Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24...

11
Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix, acteurs de développement N°24 novembre-décembre 2014

Transcript of Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24...

Page 1: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

Femmes et Jeunes en Francophonie,

vecteurs de paix, acteurs de développement

N°24novembre-décembre

2014

Page 2: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

� novembre-décembre 2014 / Francophonie 3�2���Francophonie /novembre-décembre 2014�

Sommaire N°24 NOVEMBRE 2014 - DECEMBRE 2014

édito

16RANIA

BELKAHIAAfrimarket

Femmes et Jeunes en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement », tel est le thème que la Francophonie a choisi pour

son XVe Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, les 29 et 30 novembre, à Dakar.

Plus que jamais, il s’agit de poser un acte majeur de soli-darité, pour que la communauté internationale renforce son unité dans le respect de sa diversité et de l’égalité, et lance un appel clair en réponse aux enjeux et aux crises qui nous engagent sur l’échiquier mondial. Les valeurs

15FANNIE FRESNAY Parler français au Vietnam

6KARIN OSSWALDL’IF de Khartoum

qui sont les nôtres attendent d’elle la confirmation de l’universalité de notre message, fondement des droits de l’Homme.Depuis le Sommet de Kinshasa, en 2012, la Francophonie a renforcé ses réseaux institutionnels, accueilli de nou-veaux acteurs, favorisé les synergies, dégagé des plus-values. Elle a refondé sa collaboration avec la société civile qui est le terreau où elle a été ensemencée. Cette fin de biennum verra ainsi l’adoption, par les chefs d’État et de gouvernement réunis à Dakar, d’un nouveau Cadre stra-tégique de la Francophonie pour les huit années à venir.

Ce cadre et la programmation quadriennale qu’il infère, assureront la mise en cohérence des orientations et programmations de tous les acteurs de l’espace franco-phone. Les femmes et les jeunes constitueront désormais des publics cibles prioritaires. L’égalité femme-homme sera plus que jamais au cœur des actions et initiatives de la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les violences faites aux femmes et aux filles dans tous les domaines d’intervention de la Francophonie. Les jeunes accèderont au statut d’acteurs à part entière au sein d’une Stratégie jeunesse 2015-2022 (également proposée à Dakar pour adoption) qui encouragera les formations orientées vers le développement et l’emploi.

Les systèmes éducatifs se doivent d’être plus efficaces en prenant en compte le contexte de nos pays membres, marqué, singulièrement en Afrique, par l’environnement plurilingue de l’enseignement « du » et « en » français. A travers les Objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies, nous proposerons de poursuivre notre contribution à l’effort international mené en faveur d’une éducation de base de qualité, dispensée par des enseignants dûment formés, et ce au bénéfice de tous les enfants sans restriction, et particulièrement des filles. Nous soutiendrons également les droits et l’autonomisa-tion des femmes pour leur participation pleine et entière aux processus décisionnels dans les sphères privées et publiques dans nos pays membres, afin de faire de l’éga-lité une réalité tangible.

Enfin, notre volonté de reconnaitre la place et le rôle des femmes et des jeunes comme acteurs du développement doit pouvoir s’adosser à une politique économique struc-turée, menant à la reconnaissance d’un espace écono-mique partagé où le français a le statut de langue usuelle du travail et de l’échange. C’est pourquoi nous présen-terons aussi devant les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Dakar une véritable Stratégie économique pour la Francophonie, une stratégie cohérente avec la recherche d’un développement durable à l’échelle de la planète. C’est l’avenir de notre jeunesse qui est en jeu !

Abdou DIOUFSecrétaire général de la Francophonie

P17 SANDRA TSHIYOMBO Talents d’AfriqueP18 SWAADY MARTIN LEKE YswaraP19 LA FRANcOpHONIE EN BREFP20 ALEXANDRE WOLFF Parution 2014

P7 OUSMANE MBAYE Un designer africainP8 FLORENcE KAVITA L’ANI de Sciences PoP9 LIDWIEN VAN DIXHOORN Nouveautés RFIP10 TV5MONDE au Sommet de la FrancophonieP11 ARAVIND cHINTA De l’Inde à la France

P2 ABDOU DIOUF EditoP4 VIcTOR SAUDAN La didactique du françaisP5 EMMANUELLE BASTIDE L’école en question

SINATOU SAKA Blogueuse au Bénin 12P13 SOpHIE MALIBEAUX Des projets pour HaïtiP14 MADJISSEM BERINGAYE Conseillère en entreprise

Page 3: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

� novembre-décembre 2014 / Francophonie 5�

EN ROUTE POUR L’éLABORATION D’UNE DIDACTIQUE DE LA FRANCOPHONIE …

Le réseau Francophonie de la Haute Ecole Pédagogique de Lucerne (Suisse), créé à l’ini-tiative du professeur Victor Saudan lors de la International Week à Lucerne en 2013, a orga-nisé du 22-25 octobre un colloque internatio-nal à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech

avec le titre : « Apprendre et enseigner le français en contextes plurilingues : des réalités sociolinguistiques aux pratiques éducatives ». Une centaine de chercheurs, de formateurs, d’enseignants et d’étudiants venus du Maroc, du Cameroun, de France et de Suisse ont participé au colloque financé par l’AUF Maghreb, l’Institut français et l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, qui a été ouvert par les discours brillants du recteur de l’Université M. Abdelatif Miraoui, de la doyenne de la faculté des lettres Ouidad Tebaa et de la directrice de l’AUF, Bureau Maghreb-Rabat, Mme Cristina Robalo-Cordeiro, qui ont mis d’emblée l’accent sur deux questions centrales du colloque : comment mieux préparer les enseignants de français L1/L2/LE à une didactique du français adaptée aux jeunes apprenants ? Comment mieux utiliser les compétences plurielles et/ou partielles du français en tant que vecteur de développement socio-culturel et économique ? Les résultats les plus importants du colloque sont le lance-ment d’un projet de recherche et l’édition des actes du colloque en 2015.

L’objectif principal du réseau Francophonie phlu, c’est l’exploitation de l’énorme potentiel langagier et culturel que représente la Francophonie mondiale (les francopho-nophiles de toutes les régions du monde appartenant à

COMMENT FINANCER L’éCOLE DANS LES PAYS PAUVRES ?

C’est en Afrique subsaharienne que vivent plus de la moitié des enfants non scolarisés dans le monde, les filles étant plus écartées de l’école que les garçons. Depuis la crise de 2008, l’Education est le secteur le plus lourdement touché par la baisse de l’aide

au développement. Les bailleurs de fonds et les Etats ne croient-ils plus en l’Ecole pour tous ? La communauté internationale ne cesse de répéter que l’Education est une priorité pour le développement, mais qu’en est-il dans la réalité ? Comment scolariser les 58 millions d’enfants et 69 millions d’adolescents dans le monde qui ne vont toujours pas à l’école ?

« Il est vrai qu’il n’existe toujours pas de Bill Gates pour l’Education », analyse Jean-Marc Bernard du comité de direction du Partenariat mondial pour l’Education, une organisation internationale basée à Washington qui réu-nissait, en juin dernier à Bruxelles, une grande collecte de fonds pour l’Ecole dans une soixantaine de pays. « Dans le développement, les bailleurs veulent des résultats or en éducation, si on compare avec le secteur de la santé, il n’y a pas de progrès rapides possibles. Sans compter la mobilisation de l’industrie pharmaceutique dont l’équi-valent n’existe pas dans l’éducation ». Giselle Bedan, ministre de l’Education en République centrafricaine gère l’urgence du retour à l’école dans son pays, et le paie-ment des arriérés de salaires : « Je déplore qu’on ne parle de l’importance de l’éducation qu’au moment où il y a une

Emmanuelle Bastide et les participants au GPE ( Global Partnership for Education).

crise grave. Les bailleurs devraient au contraire voir dans l’Ecole, le moyen de prévenir les conflits ».

