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LE FRANçAIS N’A PAS DE FRONTIèRES N°16 décembre 2012

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Le français n’a pas de frontières

N°16 décembre 2012

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2 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 3

AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET TERMINOLOGIE

Sommaire N°16 décembre 2012

La Commission Spécialisée de Terminologie et de Néologie du ministère des Affaires étrangères, que je préside depuis 2007, fait partie du dispositif interministériel mis en place à partir de 1996 en vue de l’enrichisse-ment de la langue française. Chaque minis-tère dispose d’une commission spécialisée

(CSTN), qui rend compte de ses travaux à la Commission générale, puis à l’Académie française. La liste finale des termes retenus, publiée au Journal officiel, est censée s’imposer aux services de l’État. L’ensemble du dispositif est placé sous le contrôle de la Délégation à la langue française et aux langues de France (DGLFLF).

Notre commission est composée de diplomates, lin-guistes et enseignants, traducteurs et interprètes, jour-nalistes, représentants de la DGLFLF, de l’Académie française (service du Dictionnaire), de la commission nationale de toponymie, de l’ONU, de l’OIF, de l’Union latine, de l’AFNOR. Son secrétariat est assuré, au minis-tère des Affaires étrangères, par la Direction de la politique culturelle et du français, dont la responsable, actuellement Mme Delphine Borione, exerce aussi les attributions de Haut fonctionnaire de Terminologie (un dans chaque ministère).

La CSTN a une compétence dans le domaine de la toponymie. Elle publie des recommandations concernant les noms d’États, d’ha-bitants, de capitales, de sièges diplomatiques et consulaires. Les appellations retenues par l’usage doivent être respectées (Pékin, Irak, Munich, Sarrebruck, la Nouvelle-Orléans…) et la graphie se confor-mer à la prononciation française (Abou Dabi, Doubaï, Rangoun…). Cependant, les exceptions à ces règles sont nombreuses, sou-vent pour des raisons d’ordre diplomatique. C’est ainsi que les villes malgaches ont deux appel-lations autorisées : Antananarivo ou Tananarive, Toamasina ou Tamatave. Les graphies non fran-

édito

Réunion de la CSTN dans le salon René Cassin au MAE

cophones restent fréquentes, notamment en Afrique : Kinshasa, Ruanda, Burundi, Windhoek, Maputo… Cette liste de toponymes officiels est donc le résultat d’un équi-libre subtil, parfois contesté, et dont les services de l’État français eux-mêmes tendent à s’affranchir. N’a-t-on pas entendu parler pendant toute une année des Jeux olym-piques de Beijing ? La recommandation du J.O. ne suffit pas toujours à faire la loi.

L’essentiel des travaux de la CSTN porte sur le vocabu-laire diplomatique. Il s’agit de recenser les expressions d’origine étrangère dont l’usage se répand rapidement, d’abord dans la presse, et pour lesquelles il faut trouver des équivalents français, voire créer des néologismes. Citons : laboratoire d’idées pour think tank, droit souple pour soft law, note libre pour non paper. De nombreuses dérives proviennent de l’activité de l’ONU, où le français est certes langue officielle mais évolue vers un jargon spécifique, influencé par l’anglo-américain. On entend de bons connaisseurs de notre langue utiliser sans scrupule des phrases telles que : « Notre attitude doit être proac-tive… L’intervention militaire n’est pas assez robuste… Il faut procéder à une attaque préemptive… » Dans quelle

mesure ces termes peuvent-ils être adoptés par la langue diploma-tique française ? Faut-il réagir sys-tématiquement ? C’est le genre de questions que se pose notre Commission.

Sur quelques grands thèmes débattus dans les enceintes inter-nationales, les positions françaises sont parfois battues en brèche, au nom d’une sorte de politiquement correct planétaire. Faut-il désor-mais invoquer les droits humains ou les droits de la personne à la place des droits de l’Homme ? Faut-il parler de genre plutôt que de sexe pour traiter de la dualité hommes-femmes ?Une des difficultés auxquelles se heurte notre commission consiste à faire connaître et appliquer ses recommandations, une fois qu’elles

ont été entérinées et publiées. Cette mission de diffusion relève au premier chef de la DGLFLF, qui veille à faire connaître les avis du J.O. aux autres administrations fran-çaises (bulletin officiel de l’Education nationale), entretient des relations suivies avec tout un réseau de correspon-dants étrangers (notamment au Québec), publie des fascicules thématiques et anime une précieuse banque de données sur internet, FranceTerme.

Beaucoup dépend de la volonté politique, mais beaucoup aussi de la prise de conscience individuelle. Les diplo-mates ne sont pas encore assez sensibilisés à la cause du français, langue diplomatique par excellence et qui doit le rester. La mondialisation a ses conséquences sur le plan du français. Les travaux de terminologie ont le mérite de freiner une dérive inquiétante, qui pourrait tourner à l’ab-dication, de maintenir la précision instrumentale de la lan-gue et de l’adapter au monde moderne. L’usage évolue, certes, mais il est essentiel de permettre aux diplomates francophones de continuer à s’exprimer dans une langue claire, compréhensible et efficace

Thierry BURKARDMinistre plénipotentiaire (retraité)

p.2 tHierrY BUrKard La CSTN

p.4 CHristian MonCeLet Grammaire parallèle

p.5 doMininiQUe Hoppe Un grand témoin

p.6 VaLerie niVeLon Sihanouk

p.8 siGfried forster Atul Dodiya

p.9 MarC seBBaH Le PJE

p.10 iVan KaBaCoff Destination Francophonie

p. 11 MiCHeL VerMaerKe L’UBF

p. 12 ViCKY soMMet Le RFN

p. 13 CHristian nGaLLe La presse francophone

oLiVier Barrot Vice-Versa14

p. 19 La franCopHonie en Brefp. 20 Les français en CHiffres

p. 15 anUradHa WaGLe Un Congrès en Inde

p. 16 C. Le GriX de la saLLe 21ème siècle

p. 17 doMiniQUe preVost Only French

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Yann GiraUd Le français au Rwanda7

LUdoViC dUnodL’esprit guinguette

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4 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 5

LA GRAMMAIRE PARALLÈLELa langue est une réalité trop effervescente pour que l’étude en soit confiée aux seuls grammairiens, armés de leur sagesse normative. Il existe une grammaire parallèle, foisonnante et polychrome, en révolte enjouée contre les codifications ambiantes.

4 Francophonie /septembre 2012

Pour la décrire, il convient d’avoir l’âme d’un grammaérien, heureux de fédérer maintes remarques – poétiques, farfelues, lucides, acides... — sur la graphie, l’orthographe et le sens des mots, ou sur l’intérêt d’un bon placement des vocables. Sont sollicités des

