Etat promulguait une nouvelle loi sur les traitements, celle du 24 novembre 1896: de Fr. 50.­le salaire mensuel passait à Fr. 65.-. 42 43

pour les instituteurs brevetés. Quant aux institutrices de la même catégorie, elles voyaient leur traitement augmenter de Fr. 45.- à 55.- 96. Point plus impor­tant: en se chargeant de la moitié de l'aug­mentation prévue, par un subside annuel versé aux communes, l'Etat accomplis­sait un pas décisif dans le domaine du financement de l'école primaire.

En 1889, la part de l'Etat du Valais représentait le 6 % de celle des commu­nes. Cette même proportion était de 40% dans le canton de Vaud, 31 % dans le Tessin, 55 % à Fribourg, et 28% dans le canton de Genève 97 . En 1900, au lendemain des réformes, la situation s'était sensiblement améliorée: 18 % pour le Valais, 67 % pour Vaud, 66% pour le

Tessin, 17 % pour Fribourg, tandis qu'à Genève la part de l'Etat quintuplait celle des communes. Le 26 mai 1902, la nou­velle loi sur les traitements apportait une amélioration supplémentaire:

- régents brevetés: Fr. 540.- pour les 6 premiers mois, plus Fr. 100.­pour chaque mois supplémentaire;

- régentes brevetées: Fr. 390.- pour les 6 premiers mois, plus Fr. 70.­pour chaque mois supplémentaire 98.

En 1905, la participation de l'Etat au financement de l'instruction primaire cor­respondait au 57% de celle des commu­nes, soit un taux équivalant à la moyenne des cantons suisses (voir tableaux ci-des­sous indiquant cette évolution).

DÉPENSES POUR L'ÉCOLE PRIMAIRE ENTRE 1889 ET 1905 Part du canton et des communes - Comparaison du Valais avec d'autres cantons

Tableau n° 4 In : lahresbuch des Unlerrichlswesens. Année 1888-1905

Canton 1889 1891> 1900 1905.

Commune Canton I}II Com mune Can ton % Com mune Canton % Commune Canton %

VALAIS 200.000.- 14.048.- 250.000.- 19.423.- 300.000.- 52.991.- 18 250.000.- 142.029.- 57

VAUD 1.000.000.- 397.7 17.- 40 1.200.000.- 634.048.- 53 1.350.000.- 1.90 1.88(,,- 67 2.477.600.- 1.308.704.- 53

TESS IN 3 10.900.- 97.850.- 3 1 308.600.- 106.700.- 35 330.000.- 2 18. 185.- 66 936. 199.- 376.579.- 40

FRI BOU R(j 300.000.- 155.639.- 52 450.000.- 128.724.- 29 7n.0.15.- 1.16.637.- 17 1.380.851.- 230.6 18.- 17

(jENÈVE 1 HlJIilJ.- 472.438.- 288 207.727,- nO.570.- 376 186,2 13.- 1.1 00.258.- 59 1 232.495 .- 1.450,672.- 624

DÉPENSE DE L'ÉTAT DU VALAIS PAR ÉLÉVE POUR L' INSTRUCTION PRIMAIRE DE 1889 À 1905 COMPARÉE À CELLE D'AUTRES CANTONS

Tableau n° 5 ln: lahresbuch des Unterrichlswesens, Année 1888-1905

1889 1896 1900 1905 Augmentation Cantons

Dépense par élève Dépense par élève Dépense par élève Dépense par élève Montant Proportion

VALAIS 2.50 13.- 18.- 22.- 20.50 x 10

VAUD 5.60 45 .- 55.- 85.- 79.40 x 14

TESSIN 3.20 23.- 31 .- 70.- 66 .80 x21

FRIBOURG 3.40 41 .- 45 .- 74 .- 70.60 x21

GENÈVE 71.- 108.- 137.- 124.- 53 .- x 1,5

Page 24: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

----------------------=~==~--~=----------------------------=-=====~--------------~============~

Exécutant les dispositions de l'article 94 de la nouvelle loi scolaire de 1907, la loi du 19 mai 1909 apportera, en ma­tière de traitements du personnel ensei­gnant, l'ultime amélioration avant la pre­mière guerre mondiale 99: le traitement d'un instituteur breveté fut porté à Fr. 120.- par mois (Fr. 80.- pris en charge par la commune et Fr. 40.- par l'Etat) et à Fr. 100.- pour une institu­trice de la même catégorie, dont Fr. 30.­à charge de l'Etat.

Les réformes qui se sont succédé à ce sujet depuis 1873 ont donc été carac­térisées par une participation toujours plus importante de l'Etat cantonal au financement de l'école primaire. Le gra­phique n° 19 permet de considérer l'inci­dence qu'elles eurent sur l'évolution du traitement moyen cantonal (voir aussi les tableaux à la p. 43).

600 Milliers de francs Graphique No 18

500

400

300

200

100

DÉPENSES DE L'ÉTAT DU VALAIS POUR L'INSTRUCTION PUBLIQUE

DE1868À1913

Comptes de l'Etat (1868-1913)

113 485 35 (8%)

105142188 (10%)

50151677(15%)

25312541 (13%)

39 665 01 (7% des dépenses totales)

1868

Francs 800

700

600

500

400

300

251

200

125

100 108

1855

-

1875 1885 1892 1895 1905 1913

791 Graphique No 19 ln : Rapp. du CE. DIP. Annexes statistiques ,/

AUGMENTATION DES TRAITEMENTS DU CORPS ENSEIGNANT

DE1855À1910

3!V ~

~-- ------ 274

343 // .... ...----- --

//

// 309

,,"'270

163

329 ,//

325 Legende ___ Monthey ___ Valais _____ Sierre

Loi du Décret Loi du Loi du 136 4-6-1873

Minimum légal presc rit par l'Etat

1865 1875

du 26-5-1888 24-11-1896 26-5-1902 Prime d'encoura­gement

1885 1895 1905

/

Loi du 19-5-1909

1910 44 45

2. Les autres réformes importantes entreprises par le gouvernement

Au lendemain de la promulgation de la loi du 4 juin 1873, l'instauration des examens pédagogiques de recrutement, en 1875 , fut de bon augure pour les autorités valaisannes. Elle provoqua une prise de conscience de la part du peuple valaisan de son faible niveau intellectuel. En outre elle facilita grandement la mise à exécution des principales mesures légis­latives, en justifiant un durcissement de position de la part du gouvernement. Distinguons deux sortes de mesures:

a) M esures visant à améliorer les examens fédéraux

Après les faibles performances enre­gistrées par les recrues valaisannes en 1875, le Conseil d'Etat décide, l'année suivante, d'instituer des cours complé­mentaires de répétition destinés à tous les garçons émancipés jusqu'à l'âge de 19 ans, à l'exception des élèves fréquen­tant une école supérieure. Cet arrêté du 23 octobre 1876 réapparaîtra d'ailleurs intégralement dans . la loi du 1 er juin 1907 100. Organisé sur un total de 120 heures, le cours complémentaire ne de­vait pas dépasser une durée journalière de 3 heures. L'instauration de ce cours visait avant tout à compléter la forma­tion reçue à l'école primaire en vue de l'examen fédéral. On le confiait générale­ment à un instituteur spécialisé. Dans les communes où le responsable était titu­laire d'une classe primaire, le cours com­plémentaire n'avait lieu que trois fois par semaine, au plus 101.

D'autre part, et toujours dans l'opti-· que d'améliorer la position du canton aux examens fédéraux, le Conseil d'Etat prescrivit, dès 1880, la création de cours préparatoires aux examens de recrues. De 8 leçons, en 1880, leur durée fut portée à 24, en 1884 102. Ces cours pré­paratoires étaient assez mal considérés dans certains cantons voisins, car on accusait les autorités valaisannes de pro­céder à un véritable «dressage» intellec­tuel des jeunes gens appelés à l'examen.

C'est pour cette raison qu'il faut consi­dérer les résultats des examens avec une certaine réserve quant à leur véritable signification!

b) Les rem èdes à l 'enseignem ent primaire

Pour tenter de remédier au problème de l'absentéisme, le gouvernement décida d'intensifier le contrôle de l'effectif des classes et de procéder avec plus de rigueur à l'encaissement des amendes. L'arrêté du 8 janvier 1886 concernant les amen­des scolaires, visait à complèter les dispo­sitions de la loi de 1873, en obligeant ,les communes à remplir consciencieuse­ment leur tâche. Une amende de 20 cen­times était prévue pour chaque absence injustifiée. En 1907, dès la quatrième absence injustifiée, le montant sera porté à 40 centimes par absence. L'arrêté du 20 février 1891 complétait encore ces mesures. Selon ce dernier, le personnel enseignant avait l'obligation, sous peine d'une amende de 2 à 5 francs (2 francs à cette époque représente un peu plus du salaire journalier moyen d'un institu­teur!), de remettre à la fin de chaque semaine la liste des absences au prési­dent de la commission scolaire, afin que le président de la commune pût procéder aux «criées publiques» dominicales 103.

Toute administration manquant à son devoir était passible d'une amende de 20 à 50 francs. En outre, le montant des amendes encaissées par l'autorité com­munale pouvait être en tout temps con­sulté par l'inspecteur scolaire, qui s'assu­rait ainsi de l'observance ou non de la loi . Toutes ces prescriptions furent repro­duites dans la loi du 1 er juin 1907 et son règlement d'application du 5 novem­b re 1 9 1 0 104.

L'introduction du livret scolaire, le 24 octobre 1898 , facilita en outre gran­dement le contrôle de la fréquentation et constitua un précieux moyen d'émula­tion entre les élèves.

De plus, par l'ordonnance du 8 avril 1892, l'Etat introduisit un examen d'é­mancipation destiné à tous les garçons

Page 25: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

âgés de 15 ans, à la fin de leur scola­rité obligatoire. Cet examen comportait un contrôle dans toutes les branches figurant au programme de la dernière année d'école. Une amende de 5 à 10 francs pénalisait les éventuels récalci­trants 105.

En 1894, le chef du DIP ne pouvait que constater avec satisfaction l'apport de cette nouvelle institution:

«Inauguré en 1891, l'examen d'éman­cipation a déjà prévenu de nombreuses absences , imprimé un élan à nos écoles assuré des progrès considérables et , pa; contre coup, amélioré les examens de nos recrues. Les parents font un honneur de voir s'émanciper leur enfant à 15 ans et les élèves veulent aussi quitter l'école le plus vite possible 106».

Rappelons, en effet, que l'élève qUI ne réussissait pas cette épreuve devait pro­longer sa scolarité d'au moins une année.

Il faut enfin parler d'une réforme qui ne concerne pas le gouvernement canto­nal mais qui ne constitua pas moins un apport intéressant au développement de l'instruction primaire valaisanne: l'intro­duction de la subvention fédérale dictée par la loi du 25 juin 1903 107. Cette initia­tive fédérale , dernière consolation des adeptes d'une école fédérale , eut d'heu­reux effets sur la construction et la réfec­tion des locaux l04 • Le subside de la Con­fédération était attribué de la manière suivante:

- dans le cas d'une construction ou d'une transformation d'une maison d'école: 25% de la dépense;

- acquisition de mobilier scolaire et de matériel de classe, engins de gymnastique: 75% de la dépense;

- augmentation du traitement du per­sonnel enseignant: 50% de la dé­pense ;

- secours et aliments aux enfants pau­vres et éducation des enfants faibles d'esprit durant le scolarité obliga­toire 109.

Reposant jadis sur la fragilité des fonds scolaires locaux, le financement de l'école primaire valaisanne du XXe siècle

s'app~yera désormais sur trois piliers essentIels: la Commune, le Canton et la Conf~dération. Aussi peut-on dire que si depUIS 1870, malgré ses nombreuses ten­tatives , la Confédération n'était pas par­venue à se substituer à l'Etat cantonal en matière d'instruction primaire elle n'avait pas moins rendu un fier s~rvice au développement de l'instruction dans notre canton. Des examens fédéraux à l'instauration de la subvention fédérale elle favorisa grandement l'éclosion e~ Valais d 'une école populaire et gratuite.

Dès l'année 1902 , le nouveau chef du DIP, Achille Chappaz, se mit à l'étude d'un nouveau projet de loi sur l'instruc­tion publique. Après la vaste série de ré~ormes entreprises depuis 1873, il deve­naIt urgent d'opérer en une nouvelle loi la codification de l'ensemble des me­sures adoptées durant ces vingt dernières années. La nouvelle loi sur l'instruction primaire du 1 er juin 1907 se distingue des lois antérieures du fait qu'elle ne traite que de la question des écoles primaires et des écoles normales, l'enseignement secondaire étant l'objet d'une autre loi (celle du 25 novembre 1910). Cela mis à part , la loi du 1 er juin 1907 ne com­porte pas de sérieuses modifications par rapport aux lois précédentes. Une inno­vation mérite pourtant d'être signalée: l' introduction d 'une visite sanitaire des­tinée à tous les élèves, ainsi qu'un con­trôle de l'état des locaux scolaires en ce qui concerne l'hygiène (article 39). Cette nouvelle institution permettra à l'avenir une surveillance plus rigoureuse de la tenue des écoles. Il faut signaler enfin que la loi de 1907 crée une commission cantonale de l'enseignement primaire dont le rôle correspondra à celui du Conseil de l'instruction publique dans l'enseignement secondaire 110.

C. L 'évolution scolaire du canton au travers des statistiques des examens fédéraux

L'analyse de la première phase (1875-1885) avait démontré le retard intellec­tuel du canton par rapport à la moyenne suisse ainsi que son stationnement sur l'ensemble de la période. 46 47

90

70

60

40 38

30

24 "" 20 22

10

Graphique No 20

ÉVOLUTION DES RÉSULTATS DE 1886 À 1913

---

" '" ---- -----===-:::: -----

78

Légende

- - - - - Bons résultats sur le plan suisse, notes 1-2 --- Bons r~sultats sur le plan valaisan, notes 1-2 ___ Mauva~s résultats sur le plan valaisan, notes 4-5 = MauvaiS résultats sur le plan suisse, notes 4-5

% ~~--~~----~~----~~~---+------~----~+---1886 1890 1895 1900 1 1 4 1 1905 1910 1913

En examinant ces mêmes résultats pour les années suivantes il nous est possibl~ de mesurer les pr~grès réalisés par les recrues à ces mêmes examens indice donc d'un développement tout aus~i extraordinaire de l'instruction pri­maIre cantonale.

L'évolution générale nous est donnée par le calcul du pourcentage moyen (note moyenne obtenue dans l'ensemble des branches) de 1886 à 1913 (voir graphique n° 20).

Commentaire Parti avec un retard impressionnant

le Valais rejoint la moyenne suisse ver~ 1.900 et se stabilise désormais dans son SIllage. De 38% d'analphabètes en 1886 ce même taux tombe à 4% ~n 1913 ~ Quant au pourcentage de bonnes notes il a évolué de 34% à 78%. '

Dressons donc le bilan de la situation à la veille de la première guerre mon­diale.

. En 1913 , année marquant la suppres­SIon par le Département militaire fédé­ral des examens pédagogiques, le Valais a non seulement surmonté le problème ?e l'~~alphabétisme , mais il est parvenu a reJomdre, au point de vue scolaire la moyenne des autres cantons suisses: Tous les jeunes gens de 19 ans savent maintenant lire et écrire convenablement alors que voici à peine 30 ans 50 recrues sur 100 sombraient dans l'ignorance la plus totale. Sans doute faut-il considérer ces résultats avec réserve, toutefois cette extraordinaire évolution représente l'in­dice incontestable d'une transformation fondamentale de l'institution scolaire can­tonale. On peut donc affirmer sans crainte qu~ la période qui a succédé à la promul­gatIon de la loi du 4 juin 1873 et à l'i,nstaur~tion par le DMF des épreuves . pedagogIques, fut la phase décisive du développement de l'instruction populaire en Valais. Cette période a scellé défini­tivement les bases essentielles de l'école primaire valaisanne du XXe siècle.

Page 26: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Henri Bioley, conseiller d'Etat chef du DIP, de 1871 à 1877

49

IV. La phase de consolidation (1910-1947)

A défaut d'une analyse systématique de l'état des écoles primaires valaisannes à cette époque, nous nous contenterons pour cette période de tirer parti des principales dispositions contenues dans les décrets scolaires promulgués entre 1910 et 1947, dates co'incidant toutes deux avec l'apparition d'un nouveau règlement scolaire sur les écoles primai­res.

Les bases essentielles de l'instruction ayant été posées avant la première guerre mondiale, l'action du gouvernement durant cette période va s'orienter sur des améliorations de moindre importance qui viendront compléter les décrets anté­rieurs. Elles peuvent être classées en deux catégories:

a) celles concernant le personnel enseignant

b) celles concernant la refonte des pro­grammes de l'école primaire, et conduisant de la motion Crittin à la création au plan cantonal de l'enseignement ménager.

A . Réformes concernant le corps enseignant

1. Formation

La ·loi de 1903 qui fixait la durée de l'Ecole normale à 3 années de 10 mois resta en vigueur jusqu'en 1936. Comme nous le constations précédemment, cette durée était insuffisante comparativement à ce qui se passait dans d'autres cantons suisses, d'autant plus que les candidats à l'Ecole normale arrivaient directement de l'école primaire sans avoir eu la possi­bilité de parfaire leurs connaissances dans une école préparatoire. Aussi, dans le but d'assurer au personnel enseignant une formation toujours plus complète, le Conseil d'Etat instaura le 13 novem­bre 1936 un cours préparatoire obliga­toire d'une année pour tous les futurs normaliens du canton. En 1940, ce cours fut considéré comme une année régulière d'école normale dont la durée était désor­mais portée à 4 ans.