Pour Hans de Greve, chargé du Plaidoyer à l’ONG Plan Belgique, l’école dans les pays pauvres vit surtout une crise de la qualité. « En mission au Niger, il y a un an, j’ai vu des cours sur l’érosion géologique avec des élèves qui ne comprenaient pas le français. Nous essayons d’exercer une forte pression auprès des bailleurs de fonds pour l’augmentation des financements ». En RDC, où le ministre de l’Education Maker Mwangu Famba est en poste depuis 8 ans, une longévité exceptionnelle pour un poste exposé, le budget de l’état consacré à l’Education a augmenté sous la pression des bailleurs de fonds. Les dons du Partenariat global pour l’Education, de 100 mil-lions de dollars vont en partie servir à équiper 12 millions d’élèves en manuels scolaires. Le Congo revient de loin avec seulement 1% de son budget consacré à l’Ecole il y a 20 ans contre 16% aujourd’hui. Plus de 700 personnes étaient mobilisées à Bruxelles, dont près de 40 ministres venus des pays en développement pour refinancer l’Ecole dans les pays pauvres. Un pari qui devrait réussir si les 28 milliards de dollars de promesses de dons auprès des pays donateurs aboutissent réellement.

RFI-Emmanuelle BASTIDEL’émission « 7 milliards de voisins » (enregistrée à Bruxelles) a posé la question à des experts et des ministres de l’éducation en Afrique.

l’OIF) pour la mobilité, la formation et la recherche entre des institutions de la formation des enseignants. Actuellement, sont membres du réseau Francophonie phlu, à part la Haute Ecole Pédagogique de Lucerne : l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, L’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, la Haute Ecole Pédagogique BeJuNe en Suisse ainsi que les Universités de Genève, Lorraine-Metz, Paris III, Bordeaux III, Grenoble V et Avignon.

Les 24 communications du colloque international de Marrakech ont suivi trois axes de recherche : Etat des lieux sociolinguistique et perspectives didactiques : enseigner le ou les français ? Normes, standards et politiques linguis-tiques en face du plurilinguisme, les systèmes éducatifs en face du plurilinguisme : approche plurielle et actionnelle, enseignement bilingue, orientation vers les compétences, et au-delà de l’interculturel : formes de transmission et de construction du culturel à travers l’enseignement de français pour une anthropologie de la RELATION. Elles ont abouti au lancement du projet de recherche DidaFranLigne « Didactique de la Francophonie en ligne » qui vise l’éla-boration d’un cursus de formation initiale des enseignants en ligne, en vue d’une didactique de la FRANCOPHONIE MONDIALE PLURIELLE, avec un test de pilotage et d’éva-luation comparative du matériel de formation à tous les sites de formation impliqués dans le réseau Francophonie phlu. Une demande de co-financement de ce projet pour 2016-2018 sera présentée sous peu aux responsables de l’AUF et de l’OIF.

Victor SAUDAN

Page 4: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

� novembre-décembre 2014 / Francophonie 7�

L’IF DE KHARTOUM

6���Francophonie /novembre-décembre 2014

Femmes à table de Kamala Ishaq.

Mohammed Morada

et Muammar Makki, deux

artistes soudanais entourant Delphine Gayrard.

AKhartoum, personne ne connait l'adresse de l'Institut Français, mais tout le monde sait où il se trouve. Une foule joyeuse s'y presse. Le hall d'accueil est une ruche où se mêlent les apprenants de français, 4000 inscrits, les

visiteurs des expositions, essentiellement consacrées aux artistes locaux, ou simplement les jeunes Soudanais qui s'y retrouvent pour discuter, venir siroter un thé dans le patio ou emprunter un livre dans la médiathèque, la seule salle dans laquelle règne un silence studieux car beaucoup viennent aussi ici pour travailler et consulter des documents qu'ils ne trouvent nulle part ailleurs à Khartoum.

Cette convivialité est l'un des secrets de la réussite de l'IF et de son attractivité auprès des jeunes de la capitale soudanaise qui constituent 80% des visiteurs dont une très grande majorité de jeunes femmes. Depuis près de deux ans qu'elle dirige cet institut, Delphine Gayrard a choisi de valoriser la production des jeunes artistes locaux et notam-ment des femmes. "La femme soudanaise est une vraie femme africaine, elle est résolument moderne, elle a un rôle moteur dans la société, elle est dotée de courage, de force, de pugnacité et d'une grande malice et la production artistique des Soudanaises exprime toutes ces qualités" explique cette infatigable découvreuse de talents qui s'est donné pour mission de révéler ces artistes au Soudan mais aussi à l'étranger. Pour cela l'IF de Khartoum a entrepris un énorme chantier de traduction en français de la littérature, de la poésie et des contes traditionnels soudanais dans

Ousmane Mbaye, vous revenez de Paris où l’espace 104 vient de consacrer une rétrospective sur 10 ans de votre travail. Est-ce un aboutissement pour vous et une recon-naissance de la créativité des designers africains ?Non ce n’est pas un aboutissement, loin de là. Pour moi ce qui est passé est passé et je suis constam-ment tourné vers de nouveaux projets et de nouvelles rencontres. Le 104, c’était un coup de rétroviseur qui m’a permis de mettre en perspective le trajet parcouru depuis toutes ces années et de voir la manière dont j’ai fait évoluer mon travail. C’est bien de savoir que l’Afrique peut être mise en lumière à travers certains créateurs mais je ne voudrais pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt car il y a encore un travail important à faire pour la promotion de nos designers et pour la valorisation des métiers artistiques en Afrique.

Vous avez de nouveaux projets. Cela concerne-t-il tou-jours le fer, puisqu’on sait que vous êtes reconnu plus particulièrement pour votre travail sur ce métal ?

METTRE LA MATIÈRE AU SERVICE DE LA FORME

Le métal fait partie de mon ADN de designer mais je ne me sens pas enfermé par cette matière. Aujourd’hui, d’autres peuvent retenir mon attention comme le plas-tique recyclé ou le plexiglas. Pour moi c’est la matière qui est au service de la forme et pas l’inverse ! Cette réflexion sur les matières fait partie de mes projets immédiats, tout comme celui de concevoir des objets dans un objectif de reproduction industrielle.

Vous allez bientôt exposer à Abidjan. Exposer en Afrique revêt une importance particulière ?Bien sûr ! On est toujours heureux de pouvoir partager ses rêves et ses espérances avec sa communauté. En Afrique, on a encore besoin d’expliquer notre démarche et de vulgariser notre travail. Malgré tout, c’est une perspective très enthousiasmante et d’ail-leurs un premier show-room sera bientôt ouvert à Abidjan pour proposer mes objets à la vente.

Le Sommet de la Francophonie se tient cette année à Dakar. Avez-vous un rapport particulier avec la langue française et la francophonie ?Ma langue maternelle c’est le wolof mais je m’exprime en français et je pense la plupart du temps en français. La langue est un lien puissant entre les êtres humains mais il existe aussi d’autres formes de langage qui permettent de partager et de se comprendre.L’art et le design en font partie ; ce sont ceux que j’utilise la plupart du temps pour m’exprimer à travers mes œuvres.

