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L’ESSENTIEL FRANCE P.2 Grève des enseignants Q Unis contre la ré- forme Peillon sur les rythmes scolaires, dont ils réclament le report à la rentrée 2014, les en- seignants sont descen- dus en nombre dans la rue partout en France. ECO/CONSO P.6 Adieu les 3% QLa Cour des comptes juge compromis l’ob- jectif de déficit public en 2013. Le président François Hollande perd son optimisme. SPORT P.9 Procès pour dopage Q L’affaire Puerto est jugée en ce moment à Madrid. Les quatre coureurs entendus hier nient avoir pris les trai- tements dopants du docteur Fuentes. PORTRAIT P.10 Espagne, la jeunesse sacrifiée Q Vivre chez ses pa- rents à 28 ans. Témoi- gnage d’un Espagnol subissant la crise de plein fouet. EXPRESSO Q La Corée du Nord assure être désor- mais capable de lancer des missiles à tête nucléaire. Le dernier régime stalinien au monde possède désor- mais la capacité de frapper à longue distance. Cette déclaration rebat les cartes diplomatiques à l’heure où les Etats-Unis et la Russie s’engagent à diminuer leur arsenal de dissuasion. PAGE 4 QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2014 # 06 13 02 2013 (D.R.) La Corée du Nord a son ogive nucléaire Réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU

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L’ESSENTIELFRANCE P.2Grève des enseignants

Q� Unis contre la ré-forme Peillon sur les rythmes scolaires, dont ils réclament le report à la rentrée 2014, les en-seignants sont descen-dus en nombre dans la rue partout en France.

ECO/CONSO P.6Adieu les 3%Q�La Cour des comptes juge compromis l’ob-jectif de déficit public en 2013. Le président François Hollande perd son optimisme.

SPORT P.9Procès pour dopage

Q� L’affaire Puerto est jugée en ce moment à Madrid. Les quatre coureurs entendus hier nient avoir pris les trai-tements dopants du docteur Fuentes.

PORTRAIT P.10Espagne, la jeunesse sacrifiée

Q� � Vivre chez ses pa-rents à 28 ans. Témoi-gnage d’un Espagnol subissant la crise de plein fouet.

EXPRESSO

Q�La Corée du Nord assure être désor-mais capable de lancer des missiles à tête nucléaire. Le dernier régime stalinien au monde possède désor-mais la capacité de frapper à longue

distance. Cette déclaration rebat les cartes diplomatiques à l’heure où les Etats-Unis et la Russie s’engagent à diminuer leur arsenal de dissuasion. PAGE 4

QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2014# 06

13 02 2013

(D.R.)

La Corée du Nord a son ogive nucléaire

Réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU

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Ecoles fermées, défi-lés...Pour cette cinquième mani-festation en trois semaines, les ensei-

gnants de Paris, Lyon, Mar-seille, Toulouse ou encore Nice, ont répondu présents en nombre. 60% selon le SNUipp-FSU, principal syndicat du pri-maire; 36% selon les chiffres ministériels.

�� &H�TXL�FRLQFHDes journées raccourcies de 45 minutes et la classe le mercredi matin, voilà ce que souhaite le ministre de l’Education, Vincent Peillon, pour la rentrée 2013. Le temps libéré sur le versant pédagogique sera, alors, dédié à des activités périscolaires, soit 3h30 hebdomadaires à la charge des collectivités. Mais, dans le détail, quelques zones d’ombres persistent : faut-il allonger la pause de midi ou réserver ce temps de loisirs après 15h30 ? Les résistances sont multiples. Les enseignants dénoncent « un bricolage » et rappellent leur charge de travail (prépara-tion des cours, corrections, aide aux élèves en difficulté, etc.). Quant aux municipalités, elles redoutent un casse-tête logis-tique et budgétaire. Formation et recrutement des animateurs périscolaires coûteront cher, et les locaux ne seront pas tou-jours disponibles. Les inégalités de moyens entre localités, cris-

tallisent, enfin, les craintes des maires.

�� &H�TXL�DJLWH�3DULVDeuxième grève en moins d’un mois dans la capitale. Bertrand Delanoë multiplie donc les signes d’apaisement. «D’abord, ce sur quoi je persiste, c’est la concertation, la décision ne sera prise que fin mars», a dé-claré, lundi, le maire. Le poids d’Europe Ecologie-les Verts sera déterminant dans le vote qui oppose le PS à l’UMP et au Front de Gauche. « Nous

voulons créer une vraie filière animation, déprécariser les animateurs, recruter », a-t-il précisé, reprenant là les argu-ments d’EELV. Pas question, en revanche, de reporter en 2014, juste avant les élections muni-cipales une réforme qu’Anne Hidalgo, première adjointe au maire et candidate, a fortement défendue. Ni de supporter seul une réforme dont Bertrand De-lanoë, le maire de Paris, estime le coût à « plusieurs dizaines de millions d’euros ». Il en appelle à «l’aide pérenne» de l’Etat.

�� &H�TXL�H[LVWH�GpMj�Les enseignants ont fait grève y compris dans les départements où la semaine des quatre jours et demi est déjà en place. C’est le cas de la Haute-Garonne, où plus de la moitié des élèves ont cours le mercredi matin. « Enfin, la semaine des 4,5 jours, c’est à la fois vrai et faux », tempère Hélène Rouch, présidente dé-partementale de la FCPE (31), l’une des plus grandes asso-ciations de parents d’élèves en France. « Il y a, dans beaucoup d’école, un aménagement par-ticulier, avec 20 semaines à 4,5 jours, et 16 semaines à quatre jours », recadre-t-elle. Un vrai casse-tête pour les enfants, « qui ont besoin d’un rythme régulier », et pour les parents « qui doivent jongler en perma-nence avec un agenda compli-qué », explique Hélène Rouch. Les atermoiements n’ont, à ses yeux, que trop duré : « la réforme fait l’unanimité depuis des années, maintenant il faut y aller ».

�� (W�TXRL�PDLQWHQDQW�"�Vincent Peillon a entamé une tournée des rectorats pour apai-ser les tensions. Reste à régler la question de la prime annuelle de 400 euros, une promesse du ministre aux enseignants tou-jours pas entérinée. La situation pourrait bien s’enliser.

R�E.Vergelati et J.Gabert

FRANCEEDUCATION Forte mobilisation contre la réforme des rythmes scolaires

Les enseignants ne cèdent pas

Q� Surprise hier à la 15ème chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris lorsque Eric Breteau, pré-sident de l’association l’Arche de Zoé, et sa compagne Emilie Lelouch gravissent les escaliers du tribunal.

2 ans de prison fermeAlors que deux mandats d’ar-rêts avaient été requis à leur en-contre, les deux prévenus sont présents à l’audience. C’est la première fois. À l’annonce du jugement, ils restent de marbre : trois ans de prison, dont deux ferme, et une amende de 50 000� pour avoir voulu faire venir du Tchad, contre rémunérations, 103 enfants en vue de l’adop-tion. Présentés comme des or-phelins du Darfour, ces enfants

ne l’étaient pas. La justice a retenu contre les deux princi-paux organisateurs, l’accusa-tion d’exercice illicite d’activité d’intermédiaire pour l’adoption et l’aide à l’entrée ou au séjour

de mineurs en situation irrégu-lière. Ainsi que d’escroquerie envers les familles d’accueil. Le mandat d’arrêt s’est transformé en mandat de dépôt avec arres-tation immédiate « à la barre ».

