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Le Vatican se confesse Colloque à Rome sur la prévention de la pédophilie FRANCE P.2 Les inspecteurs en arrêt de travail n A la suite du suicide d’un collègue, les ins- pecteurs du travail ont manifesté dans plu- sieurs villes de France. Un appel à la grève na- tionale avait été lancé par les syndicats. INTERNATIONAL P.4 Présidentielles au Mexique n Josefina Vazquez Mota représentera le parti PAN aux élections présidentielles mexi- caines du 1er juillet.. CULTURE P.6 Antoni Tapies s’en est allé L’artiste catalan Antoni Tapies est décédé lundi soir. Il était considéré comme un des derniers grands maîtres du XXème siècle. EXPRESSO L’ESSENTIEL n Un colloque sur la pédophilie a débuté lundi au Vatican. Des centaines d’experts sont convo- qués pendant trois jours pour mettre en œuvre une stratégie universelle contre la pédocrimi- nalité dans l’Eglise catholique. Le pape a plaidé pour « un pro- fond renouveau de l’Eglise ». Avancée des mentalités ou coup de publicité ? PAGE 2 QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2013 # 06 08 02 2012 ECO/CONSO P.5 Le revers de la médaille allemande n Économiquement dynamique, le modèle allemand n’est pas aus- si étincelant que Nico- las Sarkozy le prétend. Paupérisation, salaires en baisse sont de plus en plus prégnants. Le Pape Benoît XVI espère tourner la page des scandales pédophiles dans l’Eglise

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Le Vatican se confesse

Colloque à Rome sur la prévention de la pédophilie

FRANCE P.2Les inspecteurs en arrêt de travailn A la suite du suicide d’un collègue, les ins-pecteurs du travail ont manifesté dans plu-sieurs villes de France. Un appel à la grève na-tionale avait été lancé par les syndicats.

INTERNATIONAL P.4Présidentielles au Mexique

n Josefina Vazquez Mota représentera le parti PAN aux élections présidentielles mexi-caines du 1er juillet..

CULTURE P.6Antoni Tapies s’en est allé

L’artiste catalan Antoni Tapies est décédé lundi soir. Il était considéré comme un des derniers grands maîtres du XXème siècle.

ExPREssOL’EssENTIEL

n Un colloque sur la pédophilie a débuté lundi au Vatican. Des centaines d’experts sont convo-qués pendant trois jours pour mettre en œuvre une stratégie universelle contre la pédocrimi-

nalité dans l’Eglise catholique. Le pape a plaidé pour « un pro-fond renouveau de l’Eglise ». Avancée des mentalités ou coup de publicité ?

PAgE 2

qUOTIdIEN dU mAsTER dE jOURNALIsmE dE L’ INsTITUT FRANçAIs dE PREssE - PROmO 2013# 06

08 02 2012

ECO/CONsO P.5Le revers de la médaille allemanden Économiquement dynamique, le modèle allemand n’est pas aus-si étincelant que Nico-las Sarkozy le prétend. Paupérisation, salaires en baisse sont de plus en plus prégnants.

Le Pape Benoît XVI espère tourner la page des scandales pédophiles dans l’Eglise

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Il s’appelait Romain Le-coustre. Il était inspecteur du travail et s’est suicidé. Pour ses collègues ras-

semblés devant le cabinet du ministre du travail, rue de Gre-nelle, cela ne fait aucun doute : le suicide du jeune homme est dû à ses conditions travail et à sa hiérarchie. Un appel à la grève nationale mardi 7 a été lancé par les syndicats. Ils étaient plu-sieurs centaines à défiler à Paris, et des manifestations étaient or-ganisées dans plusieurs villes de province.« Il faut que le suicide de Ro-main Lecoustre soit reconnu comme un accident de , service » revendique Pierre Sinigaglia, secrétaire national du syndicat Sud. « Son état de santé avait fait l’objet de multiples signale-ments, depuis mars 2010. Après sa tentative de suicide, en juillet 2011, sa hiérarchie a continué de le harceler, de le dévalori-ser. »

Politique du chiffreEn cause selon les manifestants, « la politique du chiffre », fac-teur de pression et de mal-être. Un logiciel interne compte le nombre d’interventions réali-sées par les inspecteurs : « On nous donne des objectifs chif-frés, on saisit nos interventions, mais cela ne correspond pas à la réalité du travail » avance Stéphanie Globez, inspecteur

dans le Nord-Pas-de-Calais. Selon Pierre Sinigaglia « cer-taines enquêtes sont longues. Il faut des mois pour cibler le tra-vail intérimaire fictif, les emplois déclarés comme temporaire mais qui sont en fait permanents. Alors que vérifier les vestiaires et le chauffage dans un magasin de prêt-à-porter, ça prend quelques minutes. Pourtant, les deux sont comptés pareil. »

Suppression de postesAutre motif de mécontente-ment, les suppressions de postes communes à toute la fonction publique. « Les postes de secré-taire sont supprimés » regrette Mathias, inspecteur depuis 3 ans. « La charge administrative repose sur les inspecteurs, alors que la vocation de notre travail, c’est le terrain. » Les inspecteurs du travail se disent frustrés : ils ont l’impression de ne plus tra-vailler correctement. Stéphanie Globez explique : « Les objectifs fixés par le ministère ne corres-pondent pas aux demandes des travailleurs. Ils nous appellent pour de l’intérim fictif, leur temps de travail… Le ministère, lui, nous demande d’évaluer les risques, la pénibilité, la parité homme-femme ou l’emploi des sénior.»Des enjeux politiques, qui passent, selon elle, avant les be-soins réels. o Julie Chouteau

FRANCESOCIAL Ils sont en grève après le suicide de deux collègues

Le ras-le-bol des inspecteurs du travail

Mohammed Hammami toujours sur la selletten Mohammed Hammami, imam de la mosquée Omar dans le XIe arrondissement, ne sait toujours pas s’il va devoir faire ses valises pour sa Tunisie natale. La commission nationale d’expulsion, abritée par la préfecture de police de Paris, a décidé mardi de repor-ter sa décision au 15 mai 2012, selon une source policière.Un contretemps dans la lutte du gouvernement contre l’is-lam radical. Le 23 janvier, Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, avait requis son « éloignement du territoire fran-çais » pour des incitations à la

violence contre les femmes et pour des propos antisémites. Né en 1935 en Tunisie, le religieux septuagénaire est arrivé en France dans les an-nées 1960. Il y a créé un lieu de culte rue Jean-Pierre Tim-baud, la mosquée Omar, où les

fidèles s’étonnent aujourd’hui de ces accusations. « Il n’y a pas de problèmes ici » résume l’un deux, à la sortie de la pre-mière prière de l’après midi. « Mohammed Hammami est un grand homme, ceux qui le cri-tique ne le connaissent pas » renchérit un autre.