Avez-vous un souhait en particulier ?Arrêter le bla-bla sur l'état de l'art et le statut de l'artiste africain. Toutes ces rencontres et conférences qui ne servent à rien, ce qu'il faut, c'est rouvrir les écoles d'art qui sont en train de mourir à petit feu et créer des écoles de design qui n'ont jamais existé et là on pourra attaquer le marché et être au niveau.

Entretien VS et Ousmane MBAYEwww.ousmanembaye.com

lesquels la femme joue souvent le personnage central. Ces ouvrages sont désormais disponibles dans plusieurs pays francophones. Une manière de rompre le blocus qui frappe le pays et l'isolement de sa population.

L'IF est la fenêtre du Soudan sur le monde. " l'IF de Khartoum est d'abord le lieu du multiculturalisme. Que nous proposions, comme actuellement, une exposition de deux jeunes artistes soudanais, que nous organisions un festival du théâtre francophone étudiant au cours duquel 3000 étudiants vont travailler sur des textes contemporains en français ou que nous accueillions le comédien français Jean-Paul Schintu pour des représentations du Premier Homme de Camus, nous parions toujours sur le dialogue interculturel" explique encore Delphine Gayrard. C'est un pari d'avenir pour eux-mêmes et sans doute aussi pour leur pays que font les milliers de jeunes Soudanais qui ont fait de l'IF leur deuxième maison.

France Médias Monde-Karin OSSWALD

Page 5: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

8���Francophonie /novembre-décembre 2014�

LE TALISMAN BRISé

FEMMES ET JEUNES EN FRANCOPHONIE

Afrique et Nouvelles Interdépendances (ANI), anciennement Avenir Nepad International, est une association de loi 1901 née à Sciences Po

Paris en 2002 à l’initiative d’étudiants africains et occidentaux pour plaider en faveur d’un « Nouveau Partenariat Pour le Développement de l’Afrique » (NEPAD) plus citoyen. Ce pro-gramme de développement, pensé par 5 chefs d’Etat africains, était de l’avis de plusieurs observateurs trop déconnecté des Africains. Plus de 10 ans après, l’association présidée par Romuald Dzomo Nkongo a glis-sé progressivement d’une certaine forme de plaidoyer aux actions plus ciblées et plus concrètes.

Elle met à son actif des temps forts comme l’accueil du Président séné-galais A. Wade à Sciences Po Paris en 2003, la mobilisation du Président sud-africain Thabo Mbeki sur les

celles du partage, de la libre circu-lation, de l’égalité, sont battues en brèche. ANI a fait le choix d’agir ici et là-bas et en particulier dans l’espace francophone. Par exemple, sur le volet insertion socioprofes-sionnelle et citoyenneté, il a mis en place le programme Marianne et Moi qui accompagne les jeunes et les adultes en ateliers sociolinguistiques dans l’appropriation des espaces institutionnels et culturels qui servent de levier vers l’insertion. Avec le pro-jet Déclic AVENIR, ANI travaille aussi sur la remobilisation des jeunes de 16 à 25 ans, en ayant pour objectif d’ac-tiver leurs projets professionnels et de les doter des outils nécessaires pour déployer une stratégie de recherche d’emploi efficace ou la création de leur propre activité. S’agissant de l’Afrique, ANI a choisi en tant que membre du collectif IDAY International de travailler sur la scolarisation des jeunes Africains pour leur donner une chance. Elle appuie aussi les activités généra-trices de revenus au Canton Ebombo Zone III au Centre Cameroun. Les femmes sont formées aux tech-niques agricoles et un Centre de Ressources Communautaire a été construit grâce l’appui de la Région Haute-Normandie, la Communauté d’Agglomération Seine-Eure, le Département de Seine-Maritime et la Mairie de Paris. Les francophones africains ou d’origine africaine doivent montrer qu’ils ne sont pas le pro-blème, mais bien la solution. ANI s’y emploie, très ouverte aux problèmes du monde.

conflits des Grands lacs en 2004 et le grand forum de 2005 coorganisé en partenariat avec la COASAD (Coalition des Organisations Africaines pour la Sécurité et le Développement Durable) à Yaoundé avec l’appui du Fonds Canadien pour le NEPAD, l’ambassade de France à Yaoundé et la Direction de la Gouvernance du ministère des Affaires étrangères français.

Aujourd’hui, l’association a souhaité se recentrer sur les nombreuses pro-blématiques nées des interdépen-dances qui touchent le continent africain, ses ressortissants en Afrique et dans les pays où ils résident en Europe et qui, pour certains, ont pris la nationalité de leur pays d’accueil. Dans le contexte de la grande crise économique qui frappe le monde, les pays africains, en particulier ceux du Sud du Sahara, peuvent se sentir fragilisés dans un espace franco-phone où certaines valeurs comme

Florence KAVITA Chargée de mission lutte contre les discriminations et citoyenneté à l’ANI Maison des Associations, 22 rue Deparcieux 75014 Paris. ani-international.org [email protected] Facebook : Afrique et Nouvelles Interdépendances. Twitter : ANI_inter

ment – français-anglais, français-portugais et fran-çais-kiswahili - c’est la première fois que la série est adaptée dans la langue d’un pays francophone. Pour le scénariste et les comédiens, ce fut une véritable aven-ture car le wolof est une langue parlée avec de nom-breuses variantes selon les régions et les contextes. RFI a donc fait appel à un spécialiste de la radio, du théâtre et du wolof, le professeur Massamba Guèye, pour restituer les deux langues dans leur expression la plus pure. Grâce à son écriture et sa direction d’acteur, il a permis un jeu rythmé qui respecte à la fois la langue française et le wolof. Les auditeurs « wolophones » de toute la zone sénégambienne pourront donc suivre l’histoire tout en (re) découvrant le français à partir de leur langue maternelle. Le feuilleton qui s’écoute pour le plaisir dans les deux langues peut aussi servir de support pour les actions d’alphabétisation en français. Cette série sera présentée au public à l’occasion du Sommet de la Francophonie à Dakar justement, en l’honneur du pays d’accueil et du Secrétaire général de l’OIF originaire du Sénégal. La diffusion radiophonique de la série sera faite par les radios nationales sur tout le territoire. La série, découpée en 25 épisodes de 7mn, s’écoute aussi sur un CD audio ou sur Internet*, accompagnée d’un livret d’apprentissage pour s’entraî-ner en toute autonomie. RFI- Lidwien Van DIXHOORN*rfi.fr/cours_de_francais/le_talisman_brise

C’est une grande première pour RFI : le feuilleton radiophonique d’initiation au fran-çais pour l’Afrique réalisé sous la forme d’une série policière est produit en version bilingue français et wolof. grâce au soutien de l’OIF. « Écoute le vent, c’est le Sahara

qui pleure. Il attend l’homme juste et bon qui le fera reverdir ». Kwamé est jardinier. Il n’a jamais oublié ce conte que sa tante lui racontait quand il était enfant. C’est pour cela qu’il est venu au Burkina Faso, aux frontières du désert, travailler dans le jardin du Pr. Omar. Mais un jour, le professeur est enlevé sous ses yeux et, dans la bagarre, son précieux talisman se brise. Commence alors pour Kwamé, le jardinier non francophone, une dangereuse aventure : soupçonné par la police, menacé par d’étranges personnages, il décide de mener seul son enquête pour le retrouver. Dans un français balbutiant qu’il améliore au fil des épi-sodes grâce à son dictionnaire et aux personnes qu’il rencontre, Kwamé suit les indices qui le conduisent, à travers les hauts lieux du Sahara néolithique et du fleuve Niger, sur la piste des ravisseurs.