écrivains francophones, des humoristes, des célébrités et des anonymes qui se sont engagés dans une désobéis-cience langagière, active et jubilatoire. La Grammaire parallèle est, à la fois, un florilège d’étonne-ments judicieux, un traité capricant de rhétorique et une bible foisonnante de créativité. On y explore la littérature mais aussi la presse, la publicité, les arts de la scène... Les sept chapitres de cet ouvrage sans équivalent, gorgé d’exemples originaux, abordent « le champ des signes » (L’alphab...etc), « les mots en formes » (Orthographe et orthogreffe — Rencontre d’une troisième typographie), « le lexique » (Le lexique revisité et modifié), « les adjectifs et les verbes », « le genre et le nombre », « l’immensém...antique » (Faire le plein des sens — Alliances, nuances, exagération — Des finitions de définitions) et « la syntaxe » (Répétitions — Musicalité — Le melting poétisme).Voici quelques alléchantillons illustrant la morphologie : « Kayak peut s’écrire kayac, mais l’essentiel est qu’il ne soit pas percé » (Frédéric Dard), « Entre deux mots, il faut

choisir celui que l’on sait écrire » (Raoul Lambert), « Bonne médecine : le rhum abrège le rhume » (Éric Chevillard). On retiendra cette belle orthogreffe (mot-valise pour l’œil) : « La seule épopée qui ferait le bonheur des peuples devrait s’écrire épopaix » (Cami). On est chaleurieusement invité à faire fête à des pluriels irréguliers (« Un général, dégénéré », B. Vian), à des accords finement dissonants (la syllepse assassine de J. Renard : « Willy [auteur à nègres] ont beaucoup de talent »), à une féminisation militante (« Quelle heure est-elle ? », Jean Yanne), à de nouveaux temps verbaux (« le présent lointain, le futur avancé, l’inactif présent, le désactif passé... », V. Novarina), à des étymologies improbables (« Un oiseau est dit « migrateur » quand il ne se gratte que la moitié du corps »), à des attelages du tonnerre de zeugme !..La liberté est la grammaire de tous les sévices de formes. Assurément, la communication humaine a besoin des règles qui font le charme des manuels, mais elle a aussi un fort désir d’escapades, d’embardées, de pirouettes, d’un gros nez rouge au dictionnaire.L’auteur, écrivain et universitaire, invite le lecteur dans un partage de gourmand-gourmet, où saveurs et savoirs font bon manège. Une nomenclature aussi truculente qu’opérationnelle allie la clarté pédagogique et la fantaisie ludique.

Christian MONCELET« Grammaire parallèle » aux éditions Chiflet & Cie

UN GRAND TEMOIN DE LA FRANCOPHONIE POUR LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES A chaque Sommet de la Francophonie, les chefs d'Etats affichent leur volonté de réagir face au déclin de l’emploi du français dans les instances multilatérales. Pourtant le problème persiste. Comment l’expliquer ?

chaque jour, sous de contestables prétextes de rentabilité et d'effica-cité, plus mono-culturelles. Par ce phénomène, c’est la capacité même des OI à remplir leur mis-sion avec équité qui est mise en danger. Peut-on en effet être juste, au service d’un monde aux multiples valeurs et aspirations, en employant une langue unique et des modèles professionnels d’une seule origine ? Une autre question d’importance se pose. Puisque la Francophonie a peu de moyens d’action sur les institutions multilatérales, doit-on en conclure que la cause est perdue ?En réponse je citerai le Président Abdou Diouf, Secrétaire général de l'OIF: "Une cause n’est vrai-ment perdue que lorsque ceux qui doivent la défendre finissent eux-mêmes par ne plus y croire". Or, nous sommes de plus en plus nombreux, au sein des OI, à estimer que celles-ci ne peuvent correctement fonctionner qu’en ayant des modèles culturellement diversifiés et plusieurs langues pour les utiliser. Et ce réseau en expansion agit au quotidien. Ce sera long, difficile, il faudra convaincre, mais tout est encore possible. Dans cette lutte, l’OIF peut nous

aider considérablement en créant une fonction de Grand témoin de la Francophonie pour les Organisations internationales. Celle-ci aurait pour vertu d'offrir un point de conver-gence institutionnel à toutes les bonnes volontés et permettrait, de par la légitimité conférée par les Etats de la Francophonie, d’in-tercéder de façon continue au plus haut niveau des OI.

Dominique HOPPEPrésident de l’AFFOI, Association des Francophones Fonctionnaires des Organisations Internationales

Pour comprendre, il faut avant tout dis-socier deux aspects trop souvent confon-dus. Le multilatéral institutionnel des diplomates et des

grandes conférences et le multi-latéral opérationnel des quelques trois cent Organisations internatio-nales (OI) qui en régulent les déci-sions sous l’autorité, parfois bien éloignée, des Etats souverains. Si la Francophonie peut inciter ses représentants à parler français et exiger des traductions lors des grandes rencontres, elle peut difficilement intervenir dans le fonctionnement des OI. Pourtant, c’est entre leurs murs feutrés que la véritable bataille de la place du français et de la diversité se joue. Les diplomates changent mais les pratiques professionnelles inhé-rentes aux organisations perdu-rent. Et ces pratiques deviennent

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6 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 7

iLe  Cambodge  est  en  deuil  depuis  la  mort de  Norodom  Sihanouk,  l’ex-roi  s’est  éteint à Pékin, le 15 octobre dernier  à l’âge de 89 ans. Sihanouk a  incarné  son pays pendant plus de 50 ans, et il est l’une des personnali-tés asiatiques majeures du XXème siècle. Chef 

d’état aux multiples  facettes, connu pour ses alliances hasardeuses,  à  la  fois  homme  politique,  artiste,  diva, Sihanouk est également le seul chef d’état à avoir légué ses archives personnelles à une puissance étrangère  : la France.

Le Prince Sihanouk n’a que 18 ans lorsque la France le choisit pour devenir roi du Cambodge. C’était en 1941. La  France  de  Vichy  pensait  sans  doute  que  ce  jeune monarque  joli cœur et séducteur serait  forcément mal-léable dans  le Cambodge encore colonial. Mais c’était sans compter avec la force de caractère et l’intelligence d’un jeune érudit capable en quelques années de fédérer l’élite démocrate cambodgienne autour d’une croisade pour  l’indépendance  qu’il  gagne  en  1953,  sans  verser une goutte de sang. La guerre d’Indochine ne s’étendra pas jusqu’au Cambodge.

En 1955, Sihanouk abdique pour devenir chef du gou-vernement de son pays ! Mais le père de l’indépendance ne rejette pas la langue du colonisateur, bien au contraire. Celui qui a été éduqué dans un lycée français à Saigon a conservé la langue française comme seconde langue officielle du Cambodge indépendant. Le parlement cam-bodgien a édicté ses lois en khmer et en français. Quant 

aux relations économiques et culturelles avec la France, elles sont restées très étroites au point que Sihanouk est le premier chef d’état à avoir offert ses archives person-nelles aux archives nationales françaises.

L’inventaire du fonds Sihanouk a été réalisé par Olivier de Bernon, aujourd’hui directeur du Musée Guimet : « Le roi m’a tout donné. Des milliers de pages manuscrites, une grande partie de la correspondance reçue, des dizaines de milliers de photos, et environ deux cents heures de cassettes enregistrées ». Sihanouk écrivait toujours ses discours en français, avant de les traduire lui même en khmer. Il était fasciné par la personnalité du Général de Gaulle  qu’il  considérait  comme  son  modèle.  Lorsque le  Général  est  venu  à  Phnom  Penh  en  visite  officielle en 1966, plus de 30 000 écoliers cambodgiens ont été mobilisés pour les festivités ! Et lorsqu’il est renversé en 1970 par un coup d’état, c’est depuis Dakar que le roi en exil lance son appel.

Sihanouk  était,  avec  feu  le  poète-président  Léopold Sédar  Senghor  du  Sénégal  et  les  défunts  présidents Hamani  Diori  (Niger)  et  Habib  Bourguiba  (Tunisie),  l'un des  pères-fondateurs  de  la  Francophonie,  en  1969  à Niamey,  la  capitale  nigérienne,  hôtesse  de  la  première conférence internationale des États francophones. RFI- Valérie NIVELON Productrice du magazine « La marche du monde »rfi.fr/emission/20121110-1-norodom-sihanouk

« MOI SIHANOUK, j’AI TOUjOURS DONNÉ, NON SEULEMENT à LA FRANCOPHONIE, MAIS à LA FRANCE, ELLE-MêME, LA PREMIÈRE PLACE AU CAMbODGE »

6 Francophonie /décembre 2012

LES CHANCES DU FRANÇAIS AU RWANDA

L’abandon du français au profit de l’anglais comme langue d’enseignement et langue des affaires est désormais effectif depuis le 1er  janvier 2011. Partout dans les classes primaires, secondaires et supérieures du public, on enseigne exclusivement en anglais,

à l’exception des départements de français des universi-tés et des classes de langues étrangères du secondaire. Le changement a été brutal pour les enseignants, essen-tiellement francophones, qui n’ont eu d’autre choix que de suivre des formations intensives pour améliorer leur niveau d’anglais. Les conséquences n’ont pas tardé : faute de professeurs véritablement anglophones, c’est l’enseignement général, toutes matières confondues, qui s’est dégradé. Autant le niveau d’anglais dans les admi-nistrations s’est amélioré, autant il a été difficile de prati-quer l’anglais pédagogique et d'en faire un outil d’instruc-tion efficace. Autre conséquence inévitable : la naissance d’un fort clivage linguistique entre les générations. D’un côté les jeunes générations qui trouvent avec l’anglais l’occasion de se démarquer de leurs aînés et de solder un passé difficile. De l’autre la grande majorité des adultes qui, non seulement, peinent à se faire admettre auprès de l’élite anglophone mais qui, dans leur propre maison, n’arrivent même plus à suivre les devoirs des enfants.

