L'Ecole primaire, 31 mars 1938

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"ON, 31 Mar. 1938 No 8 fJ) R l DE LA S"o(!,jété -d L'ECOLE· PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours ' scolaire ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.- Les abonnements se règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. Tout ce qui conce..ne la publication doit être adress6 directement à II. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Département de l'InstrucUon pubUque à Sion. . Les annonces sont reçues eXlclusivemeni J)a.·r PUBLICITAS. Socl't6 AnonJDle Suisse de Publlclt6, Sion A veonue de la GaTe - Téléphone 2.36

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"ON, 31 Mar. 1938 No 8

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S"o(!,jété valai~a1)~,e - d 'édtl~ation

L'ECOLE· PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours ' scolaire

ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.-

Les abonnements se règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

Tout ce qui conce..ne la publication doit être adress6 directement à II. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au

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Cette monographie est un.e œuvre magi'8'1wale qui r8Jstera la base qu'on ne rE'construira pa's de ,10ngteJmps. E11e se divise en 3 volumes consacrés ,à la: géO!}/'flphie physique, à la géogmphie humaine et à la géo­g/'aphie 7·égional l ••

SION, 31 ?II [N.·S 1938. 'No 6. 57111e Année.

L'ÉCOLE PRIMAI RE ORGANE DE LA SOCIÉTÉ VALAISANNE D'ÉDUCATION

SOMIMAIRE: PARTIE OFFI,CIELILE: Au 'Personnel ·enseignant, Caisse d e retraite du P . E. - ·Conférences pédagogiques. - Chro­nique de l 'Union. - PARTIiE THEORIQUE: De d eux sortes de discipHne. - L plante humaine et.. . l' autre. - fLa nature ne pro-' cède pas par bonds. - Le maîtr e idéal. - Un rêve. - La gymnas'­tique à la campagne e't à la montagne. - PARTIE ,PRATIQUE: Instruction civique. - NOS PAGES. - Examens pédagogiques cl ~ reol"utement. - Placement d e vacances d es enfant,s s uisses [) l'é­tran gel'. - Nécrologie.

--------~----------~.-

PARTIE OFFICIELLE

Ru Personnel enseiqnant Dans la très louable intention d'éviter les accidents de hl

circulation, dans la luesure du possible, la Section valaisanne du Touring-CLub suisse a édité des couvertures (protège-cahiers) qne nous vous avons renüs sous pli séparé.

Ainsi que vous le constaterez, ces couver tures sont illustrées de très intéressantes vignettes se rapportant aux. principales rè­gles de la circulation. Nous vous prions de bien vouloir les conl­nlenter à vos élèves .

Grüce à votre bonne volonté et à votre savoir-faire, les sa­crifices que le T. C. S. s'est iluposé ne seront pas valns. Avec cette association, vous contribuerez à diIninuer les acciàents de la route qui sont toujours si n0111breux.

Sion le 15 l11.ars 1938.

Le Chef dl.l DépCll'tellwnt de ['Instruction publique,' PITTELOUD.

Caisse ~e retraite ~u Personnel ensei~nant Les membres de la Cai,sse de !retrai te du PeTsonnel enseignant

sont convoqués en Assemblée générale pour le jeudi 21 avril pro­chain, à 13 heures ,et demie, à l'Ecole Normale d es Instituteurs , avec l 'ordre du jour suivant :

1. Appel des délégués. 2. Lecture du procès-verhal de l 'a6semblée du 27 avril 1937.

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3. LectUire des comptes et du bilan. 4. Rapport ,sur -la g.estion. 5. Rapport des vérificateurs des com'Ptes. 6. Adoption des ·comptes. 7. Nominations statutaires. 8. Divers. 9. PropositioIlB individuelles. Sion, 'le 25 mars 1938.

CONFËRENCES PËDAGOGIQUES

La Co.mmissfion.

Districts de rnonthe~ et de St .. maurice Messieurs les instituteurs des districts de St-Maurice et de

Monthey sont convoqués pour la Conférence annuelle, à Monthey, le 7 avril prochain, avec l'ordre du jour suivant:

Messe à 9 heures et delnie. Conférence à 10 heures à l'Hôtel de la Gare. 1. Questions adnlinistratives. 2. Leçon pratique de l'enseignelnent de la cOlnposition fran-

çaise par la Inéthode des centres d'intérêt. 3. Discussion et conlnlunications diverses. A lnidi, dîner en COlnlnun. N. B .. - Tous les instituteurs sont tenus de prendre part à la

conférence. L'Inspecteur scolaire.

District d'Hérens

Sont convoqués en Conférence régionale allnuelle à Ayent, le 21 avril prochain, Mesdanles les institutrices et Messieurs les ins­tituteurs du district d'Hérens, avec l'ordre du jour suivant:

9.30 Messe. 10.00 Conférence en la Inaison d'école de St-ROlnain :

1. Questions adnlinistratives. 2. Leçon pratique sur l'enseignenlent de la cOlnposition

française par les centres d'intérêt. 3. Discussion. - Divers ..

12.00 Diner en conllnun. L'Inspecteur scolaire.

District de Sierre

Mesdalnes les institutrices et Messieurs les Instituteurs du district de Sierre sont convoqués en Conférence régionale mer-

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credi ô avril 1938, à Sierre : 9.30 !\I{esse à l'ancienne église.

10.00 Ouverture de la Conférence. 12.00 Dîner en COlnmun.

Sujet à préparer en vue d'une discussion fructueuse: « Les centres d'intérêt appliqués à la composition française)). (Cf. « L'Ecole PriInaire)) du 15 janvier.)

L' 1 ns pecteur.

District de Sion

La Conférence régionale des Instituteurs et des Institutrices se réunira à Bralnois, mercredi, le 27 avril prochain.

Elle est obligatoire pour tout le personnel enseignant, même pour celui des cours cOInpléInentaires.

Le sujet 'sera présenté, sous fonne de leçon pratique, par M. l'instituteur Gabriel Bér:;trd.

Le prograInme détaillé de la Conférence paraîtra dans le prochain numéro de l' « Ecole primaire )).

Sion, le 18 mars .1938 . . Dl' j1l/ an gis ch, Inspecteur scolaire.

CHRONIQUE DE L'UNION

Après Salvan, C>rsières Une peu réjouissante nouvelle nous parvient d'Orsières. Ce

gros village qui, il y a peu d'années, avait porté à sept mois la durée de la scolarité, tente aujourd'hui de revenir aux six mois. Une pétition vient de circuler là-haut pour réclamer pour cette année déjà la fermeture des classes à la fin d'avril.

Cette pétition a été envoyée au Département et le Départe­ment à son tour la renvoie à la COlnmune pour préavis.

Qu'en résultera-t-il? Pour une fois nous restons optimiste. Le Départelnent sans doute nlaintiendra envers et con.tre tous les sept mois à Orsières. Un bourg de cette importance qUI COlllpte tout de même dans sa seule agglomération 800 habitants au moins, qui comprend bon nombre de fanlilles de comnlerçants, d'a~,ti .. sans, de fonctionnaires ne peut pas rétrograder dans le donlalne de l'Ecole. D'ailleurs les pétitionnaires ne représentent pas la Ina-jorité et encore, sont-ils tous pères de fanlille ? . .

C'est douteux. Et puis, rien n'est plus facile que de recueIllIr ces sortes de signatur~s . La crainte, la jalousie à l'égard du per-

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sonnel enseignant, l'orgueil, les rancunes personnelles tout agit. Raison de plus, il nous semble pour ne point en tenir C0111pte. L'intérêt de l'enfant; l'avenir du pays passent bien avant ces sortes de passion et l'intérêt bien superficiel du reste de certains propriétaires qui persistent à méconnaître les bienfaits de l'ins­truction.

Faisons confiance à notre chef, Monsieur Pitteloud, pour une intransigeance formelle à l'avenir pour toute revendication du genre de celle des pétitionnaires d'Orsières . M ...

Cartes de Membres

Les cartes de n1.en1.bres sont encaissées à ce jour. Nous e11-l'egistrons une auglnentation d'effectif d'une quarantaine de melnbres sur. 1937. Bravo! Nous n'avons pas en vain fail ap­pel à l'esprit de solidarité du corps enseignant valaisan. ~otre effectif passe donc de 370 Inen1.bres à 412. Cela con1.pte tout de Inêll1.e. Et dans les cartes en retour, il y en a sans aucun doute de celles qui ont été oubliées à la poste par leur destinataire. Elles sont à leur disposition au secrétariat. Nous nous ferons un plaisir de les leur faire parvenir après le versement du 1110ntant de la cotisation au Cpte de chèques IIc 906 et quatre sous en plus ponr l'envoi de la carte. 1\11.

PARTIE THÉORIQUE

De deux sortes de discipline A récole, COnlll1.e ailleurs, une boone discipline est indispen­

sable pour le 111aintien de l'ordre et le succès du travail. Cette discipline on peut l'obtenir par 1e plaisir et par la peine,

qui sont pour ainsi dire des leviers de cOllunande. Il s'ensuit que la discipline est double dans son unité; qu'on

peut la diviser en discipline Inécanique et en discipline éducative. La discipline lnécanique est le règlement n'lis à exécution par la crainte; si elle est el11ployée avec prudence, elle conduit peu ft peu à la disciplne éducative; elle (est la base de la pédagogie, tan­dis que la discipline éducative en est le couronnelnent.

C'est ainsi que la tâche de l'éducateur paraît particulièrelnent. délicate, difficile; il lui faut un tact infini, des vues larges, un respect profond de la dignité luunaine, car on lui delnande d'ha-

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bituer l'enfant à l'obéissance, de lui apprendre à vouloir, 'de le plier à la discipline et ,de donner néanmoins de l'essor à son ca­ractère, à sa personnalité; de tenir la bride et de laisser faire; de punir sans humilier ni avilir par la crainte; de récompenser sans enorgueillir ni corrompre par le calcul de l'intérêt.

La discipline mécanique s'affranchit facilement de ces dif­f.icultés.

Les partisans de cette discipline sont, en effet, satisfaits ,quand ils obtiennent le silence absolu en classe, un travail accompli en temps voulu. Mais quels services rendent-ils à leurs élèves? Cul­tivent-ils ce sentiment du bien et du lnal que tout éducateur doit éclairer et fortifier? -Ils dictent le devoir, mais ne l'inspirent pas; ils exigent une obéissance passive qui atrophie la volonté ef énerve le caractère. Entre leurs lnains, les élèves deviennent des lna­rionnettes dont les mouvelnents peuvent être réguliers et corrects, mais qui n'apprendront jan1.ais à exercer leur liberté et leur res­ponsabilité. Tout est réglé, cOlnlnandé; point de place à l'initia­tive.