Ce projet multilingue fondé sur les situations de bilin-guisme en Afrique, propose de se familiariser avec le français - langue cible – à partir de différentes langues sources : selon les pays et les publics, Kwame, le héros non francophone, raconte son enquête et sa découverte du français dans la langue de l’auditeur, qui peut alors suivre une histoire haletante sans avoir l’impression d’apprendre. Après trois versions bilingues achevées précédem-

RFI SAVOIRS : LES CLéS POuR COMPREnDRE LE MOnDE En FRAnçAISForte d’une immense base sonore constituée d’émissions dans lesquelles les acteurs, experts du monde francophone se sont exprimés, RFI a souhaité mettre ces richesses sonores à la disposition de tous dans un nouveau site « RFI Savoirs » qui sera lancé courant 2015. Il proposera au grand public francophone et francophile les clés pour comprendre le monde en français. Citoyens, décideurs, chercheurs, étudiants, enseignants ou autodidactes, ainsi que les institutions éducatives proposant des formations en français, tous aurons ainsi accès à une sélection d’émissions de RFI, documentées et organisées par thématique, pour enrichir ses connaissances. On y retrouvera aussi des émissions accompagnées d’outils pédagogiques prêts à l’emploi pour apprendre et ensei-gner le français. Sur ce site, le savoir se partagera grâce à un espace de travail en ligne convivial et pratique dans lequel la communauté d’utilisateurs pourra publier ses travaux, s’entraider ou travailler ensemble. Pour les non francophones, l’accès aux contenus sera facilité grâce à une navigation dans les treize langues de RFI et des outils d’aide à la compréhension des ressources en français. RFI SAVOIRS, c’est la preuve de la vivacité de la langue française, porteuse de savoirs et de savoir-faire pour des millions de citoyens et acteurs du monde économique, culturel et scientifique.

Les causeries, atelier d’échanges et de débats

avec les femmes

Page 6: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

10���Francophonie /novembre-décembre 2014�

UNE DOUBLE CULTURE, DE L’INDE à LA FRANCOPHONIE

TV5MONDE AU SOMMET DE LA FRANCOPHONIE…

En qualité d’Opérateur direct de la Francophonie, TV5MONDE a pour mission de promouvoir la langue française sur l’ensemble de la pla-nète. La chaîne diffusée dans 200

pays et territoires auprès de 257 millions de foyers raccordés porte les valeurs de la Francophonie et particulièrement celles revendiquées par ce Sommet de Dakar : la promotion des droits fondamentaux des femmes et des enfants, et l’aspiration légi-time de la jeunesse à un avenir de paix et de prospérité. Au-delà de la couverture consacrée à l’actualité du Sommet avec ses journaux et magazines d’information délocalisés, TV5MONDE a choisi de mettre davantage encore à l’honneur les femmes, les jeunes et la langue française dans ses programmes.

Sur ses antennes, elle rend un vibrant hommage à Djibril Diop Mambety (1945-1998) l’une des figures emblématiques du cinéma sénégalais dont l’œuvre traite

Originaires d’Inde, mes parents ont quitté dans les années 80 le petit comptoir français de Yanaon, ce minuscule territoire de la péninsule indienne sous domination française jusqu’en 1954. De là, a commencé

une nouvelle histoire en France, une nouvelle langue à apprendre, une nouvelle culture à comprendre… De l’enfance à l’âge adulte, il est assez dif-ficile de se rendre compte de la richesse d’une double culture. En prenant du recul, je considère qu’elle tient dans la capacité à s’adapter. Rien n’est tenu pour acquis. Bien qu’on soit tiraillé entre deux cultures, qu’on ajuste constamment ses valeurs d’origine à un environnement différent, on développe une certaine flexibilité. Ainsi, cette aptitude peut aider à prendre des décisions plus réfléchies.C’est en retournant en vacances en Inde, lorsque j’étais enfant, que j’ai entendu parler pour la pre-mière fois de la Francophonie notamment dans la ville de Pondichéry qui compte encore des dizaines de milliers de locuteurs français. Aujourd’hui encore, des structures de coopération comme l’Alliance française font découvrir la langue française et ses valeurs auprès de la population indienne.Plus récemment, j’ai choisi de faire un Master 2 spécialisé dans la Francophonie et la Mondialisation à l’Université Jean Moulin à Lyon. C’est au cours de mon cursus aca-démique que j’ai pu côtoyer un mélange francophone en rencontrant des étudiants venus notamment d’Afrique, d’Asie, d’Europe centrale, des Caraïbes et même des étudiants francophones chinois et argentin. Sans tomber dans la caricature, la langue française et la volonté de découvrir ses camarades francophones nous ont vrai-ment permis d’échanger et de sympathiser durant cette année universitaire.Ce Master m’a permis de faire mon stage de fin d’études à l’OIF. Cette expérience a été bénéfique tant dans la compréhension du fonctionnement d’une organisation internationale que dans ma mission de stage qui consis-

� Francophonie 11�

tait à contribuer à la préparation et l’organisation de la 9ème Conférence des organisations internationales non gouvernementales (OING) et des organisations de la société civile (OSC). Aujourd’hui, travailler dans un monde multiculturel parait inévitable. Il s’agit de trouver sa place dans ce nouvel environnement et s’y adapter. Tout juste diplômé et étant intéressé par les questions de dévelop-pement, je cherche à débuter une carrière professionnelle et à emmagasiner de l’expérience dans des structures de coopération internationale aussi bien dans la sphère diplomatique que dans des organisations internationales ou non gouvernementales.

Aravind CHINTA

souvent de la place des plus modestes, des plus vulnérables dans la société - souvent les jeunes et les femmes; le cinéaste entre-prit d’ailleurs en 1995 une trilogie intitulée L'histoire des petites gens qui le révéla au grand public africain. Sur le web, elle met en avant deux webdocumentaires qui racontent des parcours de femmes remarquables, comme on peut déjà en découvrir sur le site Terriennes*, espace d’expression fran-cophone pour les femmes dans les monde, lancé en 2011.« Femmes lumière* » des réalisateurs Vincent Bonnemazou et Cyril Le Tourneur dresse cinq portraits de femmes, hors de tout circuit bancaire et engagées dans des associations d’épargne et de crédit. Elles créent des projets communautaires tels que des banques de céréales, devenant des actrices d’un développement global.« Femmes du Rwanda, la vie malgré tout *» du réalisateur Giordano Cossu 20 ans après le génocide perpétré au Rwanda, 8 femmes dévoilent leur quotidien, entre mémoire du passé, défis du présent et espoirs pour le futur. Ces portraits croisés avec des thématiques (grandir seule, le pardon, être veuve et Hutu, la vie paysanne) révèlent combien les femmes ont subi de plein fouet la tragédie du génocide et com-ment elles s’en sortent. Chaque vidéo est en kinyarwanda, sous-titrée en français.

Côté langue française, le dispositif mul-timédia gratuit et interactif pour apprendre et enseigner le français à partir de ses émissions et de ses contenus en ligne, s’enrichit d’une nouvelle production spéci-fique pour le Sommet « Afrique/50 ans d’Indépendance /Sénégal ». Ce DVD-ROM, réalisé en partenariat avec Arte et Wallonie-Bruxelles International, est com-posé d'un webdocumentaire consacré à la découverte de Dakar, la vie quotidienne de ses habitants, 60 ans après l’indépendance du pays, accompagné de 10 fiches péda-gogiques pour son exploitation en cours

de FLE. Après la RDC, le Bénin et le Togo, le Sénégal constitue la 4e destination de la collection disponible également en accès libre et gratuit dans la rubrique enseigner le français du site Internet*. Conçu par une équipe d'enseignants sénégalais avec le soutien du ministère de l'Éducation du Sénégal et de l'Agence Française pour le Développement, le DVD-ROM sera utilisé par les formateurs de français des Centres Régionaux de Formation des Personnels de l'Éducation (CRFPE) à travers le Sénégal.

