09 Expresso 2015

8
L’ESSENTIEL Pénurie d’eau : Israël et Jordanie s’accordent Un texte pour l’irrigation de la mer Morte menacée d’assèchement FRANCE P.2 Le médicament qui pose problème n Dans les pharma- cies du 18e, le Subutex est prisé par les toxi- comanes et les délin- quants. ECO/CONSO P.3 Le bio à la conquête de la capitale n A Paris, les bars bio fleurissent un peu par- tout, pour le plus grand plaisir d’une clientèle branchée. INTERNATIONAL P.4 L’Allemagne sauve la tête de Tsipras n Les députés alle- mands ont levé le der- nier blocage aux aides internationales qui doivent accorder un répit à la Grèce. CULTURE P.6 Des soirées underground à Paris n Des collectifs tentent de dynamiser les nuits de la capitale, pour concurrencer ses voi- sines européennes. SPORTS P.7 France/Galles : jouer du rugby debout n Le XV de France doit rassurer sur son attaque face à des Gal- lois moins flamboyants que par le passé. EXPRESSO n Israël et la Jordanie ont signé jeudi un accord qui prévoit de lutter contre la pénurie d’eau. Ce pacte représente un double-enjeu pour la région. Il per- mettra d’une part de contrer le phéno- mène d’assèchement de la mer Morte. D’autre part, la distribution d’eau des- salée, notamment aux Palestiniens, pourrait apaiser les tensions entre Is- raël et ses voisins. PAGE 4 Le ministre israélien de l’Eau, Silvan Shalom, en déplacement à Ashdod, sur le littoral méditerranéen. QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2016 # 09 27 02 2015 Moshe Binyamin

description

Le quotidien-école des M1 de l'école de journalisme de l'Institut Français de Presse.

Transcript of 09 Expresso 2015

Page 1: 09 Expresso 2015

L’ESSENTIEL

Pénurie d’eau : Israël et Jordanie s’accordent

Un texte pour l’irrigation de la mer Morte menacée d’assèchement

FRANCE P.2Le médicament qui pose problème

n Dans les pharma-cies du 18e, le Subutex est prisé par les toxi-comanes et les délin-quants.

ECO/CONSO P.3Le bio à la conquête de la capitalen A Paris, les bars bio fleurissent un peu par-tout, pour le plus grand plaisir d’une clientèle branchée.

INTERNATIONAL P.4L’Allemagne sauve la tête de Tsiprasn Les députés alle-mands ont levé le der-nier blocage aux aides internationales qui doivent accorder un répit à la Grèce.

CULTURE P.6Des soirées underground à Parisn Des collectifs tentent de dynamiser les nuits de la capitale, pour concurrencer ses voi-sines européennes.

SPORTS P.7France/Galles : jouer du rugby debout

n Le XV de France doit rassurer sur son attaque face à des Gal-lois moins flamboyants que par le passé.

EXPRESSO

n Israël et la Jordanie ont signé jeudi un accord qui prévoit de lutter contre la pénurie d’eau. Ce pacte représente un double-enjeu pour la région. Il per-mettra d’une part de contrer le phéno-

mène d’assèchement de la mer Morte. D’autre part, la distribution d’eau des-salée, notamment aux Palestiniens, pourrait apaiser les tensions entre Is-raël et ses voisins. PAGE 4

Le ministre israélien de l’Eau, Silvan Shalom, en déplacement à Ashdod, sur le littoral méditerranéen.

QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2016# 09

27 02 2015

Mos

he B

inya

min

Page 2: 09 Expresso 2015

“Je n’en vends pas laissez-moi tranquille !” Ce pharmacien du XVIIIème arron-

dissement de Paris ne veut plus entendre parler du Subutex. Le médicament, substitut de l’héroïne, est prescrit aux toxi-comanes en situation de dépen-dance majeure. Pour les phar-macies du quartier de Château Rouge, c’est une malédiction. Trois sur quatre déclarent ne pas en vendre. Un responsable d’officine installé dans le quar-tier depuis 24 ans assume cette décision. “Je ne commande plus de stock depuis des années” certifie t-il. L’homme de 68 ans raconte subir régulièrement des agressions de clients à la recherche de Subutex. “Je veux vivre tranquillement, je suis vieux” confie t-il sous couvert d’anonymat. Il y a quelques jours encore un homme armé d’un couteau a tenté de lui sous-traire le médicament. La gélule, très convoitée par les toxicomanes, est autorisée à la commercialisation depuis 1996 mais soumise à un encadrement

précis. Placée dans la catégorie des stupéfiants par l’Ordre des Médecins, elle fait l’objet d’un juteux trafic qui s’est enraciné dans le quartier de la Goutte-d’Or depuis une dizaine d’an-nées. Selon une source policière qui a l’habitude de recevoir les plaintes des pharmaciens, un vrai réseau de revente sous le manteau s’est mis en place.

La sécurité sociale a beau sur-veiller de près les usurpateurs qui falsifient ordonnances et cartes vitales pour obtenir la précieuse gélule, le remède se revend au minimum quatre eu-ros dans la rue.

