05 Expresso 2012

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L’ESSENTIEL Silence de mort aux Nations Unies Les vétos russe et chinois préservent Damas FRANCE P.2 Des civilisations « inégales » n La gauche accuse Claude Guéant de vou- loir détourner la cam- pagne présidentielle de ses vrais enjeux en stigmatisant l’Islam. Retour sur la contro- verse à travers l’ana- lyse d’historiens. INTERNATIONAL P.4 Séisme aux Philippines n Des scènes de pa- nique ont accompagné le séisme de force 6,8 dimanche aux Philip- pines. Un premier bilan fait état de 43 morts et 29 disparus. ECO/CONSO P.6 Perturbations dans l’air n Les syndicats des transports aériens ont appelé à la grève avant l’examen d’une propo- sition de loi sur le ser- vice minimum. SPORTS P.9 Contador déchu n Le cycliste espa- gnol Alberto Contador écope de deux ans de suspension pour un contrôle anti-dopage positif en juillet 2010. EXPRESSO n L’assaut très meurtrier lancé par les forces loyales à Bachar Al-Assad se poursuivait à Homs lundi matin. Ce week-end, les vétos russe et chinois ont empêché pour la seconde fois le vote d’une résolution au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Les deux puissances s’opposent à la mise à l’écart du président syrien, interdisant une issue rapide au « terrifiant mas- sacre » dénoncé par l’opposition au régime de Damas. PAGE 2 Malgré les protestations occidentales, Bachar Al-Assad continue sa politique de répression massive QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2012 # 05 07 02 2012

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le quotidien de l'IFP M1

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L’essentieL

Silence de mort aux Nations Unies

Les vétos russe et chinois préservent DamasFRAnCe P.2Des civilisations « inégales »n La gauche accuse Claude Guéant de vou-loir détourner la cam-pagne présidentielle de ses vrais enjeux en stigmatisant l’Islam. Retour sur la contro-verse à travers l’ana-lyse d’historiens.

inteRnAtiOnAL P.4Séisme aux Philippines

n Des scènes de pa-nique ont accompagné le séisme de force 6,8 dimanche aux Philip-pines. Un premier bilan fait état de 43 morts et 29 disparus.

eCO/COnsO P.6Perturbations dans l’airn Les syndicats des transports aériens ont appelé à la grève avant l’examen d’une propo-sition de loi sur le ser-vice minimum.

sPORts P.9

Contador déchun Le cycliste espa-gnol Alberto Contador écope de deux ans de suspension pour un contrôle anti-dopage positif en juillet 2010.

exPRessO

n L’assaut très meurtrier lancé par les forces loyales à Bachar Al-Assad se poursuivait à Homs lundi matin.Ce week-end, les vétos russe et chinois ont empêché pour la seconde fois le vote d’une résolution au Conseil de

Sécurité des Nations Unies. Les deux puissances s’opposent à la mise à l’écart du président syrien, interdisant une issue rapide au « terrifiant mas-sacre » dénoncé par l’opposition au régime de Damas. PAge 2

Malgré les protestations occidentales, Bachar Al-Assad continue sa politique de répression massive

quOtidien du mAsteR de jOuRnALisme de L’ institut FRAnçAis de PResse - PROmO 2012# 05

07 02 2012

n En parler ou l’ignorer ? La phrase de Claude Guéant (« les civilisations ne se valent pas toutes ») a agité l’actualité du week-end.

A gauche, si les uns préféraient ne pas relayer les propos du ministre de l’Intérieur, d’autres s’offusquent de ces paroles déplacées. « C’est difficile de

ne pas réagir tellement c’est choquant », déplorait Benoît Hamon lundi matin, rue de Solférino. Si, pour lui, il faut éviter de disserter sur le sujet, il accuse néanmoins le gouver-nement de « détourner l’objet de la campagne présidentielle pour qu’elle ne porte ni sur le bilan de Nicolas Sarkozy, ni sur les questions qui concernent

vraiment les Français ». Quant à « l’idéologie relati-viste de gauche » critiquée par l’hôte de la place Beauvau, le porte-parole du PS défend son parti en rappelant ses va-leurs républicaines et laïques.

Des soutiens maladroitsEt Raffarin de conclure hier matin, « Guéant n’est

pas un ethnologue aver-ti ». Drôle de manière de défendre l’un des siens. Au-delà des petites phrases des-tinées ou non à récupérer des électeurs frontistes, le thème de « civilisations supérieures » évoque pour certains historiens une sombre page de l’Histoire française : celle des colonies. o Tiphaine Honoré

FRANCEPOLITIQUE Le ministre du l’Intérieur a lancé la petite phrase du week-end

Guéant persiste et signe

Un démarrage en pente douce pour l’Autolib’n Bilan en demi-teinte pour la première voiture électrique au monde accessible en libre-service, lancée le 5 décembre dernier à Paris. Malgré des débuts difficiles, les derniers chiffres sont encourageants pour la mairie : 4 500 abonnés longue durée et, en moyenne, le même nombre de forfaits hebdoma-daires ou Découverte. Pour ren-tabiliser le dispositif, le groupe Bolloré, qui a remporté l’appel

d’offre lancé en 2010, attend 80 000 abonnés d’ici dix ans. Pour l’instant, on est loin des 1 100 stations et 3 000 voitures prévues pour fin 2012. Seules 450 bluecars sont disponibles dans 270 stations, réparties de manière inégale sur les 46 com-munes d’Ile-de-France.

Les mairies traînent la patteLa mise en route est donc pro-gressive, et s’effectue au rythme

des municipalités. « Certaines traînent encore la patte, comme Neuilly-sur-Seine ou Boulogne-Billancourt », explique une sala-riée du groupe. Après un raz-de-marée au mois de décembre et un service d’assistance débordé face aux pannes, le groupe Bol-loré a amélioré son système in-formatique pour mieux répondre à la demande. 400 ambassadeurs sont dépêchés sur le terrain pour assurer la maintenance et 100

agents en centre d’appel sont chargés d’aider les usagers. Un dispositif « encore perfectible », selon la mairie de Paris. Contrai-rement au Vélib lancé à l’été 2007, la préfecture de police recense peu de vandalisme et de vols. Preuve de son insuccès ou de son nombre limité de véhi-cules ? Les vélos gratuits, eux, sont nombreux et constamment détériorés …

o Nathalie Tissot

02 - EXpREsso - MARDI 7 FEVRIER

Civilisation et idéologien Au-delà des réactions poli-tiques suscitées par la décla-ration de Claude Guéant, son parti pris ne manque pas de faire réagir historiens et an-thropologues.

«Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, toutes les civilisations ne se valent pas». Lorsqu’il livre sa vision de l’Histoire et qu’il emploie pour cela le terme contesté de « civilisation», Claude Guéant sait de quoi il parle. Pourtant, pour une majo-rité d’historiens et d’anthropo-logues, il s’agit d’un terme pu-rement idéologique, datant de la politique de colonisation, elle-même justifiée par la volonté de « civiliser » les populations. Une notion figée dans le temps, contrairement aux notions de culture et de société. Une option qui s’autorise à sortir une socié-té de son contexte historique, et qui refuse de prendre en compte son évolution.