Des prévenus désinvoltesAussitôt Émilie Lelouch a tro-qué ses bottes à talons contre des baskets et enfilé sa polaire « on avait tout prévu », assure t-elle. Le couple joue les bra-vaches. Il n’a pu retenir des ap-plaudissements et des rires iro-niques lorsque la juge a énoncé les faits qui leur sont reprochés. Ils se sont fait rappeler à l’ordre avec sévérité. En quittant le tribunal, ils s’en prennent à la presse « il faut que vous enqué-tiez ! On vous en veut beaucoup ». Selon leur avocate, ils vont faire appel du jugement.Quatre autres membres de l’as-sociation l’Arche de Zoé ont été retenus coupables. Les peines à leur encontre vont de 6 à 12 mois avec sursis.

R�Louise Bonte

/HV�MHXQHV�IUDQoDLV��YLFWLPHV�GH�U\WKPHV�VFRODLUHV�LQIHUQDX[�"���$)3

02 - EXPRESSO - MERCRDI 13 JANVIER

JUSTICE Six ans après les faits, les responsables de l’Arche de Zoé condamnésDeux ans de prison ferme pour Breteau et Lelouch

(ULF�%UHWHDX�HW�(PLOLH�/HORXFK�ORUV�GH�OHXU�DUUHVWDWLRQ�HQ��������$)3

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Q� L’Assemblée nationale a adopté hier en fin d’après-midi le projet de loi sur le mariage homosexuel. Le texte a été adopté par 329 voix contre 229. Dix députés se sont abstenus. Dès que l’issue du vote a été annoncée, les députés de la majorité ont scandé: «Egalité, égalité !»Cette loi constitue la première grande réforme sociétale du mandat de François Hollande. Le texte devrait être examiné au Sénat à partir du 2 avril. Cette date a été préférée au 18 mars, qui avait été évoquée précédem-ment, «compte-tenu des délais nécessaires pour finaliser les auditions et surtout rédiger le rapport», a expliqué mardi le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies.

Le vote à l’Assemblée nationale aura été précédé par dix jours d’une bataille parlementaire me-née par une poignée de députés UMP.Seuls deux élus de l’opposi-tion, Franck Riester et Benoist Apparu, s’étaient ouvertement déclarés en faveur du mariage homo et ont voté pour tandis que cinq autres ce sont abstenu dont Bruno Le Maire.A l’UDI, une majorité de dépu-tés ont votés contre. Cependant quatre ont indiqué qu’ils étaient favorables au texte Yves Jégo et Jean-Christophe Lagarde. Jean-Louis Borloo a lui voté contre « par erreur » a-t-il indiqué. A l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, potentielle candidate à la mairie de Paris, Edouard Phi-lippe, député-maire du Havre,

et, tout récemment, Pierre Lel-louche, député de Paris ont déci-dé de s’abstenir lors du scrutin.Pour le groupe PS, «c’est le vote des fiertés, fierté de permettre à la République de franchir un pas de géant dans l’égalité des droits et de faire aboutir un combat de 30 années, fierté d’avoir partici-pé pleinement au débat, de jour comme de nuit, sans avoir utilisé aucun artifice de procédure», a déclaré hier matin le porte-pa-role des députés socialistes, Thierry Mandon.Lors de l’examen de la loi au Sénat, la gauche ne devrait pas avoir de difficultés pour l’adop-tion de la loi. Reste la question de la PMA qui a provoqué bien des réactions au sein de la majo-rité et de l’opposition.

R�A.Tousch

Le mariage sera bien pour tous

PORTRAIT Le débat sur le mariage pour tous l’a révélée

Une oratrice est née

FRANCE

MERCREDI 13 JANVIER- EXPRESSO - 03

Réunion de crise à BruxellesQ� Une réunion aura lieu au-

jourd’hui à Bruxelles concer-

nant la mise «sous surveil-

lance» de l’ensemble de sa

ÀOLqUH� YLDQGH� HW� SRLVVRQ� HQ�2013. Cette décision fait suite

DX� VFDQGDOH� GHV� SODWV� VXU-gelés à la viande de cheval

IDXVVHPHQW� HVWDPSLOOpH� DX�«boeuf».

Goodyear dans la rueQ�Plusieurs centaines de ma-

nifestants étaient rassemblés

KLHU� PDWLQ� GHYDQW� OH� VLqJH�Goodyear France à Rueil-Mal-

PDLVRQ��+DXWV�GH�6HLQH��SRXU�SURWHVWHU� FRQWUH� OD� IHUPHWXUH�du site d’Amiens. Un comité

G·HQWUHSULVH� H[WUDRUGLQDLUH�TXDOLÀp� GH� ©WUqV� LPSRUWDQWª�V·HVW� WHQX�� 3UqV� GH� ���� VDOD-

ULpV�pWDLHQW�SUpVHQW�j�OD�PDQL-festation.

Christiane Taubira a été la révélation du débat sur le mariage pour tous qui a dé-chaîné les passions

dix jours durant à l’Assemblée nationale. Tout à tour calme et ardente, enjôleuse et ferme avec ses contradicteurs, ce petit bout de femme de 61 ans est parve-nue à imposer le respect . « Elle est tenace, reconnaît le député de l’opposition Marc Le Fur , elle a défendu son projet comme une mère protège son petit ». Ce n’était pas joué d’avance. Depuis qu’elle a été nommée garde des Sceaux, l’ex inde-pendantiste guyanaise était dans le collimateur de la droite : « trop droit de l’hommiste, trop laxiste » dénonçaient les ténors de l’UMP. La circulaire qu’elle a signée en plein débat sur le ma-riage pour tous demandant aux tribunaux d’accorder la natio-nalité française aux enfants nés à l’étranger de mères porteuses a bien failli la faire déraper « la gauche avance masquée : elle veut nous imposer la procréa-tion médicalement assistée » a aussitôt accusé la droite. Au terme des débats c’est pourtant Christiane Taubira qui remporté la manche «« Elle peut se mon-trer redoutable et vous réduire au silence en quelques mots» constate le député socialiste Christian Bataille .

Une oratrice hors-pairEtole colorée sur les épaules, manteau sur les genoux, chignon vissé derrière la tête et large

sourire aux lèvres, la garde des Sceaux s’est immédiate-ment démarquée des costumes sobres et des mines moroses de ses confrères. Son premier dis-cours appris par cœur a été son sésame. Elle le décline tranquil-lement sans un regard sur ses notes. L’Assemblée fait silence, la droite est impressionnée, la gauche subjuguée. Certains la comparent à Simone Veil . Un député UMP ne cache pas son respect, il assure ne pas être le seul dans les rangs de l’oppo-sition « Elle a su imposer son style et ses convictions, je suis tout simplement impressionné

par sa personnalité.» déclare t-il avant de faire une pause puis d’ajouter : «C’est une grande dame « Une grande dame qui ne se prend pas au sérieux, vient tra-vailler sur un petit vélo jaune, part d’un fou rire dans l’assem-blée, déclame des poèmes et prononce des « défavorables » avec force à chaque proposition d’amendement du texte de loi proposé par l’opposition . Au gouvernement ses collègues assistent médusée à l’ascension d’une pro. Ils devront désormais compter avec elle.