Cette greffe de l’anglais a t-elle des chances de prendre ? Le gouvernement conscient de l’effort que doit accomplir le pays n’a pas hésité à dépêcher de l’Afrique de l’Est des milliers d’enseignants anglophones étrangers au risque de froisser les travailleurs nationaux. Mais cette marche forcée vers l’anglais s’avère payante et de toute façon gagnante à long terme vu que les moins de 15 ans forment 43 % de la population rwandaise. Cela étant, le gouvernement ayant rappelé la priorité linguistique n’est pas opposé à l’enseignement du français et il affirme résolument son appartenance et son attachement à l’OIF. L’introduction du français comme langue étrangère (FLE) dans le dispositif rwandais n’est pourtant pas aussi simple que dans les autres pays de l’EAC, vu ici la forte exposi-tion de la culture francophone et la prégnance du français comme langue seconde, mais elle s’impose doucement :

introduction de 8h de français au secondaire en filière linguistique, réouverture des départements de français dans le public et surtout le privé. Les écoles privées et confessionnelles ont su, en effet, entendre la demande de la classe moyenne et aisée qui, à rebours du discours ambiant, vante les mérites du français et la nécessité d’un plurilinguisme performant en Afrique centrale et plus encore dans l’EAC où le français devient la valeur ajoutée. Malheureusement les anciens manuels s’avèrent inadap-tés et leur renouvellement beaucoup trop cher. Gageons que la révolution numérique en marche au Rwanda puisse inspirer les bailleurs francophones qui souhaiteraient investir dans de nouvelles stratégies de maintien du français (radio/télévision/bibliothèque numé-rique, etc.). Le public rwandais, sans être nécessairement nostalgique du français, est lui parfaitement conscient des enjeux de la nouvelle Afrique francophone. YANN GIRAUDChercheur en littérature comparée -Université Paris 8.

Combien de francophones au juste dans ce pays ? Les chiffres les plus fantaisistes sont avancés : tantôt 15% de francophones, tantôt 75%... Si l’on prend cependant la peine de calculer, environ 40% de la population parle exclusivement la langue locale tandis que les trois quarts de la population restante ont grandi dans le système francophone. Résultat : un Rwandais sur deux maîtrise le français avec plus ou mois de facilité. Ce chiffre doit être revu à la baisse avec le dernier recensement mais il risque surtout d’ici 15 ans et compte tenu du renouvellement des générations de tomber sous la barre des 10%. Pourquoi ?

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UN PRIX OUVERT AUX jEUNES FRANCOPHONES DU MONDE ENTIER

ATUL DODIYA : L’INDE, LA FRANCE ET LES SCRIbES DE TOMbOUCTOU

Vous avez peut-être vu ses célèbres icônes de Mahatma Gandhi à Delhi, Hong Kong ou New York, admiré ses époustouflants rideaux métalliques peints au Centre Pompidou, visité l’actuelle grande exposition de ses œuvres à Copenhague ou acheté un tableau à la galerie parisienne Daniel Templon qui organisait en automne sa première exposi-tion personnelle en France. C’est à Paris, au début des années 1990, qu’Atul Dodiya a appris la grande liberté artistique qui caractérise son œuvre : « Cela a totale-ment changé ma manière de regarder la vie, l’art et mon environnement. J’habitais à quelques minutes du musée Picasso.

Picasso pouvait tout faire, il n’avait jamais peur. Alors je me suis dit : je suis un tout petit artiste, pourquoi moi devrais-je avoir peur ? »

Depuis, il s’autorise des sauts incroyables dans son style et ses supports : de la peinture à l’huile sur toile jusqu’aux rideaux métalliques. De Mondrian à Malevitch jusqu’à Mumbai et la culture populaire indienne du Bollywood. C’était lui le pionnier dans ce mélange d’influences et références entre l’histoire de l’art occiden-tal et indien ou oriental. « Quand j’étais étudiant à Bombay, je me suis beaucoup intéressé aux réalisateurs français comme Truffaut, Chabrol, Bresson... mais c’était surtout Godard qui m’avait pro-fondément touché. Dans ses films, il y a souvent plusieurs choses qui se passent au même moment. Les références et les citations que vous pouvez trouver dans mon travail prennent leurs racines quelque part aussi dans le travail de Godard. » La toute dernière œuvre d’Atul Dodiya a recours à l’actualité brû-lante des destructions à Tombouctou. Le saccage des mosquées et l’histoire des scribes de Tombouctou l’ont profondément boulever-sé. « Les scribes ont gardé un respect très profond pour la tradition

Habillé tout en noir, des lunettes Ray-ban sur le nez, c’est ainsi que se présente à nous l’un des plus grands artistes contemporains indiens. Atul Dodiya né en 1959, vit et travaille à Mumbai. Il est l’un des pionniers de la nouvelle génération post-moderne. C’est après avoir résidé un an à Paris qu’Atul Dodiya a décidé de quitter le photo-réalisme et de s’ouvrir à d’autres formes d’expressions. Sa dernière série de peintures porte des citations de poètes français, en hommage aux luttes des Scribes de Tombouctou, au Mali.

et leurs fameux manuscrits du temps où Tombouctou était une des capitales du savoir, au XII èmesiècle. Un aspect important de mon travail, c’est l’usage de la langue. Et la langue officielle du Mali, c’est le français. Quand j’ai pensé à écrire quelque chose dans mes tableaux, j’ai pensé que le français serait la langue idéale. »

Les peintures aussi lumineuses que hantées qui en résultent laissent apparaître des visages défigurés et des squelettes. Sur un fond sombre, presque noir, s’affichent des citations, héritage de sa fascination pour des écrivains et poètes français comme Baudelaire, Sartre, Camus, Gide ou Claude Royet-Journoud. Le français, une langue qu’il aime tant, mais qu’il ne maîtrise pas. « J’ai utilisé l’un des meilleurs livres sur la poésie française du XX èmesiècle, c’est une édition bilingue, confie Dodiya. Je l’ai d’abord lu en anglais. Après je me suis dit, il serait mieux de l’écrire en français. Chaque mot a une signification très précise que chaque poète a minutieusement choisie. En conséquence, hors de France, les gens doivent chercher la signification, ils doivent faire des efforts, demander à des gens, surfer sur Internet, consulter des livres. C’est quelque chose qui me plaît. »

RFI- Siegfried FORSTER Ils sont en effet nombreux, les jeunes qui éprouvent le besoin d’écrire (en français) et d’être édités. C’est à ce besoin, à ce désir, que répond le Prix du Jeune Ecrivain (PJE). En 28 ans, le PJE a reçu 20 000 nouvelles. Tourné d’abord vers la seule France, il s’est ensuite adjoint, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie, un

prix francophone. Avant que les deux Prix, à l’initiative de Gisèle Pineau, Alain Mabanckou et Jean Rouaud ne fusionnent il y a quatre ans en un seul : le Prix du Jeune Ecrivain de Langue Française. Un même prix pour une même jeunesse, dans plus de 70 pays francophones.

