Lecons ecrites

8/16/2019 Lecons ecrites

http://slidepdf.com/reader/full/lecons-ecrites 1/13

Le Bien, le Juste et l’Utile : introduction aux éthiques philosophiques

Introduction Leçon 1

Nous vous souhaitons la bienvenue dans cette première leçon de ce cours, consacrée aux

éthiques philosophiques Notre exploration de ces éthiques commencera dans l!"ntiquité#recque, puisque le premier courant que nous aborderons est celui qui a été développé par "ristote au $%e siècle avant notre ère et auquel on a donné le nom d!éthique des vertus ouéthique eudémoniste &t c!est 'rançois (erman#e qui va nous #uider ) travers cette première leçon (ans la première séquence, il s!a#ira de replacer "ristote dans le contextede son époque et de montrer comment sa philosophie se situe par rapport aux autrescourants philosophiques de l!époque et en particulier par rapport ) la pensée de *laton

Nous verrons é#alement comment "ristote conçoit son éthique en mettant en son centrel!action humaine et comment il dé+init le but de cette éthique

e but qui est le bonheur (ans une deuxième séquence, nous reviendrons sur la notion de bonheur, de bien, et nous verrons que pour "ristote, le bonheur avec un #rand B, lesouverain bien est un bonheur qui ne renvoie ) aucun autre but Un bonheur qui estcomplet en lui-m.me

(ans un troisième temps, nous allons nous pencher sur une notion qui est +ondamentale

dans la pensée d!"ristote !est la notion de vertu Nous verrons d!abord qu!"ristotedistin#ue deux t/pes de vertus (!une part, la prudence qui est liée ) la raison pratique etqui est relative par rapport ) chacune et chacun d!entre nous &t puis, ce qu!"ristote nommeles vertus morales, la tempérance, la +orce et la 0ustice &nsuite, tou0ours en lien avec vertu, nous nous demanderons comment on peut devenir vertueux &t nous verrons queche1 "ristote, c!est l!entoura#e qui a une importance +ondamentale &n +ait, c!est notentoura#e qui va nous servir de modèle &t donc, pour devenir vertueux, il est capital de

choisir le bon modèle (ans la sixième séquence, nous quitterons le terrain de la philosophie ) proprement parler pour explorer les reprises théolo#iques d!"ristote

e sera alors l!occasion pour nous de nous rendre compte de l!in+luence considérable que la pensée d!"ristote a exercé sur les éthiques reli#ieuses et en particulier sur la pensée de2homas d!"quin &n +in, dans une partie de conclusion, nous vous proposerons une mise



en perspective de la pensée d!"ristote 2out d!abord, 'rançois (erman#e reviendra sur lestraits saillants de cette éthique et mettra en avant ) la +ois les +orces de cette pensée, maisé#alement, certaines de ses +aiblesses &t puis, dans une toute dernière séquence, 3hislain4aterlot mettra en perspective l!éthique d!"ristote en nous proposant son propre re#ard sur ce courant

%oil), vous .tes désormais pr.ts ) entrer dans cette première leçon Nous vous souhaitonsun bon visionnement et nous nous ré0ouissons de commencer ce parcours avec vous

Aristote dans son contexte

Nous avons vu qu!il n!/ a pas une dé+inition de l!éthique, mais que dans le débatcontemporain, il / a une pluralité de conceptions de l!éthique, qui se rattachent ) descourants divers *armi ces courants, certains s!enracinent très loin dans notre histoireoccidentale, et c!est précisément au $%e siècle avant notre ère que nous allons nous plon#erau0ourd!hui, pour comprendre l!éthique inspirée d!"ristote 5i nous avons choisi de tournemal#ré le +roid, dans ce *arc des Bastions de l!Université de 3enève, c!est parce que, pour"ristote, cela si#ni+ierait beaucoup 6 la +ois, parce qu!"ristote enracine son éthique précisément dans la nature, dans une conception qui comprend aussi, le monde vé#étal, le

monde animal, et puis parce que ce parc est au milieu de la cité 7r, pour "ristote, l!éthiquen!a de sens que dans une conception politique, au milieu, précisément, des #ens

&t comme nous allons le voir, l!éthique ne concernera pas de #randes questions comme la+aim dans le monde ou la #uerre ou l!avortement, mais elle concernera, d!abord, la vieordinaire de ceux qui passeront derrière nous, pendant que nous tournons