Enfin, déjà disponible sur Internet, Facebook, sur les téléviseurs connectés, la webTV TV5MONDE+Afrique sera à présent acces-sible directement sur smartphones grâce à une nouvelle application mobile lancée à Dakar. Cette application gratuite donne accès à tous les contenus de la webTV : JT, films, fictions, séries, magazines, sport, etc. Une offre complète qui présente toutes les facettes de l'Afrique contemporaine, créative et en mouvement pour tous les Africains et passionnés d'Afrique *. Partout où cela sera possible, en partenariat avec l’OIF et les États qui souhaiteront s’associer à ses projets, TV5MONDE continuera de défendre, de promouvoir, d’encourager les initiatives des jeunes et des femmes francophones. Parce qu’elles participent de l’avenir de la Francophonie en Afrique, la chaîne veillera à développer tout particulièrement ses offres jeunesse (chaînes thématiques, webtvs, applications mobiles) et ses dispositifs ludo-éducatifs pour apprendre et enseigner le français avec TV5MONDE.

*tv5monde.com/terriennes*http://femmeslumiere.tv5monde.com*http://femmes-rwanda.tv5monde.com*http://enseigner.tv5monde.com/collection/francophonie-en-afrique*http://apprendre.tv5monde.com *http://enseigner.tv5monde.com*http:// parlons-francais.tv5monde.com*tv5mondeplusafrique.com *facebook.com/tv5mondeafriquePlus d’infos sur : tv5monde.com/francophonie

Page 7: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

12���Francophonie /novembre-décembre 2014� � novembre-décembre 2014 / Francophonie 13�

BLOGUEUSE AU BéNIN

J'ai 23 ans, je suis née au Bénin et j’ai grandi à Porto-Novo, la capitale administrative du pays. Une ville minée par la faiblesse des activités économiques et l’insuffisance d’infrastructures socio-culturelles. Très tôt, marquée par cette situation, j’ai décidé de m’impliquer en faveur

du développement et de la promotion des valeurs. C’est ainsi que mon choix s’est porté sur le journalisme, un métier qui m'a toujours passionnée. J’ai simultanément entamé des études de communication à Cotonou et de droit à la faculté de Droit et Sciences Politiques de l'Université d'Abomey-Calavi. Je suis aussi entretemps devenue animatrice de la Fondation SAKA SEFOU, une organisation de promotion des valeurs éthiques parce que je reste convaincue que la jeunesse manque cruellement de repères.En Février 2012, j’ai créé un blog consacré à l’actualité politique internationale qui enregistre après seulement 4 mois près de 1400 visites. J'évoquais d’un œil fémi-nin-voire féministe- et africain plusieurs sujets d’actua-lités aussi bien béninois qu’internationaux. Ce qui m'a amenée à participer au concours Mondoblog de RFI. Sélectionnée parmi les 150 blogueurs de la seconde promotion, j'ai entrepris de former les jeunes mais surtout les femmes aux outils numériques. Meetup, Barcamp, formation informelle ou sensibilisation dans les collèges, j'ai initié plusieurs jeunes filles à l'informatique, d'une part pour montrer que les femmes peuvent faire carrière dans les domaines techniques mais aussi d'autre part afin d’encourager les jeunes Béninoises à participer à la vie citoyenne. Après, je me suis engagée comme char-

Le Président de la République d’Haïti, Michel Martelly, était de passage à Paris le 1er novembre pour une entrevue avec le Président Hollande, mais aussi pour aller se recueillir au fort de Joux où est mort Toussaint Louverture lors de sa captivité en 2003, après avoir

conduit la révolte contre l’esclavage et permis à son pays de devenir la première République noire indépen-dante, sous la houlette du général Dessalines en 1804. Nous avons reçu le président d’Haïti dimanche 2 novembre dans l’émission INTERNATIONALES – le débat de RFI-TV5-Monde, en partenariat avec le quoti-dien Le Monde. Nous l’avons interrogé notamment sur les thèmes phares du prochain sommet de l’OIF qui se tiendra à Dakar : l’avenir des jeunes et la question des femmes. En difficulté sur le terrain politique, alors que gouvernement et opposition ne parviennent pas à s’en-tendre sur une feuille de route pour des élections légis-latives qui auraient du se tenir depuis bientôt trois ans, le président Martelly, tente, lors de ses déplacement à l’étranger, d’attirer les investisseurs en Haïti afin de sortir son pays du cercle vicieux de la pauvreté. Reste une difficulté majeure pour l’économie haïtienne, le problème de la main-d’œuvre qualifiée, et au-delà, l’éducation des jeunes dans un pays où le taux d’analphabétisme et de décrochage scolaire sont encore très importants. Plus de la moitié de la population ne sait ni lire ni écrire. Le président Martelly s’exprime d’autant plus volontiers sur le sujet qu’il en a fait son cheval de bataille à son arri-vée au pouvoir en mai 2011. « L’état de droit c’est aussi le droit pour l’enfant d’aller à l’école » souligne-t-il. «A mon arrivée à la présidence, 85% des écoles étaient des

LA JEUNESSE PRIORITAIRE EN HAÏTI … POUR LES FEMMES, C’EST PLUS COMPLIQUé !

gée de communication au sein de l'association Young Beninese Leaders qui aide les jeunes Béninois à devenir acteurs du développement de leur pays. Mon combat consiste à les amener à s’intéresser au débat politique et à participer activement aux prises de décisions, avec, comme support, les réseaux sociaux. Je m’investis énormément pour développer les nou-veaux médias en général et le journalisme citoyen en particulier. Ces différentes actions m'ont permis d'être nommée Femme leader béninoise par l'OIF et de par-ticiper à l'exposition internationale « Francophonie au Féminin » en 2013 et de couvrir les derniers jeux de la Francophonie à Nice. J'ai aussi été sélectionnée pour faire partie du jury étudiant du prix littéraire France Culture-Télérama. Ma voix a également été entendue grâce au magazine panafricain « Planètes Jeunes » qui a publié toute une saison mes chroniques sur les réussites de jeunes Africains. Je ne saurais oublier la magnifique aventure « Challenge for Change Benin » pour interpeller la communauté internationale sur l'ur-gence de développer l'éducation au Bénin grâce aux nouvelles technologies. Cette campagne a atteint plus de 48000 internautes et près de 6000 personnes se sont engagées. Aujourd'hui, je travaille sur un projet de webdocumentaire intitulé « Sur la route de l'esclave », où nous voulons réapprendre notre histoire, redécouvrir nos traditions et comprendre l'influence de la traite négrière sur la vie et les cultures des Béninois d'aujourd'hui. Sinatou SAKA

