Lecons de Logique

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    Abb A. Robert

    Leons de logique

    Collection du domaine public de laFondation littraire Fleur de Lys

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    Collection du domaine public de la

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    Leons de logique, Abb Arthur Robert,Fondation littraire Fleur de Lys, Laval,Qubec, 2009, 236 pages.

    dit par la Fondation littraire Fleur de Lys, organisme but non lucratif, diteur libraire francophone en lignesur Internet.

    Adresse lectronique : [email protected] Internet : http://manuscritdepot.com/

    Le texte de ce livre est du domaine public, mis partNotes de ldition et Au sujet de lauteur.

    Tous droits rservs sur cette rdition faite par la Fon-dation littraire Fleur de Lys. Toute reproduction de ce

    livre, en totalit ou en partie, par quelque moyen que cesoit, est interdite sans lautorisation crite de la Fonda-tion littraire Fleur de Lys. La reproduction dun extraitquelconque de ce livre, par quelque moyen que ce soit,tant lectronique que mcanique, et en particulier par

    photocopie et par microfilm, est interdite sans lautorisa-tion crite de la Fondation littraire Fleur de Lys.

    Disponible en version numrique et papier

    ISBN 978-2-89612-315-5

    Copyright 2009 Notes de lditeur

    Copyright 2009 Au sujet de lauteur, Rpertoire destoponymes Ville de Qubec

    Dpt lgal 4e trimestre 2009

    Bibliothque et archives nationales du Canada

    Imprim la demande au Qubec.

    mailto:[email protected]://manuscritdepot.com/http://manuscritdepot.com/mailto:[email protected]
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    NOTES DE LDITEUR

    O est passe la logique ? la poubelle,tout simplement, comme un vieux manuel scolaire.Car la logique ne tombe pas du ciel. Il faut len-seigner. Or, au Qubec, lenseignement de la logi-que a pris le bord lors du grand mnage de laRvolution tranquille au cours des annes 60. Parceque la logique alors au programme se rfrait lareligion catholique, la logique est disparue dans letourbillon de la modernisation, comme on jette le

    bb avec leau du bain. Aujourdhui, on la cherchepartout sans succs, do lurgence de remettre encirculationLeons de logique, un petit manuel sco-laire, purement qubcois, dont la toute premire

    dition remonte 1914.Jai mis la main sur un exemplaire de la hui-time dition (1940) de ce petit livre sur les rayonsde laBouquinerie du bonheur Lvis pour la modi-que somme de 1.00$ il y a plus dune dizainedannes.

    Jy avais tout dabord dcouvert un vieuxmanuel scolaire de stylistique franaise dont je ne

    comprenais pas le retrait des coles. Vous savez, legenre de livre dont on dit : Ah ! Si javais eu ce

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    http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_tranquillehttp://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_tranquille
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    manuel lors de mes tudes, tout aurait t plus sim-ple.La lecture de ce livre ma fait prendre cons-

    cience que la priode dite de Grande noirceur, celleprcdant la Rvolution tranquille, ne mritait passa rputation en tous lieux et en toutes circonstan-ces. Personnellement, je croyais que la meilleureconnaissance devait obligatoirement dater de

    lanne en cours, mis part les Grands classiquesde la littrature. lpoque, je considrais les pu-

    blications des annes 60 comme dsutes, alorspour qui tait de celles des annes prcdentes, ellesdemeuraient mes yeux un simple objet de collec-tionneurs.

    Toujours est-il que le manuel de stylistiquefranaise veilla en moi un doute sur ma perception

    du pass. Et avec la dcouverte de Leons de logi-que, les annes 50 mapparurent non plus commeun temps rvolu mais comme le meilleur aboutis-sement historique de la connaissance humaine. Onretrouve, notamment mais pas exclusivement, dansles livres scolaires de ces annes-l lexpression dusavoir accumul par lHomme depuis plus de 2,000ans, un savoir en lien avec son pass et son volu-tion, bref une certaine sagesse.

    Avec la Rvolution tranquille, tout (oupresque tout) fut rinvent de A Z, comme si rien(de bon) navait jamais exist auparavant. Ainsi, leslivres de connaissances publis depuis les annes 60se concentrent avant tout sur le prsent, et ce, dansune reformulation si audacieuse et astucieuse du

    savoir quon a limpression que tout le monde avant

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    http://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Noirceurhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Noirceur
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    nous sest tromp, que seules les dcouvertes dumoment comptent.videmment, la quasi-haine de la religion

    catholique, accuse davoir tenu volontairement lebon peuple dans lignorance et sous son joug moral,a jou un rle de premier plan dans la refonte de laconnaissance enseigne dans nos coles. LaRvolution tranquille trouvera dans cette vritable

    catharsis religieuse un moteur essentiel sonsuccs.

    Encore aujourdhui, plusieurs jeunes desannes 60 et 70 vouent une haine aveugle lareligion, voire toute religion. Jai eu droit cecommentaire de lun deux la suite de sa lecturede Leons de logique : J'ai trouv a d'un ennuimortel et compltement dpass. Il ma fallu une

    bonne heure au tlphone pour me rendre compteque les rfrences de lauteur la religioncatholique (dont plusieurs au pape lui-mme)lobnubilrent ce point quil passa ct delessentiel, les rouages de la logique exposs dansce livre.

    Vous apprcierez Leons de logiqueuniquement si vous avez rgl la question de lareligion voire de la spiritualit dans votre vie.Autrement, vos motions, ngatives ou positives,gagneront sur la raison.

    Il faut comprendre que lauteur de Leons delogique est un religieux, lAbb Arthur Robert. Lesrfrences quil comprend le mieux pour enseignerla logique sont donc dordre religieux. Un lac

    enseignerait les mmes leons avec dautresrfrences.

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    pas aux tudiants en philosophie dans lessminaires et, les collges classiquesLe petit volume que nous prsentons au

    public a surtout pour but de mettre la philosophiearistotlicienne et thomiste la porte des lvesdes cours acadmiques des coles Normales et desCouvents, et aussi, de la classe instruite engnral.

    Les diteurs nous informent que le livre seretrouve mme au primaire : Nous remercionssincrement les maisons d'enseignement primaire,voire secondaire, qui ont adopt ce petit manuelcomme texte de leur enseignement. (VoirlAvertissement la suite de lAvant-propos).

    Pour cette rdition, nous avons conserv lamise en page originale et la numrotation des

    leons, 290 au total, pour prserver la facilit deconsultation de louvrage.

    La Fondation littraire Fleur de Lys aura eule mrite de la numrisation de cet ouvrage et dedevancer Google Livres dans sa mise dispositionsur le web.

    Bonne lecture !

    Serge-Andr Guay, prsident diteurFondation littraire Fleur de Lys

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    AU SUJET DE LAUTEUR

    Originaire de Beauport, Arthur Robert(1876-1939) tudie au Petit Sminaire puis auGrand Sminaire de Qubec. Aprs son ordination,en 1902, il enseigne la philosophie l'UniversitLaval pendant trois ans et se rend ensuite en Eu-rope, plus prcisment Rome et Louvain, pour y

    poursuivre des tudes. De retour en 1907, il renoueavec l'enseignement, auquel il consacrera la plus

    grande partie de sa vie. Entre 1918 et 1939, il oc-cupe plusieurs postes importants, dont ceux de su-prieur du Petit Sminaire, doyen de la Facult dethologie, suprieur du Grand Sminaire et recteurde l'Universit Laval. Il est nomm en 1933 cha-noine honoraire du chapitre mtropolitaire et, en1938, protonotaire apostolique. Peu de temps aprscette nomination, il est admis l'Htel-Dieu de

    Qubec, o il s'teint quelques mois plus tard. MgrRobert a laiss plusieurs ouvrages d'rudition dontHistoire de la philosophie, Leons de logique etLeons de psychologie, sans compter de nombreuxarticles de revue.

    Source : Rpertoire des toponymes Ville de Qubec.http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/ru

    es/mgr_robert.shtml

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    http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/mgr_robert.shtmlhttp://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/mgr_robert.shtmlhttp://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/mgr_robert.shtmlhttp://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/mgr_robert.shtml
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    Notes

    Mgr Arthur Robert a donn son nom un parc danslarrondissement Beauport de la Ville de Qubecvers 1962. Ce par est situ prs dune cole dumme nom.

    Mgr Arthur Robert fut le 14e recteur de lUniversit

    Laval (1938-1939).

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    ABB ARTHURROBERTPROFESSEUR LUNIVERSIT LAVAL

    __________________________

    LEONDE

    LOGIQUEHUITIME DITION

    Cet ouvrage a t approuv par le Comit catholique du Conseil delInstruction Publique, le 23 septembre 1914, pour les lvesdu cours acadmique des coles Normales et les candidats

    au brevet acadmique du Bureau dexaminateurs.

    LA LIBRAIRIE DE LACTION SOCIALE CATHOLIQUE

    QUBEC

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    Nihil obstat:

    Bruno DESROCHERS, pter,

    Censor.

    _________

    Imprimatur:J.-M.-Roderieus Card. VILLENEUVE, O.M.I.,

    Archpus Quebecen.

    Quebeci, die prima Aprilis. 1940.__________________________________________

    DROITS RSERVS, CANADA, 1914

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    AVANT-PROPOS

    Ces LEONS DE LOGIQUE nous tenons le dclarer, ne s'adressent pas aux tudiants en phi-losophie dans les sminaires et, les collges classi-ques

    Le petit volume que nous prsentons au pu-blic a surtout pour but de mettre la philosophiearistotlicienne et thomiste la porte des lvesdes cours acadmiques des coles Normales et desCouvents, et aussi, de la classe instruite en gnral.

    Les manuels de philosophie en franais nemanquent pas. Mais la plupart pour ne pas diretous ne rpondent pas au programme de notreenseignement primaire. Les uns, trop volumineux,

    les autres, moins considrables part de noblesexceptions ne sont pas toujours conformes auximmortels principes de la philosophie scolastique sisouvent recommande par les papes.

    Sans avoir la prtention de combler une la-cune, notre travail, nous l'esprons, sera de nature rendre quelques services aux instituteurs et insti-tutrices, religieux ou laques, qui se dvouent avec

    tant d'intelligence et de savoir-faire l'ducation dela jeunesse.

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    LEONS DE LOGIQUE

    Est-il besoin de dire que ces LEONS expo-sent dans un ordre peu diffrent la matire qui faitl'objet de tous les manuels de philosophie scolasti-que. Notre seul mrite est d'avoir condens, rsumle plus clairement possible la doctrine que l'on ren-contre chez la plupart des auteurs.

    Font suite ce court trait des LEONS DEPSYCHOLOGIE et des LEONS DE MORALE

    qui ont aussi reu du public le plus bienveillantaccueil.