Souvent cette discipline de fer est l'ünpulsion du In0111ent; elle n'émane d'aucune conviction raisonnée; varie de jour en jour, d'heure en heure; elle est superficielle; le respect de la rè­gle et du lnaître n'y est pour rien. Tant que l'œil observateur est présent, aucun n1.ouvement désordonné ne trouble la classe; nuüs que le maître s'absente quelques instants, aussitôt les langues se délient, l'agitation naît, le désordre se produit. Si le maître ap­paraît , tout rendre brusquelnent dans l'ordre. «L'esprit ~e l'é­ducation n1.oderne, nous dit M. Cochin, n'est pas d'assurer le pro­près par la crainte ni l'au1.élioration par le châtünent».

Les enfants soumis à une telle discipline sont exposés ou à déjouer la surveillance par l'hypocrisie ou à n'avoir dans leur conduite d'autre n1.obile que le regard du lnaître e~ par conséquent à perdre toute initiative propre.

La discipline éducative produit d'autres résultats. Elle est le règlen1.ent lnis à exécution par la volonté. ou le consenteulent; tan­dis que les formules de la discipline lnécanique restent dans la tête, celles de la discipline éducative vont jusqu'au cœur. Elle fait appel à la bonne volonté plutôt qu'à la crainte. Son grand lnoyen d'ac­tion est la bonté, non une bonté qui laisse tout faire, 111ais cette bonté clairvoyante, énergique qui a d'autant plus d'autorité pour reprendre qu'elle a tout fait pour nrévoir. Il faut pourtant dire que ces deux disciplines vont raren1.ent seules; elles se prêtent un lnutuel concours. Il s'agit lnoins de faire faire le bien que d'ap­prendre à le vouloir.

En cOlnlnandant, nous vaquons seulenlelü au présent; nous ne travaillons pas pour l'avenir; nous ne donnons pas ft l'enfant une lnoralité active pour le guider dans les difficultés de la vie.

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Le pédagogue aniIué de l'esprit de discipline éducative nlontre de la douceur jointe à la fernleté; sa physio;nolllie respire la bien­veillance; il fait la classe et exerce la surveillance avec une grande liberté d'esprit et sans être interrOlupu; les choses vont pour ainsi dire toutes seules.

Un luaître sévère, le fouet à la main, rendra sans doute son esclave ou son luercenaire attentif à ses devoirs, mais il n'en sera pas meilleur. Cependant le nlême homme revêtu d'un caractère plus doux, avec de faibles récompenses et des corrections légè­res, forn1era des enfants vertueux. Voilà ce qu'on peut appeler une éducation honnête et libérale.

Dernièrement, lors des luanœuvres françaises en Nonuandie, le ministre de la guerre britannique qui les avait suivies, dit: « Je n'ai pas eu devant nloi une armée l'aide et d'une discipline mécaniqlIe.» Eh bien, nous désirons que tout inspecteur visi­tant n'importe laquelle de nos écoles puisse dire aussi: « Je n'ai pas eu devant luoi une classe ou une école raide et à la discipline mécanique » .

ùa plante humaine et . . . l'autre l\1algré la fraîcheur des nuits , ça pousse dans les chalups, les

prés et les vignes. A l'école aussi, ça voudrait pousser, bien que lues sire le

hanneton ne soit pas encore venu, par la fenêtre ouverte, trou­bler la leçon des petits en leur bourdonnant une malicieuse invi­tation à planter là la gramnlaire. Déjà le pinson et la mésange, qui n'ont plus besoin de miettes maintenant, sont venus clamer leur reconnaissance, sur les pon1luiers voisins, en des accents qui nous font délaisser règle de trois et analyse et vous donnent une folle envie de fermer les livres.

N'est-ce pas, blonds et bruns chérubins pui ,pâlissez encore entre les quatre murs d'une salle de classe, le printelups n'est pas encore venu pour vous? Pauvres petites plantes humaines, les « autres» n'ont qu'un cœur et vous, vous avez encore un cerveau qu'il s'agit de meubler. Refoulez donc un peu la sève qui monte 1 Maîtres et luaîtresses, rivalisez de zèle, d'ingéniosité et de savoir-faire pour contenir votre petit n10nde inlpatient, assoiffé d'air pur, de mouvement et de liberté!

Mais vous, MM. les Présidents des Commissions scolaires, Inspecteurs et graves magistrats qui détenez l'autorité, ne jet­terez-vous pas un regard d'indulgence et de sympathie sur ces humbles: maîtres, luaîtresses et enfants qui s'épuisent entre qua­tre n1urs à « épuiser» les programmes? Ne vous souviendrez-vous

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pas que vous avez été petits élèves aussi, peut-être maîtres d'école autrefois? Ne permettrez-vous pas à vos petits quelques sorties au grand air parmi les fleurs qui éclosent et au cours desquelles, entre deux chants, un exercice de gylunastique et uI1f jeu, ils pour­ront, sans fatigue, toucher aux autres branches orales et où ils ' auront en outre l'occasion de faire la connaissance de quelques­unes des « autres plantes » qu'on leur apprendra à connaître, à respecter et à utiliser sagement selon le but pour lequel Dieu les a créées? .

Ne luénage-t-on pas un peu trop, en cette saison surtout, à la délicate plante humaine, l'air, le soleil et la lumière qu'on trouve si nécessaires pour les autres plan~es ? N.) inst.

"La nature ne procède pas par bonds" « Natura non facit saltus », c'est petit à petit que l 'oiseau fait

son nid et l' enf an~ les idées où se loge sa vie luentale. L'esprit ne s'approprie pas le savoir d'un coup, par sinlple

juxtaposition, luais en pllIsielirs opérations Oli moments Slicces­sifs : il perçoit les objets concrets, tel arbre, tel chien, choses indi­vi duelles, particulières; il en garde une trace, une iInage; il se les représente en leur absence. Lenten1ent il fait abstraction des qua­lités non essentielles des choses, telles que grandeur, couleur, for­me, pour s'en faire une idée générale; il abstrait; lnais le luOt qui rappelle l'idée, évoque aussi une certaine représentation sensible. Au soleil de l'intelligence, l'image accOlupagne l'idée conlnle son ombre.

Il peut appeler nWlnents psychologiqlIes la série de ces opé­rations.

L'enfant surtout ne pense que par et à travers les Îluages, non seulement les images proprement dites qui sont des représenta­tions visuelles, luais aussi des représentations auditives, n1USCU­laires, tactiles, mobiles, etc. Chez lui la disposition fonctionnelle à reproduire les sensations est assurée; après une séance de cirque, les luurs de clôture, les barrières, les ran1pes doivent se prêter à des essais d'acrobatie. Faible est par contre son pouvoir d'abs:' traction.

L)intelligence doit s'applIyer sans cesse Slll' le concret sensible qùi, selon la forte expression augustinienne, la conduit COlun1e par la main à la rencontre du monde spirituel.

N'est-ce pas ce qui luilite en faveur des centres d:intérêt qui sont comme des rendez-vous familiers du concret et de l'abs­trait? Le luaître ne peut pas atteindre directement l'intelligence adulte, encore luoins celle de l'enfant; il doit passer par les sens, incarner en qlIelqlIe sorte la nation abstraite SOliS lIne forme assi-

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milable, vivante, une de ces choses chères au jeune esprit, jun tout vivant ou intéressant sur lequel l'enfant se plaise à travailler.

La naissance de l'idée exige l'activité personnelle de l'élève sur -les données de la sensibilité: activité souvent capricieuse et superficielle, Inais riche et variée, dans l'acquisition spontanée; activité réglée et plus profonde dans le travail de l'étude sous la conduite du Inaître qui guide l'attention. Cette activité person­nelle de l'enfant qui reste en contact avec le concret sensible produit le savoir imn1édiat.

L'étude du savoir immédiat doit être prolongée et intensifiée dans nos classes; elle doit surtout être contrôlée et complétée. Qu'un Inaître se donne la peine d'établir parnli ses élèves une petite enquête par exenlple sur la connaissance exacte des cou­leurs courantes des étoffes, des papiers, il sera étonné en consta­tant de nonlbreuses lacunes. C'est pire quand des form.es sont en jeu.

Ici il s'agit de donnés visuels, qui prédon1Ïnent en général dans la vie scolaire. Or, nous avons cinq sens, et les sensations de l 'ouïe et du toucher, ainsi que les sensibles comnluns (Inouve­ment, repos, figure, grandeur) fournissent la nlatière prenlière de 111ultiples connaissances que l'enseigneinent par la vue, les mots , les livres n'exploite qu'ünparfaiteinent.

La psychologie insiste sur l'objet propre de chaque sens; il n' y a pas de substitution intégrale possible entre les diffé­rents sens : aucune dans la connaissance des sensibles spécifi­ques (couleur, son, saveur, odeurs), à peine une c0l11pensation in­conlplète quand il s'agit des sensibles COnlll1Uns.

Ces constatations font saisir au doigt la nécessité d'étendre le donné concret cmx sensations jusqu'ici négligées, ce qui n'est pos­sible que dans l'activité opportune de tous les sens. La Inéthode des centres d'intérêt, riche en ressources didactiques de toutes sortes, nous offre le 11loyen de Inettre à contribution tous les sens conl11le toutes les facultés.

Vous voulez donc restreindre l'étude aux objets d'expérience imInédiate et promener les élèves toute la journée à travers le musée de la nature et du travail?

Loin de là. Les infornlations des sens ont leurs lin~ites, et la plus grande partie des connaissances nous est transmise pal' la tradition. Il yale savoir qui passe d'un esprit à l'autre par la cOInll1union des intelligences, mais à la façon hun~aine, non pas comine chez les anges. Ces connaissances étrangères, toutes faites, n 'entrent pas en nous par une simple transfusion; pour devenir une partie vivante de notre être spirituel, elles exigent de la part du récepteur une activité personnelle senlblable à celle de l'âme qui, la preInière, a élaboré la vérité enseignée, transmise.

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L'attitude passive de l'esprit qui subirait une empreinte ne suffit pas; il faut bien plutôt le tTavail constructif d'un esprit qui reproduit. La multiplication des idées dans les ânles n'est pas sans analogie avec celle des êtres vivants où chaque nouvel in­dividu doit parcourir le cycle spécial de son espèce.

