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L’ESSENTIEL FRANCE P. 2, 8 Le programme de Strauss-Khan n En attendant que DSK sorte de son si- lence, la lecture de son livre de 2006 permet de déceler les lignes d’un éventuel programme présidentiel. INTERNATIONAL P. 4 L’Egypte en proie à la violence n Treize morts au Caire. Les journalistes pourchassés. ECO/CONSO P. 5 Portrait d’un relieur n Le Salon des métiers du livre se tient à Paris pendant trois jours. FOOTBALL P. 6 France-Brésil n Au stade de France Evra n’en sera pas. Abidal est sélectionné. CULTURE P. 7 Colin Firth joue les rois bègues n «Le Discours d’un roi» lisse les traits d’un George VI à la person- nalité complexe. EXPRESSO FRANCE : Les jeux d’argent en ligne rencontrent un vif succès depuis leur légalisation en mai 2010. Addiction, isolation, les risques pour les joueurs sont nombreux. Les pouvoirs publics tentent de lutter contre ces dérives. Mais, le succès de la prévention est mitigé. P.2 QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2012 # 2 04 02 2011 Jouer en ligne, un pari risqué

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Quotidien école des étudiants en journalisme de l'IFP

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L’essentieLFRAnCe P. 2, 8Le programme de Strauss-Khan n En attendant que DSK sorte de son si-lence, la lecture de son livre de 2006 permet de déceler les lignes d’un éventuel programme présidentiel.

inteRnAtiOnAL P. 4L’Egypte en proie à la violence

n Treize morts au Caire. Les journalistes pourchassés.

eCO/COnsO P. 5Portrait d’un relieurn Le Salon des métiers du livre se tient à Paris pendant trois jours.

FOOtbALL P. 6France-Brésil

n Au stade de France Evra n’en sera pas. Abidal est sélectionné.

CuLtuRe P. 7Colin Firth joue les rois bègues n «Le Discours d’un roi» lisse les traits d’un George VI à la person-nalité complexe.

exPRessO

FRAnCe : Les jeux d’argent en ligne rencontrent un vif succès depuis leur légalisation en mai 2010. Addiction, isolation, les risques pour les

joueurs sont nombreux. Les pouvoirs publics tentent de lutter contre ces dérives. Mais, le succès de la prévention est mitigé.P.2

quOtidien du mAsteR de jOuRnALisme de L’ institut FRAnçAis de PResse - PROmO 2012# 204 02 2011

Jouer en ligne, un pari risqué

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n Le directeur du FMI est depuis son départ pour Washington l’objet de tou-tes les spéculations. Mais que sait-on réellement de son pro-gramme, de ses convictions ?

DSK étant muselé par ses fonctions, ceux qui cher-chent à percer ses intentions se

voient contraints d’interpréter ses déclarations sibyllines ou les spéculations de ses proches. Le responsable socialiste s’est pourtant déjà exprimé longue-ment sur de nombreux sujets dans un livre programme paru en 2006 : 365 jours (Grasset). Bien qu’écrit il y a cinq ans, ce livre a le mérite de redonner la parole à « l’oncle d’Amérique » du parti socialiste.

Instincts primairesAvant d’espérer représenter la gauche contre Nicolas Sarkozy en 2012, Dominique Strauss-Kahn devra d’abord, s’il fait le choix de revenir, en passer par des primaires. Un processus qui le laissait perplexe en 2006. Très enthousiaste sur le succès de la formule en Italie, il considérait leur transposition à la France « difficile ». « La gauche françai-se est loin d’être aussi unie [que la gauche italienne, ndlr] », écrivait-il. À l’époque, il juge

leur instauration « prématurée, artificielle, voire dangereuse ». « Les primaires sont une for-mule d’avenir », estimait-il ce-pendant.Écrit trois ans avant la forma-tion du Parti de Gauche par Jean-Luc Mélenchon, le livre n’en dit évidemment rien. Il consacre en revanche quelques paragraphes à Die Linke, le par-ti allemand d’Oskar Lafontaine dont le tribun de l’Essonne s’est ouvertement inspiré. Celui qui n’est encore que député et maire de Sarcelle (Val d’Oise) est af-firmatif : « à gauche, la division est toujours annonciatrice de

la défaite : seule l’union fait la force ». À entendre la virulence avec laquelle Jean-Luc Mélen-chon s’en prend à son ancien collègue socialiste, le message ne semble pas être très bien passé.

Un présidentiel anglophone« DSK est-il de gauche ? », fei-gnent de s’interroger ses adver-saires. En 2006, l’homme se di-sait en tout cas scandalisé par les salaires de certains patrons. « Le capitalisme français s’est aligné sur les excès du capitalisme fi-nancier anglo-saxon », écrivait-il avant de préconiser un enca-

drement des parachutes dorés. Domin ique S t r aus s -Kahn n’était pas tendre non plus avec Nicolas Sarkozy. S’il lui recon-naît des « qualités de leader politique dans un environne-ment international difficile », il n’avait pas de mot assez dur pour qualifier la politique sécu-ritaire du futur président de la République. Sans le nommer, il moquait même le ridicule de ces « responsables français du plus haut niveau » incapables de par-ler anglais. « Nicolas Sarkozy veut incarner la rupture libérale avec le mo-dèle social français (…), une aventure [qui] ne créera pas le sursaut mais déchaînera la France », pronostiquait-il. Un diagnostic qu’on risque d’en-tendre à nouveau si l’éléphant DSK décide de traverser l’At-lantique dans l’autre sens.

o Nathanaël Vittrant

FRANCE

En 2006, DSK pensait déjà à 2012

Le déficit bientôt encadré par la Constitutionn Selon le souhait du président de la République, le principe de maîtrise des dépenses publi-ques devrait être inscrit dans la Constitution avant l’été.