R�Amandine Debaere

EN BREFNomination au Conseil constitutionnelQ� Nicole Belloubet et Nicole

Maestracci ont été nommées

UHVSHFWLYHPHQW� SDU� -HDQ�3LHUUH�%HO��SUpVLGHQW�GX�6pQDW�et François Hollande. Claude

%DUWRORQH�� SUpVLGHQW� GH� O·$V-

semblée nationale a quant à

lui reconduit dans ses fonc-

tions Claire Bazy-Malaurie

Tué par balle dans le centre d’Ajaccio

Q� Un gérant d’établissement

GH�QXLW�D�pWp�WXp�SDU�EDOOHV�KLHU�matin dans sa voiture qu’il

FRQGXLVDLW� HQ� SOHLQ� FHQWUH�ville. Le commando constitué

de deux individus en moto a

SX� SUHQGUH� OD� IXLWH� DSUqV� OHV�IDLWV��&·HVW�OD�SUHPLqUH�YLFWLPH�d’un assassinat en Corse de-

SXLV�OH�GpEXW�O·DQQpH�

/D�JDUGH�GHV�VFHDX[�D�VX�LPSRVHU�VD�YHUYH�GDQV�O¶KpPLF\FOH���$)3

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04 - EXPRESSO - MERCREDI 13 FEVRIER

INTERNATIONALCOREE DU NORD Après son dernier essai nucléaire

La menace s’affirme Le tir a provoqué

un séisme d’une magnitude estimée entre 4,9 et 5,1 sur l’échelle de Rich-

ter. La Corée du Nord a pro-cédé hier matin (à 3h57 heure de Paris) au troisième essai nucléaire de son histoire, avec une puissance et une technolo-gie bien supérieures aux deux précédents. « Ce test nucléaire

de haut niveau, avait, contraire-

ment à ceux du passé (en date de 2006 et de 2009, ndlr), plus

de puissance explosive et a

utilisé un engin miniaturisé et

plus léger », a annoncé l’agence d’information officielle KCNA (Korean central news agency), précisant que cet essai n’était qu’une « première » étape. Des actions « plus fortes » seront menées si des sanctions étaient prises à son encontre, a ajouté l’agence.

Missile longue portéeL’utilisation d’un engin minia-turisé est source d’inquiétude pour les puissances internatio-nales car elle laisse à penser que la Corée du Nord maîtrise désormais la technologie com-plexe permettant de fabriquer une bombe suffisamment petite pour être fixée sur une ogive. Jusqu’à présent, l’incertitude demeurait sur la capacité du ré-gime communiste à développer une tête nucléaire pour missile à longue portée. Si Pyongyang

a réellement réussi à mettre au point une bombe miniaturisée, un nouveau cap a été franchi. D’autant que la Corée du Nord est parvenue début décembre à envoyer une fusée dans l’es-pace, progrès significatif pour sa technologie balistique. Le ministère nord-coréen de la Défense a estimé la puissance de l’explosion entre 6 et 7 kilo-tonnes. A titre de comparaison, celle d’Hiroshima était de 15 kilotonnes. Pour l’organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTB-TO), basée à Vienne, le test de Pyongyang constitue « une

menace claire » pour la sécurité internationale.

Condamnations internationales unanimesLa communauté internationale n’a pas tardé à mettre en garde le régime nord-coréen après la confirmation par Pyongyang de son essai « réussi ». Même la Chine, alliée historique de la Corée du Nord, a fait part de

sa « ferme opposition » au tir nord-coréen, par la voix de son ministre des affaires étrangères. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a convoqué hier après-midi une réunion extra-ordinaire du conseil de sécurité qui a « fermement condamné » cette « menace claire pour la

paix et la sécurité internatio-

nales ». Les négociations sur les sanctions pourraient prendre plusieurs semaines.

R�Fabien Fougère

Q� Giuseppe Orsi, le patron du groupe aéronautique et de défense Finmeccanica, a été arrêté hier pour corruption in-ternationale dans une affaire de pots-de-vin présumés au gou-vernement indien pour la vente de douze hélicoptères Agusta Westland, d’après le Corriere

della sera. Les commissions occultes versées aux dirigeants indiens s’élèveraient à 51 mil-lions d’euros pour un contrat établi en 2010 de 556 millions d’euros. Il aura fallu plus d’une année d’investigation pour que le parquet italien procède à l’arrestation depuis l’ouver-ture d’une enquête en Inde. Le

juge en charge de l’enquête au tribunal de Busto Arsizio, près de Milan, a également émis un mandat d’arrêt contre le patron d’Agusta Westland, filiale de

Finmeccanica, Bruno Spagno-lini. Giuseppe Orsi a été lui-même directeur de cette filiale au moment de la vente des héli-coptères. Par ailleurs, un ancien ministre avait été inquiété pour des faits similaires et deux intermédiaires présumés de la vente font aussi l’objet d’un mandat d’arrêt international. L’Etat italien est le principal ac-tionnaire de Finmeccanica avec 30,2% du capital. L’arrestation de Giuseppe Orsi, proche de la Ligue du Nord, parti d’extrême droite, intervient à moins de deux semaines des élections législatives.

R Johan Maurice��

ITALIE Des pots-de-vin auraient été versés au gouvernement indien

Le PDG de Finmeccanica interpellé pour corruption

Giuseppe Orsi, patron du

groupe d’aéronautique et de

défense / DR.

Un tir calé sur le calendrier américainLe tir nucléaire nord-coréen intervient le jour où Barack Obama doit annoncer une réduction d’un tiers del’arsenal nucléaire américain dans le discours sur l’état de l’Union. Selon le traité signé avec la Russie en 2010, les deux pays se sont engagés à réduire leur stock à 1 550 armes nucléaires avant 2018.

« Un troisième essai nucléaire a été mené avec succès » a annoncé

KLHU�O¶DJHQFH�G¶LQIRUPDWLRQ�RI¿FLHOOH�FRUpHQQH�.&1$��/ AFP.

Deux ans après la révolution, les Egyptiens toujours en colèreQ�À l’occasion du deuxième anniversaire de la chute de l’ex président Hosni Moubarak, des manifestants se sont heurtés avec des policiers au Caire. « La ré-volution continue! », scan-daient plusieurs contes-tataires réclamant avec détermination des réformes politiques. La frustration est à son comble dans ce pays qui aspire toujours à la liberté et à la justice sociale.

Des groupes tribaux indiens réclament l'autonomie politiqueQ� Des violences dans le nord-est de l’Inde ont tué 11 personnes lors de heurts entre la police et les groupes tribaux Rabha et Hasong. Ces derniers s’opposent aux prochaines élections lo-cales et exigent l’autonomie. Les violences ethniques ont fait plus de 10 000 morts au cours des 20 dernières années dans l’Assam, état du nord-est de l’Inde.

Vatican : Pourquoi pasun Pape africain? Q�Au lendemain de la renon-ciation du pape, des voix s’élèvent pour qu’un Africain soit le successeur de Benoît XVI. « Je pense qu’avec la représentation de la commu-nauté noire dans la grande communauté catholique, il est légitime qu’on en arrive à un pape noir », estime René Legré Hokou, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme. Le 31 mars, pour Pâques, le nouveau souve-rain pontife sera désigné.

Discours d’Obamasur l’état de l’UnionQ� Barack Obama presse-ra le Congrès à agir pour stimuler la reprise écono-mique et la création d’em-plois lors de son discours sur l’état de l’Union mardi soir (mercredi 2h GMT). Le contrôle des armes à feu, les changements climatiques et l’éducation seront aussi des thèmes centraux de son allocution. Il parlera de son intention de réformer la lé-gislation sur l’immigration. Les dossiers internationaux brûlants seront traités tels que la Corée du Nord et l’Afghanistan.