Islam rigoristePourtant, au fil d’années de prêche, l’imam est devenu l’un des piliers du mouvement Tabligh, une branche rigoriste de l’islam. Celle-ci se donne pour mission de faire revivre la mission de prédication et

de transmettre littéralement le message coranique. Salah Me-rabti, président de la mosquée de Tours, parle du Tabligh comme d’une mouvance très fermée. « Les imams sont ra-rement bilingues, ses prêches ont pu être mal interprétées. Mais s’il s’agissait d’un dis-cours politique c’est inadmis-sible. Il nous est interdit de faire de la politique dans les mosquées » s’indigne-t-il.Si l’expulsion de Mohammed Hammami devait être confir-mée, il serait le 35e imam éloi-gné de France depuis 2001. o Tiphaine Honoré

02 - EXpREsso - MERCREDI 8 FEVRIER

La décision d’expulser l’imam tunisien est reportée au 15 mai

Deux suicides comme déclencheur Les syndicats exigent la reconnaissance immédiate du suicide de deux inspecteurs du travail comme accident de service. Romain Lecoustre, inspecteur du travail et militant sud de 32 ans s’est pendu le 18 janvier 2012 à son domicile, à Bovin, dans le Nord. Selon son entourage le lien entre son suicide et son travail ne fait aucun doute. De même pour Luc Beal Rainaldy, inspecteur du travail qui a mis fin à ses jours en mai 2011, dans les bureaux de la direc-tion générale du travail, Quai de Javel à Paris.

Environ 300 manifestants s’étaient rassemblés devant le ministère

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Rien de moins qu’un « écosystème digital de campagne » selon le

directeur de la communica-tion du MoDem, Jean-François Martins. Lancée dans la jour-née de mardi, la nouvelle mou-ture du site internet de Fran-çois Bayrou, candidat centriste à l’élection présidentielle, se veut « ergonome, intuitive, fluide ». Pas de rubriques, une page unique sur laquelle on déroule « l’histoire de la cam-pagne présidentielle ». « On

a voulu le meilleur », explique M. Martins, selon qui l’univers numérique « est un espace po-litique naturel pour Bayrou. Il a cette culture du web ». Mais pas seulement.

Faire du bruitLa véritable nouveauté du site, c’est « l’espace dédié aux volontaires », une page qui se veut moins institutionnelle. Exit le noir et blanc ponctué de touches orange. Du jaune, du bleu, du rouge, et du orange

toujours. Un bouton tutoriel, une option permettant d’inviter ses amis, un tableau de bord, c’est l’interface d’un jeu vidéo en ligne qui se déroule sous nos yeux.« Les gens ne veulent pas di-rectement s’encarter mais faire des petites choses concrètes qui permettent un engagement progressif », explique Mat-thieu Lamarre, responsable de la campagne web de François Bayrou. L’espace propose ainsi aux « volontaires » de réali-

ser une série de « missions », telles qu’imprimer et diffuser les 30 propositions de Bayrou pour l’école ou encore partager avec ses amis la vidéo du can-didat sur la culture générale. À chacune de ces actions cor-respondent des points, « que l’on appelle ici ‘décibels’, car l’objectif est de faire du bruit pour la campagne », ajoute Matthieu. Lamarre. Une mé-thode qui n’est pas sans rappe-ler celle d’Obama en 2008. o Anthony Favalli

Froid : la France manque d’électricitén Avec les pics de consommation liés au froid, le pays doit une nouvelle fois faire ve-nir de l’électricité de l’étranger. « La pointe de consommation électrique française est égale à la moitié de la pointe électrique de toute l’Union européenne» indique Pierre Radanne, ancien président de l’agence pour la maîtrise de l’énergie. La faute au chauffage électrique selon lui, et à un parc nucléaire inadapté dans cette situation.

La TVA sociale pour créer des emplois n Le gouvernement espère que la TVA so-ciale permettra de créer «100.000 nouveaux emplois», a déclaré mardi la ministre du Budget Valérie Pécresse. «Nous voulons baisser le coût du travail pour produire en France». Elle appuyait ses propos sur des études de Bercy qui prévoit jusqu’à 100.000 créations d’emplois sur trois ans. Les éco-nomistes sont toutefois divisés sur les ré-percussions de la TVA sociale sur l’emploi.

Séance mouvementée au Parlementn Les membres du gouvernement ont vio-lement quitté l’Assemblée Nationale suite à la réaction du député PS de la Martinique, Serge Letchimy à propos de la polémique des « civilisations ». « M. Guéant, vous pri-vilégiez l’ombre, vous nous ramenez jour après jour à ces idéologies européennes qui ont donné naissance aux camps de concen-tration », avant de s’en référer au « régime nazi » et à « la barbarie de l’esclavage ».

PRESIDENTIELLE Internet s’invite dans la campagne

Candidat cherche internautes militantsn Internet est un enjeu de la présidentielle. Tous les partis politiques l’ont saisi et par-faitement intégré. Bien que Ségolène Royal maintienne qu’Obama s’est inspiré de sa web campagne de 2007, le président américain a montré la voie à suivre en 2008. C’est lui que les candidats français copient aujourd’hui.But de faire campagne sur le web : recruter. Faire en sorte que l’internaute lambda de-vienne un internaute militant à partir du moment où il ar-rive sur le site d’un candidat. Mathieu Lamarre, le monsieur web du Modem l’explique parfaitement : «Internet a un rôle d’amplificateur, il rend la mobilisation des troupes beaucoup plus simple».L’explosion de Twitter le rend incontournable. A ce petit jeu là, Hollande et Bayrou, respectivement 137 000 et 68 000 abonnés, tirent leur épingle du jeu. Autre secteur porteur pour les partis, les

applications mobiles. Le PS a son application pour iPhone et iPad, le Modem vient de lancer son appli pour smart-phone alors que l’UMP se contente de l’application de ses «Jeunes Populaires».

L’UMP en retardSi tous les candidats décla-rés ont lancé leur web cam-pagne ne serait-ce que par la création d’un compte Twitter et d’une page Facebook, le démarrage de la campagne in-ternet de l’UMP semble pous-sive. La faute à des ministres comme Nadine Morano ou Eric Besson plus souvent pointés du doigt pour la futi-lité de leurs propos que pour leur pertinence sur Twitter ? Pas seulement. Arnaud Das-sier directeur de la campagne internet de l’UMP en 2007 et aujourd’hui au Modem l’ex-plique : «On ne voit pas de sympathisants UMP sur Fa-cebook, sur Twitter. Les seuls qui agissent sont les élus ou

les ministres.» Mais il est juge et partie.

Une twittosphère de gaucheA contrario, les militants de gauche sont très présents sur le web. Le compte Twitter @humourdedroite avec 86 000 abonnés en est le parfait exemple. Il attaque l’UMP avec des blagues potaches,

une puissance de feu à la-quelle les sympathisants de droite semblent avoir du mal à répondre. Reste à savoir jusqu’à quel point Internet peut peser dans la campagne car ce n’est pas le nombre de «followers» qui fera la décision mais celui des bulletins dans l’urne.

oPierre Fesnien

Photomontage «Twitter et politiques»

FRANCE

MERCREDI 8 FEVRIER- EXpREsso - 03

EN bREF

Bayrou joue avec le Web

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n Dimanche à Mexico, les 1,8 million de militants et sympa-thisants du Parti de l’Action Nationale (PAN), au pouvoir depuis 2000, ont trouvé leur candidate en Josefina Vazquez Mota, 51 ans. L’ex-ministre de l’économie sociale, puis de l’éducation publique du pré-sident Felipe Calderón, s’est distinguée dès le premier tour de scrutin avec 55% des voix. Elle arrache la victoire à Ernesto Cordero, actuel ministre des Fi-nances et poulain du président, et à Santiago Creel, ex-ministre de l’Intérieur de l’ancien pré-sident Vicente Fox. «Je serai la première femme présidente du Mexique», a t-elle déclaré à la foule après l’annonce des résul-tats.