L’obsession de la droite françaiseLe terme permet surtout de hiérarchiser et d’opposer les « civilisations » entre elles.

En parlant de «civilisations», Claude Guéant fait-il référence au célèbre « choc des civilisa-tions » de Samuel Huntington? L’ouvrage a en effet inspiré l’idéologie conservatrice nord-américaine des années Bush. Il porte l’affrontement supposé entre civilisations occiden-tales et orientales au cœur des

relations internationales. Une problématique devenue l’ob-session de la droite française selon Blaise Dufal, doctorant à l’EHESS et auteur d’un article scientifique intitulé «Faire et défaire l’Histoire des civilisa-tions». Pour le chercheur, la déclaration de Claude Guéant marque avant tout la victoire

de la droite en matière idéo-logique. «L’extrême droite a compris dans les années 1980 que les questions politiques se gagnaient sur des position-nements culturels et non sur des débats politiques» ana-lyse-t-il. Une lecture adoptée ensuite, selon lui, par la droite française. «Aujourd’hui, cela permet à l’UMP de faire de l’islam la question de société en France, ce qu’il n’est pas». Défaite idéologique à gaucheDans un entretien au Monde, Abdelwahab Meddeb confirme ce point de vue. «De fait, ce sont les musulmans et les arabes qui sont visés» selon l’auteur de «Pari de civilisation». Blaise Dufal insiste quant à lui sur la responsabilité de la gauche : «Les gens dynamiques idéologi-quement depuis dix ans sont à l’extrême droite, la gauche est incapable de comprendre cela» lance-t-il. Un parti pris histo-rique qui se banaliserait selon l’historien, repris en boucle à chaque nouvelle provocation, et faute d’un vrai débat sur ces enjeux.

o Julien Cholin

Claude Guéant, une nouvelle fois au coeur de la polémique

PARIS Un mois après la mise en service, la mairie dresse un premier bilan

Cette fois-ci, c’est la bonne. Après avoir été repoussé à trois

reprises, le procès mettant en cause Thierry Gaubert, ami et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, dans une affaire de détournement de fonds, s’est ouvert lundi matin au tribu-nal correctionnel de Nanterre.

La folie des grandeursL’homme, décrit par son ex-femme comme ayant « la folie des grandeurs », comparait pour des faits remontant aux années 1990, lorsqu’il dirigeait l’Habitat français, un comité interprofessionnel du logement (CIL). A travers cet organisme

qu’il avait lui-même créé en 1984, il était chargé de collec-ter l’argent du 1% logement (aujourd’hui Action logement) auprès des entreprises, ce qui permettait de financer la rési-dence principale des employés.

2,4 millions de francs en 24hL’ancien directeur est aujourd’hui poursuivi pour une liste de faits ayant trait à l’escroquerie et à la prise illé-gale d’intérêts. Flanqué de son comparse Philippe Smadja, lui aussi prévenu, il aurait par exemple encaissé une plus-va-lue de 2,4 millions de francs en 24 heures à Levallois-Per-ret. Il est aussi soupçonné de

s’être servi de la structure pour investir dans des programmes profitant à des société civiles immobilières (SCI) ou à des société d’économie mixtes (SEM), dans lesquelles il avait des parts ou des intérêts.L’affaire sera jugée pendant deux semaines, au terme des-quelles le tribunal rendra un délibéré. La décision de justice pourrait bien embar-rasser Nicolas Sarkozy dont plusieurs proches ont des démêlés avec la justice. Gau-bert serait par ailleurs impli-qué dans l’affaire Karachi, pour laquelle il avait été mis en examen en septembre 2011.

o Aurore Dupont

JUSTICE L’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy en procès pour escroquerie

Thierry Gaubert, promotion immobilière

Eric Woerth convoqué dans l'affaire Bettencourtn L’ancien ministre du Travail Eric Woerth est convoqué mercredi par le juge d’instruction bordelais Jean-Michel Gentil, pour être entendu sur son rôle dans l’affaire Bettencourt. Il pour-rait être mis en examen pour financement illicite de parti politique et abus de faiblesse à l’encontre de Liliane Bet-tencourt, héritière de L’Oréal.

Ségolène Royal de retourn Dimanche sur France 3 et ce lundi dans des entre-tiens à «Libération» et au «Monde», la présidente de la région Poitou-Charentes semble bien décidée à prendre part à la campagne de François Hollande, son ancien compagnon. Un peu oubliée lors du mee-ting du Bourget, elle espère re-venir sur le devant de la scène et conquérir la présidence de l’Assemblée nationale, selon des propos rapportés par le «JDD» du 5 février. Une apparition commune avec le candidat socialiste est notam-ment prévue lors du meeting «Grand Ouest» à Rennes, le 20 mars prochain.

Inauguration du premier cimetière musulman municipal de France n Malgré le froid glacial, une cinquantaine de personnes étaient présentes lundi à Strasbourg pour l’évènement qualifié d’« historique pour la communauté musulmane d’Alsace et celle de tout l’Hexagone » par Moham-med Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. Le cimetière, qui pourra accueillir près d’un millier de sépultures, répond à une demande croissante de la part des musulmans qui sou-haitent de plus en plus être in-humés en France. Elles seront évidemment tournées vers la Mecque (photo JM Loos)

POLITIQUE Conseil des ministres franco-allemand à Paris

L’indispensable Merkozyn Un soutien de choix et de poids. Lundi soir, le chef d’Etat français s’est vu offrir sa première intervention télévi-sée commune avec la chance-lière allemande, enregistrée dans l’après-midi à l’Elysée, à seulement douze semaines du scrutin présidentiel. Objectif: jumeler la presque candidature du président sortant au mandat d’Angela Merkel. Un « ticket » qui pourrait gêner le candidat socialiste François Hollande, que ses adversaires jugent peu crédible à l’international.Plus tôt dans la journée, le tan-dem avait déjà fait la démons-tration de son étroite coopéra-tion, si ce n’est de son amitié, lors d’une conférence de presse commune à l’issue du 14ème Conseil des ministres franco-allemand. Tandis qu’Angela Merkel s’est félicitée de leur « coopération personnelle », le président français a évoqué son « admiration » pour la chance-lière. Un échange d’amabilités qui marque un engagement sans équivoque de Mme Merkel pour le président sortant.

Un soutien sans faillePour l’heure, Berlin a gelé une demande d’audience du candi-dat socialiste auprès de la chan-celière. Interrogée sur le sujet par une journaliste allemande, l’embarras est palpable : « Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans car nous sommesdes partis amis, a-t-elle rétor-qué. En 2009, le président fran-

çais est venu à Berlin pour me soutenir et François Hollande est venu soutenir le SPD en Allemagne, c’est normal ». Fer-mez le ban.Pas peu fier d’un tel soutien, Nicolas Sarkozy a fait mine de ne pas jouer dans la même cour que le candidat socialiste, no-tamment lorsqu’un journaliste a évoqué son opposition au fu-tur traité européen. « Ce n’est pas comme ça qu’on dirige une grande nation (…) Quand l’Allemagne signe un traité, ou quand la France signe un traité, tout le pays est engagé.