En 28 ans, plus de 120 auteurs se sont succédés au sein de nos jurys : JMG Le Clézio, Erik Orsenna, Tahar Ben Jelloun, Nancy Huston, René de Obaldia, Danièle Sallenave, Georges-Olivier Châteaureynaud, Christiane Baroche, Alain Absire et tant d’autres…

Nos jurys distinguent des nouvelles inédites de 5 à 20 pages de jeunes de 15 à 27 ans, qu’édite à 3000 exemplaires Buchet-Chastel. Originalité du Prix, tous les participants reçoivent une fiche de lecture et le recueil des nouvelles primées. Cette année, les 13 lauréats du 28ème 

prix, français, québécois, suisse, béninois, malgache, vénézuelien rejoignent les lauréats suisses, algériens,

belges, libanais, camerounais, sénégalais, vietnamiens, chinois des années antérieures. Le PJE est ainsi devenu le prix littéraire le plus convoité en francophonie. Depuis 28 ans, plus de 60 lauréats du PJE ont poursuivi leur parcours littéraire et ont été distingués par le Goncourt du Premier roman, les prix France Culture Télérama, France Télévisons, Orange, des Libraires… Le PJE, comme une véritable pépinière d’écrivains.

Par ailleurs, le PJE a été retenu par l’OIF pour établir, aux côtés des comités belges, sénégalais et québécois, la liste des 10 ouvrages proposés au jury du Prix des Cinq Continents. J'ai proposé en tant que Président de l’as-sociation, en partenariat avec l’OIF et le Conseil Régional de Midi-Pyrénées que le 11ème Prix des Cinq Continents soit remis à Toulouse le 11 novembre dans le cadre du Salon du Livre « Vivons Livres ». Le jury a ainsi couronné Geneviève Damas pour son roman « Si tu passes la rivière » (Luce Wilquin). Les écrivains du jury ont aussi à cette occasion signé leurs livres et rencontré le public toulou-sain à l’hospitalité légendaire.

Marc SEBBAHPour candidater au 29ème Prix du Jeune Ecrivain (date limite le 1er mars 2013), consulter : www.pjef.net

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10 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 11

L’UNION bANCAIRE FRANCOPHONE : LA PREMIÈRE RENCONTRE DES bANqUES FRANCOPHONES à MARRAKECH

DESTINATION FRANCOPHONIE

L’union Bancaire Francophone (UBF) a orga-nisé, le 20 septembre 2012, sa première conférence à Marrakech, dédiée à l’accom-pagnement et à l’environnement des petites et moyennes entreprises (PME) et toutes petites entreprises (TPE) dans les pays franco-

phones. L’UBF a été lancée en septembre 2011, quand une dizaine d’associations bancaires, dont l’Union des banques arabes, l’Union des banques maghrébines, les associations et fédérations des banques africaines, euro-péennes et canadiennes, ont créé un comité de pilotage pour définir le projet qui vise à organiser des rencontres des banques francophones autour d’un thème d’intérêt commun et à créer un réseau d’échange. L’Union a pour but de rapprocher les secteurs bancaires des pays de la francophonie.

Une année plus tard, la conférence d’inauguration de l’Union Bancaire Francophone a été organisée à Marrakech et a réuni des représentants des PME et TPE, de l’OIF, des banques et associations bancaires francophones, mais également des autres acteurs impliqués, notamment les pouvoirs publics, les bailleurs de fonds internationaux, les sociétés de garanties et autres. Elle avait pour objectif d’échanger sur les bonnes pratiques développées dans ces pays, que ce soit dans le domaine bancaire et financier ou plus largement dans l’environnement.

Les débats étaient initiés autour de thèmes comme « L’évaluation des besoins des TPE et PME », « Les bonnes

pratiques pour répondre aux besoins des TPE et PME » ou encore « Les instruments d’accompagnement des TPE et PME, perspectives d’évolution ». La richesse des thèmes et la diversité des intervenants étaient à la mesure de l’accompagne-ment des TPE et PME, au-delà de l’aspect financier. Il était clair que partout, que

ce soit en Afrique, ou dans les pays occidentaux, ces petites entités rencontrent des difficultés similaires, suite à la conjoncture actuelle ou à la crise économique. Pendant les séances plénières de la conférence, j’ai mis l’accent sur l’importance du financement des PME et TPE et le dialogue entre les entrepreneurs et le secteur financier.

La première rencontre des banques francophones a été un grand succès, grâce à la richesse des échanges, la forte présence des PME et la diversité des participants. Tous les membres du comité de pilotage se sont déclaré séduits par l’idée du suivi et ont décidé d’acter la créa-tion officielle de l’Union Bancaire Francophone et de reconduire le dispositif actuel sous la forme légère de coordination et d’échange d’information. Une plateforme d’échange de bonnes pratiques entre les pays franco-phones est née.

Michel VERMAERKEAdministrateur délégué de FEBELFIN

L'histoire de Destination francophonie a com-mencé en Géorgie, en 1999, sur la petite route déformée et tortueuse qui me menait au village de Partazéouli. A l ‘époque, je m’oc-cupais de promouvoir la langue française à l’Ambassade de France de cet étonnant pays du Caucase. Après trois heures de route,

nous arrivons à ce village niché au pied d’une montagne. Un générateur fait fonctionner les quelques ampoules de l’école. Il n’y a pas d’électricité en continu depuis plusieurs années déjà. A peine descendu de voiture, les deux professeurs de français de l’école viennent vers moi, des mains tendues, des sourires, des voix qui me disent « merci d’être venu, les enfants vous attendent ». On me place au premier rang à côté du maire, autour de moi des parents et sur la scène une trentaine d’enfants qui se mettent à jouer devant nous une adaptation du « Petit prince » de Saint-Exupéry dans un français parfait ; puis des adoles-cents viennent chanter des chansons de Piaf, Montand, Patricia Kaas ou encore Joe Dassin. Je suis à Partazéouli, en Géorgie, à des milliers de kilomètres de chez moi, et au milieu de ces enfants qui jouent, chantent et parlent en français. Il y a quelque chose d’irréel, d’inexplicable et c’est là toute la magie de la francophonie.

Ce sont ces enfants et ces professeurs de français géor-giens qui m’ont donné envie, bien des années plus tard, de proposer une émission qui pourrait parler d’eux et de

tous ces francophiles qui font vivre avec passion la langue française à travers le monde.

Depuis le 13 octobre dernier, Destination francophonie fait voyager chaque semaine le téléspectateur de TV5MONDE dans un pays différent à la rencontre des femmes et des hommes qui font du français une langue vivante, dyna-mique et en constante évolution. A rebours des clichés qui laissent penser que la langue française est en déclin, l’émission vise à en donner une vision moderne et positive en mettant en valeur des initiatives portées par l’énergie et l’inventivité des acteurs de la francophonie sur les cinq continents.

De Melbourne à Buenos Aires, de Ouagadougou à Blogovotschenk en Sibérie, les sujets sont innombrables pour montrer que la langue française est un lien fabu-leux qui réunit des millions de gens à travers la planète. Destination francophonie se veut une chambre d’échos, une petite fenêtre hebdomadaire qui donne à voir les réus-sites de ce monde francophone qui vit du simple plaisir de parler et de partager une langue commune. C’est ce plaisir qu’avaient les enfants sur la scène de l’école de Partazéouli et je pense souvent à eux lorsque je dis à chaque début d’émission : « Bonjour, aujourd’hui je vous emmène... »

TV5MONDE – IVAN KABACOFFwww.tv5monde.com/df

Paysage de Géorgie

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12 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 13

RFN*

NEW-YORKA SON CENTRE DE LA PRESSE … FRANCOPHONE !