Economiste de formation, elle a été chef du groupe parlemen-taire du PAN, comme Calderón. Pour l’heure, les sondages donnent son principal rival, En-rique Peña Nieto, favori sous

les couleurs du Parti Révolu-tionnaire Institutionnel (PRI). A gauche, Andrés Manuel López Obrador, ferait office de troi-sième homme. «Chepina», comme la sur-nomme la presse, promet de tenir la ligne dure de Calderón contre les narco-trafiquants res-ponsables des taux alarmants de criminalité, la corruption des hommes d’Etat, et l’avortement, passible de peine de prison. Selon ses propos, l’enjeu de l’élection présidentielle du 1er juillet consiste à éviter le retour du règne sans partage du PRI et par là, celui de «la corruption et (de) l’impunité». C’est avec ce credo qu’elle s’attèlera dès le 1er avril, à mener sa campagne officielle. o Kim Lévy

MEXIQUE Une femme candidate à la présidence de la République

Une dame de fer dans les pas de Calderón

L’Australie sous les eauxn Comme il y a un an, l’Aus-tralie doit faire face à d’im-portantes inondations. Dans les états du Queensland et de la Nouvelle Galle, notam-ment, des maisons ont été immergées. Plus de 2500 personnes ont du être dépla-cées. Le niveau de l’eau a par endroits dépassé les 14 mètres. Un record. Cette an-née, l’industrie du charbon, d’une importance cruciale pour la région, n’a pas été impactée. Toutefois, l’agricul-ture du coton subit un coup dur. Pour le moment, aucune victime n’est à déplorer.

Recherche de survivants aux Philippines n Frappée il y a deux jours par un séisme de magnitude 6,8 les Philippines sont tou-jours sous le choc. Le bilan se monte désormais à 52 morts, mais les recherches pour retrouver des disparus sont loin d’être terminées. Dans plusieurs zones mon-tagneuses les secours sont empêchés d’accès par des routes coupées. Par ailleurs une partie du pays est tou-jours privée de téléphone ce qui rend le décompte des dis-parus difficile. Des otages chinois libérés au Soudan n 29 ouvriers chinois ont été libérés hier au Soudan, où ils avaient été enlevés à la fin du mois dernier. Le ministère des affaires étrangères souda-nais a annoncé leur transfert au Kenya par la Croix Rouge internationale. Les Chinois travaillaient sur un projet de route, et ont été kidnappés par des rebelles au gouverne-ment de Khartoum. La France rappelle son ambassadeur en Syrie n Après les Etats-Unis et l’Italie, la France a rappelé hier son diplomate en poste en Syrie « pour consulta-tions ». Une manière de ré-pondre à l’aggravation des violences qui agitent depuis quelques jours le pays. C’est aussi une manière de réa-gir au rejet par l’ONU de la résolution condamnant la répression par l’état Syrien de la contestation populaire qui secoue le pays depuis plusieurs mois. L’ambas-sadeur Eric Chevallier est donc rentré mardi à Paris.

VATICAN Symposium sur la prévention de la pédophilie

L’Eglise catholique face à ses démons

Avec un nombre de victimes impos-sible à quantifier à travers le monde, le clergé cherche-

t-il la rédemption ? Pour la première fois dans l’Histoire, un symposium sur la prévention de la pédocriminalité, sous le thème « vers la guérison et le re-nouvellement », est organisé par l’Eglise. Pour Thomas Plante, professeur en psychologie ayant collaboré à la préparation du colloque, celui-ci est important : « il inclut des évêques de tous les horizons qui parleront non seulement du problème, mais trouveront des moyens de le contrer à l’avenir ». Sans les victimes, c’est «juste du théâtre » « Ma foi en Dieu n’a pas été altérée », a déclaré mardi matin la seule victime invitée au col-loque, l’Irlandaise Marie Col-lins, agressée par un prêtre à 13 ans. Christian Terras, fondateur du journal catholique français Golias, très critique vis-à-vis de l’Eglise, qualifie la rencontre « d’acte solennel fort, avec ses limites certes, mais c’est un pas en avant ». Il explique la pré-sence de Collins: « le Vatican ne veut pas donner trop d’impor-tance à la lutte des associations de victimes, qu’il considère me-née par des ennemis de l’Eglise.

Il se donne bonne conscience en accueillant une personne ». La convocation de ceux qui élèvent trop la voix s’est perdue à la poste. Sue Cox, coordo-natrice de Survivors Voice, un regroupement de victimes euro-péennes et américaines, estime que le colloque est « juste du théâtre. Ils n’invitent pas ceux qui ne sont pas de leur côté ». La fin de l’omerta, une réelle avancée? Ce symposium représente un revirement pour l’Eglise. En France, avant les années 2000, un omerta régnait : les ordres religieux préféraient agir en in-

terne pour régler les problèmes de pédocriminalité. Changer les coupables d’affectation restait souvent la seule sanction. 25 ans après l’éclatement des pre-miers scandales d’abus sexuels, Benoit XVI porte aujourd’hui la cause comme un flambeau, pointant du doigt les coupables et les laissant aux bons soins de la justice. Mais selon Christian Terras, « le pape veut faire acte de repentance tout en entachant le moins possible l’image de l’Eglise. Il est dommage qu’il ne s’interroge pas sur ce qui permet les mécanismes de pro-tection des prédateurs ».

o Stéphanie Rochon

«Chepina», candidate victo-rieuse des primaires du PAN à

en brefInTernATIOnAL

04 - eXpressO - MerCreDI 8 feVrIer

Ces assisses sur la pédophilie, qualifiées de « profond renouveau pour l’Eglise » par le pape, se sont ouvertes lundi à Rome

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MERCREDI 8 FEVRIER- ExpREsso - 05

IntERnatIonalPALESTINE Accord entre Hamas et Fatah pour un gouvernement de transition

Une réconciliation fragile

Après plusieurs mois de négociations i n f r u c t u e u s e s , Mahmoud Abbas, chef de l’autorité

palestinienne et Khaled Me-chaal, chef du bureau politique du Hamas, sont parvenus à signer un accord lundi à Doha, en présence de l’émir du Qatar, Sheikh Hamad ben Khalifa Al Thani. L’accord prévoit notam-ment la mise en place d’un gou-vernement de transition dont Mahmoud Abbas prendra la tête en vue de futures élections législatives et présidentielle prévues en mai.