EN BREF

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MERCREDI 13 FEVRER- EXPRESSO - 05

INTERNATIONALSYRIE Des réfugiés racontent leur parcours et leurs conditions de vie à Paris

Le témoignage des exilés syriensAlors qu’hier les

rebelles ont pris le contrôle d’un aéro-port près d’Alep, de nombreux

activistes syriens s’exilent en France et continuent d’agir au-delà des frontières.L’association Revivre les accueille et les aide à s’installer convenablement.

L’entraide au coeur du système« J’ai succédé à mon mari pour

la présidence de l’association,

comme Bachar », lance en riant Aicha Arnaout. L’association Revivre, dont elle est prési-dente, aide les réfugiés syriens à obtenir des papiers, à scola-riser les enfants, et à adhérer à la Sécurité sociale. Une des bénéficiaires, Sarah, 21 ans, est arrivée à Paris en octobre dernier avec son mari Amir, également journaliste. Elle a tout abandonné, sa famille et ses études d’anglais, pour le suivre. Dans l’attente d’avoir son sta-tut de réfugiée politique, elle dispose d’une aide de Pôle emploi d’11 euros par jour. Sarah a un rôle déterminant au sein de l’association en tant que traductrice. Désormais, c’est elle qui guide les nouveaux arrivés. Elle prend des nouvelles de sa

famille, restée à Damas, presque tous les jours par Skype. Sa mère lui raconte les coupures d’électricité interminables, les enlèvements, les explosions de voiture de plus en plus courantes, les pénuries de gaz et de carburant, le cloisonnement chez elle en rentrant du travail. « Il n’y a plus de vie après

16h à Damas », conclut Aicha. « Bachar va tomber, c’est sûr », lance Sarah avant d’ajouter : « mais après avoir détruit toute

la Syrie. Au sens propre ».

Des réfugiés livrés à eux-mêmesLe couple vit chez des amis, mais d’autres n’ont pas cette chance. Leur trouver un toit reste la plus grosse difficulté. « De nombreux Syriens arrivent

complètement perdus, livrés à

eux-mêmes, et dorment dans la

rue » explique Aicha Arnaout. « On estime le nombre de

réfugiés syriens à 500 par mois,

rien qu’en Ile-de-France. Mais

beaucoup ne connaissent pas

l’existence des assocciations,

F·HVW� GLIÀFLOH� GH� IDLUH� GHV� VWD-

tistiques. » L’entraide est alors au coeur du système. Parfois, certains membres de l’associa-tion proposent leur canapé et des pots communs sont mis en place pour participer au loyer.

« Beaucoup d’entre eux ne veulent pas quitter le pays »Peu de familles acceptent de témoigner, par pudeur et par fierté. Assem, activiste de 32 ans, est un journaliste opposé au régime. Il participe presque tous les samedis à la manifesta-tion anti-Al Assad, qui se tient depuis le début de la révolution, place du Châtelet. Assem est arrivé en France en juillet dernier, seul. Chaque jour, sa famille, menacée à cause de

lui, se rend dans un endroit différent. « Tous les Syriens

sont exposés à la mort, ma

famille aussi », explique-t-il avec lucidité. « Mais beaucoup

d’entre eux ne veulent pas

quitter le pays », ajoute-il. Plu-sieurs fois arrêté en Syrie, Assem est passé par la Jordanie pour rejoindre la France. Son action consiste à échanger des informa-tions avec des contacts à l’intérieur du pays. Il refusera d’en dire plus.

R�Anissa Hammadi

'HV�PDQLIHVWDQWV�DQWL�%DFKDU�DO�$VVDG�SODFH�GX�&KkWHOHW�OH����DR�W�dernier / Aicha Arnaout.

IRAK 21e jour d’emprisonnement pour le journaliste français Nadir Dendoune

La réalité du terrain selon Anne Nivat, reporter de guerreQ� � Une délégation composée de représentants de Reporters sans Frontières (RSF) devait s’envoler aujourd’hui en direc-tion de Bagdad pour plaider la cause de Nadir Dendoune, jour-naliste indépendant emprisonné en Irak depuis 21 jours. Le groupe devra retarder son vol pour des raisons « complexes » et « FRQÀGHQWLHOOHV� », selon Alexandre Jalbert de RSF. Il ajoute que l’obtention des visas n’est pas en cause et reste « en

contact avec l’ambassade ira-

kienne. »

« C’est l’anarchie totale »J’essaie « de garder le moral », a lancé Nadir Dendoune lors de sa première comparution le 5 février. Arrêté en Irak le 23 janvier, le journaliste de 40 ans, envoyé sur place par le mensuelLe Monde diplomatique, est ac-cusé par les autorités irakiennes d’avoir photographié sans auto-

risation le quartier général des services de renseignements, ainsi que des barrages de police et de l’armée. « Il n’y a pas de

règles! En Irak tout peut arri-

ver à n’importe quel moment », soutient Anne Nivat, journaliste de terrain freelance et auteure du livre Bagdad, zone rouge. Selon elle, la capture de Nadir Dendoune est une question de malchance et non pas un défaut

de préparation: « C’est ça tra-

vailler aujourd’hui en Irak.

C’est l’anarchie totale, c’est la

possibilité de l’arbitraire. »

« J’ai dû subir les difficultés de Nadir »De retour d’un séjour d’un mois en Irak où elle a tourné des images pour son premier film documentaire, la journaliste compte parmi les signataires de l’appel à la libération de M. Dendoune. Elle tenait à prê-ter main-forte à son collègue, elle qui a fait face aux mêmes obstacles : « /HV� GLIÀFXOWpV�auxquelles Nadir Dendoune a

été confronté, j’ai dû les subir.

Il n’y a pas eu un jour de mon

mois passé en Irak où je ne me

suis pas fait arrêter, amener au

poste, saisir mon passeport, me-

QDFHU�GH�FRQÀVTXHU�PD�FDPpUD�HW�PHV�ÀOPV� » À la suite de l’ar-restation de Nadir Dendoune, les reproches d’amateurisme

et d’imprudence des journa-listes de guerre refont surface. Reporter d’immersion lors de la guerre de Tchétchénie en 1999 et réalisatrice de nombreux reportages en Afghanistan et en Irak, Anne Nivat est d’avis que les journalistes ne peuvent pas partir la fleur au fusil : « On n’a pas droit à l’erreur, il

faut a priori être conscient des

GLIÀFXOWpV� GH� OD� SODFH� ». Elle insiste toutefois sur l’impor-tance de conserver des reporters sur place pour dépeindre plus justement les événements mal-gré les risques encourus : « Je

défends et je défendrai toujours

le terrain. C’est un mensonge,

de l’instrumentalisation du

politique que de faire croire à

l’opinion publique qu’il y a des

terrains sur lesquels les journa-

listes ne peuvent pas aller. Un

reporter de guerre peut et doit

aller partout. »R�Sarah Pomar Chiquette

$QQH�1LYDW�VXU�OH�WRXUQDJH�GH�VRQ�GRFXPHQWDLUH�HQ������/ DR.

Page 6: 06 Expresso 2013

Promis par la France à l’Union européenne, l’objectif d’un déficit public ramené à 3 % par rapport au Produit

intérieur brut (PIB) fin 2013 semble hors d’atteinte. Le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, l’a dit lui-même hier, lors de la pré-sentation du rapport annuel de l’institution. « /·REMHFWLI� GH� GpÀFLW� HIIHFWLI�n’a que peu de chances d’être atteint, en raison notamment d’un niveau de croissance (du PIB) vraisemblablement infé-rieur aux prévisions », a estimé Didier Migaud.L’exécutif tablait sur une crois-sance économique de 0,8 % cette année, mais dans un entre-tien au quotidien Le Monde, le haut magistrat la juge « inacces-sible ».

