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L’ESSENTIEL La stratégie de PSA pour éviter la faillite Le PDG dévoile son plan de contre-attaque FRANCE P.3 Ethylotest et radar: le flou persiste Q Les recommanda- tions faites au gou- vernement en matière de sécurité routière laissent flotter le doute INTERNATIONAL P.4 Obama parle aux classes moyennes Q Dans son discours de l’état de l’Union, le Président vient au secours de la classe moyenne qui peine à se relever de la crise éco- nomique. CULTURE P.6 Fashion Week Q New York donne le ton aux nouvelles ten- dances SPORTS P.7 Le Brésil en retard La Coupe du Monde est l’objet de toutes les attentions de la Fifa PORTRAIT P.8 Dramaturge du vélo Q Journaliste-écrivain, Philippe Brunel raconte Marco Pantani, le cou- reur tragique. EXPRESSO Q (Q FRQ¿UPDQW KLHU FLQT PLOOLDUGV G¶HXURV GH SHUWH HQ OH SUpVLGHQW GX GLUHFWRLUH GH 36$ 3KLOLSSH 9D- ULQ D GpYRLOp OD QRXYHOOH VWUDWpJLH GX JURXSH LQWHUQDWLRQDOLVDWLRQ DOOLDQFH DYHF *HQHUDO 0RWRUV HW GLYHUVL¿FDWLRQ GH VD SURGXFWLRQ /H JURXSH HVSqUH OH UHWRXU j O¶pTXLOLEUH HQ /HV PDU - FKpV ¿QDQFLHUV RQW ELHQ DFFXHLOOL FH SODQ PAGE 7 Une chaîne de montage Peugeot en Chine Photo : F. de La Mure / MAEE QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2014 # 07 14 02 2013

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le quotidien des M1 de l'IFP

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L’ESSENTIEL

La stratégie de PSA pour éviter la faillite

Le PDG dévoile son plan de contre-attaqueFRANCE P.3Ethylotest et radar: le flou persisteQ� Les recommanda-tions faites au gou-vernement en matière de sécurité routière laissent flotter le doute

INTERNATIONAL P.4Obama parle aux classes moyennes

Q� Dans son discours de l’état de l’Union, le Président vient au secours de la classe moyenne qui peine à se relever de la crise éco-nomique.

CULTURE P.6Fashion Week

Q New York donne le ton aux nouvelles ten-dances

SPORTS P.7Le Brésil en retardLa Coupe du Monde est l’objet de toutes les attentions de la Fifa

PORTRAIT P.8Dramaturge du vélo

Q� Journaliste-écrivain, Philippe Brunel raconte Marco Pantani, le cou-reur tragique.

EXPRESSO

Q�(Q� FRQ¿UPDQW� KLHU� FLQT� PLOOLDUGV�G¶HXURV�GH�SHUWH�HQ�������OH�SUpVLGHQW�GX� GLUHFWRLUH� GH� 36$�� 3KLOLSSH� 9D-ULQ��D�GpYRLOp�OD�QRXYHOOH�VWUDWpJLH�GX�JURXSH�� LQWHUQDWLRQDOLVDWLRQ�� DOOLDQFH�

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Une chaîne de montage Peugeot en Chine Photo : F. de La Mure / MAEE

QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2014# 07

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Tous les indices convergent. 2013 sera une année ter-rible. Le gouver-nement s’apprête à

réviser sa prévision de crois-sance, et laisse entendre qu’il ne pourra pas ramener les déficits publics à 3%. Le retour de la croissance espéré par François Hollande s’éloigne alors que les plans sociaux se multiplient. Monopolisée par le débat sur le mariage pour tous, la droite est de retour sur les questions éco-nomiques et sociales. Le séna-teur de la Vienne, Jean-Pierre Raffarin, parle d’une «situa-

tion économique extrêmement

grave» et dénonce «le manque

de lucidité du gouvernement».

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, renchérit: «les mesures

prises depuis neuf mois ont

aggravé la situation». Les deux hommes accusent la gauche d’avoir étouffé la croissance en privilégiant les hausses d’impôt plutôt que la baisse des dé-penses publiques.Un argumentaire que défend aussi François Fillon. Devant les cadres de l’UMP, l’ancien premier ministre a asséné: «le

pays s’enfonce dans les marais

de la récession sans qu’aucune

initiative, aucune décision du

gouvernement n’intervienne

pour organiser son sauvetage».

Le message est clair : en pleine

convalescence, l’UMP prépare déjà la campagne des élections municipales de mars 2014.

Le mauvais souvenir de 1983La conjoncture actuelle n’est pas sans rappeler celle des élections municipales de 1983. Deux ans après l’arrivée au pou-voir de François Mitterrand, en plein tournant de la rigueur, la gauche gouvernementale avait perdu 31 villes de plus de 30 000 habitants.

L’hypothèse d’une répétition de ce scénario catastrophe est balayée d’un revers de la main par les ténors socialistes. «Je

ne me fais pas de souci pour

les municipales. Je crois à la

déconnection du climat natio-

nal et local», assure François Rebsamen, le sénateur-maire de Dijon. La gauche espère être suffi-samment implantée dans les grandes villes (Lille, Lyon et Paris notamment) pour éviter

un revers. Elle constate aussi que Jean-François Copé a dû annoncer qu’il allait recourir aux petites annonces pour trou-ver des candidats sur certains territoires. «C’est le signe qu’ils

sont réellement en désarroi»,

ironise un socialiste.

Une situation délicateLe président de l’UMP fait le raisonnement inverse. «Pour

gagner 2017, il faut gagner

2014», a t-il récemment affir-mé, persuadé que la droite peut espérer reconquérir des terri-toires en profitant de la crise. L’annonce mardi de la diminu-tion de 3 milliards d’euros de concours financiers de l’Etat aux collectivités locales à l’ho-rizon 2015 complique de fait la gestion des maires sortants. Ces derniers devront assumer des coupes budgétaires ou des hausses d’impôts locaux.Une situation d’autant plus déli-cate que le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon ne cesse de hausser le ton. Le candidat aux élections présidentielles de 2012 a récemment accusé le gouvernement de «mener une

politique social libérale assu-

mée». Au point que les socia-listes ont dû rappeler à l’ordre les communistes, associés à leur gestion dans de nombreuses municipalités.