C’est un engagement d’Etat, ce n’est pas un engagement poli-ticien », a-t-il répondu.

Le PS s’agaceSelon Benoit Hamon, porte-parole du parti socialiste, la venue de Mme Merkel et l’in-terview du soir étaient « en-core une occasion pour Nicolas Sarkozy de détourner le moyen de l’Etat de manière déloyale pour faire sa campagne ». « Il est temps que le président se déclare candidat », a-t-il ajou-té.

o Anthony Favalli

Angela Merkel en visite aujourd’hui à Paris (L. Bonaventure / AFP)

en breffrAnCe

MArDI 7 feVrIer- eXpresso - 03

Erratum d’erratumUne erreur s’est glissée dans l’erratum du 3 février : le séna-teur non-inscrit Jean-Louis Mas-son n’a jamais été affilié au FN. En revanche, Philippe Guyenot est bien un ancien du FN. A nouveau, toutes nos excuses

Alors que l’opposition appelle depuis jeudi le peuple syrien à manifester en sou-

venir du massacre de Hama en février 1982, l’armée de Bachar Al-Assad continue ses assauts meurtriers. Samedi à l’aube, les exactions du régime ont coûté la vie à 240 civils dans les bastions contestataires de Homs, Alep et Damas. Hier matin, les coups de feu résonnaient encore de plus belle à Homs. Le Conseil natio-nal syrien, principal visage de l’opposition, appelle toujours l’ONU à l’aide pour faire cesser le bain de sang.

Point de salut pour les insurgés syriens Le vote d’une résolution s’est soldé samedi par un double veto russe et chinois. Les deux puissances avait déjà contré un premier texte visant à protéger les manifestations. Elles s’op-posent sans surprise à un chan-gement de régime, proposition jugée « inacceptable » par la Russie. Pourtant, la résolution avait été édulcorée en prévi-sion de ces vétos, et ne prônait pas la démission de Bachar Al-Assad mais une passation

de pouvoir en faveur de son vice-président Farouk Al-Cha-reh. La Russie partisane d’une condamnation de l’opposition, a vu ses amendements rejetés. «Russes et Chinois se sont faits avoir par l’OTAN qui brandis-sait pour la Libye l’urgence de la situation humanitaire. Leur message est clair : s’ils veulent une opération militaire, qu’à cela ne tienne, mais ce sera sans l’aval de l’ONU», analyse Fabrice Balanche, professeur à Lyon-2. « L’urgence humanitaire compor-tait un flou artistique. Ici, Russes et Chinois s’accordent, ils n’en démordront pas».Une base militaire russe enfin

opérationnelle en Syrie, la peur de l’hégémonie turque sur la région et une Chine exclue de la zone de libre-échange du Paci-fique programmée en novembre par les Etats-Unis résument l’agenda de ces puissances. En avril, l’Irak plus favorable au clan Al-Assad remplacera le Qatar à la tête de la Ligue arabe. « Sans une intervention de l’OTAN, la situation a toutes les chances de s’enliser », conclut Fabrice Balanche. Dépité, le Conseil de Coopération du Golfe, qui se réunira samedi, n’est pas mieux armé pour mettre le coup d’arrêt à la « machine à tuer » du ré-gime Assad.

o Kim Lévy

MARDI 7 FEVRIER- ExpREsso - 04

INTERNATIoNAL

« La Russie porte une terrible responsabilité devant le monde et devant le peuple syrien ». Alain Juppé, ministre des affaires étrangère français, n’a pas de mots assez durs pour qualifier le veto russe au Conseil de sécurité de l’Onu. La résolution en jeu était bien faible, bien peu contraignante et taillée sur mesure pour la Chine et le pays de Vladimir Poutine. Si elle avait été adop-tée, d’aucuns auraient même pu constater son inanité et la lâcheté des nations occiden-tales. Mais Poutine s’est mon-tré intransigeant. Les milliers de morts s’entassant aux pieds du régime ne sont pas parvenu à l’émouvoir. Au-delà des intérêts géostratégiques discu-tables, des trafis d’armes sup-posés, c’est bien une proximité de coeur qu’il entretient avec Bachar El-Assad. Contesté dans son propre pays, l’auto-crate ne peut-il supporter l’idée qu’on intervienne dans les affaires d’un pays lui-même en proie à la contestation popu-laire ? Les réflexes staliniens sont de mise, alors que les élec-tions présidentielles arrivent. L’heure de sortir les griffes pour l’Ours russe. o J. Sartre

Poutine, le nouveau petit père des peuples

BILLET D’HUMEURSYRIE Russie et Chine bloquent une intervention de l’ONU

Les syriens sans soutien face à la répression

Un jeune manifestant syrien à Homs, extrait d’une vidéo amateur

n Il a fini par céder. Le Premier ministre roumain, Emil Boc, a annoncé lundi sa démission. Elle fait suite à des manifes-tations qui agitent tout le pays depuis une quinzaine de jours.« J’ai pris la décision de présen-ter la démission du gouverne-ment », a-t-il déclaré lors d’un conseil des ministres diffusé en direct sur les télévisions. M. Boc, qui occupait ce poste de-puis les élections législatives de 2008, a justifié son choix en précisant vouloir « apaiser la situation sociale ». En janvier, des milliers de per-sonnes ont manifesté, malgré un froid polaire, dans toute la Roumanie pour protester contre le gouvernement et des mesures d’austérité, lancées en 2010. Le Premier ministre a imposé une réduction de 25% des salaires dans le secteur public et un gel des retraites. La taxe sur la valeur ajoutée a également été augmentée à 24%, dans le 2e

pays le plus pauvre d’Europe.Selon un sondage de l’institut Eurobaromètre, les trois quarts de la population pensent que le pays va dans la mauvaise direction. Plusieurs voix avaient demandé son départ, même au sein de son Parti démocrate-li-béral au pouvoir. Il appartient désormais au chef de l’État Traian Basescu de nommer un nouveau premier ministre.

o S. Hui

PHILIPPINES Panique après le séisme

Dans la crainte d’un tsunami

n L’effroi s’est emparé des Philippins hier matin, dès les premières secousses du séisme de magnitude 6,8 qui a frappé l’archipel. Des scènes de panique col-lective ont secoué ces îles de l’Océan Pacifique, au coeur de la « ceinture de feu », cette zone à fort risque sismique. Peu après les tremblements, des textos alarmistes se sont répandus dans la population, appelant à fuir les zones cô-tières. Il y a bien eu une alerte

au tsunami, lancée par le centre sismologique de Hawaï. Mais aucun événement de cette sorte ne s’est finalement produit. L’alerte a d’ailleurs été levée quelques heures après le trem-blement de terre.Les Philippins n’ont toutefois pas retrouvé leur tranquillité : une réplique de 6,2 sur l’échelle de Richter s’est faite sentir dans la journée. Dans la ville de Cebu - 2,3 millions d’habitants - de nombreux bâtiments se sont écroulés. o J. Sartre

ROUMANIE Démission du premier ministre

L’austérité ne passe pas

Emil Boc, le premier ministre roumain sur le départ

Dimanche soir, un bilan provisoire faisait état de 43 morts.