Quant aux conditions d'admission des candidats et de leur promotion, elles

furent réexammees le 10 février 1934 lors de la révision partielle du règlement des écoles normales du 12 mars 1909. Le 12 mai 1938, on apportait une nou­velle modification à ce règlement con­cernant les examens de promotion et l'obtention du brevet de capacité: les élèves n'étaient pas autorisés à redoubler plus d'une classe au cours de leurs étu­des (article 30). D'autre part, pendant les cinq premières années suivant la sor­tie de l'école normale, le régent en titre devait fournir annuellement un travail sur un sujet d'intérêt professionnel et le transmettre au DIP (article 49).

En outre, afin de parachever la forma­tion du personnel enseignant et dans le but de lui donner l'occasion d'acquérir un enrichissement professionnel constant, le DIP créait dès l'année 1944 des cours de perfectionnement pédagogique. La pre­mière année, ces cours furent fréquentés par 125 enseignants, par la suite on allait compter une moyenne de 200 partici­pants III.

2. Améliorations du traitement

Malgré les réformes entreprises durant la première décade du XXe siècle, le personnel enseignant demeurait dans une situation matérielle peu enviable. A la sortie de la première guerre mondiale, on décida de procéder à une première indexation du salaire. Par la loi du 24 mai 1919, on attribua un traitement mensuel minimum de Fr. 200.- aux instituteurs brevetés et de Fr. 180.­aux institutrices. En outre, les détenteurs du brevet de capacité bénéficièrent d'un supplément de Fr. 35.- par mois, après 5 ans d'enseignement, de Fr. 50.- après 10 ans, de Fr. 65.- après 15 ans, et de Fr. 75.- après 20 ans d'enseignement dans le canton. Devant l'insuffisance de cette augmentation, on décida l'année suivante, par le décret du 20 novembre 1920, d'allouer une indemnité mensuelle supplémentaire de Fr. 50.- à tout le personnel enseignant.

Ni la loi du 15 novembre concernant les conditions d'engagement du person-

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nel enseignant des écoles primaires, ni celle du 16 novembre 1946 portant sur l'enseignement primaire et ménager, ne modifieront ces nouvelles prescriptions. Les améliorations de traitement reste­ront l'une des revendications principales · du personnel enseignant durant la deu­xième partie du XXe siècle. Il ne faut pas oublier en effet qu'en plus de son salaire modeste, ce dernier n'était guère rétribué durant ses longues vacances sco­laires. La nouvelle loi sur l'instruction de 1962 donnera enfin satisfaction dans ce domaine en attribuant au personnel un salaire mensuel global réparti en tran­ches mensuelles.

B. De la motion Crittin à la loi du 16 novembre 1946

En 1932, une motion fut déposée par le député Crittin: elle demandait la révi­sion de la loi du 1 er juin 1907. Cette mo­tion visait notamment à réduire l'impor­tance accordée aux branches dont l'étude sollicite avant tout la mémoire de l'enfant, au profit de celles qui éveillent son esprit critique, son esprit d'observation et qui le forcent à un raisonnement. On souhaitiat également voir se développer l'enseignement de l'hygiène, de l'écono­mie domestique pour les deux sexes, ·de l'enseignement ménager et de la puéricul­ture pour les jeunes filles 112. Dans cette optique, le DIP s'attela dès 1936 à la refonte des programmes des écoles pri­maires: il désirait un enseignement avant tout éducatif, une école donnant une formation générale plutôt qu'une spécia­lisation dans certains domaines, un pro­gramme laissant au régent la possibilité de l'adapter aux conditions particulières de sa classe. La diversité du canton et sa situation topographique exigeaient cette adaptation continuelle 113.

Quant à l'enseignement ménager, il avait pris en Valais un essor réjouissant au XXe siècle, mais sa situation n'était pas très claire: il n'existait dans le canton ni l'obligation pour les jeunes filles de fréquenter l'école ménagère ni un insti­tut destiné à former des maîtresses ména­gères. En 1942, on créa à l'Ecole nor-

male des filles une section réservée à l'enseignement ménager: c'était un pre­mier pas important. En 1944, le député Chappaz invitait le gouvernement à dépo­ser pour la session prochaine un ou plu­sieurs projets de loi instituant l'enseigne­ment ménager obligatoire dans le canton. Une proposition fut soumise au Grand­Conseil en mai 1946 et acceptée le 29 du même mois, alors que le texte défi­nitif de la loi était adopté le 16 novem­bre 1946. Soumise à la sanction du peu­ple, la nouvelle loi portant sur l'ensei­gnement primaire et ménager fut accep­tée le 22 juin 1947 . Voyons quelles en étaient les dispositions essentielles.

Tout d'abord on énonce dans les prin­cipes généraux de cette dernière que l'en­seignement primaire doit être axé avant tout sur une formation générale de l'en­fant jugée plus importante qu'une spécia­lisation. C'est la reprise des principes déjà articulés en 1936.

On apporte ensuite des modifications à la loi antérieure de 1907.

Le dédoublement des classes exigé à partir de 50 élèves s'opérera dorénavant avec un maximum de 40 voire de 35 élèves pour les çlasses à plusieurs degrés (article 8). Màis' venons-en à l'essentiel: selon teneur de l'article 10, les commu­nes se voient dans l'obligation de créer une école ménagère dès qu'elles comptent 12 élèves en âge de suivre cet enseigne­ment. La loi envisage deux façons d'assu­rer aux jeunes filles leur formation ména­gère: une école de deux années, de 14 à 16 ans, dans les communes remplis­sant la condition sus-mentionnée, ou des cours ménagers de 15 à 19 ans dans les communes ne réunissant pas le nombre d'élèves pour justifier une telle création. U ne marge de dix ans est accordée aux communes pour mettre à exécution ces dispositions légales 114.

A l'article 19, l'Etat encourage aussi la création d'écoles moyennes, sortes d'éco­les primaires supérieures, par commune ou par région. Précisons que de telles écoles existaient déjà au XIXe siècle à 50 51

Salle de repassage d'une école ménagère.

Bagnes, Martigny ou Monthey, par exem­ple. Cependant le Valais restait, au début du XXe siècle, le canton comptant le moins de jeunes gens ayant fréquenté une école secondaire. La loi de 1910 apporta du nouveau dans ce domaine, ce qui permit à cet enseignement de se déve­lopper au cours du XXe siècle 115.

En ce qui concerne la durée et la fréquentation scolaire, aucune modifica­tion de la loi de 1907 ne fut apportée dans le nouveau décret.

Une question préoccupait encore le gouvernement · à cette époque: l'état lamentable de certains bâtiments scolai­res totalement inadaptés à leur destina­tion et souvent contraires aux règles les plus élémentaires de l'hygiène. Par la loi du 16 novembre 1946, l'Etat subven­tionne la construction, l'agrandissement et la réfection des édifices scolaires, ainsi que l'achat des bâtiments appelés à deve­nir des maisons d'école. Cette subven­tion s'élève à 30% de la dépense effec­tive, y compris les frais d'acquisition d'un terrain nécessaire à la construction

Page 28: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Promenade scolaire

et à l'aménagement d'une place conve­nable de récréation et de gymnastique. U ne subvention supplémentaire est accor­dée enfin aux communes dont les ressour­ces limitées rendraient trop conséquen­tes les dépenses occasionnées par des tra­vaux de construction ou de réfection 116.

Les bourgeoisies participent à ces frais selon une échelle variant de 0 à 30% du coût effectif. En cas de mésententes entre bourgeoisies et communes, le Conseil d'Etat peut décider de la part en ques­tion, compte tenu de leur situation finan­cière 117.

U ne dernière innovation apportée par la nouvelle loi de 1946 fut la création d'un Office cantonal de l'enseignement

qui aura pour tâches essentielles de tenir le personnel enseignant au courant des nouvelles techniques de l'enseignement, de préparer la documentation nécessaire afin d'adapter l'instruction à l'évolution et de favoriser l'enseignement par la radio, le disque et l'image 118.

La loi du 16 novembre 1946 dont le règlement d'application date du 6 novem­bre 1947 marque ainsi en Valais le début d'une généralisation de l'enseigne­ment ménager au niveau des commu­nes. Nous entrons dans l'ère contempo­raine de l'école primaire valaisanne.· Il est donc temps de passer à la conclusion générale de ce travail.

52 53

Conclusion

De 1828 à 1947, l'instruction en Valais a subi une transformation fonda­mentale qui n'a pu s'opérer que grâce à une évolution tout aussi radicale de la société valaisanne traditionnelle. Rappe­lons-en donc les principales étapes en tenant compte de l'importance de ce rapport étroit qui existe entre l'école et la société.

Au début du XIXe siècle, c'est sans conteste le clergé qui représente en Valais l'autorité suprême. Toutes les institu­tions valaisannes en sont profondément imprégnées et l'instruction n'échappe guère à cette règle fondamentale.

L'année 1828 marque à ce titre un premier point de rupture important. C'est la première fois, en effet, dans l 'histoire valaisanne - les tentatives infruc­tueuses des régimes helvétique et napo­léonien ne résultaient pas d'une initia­tive valaisanne - que la Diète se penche sur un projet d'instruction publique à l'échelon cantonal. Le décret du 15 décem­bre 1828 ne marque toutefois que le début d'une «phase parlementaire» met­tant aux prises le clergé et le pouvoir civil et se caractérisant par une impos­sibilité d'entente réciproque en ce qui concerne leurs compétences en la ma­tière. Les échecs de 1828 et de 1839 ne sont rien d'autre que la concrétisation de cette mésentente, compréhensible du reste si l'on sait l'importance qu'avait le clergé au début du siècle dans la société valaisanne, notamment dans la partie supérieure du canton.

Les années 1840 semblent annoncer une période nouvelle, faisant place à une plus grande tolérance entre les deux pou-

. voirs. La loi du 31 mai 1844 qui reçut d'ailleurs l'assentiment du peuple valai­san marque l'aboutissement de ce rappro­chement. Elle doit être considérée com­me la première loi scolaire . valaisanne qui fut officiellement promulguée. Elle se base pour l'essentiel sur le décret avorté de 1828, preuve qu'en quelque 15 années les mentalités avaient déjà bien évolué. Cette première loi officielle ne fut tou­tefois qu'à peine appliquée au niveau

des communes pour les raisons que nous connaissons.

Au seuil des années 1850 se prépare une nouvelle rupture décisive. L'acces­sion au gouvernement du régime radical entraîne la séparation définitive des pou­voirs civil et ecclésiastique au niveau des compétences en matière d'instruction. L'Etat laïc en devient le seul souverain par l'instauration en 1847 du Départe­ment de l'instruction publique. C'est un tournant capital, car cette éviction du clergé va permettre au gouvernement, disposant des pleins pouvoirs, de mener une campagne efficace auprès des admi­nistrations communales.

C'était se leurrer toutefois sur les véri­tables aspirations du peuple valaisan à cette époque, qui demeurait attaché à une structure fortement traditionnelle, contraire à tout interventionnisme, et dont la pauvreté naturelle rendait cadu­que toute initiative gouvernementale. Le zèle et le dynamisme de Charles-Louis de Bons et de ses successeurs ne suffiront pas à venir à bout de cette résistance tenace. Vers 1870, de nouveaux éléments apparaissent. La pression fédérale et les menaces de centralisation codifiées par la nouvelle constitution fédérale de 1874 provoquent peu à peu une prise de con­science des Valaisans de leur faible niveau intellectuel et de la nécessité d'une ins­truction plus régulière. Les mauvais résul­tats obtenus aux examens pédagogiques ne font que confirmer ces pressentiments. En outre, les profondes mutations écono­miques survenant à la fin du XIXe siècle engendrent de nouveaux besoins que seule une solide formation primaire saura satisfaire. La conjonction de tous ces fac­teurs permet au Valais de sortir peu à peu de son marasme intellectuel.

A la veille de la première guerre mondiale, l'instruction valaisanne revêt un caractère véritablement populaire. Au niveau législatif, les bases essentiel­les ont été scellées au tournant du siè­cle, grâce à la série de réformes entre­prises dès 1873. Dans le domaine prati­que, de graves problèmes ont été résolus,

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notamment celui du financement de l'école primaire et celui non moins im­portant de la fréquentation scolaire. De même, la situation du personnel ensei­gnant a sensiblement évolué tant au niveau matériel qu'au niveau de sa for­mation. Mais tout n'est pas réalisé. La phase qui aboutira à la nouvelle loi sur l'instruction primaire de 1946 servira à consolider l'édifice construit durant cette

période et à lui apporter certains complé­ments indispensables, telle la codifica­tion au plan cantonal de l'enseignement ménager.

Ainsi, quelque 120 années de lutte sur tous les fronts auront permis à une institution jadis impopulaire de devenir l'un des piliers essentiels de la société valaisanne du XXe siècle.

R. M étrailler

54 55

N otes et références

l. 2. 3. 4 . 5. 6. 7. 8. 9.

10. 11. 12.

13 . 14. 15.

16. 17 . 18 .

19. 20 21. 22. 23 . 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 3:f . 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43 . 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52.

53. 54. 55 . 56. 57.

Boucard, Louis: L'école primaire valaisanne à la fin de XVlIIes et son histoire de 1798 àl830 p. 153. Ibid p. 2 Idem Ibid. pp. 170 ss. Ibid. pp. 377-378 A.-J. de Rivaz: M émoires historiques sur le Valais (1798-1834) V.lI!. p. 21 Boucard, L. op. cit . p . 335 Ibid. p. 359 Ibid . p. 51 Rapport du DIP sur les écoles de consorts et arrêté du 21 mars 1860 p . 8 et ss. Loi du 31 mai 1849, article 13. ln RL. T. VIlI p. 86 Ces quelques données émanent du rapport de l'inspecteur du district de Sierre pour l'année scolaire 1854-1855: RI, Sierre 1854-1855, No 30 Idem ln: Bulletin officiel du canton du Valais, année 1855 Message accompagnant le projet de décret concernant l'application des fonds scolaires de section, du Conseil d ' Etat au Grand Conseil p. 7 In: Protocole des séances du Grand Conseil mai 1903 annexe 8 Rapport du CE. 1857. DIP. p. 64 Loi du 26 mai 1902. In RL T XX p. 20 et ss Décret du 9 novembre 1903 fixant les conséquences de la suppression des écoles de sections ln: RLTXXp. 219 Loi du 31 mai 1849. article 13, al. 4 . In RL T VIIl p. 86 Rapport du DIP sur les écoles de consorts et arrêté du 21 mars 1860 p. 8 ln RL T X p. 169 R.1. Entremont , 1865-1866 No 31 Règlement du 31 décembre 1860. Art. 29. ln RL T X p. 20 R.1. Sierre, 1900-1901 (No 87) Voir à ce propos le classement des districts aux examens pédagogiques de recrutement Voir à ce propos l'article du Confédéré du 8 juillet 1875 Dl P 6-4 Ecoles primaires de langue française Correspondance (1865-1872) Rtiglement du 31 décembre 1860. Article 40, In RL T X p. 203 L'exemple des parents de la Balmaz. In: RI Saint-Maurice 1872-1873 (No 38) Rapport du CE. 1894 OIP p . 29 Loi du 4 juin 1873. Article 17 al. 2. In: RL T Xl p. 334 Idem Jahrbuch des Unterrichtswesens. Année 1828 p. 164 Rapport du CE. 1873 . OIP pp. 16 et ss. Rapport du CE. 1870 OIP p. 85 Loi du 4 juin 1873. Article 40-41-42-43. In: RL T XI p. 355 et ss. Ami des Régents. 1854 p. 1 Réglement du 5 septemhre 1849. Article 9. In: RL T VIII p. 37 Rapport du CE. 1873 DI P p. 21 Rapport du CE. 1881 DI P p . 17 R.1. Sierre, 1867-1868 R .I. Sierre, 1901-1900 Rapport du CE. 1877 DI P p. 35 Selon témoignage oral recuilli auprès de M. Edouard Florey de Vissoie en 1978 Rapport du CE. 1889 DI P p . 26 R .1. Sierre, 1904-1905 Rapport du CE. 1877 DIP p. 35 De Cocatrrix Xavier, les ex amens pédagogiques p . Rapport du CE. 1877 p. 7 R.1. Monthey , 1872-1873 01P/6 Ecoles primaires. Correspondance diverses venant du VS (1816-1893) Ecole primaire . 1881-1882 No 6 p. 91. A noter que les conférences pédagogiques sont créées par le réglement de 1874 (art. 42 et 43). Elles sont réservées à tous les régents et portent sm des questions relatives à l'enseignement. Elles contribuent grandement à sortir les institutions de leur ignorance

et de leur étroitesse d'esprit. Voir par exemple à ce propos: Colloque de dialectologie franco-provencale , Neuchâtel 1971 Voir Courthion, Louis: Le peuple du Valais pp. 164 et ss. Farquet, L'école valaisanne de 1830 à /9/0 p. 102 Rapport du CE. 1890 DI P p. 1 Ibid. 1910 OIP. p . 65

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58. Boucard, Louis, Op. cit p. 51 59. Rapport du CE. 1854 DIP 60. ln: RL T VIII p. 85 61. Règlement du 31 décembre 1860. Article 19. ln: RL T X p. 208 62. RI, Martigny 1854-1855 63. DIP 6/4 Ecoles primaires. Correspondance diverse venant du Valais (1865-1872) 64. Règlement du 31 décembre 1860. Article 41. ln: RL T X p . 212 65. Ami des Régents. 1855 No 7 p. 50 66. Courthion, Louis: op. cit. p. 139 67. Rapport du CE. 1872 DIP p. 15 68. ln: Bulletin officiel du canton du Valais. Année 1872 69. Le Confédéré du 5 janvier 1873 70. Farquet, M.: Op cit p. 26 71. Ibid. p. 114-115 72. ln: Protocole des séances du Grand Conseil, juin 1873, annexes 73. Voir à ce propos les pages intéressantes de M. Boucard, pp. 287 et ss. 74. Rapport du CE. 1887 DIP p . 7 75. Ibid. 1872 DIP p. 23 76. Rapports d'inspecteurs scolaires pour ces années scolaires 77 . RI Monthey 1872-1873 78. Rapport du CE. 1857 DIP p . 39 79. Rapport du CE au Grand Conseil sur le projet de loi sur l'instruction publique, Sion 1872 80. Arlettaz, Gérald: Les transformations économiques du Valais (1850-1914). ln: Société et culture du