Ainsi le Inaître qui enseigne des connaissances dont la Ina­tière expérimentale n'est pas à la portée de la ?lasse d?it ,~léal:­ll~oins présenter le savoir sous une fOrIne concrete; n~aIS Inltul­tion sensorielle étant exclue, c'est l'intuition ilnaginative qui entre Bl1 action « n~et la c.onscience vive de l'enfant en possession des éléments ~oncrets nécessaires à l'élaboration intelligente de l'idée. »

Mais à quelle condition l'ilnagination ~r~atrice peut-~lle . se substituer etticacelnent aux sens? A la condItIOn que la InemOIre se soit aInplement enric.hie d'in~ages au contact .direct de t~~lS les sens avee les choses; car dans cette réserve rIche, et ,~arIee de représentations sensibles acquises. imJ?édi~ten~~ent, ,l~spnt .trou,,:e à souhait les éléments de la créatIon nnaglnatIve d ou partIra 1 e­laboration de l'idée nouvelle.

L'intelligence, ainsi longueinent et ac~iveInen~ fan~iliar~s.é~ avec l'habitude d'allier le concret à l'abstraIt, acquIert la faCIlIte et COlnn~e la tendance de penser en in~ages congrues; alors le sa­voir étranger, médiat, se transforme en connaissance personnelle à l'instar du savoir ÎlnInédiat.

Il faut donc préparer l'étude du savoir n1.édiat d~ns. les ;-l~s­ses supérieures par l'acquisition prolongée d 'un saVOIr Inlinedlat dans les classes inférieures.

A cette condition, ce qu'apprennent nos élè~es s'enracine dans leurs âmes, est facilement disponible et deVIent la source, le point de départ de la vie de l'esprit. Ne 'p~uva,nt tout, ,~~n~~er aux jeunes intelligences, nous les aurons aIdees a acqueui 1 u~­sentiel et à se forn~er aux habitudes, de réflexion; nous aurons de­veloppé en elles la vigueur Spirituelle qui travaill~ el~suite toute seule; bref nous aurons développé en elles le. saVOlr Vlvant, orga­nique.

Ce savoir vivant, organique naît donc dans l'en(ant pal' [-'activité de l'esprit parcourant les différents n1Oment~ psyc1~olo­giques, depuis le donné concret jusq~'à l'!d.ée, abstrCllte" patzem­ment, petit à petit, sans bonds. Le fruzt munt a son hem e.

Et il gernle à son tour. Car ce savoir vivant, organique con­tinue à se développer en vertu de son énergie. propre, conl1ne une graine bien constituée, placée dans les condltIO?S favorahles. Il est un élément de vie intellectuelle et l'enlporte Illcomparable­Inent sur l'eInmagasinage le plus opulent.

La Inéthode des centres d'intérêt bien appliquée selnble ap-pelée à cultiver ce savoir vivant. G. C.

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Le Maître iôéal C'est le titre d'une enquête établie par Monsieur Martin Keil-­

hacker auprès de 4000 écoliers de tous les degrés et parue en traduction française dans la collection « Problèmes d'Education».

Je voudrais que tous les professeurs lisent l'étude de M. M. Keilhacker, écrit M. A. Fauville, dans la préface de l'ouvrage. On comprend ce souhait quand on y a satisfait et d'ailleurs la conception du « Maître idéal» ne peut laisser indifférent un édu­cateur. Celui-ci a dû se demander ce que ses élèves attendent ne· lui. :Mais ce n'est pas par lui-même qu'il peut résoudre la ques ­tian: une conception d'adulte n'est pas celle de l'enfant. Celui-ci vit à l'intérieur d'une zone enfantine faite de réel et de rêve, qui nous den'leure presque totaleinent interdite. Il ne s'agit pas, nous dit l'auteur, de savoir qui a raison: de notre conception d'adulte qui voudrait trouver dans l'éducateur de traditiOlmelles qualités ou de celle des élèves qui se révèle assez différente. Peu importe; dans la question du :Maître idéal c'est précisément la conception propre des jeunes qui est intéressante. C'est là un facteur de suc­cès puissant; connaître les exigences de ses élèves. Celles que l'en­quête nous révèle, sont à n'lon avis, riches d'indications et j'ai voulu résulner, très succinctelnent, pour ceux qui ne les connaî­traient pas quelques-uns des traits donlinants du Maître idéal, mis en relief dans l'enquête de M. M. Keilhacker .

Le premier chapitre de l'ouvrage renfern'le les souhaits ayant trait au sexe, à l'âge et à l'extérieur du l\t{aître idéal.

L'enquête sur le sexe n 'a été faite que dans les écoles de filles, les garçons ayant en général un personnel enseignant Inasculin. Une vue d'ensemble se dégage des réponses exaininées : plus elles grandissent, plus les écolières préfèrent un personnel enseignant féminin, pour des raisons d'ordre hun'lain - une con'lpréhen­sion réciproque plus parfaite - nlais non pour des motifs péda­gogiques. Il faut noter que les élèves sont en général plus sévè­res pour leurs lnaîtresses, on leur den'lande davantage soit au point de vue moral, soit au point de vue intellectuel.

L 'intérêt des élèves pour la question de l'âge du Maître idéal s 'est révélé très grand à l'enquête. Si les opinions au sujet .du maître ou n'laîtresse étaient partagées, ici l'unanimité se fait. Une préférence Jnarquée désigne le jeune lnaître et encore plus le Inaître d'âge moyen comn'le le maître idéal, écartant aussi bien le nlaître trop jeun~ que le maître âgé. Cette préférence accoÎ'dée aux lnaître d'âge Inoyen n'a pas sa raison d'être dans le domaine de la pédagogie, mais encore dans le désir d 'une relation vrainlent hu­Inaine - de la compréhension - joint à celui d'une solide disci­pline. « Cet âge est sans pitié» a dit La Fontaine. En effet, l'en­quête se révèle très dure pour les nlaîtres âgés: les ternles d'ossi-

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fication, routine, etc:, reviennent fréqueInlnent. Apprenons d , . 'll" onc a ne pas ,VIel Ir, c~r les enf~ants, avec leur f~cilité d'adaptation, peUv~l~t s attacher a }eul: In~Itre ave~ enthousiasIne, quel que soit son age, pourvu qu Il aIt 1 art de s entendre avec eux et de les comprendre. . Les vœux concernant l'aspect: extérieur du n'laître sont plus nnportants que les précédents. La question « esthétique» prend une plus grande part chez les filles parce qu'elle leur apparaît comnle une Inanifestation de l'être intime. Très succincten'lent il ressort que la lnaîtresse doit garder un juste Inilieu dans sa toi­lette, trop et trop peu déplaisent égalenlent. Les garçons ap­puient surtout sur le côté force et bonne santé. Il faut que le maître puisse donner par l'exenlple, une bonn-e formation physi­que. A chaque degré d'âge et à chaque sexe deux points de vue jouent UI1. rôle: un lnotif purelnent esthétique est caractéristi­que des degrés inférieurs et nloyens et un lnotif d'ordre humain - influence de l'aspect extérieur dans l'éducation - est consi­déré conlnle plus inlportant que le premier par les élèves des classes supérieures.

Les p"oints de l'enquête groupés sous le titre « ahllosphère générale» nle paraissent matière à réflexions.

Le souhait positif de bonté, d'anlour, de joie, donne la note dominante tandis que le vœu « le maître doit être sévère» en est l'aspect négatif. M. M. Keilhacker écrit: La pensée He l'enfant contredit la conception d'une vocation du lnaître qui serait uni­quen'lent basée sur la science ou qui se présenterait comme une carrière d'employé ou de fonctionnaire. Je cite cette appréhension d'une élève de 14 ans. « Quand une institutrice fait ses études on ne lui den'lande pas si elle ainle les enfants, on contrôle seule~ ment son intelligence. Pourtant celle qui nè connaît pas la Inanière de s'y prendre avec le cœur des enfants devrait abandonner cette profession». Il faut relever qu'à côté de la bonté et de l'affection les élèves se souhaitent un lnaître qui ait l'art d'obtenir la disci­pline, qui sache en'lployer des sanctions, lnais non pas constaln­Inent et pour des vétilles, qui oublie et pardonne une fois la pu­nition accOlnplie. L'élève apprécie le cahne, la patience, la domi­nation de soi-même chez le maître. Mais rien n'est autant de-111andé et avec une iusistance qui force la réflexion, COlnlne la justice. « Il ne faut pas conclure que ce vœu, quasi unanime, est un reproche, observe M. M. Keilhacker, mais bien plutôt y voir une sensibilité beaucoup plus profonde des élèves vis-à-vis de ce f~cteur. « Sans lui on perd la joie à l'étude». A remarquer qu'à partir de 14-15 ans, les élèves se rendent con'lpte des difficultés rencontrées par le n'laître, dans ce domaine si délicat~ et indi­quent des critères différents de juger.

Les résultats de l'enquête au point de vue « enseignelnent » accusent particulièrenlelü l'âge des élèves.

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Au degré inférieur et ~ême au degré lnoyen, c'est le côté Inatériel des questions d'enseignement, qui est absorbé. Au degré supérieur, l'essentiel est la personnalité du lnaître, sa culture gé­nérale, ses aptitudes pédagogiques. Les élèves du degré infé­rieur se souhaitent avant tout un maître qui leur apprenne beau-

. coup - connaissance surtout de nlémoÏre. Au degré supérieur, ces connaissances paraissent secondaires et insuffisantes sans la fonnation du caractère et la préparation à la vie.

Parmi les questions de méthode, je relève le vœu caractéris­tique concernant les explications. Le nlaître doit savoir expli­quer et le faire an1Îcalement. Il doit faire naître l'intérêt et le lnaintenir par un enseignelnent vivant et proche de la vie prati­que. Plus l'élève se développe, plus la personnalité du lnaître l'in­téresse, on lui delnande de grandes connaissances et une culture générale réelle.

L'examen des réponses fournies à l'enquête, reulet en ques­tion la suprénlatie de l'éducation et de l'instruction. Pour les jeunes, la réponse est douteuse, les deux ten11es se confondant l'un dans l'autre. Mais dès l'âge de la puberté, la réponse est affir­mative : une éducation à but nloral très élevé apparaît à l'élève· COl11me une tâche inlportante de. l'école. L'éducateur doit être un exenlple et un guide. Aux yeux de l'élève, la vertu ne s'enseigne pas; il se rend conlpte cOlnbien il est sounlis à la réalité concrète, à la suggestion,. à l'instinct d'imitation et cela pour le bien et pour le lnal. Il résulte de l'enquête que l'adolescent exige de son nlaître' intensél11ent et toujours de très grandes qualités. On pourra, ajoute M. NI. Keilhacker, conlparer ces exigences aveCi ce qu'on de­mande d'un vrai prêtre, d'un médecin d'âmes. De cette exigence des élèves, naît pour le maître la possibilité d'avoir sur eux une· influence inllnense, « La classe est ce que le nlaître en fait », écrit l'un d'eux. Et ils tirent la conclusion: l'enseignenlent est une vo- ·· cation et non une source de revenus.