“Certains ont baissé les bras”Les rares pharmaciens qui ac-ceptent encore de fournir du Su-

butex aux malades fonctionnent par commande. “Je réponds aux demandes d’une dizaine de patients seulement quand je connais leur cas et les médecins qui les envoient” explique cette professionnelle. Une situation jugée aberrante par Fabrice Olivet, directeur d’une associa-tion de défense des usagers de drogue. “Je souhaiterais que les pharmaciens arrêtent de trou-ver des faux prétextes pour ne pas délivrer de Subutex” rage t-il. Alors que la peur paralyse le quartier, une pharmacie fait figure de résistante. A l’angle de la rue Myrrha, Jean-Luc Sitbon tient son officine avec la conviction d’honorer sa res-ponsabilité de titulaire. “Oui je vends du Subutex car j’ai deux ou trois patients par semaine qui en ont réellement besoin” explique t-il avec fierté avant d’ajouter “c’est dommage que certains aient baissé les bras.” Sa détermination ne l’épargne pas des menaces récurrentes. Pendant deux ans, un vigile gar-dait l’entrée son officine.

o Pauline Renoir

FRANCESANTE De nombreuses officines refusent de délivrer ce substitut à l’héroïne

Les pharmaciens face au trafic de subutex

Les Rencontres du dessin de presse annulées à Caenn La menace terroriste fait une nouvelle victime dans monde de la culture : Les Rencontres du dessin de presse. Le direc-teur du Mémorial de Caen, Stéphane Grimaldi, a décidé hier d’annuler la 5è édition de cet événement international par crainte d’éventuels attentats. 44 dessinateurs étaient attendus les 10 et 11 avril prochains. Ces rencontres lancées en 2011, sont selon le directeur du musée, « inimaginables dans ce contexte », mais « reportées à des jours meilleurs ». Le site du musée a été piraté six fois après l’atten-tat contre Charlie Hebdo, par des pirates se présentant comme des islamistes tunisiens.

Auto-censure ?Le dessinateur Emmanuel Chaunu devait participer à ces rencontres. Sur France Inter ce matin, il dit comprendre la déci-sion d’annuler la manifestation.

« On est dans une guerre. Je n’ai pas envie que le Mémorial soit le théâtre d’un bain de sang » dit-il, « Je suis très triste de ne pas pouvoir voir mes confrères du monde entier. Mais ça n’est que partie remise ! » assurant que le musée d’histoire du XXè siècle restera mobilisé sur le dessin de presse.Mesures de précaution ou auto-censure de la culture ? Pour Jean-Pierre Mercier, le conseil-ler à la cité internationale de la BD à Angoulême, « les terro-ristes tendent un piège à toutes les démocraties. Et le piège, on est dedans, entre la nécessité de conserver la liberté d’expres-sion et d’opinion, et la réalité d’une menace » a-t-il affirmé au micro de France Inter. Le conseiller a choisi de ne pas céder à la terreur en présentant depuis fin janvier une exposi-tion sur Charlie Hebdo.

o Solène Cressant

Les pharmaciens expriment leur ras-le-bol du trafic de Subutex, médicament substitut de l’héroïne. Figaro.fr

Une bergerie détruite par une avalanche dans les Hautes-Py-rénées / La Dépêche du Midi

02 - EXpREsso - VENdREdi 27 FEVRiER

MUSEE La menace terroriste trop importante

Alertes aux avalanches

n Les Landes, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées restent placées en alerte inondation par Météo France en raison de crues

importantes en cours de pro-pagation sur certains cours d’eau de l’ouest de la région. Par ailleurs, des avalanches sont toujours à craindre dans les Pyrénées, même si la météo s’améliore. Le risque reste élevé, à un niveau 4 sur une échelle qui en compte 5. Les accès aux stations de ski des Pyrénées-Atlantiques ont été rouverts en fin de matinée vendredi. Plusieurs milliers de personnes y étaient blo-quées. Des brouilleurs de portables dans toutes les prisons

n De nouveaux brouilleurs plus précis et plus efficaces, déjà testés dans deux établis-sements franciliens, vont être installées dans l’ensemble des prisons françaises, a indi-qué jeudi la garde des Sceaux, Christiane Taubira, en marge d’une visite à Fresnes. En 2014, quelque 27 500 por-tables ont été saisis alors que leur utilisation est proscrite.

EN bREF

Page 3: 09 Expresso 2015

VENDREDI 27 FEVRIER- EXPRESSO - 03

ECO/CONSOLIFESTYLE La Petite Chaufferie est le premier bar bio de la capitale

Le « bio-électro » séduit les bobos

BILAN La stratégie du groupe est efficace

Bons résultats pour la Fnacn L’année 2014 a été fructueuse pour la Fnac. L’enseigne de pro-duits culturels et électroniques a en effet annoncé des résultats exceptionnels cette semaine en triplant quasiment ses bénéfices net par rapport à l’année précé-dente. Au début de la décennie, pour-tant, le groupe était en grande difficulté. La concurrence d’In-ternet et la baisse des ventes de biens culturels (livres, CD, DVD, jeux vidéos) l’avait forte-ment touché. Les profits avaient, par exemple, diminué de moitié en deux ans et le groupe peinait à trouver un repreneur.