    Nous n'avons qu'une seule ambition : c'estde voir plus connue et mieux apprcie la philoso-phie traditionnelle, la SEULE vraie, puisqueSEULE, elle rsout avec satisfaction les gravesproblmes qui intressent l'humanit.

    A. R.

    __________

    AVERTISSEMENT

    La premire dition des LEONS DE LOGIQUE,parue en 1914, a rapidement fait place six autres,puises aussi en peu de temps. Cette huitime di-tion, la mme que ses sept anes, est une preuveque CES LEONS rpondent vraiment un besoin.Nous remercions sincrement les maisons d'ensei-gnement primaire, voire secondaire, qui ont adoptce petit manuel comme texte de leur enseignement.

    Les diteurs

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    INTRODUCTION

    1. Dfinition de la philosophie. La philosophie

    est la science de toutes choses par leurs causesultimes.

    La philosophie est une science. Le propre de lascience est de chercher les causes des choses, d'entudier les principes intrinsques et d'en dcouvrirles fins. La simple connaissance, au contraire, estsuperficielle, elle ne s'arrte qu' la constatation des

    faits sans en dire lepourquoi. Aussi bien est-elle lepartage de tout le monde, tandis que la science est leprivilge du petit nombre. A tous il est possibled'observerune clipse de soleil, mais peu en ont lascience. La philosophie ralise admirablement cesconditions. Les vrits qu'elle enseigne, elle ne secontente pas seulement de les noncer, mais elle lesdmontre, elle en donne le pourquoi, les causes.

    Science acquise par lesseules lumires de la raison,la philosophie se distingue de la thologie qui a

    pour fondement les vrits de la foi.

    La philosophie contrairement aux autres scien-ces ne s'occupe pas seulement d'une classed'tres en particulier ou d'une seule chose ; elle em-

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    brasse l'universalit des tres, l'ensemble des chosespour en trouver les causes.

    Et ces causes qu'elle cherche, ce sont les causesultimes. Les autres sciences s'arrtent aux raisonsprochaines et immdiates, la philosophie remonteaux premiers principes, aux raisons les plus simpleset les plus gnrales.

    2. Objet de la philosophie. L'objet d'une scienceest matriel et formel. Comme son nom l'indique,l'objet matrielest ce qui fait la matire des recher-ches d'une science. Ainsi l'ensemble des chosesconstitue l'objet matrielde la philosophie. Mais le

    philosophe tudie l'universalit des tres, l'ensembledes choses ce point de vue spcial, qu'il en veut

    connatre les causes ultimes. Cepoint de vue spcials'appelle objet formel. Et donc les causes ultimessont l'objet formelde la philosophie.

    Ce qui spcifie une science, ce qui lui donne soncaractre distinctif, ce n'est pas son objet matrielmais bien son objet formel. Au reste, l'objet mat-riel est souvent le mme pour diffrentes sciences.Les corps sont la matire de la physique et de lachimie : celle-ci tudie leur composition intrins-que, celle-l considre leur mouvement. C'est doncle point de vue spcial (objet formel) de leurs re-cherches qui distingue ces deux sciences.

    3. Utilit de la philosophie. La SALUTAIRE

    INFLUENCE que la philosophie exerce et sur lesindividus et sur la socit, les PRCIEUX AVAN-

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    INTRODUCTION

    TAGES qu'elle procure et aux sciences et la reli-gion chrtienne, prouvent sa grande utilit.

    A. INFLUENCE DE LA PHLOSOPHIE. 1) Surles individus. L'intelligence et l volont sont lesdeux plus nobles facults de l'homme : l'une tendvers le vrai (intelligence), l'autre, vers le bien (vo-lont). Et la science qui permet chacune de ces

    deux facults d'atteindre son objet plusfacilementetplus srement, lui est certainement profitable. Or,tel est le rle de la philosophie. En donnant l'esprithumain les rgles pour bien juger et bien raisonner,non seulement elle lui montre le chemin qui conduit la vrit, mais, de plus, elle le met en possessiondes moyens capables de lui faire surmonter les obs-tacles qu'il rencontrera sur la route. Faut-il ajouter,

    que, grce la philosophie, l'intelligence acquiertbeaucoup de connaissances. Nest-ce pas l ungrand avantage ? Aussi bien la recherche des causesdernires est encore pour elle une excellente gym-nastique qui lui fait contracter peu peu l'habitudede la rflexion. Quant la volont, elle subit la di-rection de l'intelligence. Nous voulons bien ou malsuivant que nos ides sont bonnes ou mauvaises.C'est la philosophie qui fournit l'intelligence lessaines notions que l'homme fait passer dans ses ac-tes. 2) Sur la socit. En exerant sa salutaireinfluence sur les individus, la philosophie ne peutmanquer datteindre la socit, parce que celle-ci estun tout dont les individus sont les parties. Ausurplus, telle vie, telles moeurs. Cet adage est en-

    core plus vrai pour la socit que pour les individus.Certes, en elles-mmes, dans leur forme abstraite,

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    les ides ne sont gure contagieuses, mais, elles seconcrtisent dans le journal, dans le livre, et ainsipntrent dans les foules qui l'exprience leprouve vont toujours au bout de leurs principes.Comme l'crit Lamennais dans sonEssai sur l'indif-frence, tout sort des doctrines : les murs, lalittrature, les constitutions, les lois, la flicit destats et leurs dsastres, la civilisation, la barbarie et

    ces crises effrayantes qui emportent les peuples oules renouvellent . C'est pourquoi, si l'on veut com-

    prendre l'histoire d'un peuple, que l'on examine biensa philosophie.

    B. AVANTAGES DE LA PHILOSOPHIE. 1)Pour les sciences. Ces avantages sont gnraux etspciaux, selon qu'ils sont propres toutes les

    sciences ou chacune d'elles. y) Avantages gn-raux. Les sciences supposent certains principes,certaines notions fondamentales qui sont commeleurs bases. Ces principes, ces notions, c'est la phi-losophie qui les fournit. Tels sont les principesd'identit: ce qui est, est: le principe de contradic-tion : une chose ne peut pas tre et n'tre pas enmme temps; le principe de causalit: tout effet aune cause.z)Avantages spciaux. Les sciences ma-thmatiques, les sciences physiques, les sciencesnaturelles, les sciences morales et sociales sont aus-si tributaires de la philosophie. Celle-ci en effet, ditau mathmaticien ce qu'est l'tendue, le nombre, laquantit; elle enseigne au physicien les notions desubstance, de cause et de loi; au gologue et au zoo-

    logiste elle donne la dfinition de la vie, du genre etde l'espce; enfin, elle initie le moraliste et le socio-

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    INTRODUCTION

    logue aux ides de bien, de devoir, de libert etd'autorit.

    Qui contestera les services prcieux que la philoso-phie rend au mdecin, l'orateur, l'crivain et l'homme dtat ? cause de l'union intime quiexiste entre le corps et l'me, la psychologie vientau secours de la science mdicale. Et le mdecin,

    pour russir dans ses traitements, devra tre au cou-rant de l'influence du moral sur le physique et rci-

    proquement; par exemple, il devra connatre le rlede l'imagination et des passions auprs du systmenerveux et du cerveau. C'est pourquoi Bacon avaitcoutume de lire que la mdecine non base sur la

    philosophie est une bien petite chose ; et Leibnizformait des vux pour que les mdecins philoso-

    phassent ou que les philosophes mdicinassent .

    Pour convaincre, plaire et persuader, l'orateur doitconnatre les lois du raisonnement (logique) et lemcanisme des passions (psychologie). Quantl'crivain, avant que d'crire, il doit apprendre

    penser. Or l'art de penser, c'est la logique qui l'en-seigne. Et la morale montrera l'homme d'tat, au

    politique, la science si difficile du gouvernement(1). 2) Pour la religion chrtienne. La philoso-

    phie dmontre les vrits qui sont lesprambules dela foi, telles l'existence de Dieu, l'immortalit del'me. Ces vrits, solidement prouves, acheminentl'esprit vers la croyance aux dogmes de foi. Ellefait voir aussi tout le bien-fond de nos mystres en

    1 cfr. Lahr, Philosophie, T. I., pp. 8, 9, 10.

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    expliquant qu'ils sont non contraires mais au-dessus de l'humaine raison. Comme la plupartdes objections contre le christianisme viennent dessophismes courants, lesquels ne sont, ni plus nimoins, que de fausses dfinitions, la philosophierend encore un signal service la religion en resti-tuant aux vrits leur saine et juste notion.

    4. Divisions de la philosophie. La philosophiecomprend trois parties qui sont la logique, la mta-physique et la morale.

    L'ensemble des tres, l'universalit des choses, objetmatriel de la philosophie (2), peut se diviser entrois classes. Il y a d'abord les tres de la nature quiexistent indpendamment de nous. Ces tres, nous

    les tudions, nous ne lesproduisons pas. La recher-che du dernierpourquoi de cette ralit dont nousne sommes pas les auteurs, s'appelle philosophiespculative, relle. Viennent ensuite les tres quidpendentde nous, que nous produisons, que nouspratiquons. L'tude approfondie de ces tres senommephilosophie pratique.

    La philosophie comprend donc deux parties : 1aphilosophie spculative et la philosophie pratique.La philosophie spculative s'appelle mtaphysique.La philosophie pratique, se partage en deux grou-

    pes: Logique et Morale. En effet, ces tres dontnous sommes les auteurs, sont les actes de l'intelli-gence (Logique) et de la volont (Morale).

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    LOGIQUEOU

    PHILOSOPHIE RATIONNELLE

    5. Dfinition de la logique. La logique est unescience ou un art qui dirige les oprations de l'es-prit humain dans la recherche du vrai.

    6. La logique : science et art. Le propre de la

    science est de donner le pourquoi, la cause de cequ'elle affirme. Et c'est prcisment ce que fait lalogique. Elle prouve les rgles que doit suivre l'es-

    prit humain pour arriver srement la vrit, elle enprocure une connaissance causale, c'est--direscientifique. Ainsi, elle ne se contente pas d'noncerque tout bon syllogisme doit avoir seulement troistermes, quant au sens, mais, en plus, elle dmontre

    cette loi. L'art, en gnral, enseigne bien faireune chose. Il est un ensemble de rgles directricesde l'action (1) . Or la logique enseigne bien or-donner les oprations de l'esprit en vue de la vrit,elle fournit des rgles pratiques qui dirigent l'intelli-gence dans ses recherches. Elle est donc vraimentun art.

    1 Mercier, Logique p. 74.

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    LEONS DE LOGIQUE

    Cependant, l'artproprement dita pour objet les op-rations extrieures; la logique ne dirige que les actesintrieurs, les oprations de l'esprit; et, pour ce mo-tif, elle est un art improprement dit, paranalogie.