Des élections nécessaires« Je ne sais pas si le timing sera respecté et si cet accord aboutira mais l’organisation d’élections est nécessaire » précise Olivier Damino, cher-cheur à l’Institut français d’analyse stratégique. « Les mandats (des dirigeants) sont tous arrivés à terme et plus per-sonne n’est légitime ». Si la réconciliation suppose de nou-velles élections, elle impose aussi l’intégration du Hamas à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Une condi-tion à laquelle le mouvement est traditionnellement opposé

puisque l’OLP a ouvert des négociations avec Israël.

Changement de capMais d’après le chercheur, le Hamas s’inscrit depuis peu dans un « processus nouveau ». Pour preuve, Khaled Mechaal, qui fait partie de la « branche intran-sigeante » du mouvement, s’est rendu à Amman, en Jordanie, il y a une semaine, pour une visite officielle. Pays d’où il avait été expulsé en 1999. Un tour-nant dans les relations avec le royaume qui illustre « une cer-taine transformation au sein du Hamas, due à sa situation à l’ex-

térieur ». Le mouvement, dont l’une des branches était basée en Syrie a par ailleurs refusé de participer à la répression mise en place par le régime et la majorité des cadres palestiniens tentent de quitter le pays. Mechaal recherche donc un nouvel Etat où s’implanter. Il doit pondérer ses relations avec ses proches voisins et semble se rapprocher de la « branche modérée » du mouvement. Ce changement de cap s’explique aussi par l’appel à la réconciliation palestinienne de la part des populations qui se sont soulevées lors des révoltes arabes et qui constituent un sou-tien pour le Hamas.

Doha s’affirmeArabie Saoudite, Jordanie, Egypte… des pays qui inter-viennent fréquemment dans le processus, à l’image de l’accord de réconciliation des deux mou-vements palestiniens conclu au Caire, au mois de mai 2011. Mais aujourd’hui c’est le Qatar, hôte de l’accord, qui affirme son sta-tut d’arbitre dans la région. Une position qui renforce l’hypothèse d’un Hamas plus ouvert apte à si-gner un accord sous l’égide d’un pays ayant entretenu des relations économiques avec Israël pendant plus de 20 ans. o Aurore Dupont

n Coup d’état ou pas ? La situa-tion était confuse hier sur l’ar-chipel des Maldives, plus connu pour le turquoise de ses eaux que pour ses remous politiques. Une seule chose certaine : le président Mohamed Nasheed a présenté sa démission, affir-mant que « ce sera mieux pour le pays dans la situation actuelle si [il] démissionne. [Il ne veut] pas diriger le pays d’une main de fer. »Les causes de cette éjection du pouvoir de Mohamed Nasheed sont floues, mais on peut citer pêle-mêle : la hausse du chô-mage, la montée de l’islamisme et les velléités de l’ancien président Maumoun Abdool Gayoom.Depuis trois semaines un bras de fer l’opposait à des mani-festants, rejoints dernièrement par des policiers rebelles. Ce sont eux qui ont fait pencher la balance, en prenant le contrôle de la télévision publique.

Ce pays de moins de 400 000 habitants est donc dirigé pour le moment par le vice-président, Mohamed Waheed. Alors que l’exécutif démissionnaire dé-nonçait un « coup d’état », l’ar-mée lui répliquait qu’il ne s’agit « pas du tout de cela », mais simplement d’un « conseil » qui lui a été donné.

o Julien Sartre

MALDIVES La police éjecte le président

Coup d’état à la plagen L’Iran va t-il céder ? Lundi, pour toucher le régime islamiste au cœur et tarir ses sources de financement du nucléaire, les États-Unis ont décidé de geler tous les avoirs de la Banque centrale iranienne en Europe.Cette décision avait déjà été prise la semaine dernière par le Conseil européen,

Les sanctions s’accumulentEn annonçant la mise en place d’un embargo sur les hydrocar-bures iraniens, l’Union euro-péenne avait frappé fort. De-puis le 23 janvier dernier, tout nouveau contrat pétrolier avec l’Iran est désormais suspendu. Ceux déjà en vigueur seront annulés au 1er juillet 2012. L’Union Européenne, second client de Téhéran, représente près de 25% des exportations. Le but est de contraindre le pays à renoncer à son programme nucléaire. 80% des recettes en devises de l’Etat Iranien

repose en effet sur les expor-tations pétrolières.L’objectif des sanctions répond en réalité à une volonté de maintenir la paix. En effet, les gouverne-ments occidentaux craignent fortement une opération mili-taire d’Israël contre les instal-lations nucléaires iraniennes. Ils cherchent donc à anticiper une telle crise en sanctionnant Téhéran.

La réponse de l’IranEn représailles, l’Iran prévoit d’interrompre dès à présent ses exportations vers l’Europe, afin de pénaliser les européens encore tributaires. Elle a éga-lement appelé les pays pro-ducteurs de pétrole à ne pas augmenter leur production d’or noir. Sauf que l’Arabie Saou-dite et les monarchies du Golfe pourraient en trois semaines pallier les carences iraniennes en Europe. o Leïla Yaker

Téhéran sous pression IRAN Nouvelle sanction financière de l’UE

Les policiers rebelles ont pris le contrôle de la télévision pu-blique mardi.

Mahmoud Abbas, Sheikh Hamad ben Khalifa Al Thani et Khaled Mechaal, lundi à Doha.

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ECO/CONSO

La face cachée du modèle allemandANALYSE Doit-on s’inspirer de nos voisins germaniques ?

06 - ExprESSO - MErCrEdi 8 FEvriEr 2012

Malgré tous les efforts de Ni-colas Sarkozy pour les en convaincre, les

Français restent toujours miti-gés sur le modèle allemand. Selon un sondage Harris Inte-ractive du 6 février, 50% des Français estiment que la France « devrait s’inspirer de l’Alle-magne dans l’élaboration de ses politiques économiques et sociales ». L’Allemagne présente, il est vrai, un bilan économique reluisant. Pour la deuxième année consécutive, les Allemands sont leaders de l’économie européenne avec près de 3% de croissance en 2011, contre 3,7% en 2010. En comparaison, la France est à la peine et voit son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 1,5% en 2010 et de 1,7% en 2011. L’Allemagne affiche également un déficit public cinq fois moins élevé que le déficit français à 26,7 milliards d’euros, soit 1% du PIB. Côté emploi, les Allemands peuvent s’enorgueillir de voir leur taux de chômage diminuer et s’éta-blir à 7,1% en moyenne alors que, dans l’Hexagone, il ne cesse de croître et frôle actuel-lement les 10%.

Modération salarialeMais ce modèle économique enviable cache un modèle so-cial qui se dégrade aussi vite que l’économie progresse. Pour restaurer sa compétitivité, au début des années 2000, l’Alle-magne a, sous l’impulsion de l’ancien chancelier social-dé-mocrate Gerhard Schröder, mis en œuvre une politique de modération salariale. L’aug-

mentation des exportations alle-mandes s’est donc faite au prix d’une diminution de 7,4% du salaire mensuel net médian en 10 ans. Sur la même période, en France, le salaire annuel moyen s’est accru de 10,8%.