François Hollande prend acteAussitôt après la publication du rapport, le président François Hollande a pris acte de ce dia-gnostic, lors d’une conférence de presse commune avec le Pre-mier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. « Nous avons depuis plusieurs mois un principe de vérité, F·HVW�j�GLUH��TXH��QRXV�DIÀFKRQV��des objectifs de croissance en fonction de ce que nous pensons être la réalité écono-

mique prévisible et à chaque fois nous avons réajusté nos objectifs de croissance lorsque QRXV��DYRQV��HX��FHV��FRQÀUPD-tions », a dit à l’Elysée le chef

de l’Etat. « Nous le ferons dans les pro-chains jours si c’est nécess-aire», a-t-ajouté. Le gouvernement de Jean-Marc

Ayrault s’apprête à réviser for-tement sa prévision de crois-sance, considérée comme trop optimiste par les économistes.La Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation de coo-pération et de développement économiques (OCDE) anti-cipent une expansion de seule-ment 0,3 % du Produit intérieur brut.

Nouvelle prévision de croissance pour 2013« Une révision à la baisse de 0,5 % (de croissance) en vo-lume, par exemple, entraînerait une hausse d’environ 0,25 point GH�3,%�GH�OD�SUpYLVLRQ�GH�GpÀFLW�public », selon les calculs de laCour des comptes.Dans leur réponse à la Cour des comptes, le ministre de l’Eco-nomie et des Finances Pierre Moscovici et son ministre delé-gué au Budget Jérôme Cahuzac indiquent que les nouvelles pré-visions de croissance ce seront transmises au Parlement à la mi-avril. La dégradation de la conjonc-ture oblige l’exécutif à prépa-rer les esprits à une nouvelle réforme des retraites. Prévue en 2014, elle pourrait être avancée d'une année afin de donner des gages à la Commis-sion européenne.

R�Timour Aggiouri

ECO/CONSOFINANCES PUBLIQUES La bataille des 3 % de déficit est compromise

Le gouvernement va abaisser son objectif de croissance

Les dysfonctionnements du RER en débatQ� Prendre le RER relève sou-vent du calvaire. Arrêts non des-servis, retards, rames bloquées, la liste des griefs est longue. Les pouvoirs publics ont donc tapé du pied et exigé que la RATP et la SNCF rendent régulière-ment des comptes aux usagers. « Toutes les trois semaines, un point technique de circulation et d’amélioration du fonction-nement sera fait » a déclaré Jean-Paul Huchon, président du Syndicat des transports d’Île-de-France et président du Conseil régional. Cette annonce fait suite au débat sur les dysfonctionne-

ments des lignes RER. Le 11 février, Europe 1 a publié une enquête accusant la RATP de sauter volontairement des arrêts en banlieue pour respecter les impératifs de régularité et pou-

voir ainsi toucher des bonus. Pour Cyril Condé, directeur du département RER à la RATP, la suppression de trains en heure de pointe « est une mesure de régulation très ponctuelle qui

SHUPHW�GH�ÁXLGLÀHU�OD�OLJQH ».Autre critique, vendredi 8 fé-vrier, un suicide sur les voies près de la Gare du Nord a en-traîné une interruption de trafic pendant près de cinq heures. Une attente insupportable, due au délai d’intervention de la police, de l’identité judiciaire et des pompes funèbres. Pour éviter ces désagréments, la SNCF va demander au gouver-nement « une procédure d’ex-ception en cas de suicide » afin d’accroître la rapidité d’inter-vention des différents services concernés.

R�Lorène Lavocat

Didier Migaud remet à François Hollande le rapport public annuel

de la Cour des comptes. / AFP

TRANSPORT Réunion de crise entre opérateurs et pouvoirs publics

La ligne A du RER transporte un million de voyageurs par jour. / D.R

06 - EXPRESSO - MERCREDI 13 FÉVRIER

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Le déficit de la balancedes paiements se creuse Q�La Banque de France a an-noncé mardi le creusement du GpÀFLW�GH�OD�EDODQFH�GHV�SDLH-PHQWV�GH�OD�)UDQFH���LO�HVW�SDV-sé de 2,8 milliards d’euros en QRYHPEUH������j�����PLOOLDUGV�G·HXURV� HQ� GpFHPEUH�� ©� /H�GpÀFLW�GHV�pFKDQJHV�GH�ELHQV�VH� FUHXVH�� j� ���� PLOOLDUGV�DSUqV�����PLOOLDUGV��DORUV�TXH�O·H[FpGHQW� VXU� OHV� pFKDQJHV�GH�VHUYLFHV�SURJUHVVH� �j������PLOOLDUGV� DSUqV� �DYRLU� pWp� GH������ PLOOLDUGV� ª�� D� SUpFLVp� OD�EDQTXH�FHQWUDOH�GDQV�XQ�FRP-PXQLTXp��

Le groupe Michelin résiste bien à la crise

Q� ©� /·DQQpH� D� pWp� VROLGHª��Jean-Dominique Senard, SDWURQ� GX� JpDQW� IUDQoDLV� GX�SQHXPDWLTXH�SUpVHQWDLW�PDUGL�OH� ELODQ� SRVLWLI� GH� 0LFKHOLQ�HQ� ������ $YHF� XQ� EpQpÀFH�QHW� HQ� SURJUHVVLRQ� GH� ������OH� JURXSH� D� ELHQ� UpVLVWp� j� OD�FULVH� GX� VHFWHXU� DXWRPRELOH��QRWDPPHQW�JUkFH�j�VD��©�SUp-VHQFH�PRQGLDOH�ª�HW�VD�©�SROL-WLTXH�GH�SUL[�HIÀFDFH�ª�VHORQ�Jean-Dominique Senard, qui YLVH�GHV�©�YROXPHV�VWDEOHV�ª�SRXU�O·DQQpH������

Monoprix ne veut plus d’œufs de poules élevées en cage Q�/D�FKDvQH�GH�VXSHUPDUFKp�0RQRSUL[�HVW�OD�SUHPLqUH�HQVHLJQH�IUDQoDLVH�j�UHWLUHU�VH�VHV�UD\RQV�OHV�±XIV�GH�SRXOHV�pOHYpHV�HQ�FDJH��UHSUpVHQWDQW������GH�O·pOH-YDJH�IUDQoDLV��©/HV� TXDWUH� UpIpUHQFHV�G·RHXIV� LVVXV� GH� SRXOHV� pOH-YpHV�HQ�FDJH�j�PDUTXH�0RQR-SUL[� GLVSDUDvWURQW� GRQF� GHV�UD\RQV�GH�O·HQVHLJQH�©��D�LQGL-TXp�OD�GLUHFWLRQ�GH�0RQRSUL[���­�GDWHU�GX��HU� DYULO�� WRXV� OHV�±XIV� GHV� PDUTXHV� 0RQR-SUL[� VHURQW� FHUWLÀpV� LVVXV�GH� SRXOHV� pOHYpHV� HQ� VRO�� HQ�SOHLQ�DLU�RX�HQ�DJULFXOWXUH�ELR-ORJLTXH�VHORQ�OH�0RQGH�IU�

CHYPRE Bras de fer entre l’île et l’Union européenne

Les déboires d’un paradis fiscal

Chypre n’a pas la taille de la Grèce, mais elle fait trem-bler la zone euro. L’île est en proie à

une crise bancaire aux consé-quences potentiellement dé-sastreuses. Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE), redoute qu’elle ne se révèle être « un risque systé-mique pour le reste de la zone euro ». Le futur du pays dépend désormais d’un plan de sauve-tage européen, qui tarde à venir.Chypre c’est l’histoire d’un paradis fiscal descendu aux enfers. L’économie chypriote s’est construite à partir de son secteur financier. Ainsi, les avoirs des banques représentent plus de huit fois le produit inté-

rieur brut (PIB) du pays. Mais la crise économique puis la res-tructuration de la dette grecque, en partie détenue par les établis-sements chypriotes, ont mis fin au rêve.