Cette structure virtuelle mise sur pied au début de l’année 2012 et soutenue par la représentation permanente de l’Orga-nisation Internationale de la Francophonie auprès des Nations Unies organise des conférences de presse données par des

personnalités sur tous les sujets d’actualité. Les interve-nants ici sont aussi bien les décideurs du monde politique et économique que des personnalités de la société civile, des dirigeants d’ONG, des créateurs ou des écrivains, que des analystes, observateurs ou experts de haut niveau.

Cadre informel et convivial pour des rencontres et des échanges entre professionnels, la Représentation per-manente de l’OIF auprès des Nations Unies facilite ces rencontres. L’accueil des journalistes étrangers se décline en la facilitation de la tâche des journalistes de passage à New York et l’organisation de rencontres et événements de presse, à travers notamment la mise à la disposition de ceux qui en font la demande, d’un attaché de presse, la diffusion d’invitation presse par courriel vers les journa-listes francophones, et l’annonce d’événements

La mise sur pied du Centre de la Presse Francophone de New York s’est opérée à deux niveaux : la Représentation Permanente de l’OIF auprès de l’ONU a abattu un travail de mobilisation auprès du Groupe des Ambassadeurs Francophones à l’ONU, un rassemblement de 77 pays membres aujourd’hui. J’ai mené à bien la constitution de la base de données de journalistes francophones présents à New York et ses environs, et même la région

de Washington DC, et je me suis également occupé de la conception et la réalisation de la signalétique et des outils de communication et de relations publiques.

Cet important projet est sorti des fonts baptismaux à la faveur de la tenue, en septembre dernier, des travaux de la 67eme assemblée générale des Nations Unies, à travers une cérémonie de lancement en présence de plusieurs Ministres et hauts responsables francophones parmi lesquels le Conseiller Spécial du Secrétaire Général de la Francophonie, M. Ousmane PAYE, leurs Excellences Nelson Messone et Antonio Pedro Monteiro, ambassa-deurs respectifs du Gabon et du Cap-Vert à l’ONU, repré-sentant le Groupe des Ambassadeurs Francophones, Monsieur Atoki Ileka, Ambassadeur de la RDC à Paris, et Monsieur Hugo Sada, Délégué à la Paix, Démocratie et Droits de l’Homme à la Francophonie.

Autre temps fort dans la vie du Centre de la Presse Francophone de New York : la célébration, le 17 octobre 2012, de la journée du refus de la misère a été l’occasion pour l’Ambassadeur Filippe Savadogo, Représentant permanent de l’OIF auprès des Nations Unies, par ailleurs artisan de la mise en œuvre de ce centre de presse, de délivrer le message du Secrétaire Général de la Francophonie, dans la cadre d’un cocktail avec la presse organisé pour le mouvement international ATD Quart Monde.

Christian NGALLEDirecteur du Centre de la Presse Francophone de New-York

Informer les journalistes francophones basés aux Etats Unis et accompagner ceux qui y sont de passage dans la perspective de faciliter leur travail en leur permettant de rencontrer des personnes ressources, telle est la vocation du Centre de la Presse Francophone qui vient de voir le jour dans la grande pomme !

RFN : derrière ce sigle énigmatique se cache un consortium des 19 plus grandes institu-tions documentaires de la Francophonie. Ce

Réseau Francophone Numérique fédère en effet les efforts de nom-breuses bibliothèques engagées dans des programmes de numéri-sation patrimoniale et soucieuses de participer au rayonnement des cultures francophones et de la lan-gue française.Voilà comment est né, sous l’im-pulsion de la BNF en 2006, avec un lancement officiel lors de la XIIème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ayant le fran-çais en partage à Québec deux ans plus tard, ce portail de biblio-thèques numériques francophones, en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie. Il regroupe plus de 600 000 fasci-cules de journaux, 3000 fascicules de revues, des livres, des cartes, des documents d’archives … comme par exemple un accès à l’Eveil économique de l’Indochine

publié à Saïgon en 1915, l’Echo de Tananarive qui se lisait dans les années 20, le Cancanier d’Haïti avec son premier numéro en date du 25 juillet 1841 ou encore le Journal de Genève pour les années 1826-1998.La RFN travaille aussi en amont avec l’organisation de stages de formation, de transferts de savoir-faire ou d’échanges d’informations entre ses membres. L’internaute, qui consulte ce site, identifie le document qu’il recherche et est orienté vers le site de la Bibliothèque Francophone qui l’a numérisé. Les documents en provenance du Nord ou du Sud montrent bien l’implica-tion de toutes les bibliothèques qui mettent à disposition des docu-ments inédits et contemporains et qui reflètent, par l’écrit et le son, les usages de la langue française dans le monde.Parmi les partenaires, on trouve, entre autres, les Bibliothèques nationales de Québec, Suisse, Belgique, Tunisie, Haïti, Cambodge et des bibliothèques spécialisées comme la Biblioteca Alexandrina, la Bibliothèque universitaire de l’Université Cheikh Anta Diop ou la Bibliothèque haïtienne des pères du Saint-Esprit.Pour demain, les objectifs de la RFN concerneront l’élargissement de la numérisation des contenus patrimoniaux et l’ajout, aux côtés de la presse, des trésors nationaux qui présentent un intérêt scienti-fique ou symbolique et la mise en place d’une galerie des écrivains contemporains avec des vidéos et des enregistrements sonores.

Vicky SOMMET *www.rfnum.org

12 Francophonie /décembre 2012

La BnF à Paris

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LE CONGRÈS DE CHENNAI : LA PASSION ET LA RAISON La francophonie peut-elle exister dans un pays qui a une vingtaine de langues officielles et plus de 1600 dialectes locaux ? Et pourtant le français s’épanouit en Inde où il est enseigné comme quatrième langue au titre d’une langue étrangère. Il existe en Inde environ un million d’apprenants de français et 8000 professeurs enseignant à tous les niveaux du système éducatif ainsi que dans les Alliances Françaises et les instituts privés.

VICE - VERSA

Une idée toute simple, venue de ma longue pra-tique du format court de télévision autour de la littérature (22ème saison de "Un livre un jour" sur France 3 et TV5 Monde, 4700 émissions réalisées !). Plusieurs bons esprits se retrouvent fin 2011 à s'entretenir de la présentation des

livres sur France 24 : Camille Pascal, conseiller de l'Elysée pour la culture, Jean-François Colosimo, Président du Centre natio-nal du Livre, et le signataire de ces lignes. Officiel, tout cela ? Pratique, plutôt. Il se trouve que je suis bilingue, pour avoir plongé enfant dans le bain anglo-saxon, et que je travaille aux états-Unis, à New York University, depuis plusieurs années. On me propose d'intervenir sur France 24 anglophone, je dégage une ligne éditoriale : les ouvrages francophones traduits et disponibles en langue anglaise, toutes catégories confondues. Il m'est suggéré un format de 3 minutes (je n'en sortirai donc jamais !), une multidiffusion à raison de 10 passages antenne par semaine, un producteur choisi après appel d'offre, Media TV Presse. Le principe est acquis, nous devrons être prêts pour le Salon du Livre de Paris, en mars 2012.

Au travail. Pas question de se cantonner à un plateau avec un journaliste disant un texte. Media TV Presse songe à un dessi-nateur, Dominique Fages, qui, nanti du papier que j'écris en anglais, conçoit des illustrations au trait noir qui accompagnent le déroulé de mon récit, l'ensemble rythmé par un accompa-gnement musical entraînant. On se lance : comme toujours, débuts un peu laborieux, je n'ai aucune expérience de la lecture au prompteur, que j'ai toujours refusé pour "Un livre un jour". Et puis, il faut composer un programme varié, fondé sur des livres de genres différents, traduits en Angleterre ou aux états-Unis. On me communique des listes, et je m'aperçois que malgré la relative modestie du nombre de traductions, l'expression française demeure bien mieux lotie que l'allemande, l'italienne ou la russe. A eux seuls semble-t-il, les textes d'origine fran-cophone représentent la moitié de ce qui est traduit en anglais.