Valais contemporain T II pp . 11-62 81. Bulletin du Grand Conseil, mai 1873 p. 197 82. Rapport du CE. 1894 DIP p. 37 83. Cette commission était composée de MM. J.-B. Henzen, préfet des études, Augustin Lamon,

inspecteur des écoles et A. Bruttin, professeur au collège de Sion 84. Loi du 4 juin 1873. Article 5. ln: RL T Xl p. 331 85. Ibid. Article 39. ln: RL T XI p. 339 86. Le Confédéré du 14 janvier 1872 87. Idem 88. Farquet, M. Op. cit. p. 114 89. Idem. 90. Ibid. pp. 117-118 91. Loi du 4 juin 1873. Article 31. ln: RL T XI pp. 337-338 92. Jahrbuch des Unterrichtswesens. Année 18·88 pp. 179 et ss. 93. Le Confédéré du 5 janvier 1873 94. Rapport du CE. 1886 DIP p. 16 95. Courthion, L. Op. cit p. 139 96. Loi additionnelle du 24 novembre 1896 sur le traitement du personnel enseign.ant. In: RL T XVIII

p.250 97. Jahrbuch des Unterrichtswesens. Années 1889-1900-1905 98. ln: RL T X p. 20 99. Loi du 19 mai 1909. ln: RL T XXIII p. 54

100. Loi du 1er juin 1907. Article 63. In: RL T XXII p. 136 101. Ibid. Article 62. ln: RL T XXII p. 136 102. In: RL T XIII p. 460 103. Loi du 1er juin 1907. Articles 25 et 26 T XXII pp. 124 et 125 104. Loi du 1er juin 1907. Articles 15 et ss. ln: RL T XXII p. 122

Règlement du 5 novembre 1910. Articles 66 et ss. In: RL T XXII p. 227 105. Ibid. Article 105. In: RL T XXIl p. 258 106. Rapport du CE. 1884 DIP p. 32 107. Loi concernant la subvention de l'école primaire publique du 25 juin 1903. ln: Feuille fédérale, 1903,

T III p. 1063 108. Rapport du CE. 1904 Dl P p. 99 109. Ibid. 1903 DIP pp. 6 et 7 110. Farquet, M. Op. cit. p. 66 11 1. Ibid. p. 144 112. Bulletin du Grand Conseil. Motion Crittin, novembre 1932 p. 57 113. Farquet, M. Op. cit p. 144 114. Idem 115. Ibid p. 134 116. Loi du 16 novembre 1946. Articles 67-69. ln: RL T 35 pp. 41 et 42 117. Ibid. (article 42) 118. Farquet, M. Op. cit. p. 148 56 57

Bibliographie sommaire

A. Sources manuscrites

1. Archives de l'Etat du Valais

a) Départelllent de l'Instruction puhlique

No 6: Ecoles primaires Nos 30 à 98: Rapport des inspecteurs scolaires (1854-1811)

* Les rapports concernant le Haut-Valais ont été généralement laissés de côté faute d'aptitudes dan! leur déchiffrage

Nos 98-102: Examens de recrues 1875-\9\\ Nos \03 à \44: Copies, lettres (correspondance du DIP)

b) Grand Conseil

Protocole des séances du Grand Conseil de 1838 à 1907

B. Sources illlprimées

1. Publicatioll du Bureau fëdéral des statistiques

Rapports annuels sur les examens des recrues de 1875 à 1913

2. Publications cantonales officielles

Annuaire officiel du canton du Valais de 1850 à 1947 Bulletin des séances du Grand Conseil du canton du Valais (1850-1947) Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur sa gestion - Sion - 1850 à 1947 Recueil des lois, décrets et arrêtés du canton du Valais, Sion, 1828 à 1947

3. Journaux

Le Confédéré La Gazette du Valais

4. Revues pédagogiques ou autres

L'Ami des Régents, Sion 1854-1856 Ecole primaire, Sion dès 1882 Annuaire de l'Instruction publique en Suisse, Lausanne 1910-1914 Jahrbuch des Unterrichtswesens in der Schweiz, dès 1888

C. Ouvrages

1. Ouvrages généraux

Salamin Michel: Le Valais de 1798 à 1940, Sierre 1978 De Rivaz, Paul: Histoire contemporaine du Valais, Sion 1946 Courthion, Louis: Le Peuple du Valais, Genève, 1903 Ainsi que les mémoires de licence se rapportant à cette période

2. Ouvrages spéciaux

Schmid, F.: Geschichtliches über das Unterrichtswesens im Kanton Wallis. Separatabdruck aus den Bliittern aus der Walliser Geschichte 2. Jahrgang, Sion 1897 Boucard , Louis: L'école primaire valaisanne à la fin du XVIlles et son histoire de 1798 à 1830 Saint-Maurice, 1938 Farquet, Maxence: L'école valaisanne de 1830 à 1910. Histoire et organisation, Sion 1849 De Rivaz, A.-J.: Mémoires historiques sur le Valais T III 1798-1834 De Cocatrix, Xavier: Examens pédagogique des recrues en Valais de 1886 à 1906, Sion 1907 Bovet, Pierre: Les examens de recrues dans l'armée suisse, 1854-1913, Neuchâtel - Paris, 1938

Abréviations

DIP DMF

Département de l'Instruction publique Département militaire fédéral

Rapport du CE RI RL

Rapport de gestion du Conseil d'Etat Rapports des inspecteurs scolaires. In: Archives de l'Etat du VS DIP. No 30-98 Recueil des lois du canton du Valais

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Annexe: Chronologie de l'école primaire en Valais de 1828 à 1913 In: RL. Années 1828-1913)

1828: décret du 15 . 12 . sur l ' instruction publique (1er décret en la matière) 1838: nouveau décret scolaire . Echec. Nouveau projet l'année suivante 1840: refus par le peuple valaisan du décret élaboré en 1839 1841: arrêté du 10.9. concernant l'établissement d'une école normale 1844: loi du 31.5. sur l'instruction publique. Acceptée par le peuple 1845: règlement du 18.9. sur les écoles prima ires 1846: ouverture à Sion du premier cours de l'école normale par les Frères de Marie 1847: création d ' un Département de 1 ï nstruction publique 1849: loi du 31.5. sur l ' instruction publique

règlement du 5.9. sur les écoles primaires 1853: règlement du 20.10. sur les lycées et les collèges de l'Etat 1854: parution de la re vue «L'Ami des Régents » publiée par Ch .-L. de Bons, chef du O . l.P. 1856: règlement sur l'uniformité des livres d'école 1858: arrêté concernant la réorganisation des collèges 1860: arrêté du 21.3. sur les écoles de consorts et de sections

règlement du 31.12. sur les écoles primaires 1863: règlement du 22.8. du Conseil de l'I.P ., du Préfet des études, du Préfet des collèges et des pro­

fesseurs 1873: loi du 4.6. sur l'instruction publique 1874: règlement du 24.10 pour les écoles primaires

règlement du 19.11. concernant les conditions d'admission et de promotion aux écoles normales ainsi que les examens pour l'obtention du brevet d'enseignement

1875: instauration par le département militaire fédéral des examens pédagogiques de recrutement arrêté du 11.6. concernant la classification des écoles primaires

1876: arrêté du 23.10 . concernant l'organisation des cours de répétitions faisant suite aux écoles pri­maires

1877: loi du 27.11. déterminant les avoirs bourgeoisiaux affectés au service public des communes le 19.12. décision fixant à Fr. 1.- le montant des amendes encourues pour absence au cours de répétition

1880: arrêté du 16.7. prescrivant des cours préparatoires pour les examens pédagogiques de recrute-ment

1881: arrêté du 12.12. sur la même matière 1884: nouvel arrêté sur la matière 1885: le 26.10.: liste des manuels et des ouvrages classiques français déclarés obligatoires 1886: arrêté du 8.1. concernant les amendes scolaires

décret concernant la caisse de retraite des instituteurs 1888: décret du 26.5. concernant les primes d'encouragement pour le personnel enseignant des écoles

primaires arrêté du 7.9. concernant les cours préparatoires pour les recrues ordonnance du 12. 10. fixant à 10 mois la durée des cours des écoles normales

1889: décision portant que les membres des ordres religieux ne sont pas au bénéfice de la prime d'encou­ragement le 16.12.: liste des manuels et des ouvrages classiques allemands déclarés obligatoires

1891: arrêté du 20.2. concernant le recouvrement des amendes scolaires dans les communes arrêté du 9.9. concernant la création d ' une école d'agriculture

1892: ordonnance du 8.4 concernant l'introduction des examens d'émancipation 1893: ordonnance du Il.1 . prescrivant l'emploi dans les écoles allemandes de l 'orthographe Ouden 1894: arrêté du 2.3 . concernant les subsides à accorder aux jeunes gens se destinant ù l'enseignement

supérieur 1895: ordonnance du 13.9. portant de 29 à 30 le nombre de leçons de 2 heures que doivent recevoir

les futures recrues 1896: loi du 24.11. additionnelle modifiant l'art. 31 de la loi de 1873, sur le traitement du personnel

enseignant des écoles primaires ordonnance du 30.11. fixant à 9 le nombre de points que doivent obtenir, pour être émancipés, les jeunes gens appelés à se présenter aux examens

1898: ordonnance additionnelle du 8.4. concernant les examens d 'émancipation arrêté du 24.10. concernant l'introduction des registre et livret scolaire

1902: loi du 26.5 . fixant le traitement du personnel enseignant et décrétant la suppression des écoles de sections

1903: arrêté du 9.11. fixant les conséquences de la suppression des écoles de sections loi du 21.11. concernant la durée de l'école normale à 3 ans de 10 mois

1906: décret du 24.11. concernant la caisse de retraite du personnel enseignant des écoles primaires 58 59

1907: loi du 1.6. sur l'enseignement primaire et les écoles normales règlement du 3.6. d'exécution de la Caisse de retraite du personnel enseignant

1909: règlement du 12.3. concernant les écoles normales loi du 19.5. fixant les traitements des instituteurs et des institutrices des écoles primaires

1910: arrêté du 23.8. concernant la création d'écoles spéciales pour enfants anormaux règlement du 5.11. pour les écoles primaires du canton loi du 25.11. sur l'enseignement secondaire

1911: règlement d'application 1913: abandon des examens de recrues 1919: loi du 24.5. fixant les traitements du personnel enseignant primaire, promulguée par l'arrêté du

18.7.1919 1920: décret du 20.11. allouant des traitements supplémentaires au personnel enseignant 1925: règlement du 7.11. concernant la caisse de retraite du corps enseignant primaire du canton du

Valais 1930: loi du 15.11. concernant les conditions d'engagement du personnel enseignant des écoles primaires

et des cours complémentaires 1932: règlement du 12.11. concernant la caisse de retraite du personnel enseignant 1935: règlement du 11.9. concernant les cours scolaires d'été 1936: décret du 13.11. concernant les cours préparatoires aux écoles normales 1938: modification du règlement concernant les écoles normales du 3.5.1938 1942: Arrêté du 30.1 O. concernant l'enseignement ménager

arrêté du 9.12. modifiant les dispositions pénales de la loi du 1er juin 1907 sur l'enseignement primaire et les écoles normales

1943: arrêté du 5.3 . concernant la participation du canton aux œuvres de secours en faveur des écoliers dans la gêne et de ceux qui habitent un hameau isolé

1946: loi du 16.11. sur l'enseignement primaire et ménager 1947: règlement d'application du 6.11. de la loi susmentionnée

Page 32: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

AUJOURD'HUI ...

L'école valaisanne de 1947 à 1978

Page 33: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

63

L'école primaire en Valais de 1962 à nos jours

La loi sur l'instruction publique de 1962 a été accueillie par le personnel de l'ensei­gnement primaire du canton dans le sen­timent du plus profond soulagement.

Le Valais sortait enfin de l'ornière, on allait enfin travailler dans le cadre d'une législation depuis si longtemps convoi­tée, les pouvoirs publics et le peuple reconnaissaient enfin, en les sanction­nant, le bien-fondé des réformes propo­sées depuis si longtemps par le corps enseignant.

Présentées à l'origine comme de sim­ples constatations, ces réformes avaient rapidement revêtu le caractère de reven­dications constamment formulées, débat­tues, dans les comités, les assemblées, la presse et soumises ensuite aux pou­voirs publics. L'exigence majeure se rap­portait bien entendu à la durée de la sco­larité et au salaire annuel. Comment concilier en effet la mission hautement éducatrice de l'école et la carence quasi totale du statut professionnel? Six mois d'activité par année, du 1 er novembre au 30 avril, dans la grande majorité des communes valaisannes!

Conscients de la démesure d'une telle entreprise, poussés aussi par les contrain­tes matérielles de l'existence, bon nom­bre de nouveaux promus ne tardaient pas à déserter l'enseignement pour d'au­tres tâches, annuelles celles-là: à l'usine, à l'Etat, dans les banques, les assuran­ces, le commerce, les services fédéraux des postes, transports ou douanes. Les fidèles, eux, se résignaient à mener de front l'enseignement et d'autres activités cumulant les fonctions d'officier d'état civil, de chef de section militaire, de teneur des registres, d'inspecteur de bé­tail. On était aussi et surtout paysan, caissier de succursales bancaires ou cais­ses-maladie. Toutes activités absorban­tes compromettant la grande disponibi­lité qu'exige la direction d'une classe.

Et pourtant, en dépit de telles condi­tions d'enseignement, les enfants de nos villages, depuis plus de trois-quarts de siècle, n'apprenaient pas mal la lecture,

l'écriture, les calculs, justifiant encore de bonnes notions de géographie et d'his­toire nationale. Ces constatations susci­taient même, parfois, l'étonnement et l'admiration de nos voisins romands et alémaniques.

Il est juste de relever aussi que les maέtres et maîtresses d'autrefois, tout comme ceux et celles d'aujourd'hui, éprouvaient un grand besoin de perfection. Abonne­ment à des revues étrangères, adoption d'ouvrages en usage dans les pays fran­cophones, participation aux conférences, aux cours de la Société suisse d'école active, aux excursions documentaires sous la conduite, entre autres, de l'abbé Mariétan ou de professeurs de l'Univer­sité de Lausanne et, plus tard, inscrip­tions nombreuses aux cours de perfec­tionnement organisés chaque année par le Département de l'instruction publi­que, témoignant de leur haute conscience professionnelle.

Hélas! Malgré tous ces efforts, toute cette application, subsistait encore chez chacun une certaine insatisfaction. Com­ment contester d'une part de graves lacu­nes et par ailleurs, cette impuissance décourageante à les combler?

Pour aboutir à une école active, à une école pour la vie et par conséquent à l'ap­proche généralisée d'une meilleure cul­ture générale, une seule formule: l'achè­vement de la formation professionnelle des enseignants en profondeur dans les domaines de la littérature, des scien­ces chimiques, physiques, naturelles, du dessin, de la peinture, de la musique, du chant, de la pédagogie et de la psycho­logie, etc. D'où, à défaut d'une trop longue préparation, l'engagement, dans les instituts de formation professionnelle de professeurs d'une très grande érudi­tion et doués du meilleur sens pédago­gIque.

La réforme de l'enseignement engagée au préalable dans une telle voie ne pou­vait qu'aboutir à brève échéance à des résultats pleins de promesses tout en sauvegardant l'équilibre du budget can-

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tonal. La proposition, bien que formu­lée à maintes reprises, ne retint pas l'attention des responsables. Son appli­cation allait heurter les tenants de situa­tions acquises et remplir d'inquiétude les adversaires d'une réforme radicale de l'Ecole normale. L'école valaisanne ne pouvait ainsi se dégager de sa spécificité obligatoirement contraignante, tradition­nelle, ennuyeuse même, chargée de lour­deurs dont il serait aisé aujourd'hui de dresser un accablant catalogue. On se confinait, à plein temps, entre les quatre murs d'une salle souvent vétuste, peu aérée, pendant que, dehors, la nature d'une part, les œuvres humaines de l'au­tre vibraient de merveilles de tous ordres dont l'observation et la connaissance auraient sans doute éveillé chez tous l'intérêt et la passion du savoir.

Les enfants d'autrefois n'aimaient pas l'école. Le contraire eût été surprenant. La cause de l'instruction publique et obligatoire était donc privée de cette armée de propagandistes sans doute effi­caces qui, animés d'autres sentiments, auraient converti leurs parents. Grâce à eux, l'argument du besoin de main-d'œu­vre pour les travaux champêtres aurait perdu de sa virulence. Le problème· de la scolarité annuelle, avec la collabora­tion d'hommes politiques ou d'orateurs convaincants, résolus, courageux aurait été résolu bien plus tôt et à temps voulu.

La tragédie de la Deuxième guerre mondiale est un de ces événements dont les causes et les conséquences retien­dront encore l'attention des historiens. Mais on peut affirmer déjà, avec certi­tude, que l'entrée en guerre des Etats­Unis d'Amérique, déterminante pour la victoire des Alliés, a entraîné une révo­lution gigantesque de l'économie euro­péenne. La Suisse, avant même la signa­ture de la paix, a subi l'influence de cette révolution. Tandis que l'industrie et l'artisanat connaissaient le plein em­ploi, les petites exploitations agricoles montagnardes semblaient déjà languis­santes et moroses. Ce qui faisait dire aux petits paysans: «C'est fini, la cam-

pagne ne rapporte plus». Aucune compa­raison possible entre les revenus déri­soires des gens de la terre et ceux de l'usine.