12 millions de pauvresEn découle une très forte pau-périsation des salariés. Les em-plois créés en Allemagne lors de la dernière décennie sont, en

grande majorité, des emplois à temps partiel : leur proportion a augmenté d’un tiers outre-Rhin sur cette période alors qu’il restait stable en France. L’Alle-magne compte ainsi un quart de salariés à temps partiel, dont 7 millions (19%) de « mini-job-bers ». Or, près de 90% de ces petits boulots entraient dans la catégorie des bas, voire très bas, salaires. Ainsi, 20% des salariés allemands sont payés

à un niveau inférieur au Smic horaire français et 40% d’entre eux ont un salaire mensuel net inférieur à 1000 euros. Les chô-meurs, quant à eux, ne sont pas mieux lotis. Depuis 2005, après une année de chômage, les personnes sans emploi ne per-çoivent plus qu’une allocation de 850 euros, aide au logement comprise. 70% des chômeurs allemands vivent ainsi sous le seuil de pauvreté. Plus globa-lement, l’Allemagne compte 12 millions de pauvres, soit 15% de la population contre 13,5% en France. Le modèle allemand a donc des vertus dont la France aurait raison de s’inspirer. Mais tout copier reviendrait à mettre à bas le modèle social français, autrefois vanté par Nicolas Sarkozy pour sa capacité à avoir amorti le choc de la crise éco-nomique mondiale.

o Vincent Bouquet

n L’Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL) a présenté mardi son bilan des jeux en ligne pour 2011. Sur un total de 3,2 millions de cyber-parieurs, les joueurs de poker sont les grands ga-gnants avec 1,2 million d’afi-cionados.

Un profil typeBenjamin, musicien, corres-pond au profil type du joueur de poker en ligne détaillé par

l’ARJEL. Il a entre 25 et 34 ans, vit en région parisienne et joue surtout la semaine, en soirée. Il est enregistré sur Pokerstars.fr, un site agrée par l’ARJEL. « J’y joue depuis un an, mais c’est assez discontinu. C’est surtout pour passer le temps. » Le plus d’une partie en ligne ? « C’est avantageux pour les mauvais bluffeurs » explique-t-il. Erwan, 36 ans, technicien dans le nucléaire, confirme que jouer face à son écran peut par-

fois être préférable à une bonne vieille partie en chair et en os. « On peut jouer n’importe quand, tranquille chez soi, avec 200 personnes. Mais le plus in-téressant, ce sont les gains : j’ai un ami qui a gagné 7000 euros avec une mise de 10 euros. »

Une législation « contraignante»Toutefois, Erwan trouve que l’encadrement législatif du po-ker en ligne est plutôt contrai-gnant. « Depuis que l’Etat a mis

le nez là-dedans (…) c’est plus complexe. » Erwan fait allusion, aux fiches de renseignements demandées aux joueurs qui s’inscrivent sur les sites agréés par l’ARJEL et qui doivent être au-dessus de tout soupçon. Mis en place en mai 2010 par la loi ouvrant à la concurrence sur le marché des jeux d’argent en ligne, ce système vise surtout « à protéger les joueurs d’eux-mêmes » répond l’ARJEL.

o Claire Branchereau

Les joueurs en ligne misent tout sur le poker

En apparence enviable, le modèle économique allemand, incarné par Angela Merkel, cache une réalité sociale peu reluisante.

JEUX 1,2 million de Français au tapis en 2011

« Mini-jobs », trappes à pauvretéLes lois Hartz ont créé les « mini-jobs ». Ces emplois, dont la rémunération ne peut pas excéder 400 euros, peuvent s’exercer en parallèle de l’aide sociale ou en plus d’un em-ploi dit « traditionnel ». Ils ont pour but d’inciter le maximum de personnes sans emploi à réintégrer le monde du travail. Pour les employeurs, ces « mini-jobs » sont une aubaine puisqu’ils sont quasiment dispensés de charges sociales. Les entreprises ont donc eu tendance à substituer les « mini-jobs » aux contrats classiques, entraînant une forte hausse du temps partiel et une pression à la baisse sur les salaires.

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ECO/CONSO

n Evoqués par Nicolas Sarko-zy lors de son récent passage télévisé, les mécanismes de la taxe des transactions finan-cières (taxe Tobin ou TTF) sont désormais connus. Lundi, la radio économique BFM Busi-ness a publié sur son site inter-net le projet présenté mercredi en Conseil des ministres, qui sera intégré au projet de loi de finance rectificatif. La taxe de-vrait rapporter à la France 1,1 milliard de recettes annuelles.

Freiner l’instabilité des marchésLe gouvernement vise trois activités : l’achat d’actions, le trading à haute fréquence et l’achat de CDS « nus » (credit default swaps, c’est-à-dire des produits dérivés négociés à titre purement spéculatif). L’objec-tif de la TTF serait de freiner la spéculation et donc l’instabi-lité sur les marchés. Les actions seront taxées à 0,1% et ce taux s’appliquera dès lors qu’un titre « est émis par une entre-prise dont le siège social est situé en France et dont la capi-talisation boursière dépasse un milliard d’euros ». Une petite centaine d’entreprises de la Bourse de Paris sont concer-nées. Les CDS seront quant à eux taxés à 0,01%, une mesure qui a pour but de « cibler les opérations de spéculation sur la dette des Etats ». Le gouver-nement prévoit également de taxer les opérations de trading à haute fréquence, soupçon-nées de servir la spéculation et qui repose sur des échanges

effectués à la nanoseconde, à hauteur de 0,01%. L’ONG Oxfam France, association très engagée en faveur d’une taxe « Robin des bois » a publié un communiqué intitulé « La finance dit merci » : elle estime que « ce n’est plus une taxe sur les transactions financières qui est présentée mais une inter-minable liste d’exemptions, un vrai gruyère ». Luc Lamprière, son directeur général, regrette

que le développement et la lutte contre le réchauffement climatique soient mis de côté et qu’aucune mention ne soit faite sur l’utilisation de cette taxe. « Les objectifs internationaux de lutte contre la pauvreté et le climat sont totalement absents de cet article de loi. Avec un tel projet, le gouvernement balaye littéralement ses engagements internationaux » a-t-il déploré.

o Charlotte Staub

Taxe Tobin, sauce Sarkozy

Réserver un vol tout en « rencontrant des gens intéressants », c’est ce que propose

depuis le debut de l’année la compagnie aérienne KLM, avec « Meet and Seat » (lit-téralement « Faites connais-sance et prenez place »). Cette option permet d’accéder aux profils Facebook et LinkedIn des voyageurs présents sur le même vol, sur la base du vo-lontariat. La vidéo de présen-tation, visible en ligne, met en scène deux jeunes cadres cra-vatés, qui profitent du vol pour enrichir leur carnet d’adresses. Du sérieux, donc. Le fonction-

nement de « Meet and Seat » rappelle cependant celui des sites de rencontre : choisir ses partenaires de voyage sur photo. La charte d’utilisation de cette application rappelle toutefois que le harcèlement est interdit...