    7. La logique est une science pratique. La lo-gique a pour but la conqute du vrai. Et pour arriver cette fin, elle nonce des lois, elle formule des

    principes qu'elle applique l'esprit humain. Sonuvre, son rle est donc de conduire l'intelligence la possession de la vrit; uvre et rle certes mi-nemmentpratiques, bien diffrents de l'uvre et durle de la science spculative qui considre son ob-

    jet pour la seule satisfaction dsintresse de lecontempler, sans en faire aucun emploi.

    8. Objet de la logique. Lobjet d'une science estmatrieletformel(2). La logique, d'aprs sa dfini-tion, tudie les oprations de l'esprit humain: celles-ci sont donc la matire de ses recherches, partant,constituent son objet matriel. Les oprations del'esprit humain, la logique les considre ce pointde vue spcial qu'elle les ordonne, les adapte laconqute de la vrit. Cette ordonnabilit, cetteadaptabilit des actes de l'intelligence en vue duvrai possder sont l'objet formelde la logique.

    9. Utilit de la logique. La logique a une doubleutilit: SUBJECTIVE et OBJECTIVE. L'utilitsub-jective concerne le sujet qui se conforme aux loisfournies par cette science, c'est--dire l'esprit hu-

    main; l'utilit objective regarde l'objet vers lequeltend ce mme sujet, c'est--dire la vrit.

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    PHILOSOPHIE RATIONNELLE

    A. UTILIT SUBJECTIVE. I

    ) La logique du-que l'tre humain. duquer, c'est dvelopper, per-fectionner les facults natives d'un tre intelligent.Or la logique, par ses lois, dveloppe, perfectionnecette aptitude inne de toute intelligence recher-cher et dcouvrir la vrit. Cette aptitude naturelleest appele bon sens. Excellente gymnastique intel-lectuelle, la logique donne encore l'esprit humain

    cette clart, cette prcision, cette rigueur que l'onadmire chez les philosophes. 2) La logique ren-force notamment la puissance intellectuelle. Sansl'tude des rgles de la logique, l'esprit humain nedpasserait gure les bornes du simple bon sens, et

    partant, combien restreint serait le domaine de soninstruction. La logique fait aussi dcouvrir l'intel-ligence des aptitudes insouponnes. L'tude, en

    effet, exige des efforts, de l'attention, de la r-flexion : autant d'actes, qui arrivent d'heureuxrsultats. Que de gens, faute de culture, n'ont jamais

    pens avoir les talents qu'ils possdent rellement!

    B. UTILIT OBJECTIVE. I)La logique rend lavrit plus accessible. Sans doute le bon sens arrivesouvent la vrit. Mais ne lui est-il pas plus faciled'y atteindre lorsque les lois de la logique viennent son secours? Le voyageur qui a de bons yeux voitcertainement les obstacles sur son chemin. Seule-ment, ces obstacles, il les viteraplus facilements'ily a des poteaux indicateurs. Eh! bien, les rglesde logique sont comme des poteaux indicateurs quiforcent de voir les fosss et les fondrires, qu'on

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    n'aurait peut-tre pas remarqus sans cela (1

    ) .2

    )La logique rend la vrit plus sre. Le pourquoid'une vrit s'il est connu fait que cette mmevrit est assise sur des bases plus solides. L'clipsede lune ou de soleil, dont l'apparition attire les re-gards des mortels, est, pour l'astronome, une vritsre, ferme, qui exclut toute hsitation. Ce phno-mne n'offre pas la mme certitude celui qui

    ignore le premier mot des sciences physiques. Or lalogique apprend lepourquoi de la vrit, elle ensei-gne rsoudre l'objection et rfuter l'erreur. Grce elle la vrit est donc mieux tablie.

    Il est bon de noter cependant que sans la connais-sance des lois, d'une science et des rgles d'un art,un grand nombre de personnes peuvent avoir une

    certaine habilet dans cette science ou dans cet art.Ainsi beaucoup savent compter sans avoir jamaisappris l'arithmtique, dautres jouent un instrumentde musique sans avoir reu aucune leon. De cesfaits pouvons-nous dduire l'inutilit de la sciencemathmatique et de lart musical ? Certainementnon. Il en est de mme pour la logique.

    Au reste, la logique, comme toute science et toutart, ne doit jamais contredire le bon sens. Celui-ci demeure un prcieux instrument de contrle, tou-

    jours bon consulter, dans les questions de sa com-ptence; car, s'il a la vue un peu courte, du moinsl'a-t-il claire; et l'on peut conclure d'avance que

    1 Elie Rabier, Leon de philosophie, Logique, p. 92

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    LOGIQUE FORMELLEou

    DIALECTIQUE

    11. Dfinition de la dialectique. La dialectiqueest la science des oprations de l'esprithumain enelles-mmes et des lois qui les rgissent.

    12. Divisions de la dialectique. L'esprit humain

    a trois oprations: la simple apprhension, le juge-mentet le raisonnement. la simple apprhensionse rattachent la dfinition et la division. Le raison-nement comporte le syllogismeet ses diffrentes espces. Nous diviserons la dialec-tique en dix chapitres: Ch. I, La simple apprhen-sion; ch. II, La dfinition; ch. III, La division; ch.IV, Le jugement; ch. V, VI, VII, VIII, IX, X. Le

    raisonnement.

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    CHAPITRE PREMIER

    LA SIMPLE APPRHENSION

    13. Dfinition de la simple apprhension. Lasimple apprhension est l'opration par laquellel'intelligence peroit l'essence d'une chose sansaffirmer et sans nier quoi que ce soit de cette es-

    sence.Cette premire opration de l'intelligence est appe-lesimple parce qu'elle n'affirme rien et ne nie riende l'objet qu'elle connat. Quand nous affirmonsdans notre esprit nous unissons ensemble deux cho-ses : celle de qui l'on affirme (le sujet) et celle quel'on affirme (le rgime). Cette union est une compo-

    sition. Ce que l'intelligence peroit, dans sa pre-mire opration, n'est pas un objet que nous pou-vons voir avec les yeux du corps ou palper avec nosmains, par exemple. Non, c'est une ralit cachedans l'objet vu par les yeux, touch par les mains.Cette ralit s'appelle essence, l'intelligence l'abs-traitdes choses sensibles qui nous entourent.

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    14. Dfinition de l'ide. L'ide est la simplereprsentation d'une chose faite dans l'intelligence.La chose reprsente est cette ralit cache, cetteessence que l'intelligence abstrait du sensible.

    Pour parler le langage de la philosophie, disons quel'essence est cepar quoi un tre est ce qu'il est. Ain-si un homme n'est pas un homme parce qu'il a telle

    figure, tel nom, telle origine, tellepatrie, etc., maisbien parce qu'il a l'animalit et la raisonnabilit.Ces deux lments forment l'essence de l'homme.Eh! bien, ces deux lments invisibles, impalpables,reprsents dans l'intelligence se nomment ide.L'ide est donc l'effet de 1a simple apprhension.

    15. Ide et image. L'ide et l'image d'un objet

    diffrent entre elles. L'une ne doit donc tre jamaisprise pour l'autre.

    1) L'image de l'encrier qui est devant moi estsensible, peut tre vue, touche. L'ide du mmeencrier est spirituelle, immatrielle, imperceptibleaux sens. L'intelligence seulement peut l'atteindre.

    2) L'image de l'encrier est, singulire, ne peutconvenir qu' cetencrier devant moi. L'ide de l'en-crier est universelle. Elle convient tous les en-criers qui ont t, qui sont et qui seront. L'ide del'encrier, c'est son essence reprsente dans l'intelli-gence. L'essence de l'encrier, c'est d'tre un vasedans lequel on met de l'encre. Cette dfinition faitabstraction de la forme de l'encrier, de la matiredont il est fait et il sera toujours vrai de l'affirmer de

    tous les encriers.

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    16. Comprhension et extension de l'ide. Lacomprhension ou le contenu de l'ide est l'ensem-ble des lments que comprend ou que contient uneide. L'ide de pape contient deux lments chefetglise. Le pape est le chef de l'glise. Ces lmentss'appellent aussi notes constitutives d'une ide. L'ex-tension de l'ide est l'ensemble des individus aux-quels l'ide est attribuable. Tous les prtres, passs,

    prsents, venir ou simplement possibles sontcontenus sous l'extension de l'ide d'homme.

    17. Ide intuitive. L'ide intuitive est celle quel'on conoit immdiatement par la vue de l'objet lui-mme. Ex.: L'ide de Dieu pour les bienheureuxdans le ciel. Ils voient Dieu immdiatement, face face. Dieu lui-mme, sans aucun intermdiaire, est

    connu par les anges et les saints. L'ide du papiersur lequel j'cris est intuitive. L'ide intuitive s'ap-

    pelle immdiate.

    18. Ide abstractive. L'ide abstractive est celleque l'on conoit non par la vue de l'objet lui-mmemais au moyen d'un autre avec lequel il a une cer-taine ressemblance. Ex.: L'ide de Dieu que nousavons en ce monde. Nous connaissons Dieu aumoyen des choses qu'il a cres et dans lesquellesnous trouvons une similitude bien imparfaite de lui-mme. De ces mmes choses nous abstrayons l'idede Dieu. L'ide bonne o mauvaise que nous avonsde quelqu'un aprs l'avoir vu agirest aussi abstrac-tive. Cette ide est mdiate.

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    19. Ide directe. L'ide directe est celle qui estle rsultat de la premire considration de l'esprit.Ex.: L'ide de l'encrier plac devant moi.

    20. Ide rflexe. L'ide rflexe est celle qui estle rsultat de la rflexion, ou du retour de l'intelli-gence sur l'ide directement perue. Ainsi, dj enpossession de lide d'encrier, aprs rflexion sur

    cette ide, l'intelligence lui trouve des propritsqu'elle n'avait pas encore dcouvertes.

    21. Ide positive. Lide positive est celle quiexprime une ralit, une entit quelconque. Ex.:lide de vivant, l'ide de savant.

    22. Ide ngative. L'ide ngative est celle qui

    exprime une absence ou une privation. Ex.: L'idede mort, lide d'ignorant.

    23. Ide abstraite. L'ide abstraite est celle quireprsente, spar de l'objet un lment qui est par-tie constitutive de cet objet. Ex.: L'ide de blan-cheur. La blancheur est un lment constitutif del'objet blanc. Spare de l'objet blanc, et reprsentecomme telle dans l'esprit, elle est une ide abstraite.

    24. Ide concrte. L'ide concrte est celle quireprsente l'objet lui-mme, tout entier, avec leslments qui le constituent. Ex.: L'ide de prtre, demdecin.

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    25. Ide relle. L'ide relle est la reprsenta-tion d'un objet qui existe en dehors de l'intelligencedans la ralit extrieure. Ex.: L'ide de table.