"ristote se situe dans un contexte, un contexte d!une société qui n!est pas la n8tre et qui, pourtant, porte des questions qui restent encore les n8tres (ans son contexte, dans sonépoque, il / a plusieurs courants de la philosophie 2ous ces courants de la philosophie parta#ent, néanmoins, quelques traits +ondamentaux, et, en particulier, ces deux-l)

Le premier c!est que, pour eux, l!éthique concerne la question du but de l!action 5i 0connais le Bien avec un #rand B, alors 0e saurais ce qui est bien e qui est bien, c!est cequi va me permettre d!attendre ma +inalité, d!atteindre le Bien 7n dit en philosophie, qu!i



s!a#it d!une éthique téléolo#ique, le telos étant le but de l!action 2out ce que nous +aisonnous le +aisons pour atteindre un certain but, et ce but c!est le Bien

La deuxième thèse que parta#ent tous les courants de l!époque d!"ristote, c!est que, s’il / a

un but ) l!action humaine, ce but c!est tout simplement, le bonheur 2out ce que nouscherchons ) +aire, c!est d!.tre heureux

7r, comment .tre heureux9 e sera la question centrale de la philosophie ) cette époque $l/ a évidemment pour "ristote, un #rand intér.t ) dé+inir l!éthique de cette manière-l) !estqu!on résout ainsi une des questions les plus di++iciles de l!éthique, qui est de savoir pourquoi est-ce que nous nous comporterions selon ce que nous savons .tre bien9

&n l!occurrence, la réponse est très plausible, nous le +aisons parce que nous désirons .tre

heureux ais la #rande di++iculté de cette approche, c!est de savoir comment est-ce qu!ova dé+inir le bonheur9 $l / a, ) cette époque, de nombreux courants, et 0e n!en évoquerairapidement que quelques-uns

Le premier #rand courant se rattache ) ;picure *our ;picure et pour les épicuriens ) sasuite, le bonheur c!est le plaisir $l +aut alors essa/er de comprendre ce qu!est le plaisir ed!essa/er d!écarter les +ausses conceptions du plaisir, d!essa/er aussi de comprendre ce quinous +ait du bien *ense1 ) tous les courants, au0ourd!hui, qui pr8nent une alimentation

saine *our me sentir bien dans mon corps, 0e ne vais pas me #oin+rer de tablettes dechocolat, mais 0e vais essa/er de comprendre, ce qui correspond le mieux ) ce qui +ait du bien ) mon corps !est exactement l!idée d!;picure $l +aut essa/er de modérer le plaisi pour en réalité, maximiser le plaisir

6 l!opposé d!;picure, vous ave1 un autre courant contemporain, qu!on appelle le 5to<cisme*our les 5to<ciens, il s!a#it au contraire, non pas de poursuivre la qu.te du plaisir, mais des!accepter comme on est, ne pas r.ver d!.tre un autre &ssa/e1 de comprendre que si on est

empereur, comme arc "urèle, qui est un #rand sto<cien, il +aut accepter sa responsabilitéd!empereur 5i au contraire, on est un esclave, comme ;pictète, il +aut accepter sa conditiond!esclave 2out ce qui te convient, me convient au monde, dit arc "urèle, et m.me si ledestin me pousse ) comprendre que ma vie n!a plus de sens, 0e devrais non seulement



consentir ) mourir, mais 0e devrais me suicider %ous vo/e1 combien c!est une position quiest complètement opposée ) celle d!;picure

$l / a un troisième #rand courant ) cette époque, qui est le *latonisme *articulièrement

important, parce qu!"ristote a été, pendant => ans, l!élève de *laton *our *laton, le Bien, cequi donne sens non seulement ) notre éthique, mais ) notre philosophie, ) notre vie, le Bien,ne correspond pas aux réalités visibles, immédiates, que nous avons sous les /eux 5i vousre#arde1 un des arbres qui est derrière moi, et que vous ima#ine1 une +euille de platane, ouune +euille de marronnier, la représentation que vous vous +ere1 de cette +euille, seradi++érente de chacune des +euilles du marronnier, mais elle sera sans doute plus vraie que lmarronnier peut vous montrer ses +euilles devant vous