Depuis la crise de la dette, les di-rigeants européens sont conver-tis à une nouvelle doctrine : la rigueur budgétaire. Mercredi, à la demande de Nicolas Sarkozy, le conseil des ministres a validé le dépôt « dans les prochaines semaines » d’un projet de loi gouvernemental érigeant la maîtrise des déficits en principe constitutionnel. Concrètement, il s’agit de revenir par étapes aux 3 % autorisés par l’Union Européenne.Lors du conseil des ministres, François Baroin a précisé que cette révision constitutionnelle permettrait de « fixer un objectif clair d’équilibre budgétaire à

atteindre ». Le porte-parole du gouvernement a ajouté que le projet serait présenté au Parle-ment « d’ici l’été ».

La règle d’or de l’équilibreL’idée de cette initiative prési-dentielle remonte au printemps dernier. Suite au naufrage du navire grec, la flottille euro-péenne essuyait une tempête budgétaire sans précédent. En quête de solutions, la France regarda comme souvent de l’autre côté du Rhin. S’inspirant de l’exemple allemand, Nico-las Sarkozy décidait alors de faire de la réduction du déficit une « règle d’or » constitution-nelle. En janvier, le président a accéléré les choses en plaidant vigoureusement pour cette révi-sion devant des parlementaires réunis à l’Elysée. Graver la lutte contre le déficit

dans le marbre constitution-nel, voilà peut-être le remède contre l’indiscipline budgétaire de la France. Si l’objectif est de sacraliser le principe de rigu-eur budgétaire, le projet relève aussi de la tactique politique. En proposant cette révision consti-tutionnelle, Nicolas Sarkozy tend un piège à la gauche en vue de 2012. Pour être validé, le projet nécessite les deux tiers des voix du Parlement. Les so-cialistes seront donc mis face à leurs responsabilités. A l’image de Laurent Fabius qui a quali-fié cette révision d’ « opération politicienne », le PS cherche la parade en dénonçant une « manœuvre grotesque ». Ré-vision constitutionnelle ou pas, l’équilibre budgétaire pourrait bien devenir un enjeu central de la prochaine présidentielle.

o Benjamin Roger

DSK en 2006, lors de l’Université d’été du PS à La Rochelle. (DR)

02 - EXpREsso - VENdREdi 4 FEVRiER

MAM mise à l’indexn La polémique autour des vacances tunisiennes de MAM ne désenfle pas. Alors que le gouvernement apporte son soutien à la ministre des affaires étrangères, Nadine Morano a affirmé qu’elle ne serait « pas partie en Tunisie en vacances ». Quant à Benoît Hamon, porte-parole du PS, il a réclamé la démission de Mi-chèle Alliot-Marie.

Laetitia, la polémiquen Mis en cause par Nicolas Sarkozy, les magistrats du par-quet de Nantes travaillant sur l’affaire du meurtre de Laeti-tia à Pornic (Loire-Atlantique) ont décidé de suspendre les audiences en signe de pro-testation. Le chef de l’Etat a promis que les « dysfonction-nements graves » de la jus-tice dans cette affaire seraient sanctionnés.

Ira, ira pas ?La légère baisse dans les sondages qu’a connu Do-minique Strauss-Kahn hier n’empêche pas ses amis de le presser à franchir le pas. Sur France Inter hier matin, Pierre Moscovici expliquait avoir « l’impression que quelque chose [était] en train de naître qui pourrait l’amener à être candidat. »

Le gouvernement veut s’inspirer de l’orthodoxie budgétaire allemandeEN bREF

POLITIQUE Un livre dévoile les idées-forces du candidat potentiel

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n « Le décompte: cancer stade 4 diagnostiqué depuis 1 473 jours ». C’est l’une des premières choses que l’on lit en arrivant sur le blog de Denis. La page Web retrace l’expérience de cet homme atteint d’un cancer du poumon. Depuis quelques années, les « cancéroblogs » se multiplient sur la Toile.«Parfois le personnel médical n’a pas le temps, le malade a peur d’effrayer ses proches : il dépose donc sa souffrance sur un blog », analyse Laure Co-pel, cancérologue. « Je voulais m’exprimer sans embêter mon entourage », explique Pascal, blogueur atteint d’une leucémie. Peut-être aussi « l’envie de lais-ser une trace », ajoute Catherine Cerizey de la Maison du cancer, auteur d’un blog d’information sur le cancer.Pour proches et malades, les blogs peuvent être une source d’informations : « les médecins

n’ont souvent pas le temps d’ex-pliquer, et ne pensent pas que leurs patients comprennent la pathologie », explique Catheri-ne Cerizay. « Quand on ne dort pas la nuit à cause des angois-ses, les blogs sont là », ajoute cette ancienne malade dont le blog est source d’espoir pour beaucoup.

Un espace d’expressionNombreux sont les « cancero-blogs » qui racontent la lutte quotidienne contre la maladie. Une des blogueuse les plus lues fut Marie-Dominique Arrighi, ancienne journaliste à Libéra-tion auteur de K, histoires de crabe. La journaliste y racontait la chimiothérapie, la fatigue, l’hôpital, jusqu’au jour du der-nier post en mars 2010 : « Des Diaconesses », en référence à l’unité de soins palliatifs dans laquelle elle vécu son dernier mois.

Le principal public de ces blogs sont des personnes elles-mêmes atteintes d’un cancer. « Il y a beaucoup de solidarité entre malades sur les blogs », analyse Pascal. Ouvert à tous, le blog représente ainsi une plateforme d’expression idéale. Avec cer-taines limites : « Je pense par exemple que certaine personne consultaient le blog de Marie-Dominique Arrighi par voyeu-risme », s’indigne Catherine Cerizey.