05 - ExprEsso - MArDI 7 FEVrIEr

INTErNATIoNAL

EN brEF

ROYAUME-UNI Jubilé d’Elisabeth II

60 ans de bons et royaux services Quatre ans encore et

la reine Elizabeth II aura dépassé le record de longévité sur le

trône britannique instauré par son aïeule, la reine Victoria. À l’occasion de son jubilé de diamant, la souveraine de 85 ans a renouvelé son serment de servir à vie sa patrie. Réactions anglaises.

Tradition et stabilitéComme des milliers d’autres admirateurs, Mme Luce Lous-souarn, présidente de la En-glish-Speaking Union à Paris, a envoyé ses félicitations à la reine pour le 60e anniversaire de son accession au trône. Eli-zabeth est, pour cette dame bienveillante, « le ciment d’une nation, un élément de pérennité et de stabilité » qui a vu passer plusieurs présidents de la Répu-

blique. La reine « fait partie intégrante du peuple et de la na-tion ». Rencontrée sur le parvis de l’église Notre-Dame, Mme Baker, sexagénaire originaire du Nord de l’Angleterre, ajoute avec enthousiasme : « elle a tou-jours été là pour nous ».

La relèveChangement de discours chez les jeunes. Courtney et Lucy bouquinent chez Shakespeare and Co., dans le quartier latin. Elles sautent sur l’occasion de parler de leur souveraine : « on sait qu’elle est un peu inu-tile, mais elle est une tradition. Nous sommes bizarrement atta-chées à elle ». Les jeunes londo-niennes en long weekend à Paris se sentent plus proches de Kate et William, dont elles ont suivi le mariage avec intérêt. Les cé-lébrations du jubilé de diamant

en juin? Non merci. Étudiante à Londres et issue de la classe moyenne, Lizzie joue la rebelle: « la reine est une tumeur sur la face de la constitution. Sa seule utilité est le tourisme ». Les jeunes s’entendent : la famille royale coûte cher et n’a pas d’influence sur la politique. Néanmoins, Josh, également étudiant à Londres, offre un bon mot : « la reine est symbolique, un modèle de grâce ».

La génération manquanteDes groupes antimonarchistes se retrouvent inévitablement parmi la population, mais Eli-zabeth II et son petit-fils Wil-liam semblent avoir leur fan club respectif. Et qui applau-dira le prince Charles, premier dans l’ordre de succession? Son manque de popularité pourrait bien lui faire passer son tour.

o Stéphanie Rochon

Elisabeth II en 2011 et en 1951, un an avant le début de son règne.

n Les touaregs, minorité eth-nique du Nord du Mali, se sont rebellés contre le pouvoir cen-tral de Bamako. Des représen-tants du gouvernement malien et de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (rebelles) se sont rencontrés ce samedi à Alger pour tenter de renouer le dialogue.L’Algérie avait déjà joué ce rôle de médiateur en 2006. Aujourd’hui elle reprend à nou-veau les devants et entend gérer

la crise de manière régionale.Depuis le 17 janvier 2012, les indépendantistes du Mouve-ment national pour la libération de l’Azawad (MNLA), dont font partie certains membres de l’Alliance, ont relancé des offensives armées dans le Nord-Est et le Nord-Ouest du pays, en s’en prenant à plusieurs villes à proximité des frontières algé-rienne, nigérienne et maurita-nienne. Ces attaques ont provo-qué d’importants déplacements

de population ; 4500 selon le Haut commissariat aux réfu-giés.

Les armes libyennes alimentent les rebelles d’AQMI Selon un expert algérien, les problématiques de la crise se-raient multiples. Car au delà, du terreau du mal-être social, « AQMI, refoulé d’Algérie, s’est localisée dans la région et s’est alliée à certains touaregs. Omar Ben Moukhtar, chef de l’AQMI

a même épousé une touareg. Les islamistes ont recruté des jeunes au chômage, pour la contre-bande de cigarettes, le trafic d’armes et le trafic de drogue et éventuellement d’enlèvements d’étrangers. Par cette alliance, les rebelles mal équipés initiale-ment, peuvent désormais com-battre à armes égales, avec des armes venues de Libye après lachute du colonel Kadhafi ».

o Leïla Yaker

Les Islamistes d’AQMI embrasent la frontièreSAHEL Le gouvernement algérien tente d’éteindre la révolte des Touaregs au Nord du Mali

n Ce n’est pas une surprise : la demande de libération d’Anders Behring Breivik a été rejetée par les autorités norvégiennes. C’est la deu-xième fois que l’auteur de la tuerie du 22 juillet dernier es-saye de sortir de prison. Il res-tera donc en détention provi-soire jusqu’à son procès, très attendu, et prévu le 16 avril. 77 personnes avaient perdu la vie dans ces attentas commis par le forcené.

Behring Breivik, le serial-killer norvégien, restera en prison

n La tension ne redescend pas au Sénégal, alors que la campagne présidentielle s’an-nonce très tendue. Les mani-festations soutenant la can-didature avortée du chanteur Youssou N’Dour sont à peine terminées, qu’un nouvel épi-sode vient secouer la société sénégalaise. Le président sortant, Abdoulaye Wade, a commencé sa campagne en affirmant rejeter « le diktat de l’étranger ». Il explique que les critiques à son encontre

n Victoire attendue pour Saul Niinisto, le nouveau président finlandais. Issu du Parti de la Coalition nationale (Kok), cet homme de 63 ans est généra-lement défini comme conser-vateur, mais également pro-européen. Il bat au second tour le candidat libéral et écologiste Pekka Haavisto. A noter qu’en Finlande le pré-sident n’a qu’un rôle limité dans la vie politique du pays et joue surtout un rôle hono-rifique.

Sénégal : Wade dénonce « le diktat de l’étranger »

Un conservateur pro-européen à la tête de la Finlande

n Dans un rapport à paraître jeudi, Amnesty International s’affirme prête à fournir les preuves que l’embargo sur les armes n’est pas respecté au Soudan. Ces dernières servi-raient à des exactions contre des populations de l’Est, au Darfour. L’ONG souligne éga-lement que cette information est à mettre en relation avec l’examen prochain par l’Onu de la législation mondiale sur les armes.