Un nouveau PDGEn 2011, l’entreprise adopte une nouvelle stratégie pour rebondir, lors de l’arrivée du nouveau PDG, Alexandre Bom-pard. La Fnac ouvre alors de nouveaux magasins à l’étran-ger et dans des villes de tailles

moyennes comme Compiègne ou Boulogne-sur-Mer. Elle améliore également la complé-mentarité entre ses magasins et Internet pour concurrencer les pure-players et élargie son offre en proposant, par exemple, du petit électroménager. Cette stratégie a fini par payer. Le groupe réalise à présent 11% de ses bénéfices en cafetières, aspirateurs ou téléphones. Créée en 1954, la Fédération Natio-nale d’Achat des Cadres pro-posait déjà de l’électroménager mais sans succès, l’enseigne y avait renoncé au début des an-nées 1970. Aujourd’hui, finale-ment, la Fnac a réussi à s’adap-ter à la demande et à redresser ses chiffres. «Aujourd’hui, tous les indicateurs sont au vert» se réjouit Alexandre Bompard, «2014 consolide notre modèle».Ce bilan est un beau pied de nez au géant Amazon. o Natacha Delmotte

n La Petite Chaufferie, c’est « un délire de potes ». Un bar où il fait bon se retrouver, avec des sonorités colorées et une ambiance chaleureuse. « On n’a pas réussi à trouver notre QG, alors on l’a crée » explique Cédric Carudel, 30 ans, cofondateur du bar. A l’in-térieur, une décoration rétro qui sent bon le vieillot. Des chaises et des bancs semblables à ceux qu’on trouve à la cantine, une multitude de tableaux. Dans un coin, un imposant buffet sur lequel se tiennent des platines brillantes.

Un espace musical décaléLe bar a ouvert ses portes en décembre 2013 et s’est fait depuis une notoriété. Situé dans le 10ème arrondissement, les bobos du quartier l’ont rapide-ment investi. Cédric, Orlane, Sébastien, Matt et Arnaud com-mencent par démarcher les DJs qui leur plaisent, avant que ce ne soient eux qui leur proposent leurs services. Entre autres, le collectif Céladopole ou l’artiste Brett Longman évoluent dans l’espace même du bar, créant une proximité appréciée des clients. C’est le cas d’Arthur Mathieu, 23 ans, apprenti en digital mar-

keting chez Dailymotion : « Le fait que les DJS soient dans la salle, c’est très agréable ».

Une consommation responsablePour ajouter au challenge, la

bande de cinq s’est fixée le défi de ne proposer que des produits bio à des prix abordables. L’ini-tiative s’est néanmoins révélée plus compliquée que prévu. D’abord, parce qu’il n’est pas

facile de proposer des cock-tails comme le Gin Tonic, dont certains composants ne seront jamais bio. Ensuite, parce que certains clients ne se recon-naissent pas dans un bar qui ne propose pas de marque d’alcool.Alors, ils ont improvisé. Il leur a fallu près d’un an et demi de recherches pour nouer des col-laborations avec de petitspro-ducteurs spécialisés dans le bio. Le résultat, c’est une carte de cocktails entièrement mai-son, parmi lesquels on trouve quelques originalités, comme le Jet vodka, alternative bio au Jet 27. Et l’initiative plait : « C’est un peu ça ma vision du progrès écologique, consommer respon-sable sans se priver en termes de qualité », explique Aurélien Monchambert, Business Deve-lopper de 23 ans. Pourtant, rares sont ceux qui connaissaient le concept « bio-électro » avant d’y mettre les pieds. Et c’est souvent la sur-prise en arrivant au comptoir. C’était l’un des objectifs de La Petite Chaufferie : « cas-ser l’image propre du bio » en prouvant qu’il est possible de le concilier avec la vie de tous les jours. Ou plutôt des soirées de tous les jours. o Pauline Forgue

Le bar La Petite Chaufferie à son ouverture, mardi 24 février, Pauline Forgue

Pour Corsair, le ciel s’éclaircit AVIATION Air Caraïbes rachète la compagnie

n Corsair a finalement trouvé un repreneur. Le groupe familial vendéen Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, a officialisé son achat vendredi 20 février.Si la compagnie en crise accuse une perte de 8,9 millions d’euros, Air Caraïbes a quant à elle, une santé de fer avec un bénéfice de 14 millions d’euros, positif depuis dix ans.

Un marché en surcapacitéLes liaisons vers les Antilles restent cependant un marché ultra-concurrentiel car en sur-capacité. Nombre de voyageurs se sont détournés de la zone caribéenne du fait des diffé-rentes crises sanitaires et éco-nomiques. Les Français se sont aussi éloignés des tours-opéra-teurs, dont Corsair est tributaire.Si le patron d’Air Caraïbes et bientôt de Corsair, Marc Rochet, a assuré qu’« il n’y aura pas de plan social », les 1158 salariés

devront néanmoins faire des « efforts de productivité ».Les syndicats de salariés de Corsair ont déposé un préavis de grève durant tout ce week-end, et de-vrait être suivi par 90% du per-sonnel. Toutefois les vols seront maintenus pendant trois jours.

o Marc Taubert

Le nouvel ensemble réunit une flotte de 15 avions. AFP

Page 4: 09 Expresso 2015

04 - EXPRESSO - VENDREDI 27 FEVRIER

INTERNATIONALMOYEN ORIENT La Jordanie et Israël luttent ensemble contre la pénurie d’eau

Un accord pour sauver la mer Morte

C’est un pacte révéla-teur de la situation environnementale préoccupante au Moyen-Orient qui a

été signé jeudi à Amman entre la Jordanie et Israël. La lutte contre la pénurie d’eau dans cette ré-gion aride est engagée, et pas-sera par un pompage de la mer Rouge vers la mer Morte. Silvan Shalom, ministre israé-lien de l’Energie et de l’Eau, et Hazem Nasser, ministre jorda-nien de l’Eau et de l’Irrigation, ont signé cet accord qui porte sur « l’exécution de la première partie » d’une lettre d’intention conclue en décembre 2013 à Washington.