écoles privées. Aujourd’hui, grâce à mon programme d’éducation gratuite et universelle, 1,7 millions d’enfants vont à l’école gratuitement. » Le Président insiste aussi sur la nécessité de changer les mentalités : « La recons-truction n’a pas seulement à voir avec le bâti, les édi-fices, c’est surtout les mentalités qu’il faut changer. Il faut rebâtir l’homme haïtien, l’âme haïtienne » insiste Michel Martelly. Changement de mentalité, oui mais… Mais le programme engagé mettra du temps à porter ses fruits. En Haïti, l’urgence est partout. Elle l’est aussi sur le front de la santé maternelle. Le taux de mortalité maternelle reste le plus élevé du continent américain. Pire, le séisme et les conditions de vie dans les camps sont déplo-rables. Les violences faites aux femmes y atteignent des records. Résultat : viols et grossesses non désirées ont augmenté en flèche après le séisme de 2010. Le chef de l’état partage ce constat. Son gouvernement fait tout pour lutter en amont contre ce fléau et améliorer la situation dans les camps. Reste une question tabou, celle de l’avortement. Il est puni par la loi. Les victimes de viol recourent à des méthodes clandestines et donc dangereuses. Sur cette question, Michel Martelly botte en touche : « C’est une question de choix » affirme-t-il, refusant de prendre position sur un éventuel débat concernant la possibilité pour les femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse dans des condi-tions sanitaires décentes. Si la question des jeunes avance en Haïti, celle des femmes et des violences qu’elles subissent dans des conditions d’extrême pau-vreté n’est pas à l’ordre du jour RFI- Sophie MALIBEAUX

Page 8: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

14���Francophonie /novembre-décembre 2014�

RêVEz GRAND, COMMENCEz PETIT ET AGISSEz MAINTENANT“ DREAM BIG, START SMALL, ACT NOW » Vous avez opté pour l'auto entreprise pour développer vos idées avec le désir d'œuvrer pour le continent et en priorité pour le Tchad, votre pays d'origine. Avec quels outils ?Le Tchad est un pays que j’aime beaucoup. Même si j’ai passé une grande partie de mon enfance en France, je garde un lien fort avec mon pays natal. Je ne me dévoue pas en priorité pour son développement car je me consi-dère entièrement panafricaine, je veux dire par là que je souhaite mettre mon talent au service de l’ensemble du continent africain. J’ai fait des études d’histoire avant de faire un Master de droit public et de relations inter-nationales. Après un stage chez l’Oréal, j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat et j’ai créé en 2012 ma

LE FRANÇAIS, LANGUE D’OPPORTUNITé PROFESSIONNELLE ? REGARDS D'éTUDIANTS FRANCOPHONES VIETNAMIENS

� novembre-décembre 2014/ Francophonie 15�

Ils viennent de provinces du Sud Vietnam et leurs parents parlent vietnamien. Ils sont étudiants et apprennent le français à l'université. Lors d'une séance, nous nous sommes arrêtés un instant sur leur choix d'apprendre le français, sur le regard qu'ils portent sur leurs pers-pectives d'emploi, étant jeunes et francophones au

Vietnam aujourd'hui. « Les entreprises préfèrent les anciens ! »Quand on aborde la question de l'insertion profes-sionnelle des jeunes, les discours se recoupent : il leur apparaît difficile d'accéder à un emploi, et ce malgré un diplôme supérieur. Manque de confiance des entre-prises, manque d'expérience, prétentions salariales trop élevées, les raisons invoquées sont nombreuses. Et une voix féminine d'ajouter : dans notre domaine, on embauche souvent des hommes. La question de l'embauche des femmes est posée, mais les prises de parole se feront très timides à ce sujet.

Le français, langue d'opportunité professionnelle ?Le français peut-il alors avoir un rôle facilitateur dans leur insertion professionnelle ? Le perçoivent-ils comme un atout ou une simple langue étrangère ? Parce qu'il leur permettra d'élargir leur réseau à la communauté

francophone nationale et internationale, d'ouvrir les possibilités d'embauche aux entreprises françaises ainsi qu'aux entreprises vietnamiennes coopérant avec des francophones, le français apparaît, dans leur discours, comme un réel outil pour mieux intégrer le monde du tra-vail. Dans un pays où l'anglais prédomine comme langue étrangère, parler français multiplie les chances d'être embauché car de fait, la concurrence est moindre sur les postes. C'est sans mentionner l'accès aux publications scientifiques françaises, qui développent leurs connais-sances, ou encore la possibilité d'obtenir une bourse pour enrichir leur cursus d'une expérience à l'étranger. Les opportunités de travail leur semblent donc être multi-pliées par la maîtrise de la langue française. Il s'esquisse ici peut-être également un moyen pour les femmes de se démarquer, par la langue, sur le marché de l'emploi. Reste à savoir si la réalité du monde du travail donnera cette place au français.

Fannie FRESNAYFormatrice à l'AUF d'Ho Chi MinhEt un grand merci à mes étudiants B1 vétérinaires !

propre entreprise BNM & Associés. L’une de ses mis-sions est de conseiller les investisseurs sur leur stratégie de développement en Afrique. J’ai ensuite lancé la plate-forme Living The African Dream, en référence au rêve américain. Je suis convaincue que le succès est pos-sible malgré les tumultes auxquels le continent fait face. Je crois que l’entrepreneuriat est l’une des clés pour accélérer son développement. Cette plate-forme publie des nouvelles sur cette Afrique qui bouge et dont nous parlent très peu les médias. Le site met notamment en avant des Success Stories de la nouvelle génération de jeunes leaders africains. Mais notre vocation n’est pas de rester dans le virtuel. Mon objectif est de lancer des incubateurs pour la création d’entreprises en Afrique : chaque trimestre, 25 porteurs de projet bénéficieront d'une formation aux fondamentaux de l'entrepreneuriat. Les meilleurs bénéficieront ensuite d’un accompagne-ment de 1 à 3 ans pour le développement de leurs projets innovants. Le lancement officiel est prévu pour 2015. Pour le pilotage, un centre d’entrepreneuriat et d'innovation sera mis en place à N'Djamena et un autre à Bamako. Je me réjouis que le projet ait pu obtenir plusieurs soutiens.

Vous travaillez aussi en France, pensez-vous que votre double culture soit un atout supplémentaire pour être comprise des deux côtés de l'océan ?Je suis fière d’avoir cette double culture qui me permet de créer un pont entre l’Afrique et la France. Quand je suis à Paris, je me sens pleinement chez moi, à N’djamena, à Bamako ou à Kigali, je me sens également chez-moi. Pour mon travail, cela est un atout considé-rable, car je connais à la fois les réalités socio-écono-miques de l’Hexagone et celles de l’Afrique.

Et pour demain, quelles sont les envies que vous n'avez pas encore concrétisées ?Je suis contente du chemin déjà parcouru, mais je ne suis pas arrivée à destination. Dream big, start small, act now, c’est mon credo. C’est l’hymne que j’entonne chaque matin pour commencer ma journée, qui est pré-sent dans tout ce que j’essaie d’entreprendre et le sera dans le futur. Donc je vais continuer à rêver grand, tout en agissant chaque jour.

Entretien VS avec Madjissem BERINGAYE

Page 9: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

� novembre-décembre 2014 / Francophonie 17�16���Francophonie /novembre-décembre 2014�

Les joueurs du continent s’investissent à 100% et participent à l’essor du sport africain ! Et pour relever ce défi, il faut que les condi-tions soient réunies pour former les talents de demain car dans la majorité des pays, le foot-ball est un sport roi. Quand on voit comment

les chargés de recrutement se pressent pour venir cher-cher nos jeunes, il est évident que l’Afrique est un vivier. Et ça, les clubs européens l’ont bien compris. C’est pour cette raison que certains d’entre eux ont développé des cellules dédiées aux partenariats avec l’Afrique.

Dans Talents d’Afrique, à côté du football, on parle aussi bien entendu d’autres disciplines phares comme l’ath-létisme, le basket, le cyclisme, la boxe, la lutte… Elles comptent de plus en plus d’adeptes grâce à la présence de certaines stars dans les compétitions locales et inter-nationales, les performances qu’elles réalisent et la visi-bilité que les médias leur apportent. Mais le football reste le football et il a encore plusieurs longueurs d’avance ! Il suffit de regarder la notoriété de cette discipline dans le monde et les bénéfices engendrés, pour voir qu’il est encore difficile de rivaliser avec ce sport aujourd’hui !

Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Afrique du Sud, autant de régions, autant de cultures, autant de sports différents, il est parfois difficile pour l’émission « Talents d’Afrique » de faire le tour du continent, de satisfaire tout le monde en même temps ! Mais nous essayons justement de mettre en valeur, à la fois l’ensemble du continent et d’autres disciplines que le football, pour que

tous les amoureux du sport se reconnaissent dans ce magazine. Nous présentons également des émissions spéciales en Afrique où nous partons à la rencontre des populations. Nous avons été à Dakar, à Kinshasa et der-nièrement à Pointe Noire. Ces déplacements montrent aussi aux téléspectateurs qu’on ne s’intéresse pas uni-quement à tel ou tel pays !

« Talents d’Afrique » sur Canal+ Afrique s’adresse à tous les passionnés de sport, donc nous mettons aussi bien en avant des grands noms que des personnes avec une notoriété naissante, ou des anonymes doués dans leurs domaines. Il est important de donner la parole à ces jeunes talents parce qu’il est plus facile pour certains de s’identifier à eux. A travers leurs parcours, ils nous livrent une autre vision de la pratique de leur discipline sans tous les avantages dont bénéficient certains sportifs. Il faut également savoir que TDA est une émission phare en Afrique, et il est arrivé que des dirigeants de club par exemple, demandent le contact de nos invités pour leur faire des propositions professionnelles par la suite !

Sandra TSHIYOMBO Présentatrice de Talents d’Afrique sur Canal+ Afrique

TALENTS D’AFRIQUE

Philippe Doucet, Aboubacry Ba et Sandra

Tshiyombo.

AFRIMARKET

Un phénomène assez méconnu mais pour-tant bien réel : ce sont les Africains eux-mêmes qui financent le plus l’Afrique. En effet, depuis 2011, ce sont les envois d’argent des migrants africains vers leurs familles qui constituent la plus grande

source de revenus extérieurs du continent. Pourtant, il y a encore trop de contraintes financières comme opérationnelles aux transferts d’argent. Aussi, l’Afrique perd beaucoup d’argent inutilement en frais de transferts comme en mauvaise utilisation des fonds. Une récente étude de la Banque Mondiale a montré que si ces frais baissaient à 5 % des montants envoyés, cela libèrerait plus de 4 milliards de dollars, qui pourraient être réinjec-tés dans les économies africaines. C’est au vu de la taille de ce marché, de l’impact écono-mique réel qu’il apporte aux populations locales ainsi qu’à la faveur de l’assouplissement des règlementations et l’avènement de la monnaie électronique que de nouvelles structures se sont récemment créées. Ainsi Afrimarket, que j’ai cofondée en 2013, soutenue par des grands noms de l’entrepreunariat français (Xavier Niel, Jacques Antoine Granjon etc.) propose une alternative crédible aux transferts des migrants, en leur proposant de cibler leurs envois. Cela permet ainsi aux diasporas de définir directe-

ment l’utilisation des fonds qu’ils envoient. Cette méthode d’envois affectés, complémentaire des transferts tradition-nels, présente de nombreux avantages, et a su séduire en à peine un an plus de 25 000 clients. Tout d’abord, notre entreprise participe activement à la réduction des frais de transferts vers la zone FCFA, grâce à une tarification basse, simple, sans frais cachés. Ensuite, il est important de noter que les transferts ciblés participent activement au développement du capital humain, par le financement direct de la nutrition et de l’éducation, et ont ainsi un impact fort sur le développe-ment économique. Enfin, Afrimarket permet de soutenir les économies formelles. Le système innovant permet de canaliser l’argent des migrants vers des marchands formels en Afrique, qui participent ainsi à la création d’emplois formels stables ainsi qu’au financement des économies locales sur la base des recettes fiscales.

Ce sont ces trois raisons qui m’ont poussée, moi jeune Marocaine, à peine sortie de mes études de manage-ment, à créer mon entreprise, et ainsi jouer pleinement le rôle d’une migrante soucieuse du développement de mon continent, l’Afrique.

Rania BELKAHIA

Page 10: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

� novembre-décembre 2014 / Francophonie 19�

DIRECTION DE LA COMMUNICATION France Médias Monde - Françoise Hollman – OIF - Isabelle FinkelsteinRéDAcTION EN cHEF Vicky Sommet cRéDITS-pHOTO Gettyimages/ RFI/ Christelle Alix-Elysée/ Cécile Lavolot/ IF de Khartoum/ Haidar Chams-Advise (Dakar)/ Manon Félix/ Vincent Ohl/ Manu Pochez/ Cyril Moreau/ Fanny Bertozzi/ Canal+ Afrique/Yswara/RFI/Daoud Kamel-DR/Jessica Nash/C.Martin-LopercONTAcT [email protected] RéALISATION Didier Gustin IMpRESSION ÉOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex

PRIX DES 5 CONTINENTS103 romans ont été soumis à la 13ème édition de ce prix qui récompense un texte de fiction narratif d’expression française. Quatre Comités de lecture, l’Association Passa Porta de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’Association des écrivains du Sénégal, l’Association du Prix du Jeune écrivain de langue française et le Collectif des écrivains de Lanaudière du Québec ont ensuite

sélectionné 10 ouvrages finalistes représentant 4 pays. Le jury, présidé par Jean-Marie Gustave Le Clézio, a choisi le roman de Kamel Daoud « Meursault contre-enquête » paru aux éditions Barzakh et distribué par Actes-Sud. L’écrivain-journaliste algérien est donc le lauréat 2014 pour ce livre qui reprend le personnage de l’Arabe tué par Meursault dans « L’étranger » de Camus. Il recevra son prix le 28 novembre prochain à Dakar lors du Sommet de la Francophonie.

ALBERTINEC’est une nouvelle librairie française portée sur les fonts baptismaux ; Albertine, c’est son nom, vient de voir le jour à New-York à l’initiative des services culturels de l’ambassade. Riche de plus de 14 000 titres d’auteurs français ou francophones, cet établissement pro-posera les traductions françaises d’auteurs américains ou européens. Bonne nouvelle ! La plupart des livres en français afficheront des tarifs au plus proche des prix pratiqués en France. Installée dans la prestigieuse Fifth avenue, dans un hôtel particulier du Gilded Age (1902), avec un espace dessiné par l’architecte Jacques Garcia sur le modèle des bibliothèques privées à la française avec fauteuils et canapés, la librairie Albertine accueillera confortablement acheteurs et lecteurs tout comme le public qui assistera aux rencontres et aux débats organisés avec des penseurs français ou américains.

BOURSES GHISLAINE DUPONT ET CLAUDE VERLONCréées en hommage aux deux reporters assassinés en novembre 2013 à Kidal au Mali, ces premières bourses ont été remises à Bamako à deux jeunes profes-sionnels, une journaliste et un technicien, par Apolline Verlon, fille de Claude Verlon et François Vannier, filleul de Ghislaine Dupont, pour souligner l’esprit de transmission aux jeunes générations. En partenariat avec l’Office de Radio-Télévision du Mali, l’Académie France Médias Monde a désigné, à l’issue d’un stage, Rachelle Tessougué, journaliste à l’ORTM pour son reportage sur « Les femmes victimes de viol au Nord Mali » et Sidi Mohamed Dicko chez les techniciens pour son travail sur « Le dialogue inter-malien ». Les deux lauréats viendront à Paris en février prochain pour recevoir deux semaines de formation et passer deux semaines au sein de la rédaction de RFI. Le jury, composé de personnalités françaises et maliennes, était présidé par Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde, qui a présenté cette bourse comme « Le choix de l’éducation et du savoir face à l’obscurantisme et à la barbarie ».

