Post on 23-Jul-2016
description
Revue internationale des affaires et partenariats Nord-Sud
Dossier spécialLe Sénégal séduit
Numérique L’Eldorado africain
EntreprisesChasseurs de têtes
50septembre-novembre 2015
Canada / 4,49$Zone CFA / 1500FFrance / 3,50 !États-Unis / $3.95 Autre Pays / $4 US
ÉlectricitéDes milliards à faire en Afrique
Entrevue exclusive avec Jean-Louis Borloo
Programme de Ligne de Crédit Programme de Syndication Programme d’achat d’effets de commerce
Programme de Financement Direct Programme de Financement de Projets Programme de prêts adossés à des actifs Programme d’achat de créances/ Programme d’escompte Programme pays
LA BANQUE DU FINANCEMENT DU COMMERCE
DE L’AFRIQUE
Programme de prêts adossés à des Agences
intra-africain
AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK
BANQUE AFRICAINE D’IMPORT-EXPORT
HARARE BRANCH OFFICE
Eastgate Building 3rd Floor
Gold Bridge (North Wing)
Gold Bridge 2nd Street
Harare-Zimbabwe
Tel: +263-4-700904
ABIDJAN BRANCH OFFICE
Angle Boulevard Botreau Roussel - Rue Privée CRRAE-UMOA
Immeuble CRRAE-UMOA, 3ème étage
01 BP 5634, Abidjan 01, Côte d’Ivoire
Tel: +225-2-0307300
Fax: +225-2-0307348/49
HEADQUARTERS
72(B) El Maahad El Eshteraky St.
Heliopolis, Cairo 11341, Egypt
P.O. Box 613 Heliopolis
Cairo 11341, Egypt
Tel: +20 2 24564100/1/2/3
ABUJA BRANCH OFFICE
No. 2 Gnassingbe
Eyadema Street Asokoro
Garki, Abuja Nigeria
Tel: +234-94620606
W W W . A F R E X I M B A N K . C O M
Sommaire
AFRIQUE EXPANSION • 50 3
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46-4748-49
50-5152-53
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L’éditorial de Gerba Malam
DossierL’Afrique digitale, c’est maintenant !
Révolution numérique
Berceau des applications mobiles utilitaires
Jeux vidéo Un marché qui fait saliver
Cybersécurité Enjeu crucial et opportunités
PerspectivesEt la lumière fut en Afrique
Entrevue exclusive Le «Plan Marshall» de Jean-Louis Borloo�
Bluezones Oasis de lumière en plein désert noir
Sénégal Dossier spécialLe lion sénégalais rugit à nouveau
Démocratie et stabilité, une recette gagnante
Une économie saine et compétitive
Agriculture Secteur clé cherche investisseurs
Entrevue exclusive Amadou BA, ministre de l’Économie
Marchés africainsMaroc Hub touristique en chantiers
Vin Mariage à l’africaine
Automobile Un marché qui roule en Afrique
Logement Défis et opportunités
Marchés nord-américainsFormation S’inspirer du Québec
Voyage au pays des diamants québécois
MondialisationChasseurs de têtes cherchent perles rares
Agences de notation Mode d’emploi
Rendez-vous d’affaires
50septembre-novembre 2015
export.gouv.qc.ca@meie_quebec
au centre de la démarche d’exportationdes entreprises québécoises
Plus de 100 spécialistes au Québec et dans 18 bureaux à travers le monde pour vous aider :
• à mieux connaître les marchés ;
• à diversifier votre clientèle ;
• établir un réseau d’aEaires mondial performant.
Gerba MalamÉditorial
AFRIQUE EXPANSION • 50 5
Dans leur bataille contre
l’évasion fiscale, les
pays en développement sont confrontés
à un sérieux dilemme :
doivent-ils considérer
les pays développés comme des
alliés ou des ennemis ?