Pompage de la mer RougeQuelque 300 millions de m3 d’eau par an seront collectés par un système de pompage dans le golfe d’Aqaba qui borde le sud des deux pays, à la pointe nord de la mer Rouge. Une partie doit être acheminée par l’intermé-diaire de quatre conduits vers la mer Morte, une mer fermée ayant une très haute concen-tration en sel et qui risque de s’assécher d’ici 2050. Une autre partie doit être dessalée, et dis-tribuée en Israël et en Jordanie afin de répondre à la pénurie qui frappe la région. Le projet pré-voit également de fournir aux

Palestiniens 30 millions de m3 d’eau dessalée par an, signe que cet accord dépasse les conflits politiques entre Israël et la Pales-tine.

L’eau, point de friction ancien« Il s’agit du plus important pro-jet depuis la conclusion du traité de paix avec la Jordanie », s’est réjoui Silvan Shalom. En état de guerre depuis 1948, Israël et la Jordanie avaient notamment buté sur le problème de l’eau lors des discussions du traité de 1994. Israël avait fini par s’enga-ger à fournir 50 millions de m3 d’eau par an à la Jordanie, ainsi qu’à partager avec elle la rivière Yarmouk, principal affluent du Jourdain, frontière naturelle entre les deux pays. Un appel d’offres va être lancé pour réaliser ces travaux, dont le coût est estimé à 90 millions de dollars et la durée de trois ans. Plusieurs organisations de défense de l’environnement ont déjà mis en garde contre les pos-sibles effets néfastes de l’arrivée d’eau de la mer Rouge sur le fra-gile écosystème de la mer Morte. Mais le lancement du projet, « sous le contrôle des scientifiques », devrait permettre de mieux comprendre les conséquences d’un mélange des eaux de ces deux étendues.

o Amandine Réaux

Fin des coupures d’électricité pour la Palestine

Silvan Shalom, ministre de l’Energie israélien et Hazem Nasser, ministre de l’Eau jordanien, le 26 février. EPA

n Vers la fin des black-out? Israël devrait cesser de couper le courant des villes palesti-niennes pour cause de factures impayées, a indiqué jeudi un responsable israélien sous cou-vert d’anonymat. A la suite d’un accord, c’est l’Etat hébreu lui-même qui remboursera le déficit à l’entre-prise Israel Electric Corpora-tion (IEC). Israël financera la

somme grâce aux taxes qu’il prélève déjà en Palestine.

Une longue série de privationsCet accord fait figure d’éclair-cie après des mois de tensions. Lundi et mercredi, la compa-gnie israélienne a coupé l’élec-tricité des villes cisjordaniennes de Jénine et Naplouse « en guise d’avertissement ». « J’ai dit il y a un an qu’il n’est pas

possible de couper le courant à un consommateur privé qui doit payer sa facture d’électricité, et de ne pas en faire de même à une population entière qui a une dette », avait déclaré Yiftach Ron-Tal, le président de l’IEC. Fin janvier, Israël avait annoncé limiter l’approvisionnement en électricité de la Palestine en raison d’une dette d’1,8 mil-liards de shekels (environ 400

millions d’euros). Plus tôt dans le mois, l’Etat juif avait déjà refusé de reverser 106 millions d’euros à l’Autorité palesti-nienne, furieuse de l’adhésion du territoire à la Cour pénale internationale (CPI). 7% de la production en élec-tricité d’Israël est destinée aux Palestiniens, dont un quart est transféré à la bande de Gaza.

o Louis-Valentin Lopez

ASIE Les incidents s’enchainent dans la centrale nucléaire japonaise

Fukushima victime d’une nouvelle fuite radioactive n Quatre ans après la catas-trophe de Fukushima au Japon, Tepco, l’exploitant de la cen-trale nucléaire a fait état d’une nouvelle fuite dans un des bâti-ments du site. Ce nouveau pépin arrive une semaine après que l’autorité de régulation du secteur a rappelé Tepco à l’ordre.

Présence d’eau dans le bâtimentVendredi matin, un détecteur a signalé la présence d’eau dans le bâtiment de turbine du réac-teur numéro 4 du site. Une étendue d’eau de 20 mètres de long sur six de large, d’une épaisseur d’un centimètre a été mesurée. Tepco a annoncé que les niveaux de radioactivité

étaient redevenus normaux. Très critique, l’autorité de ré-gulation nucléaire a exigé des mesures supplémentaires de prévention.Cette fuite survient moins d'une semaine après une autre avarie, en l'occurrence la contamina-tion, certes temporaire mais importante, de l'eau d'un canal

traversant le site et descendant vers la mer. Depuis que le tsu-nami a quasiment détruit la cen-trale nucléaire le 11 mars 2011, des centaines de réservoirs ont été construit sur le site. Cependant, les quantités d’eau d’arrosage, souterraines ou de pluie, continuent d’augmenter.

o Marine Henriot

Page 5: 09 Expresso 2015

VENDREDI 27 FEVRIER- EXPRESSO - 05

INTERNATIONAL

Croissance USA : révision en baisse

n La croissance de l’économie des Etats-Unis, qui a ralenti au 4e trimestre 2014, a été révisée en baisse, selon le départe-ment du Commerce.