Pascal, lui, a décidé d’aborder la maladie avec humour. « C’est ma nature ! », rigole t-il. « Le cancer est présenté de manière triste, on en parle de manière condescendante, (...) alors qu’il faut montrer des malades qui sont dans vie », explique ce quinquagénaire. Malades oui, mais bien vivants. Une phrase au cœur de la journée mondiale contre le cancer, vendredi 4 fé-vrier. o Léonor Lumineau

Les « Cancéroblogs » se multiplient sur la Toile

Octuple infanticide : un cas d’inceste ?

Dominique Cottrez, la mère soupçonnée d’avoir tué huit de ses nouveau-nés à Villiers-au-Tertre (Nord), a affirmé hier avoir agi par crainte que les en-fants soient de son propre père. Ce rebondissement dans la plus grande affaire d’infanticides de France a entraîné de nouvelles auditions.

Des radiographies moins remboursées La Caisse nationale d’assurance maladie a indiqué hier que les remboursements des radiogra-phies du crâne, de l’abdomen et du thorax seraient désormais li-mités. L’annonce suit les recom-mandations de la Haute autorité de la santé qui cherche à éviter les « irradiations inutiles ».

Travail de nuit : un tiers de femmesSelon une enquête publiée par le ministère du travail, l’emploi de nuit s’est fortement féminisé en vingt ans, le nombre de femmes concernées a doublé entre 1991 et 2009, passant à 1 million, et faisant passer leur proportion de 20% à 29%. Les infirmières et les sages-femmes sont les plus concernées.

SOCIETE Un service d’assistance aux accros des jeux en ligne

Jeux virtuels, danger bien réel

Winamax, la réfé-rence du poker en ligne », « Betclic.fr, pariez sur le

meilleur », « PMU.fr, on parie que vous allez gagner ». Depuis la légalisation il y a six mois de nombreux sites de jeu d’ar-gent sur Internet, les publicités vantant les paris ou le poker en ligne se multiplient. Selon une étude de Kantar Média publiée le 28 janvier, ce nouveau mar-ché aurait généré en 2010 près de 200 millions d’euros de dé-penses en publicité. Soit 12% du budget publicitaire global consacré à la culture et aux loi-sirs.

Nouveaux accrosCette communication promo-tionnelle massive a eu les ré-sultats escomptés. Selon les chiffres avancés par l’ARJEL, l’Autorité de régulation des jeux en ligne, il y a deux semaines, les 35 opérateurs agrées ont déjà ouvert 2,1 millions de comptes pour les joueurs. Et l’ensemble de ces plateformes ont vu circu-ler, au cours du dernier semes-tre, plus de 5 milliards d’euros. Une fortune ! Mais l’ensemble de ces joueurs en ligne a-t-il prêté attention aux messages de prévention imposés par la loi et accolés à tous ces

slogans publicitaires ? Ont-ils pu lire que : « Jouer comporte des risques : endettement, isole-ment, dépendance » ? Combien sont-ils, les accros au jeu, qui ont appelé Joueurs écoute info service, le service d’assistance mis en place par l’Institut natio-nal de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) ?

Un standard désertéIls seraient près de soixante, selon l’INPES, à composer cha-que jour le numéro de ce ser-vice d’assistance. Une moyenne assez faible pour un standard ouvert de 8 heures à 2 heures du matin. Très faible quand on la compare aux deux millions

d’addicts potentiels. Ironie du sort. Pendant près d’une heure, jeudi après-midi, le service as-suré par le prestataire Adalis, était injoignable. La faute à un bogue informatique selon l’INPES. Face à ce phénomène que cer-tains joueurs tombés dans l’addiction qualifient de fléau, les démarches de prévention sont-elles suffisantes ? Dans un article publié par le Dossier Familial en septembre dernier, Didier Jayle, spécialiste des addictions, rappelait que la dé-pendance au jeu peut « conduire à l’exclusion totale, à la prison, ou au suicide. »

o Donald Walther

Les sites proposent une immersion complète

Le « cancéroblog », où les récits de vie se croisent

en breffrAnCe

Vendredi 04 jAnVier- expresso - 0302 - expresso - Vendredi 12 jAnVier

SANTE Journée mondiale du cancer

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Vendredi 12 janVier- expresso - 0504 - expresso - Vendredi 4 feVrier

internationalEGYPTE Les sympathisants du Raïs tentent de changer la donne

Moubarak regagne du terrainLa place Tahrir, épicen-

tre de la contestation du régime, est depuis mercredi après-midi

le théâtre d’une bataille rangée entre partisans et opposants d’Hosni Moubarak. Alors que l’on croyait le peuple égyptien uni contre le despotisme du raïs, les soutiens du président entrent en scène, et char-gent à dos de chameau aux côtés des forces de police. Pour Hadjar Aouar-dji, politologue à Sciences Po et spécialiste du Proche-Orient, ce nouvel acte révèle que le vent vient de tourner en Egypte.Selon elle, le discours télévisé

de Moubarak mardi soir « a été bien reçu par une frange impor-tante de la population, qui a été gagnée par un sentiment natio-naliste, centrée sur la personne du président ». Le Raïs a en effet adopté une posture sacri-ficielle, insistant sur son passé militaire et ses trente années

au service au pays. Refu-sant la fuite, et jurant qu’il voulait mou-

rir en Egypte, il a fait de sa di-gnité une force.« Il est évident que le nombre de partisans de Moubarak s’est accru ces derniers jours », note Hadjar Aouardji. « Une partie de la population s’est résignée

en estimant avoir obtenue ce qu’elle voulait », c’est-à-dire son renoncement aux élections de septembre.Néanmoins, il semble que par-mi les manifestants pro-Mouba-rak, les soutiens sincères soient moins nombreux que « les in-dividus armés, payés par des députés, pour seconder la po-lice et contrer les opposants », avance Hadjar Aouardji, « il faut les distinguer des partisans convaincus ». Reste à éclaircir la position de l’armée, « pertur-bée car elle ne reçoit pas d’or-dre ». Mais jeudi en fin d’après-midi, les militaires contraient violemment les partisans de Moubarak.