    26. Ide logique. L'ide logique est la reprsen-tation d'un objet qui n'existe que dans et par l'intel-ligence. Ex.: L'ide de genre et d'espce. Quandnous disons que Pierre appartient augenre animal et

    l'espce homme, cette classification n'existe quedans et par notre esprit.

    27. Ide distributive. L'ide distributive est uneide universelle qui reprsente un objet attribuable plusieurs tres pris sparment et collectivement.Ex.: L'ide d'homme est attribuable chaquehomme et tous les hommes.

    28. Ide collective. L'ide collective est une ideuniverselle qui reprsente un objet attribuable plusieurs runis ensemble, ou pris collectivement.Ex.: L'ide d'arme s'affirme non de chaque soldat,mais deplusieurs soldats runis, pris en groupe.

    29. Ide univoque. L'ide univoque est une ideuniverselle qui reprsente un objet attribuable plusieurs de la mme manire, ou qui exprime lamme ralit dans tous les tres auxquels elle s'at-tribue. Ex.: L'ide d'animalreprsente un objet (vi-vant sensible) qui s'attribue de la mme faon et l'homme et la brute. En d'autres termes, animalexprime la mme ralit, c'est--dire vivant sensi-

    ble, dans l'homme et dans la brute.

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    30. Ide analogue. Lide analogue est une ideuniverselle qui dans les tres auxquels elle convient,exprime une ralit un peu semblable, un peu diff-rente. Ex.: L'ide de tte convientau corps humainet au chef de la cit de Qubec. Cette ide, dans lecorps humain et dans le chef de la cit de Qubec,exprime une ralit unpeu semblable et un peu dif-frente aussi, puisque la tte qui gouverne la cit

    n'est pas absolumentla mme que celle qui conduitle corps humain.

    31. Ide transcendentale. L'ide trancendentaleest une ide qui reprsente un objet attribuable tout ce qui existe ou peut exister. Ex.: Les idesd'tre, de chose, de quelque, de bont, de vrit,voil les cinq transcendentaux. Ce nom leur vient

    de ce qu'ils ne sont pas localiss dans aucun genre,dans aucune espce; ils sont au-dessus de tous lesgenres, de toutes les espces, ils les dpassent tous(transcendere) ils conviennent tous.

    32. Dfinition du terme. Le terme est le signede l'ide et de la chose perue par la simple appr-hension. Immdiatementle terme signifie l'ide, et,mdiatement, la chose perue. Le terme livre signi-fie d'abord l'ide que l'intelligence a du livre, etensuite, au moyen de l'ide (mdiatement), il signi-fie le livre.

    33. Terme en philosophie et en grammaire. Enphilosophie le terme est un signe logique parce qu'il

    reprsente un tre logique, c'est--dire un tre quin'existe comme tel que dans l'intelligence. En effet,

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    l'tre que signifie le terme, c'est l'ide. Celle-cicomme telle, n'existe que dans et par l'intelligence.Cette signification du terme s'appelle formelle. Engrammaire, le terme est tudi au point de vue ma-triel, c'est--dire en tant qu'il est compos de sylla-

    bes.

    34. Emploi des termes. Les termes d'une phrase

    peuvent tre pris en diffrents sens. Pour vitertoute erreur, il importe de connatre les lois qui r-gissent leur emploi. Dans une phrase ils sont ousujet ou attribut. Il y a des lois qui concernent lesujet et l'attribut, la fois ; dautres qui se rappor-tent au sujet seul; enfin celles qui regardent l'attributseulement.

    I. LOIS DU SUJET ET DE L'ATTRIBUT. Ilfaut bien s'enqurir du sens de ces deux termes. Et

    pour ce faire, il est ncessaire de tenir compte: a) dela mentalit de l'orateurou de l'auteur; b) du gniede la langue dans laquelle il parle ou il crit ; c) dusujet trait; d) des circonstances. Aprs le sens destermes, c'est leurextension qu'il importe de conna-tre. Chaque terme pris sparment a son extension

    propre. Voici leurs lois. Il va sans dire qu'il s'agitd'un sujet et d'attribut qui ne sont dtermins paraucun signe extensif.

    II. LOIS DU SUJET. 1)Dans toute phrase dontl'attribut convient ou rpugne ncessairement ausujet, celui-ci est un terme universel. En effet, ce

    qui convient ou rpugne ncessairement ce sujet,doit exister ou ne pas existerpartouto se trouve ce

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    sujet ou tous les autres qui sont de mme nature.Ex.: Les chrtiens sont ceux gui ont reu le bap-tme. Il est vrai de dire: Tous les chrtiens parceque ont reu le baptme convient ncessairementaux chrtiens, en est insparable. Les cercles nesont pas des carrs. Cela revient dire: Tous lescercles . . .2) Dans toute phrase dont l'attribut neconvient pas ou ne rpugne pas ncessairement au

    sujet, celui-ci est un terme particulier. Si l'attributne convient ou ne rpugne pas ncessairement ausujet, c'est signe queparfois il lui convient ou ne luiconvient pas, et parfois aussi lui rpugne et ne luirpugne pas: par consquent, le sujet, et tous sessemblables, n'ont pas toujours cet attribut quel-ques-uns l'ont, quelques-uns ne l'ont pas. Ex.: Lesriches sont heureux dites Quelques riches . . .

    le bonheur ne convient pas ncessairement la ri-chesse, il n'en est pas insparable. Les pauvres nesont pas instruits. tre instruitne rpugne pas n-cessairement aux pauvres, c'est un attribut qui leurconvient, et que plusieurs possdent. Cette phrasequivaut la suivante : Quelques ou plusieurs pau-vres ne sont pas instruits.

    III. LOIS DE: L'ATTRIBUT. 1) Dans toutephrase affirmative l'attribut a une extension particu-lire. Quand une phrase est affirmative, l'attributcontient le sujet dans son extension. Ex.: Les hom-mes sont mortels. L'ide mortels contient dansson extension les hommes. Mais du moment quel'attribut mortels contient hommes , cela ne

    signifie nullement qu'il ne contient qu'eux. Et doncles hommes sont quelques tres contenus dans l'ide

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    mortels . De fait, part les hommes, il y a lesbrutes qui sont mortelles. 2) Dans toute phrase nga-tive l'attribut a une extension universelle. Quandune phrase est ngative, l'attribut exclut de toute sonextension le sujet. Voil pourquoi cet attribut toutentier ne convient pas tel sujet. Ex.: Les anges nesont pas des corps, c'est--dire, tous les corps ex-cluent les anges de leur extension.

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    APPENDICE

    PRDICABLES ET PRDICAMENTS

    35. Un peu d'analyse. Analysons grammatica-lement la phrase suivante : Pierre est aimable. Pierreest un nom sujet de est.Estest un verbesubstantif, la troisime personne de l'indicatif prsent, il unit

    Pierre aimable. Aimable est un adjectifqui quali-fie Pierre. Et donc au sujet de cette phrase, on s'estfait trois questions: 1 Qu'est-ce que Pierre; 2qu'est-ce que aimable; 3 quelle est la relation entrePierre et aimable. On a misPierre dans la partie dudiscours qui s'appelle nom; aimable, on l'a placdans la partie qui se nomme adjectif; et on a dit quela relation entre cet adjectif et ce nom, tait une

    relation de qualification.

    36. Dfinition des prdicables et des prdi-caments. L'analyse faite dans le numro prc-dent nous aidera comprendre la dfinition de cesdeux termes. En logique, au lieu des mots Pierre etaimable, on dit les ides de Pierre et d'aimable. Leprdicable, c'est la relation qui existe entre Pierre

    et aimable. Le prdicament, c'est la classe ou la

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    catgorie o l'on peut placer les ides de Pierre etd'aimable. Les prdicaments, en logique, corres-pondent aux dix parties du discours en grammaire.Le prdicable rpond la question troisime:Quelle est la relation entre Pierre et aimable? C'estune relation de qualification, ou encore, aimablequalifie Pierre. Plus explicitement, on peut dire quele prdicable est la manire dont l'ide aimable

    saffirme de Pierre ou s'attribue lui-mme. L'ideaimable en effet est une ide universelle, puisqu'elle

    peut convenir plusieurs. Mais l'ide universelle,attribut, n'a pas toujours une relation de qualifica-tion avec le sujet auquel elle se rapporte. Quand ondit: Pierre chante, est chantant, ici c'est une relationd'action. Donc la manire, la faon dont l'ide attri-

    but s'affirme de l'ide sujet peut tre diffrente, et

    c'est pourquoi on dfinit le prdicable comme suit:Les diffrentes manires dont une ide universelles'affirme des sujets auxquels elle se rapporte. Leprdicament rpond aux questions 1re et 2me:Qu'est-ce que Pierre? Qu'est-ce qu'aimable? Pierreest un mot, il est class dans la partie du discoursappele substantif. En grammaire, Pierre et aima-ble, on les tudie comme mots, en logique, on lesconsidre comme ides. Et donc les prdicamentssont les classes ou les catgories o l'on peut mettretoutes les ides que l'on a et que l'on peut avoir.

    37. Il y a cinq prdicables. Les relations quiexistent entre l'ide attribut et l'ide sujet sont aunombre de cinq. En d'autres termes, les diffrentes

    manires dont un attribut s'affirme de son sujet sontau nombre de cinq. Quatre de ces manires ou de

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    ces relations sont ncessaires, une autre est non-ncessaire ou contingente. Les quatre relations n-cessaires s'appellent espce, genre, diffrence etpropre. La relation contingente se nomme accident.Il va sans dire que ces cinq relations, vis--vis dusujet auquel elles rattachent l'attribut, n'ont pas tou-tes le mme rle. L'importance de leur fonctiondpend de la nature de l'attribut. Et disons tout de

    suite que les relations ncessaires l'emportent sur larelation contingente. Mais les relations ncessaires,ne le sont pas toutes au mme degr. Ainsi dans lesexemples suivants: Pierre est homme. Pierre estcapable de parler, la relation de homme Pierre estplus ncessaire que la relation de capable de parler. Le sujet ne peut pas exister sans les attributs quiont avec lui une relation ncessaire. Ces attributs

    signifient ou quelque chose du sujet ou toutle sujet.Dans l'exemple Pierre est homme, l'attribut hommeexprime toute la nature (animal raisonnable) dePierre. Dans cet autre exemple: Pierre est animal,l'attribut animal exprime quelque chose, c'est--direunepartie de la nature de la Pierre. Cette partie dela nature exprime par l'attribut animal, Pierre la

    partage avec les autres animaux, les brutes. Parcontre, il est un autre attribut qui exprime unepartiede la nature du sujet, mais partie que le sujet ne

    partage pas avec Ies autres, parce qu'elle est ce quile distingue des autres, tel l'attribut raisonnabledans l'exemple: Pierre est raisonnable. Il y a donctrois attributs qui expriment la nature du sujet au-quel ils se rapportent: un qui l'exprime toute entire,

    c'est l'espce; un qui exprime une partie de la natureque le sujet partage avec d'autres, c'est le genre; un

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    qui exprime une partie de la nature qui distingue lesujet des autres, c'est la diffrence. Tout en n'entrantpas dans la constitution essentielle du sujet, il y acependant un quatrime attribut qui dcoule nces-sairementde ce sujet, c'est le propre; comme la fa-cult de parler que possde Pierre. Enfin, reste lecinquime attribut qui n'appartient pas ncessaire-ment au sujet. C'est l'attribut qui peut ou ne peut

    adhrer au sujet, la nature de celui-ci restant in-tacte: l'attribut savantdans la phrase: Pierre est sa-vant, c'est l'accident. Le tableau suivant rsume toutce numro :

    homme espce 1 ncessaire

    animal genre 2 ncessaire

    raisonnable diffrence 3 ncessaire

    capable de parler propre 4 ncessaire

    Pierre est

    savant accident 5 contingent

    38. Il y a dix prdicaments. Les prdicamentssont le sujet et l'attribut; les prdicables sont les

    relations qui existent entre le sujet et l'attribut. Cesujetet cet attribut, comme tout ce qui existe, sontdes tres. Mais tout ce qui existe ou peut exister(tre) existe en lui-mme ou dans un autre. La tableest un tre qui existe en lui-mme. La forme, la cou-leur de la table n'existe pas en elle-mme, mais biendans la table.