Des Espagnols pro-russes arrêtés

n Huit Espagnols soutiens des séparatistes pro-Russes en Ukraine ont été arrêtés après leur retour vendredi, pour complicité d'homicides. Une première en Europe.

EN BREF

UKRAINE La jeune Ukrainienne veut croire en un avenir meilleur

Marta, l’espoir malgré toutn Il y a un an, le monde avait les yeux rivés sur Kiev. Des millions d’Ukrainiens rassem-blés sur la place Maïdan se sou-levaient contre le gouvernement totalitaire de Viktor Ianouko-vitch aujourd’hui déchu. Parmi ces citoyens révoltés se trouvait Marta, 21 ans à l’époque. L’étu-diante en droit international vit alors à Lviv, dans l’ouest du pays. Une ville proche de la frontière polonaise et profondé-ment pro-européenne. L’an der-nier, c’est dans sa ville natale qu’elle participe à Euromaïdan. « C’était trop dangereux pour les femmes de se rendre à Kiev », explique-t-elle. « Les com-bats étaient violents et beau-coup de gens sont morts sous les balles ». Alors, comme dans toutes les autres villes du pays, la lutte s’organise. « Au départ, j’avais peur. Le gouvernement nous in-terdisait de nous rassembler car en Ukraine, être étudiant, c’est comme être acteur, on repré-sente le pays ».Par la suite, celle qui avoue rêver de travailler à l’ONU ou la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme), reconnaît avoir voté pour Petro Porochen-ko dont elle apprécie le carac-tère diplomatique et les visées démocratiques. « Il nous fallait quelqu’un qui sache nous ras-sembler. Je lui fais confiance. Il ne nous persécutera pas pour nos opinions », raconte-t-telle. Mais quant à faire un bilan de sa présidence, Marta reste pru-dente car l’emballement dans l’Est du pays a rendu sa tache ardue. « Il est trop tôt pour dire s’il est un bon président. Mais ce qui est certain, c’est qu’il fait de son mieux ».

S’éloigner de la RussieAujourd’hui, Marta souhaite que son pays se tourne vers l’Europe. Mais il n’en a pas toujours été le cas. « Je militais pour que nous nous en sortions seuls, sans l’aide de personne ». C’est la menace russe qui lui a fait changer d’avis. Car son seul désir est que les Ukrainiens se débarrassent de l’influence du président Vladimir Poutine, qu’elle qualifie volontiers de « dictateur ». Lucide, Marta sait que la guerre civile qui bat son plein dans le Donbass ruine toute chance pour l’Ukraine

d’entrer un jour dans l’UE. « Poutine a tout gagné ! Je ne pense pas qu’on puisse sortir indemne de ce conflit. Les terri-toires concernés vont forcément imploser. Or, si nous souhaitons nous rapprocher de l’Union européenne, nous devons avoir des frontières stables ».

Une société transforméeEn un an, Marta a vu la société se transformer. La ferveur des manifestations a rapproché les citoyens et mis en place une société d’entraide. C’est pleine d’espoir en l’avenir que Marta

accueille ces changements qu’elle perçoit aussi à une échelle plus importante : béné-vole au sein d’Amnesty Inter-nationale, elle remarque que ses travaux sont aujourd’hui facili-tés. Avant, il lui était impossible d’approcher les hautes instances de l’Etat pour ses études. Aujourd’hui, la communication est rétablie et ses recherches plus aisées. « La société qui se met en place nous permet-tra d’accomplir tout ce que nous voulons », confesse-t-elle, pleine d’espoir.

o Lila Haffaf

EUROPE Le Bundestag allemand débloque les aides à Athènes

La Grèce gagne un délai supplémentaire n Encore un peu de répit pour le gouvernement Tsipras. Les dé-putés allemands ont finalement approuvé ce matin le prolon-gement des aides européennes accordées à la Grèce. Sur 587 votes exprimés, 542 députés ont voté pour cette extension de quatre mois, jusqu’au 30 juin 2015. Un financement qui rentre dans le cadre du programme d’aides européen pour la Grèce adopté en 2012, qui prévoyait le versement de 140 milliards

d’euros de prêts. Cette décision intervient alors que l’économie grecque continue à s’enfoncer dans la crise, avec le recul de 0,4% de son produit intérieur brut au quatrième trimestre 2014. ..

Un geste d’encouragementBerlin a finalement décidé de lâcher du lest dans sa politique sans concession vis à vis du gouvernement Tsipras. Une main tendue vers la Grèce, qui doit désormais remplir ses enga-

gements en stabilisant sa dette. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a enjoint Athènes «à respecter ses obligations envers ses partenaires européens et le Fonds monétaire internatio-nal», dans une interview à une radio allemande. La chancelière Merkel a éga-lement rappelé son opposition ferme à tout effacement de la dette grecque, qui représente plus de 175% de son PIB.