o Timothée Brisson

Près d’un million de mani-festants à la « journée de la colère » au Yémen « Où sont le pétrole et le gaz » demandaient hier les protesta-taires dans les principales villes du pays. La population ne se satisfait pas des annonces du président Ali Abdullah Saleh qui a renoncé mercredi à briguer un nouveau mandat.

Haïti : Manigat et Martelly au second tourMirlande Manigat, ex-première dame du pays, et le chanteur populaire Michel Martelly seront les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle en Haïti. Dès l’annonce les parti-sans de « Sweet Micky », recalé en décembre, ont laissé éclater leur joie.

en brefn Le souffle de démocratie qui balaye le Moyen-Orient attisera-t-il les braises de la contestation en Syrie ? La question est ouver-te, alors que des « Journées de la Colère » sont prévues jusqu’à samedi à Damas. « Le Moyen-Orient est malade », mais « la Syrie est stable », a répondu de-rechef Bachar Al-Assad, l’ac-tuel président syrien, interrogé lundi par le Wall Street Journal. « Une diffusion du mouvement me paraît peu probable », avan-ce un universitaire français spé-cialiste de la Syrie, souhaitant garder l’anonymat. Si les « ba-ses de la contestation sont bien présentes » - taux de chômage de 20%, corruption endémi-que et bilan modeste en termes d’ouverture politique - la colère pourrait se heurter aux « spéci-

ficités nationales et au contexte socio-politique syrien ». A l’in-verse de l’Egypte, à dominante musulmane sunnite, la Syrie est composée d’une mosaïque de courants religieux et d’ethnies en équilibre précaire. « La peur qu’un mouvement de révolte ne dégénère en guerre civile peut réfréner les velléités de révol-tes », ajoute Fayad Sabyiat, 31 ans et ancien responsable cultu-rel de l’association des Syriens de Lyon.

Pourquoi pas nous ?En outre, l’obstacle majeur à une révolte à l’égyptienne reste la relative popularité du prési-dent Al-Assad. Bien qu’il ait perdu de son aura, onze ans après son arrivée au pouvoir, la figure du « Printemps de

Damas » - un mouvement de libération du régime - a « su se maintenir par des réformes so-ciales, de libéralisation écono-mique et de lutte contre la cor-ruption », ajoute l’universitaire. Une réalité qui tranche avec les situations tunisiennes et égyp-tiennes. Pourtant, des discours mobilisateurs du type « ils ont réussi, pourquoi pas nous ? » se propagent dans certaines cou-ches de la société syrienne, en particulier chez les moins de 30 ans (60% de la population). Les réseaux sociaux en sont un vec-teur déterminant, en témoigne l’existence du groupe Facebook intitulé « Révolution Syrienne 2011 », qui compte déjà 13 000 membres.

o Vincent Dublange et Clément Gassy

Malgré les revendications, le pays reste sous contrôle

Damas n’est pas le CaireBachar Al-Assad, président de la Syrie, semble encore crédité d’une relative popularité.

Le face-à-face dégénèreDes affrontements ont éclaté hier en fin de matinée sur la place Tahrir. Les chars de l’ar-mée ont empêché les partisans d’Hosni Moubarak d’attaquer les manifestants anti-régimes. Des tirs nourris ont été enten-dus. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont condamné fermement ces violences. Le dernier bilan du ministère de la santé faisait état de 13 morts et de 1 200 blessés. Dans la soirée, le vice-président Sou-leimane a invité les Frères Musulmans à participer au dia-logue.

Les journalistes pourchassés au Caire

Dans les rues ou dans leur hôtel, de nombreux journa-listes étrangers couvrant les événements en Egypte ont été battus, dépouillés et, pour cer-tains, arrêtés par des manifes-tants pro-Moubarak ou la po-lice. Au moins huit journalistes étaient concernés hier, dont quatre Français (Arte et France 24), deux Turcs, un Américain et deux Grecs. «Nous deman-dons instamment aux autorités égyptiennes de faire cesser ces agissements inaccepta-bles et d’assurer la sécurité et la liberté d’exercice de la pres-se», a déclaré le Ministère des Affaires étrangères français.

« Il est évident que le nombre de partisans de Moubarak s’est

accru ces derniers jours »

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ECO/CONSOARTISANAT A l’heure du numérique, il rafistole les vieux bouquins

Dans un petit atelier de la rue des Moines à Paris (17e) s’en-tassent des peaux de cuir, de la toile

et toutes sortes d’outils. Sur les murs, les étagères sont remplies de livres. C’est dans ce sanctuaire que travaille Jean-Claude Coif-fard, relieur depuis 43 ans.Si le secteur du livre ne se porte pas très bien, ce passionné, lui, a du travail par-dessus la tête. « J’ai acquis une certaine notoriété », sourit-il. À 58 ans, le relieur « habille les livres » de particuliers, de notaires et surtout d’avocats. « Pas ceux des bibliothèques, elles n’ont plus d’argent. »Chaque jour, il recoud les cahiers de vieux livres , monte les couver-tures d’origine, les met en presse et ajoute la couverture en peau ou en cuir qu’il a confectionnée en fonction des envies et des moyens du client.