« Petits voyages entre amis »KLM n’est pas la première compagnie à profiter des ré-seaux sociaux pour mettre en contact ses passagers. Malay-sia Airlines, avec l’applica-tion « MHbuddy », offre à ses clients d’acheter leur bil-let d’avion directement via Facebook, afin de partager

cette information avec leurs contacts. En France, la SNCF a ouvert à ses usagers la même fonctionnalité, baptisée « pe-tits voyages entre amis » afin de simplifier l’organisation de voyages en groupes. Un site internet, Planely, permet d’entrer en contact avec toutes les personnes qui prennent le même avion ou transitent par le même aéroport, pour par-tager un café ou un taxi avec des gens « qui ont les mêmes centres d’intérêt ». La solution pour tous ceux qui n’ont pas envie de rencontrer des gens « différents ».

o Justine Salvestroni

FINANCE La spéculation dans le viseur du gouvernement EN brEf

TRANSPORTS Des applications mettent en lien les voyageurs

07 - ExprESSO - MErCrEdi 8 fEvriEr 2012

Fin des voyages vers l’inconnu(e)

Triste record du commerce extérieurn En 2011, le déficit du com-merce extérieur français est passé à 69,59 milliards d’euros contre 51,52 mil-liards en 2010. Le secrétaire d’Etat au Commerce exté-rieur, Pierre Lellouche, a es-timé que « le bilan est moins mauvais qu’anticipé » (75 milliards d’euros). En 2011, les importations françaises ont progressé de 11,7% et les exportations de 8,6%, ce qui permettra de créer 90 000 emplois en 2012.

Taux raisonnable pour les emprunts grecsn La Grèce a réussi à lever mardi 812,5 millions d’euros de bons du Trésor à un taux d’intérêt de 4,86%. La der-nière émission de ce type est intervenue le 10 janvier pour 1,625 milliards d’euros à un taux d’intérêt de 4,90%, déjà en légère baisse par rapport à celle du 13 décembre. Depuis le début de la crise en 2010, la Grèce ne peut émettre que des obligations à court terme. Cette émission intervient alors que le pays est dans la phase finale des négocia-tions en vue de rembourser 14,5 milliards d’euros avant le 20 mars et d’éviter la fail-lite.

Hausse du prix du tabac au 1er octobre

n Les fumeurs vont devoir mettre la main à la poche. Dès le 1er octobre, le prix du tabac va augmenter de 7,6%, comprenant le relèvement de la TVA de 1,6 point, combiné à une hausse des prix de 6% prévue dans une disposition antérieure. Le ministère de l’Economie a admis avoir réduit le taux des droits à la consommation pour conte-nir la hausse et ne pas se mettre les fumeurs à dos. Si les deux mécanismes étaient appliqués normalement, l’augmentation aurait été supérieure à 10% pour les fu-meurs. Au final, les recettes de l’Etat augmenteront de 60 millions d’euros en 2012.

Le gouvernement veut taxer les opérations de trading à haute fréquence, soupçonnées de servir la spéculation.

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n Le peintre catalan, symbole de l’art abstrait européen de l’Après-Guerre, s’est éteint lundi 6 février à Barcelone, sa ville natale. Il était âgé de 88 ans.

Né en 1923, le peintre et sculpteur catalan, fils d’un avocat et d’une femme de lettres,

trouve dans l’art un moyen d’échapper dès sa jeunesse à la maladie pulmonaire qui le cloue au lit. Il abandonne ses études de droit et suit des cours de des-sin à l’Académie Valls en 1943, avant de se consacrer à la pein-ture et d’exposer.

Guérir de la guerreInspiré par le surréalisme de ses pairs, les catalans Joan Miró et Salvador Dalí, et Pablo Picasso, il se tourne progressivement vers l’art abstrait, un courant qui, pour beaucoup d’artistes, permet de faire table rase des affres de la Seconde Guerre Mondiale. Ses œuvres minima-listes, construites à partir de ma-tériaux pauvres comme la terre, expriment toute la fragilité de l’humanité face à la cruauté. Le tableau n’est qu’un support, « le talisman qui dresse ou écroule des murs dans les recoins les plus reculés de notre esprit, qui ouvre et parfois ferme les portes

et les fenêtres des édifices de notre impuissance, de notre servitude ou de notre liberté », expliquait le peintre.

« Arte povera »Dans ses toiles, qui font écho à l’« Arte Povera » italien des an-nées 1960, Antoni Tàpies mêle

poudre d’argile et de marbre à la peinture. Une matière épaisse qu’il creuse, entaille, scarifie au grès de ses pulsions, se libérant d’un mal enfoui. Des « champs de batailles où les blessures se multiplient à l’infini », c’est ainsi qu’il désigne lui-même ses œuvres, ponctuées de symboles récurrents comme la croix.

Un engagement politiqueEntre la fin des années 1960 et le début des années 1970, des mots se glissent sur la sur-face picturale, signe de son engagement politique contre la dictature de Francisco Franco (1939-1975). Les objets, sou-vent présents dans ses tableaux, s’échappent peu à peu du cadre pour se transformer en sculp-tures à part entière, comme ce Monument à Picasso, assem-blage de meubles dans un cube en verre, érigé en 1983 à Bar-celone.« Tàpies était radicalement libre dans sa créativité, et cette liberté s’est manifestée aussi bien dans son travail que dans son engagement éthique dans la société », a déclaré lundi soir Alfredo Perez Rubalcaba, le chef du Parti socialiste es-pagnol. Antoni Tàpies laisse derrière lui 8000 œuvres, au-jourd’hui exposées dans les plus grands musées.

o Nathalie Tissot

CULTUREPEINTURE Antonio Tàpies, figure de l’abstrait, est décédé hier

Disparition d’un maître du XXè siècle

Redécouvrir l’âge d’or d’Hollywoodn RKO. Trois lettres de légende pour un studio qui a vu débuter certains des plus grands noms du cinéma américain. C’est à une vé-ritable institution, fondée en 1929, que le cinéma Action Christine, dans le 6e arrondissement, rend hommage du 8 au 22 février. Pion-nière dans le domaine de la réédi-tion de films qui ont fait l’Histoire, la salle d’art et essai parisienne propose une programmation d’une vingtaine de pépites de l’âge d’or hollywoodien.