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    On appelle substance l'tre qui existe en lui-mmeet accident prdicamental celui qui existe dans unautre. On compte neuf accidents. Ce qui fait en toutdix prdicaments ou dix classes, dix catgories danslesquelles on peut placer toutes les ides que l'on aou que l'on peut avoir. Ce sont: la substance, laquantit, la qualit, la relation, l'action, la passion,le lieu, le quand, le site, l'habit. II ne faut pas

    confondre existeren soi et exister par soi. Dieu seulexiste par lui-mme, parce que lui seul n'a pas tcaus. Et donc l'existence en soi n'exclut pas unecause productrice distincte.

    Par soi(Dieu)Par un autre(les

    cratures)(

    1

    )Ltreest

    en soisubstance

    dans un autreaccident

    Ce qui existe

    Ou peut exister

    quantitqualit

    actionpassionrelationlieuquandsitehabit

    La phrase suivante renferme les dix prdicaments :

    Hier aprs-midi au jardin Monsieur X en capot de chat

    Quand lieu substance habit

    surveillait en marchand une centaine d'coliers

    action site quantit relation

    fort joyeux et en excellente sant.

    qualit passion.

    1 Cfr. Revue Thomiste, nov.-dc. 1912, p. 725.

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    39. Classification des prdicables. Nous savonsdj qu'il y a cinq prdicables ou cinq maniresdiffrentes d'affirmer l'attribut du sujet. Ces cinq

    prdicables s'appellent genre, espce, diffrence,propre et accident. Les trois premiers constituentl'essence, ou entirement (espce), ou en partie(genre et diffrence). Les deux autres (propre etaccident) ont avec l'essence une relation ncessaire

    (propre) et non-ncessaire (accident). Quand onparle de classification des prdicables, il n'est ques-tion que des prdicables essentiels, c'est--dire dugenre de l'espce et de la diffrence. Pour nousservir de l'exemple djemploy, nous allons nousdemander quel est l'attributqui s'affirme de Pierrecommegenre, comme espce et comme diffrence.

    Nous rpondons en disant que le genre de Pierre est

    animal, l'espce de Pierre est homme, et sa diff-rence, raisonnable. Mais Pierre, son tour, o leclassons-nous, dans la catgorie substance, ou danscelle d'accident? Sans aucun doute, Pierre existe enlui-mme. Il est donc unesubstance. Quelle sorte desubstance est-il, Pierre? Est-il une substance spiri-tuelle ou corporelle? videmment Pierre est unesubstance corporelle, ou un corps. Mais il y a biendes corps, le livre, par exemple, est un corps. Pierreest plus que le livre, il est un corps vivant, organi-que, le livre n'a pas la vie. Et cependant, tous lesvivants ne se ressemblent pas. Parce qu'il a la vie,Pierre est-il ncessairement semblable l'arbre,vivant lui aussi, qui pousse ses racines dans le jar-din? Certainement non, la vie de Pierre est sup-

    rieure celle de l'arbre. Sa vie est sensitive, elle agitpar des sens. L'arbre du jardin n'a qu'une vie vgta-

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    tive, il n'a pas de facults sensibles. C'est dire quePierre est un animalet de plus raisonnable. AusujetPierre se rapportent donc plusieurs attributs qui ontavec lui une relation, ncessaire toujours, graduecependant. Ces attributs sont classs d'aprs un or-dre fond sur leur extension et leur comprhension.Le tableau suivant met bien cet ordre en relief.

    A Genre suprme Substance F

    Corporelle; diffrence spcifique

    B Genre subalterne et espce Corps E

    Organique; diffrence spcifique

    C Genre subalterne et espce Vivant D

    Sensible; diffrence spcifique

    D Genre infime et espce Animal C

    Raisonnable; diffrence spcifique

    E Espce Homme BF Pierre A

    Extension Comprhension

    L'extension des ides genre, espce et diffrenceexprime par les lettres A, B, C, D, E, F est en rai-

    son inverse de leur comprhension exprime par leslettres F, E, D, C, B, A. Cette classification ordon-ne des prdicablesgenre, espce et diffrence sousla catgoriesubstance, d'aprs la diminution de leurextension et l'augmentation de leur comprhensions'appelle ARBRE DE PORPHYRE, en souvenir dePorphyre, philosophe de l'antiquit (233-304) qui enest l'auteur.

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    40. Genre suprme et genres subalternes. Dans l'arbre de Porphyre, substance est appelegenre suprme; d'abord parce qu'elle exprime unepartie de l'essence de Pierre(genre), partie quePierre partage avec beaucoup d'autres, et ensuite

    parce qu'au-dessus de substance, il n'y a plus degenre, mais seulement l'tre qui est un transcenden-tal. De son ct, corps est appelgenre subalterne,

    parce qu'il y en a un au-dessus de lui, substance. Ilen est de mme pourvivantet animal. Vis--vis devivant, corps joue le rle de genre. son tour, vi-vantest le genre d'animal. Animal est un genre in-fime, parce qu'en dessous de lui il n'y a plus degenre, mais des espces seulement. Il est aussi es-pce, vis--vis de vivant.

    41. Espces et diffrences. D'aprs le tableau,corps est genre et espce; espce vis--vis de subs-tance, il est une sorte, une espce de substance,mais par rapport vivant, il est genre. Substance,genre de corps, devient corps par la diffrence cor-porelle. L'espce est donc constitue par legenre etla diffrence. Parce que corps n'a au-dessus de luiaucune espce, il est nomm espcesuprme. Corpset organique (diffrence) constituent vivantqui estune espce de corps. Vivant est une espce decorps, mais une espce subalterne puisqu'il y a uneespce au-dessus de lui. De mme aussi animalestune espce de vivant, espcesubalterne, forme devivant (genre) et de sensible (diffrence). Enfinhomme est une espce d'animal rsultant de l'union

    d'animal (genre) et de raisonnable (diffrence).L'espce homme est l'espce infime, parce qu'aprs

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    elle il n'y a plus d'espce, mais des individus. Ladiffrence dont le rle est de s'unir au genre pourconstituer l'espce, prend le nom desuprme,subal-terne et infime suivant qu'elle qualifie le genre su-prme,subalterne et infime.

    42. quoi se rsume la thorie des prdicables etdes prdicaments. La thorie des prdicables et

    des prdicaments n'est que la mise en pratique del'extention et de la comprhension des ides. Laclassification ordonne des prdicables sous legenre suprme substance en est la preuve. Cetteclassification, il est facile de s'en convaincre, n'estni plus ni moins que la dfinition essentielle, par-tant, vritable, de Pierre. Celui-ci est donc classdans la catgorie (prdicament) substance avec tous

    les attributs (prdicables) qui nous renseignent diffrents degrs sur sa nature. En plaant Pierredans la catgoriesubstance, de plus, en lui donnanttous les qualificatifs qu'exige sa nature, on le distin-gue, on le divise de tout ce qui n'est pas ou subs-tance, ou corps, ou vivant, ou animal, ou homme.En d'autres termes, c'est dire que toute la thorie des

    prdicables et des prdicaments se ramne biendfiniret bien diviser.

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    CHAPITRE II

    LA DFINITION

    43. Nature de la dfinition. La dfinition est undiscours qui exprime ce qu'est une chose. Ex.: Lepape est le chef de l'glise. La dfinition est appelediscours parce qu'elle se compose de plusieurs, ou

    au moins, de deux mots.44. But de la dfinition. La dfinition a pour butde rendre plus claire, plus distincte, plus complte,la connaissance d'un objet. Et ce but, elle le rempliten nous donnant les lments qui constituent cetobjet. L'ensemble de ces lments appels notes ouides constitutives, forme la comprhension de ce

    mme objet. La comprhension de l'ide se rattachedonc la dfinition et ce titre celle-ci a tout natu-rellement sa place dans le chapitre de la simple ap-

    prhension.

    45. Dfinition nominale. La dfinition nominaleest celle qui donne la signification tymologique,conventionnelle, commune, d'un mot. Ex. : La phi-

    losophie est l'amour de la sagesse (tymologie).Le

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    laurier est le signe de la paix (conventionnelle).Leroi est celui qui rgne Dieu est le premier tre(commune).

    46. Dfinition relle. La dfinition relle estcelle qui nous renseigne sur la nature de l'objet.Ex.: L'hydrogne est un gaz incolore, insipide, leplus lger des gaz connus. La philosophie est une

    science qui nous dit le dernier pourquoi des choses.

    47. Dfinition essentielle. La dfinition essen-tielle est celle qui explique une chose au moyen deslments constitutifs de la nature de cette mmechose. Ex.: Les corps sont les substances corporel-les. L'animal est un vivant sensible. Le vivant est uncorps organique. La dfinition essentielle est la

    dfinition rigoureusement scientifique et philoso-phique.

    48. Dfinition descriptive. La dfinition descrip-tive est l'explication d'un objet soit par ses propri-ts, soit par ses caractres purement accidentels.Ex.: L'ne est un animal qui braie (dfinition pro-

    pre). Cette dfinition de l'homme donne par Pla-ton: L'homme est un bel animal . . . bipde, la ttedroite, est descriptive, accidentelle, N. B. Les dfi-nitions en usage en chimie, en minralogie, en bota-nique, en zoologie, sont descriptives, et souventaccidentelles.