Embarras du choix ? Pas tout à fait : il n'est aucune logique prévisible dans les décisions des éditeurs étrangers d'acheter les droits de telle ou telle publication française. Nous ferons notre marché sur catalogue, et au gré des visites aux librairies anglophones de Paris.

Ainsi ai-je pu évoquer des romans, des essais, des livres illus-trés. J'ai pu vérifier que le fameux art de vivre à la française continue d'intéresser les lecteurs d'outre-Manche et d'outre-Atlantique : la cuisine, l'artisanat d'exigence, les produits de luxe, autant de domaines dans lesquels nous excellons, et auxquels sont consacrés des ouvrages traduits souvent raffi-nés, qu'il s'agisse par exemple de Ladurée, de Saint Laurent ou de Louis Vuitton. En matière plus spécifiquement littéraire, on s'aperçoit que la tendance ne privilégie aucune des pré-férences hexagonales : la plupart de nos best-sellers ne sont pas traduits, notamment les romans policiers ou d'espionnage, genre que les auteurs anglo-saxons maîtrisent depuis toujours. En revanche, des écrivains que j'appellerais "du sentiment" trouvent un écho, tels David Foenkinos ou Amélie Nothomb. Quant à la non-fiction, on la retrouve avec des auteurs de forte densité, comme Jean Hatzfeld ou François Bizot.

La vie littéraire anglo-américaine n'a que peu de rapport avec la nôtre. Amazon a remplacé les librairies, et les liseuses concur-rencent sérieusement le livre imprimé. Aucun programme dédié à la télévision, mais une présence continue en ligne. Quant à la langue française elle-même, elle reste la troisième en termes d'apprentissage, après le mandarin et l'espagnol. Pas de déplo-ration ! Au contraire, une action tous canaux, volontariste et structurée, à la fois modeste et persévérante.

France 24 - Olivier BARROT( Vient de paraître « Le fils perdu » aux éditions Gallimard.)

Amélie Nothomb

iLa motivation des étudiants pour apprendre le français est issue de la situation historique et socioprofessionnelle de ce pays qui produit, d’une part, une francophonie historique due aux liens linguistiques et culturels forgés avec la France au cours de son histoire, et, de

l’autre, la francophonie que j’appelle économique qui est née des échanges économiques et commerciaux avec les pays francophones. De la francophonie historique est né un goût pour les aspects culturels et civilisationnels développés par la France, que ce soit une passion pour les œuvres littéraires ou un amour pour la vie à la française, les monuments, les musées, la gastronomie et la mode. Parallèlement, la langue française devient un atout pour ceux qui travaillent ou souhaitent travailler dans le secteur économique, les sociétés françaises et francophones d’import-export, les banques et les hôtels. Les Indiens trouvent des débouchés dans les entreprises en tant que secrétaires bilingues, traducteurs, informaticiens et cadres, sans oublier la masse des jeunes qui participent à la vague d’externalisation (outsourcing) des services en travaillant dans les centres d’appel.

Dans ce scénario, il est tout à fait normal que le Congrès Régional de la Commission Asie-Pacifique de la Fédération Internationale des Professeurs de Français, du 13 au 16 février 2013, soit organisé autour de la thématique « Le français en Asie-Pacifique - la passion et la raison ». Indian Association of Teachers of French (IATF), qui fêtera ses 60 ans en 2013, est chargée de la réalisation de ce Congrès, la plus grande manifestation de professeurs de français que l’Inde ait connue, en partenariat avec de nombreux organismes dont l’Ambassade de France, l’Al-liance Française de Madras, Tata Consultancy Services, Langers et TV5MONDE. Ce Congrès réunira environ 500 participants de la région dont 120 intervenants qui discute-ront différents aspects de l’enseignement, l’apprentissage du français à la lumière de la motivation des apprenants, la politique linguistique, le français professionnel et les nouveaux publics, les innovations pédagogiques, le plurilin-guisme et le multiculturalisme, les enjeux de la traduction, la littérature francophone et les médias. En fournissant une plateforme aux enseignants et chercheurs qui s'intéressent à la francophonie, au français et à son enseignement en Asie-Pacifique, il sera un lieu de réflexion sur la langue fran-çaise dans une région où la plupart des pays ne sont pas francophones, au sens politique du terme, et où la franco-phonie est issue essentiellement du travail des professeurs qui vivent et partagent la langue française au quotidien en fonction des besoins et des choix de nos pays. Le Congrès aura également pour objectif de mettre au point et de présenter des outils et des stratégies à adopter pour mieux répondre aux exigences du monde du travail. Bref, il s’agira de montrer comment la passion pour une langue et une culture se conjugue avec la raison d’un choix moderne et performant.

Anuradha WAGLEAssociate Professor, Department of French and Francophone Studies Goa University. Vice-Présidente de la FIPF. President of the Indian Association of Teachers of French

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16 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 17

travail  journalistique  nouveau,  différent  et  nécessaire. Aussi,  lorsque  l’ONU a  fait appel à moi pour prendre en charge l’adaptation en français du programme,  j’ai immédiatement accepté. Mon travail ne se limite pas à une simple  traduction, même si  l’usage du mot  juste, d’un  français  fidèle  et  riche  est  ma  priorité.  Je  dois adapter  les  commentaires,  les  rendre  cohérents,  leur donner du sens. J’ai  eu  très  tôt  conscience,  en  rencontrant  M.  Kyiyo Akasaka,  Secrétaire  général  adjoint  de  l’ONU  à  la communication  et  à  l’information,  et  M.  l’Ambassa-deur  Filippe  Savagodo,  observateur  permanent  de l’OIF  auprès  des  Nations-Unies,  que  la  diffusion  de ce programme en  français sur TV5 Monde  (dans 220 millions de foyers à travers le monde) représentait une avancée importante pour  le multilinguisme et  le multi-culturalisme. Moi  qui  suis  expatriée  depuis  trois  ans  maintenant  à New  York  et  qui  enregistre  les  émissions  depuis  le siège de  l’ONU,  je  réalise à quel point  le  français est bien plus qu’une  langue mais un  instrument de dialo-gue, de diversité. Et je suis très fière, avec TV5 Monde, de  remplir  une  mission  journalistique  et  culturelle  en rendant “21ème Siècle” accessible aux francophones du monde entier.

TV5MONDE – Charlotte LE GRIx DE LA SALLE

16 Francophonie /décembre 2012

21ème SIÈCLE

iDepuis début 2012, j’ai le privilège et le plai-sir de présenter  l’émission “21ème Siècle” diffusée  chaque  mois  sur  TV5  Monde. “21ème Siècle”, qui existe depuis 2007 en langue anglaise, est  le programme phare du  département  Information  et  Médias 

des Nations Unies lesquelles, on ne le sait pas assez, disposent  d’une  véritable  rédaction.  Car,  au-delà  du compte-rendu classique des sessions de l’Assemblée générale ou des spots de sensibilisation lors des jour-nées internationales et des grandes campagnes, l’ONU a  aussi  pour  ambition  d’informer  sur  son  action  et d’éveiller les consciences sur les grandes causes pour lesquelles elle agit quotidiennement sur le terrain. 