*ense1 au /the de la caverne, pense1 aussi au Banquet de *laton, ou un très beaudialo#ue sur l!amour, *laton va nous montrer qu!on est d!abord attiré par un beau corps, puis par une belle ?me, puis par l!amour du Beau, et qu!en s!élevant ainsi dans l!abstraction desidées, on atteint une réalité beaucoup plus véridique que le monde sensible

$l / a donc di++érentes conceptions du bien, et si on pense ) une @uvre d!art qui a été peinte beaucoup plus tard, l!;cole d!"thènes de Aapha l, vous vo/e1 une nuée de philosophes, qui parta#ent une certaine conception de la téléolo#ie, une certaine conception aussi de

l!eudémonisme L!eudémonisme veut dire que ce nous +aisons c!est pour .tre heureux qunous le +aisons, et m.me qu!on 0u#e de la qualité morale d!un acte selon qu!elle nous permed!atteindre, ou de ne pas atteindre, le bonheur

ais dans cette nuée de philosophes, il / a deux personna#es centraux $l / a *laton, qui ale doi#t pointé vers le ciel, vers le ciel des idées, vers cette réalité plus vraie que celle dumonde sensible, et il / a "ristote, son disciple, son élève, qui, lui, a la main tendue vers laréalité humaine, et non pas vers le monde des idées ette ima#e vous dit quelque chose de

+ondamental !est que pour "ristote, ce n!est pas ) partir d!une conception du Bienabstraite qu!on va pouvoir concevoir la philosophie, mais c!est ) partir de la réalité de cemonde

5i "ristote raisonne ainsi, c!est, d!abord, par une ré+lexion sur la connaissance, sur le savoir"ristote n!est pas simplement un philosophe de l!éthique, ou un philosophe du politique,



c!est aussi un #rand savant Cuelqu!un qui a impré#né l!ensemble des sciences pendant desiècles 7r, "ristote sait bien que la science repose, certainement sur la raison, mais uneraison qui est une raison qui observe les phénomènes et essaie de déduire par l!observationet par la reconstruction mentale, des liaisons causales entre ces phénomènes

La science repose sur la nécessité, sur le nécessaire e que veut dire par le nécessaire, c!estque, une cause entraDne nécessairement le m.me e++et, et c!est la base des sciences 7r, poul!éthique, il ne peut pas en .tre ainsi $l ne peut pas en .tre ainsi pour une raison simple

!est que l!éthique porte sur le contin#ent, une chose est vraie pour l!un, une chose estdi++érente pour l!autre La m.me chose !est ) dire qu!on ne peut pas avoir de certitude,n!/ a pas de vérité en éthique, il n!/ aura que des approximations

(onc, on ne pourra pas penser l!éthique comme on pense les sciences $l n!/ a pas de+ondement scienti+ique ) l!éthique 7n va +lairer, t?tonner, essa/er par approximation dedéterminer ce qui est bien, en sachant que ce qui est bien pour l!un est peut-.tre mal pour l!autre, ou en tous les cas, di++érent pour l!autre L!éthique donc n!est pas un domaiscienti+ique qui reposerait sur la connaissance du vrai

L!éthique n!est pas, non plus, un art ou une technique, parce que l!art ou la technique produitdes ob0ets, repose sur un savoir-+aire, or l!éthique, elle, ne produit rien e n!est pas ) part

de ce qu!elle produit qu!on va pouvoir 0u#er de la qualité de ce qu!elle est, mais ) partir decelui qui la produit, de l!a#ent, du su0et &st-ce que cette personne est une personne dBien9 &st-ce que c!est un homme ou une +emme de Bien9 &st-ce que c!est une personn bonne9 !est l), la di++érence de l!éthique, et de l!art ou de la technique

(onc, pour "ristote, l!éthique n!est ni une science, ni un savoir-+aire, un art ou unetechnique, l!éthique est bien entièrement concentrée sur l!action, sur ce qui est +ait, pas surdes spéculations, mais sur ce qui est +ait en rapport avec la personne bonne

!est ça que vous deve1 retenir pour cette première séquence

Qu’est-ce que le bien ?