Récession, chômage, endettementLes besoins de financement s’élèvent à 17,5 milliards de dollars, l’équivalent de son PIB. Sans refinancement, Jörg Asmussen prédit « un glisse-ment rapide vers l’insolvabi-lité». Pour éviter la catastrophe, Nicosie s’est résolue, en juin 2012, à demander l’aide de la Troïka (Union Européenne, BCE et FMI). Mais depuis, les négociations s’éternisent. L’Al-lemagne notamment réclame des efforts supplémentaires de la part de Chypre en matière

de lutte contre le blanchiment d’argent.Plusieurs enquêtes décrivent Chypre comme un point de pas-sage dans de nombreux circuits d’argent occulte, notamment pour les milliardaires russes. Pour le juge financier Renaud van Ryumbeke, l’île « est une place connue pour le blanchi-ment ». Certains hommes poli-tiques européens craignent que le plan d’aide ne bénéficie à des oligarques russes corrompus. Nicosie rétorque en mettant en avant sa récente législation anti-blanchiment. Les décisions concernant le plan d’aide n’interviendront pas avant les résultats des élections présidentielles chypriotes, pré-vues dimanche 17 février.

R�Lorène Lavocat

6DQV�XQ�UH¿QDQFHPHQW�UDSLGH��O¶vOH�SRXUUDLW�VRPEUHU�GDQV�O¶LQVROYDELOLWp����D.R (Le Monde)

EN BREFECO/CONSO

MERCEDI 13 FÉVRIER- EXPRESSO - 07

La Commission européenne demande le gel des fermetures d’usines ArcelorMittalQ� Le bras de fer pour sau-ver l’acier européen est engagé. Mardi matin, les ministres français Arnaud Montebourg, luxembourgeois Étienne Schneider, et belge Jean-Claude Marcourt se sont réunis à la Commission Euro-péenne pour discuter de l’avenir de la sidérurgie dans l’Union européenne. Lakshmi Mittal, convié à la réunion, s’est fait re-présenter par Robrecht Himpe, vice président du groupe et di-recteur général de la division « acier plat carbone » pour l’Eu-rope.Antonio Tajani, commissaire

européen en charge de l’Indus-trie, a demandé au PDG d’Arce-lorMittal de geler ses décisions de fermetures d’usine jusqu’à la publication, au mois de juin, d’un « plan acier ».

Une première depuis 1951Ce programme sera « la me-sure la plus importante depuis le traité Ceca » assure Jean-Claude Marcourt, le vice-pré-sident du gouvernement wallon et ministre de l’Économie, des P.M.E, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles. Selon lui, « c’est la première fois depuis lors que dans le

domaine sidérurgique, l’Europe se réapproprie la compétence de soutenir son industrie ». La demande de la Commission européenne a été vivement reje-tée par Robrecht Himpe qui a déclaré ce gel « inenvisageable dans l’état actuel des choses. » Les ministres, à l’image de Jean-Claude Marcourt, ne s’avouent pas encore vaincus : « Ce n’est pas la France ou la Belgique qui a un problème avec ArcelorMittal, c’est l’Eu-rope. Il faut se battre, souligner que ces outils sont stratégiques et compétitifs. »

R�Maxine Vatteblé

INDUSTRIE Une table ronde pour sauver la sidérurgie

Le patron de Michelin

Jean-Dominique Senard. / AFP

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08 ! EXPRESSO ! 13 FÉVRIER

CULTURECINEMA Robert Guédiguian mis à l’honneur à la Cinémathèque

L’oeil d’un monteurMonteur depuis 1985 des ÀOPV� GH� 5REHUW� *XpGLJXLDQ��%HUQDUG� 6DVLD� V·HVW� LPSUR-YLVp�UpDOLVDWHXU�OH�WHPSV�G·XQH�UpWURVSHFWLYH��GpPRQWDQW�HW�UH-PRQWDQW��DX�JUp�GH�VRQ�LPDJL-QDWLRQ��OHV����ÀOPV�GX�FLQpDVWH�DÀQ�GH�UpYpOHU�DX�SXEOLF�©VRQ�FLQpPD�SDU�OH�FLQpPDª�

En quoi consiste 5REHUW� VDQV�5REHUW�"Je voulais mettre le specta-teur dans la peau d’un mon-teur. Ce n’est pas un film sur la technique du montage mais plutôt sur l’écriture cinémato-graphique, et donc sur celle de Robert. C’est quelqu’un qui travaille beaucoup en groupe, surtout au niveau du montage, alors qu’il n’aime pas la tech-nique. Je l’écoute, le conseille, et concrétise ses demandes.

Si le monteur est une per-sonne peu médiatisée, vous faites aujourd’hui partie de «la tribu», comment avez-vous rencontré Robert Gué-diguian ?Originaire de Marseille, je suis parti à l’âge de 20 ans à Paris pour intégrer l’Institut des hautes études cinémato-graphiques. C’est lors d’un stage d’été, sur le tournage de son premier film, Dernier été, que j’ai travaillé pour la pre-mière fois pour Robert. Je me

souviens m’être assis pour lire le scénario, en plein soleil. Ils me regardaient tous, Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin… Je les voyais avec leurs gueules, et je ne me rendais pas compte de la chance que j’avais. A l’époque j’étais stagiaire-régi. Mon rôle était d’empêcher les voitures de passer lors du tournage. J’ai réussi à créer un contact avec les gens du quar-tier. Une confiance s’est ins-tallée entre eux et moi, et avec l’équipe.

8QH� FRQÀDQFH� TXL� V·HVW� UHQ-IRUFpH�WRXW�DX�ORQJ�GHV�DQQpHV��FDU�YRXV�rWHV�OH�PRQWHXU�GH�OD�SOXSDUW�GH�VHV�ÀOPV�"Oui, à partir de Kilo sa ?, son troisième film, je les ai tous montés. Une vrai complicité s’est installée entre Robert et moi. J’avais peur que la réali-sation de Robert sans Robert

nuise à notre relation. Généra-lement les réalisateurs n’aiment pas que les monteurs s’impro-visent cinéaste. Mais je crois que ça lui a plu. Ca apporte un autre regard sur son travail.