S’ouvrir à un plus large public« RKO est une petite major qui a fait travailler de célèbres réalisa-teurs comme Alfred Hitchcock ou Otto Preminger, mais qui a aussi permis la découverte d’auteurs moins connus, comme Jacques

Tourneur ou Richard Fleischer », indique Jean-Marie Rodon, le directeur de l’Action Christine. Ce n’est pas la première fois que le cinéma du quartier parisien de Saint-Michel célèbre le studio au globe. Pour l’occasion, il s’est associé avec la chaîne du câble TCM. Afin d’ouvrir ces films au plus large public possible, l’Action Christine offre pour chaque entrée un tic-ket pour un autre film du festival. L’ombre d’Orson WellesAinsi, les amateurs de comédies se régaleront devant L’impos-sible Monsieur Bébé de Howard Hawks, histoire d’amour loufoque entre Cary Grant et Katharine Hepburn sur fond de paléontolo-gie. Côté musical, Ginger Rogers et Fred Astaire feront renaître sur

grand écran leur complicité à l’oc-casion de numéros de claquettes et de danse dans Top Hat et dans Swing Time.Autre temps fort : la toute première version de King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoed-sack. A sa sortie en 1933, la gigan-tesque créature et la gracieuse Fay Wray ont connu un grand succès et poussé RKO à investir massive-ment dans l’épouvante. L’ombre imposante d’Orson Welles planera également sur le festival, qui propose deux de ses classiques, Citizen Kane et La splendeur des Amberson. Deux illustrations de la liberté artistique du maître, deux visions des excès de l’âme humaine par un de ses peintres les plus brillants.

o Alexis Duval

Antonio Tàpies, en mars 2010, à l’occasion de la réouverture de sa fondation (© Alberto Estevez/EPA)

08 - EXpREsso - MERCREdi 8 FEVRiER

Antonio Tàpies en quelques dates12 décembre 1923 : naissance à Barcelone 1948 : fonde « Dau al Set » avec Joan Miró et Joan Brossa1950 : exposition aux Galerías Layetanas de Barcelone1984 : crée la Fondation Antoni Tàpies pour promouvoir l’étude et la connaissance de l’art moderne et contemporain1993 : reçoit le Lion d’Or de la Biennale de Venise pour son installation Rinzen2010 : élevé par le roi d’Espagne au titre héréditaire de Marquis de Tapiès pour sa « grande contribution aux arts plastiques espagnols et mondiaux »6 février 2012 : décès à l’âge de 88 ans.

Cinéma Un festival parisien revisite les classiques BiLLET d’HUMEUR

Personnage de la saga interstel-laire par excellence je suis. La sagesse des six épisodes de Star Wars j’incarne. Et malgré mon flegme, à l’idée de voir mon univers distordu, vert de rage je suis. Maître Yoda je suis, Maître Yoda je resterai. Et en aucun cas, comme une vache à lait être utilisé je ne veux. Même si d’un marché plus que juteux d’être l’objet j’ai conscience, cette idée de ré-exploitation des six films en 3D, qui mercredi dans les salles obscures commence, en moi de la colère suscite. Mon créateur George Lucas, par la manne financière incroyable que la numérisation des images représente, obsédé semble. De retrouver les fans ravi je suis. Mais me laisser tranquille, avec ma marionnette fripée de 1980, ne peut-on donc ?

o A. D.

La 3D contre-attaquepar Maître Yoda

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n Les femmes aux plus hautes fonctions de l’Etat, pas encore une pratique généralisée. A la télévision, les scénaristes en font un sujet de prédilection. Dès 2006, alors que Ségo-lène Royal et Hillary Clinton tenaient leurs chances dans la course à la présidentielle, ABC et France 2 diffusaient respectivement Commander in Chief et Etat de grâce. Mais, en privilégiant la vie privée de ces femmes, les deux premières séries du genre sont tombées dans la caricature. Et le succès n’a pas été à la hauteur.

Mettre fin à la caricatureChangement de tendance en 2012. Les fictions politiques au féminin font peau neuve et insistent désormais - enfin - sur l’exercice du pouvoir. Et sur ses conséquences.Borgen, record d’audience au Danemark, décrit les aventures de Birgitte Nyborg, leader du

Parti centriste découvrant les affres de la vie politique et ses rouages qu’elle franchit sim-plement, sans faux semblants ni chis-chis, une force tran-quille qui va la conduire au poste de Premier ministre. Le créateur de la série, qui arrive sur Arte précédée d’une répu-tation de sérieux, a auparavant effectué plusieurs recherches de terrain, une véritable en-quête journalistique.En France, la série Les hommes de l’ombre met en scène depuis deux semaines Nathalie Baye en candidate surprise, mais natu-relle, après la mort du président en exercice. Gravitent autour d’elle des conseillers politiques, véritables gourous des médias, que l’un va guider, conseiller, protéger, créant presque une icône de la politique. Record d’audience, inattendu. Sur HBO, le 22 avril, est attendu Veep où Julia Louis-Dreyfus de-vient rien moins que vice-prési-

dente des Etats-Unis. Pour Paul Langlais, journaliste spécialiste des séries télé (notamment pour la radio Le Mouv’), « on met en scène des femmes présidentes justement parce que c’est une fiction, ce qui permet une liberté inégalée. ».

Aidées par le destinLes héroïnes de ces fictions, dit-il, « sont aidées par le destin » et « il faut un élément déclen-cheur pour lancer la fiction ». « Voir un homme président, c’est banal. Une femme, tout de suite, on pense qu’elle a plus de mal à mettre sa famille de côté pour la politique », argu-mente-t-il un peu simplement. Autrement dit, une femme au pouvoir ajouterait un degré dra-matique bien compris par les scénaristes. Tous des hommes. Tout un symbole. Il y a encore du chemin à faire pour amélio-rer les choses ...

o Thibault Dubreuil

Les fictions au féminin font peau neuve

Omar Sy encore primé aux Globes de Cristal

n Les Etats-Unis ont leurs Gol-den Globes, la France a ses modestes Globes de Cristal, dont la cérémonie s’est tenue lundi soir à Paris. Une nou-velle occasion pour Omar Sy d’être distingué pour le film In-touchables. « Merci à Olivier et Eric. Merci François Cluzet. Vous m’avez fait grandir », a-t-il déclaré à la réception de son prix. Chez les femmes, Karin Viard et Marina Foïs ont été élues « meilleures actrices » pour le film Polisse. L’humo-riste Stéphane Guillon a, lui, reçu le Globe du meilleur one-man show. Dans la catégorie «meilleurs interprètes de l’an-née », on trouve Louis Berti-gnac et la chanteuse Izia.

La fermeture de MegaUpload relance la catch-up TVn La fermeture du site de téléchargement illégal le 20 janvier dernier ne fait pas que des malheureux. Elle fait les beaux jours de la télévision de rattrapage («catch-up TV»), ces sites Internet des chaînes télévisées qui permettent de revoir des programmes déjà diffusés. «Il semble que les utilisateurs de MegaUpload soient venus voir les séries américaines sur nos offres gratuites et légales de TV re-play.», a ainsi déclaré Nicolas de Tavernost, PDG du groupe M6 dont le trafic Internet a été multiplié par quatre en deux semaines. De son côté, TF1 a aussi annoncé une hausse de 40% de la fréquentation sur ses sites de catch-up TV.

Des artistes unis contre les billets trop chers sur le Netn Zaz, Laurent Ruquier, Yan-nick Noah et une vingtaine d’autres artistes protestent contre la revente de places de spectacles à des prix plus élevés sur Internet. Dans une pétition, ils demandent aux pouvoirs publics d’agir pour «mettre un terme aux abus». Le texte, qui dénonce des places «revendues cinq fois leur prix sur Internet», a déjà été signé par Bénabar, Camille, Kad Merad, Pascal Obispo, Mimi Mathy ou encore Yael Naim. D’autres artistes devraient prochainement re-joindre la liste.