"ristote aurait certainement beaucoup aimé que nous tournions cette séquence qui vaessa/er de déterminer quel est le bien, quel est le sens du bien en cet endroit précis*ourquoi9 *arce que nous sommes ici dans un ancien 0ardin botanique, la nature / estomniprésente Nous sommes devant l!université, un lieu oE on va essa/er de ré+léchir ausens précisément de ce que peut apporter la raison dans les di++érents domaines du savoir e puis parce que nous sommes ici devant le buste de Jean *ia#et

Jean *ia#et qui est un des pères de la ps/cholo#ie moderne &t vous vous en souvene1, il /a che1 "ristote une ps/cholo#ie, une ps/cholo#ie qui détermine les parties de l!?me quivont entrer en li#ne de compte pour penser l!éthique L!éthique d!"ristote est donc, vousvous en souvene1, une éthique téléolo#ique, qui vise un but

&lle est une éthique eudémoniste, ce but, c!est le bonheur et elle s!appuie sur une ps/cholo#ie Nous devons parler maintenant de la méthode d!"ristote ette méthode esttout d!abord une méthode inductive "lors que d!autres philosophies partent d!un #rand principe et déduisent de ce #rand principe ses applications pratiques, "ristote, lui, va partir de ce qui est $l va partir de la nature

Cu!est-ce que nous vo/ons dans la nature9 Cu!est-ce que nous vo/ons dans le c/cle dessaisons9 $l va partir aussi de l!exercice du lan#a#e Cue disons-nous quand nous dison

dans les di++érentes lan#ues, dans les di++érentes cités qu!un comportement est bon, qu!uaction est 0uste9 5a philosophie est aussi une philosophie qui n!est pas simplementinductive, mais qui est dialectique

(ialectique veut dire quoi9 &lle est veut dire qu!on doit prendre en considération des chosesqui apparemment disent le contraire les unes des autres, mais qui peut .tre toutes et /compris dans leur opposition, disent quelque chose d!important *ar exemple, en venant ici 0!entendais une 0eune +ille qui disait ) une de ses copines, 0!ai dit ) ma mère que le but de m

vie serait de #a#ner de l!ar#ent%oil) une assertion, une assertion qu!"ristote dirait simplement non-ar#umentée, uneconviction, une conviction que le but de la vie, c!est de #a#ner de l!ar#ent 6 cetteconviction qui est souvent l!opinion de la +oule



L!opinion de la +oule que le bonheur, eh bien, c!est le plaisir ou c!est la richesse, ou c!est lsanté &h bien, on doit mettre en contraste l!opinion des sa#es, des philosophes, des platoniciens en particulier ou des sto<ciens qui eux vont dire que pas du tout, le bonheur n!arien ) voir, ) +aire avec le plaisir ou avec la richesse et que le bonheur, c!est tout ) +ait autrechose

Les uns et les autres ont des opinions contradictoires &t pourtant, "ristote, par sa méthodedialectique va chercher ) retenir ce que les uns et les autres disent en réalité de vrai *our cela, il va considérer que lorsque nous +aisons quelque chose, e++ectivement, nous le +aisondans un but et que la 0eune +ille a raison de se +ixer un but ) sa vie haque +ois que nouentreprenons quelque chose, nous le +aisons dans un but précis

*ourquoi suive1-vous ce 77 9 *eut-.tre parce que vous voule1 vous cultiver *eut-.treaussi parce que vous voule1 vous per+ectionner dans votre propre vie éthique, *eut-.treaussi parce que vous voule1 +aire des études *ourquoi voule1-vous +aire des études9 (ansun autre but, dans un but pro+essionnel, par exemple

$l / a donc non seulement l!idée que chaque chose que nous +aisons, nous la +aisons dans un but, mais qu!il / a un emboDtement de ces buts Une architectonique des biens, dira"ristote, que chaque bien renvoie ) un autre bien &t que s!il / a un sens au bien supr.me,

au souverain bien, au bonheur, c!est un bien qui a sa complétude en lui-m.me, qui nerenvoie ) aucun autre bien

La 0eune +ille qui pense que l!ar#ent est le but de sa vie se trompe parce que l!ar#ent commle plaisir n!est qu!un but intermédiaire L!ar#ent nous permet d!obtenir d!autres choses donc, ne peut pas .tre le but +inal Le plaisir, de la m.me manière, appelle un plaisir plus#rand ou une répétition du plaisir, donc le plaisir ne peut pas .tre le but

ais ) l!inverse, les sa#es platoniciens et sto<ciens qui vous disent que l!ar#ent n!entre en

rien en li#ne de compte se trompent aussi *ourquoi9 *arce que l!idéal de bonheur qu!ils proposent est souvent sans portée $l n!a pas de sens pour les #ens et s!il a un sens, il essouvent inaccessible &t puis, les sa#es proposent quelque chose qui ne tient pas compte dela contin#ence de la vie Notre vie n!est pas divine, elle ne peut 0amais .tre absolumentréussie