De l’art de la reliureSa réussite, il l’attribue à la bonne gestion de son entreprise. « À 15 ans, j’ai fait l’école Estienne, le must pour ce métier. Quand je me suis installé à mon compte en 1979, j’ai choisi d’être sala-

rié de ma boîte car être artisan, c’est une queue de cerise. » Cha-que mois, il se verse un SMIC et parvient à constituer une petite trésorerie. Ce n’est pas le cas de tous ses confrères. « J’en connais quelques-uns qui ont mis la clef sous la porte. C’est parce qu’ils considèrent la reliure comme un business alors que c’est un art. » Jean-Marc Coiffard pointe aussi le numérique du doigt. « Les re-lieurs meurent car tout est numé-

risé », confie-t-il. « En ce moment je travaille avec le service juridi-que de BNP Paribas mais l’année prochaine ce sera terminé car ils numérisent tout. »Le relieur estime que les particu-liers se sont créé d’autres besoins et font moins appel à ses compé-tences. « Ils préfèrent avoir trois livres de poches plutôt qu’un livre relié », regrette-t-il. « Bientôt, il n’y aura plus de relieurs car il n’y aura plus de livres à relier. »

Bientôt à la retraite, Jean-Claude Coiffard pourra réaliser ses rêves, faire le tour du monde et confec-tionner un livre en vitrail.

o Angélique Mangon

Les patients s’accumulent dans la salle d’opération du docteur ès livres, Jean-Claude Coiffard.

SOCIAL Un rapport écorne l’image des travailleurs du port

Pénibles privilèges des dockers de Marseillen Alors que le conflit s’étend aujourd’hui au port du Havre, Le Figaro a publié hier un rapport provisoire de la Cour des comptes dénonçant le « blocage social » du Port de Marseille par les doc-kers. Les magistrats dénoncent des conditions de travail et des ré-munérations très confortables. Ces données mettent à mal les revendications du syndicat CGT régnant en maître sur les docks. Au fil du rapport, sont décrits les

rythmes de travail ultra légers : 12 heures par semaine, et la règle du « fini-parti » qui autorise les por-tiqueurs à partir dès que le travail sur un navire est terminé, peu im-porte l’heure.

Confortables salairesLa pénibilité évoquée dans le débat peut laisser sceptique à la lecture du rapport. Deux por-tiqueurs travaillent par grue. L’un fait fonctionner la grue, le second s’attelle à des activités annexes ou

rejoint la salle de repos. Alors que les heures travaillées ont diminué entre 2006 et 2008, les heures supplémentaires rémunérées se sont accrues de 21 %.A l’image des ouvriers du Livre dans la presse ou des aiguilleurs du ciel, le faible temps de labeur s’accompagne d’une rémunéra-tion démesurée : les dockers per-çoivent entre 3 500 et 4 500 euros net par mois, auxquels s’ajoutent les pourboires illégaux toujours versés par les manutentionnaires.

En 2005, la Cour des comptes avait déjà critiqué « le maquis des primes et indemnités ».En attendant les navires se dépor-tent vers des ports plus fiables. Depuis octobre, l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhô-ne évalue à 550 millions d’euros de chiffre d’affaire les pertes des entreprises de la région. Elle a de-mandé solennellement hier à Ni-colas Sarkozy la reprise du travail dans le port marseillais.

o Jonathan Klein

Au chevet des livres anciens

1er Bilan en Egypte90 millions $ : le coût de la coupure d’In-ternet pendant cinq jours, selon l’OCDE.

4,9 milliards $ de pertes sur les Bourses arabes.

Lundi prochain, la Bourse du Caire réouvrira.

VENdrEdi 04 FéVriEr- ExprESSO - 0504 - ExprESSO - VENdrEdi 12 jaNViEr

Les bons résultats... qui cachent de mauvaises nouvelles

+ 61% Shell

+ 16% Bonduelle

+ 25% Hermès

+ 10% le baril de pétrole

+ 3,4% alimentation 20% du capital aux mains de LVMH

PratiqueLe Forum des métiers du li-vre se déroule du 3 au 5 fé-vrier, à la Maison des métal-los (11e).

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On pourrait l’appe-ler le syndrome Michaël Jordan, en hommage au joueur culte qui

prit trois fois sa retraite en dix ans. S’essayant au baseball puis au golf avant de revenir triom-phalement sous les paniers, le mythique numéro 23 a prouvé que les champions ont souvent du mal à tirer leur révérence.Dernier en date à avoir tenté un come-back, Michael Schu-macher, 41 ans, a durement regretté ses excès d’orgueil du début de saison. De retour sur les pistes avec Mercedes, le sep-tuple champion du monde de F1 a pointé à la neuvième place du classement général. Un résultat qui tranche avec ses ambitions affichées, lui qui n’était revenu que pour jouer le titre. Usé physiquement, devancé par son coéquipier, largué par les nouvelles normes du circuit, « Schumi » a eu beau railler les qualités de sa monoplace, beau-coup doutent qu’il puisse encore retrouver son meilleur niveau. Alors que Mercedes vient de dé-voiler « une voiture plus compé-titive », l’athlète rhénan n’y va pas par quatre chemins. « Cette saison, nous monterons sur le podium avec plus de régularité, idéalement en son centre », a-t-il avancé. Et de couper court aux débats sur ses blessures ac-cumulées : « En terme de force

physique, je n’ai pas de marge d’amélioration. J’ai toujours été au top niveau. »Confiant, Schumacher pour-rait peut-être créer l’exploit là où d’autres se sont cassés les dents.