Exclusif : Amnesty dénonce le trafic d’armes au Soudan

ECO/CONSOSOCIAL Les perturbations dans les aéroports sont minimes

Syndicats aériens et gouvernement s’écharpent sur le droit de grève

Avions cloués au sol, retards, voya-geurs énervés. Et pas à cause du froid qui para-

lysent l’Europe. Le torchon brûle entre les syndicats des personnels du transport aérien et le gouvernement. La raison ? Un projet de loi du député UMP Eric Diard, qui prévoit d’encadrer le droit de grève dans le secteur aérien, sur le modèle de la loi du service garanti dans les transports ter-restres (SNCF et RATP notam-ment) votée en 2007. Le texte impose aux grévistes de se déclarer individuellement 48 heures à l’avance et aux com-pagnies aériennes d’informer leurs voyageurs des prévi-sions de trafic 24 heures avant. La proposition de loi prévoit même une sanction discipli-naire pour ceux qui ne se plie-raient pas à cette obligation.

Pour les syndicats, une restriction du droit de grèveLes organisations syndicales, des personnels navigants et de cabine (pilotes, hôtesses, stewards) et des personnels au sol (agents en escale, ravitail-leurs, bagagistes, mécaniciens, etc.) voient dans cette initiative une tentative du gouvernement de restreindre le droit de grève.Le projet a pour objectif de réduire le nombre important de grèves dans le secteur aérien. Selon les chiffres du ministère des Transports, 1131 conflits ont été dénombrés en trois ans: 392 en 2009, 379 en 2010 et 360 en 2011. Soit 176 jours de perturbations effectives : 68 en 2009, 45 en 2010 et 63 en

2011, auxquels il faut ajouter, cette année-là quatre mois de grèves perlées. Lundi matin, Air France assurait 85% de ses vols long-courriers et 80% des moyen-courriers pour cette

première journée de grève. A Toulouse, un vol sur deux a pourtant été annulé. A Roissy, Air France a supprimé 72 vols, sur 307. 35% des avions au départ étaient à l’heure.

Le gouvernement défend le droit des passagers Thierry Mariani, le ministre chargé des Transports, a assuré que le gouvernement « irait jusqu’au bout » dans sa vo-lonté d’instaurer cette loi. « Le droit de grève existe toujours, mais les passagers ont enfin quelques droits » a-t-il affirmé sur RTL. La proposition de loi, adoptée le 24 janvier dernier à l’Assemblée, doit être exami-née le 15 février au Sénat, à majorité de gauche, avant une dernière lecture à l’Assemblée. Les perturbations sont prévues jusqu’à jeudi inclus. Pas de quoi calmer des usagers qui, frigorifiés, pourraient avoir un coup de chaud.

o Charlotte Staub

Je voyage pendant la grève : que faire ?Si vous aviez prévu de voyager du 6 au 9 février, Air France propose plusieurs options : reporter votre voyage jusqu’au 16 février inclus sans frais supplémentaires ; le reporter entre le 17 février et le 5 avril 2012, sans frais et au même tarif, sous ré-serve de disponibilité ou en payant la différence pour un vol plus cher. Autre alternative : les voyageurs peuvent modifier leur destination ou leur point de départ et obtenir un avoir valable un an sur Air France-KLM. Pour tout vol annulé, ou retardé de plus de cinq heures, les malheureux seront partiellement rem-boursés. La compagnie française invite ses voyageurs à four-nir leurs coordonnées, afin de pouvoir les contacter person-nellement en cas d’annulation, retard ou report de vol. o C. S.

Les personnels aériens de Roissy-Charles de Gaulle ont manifesté devant l’aéroport lundi matin. Bertrand Guay/AFP.

EN brEf

06 - ExprESSO - MArDi 7 fEvriEr 2012

n La perte du AAA français n’aurait-il aucun effet sur les marchés ? Lundi, la France a levé 8,249 milliards d’euros de bons du Trésor à court terme avec des taux très bas, selon l’Agence France Tré-sor (AFT) qui gère la dette française. Mal-gré la décision de l’agence Standard and Poor’s de dégrader la note de la France, le 13 janvier, la demande des investis-seurs est restée soutenue et représentait deux à trois fois l’offre de créances. La France peut donc continuer à emprunter sur ses deux oreilles.

n Le bilan d’Airbus pour janvier permet à Boeing de reprendre la pole position grâce à son B737 : avec 91 com-mandes et 37 livraisons, l’avionneur français fait moins bien que son concurrent américain.

n Les cours de l’électricité en France bondissaient lundi à des niveaux très éle-vés suite à la vague de froid qui frappe l’Hexagone et l’Europe, alors qu’un nou-veau record de consommation électrique était prévu, lundi, à 19 heures. La bourse européenne de l’électricité, Epex Spot, note « une situation tendue » depuis la fin du mois de janvier. Le mégawattheure (MWh) s’est échangé lundi en moyenne à 140 euros contre 50 euros mercredi der-nier.

Sans le AAA, la France ne s’en sort pas plus mal

Airbus fait moins bien que Boeing

Le froid fait flamber l’électricité

ECO/CONSO

n « Activité partielle » en lieu et place de « chômage partiel ». Le changement imposé par le gouvernement n’est pas seule-ment sémantique et le ministre du Travail, Xavier Bertrand, veut simplifier en profondeur le dispositif actuel. Cette sim-plification est l’un des rares points de consensus entre les partenaires sociaux et l’exécutif : de part et d’autre de la table de négociations, la volonté de multiplier le nombre des bénéfi-ciaires de ce dispositif est actée. Lundi, les partenaires sociaux et Xavier Bertrand se sont réu-nis, une nouvelle fois, dans le cadre d’un marathon, qui se poursuivra jusqu’en mars, pour en réformer les modalités.

Un système cornélienActuellement, l’Etat accorde une aide comprise entre 3,33 et 3,84 euros par heure perdue et par salarié en fonction de la taille de l’entreprise. De son côté, l’employeur peut complé-ter cette aide pour garantir 60% du salaire brut. En cas d’accord d’entreprise, l’Unedic peut ver-ser une aide supplémentaire afin que le salarié touche 75% de son salaire brut. Un système cornélien que le gouvernement veut simplifier afin de faciliter le recours des entreprises au chômage partiel. L’idée est de fusionner les trois aides en vi-gueur aujourd’hui. Pour fluidi-fier encore davantage l’accès à ces mesures, Xavier Bertrand a également annoncé, fin janvier, vouloir prendre un décret sup-primant l’autorisation adminis-trative préalable, actuellement

nécessaire à toute entreprise souhaitant bénéficier de l’aide financière de l’Etat. Le gouver-nement veut faire du chômage partiel, déjà utilisé en 2009 lors de la crise économique, un mécanisme aussi efficace qu’en

Allemagne où il a permis de limiter la hausse du chômage à 7% grâce à l’injection de six milliards d’euros publics. Soit dix fois plus qu’en France à la même époque.

o Vincent Bouquet

n Moins 1% pour la bourse de Paris à l’ouverture lundi matin. L’Europe retient son souffle car le 6 février est une date cru-ciale pour l’avenir de la Grèce. D’un côté, le premier ministre grec, Lucas Papadémos, négo-cie avec les créanciers privés l’effacement d’une partie de la dette. De l’autre, il doit établir les modalités de l’octroi d’un énième prêt de la troïka (Union Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Moné-taire International). L’enjeu est de taille. Et pour la première fois, des banques ont accepté d’effacer 100 milliards d’euros de créances avant même que le débiteur ne soit acculé à une cessation de paiement. L’opéra-tion réduirait le taux d’endette-ment grec de 160 à 120% d’ici 2020.