    49. La dfinition doit tre claire et juste. Si la

    dfinition n'tait pas claire, elle manquerait son but(44). Elle doit donc bannir tout terme quivoque,

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    vague, toute mtaphore. Elles sont loin d'tre clai-res, les dfinitions suivantes: La science est la lu-mire. La vraie civilisation est la libert. Cette loiexige aussi que le mot dfinir n'entre pas dans ladfinition, comme dans ces exemples: La simpleapprhension est une apprhension simple. La li-bert, c'est tre libre. Pour tre juste, la dfinitionne doit convenir qu'au seul objet dfini. N'est pas

    juste cette dfinition de l'homme : L'homme est unanimal. Plusieurs, part l'homme, sont animaux.Celle autre: L'Universit Laval est une institution,enfreint aussi celle loi.

    50. La dfinition ne doit pas tre ngative, nitrop longue. La dfinition nous dit ce que lachose est, et non, ce qu'elle n'est pas. Quelqu'un

    aurait-il une ide bien claire de l'histoire s'il savaitseulement qu'elle n'est pas la philosophie? La dfi-nition ngative n'est accepte que lorsque la chosedfinie, cause de sa grande perfection: Dieu, parexemple, ne peut pas tre connue directement,posi-tivement, mais uniquement par comparaison avecles autres dont elle n'a pas les dfauts. Ainsi ondfinit la simplicit de Dieu en disant qu'elle est langation de toute composition. Quant la brivetde la dfinition, qu'il suffise de dire que la clartl'exige.

    51. La dfinition essentielle doit tre forme dugenre prochain et de la diffrence spcifique. Comme son nom l'indique, la dfinition essentielle

    nous donne les lments constitutifs de l'essenced'un objet. 0r les lments constitutifs de l'essence

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    d'un objet sont au nombre de deux: le genre pro-chain et la diffrence spcifique. Le genre prochainest celui qui, dans la classification des prdica-

    bles, est le plus prs de l'espce dont il est ques-tion. Quant la diffrence spcifique, cest celle quiavec le genre prochain constitue l'espce. Prenonshomme, dans la classification des prdicables ,c'est le genre animal qui est le plus prs de lui.

    Animal est donc le genre prochain de l'homme. Et,dans la mme classification,, la diffrence spci-fique qui qualifie animal, c'est raisonnable. Parconsquent: animal (genre prochain) - raisonnable(diffrence spcifique) - homme ou espce homme.L'espce homme, par rapport Pierre, est son es-sence, ou mieux toute son essence. Les dfinitionssuivantes de l'homme ne sont pas justes: L'homme

    est une substance corporelle, un corps organique,un vivant sensible; parce que substance, corps vi-vant sont pour l'homme des genres loigns; corpo-relle, organique, sensible, ne sont pas ses diffren-ces spcifiques.

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    CHAPITRE III

    LA DIVISION

    52. Nature de la division. La division est undiscours qui distribue un tout en ses parties.Comme la dfinition, la division s'appelle discours

    parce qu'elle se forme de plusieurs mots. Elle nu-

    mre les objets auxquels un tout convient. Et c'estpourquoi elle appartient l'extension de l'ide, etpartant, la simple apprhension. Ex.:Les hommesse divisent en amricains, europens, africains, etc.Amricains, europens, africains sont des individusauxquels le tout homme s'tend comme ses par-ties.

    53. Le tout. Le tout est ce qui peut se ramener plusieurs lments ou parties. Ex.:Livre, table.

    54. Le tout actuel et potentiel. Le tout actuelest celui dont les parties sont actuelles et relles.Ex.: Le bureau. Le toutpotentiel ou logique est ce-lui dont les parties n'existent qu'en puissance, etseulement dans et par l'esprit. Ex.: Legenre est un

    tout potentiel ou logique. Ainsi, animal, comme

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    genre, est une notion logique, c'est--dire une no-tion qui n'existe que dans et par l'intelligence. Ilcontient toutes les espces, non pas comme le bu-reau contient les morceaux qui le composent. Desespces sont en puissance tre places sous l'ex-tension du genre animal. Mais, elles aussi, en tantqu'espces, sont des tres qui n'existent que dansl'esprit.

    Les espces sont comme si elles taient les par-ties dugenre; en ralit, elles ne le sont pas. Elles lesont mentalement, logiquement.

    55. Le tout moral. Le tout moralest celui dontles parties sont des tres intelligents qui tendent, une mme fin. Ex.:La socit.

    56. La division doit tre complte. La sommedes parties doit constituer le tout. Cette loi est fon-de sur la nature mme de la division. Toute divi-sion qui contient plus ou moins de parties que n'enrenferme la chose divise, manque cette loi. Ex.:Le globe terrestre se divise en trois parties: Europe,Asie, Afrique (incomplte, pas assez de parties) ou bien:Europe, Asie, Afrique, Amrique, Oca-nie, Canada (trop de parties)

    57. Les parties du tout doivent tre distinctesentre elles. Si une partie est contenue dans uneautre et n'en est pas distincte,spare, elle n'est pasrellementpartie du tout divis. Si une partie galele tout ou le dpasse, elle n'est plus aussi rellement

    partie, puisque le tout est plus grand que sa partie.Il faut donc qu'une partie ne se confonde pas avec

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    une autre partie ni n'gale, ni ne dpasse le tout. Lesexemples suivants n'observent pas cette loi:La Pro-vince de Qubec se divise en comts nomms: Qu-bec, Montmorency, Charlevoix, etc., etc., etc. et laparoisse de Beauport. Beauport est compris dansle comt de Qubec.Montral se divise en plusieursparoisses et le diocse. Le diocse, partie, dpassele tout, puisqu'il contient Montral et d'autres pa-

    roisses.

    58. La division doit tre brve et immdiate. Quand la division est trop longue, il y a confusion,et elle manque son but qui est de mettre de la clartdans nos ides. Elle doit d'abord partager le tout enses partiesprimaires, immdiates, et ensuite, en ses

    partiessecondaires, mdiates. Quelqu'un qui divise-

    rait la logique en simple apprhension, jugementetraisonnementenfreindrait cette loi, puisque la sim-ple apprhension, le jugementet le rayonnementnesont pas les parties primaires ou immdiates de lalogique. Celle-ci tout d'abord se divise en Dialecti-que et Critique.

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    CHAPITHE IV

    LE JUGEMENT

    59. Dfinition du jugement. Le jugement estune opration par laquelle l'esprit affirme ou niequ'une chose est. Ex.: Dieu est bon. L'homme n'estpas impeccable.

    60. Rle du jugement. Le jugement, deuximeopration de l'esprit humain, vient immdiatementaprs la simple apprhension et la suppose. Son rleest d'affirmer ou de nier l'identit entre deux ides

    perues par la simple apprhension

    61. Le jugement immdiat. Le jugement imm-

    diat est celui qui est vident par lui-mme ou en-core, celui qui, pour tre admis, n'a pas besoind'tre prouv. Ex.: Le tout est plus grand que l'unede ses parties. Il fait soleil. La neige est blanche.Pas de discussion au sujet des jugements immdiats.

    62. Le jugement mdiat. Le jugement mdiatest celui qui n'est pas vident par lui-mme, ou en-

    core, celui qui, pour tre admis, a besoin d'tre

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    prouv. Ex.:Dieu existe. L'me humaine est immor-telle. Le jugement mdiat offre matire discus-sion.

    63. Le jugement analytique. Le jugement ana-lytique est celui dans lequel l'attribut convient ourpugne ncessairement au sujet. On l'appelle ana-lytique parce que cette convenance ou cette rpu-

    gnance sont connues quand on analyse le sujet. Ex.:L'tre infini est ternel. Le mal n'est pas le bien.

    64. Le jugement synthtique. Le jugementsyn-thtique est celui dans lequel l'attribut ne convientpas ou ne rpugne pas ncessairement au sujet. Onl'appelle synthtique parce que l'attribut et le sujetdont on l'affirme forment ensemble une synthse,

    une composition. Ex.: Les caractres bien trempssont rares. Cette anne-ci, la rcolte de pommes n'apas t abondante.

    65. Comment se forme le jugement. Pour for-mer le jugement il faut d'abord fuir la prcipitationet la vanit prsomptueuse. La prcipitation chassel'attention et est cause souvent de jugements faux,tmraires. Quant la vanit prsomptueuse, elle sefait fi des apprciations des autres. Le prsomp-tueux croit avoir le monopole du savoir, et c'est

    pourquoi il n'a confiance qu'en lui-mme. Dieu saito le conduit souvent sa sotte prtention. Il importede rflchirbeaucoup, d'couter plus que de parler,si l'on veut former son jugement. Ne contentons-

    nous pas de dfinitions peu prs, d'explicationssuperficielles, surtout lorsqu'il s'agit de questions

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    vitales. Observons les hommes srieux, rendons-nous bien compte de leur manire de voir dans lesdiffrents problmes qui intressent/le monde C'est leur cole que nous apprendrons juger avec rec-titude, c'est--dire bien juger.

    66. La proposition. Laproposition est l'expres-sion du jugement. De mme que nous exprimons

    l'ide par le terme, ainsi nous exprimons le juge-ment par la proposition. Elle contient plusieurs ter-mes, et pour ce motif, elle est une phrase quinonce qu'une chose est ou n'est pas. Ex.: Lescommunauts sont utiles. Les hommes ne sont pasparfaits.

    67. Opposition des propositions. L'opposition

    des propositions est l'affirmation et la ngation si-multanes du mme attribut du mme sujet, aumme point de vue. Sont opposes deux proposi-tions dont l'une est universelle, l'autre particulire(diffrentes par la quantit) - dont l'une est affirma-tive, l'autre ngative (diffrentes par la qualit).Sont encore opposes deux propositions lorsqu'ellesdiffrent et par la quantit et par la qualit.

    68. Opposition contradictoire. L'oppositioncontradictoire est celle qui existe entre deux propo-sitions dont l'une est universelle, l'autre particu-lire, l'une affirmative, l'autre ngative. Ex.: Tousles anges sont des tres spirituels. Quelques angesne sont pas des tres spirituels. Les contradictoires

    s'opposent donc quantitativement et qualitative-ment.

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    69. Opposition contraire. L'oppositioncontraire est celle qui existe entre deux propositionsuniverselles dont l'une est affirmative et l'autre n-gative. Ex.: Toutes les mes humaines sont immor-telles. Toutes les mes humaines ne sont pas immor-telles. Les propositions contraires sont opposesqualitativement.

    70. Opposition sous-contraire. L'oppositionsous-contraire est celle qui existe entre deux propo-sitions particulires dont l'une est affirmative etl'autre ngative. Ex.: Quelques hommes sont ins-truits. Quelques hommes ne sont pas instruits. Lessous-contraires diffrent entre elles par la qualit.

    71. Opposition subalterne. Lopposition subal-

    terne est celle qui existe entre deux propositionsdont l'une est universelle et l'autre particulire. Lessubalternes diffrent par la quantit. Ex.: Tous leshommes sont sages. Aucun homme nest sage Quelque homme nest pas sage.

