Gastronomie 70

2
24 PAYS DE NORMANDIE VIVRE ICI Gastronomie Ces passionnés aux mains vertes sont partout en France. Dans le Cotentin, deux cents « Croqueurs de pommes » réhabilitent des espèces fruitières oubliées. Avec l’INRA, ils vont de l’avant, tout en respectant l’enseignement des anciens et la préservation des arbres de nos régions. « LES CROQUEURS de pommes » TEXTE ET PHOTOS : GEORGES CARLIER

description

Gastronomie du PDNorm 70

Transcript of Gastronomie 70

24 PAYS DE NORMANDIE

VIVRE ICI Gastronomie

Ces passionnés aux mains vertes sont partout en France. Dans le Cotentin, deux cents « Croqueurs de pommes » réhabilitent des espèces fruitières oubliées. Avec l’INRA, ils vont de l’avant, tout en respectant l’enseignement des anciens et la préservation des arbres de nos régions.

« LES CROQUEURSde pommes »

TEXTE ET PHOTOS : GEORGES CARLIER

Gastronomie.indd 24 20/08/10 11:44

Les Croqueurs de pommesPrès de deux cents variétés de pommes sont cultivées au verger conservatoire.

Le patrimoine fruitier, un « trésor » à protéger.

L’Union pomologique de France et les Croqueurs de pommes de la Manche ont édité un guide, Fruits de Basse-Normandie, qui recense toutes les variétés à couteau présentes en Basse-Normandie et en fait une description très complète (88 pages, 20 €). Un hymne à la Normandie ! Pour vous le procurer, contactez Jacques Aumont.

* Le carpocapse des pommes et des poires est un insecte de l’ordre des lépidoptères, dont la larve se développe à l’intérieur des fruits à pépins ou à noyau.

E n 1978, Jean-Louis Choisel, pépiniériste à Belfort (Franche-Comté) crée l’association nationale des amateurs bénévoles pour la sauvegarde des variétés fruitières régio-

nales en voie de disparition, plus connue sous l’ap-pellation des « Croqueurs de pommes  ». Jacques Aumont, président de l’association pour le dépar-tement de la Manche, nous en dit plus : « C’est d’abord par esprit de révolte contre l’importation en masse de pommes - principalement en prove-nance des Etats-Unis - dans les années 50  : elles risquaient de faire disparaître notre patrimoine frui-tier. Un catalogue français recommandait même aux arboriculteurs ces pommes étrangères, de formes et de couleurs parfaites grâce aux pesticides et insecticides alors qu’on interdisait certaines espèces régionales ! Dans les années 60, l’urbanisation a aussi détruit de nombreux vergers, balayant du même coup des espèces rares. D’où l’émergence de notre association. Les chiff res parlent d’eux-mêmes : à l’échelon national, dès 1988, mille adhérents et huit sections étaient en place. En 2008, nous étions sept mille cinq cents pour cinquante-sept sections. Rien que dans le Cotentin aujourd’hui, nous sommes près de deux cents ! » Le verger manchois fait face à l’abbatiale de Saint-Fromond. Cent trente variétés de poiriers, des pru-niers, des plants de brugnons et près de deux cents espèces de pommiers se partagent les 2 hectares de cett e pépinière où se pratiquent les greff es et où est planté un verger de sauvegarde. Les membres s’y retrouvent pour échanger suivant leur spécialité. Tous s’intéressent aux sciences et aux innovations. Mais la culture biologique ou lunaire, ainsi que l’éco-logie sont bien présents. Le travail de la terre mobi-lise les énergies sans oublier les principes de base : l’initiation des nouveaux, l’information, l’échange, l’expérimentation. Aujourd’hui, le vent est passé,

le sol est couvert de fruits enherbés. «  Ils serviront pour initier les nouveaux adhérents, pour les expo-sitions et les foires  » souligne Jacques. Egalement au programme, la plantation d’arbres, la taille, le contrôle des branches. « Une chenille peut compro-mett re l’arbre et sa récolte, des travaux qui se font en hiver. » Mars-avril sont les mois des greff es, des semailles de noyaux et de pépins et des traitements fongicides : « Un jardinier est toujours occupé.  » Ici, ces travaux se font régulièrement, tout en assu-rant la lutt e intégrée contre les carpocapses* et en posant des pièges à phéromones, ici ou là. «  Les oiseaux et les hyménoptères, dont les abeilles de notre ruche, sont des auxiliaires importants, explique Claude Lebouteiller, spécialiste en ornithologie. Pour détruire certains insectes ou vers ou lutt er contre les maladies, ils sont bien utiles. Les produits que nous utilisons sont naturellement bio. » Chaque année, les «  Croqueurs de pommes  » installent leur stand à la foire de Lessay. Les curieux viennent en masse. Quelques-uns pour goûter une pomme ou une poire, retrouver une saveur de leur enfance, d’autres pour se renseigner, sinon adhérer. Demain, il faudra élaguer les arbres, ramasser les pommes, les poires… L’automne mènera à l’hiver, puis le printemps pointera son nez, une nouvelle année mett ra à nouveau à l’épreuve la passion des « croqueurs »…

Pratique Pour connaître les sections des « Croqueurs de pommes » près de chez vous : www.croqueurs-de-pommes.asso.fr

Dans la Manche :Jacques Aumont, 32 rue de la Doucetière, 50180 Agneaux. Tél. : 02.33.72.03.88.E-mail : [email protected]

1 - Chaque année, les « Croqueurs de pommes » investissent la foire de Lessay.

eurs

cetière, 88.fr

1

PAYS DE NORMANDIE 25

Gastronomie.indd 25 20/08/10 11:44