o Morane Aubert

En 2014, Marta a soutenu le mouvement Euromaïdan. Marta Levytska

Page 6: 09 Expresso 2015

n Les sept récompenses de Timbuktu n’ont pas suffi à étouffer la polémique. Après le sacre du film lors de la Cérémonie des Césars, le réa-lisateur Abderrahmane Sissako est critiqué pour sa complai-sance envers le régime maurita-nien et son président controver-sé, Mohamed Ould Abdel Aziz. Devenu représentant d’un ciné-ma engagé, le film laisse de côté les maux de la Mauritanie. Sur le site Mondeafrique.fr, Nicolas Beau, ancien du Monde et Libé-ration, révèle que Sissako est en réalité un « ami et conseiller ‘culturel’ attitré du chef d’Etat

mauritanien » qui défend « le bilan d’un régime répressif et corrompu ». L’autre grand absent des débats suscités par le film est l’escla-vage, un vrai fléau dans le pays. Pourtant au centre du scénario au départ, le cinéaste l’a suppri-mé contre un « confortable trai-tement ». « Le deal était parfai-tement clair : “Nous t’aiderons, lui a expliqué le président Aziz, si tu parles des méchants dji-hadistes qui inquiètent tant nos amis occidentaux, mais l’escla-vage doit rester tabou” », ac-cuse Nicolas Beau. Le cinéaste, contacté par Libération, dit que

son rôle de conseiller est « une fierté pour [lui] » et répond au fondateur de Mondeafrique.fr.

« Conte pour Occidentaux »Selon lui, M. Beau cherchait à déstabiliser le régime pour tou-cher de l’argent du banquier et opposant du régime Mohamed Ould Bouamatou, un des finan-ciers de son site. Le carton de Timbuktu aux Césars aurait une explication simple, selon la journaliste Sabine Cessou. En décembre, la spécialiste de l’Afrique parlait déjà d’un « conte pour Occidentaux », où on voit la mythologie du « bon

Touareg ». Le film, censé mon-trer la prise des djihadistes au Mali, serait justement « très loin de la situation nettement plus compliquée qui prévaut toujours à Tombouctou et au nord du Mali », conclut alors la journaliste. Selon elle, le film ne montre que « des clichés ».Un des principaux festivals, le Fespaco de Ouagadougou, an-nonce une possible déprogram-mation du film. Le Fespaco s’ouvre samedi 28 et Timbuktu pourrait être absent. Officielle-ment, pour questions de sécu-rité.

o Henrique Valadares

CULTURECINEMA Le film est victime des relations de son réalisateur avec le régime mauritanien

Après la gloire, Timbuktu au coeur des polémiques

n Pour dénoncer la situation des habitants de Gaza, ville palestinienne ravagée par la guerre entre Israël et le Hamas, le mystérieux street-artist bri-tannique Banksy a sorti lesgriffes. Armé de bombes, il a habillé de ses tags les murs en ruine de la ville. Et comme « sur inter-net, les gens ne regardent que des photos de chatons » selon l’artiste, il a tiré le portrait d’un Kitty Cat, symbole de la culture 2.0. Mercredi, il a publié sur sa chaîne Youtube un mini-docu-mentaire des rues délabrées de la « plus grande prison à cielouvert ». Une visite « bien loin des che-mins pour touristes » prévient l’auteur. L’opération fonc-tionne. La vidéo a été vue plus de 808 000 fois en deux jours. Hier, l’organisme humanitaire

Oxfam a indiqué qu’il faudra plus d’un siècle pour recons-truire les bâtiments détruits par les bombes.

o Solène Gripon

Abderrahmane Sissako, réalisateur de Timbuktu, est critiqué pour un film trop cliché, jugé éloigné de la réalité du terrain. Le Pacte

06 - EXPRESSO - VENDREDI 27 FEVRIER

n Chère, « couche-tôt », trop sage, la réputation de Paris en matière de soirées est souvent mitigée. Les fêtards lui préfè-reraient Londres ou Barcelone. Depuis quelques mois pourtant, les nuits parisiennes peuvent rivaliser avec l’émergence des soirées de collectifs qui ont fait la réputation de Berlin. Ces groupes de DJs qui allient per-formances et musiques élec-tronique poussent comme des champignons. D’après le maga-zine Trax, une vingtaine se se-raient formés en moins d’un an à Paris. Ils présentent une alterna-tive branchée aux discothèques considérées comme « mains-tream ». Dernier événement en date, la soirée Weather Winter qui a rassemblé plus de 20.000 personnes dans deux immenses hangars Porte de la Villette le weekend dernier. C’est là toute

l’originalité des soirée de col-lectifs : elles se tiennent dans des lieux plus insolites les uns que les autres. A ce titre, les an-ciennes carrières de craie d’Issy-les-Moulineaux ou la station de métro désaffectée Arsenal dans le Marais accueillent régulière-ment des événements.

DébordementsMais l’organisation souvent anarchique de ces « raves ur-baines » n’est pas sans poser problèmes. Les collectifs at-tendent rarement l’autorisation des mairies avant de lancer leurs événements. Fin septembre, une soirée qui devait avoir lieu sur l’île Seguin à Boulogne a été an-nulée quelques heures avant son lancement. Un arrêté avait inter-dit la soirée à la suite de plaintesdéposées par les riverains. o Lucas de Villepin

SORTIES «Raves urbaines» dans la capitale

Ces collectifs qui réveillent ParisSTREET-ART Des tags pour soutenir la Palestine