R�Bastien Delaubert

FRANCEPOLITIQUE L’UMP veut faire des municipales de 2014 un test national

L’aggravation de la crise met Hollande sous pression

Vers un duel de femmes dans la capitaleQ�Une femme pour succéder à Delanoë ? Les élections muni-cipales parisiennes se profilent comme un combat féminin. Côté PS, la gauche parisienne pense avoir trouvé sa cham-pionne, Anne Hidalgo, la pre-mière adjointe de Bertrand Delanoë depuis 2001. La droite s’en cherche encore une.A l’UMP, un duel de femmes se dessine sur fond de divisions entre copéistes et fillionistes. Rachida Dati, soutien de Jean-François Copé a confirmé same-di sa candidature aux primaires de l’UMP pour les municipales de 2014 à Paris. Mais Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), est aussi pressentie. Elle aurait été approchée par le camp Fillon

pour se présenter dans la capi-tale.Pourtant l’ancienne porte-pa-role de Nicolas Sarkozy, dit ne pas avoir achevé sa réflexion. «Quand on est maire, c’est

une relation qui est presque

charnelle avec ses administrés

[NKM est actuellement maire de Longjumeau – ndlr] ça veut

dire quitter une ville», a-t-elle déclaré mardi. En privé, un ténor de l’UMP parie sur la no-mination de Nathalie Koscius-ko-Morizet, bien placée dans les sondages: «il faut proposer quelque chose à Rachida Dati, pourquoi pas la tête de liste aux élections européennes».Valérie Pécresse ne crie pas pour autant victoire. Elle dé-plore l’absence de projet cohé-rent à droite pour les munici-pales de 2014. «Paris, ce n’est

pas gagné pour la droite», a affirmé la secrétaire géné-rale déléguée de l’UMP, avant d’ajouter: «Aujourd’hui, on est

très loin de l’équipe sortante

représentée par Anne Hidalgo».

R�Coralie Pierret

L’année 2013 sera un test pour le gouvernement Ayrault. / AFP

02 - EXPRESSO - MERCREDI 13 FEVRIER

Des primaires pour les maires UMPLe président de la fédération UMP de Paris Philippe Gou-jon a annoncé ce week-end que les primaires devraient se dérouler entre la mi-avril et la mi-mai sous la forme d’un vote électronique avec une demande de 2 euros à chaque électeur.Les primaires seront ou-vertes à tous les sympathi-sants parisiens pour élire le candidat UMP à la mairie.

Des collègues devenues rivales/ REUTER

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Q�Les conducteurs sans permis ne seraient pas aussi dangereux sur les routes que ce que l’on pourrait croire. C’est ce qui res-sort des estimations de l’Obser-vatoire nationale interministé-riel de sécurité routière (Onisr) dont les derniers chiffres datent de 2010. Ils seraient environ 450 000 en 2010 à rouler sans leur «papier rose», contre 410 000 en 2009. Seulement 2,2% de ces conducteurs sont impli-qués dans un accident corporel et 3,8% dans un accident mor-tel. Mais les «sans-permis» sont «multi-infractionnistes» selon l’Onisr.

Des sans-permis discretsLa présence d’alcool ou de stu-péfiants est plus souvent détec-tée que chez les automobilistes ayant reçu leur précieux sésame.

L’information va contre les idées reçues. Slimane dirige une auto-école à Villiers-le-Bel : «je

ne pense pas qu’ils soient plus

dangereux que ceux qui ont leur

permis car ils font plus atten-

tion sur la route», déclare t-il. Même son de cloche pour Jean-Pierre qui gère une auto-école à Valence (Drôme) : «les

conducteurs sans permis n’ont

pas intérêt à se faire remarquer,

ils roulent sans assurance et

risquent gros».

Le coût n’explique pas toutLes jeunes conducteurs ayant passé l’examen de conduite plus facilement et rapidement que les autres seraient même les plus susceptibles d’avoir un accident pour Slimane : «ils

sont moins prudents quand ils

ont leur permis ; c’est presque

un jeu. Mais c’est eux qu’on re-

trouve un ou deux ans plus tard

dans les accidents».

Parmi les conducteurs sans per-mis, 70% ne l’ont jamais passé tandis que les autres doivent le retenter à la suite d’infractions. Jean-Pierre concède que cer-tains clients «défavorisés» ne peuvent pas faire des heures supplémentaires : «la plupart

échoue ensuite à l’examen.

Mais ce n’est pas le prix qui est

un frein à l’obtention du permis

: c’est le code. Beaucoup de

personnes manquent de moti-

vation». Slimane évoque même des clients qui souhaitent ache-ter leur permis : «pas plus tard

que ce matin, un patron d’un

garage m’a proposé plus de

3000 euros».

R�Johan Maurice

Les automobilistes sans permis ne sont pas plus dangereux que les autres

La fille du retraité assassiné retrouvée Q� Elle est vivante mais très affaiblie. L’hôtesse de l’air recherchée depuis le meurtre de son père a été retrouvée dans une forêt aveyronnaise, non loin des lieux du crime. Considérée comme un témoin capital, elle a été hospitalisée sans avoir pu être entendue. L’homme a été tué le 2 février dernier à Espallon.

Sarkozy lorgne sur 2017Q�Selon Alain Juppé, Nicolas Sarkozy aurait «envie» de se présenter à la présidentielle de 2017. L’ancien président «suit l’actualit� politique avec beaucoup d’attention». «Je vois qu’il est très vigilant», a affirmé l’ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé par LCP. Carla Bruni-Sarkozy ne voyait pas son époux se lancer à nouveau dans la ba-taille présidentielle.

Il s’immole par le feu devant Pôle Emploi

Q�Un chômeur en fin de droits est mort mercredi devant une agence Pôle Emploi à Nantes. Il s’est immolé par le feu. Les policiers ignorent encore exactement ce qui a poussé la victime à cet acte extrême. L’homme aurait prévenu les médias locaux de ses inten-tions. Il voulait protester contre le rejet de son dossier. L’agence a été fermée au pu-blic.

Le budget européen sera débattu au ParlementQ�Le gouvernement a promis un débat sur le budget de l’Union Européenne. «Cela pa-raît normal et c’est un engage-ment fort de cette majorité», a affirmé mercredi le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, Alain Vida-lies. Il répondait à une ques-tion de Christian Jacob (UMP). Les critiques fusent contre le compromis trouvé à Bruxelles lundi dernier.

SECURITE ROUTIERE Moins de pression sur le conducteur

Radars, éthylotests, Manuel Valls temporiseQ� Tout comme ses prédéces-seurs place Beauveau, Manuel Valls a déclaré faire de la lutte contre la violence routière un de ses chevaux de bataille. Alors que 3645 personnes sont mortes sur les routes en 2012 le ministre de l'Intérieur s'est fixé comme objectif une baisse de 50% du nombre de tués à l'ho-rizon 2020. Mais la politique de la nouvelle majorité appa-raît peu lisible. A preuve, les avis rendus hier par le Conseil National pour la Sécurité Rou-tière (CNSR), une structure de réflexion qui vient d'être activer.