La question des relations personnelles entre 111aîtres et élèves, si controversée, intéresse prodigieusement l'élève, l'enquête le prouve de ulênle qu'elle permet d'établir que ce besoin est très forf en lui et ne fait que progresser avec l'âge. L'élève demande du «Maître Idéal» qu'il agisse avec lui, qu'il partage ses peines, qu'il le conseille, qu'il l'aide et qu'il l'aime.

La conception du Maître idéal est fonction de nonlbreux fac­teurs : l'époque, le nlilieu, une notion extra tenlporelle et abso­lue du 111aître conllne telle, mais je suis persuadée que nos éco­liers valaisans, ne diffèrent pas extrênlement de ceux qui ont pernlis à M. NI. Keilhacker, de préciser dans notre intérêt, la fi-gure du «Maître idéal ». Y. G.

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Un rêve (Voir « Ecole PrÎl11aire » du 15 nlars)

Réactionnaire, ce sacré Bobêche! Oui, réactionnaire cent pour cent, pour nous servir d'une expression chère il notre épo­que de chiffres et de pourcentage !

L'autre soir, (précisons: le 16 111ars) je l'ai rencontré,. (en rêve naturellement) escorté d'une foule étrange portant croix ganl1nées et faces tragiques conllne le « Führer » de tous les Aryens. Il lu'a fait pitié car il paraissait subir les conséquences de ses idées à rebours sur la culture physique. Mais, si je l'avais rencontré en chair et en os à la Porte du Scex, je n'aurais pas pu 111'enlpêcher de lui dire son fait à ce Monsieur-là qui confond notre gymnas­tique avec le dressage, la « Kultur» et.. . le nudisnle L ...

Du dressage? Allons donc! Vous n'avez jalnais assisté à une leçon de gynlnastique donnée par l'un de nos moniteurs ou pro­fesseurs aux tout petits? Rien n'est plus gracieux que ces petits bras qui s'exercent à devenir forts non seulel11ent pour porter le fusil, lnais encore pour nlanier la bêche ou la faulx plus tard. Rien n'est plus élégant aussi que ces beaux adolescents qui s'as­treignent à des exercices plus difficiles et plus pénibles pour ac­quérir la souplesse, l'endurance et le sang-froid, lesquels plus tard pourront servir non seulenlent à protéger nos frontières nlais à opérer un sauvetage ou à travailler à l'extinction d'un incendie ou à l'endiguenlent d'un torrent. Souhaitez plutôt, cher M. Bobê­che, que la petite heure hebdomadaire prise sur les trente-trois puisse être allongée de trente minutes et soyez reconnaissant en­vers nos autorités et nos techniciens qui s'appliquent si bien à rendre chez nous les exercices physiques attrayants, hygiéniques et éminelnnlent utiles non seulement au point de vue lnilitaire mais encore dans toutes les situations sociales en dehors du ser­vice.

S'il plaît à quelques sportifs ou à quelques détraqués de « dé­railler», je suppose qu'il ne viendra à personne l'idée de juger notre culture physique suisse d'après ces excès.

Quant au dessin et al} chant, nlon cher Monsieur Bobêche, vous avez aussi tort de les traiter avec tant de désinvolture. Ce n'est pas sans raisons et sans avoir nlûreUlent étudié la chose qu'on leur a donné dans les progranu11es des écoles prÎl11aires, la place qu'ils occupent. Nul ne conteste l'utilité du dessin pour la fonnation de la 111ain et du coup d'œil, ni celle du chant (le plus beau, le plus noble, le prenlier des arts), pour élever nos âl11es vers le Créateur, pour les consoler dans l'affliction, pour exalter les grandes choses, pour enlbellir la vie, en \Un nlot.

X,) inst.

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La gymnastique . à la campagne et à la montagne Causerie de M. Paul Morand, secrétaire du Comité central, à la

Radio-Suisse Romande, le 15 Ij'anvl,er 1938.

Il est des gens qui doutent de la néce6>s.ité de la gymna.s{iqüe à. la cam'pagne et à la montagne. ({ .Le,s eXf'rcices phy,s.iques », nous dit­on, ({ sont peut-être utiles au dtadin. En revanche, le campagnard et le montagnard peuvent parfaitement ,s'en 'passer, cela en rai6'Ol1 d e-s conditions dans lesquelles ils vivent et effectuent leur tâche quoti­dienne. » C'Etst là une opinion. Ce n 'e6t pas la nôtre! En effet, nous estimons, nous prétendons même que la gymnastique est une source de bienfaits, tant pour les' populations rurales que pour celles des villes.

Nous admettons que l'agriculteur a: la bonne fortune de pouvoir vaquer à ,ses occupations dans des conditions relativœnlent favorables à la santé. Il est mieux p lacé que celui qui travaille à J'usine, à l'atelier, dans uil bureau, etc. A la: ·campagne, il y a, d'abolJ''d, lE' grand air et, ensuite pal' la force de6 cho>se6, une be,sogne ,susce'ptible de procurer à l'homme l'activité ·corporelle dont il a 'besoin pour jouir d'une bonne 'santé. Re6te à ,savoir tsi ces de.ux facteuns - ,qui .60nt i:ill'portants, il faut ,l 'avouer - s>uffi6'ent au campagnard pOUl!' lui aJS8urer un état :physique et moral propre à rendre son existence telle qu'il peut la souhaiter? Nous ne le croyons 'pas! Et voici pour.quoi :

Il E'St indéniable que de nombreuse.s habitations rurales, notam­ment celles de,s grandes famines, ne répondent pas aux exigences de l'hygiène mOdeil'lle. Dans certains cas, il e,st vrai, on pourrait remé­dier à cet état de -chose's, l'nais dans d'autre,s - et ces cas sont for t nombreux, en ,montagne surtout - on ne peut malheureuseme·nt p RIS, faute de Imoyens financiers, ,songer à combler cette. grave lacunE'. Or, celle-ci est précisément la cause d'une maladie redoutable frappant tout particulièrement les milieux campagnards.

Au manque d'hygiène vient -s'ajouter, dans bien des crus, une sous-alimentation ou une alimentation irrationnelle dont on ne peut Œlas toujours rendre responsable la ménagère ou celui qui a charge de pourvoir aux bElSoins du ménage. Mais il est ce'rtain que les en­fants élevés dans de tels milieux ne peuvent se développer di'une façon normale.

En troi'sièmE' lieu, il importe de souligner un fait auquell on ne ,songe pas assez; c'est celui de l'activité unilatérale inhérente au genre de travail que le cam.pagnard et le montagnard sont appelés à exé­cuter. Pal' exe-mple, en labourant un champ, en piochant la vigne, E'n sciant du bois, etc ., on met bien la lillIusculature en action. Cepen­dant on ne fait appel qu'au mouvement d'un seul groupe de mus­cle,s, les autres demeurant plus ou moins dans l'inactivHé. De cette façon, on atrophie le muscle, au lieu de l'assouplir.

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Fll"équemment, suivant le travail à accomplir, la poitrine est com­primée des heures durant, empêchant ainsi le fonctionnement normal et réguier de,s organes internes, ce qui a forcé,ment une répeJI1Cussion fâcheuse sur la marche de la machine humaine:

Le but de ce,s quelques notes était de Imettre en évidence les fac­teurs essentiels militant en faveull' de la 'pratique et d0 la propaga­tion de la ,gymnastique .à la campag.ne et à la montagne.

Si les dE'uxpremiers, le manque d'hygiène et l'absence , d'un ré­gime alimentaire rationnel, n'ont :pa,s, fort heureusement, un carac .. tère général, le troisième, l'activité unilatérale s'applique bien à l'en­semble des cultivateurs. A lui 'seul ce facteur jU6,ufie pleinement la vulgarisation des exercices rphy.siques, puisque Cies exercices perme't. tent de con1Jpenser ou, du moins, d'atténuer les effets, souvent désas­treux, de certaines privations ou de certains travaux manuels entra­vant tout développement harmonieux du corps humain.

iMai,s il e'st d~autres raisons qui doivent inciter le jeun8J campa­gnard à vouel' à l'éducation physique toute l'attention qu'elle mé:r'ite'. Examinons-Ie6 très brièvement:

Au cours de ces vingt dernières année·s on s'est mis, plus parti­culièrement en montagne, à ,plf'atiquer le ski, sport roi, qui a tant d'adaptes dans notre pays. C' est fort ,bien! En plus des bienfaits que ce sport prodigue à no,s montagnards, il leur e,st extrèmement utile. QueJ.ques-uns d'entre ces ,solides gars de la mont.agne ont même· con­quis une renomn1.ée qui a dép8Jssé les frontièll"es de notre pay,s. Mats voilà, qui dit sport dit compétition, et, 'Par conséquent effort phySique pOUl' lequel o;n doit avoir été préparé, s i l'on veut ·se mettre à l'abri de·s danger,s auxquels s 'expose tout individu appelé là faire une grande dépense de S'0S forces -physique.s. La santé étant un tré­.sor, le souci de la conserver doit demeUll"er au prelmrier 'plan de n06 :préoccupations. On agira donc sagement, en montagne com·me en plaine, en passant par la culture physique, -ou l'école -du corps, si l'on préfère" avant de se lancer dans les compétitions sportives.

Par aillE'urs , la gymnastique p ermet à la jeunesse paysanne d'occupel' agréablement et utilement ses loisirs. Dans nos villages, on manqu e de distractions ,saines. Or la gymnastique, dont le pro­grammE' es't si attrayant, ·si judicieusement ,conçu et aussi assez am­~ple pour être appliqué ,partout, la ' gyntnastique, disons-nous, offre précisément à la jeunesse campagnarde un divertissemlent dont elle peut tirel' un large profit, à la fois pour son e'orps et pour son esprit. Ayant la possibilité de ,se délaE,ser, lE' jeune homme ·sera m oins enclin à paeser 'se's soirées et 'ses dimanches à la pinte. Il sera moins ~enté d.e prendre des habitudes mauvaises dont lui et les' siens auront un JOUI' à pâtir.

Nous avouons qu'il faut au campé',gnard, qui a travaiHé pénible­ment toute une jOUll'née ou toute une semaine durant, une bonne dose de courage pour ,s 'adonner encore à ,la: pratique d'ex6œcices phY6ique-s.

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Ce'p endan t , -s 'il en fa it l' essai, il ne t ard 8lr a: pa,s à cons ta t er qu e ce, ex ercices, loin d 'augmetner ,sa fa tigue, lui procureront un bien-être

. physique et moral inappréciable. Au r este, l'intensité et la nature du travail de l"agriculteul' varient suivant la saison, d e sorte ' qu e l ob­jection à laquelle on vi E'nt d e faire allus ion n e rés,iste pas à l 'exam en séri e-ux de la qu estion.