Nous devons nous contenter de nous tenir dans la contin#ence de la vie "ristote est un très bon mo/en, un très bon antidote contre les philosophies absolues, contre les philosophiesdo#matiques $l +aut se tenir sur une voie modeste oE l!on construit son existence dans l bonheur d!une vie qui est une vie qui se tient dans les contin#ences de la vie Les sa#es ontdonc tort eux aussi 5i le plaisir n!est pas le bien, une vie par+aitement heureuse demande du plaisir, demande de l!ar#ent, demande d!accepter la matérialité de l!existence

%ous vo/e1, cette méthode dialectique permet ) "ristote de donner raison et tort ) la +ouleet aux sa#es par cette philosophie modeste Un autre point maintenant important pour "ristote pour s!approcher de cette dé+inition du bien ou du bonheur, c!est d!ouvrir les /eux,re#arder cette nature, re#arder ces arbres

Cue veulent-ils9 Cuel but poursuivent-ils9 Une vie de croissance, une vie qui sera réussie sielle produit du +ruit, si elle permet ) chacune de ses espèces de se reproduire !est le but detoute la vie vé#étale &t il / a quelque chose de vé#étal en nous qui lui aussi veut croDtreveut se reproduire, veut assurer sa descendance

ais ça ne peut pas .tre le but spéci+ique de l!.tre humain 5i on vo/ait aussi des animaux,des chevaux, des chiens, on s!apercevrait qu’eux aussi poursuivent un but di++érent, ) vradire, de celui des vé#étaux Le chien pré+ère .tre au chaud l!hiver, il pré+ère avoir une

bonne p?tée $l pré+ère avoir l!a++ection de sa meute ou de son maDtre $l / a che1 le cune vie qui n!est pas simplement vé#étative, mais une vie qu!"ristote appelle sensitive $lveut la satis+action de ses sens &t il / a che1 nous aussi quelque chose de cette viesensitive

ais ça ne peut pas .tre le but de la vie humaine, parce que ça n!est pas notre bienspéci+ique "ristote va alors chercher ce qui est spéci+ique (ans la diversité des plantesdans la diversité du vivant, chacun occupe sa place Cuelle est la place spéci+ique de l!.tre

humain9 &t "ristote va conclure que ce qui nous est spéci+ique par rapport au reste duvivant c!est de pouvoir choisir notre vie, de pouvoir déterminer quel est le but de notreexistence et suivre ce but

La plante ne choisit pas, l!animal ne choisit pas non plus aux #uerres Nous, nous pouvonschoisir &t parce que nous pouvons choisir, une vie heureuse sera nécessairement une vie



qui se rapportera ) la partie rationnelle de notre ?me, pas ) la partie scienti+ique qui cherchela vérité, mais ) la partie t?tonnante, la partie de la prudence, la partie de la rationalité pratique qui cherchera ) trouver sa voie en accord avec elle-m.me, en accord avec laraison e sera une des #randes réponses d!"ristote aintenant, on peut encore avancer plus loin et se dire que ce qui pour nous est le but, c!est de vivre en accord avec cetterationalité

%oil) ce que dit "ristote Le simple +ait de vivre est de toute évidence une chose quel’homme parta#e en commun m.me avec les vé#étaux F or ce que nous recherchons, c’estce qui est propre ) l’homme Nous devons donc laisser de c8té la vie de nutrition et la viede croissance

%iendrait ensuite la vie sensitive, mais celle-l) encore apparaDt commune avec le cheval, le b@u+ et tous les animaux Aeste donc une certaine vie pratique de la partie rationnelle dl’?me, partie qui peut .tre envisa#ée d’une part au sens oE elle est soumise ) la raison, et,d’autre part, au sens oE elle possède la raison et l’exercice de la pensée