Obligatoire mais pas tropConcernant l'alcoolémie au volant, le ministre de l'Inté-rieur, avait suspendu en janvier l'application de la loi sur la pré-sence obligatoire d'éthylotests dans les véhicules. Le CNSR préconise de rendre obligatoire la présence d'éthylotest sans pour autant pénaliser leur ab-sence. Armand Jung, président du Conseil, explique ainsi cette décision. «Il y a trop de dispa-

rités dans les produits proposés

pour que l’on rende leur acqui-

sition obligatoire», mais cela ressemble à une cote mal taillée. S'agissant de la vitesse exces-sive, le Conseil préconise de revenir sur des décisions qui

semblaient pourtant avoir été arbitrées : les panneaux de si-gnalisation des radars automa-tiques, supprimés en mai 2011, vont faire leur retour.

Flou totalIls remplaceront les radars pé-dagogiques jugés trop dispen-dieux. «Il ne faut pas donner

l'impression aux automobilistes

d'avoir été piégés», a expliqué Armand Jung sur RTL.Chantal Perrichon, présidente

de la Ligue contre la violence routière s'est dite «très déçue»

après l'annonce du Conseil. ©&HVW� OH� ÁRX� WRWDO�� LO� IDXW� FHV-ser de faire des lois qui ne sont

pas respectées et travailler en

amont», a-t-elle déclaré. Le président du CNSR juge quant à lui «impossible à réaliser»

l'objectif de réduire de moitié le nombre de tués sur les routes d'ici sept ans.

R�Maxime Bayce

EN BREFFRANCE

MERCREDI 13 FEVRIER- EXPRESSO - 03

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A la tête d’un pays en reconstruction, le président a tenu un discours de l’état de l’Union teinté

d’optimisme. Après le « Yes we can » de 2008, Barack Obama promet aujourd’hui que le pays est « de retour sur la bonne voie ». Les cheveux légèrement grisonnants après un difficile premier mandat, Obama n’a rien perdu de son talent d’ora-teur. Mardi soir (heure locale), il s’est adressé au Congrès des États-Unis avec cette citation de John F. Kennedy : « ma tâche est de vous livrer l’état de l’Union, l’améliorer est la tâche de tous ». Le président de la première puissance mon-diale a dressé une ambitieuse liste de promesses : hausse du salaire minimum, accessibilité à l’éduction préscolaire et univer-sitaire, de vastes chantiers de re-construction... Si les thèmes de l’économie et de l’emploi de-meurent au cœur de ses propos, le moment fort de l’allocution a été sa promesse de renforcer le contrôle des armes à feu.

Redistribuer les richessesRythmé par des silences et de brefs traits d’humour, le dis-cours du président a insisté sur la redistribution. Les hausses d’impôt pour les plus riches, mesure qui a dominé les débats de fin d’année, ont été maintes fois justifiées. C’est au nom de l’égalité des chances et de la pérennité du rêve américain

qu’Obama s’est engagé à aider la classe moyenne, qui peine toujours à se remettre de la crise. Dans un pays où l’ascenseur so-cial semble en panne, une telle redistribution des richesses de-vient « la tâche de notre géné-ration, et la base de ce pays ». Confirmant le rapatriement des troupes d’Afghanistan, celui qui est également le comman-der-in-chief des armées semble désormais se concentrer sur les affaires intérieures.

Main tendue à l’oppositionCes ambitieuses réformes risquent cependant de buter sur l’opposition républicaine.

Majoritaire à la chambre des représentants, les conservateurs détiennent le pouvoir de blo-quer l’action gouvernementale. Les mains liées, le président doit ainsi convaincre les répu-blicains que ses réformes sont souhaitables, voire essentielles. S’adressant parfois directement à eux, Obama a longuement in-sisté sur la nécessité de travailler sans esprit partisan. « Apportez-moi une réforme exhaustive, et je la signerai immédiatement », leur a-t-il promis au sujet de la révision du système d’immigra-tion.Si les dernières années ont été éprouvantes pour le président

et la société américaine, 2013 débute avec la promesse d’un renouveau pour les États-Unis. Usant de références bien sen-ties au rêve américain ou à la conquête spatiale, Barack Obama ravive la nostalgie d’une époque meilleure. À défaut de mieux, il offre l’es-poir que le pays reviendra à la normale

R�Boris Proulx

INTERNATIONALETATS-UNIS Analyse du discours sur l’état de l’Union de Barack Obama

Obama s’engage auprès de la classe moyenne

Chuck Hagel décrié par les néo-conservateursQ� Chuck Hagel, ex-sénateur républicain décrié par les néo-conservateurs dont la commis-sion de la Défense du Sénat américain a approuvé mardi la nomination à la tête du Pentagone, est un homme po-litique hors normes.

Approche bipartisaneEn proposant pour succéder à Leon Panetta l’actuel numéro 1 du Conseil sur le rensei-gnement, le président Barack Obama s’est inscrit dans une

approche bipartisane. Chuck Hagel ne fait pourtant pas consensus. Ses détracteurs lui reprochent sa naïveté sur le pro-blème iranien et son hostilité à Israël.

Opposé à la guerre en IrakDurant son audition en janvier par la commission de la Dé-fense, Hagel a protesté de son « soutien total » à l’Etat hébreu. Il s’est aussi expliqué sur une déclaration ancienne dénonçant « l’influence du « lobby juif » à

Washington. D’autres éléments de sa biographie attisent la controverse. En 2003, Chuck Hagel s’est opposé à l’inva-sion de l’Irak décidée par Georges W. Bush. Quatre ans plus tard, il a désapprouvé l’envoi de renforts sur place. Car, loue Obama, ce vétéran multi-décoré du Vietnam « sait que la guerre n'est pas une abstraction ». Selon le démo-crate Harry Reid, le vote pour-rait intervenir cette semaine.

R�Timour Aggiouri

Barack Obama le mardi 12 février 2013 à Washington ©Doug Mills

04- EXPRESSO - JEUDI 14 FÉVRIER

Chuck Hagel ©Flickr

La commission de la Défense du Sénat approuve sa nomination au Pentagone

Les promesses de Barack Obama pour les Etats-Unis en 2013Q�Hausse du salaire mini-mum, passant de 7,25 à 9$ de l’heure.

Q�Faciliter l’accès à l’école préscolaire et aux études universitaires (college) pour les personnes à faible revenus

Q�Diminuer de moitié les pertes énergétiques sur vingt ans

Q�Traité de libre-échange transatlantique (voir p.6 de cette édition)

Q�0HWWUH�ÀQ�j�OD�PLVVLRQ�afghane dans l’année

Q�Renforcer le contrôle des armes à feu pour les particuliers

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Q� Prendre le train de la ma-chine Internet mais avec des contrôleurs vigilants: tel est le mot d’ordre du parti com-muniste vietnamien (PCV). Le régime a en effet décidé de sensibiliser les citoyens viet-namiens au développement du réseau, une manière selon lui d’intégrer les télécommunica-tions à la stratégie de dévelop-pement du pays.