R�Marine Manastireanu

0DULXV�HW�-HDQQHWWH��OH�ÀOP�TXL�D�UpYpOp�5REHUW�*XpGLJXLDQ�HQ�1997. '5

La sélection de la rédactionQ�PASSION FILM DE BRIAN DE PALMA

Manipulation, jeu de séduc-tion, domination, c’est dans un cocktail salé que Brian De Palma met en scène Isabelle, fascinée par sa supérieure &KULVWLQH��FHWWH�GHUQLqUH�SURÀ-tant de son ascendant sur son employée pour la manipuler. $GDSWDWLRQ� G·XQ� ÀOP� G·$ODLQ�Corneau, c’est ici Noommi Rapace et Karoline Herfurth qui prennent le rôle de Ludi-vine Sagnier et Kristine Scott Thomas.Note de la rédaction : 5/5

Q�HÔTEL TRANSYLVANIEDESSIN ANIMÉ DE GENNDY TARTA-KOVSKYUne joyeuse bande de monstres se retrouvent à l’hôtel Transylvanie pour faire monstrueusement la fête. Frankenstein, l’Homme Invi-sible et les Loups Garous se-ront de la partie pour fête l’an-QLYHUVDLUH�GH�OD�ÀOOH�GH�0DUYLV��OD�ÀOOH�GH�'UDFXOD�� ,O�VXIÀW�GH�l’intrusion d’un humain pour gâcher la soirée. Note de la rédaction : 3/5

Q�TURF FILM DE FABIEN ONTENIENTEUne bande de quatre copains décident de se lancer dans les courses hippiques en ache-tant un cheval. Dans le rôle de l’arnaqueur, Gérard Depar-dieu réussit à convaincre Alain Chabat et Edouard Baer de mi-ser sur le mauvais cheval.Note de la rédaction : 1/5

Q�LES MISÉRABLES FILM DE TOM HOOPERC’est à partir de la comédie musicale de Broadway que le réalisateur du Discours d’un roi adapte le classique de Vic-tor Hugo. Hugh Jackman en Jean Valjean, Anne Hathaway interprète Fantine, et Russell Crowe reprend le rôle de Javert. Pour être dans le feu de l’action, Hooper n’avait qu’une seule condition, que les acteurs interprètent en direct leurs chansons.Note de la rédaction : 2/5

Q� Les amateurs des salles obscures pourront apprécier, aujourd’hui, l’adaptation en film musical des Misérables. Tombé dans le domaine public l’ouvrage de Victor Hugo est l’un des plus adapté au cinéma et à la télévision. Après Lino Ventura, Jean Gabin ou encore Gérard Depardieu c’est Hugh Jackman qui s’attaque au rôle de Jean Valjean. Un jour, Cosmopolis, Sur la

route… Le cinéma en manque d’inspiration n’hésite pas à piocher dans le catalogue des maisons d’édition. Chez Albin Michel on se félicite de l’adap-tation des Yeux jaunes des cro-

codiles, inspiré du bestseller de Katherine Pancol avec Emma-nuelle Béart et Julie Depardieu.L’adaptation de l’adaptation a elle aussi des amateurs. Paru

en 1946, le livre de Boris Vian J’irai cracher sur vos tombes a été adapté au cinéma en 1959 par Michel Gast contre le gré de l’écrivain. Vian décèdera d’une crise cardiaque lors de la projection… L’ouvrage trou-

vera une troisième vie lorsque Françoise d’Eaubonne adap-tera le film en roman. « C’est le

business de l’écriture à partir

de l’écriture » déplore Marc, gérant d’une librairie spéciali-sée dans le septième art.Si le cinéma y trouve un avan-tage certain, les écrivains et édi-teurs ne sont pas en reste. Les les best sellers n’ont pas le mo-nopole de l’adaptation. Nathalie Allien du service audiovisuel d’Acte Sud se réjouit de l’im-pact du film de Sylvie Testud La vie d’une autre, adapté du roman de Frédérique Deghelt, « OH�ÀOP�D�ERRVWp�OHV�YHQWHV�GX�livre ». Sorti en poche, le roman a fait peau neuve avec doréna-vant Juliette Binoche et Mat-thieu Kassovitz en première de couverture. R�Pauline Lallement

LITTERATURE Producteurs cherchent bons romans

Le livre fait peau neuve au cinéma

Programme Mercredi : Robert sans Ro-bert à 19h/Le promeneur du Champ de Mars à 21h15

Jeudi : Lady Jane à 19h/Marius et Jeannette à 21h15

Vendredi : Ki lo sa ? à 17h/L’armée du crime à 19h/A la vie à la mort ! à 21h45

Samedi : La ville est tran-quille à 16h30/Dernier été à 19h/Rouge midi à 21h15

Dimanche : Le voyage en Arménie à 16h/Les neiges du Kilimandjaro à 19h/Marie-Jo et ses deux amours à 21h45

&DXVHWWH�GDQV�OHV�0LVpUDEOHV�DR

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MERCREDI 13 FEVRIER! EXPRESSO ! 09

SPORT

La lutte, évincée des JOQ� Le Comité international olympique a décidé d’éliminer la lutte du programme olym-pique des Jeux d’été de 2020. La fédération internationale de lutte peut encore espérer ÀJXUHU� DX� SURJUDPPH� RO\P-pique. Huit disciplines se disputent la dernière place au menu olympique des JO de 2020. Le CIO validera son pro-gramme lors de sa session à Buenos Aires en septembre.

La star du tennis fauteuil arrête la compétition.

Q� La Néerlandaise Esther Vergeer, invaincue depuis dix ans met un terme à sa carrière. Numéro 1 mondial depuis 1999, elle a rempor-té quatre médailles d’or en simple et trois en double aux jeux Paralympiques. Avec ses 470 victoires consécutives, elle ne bat pas le record histo-rique de 555 victoires consé-cutives du joueur de squash pakistanais Jahangir Khan.

EN BREF

CYCLISME Les témoins nient avoir eu des liens avec le docteur Fuentes

« Il ne m’a jamais prélevé de sang »Q� « Je ne connais pas Eufe-

miano Fuentes. Il ne m’a jamais

prélevé de sang. », a déclaré l’ancien coureur espagnol de l’équipe Liberty, Joseba Beloki, hier devant le tribunal pénal de Madrid. Depuis le 28 janvier dernier, la cour examine l’affaire Puer-to, nom de code du réseau de dopage sanguin en cause. Le docteur Eufemiano Fuentes et quatre autres personnes sont poursuivis pour délit contre la santé publique. L’affaire a com-mencé en 2004 avec les décla-rations du coureur espagnol Jesus Manzano au journal AS, où il affirmait que son ancienne équipe Kelme avait mis en place un système de dopage par trans-fusion sanguine. Après les anciens cyclistes Ivan Basso et Jörg Jaksche, quatre

ex-coureurs de l’équipe Liberty ont répondu aux questions de la juge Julia Patricia Santamaria lors de la seconde journée d’au-dition des témoins.

Démentis des témoins Les coureurs entendus ce mar-di ont tous nié s’être dopés, à l’instar de Unai Osa qui affirme même n’avoir jamais eu de contact avec Fuentes. De son côté, Joseba Beloki a démenti « catégoriquement », alors que son numéro de téléphone a été retrouvé dans les documents du docteur. Il a aussi refusé d’aider la justice en donnant accès à son ADN, contrairement à David Extebarria. Ce dernier a néan-moins démenti être le destina-taire de poches de sang retrou-vées chez le docteur Fuentes en 2006. Quant à lsidro Nozal, il

a nié s’être dopé, mais a toute-fois reconnu s’être fait prélever du sang par le docteur Fuentes, seulement dans le cadre d’un contrôle de santé.Ce procès-fleuve qui doit se ter-miner le 22 mars soulève des interrogations sur la protection dont pourraient jouir les sportifs espagnols. Dans un entretien au journal Le Monde, l’ancien coureur cycliste allemand Jörg Jaksche, entendu lundi par le tri-bunal, s’insurge contre l’omerta qui entoure cette affaire. « J’ai

été choqué par ce refus [déci-sion du juge de ne pas deman-der à Fuentes les noms de ses autres clients, ndlr] il y a trop d’intérêts en jeu pour le sport espagnol, et donc des choses à cacher », a-t-il déclaré.