La en bref

18���Francophonie /novembre-décembre 2014�

Swaady Martin-Leke, vous êtes le fruit d’un métissage fran-co-ivoirien-guinéen-américano-germanique. Vous dites être une panafropolitan, expliquez-nous ?Je suis née en Côte d'Ivoire, d'une mère franco-ivoiro-gui-néenne et d'un père américano-germanique. J'ai grandi au Liberia, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, je suis allée au lycée en France et au Royaume-Uni, diplômée d'une école de commerce suisse, puis j'ai épousé un Camerounais et j'ai travaillé pendant 10 ans en Europe, aux États-Unis et en Afrique. Je suis une citoyenne du monde. C’est très tôt que je me suis promis de toujours aller au- delà des stéréotypes et de véhiculer les vertus de la diversité. Vous avez fondé YSWARA, une entreprise spécialisée dans la fabrication de thés africains de luxe. Votre démarche est assez singulière car vous étiez directrice pour l'Afrique subsaharienne chez General Electric. Et vous décidez de tout quitter pour vous lancer... dans le thé ? Vous figurez aujourd’hui dans la liste des 20 jeunes bâtisseurs de l’Afrique de demain publiée par le magazine Forbes. Avec votre expé-rience et votre connaissance du continent, quelles sont les pays qui offrent les meilleures perspectives pour le secteur du luxe ? On a tendance à tout de suite penser à l’Afrique du Sud, au Nigéria et au Maroc comme seules options mais il y a également l’Angola, le Kenya, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Gabon. Nous devons établir de nouveaux codes qui s’inspirent du raffinement africain et créer des produits qui s’éloignent de l’image toujours tribale ou ethnique et souvent même caricaturale de l’artisanat africain actuel. Chez Yswara, notre luxe est fièrement Made in Africa et son alchimie repose sur l’addition d’une essence afri-caine, d’un esthétisme contemporain et d’une diffusion internationale. L'industrie du luxe est un excellent vecteur de croissance et il génère de nombreuses activités dans une grande variété de domaines y compris l'édition, le tourisme, l'immobilier, la culture et l'éducation. Il permet aux PME de trouver leur place et d'exprimer leur créativité. Vous avez ouvert votre première boutique il y a tout juste un an. Quel est le bilan ?Nous avons ouvert une boutique à Johannesburg et les résultants ont étés époustouflants. Yswara a recu de nombreux prix notamment une nomination aux Meilleurs Nouveaux Talents 2013 de l’Institut français du Luxe et a été lauréate du Grand Prix PME par l’ADETEM ( Association Nationale du Marketing en France) en 2013. Il ne faut pas oublier que l’Afrique a sa propre histoire, ses codes et sa tradition du luxe : des somptueux bijoux

en or Ashanti aux riches tissus de Kente, des broderies complexes de boubous sénégalais aux dentelles délicates du Bénin, la richesse du savoir-faire africain est indéniable. Quelles sont les perspectives d’avenir pour votre entreprise ? Nous espérons étendre notre présence à l’international en Afrique et hors d’Afrique, dans les grands magasins des capitales occidentales mais aussi directement par le biais de nos propres boutiques, notamment à Paris et à New-York. Nous sommes plus qu’une marque mais un art de vivre et nous espérons démontrer qu’une marque à l’essence africaine qui prône un luxe ancré dans ses racines est capable de s’imposer aux quatre coins du monde. Notre conquête du monde ne fait que commencer.

Entretien VS avec Swaady MARTIN-LEKE www.yswara.com

YSWARA

Page 11: Femmes et Jeunes en Francophonie, vecteurs de paix ...scd.rfi.fr/sites/filesrfi/Francophonie N24 (2).pdf · la Francophonie pour réduire et éradiquer les discrimina-tions et les

LA LANGUE FRANCAISEDANS LE MONDE 2014

Le nouveau rapport de l’Observatoire de la langue française de l’OIF, fruit de deux années de collecte et de production de données inédites, livre un panorama complet de la situation de la langue française dans le monde, et ce dans tous les domaines. Comme nous en avons

désormais pris l’habitude, on y retrouve, entre autres, un état des lieux de la présence et de l’usage du français dans les pays de l’espace francophone, mais également une analyse chiffrée et présentée par grandes régions de la réalité actuelle de l’enseignement du et en français partout sur la planète. On y apprend ainsi que, non seule-ment le nombre de francophones ne cesse de progresser, mais que la demande de français ne faiblit pas à l’échelle mondiale, même si, selon les continents, la situation est très variable.

En présentant l’estimation du nombre de francophones dans le monde, qui s’élève à 274 millions en 2014, il faut distinguer, dans cette galaxie, deux planètes. En effet, dans une trentaine de pays, les populations font un usage quotidien, même s’il n’est pas exclusif, de la langue fran-çaise : ce sont ceux qui naissent et/ou vivent aussi en français. Au centre de cette planète, qui compte environ 212 millions de personnes, les Africains sont d’ores et déjà majoritaires et leur nombre de cesse de croître. L’Afrique subsaharienne en particulier, dont les locuteurs de français ont vu leur nombre augmenter de 15% entre 2010 et 2014 (et jusqu’à 30% dans plusieurs pays), constitue le cœur battant et l’avenir de la francophonie, pour peu que le français conserve la place unique qu’il occupe dans les systèmes éducatifs et que les défis de la qualité et du nombre soient relevés.

Dans tous les autres cas - et ils se rencontrent dans pratiquement tous les pays du monde - le français fait partie des compétences de personnes l’ayant appris comme une langue étrangère et qui l’utilisent au gré de leurs besoins : pour exercer leur activité professionnelle, commercer et faire des affaires dans des contextes francophones, trouver des informations pertinentes sur un sujet, élargir leur regard sur l’actualité du monde, s’instruire, se cultiver, se divertir… En 2014, 49 millions d’élèves et d’étudiants apprennent le français comme une langue étrangère et la progression mondiale depuis 2010

est supérieure à 6%. Elle est marquée, entre autres, par les dynamiques favorables au français en Afrique subsa-harienne (dans les pays non francophones), au Moyen-Orient et en Asie. En Europe, malgré une baisse de 8,5% sur la même période, le français demeure la 2e langue apprise au primaire et dans le 1er cycle du secondaire.

Par ailleurs, cette édition explore de nouveaux domaines, comme l’économie ou les réseaux numériques en nous révélant de nombreuses données qui viennent parfois bousculer les idées reçues ! C’est ainsi qu’on apprend que le français est considéré comme la 3e langue des affaires après l’anglais et le mandarin et que sa présence sur Internet, selon les compartiments étudiés, la place entre la 4e et la 6e langue. De nombreux autres sujets abordés dans cet ouvrage - comme les variétés du français, ses nouveaux usages et les mutations qui le marquent, l’image que s’en font ses locuteurs, notam-ment en Afrique, par rapport à leur langue maternelle ou à l’anglais, ou encore la place qu’occupe la langue française dans les médias internationaux, la science ou les organisations internationales - font de La langue française dans le monde 2014, un instrument précieux de compré-hension des enjeux linguistiques et de connaissance sur cette langue mondiale qu’est le français.

Alexandre WOLFF Coordonnateur de La langue française dans le monde 2014.