    72. Tableau des quatre oppositions. On se sertdes quatre voyelles A E I O pour nommer les pro-

    positions qui sont opposes entre elles de quatremanires diffrentes. A: La proposition universelleaffirmative; E: La proposition universelle ngative;I: La proposition particulire affirmative; O: Laproposition particulire ngative.

    Le schme suivant reprsente ces quatre propo-sitions.

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    Tout homme est sage Aucun homme nest sage

    Contraires

    A E

    Subalternes

    Subalternes

    I O

    Sous-Contraires

    Quelque homme est sage Quelque homme nest pas sage

    73. Rgles de l'opposition des propositions. l)Deux contradictoires ne peuvent pas tre la foisvraies ou fausses, si l'une est vraie, l'autre est

    fausse, et rciproquement. S'il est vrai que touthomme est sage (A), il est donc faux que quelquehomme n'est pas sage (O). De deux contradictoiresl'une est toujours la ngation de l'autre. 2) Deuxcontraires ne peuvent tre vraies la fois, maiselles peuvent tre fausses. Si tout homme est sage(A) il est faux de dire qu'aucun homme n'est sage(E). Mais en supposant qu'il est faux d'affirmer que

    tout homme est sage (A) il peut tre aussifaux d'af-firmer qu'aucun homme n'est sage (E). En effet, dumoment qu'on nie la sagesse tous les hommes, ilne s'ensuit pas ncessairement que personne ne la

    possde. Quelques-uns peuvent l'avoir. 3) Deuxsous-contraire peuvent tre vraies la fois, maiselles ne peuvent tre fausses en mme temps. Il estvrai de dire que quelque homme est sage (I) et n'est

    pas sage (O), parce qu'il n'est pas question du mme

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    homme. Mais s'il est faux de dire que quelquehomme est sage (I), il s'ensuit que la proposition:Quelque homme n'est pas sage (O) est vraie.

    74. La conversion. La conversion est la transpo-sition des termes de la proposition, du sujet, en at-tribut, de l'attribut en sujet; de manire que la nou-velle proposition soit affirmative ou ngative, vraie

    ou fausse, comme la premire. Ex.: La justice n'estpas le courage. Le courage n'est pas la justice.

    75. La conversion simple. La conversion estsimple, quand, aprs la transposition des termesd'une proposition, celle-ci garde la mme extension.Ex.: Quelques hommes sont savants (I) Quelquessavant sont hommes (I). Aucun homme n'est ange

    (E) Aucun ange n'est homme (E) .

    76. La conversion par accident. La conversionest par accidentlorsque, aprs la transposition destermes de la proposition, celle-ci ne garde pas lamme extension. Ex.: Tout homme est mortel (A).Quelque mortel est homme (1).

    77. La conversion par contraposition. Laconversion est par contraposition quand, aprs latransposition des termes d'une proposition, celle-cidevient indfinie par la particule ngative non pas.Ex.: Quelques hommes sont justes Quelques non

    pasjustes sontnon pas hommes.

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    78. Rgles de la conversion des propositions. Les propositions universelle ngative (E) etparticu-lire affirmative (1) se convertissent simplement.Les propositions universelles ngative (E) et uni-verselle affirmative (A) se convertissent par acci-dent. Les propositions universelle affirmative (A) etparticulire ngative (o) se convertissent parcontraposition. Les rgles de la conversion s'expri-

    ment de la manire suivante.

    f E c I se convertitsimplement.E v A se convertitpar accident,A st O se convertitpar contraposition,Ainsi s'opre toute la Conversion.

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    CHAPITRE V

    LE RAISONNEMENT

    79. Dfinition du raisonnement. Le raisonne-ment est la troisime opration de l'esprit humain. Ilest l'acte par lequel un jugement est dduit lgiti-mement de deux autres. Ou encore, l'acte par lequel

    l'esprit humain d'une vrit connue infre une vritinconnue. Exemples :

    Tout ce qui vit doit se nourrir,Or Charles, Annette vivent

    vrit connue

    vrit inconnue lgitimementdduite de la premire.

    Donc, Charles, Annettedoivent se nourrir.

    Le raisonnement se dfinit encore comme suit: c'estune opration par laquelle l'esprit humain d'uneconnaissance donne dduit une connaissance nou-velle.

    80. Le raisonnement est un acte parfait et im-parfait. Que l'esprit humain puisse arriver laconnaissance des vrits inconnues en partant des

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    vrits connues, c'est certainement une perfection.Et le raisonnement lui permet d'atteindre desconnaissances nouvelles ; cepoint de vue, le troi-sime acte de l'esprit est donc parfait. Mais que,

    pour arriver l'acquisition de la vrit, notre intelli-gence doive se condamner une marche parfoislongue et pnible, faire des dtours sinueux, qu-mander l'aide d'un tiers, c'est une imperfection.

    Aussi bien, ce point de vue, on peut appeler leraisonnement, acte imparfait. Dieu, les anges et lessaints au ciel ne raisonnent pas. Ils ont la connais-sance immdiate des choses.

    81. La matire du raisonnement. La matire,ou, ce dont est fait un raisonnement, est de deuxsortes, matire loigne et matire prochaine.

    En analysant un raisonnement on trouve toutd'abord des jugements, et, ensuite, des ides quiconstituent ces jugements. C'est dire que les juge-ments sont la matire prochaine d'un raisonnementet les ides en sont la matire loigne.

    82. La forme du raisonnement. Comme sonnom l'indique, la forme du raisonnement est ce quilui donne son caractre spcifique, distinctif. Or, lacaractristique d'un raisonnement est qu'un juge-ment soit dduit lgitimement de deux autres. Et

    pour qu'un jugement soit dduit lgitimement dedeux autres, il faut qu'il y ait un lien, un traitd'union entre lui et ces deux autres. Ce lien, ce traitd'union entre les deux premiers jugements et le troi-

    sime, c'est la forme du raisonnement. La forme duraisonnement s'appelle la consquence qu'il ne faut

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    pas confondre avec le consquentou la conclusionqui est le nom du troisime jugement dduit desdeux premiers. La matire et la forme d'un raison-nement sont ses lments.

    83. Diffrences entre la consquence et le cons-quent d'un raisonnement. Il y a indpendanceentre la consquence et le consquent ou la conclu-

    sion d'un raisonnement. En effet 1) la consquencepeut tre fausse et le consquent vrai. L'exemplesuivant le prouve :

    Tout homme est mortel,Or le pape est un homme,Donc Paris est une grande ville.

    Paris est une grande ville, ce consquent estvrai. Par contre, la consquence estfausse, puisqu'iln'y a pas de lien, de trait d'union, entre ce troisime

    jugement et les deux premiers. 2) La cons-quence peut tre vraie et le consquent faux. Voiciun exemple:

    Celui qui est libre a le droit de tout faire,Or l'homme est libre,Donc, l'homme a le droit de tout faire.

    L'homme a le droit de tout faire, ce consquentest faux. Mais il est dduit lgitimement des deux

    premiers jugements. La consquence est vraie.

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    84. Principes du raisonnement. Le raisonne-ment s'appuie sur les deux principes suivants: Deuxchoses qui conviennent une troisime, convien-nent entre elles. Deux choses, dont l'une neconvient pas une troisime, ne peuvent pas conve-nir entre elles.

    Faisons voir par deux exemples que le raison-nement est bien l'application de ces principes.

    Tout homme est mortel,Or le pape est homme,Donc le pape est mortel.

    Nous concluons que le pape est mortel, parcequ'il est homme. En d'autres termes, l'ide pape etl'ide mortelconviennent entre elles, parce qu'elles

    conviennent une troisime ide, celle d'homme.C'est donc l'application du principe: Deux chosesqui conviennent une troisime, conviennent entreelles.

    Les hommes ne sont pas infaillibles,Or les politiciens sont des hommes,Donc les politiciens ne sont pas infaillibles.

    Les politiciens ne sont pas infaillibles, c'estparce qu'ils sont des hommes. Il n'y a pas conve-nance entre les idespoliticiens et infaillibles parceque l'une d'elles ide infaillibles ne convient

    pas l'ide hommes. Ce second raisonnement s'ap-puie donc sur le principe: Deux choses, dont l'une

    ne convient pas une troisime, ne peuvent pasconvenir entre elles.

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    85. Le raisonnement suppose une vrit imm-diate. La vrit immdiate est celle qui ne seprouve pas, qui s'impose tout de suite l'esprit, qui,pour avoir l'adhsion de l'intelligence, n'a qu' seprsenter. D'une faon prochaine ou loigne, leraisonnement suppose cette vrit. S'il fallait toutdmontrer, le chemin qui conduit la certitude se-rait trs long, voire, sans issues. Et donc, pour ne

    pas procder l'infini, ce qui est absurde, il fautarriver une ou quelques vrits immdiates,indmontrables, base ncessaire de tout raisonne-ment, et de toute argumentation.

    86. Espces de raisonnements. Il y a deux es-pces de raisonnements: le raisonnement dductifetle raisonnement inductif. Le raisonnement dductif

    est l'acte par lequel l'esprit humain dduit lgiti-mement un jugement particulier d'un jugement uni-versel. Le raisonnement inductifest l'opration parlaquelle l'esprit humain dduit un jugement univer-sel d'un jugement particulier.

    Raisonnement

    dductif ouDduction

    Tous les enfants bien levs sontreconnaissants,

    Or Jean-Marie et Charles sont bien levs,Donc Jean-Marie et Charles sontreconnaissants.

    Raisonnementinductif ouInduction

    Jean-Marie et Charles sont reconnaissants,Or Jean-Marie et Charles sont des enfantsbien levs,Donc tous les enfants bien levs sontreconnaissants.

    N. B. Dans le langage courant, le raisonnement d-ductif ou la dduction, se confond avec le syllogisme.

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    CHAPITRE VI

    LE SYLLOGISME

    87. Dfinition du syllogisme. Le syllogisme estle signe sensible, l'expression du raisonnement.C'est un discours form de trois propositions dontl'une appele conclusion ou consquent, dcoule

    ncessairement des deux autres, nommes prmis-ses ou antcdent.

    Ceux qui savent se vaincre sont heureux,Or les personnes consacres Dieu savent se

    vaincre.Donc les personnes consacres Dieu sont

    heureuses.

    88. Terminologie du syllogisme. Dans le syllo-gisme il y a trois termes et trois propositions. Lestrois termes se nomment:grand terme, moyen termeet petit terme. leur tour les propositions s'appel-lent proposition majeure, proposition mineure etconclusion. Le grand terme est l'attribut de laconclusion; le petit terme est le sujet de la conclu-

    sion; le moyen terme est celui qui est la fois et

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    dans la premire et dans la deuxime proposition. La proposition majeure est celle qui contient etle grand et le moyen terme; la proposition mineureest celle qui contient et le petit et le moyen terme.Les deux premires propositions propositionsmajeure et mineure sappellent antcdent ouprmisses. Le grand et le petit terme sont aussi ap-pels extrmes.