D'autl'e part, et ceci a ,son in1portance, tout en bénéfician t des ava11tages de la gymnastique pour sa santé, le j eun e homme a l'occa­sion de se préparer à son école de l'ecrues, Ay ant r eçu la forma tion prélilmlinaire néce-ssaire, il sera dès s on entrée au service militair e un élém ent -supportant - et cela ,sous tous le's rappoll'-ts ---:- avantageu­sement la co,mparaison avec l'élément citadin. En ,plus de la sou­pless e et de l'agilité, du réflexe et de la discipline, le campag,naTCl aura pOUl' lui l 'endurance, ensemble de qualités qui feront de lui un ex­cellent ,solda t.

rOUI' tous ces considér ants, le jeune pay,s'an se doit d e fair e de la gymnastique. De leur côté, les au tO'l'ités , cantonales et communa les , cnt le devoil' d 'exiger et d e s urveill E'r l'application intégrale du pro­gramme scolaire en ce qui concerne l'enseignement de la gymnasti­que dans les écoles rurales.

Les pouvoir.s publics ont le devoir de construire d e's locaux de gymnastique et d'am énager des terr ains d"exercices, ce qui , dans la plupart d es cas, et contrairem ent ,à ce qu'on prétE'ncl, p eut ,se fa ire san s de gr ands fr a is.

Us ont éga leme.nt le d evoir d e facilitell" les cours de gymnas'tique préparatoire donnés, on le s·a it, sous les au spices du Départem en t 'mi­li taire fédér al et 'Ù, l'in tention d e toute la jeunesse post-.scolaire.

Ce faisant, on am éliorer a les résultats des examen s d'aptitudes llh.ysiques d es camp a.gn ard,g ,se présentant a u recrutement, r ésulta ts qui ,sont loin d 'êtr e brillants.

D'autre pal't, ,les autorités, tant r eligieus e,g c[li e civi.les , f8ll"ont œuvre éminemment utile en favori sant la constitution de Sections de gyma

nastique -à la campagne et à la montagn e, et en appuyant l es· effort s do celles y existant.

Le personnel en~'eignani, lui aussi , peu t faire beau coup pOUlI' la diffus ion .de la gymnastique parmi notre j E'unes se agricole. Les jeunes instituteurs .surtout ont tout en m ains pour introduire et d évelopper la culture phy sique dan s nos villages.

En conclu,sion, nous dirons qu'en cooll"donnant ainsi le·g efforts :

on luttera efficacement contre l'exode d'a la jeunesse paysanne vers la ville;

on diminuera les ravages de certaines maladies et de certains fléaux dont nos popula tions rurales n e sont m alheureu sement pas épargnées;

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on aidera à la f(}l\nliation d'une génération forte et virile; et ~nfin,

on fournira à nos sections de 'gymnastique de bons athlètes, à notre armée de bons' soldats, à nos foyers de bons chefs de famille et au pays de bons citoyens!

Exposition "Jeunesse et santé il

Les sciences du n1.édecin et de l 'hygiéniste ont lenten1.ent réa-' lisé des progrès solides dont peut bénéficier la jeunesse actuelle . Elles nous ont appris à estiIner davantage la valeur aliInentaire du lait, des fruits et du pain con1.plet. Les jus de fruits et de rai­sins gagnent rapidement du terrain. Les bienfaits sanitaires du sport n1.odéré, des courses à pied, en général des exercices phy­siques sont presque universellelnent reconnus . Par contre on sai­sit n1.ieux quels ravages cause l'usage courant des boissons eni­vrantes; on cOlnprend qne, si l'ivresse du buveur titubant et cer ­taines scènes repoussantes sont devenues plus rares, les petits ex­cès habituels qu'on relnarque peu, font encore beaucoup de vic­times.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres; il est plus facile de voir le vrai que d 'y conforn1.er les habitudes. Pour faire pénétrer ces idées dans le peuple, la Société suisse des Maîtres abstinents a déjà organisé six expositions sous le titre « Jew1.esse sain e ». Cette exposition cOlnprend un ei1.sen1.ble de tableaux non1.breux et intéressants , des collections d 'objets, des travaux d'élèves tant in­dividuels que collectifs. Elle présente un air de fraîcheur et de nouveauté qui attire facilelnent l'attention.

PARTIE P RA T IQ UE

Ins truction civique L e budget du canton

« L 'Ecole PriInaire » a exposé dans le No du 15 n1ars, la nécessité in1.périeuse qu'il y a, tant pour les particuliers que p our les corporations et les Etats , d'établir un budget et de le respecter . A la suite de cet exposé, nous avons indiqué les postes qui entrent ordinairelnent dans le budget d'une comlnune.

Chacun sait COn1.lnent est établi le budget cantonal , nous n e l'appellerons que la filière à suivre.

Page 11: L'Ecole primaire, 31 mars 1938

-178 -

Chaque année: dans le courant du mois d'août, les différents services de l'Administration cantonale établissent un avant-projet de budget; celui-ci est exanliné et discuté par le Conseil d'Etat, en vue d'équilibrer recettes et dépenses.

Après cette épuration, le budget est soumis à la COlnlnission des Finances; après avoir procédé à un examen minutieux de ses différents postes, les rapporteurs dressent un rapport qui est lu à la session de novembre du Grand Conseil.

A son tour, la Haute Asselnblée examine les divers postes, apporte les modifications qu'elle juge utiles et enfin vote le bud-get. .

Nous croyons intéresser le Personnel enseignant en donnant ci-après

a) la récapitulation du budget de 1938 tel que le Grand Con­seil l'a adopté;

b) un tableau des principales recttes de l'adlninistration can­tonale pour le lnêlne exercice.

Récapitulation du Budget de 1938

1. Adnlinistration générale 2. Adnlinistration des régales 3. Départeillent des Finances '1. Départelnent de l'Intérieur 5. Départenlent de l'Instruction publ. 6. Départelnent de Justice 7. Département Militaire 8. Département de Police 9. Départelnent Forestier

10. Département des Travaux publics 11. Part du canton au bénéfice de la

Banque cantonale du Valais pour l'exercice 1937

12. Part du canton au bénéfice de la Banque nationale suisse pour l'e­xercice 1937

13. Monopole fédéral sur les spiritueux 14. Alnendes et confiscations 15. Capitaux 16. Inlmeubles 17. IV[aison de santé de Malévoz 18. Ecole d'agriculture du Haut-Valais 19. Ecole d'agriculture de Châteauneuf 20. Dépôts scolaires 21. Action de secours aux chemins de

fer secondaires

Dépenses Recettes'

481,870.- 66,060.--274,750.- 1,219,800.--444,850.- 4,484,300.-

1,623,556.- 1,187,401.-· 1,764,620.- 335,450.--

424,645.- 291,420.-516,420.- 594,750.-623,600.- 676,650.--280,560.- 142,191.-·-

1,974,805.- 798,900.-

10,000.-10,000.-

2,000.-577,852.-49,475.-

165,627.-219,120.-

180,000.-

109,000.-10,000.-­L15,000.-69,901.-12,000.-

577,852.-51,200.-

170,000.-222,000.-

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22. Dépenses à amortir 23. Service de la dette publique:

Intérêts

72,000.-

1,640,250 234,000.~

Alnortissemen t Il,156,000.- Il,477,875.-

280,000.-

Il,436,000.- 11,477,875.~ 41 ,875.-

Dépenses extraordinaires Il,477,875.- Il,477,875.-

568,000.-1. Impôts' directs

a) hnpôt SUI' la fortune,' hnmeubles, biens-fonds Impôt sur le revenu Inlpôt capital social et revenu des S. A. IInpôt forces hydrauliques lInpôt fédéral de crise (part du canton) Divers

2. Impôts indirects

a) tinlbre, enregistrelnent, papiers tünbrés b) patentes, concessions cafés, taxes chiens c) part du canton au timbre fédéral

Sel Mines

3. Régales

Concession forces du Rhône Droit d'entrée de la benzine

Fr. 1,170,000.-830,000.-790,000.-310,000.-200,000.-19,500.-

3,319,500.-

460,000.-191,800.-489,000.-

1,140,800.-

Droit d'entrée, versenlent supplélnentaire Indemnité droits de péages supprüné sur routes alp.

374,050.-1,000.-

125,000.-320,000.-25,000.-

100,000.--

4. Quelques autres postes

Colportage Assistance publique Taxe phylloxérique Subv. Confédération pour écoles Subv. Confédération pour écoles ménagères Subv. Confédération pour écoles de commerce Subv. Confédération pour écoles d'apprentissage ·Passeports, permis de séjour Impôt, taxe d'exenlption Inilitaire

945,050.-

35,000.-130,000.-168,000.-195,000.-38,000.-30,000.-10,000.--55,000.-

106,000.-

Page 12: L'Ecole primaire, 31 mars 1938

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Patente pour la chasse 40,000.-Patente pêche 24,000.-Taxes véhicules à moteur 459,000.--

Le total des recettes prévue's au budget 1938 se montent à 11,477,875.-, ' la différence avec ce Inontant et le total des dif­férents postes cités plus haut est constituée en grande partie par des subsides fédéraux.

n===========================o .1 l\10S PAGES COURRIER DES INSTITUTRICES

0===========================0 SO:MlMAIRtE: Les Joie·s. - Gethsémani. Vouloir. Chouchou.-

Pour la .santé: dentaire de nos écolieT6. - A celles qui vont .quittey l'école.

A .. ~,ett, / atert

Il faut savoir, après les joies, Reprendre la vie et son cours) Le train silnple de tous les jours; Et le collier) et la cOLZlToie ... Ne pas s'épandre en vains regrets, Mais faire son devoir aprèsJ

Comme avant le baiser des joies!

Pour nous aider, Dieu fit les joies) D'un geste l'are, en étoila Notre horizon. .. C'est pour cela Qu'il veut, lorsqu'il nous les envoie) Que nous sachions) contents de peu) Leur dire braveinent adieu Lorsqu'il nous faut quitter nos joies.

Ne pleurons pas nos vieilles joies; Nous éteindrions pal' nos pleurs Le rayon versé dans nos cœz.zrs ! Rions au' destin qui rudoie Entl'e deux cal'esses ! Rions ... Et, les yeux levés) travaillons, Dans l'espoir des futures .foies!