L’art de rentrer aux vestiairesEn 2008, lassé de sa retraite de trentenaire, Lance Armstrong n’avait pas su résister aux si-rènes du syndrome Jordan. Mal lui en a pris. De chutes en crevaisons en passant par les soupçons de dopage, le cycliste a finalement écorné sa légende en voulant rajouter une énième ligne à son palmarès.Retour perdant également pour Justine Henin. Au printemps 2008, la joueuse belge avait tourné le dos au tennis avec un

sens inné de la dramaturgie. Nu-méro un mondial, elle quittait la scène sur un coup de tête. Le ras-le-bol aura été de courte du-rée, puisque la championne de 27 ans orchestre un come-back ultra médiatisé dix-huit mois plus tard. Surpassée par sa com-patriote Kim Clijsters, elle ne s’impose que dans des tournois mineurs et fait pâle figure lors des grands rendez-vous. Bles-sée au coude, épuisée, Henin a définitivement déposé le bilan le 26 janvier dernier. Une mésaventure qui n’a pas l’air d’inquiéter le nageur aus-tralien Ian Thorpe qui vient de mettre un terme à sa seconde retraite avec la ferme intention de briller dans les bassins lon-doniens en 2012.

o Benjamin Damade

Vendredi 4 FéVrier- expresso - 0306 - expresso - Vendredi 4 FéVrier

sporTs

n La pelote basque s’invite là où on ne l’attend pas. Loin de ses traditionnels fiefs dans le sud-ouest, cette discipline peu connue des parisiens prend ses quartiers dans le 16e ar-rondissement de la capitale, jusqu’à samedi, à l’occasion du 15e Open International. Les meilleurs joueurs mondiaux sont attendus. Français et Espa-gnols, mais aussi Mexicains et Argentins. L’occasion pour la France de prendre sa revanche sur l’Espagne, grand vainqueur des Championnats du monde à Pau en octobre. Quatre grandes spécialités seront à l’honneur : la main nue, la gomme creuse, la paleta cuir et le xare.Difficile pour Michel Goye-netche, le président de la ligue

Ile-de-France, d’attirer l’atten-tion de nouveaux curieux quand les médias ne jurent que par le tournoi des Six nations, qui opposera samedi soir la France

et l’Ecosse. Mais il reste opti-miste : « On espère que les gens du Sud qui ont prévu de venir à Paris pour le rugby passeront avant voir les meilleurs joueurs mondiaux de pelote. Les Pari-siens devraient faire de même ».C’est au Trinquet, 8 quai Saint-Exupéry, que l’événement a lieu. Ce repaire de pelotaris, temple de la troisième mi-temps, a été créé lors de l’Exposition Uni-verselle de 1900 par de riches Basques parisiens. Il abrite le Chiquito de Cambo, l’un des plus beaux complexes dédiés à ce sport. Avec 19 000 licenciés en France, dont seulement 900 à Paris, la pelote basque aura encore fort à faire pour voler la vedette aux rugbymen.

o Chloé Devez

En paleta gomme, la balle peut atteindre 200 km/h. (J. Pasqueille)

AnALyse Les papys font de la résistance

Malgré un retour en demi-teinte, Schumi conserve son ambition.

Thorpe fera-t-il mieux que Schumacher et Armstrong ?n Laurent Blanc a dévoilé au

siège de la FFF les noms des 23 Bleus qui affronteront mercredi en match amical la Seleção, l’équipe brésilienne au Stade de France. La première rencontre de l’année pour les Tricolores.Patrice Evra, le capitaine qui a mené la fronde des Bleus à Knysna (Afrique du Sud) en juin dernier n’est finalement pas retenu. Blanc reconnaît toute-fois qu’Evra joue dans un grand club européen et « a retrouvé un certain niveau ».

Le capitaine des Bleus avait été suspendu cinq mois depuis la Coupe du monde et 62 % des amateurs de foot ne voulait plus le voir revêtir le maillot bleu selon un sondage TNS Sofres pour France Football. C’est le « concurrent » d’Evra, Eric Abidal, qui a été sélectionné. Jé-rémy Toulalan, milieu défensif, ne sera pas non plus de la partie. On savait déjà que Franck Ribé-ry, Samir Nasri et Mathieu Val-buena, blessés, seraient exclus de la sélection et qu’il fallait palier ce manque offensif ; d’où le choix de Karim Benzema et de Jérémy Menez.

Objectif affichéEn mauvaise forme, Abou Diaby a été retenu. Idem pour Yoann Gourcuff qui traverse une passe difficile, mais dont la sélection était annoncée. Si globalement les choix de Laurent Blanc sont classiques, Laurent Koscielny, le défenseur central d’Arsenal, est titularisé pour la première fois en équipe de France. Loïc Rémy débarque, alors qu’il est en méforme et contesté à l’OM.L’objectif affiché par Laurent Blanc est de « se qualifier pour l’Euro 2012 » qui se tiendra en Pologne et en Ukraine. La ren-contre, retransmise par TF1, se déroulera le 9 février, à 21 h 00. Un défi pour les Bleus qui viennent de rétrograder à la 19e place au classement FIFA.

o Laureen Bouyssou

La crème des pelotaris à Paris

France - Brésil : evra n’en est pas

FOOTBALL

Patrice Evra, arriège gauche à Manchester United

PeLOTe BAsQUe XVe Open International ce weekend

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n C’est l’histoire de deux jour-nalistes globetrotteuses. Leila Beratto et Daphné Gastaldi ont vingt-quatre ans et des idées plein la tête. Attirées par la ra-dio, elles ont d’abord travaillé ensemble à Télé Sorbonne, une chaîne associative destinée aux étudiants parisiens. D’abord collègues, elles sont devenues amies. Et des amies assez pro-ches pour partir trois mois en Afrique, armées de micros et d’appareils photo pour donner vie à leur projet : rencontrer des jeunes « aux expériences inno-vantes ». L’objectif: collecter dix portraits et revenir en Fran-ce pour monter une exposition multimédia.