    89. Lois du syllogisme. Pour que la conclusionsoit dduites des prmisses, il est ncessaire d'ob-server certaines lois dites lois du syllogisme. Ceslois sont au nombre de huit, dont quatre pour lestermes, et quatre pour les propositions.

    A. Lois des termes :

    I 1 Trois termes sont exigs: le grand, le petitet le moyen terme.

    II 2 Les termes, dans la conclusion, ne doiventpas avoir une extension plus grande quedans les prmisses.

    Le moyen terme ne doit jamais se trouverdans la conclusion.

    III 3

    Le moyen terme doit tre universel, aumoins une fois.

    IV 4

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    B. LOIS DES PROPOSITIONS :

    V 1 Si les deux prmisses sont ngatives pasde conclusion possible.

    VI 2 De deux prmisses affirmatives on nepeut pas dduire une conclusion ngative.

    VII 3 On ne peut rien conclure de deux prmis-ses particulires.

    La conclusion suit toujours la partie laplus faible.

    VIII 4

    90. Premire loi des termes : Trois termes sont

    exigs : le grand, le petit et le moyen terme. Cette loi est base sur l'essence mme du syllo-gisme. Celui-ci, en effet, consiste dans la comparai-son de deux termes, appels extrmes, avec un troi-sime nomm moyen terme. Donc, s'il y a plus oumoins que trois termes, la comparaison ne se fait

    point, et partant, il n'y a pas de syllogisme possible. Notons que les termes doivent tre trois quant au

    sens. Il se peut rencontrer parfois quatre termesdont deux ont le mme sens. Alors la loi est obser-ve.

    Ex. :Bossuet est un grand orateur,Or Bossuet est un mot de trois syllabes,Donc un mot de trois syllabes est un grand

    orateur.

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    Dans ce syllogisme, quant aux mots, il y a troistermes, mais, quant au sens, il y en a quatre, puis-que Bossuet orateuret Bossuet mot de trois syllabessont deux Bossuet distincts.

    Le pape est partout respect,Or celui qui est partout respect a bonne rpu-tation. Donc le chef de l'glise a bonne rputation.

    Quant aux mots, ce syllogisme possde quatretermes; quant au sens, il n'en a que trois, parce quepape et chef de l'glise ont la mme signification.

    91. Deuxime loi des termes : Les termes, dans laconclusion, ne doivent pas avoir une extensionplus grande que dans les prmisses. La conclu-

    sion donne le rsultat de la comparaison faite dansles prmisses entre le petit, le grand et le moyenterme. Si le petit et le grand terme conviennent aumoyen terme dans les prmisses, ils doivent conve-nir entre eux dansla conclusion; si l'un ne convient

    pas au moyen,terme dans les prmisses, ils ne peu-vent convenir entre eux dans la conclusion. Il fautdonc que ce soient exactement les mmes termesdans la conclusion. Autrement, la conclusion neserait pas le rsultat de la comparaison.

    Ex. :Tout prtre a le pouvoir d'absoudre les pchs,Or tout prtre est homme,Donc tout homme a le pouvoir d'absoudre les

    pchs.

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    Dans les prmisses, parce qu'attribut d'une pro-position affirmative, homme est un terme particu-lier, en effet tout prtre est quelque homme. Dans laconclusion, parce qu'affect du terme tout, hommeest universel. Par consquent, ayant une extensionparticulire dans la mineure, et une extension uni-verselle dans la conclusion, le terme homme n'est

    plus exactement le mme. Aussi bien ce syllogisme

    est-il faux.

    92. Troisime loi des termes : Le moyen terme nedoit jamais se trouver dans la conclusion. Laconclusion nonce que le petit et le grand termeconviennent ou ne conviennent pas entre eux sui-vant que tous deux ou l'un d'eux conviennent ou neconviennent pas, dans les prmisses, au moyen

    terme. La comparaison se fait donc dans les cieuxpremires propositions. Et le moyen terme n'estexig que pour la comparaison. S'il se rencontredans la conclusion, il n'est donc pas sa place.

    Ex. :

    La Mre Marie de l'Incarnation fut une grandesainte,

    Or la Mre Marie de l'Incarnation a t la pre-mire suprieure des Ursulines de Qubec.

    Donc la premire suprieure des Ursulines deQubec a t une grande sainte et la Mre Mariede l'Incarnation. La Mre Marie de l'Incarnation est le moyen terme de ce syllogisme. Ce terme est

    de trop dans la conclusion.

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    93. Quatrime loi des termes : Le moyen termedoit tre universel au moins une fois. Lemoyen terme est rpt deux fois dans les prmis-ses. Supposons qu'il soit particulier les deux fois;dans ce cas on aura quatre termes quant au sens. Le

    particulier est une fraction de l'universel, et deuxfractions de l'universel sont diffrentes et consti-tuent deux termes compltement distincts.

    Ex. :Tout pch est mauvais,Or Jean est mauvais,Donc Jean est pch.

    Mauvais, parce qu'attribut de propositions af-firmatives est deux fois particulier. Aussi mauvais

    pch et mauvais Jean, ce sont deux termes tout fait distincts. Et ce syllogisme, pour n'avoir quetrois termes quant aux mots, en a rellement quatre,quant au sens. Cette loi n'affecte pas le moyenterme singulier. Un terme singulier, logiquement,quivaut un terme universel.

    94. Premire loi des propositions : Si les deuxprmisses sont ngatives, pas de conclusion pos-sible. La conclusion est le rsultat de la compa-raison faite dans les prmisses. Si les deux extrmes(sujet et attribut de la conclusion) conviennent aumoyen terme, la conclusion sera affirmative. Si l'undes extrmes ne convient pas au moyen terme, le

    petit et le grand terme (sujetet attributde la conclu-

    sion) ne conviendrontpas entre eux dans la conclu-sion, et celle-ci sera ngative. Il ne peut donc pas y

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    avoir de conclusion, lorsque les deux extrmes neconviennent pas au moyen terme, parce que, dans cecas, il n'y a pas eu de comparaison. Et les deux

    prmisses sont ngatives prcisment lorsque legrand et le petit terme ne conviennent pas au moyenterme.

    Ex. :

    L'homme n'est pas un minral,Le minral n'est pas un animal,Donc

    Que conclure? Rien, c'est vident.

    95. Deuxime loi des propositions : De deux

    prmisses affirmatives, on ne peut pas dduireune conclusion ngative. Cette loi est, pourainsi parler, l'inverse de la prcdente. Quand lesdeux prmisses sont affirmatives, les deux extrmes(grand et petit terme) conviennent au troisime(moyen terme). C'est cette convenance qu'exprimela conclusion, et partant, elle doit tre affirmative.

    Ex. :

    Le vice est dtestable,Or la paresse est un vice,Donc la paresse est dtestable.

    C'est la bonne conclusion. Et non pas celle-ci:

    Donc la paresse n'est pas dtestable.

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    96. Troisime loi des propositions : On ne peutrien conclure de deux prmisses particulires. Comme l'extension d'une proposition est la quantitmme du sujet de cette proposition, les propositions

    particulires ont donc toujours comme sujets destermesparticuliers. On peut supposer trois cas.

    Premier cas. Les deux prmisses particuli-res peuvent tre ngatives. Alors, en vertu de la

    premire loi des propositions (94) toute conclusionest impossible.

    Deuxime cas. Les deux prmisses particu-lires peuvent tre affirmatives.

    Ex. :Quelques savants sont incroyants,Or quelques incroyants sont illettrs,

    Donc quelques savants sont illettrs.

    Ici la quatrime loi des termes n'est pas obser-ve. Le moyen terme incroyants est pris dans deuxsens diffrents. En ralit, ce syllogisme contientquatre termes quant au sens.

    Troisime cas. Les deux prmisses particu-lires peuvent tre, l'une affirmative, l'autre nga-

    tive. Ex.:

    Quelques tudiants sont paresseux,Or quelques hommes ne sont pas paresseux,Donc quelques tudiants ne sont pas hommes.

    Dans ce syllogisme, la deuxime loi des termesn'est pas observe. Dans la conclusion, parce qu'at-tribut d'une proposition ngative, le terme hommes

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    est universel. Dans les prmisses, il est particulier.Ou encore:

    Quelques tudiants ne sont pas hommes,Or quelques tudiants sont paresseux,Donc quelques paresseux ne sont pas hommes.

    Ici la quatrime loi des termes n'est pas obser-

    ve. tudiants, moyen terme, est deux fois particu-lier.

    97. Quatrime loi des propositions : La conclu-sion suit la partie la plus faible. Si l'une des

    prmisses est ngative la conclusion est ngative; sil'une des prmisses est particulire, la conclusionest particulire. En effet, si l'une des prmisses est

    ngative, c'est parce que l'un des extrmes neconvient pas au moyen terme. Et la conclusion serancessairement ngative.

    Ex. :

    Tous ceux qui offensent Dieu ne sont pasordinairement heureux,

    Or les pcheurs offensent Dieu.Donc les pcheurs ne sont pas

    ordinairement heureux.

    Cette conclusion est juste, videmment.Si l'une des prmisses est particulire, c'est

    parce que l'un des extrmes ne convient qu'enpartie

    oupartiellementau moyen terme. C'est cettepartiede l'extrme convenant au moyen terme qui sera

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    exprime dans la conclusion. Celle-ci sera doncparticulire.

    Ex. :

    Quelques souverains ne sont pas aims,Or tous les souverains sont les reprsentants

    de l'autorit,

    Donc tous les reprsentants de l'autorit nesont pas aims.

    Cette conclusion estfausse. Il faut dire quelquesreprsentants de l'autorit

    98. quoi sert le syllogisme. Le syllogisme estun excellent moyen de dcouvrir l'erreur. Celle-ci,

    pour se faire accepter, se prsente aux lecteurs touteenveloppe des ornements et des grces du style.Dpouille de ses atours par le syllogisme qui l'ex-hibe en trois phrases courtes, sches, prcises, elle amoins de chance de se faire admettre. C'est cequ'enseignent de grands esprits comme Bossuet quiavait soin d'ter du discours les figures et les au-tres ornements de parole ... pour mieux voir ceque la logique fait dans ces ouvrages et ce que larhtorique y ajoute. Selon Kant, tous les vices duraisonnement se dcouvrent trs facilement quandon les fait ressortir en mettant un argument enforme. Et, pour Cousin, tout raisonnement qui ne

    peut tre mis sous cette forme, est un raisonnementdont il faut se dfier. En employant le syllo-

    gisme, l'esprit humain acquiert de la prcision