Aide d’urgencePourtant, la Grèce ne peut s’en sortir toute seule, malgré les trois premiers plans d’aide, accordés depuis 2010. Le pays doit impérativement rembour-ser 14,5 milliards d’euros de prêts avant le 20 mars et donc signer l’accord avant le 13 févier. Avec trois à cinq mil-liards d’euros dans les caisses, le plan, initialement prévu à 130 milliards d’euros pourrait avoisiner les 145 voire les 170 milliards selon Les Echos. « Le temps presse », ont rappelé lun-di Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Après cinq heures de négociation dimanche, le gou-vernement de Lucas Papadé-mos s’est uniquement entendu sur le volume des économies à réaliser (1,5 point du produit intérieur brut), la mise en place de réformes visant à abaisser les coûts de production et un schéma de recapitalisation des banques.

Heure de vérité pour l’exécutif grec Or, la troïka exige une cure d’austérité plus importante. Mais la baisse de 15 à 20% du salaire minimum hérisse le poil grec. Mardi, les syndicats ont appelé à une grève géné-rale de 24 heures, la sixième depuis le début de l’année 2011. Pour faire passer ces réformes et reprendre la main, reste une seule solution pour le premier ministre grec : le chantage d’une démission.

o Muriel Pichon

Faciliter le recours au chômage partiel

Cette année, la semaine du microcrédit n’a pas lieu en juin. Excep-

tionnellement, elle se déroule jusqu’à vendredi dans toute la France, pour « sensibili-ser l’opinion et les candidats à l’élection présidentielle à l’importance du microcrédit (...) ». On devrait plutôt parler de piqûre de rappel : le micro-crédit né au Bangladesh il y a

une trentaine d’années est au-jourd’hui plutôt bien implanté dans l’Hexagone.

Mettre sur pied un projetEn 2011, ce système a permis à 12 000 personnes n’ayant pas accès aux prêts bancaires de mettre sur pied un projet amé-liorant leurs conditions de vie - on parle de microcrédit person-nel - et de travail - dans les cas

de microcrédit professionnel. L’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), qui délivre la plupart des micro-crédits en France, a même réali-sé en décembre dernier son 100 000ème prêt depuis sa création en 1989. Une performance qui inspire : les plates-formes de dons solidaires se multiplient sur Internet.

o Claire Branchereau

EMPLOI Xavier Bertrand veut assouplir le dispositif

Xavier Bertrand a rencontré lundi les partenaires sociaux afin de négocier la réforme du chômage partiel. Gonzalo Fuentes/Reuters.

PRETS La lutte contre l’exclusion bancaire continue

07 - ExprESSO - mardi 7 fEvriEr 2012

Lancement de la semaine du microcrédit

Le chômage partiel, qu’est-ce que c’est ?Ce dispositif permet à une entreprise, mise en difficulté par la conjoncture économique et contrainte de réduire son activité, d’éviter les licenciements et la baisse de rémunération de ses salariés. Ainsi, les salariés qui subissent une perte de salaire, soit en raison d’une fermeture temporaire de leur établissement, soit d’une réduction temporaire de leur temps de travail, bénéficient d’une indemnisation. Cette dernière comprend une allocation spécifique, financée par l’Etat, et une indemnité complémentaire, financée par l’employeur.

EUROPE

Grèce : ultimes négociations

08 - ExprEsso - MArDI 7 févrIEr 2012

culturEENCHERES La taxidermie s’invite au célèbre hôtel des ventes

Drouot, un univers parallèleOiseaux de prestige au

regard vitreux et cer-vidés empaillés. Une salle des ventes trans-

formée en cabinet de taxidermie : la scène a de quoi étonner.Une fois passées les grandes portes vitrées de l’Hôtel Drouot, c’est un monde bien à part que l’on découvre. Un microcosme avec sa faune et ses codes spé-cifiques. Lundi à 14 heures, une petite centaine d’amateurs d’objets insolites se sont donné rendez-vous dans la salle n°5. Une population essentiellement masculine, dont la moyenne d’âge avoisine les 60 ans, se livre à la valse des enchères. Plat à tarteLa plupart semblent être venus pour la vente d’animaux. La chasse au tigre, objet le plus majestueux de la collection du jour, est ouverte. « Je suis venu pour la tête de rhinocéros », témoigne Michel, en dési-gnant l’imposante reproduc-tion accrochée au mur. « Mais comme souvent ici, ils nous font attendre pour les plus belles pièces », indique ce collection-neur et chef d’entreprise.Les acheteurs doivent en effet prendre leur mal en patience et

se faire, au grand dam de cer-tains, spectateurs de la vente de vaisselle en étain, en fonte et en porcelaine. On assiste alors à des batailles épiques pour l’acquisition d’une cafetière ou d’un plat à tarte. La commis-saire-priseur se fait l’arbitre de ces joutes improbables et jongle avec les chiffres et les acheteurs dans un parler minimaliste : « Quarante, lunettes ! ». Traduc-tion : « Vente adjugée à 40 euros au monsieur à lunettes ».

Chèque en blancIci, on se connaît, on se salue, mais on se jauge en perma-nence. C’est à qui fera la plus belle acquisition, à qui flairera la meilleure affaire. Dans cet univers où l’on se bat pour une peau de reptile ou un squelette de dinosaure, on dépense sans compter. La passion avant tout. Après avoir remporté l’enchère, le nouveau propriétaire signe un chèque en blanc sans opposer la moindre condition.

On se rend à Drouot comme d’autres flânent dans les bou-tiques de prêt-à-porter. Ainsi Robert et Claude, deux « ama-teurs raisonnés » qui fréquentent régulièrement l’hôtel des ventes parisien. « Nous achetons peu par coup de cœur, mais plus par besoin », explique Robert. « Ce rince-doigts d’époque napoléo-nienne est beaucoup mieux que celui qu’on a déjà. » Comprenne qui pourra. o P. Labrunie et A. Duval

n Die Antwoord est un groupe de rap à double tranchant. On adore ou on déteste. Le trio sud-africain, découvert par les réseaux sociaux en 2008 sort aujourd’hui son deuxième al-bum « Ten$ion ».L’originalité du groupe issu de la banlieue du Cap tient à son style inimitable. Mêlant dia-lectes sud africains et anglais, le trio instaure une folie lyrique dans une langue qu’il semble inventer à mesure qu'il rappe. On sent pourtant que chaque virgule est préparée à l'avance.