Une population connectéeEn 2013, 31 millions de per-sonnes utilisent internet au Viet-nam, (deux tiers de la popula-tion), ils étaient deux millions il y a quinze ans. Un développe-ment rigoureusement surveillé par le parti communiste vietna-mien : dans un rapport publié le 13 février, le Comité Vietnam pour la défense des droits de l’Homme et la fédération inter-nationale des ligues des droits

de l’Homme (FIDH) s’alertent de la situation des libertés indi-viduelles au Vietnam. Pour contrer les voix dissi-dentes, le gouvernement a en effet décidé de s’inspirer des méthodes chinoises de répres-sion. L’état a ainsi lancé Go Online, la version vietnamienne de Facebook, qui oblige l’utili-sateur a s’enregistrer sous son vrai nom lors de l’ouverture d’un compte. En décembre 2012, le premier

ministre vietnamien avait ainsi annoncé le déclenchement de la lutte contre « les forces hos-tiles » menant une propagande qui « menace notre sécurité nationale et s’oppose au Parti communiste et à l’état ». Trois blogueurs ont déjà condamnés à des peines de prison allant de quatre à dix ans, de lourdes peines censées « protéger les jeunes des sites malsains » se-lon l’état vietnamien.� ��� ��������R�Vanessa Vertus

INTERNET La croissance du réseau s’accélère

Le Vietnam contrôle davantage la Toile

Mort de l’ex policier californien recherché par la policeQ� Des restes du corps cal-ciné de Christopher Dorner, l’ex-policier traqué depuis six jours en Californie pour une série de meurtres, a été retrouvé hier dans un chalet à deux heures de Los Angeles. Soupçonné d’avoir tué trois personnes pour se venger de son renvoi du LAPD en 2008, l’homme s’y était retranché pour échapper aux autorités.

L'assassin de Ben Laden se raconteQ�Dans un long entretien au magazine Esquire réalisé sous couvert de l’anonymat, le Navy Seal qui a tué Ben Laden à Abbottabad en mai 2011 raconte non seulement l’assaut, mais surtout les dif-ÀFXOWpV� SHUVRQQHOOHV� TX·LO�rencontre actuellement. Main-tenant consultant, ce père de famille de 35 ans se retrouve sans retraite ni assurance-maladie parce qu’il n’a pas fourni les 20 ans de métier QpFHVVDLUHV� SRXU� EpQpÀFLHU�d’une protection sociale à vie.

News of the World : Nouveau rebondissementQ�Six journalistes ont été ar-rêtés hier à Londres et dans le Cheshire dans le cadre de l’affaire des écoutes télé-phoniques du défunt tabloïd News of the World, propriété du groupe de Rupert Mur-doch. Ces nouvelles inter-pellations interviennent dans une enquête sur une « nou-velle conspiration présumée » visant à pirater des message-ries téléphoniques entre 2005 et 2006.

Bien mal-acquis : perquisitions à Nice dans des résidences Bongo

Q�Une perquisition a été me-née à Nice, mercredi matin dans deux villas appartenant à l’ancien président de la République gabonaise Omar Bongo dans le cadre de l’en-quête sur les biens mal-ac-quis. Deux villas ont été fouil-lées par plusieurs policiers spécialistes de la délinquance ÀQDQFLqUH�

MALI Vers une intervention des casques bleus de l’ONU

Bamako se donne le temps de la réflexion

Gérard Araud, am-bassadeur français à l’ONU, souhaite d’ores et déjà un « déploiement rapide

» des observateurs prévu par la résolution 2085 sur le Mali.L’ONU et les autorités ma-liennes sont en pleine discus-sion sur le déploiement de 6000 casques bleus censés prendre la relève des forces armées fran-çaises de la mission MISMA. En coulisses, pendant que le Cana-da critique cette future interven-tion, des associations de défense de droits de l’homme souhaitent vivement sa mise en place.

Mission presque résussieA ce jour, l’intervention fran-çaise a bloqué la progression des islamistes vers Bamako et permis la reconquête du Nord. Les principales villes ont été reprises sans difficulté majeure. La situation stabilisée, une re-lève de l’ONU est envisagée par la communauté internationale.Mais le gouvernement malien se veut patient et attend des pré-cisions sur la nature de l’inter-vention. « Il faut s’assurer que ce ne sera pas une force d’inter-position, mais que ce sera une force internationale sous le dra-

peau onusien, pour permettre au Mali de recouvrer l’intégrité du territoire national. Donc la discussion autour du mandat est une étape importante », a précisé Tiébilé Dramé, ancien ministre malien des affaires étrangères.L’intervention onusienne n’au-ra de sens que si elle se met en place avant le 31 juillet, date à laquelle le Mali est censé pro-céder aux élections pour rétablir un pouvoir civil après le coup d’Etat militaire de mars 2012.Le Canada, tête de file des

pays s’opposant l’intervention onusienne, craint un scénario à l’irakienne. « C’est vraiment une insurrection qui est en train de se produire sur le terrain, comme ce que nous avons vu en Irak ou en Afghanistan », a averti John Baird, le chef de la diplomatie canadienne.La semaine dernière, des ONG ont accusé les troupes gouver-nementales maliennes de s’en prendre aux civils d’origine arabe ou touareg, soupçonnés d’être complices des islamistes.

R�Kirk Bayama

EN BREFINTERNATIONAL

JEUDI 14 FÉVRIER EXPRESSO - 05

Des internautes vietnamiens au Cybercafé ©Viet Tan

Des casques bleus le 17 janvier 2013 © Afolabi Sotunde

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Feu vert pour un nou-vel accord de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne (UE).

Mardi, à l'occasion de son discours annuel sur l'état de l'Union, le président américain a annoncé le début de négocia-tions entre les deux pays en vue d’approfondir la zone de libre-échange. Objectif : dynamiser la croissance pour ces deux géants économiques qui regroupe 800 millions de consommateurs et représente la moitié du PIB mondial. « En se prononçant

pour cet accord dans son dis-

cours sur l'état de l'Union,

Barack Obama a fait un grand

pas vers l'approfondissement

des relations transatlantiques

», s’est félicitée Rachida Dati, député européenne.

Tout est à écrireLes deux puissances évoquaient la possibilité d'un nouvel accord depuis plusieurs années. La vé-ritable inconnue concerne son contenu qui sera débattu dans les prochains mois. Dans son discours, le président Américain n'a donné aucun détail sur cet espace économique. « Les tarifs

douaniers sont déjà très bas, si

l'accord porte sur ce sujet, ça

ne va pas changer grand chose.