M. Dupol'tal.

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Gethsémani

Le grand écrivain italien Giovanni Papini nous donne une sublinle méditation sur l'Agonie de Jésus au Jardin des Oli­viers . Il évoque la détresse du Fils de l'hOlnIne dont les disciples donnent et que le Père lui-mên'le seInble abandonner alors que veillent ceux qui veulent le faire mourir. Dans la détresse si.élève la parole d'abandon et d'alnour : « S'il se peut que le calic.e passe loin de nloi, toutefois que Ta volonté soit faite et non la nuenne ') . Dieu n'est plus au service de l'hon'lme, les hOn'lIneS delllandaient jusqu'alors la satisfaction de leurs désirs: « Je veux la fortune, je veux le salut, je veux la force, je veux la ruine de mes enne­mis» . Mais voici que quelqu'un est venu et a retourné le sens de la vieille prière: « Non ce que je veux, n'lais ce que Vous vou­lez» . « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ~/. Qu'importe alors si la volonté de Dieu n~e livre aux tortiollnall'CS et Ine cloue sur 2 pièces de bois ... C'est vouloir m.on bien que vouloir ce que veut le Père .... et le nlartyre qu'Il lu'impose est une joie qui passe toute joie terrestre.

Vouloir

La résurrection des individus est toujours précédée des c1é­chirelnents de la Passion et des conlbats de l'agonie. Ne soyons pas des tiInorés, préparons-nous. Ne soyons pas des pleurni­cheurs; réjouissons-nous. Ni des briseurs d'enthousiasn'le, ni .des boudeurs. Soyons des constructeurs ardents, quelles que SOlent nos angoisses et nos peines.

Il Ille semble que nous Inanquons souvent de volonté. Nous n '8vons jamais appris à vouloir être heureux quand Inên'le --­« Dolens' sana ni sano corpore » n'est pas le seul idéal; à défaut de santé acquerrez la santé de l'esprit - c'est l'âIne qui dirige la vi~ et non le corps; C'est l'ân'le qui crée l'anlO1lr et donne l'élan à la Vie.

Ne dites pas qu'il est trop tard, que vous avez trop souffert, trop lutté. Sortons . de nos abatteI~'lents et ;le no.s, f~r~e~~'s sans consistances. Ce qlU donne son prIX et sa feconchte a 1 eXIstence, c'est la force d'anlour au service d 'une pensée saine. Sans or­O'ueil mais tout de nlên'le avec le sentin'lent que VOlIS pouvez être des exeInples de courage et de bonne hunleur, vous ne discuterez pas la suprématie des valeurs spirituelles, vous le InOlltrerez en vous. Un esprit joyeux, lllême dans un corps douloureux.

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Chouchou

Dès que la porte de la classe s'est ouverte pour livrer pas­sage au retardataire, un lllouvem.ent im.perceptible a fait tourner toutes les jeunes têtes. Rires en dessous, grhnaces d'inquiétude" . Qu'est-ce que Marcel allait prendre 1 ... Un retard d 'au moins dix lninutes 1 ... Et le maître n e barguignait jamais. Un coup de cent lignes pour le moins 1

Marcel cependant se dirige vers la petite estrade, d 'où le sévère professeur préside aux activités de la classe. Il a beau marcher sur la pointe des pieds, tant de discrétion, tant de po­litesse, n 'empêcheront pas le retardataire de recevoir dans un in:)< tant une de ces algarades et une de ces punitions 1

A la seule pensée de l'orage qui, dans une seconde, va cre­ver sur la tête de Marcel, toute la classe frissonne. Un étrange frisson, fait de pitié et d'hnpatience, de peur et de désir. Ah ! les tristes m élanges de nos âmes, lnême des ânles d 'enfants 1

Pourtant non, rien .! Le maître a entendu les explications fournies par Marcel, à voix basse; le retardataire a r ejoint sa place et la classe continue COlnme si rien ne venait de se p as·· sel'.

Les premiers habitants de la Gaule, continue le pl'ofes-seur ....

:k * . * A la récréation suivante, chacun cherche des yeux rvlarcel.

qest qu'il détient un secret dont on pourrait bien p rofiter ;] l'occasion. Le secret d'échapper au pensum quand on arrive en retard en classe. Oui, qu'est-ce qu'il a bien pu dire au lnaître pour se tirer comme ça d'affaire? ' .

M'ais l\1arcel est impossible à joindre. Il est en train de par­ler au lnaître, là-bas, tout au fond de la cour. Le professeur a posé sa main sur l'épaule de l'enfant, et tous deux 11larchent len­tenlent, en devisant avec gravité.

La curiosité pousse plus d'un élève à aller courir de ce côté-là. Mais rien à faire pour surprendre quoi que ce soit de cette étrange conversation.

Enfin, la voilà tenninée. Mais Marcel n 'a pas l'air d 'hluneur à répondre à toutes les questions qui tombent sur lui COlnme un grêle.

Alors, pour se venger de son silence, plusieurs élèves s'ap ­prochent de Marcel et lui lancent au visage, panni les ricanenl ents des autres, la phrase méprisante :

- Va donc eh, chouchou 1

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Chouchou 1 Jusqu'à la fin de la récréation, ce 1110t est veuu gifler Marcel sans répit. Presque tous ses camarades le lui ont lancé, ln ais nul n'a pris garde aux yeux soudainement rougis de l'enfant.

*** La classe a repris. Les élèves, Marcel excepté, senlblent avoir

oublié les injures de la récréation. Mais brusquement, au InOlnent de fixer les devoirs, le pro­

fesseur a rafraîchi d'un lnot toutes les mémoires. - Ce soir, a-t-il dit, vous ferez les trois problèmes à la .~uite ,

sauf Marcel. Un silence pendant lequel plus d'un élève juge enfin venu

le lnoment de la punition. Des problènles, Marcel ne va-t-il pas en avoir au moins six, pour lui apprendre à arriver en retard?

- Marcel n 'en fera qu'un, dit le maître, puisqu'il 1) sa mère à soigna.

* ** Que de grandes personnes à l'esprit trop prOlnpt sont aussi

injustes, parfois, que les petits cOlnpagnons de Marcel! O. Rel'.

Pour la santé dentaire des écoliers

La Suisse est en train de se laisser distan cer dans cette nou­velle branche de l'hygiène sociale : l'hygiène dentaire. Les dents des écoliers sont systématiquement visitées et soignées en Alle­magne, par le moyen de cliniques nlunicipales, de cabinets anl­bulan ts (automobiles) ou installés dan s les camps de jeunesse, de travail, à l'armée. En outre, les soins dentaires sont donnés aux 20 Inillions de menlbres des caisses-maladie. L'An gleterre ne res­te pas en arrière; 646 dentistes s'occupent des écoliers. En Ecosse, on cOlnpte un dentiste pour 5000-12,000 enfants inscrits. L'U. R. S. S, a emboîté le pas; elle annonce 9408 dentistes officiels et af­firme que 80-90 % des écoliers sont traités.

Chez nous, des services dentaires n'existent pour ainsi dire que dans les principaux centres. Un seul canton, Schaffhouse, l'a étendu à toutes les écoles. Ensuite de la canlpagne entreprise par le Cartel romand d'hygiène sociale, des services dentaires se sont ouverts dans plusieurs petites villes et dans certaines régions ru­rales . Maintenant qu'on connaît l'extension de la carie dentaire - la maladie sociale la plus répandue en Suisse - , il est urgent de la traiter. P lus on s'y prend tôt, moins cette prophylaxie coûte.

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A celles qui vont quitter l'école Quelques selnaines d'école encore, puis viendront les exa­

mens qui ne t'inspirent pas une grande crainte, et tu franchiras le seuil de ta classe pour la dernière fois. Avec le groupe par­lant et gesticulant de tes compagnes, tu descendras les escaliers de ton collège. - La rue. -_. Un arrêt devant la nlaison. Un der­nier 1110t à la canlarade que tu quittes. Sur la table, dans ta cham­bre, tu poseras ta serviette, les livres, ceux que l'on t'a laissés, tes cahiers. Tu jetteras un coup d'œil à la glace, parce que tu es un peu coquette. Tu n'y verras plus l'iulage d'une écolière. Tu te verras grande fille, les yeux brillants de tout ce qui fait ta jeu­nesse, tes espoirs, tes illusions . Plus d'école! Devant toi, des pers­IJectives de carrière, de profession; plus lointain, l'espoir d'une famille, d'un foyer; tout au fond de toi, dans ton cœur, le désir d'être heureuse.

Sauras-tu?

Carrière! profession! As-tu choisi? Tu ainlerais, par ton travail, assurer le gain nécessaire à ton entretien, à ton indépen­dance. Bureau, l11agasin, ateliet, famiJle, où va s'exercer ton ac­tivité future? As-tu eu la sagesse de choisir un 111étier vrainlent fénlinin, qui, plus tard, te donnera le goût et le désir, de bien tenir ton nlénage, d'y rester, .d'y élever tes enfants, d'en chasser, par les qualités acquises et ton travail, la gêne, la nlisère, le nlal­heur?

Seras-tu couturière, lingère, ;repasseuse, infin11ière, nurse, cuisinière, fel11me de chaInbre, gouvernante, enlployée de mai­son, institutrice? La réussite dans la carrière, dans le 111étier choisi dépend de toi plus que des autres.

Sau.ras-tu être courageuse?

Tout apprentissage est pénible. Le nlênle travail, avant d'être fait avec aisance et habileté, doit être répété pendant des jours, des selnaines, courbant le dos, fatiguant les nluscles. Redresse­toi! Etends tes bras! Dégourdis tes janlbes! Ne te plains pas! Pense au repos que tu prendras le soir.

Sauras-tu te plier?

, La patronne, l'ouvrière chargées de ta préparation profes­sionnelle seront exigeantes. Elles te delnanderont de l'ordre, de la minutie, de la conscience; elles chercheront à obtenir une ha­bileté toujours croissante; souvent elles se serviront de toi pour faciliter leur propre travail . .

Plie à ces exigences, sans récrinlinations, sans I11auvaise hu­lneur; elles sont nécessaires à ta formation d'habile et d'adroite ouvrière.

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Sauras-tu te redresser et t'imposer?

Te redresser comme le petit coq, tout gonflé d'importance et d'orgueil ,ridicules, à la nl0indre remontrance, à la plus petite algarade, lnênle injustifiée. Non! Tu t'attirerais moquerie et con­fusion.

Te redresser comnle le jeune cheval, te révolter COIllme lui sous le harnais, abandonner travail et contrat! Non! Tu te ferais du tort.

Te redresser COI11nle le noisetier qui a plié sous le vent et l'orage! Oui! Plie sous la renlontrance, l'al~arade, la .faute, .l'er­reur, puis redresse-toi, vaillante! Redresse-tOI en te faIsant .almer et estinler. Affaire de caractère, de volonté, d'intelligence aussi.

Te faire aimer de tes cOI11pagnes ,par ta complaisance, ta gentillesse, ta bonne hUI11eur, ta gaîté. Te faire aimer de l'ou­vrière qualifiée qui travaille à tes côtés, de tes p~trons, par. ta déférence, ta politesse, ton application, tes attentIons. Te faIre, estÎlner de tous, par la qualité de ton travail; t'imposer, dans quelques années, par la sûreté de tes. connaissances profess~on­nelles, ton esprit d'initiative, ton déSIr constant de perfectIOn­nenlent.