Mauvais goûtDerrière ce nom étrange se cachent trois personnalités :Ninja, tatoué de la tête au pied, coupe mulet et goûts vestimen-taires douteux ; Yo-Landi Vi$$er, lutin à micro-franges blondes, sans sourcils, rappeuse garçon manqué au flow vicieux et DJ hi-teck, metteur en scène du back-

ground instrumental aux basses profondes et lourdes, non sans rappeler Prodigy ou Skrillex.

Insalubrité musicaleFervents adeptes du Zef, contre mouvement culturel qui inverse les codes établis de la bienséance douillette, ils font du douteux et du mau-vais goût une règle de vie qui transpire dans leur musique.Ce second album reprend les ingrédients du succès du pre-mier, même univers d’insalu-brité auditive et visuel, flirtant à la frontière du glauque dans le clip « I fink u freaky ». Pourtant l’opus ne surprend pas autant que la première fois, et l’effet retombe doucement comme un soufflé. Die Antwoord n’in-nove pas vraiment et s’abîme dans une logique commer-ciale, le sacro dollar inscrit dans le sigle central de l'album.

o Thibault Dubreuil

ELECTRO Nouvel album de Die AntwoordMauvais goût et bonne recette

n LMFAO, M.I.A., Nicki Minaj, Cee-Lo Green… A l’occasion de son show grandiose pour la mi-temps du Superbowl, Ma-donna s’est offert le gratin des faiseurs de tubes de 2011. Et a ainsi montré que 2012 ne se ferait pas sans elle, loin s’en faut.

Rivés devant leurs écrans, des centaines de millions de spec-tateurs ont assisté à une perfor-mance à la hauteur du personnage.Arrivée en costume de Walkyrie, la reine de la pop a enchaîné à un rythme effréné quatre séquences musicales maîtrisées de bout en bout - à l’exception notable d’un doigt d’honneur de M.I.A.

Reprendre le trôneEt terminé, messe cathodique oblige, sur « Like A Prayer ». On s’étonnera d’ailleurs que cet hymne à l’amour, dont le clip sulfureux a divisé l’Amérique à sa sortie en 1989, devienne la clé

de voûte de l’événement fédé-rateur qu’est la finale du cham-pionnat de football américain.Tout était calibré au milli-mètre près. L’enjeu était, il faut le dire, énorme. Nouvel album, M.D.N.A., prévu pour le 26 mars, nouvel essai au cinéma, cette fois-ci en tant que réalisatrice, avec WE : en s’octroyant une vitrine de douze minutes, Madonna a voulu célébrer son retour en grande pompe. Et reprendre le trône que des Gaga et autres Britney entendaient lui ravir.

o Alexis Duval

POP Madonna enflamme la finale du Superbowl

Retour en fanfare

Deux des plus belles pièces de la vente

MARDI 7 févRIeR 2012- expResso - 09

spoRt

n Teddy Riner a confirmé son statut de meilleur judoka mon-dial dimanche en remportant pour la cinquième fois le Tour-noi de Paris.Le Guadeloupéen s’est mon-tré expéditif tout au long de la compétition en gagnant ses cinq combats par «KO». Les rares que le public a pu se mettre sous la dent. Opposé en finale au Brésilien, Rafael Silva, Riner s’est débarassé de son adversaire et de ses 158kg en moins d’une minute. Pas de contestation possible, on voit mal ce qui pourrait empêcher le géant français de s’adjuger le titre de champion olympique de plus de 100 kg. Car les Jeux

Olympiques sont bien l’objec-tif numéro un des français. Le Tournoi de Paris était donc en somme une première répéti-tion avant les JO de Londres.

Moins bien qu’en 2011Si Teddy Riner a fait le travail, les résultats français restent plus décevants que les années précédentes. Avec deux mé-dailles d’or, celles de Riner (+100 kg) et de David Larose (-66 kg), une médaille d’argent pour Lucie Décosse (-70 kg) et quatre de bronze pour Pavia (-57 kg), Tcheuméo (-78 kg), Mondière (+78 kg) et Bon-homme (-73 kg), l’équipe de France a fait beaucoup moins

bien que les cinq médailles d’or de 2011. La faute, en par-tie, aux nombreuses défections dûes aux blessures. Frédérique Jossinet et Gévrise Emane, deux piliers de l’équipe de France étaient notamment blessées.Bien que la moitié des leaders mondiaux soient absents et que les résultats ne soient pas à la hauteur de ceux escomptés, le judo demeure l’un des sports où le chances de médailles françaises sont les plus fortes. Teddy Riner a montré la voie, reste à l’équipe de France d’essayer de marcher sur ses pas.

o Pierre Fesnien

CYCLISME Le vainqueur du Tour 2010 condamné pour dopage

Fin d’étape pour Contadorn Près de dix-huit mois après son contrôle anti-dopage posi-tif, l'espagnol Alberto Conta-dor est condamné par le tribu-nal arbitral du sport.

Après les récentes décla-rations de Yannick Noah sur le dopage dans le

sport espagnol, la nouvelle va certainement déchaîner les pas-sions. Alberto Contador, triple vainqueur du Tour de France et héro national, a été suspendu pour deux ans en appel par le Tri-bunal Arbitral du Sport (TAS).

Une longue bataille juridique Malgré les dénégations de Contador, le TAS a confirmé le jugement annoncé en première instance par la fédération espa-gnole le 26 janvier 2011. Conta-dor avait décidé de faire appel en plaidant la contamination alimentaire pour expliquer la présence de clenbuterol, un ana-bolisant, dans ses urines. La dé-fense du coureur avait convaincu la fédération espagnole, qui avait blanchi le coureur.Las, l’Union cycliste interna-tionale (UCI) et l’Agence mon-diale anti-dopage ont fait appel auprès du TAS qui a finalement condamné Contador à deux ans de suspension. Un coup d’arrêt pour l’espagnol qui avait déclaré songer à mettre un terme à sa carrière en cas de sanction. Son

titre de vainqueur du Tour de France 2010 lui a également été retiré, il revient à Andy Schleck.

Le précédent Floyd LandisContrôlé positif le 21 juillet 2010 lors du Tour de France à Pau, Contador a toujours affir-mé avoir été victime de viande contaminée quand certains mé-dias supputaient que les traces de clenbutérol retrouvées dans ses urines étaient dûes à une auto-transfusion sanguine. Deux hypothèses plausibles mais «hautement improbables» pour le TAS qui penche pour une contamination par inges-tion de compléments alimen-taires.«C’est une bien triste journée pour notre sport» a commenté Pat McQuaid le président de l’UCI. Alberto Contador est le deuxième coureur après l’amé-

ricain Floyd Landis a être dé-chu de son titre de vainqueur de la grande boucle pour dopage. Encore une bien mauvaise pu-blicité pour la plus belle course cycliste du monde.

o Pierre Fesnien

Andy Schleck et Alberto Contador lors du Tour de France 2010

VI Nations, les favoris au rendez-vousn Le XV de France s’est mon-tré convainquant en ouverture du Tournoi des six nations face à des Italiens joueurs (32-10). Les nouveaux venus en bleu ont réussi leur coup : première victoire pour le nou-veau sélectionneur Philippe Saint-André et premier essai en bleu pour l’ailier clermon-tois Wesley Fofana. De leur côté, les Anglais ont peiné face aux Ecossais, à Edim-bourg, mais comme souvent ont réussi à s’en sortir (13-6). La rencontre la plus indécise du week-end, entre les Irlan-dais et les Gallois, a été très disputée jusqu’à la dernière minute pour finalement voir le XV du poireau l’emporter (23-21).