Ce n’est pas nouveau, mais le problème mérite qu’on s’y attarde : selon Oxfam, l’évasion fiscale représente un manque à gagner de 11 milliards de dollars par an pour l’Afrique et 100 milliards de dollars pour l’ensemble des pays en développement. Les grands coupables, bien avant le crime organisé, sont les multinationales. L’exemple de la société Caterpillar est édifiant. Ce géant américain, selon une étude du Sénat américain citée par Oxfam, emploie près de 30 % de son personnel en Asie et en Afrique et y réalise 30 % de ses revenus. Pourtant, Caterpillar n’y enregistre que 1 % de ses profits. C’est que la très grande majorité de ses profits (80 %) s’envole plu-tôt vers les paradis fiscaux. Ceci n’est nullement surprenant quand on connaît les méthodes sophistiquées utilisées par les multinationales pour frauder le fisc. L’une des méthodes les plus connues est ce que les spécialistes appellent la distorsion du prix du transfert. Celle-ci consiste pour la multinationale à assigner la propriété de sa marque à une filiale créée dans un paradis fiscal. Toutes les parties productives de la société dans d’autres parties du monde paient alors des droits d’auteur et d’autres honoraires à cette filiale, ce qui garantit un déplacement continu d’argent vers les paradis fiscaux. Une autre technique est la facturation frauduleuse. Oxfam la décrit comme « une tendance à surévaluer les importations et sous-évaluer les exporta-tions, ce qui revient à ne pas déclarer la valeur ajoutée là où elle est réellement produite ». Il faut à cela ajouter les avantages exorbitants souvent accordés par les États du tiers-monde aux multinationales, notamment le libre rapatriement des bénéfices. Face à cette « saignée de ressources » qui ne cesse de prendre de l’ampleur au fil des ans, plusieurs solutions été proposées, notamment l’instauration d’une plus grande transparence dans le système financier global par un échange automatique et multilatéral d’informa-tions entre les autorités fiscales. Sans grand succès. La dernière idée avancée par les pays en développement est celle de la création d’un organisme fiscal international sous l’égide de l’ONU. C’était lors de la dernière confé-rence internationale sur le financement du développe-ment tenue en juillet dernier à Addis Abeba, en Éthiopie.Si cet organisme venait à voir le jour, il aurait pour mission «d’établir de nouvelles règles mondiales sur l’évasion fiscale, la propriété réelle des entreprises et les échanges de renseignements fiscaux». Il imposerait aux multinationales de déclarer leurs activités et leurs bénéfices, filiale par filiale, pays par pays, projet par pro-jet. Mais par-dessus tout, il permettrait à tous les pays de faire entendre leurs voix sur la question fiscale. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, à l’heure actuelle, les normes internationales fiscales sont dé-veloppées au sein de l’Organisation de coopération et
de développement économiques (OCDE), « club de pays riches », ce qui exclut d’office les pays en développement de la discussion sur le sujet. La proposition d’un orga-nisme fiscal international par les pays en développement vise donc à changer cette donne, à contester la domina-tion des pays occidentaux sur l’établissement des règles internationales fiscales. Évidemment, comme on pouvait s'y attendre, la réponse des pays du Nord a été un non cinglant. Ce serait redondant, ont-ils dit. On a déjà l'OCDE, on n’a pas besoin de l’ONU. D’ailleurs, selon un expert de l’OCDE, « un comité de l’ONU se transformera en forum de discussion où les pays feront valoir leur point de vue, mais rien n’avancera, c’est certain ». De plus, un tel organisme introduirait des lourdeurs ! Personne n’est dupe : aucun de ces arguments n’est convaincant, car les vraies raisons sont ailleurs. En réali-té, les pays occidentaux tiennent à garder leur mainmise sur le système de gouvernance mondiale. Le système de Bretton Woods, qui régit le système financier inter-national et qu’ils ont mis en place depuis 1944, en est la parfaite illustration. On sait aussi que même s’ils ne le disent pas, les pays occidentaux cherchent à protéger leurs multinationales qui sont sur le banc des accusés. Enfin, ils sont les principaux bénéficiaires de l’évasion fiscale. En effet, l’argent qui quitte les pays en déve-loppement se retrouve dans les banques en Europe et aux États-Unis. C’est pour toutes ces raisons qu’il est si difficile de changer les choses, le rapport des forces jouant en faveur des pays développés. C’est ce qui explique leur intransigeance au dernier Sommet d’Addis Abeba et son échec. Les pays en développement ont dû céder sur l’enjeu fondamental de l’évasion fiscale et se contenter des promesses faites par les pays développés sur le financement du développement à hauteur de 2500 milliards de dollars jusqu’en 2030. Or, comme le relève bien le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz (2001) dans un entretien à l’AFP, « les pays avancés ont fait des promesses sur l’aide au développement qu’ils n’ont pas tenues. Ils ont fait des promesses sur le financement du changement climatique qu’ils n’ont pas tenues».
Alors pourquoi devrait-on les croire aujourd’hui ?
Quoi qu’il en soit, les pays en développement sont confrontés à un sérieux dilemme : ils ne peuvent pas gagner la bataille contre l’évasion fiscale sans l’aide des pays développés. En même temps, ils savent qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts que leurs alliés. Alors que faire ? Coopération ou confrontation ? En l’absence d’un choix réellement payant, le statu quo persiste devant un fléau qui coûte cher aux pays pauvres et nuit dangereusement à leur développement.
Évasion fiscale
Le coûteux dilemme des pays en développement.
6 AFRIQUE EXPANSION • 50
Dossier Jean-Nicolas Saucier
L’Afrique digitale, c’est maintenant
AFRIQUE EXPANSION • 50 7
L’Afrique digitale, c’est maintenant !
Si votre vision de l’Afrique technologique se résume à un vieux téléphone à cadran et un ordinateur Pentium datant du
siècle dernier, vous avez tout faux !