“21ème  Siècle”  a  été  conçu  dans  cet  esprit  :  ne  pas parler nécessairement de l’ONU, mais des valeurs qui sont au cœur de son action. Ce magazine mensuel de grands reportages tournés aux quatre coins du globe nous donne à voir des réalités que l’on n’aborde qua-siment jamais dans les médias : l’invention de glaciers artificiels  dans  l’Himalaya,  le  terrible  sort  réservé  aux veuves  en  Inde,  l’exploitation  des  enfants  jockeys  au Qatar, la sorcellerie au Ghana, l’obésité galopante dans les pays du Golfe, la difficile reconnaissance du peuple Pygmée  au  Gabon,  la  violence  faite  aux  lesbiennes en Afrique du Sud,  la  formidable  initiative de  femmes palestiniennes  qui  en  cuisinant,  nourrissent  plus  de 70 000 écolières et  rapportent un salaire chez elles… autant  d’histoires  individuelles  et  collectives  inédites, autant  de  combats  pour  une  vie  meilleure  mais  pas seulement. A travers ces destinées humaines, ce sont des scandales qui sont dénoncés, des valeurs qui sont défendues, des consciences qui sont éveillées. 

Les équipes de l’ONU accèdent souvent à des lieux et à des populations qu’aucune autre équipe de  journa-listes ne peut atteindre, et  “21ème Siècle”  jette ainsi  la lumière sur des crises, des actions, des personnages oubliés.  Cette  approche  multiculturelle,  ce  regard  qui prend le temps et le recul représentent à mes yeux un 

ONLY FRENCH : L’AVENIR SE CONSTRUIT EN MUSIqUEL’intemporelOnly French, c’est au départ « l’ici et le maintenant ». Sans doute un pied de nez à cette francophonie qui a parfois tendance à se confondre avec La Fraaaannnnnnce ! Only French, c’est au final une histoire d’amour, de rencontre, d’échange : l’amour de la musique, la rencontre entre un public et des artistes, l’échange comme une déclinaison de la fraternité. Notre fes-tival est centré depuis le début autour de l’émergence. C’est un projet artis-tique autant que de société. Nous ne souhaitons pas programmer des stars, juste des artistes qui cherchent à vivre de la musique. Et comment faire venir un public à un festival ne regroupant que des groupes émer-gents ? L’équation est délicate en ces temps de notoriété mercantile. « Avez-vous une tête d’affiche ? » nous deman-dent les uns. « Comment vous en sortez-vous financièrement ? » s’inter-rogent les autres. Oui, il y a une tête sur notre affiche et nous perdons ce que nous gagnons par ailleurs. L’équilibre appelle souvent un grand écart.

L’imparfait Only French est une histoire de rebond… du web au concert, du concert au festival parisien, du festival parisien à la Suisse, de la Suisse à la Francophonie. 18 éditions pour 10 ans d’existence, oui, la plume onlyfrencheuse a su prendre toutes sortes de lignes et de virages pour se retrouver ici sur cette page. Only French, un enfant du web. En 1999, le site les-enchanteurs.com est créé pour diffuser des artistes français en streaming. C’est la

vague Internet dans toute sa splen-deur. L’influence du web imprègnera à jamais Only French : salle de concert virtuelle, diffusion en vidéo des 17 précédentes éditions. En 2004, Les Enchanteurs devient un magazine et se sépare de l’activité divertissement. L’association Only French est créée pour offrir une diffusion multipliée à des artistes francophones et donner une dimension supplémentaire à la décou-verte de nouveaux talents (festival, Internet, radio, télé) ! Enfin, en 2008, Only French s’associe avec Catalyse, une structure similaire suisse située à Genève qui décide de participer au festival Only French d'automne à Paris en amenant 4 artistes suisses pour 2 soirées exceptionnelles. Depuis, les 2 structures co-organisent le festival qui s’ouvre naturellement vers de nou-veaux territoires. L’édition de 2011 amène un Canadien et un Africain.

Le présentC’est une édition 2012 qui se joue sur 4 jours, dans 3 salles parisiennes différentes avec des artistes que nous appelons maintenant « Les Francophoniques » : Alif Naaba (Burkina Fasso), Scotch & Sofa (France), Éric Toulis (France), Mell (France), Zedrus (Suisse), Cédric Gervy (Belgique), Mar Aymon (Suisse), Benoît Paradis Trio (Canada), Orlando (France) et Jerem (France).

Le futur L’édition 2011 a vu l'annulation du concert de l’artiste sénégalais Mustafa Naham qui n'a pu obtenir son visa. Ce qui aura pour conséquence l’écriture et la diffusion de ce mot : « La francophonie est un mythe ! Car, si l'Ambassade de France ne donne pas de visa à un jeune artiste sénégalais, comment fait-il pour participer à un festival en France ?

Il ne le peut pas : la rencontre avec Mustafa Naham a donc dû être annulée, nous en

sommes tristes et nous nous en excusons…» En ce mois

d’octobre 2012, plus d’un an après, je viens de me rendre au

Sénégal. Mon objectif : organiser en 2013 un festival à Dakar. J’ai

été accueilli chaleureusement par la famille de Mustafa Naham, mon ami maintenant. Il a fait son chemin d’ar-tiste et, comme il le chante lui-même : « le futur s’impose mais l’avenir se construit. »

Dominique PREVOST

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18 Francophonie /décembre 2012 décembre 2012 / Francophonie 19

DIRECTION DE LA COMMUNICATION aef-Françoise Hollman rédaCtion en CHef Vicky Sommet Crédits-pHoto Catherine Lafforgue/Reuters/China Daily/Institut français du Rwanda/Sigfried Forster-RFI/Courtesy Galerie Daniel Templon-Paris/Anil Rane/Marek Zielinski/Ivan Kabacoff/Icônes d’Amérique/Dominique Fages/Lou Manna/ TV5MONDE/Alice Milot/Alliance française de Chisinau/Ed.le Fennec/ Fotolia. ContaCt [email protected] réaLisation Didier Gustin iMpression éOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex

La en bref

De la fin du XIXème siècle aux années soixante, les bords de Marne, aux portes de Paris, ont été la plage des Parisiens. Avant l’avè-nement de la société de loisirs et la démo-cratisation des voyages, toutes les classes sociales venaient passer le dimanche au

bord de l’eau, le plus souvent dans une guinguette, des restaurants-dancing avec terrasse et jardin. Dans l’entre-deux-guerres, il y aurait eu jusqu’à deux cents établis-sements de ce genre. L’inconscient populaire français garde en mémoire ce temps des guinguettes grâce à des chansons comme « Le petit vin blanc » ou « Quand on s’promène au bord de l’eau ». Cette époque distille un parfum d’accordéon musette, de prolos à casquettes et robes légères tourbillonnantes. La gouaille de Jean Gabin n’est jamais loin …

Les guinguettes font parties des icônes typiquement françaises et elles n’ont pas totalement disparu. L’une des enseignes les plus célèbres, « Chez Gégène », fait toujours valser les couples en fin de semaine du côté de Nogent. Des retraités en habit du dimanche viennent pour le bal. Les familles accourent aux beaux jours pour déjeuner en terrasse autour d’un plat de moules-frites. Dans les années quatre-vingt, un jeune passionné de cette culture d’un autre temps va même créer la « Guinguette de l’île du Martin pêcheur ». Vingt-cinq ans

En partant sur les traces des guinguettes, le magazine de découverte de RFI permet d’allier connaissance culturelle ou sociétale et envie d’ailleurs, tout en privilégiant le français et l’espace francophone pour ses rencontres.

après sa création, cette adresse est toujours connue et fréquentée. L’esprit guinguette reste donc vivant.