La ligue 1 perturbéen Trois rencontres ont dû être reportées en raison des mauvaises conditions clima-tiques, mais en dehors de Lille, tous les favoris ont pu s’exprimer. Le PSG, toujours leader, a continué à impri-mer la cadence en gagnant au Parc des Princes contre Evian (3-1). Son dauphin, le surprenant Montpellier, arrive toujours à suivre en s’impo-sant 1-0 face à Brest. Parmi les poursuivants, Lyon et Mar-seille se sont neutralisés 2-2 dimanche soir et terminent respectivement à la quatrième et cinquième marche du po-dium. En bas de tableau, Ajac-cio et Nice ont fait match nul (1-1).

Encore raté pour Monfils

n Dix-sept finales, treize dé-faites. C’est le triste ratio de Gaël Monfils (n°13 mondial), qui a une fois de plus cédé à une marche du titre à Mont-pellier face au Tchèque Tomas Berdych (n°7 mondial), 6/2, 4/6, 6/3. Le Français s’est en-suite envolé pour Vancouver afin de préparer la rencontre de coupe Davis face au Ca-nada le week-end prochain.

en bRef

JUDO Du Tournoi de Paris aux Jeux Olympiques

La justice américaineclasse l’affaire ArmstrongA la veille de la condam-nation d’Alberto Contador, la justice fédérale a classé l’affaire Lance Armstrong. Le septuple vainqueur du Tour était soupçonné de dopage en particulier de ses années passées dans l’équipe US Postal. Dopé ou pas, Armstrong aura eu plus de chance qu’Alberto Contador.

Riner montre la voie

ExprEsso07 02 2012 # 05

La justicière aux deux visagesportrait Sihem Souid, auteur d’Omerta dans la police, divise

Icône ou manipulatrice ? Mardi soir, France 2 dif-fuse un documentaire sur Sihem Souid, cette franco-tunisienne entrée

comme adjointe de sécurité dans la police aux frontières (PAF) en 2006 à Orly. En oc-tobre 2010, elle a publié Omerta dans la police pour dénoncer les discriminations et la politique du chiffre dans la police. Mais l’image de la beurette grande gueule et auteur à succès, érigée en icône, s’effrite.

Après une exclusion de six mois prononcée en juillet der-nier pour divulgation du secret professionnel, elle a repris son travail le 27 janvier dernier. En ce début d’année, elle publie La suspendue de la République pour raconter ce qu’elle a vécu après la sortie de son premier opus. Dans le documentaire que lui consacrent Stéphane Krausz et Jean-Marie Montali (« nègre » de son premier livre), elle évoque sa convocation à l’Inspection générale des ser-vices (IGS), la police des po-lices, au moment où elle décide de parler des dérives dans la police. « On aurait dit qu’ils at-tendaient Mesrine », écrit-elle.

Briser la loi du silenceLe scandale, Sihem l’a sciem-ment déclenché en révélant l’envers du décor au sein de la PAF d’Orly. Elle raconte alors que tout est bon pour gonfler les chiffres, quitte à expulser des gens sans raison en usant de pratiques détestables : frois-ser ou déchirer un passeport par exemple. Il y a aussi les insultes,

le mépris permanent. Xénopho-bie, racisme, homophobie ter-nissent l’image de la PAF d’Or-ly. Sihem dit l’avoir vécu.

Mais depuis quelques mois, le doute envahit certains. On navigue en eaux troubles et le cas Sihem Souid divise. La

beurette trentenaire aurait-elle menti ?

Le vernis s’écailleBénedicte Desforges, une ex-flic n’hésite pas dans un billet de son blog Police à attaquer son récit : « Parler d’un viol dans le premier chapitre d’un premier livre, rend le lecteur vulnérable, perméable, lui in-terdit de douter des pages sui-vantes ». Car de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le manque de preuves « Elle n’apporte pas de documents » raconte un journaliste sous cou-vert d’anonymat. « Personne n’ose faire une contre-enquête, et ceux qui le font se retrouvent avec des menaces », confesse cette même source qui a reçu des mails à la verve musclée. La source parle d’un vrai sys-tème Souid. « On en a fait une telle icône dans les médias que personne ne veut reculer ». Au risque de cautionner une omer-ta… dans la presse cette fois.

o Sarah Belhadi

ExprEsso iNsoLitEs

10 - ExprEsso - MarDi 7 FEVriEr

BioExpress15 février 1981 : naissance à Monastir en Tunisie2006 : devient adjointe de sécurité à la police aux frontières (PAF) Octobre 2010 : publie aux Editions du Cherche-midi Omerta dans la policeFévrier 2012 : Un documentaire sur France 2, Une flic insou-mise, lui est consacré.

SportLes athlètes se protègentn 150 000, c’est le nombre de préserva-tifs qu’ont prévu de distribuer les organi-sateurs des Jeux Olympiques de Londres aux quelques 10 000 athlètes du village olympique. Le quotidien britannique Daily Mail estime que ces préservatifs ont de grandes chances d’être utilisés pendant les deux semaines de compéti-tion puisque, toujours selon le Daily Mail, chaque athlète est supposé avoir deux rapports par jour. A ce rythme-là, mieux vaut sortir couvert !

JaponIl ne poulet pas faire mieuxn T a k e r u Kbayashi est fier comme un pape : il a gagné le Wing Bowl, un concours où il faut dévorer en un minimum de temps un maxi-mum d’ailes de poulet. Ce Japonais de 57 kilos a ingurgi-té en une demi-heure 337 ailes de poulet. Soit cent cinquante volatiles supprimés.

IsraëlImad, 1 an, tueur de serpentn Dans quelque temps, il mangera peut-être du lion. Pour l’heure, Imad Gadir s’est contenté d’un reptile qui a eu la malchance de passer à sa portée. Face au serpent entré dans sa chambre, le petit garçon n’a pas molli. Il a arraché la tête du reptile avec ses dents. Sa maman l’a trouvé en train de mastiquer l’animal. « Ce n’était pas joli à voir. C’est un bébé, il pen-sait que c’était un jeu. Il ne savait pas ce qu’il faisait », a déclaré le grand-père du bam-bin, cité par le site du quotidien israëlien Yediot Ahoronot.

Coqueluche des plateaux télé, Sihem Souid n’a toujours pas apporté les preuves des abus qu’elle dénonce