Dès lors, sans hésiter, la jeunesse cam­pagnarde prit des engagements dans les grands barrages en construction ou s'orienta vers l'apprentissage, vers le commerce, les fonctions publiques. Le problème de l'instruction populaire pre­nait une acuité nouvelle que la loi de 1946 prétendait maîtriser. Spécialement conçue pour l'enseignement ménager, on peut affirmer aujourd'hui que les dispositions prévues, pour le secteur pri­maire, péchaient par un manque de har­diesse. On perpétuait en effet la scola­rité minimum à six mois et le salaire mensuel des maîtres. Le problème de la fonction restait donc posé bien que des dispositions aient été prises pour adap­ter les salaires aux besoins du moment. Les demandes d'augmentation de la sco­larité affiuèrent bientôt au DIP pour sept, huit, neuf mois de classe, mais les maîtres et maîtresses manquaient dans le pays. Il fallut bientôt prendre des mesu­res d'urgence, engager des candidats étrangers et créer des cours de formation rapide. Il fallait donc aviser et à quinze ans de distance promulguer une nouvelle loi. Le peuple sanctionna cette entre­prise par 12912 oui contre 4907 non, le 4 novembre 1962.

Les enseignants obtenaient enfin satis­faction, ce salaire annuel tant réclamé qui allait enfin les libérer de la servi­tude de se procurer un emploi à temps partiel et leur permettre de se consacrer entièrement à l'enseignement. La fonc­tion était créée, enfin!

Une deuxième disposition capitale se rapportait à la durée de la scolarité: 3 7 à 42 semaines. Mesure adéquate à l'élargissement continuel des program­mes et à leurs exigences.

Restait enfin la formation des maî­tres et maîtresses de l'enseignement pri­maire. Les détails de ce point précis de la loi étaient réservés à un règlement. 64 65

Il fallait patienter et attendre le plein épa­nouissement des mesures prises. Les can­didats à l'enseignement primaire sont maintenant astreints à cinq ans d'études. Ils participent à cette grande expérience de la coordination romande, du cycle d'orientation.

Ces expériences sont en plein déve­loppement. Il ne nous reste qu'à atten­dre pour se hasarder à un jugement quelconque sur l'orientation future de l'Ecole populaire et la formation des nouveaux maîtres.

En guise de conclusion, il convient de mettre en relief l'observation d'un haut fonctionnaire de l'Instruction publi­que qui, dans une brochure documen­taire, au chapitre des motifs de la nou­velle loi de 1962 s'exprime de la sorte: «Parmi les devoirs primordiaux de la société se situe d'abord l'obligation de faire régner l'ordre et la justice, puis, tout de suite après, la nécessité d'assu­rer l'éducation et l'instruction publique. Aucun gouvernement ne saurait éluder cet impératif».

Affirmation d'une évidence frappante qu'il faudra renouveler, sans doute, si l'on. veut que notre pays connaisse son plein épanouissement.

Léon Monnier

Les préoccupations de la SP Val

Le rapport d'activité 1977- 1 978, pré­senté par cette association, donne un aperçu très complet des préoccupations qui sont les siennes.

Notre propos n'est pas de revenir, en détail, sur les divers points de ce rapport - dont nous espérons que vous avez déjà pris connaissance - mais de vous faire part de quelques considérations qu'il nous suggère.

Ces préoccupations de la SPVal si­tuent bîen le cadre dans lequel, jour après jour, notre école primaire évolue en essayant de répondre à ce que les autorités, les parents, les enseignants, les écoliers, attendent d'elle. De tout temps, l'école a eu ce rôle à jouer et, aujourd'hui encore, éduquer et instruire reste son but premier.

Cependant, pas plus que d'autres ins­titutions, l'école n'a échappé à ce besoin impérieux de changement, à cet esprit de renouveau qui, à notre époque, souffie sur le monde. L'idée de réformer l'école a fait son chemin et la réforme a com­mencé et elle continue. Une réforme de longue haleine et pas facile du tout. Une réforme qui ne se réalise pas à coups de slogans, ni par l'application de théories mirobolantes, au premier abord, théo­ries qui s'avèrent vite inapplicables dans la pratique. Oui, toute réforme est diffi­cile et peut-être plus encore dans le domaine qui est le nôtre.

On ne change pas, du jour au lende­main, ses conceptions, sa manière de pen­ser, sa façon d'être et d'enseigner, à plus forte raison, si les solutions proposées ne suscitent pas des convictions profondes et n'apportent pas des motivations suf­fisantes. Pour le personnel enseignant qui a déjà derrière lui une assez longue carrière, les soucis d'ordre pédagogique actuels ne facilitent pas sa tâche. Les recyclages, à trop forte dose, lassent et découragent. Les exigences administrati­ves, par trop poussées, agacent. Le man­que de confiance en soi prive l'ensei­gnant d'un élément primordial pour lui: la joie d'enseigner.

Page 35: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Nous constatons, à la lecture du rap­port, que les dirigeants de la SPVal ont le souci permanent d'obtenir que tous les membres de leur association puissent exercer leur profession dans les meilleu­res conditions possibles. En effet, toutes les activités du comité cantonal et celles de ses différentes commissions poursUi­vent le même but: donner à chaque ensei­gnant les moyens nécessaires pour bien remplir la tâche qu'il a choisie, tâche passionnante s'il en est, mais ardue et lourde de responsabilités.

«L'homme nouveau» de l'enseigne­ment ne peut être créé d'un coup de baguette magique! Les mutations se font lentement et pour que les fruits arrivent à maturité il faut du temps, une iden­tité de vue, un esprit de collaboration, une confiance réciproque entre autori­tés, parents, enseignants, élèves.

Le comité de la SPVal s'est efforcé d'établir et de maintenir des relations avec les institutions et les associations concernées par l'école. Les relations sui­vantes sont en place: autorités - ensei­gnants, enseignants du degré primaire -autres groupements d'enseignants du can­ton, enseignants du degré primaire - So­ciété pédagogique romande, enseignants - parents.

L'importance de ces relations n'échap­pe à personne. Elles permettent de pré­senter les problèmes, de prendre con­science des problèmes de ceux qui vous font face, de les étudier, de les discuter, d'essayer de trouver une solution satis­faisante pour les uns et les autres.

Dans l'établissement des relations men­tionnées, nous relevons que l'année 1977 / 1978 a confirmé la Fédération valaisanne des associations pédagogiques dans son rôle de trait d'union des ensei­gnants valaisans. C'est un événement à saluer car la SPVal est ainsi en contact avec les associations qui groupent tous les enseignants du canton.

Les quelques réflexions que nous vous avons présentées ne donnent qu'un reflet des préoccupations qui sont celles du comité de la SPVal. Son président a lancé un appel à tous les enseignants" afin que chacun s'intéresse et participe activement à la bonne marche de" l'asso­ciation. Puisse-t-il être entendu! Répon­dre à cet appel, c'est servir encore mieux l'école valaisanne. Pensez-y et surtout engagez-vous dans cette voie où toutes les bonnes volontés trouveront un champ d'action à leur mesure.

Joséphine Briguet 66 67

Le cycle d'orientation

De l'école secondaire premier degré au cycle d'orientation division A

La loi sur l '.Instruction publique de 1962, dans ses articles 55 à 60, fixe pour la première fois le cadre dans lequel évolueront les écoles secondaires du 1 er degré en Valais. Elle mérite un examen attentif et suscite une réflexion en forme de rétrospective.

Situation avant 1962 Des écoles secondaires dues à l'initia­

tive de quelques courageux pionniers, s'étaient créées dans plusieurs centres régionaux. Ces démarches non concer­tées répondaient aux soucis légitimes d'une frange d'instituteurs pressentant les bouleversements des années 60 et suivantes et désirant assurer à de plus larges couches de la population une solide formation. En effet, quelles possi­bilités de poursuivre sa formation s'of­frent au jeune Valaisan qui a 14 ans en 1958? S'il habite une ville, s'il est motivé par son milieu, il fréquente le collège. S'il habite les vallées ou les gros bourgs de la plaine, le collège, c'est déjà l'internat, des dépenses qui comp­tent, une situation assurée ... loin dans le temps et l'espace. Il lui reste l'école normale (année de préparatoire et exa­men d'entrée). A vingt ans, une profes­sion, retour dans sa région et qui sait? une carrière sociale! Il peut aussi termi­miner sa scolarité et suivre les cours com­plémentaires; malheureusement ceux-ci tombent en quenouille. Les efforts loua­bles pour mettre sur orbite des écoles secondaires partent de ce constat. Amé­liorer la situation, c'est donner la possi­bilité d'économiser 2 à 3 ans de collège à ses débuts et partant élargir le recru­tement pour ces établissements, c'est aussi ouvrir l'éventail des connaissances au début d'une décennie de totale trans­formation, c'est encore mettre en valeur les petits centres régionaux dans une saine perspective d'émulation.

Les écoles secondaires ouvertes ou à ouvrir ne rencontrent pas forcément le

soutien actif des autorités locales. Le Département de l'instruction publique lui-même n'affiche pas un enthousiasme débordant, peu enclin à appuyer une expérience qu'il n'a pas suscitée, coincé qu'il est entre le primaire et le 2e degré inquiets tous deux de se voir rognés aux extrémités. La loi de 1962 donnant une existence légale aux écoles secondai­res vient à son heure sanctionner un état de fait.

Mise en œuvre de la loi de 1962 Les dispositions transitoires, soit l'arti­

cle 128 portant mention des sections littéraire et générale, entrèrent d'abord en vigueur. Elles le resteront jusqu'en 1971. C'est dire que l'esprit des disposi­tions générales n'est pas respecté; c'eût été d'ailleurs impossible si on relit par exemple l'article 55, alinéa 2: «Elle (l'école secondaire du 1 er degré) est ou­verte aux élèves qui ont accompli le programme de 5e année primaire». L'en­seignement primaire ne pouvait admet­tre pareille amputation. Du côté des éta­blissements secondaires du 2e degré, ce «cycle de 2 à 4 ans» n'était pas regardé avec plus d'aménité. Le provisoire s'ins­talla non sans quelques retouches et aménagements. Les procès-verbaux de l'Association des maîtres secondaires du Valais romand, partenaire du DIP à ce niveau d'enseignement, en font foi.

A VPES 1 er degré

Il faut ménager ici une place à ce groupement d'enseignants porté sur les fonds baptismaux en 1959 et qui accè­dera sous peu à la majorité avec une autre dénomination. Initiateurs et fonda­teurs: MM. Rémy Zuchuat, Pierre Putal­laz, Henri Marin. Leur action fut déter­minante lors des discussions autour de la loi de 1962. L'Association fut sou­vent le lieu de réflexions et propositions qui prendront réellement corps quelques

Page 36: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

années plus tard, après un patient travail d'approche des institutions concernées. Exemples parmi d'autres: uniformisa­tion des programmes et des manuels, introduction progressive de l'orientation professionnelle (P.V. ass. de Montana 1970). L'Association joua un rôle impor­tant pour la revalorisation du statut matériel de ses membres. MM. Zuchuat, Putallaz, Arthur Masserey, Ignace Rey président successivement l'Association qui fusionne en 1975 avec sa consœur du Haut-Valais. Aujourd'hui, M. An­toine Fauchère tient avec assurance la barre de ce bateau dénommé «Associa­tion valaisanne des professeurs de l'ensei­gnement secondaire du 1er degré».

Loi concernant l'organisation de l'école valaisanne

Installé en 1969 à la tête du Dépar­tement de l'instruction publique, Mon­sieur Zufferey n'a de cesse de «réaliser un cycle d'orientation conforme à l'es­prit de la loi de 1962» extrait des atten­dus de la loi du 12 mai 1971, celle qui nous régit encore aujourd'hui. Elle ins­titue «le Grand Conseil compétent pour déterminer par voie de décret provisoire l'organisation de l'enseignement public après la se classe primaire». Ainsi un déçret provisoire en 1972 supplée aux défaillances des dispositions transitoires de 1962. Il y aurait là matière à sourire des lenteurs de l'administration si l'on restait à l'extérieur du sujet. A regarder de plus près, dans le tourbillon des idées relatives aux structures et programmes scolaires, la politique suivie s'avéra de bon aloi. Elle ménagea un temps de réflexion, permit des comparaisons avec d'autres cantons ou pays et maintint la souplesse nécessaire pour des adapta-tions souhaitables. -

- Au plus tard en 1983, un projet de loi devra être présenté, qui fixera l'organisation scolaire après la se primaire.

- La loi sur l'organisation de l'école valaisanne date de 1971, l'arrêté la promulgant de 1972. Suivent

encore en 1972 décret et règlement d'application concernant l'introduc­tion du cycle d'orientation.

Cycle d'orientation Celui-ci devient opérationnel dès la

rentrée 1974/75. En principe, il regroupe sous un même toit, en deux divisions A et B, tous les élèves après la 6e

primaire. Il accueille de même les élèves avec gros retards scolaires dans des clas­ses dites terminales. Mettant fin à un éparpillement fâcheux des élèves, il se caractérise par une structure simple et répond actuellement aux critères de for­mation de la tranche de la jeunesse qui lui est confiée.

Offrant aux élèves faibles la possibilité de travailler dans des classes à effectif réduit avec des maîtres spécialisés, le CO a aussi pour ambition de maintenir un excellent niveau dans les classes du A pour ne pas encourir le reproche de rui­ner, au départ, les études de ceux qui envisagent leur avenir par cette voie.

La division B s'inscrit dans une opti­que de réhabilitation des métiers ma­nuels. Selon le décret du 16 mai 1972: «elle est progressivement axée vers la pratique ( ... ) complète la formation des élèves et prépare à la formation par l'apprentissage ainsi qu'aux écoles spé­cialisées». Voilà pour les généralités.

CO et école secondaire Revenons à la division A pour tenter

une comparaison avec la défunte école secondaire. La régionalisation devient effective: les deux premières années au moins d'un cycle long d'études s'effec­tuent dans la proximité du domicile des élèves; c'est un atout essentiel du sys­tème actuel dont on mesure les avanta­ges sur le plan familial. .. et la réalisa­tion d'un vœu cher aux fondateurs des écoles secondaires d'avant 1962. L'en­trée en division A est conditionnée par les résultats et les observations des clas­ses de 5e et 6e primaires; finie la sélec­tion sur la base d'un seul examen d'ad- 68 69

Cycle d'orientation de Conthey.

mission, sans tenir compte des résul­tats antérieurs. L'information et l'orien­tation scolaires et professionnelles appa­raissent comme une nouveauté essen­tieJle, en même temps qu'une nécessité, pour permettre à l'élève de se décider en connaissance de cause. Le transfert en B d'élèves du A manifestement pas à leur place, désire assurer l'homogénéit~ et un bon niveau de classe avec des eXIgences élevées, ceci pour ne pas reporter au degré suivant une sélection qui, dans l'intérêt même des élèves, devrait avoir eu lieu avant. L'accueil en 1 re année particulièrement, des élèves transférés du B rend obligatoire une harmonisation des programmes et, peut-être mieux que cela, favorise échange d'informations et concertation entre maîtres des deux divi­sions au bénéfice de tous les élèves d'une même école.

Le manque de recul évidemment aura donné du relief à ce qui peut-être n'en méritait pas tout en laissant dans l'om­bre des faits appelés à un grand reten­tissement. Rétablir la perspective sera la tâche d'un prochain chroniqueur quand l'école valaisanne fêtera son 200e anni­versaire.

Roger Fellay octobre 1978

Préoccupations de l'Association La tâche du prochain chroniqueur

sera aussi celle de relater quelles solu­tions auront été apportées aux problè­mes qui soucient le plus les responsa­bles actuels de l'Association. Nous en citerons quatre.

1. La formation des enseignants du CO

Conclusion L'introduction de nouvelles structures Voilà décrite en un rapide survoll'évo- et la pénurie d'enseignants ont mis les

lution de notre secteur d'enseignement autorités dans l'obligation d'adopter des depuis le début des années soixante. mesures d'exception, notamment:

Page 37: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

- formation rapide dans les écoles nor­males;

- formation complémentaire accélérée pour les maîtres de div. B;

engagement de maîtres sans titres requis ni formation spécifique princi­palement en div. A du CO;

- appel à des enseignants étrangers, etc.

Le comité de l'Association considère comme urgent de mettre fin à toutes ces solutions transitoires imposées par les circonstances et de revoir le problème de la formation du personnel enseignant pour l'ensemble des maîtres du CO.

2. Sécurité de l 'emploi

Un comité d'Association ne pourrait rester insensible à ce problème de l'em­ploi. Comment y apporter des solutions? En adoptant progressivement les mesu­res suivantes:

- réduction et stabilisation des effectifs de classe à 20-22 élèves au maximum;

- diminution du nombre d'heures d'en­seignement pour les titulaires de classe et les animateurs de branches;

- introduction d'une retraite flexible. II n'y aurait pas d'âge limite mais une fourchette à l'intérieur de laquelle cha­cun pourrait choisir le moment qui correspondrait à ses aptitudes du mo­ment (état de santé ... ) et à ses désirs.

3. AGF (Analyse générale des Ionctions)

Faudra-t-il en attendre des résultats positifs? Oui, si les promesses faites sont tenues.

II est primordial pour notre Associa­tion que, dans le cadre de l'AGF soit prise en compte la requête salariale dépo­sée en 1974, requête dans laquelle nous demandions une revalorisation de notre statut matériel compte tenu de notre formation.