Dans un surprenant anonymat, le continent est passé à l’ère numérique en un temps record sur la planète, avec les opportunités et défis que pareille course impose forcément. Un marché qui dépasse le milliard de personnes, un taux de croissance annuelle de 30 %
dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), ou un secteur du jeu vidéo dont le volume triplera en quelques années; voilà autant d’éléments séduisants pour l’investisseur averti. À l’autre bout du spectre technologique, la cybercriminalité est déjà bien organisée et guette un continent qui doit encore fourbir ses armes contre un phénomène auquel il ne pourra répondre seul.
Opportunités et défis, occasions en or ou problèmes demandant solutions,
l’Afrique digitale, c’est maintenant!
8 AFRIQUE EXPANSION • 50
Dossier Aimie Eliot
Alors qu’un habitant sur trois sera africain en 2100, le continent est assurément une terre d’opportunités pour toute entreprise qui s’intéresse au monde numérique et à son développement.
Certes, l’Afrique est encore loin d’être hyper-connectée et les infrastructures nécessaires à l’implantation d’un service internet – une condition sine qua none pour que des entreprises qui ont choisi de faire du numérique leur lieu de conquête s’installent – sont dans certaines régions du continent inexistantes. Mais il existe dans plusieurs foyers dynamiques du continent, comme l’Afrique du Sud, le Ghana, le Kenya ou la Tanzanie, des outils et leviers de développe-ment bien ancrés qui permettent un accès facile au Web.
Révolution TIC en Afrique
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) représentent 8 % du PIB tunisien, plus de 10 % pourl’Afrique du Sud et jusqu’à 20 % pour la Tanzanie, déclare un rapport de l’ONU daté de 2014. Encore em-bryonnaire il y a une dizaine d’années, l’accès à l’informatique, mais aussi aux technologies de base que sont le téléphone mobile, la radio ou la télévision s’est considérablement dé-mocratisé. Et pallie aujourd’hui aux carences du continent en matière de développement.
Cette propagation du numérique est au-jourd’hui synonyme d’un meilleur accès à l’éducation, à la formation et à la santé. Qu’il s’agisse de localiser une adresse sur une carte ou d’écouter un MOOC (cours en ligne ouvert à tous) conçu par une grande université nord-américaine, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ouvrent le champ des possibles aux utilisa-teurs et permettent aussi à la jeune géné-ration d’entrepreneurs et de développeurs d’innover et de créer. Le foyer africain est ainsi devenu grand pourvoyeur de logiciels à forte portée sociale, notamment par l’en-tremise d’applications mobiles novatrices qui modifient et influent positivement sur le quotidien de millions d’Africains. Car l’Afrique ne se contente pas de recevoir des produits, programmes et outils conçus ailleurs, elle innove et ajoute une touche africaine au mouvement. Les grands groupes du secteur l’ont compris. Tant et si bien que les concours ou laboratoires affluent un peu partout aux quatre coins du continent, les Microsoft, IBM, Apple et autres Google de ce monde étant continuellement en quête de LA perle rare, la prochaine idée du siècle ou
la personne apte à la générer. L’Afrique est donc aujourd’hui perçue comme un formi-dable incubateur d’idées, des concepts qui transforment les problèmes du quotidien en solutions.
Le « smartphone » comme catalyseur
Selon une étude du cabinet Deloitte parue durant le 1er trimestre 2015, le nombre de smartphones, ces téléphones « intel-ligents » permettant un accès à Internet, devrait connaître une augmentation de 40 % sur le continent cette année. Et d’ici 2017, les experts estiment à 350 millions le nombre d’appareils qui seront connectés en Afrique. Des chiffres impressionnants, qui s’expliquentgrâce à l’amélioration de la couverture haut débit mobile, mais aussi la réduction des coûts de connexion. Princi-pal effet de cette exposition du téléphone connecté : le développement du paiement par mobile, un domaine où l’Afrique n’a pas d’égal sur la planète. Premiers utilisateurs du conti-nent : les Kenyans et les Tanzaniens. Dans ces pays où le mobile est un véritable mode de vie, un utilisateur d’appareil portable sur deux utilise ce moyen de paiement, alors que c’est plus d’un quart en Afrique du Sud et au Sénégal. Des statistiques qui font du conti-nent un leader mondial du secteur. Le fort de taux de croissance sur le continent – qu’on estime globalement pour l’Afrique à plus de 5 % en 2014 – laisse espé-rer qu’acteurs publics et privés continueront à pousser cette révolution du numérique. Et les startups africaines qui font parler d’elles dans les concours dédiés aux jeunes entrepreneurs comme le Prix de la Jeune Entreprise Africaine, organisé à l’occasion du New York Forum Africa à Libreville qui a récompensé cet été les initiatives les plus créatrices, pourraient bel et bien jouer un rôle-moteur dans cette montée en puissance. L’explosion ne fait finalement que commen-cer et pour ne pas manquer le bateau, c’est maintenant qu’il faut s’intéresser à l’Afrique et son incroyable potentiel numérique.
L’Afrique vit à l’heure du numérique.