Sau.ras-tu ?

Apprentie, ouvnere, tu vivras avec l'espoir d'être un jour épouse et malnan. L'activité de la fenu11e dan~ ~ll: Inén.ag~ est une activité productive au 11lê111e titre qu'une achvlie professIOnnelle. Préparer les repas, confectionner les vêtenlents, raCCOIllI;noder le linge, les habits, les bas, faire la lessive, le repassage, sOIgI~er le~ enfants, représente un travail qui ne se nlonnaie p~s nlalS ,qUI rapporte souvent dans un ménage l'équivalent du g~ll1. du pere.

Que de fois, sans l'activité donlestique, Je s~laIre d\~n ou­vrier ou d'un enlployé suffirait juste à le faue vI~re! GI:ac,e au travail de la feInnle dans le lllénage, ce Iuênle salaue suffIt a as­surer l'existence d'une famille. l\1ais pour cette tâche l11énagère, une préparation professionnelle s'impose .. L 'école y ~ pourvu dans la Ines ure de ses possibilités en organIsant pour tOI la cla.sse. ménagère et les cours ménagers.

Sauras-tu perfectionner ce que tu as appris dans la classe 111énagère ?

Ce sera facile si tu as choisis une carrière I11énagère. Sous 18 direction d'une maîtresse de nlaison experte, bienveillante, tu seras appelée à tous les travaux domestiques. Bie~l cli:'igée, tu, ac­querras de l'habileté, du jugelllent. Bien dressée a faIre le. nlen3-ge des autres, tu -sauras faire le tien avec cOI11pétence. ~I t,: e~ el11ployée de bureau, de magasin, tu auras plus ~e peIlle. a ,te perfectionner. Suis des cours de coupe, d~ ~onfect~on" de lInge· rie, de raccon~nl0dage, de repassage, de CUISIne, qUI preparent l~ jeune fille au nlariage comIne l'apprentie à sa profeSSIOn. Mets-tOI

Page 15: L'Ecole primaire, 31 mars 1938

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aussi courageuselnent à aider ta Inère chaque fois que tu le pour­ras. Elle a besoin de trou'ver en toi un appui"; si tu es une bonne fille, tu seras une bonne mère. Le bonheur que tu auras donné aux tiens sera le garant de ton bonheur futur.

Sauras-tu rester simple, naturelle? Sauras-tu éviter cette coquetterie de mauvais aloi qui fait

teindre les ongles, rougir les lèvres, épiler les cils et les dessiner d'un coup de crayon?

Sauras-tu rester sage? C'est entre les Inains qu'est l 'honneur, le bien-être, la pros­

périté de la fmnille. C'est entre tes I-p.ains qu'est son bonheur et le tien. Sauras-tu le comprendre? NI . AI. G.

Examens pédagogiques du recrutement -Dans un précédent No « l'Ecole Prhnaire }) a indiqué sur

quelles bases avaient lieu les exaUlens pédagogiques du recrute­ment, introduits, à titre d'essai, dans les écoles de recrues.

Nous croyons intéresser le Personnel enseignant en exposant ci-après la nlarche de ces exalnens.

EXAMENS ECRITS

Pour la première foi,s cette année·, la composition proprement dite a été précédée de la rédaction d'une courte leUre avec les formes de Ipolite,sse d 'usag;e. Cet ess'ai a été tenté en raison du fait que la: lE,ttre est la 'seule form e de rédaction écrite qui se ·prés'ente pour la majeure partie des recrues, au moment de l'examen comme aussi ultérieure­·ment. Plresque tous les experts partagent l'avis qu'à l'avenir ces deux genres dEt travaux écrits devraient être maintenus. L'appréciation de's travaux coïncide Isensiblement avec celle de l'an dernier: bon ou a·ssez bon COlTIJmJe fond, insuffisant quand à la: manière de s'exprimer, l'ortho­graphe et l 'écritull"e. On a .plaisir a constater que, d 'une manière géné­rale:, les travaux ont été accœnplis avec, zèle et que peu seulement du­rent être refusés parce qu'illi,sibles. Si donc la moyenne constatéE' n'est Ipas -satisfaisante, c'est que beaucoup de recrues n'ont 'plus eu l'occa­sion de faire des travaux écrits depuis leur ,sortie de l'école, soit qu'ils n'aient pas suivi les COU[J.'IS complémentaire1s, 'soit qu'ils n'y aient pa's travaillé avec 1'~pplication voulue. La · corres'pondance demande un exer·cice conetant. Il ne devrait pas arriver qu'on oublie la date ou que l'E·n-tête et la fin de la lettre ne ·soint pa,s en harmonie avec le sujet traité.

Quelques eX1)e'rts ont regretté qu"avec deux travaux écu>its, on ait trop 'peu de temps :pour rédiger une' lettre. Il n'en sera rien ,si l'on s'en tient à ce qui est pre·scrit, c'est-là-dire ,si l'on ne demande qu'une lettre

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de quelques lignes seulement. ',NIais ,si l'on donne un -sujet' comme « donnez d€'s nouvelles de la mai,son », il va sans dilre que le temps ne suffira pas.

A diverses reprise-s, on· a fait la .proposition de demander d'abord la ,composition et de rédiger la lettre en deuxième lieu. Sur une des places d'aI'lmes, le choix en a été laissé aux recrues. Quelques-unes seulement ont com.mencé par la composition. Cela ,se cOlnprend fort bien. Une lettre e-st une tâche nettemE'nt délimitée', tandis que la lon­gueur de la composition pourra être adaptée au temps clirsponible. Il est naturel que le candidat se débarrasse d'abord du travail le plus court, afin de plus devoir y pE'nser, ea voue 1e reste de son tern,p,s au travail de plus longue haleine.

En Irevoyant le·s travaux, j'ai été frappé 'par le trop d'indulgence de cE'rtains experts. De nombreux travaux auraient. dû être refaits parce que trop mal écrits ou faits trop à la légère.

,La taxation des travaux a créé certaines difficultés. LOQ's de la con­férence , on s'était mi,s d'a:ccord pour taxer séparément la lettre et la composition et de ,prendre la moyenne. Il s'ensuivit que deux tra­vaux ·souvent fort différents de la même reCQ'ue furent taxés 2 parce que 1. aurait été trop bien et 3 trop mal. Peut-être y aurait-il lieu de ne plu.s considérer que le tout E't de ne :plus donner qu'une note pour l'enselmible. En cas d 'indédsion, la composition -prévaudrait, comme travail le plu·s impolr-tant.

En général, .les experts sont d'avis qu'une heure et quart suffit pour l'examen écrit.

L'expérience nous a prouvé que donner le thème du travail et les explications nécessaires, de même qu'exercer la: .suJ.'veillance, doivent êtJre l'affaire des experts et non de.s officiers.

Sujets de travaux écrits

LETT,RES.

Demande de faire suivre un livret de ,service. Communication au patron de l 'adres,se militaire. Communication au président d 'une .société de l 'instance à .laquelle

doit être adre-sS'ée une demande ,de congé en vue de -participer a une fête.

Comanande d 'un, chansonnie:r militaire à unE' librairie. Héclamation d'une montre-bracelet -à l'échéance du délai prévu pour

,sa réparation. Demande d'un certificat de bonne Iill!Œmrs à une autorité communale

pour s'annoncer pour le service de couverture fll'ontière. Demande des ,statuts d'une société de tir (ou de musique) en vue d'une

adhés.ion éventuelle. Demande d'établi.ssement d 'un acte d'origine au .cons·eil communal dE­

sa commune d'origine. Demande à un syndjcat agricole au ,sujet de fourrage ou d'engrais.

Page 16: L'Ecole primaire, 31 mars 1938

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Accusé de réception et réclamation pOUl!' marchandises ne convenant ,pas.

Lettre aux CFF. au sujet d'un objet perdu. Demande d'un ·catalogue de bicyclettes et des conditions de reprise

d'une machine usagée en cas d'achat d'une machine nf·uve.

,COMPOSITION.

Mon meilleur ami. Les beaux jours de l'école de recrues. Com.­ment occuper ,s'e's loisirs. Les beaux côtés de tma profe&sion. Ce que je ferai après mon école de Irecrue. L'entrée en service. L'ordre du jour. La déconsignation. La remise de l'équipement personnel. lVla profes­,s.ion. Le vil-lage où j'ai pas·sé ma jeunesse. Le premier dimanche de récole de recrues. Le recrutement. La maison paternelle. Mon ('Bl1ncl» (cheval). ,Mon meiJ.leur camarade. Hiér cultivateUlr, aujourd'hui ,sol· dat. Un homme auquel je voudrais ressembler. A la cai1iine . Mon sport préféré. La bicyclette, mon mE·illeur ami. Mon premier jour rIe service ,militaire.

Examen oral

Ce nouveau systèJme d'examen est la conséquence de méthodel':$ d'enseignement ayant fait leUll~s preuves. Le fait que certains experts, surtout au début, ont de la peine à s'a·dapte·r ,à une méthode que, théo l'iquement, ils ont 'pourtant reconnue juste, prouve à quel point nos écoles sont engagées dans un mode d'enseignement et d"examen sou­vent faux.

.c'est donc avec satisfaction que nous avons constaté le ,succès de certains experts qui, l'an dernier encore, prétendaient n e pouvoir réussir.

Rappelons su;!' qUOi doit p,·ssentiellement porter l' examen:

1. Ne pas demander de définitiDns. C'est avant t.out à l'examen des <connaissances du pays qu 'on est tenté de le faire. NE' demandons donc 'pas: qu est-ce que la Constitution fédérale? le Grand Consei-l, teUe ou telle loi? etc. De tell es que.stiol1s peuvent mettre dans l'embarras même les membres du corp,s enseignant ou du Parlement. Elles relè­vent d'un système d 'enseignE'ment théorique reconnu faux depuis longtemps et cons,istant là analy,ser de.s expressions toutes faites. -Sont p.l'éférables, bien qu 'un peu difficiles ·pour la majeure partie de·s jeu-11éS gens, des ques.tiol1s comme celles-ci: quelle e.st la différence entre le Conseil national et le Conseil del3 Etats? CommE'nt une loi est-eUe créée? Quelles sont le.s tâches de la Confédérati'on, Quelles ,sont les autorités fédérale·s? Quels sont les droits du citoyen suis,se? Com­Iill.'ent e·st organisée l'administration fédérale? Qu 'E·ntend-on par un traité de commerce? De telles questions peuvent être posées .à un groupe de jeunes gNlS instruits; pal!' exemple à des étudialÜs, qui, des généralités, pourront passer 'Peu à peu à des ques,tions de détail, ex pliquer certaine·s ex-pre.8sions et donner de,s exemples, c'est-à-dire ftLire emploi de leurs connaissances abstraites. De toutes façons, avec

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un tel groupe de Il'ecrues, l'expert doit traitE'r un sujet correspondant au nive'au de leur instruction et de leur éducation et le·s lai·ss-er cau­ser. Il ne doit pas, bien entendu, leur de,mander des choses. relevant .de leur,s études, mais de·s choses importantes et de portée généra-le.