Le but, c!est donc une certaine vie pratique de la partie rationnelle de l!?me, pas n!importequelle vie pratique de la partie rationnelle de l!?me, certaines vies, une vie que nous auronschoisie, une vie qui nous correspondra, une vie qui sera la n8tre en +onction de notre propre

qu.te du bonheur

La vertu

Un cheval est un bon cheval, dit "ristote, non seulement lorsqu!il a tout ce qu!il +aut pour +aire un bon cheval, mais lorsqu!il sert bien son cavalier pour la course ou pour +aire +ace l!ennemi 6 travers cette citation, "ristote nous indique qu!un bon cheval ne l!est passimplement, par ses capacités, mais par l!exercice de ses capacités et que, en réalité, il nes!a#it pas simplement d!.tre un bon cheval, mais d!.tre un excellent cheval, apte )développer dans l!action les di++érentes choses qu!on attend de lui

e qui est vrai pour le cheval, l!est aussi du musicien $l ne s!a#it pas simplement d!avoitout ce qu!il +aut pour .tre un bon musicien, mais il s!a#it d!exercer son talent de musicien,de l!exercer de manière excellente pour .tre, +inalement, un virtuose de la musique ette



idée, la virtuosité, nous permet d!introduire un des concepts les plus essentiels d!"ristote : lavertu

La vertu c!est la virtuosité et cette virtuosité peut, en réalité, toucher deux +acultés de l!?me

deux éléments de cette ps/cholo#ie que nous avons évoqué d!"ristote, d!une part lavirtuosité de la raison pratique d!autre part la virtuosité du désir de l!homme, lorsqu!ilécoute précisément cette raison pratique es deux t/pes de vertus nous allons les voir successivement

Le premier t/pe de vertu "ristote et la tradition aristotélicienne, après lui, va l!appeler la prudence Lorsque nous disons de quelqu!un communément qu!il est prudent, cela veut dirqu!il évite de s!exposer ) un dan#er Ga n!est pas du tout ça le sens qu’"ristote donne ) la

prudence La prudence c!est plut8t la circonspection!est plut8t l!attitude de celui qui hésite comment a#ir $l hésite, parce qu!il cherche l

bonne attitude *our comprendre ce qu!est la prudence, "ristote commence ) nous dire qu!il+aut, tout simplement, que nous re#ardions les hommes ou les +emmes de bien, que nousadmirons 5ans doute avant de nous rencontrer, au cours de notre existence, l!une ou l!autre personne, dont nous estimons que vraiment cette personne était quelqu!un de bien

7r, que +aisait cette personne9 Cu’admirons-nous dans cette personne9 *as, en réalité

tellement son savoir $l peut / avoir des #ens très savants, que nous n!admirons pas e qunous admirons en eux c!est plut8t leur attitude, leur manière de se comporter, leur manièreconstante de se comporter, ce qu’"ristote va appeler leur caractère

7r, ce qu!une personne de bien +ait, c!est qu!elle sait, dans chaque circonstance, trouver la bonne manière d!a#ir &lle ne +ait ni trop, ni trop peu &lle sait précisément quelle attitutenir e qu!on voit aussi ce que cette personne, cet homme ou cette +emme de bien, a unl!ensemble de ses +acultés, l!ensemble de son caractère : ses sentiments, son intelli#ence, sa

connaissance des #ens et des situations, qu!elle sait uni+ier tout ça, que lorsqu!elle a#itcomme père de +amille ou comme mère de +amille, lorsqu!elle a#it comme ami, lorsqu!ellea#it comme pro+essionnel, lorsqu!elle a#it comme membre d!un parti politique ou d!uneé#lise ou, que sais-0e, elle est la m.me &lle trouve une constance dans ce qu!elle est &lleconstruit une personnalité morale



ela, pour "ristote, +ait ré+érence ) la prudence, nous permet de comprendre ce qu!est la prudence !est quelqu!un qui a développé son intelli#ence pratique de telle manière qu!etoute circonstance il peut avoir une bonne rè#le pour son action ette rè#le de l!action, quiest indiqué par la prudence, n!est pas quelque chose comme un principe +ixe, comme unethéorie !est plut8t une rè#le, qui va m!indiquer, dans chaque circonstance, quelle conduitetenir

!est une rè#le souple, c!est une rè#le adaptable, c!est une rè#le pratique ela pour "ristoteva nous dire quelque chose d!essentiel sur l!éthique, l!éthique va reposer sur la raison pratique omme le dit un philosophe contemporain, les vertus, et, en ce sens-l), la prudence, permet d!uni+ier la personne, permet de comprendre ce qu!est une bonne personne (!oE cette première dé+inition de la vertu que va donner "ristote