Banksy bombe Gaza

Aristochats sur les mursde Gaza. DR

Page 7: 09 Expresso 2015

RUGBY Face au Pays de Galles, la France cherche le rachat

n Les Jeux olympiques d’hiver 2014 à Sotchi, dans lesquels Moscou avait investi 37 mil-liards d’euros, ont généré 47 millions d’euros de bénéfices. Le Comité international olym-pique (CIO) a dévoilé les chiffres jeudi, alors que sa com-mission exécutive se réunit en ce moment à Rio de Janeiro.Les dépenses d’organisation comptabilisées dans le calcul se limitent toutefois aux plus légères, celles effectuées par le Comité d’organisation local. L’argent investi dans la construction des équipements sportifs, la sécurité, le logement et le transport n’a pas été pris en compte. Ainsi, l’autoroute la plus chère de l’histoire, construite pour relier un centre alpin à la ville de Sotchi, n’a pas été incluse dans les calculs. Son coût : 6 milliards d’euros

o Liv Audigane

SOTCHI 2014

PSA veut passer à la vitesse supérieure

SPORT Des ultras de Kiev ont tenté d’attaquer les supporters bretons

Le match Kiev-Guingamp sombre dans la violencen 78ème minute de jeu, stade olympique de Kiev. Le Dyna-mo mène trois buts à un face à Guingamp en 16ème de finale retour d’Europa Ligue. A dix minutes de la fin du match, et alors que le club ukrainien est virtuellement qualifié pour la suite de la compétition, des sup-porters ukrainiens quittent leur tribune pour se diriger vers celle des Guingampais. Leur but: en découdre. Ils s’attaquent d’abord aux sta-diers, débordés par la situation. Effrayés, les Bretons quittent immédiatement le stade escor-tés par l’armée et se réfugient dans leur hôtel. « C’est vrai-ment choquant. Ce n’est plus du football car on veut vraiment faire mal », raconte Lydie, une supportrice bretonne. Le match s’interrompt, plu-sieurs joueurs du Dynamo se dirigent alors vers la mêlée pour calmer le jeu. Neuf minutes plus tard, l’arbitre siffle la reprise de la rencontre.

«Ils voulaient tuer nos suppor-ters»Pour le président de l’En-Avant

Guingamp, Bertrand Desplat, un drame a été évité. « Je n’ai pas vu des supporters, j’ai vu une meute, des gens assoiffé de violence qui voulait en découvre et tuer nos supporters ».Le président accuse l’UEFA (l’Union des associations euro-péennes de football) de ne pas prendre au sérieux la dangero-

sité des supporters ukrainiens « Je ne sais pas comment les instances du football européen peuvent faire pour continuer à organiser des matchs dans ces conditions, ou alors on attend tous qu’il y ait des morts ». Le Quai d’Orsay avait décon-seillé aux Guingampais d’effec-tuer le déplacement à Kiev, ju-

geant le match à hauts risques. Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, certains ultras du Dynamo Kiev participent éga-lement aux combats à l’est du pays contre les séparatistes pro-russes. Pour ces incidents, l’UEFA pourrait lourdement sanctionner le Dynamo Kiev.

o Maureen Suignard

L’UEFA devrait sanctionner le Dynamo Kiev pour la violence de ses supporters. Sergei Supinksy. AFP

SPORT

VENDREDI 27 FEVRIER EXPRESSO - 07

Les ultras ukrainiens coutumiers de la brutalité

En décembre dernier, des violences avaient déjà eu lieues entre des suppor-ters français et ukrainiens. Celles-ci s’étaient déroulées au cours du premier tour de la Ligue Europa en marge du match opposant Dnieprope-trovsk à Saint-Etienne. Une centaine de supporters sté-phanois avaient été agres-sés dans un bar, par des hommes armés de couteaux et de pistolets à grenaille. Le club Ukrainiens avait déjà été sanctionné pour des actes raciste contre le PSG en novembre 2012.

n « On ne fait plus rêver per-sonne », avouait le sélection-neur du XV de France Philippe Saint-André (PSA) en 2013, après une triste défaite contre le Pays de Galles. Battus 16-6 sur leur propre terrain, les Bleus n’avaient jamais surpris la dé-fense galloise par leurs attaques prévisibles.Alors qu’ils vont affronter à nouveau les Gallois samedi, les Français n’ont pas de quoi être confiants sur leurs capacités offensives. Après un début de Tournoi morose, où ils ont peiné à battre l’Ecosse et ont chuté face à l’Irlande, leur seul essai est à mettre au crédit des avants. PSA a donc modifié ses plans, avec l’arrivée de quatre joueurs dans les lignes arrières, plus portés sur l’offensive que le jeu au pied. Morgan Parra, Sofiane Guitoune, Brice Dulin et Rémi Lamerat ont pour mission de dynamiser l’attaque française,

et ont martelé le message auprès de la presse. Morgan Parra a appelé à « se lâcher enfin et à envoyer du jeu contre les Gal-lois sans tomber dans l’excès ».

Inconstants GalloisMême mot d’ordre pour So-fiane Guitoune, jeune ailier sur lequel PSA compte pour mettre un peu de folie dans le jeu : « Il faut qu’on se lâche, qu’on s’exprime ». En face, les Gal-lois sont loin du niveau attendu.

Auteurs d’un Grand Chelem en 2012, vainqueurs du Tournoi en 2013, les Diables Rouges ont perdu en première journée face à l’Angleterre 16-21, avant de vaincre d’une courte tête les Ecossais 23-26. Ils pourront compter sur leur ailier star Georges North, remis d’une commotion. A 22 ans, il deviendra le plus jeune joueur de l’histoire à atteindre le cap des 50 sélections.

o Olivier Bories

Romain Taofifenua, auteur du seul essai français du Tournoi, est titulaire face au Pays de Galles. Icon sport

Banco pour Moscou

Page 8: 09 Expresso 2015

EXPRESSO27 02 2015 # 09

Ogier, homme presséPORTRAIT En deux saisons, le pilote français a pris la relève de Loeb

De retour du Rallye de Suède, Sébas-tien Ogier aurait pu se ressourcer, comme la plupart

des pilotes, dans une somp-tueuse villa juchée sur les hau-teurs de la Principauté de Mo-naco. Mais Sébastien Ogier n’est pas un pilote comme les autres, et c’est finalement à La Fare-en-Champsaur, dans l’arrière-pays provençal, que le Français a re-gagné ses pénates en attendant la prochaine manche du cham-pionnat.