», confirme Julien Gourdon, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII). Ce der-nier a participé à l'élaboration d'un rapport pour le ministère de l'économie dans lequel il établit différents scénarios possibles pour que le libre-échange soit bénéfique aux deux puissances : « Pour être vraiment utiles, les

négociations doivent porter sur

une meilleure harmonisation

dans le secteur des services et

sur une standardisation des pro-

duits ». C'est ce que les écono-

mistes appellent « les barrières

techniques ». Les prises de courant - par exemple - ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis et en Europe ; cela bloque les échanges sur ce type de produits et complexifie la fabrication de tous les appareils électriques. Standardiser les produits facili-terait les échanges, mais « tout

cela nécessite un long travail,

il faut accepter de s'adapter »

poursuit Julien Gourdon.

L'agriculture sera un point de discordeAutre exemple, depuis plus de

quinze ans, Washington refuse l'importation de bœuf européen. De son côté, Bruxelles bloque les volailles et les bœufs trai-tés chimiquement ou encore le maïs et le soja OGM venus d’outre-atlantique. « Les cris-

pations sont nombreuses en

ce qui concerne l'agriculture

» confirme le chef du bureau de la politique de commerce à l'OMC, Aymeric Pontvianne. «

Il va pourtant falloir étudier ces

questions. On ne peut pas pas-

ser réaliser l'accord en évitant

les sujets qui fâchent. »

R�Amandine Debaere

COMMERCE Un nouvel accord de libre échange avec l’Europe en vue

Les Etats-Unis et l’UE cherchent des leviers de croissance

L’OCDE dénonce l’optimisation fiscale des multinationales

L’Organisation de coopération et de développement éco-nomiques (OCDE) vient de rendre pu-

blic son rapport sur l’optimi-sation fiscale des entreprises internationales, qui sera remis aux ministres des Finances du G20 vendredi à Moscou. Très attendu par les Etats membres de cette organisation internationale d’études éco-nomiques, notamment par la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, le rapport de l’OCDE accable les pratiques fiscales des multinationales. Baptisé « Lutter contre l’éro-

sion de la base d’imposition

HW� OH� WUDQVIHUW� GHV�EpQp¿FHV�ª��

ce rapport de 90 pages stigma-tise sans les nommer les sché-mas d’optimisation fiscale des géants de l’Internet que sont Google, Amazon, Apple ou encore Microsoft, ou bien des entreprises comme Starbucks dont les pratiques fiscales font actuellement scandale en Grande-Bretagne.

« Pratiques fiscales agressives »« Les multinationales sont

accusées d'éviter l'impôt par-

tout dans le monde, y compris

dans les pays en développe-

ment », écrit l'OCDE. Elles y développent des « pratiques

¿VFDOHV�DJUHVVLYHV�», qui, bien que légales, montrent que les règles en vigueur aujourd'hui

sont « dépassées ». Le rapport dénonce les accords fiscaux bi-latéraux permettant aux entre-prises de monter des sociétés off shore. En 2011, Google, caricature de l'optimisation fiscale, a logé 11 milliards de profits dans sa filiale aux Ber-mudes, évitant ainsi 2 milliards de taxes aux États-Unis, abais-sant son taux effectif d'imposi-tion de moitié.

Deux ans pour changer les règlesSur ses profits mondiaux, réali-sés hors des États-Unis, notam-ment en Europe, Google ne paye donc que 3,2 % d'impôts, alors que le taux d'imposition sur les sociétés en Europe varie de 26 % à 34 %.

Les responsables de l’OCDE entendent travailler sur deux chantiers révolutionnant la fis-calité internationale. Le pre-mier objectif est de remplacer l’approche bilatérale de la fis-calité qui prévaut aujourd’hui par des conventions fiscales multilatérales placées sous l’égide de l’OCDE.Autre changement radical d’approche : il n’est plus ques-tion de faire la chasse aux para-dis fiscaux mais d’empêcher à la source tout montage fiscal en imposant une transparence plus grande des transactions. L’organisation se donne deux ans pour mener à bien ces deux révolutions.

R�Fabien Fougère

«Barack Obama a fait un grand pas vers l’approfondissement des relations transatlantiques» (AFP)

07 - EXPRESSO - JEUDI 14 FEVRIER

ECO/CONSO

IMPÔT L’organisation veut révolutionner les bases de la fiscalité internationale

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Q Les boutiques en ligne sont les grandes gagnantes de ces soldes d’hiver. Selon la Fédéra-tion e-commerce et vente à dis-tance (Fevad), l’e-commerce a vu ses ventes augmenter de 7% par rapport à l’année dernière alors que les magasins «clas-siques» ont enregistré un chiffre d’affaires en baisse.Un succès qui tranche avec la faible fréquentation des bou-tiques traditionnelles durant les soldes. « Internet propose des

produits en plus grand nombre,

avec plus de choix. Néanmoins,

certains clients préfèreront tou-

jours essayer le produit avant

de l’acheter », commente un commerçant avec lucidité. Se-lon une étude de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Ile-de-France, les trois quarts des commerçants franciliens estiment avoir fait seulement 20 % de chiffre d’affaires de plus

qu’un mois normal.La CCI note également que deux tiers des commerçants voient Internet comme « une sérieuse concur-

rence à leur activité pendant les

soldes ». Pour faire face, plus de la moitié des magasins son-dés misent sur les promotions spéciales, les ventes privées ainsi que sur la qualité de leurs produits estampillés « made in France » R�Anissa Hammadi

SOLDES Seul l’e-commerce se distingue

Bilan en demi-teinte pour les commercants

AUTOMOBILE Plus lourde perte de son histoire pour le constructeur

PSA compte sur General Motors et les pays émergents pour relever la tête

L’information circu-lait depuis quelques jours déjà, elle a été confirmée hier sans surprise. L’entre-

prise automobile française a essuyé la plus lourde perte de son histoire avec un déficit de 5,01 milliards d’euros, contre un bénéfice de 588 millions d’euros l’année précédente : «

FHV� UpVXOWDWV� UHÀqWHQW� OD� Gpté-

rioration de l’environnement

dans le secteur automobile en

Europe » s’est justifié Philippe Varin, président du directoire de PSA. A une perte d’exploi-tation, le constructeur français ajoute une dépréciation d’actifs de 4,7 milliards d’euros. Le groupe maintient néanmoins sa prévision d’un retour à l’équi-libre en 2014 « Nous avons

posé les bases de notre rebond

» s’est justifié le PDG de PSA lors de la conférence de presse mercredi matin.Le groupe veut s’internationa-liser et vendre davantage sur les marchés émergents comme la Russie et l’Amérique Latine pour s’éloigner d’un marché européen dépressif. Il compte

sur l’accord signé avec Gene-ral Motors en février 2012 pour mutualiser les budgets de recherche et développement et créer des modèles en com-mun afin de réduire les coûts. «

Il faut gagner plus sur chaque

euro investi » a-t-il insisté.