Direction le Bénin, donc, où elles sont restées de juillet à septembre. « On lisait les jour-naux, on regardait la télévision, on écoutait la radio toute la journée. Dès qu’on parlait de quelque chose ou de quelqu’un, on notait et on passait des coups de fil. Puis on s’appelait pour partager nos informations », se souvient Leila. Ensuite il fal-lait aller aborder les personnes, sympathiser avec elles et établir une relation de confiance pour qu’elles acceptent de témoi-gner.Grâce aux subventions et au sou-tien de la Maison des Initiatives Etudiantes (MIE) qui leur a prê-té du matériel, Leila et Daphné

ont pu collecter énormément d’informations. Mais la techni-que faisant parfois défaut à ces jeunes journalistes, tout n’a pas pu être exploité. Mais elles sont fières du résultat. Onze portraits de jeunes Béninois seront expo-sés dès ce soir à la MIE, chacun constitué de deux photos et d’un montage sonore.Maintenant, il s’agit de monter une plateforme multimédia do-cumentaire destinée à enrichir leur travail sur le web. Le but est d’y apporter de nouveaux portraits de jeunes « qui ont des envies, des rêves » afin de faire changer la vision que la société porte sur eux.

o Elodie Corvée

Vendredi 4 feVrier- expresso - 07

culture

Edouard Glissant est mort

L’écrivain et poète martiniquais Edouard Glissant est décédé jeudi à Paris, à 82 ans. Héri-tier d’Aimé Césaire, penseur et homme du Tout-Monde, il avait fondé les concepts de « créolisa-tion » et d’« antillanité ». Auteur d’une œuvre poétique majeure, il a ouvert la voie aux écrivains antillais plus jeunes comme Pa-trick Chamoiseau.

The Good Wife sur M6

La série inédite The Good Wife arrive sur M6 dès jeudi 3 février. Lancé en septembre 2009 sur CBS, le drame judiciaire a été l’une des rares séries de la sai-son passée à avoir rassemblé des téléspectateurs et des criti-ques particulièrement élogieux.

Woody Allen à Cannes

Le dernier film de Woody Allen Midnight in Paris, ouvrira la 64e édition du festival de Cannes, le 11 mai. Projeté hors compétition, cette comédie romantique ras-semble un casting éclectique : Owen Wilson, Marion Cotillard, Adrien Brody, Léa Seydoux et Carla Bruni-Sarkozy.

Une expo photo au parfum du Bénin

La face cachée de George VI

L’Angleterre a des rois et reines légendaires, dont l’Europe se sou-vient. Henry VIII qui inspira Barbe Bleue,

ou encore sa fille Bloody Mary. Mais George VI (1895-1952), le père de l’actuelle souveraine, ne fait pas partie de ce Panthéon royal d’outre-Manche. Le Dis-cours d’un roi, plébiscité par le public, permettra peut-être de rendre ses lettres de noblesse à une personnalité oubliée.Tout commence par le discours prononcé par le Prince Albert d’York, futur roi George VI, à Wembley (1925). Un stade comble, un micro, et un silen-ce rendu assourdissant par les quelques mots qu’il parvient à articuler. Le roi bégaie. S’en suivra une lutte du couple prin-cier et de l’orthophoniste Lionel Logue pour combattre ce mal honteux. Colin Firth est parfait dans le rôle du roi malgré lui, supposé incarner le peuple, mais incapable de parler en son nom. Le film retrace les séances de

langage suivies par l’altesse et le lien d’amitié qu’il noue avec son thérapeute. La fin heureuse consacre un roi galvanisant une foule massée devant Buckin-gham Palace et conquise.

Sa part d’ombreLe Discours d’un roi donne une image émouvante de George VI, mais voile la vérité historique

peu reluisante qui le concerne. Le New York Times du 3 février rappelle que « le vrai roi Geor-ge était en réalité peu fidèle à son opposition au IIIe Reich ». George VI était « très attaché à la politique d’apaisement menée par le ministre Cham-berlain », allant jusqu’à refuser sa démission lors de l’invasion de la France. Le roi a même applaudi la signature du traité de Munich qui en 1938 scel-lait l’invasion de la Tchécoslo-vaquie par l’Allemagne nazie. George VI n’est donc pas uni-quement un roi exemplaire aux discours rassembleurs qui a eu le courage de rester à Londres pendant les bombardements. À l’aune de l’Histoire, le portrait que dresse le film de ce per-sonnage héroïsé apparaît donc flatteur. Cette biographie royale n’est pas sans rappeler le film de Stephen Frears The Queen, sorti en 2006, un genre qui ravive la flamme anglaise pour ses têtes couronnées.

o Ariane Lecointre

Cette belle série dévoile une jeunesse africaine inattendue. (L.Beratto)

expresso quotidienInstitut Français de Presse, Paris II 4, rue Blaise Desgoffe, 75006 ParisQuotidien école M1. Février 2012.Directeur de la publication : Rémy Rieffel. Sous la direction de Ber-trand Le Gendre, rédacteur en chef et Fabien Rocha, éditeur en chef. Ont participé à ce numéro : Hélène Bielak, Léonor Lumineau, Ben-jamin Roger, Nathanaël Vittrant, Donald Walther, Hugo Moisson-nier (France); Timothée Brisson, Vincent Dublange, Clément Gassy (International), Anne-Claire Huet, Jonathan Klein, Angélique Mangon (Eco-Conso); Laureen Bouyssou, Benjamin Damade, Chloé Devez (Sports); Elodie Corvée, Ariane Lecointre, Jing Tian (Culture); Ju-les Brelaz, Julien Lagache, Yann Nguyen, Marion Perrier, Benjamin Vincent.