Une carrière à 20 euros « Séb’ » Ogier surprend par sa simplicité. En regardant de plus près son parcours, on pourrait même penser qu’il est arrivé dans le sport auto par hasard. Champion de France de boule lyonnaise (!) et titulaire d’un diplôme de moniteur de ski, le natif de Gap semblait davan-tage destiné à dévaler les pistes noires des Hautes-Alpes que de jouer l’as du volant. Mais le rallye est toujours resté dans un coin de sa tête : « A huit ans, mes parents m’ont offert un kart », raconte Ogier, « Je m’en servais pour faire mes premiers travers autour du pâté de mai-sons ! » En 2005, il décide de franchir le Rubicon et s’inscrit à Rallye Jeunes, l’opération de détection des jeunes talents de la Fédé-ration française du sport auto-mobile, qu’il remporte haut la main. Un succès qui va préci-piter sa carrière : vainqueur de

la Coupe 206 en 2007 et sacré « espoir de l’année » par le réputé magazine Echappement, le Gapençais rentre rapidement dans le radar de Citroën. « Je crois que j’ai vraiment fait l’af-faire du siècle ! » s’esclaffe-t-il, « L’inscription à Rallye Jeunes ne m’a coûté que 20 euros, et ça a conditionné ma carrière. »

Tuer le pèreSitôt arrivé au sein de la marque aux chevrons, Ogier impres-sionne par son implication et sa vélocité. Par son humilité aussi. Chez Citroën, il doit en effet composer avec un autre pilote français, multiple champion

du monde celui-ci : Sébastien Loeb. Après deux saisons d’ins-tallation discrètes, Ogier par-vient enfin à rivaliser en 2011. Très vite, les ambitions des deux Sébastien se télescopent et la situation s’envenime. Le pa-tron de Citroën Racing, Olivier Quesnel, cantonne alors Ogier à un statut de numéro deux.C’en est trop pour le jeune pilote, qui décide de plier les gaules et de rejoindre Volk-swagen, sur le point de faire son retour en Championnat du monde des Rallyes. Après une année de préparation minu-tieuse, l’équipe est fin prête en 2013. Et pour un coup d’essai,

c’est un coup de maître, avec un premier titre décroché en fin de saison, agrémenté de neuf vic-toires.Mais l’important est ailleurs. Avec ce succès plein de pa-nache, validé en 2014 par un second titre, Ogier est parvenu à « tuer le père » et à faire ou-blier Loeb, chouchou du public et des médias jusqu’ici. Pas de quoi prendre la grosse tête pour le pilote Volkswagen, qui tem-père : « Je ne cours pas après la notoriété, ce n’est pas le moteur de ma carrière. » Quand on vous dit qu’Ogier est un homme simple.

o William Zinck

EXPRESSO INSOLITEDeux lamas en cavalen Deux lamas fugueurs ont semé la ziza-nie dans les rues de Phoenix, au Sud-ouest des Etats-Unis. Les camélidés se sont extirpés de la remorque d’un camion offrant ainsi une course poursuite des plus mémorables aux dizaines de poli-ciers qui ont tenté de les arrêter. La ca-vale a été retransmise en direct grâce aux hélicoptères des chaînes d’informations en continue et suivie par des centaines de milliers de téléspectateurs. L’un des lamas a été capturé à l’aide d’un lasso. Le second s’est finalement rendu à la po-lice. La course-poursuite aura enflammé les réseaux sociaux, notamment avec les hashtags #whitelama et #teamllama.

Tatouages héréditairesn La petite Honey-Rae, 18 mois, est née avec d’importantes tâches de naissance sur le corps. Lors d’une sor-tie estivale, sa particularité a attiré le regard d’un couple. Après cet épi-sode, ses pa-rents ont entre-pris de se faire tatouer les mêmes tâches sur les jambes pour éviter que leur fille se sente différente. A la vue de la jambe de sa mère, la petite Honey-Rae a montré la sienne et a murmuré: « Pareille ».

Un hibou sème la terreur n Dans la petite ville tranquille de Pur-merend, au Nord des Pays-Bas, un mys-térieux hibou terrorise les habitants. En trois semaines, une douzaine de per-sonnes se sont faites violemment atta-quer. Ce hibou grand-duc a « les serres aiguisés omme des lames de rasoir », raconte Lisselotte de Bruijn, la porte-pa-role d’un centre pour handicapés qui a subi de nombreuses attaques. Les auto-rités conseillent désormais aux citoyens de prendre leurs précautions la nuit, et notamment de sortir muni de parapluies et de chapeaux afin de se protéger des attaques du volatil. Un comportement qui ne semble pas normal.

08- EXPRESSO - VENDREDI 27 FÉVRIER

Avec un second succès en autant de rallyes, Sébastien Ogier a débuté la saison sur les chapeaux de roues. Volkswagen Motorsport