4. Programme du CO

Après quatre années de CO, des correc­tions de «trajectoires» s'imposent, parce que, d'une part:

certains programmes semblent avoir été élaborés parfois trop précipitam­ment au moment de l'entrée en vigueur des nouvelles structures scolaires et

d'autre part: ' il n'est pas possible d'ignorer les expé­riences faites à ce jour par les ensei­gnants du CO et il y a lieu de tenir compte dans une mesure raisonnable des perfectionnements apportés aux moyens et aux méthodes d'enseigne­ment.

La coordination et les programmes romands deviennent une réalité. Le Valais doit en tenir compte sans pour aut<;tnt accepter, les yeux fermés, toutes les mnovations.

A VPES, 1er degré Le président

Antoine Fauchère

70 71

Des écoles ménagères et de promotion au cycle d'orientation division B

L'introduction du cycle d'orientation en 1974 a créé une nouvelle catégorie d'enseignants: les maîtres de la division B du CO.

Le DIP a mis sur pied des cours de recyclage, afin de former cette nouvelle volée d'enseignants destinés à diriger les classes de division B. Le CO supprimait ainsi les écoles de promotion et les écoles ménagères. Les maîtres de ces classes furent donc appelés à assurer l'enseignement dans les classes de la div. B. La possibilité fut aussi donnée aux maîtres primaires de se et 6e années de suivre cette formation complémen­taire. Actuellement, plus de 150 maîtres et maîtresses ont reçu un diplôme de maître au CO, délivré par le DIP.

Afin d'unir leur force et de défendre leurs intérêts, tous ces maîtres se sont rassemblés pour constituer un comité provisoire chargé d'étudier la possibilité d'être admis dans l'Association des maî­tres secondaires du 1 er degré ou de créer une nouvelle association. Le comité pro­visoire formé en 1974, présidé par Mon­sieur Raphy Héritier, était composé des comités:

- de l'Association des maîtresses ménagères,

- de l'Association des maîtres de pro­motion et travaux manuels,

- de quelques maîtres primaires.

Il s'agit de M. Raphy Héritier, président Mme Evelyne Carruzzo Mme Claire Curdy, inspectrice Mme Maria Mounir Mme Jacqueline Favre Sr Geneviève Vernay Sr Elisabeth Ménétrey MM. Pierre Fellay

Paul Allégroz Michel Jourdan Marius Robyr

Roland Carron Louis Pitteloud Jean Follonier

Les démarches entreprises auprès de l'AVPES pour créer une seule associa­tion n'ayant pas abouti , l'AECOB fut officiellement fondée à l'Aula du collège de Sion, le 12 août 1975, avec la comité suivant:

Président: M. Raphy Héritier

Vice-présidente: Mlle Berthe Sierro, remplacée en 1976 par M. Robyr

Secrétaire: Mme Jacqueline Favre, remplacée en 1976 par B. Sierro

Caissier: M. Roland Carron

Membres: MM. Michel Jourdan

Paul Allégroz Bernard Mittaz, dès 1976

L'AECOB groupe, à part les maîtres dits «généralistes», trois sections avec chacune son comité propre ayant un représentant au comité central:

section «Economie familiale» présidée par Mlle Berthe Sierro section «Travaux manuels» présidée par M. Roger Salamin et représentée au comité par Paul Allégroz

- section «Classes terminales» présidée par M. Pierre Cornut et représentée au comité par M. Bernard Mittaz

Dès la création de l'association , celle­ci s'est fixée les objectifs suivants:

1. Parfaire la formation des maîtres en demandant au DIP d'organiser des cours de recyclage répondant aux exigences de chaque enseignant.

Page 38: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

2. Définir le statut des maîtres et obtenir conformément aux disposi­tions concernant la situation du personnel enseignant dans le cycle d'orientation, que les classes de la div. B soient dirigées par un maî­tre ayant obtenu le diplôme d'en­seignant de div. B.

3. Etablir des relations étroites avec le DIP et les autres associations pédagogiques existantes.

4. Assurer le statut financier des maî­tres, en participant activement et d'entente avec les associations des enseignants du VS aux différentes études de l'AGF.

5. Intéresser les enseignants en leur demandant d'apporter leur collabo­ration aux diverses commissions mises sur pied par le DIP (pro­grammes ... ).

6. Constituer une commission, d'en­tente avec les maîtres de la div. A, qui étudiera notre statut «d'assuré» auprès de la caisse de retraite et qui débattra les points suivants:

L'Ecole de promotion

En 1963, sur les bases de la loi sco­laire de 1962 et à l'initiative de M. le Conseiller d'Etat Marcel Gross, le très regretté inspecteur scolaire Camille Sierro avait élaboré une œuvre de réfle­xion solide, conscient de ce que l'Ecole devait apporter à ceux qui, ayant ter­miné l'école primaire, ne poursuivaient pas d'autres études.

De cette étude sereine et dynamique naquit l'Ecole de promotion réservée aux garçons comme l'Ecole ménagère l'était aux jeunes filles.

Cette école, dans l'esprit de son «fon­dateur», ne devait pas être une étape de remplissage scolaire pour élèves découra­gés du passé et sans espoir quant à l'ave­nir; son but n'était pas de rééduquer ou de réadapter des garçons ayant manqué

- la représentativité du maître du CO à l'assemblée des délégués,

- éventuel changement des statuts de la caisse.

7. Désigner dans chaque CO un ensei­gnant appelé «contact», responsa­ble de transmettre à ses collègues les informations du comité.

Citons également pour mémoire cer­tains autres points qui ont préoccupé l'association:

- établissement des tarifs de traite­ment versés aux différentes catégo­ries d'enseignants au CO;

- examen de la situation des ensei­gnants en vue de l'obtention du diplôme de maître de la div. B;

- assurance-chômage; - sécurité de l'emploi; - problèmes de transfert; - organisation des différentes sections.

Nous vous proposons, afin de revi­vre l'évolution de l'Ecole valaisanne, de retracer un petit historique de chacune de ces sections.

Le comité de l'A ECO B

leur premier âge scolaire sur le plan intellectuel, moral ou affectif.

Au contraire, elle se devait d'assu­rer l'instruction et l'éducation de jeunes gens qui, en raison de circonstances familiales ou personnelles (goûts, motiva­tions, moyens intellectuels ... ), n'avaient pas accédé à l'enseignement secondaire mais pouvaient néammoins suivre nor­malement un programme de formation débouchant directement sur les métiers.

Offrant un niveau de culture géné­rale original, adapté à l'âge et aux dispo­sitions de ces garçons, tenant compte le mieux possible de l'existence moderne avec ses besoins et ses responsabilités, ce programme avait pour but d'établir le cadre d'une «Ecole pour la vie» à part entière et d'offrir ainsi le maximum 72 73

de chance à ceux qui suivaient la voie de l'Ecole de promotion.

Un premier programme provisoire est introduit dès 1963, début de l'ouver­ture de ces classes. Ce programme revu durant la semaine pédagogique de 1967 au cours d'une recherche commune à laquelle participèrent les maîtres intéres­sés et une commission de cinq membres présidée par l'ancien inspecteur Marcel Praplan devint définitif dès la rentrée de 1969.

Que dire de ce nouveau programme? Globalement les éléments du précédent étaient retenus, à savoir la répartition de la matière en trois secteurs:

Culture générale Formation pratique Education physique

15 cours 16 cours 2 cours

Deux disciplines jugées indispensables lui sont annexées: l'information profes­sionnelle et la circulation routière. Une caractéristique originale est à relever: les matières d'enseignement ne sont pas défi­nies unilatéralement sous la forme d'un manuel fixe. En optant pour l'impres­sion des matières enseignables en clas­seurs mobiles, le nouveau programme réservait une place importante à la spon­tanéité, à l'initiative et aux degrés mou­vants de chaque Ecole de promotion, évitant ainsi une «planification autori­taire» et souhaitant de ce fait approcher plus sûrement la réalité concrète du milieu de Promotion.

L'enseignement s'étendait en principe sur deux ans et le programme était ainsi prévu pour des élèves de 15 et 16 ans (8 e et ge). Un examen organisé sur le plan cantonal et préparé par une com­mission formée de représentants du DIP, de l'enseignement professionnel et des maîtres de promotion permettait en fin de 2e année l'obtention d'un diplôme. Disons-le franchement, les résultats ne furent pas toujours très probants: 40 à 50% d'échecs! Pour expliquer ce pour­centage que d'aucuns jugeront élevé, il faut spécifier qu'en fait l'Ecole de promo­tion regroupait à peu près tous les élè-

ves que l'on trouve actuellement dans le système scolaire en cycle d'orientation B général et cycle d'orientation B terminal.

Les maîtres? Tous venaient de l'ensei­gnement primaire. Une formation com­plémentaire leur était imposée. Des ren­seignements à ce sujet nous sont donnés par les dispositions prises par le Conseil d'Etat le 9 mars 1965.

En effet, parmi ces dispositions concer­nant la formation et la rémunération des maîtres appelés à diriger les Ecoles de promotion, nous pouvons relever ce qui suit:

... «Le maître principal est tenu de fré­quenter les cours de formation de base suivants:

un cours d'introduction au programme d'enseignement 2 semaines

- un cours de sciences naturelles 1 semaine

- un cours de dessin technique 2 semaines

- un cours de dessin à main levée 1 semaine

- un cours de cartonnage 4 semaines

- un cours de travail sur bois 4 semaines

(la durée des cours est donnée à titre indicatif et se rapporte à la formation des deux premières volées d'enseignants. )

... «sont autorisée à s'y présenter les maîtres désignés par l'administration com­munale, après préavis de la commission scolaire et avec accord de l'inspecteur.»

En réalité, la formation des maîtres de promotion ne correspondit pas toujours aux directives du Conseil d'Etat citées ci­dessus. En effet, si dans le Haut-Valais le maître titulaire était tenu à enseigner les travaux manuels donc à suivre les cours de formation nécessaires, seuls deux maî­tres du Valais romand terminèrent le pro­gramme complet demandé. Le pourquoi de cette situation s'explique par l'enga­gement dans la plupart des Ecoles de

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promotion du Valais romand de maîtres spécialisés en travaux manuels (classes à effectifs importants).

Le premier cours d'introduction au programme eut lieu en 1963; y partici­pèrent une douzaine d'enseignants qui, sous la bienveillante autorité de l'ins­pecteur Sierro, se préparèrent à leur nou­velle mission. Un second cours de base se déroula en 1964.

Hérémence ouvrit la première Ecole de promotion, puis suivirent, soit sur un plan strictement local, soit au contraire dans un cadre régional, les Ecoles de promotion du Valais romand de Sion, Sierre, Martigny, Savièse, Riddes, Orsiè-

Section: Economie familiale

res, Le Châble, Monthey, St-Maurice, Troistorrents et Vouvry.

Parallèlement à l'ouverture de ces dif­férentes Ecoles de promotion se créa l'Association des maîtres de promotion dont les deux présidents successifs furent MM. Michel Pellaud et Raphy Héritier.

Dès 1972, cette Association se trou­vera confrontée aux problèmes de la mise sur pied du cycle d'orientation et sera consultée par le Département de l'instruction publique avant de se fon­dre, à partir de 1974, dans l'Association des enseignants du cycle d'orientation B.

Michel Jourdan

Rétrospective sur le développement de l'enseignement en matière d'économie familiale en Valais

L'essentiel des données de cette rétro­spective a été tiré des rapports de gestion du DIP des années 1898 à 1973.

1895 A l'échelon national, les cours d'économie familiale sont con.sidé­

rés par l'OFIAMT (Office fédéral des arts et métiers et du travail) comme une formation professionnelle et comme tels bénéficient de subventions fédérales.

1896 Le Département de l'instruction publique est invité, par l'Union

des femmes suisses, à réviser le pro­gramme des écoles primaires de filles de manière à y introduire, butre les leçons de couture, un cours sur l'éco­nomie domestique, soit la tenue du mé­nage.

La Société d'utilité publique des femmes suisses envoie aux gouvernements de tous les cantons une pétition concer­nant l'introduction d'un cours obliga­toire théorique et pratique de cuisine, de tenue de maison, pour les élèves des degrés supérieurs des écoles de filles. Le Valais y répond favorablement sans cependant dissimuler les difficultés d'exé­cution de ce programme dans les commu-

nes de montagne, surtout au sujet des leçons pratiques de cuisine, par manque d'aménagement.

1898 Année de l'introduction des cours ménagers à l'Ecole normale de

Sion et Brigue. Ces cours sont adaptés aux mœurs et aux coutumes du pays. Le programme compte surtout des cours pratiques: tenue de maison, cuisine, lessi­vage, repassage, coupe. Les futures insti­tutrices reçoivent aussi des leçons d'hy­giène domestique et scolaire données par un médecin de Sion.

1900- Les premières écoles ménagères 1910 organisées en Valais le sont plutôt

à titre privé. On cite celles de Sierre, Loèche, V érolliers, Monthey, tenues par des religieuses. Celle de Sion, dépendant d'une œuvre d'utilité publi­que, s'adresse aux jeunes filles de famil­les nombreuses que l'on prépare, par des cours ménagers, à devenir de futures em­ployées de maison. Elles y font 'de la cuisine, tenue de ménage, couture, tenue des livres de compte de ménage. Puis celle de Bagnes, créé~ par un ecclésias­tique de la paroisse. Celle de Chamoson (vers 1910) est tenue par une parente 74

Page 40: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

d'un notable de la commune. La fréquen­tation des cours est facultative .

A la demande de la Société des arts et métiers et du travail , "On crée, con­jointement à l'école ménagère , des écoles­ateliers de broderie (Riddes-Entremont). A V érolliers, on prépare à la profession de lingère.

Ailleurs les connaissances élémentai­res de tenue d'un ménage se transmet­tent en famille , de génération en géné­ration. Toutefois des pionniers - notam­ment certains desservants de paroisse ou des communautés religieuses - ayant des contacts plus étroits avec les familles , décèlent à leur tour la nécessité de pré­parer les jeunes filles à mieux assumer leur future tâche de ménagères.

1901 Si l'école ménagère continue à se développer dans les mêmes pro­

portions que durant l'année 1900-190 l , elle pourra prendre une place honorable parmi les établissements destinés à cette profession. La création d'écoles sembla­bles a déjà exercé une influence visible sur le peuple qui commence à compren­dre que cet enseignement est nécessaire et de grand profit pour les jeunes .fines.

1911 Développement des cours profes-sionnels. Décision du DIP d'intro­

duire un règlement concernant la déli­vrance d'un certificat ménager aux élè­ves des écoles et cours reconnus satis­faisants .

24 certificats ménagers sont délivrés dans plusieurs écoles ouvertes avant 1910, d'après le règlement du 4 janvier 1911. Les cours sont donnés par des maέtres professionnels (lingères, couturières, cuisinières ... ). Les installations sont pré­caires.

1920 La marche des cours profession-nels et économiques est bonne.

La cuisine , la couture et les autres bran­ches du programme sont enseignées avec beaucoup de conscience, de façon essen­tiellement pratique. L'esprit qui anime les maîtres et les élèves est excellent.

La fréquentation des cours augmente d'année en année. Les écoles ménagères

se multiplient. L'enseignement est tou­jours facultatif.

1921 Des cours itinérants sont organi-sés dans les villages sans école ,

dirigés la plupart du temps par des reli­gieuses. 41 jeunes filles reçoivent un certificat d'aptitude ménagère. 331 ont fréquenté les cours itinérants.

1922- Les cours continuent à se multi-1931 plier avec succès. Ils sont adaptés

aux conditions et aux nécessités locales.

1934- Les communes suivantes ont aussi 1935 leur école: Conthey, Fully, Héré­

mence, Lens, Nendaz, Orsières, Saint-Luc, Savièse, Val-d'Illiez, Vissoie.

La formation est rudimentaire, mais imposée par l'Etat. Il reste beaucoup à faire dans ce domaine en Valais. Les maîtresses ménagères se forment dans les écoles normales de Fribourg, de Porren­truy.

1937 L'introduction généralisée du ma-nuel «Trésor de la ménagère» per­

met d'uniformiser les leçons d'économie domestique. Les leçons sont reçues par toutes les jeunes filles en plus des tra­vaux manuels. Elles sont données le plus souvent, théoriquement, par la maîtresse de classe.

1939 28 communes ont le privilège de posséder une école ménagère. Tou­

tes les autres en sont privées, ce qui paraît anormal. Considérant le nombre élevé d'institutrices ' sans emploi , il a paru intéressant d'orienter vers cet ensei­gnement des maîtresses montrant des dispositions et des aptitudes pour ·l'acti­vité importante qu'est la préparation de la jeune fille à sa vocation de mère de famille . A cet effet il a été lancé un appel à toutes les maîtresses qui se sen­taient attirées vers l'art ménager. D'en­tente avec l'autorité fédérale, une sélec­tion est intervenue après un examen. Les lauréates ont suivi un cours à l'Ecole normale de Sion, dirigé par les Sœurs· de l'Ecole normale. Un examen final, fait sous la haute direction d'une envoyée du Département fédéral de l'économie 76 77

publique, accompagnée d'un expert fédé­ral et d'un expert cantonal , permet de constater qu'il s'est fait un excellent travail. C'est ainsi que le canton dispose à ce moment d'un certain nombre de maîtresses aptes à prendre la direction d'une école ménagère . .

1939- Formation de maîtresses pour un 1940 enseignement technique et de cul-

ture générale. Départ de la pre­mière volée de maîtresses ayant fait six mois de spécialisation pour l'enseigne­ment à l'école ménagère.