«Produire low-cost en France, c’est non»PSA veut également changer l’image de ses marques. Ain-

si, Peugeot doit «monter en

gamme» et Citroën va se séparer en deux lignes. D’un côté, la DS devient une gamme premium et la C une gamme de voitures avec un « coût d’usage attrac-

tif ». Le PDG élude cependant le terme de low-cost au profit d’une ligne « plus simple d’ac-

cès » précisant que « produire

low-cost en France, c’est non ».

Mais PSA a-t-il les moyens de ses ambitions ? Jean-Baptiste

de Chatillon, directeur finan-cier, indique sans détours que PSA a « 10 milliards de sécurité

¿QDQFLqUH�HW�TXH�FHOD�SHUPHWWUD�de résister » si le marché auto-mobile ne se dégrade plus que de raison.

11 000 postes supprimés avant 2014Autre levier, la restructura-tion. 11.000 postes devraient être supprimés entre 2011 et 2014 en France (sur un total de 91.000) notamment avec la fermeture d’Aulnay-sous-Bois l’année prochaine. Ces choix ont été confirmés par Philippe Varin indiquant une « décision

GLI¿FLOH� PDLV� LQGLVSHQVDEOH�pour le groupe ». Concernant une aide publique pour PSA «ce n’est pas le sujet aujourd’hui» a-t-il indiqué.En un an, le cours de l’action Peugeot a été divisé par plus de deux. Mercredi a 16h, le titre PSA gagnait 6,62%, à 6,354 euros, preuve que les marchés boursiers ont bien accueilli le plan de rebond annoncé par PSA Peugeot-Citroën.

R�Arnaud Tousch

Philippe Varin face à la presse, mercredi 13 février 2013 (AFP)

Les boutiques n’ont pas fait le plein / DDM

JEUDI 14 FEVRIER- EXPRESSO - 08

EN BREFTotal : bénéfices records malgré une production en baisseQ� Le groupe Total a dégagé en 2012 un bénéfice net ajus-té de 12,4 milliards d’euros, enregistrant ainsi une hausse de 8 % par rapport à 2011. Le géant pétrolier français a contrebalancé le recul de sa production hydrocarbures par des prix très élevés du pétrole brut et un rebond temporaire des marges de raffinage en Europe. Les prévisions de bé-néfices pour l’année en cours sont à la hausse, puisque le groupe projette d’augmenter de 2 à 3 % sa production de pétrole et de gaz.

Déficit : objectif des 3 % maintenu selon Cahuzac Q�Le ministre du Budget Jé-rôme Cahuzac a reconnu hier que ramener le déficit public à 3% du Produit intérieur brut

en 2013 sera «très difficile», comme l’estime la Cour des Comptes dans son rapport annuel, mais il a réaffirmé que cet objectif était main-tenu.

Pétrole : les sanctions ont coûté 40 milliards de dollars à l’Iran Q� Les sanctions occiden-tales visant le pétrole iranien ont amputé en 2012 de plus de 40 milliards de dollars les revenus d’exportation du pays. La production de pétrole est tombée en jan-vier au plus bas «depuis trois décennies», a estimé hier l’Agence internationale de l’énergie. Elle souligne aussi que la production iranienne «pourrait baisser davantage les prochains mois», du fait de nouvelles sanctions amé-ricaines, entrées en vigueur le 6 février.

ECO/CONSO

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Q�Brian de Palma, grand mani-pulateur de spectateurs, parvient toujours à ses fins. Avec son dernier long-métrage, il y en avait, pourtant, des résistances à abattre du côté du public ! Titre didactique un peu lourd, pre-mières scènes théâtrales chez les business women du Berlin bourgeois. Tout portait à croire que le solitaire taciturne d’Hol-lywood avait avalé une bonne dose d’un Chabrol passé au ta-mis européen de Woody Allen, dernière manière.Mais, dans le jeu de séduc-tion entre la patronne d’une grande agence de communica-tion (Rachel McAdams, tout en langueur malsaine) et sa recrue talentueuse (Noomi Rapace, ca-méléon subtil), Brian de Palma dissémine très vite des disso-nances qui scotchent le specta-teur jusqu’au climax macabre. A dose homéopathique, d’abord : dans son appartement luxueux, la «maîtresse» cajole son «élève»

venue lui soumettre un projet de campagne publicitaire. Christina rode autour de sa proie, Isabelle, et délimite le territoire érotique de sa future emprise. A la voir, toute chatte, prodiguer ses ca-resses, on l’imagine enfoncer ses ongles manucurés dans le cuir du canapé. Ce lieu, souvent réservé au commerce homme/femme, se transforme alors en volcan de Lesbos.Admiration, jalousie, voyeu-risme et vengeance, tous les thèmes De Palma sont là, bandés jusqu’à ce que la corde lâche. Le brio du récit réside dans les rup-tures de rythme, quand la mani-pulation circule d’un personnage à l’autre, et que le duo brune/blonde s’enrichit d’un trio laby-rinthique (avec la rousse Karo-line Herfurth). Passion susurre une ode vénéneuse à la Femme, figure tragique possédée par le vertige masturbatoire de sa propre image.

R�Élodie Vergelati

MODE Le marathon de la Fashion Week se termine aujourd’hui

A New York, cuirs et fourruresLa Fashion Week de

New York se clôt aujourd’hui après une semaine de défi-lés qui vont marquer

la saison. Parmi le quatuor des semaines de la mode les plus attendues, c’est New York qui donne le ton. Parce que c’est à New York que l’extravagance est la plus voyante dans les rues. Et même le blizzard Nemo n’a pu réfréner les envies les plus folles des modeuses. Alors que la tempête de neige mettait toute la côte Est américaine sens dessus dessous, talons à plateformes anti-dérapant et autres capelines XXL en laine ont fait leur apparition. New York n’avait qu’un seul mot d’ordre : the show must go on.

La ligne sera noireSur les podiums, on retient avant tout l’omniprésence du cuir et de la fourrure, stars as-surées de la prochaine saison automne-hiver. Ils sont asso-ciés à des lignes fluides, chez le créateur Max Azria, ou à des silhouettes beaucoup plus mas-culines aux lignes épurées, chez Yigal Azrouël. 2014 sera avant tout noir. Mais les incondition-nels de la couleur demeurent. Diane Von Furstenberg égaie

ses mannequins avec du fuch-sia, des lèvres aux pieds. Et Oscar de la Renta met le rouge vif à l’honneur. Il surfe sur une tendance espagnole qui rappelle les broderies d’argent portées par les matadors, une ligne marquée par la participa-tion de John Galliano, le direc-teur artistique déchu de Dior. L’excentrique Betsey Johnson

a, elle, présenté une collection sportive et acidulée, fantasque comme à son habitude.