ILe jeune homme plus modE,stement doué vit au milieu de cho,s'es 'Plus concrètes. Une question comme par exemple: « Que fait la Con­fédération pour la ·santé du peuple? » es't trop demander de lui. Elle l'oblige à se reporter du concret ·à l'abstrait. Pourquoi ne pas le faire .parler d'un fait, de que-l.que chose de vivant, comme pal' exemple: « La; fièvre ,scarlatine a éclaté au village. » Il nE' pourra rien Il' épon­dre qu 'il ait appris IJar cœur, mais pourra montrer ,s'il .sait en dé­duire quelque oh08·e sur l 'activité des auto:rités com.munales dans ce domaine, sur ce qui se passerait dans d'autre·s canton,s dans une si­tuation analogue., ,sans doute parce que les autorité ' cantonales agis­sent selon 18JS instructions fédérales . Transporte·r la recrue de façon inattendue dans une situation nouvelle, mais simple, c'est le bon mOyE'n d 'examinell' s on aptitude là réféléchir, car elle ne pourra pas répondre 'par quelque chose d 'appris, par un cliché tout prêt.

Si, de cette façon , on fait comprendre abstraiteJment ce qu e la COll1-ITmne, le canton et la Confédération font pOUir la ,santé du peuple, on pourra pal' le même moyen, lo.r'squ 'on aura affair e à un groupe d'agri­culteurs, les amener à parIer de ce qui se fait par analogie pour les animaux domestiques. Dès qu'on constate que la r ecrue décèle l 'en­chaînE'ment des choses concrète·s, on peut alor,s examine'r si elle sait en fa~re application, c' est-ft-dire jusqu'à quel point elle s·ait pa sser du domaine de la; généralité au cas concret.

2. L'examen des connaissan~les du pays doit, ainsi qu 'il est pres­Cl'it, s 'étendre à tous les domaines dans un ordre quelconque: géogra­Ijhie, économie, instTuction civique et histoire. Ce principe ne souffre pas d'exception. Il n 'est pas permi.s de se perdJl"e dans les déta il s dè l'un rte ces donutinets et cle négliger lE'5 autre·s. Il es t par exemple ar­rivé que, p c:ndant l'eXat1y.len d 'un groupe, on n 'ait pas touché ni ~1 ln. carte de la: Suisse, ni à celle d'Europe, ni au globe ou au plani,sphèr e, -Si l'.expert sait traiter dans ses grands 1:raits un s uj et important, tout el! restant dans l'élémenail'e ,simplicité, il en arrivera sans autres à utilisE'r tout le matériel d 'enseignement prescrit. Seuls ceux qui 113,rta­gent enco!re l'avis qu'il est plus imp01'tant de conaître un col de c],=m­Àième ou même de troi-sièm ,':> importance en ,sui 'se que ele savo ir énu .. mérer 1'38 cinq continent,s , partageront é,g'8.1cment l'opinion qu 'il s uffit à un élève des écoles primaire.s de connaître quelque peu la carte cle 111 Suisse.

3. S'il e,st prescrit crune part crue l'examen doit porte'l' sur tous h:·s dOHlail1(\5 des connais,sances du pays, il .s'ensuit d'autre part qu e· quel. ques questions s'eulement de chaque domaine peuvent être abordées. On a cOlmmi,s bien de·s fautes à ce .sujet. Par conséquent, le temps m an­qua pour réfléchir tranquillement et faire des déductions concrètels et la discus,sion dégénéra en une énumération de noms E't de chiffres,

Page 17: L'Ecole primaire, 31 mars 1938

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Les sujettS d 'examen donnés comme e,xemples ont justement pour but de montrer qu'il faut toucher la tous lels d-û:maine-s, niais, dans chacun, à quel,ques cas concrets seulement.

4. L'examen ne doit jami:lis dégénérer en une conversation sur des choses insignifiantes. On part d'une question intérelssant de 'Près les candidats pOUl' pastS'er bientôt après à des choses impolrtantes qUE' tout citoyen .doit connaître. Il faut rester dans les grandee lignes et traiter brièvement les questions secondaire.s qui se prétSentent au cours- de l'examen.

Les sujets d'examen oral pré-sentent une image des plus vaJl''Îée. ­PlusieurtS ne donnent que le point de départ et ne -pE-nmettent pas de reconnaître -sans autre comment l'examen doit toucher les domaine,':> des c(mnaissance·s du paye.

Traité de commerce avec la France (d'un article de pres-se) . La Foire d'échantillons de Bâle. L'expolrtation augmente. Un jeune di­plomate qui a bien gagné tSes quelques semainE's de vacance-s (conseil­ler de légation de Madrid; (d'un article de presse). La réfe-ction de la route du col de·s iMosses. L'ex'position internationa.le de IParis. ILe port du Rhin à Bâle. La co-mmune de LungeTn accorde une subvention Ù ses res-sortitSsants voulant s' exp atri 811' (d'un article de presse) . Aug­mentation du prix du lait, Quiconque fume de,s cigarE'ttes « Turmac )} favori.se l'exportation en iBulgarie de 5 locomotivels de fa:brication suis­se (d'un article de ipres,se). La quatrième langue nationale. Votations et élections. Le prix des 'Porcs fléchit. L'~ssemblée fédérale tSiège- ,à Ber­ne. Reli8'f de Véla: iLa victime du travail (ilmagE·). Le prix .des céré­a,les a été arrêté. Les corrections du Rhône en Valais-. Les forêts va· laisannes et leurr faune. L'utilitSation du bois -en Valai,s'. Cours d'alpi­nisme en Valais, etc.

Statistique

Lausanne 423 1,8 374 1,7 Berne 413 1,9 358 1,7 Aarau 226 1,9 219 1,7 Winterthoul' 201 1,6 215 1,5 Frauenfeld 307 1,8 293 1,7 St-Gall 512 1,7 468 1,7

2082 1927

Ces chiffre-s donnent lieu aux remarques ·suivantes:

1. La concordance de ce's résultats à un dixième de point est un trompe !l'œil. P.aur les deux ·examens, Winterthour est en tête. On y a examiné des cyclistes, donc en majeure partie des manœuvres, des mécaniciens, des chauffeurs, ,toutS des gens ayant suivi les courtS' com­plémentaires. Les notes obtenues sur .les autres -place-s d'armes prou­vent tout au moins qUE' .l'estimation des travaux a partout été sensi­b18lilllel1t la même. Un -coup d'œil sur .les -travaux écrits montre -toute­fois que certains experts se ,sont écartés de manière appréciable detS autres experts de la même 'place d 'armel'3-. -Ceci n 'est arrivé que 10l~S-

--...191-

que, avant de passer à la correction des tll'avaux, on n'en a pas lu et taxé quelques-uns en commun. C'est ~à une disposition qu'il faudra etrictement obseTvE'rà l'avenir.

2. Cette récapitulation ne doit nul.lement être considérée -comme .le premier pas en vue de la réintroduction ·doo funestes statÎlstiques du temps· des examens des a~ecrues de l'ancien régime, avec cla.ssement communes, di.stricts et cantons. En l'océurence, aucun classement ne pe.ut avoir lieu -puisque, sur la mêfme place d'arme, on a examiné des hommes de différents cantons.

Le congrès pédagogique du 3'Ü mai là Lucerne ayant approuvé ·à la cruasi unanimité les principe-s des nouveaux examens des recrue·s, on peut penser maintenant à les introduire définitive,nient. Ceci ,se fera par étapes. Pour 1938, on augmentera encore ,lei nombre des places d'ar­mes sur .lesquelles ,SE' feront des e-ssais. Dans mon rapport de l'an der .. nier, j 'avais é.mie l'avis que l'examen :pédagogique ne pouvait pas avoir lieu 'a l'occa.sion du recrutement. Ayant as,si~té cette année au recru­tement à Berthoud, j 'y ai acqui,s la persua1sion qu'il en est ainsi. Toute la 111.atinée les recrue·s ont été occupée·s ou attendaient quelque part de l 'être. Vu l'éloignement de certains domicil€lS', il ne serait pas pos-sible de prévoir l 'exalmen ,l'après-midi e-ncore.

vVabern, 12 juillet 1937. ,sig. K. Bürki, ex-pert en chef.

Placement de vacances des enfants suisses de l'étranger Depuis 20 ans, la Fondation Pro Juventute a pernlis à 29,000

enfants suisses de l'étranger de venir passer des vacances dans leur patrie. Cet été, elle se propose d 'inviter environ 1300 enfants.

Pour autant que faire se pourra, ces enfants seront placés gratuitement dans des faIllilles. Un tel placement ne signifie pas seuleIllent une inlportante éconOlllie des moyens financiers de la Fondation, Illais encore la nleilleure Illanière de faire connaître à nos petits cOlllpatriotes leur pays, et de leur apprendre _ à en aiIner la vie, les traditions.

CornIlle il est particulièrenlent difficile à la Fondation - que de nouvelles tâches sollicitent sans cesse - de trouver elle-nlênle des places gratuites, une nouvelle organisation, le « Secours aux Suisses », se chargera de la canlpagne de propagande. Le « Se­cours aux Suisses » cOlllpte des sections dans les différents can­tons. Pro Juventute s'abstiendra donc de faire une action di­recte. NIais les voyages, le .placeIllent, et leur surveillance restent entre ses Illains.

La Fondation recOlllmande chaleureusenlent l'activité du « Secours aux Suisses » à tous les aIllis des enfants suisses de l'étranger.

Page 18: L'Ecole primaire, 31 mars 1938

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NÉCROLOGIE t M. Léon Beney à Eviollllaz

Nous ' avons appris avec peine la nlort prénlaturée de M. Beney Léon, instituteur. Né en 1894, le défunt a reçu le brevet d 'en seio'nenlent en 1915. Il a enseigné pendant ,11 ans dans sa cOlnml~le; à partir de 1925 il a dirigé des cours conlplénlentair~s ~l St-Léonard, Lens et Evionnaz. M. Beney avait le don d'enseI­gner; en particulier, il avait un goüt pass.ionné pour le chant.. il a dirigé avec succès la chorale de sa parOIsse.

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