«Il est inadmissible de constater que le Valais ne possède pas les instltutions nécessaires pour former les futures maî­tresses ménagères et leur donner une instruction véritablement adaptée à la situation matérielle du canton. La ques­tion de l'Ecole normale ménagère valai­sanne se pose de façon particulièrement pressante. Le Département met un pro­jet à l'étude.»

1941 Trois maîtresses partent au Tes­sin dans une école-foyer pour y

faire une formation spécialisée en vue des cours itinérants.

Pour la première fois , les cours ména­gers ambulants sont organisés régulière­ment dans la partie romande du canton. En raison du nombre insuffisant des maî­tresses préparées, il est impossible de répondre à toutes les demandes. Les maîtresses des cours ambulants dispo­sent d'un matériel complet de travail (mis à part le moyen de cuisson), maté­riel réparti dans trois caisses transfor­mables en buffet de cuisine et table.

Des cours-démonstrations sont organi­sés conjointement avec l'OGA (Office de guerre pour l'alimentation). Les femmes s'instruisent sur les moyens de remédier aux impératifs des restrictions imposées par les «cartes de ravitaillement» dans le domaine alimentaire. 30 cours de démonstration sont suivis par 1630 mé­nagères.

1942 70 cours itinérants sont mis sur pied pour orienter les ménagères

sur différents thèmes: alimentation, trans­formation de vêtements, raccomodage ... Les cours facultatifs ont une durée de 30 heures (couture-raccomodage) à 160 heures (cours ménagers complets).

Un arrêté du Conseil d'Etat impose l'enseignement ménager durant les deux dernières années de scolarité obligatoire pour les jeunes filles qui ne poursuivent pas leurs études. Le programme com­prend 2/3 des heures d'économie fami­liale et 1/ 3 de branches générales: fran­çais, comptabilité, hygiène, religion.

Un autre arrêté du Conseil d'Etat (30 octobre) assure des subventions aux écoles ménagères.

Première année de formation com­plète pour les maîtresses d'économie familiale. «Les futures maîtresses se pré­parent à leur nouvelle tâche en suivant les cours de l'Ecole normale pendant trois ans , simultanément avec les maî­tresses du brevet primaire, avec, en troi­sième année, un supplément pour les travaux à l'aiguille. Puis, pendant 1 an­née 3/4 (avril 45 à juin 46), elles suivent une formation spécialisée. Une bonne partie de cette formation se fait (en internat) en supplément de la formation générale.

1943 Plus de cinquante cours itinérants sont organisés avec un énorme

succès. Les jeunes filles ayant déjà suivi un cours émettent le vœu de parfaire leurs connaissances. Seul le manque de maîtresses empêche le DIP de répondre aux nombreuses demandes de cours.

1945 21 cours itinérants de 160 heures sont suivis par 287 participantes.

24 cours de couture-raccomodage per­mettent à 80 mères de famille de venir se perfectionner.

21 cours de démonstration sont suivis par 519 participantes. Les écoles réguliè­res poursuivent leur activité. D'autres écoles s'ouvrent dans les communes, d'année en année.

1946 La première volée de maîtresses ménagères formées à l'Ecole nor-

Page 41: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

male termine sa formation. Les experts sont Mesdames les représentantes de l'OFIAMT. Dix candidates passent l'exa­men avec succès. Leur formation est reconnue excellente sur le plan techni­que et pédagogique.

La loi sur l'enseignement primaire et ménager codifie les dispositions de 1942. Un laps de temps de dix ans est laissé aux communes pour leur permettre de réaliser l'exécution de la loi. Les commu­nes sans école doivent organiser des cours ménagers itinérants.

Le projet rend obligatoire l'enseigne­ment ménager dans les communes ayant au moins douze jeunes filles de quatorze à quinze ans. Dans celles n'atteignant pas ce nombre, les cours ambulants, d'une durée d'un mois environ, sont donnés l'hiver. Un programme spécial est établi dans les zones rurales. L'Ecole normale oriente la préparation des futu­res maîtresses dans ce sens.

Ces cours nouveaux sont le premier pas qui met la jeune fille sur un pied d'égalité avec le jeune homme en ce qui concerne la préparation à la vie. C'est du féminisme avant la lettre.

A la session du Grand Conseil du mois de mai, le Conseil d'Etat adresse un message sur l'importance de prépa­rer les jeunes filles à leur tâche future d'épouse, de mère de famille, de maî­tresse de maison.

«Un progrès immense sera accompli dans notre canton par la généralisation de notre enseignement ménager. En effet, préparer nos jeunes filles à la vie, leur apprendre l'économie domestique ... est le progrès social le plus précieux que nous puissions accomplir en Valais.»

Au mois de novembre, une commis­sion est chargée d'examiner en deuxiè­mes débats les projets de loi sur l'ensei­gnement primaire:

Dans le domaine de l'enseignement ménager, le projet accuse un caractère de hardiesse et marque le courageux effort de notre gouvernement pour rom­pre avec une loi vétuste et incomplète.

La jeune fille entrait jadis dans la vic avec une modeste formation primaire, devait compter sur sa mère pour l'initier au rôle de ménagère. Grâce à l'ensei­gnement ménager quasi obligatoire, elle pourra à l'avenir asseoir l'organisation de son foyer sur une solide instruction.»

L'influence des maîtresses ménagères se fait sentir de plus en plus et dans de nombreux domaines: exposition des tra­vaux d'élèves en fin d'année, préparation en automne avec les mamans de conser­ves; embellissement des villages par des fleurs; transformation et amélioration des intérieurs.

1950 Onze nouvelles maîtresses reçoi-vent leur brevet. Trente-cinq com­

munes ont un enseignement légalement institué. Le programme mis à l'essai pendant quelques années a été définiti­vement adopté.

1951 Cette année voit se créer toute une série de locaux pour l'enseigne­

ment ménager et notamment ceux d'une nouvelle Ecole normale. Constructions nouvelles à Ayent, Savièse, Bagnes, Mar­tigny, Monthey, Vernayaz.

De toutes parts, la compréhension est grande dans l'organisation des cours ambulants pour les communes sans ensei­gnement obligatoire. Ces cours rencon­trent l'approbation de la population. 21 cours avec programme complet sont donnés à travers le canton. 47 cours de couture-raccommodage sont suivis avec profit par des mères de famille et des jeunes filles. .

1952- L'enseignement ménager continue 1953 à se développer de façon réjouis-

sante. Il est rendu obligatoire à Bagnes, Collombey, Savièse, Saint-Léo­nard, Troistorrents, Isérables, Nax, Ver­namiège. Les maîtresses suivent des cours de perfectionnement dont certains sont organisés par le canton et d'autres par l'OFIAMT sur le plan romand.

1953 Création de l'Association des maî­tresses ménagères. Ces maîtresses

se rencontrent deux fois par année pour

T

78 79

des journées régionales de travail et une fois pour une assemblée générale avec conférence. Le travail essentiel consiste à unifier l'application du programme et des méthodes, ainsi qu'à créer du maté­riel didactique.

On compte environ soixante maîtres­ses ménagères dans le canton; la grande majorité est constituée de religieuses.

1954 Le développement des écoles mé-nagères est ralenti par le manque

de maîtresses formées. Le recrutement se limite à huit candidates. Il faut espérer qu'à la longue suffisamment de jeunes filles s'intéressent à cet enseignement pour assurer la relève.

1955 L'enseignement est rendu obliga-toire à Leytron, Orsières, Saint­

Martin, Evionnaz, Grimisuat, Saxon, Vétroz.

1956 Il est décidé de recruter chaque année des maîtresses ménagères à

l'Ecole normale pour faire face à la pénurie. La formation sera répartie sur quatre ans, les candidates au brevet mé­nager sont séparées des candidates au brevet primaire.

-Les cours itinérants ont une activité très réduite du fait du développement des écoles ménagères et du manque de personnel. Les cours de perfectionnement pour le personnel enseignant des écoles ménagères sont remplacés par des ren­contres de maîtresses sous la direction de l'inspectrice cantonale. Ces journées connaissent un grand succès; elles per­mettent de plus en plus l'unification des méthodes et des programmes d'ensei­gnement.

1958- 38 écoles sont en activité dans le 1959 canton. 107 maîtresses sont enga-

gées. La fréquentation rendue obli­gatoire pour deux ans passe peu à peu dans les mœurs. La durée de la scola­rité prolongée pour les filles aussi: les élèves de l'école commerciale, ainsi que les normaliennes, suivent un cours ména­ger obligatoire de deux mois après leur diplôme.

A cette date, les élèves se préparant à un brevet ménager sont 35, réparties dans les diverses années de formation.

1963 39 écoles sont en activité dans le canton et 105 maîtresses sont en poste.

1966- Déjà quelques écoles à effectif 1967 réduit sont obligées de fermer

leurs portes pour permettre un regroupement. Il reste 33 écoles.

1969- La dernière volée de maîtresses 1970 ménagères, à formation complète,

termine l'Ecole normale.

1972- Préparation de techniciennes avec 1973 une formation accélérée en un an.

Il n'y aura plus de formation de maîtresses au cours des cinq prochaines années.

1973 Travail du DIP en vue de l'in-troduction du CO. Durant cette

année, le Service cantonal de l'enseigne­ment primaire et ménager participe aux études conduites par le Département en vue de l'intégration dans l'une ou l'autre des deux divisions du CO des disciplines relatives à l'économie familiale.

Les points suivants ont constitué l'ob-jet de recherches:

- programme d'enseignement - temps à prévoir dans chaque division - statut des maîtresses ménagères - formation complémentaire pour

l'accession de ce personnel au CO.

1973 - 1 1 0 maîtresses sont en activité 1974 dans 30 écoles.

1974 Mise en place du CO. Des por-tes d'écoles ménagères se sont fer­

mées avec les années: Champéry, Ver­nayaz, Salvan, Vollèges, Fully, Chamo­son, Ardon, Conthey, Saint-Léonard, Nax, Vernamiège, Saint-Martin, Héré­mence, écoles d'application de l'Ecole normale, Lens, Chermignon, Chalais.

D'autres se sont ouvertes: le centre de Vouvry pour Saint-Gingolph~ Le Bouve­ret, Vouvry, Vionnaz, le centre d'Eusei­gne pour le val d'Hérens, le centre de

Page 42: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Conthey pour Ardon, Chamoson, Con­they, V étroz.

Les regroupements des communes se font au niveau des centres régionaux. Les locaux pour l'enseignement de l'éco­nomie familiale sont parfois insuffisants.

Les écoles ménagères traditionnelles cèdent la place à des cours d'économie familiale, intégrés dans les programmes du CO:

3 cours par semaine en 1 re année A et B 3 cours par semaine en 2e année A et B 4 cours par semaine en 3e année A 6 cours par semaine en 3e année B

1978- 20 centres reçoivent les élèves 1979 pour l'économie familiale. 78 maî-

tresses enseignent ces branches.

Qu'en advient-il de toutes les écoles et de tous les locaux équipés, aména­gés, désaffectés? Les uns sont mis à la disposition des activités créatrices, les salles de classe, de repassage et autres sont à l'usage des cours de chimie, des ateliers ... Certaines écoles sont fermées, inventaires affichés, matériel soigneuse­ment emballé, le tout attendant des jours meilleurs, au service de l'économielami­liale.

Section: Travaux manuels

La mise en place du cycle d'orienta­tion dans la nouvelle structure de l'Ecole valaisanne a fait apparaître une disci­pline que d'aucuns considèrent comme nouvelle: les travaux manuels pour les garçons. Mon propos est simplement de relever qu'il y a plus de dix ans que cette branche de l'enseignement a fait son apparition dans nos programmes, princi­palement dans les classes de promotion et ceci sous l'impulsion de deux person­nalités clairvoyantes et dynamiques aux­quelles je me dois de rendre hommage: Monsieur le Conseiller d'Etat, alors res­ponsable du Département de l'instruc­tion publique., et Monsieur l'Inspecteur Sierro.

On souhaiterait voir réorganiser les cours d'adultes, les séances de démons­tration comme à la belle époque où tout le pays croyait à la vertu de l'économie domestique bien comprise.

La roue tourne, les mœurs changent. Les besoins se font autres. Déjà se des­sine un certain «retour aux sources» qui peut-être fera que, dans un avenir assez proche, les choses de la maison se remettent à vivre et que, fatiguées de l'uniformité de l'existence vue à travers le monde effréné de la consommation, les femmes se mettent à tirer l'aiguille, à pétrir la pâte de leurs blanches mains, à créer un intérieur moins sophistiqué et que les humbles tâches de la maison reprennent leur place, leur sens, leur poids et leur âme.

L'enseignement de l'économie fami­liale au cours des ans doit vivre et nous survivre.

Le comité a pu réaliser ce travail grâce à la collaboration dévouée et effi­cace de Mlle Curdy, expert fédéral et inspectrice de l'enseignement ménager.

Je me souviens encore d'une rencon­tre à Hérémence en 1963 au cours de laquelle Monsieur Sierro déclarait:

«Il reste à peu près tout à faire chez nous dans ce domaine; vous aurez la chance de pouvoir travailler et innover sur un terrain neuf; il est indispensable de faire comprendre à nos autorités can­tonales et communales le but du travail manuel à l'école, but qui ne doit être en aucun cas un dérivatif ou un moyen détourné de rendre l'école plus agréable, mais surtout et avant tout essentielle-ment éducatif». -

Si l'introduction des travaux manuels dans l'enseignement valaisan date de la 80

Page 43: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

nouvelle loi sur l'instruction publique de - un cours de vannerie, 1962, il faut néanmoins relever que la - un cours de modelage. Suisse allemande les avait déjà introduits dix ans plus tôt et que, par la suite, Cette formation ou plutôt cette possi-les cantons de Genève, Vaud et Neu- bilité de formation n'existant pas sur châtel en seront les précurseurs en Suisse le plan cantonal , les maîtres concernés

durent l'assurer en suivant les Cours romande. Parmi nos voisins remarquons aussi que les travaux manuels existaient normaux suisses organisés chaque année déjà en 1930 dans les écoles primaires dans un canton différent par la Société et dans les écoles normales françaises. suisse de travail manuel et de Réfor-

me scolaire. La participation aux Cours; L'enseignement de cette nouvelle dis- normaux suisses fut au début entière­

cipline sous-entendait à l'époque l'enga- ment à la charge du maître en forma­gement et la formation de maîtres compé- tion, puis le Département de l'instruc­tents et maîtrisant parfaitement la péda- tion publique remboursa les frais d'ins­gogie s'y rapportant. C'était beaucoup cription et de train, quelques commu­exiger au départ et les candidats ne nes généreuses versèrent des subsides et furent pa·s nombreux... enfin, dès 1964, une indemnité journa-

lière fut allouée. Actuellement et grâce D'après la décision du Conseil d'Etat à la compréhension du chef de service

du 10 novembre 1965, le maître princi- de l'Enseignement secondaire, cette for­pal d'une classe de promotion était tenu mation sera organisée en Valais. de suivre les cours de formation suivants:

- un cours d'introduction au program- Peu de personnes et surtout peu d'en-seignants s'intéressèrent au début à cette me d'enseignement ,

- un cours de sciences naturelles, nouvelle forme d'enseignement et pour-- un cours de dessin technique, tant l'école d'alors en avait un urgent - un cours de dessin à main levée, besoin au vu de l'objectif à atteindre

un cours de technique du cartonnage dans les classes de promotion ... - un cours de technique du travail sur . Ils furent six au départ (deux institu-

bois. . teurs, quatre artisans) qui, ayant acquis Par la suite ces dispositions furent la formation demandée, débutèrent en

modifiées car, si dans le Haut-Valais le Valais romand. maître principal enseignait aussi les tra- Le 6 août 1963 déjà , quatre d'en­vaux manuels , cette façon de procéder tre eux, MM. Allégroz Paul, Défago ne put s'appliquer au Valais romand à Robert, Mayoraz Emile et Jourdan Mi­cause de difficultés inhérentes à l'effectif chel , profitant d'un cours de travail sur des classes. De ce fait fut créé un nou- bois (sous l'experte direction de l'actuel veau poste d'enseignement; celui de maî- administrateur des Cours normaux suis­tre de travaux manuels dont la forma- ses, M. Jean-Jacques Lambercy de Lau­tion, réglementée par la suite par le sanne) décidaient la création d'une sec­Département de l'instruction publique, tion valaisanne de maîtres de travaux est encore en vigueur aujourd'hui même manuels. si elle n'a pas toujours été respectée Quatre ans après, soit le 8 novembre lors d'engagements de nouveaux maîtres 1967, une assemblée constitutive avait par les autorités scolaires (le besoin pri- lieu à Martigny; dix-sept maîtres de mait la formation ... ). travaux manuels étaient convoqués, huit

répondirent à l'appel et nommèrent un La formation exigée était et reste la comité composé de:

suivante: - un cours de technique du cartonnage, MM. Défago Robert, président - un cours de technique du bois, Allégroz Paul , vice-président - un cours de technique du métal, Jourdan Michel, - un cours de dessin technique, secrétaire-caissier. 82 83

Le 10 février 1968, l'Association des maîtres de travaux manuels annonçait sa constitution au Service cantonal de l'en­seignement primaire.

Le 1 5 février de la même année, elle demandait son affiliation à la Société suisse de travail manuel et de réforme scolaire. Cette demande fut présentée officiellement à l'assemblée générale de la SSTM à Genève le 3 août 1968, puis retirée, car le comité, d'entente avec M. Heumann, président à l'époque de la Société pédagogique valaisanne, jugea préférable de développer tout d'abord l'activité de l'association et le recrute­ment de nouveaux membres afin de mieux justifier une nouvelle demande d'adhésion à la SSTM.

Depuis lors l'association réunit les maîtres enseignant les travaux manuels au sein de l'Association, nouvellement créée, des maîtres de promotion, qui prit à charge la défense des intérêts pédago­giques et matériels de ses membres.