La vertu est une disposition ) a#ir d!une +açon délibérée, consistant dans une mo/enne HoumédietéI relative ) nous, laquelle est rationnellement déterminée et comme la détermineraitl!homme prudent ais c!est une mo/enne, entre deux vices, l!un par excès, l!autre pardé+aut &t cela tient au +ait que certains vices sont au-dessous et d!autres au-dessus de cqu!il +aut dans les a++ections et les actions, tandis que la vertu découvre et choisit le 0ustmilieu

7n le voit par cette citation, "ristote va dé+inir la prudence dans un deuxième temps, passimplement en ré+érence ) l!homme ou ) la +emme prudente, mais il va la dé+inir commeune mo/enne, comme une médiété, unemesotes , en #rec

ette mo/enne, ce n!est pas un milieu arithmétique comme six est le milieu entre 1éro etdix !est une mo/enne relative ) la situation et relative ) chacun hacun va déterminer cequi, pour lui, est le milieu entre deux excès L!exemple que donne "ristote est celui ducoura#e (u coura#e du soldat +ace ) l!ennemi 5!il est excessi+, le soldat pourra .tre l?ch

et se dérober devant l!ennemi 5!il est excessi+ aussi, le soldat pourra .tre téméraire etexposer inutilement sa vie et son armée ) l!ennemi Le coura#e sera le milieu, ce 0ustemilieu entre la témérité et la l?cheté, l!un des vices l!est par excès, l!autre l!est par dé+aut, l 0uste milieu est ce qui indique la vertu



e qu!il +aut bien comprendre c!est que cette, ce 0uste milieu, cette vertu que nous indique l prudence, cette vertu est relative ) chacun d!entre nous &t c!est l) peut-.tre un des points le plus importants d!"ristote, c!est que pour lui la conduite morale, la conduite éthique,dépend de chacun %oil) ce qu!il dit $l le dit ) propos de l!alimentation, des #/mnastes

5i pour la nourriture de tel individu un poids de =K mines est beaucoup et un poids de mines est peu, il ne s!ensuit pas que le maDtre de #/mnase prescrira un poids de M mines, cacette quantité est peut-.tre aussi beaucoup pour la personne qui l!absorbera ou peu : pour

ilon qui man#eait, dit-on, un boeu+ par 0ourO, ce sera peu, et pour un débutant dans lesexercices du #/mnase, beaucoup $l en est de m.me pour la course et la lutte !est dès lorsainsi que l!homme versé dans une discipline quelconque évite l!excès et le dé+aut !est lmo/en qu!il recherche et qu!il choisit, mais ce mo/en n!est pas celui de la chose, c!est celuiqui est relati+ ) nous P

(onc, c!est relativement ) chacun que se déterminera la vertu aintenant, qu!en est-il desvertus morales9 Les vertus morales correspondent pour "ristote au désir, dans chaquesituation, qui va trouver par la prudence son 0uste milieu $l / a pour "ristote certainesvertus morales plus importantes que d!autres

$l hérite, ) vrai dire, de cette idée de *laton, qu!il / a des vertus cardinales Les vertus

cardinales eh bien c!est comme, comme pour les points cardinaux, ce sont les points derepère les plus importants La première de ces vertus cardinales, c!est la prudence précisément ais il / a ensuite deux vertus cardinales qui vont nous intéresser ici

(!une part, ce qu!il va appeler la tempérance, d!autre part ce qu!il va appeler la +orce Ltempérance, eh bien, ce sera la vertu, qui lorsque 0e suis dans une situation d!excès parceque 0!ai beaucoup de plaisir et beaucoup de biens, va me permettre de mesurer, de diminuer peut-.tre un peu ma 0ouissance, pour que 0e ne me perde pas dans mes biens 6 l!opposé, la

+orce ou le coura#e ce sera une manière, lorsque 0e suis dans le manque, dans le dé+aut, dtrouver une manière de tenir, une manière de ne pas mai#rir, de ne pas devenir amer, parceque 0e n!ai pas les biens que 0e r.verais de posséder



La tempérance et la +orce, vont .tre ainsi deux manières pratiques, #uidées par la prudence,de tenir compte de la situation réelle des #ens soit qu!ils soient dans l!abondance, soit qu!ilssoient dans le dé+aut

Lecons ecrites

Documents

Transcript of Lecons ecrites