A l’heure anglaiseUn air « so british » a toute-fois soufflé sur les podiums de Manhattan, avec les collections de Victoria Beckham et Tom-my Hilfiger. Un avant-goût de la Fashion Week de Londres

qui débutera demain.Bien plus légère que Milan, plus an-cienne que Londres, et moins conventionnelle que Paris, la Fashion Week de New York a une nouvelle fois mis en émoi le monde de la mode et garde son image de référence, avec au total plus de 300 défilés en 7 jours.

R�Louise Bonte

MERCREDI 13 FÉVRIER- EXPRESSO - 08

Frida Kahlo recontextualisée Q� La vie de l’artiste mexi-caine Frida Kahlo est souvent contée à travers des films ou des biographies. Ces derniers racontent la naissance de sa peinture, liée à ses drames per-sonnels comme la poliomyé-lite ou l’accident de car qui lui laissera de sérieuses blessures. Son œuvre, ses autoportraits, la présentent comme une jeune femme rêveuse mais isolée. Or, Rachel Viné-Krupa, auteure de Frida Kahlo. 1907-1954. Portrait d’une identité, entend briser les contours de cette his-toire pour replacer la peintre dans le contexte politique de l’époque. Frida débute sa car-rière en 1926, soit six ans après la fin de la Révolution mexi-caine. Elle fréquente le cercle d’artistes et d’intellectuels communistes de Mexico. C’est là qu’elle rencontre notamment son mari et mentor Diego Ri-viera, qui voit un caractère po-litique dans ses autoportraits,

car ils montrent un visage issu du métissage. Malgré la singu-larité de Frida Kahlo, l’auteure du livre désire rétablir les inte-ractions entre l’identité indivi-duelle de l’artiste et l’identité collective d’un Mexique post-révolutionnaire.

R�Nathalie Troquereeau

ART Un essai paraîtra samedi aux éditions Hermann

Passion, ballet saphique

Frida Kahlo / DR

CINÉMA Un thriller au venin 100% féminin

CULTURE

La collection automne 2013 de Max Azria au Fashion Week à New York / AP Richard Drew

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A 500 jours de la Coupe du Monde de football au Brésil, la Fédération Inter-nationale (FIFA)

redouble d’inquiétude. Retards dans la construction des stades, doutes sur la sécurité dans les villes organisatrices et scandales de corruption, le Brésil doit prou-ver qu’il est à la hauteur de l’évé-nement. Un défi de taille pour un pays qui organisera également les Jeux Olympiques en 2016.

Deux stades fermés en 2014Un récent rapport, publié en jan-vier dernier, par la FIFA estime que les infrastructures ne seront pas prêtes à temps pour le Mon-dial 2014. Sur les six stades qui devaient être initialement construits, seuls quatre seront opérationnels dès le lancement de la Coupe du Monde, au mois de juin. Les deux autres, dont le cé-lèbre stade du Maracaña à Rio de Janeiro, ne pourront pas ouvrir au début de la compétition. La FIFA invoque avant tout un contexte politique et social défavorable, ci-blant la «lenteur bureaucratique» des autorités brésiliennes.

La sécurité remise en causeAu premier rang des préoccupa-tions, la question de la sécurité des touristes et des sportifs reste en suspens. Répondant aux exi-gences formulées en août der-nier par la FIFA, la ville de Rio a détaillé la liste des zones à proté-ger en priorité, ainsi que le mode opératoire des polices et des forces armées. Tristement répu-tés pour leur violence et leur cor-ruption, les policiers «porteront des armes moins létales, comme des pistolets électriques», a indi-

qué le sous-secrétaire des grands événements, le commissaire fé-déral de Rio, Roberto Alzir.La lutte contre la criminalité, à travers la pacification des favelas est devenue le lot quotidien des Cariocas. Dans ce pays où le taux moyen des homicides est encore parmi les plus élevés du monde (22 morts par an pour 100.000 habitants), tout reste à prouver. «Une ville sûre est celle qui est capable d’accueillir de grands événements en toute tranquillité. Depuis 2008, nous avons relevé

GH�JUDQGV�Gp¿V�DYHF�OD�SDFL¿FD-tion des favelas et l’expulsion des WUD¿TXDQWV� GH� GURJXH� TXL� \� IDL-saient la loi», se félicite Roberto Alzir. Même optimisme du côté d’Ignacio Cano, expert en crimi-nalité de l’Université de Rio de Janeiro qui souligne qu’«aucun secteur social n’a d’intérêt à jouer les trouble-fête» : même «le crime organisé, à travers le WUDÀF� GH� GURJXH�� IDLW� GHV� EpQp-ÀFHV� SHQGDQW� GH� JUDQGV� pYpQH-ments».

R�Mélanie Nunes

Nouveau scandale de prostitution dans le football françaisQ� Le nom d’un internatio-

nal ayant joué en équipe de

France de football est cité

dans une enquête pour solli-

citation de prostitution de mi-

neure, a-t-on appris mercredi

GH� VRXUFH� MXGLFLDLUH�� FRQÀU-mant une information de RTL.

Son nom est apparu lors de

l’exploitation d’un téléphone

portable d’une mineure, inter-

pellée pour des faits de vol

j� O·pWDODJH�� FH� TXL� D� MXVWLÀp�l’ouverture d’une enquête

préliminaire pour sollicitation

de prostitution de mineure, a-

t-on ajouté de même source.

Valls interdit tout déplacement de supporters niçois en CorseQ� En raison de «troubles

graves à l’ordre public», Le

ministre de l’Intérieur Manuel

Valls a interdit tout déplace-

ment « individuel ou collectif»

de supporters niçois vendre-

di en Corse à l’occasion du

match de Ligue 1 opposant

Bastia et Nice pour la 25e

journée de L1.

150.000 dollars pour perdre un match

Q�Le boxeur sud-Africain Fran-

oRLV�%RWKD�D�DIÀUPp�PHUFUHGL�avoir reçu et refusé une offre

de 150.000 dollars australiens

(environ 115.000 euros) de

l’agent de Sonny Bill Williams,

Khoder Nasser, pour laisser

ÀOHU� OH� FRPEDW� JDJQp� SDU� OH�rugbyman néo-zélandais, ce

que dément vivement l’agent.

Lance Armstrong sans le bronzeQ� Le Comité international

olympique (CIO) ne réat-

tribuera pas la médaille de

bronze olympique des Jeux

de 2000 retirée à l’Améri-

cain Lance Armstrong pour

dopage, a indiqué mer-

credi le vice-président du

CIO Thomas Bach. Le CIO a

demandé mi-janvier au roi

déchu du Tour de France de

rendre la médaille de bronze

qu’il avait décrochée dans le

contre-la-montre à Sydney.