Elle fut consultée par le Département de l'instruction publique sur:

- l'engagement de nouveaux maîtres et leur formation.

- l'ouverture et l'équipement des ate­liers,

- l'elaboration d'un programme d'en­seignement.

Un projet de programme, travaillé par MM. Allégroz, Défago et Jourdan, fut discuté et accepté par une commission présidée par M. l'inspecteur scolaire Pra­plan.

Relevons que lors de la présentation de ce projet, leurs trois auteurs abandon­nèrent à la caisse de l'Association les émoluments qui leur furent versés par le Département, émoluments qui, ajoutés aux quelques cotisations encaissées lors de l'assemblée constitutive, furent les seules ressources financières de l'Associa­tion jusqu'à aujourd'hui.

Par la suite, les membres du comité participèrent à l'élaboration du program­me dans les classes du cycle d'orienta­tion; le programme expérimenté dans les classes de promotion sera complété et

de fructueux contacts s'établirent avec le Service cantonal de l'enseignement secondaire.

Depuis la création de l'Association des enseignants du cycle d'orientation B, l'Association des maîtres de travaux manuels est devenue une section de la première nommée. Cette section s'est constituée officiellement à Martigny le Il mars dernier: sur 59 maîtres convo­qués, 34 étaient présents. Un nouveau comité a été nommé. En font partie:

MM. Salamin Roger, président Praplan Guy, vice-président Carraux Georges, caissier Fellay Pierre, secrétaire Philippoz Cyrille, liaison avec l'Ecole valaisanne.

Des responsables de l'enseignement des TM ont été désignés dans chaque centre de cycle d'orientation.

. 'Ils assureront la liaison avec M. Allé­groz qui a été prié par le Service cantonal de l'enseignement secondaire d'assumer la responsabilité de la coordination de cet enseignement en Valais romand.

U ne page s'est tournée; de 6 au début, 12 en 1968, les maîtres de travaux manuels sont aujourd'hui 34 à avoir compris la raison d'être de leur Associa­tion:

- rencontres de travail, - échanges de plans et d'idées, - possibilités d'acquisitions commu-

nes de matériel, - solidarité professionnelle.

«Tout est à innover dans le domaine des travaux manuels» disait M. l'inspec­teur Sierro en 1963.

Un grand pas a été fait; néanmoins il reste encore à faire (introduction géné­ralisée des activités créatrices à l'école primaire ... coordination avec le CO) ne serait-ce enfin que le regroupement com­plet de tous les enseignants de cette branche.

Bonne route à la section valaisanne des maîtres de travaux manuels.

Michel Jourdan

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Section des classes terminales

A l'image d'une rivière qui se trace un cours toujours plus évident et plus sûr, le cycle d'orientation évolue d'année en année. Affirmant dès le départ l'égale dignité de toutes les carrières, le CO a regroupé tous les élèves sous le même toit: la division A et la division B au sein de laquelle les classes terminales accueillent les élèves peu doués scolaire­ment. Ceux-ci peuvent trouver de réel­les possibilités d'intégration socio-pro­fessionnelles. Ils n'ont, suivant les critè­res d'admission, soit pas satisfait aux exigences d'entrée au CO, soit pas accom­pli leur dernière année d'école primaire en 6e •

Ces quelques mots suggèrent parfaite­ment l'idéal pédagogique que la classe terminale veut réaliser pour ses élèves qui, ne l'oublions pas, ne demandent qu'à échapper à une trop longue série d'échecs. Pllitôt que les écarter, le cycle d'orientation a voulu intégrer à la divi­sion B ces adolescents qui souvent pré­sentent un retard scolaire alarmant. La classe terminale se propose les mêmes objectifs que les autres classes de divi-· sion B; elle doit, pour être efficace et motivante, présenter un cadre pédagogi­que particulier:

- une connaissance approfondie de l'élève,

- un effectif restreint pour un ensei­gnement individualisé,

- un matériel didactique approprié permettant des méthodes actives.

La réalité quotidienne des classes ter­minales souleva nombre de problèmes (condition de travail, effectif, matérieL .. ) et imposa la collaboration de tous les maîtres concernés.

Lors d'une réunion, en octobre 1976, une section «Classes terminales» fut fon­dée, immédiatement entérinée par son

association faîtière, l'AECOB et par le DIP.

Partant des suggestions multiples et diverses de ses membres, la section se fixa un programme de travail. Entre autres problèmes abordés, nommons: les stages d'information professionnelle, le matériel didactique de base, le recyclage des maîtres en mathématique nouvelle, en allemand. Dans son travail, la section a toujours rencontré la compréhension critique et efficace de l'AECOB et du DIP qui nous ont accordé pleine con­fiance et pour l'organisation de stages d'information (directives nouvelles adap­tées aux classes terminales) et pour l'orga­nisation de recyclages des maîtres (maths et allemand). Le souci constant demeure la revalorisation des classes terminales. On oublie trop souvent que ces classes sont partie intégrante de la division B et que de leur propre essor dépend celui du cycle d'orientation tout entier.

Un effort d'information doit être fait dans ce sens, au niveau des parents bien sûr, mais aussi auprès des maîtres de Se et 6e primaire, ceux de tout le cycle, auprès des directeurs de centres scolaires.

Il faut le reconnaître, les chances pro­fessionnelles des adolescentes et adoles­cents de classes terminales sont réelles. Tout le milieu éducatif doit œuvrer en ce sens.

En conclusion, si nous développons une information claire au niveau de la population, si les maîtres de terminales, spécialement formés, peuvent jouir d'un équipement didactique adéquat, si l'ob­jectif primordial d'intégration socio-pro­fessionnelle est atteint, alors l'avenir des classes terminales, et par là même celui du cycle d'orientation, est assuré.

Le comité AECOBT

84 85

L'enseignement secondaire du deuxième degré

Introduction En 1964, une poignée d'enseignants

sentit le besoin de s'organiser en associa­tion. Le deuxième degré de l'enseigne­ment secondaire a voulu grouper tous les collègues du même niveau. C'est ainsi que l'Association est née de la volonté conjuguée des maîtres de Collèges, d'Eco­les de commerce et d'Ecoles normales. Il était important également que tout le Valais se retrouve dans un même élan; l'Association devait donc passer par­dessus les limites linguistiques.

Mais une volonté mal définie ne suf­fisait pas à la future A VPES. Des objec­tifs ont été clairement précisés dès sa création. L'article 2 des statuts définit encore, 15 ans plus tard, la politique de l'Association:

l'Association <Œ pour but de collabo­rer avec l'autorité, d'étudier les ques­tions culturelles se rattachant à l'acti­vité pédagogique de ses membres et de représenter leurs intérêts profession­nels et matériels».

Double visée donc: l'une d'ordre péda­gogique, l'autre d'ordre syndicaliste. L'A VPES a, au cours de son existence, développé ces deux secteurs d'activités.

Un bref historique permettra sans doute de mieux voir le développement qu'a voulu l'AVPES. 15 ans, c'est un jubilé, que nous sommes heureux de pou­voir, bien que très modestement, teter en même temps que l'Instruction publique tete le 150e anniversaire de sa première loi.

L'A VPES 1964 - 1978

1964 Sous la présidence de Gabriel Favre

se déroule le 14 juin l'assemblée consti­tutive de l'AVPES. 39 membres fonda­teurs discutent et adoptent les statuts. Maurice Déléglise est nommé premier président de l'AVPES. Cette séance his­torique se déroule à l'aula du collège de Sion.

1965 La jeune Association doit se faire

connaître. Elle y parvient fort bien puis­que la deuxième assemblée générale réu­nit déjà 75 enseignants.

1966 L'Association se fait remarquer par

une publication préparée par sa commis­sion des loisirs: les jeunes et les loisirs.

Les effectifs ont à nouveau doublé à la fin de l'exercice.

L'AG nomme François Brunelli nou-veau président.

1967 L'A VPES décide l'adhésion à la FMEF. Des commissions de l'Association font

parler d'elles, en particulier la commis­sion cinéma, dont les efforts trouveront un écho dans la création d'un service cantonal pour l'enseignement du cinéma à l'école.

1968 L'AVPES s'intéresse de plus en plus

aux problèmes de perfectionnement. Karl Erpen devient président.

1969 L'Association prend en main très

sérieusement le problème des salaires de ses membres.

Elle collabore avec les associations similaires et fonde avec elles la FV AP.

1970 On commence à parler de coordina­

tion romande et de cycle d'orientation. L'A VPES s'intéresse de très près à ces

problèmes. L'A VPES a nommé une commission

qui étudie les problèmes du gymnase économique (qui fournira de nombreux renseignements à la commission canto­nale qui s'occupera du sujet).

Joseph Gross est nommé nouveau pré­sident de l'Association.

1971 L'A VPES est admise - en la personne

du président - à la Conférence des rec­teurs. Elle participe à l'élaboration du

Page 45: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

nouveau règlement cantonal de matu­rité.

L'AG prend position sur le CO et mandate son comité pour la création de groupes de branches (dont les travaux seront utiles à l'élaboration des nou­veaux programmes des gymnases canto­naux).

Cette année voit aussi la création d'une Commission permanente des Intérêts ma­tériels.

1972 C'est l'année de l'aboutissement des

efforts de l'A VPES dans le domaine sala­rial: l'alignement à la moyenne suisse est acquis.

L'A VPES est désormais membre du CARESP (Cartel romand des associa­tions d'enseignants secondaires et profes­sionnels) qu'elle a porté sur ses fonts baptismaux. Elle participe aux travaux de CIRCE II. Elle intensifie son acti­vité corporative. Gérald Grand devient nouveau président de l'Association.

1973

Les problèmes pédagogiques sont à la une des préoccupations de l'A VPES. Les contacts avec le DIP s'intensifient dans les domaines les plus divers: il devient impossible de citer ici même les plus importants.

L'AVPES crée une commission per­manente pour les problèmes touchant le perfectionnement. L'A VPES tete à Sierre l'anniversaire de sa lOe AG.

1974

Des contacts suivis lient l'A VPES à la SSPES (Société suisse des professeurs de l'enseignement secondaire). L'Associa­tion sera bientôt membre de cette société ce qui lui permet d'avoir un regard sur les problèmes scolaires suisses.

L'A VPES collabore à l'établissement de divers règlements cantonaux.

Charles Borel est élu président.

1975 Les contacts s.ont intensifiés avec les

associations sœurs.

Collaboration étroite à l'élaboration des programmes du gymnase. (Notre sigle apparaîtra dans l'introduction du fascicule.)

Décision de la FMEF, à laquelle nous nous rallions - de surseoir au vu de la situation économique à toute revendica­tion d'ordre salarial. (Les données y afférentes sont tenues à jour et commu­niquées régulièrement au DIP.) Main­tien de la compensation de renchérisse­ment.

Participation active à l'élaboration des nouveaux statuts de la Caisse de prévoyance de personnel , de l'Etat.

1976

L'AVPES participe activement à l'éla­boration de nombreux règlements ou dis­positions concernant l'Ecole valaisanne. (Programmes, analyse générale des fonc­tions (AGF), grossesse et accouchement, etc.). L'A VPES est admise dans un nom­bre grandissant de commissions sur le plan cantonal: allemand, loi fédérale sur la recherche, règlement de promotion, etc.; sur le plan romand: CIRCE III avant tout et sur le plan suisse: Koslo, commission de perfectionnement SSPES (résultats «Gymnasium Helveticum» (GH) 511978), etc.

L'A VPES assure par un de ses mem­bres la présidence du CARESP. Création de la commission pédagogique.

1977

Collaboration à l'élaboration des direc­tives pour les examens de maturité. Tra­vaux dans la Com'mission d'évaluation du CO et dans la Commission perma­nente des programmes du CO, ainsi que dans la Commission éducative perma­nente. Création d'un comité de presse, efforts pour soigner l'image de marque des enseignants et de la profession.

Création de la Commission statut du professeur.

1978

L'assemblée générale de l'Association a eu lieu cette année à Sion en mê­me temps que les assemblées générales des autres associations membres de la 86 87

FV AP. Il faut souligner le caractère très réjouissant de ce ressemblement des enseignants de tous les niveaux qui se sont retrouvés pour une conférence com­mune l'après-midi.

Le rapport annuel de l'A VPES fait état des différents secteurs touchés par l'activité d'une Association dont il faut bien avouer qu'elle a de la peine à se développer comme elle le voudrait pour des raisons bêtement pratiques. Mais ses commissions travaillent; ses repré­sentants collaborent avec de nombreuses instances, et font entendre un peu par­tout la voix des enseignants secondaires du second degré. La nouvelle structure des Ecoles de Commerce, l'enseigne­ment précoce de l'allemand, des problè­mes de perfectionnement nous ont ame­nés à prendre des positions; nous avons été parfois entendus, parfois on nous a trouvés prétentieux.

L'Association a exprimé son avis dans le cadre d'une commission cantonale définissant les dispositions précisant la

forme, le caractère et la nature des épreu­ves de maturité, d'une commission can­tonale de surveillance des programmes du Cycle d'orientation, Le rôle des experts en maturité, la semaine de cinq jours, la défense des membres ont été l'occasion, entre autres, d'échanges avec le Département de l'instruction publi­que. L'analyse générale des fonctions a mobilisé beaucoup de forces et de temps cette dernière année. FMEF, CARESP, FVAP, CIRCE III, SSPES, KOSLO, voilà encore quelques sigles qui recou­vrent un certain nombre d'heures de travail dans le domaine pédagogique valaisan, romand, suisse.

Le comité et l'assemblée des délégués ont décidé de profiter de la 1 se AG de l'A VPES pour poser aux membres un certain nombre de questions concernant la forme que doit prendre à l'avenir l'Association. Il y a en effet des problè­mes de structure interne (en particulier le statut du président) qu'il est urgent de préciser, si l'on veut éviter que l'A VPES

Page 46: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

ne s'essouffle, ne se sclérose, faute de moyens.

Cet historique est évidemment rapide et incomplet. Il désirait montrer d'une part la continuité dans l'évolution de l'Association, sa logique; et signaler les moments importants de son histoire.

On le voit: l'AVPES a développé en 15 ans une activité importante. Elle a plusieurs fois été l'instigatrice de com­missions nées de ses travaux ou de ses propositions. En collaboration avec diver­ses instances, elle a pu affirmer sa pré­sence et sa réalité dans de nombreux domaines (la presse a fait état des tra­vaux de sa commission pédagogique).

Bien sûr, de nombreux dossiers res­tent en suspens et attendent une réponse. Les plus importants:

- nombre d'heures d'enseignement, problème de décharges;

- perfectionnement (année sabbati-que, stages à l'étranger);

- statut du professeur; - statut du président d'association; - alignement des salaires à la moyenne

suisse (le retard est à nouveau- iD;l­portant);

- prime de fidélité; - avancement de l'âge de la retraite; -- problèmes d'assurance (maladie en

particulier).

On nous a promis que la plupart de ces problèmes trouveraient une solution dans le cadre de l'analyse générale des fonctions.

Organisation de l'A VPES

L'assemblée générale de l'A VPES réunit au moins une fois par année tous les membres de l'Association. L'AG est l'organe suprême de la société. Elle défi­nit la politique à suivre et donne déchar­ge au comité de ses activités.

Pour assurer le lien entre les membres et le comité, l'AVPES dispose d'une assemblée des délégués. Le nombre de ces délégués varie en fonction de l'impor-

tance des établissements qu'ils représen­tent. Les délégués reçoivent régulière­ment un courrier adressé par le comité à fins de distribution et d'information auprès des membres. L'assemblée des délégués se réunit au minimum deux fois l'an.

Quant au comité, il est bien évidem­ment l'exécutif de l'association. Formé à l'origine de cinq membres, il se com­pose maintenant de sept membres nom­més pour deux ans par l'AG. Les mem­?res du comité se partagent les tâches; Ils dirigent des commissions ou des sec­teurs d'activités de l'association.

Le courrier aux membres est sporadi­que. Nous n'avons pas, du moins pour l'instant, de publications régulières. De­puis quelques années, le comité a pris l'habitude de transmettre à ses membres avant l'AG un rapport annuel.

L'AVPES s'efforce avec ces structures d'être présente et de s'affirmer dans tous les milieux où il est question de l'école. Car rien de ce qui est scolaire ne veut lui être étranger.

L'école valaisanne, 2e degré, 1962-1978

Que se passait-il pendant ce temps au secondaire 2e degré? Les années ont vu bien des changements, bien des boule­versements parfois. Et s'il est évident que ces transformations visaient l'amé­lioration de l'école valaisanne et souhai­taient permettre aux élèves un épanouis­sement toujours plus réel, il faut remar­quer qu'on a avancé fort vite, trop vite parfois; la continuité a de la peine à être assurée et doit en conséquence (la restriction des budgets aidant d~puis quel­ques années) être quelque peu improvi­sée. Les aménagements successifs finis­sent par faire admettre certaines contra­dictions.

L'autre problème fondamental qui occupe nos autorités aussi bien que l'AVPES est celui de la fatigue de nos élèves. Cela ne serait-il pas dû à une 88 89

surcharge des programmes? Il faut sans doute revoir l'«humanisme», non bien sûr dans son essence, mais dans sa réa­lité actuelle. Il est difficile de trouver un équilibre dans le choix des matières à enseigner.