TELEVISION Les séries politiques ont la cote

Le show politique «Borgen» arrive sur le petit écrann La politique est définitive-ment un bon terreau pour la fiction. Trois semaines après le lancement des Hommes de l’ombre sur France Télévi-sions, Arte diffuse à partir de jeudi la série danoise Borgen (litéralement, «le Parlement»)

Véritable phénomène au Dane-mark, le feuilleton raconte l’as-cension à la tête de l’Etat d’une candidate centriste, Birgitte Nyborg.Les hommes de l’ombre, dont Nathalie Baye est l’héroïne, et Borgen ont le même modèle: la Maison Blanche, l’étalon du genre. Comme leurs sœurs américaines, ces deux feuille-tons européens dévoilent les arcanes du pouvoir, le rôle des conseillers en communication (les fameux « spin-doctors ») et le fourmillement des cabinets qui s’agitent derrière chaque homme politique. Chacune des deux fictions adapte pourtant le modèle original à sa sauce.

Attentat La série de France Télévisions s’inscrit dans une vraie drama-turgie dès l’épisode pilote –le premier, qui plante le décor et

l’intrigue à venir– : le président meurt dans un attentat à la bombe, victime d’un scénario qui pêcherait presque par excès de théâtralité. Plus intime, le scénario de Borgen, élaboré par Adam Price, s’attarde sur les tiraillements de l’héroïne, une femme qui lutte pour mener de front sphères publique et pri-vée. L’humanité dégagée par ce personnage central, et les sous-

intrigues esquissées dès le pre-mier épisode font de Borgen un objet bien souvent passionnant.Les qualités de narration, asso-ciées à une mise en scène pré-cise, ont d’ailleurs fait de la série scandinave un vrai succès sur ses terres. Ne reste plus qu’à savoir si, comme Les hommes de l’ombre, elle trouvera son public chez nous.

o Pierre Labrunie

Séance maquillage pour Birgitte Nyborg, la femme politique héroïne de Borgen

en brefMeDIAS

MerCreDI 8 feVrIer- eXpreSSo - 09

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ExprEsso08 02 2012 # 06

Le Général aux 144 soldatsportrait Olivier Boivin champion de France de Mah-jong

Désormais, les tables de Mah-jong ne sont plus seule-ment réservées aux Asiatiques. Par-

fois L’élève occidental dépasse même le maître. Olivier Boivin, champion de France en titre, nous fait part de sa perception de ce sport cérébral.Les 144 pièces de Mah-jong, d’origine chinoise, s’alignent comme des soldats sous le com-mandement de ce jeune homme de 35 ans. Olivier Boivin n’a dé-couvert le jeu d’origine chinoise qu’en 2006 lors qu’un de ses amis revenu du Laos en a rap-porté un exemplaire. Pour lui, malgré la complexité des règles, le Mah-jong peut se comparer au rami et au poker. «C’est tout à fait semblable, ma grand-mère m’a appris le rami quand j’étais tout petit (…) comme au poker, les pièces de Mah-jong sont divisées en quatre familles, avec huit pièces supplémentaires, et c’est tout», dit l’adepte du jeu.

Numéro 2 mondialAprès trois ans d’expérience dans un club parisien, ouvert une fois par semaine, Olivier a décroché le titre de champion de France en 2009. Un an après, il a participé au 2e champion-nat du Monde à Utrecht. Après trois jours intensifs et excitants, cet informaticien de profession a terminé vice-champion, juste derrière une joueuse chinoise. D’après lui, les joueurs de chaque pays ont leurs propres

façons de jouer. «Par exemple, les Japonais tendent à défendre tandis que les Chinois aiment attaquer», «Les Chinois, quoi qu’il arrive, sont toujours forts», dit-il.Ce sport confidentiel s’est déve-loppé depuis les années 1990. « Nos joueurs sont beaucoup plus nombreux et plus forts que

ceux des autres pays européens, même les Italiens, les pionniers en Europe ».

Un club jeuneAfin de promouvoir son sport en France, Olivier a créé lui-même un club, nommé Fleur d’Orchidée, à Villejuif, où il habite. Il cherche toujours à

attirer les jeunes en distribuant des brochures dans les salons de manga où se trouvent beaucoup d’amateurs de la culture asia-tique. Maintenant, la moyenne d’âge des membres est d’envi-ron 30 ans, tandis que la majo-rité des joueurs néerlandais, par exemple, sont âgés.

Étonnemment, peu de joueurs d’origine asiatiques se re-trouvent ici. « Peut-être que c’est parce que ici l’on ne joue pas d’argent, ce qui est, en revanche, très populaire en Asie », explique Olivier, « Là-bas, les joueurs addicts perdent même leurs maisons et voitures en jouant de l’argent. Pourtant, le Mah-jong est un sport. Ici, on ne joue jamais d’argent. Même les médailles du championnat sont en plastique».

o Shao Hue

L’entrainement à domicile d’Olivier Boivin

ExprEsso insolitEsConte de féeQu’on se le dise,Blanche-Neige est croaten La neige l’empêchant de se rendre à la maternité, une jeune maman croate a donc logiquement décidé d’appeler sa fille… Blanche-Neige. En hommage aux intempéries et à «sa chevelure d’ébène». En langue vernaculaire, le bébé se nomme Snejazana. L’accouchement s’est bien passé, la maman étant assistée au téléphone par un infirmier. Et si devenue adulte Blanche-Neige veut monter une comédie musicale, elle pourra aller faire son casting à Kumming en Chine. Il s’agit là d’un village fondé et habité unique-ment par des nains.

Stockholm se drape de mauvais goût

n «C’est dans les vieux cartons qu’on fait les meil-leures nuits.» Ce pourrait être le slogan d’un pro-duit qui connaît un succès assez inexpliqué à Stockholm, en Suède : une housse de couette qui imite un assemblage de cartons. La marque hollandaise Snurk s’est déjà vue oppo-ser bon nombre de critiques de la part de nombreuses associations qui lui re-prochent d’exploiter l’image de la misère à des fins commerciales.

DivertissementComment se débarrasser de Nicolas Sarkozy… sur iPhonen Le studio français Kriskoff semble en avoir contre Nicolas Sarkozy. Le jeu payant intitulé Bye bye Nico, consiste à éjecter le président français de son fau-teuil de l’Elysée pour l’envoyer le plus haut possible. «Une aventure incroyable, un défi épique à la gravité, où vous de-vrez éviter des obstacles et attraper des bonus pour tenter de battre le record que tout le monde veut dépasser: qui enverra Nico le plus loin possible ?», proclament les éditeurs du jeu. Avis à ceux qui ne veulent pas attendre mai pour dire au revoir au Président.

10 - ExprEsso - MErcrEdi 8 FévriEr

Le Mah-jong pour les nulsCn jeu de société se joue à quatre. Il exige tactique, stratégie, calcul et psychologie, ainsi qu’une part plus ou moins importante de chance. La manche s’arrête quand un joueur fait Mah-jong, c’est-à-dire quand il possède quatre combinaisons et une paire