EN BREFCOUPE DU MONDE La FIFA met en garde le Brésil

Un Mondial scruté à la loupe

Zlatan conteste la décision de l’arbitre / DR

Carton rouge pour ZlatanQ�L’expulsion du parisien Zlatan Ibrahimovic lors du match aller de la 8ème de finale de la Ligue des Champions contre Valence a provoqué l’ire de son club. Quelques minutes avant la fin du match remporté 2-1 par le PSG, Ibrahimovic tacle un joueur en faisant une «semelle» (tacle appuyé sur la cheville de l’ad-versaire tout en restant debout)sur le valencien Guardado avec un coup sur le bras. Mais la star suédoise méritait-elle ce carton rouge asséné par l’arbitre Paolo Tagliavento qui n’a fait aucun

commentaire ?L’entraîneur du PSG Carlo An-celotti s’est insurgé contre cette décision : «Il a taclé en même temps qu’un autre joueur. L’ex-pulsion de Zlatan n’est pas méri-tée. Nous allons devoir jouer le match retour sans Ibra».Même incompréhension pour Leonardo, le directeur sportif du club : «Comme c’est Ibra, c’est rouge automatique. J’espère que le visionnage des images permettra de montrer que c’est une faute qui ne méritait pas le rouge», a-t-il indiqué. Pour

les prochains matchs, Ancelotti remplacera probablement son joueur vedette par Menez ou Gameiro, mais il pourra aussi compter sur sa nouvelle recrue, David Beckham, qui a suivi le match des tribunes.

R�Tancrède Bonora

SPORTS

MERCREDI 13 FÉVRIER- EXPRESSO - 09

FOOTBALL La star du PSG privée du match retour

Le stade du Maracana en travaux à Rio de Janeiro / AFP

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EXPRESSO14 02 2013 # 07

Dramaturge du véloPORTRAIT Philippe Brunel, auteur d’une enquête sur Marco Pantani

Ce 14 février 2004, Philippe Brunel reçoit un « choc ». Ce journaliste qui suivait depuis dix

ans pour le quotidien L’Equipe Marco Pantani, nouant avec lui « une relation d’estime », ap-prend la mort du cycliste italien vainqueur du Giro et du Tour de France 1998, aussitôt érigée en preuve tragique des méfaits du dopage.Pour Brunel, la chute du cou-reur date du 5 juin 1999. Le grimpeur qui composait « un personnage », celui d’un Pirate mettant en scène ses échap-pées, est « brisé ». Il quitte le Giro qu’il doit triomphalement remporter le lendemain : un contrôle sanguin pratiqué par l’Union cycliste internationale (UCI) a révélé un taux d’héma-tocrite anormal. « Ils ont tué en lui quelque chose. [... ] Il s’est senti trahi par les pouvoirs publics et par l’UCI. Depuis lors, il a eu toujours peur d’être contrôlé positif, il a vécu dans une sorte de paranoïa », raconte Brunel.

Trois ans d’enquêteEn quête éperdue de renouveau, OkFKp� GDQV� OHV� FROV� í� FH� TX¶LO�QH�©� VXSSRUWDLW�SDV�ª�í�� WUDTXp�par la justice, paria, Pantani meurt dans un hôtel de Rimini, « comme un vulgaire junkie », écrira Brunel. L’enquête conclut à une overdose de cocaïne. Mais le journaliste s’interroge. Au terme de trois ans de recherche,

il met au jour dans un ouvrage des zones d’ombre. « C’est en sa mémoire que j’ai fait ce livre, pour assurer une sorte d’hom-mage. Pour moi, ça reste encore à prouver qu’il s’est suicidé. » Proche des milieux interlopes, le coureur s’approvisionnait en drogue, « vivait avec une pros-tituée russe ». « J’ai arrêté d’en-

quêter car j’ai trouvé qu’aller plus loin, c’était me mettre en danger », dit l’auteur qui a reçu des « menaces ». Pantani mort, Philippe Brunel couvre toujours, à 56 ans, le cyclisme à L’Equipe, auquel enfant il vouait « une passion viscérale ». « Le cyclisme n’est pas un

sport, c’est un théâtre, avec ses travers, ses jeux », juge Bunel, qui lui-même, quoique élégant et bel homme, ne campe pas un personnage.

Romancier des légendesEntré au quotidien comme « ODSLQ� GH� FRXORLU� ª� í� LO� GLVWUL-buait les dépêches d’agence GDQV�OD�UpGDFWLRQ�í�LO�Q¶HVW�SDV�devenu journaliste par voca-tion. Désormais, « la passion du journalisme l’a emporté sur celle du cyclisme ». Ce métier est « une façon d’être et un art de vivre. [...] Le journalisme a quelque chose de romanesque ».Brunel a d’ailleurs écrit deux romans. Dans Les Reporters, il crée un photographe impé-nétrable. Dans La Nuit de San Remo, il relate la mort d’un chanteur subversif des années 60 qui connut Dalida, Luigi Tenco, « un personnage en révolte », un autre Pantani. « Ce qui m’intéresse, ce sont les doubles vies, les légendes. [...] Le mystère de l’existence me plaît plus que les tentatives d’explication. »

R�Timour Aggiouri

Philippe Brunel a suivi Marco Pantani durant 10 ans DR

EXPRESSO CLIN D’OEILLa limace de mer et son pénis jetableQ�Unique au monde : une li-mace de mer hermaphrodite, la Chromodoris reticulata, se débarrasse de son pénis après avoir copulé ! Selon des chercheurs japonais, l’or-gane n’a pas besoin de plus de vingt-quatre heures entre deux accouplements pour repousser. Le micro pénis je-table est recouvert de petites épines, orientées vers l’arrière comme sur un harpon, ce qui expliquerait qu’il soit difficile de l’extraire du vagin du par-tenaire.

Trois jours coincée sous un radiateurQ�Renée, 80 ans, a passé trois jours coincée sous un radia-teur. Après une mauvaise chute, sa tête se retrouve im-mobilisée sous le radiateur. Le boîtier de sa téléalarme étant inaccessible, elle n’a d’autres choix que d’appeler à l’aide. Ce n’est que lundi après-midi qu’un voisin l’entend et appelle les secours. Fatiguée et déshydratée, elle s’en sort avec quelques contusions et un œil au beurre noir. « Le plus dur, c’est la soif », a-t-elle confiée à RTL.

Panique dans le MontanaQ Les téléspectateurs de KRTV Great Falls, une chaine locale du Montana, ont été les témoins lundi d’un message d’alerte des plus étonnants. Alors qu’un talkshow était dif-fusé, un bandeau défilant est apparu en haut de l’écran, an-nonçant une attaque de zom-bies imminente. Quelques téléspectateurs ont appelé les forces de l’ordre pour avoir de plus amples informations. Il s’agissait de la farce d’un hackeur qui avait réussi à pirater la chaine de télévision.

08 - EXPRESSO - JEUDI 14 FEVRIER

BioExpress1956 Naissance à Paris2000 Les Reporters (Cal-mann-Lévy)2007 Vie et mort de Marco Pantani (Grasset)2012 La Nuit de San Remo (Grasset)