Si l'on essaie de dresser la liste des principales innovations en matière sco­laire, il faut, bien sûr, mettre au tout premier plan l'introduction généralisée du système de l'orientation. Le CO, s'il ne concerne pas directement les maî­tres de notre association, n'en a pas moins profondément modifié les structu­res des collèges, écoles de commerce et écoles normales.

a) Certaines classes ont été enlevées aux collèges. Le gymnase classique a passé de huit ans à cinq ans. Ainsi tous les types de maturité sont placés sur un plan d'égalité. Cette optique est d'ailleurs celle qui a prévalu dans l'éla­boration des nouveaux programmes de gymnases: les dotations en matière sont identiques dans toutes les sections, à l'exception de la branche ou du groupe spécifiques de la section envisagée. Les types de maturité dont dispose mainte­nant l'élève valaisan sont: A (latin-grec), B (latin - langue moderne), C (scientifi­que), et le nouveau-né E (socio-économi­que). Toutes ces maturités sont recon­nues par la Confédération, ce qui est de première importance pour la carrière universitaire des bacheliers. Il existe en outre (au collège de l'Abbaye de Saint­Maurice) un type de maturité dite latin­sciences. Cette maturité satisfait aux exi­gences des types A et B et offre à l'élève un équilibre que l'expérience a fait trou­ver très heureux entre la formation litté­raire et la formation scientifique. Entre C et E, il y a D (langues modernes), un type que nous ne connaissons pas en Valais, qui a peut-être ici ou là assez mauvaise presse, mais qu'il faudra sans doute songer à introduire un jour.

b) Du côté des écoles de commerce, beaucoup de changements; mais le fait tout d'abord, qu'il faut relever comme très positif, de la distinction définitive

entre maturité et diplôme. Ce sont main­tenant deux écoles qui distribuent un enseignement différencié aux candidats à l'un ou l'autre examen.

Les nouvelles écoles de commerce (qui conduisent donc au diplôme) ont connu ces derniers temps quelques vicis­situdes. On a fait des programmes pour l'obtention d'un diplôme en quatre ans, l'OFIAMT réclamant que nos diplômés reçoivent une année d'enseignement sup­plémentaire, avant de se présenter aux examens. Or - et il faut regretter une fois de plus que l'économique et la poli­tique l'emportent sur le pédagogique -le Conseil d'Etat a communiqué sa déci­sion de reporter la durée des études aux écoles de commerce à 3 ans, tout en ajoutant par le bas l'année qui man­quait pour satisfaire aux exigences de l'OFIAMT. Le CO devient ainsi dans ses classes terminales une préparation -aussi - à l'école de commerce. Est-ce la bonne solution, même s'il s'agit de revaloriser certaines classes? La ques­tion des rapports entre les écoles de commerce et les écoles professionnelles n'est pas résolue. Dans son organisation, l'école de commerce prévoit la possibi­lité de deux types de diplôme: mention «secrétariat», mention «gestion».

c) Les écoles normales, quant à elles, offrent désormais à leurs élèves une matu­rité pédagogique (cantonale). Leurs pro­grammes ont été reconsidérés (par des commission d'enseignants des EN, dans lesquelles l'AVPES n'était pas représen­tée) et harmonisés entre les trois EN du canton. Les admissions à l'EN ont connu des fluctuations importantes et qui sui­vaient la courbe démographique du can­ton. Une commission de pléthore a d'ail­leurs été mise sur pied pour essayer de trouver des solutions à ces problèmes.

Problèmes de l'A VPES

Le problème de la pléthore est d'ail­leurs aussi une question très à l'ordre du jour de notre Association. Si les problèmes immédiats peuvent habituel-

Page 47: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

lement être encore résolus, l'avenir ne paraît pas aussi assuré. Nous avons sou­mis en la matière un certain nombre de considérations aux autorités. Nous pen­sons qu'elles pourraient permettre de devancer une situation grave.

Les revendications que nous pouvons avoir dans le domaine professionnel - et auxquelles nous avons voulu surseoir pour tenir compte de la situation écono­mique et dans l'attente de règlements qui nous ont été promis par l'AGF - sont la conséquence logique du développe­ment qu'a pris l'Ecole. Ce n'est pas ici le lieu de faire le portrait du profes­seur et de ses obligations; mais le nom­bre d'heures d'enseignement hebdoma­daire est trop élevé; nous ne connais­sons pratiquement pas de système de décharge (dont les maîtres auraient bien besoin). Nous pensons que le principe de la pluralité des méthodes doit être acquis. Nous nous plaignons d'une infra­structure insuffisante.

Le travail de l'Association (qui peut se vanter d'avoir été l'instigatrice de nombreuses commissions qui ont abouti à des réalisations tangibles) l'a assuré~ d'une réputation et d'une existence effec­tives. C'est pourquoi les représentants de ses quelque 235 membres (trois-quarts des enseignants de ce degré) prétendent être considérés à tous les échelons com­me des partenaires acceptés et respectés. Si nous prenons des risques en expri­mant des opinions, sur la semaine courte par exemple, nous n'estimons pas de bonne guerre que l'on nous dise que la question ne nous regarde pas. Nous récla­mons un droit à l'information, nous vou­lons que l'Ecole ne se fasse pas sans les enseignants.

Concl usions

L'Ecole valaisanne est en forte muta­tion. Et c'est bien , car l'Ecole ne peut se concevoir que dans une amélioration constante. Cela ne doit pas ouvrir les portes à l'anarchie; il s'agit de maîtriser les divers courants: expériences faites en Valais, dans d'autres cantons, dans d'autres pays; de les considérer et de les adapter à la particularité locale. Pour réussir ce qui pourrait paraître une gageure, il faut mettre tous les éléments ensemble: arguments pédagogiques, argu­ments politiques. Je rêve d'une situation dans laquelle le Politique tempérerait le Pédagogique en faisant valoir les réa­lités d'une situation financière qu'il faut, volens nolens, considérer ; mais dans laquelle le Politique serait soutenu par le Pédagogique. La décision incombe au DIP; les propositions ou les prises de position devraient être le propre des associations, c'est-à-dire des enseignants. Nous remercions à ce propos nos auto­rités pour toutes les consultations qu'el­les ont bien voulu organiser auprès de nous. Mais nous voulons pouvoir être plus responsables dans les décisions qui tombent souvent sans que nous puis­sions nous exprimer - autrement que sous la forme de communiqués et de lettres qui peuvent alors prendre des allures pamphlétaires.

L'A VPES a fait du chemin. Elle est un partenaire crédible. Il faut encore qu'elle devienne un partenaire écouté dans toutes les questions qui touchent le degré d'enseignement qu'elle représente.

C. Borel Président A VPES

90 91

L'éducation physique en Valais

... de la «révolution de 1934» à la création d'une section professionnelle: AVMEP (Association valaisanne des maî­tres d'éducation physique) ...

1. Aperçu de la situation sur le plan suisse

1.1 Bases légales

La' constitution de 1874 imposa aux cantons, pour la première fois, l'obli­gation de donner aux garçons un ensei­gnement régulier de la gymnastique. Des ordonnances ultérieures vinrent complé­ter les bases de l'éducation physique scolaire et de la formation du personnel enseignant. Peu à peu, celles-ci bénéficiè­rent des nombreuses publications, discus­sions et découvertes dans le domaine de la médecine et de l'hygiène.

Aujourd'hui, l'enseignement de la gym­nastique et des sports est régi par la loi fédérale du 17 mars 1972. Elle stipule que l'éducation physique est obligatoire dans les écoles primaires et secondaires (inférieures et supérieures). Le program­me comprend trois heures de cours par semaine donnés conformément aux ma­nuels publiés par la Confédération. De plus, ct:lle-ci impose l'institution d'après­midi sportifs, encourage les camps de sport et la mise en place du sport sco­laire facultatif.

1.2 l'vlanuels

La CFGS fit paraître en 1876 le pre­mier manuel fédéral, rédigé sous la for­me d'un règlement militaire. Celui de 1898 avait les caractéristiques d'un ma­nuel d'enseignement et apportait un plus grand choix d'exercices. En 1912, le livre imposé comportait en fait d'innovation le programme des trois premières années scolaires: il tenait compte des exercices à l'espalier et admettait ceux inspirés des coutumes populaires. On y trouve à la page 6 qu'une classe ne doit pas compter plus de 50 élèves ...

La gymnastique pour jeunes filles ne fait pas l'objet d'une loi fédérale; elle est exclusivement du ressort des cantons.

En 1927 parut le manuel pour les garçons de 7 à 15 ans et deux ans plus tard l'édition «filles». Les manuels fédé­raux de 1942 et 1962 concrétisèrent les progrès de l'éducation physique et ame­nèrent à la conception actuelle forte­ment marquée par l'influence du sport et par l'importance attachée au rythme du mouvement et à la tenue. Depuis 1974, neuf livres sont sortis de presse ou sont en passe de l'être. Leur conception fait la joie du personnel enseignant.

2. Situation sur le plan valaisan

2.1 Avant 1934

La loi scolaire du 5 novembre 1910, dans son article 19, précise que les leçons de gymnastique doivent se donner par le maître ordinaire de la classe.

Mais les dispositions légales restaient souyent lettre morte ... Quelques maîtres, il est vrai, donnaient des leçons à peu près régulièrement. Ces exceptions mises à part, la majorité du personnel ensei­gnant considérait ces cours comme une perte de temps complètement inutile pour une jeunesse dont le contact étroit avec la nature garantissait un développe­ment physique satisfaisant.

A leur décharge encore, disons que les instituteurs n'étaient guère préparés à enseigner cette branche. A l'Ecole nor­male, un moniteur de section donnait les cours aussi bien qu'il le pouvait: mais il n'aurait su apporter aux nor­maliens une formation méthodologique supérieure à celle qu'il avait reçue lui­même. Le personnel enseignant n'avait donc qu'une idée très vague du schéma d'une leçon et ceux qui enseignaient puisaient le plus clair de leurs idées dans les souvenirs de caserne.

2.2 La «révolution de 1934»

Cette situation désastreuse semblait solidement installée jusqu'au jour où un instituteur d'Orsières, Marcel Hubert, résolut de la réformer. Conscient de l'im­portance de l'éducation physique, il par­tit pour l'Université de Bâle d'où il

Page 48: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

revint l'année suivante avec le premier brevet fédéral de Maître de gymnastique du Valais. Le chef du DIP l'appelle au poste d'inspecteur. Ce fut le commen-:­cement de la révolution. Hubert avait tout à créer et surtout tout à combattre: les autorités scolaires qui voyaient sans plaisir les enfants sortir de l'école pour perdre «leur temps» en exercices inuti­les; le personnel enseignant indisposé par cette prétention de leur faire donner des leçons pour lesquelles il était si peu préparé.

Très rapidement, contre vents et ma­rées, la gymnastique scolaire sortait de l'ombre. Un noyau d'instituteurs con­vaincus se forma autour de l'inspecteur. Ce fut la fondation de l'Association des maîtres de gymnastique du Valais romand en 1934. Le Haut avait déjà fondé sa section en 1932.

L'inspecteur Hubert, dès lors, put se consacrer pleinement à la formation du personnel à l'Ecole normale et à son perfectionnement dans les cours des asso­ciations. Un jour de 1942, un tragique accident de service militaire vint immo­biliser définitivement ce collègue. que l'on peut considérer comme le père de la gymnastique scolaire valaisanne. .

2.3 L'évolution depuis 1934

2.3.1 Règlements

En 1941, un règlement concernant l'enseignement de la gymnastique dans les écoles publiques et privées était voté par le conseil d'Etat. Pour la première fois, les conditions pour en­seigner cette branche étaient fixées: posséder soit un brevet d'instituteur soit un diplôme fédéral ou un diplôme délivré par un autre canton. C'était faire un sort aux moniteurs de sec­tions, professeurs improvisés qui cer­tes rendirent de grands services.

Le règlement de 1948 qui abrogeait le précédent précise les tâches de l'ins­pecteur et le traitement des maîtres. Celui de 196.7 a été remplacé le 27 avril 1977 afin d'une part d'adapter

le réglementation cantonale aux pres­criptions fédérales nouvelles et d'autre part de réunir en un seul dossier les documents épars régissant l'éducation physique. Il comporte entre autres des directives concernant l'organisation d'appuis pédagogiques, de camps de sport, du sport scolaire facultatif. Il stipule à l'article 4 que trois heures doivent être consacrées hebdomadaire­ment à l'éducation physique dans tou­tes les classes et à tous les degrés.

2.3.2 Personnel enseignant

La loi fédérale encourageant la gym­nastique et les sports de 1972 précise que la formation des maîtres d'éduca­tion physique est du ressort des uni­versités. L'ordonnance du 21 décem­bre 1972 prévoit l'existence de deux diplômes:

1. Le diplôme fédéral n° 1 peut s'ob­tenir dans les universités de Bâle, Berne, Genève, Lausanne et l'EPF de Zurich. La formation dure au moins quatre semestres.

2. Le diplôme fédéral n° 2 se pré­pare actuellement à Zurich, Berne et Bâle. La durée de formation est de huit semestres. En fonction des besoins et pour autant que les ensei­gnements puissent être assurés et les crédits accordés, le nouveau programme d'étude pour une for­mation supérieure pourrait débu­ter en août 1980 ou 1981 à l'Uni­versité de Lausanne.

2.4 Création d'une section professionnelle: l'A VMEP

Sur le plan individuel, les maîtres étaient éparpillés dans les associations primaires du cycle d'orientation et du secondaire deuxième degré. Ils ont res­senti par conséquent le besoin de se grou­per d'une façon plus cohérente et plus efficace. A cet effet, il a fallu vaincre les difficultés inhérentes à l'existence de deux langues et de deux associations différentes. 92 93

Que l'on se rassure! Il ne s'agit pas d'une rupture avec l'AEPSVR et l'OL TV. Bien au contraire; la structure et les buts ont étés clairement définis par Mon­sieur Jean-Pierre Michellod dans la revue Education physique de décembre 1975:

«La section professionnelle est indé­pendante de la SSMG où les maîtres valaisans sont représentés par leurs asso­ciations cantonales dont ils font partie d'une façon impérative» (article 4 des statuts).

Le comité en place n'a jamais caché qu'il avait quelques ambitions pour l'A VMEP et a envisagé une section pro­fessionnelle qui serait partie prenante et efficace dans le devenir de la gymnas­tique scolaire valaisanne. En collabora­tion avec le DIP par l'intermédiaire de ses inspecteurs MM. Curdy et Eyer, il étudie la meilleure façon d'exploiter au mieux les trois heures hebdomadaires, la conception du programme, les joutes scolaires sportives, les problèmes de tenue; il essaie d'adopter une ligne de conduite tout en respectant la liberté et la situation de chacun dans sa com­mune. D'autre part, le perfectionnement des membres de l'association est un des soucis majeurs du comité soucieux de

fournir des encouragements et des occa­sions de développer de façon perma­nente les qualités recherchées. Enfin, l'étude de certains problèmes spécifiques retient aussi son attention, en particulier les risques physiques de la profession.

2.5 Conclusion

Il n'est pas faux de penser que l'Asso­ciation d'éducation physique scolaire du Valais romand et la section profession­nelle des maîtres diplômés ont leurs rai­sons d'exister; elles sont même consti­tuées obligatoirement pour s'entendre, faute de quoi elles se saborderont; elles sont condamnées à collaborer au déve­loppement harmonieux de l'éducation physique dans le canton. A l'heure où l'on parle, sur le plan suisse, de la fusion pour 1980 de la SSMG et de l'AMD, il est de toute importance de trouver la structure la mieux adaptée au Valais. La cause pour laquelle nous nous bat­tons est bien trop belle pour ne pas lui accorder le sérieux qu'elle mérite.

Références: Manuels fédéraux Lois et règlements Cours et conférence de M. Curdy

Antoine Maillard

Page 49: L'Ecole valaisanne, décembre 1978

Remerciements

Les remerciements de la commission du 150e anniversaire vont spécialement à Monsieur Richard Métrailler qui , en pleine période d'examens universitaires, fit pour ce numéro spécial une rédaction appropriée de ses longues et minutieuses recherches; aux présidents des associa­tions et à leurs collaborateurs; à Mon­sieur Rausis, rédacteur responsable de l'Ecole valaisanne; et au Département de l'instruction publique qui a dit son intérêt pour cette célébration et a approu­vé ses manifestations.

Crédit photographique Couverture: L'examen scolaire (Albert

Anker), photolitho obligeam­ment mise à disposition par la maison Baumgartner Pa­piers S.A. à Lausanne

p. 5 Dépôt de Ciba-Geigy AG au mu-sée de Bâle

p. 8 O. Ruppen + R. de Roten p. 12 Archives cantonales p.24 Archives cantonales p. 29 Archives cantonales

District de Sion

CAISSE DE RETRAITE Au personnel enseignant primaire et se­condaire du 1er degré, Au personnel enseignant retraité du dis­trict,

'Vous êtes convoqués en assemblée gé­nérale le 11 janvier 1979 à 17 heures à la Matze. A L'ORDRE DU JOUR: - Information générale - Désignation des délégués - Renouvellement du comité - Divers.

Le président du comité de district

P. Fellay

La commission d'animation du 150e

anniversaire de l'Ecole valaisanne était formée des enseignantes et enseignants suivants:

Monsieur Henri Marin, président

Mesdames Suzanne Chappaz Evelyne Gard Ghislaine de Preux

Messieurs Nicolas Lagger Henri Maître Jean-Mary Monnay Joseph Morath Bernard Oberholzer Jacques Rey Pascal Théodoloz Jacques Vuignier

p. 37 SABAG SA, Bienne p. 48 Photo R. Heyraud

(archives cantonales) p. 51 Archives cantonales p. 52 Archives cantonales p. 61 Photo O. Ruppen p.66 ODIS p. 69 Photo O. Ruppen p.75 Photo O. Ruppen p. 81 Photo O. Ruppen p. 87 Photo O. Ruppen p. 93 Photo O. Ruppen

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Ils jouent mais les enfants n'ont pas le droit d'apprendre en jouant

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