En choisissant d’emmener les auditeurs en voyage par procuration sur les bords de Marne, « Si loin, si proche » donne la parole aux Français pour raconter leur pays avec ses coutumes et ses évolutions. Dans un monde envahi par l’image, les évocations sonores suffisent à dessiner des décors. Le voyage en est même certainement plus fort car il donne une part active à celui qui l’écoute puisqu’il sollicite son imaginaire. Les mots sonnent vrai. Le sujet ne peut pas être superflu puisque les paroles désintéressées sont sincères. Autant d’éléments qui touchent. Cette émission vivante accroche aussi l’oreille et l’attention de ceux qui apprennent le français. Le Service Langue Française de l’AEF y puise régulièrement des contenus pour concevoir des exercices pédagogiques. Le blog « Le rendez-vous des voyageurs » poursuit le voyage avec les outils mul-timédia sur rfi.fr. La francophonie est un axe majeur de la programmation de « Si Loin, Si Proche » qui permet de raconter, grâce à notre espace linguistique commun, chaque culture et chaque identité qui la constitue. Avec la langue en partage, on se tend la main.

RFI – Ludovic DUNODvoyage.blogs.rfi.fr ou rfi.fr/émission/loin-proche

SI LOIN, SI PROCHE : L’ESPRIT GUINGUETTE

PRIX LITTERAIRE DE LA MAMOUNIA« Faire rayonner la littérature francophone marocaine à travers le monde » : tel est

l’objectif de la création de ce Prix de la Mamounia. Cet hôtel installé à Marrakech au Maroc est connu à la fois pour son luxe et son jardin aux orangers centenaires mais aussi pour sa bibliothèque. Créé en 2010, le Prix a récompensé, pour sa troisième édition, l’écrivain Mohamed Nedali pour son livre « Triste jeunesse » paru aux Editions le Fennec. Ses deux héros sont des étu-diants universitaires qui, en proie à leurs contradictions, vont vivre des expériences, l’amour fou mais aussi la réalité plus vio-lente du monde d’aujourd’hui. « Un style singulier, une certaine sensibilité et une musicalité inédite », c’est ce qui a incité le jury présidé par l’écrivaine Christine Orban à voter pour cet auteur qui vit et travaille à Tahennaoute, son village natal.

LE BOUQUIN VOLANTLe Bouquin volant, un joli nom pour une belle initiative : envoyer des livres à ceux qui ne peuvent, soit les trouver, soit les acheter. Cette association, basée dans la région parisienne, centralise des livres de donateurs bénévoles et les expédie dans différents pays du monde : Algérie, Burkina Faso, Madagascar, Malte, Maroc, Sénégal ou Russie. Depuis le début de l’année, 130 728 livres ont ainsi été acheminés et 719 731 depuis le début de cette aventure en 2003. Afin de prendre de l’ampleur, Le Bouquin volant, étend son action avec des antennes régionales dans de grandes villes de France comme Lyon ou Nantes, en attendant Bordeaux, Lille ou Marseille. De bonnes raisons de se battre pour une cause utile et faciliter la pratique du français dans le monde, lutter contre l’illet-trisme et développer la culture franç[email protected]

PRIX FRANCOPHONE DE LITTERATURE EN MOLDAVIEDorina Livitchi est la lauréate 2012 du Prix francophone de littérature avec « A la recherche du bonheur ». Ce Prix lui a été remis en septembre dernier à la Médiathèque de l’Alliance française de Chisinau. Ce concours organisé par l’OIF auprès des pays d’Europe centrale et orientale, en partenariat avec d’autres institutions européennes et canadiennes, a pour but de découvrir et d’encourager de jeunes talents littéraires qui s’expriment et écrivent en français. Il s’adresse aux per-sonnes âgées de 18 à 35 ans qui résident en Moldavie. Le texte choisi a été considéré comme « un effort d’écriture en français à encourager », la gagnante effectuant depuis 2010 des études de langue et de littérature roumaine et de langue française.

Page 11: LA FRANCOPHONIE POUR LES ORGANISATIONS …scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N°16.pdf · N°16 décembre 2012 L a et de NéologieCommission Spécialisée de Terminologie du ministère

Les Françaises sont soucieuses de l’image qu’elles renvoient aux autres : 97% disent se sentir mal à l’aise en société lorsqu’elles ne se sont pas lavé les mains ou les dents face à 84% pour les Allemandes. La proportion est de 94% lorsqu’elles ne se sont pas douchées

(78% pour les Anglaises) et elles déclarent consacrer en moyenne 46mn par jour à leur hygiène personnelle, soit plus que les 32mn des Suédoises et un peu moins que les 48mn des Mexicaines. Enfin, 81% d’entre elles considèrent l’hygiène personnelle de leurs enfants comme très importante dans leur éducation avant le fait « de bien travailler à l’école » (61%) ou « l’apprentissage des bonnes manières » (64%). Dis-moi quel aliment tu préfères… Le magret de canard est désigné comme plat préféré par 21% des Français, devant les moules-frites (20%) et le couscous (19%). Ce qui témoigne à la fois de l’attachement au patrimoine culi-naire mais aussi d’une attirance pour les plats exotiques, surtout méditerranéens. Les habitants du Nord privilégient les steak-frites, ceux du Centre, le bœuf bourguignon, ceux du Sud-Est, le gratin dauphinois, ceux de l’Est, la chou-croute et les Parisiens, le pavé de saumon grillé ! Les plats préférés des moins de 35 ans sont la raclette (31%), la pizza (26%) et la tartiflette (24%). Les plus âgés sont plus attirés par les plats du terroir, pot-au-feu pour les 50-64 ans (25%), le gigot d’agneau (31%) et la blanquette de veau (30%) pour les 65 et plus.Un ménage français sur deux possède un animal familier : 55% ont un chat et 54% un chien. Aux 18 millions de chiens et chats s’ajoutent quelques 31 millions de pois-sons, 6 millions d’oiseaux, 3 millions de lapins nains, hamsters ou cochons d’Inde. Le chat est le symbole de la liberté et de l’indépendance, valeurs auxquelles sont atta-chées les enseignants, les fonctionnaires et les professions intellectuelles. Le chien est plutôt associé à la défense des biens et des personnes, valeurs jugées importantes par les commerçants, les artisans, les policiers, les militaires …Fin 2011, l’indice des perspectives économiques pour 2012 atteignait -79 points pour les Français, soit le plus bas niveau parmi les 51 pays enquêtés. Le pessimisme

LES FRANÇAIS EN CHIFFRES*serait proportionnel à l’âge : de -67 chez les moins de 30 ans à -88 chez les 65 ans. Ce qui est confirmé par le fait que les Européens sont les plus pessimistes (-45 Europe occidentale, -29 en Europe centrale et orientale), suivis des Nord-Américains (-25). Le reste du monde reste majoritai-rement optimiste avec en premier l’Afrique (+51). La palme revient au Nigéria, 3ème économie africaine et 12ème produc-teur de pétrole avec +80, en progression de 10 points.La France est-elle paresseuse ? La France serait l’un des pays de l’Union européenne où les salariés à temps com-plet travaillent le moins : 1679h, juste devant la Finlande (1670h) mais loin derrière l’Allemagne (1904h), des chiffres souvent contestés car ils ont une portée politique. Mais pour ce qui est des non-salariés français à temps complet (2453h) et celles des salariés à temps partiel (930h), ils se situent dans la moyenne européenne. Les Français eux-mêmes (38%) estiment que l’on ne travaille pas assez en France, 17% pensent que l’on travaille trop et 42% « juste comme il faut » !L’attachement à la culture s’était traduit en France dans les années 60 par la création d’un ministère de la Culture, avec la figure emblé-matique d’André Malraux. « La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert » disait-il. Qu’en penserait-il aujourd’hui face aux copies des candidats au baccalauréat 2011 où les « perles de culture » avaient de quoi garnir un collier à trois rangs : « Les plus célèbres comédies de Molière sont : Le médecin malgré Louis et Les fous rires de Scapin». Ou encore : « Les pauvres s’appelaient des Sans-culottes car ils n’avaient pas les moyens de s’acheter un slip ». Ou enfin : « Quand il y a des problèmes dans le monde l’ONU envoie des casquettes bleues ».

*A lire dans « Francoscopie » de Gérard MERMET paru aux éditions Larousse