R�Manon Gauthier-Faure et Tancrède Bonora

'HV�PHPEUHV�GH�O·DVVRFLDWLRQ�,PSXOVLRQ����Camille Millerand

DISTINCTION Un prix remis à l’Assemblée nationale L’éducation par le sport récompensée Q�De la boxe à Paris, du hip hop dans le Nord-Pas-de-Calais, du cirque à Bagneux, du parapente en Rhône-Alpes … Ils ne sont pas champions du monde, ni de France d’ailleurs. Pourtant, ces sportifs seront tous à l’honneur aujourd’hui : l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels) remet ses prix « Fais-nous rê-

ver » à l’Assemblée nationale.

Quatorze projets récompensés Au total, soixante-cinq asso-ciations sont venues de toute la France pour présenter leurs bonnes idées et projets pour changer la vie par le sport. Les quatorze projets les plus innovants seront récompensés

en présence de la ministre des Sports et de la Jeunesse, Valérie Fourneyron et du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone.

Une réussite de 95%Depuis 15 ans, l’opération « Fais-nous rêver » repère, valorise et soutient les initia-tives d’éducation par le sport. « Ce n’est pas un sujet simple à

accompagner car il s’agit avant

tout de l’engagement d’indi-

vidus qui veulent changer les

choses sur le terrain », a résu-mé Thierry Philip, président de l’Agence.Avec son association Impulsion 75, Amirouche Par espère être

lauréat national. « Ce serait

avant tout une récompense

collective. Les seize bénévoles

sont soudés et totalement in-

vestis. » Son projet ? Coacher pendant un mois à temps plein des jeunes empêtrés dans une spirale sociale délicate. Pour ces jeunes, la salle de sport est un lieu familier, on y boxe bien sûr, mais, grâce aux initia-tives de l’association, on y fait aussi du théâtre et on y réfléchit à son avenir « On cherche à

leur redonner envie et espoir

». Une initiative qui en 2012 affichait un taux de réussite de 95% en matière de réinsertion professionnelle.

R�Coralie Pierret

-RVHED�%HORNL��FRXUHXU�LWDOLHQ�DR

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EXPRESSO13 02 2013 # 06

Generación sacrificadaPORTRAIT Beaucoup de jeunes Espagnols restent vivre chez leurs parents

«L’E s -p a g n e est le p i r e endroit

pour travailler mais le meilleur pour vivre ». Alberto Vicente Rodriguez, 28 ans, vit encore chez ses parents à Madrid. Comme beaucoup de jeunes trentenaires espagnols, il n’a pas les moyens de s’envoler du nid familial. Avec 600 euros par mois en tant que « becario » (traduisez « stagiaire ») et une année de master qui lui coûte 3000 euros, Alberto n’a d’autres choix que de rester dans le cocon familial.« Tout le monde sait que c’est compliqué, personne n’a KRQWH� ª�� DI¿UPH�W�LO�� FRPPH�SRXU� VH� MXVWL¿HU�� '¶XQ� QDWX-rel optimiste et rieur, Alberto s’exprime pourtant avec une certaine lassitude. Après cinq ans de master d’ingénierie en géologie, une année Erasmus en Norvège, un an de chômage et un retour aux études, la fatigue se fait sentir.

Solidarité familialePendant son année de chô-mage, il a passé des entretiens d’embauche, avec pour seule réponse : « vous devriez être étudiant pour qu’on vous em-bauche en tant que stagiaire ». « Becario », c’est le mot redouté qui revient dans la bouche de tous les jeunes espagnols. Etape obligatoire mais les condamnant à la précarité. Très peu scolaire, Alberto s’est tout de même dé-

cidé à reprendre ses études via un master online. C’est ainsi qu’il a pu trouver son stage.La solidarité est traditionnel-lement très prégnante dans les familles espagnoles. Elle l’est encore plus en temps de crise. « Les parents et les grands-pa-rents font beaucoup pour les enfants en précarité », souligne Alberto. Sa grande sœur, au chô-

mage depuis quelques années, revient régulièrement à la mai-son récupérer de la nourriture. Si vivre chez ses parents à 28 ans semblerait être une anomalie en France (rappelez-vous du phé-nomène « Tanguy »), c’est en fait relativement bien vécu dans l’Espagne en crise. Petit hic : les relations amoureuses. La copine d’Alberto, 25 ans, vit aussi chez

ses parents. Ils se retrouvent par-fois en cachette dans l’apparte-ment vide d’un proche. Sinon, tradition oblige, c’est chambre séparée chez papa-maman. Colère contre les politiques Alberto a toutes les raisons d’être en colère contre les hommes politiques : il a choisi la géologie pour les opportuni-tés qui s’offraient à lui en Es-pagne dans le bâtiment. Mais la bulle immobilière a explosé et les perspectives se sont effacées pour lui et ses camarades de promo. Malgré sa colère, il n’a jamais, ou presque, manifesté contre les coupes budgétaires ou aux côtés des « Indignados ». Il ne croit pas en ces mouve-ments « souvent liés à des partis ou à des groupes de la société ». +RUV�GH�TXHVWLRQ�GH�ÀLUWHU�DYHF�les partis politiques qui sont, pour beaucoup d’Espagnols, la honte du pays. « Ceux qui devraient être au chômage, ce sont les politiques! », s’indigne Alberto.Quand il se projette dans l’ave-nir, il s’imagine à l’étranger plutôt qu’en Espagne. Un choix par dépit qu’il souhaite tempo-raire tant il aime son pays. Il aurait pu partir en Amérique du Sud, au Chili, comme l’a fait son frère quelques années plus tôt, mais le marché du travail y semble saturé, avec l’arrivée massive de jeunes Espagnols. Il pense plutôt aux Etats-Unis. Peut-être son nouvel Eldorado pour fuir la crise.�����������������R�Clémentine Marchais

EXPRESSO CLIN D’OEIL

10 - EXPRESSO - MERCREDI 13 FEVRIER

Brésil : de l’électricité à partir d’urine Q� Au carnaval de Rio cette année, l’urine des fêtards sera utili-sée pour alimenter des« trio-életricos », ces ca-mions musicaux destinés à faire danser la foule. Des toi-lettes spéciales installées au passage du cortège seront équipées de turbines produi-sant de l’énergie lorsqu’une personne s’y soulagera. La mesure est destinée à éra-diquer les « mijoes » (pis-seurs).Les actes d’incivilité sont chaque année une plaie pour les autorités de Rio.

La France a son sosie de PsyQ� Il s’appelle Denis Carré, ressemble au chanteur sud-coréen de « Gangnam Style » comme deux gouttes d’eau et a décidé d’en profiter. Son agenda est complet pour les prochains mois. Né à Séoul, ce Français a chanté à Cler-mont-Ferrand et Limoges. « Une foule s’est attroupée. Les gens nous photographiaient. La situation nous échappait complètement », raconte le sosie, qui dit devoir parfois montrer sa pièce d’iden-tité pour prouver qu’il n’est pas la star de pop coréenne.

Dansez-vous le Harlem Shake?Q� Un nouveau phénomène a envahi les plateformes de partage de vidéos : le « Harlem Shake ». A l’origine, la chanson du même nom crée par le DJ new-yorkais Baauer. D’abord, une personne masquée entame une danse débridée. Seule, elle se déhanche dans un lieu commun : bureau, salon, métro, etc. Dans un éclair sou-dain, tous les autres person-nages présents se retrouvent costumés, et se joignent à l’étrange danse. Pour vision-ner un extrait : bit.ly/14FKCKH

Alberto, ingénieur en géologie, 600 euros par mois /Clémentine Marchais.

Denis Carré, le « Psy » français