en bref

PHOTO Deux jeunes reporters rapportent dix portraits originaux d’Afrique

George VI, l’anti-Colin Firth

CINEMA « Le discours d’un roi » brosse un portrait univoque

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ExprEsso04 02 2011 # 02

Le pacificateur du PSportrait Jean-Pierre Mignard supervisera les primaires socialistes

Eviter la guerre des chefs lors des primai-res, c’est la priorité du PS. Le parti s’est donc

doté d’une haute autorité pour veiller au bon déroulement du scrutin. Elle se compose de la juriste Mireille Delmas-Marty, du préfet Rémy Pautrat et d’un socialiste de longue date : Jean-Pierre Mignard.

« J’ai longtemps œuvré pour faire bouger les lignes et mo-derniser le PS, je considère lo-gique qu’on m’ait confié cette tâche », explique-t-il. En vérité, l’avocat est une personnalité consensuelle. Voilà sa force.Fils d’un père typographe et d’une mère fonctionnaire, il est devenu avocat car il voulait se « sentir utile ». D’abord rocar-dien et membre du PSU dans les années 1970, ce natif de Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine rentre au PS en 1984. Très vite, il fréquente Jacques Delors, François Hollande ou encore Jean-Pierre Jouyet. Avec ces deux derniers, il lance le mou-vement des « Transcourants ». L’idée, comme son nom l’indi-que, est de dépasser les clivages et les différentes sensibilités du parti. L’élection de François Hollande, l’homme des synthè-ses, au poste de premier secré-taire en 1997 consacrera leur réussite.

Sa proximité avec François Hol-lande le rapproche peu à peu de sa compagne d’alors, Ségolène

Royal, au point de devenir le parrain de deux des enfants du couple. En 2007, il est président de Désir d’avenir, fer de lance de la campagne de la candidate. Pourtant, quatre ans plus tard, il prend ses distances et se pose en rassembleur. « J’ai dit der-nièrement que j’appréciais Do-minique Strauss-Kahn. Je suis également proche de François

Hollande et j’ai travaillé dans le passé avec Arnaud Montebourg », déclare-t-il, avant de rajouter :« De toute manière, mon nou-veau rôle m’oblige à respecter un devoir de réserve. »

Il faut dire qu’au PS, son créneau c’est les idées et la réflexion, pas les bisbilles politiciennes. Une seule fois il a fait campagne sur

son nom, aux législatives dans la Nièvre en 1993. Ce fut un échec, bénéfique, selon lui : « Au moins, le fait de ne pas avoir de mandat me donne une liberté de ton qui me va très bien. »

Le chevalier blancAu fil du temps, il a su se construire une image de cheva-lier blanc, défendant des causes populaires. Sa dernière grande fierté : la défense des familles des « gosses de Clichy », deux adolescents morts il y a cinq ans à Clichy-sous-Bois après une course-poursuite avec la police. Evénement qui fut le point de départ des émeutes de 2005. Petit, il voulait être homme d’église ou militaire. « Je ne suis ni l’un, ni l’autre, mais j’ai choisi un métier de robe. Je suis costumé », ironise-t-il dans les colonnes du Monde en 2006. Désormais, ses nouveaux habits sont ceux d’arbitre. Un arbitre respecté de tous, pour le mo-ment.

o Hugo Moissonnier

Jean-Pierre Mignard, avocat et socialiste depuis 1984

ExprEsso Clin d’oEilAfrique du SudLes sushis de Kenny,millionnaire coquinn Dans son night-club du Cap, le millionnaire sud-africain Kenny Kunene propose aux happy few, hommes politiques et membres de la Jet-set, de déguster des sushis sur les dessous de sculptura-les bimbos dénudées. Un « passe-temps » vu par ce bourgeois Noir décomplexé comme un droit de dépenser librement sa fortune. Habitué à ce genre de pratiques débridées, le millionnaire a toutefois renoncé à ses soirées sushis pour ne plus froisser les par-tisans de la majorité noire anti-apartheid (ANC) et les féministes.

08 - ExprEsso - VEndrEdi 04 janViEr

BioExpress1951 : naissance à Saint-Cloud 1974 : avocat au barreau de Paris1984 : adhère au Parti socia-liste1993 : battu aux législatives dans la Nièvre 2010 : nommé à la Haute autorité chargée de superviser les primaires au PS

Nœud-nœudLes bambins du numériquen Les nouvelles technologies risquent de sonner le retour des chaussures à scratch. C’est ce que laisse présager une étude de la société AVG, spécialisée dans la sécurité sur internet, menée auprès de 2 200 mères d’enfants âgés de 2 à 5 ans. 58 % d’entre eux savent déjà jouer à un jeu vidéo simple et 19 % utiliser une application de smart-phone alors qu’ils ne sont que 9 % à savoir nouer leurs lacets. Bienvenue dans le futur.

Big brotherAprès la real TV , la radioréalitén Un week-end de Saint-Valen-tin tous frais payés à Zagreb, quoi de mieux ? C’est en tout cas l’idée de Sasa Ceramilac, producteur à Soundset Plavi, une radio croate. Cinquante sont sélectionnés avec un objectif : concevoir un bébé. A la clé : cou-ches, vêtements et accessoires pour nourrisson seront offerts pendant un an. « Nous voulons permettre aux couples de rani-mer leur passion » explique la radio.