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UN MONDE AU FéMININ PLURIEL N°17 mars 2013

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Un monde aU féminin

plUriel

N°17 mars 2013

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2 Francophonie /mars 2013 mars 20123 / Francophonie 3

Une vigilance de toUs les instants

Sommaire N°17 Mars 2013édito

Il n’est pas surprenant que l’OIF ait été l’une des premières orga-nisations internationales à signer un accord cadre de coopération avec ONU Femmes, parce que la Francophonie a placé très tôt au cœur de ses préoccupations et

de ses missions, la réduction des disparités entre les sexes.Nous le faisons avec la conscience que les femmes constituent plus de la moitié de la population des pays francophones et qu’il ne saurait y avoir de développement durable, de gouvernance équitable sans l’implication effective de toutes les forces vives, femmes et hommes. Nous le faisons avec la conscience que, presque vingt ans après la Conférence des Nations Unies sur les femmes, les progrès accomplis dans l’amélioration des droits et des conditions de vie des femmes, sont bien en-deçà des attentes et des revendications légitimes qui s’étaient alors exprimées. Nous le faisons, enfin, avec la conscience, que si avancées il y a eu néanmoins, les régressions sont toujours pos-sibles et que le volontarisme, en la matière, doit s’accompagner d’une vigilance de tous les instants.C’est dans cet esprit que nous avons choisi d’orienter nos interven-tions en faveur de la consolidation du statut des femmes et de l’égalité entre les sexes, en traduisant, par exemple, la Convention sur l’élimi-nation de toutes les formes de dis-crimination à l’égard des femmes en priorités politiques, en soutenant

le renforcement de capacités, ainsi que la participation de nos pays, et notamment des organisations de femmes, aux grands forums inter-nationaux et régionaux consacrés à cette problématique.La Francophonie accorde égale-ment une attention toute particu-lière à la lutte contre les violences faites aux femmes, attention qui s’est traduite par l’adoption, en 2010, par nos pays membres, d’une Déclaration francophone sur les violences faites aux femmes, qui pose des engagements clairs au niveau national, et des recomman-dations à destination de l’OIF dans le domaine. Ces engagements déterminés et persévérants doivent être l’affaire de toutes et de tous car, comme l’écrivait Victor Hugo, « L’homme à lui seul n’est pas l’homme », et si nous prétendons éclairer l’avenir de nos sociétés à la lumière des droits et des libertés fondamentales, nous devons enraciner les droits de l’Homme sous cette double forme : la femme et l’homme.

Abdou DIOUFSecrétaire général de la Francophonie

P.2 aBdoU dioUf Une vigilance OIFP.4 Jean eYoUm Le français autrementP.5 HenriK de danemarK Le français internationalP.6 aUde Simeon Libres d’apprendre ➤P.7 m. BerSeT-KoHen Des femmes debout devantP.8 p.aBdallaH/S. moUradian Women In FrontP.9 S. mUKaSonGa Vous avez dit francophoneP.10 adama ndiaYe Mode Dakar-Paris ➤P.11 peTronella Van diJK Contes du QuébecP.12/13 deniS mUKWeGe Le viol, arme de guerreP.14 BineTa diop Le rôle des femmes dans le processus de paix en afriqueP.15 SYlVie BraiBanT Terriennes TV5MONDEP.16 C. CaSSiaU-HaUrie BD africaineP.17 WereWere liKinG Une artiste polyvalenteP.18 emilien Garnier La francophonie étudiante ➤P.19 CHiffreS aU femininP.20 Clin d’œil de C. Beaunez

P.7 M. BeRSeT-KOHen

P.14 BineTa diOP

P.9 S. MuKaSOnGa

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Un FRanÇais dans le FRanÇaisavant de commencer cet article, j’aimerais faire un gros big up pour le daron de la littérature française. sincèrement, JB, tu déchires grave mon pote. voilà, c’est dit. eh oui, Mesdames et Messieurs ! ce gars est une légende… nous devons tout à Jean-Baptiste Poquelin alias Molière.

Si vous venez de lever le sourcil, c’est que vous ne vous êtes pas encore renseignés sur Super Cagnotte et que vous ne maîtri-sez pas encore le langage D’jeuns. Au sein du milieu dans lequel j’évolue, les gens parlent un français spécifique.

Cette variante s’appuie sur le français courant mais est renforcé par des mots ou expressions venant d’autres langues (arabe, anglais…). Parfois même, les syllabes sont inversées (verlan). Ce français se répand notamment par l’utilisation des SMS et des réseaux sociaux. Peut-on pour autant parler de sous-culture ? Peut-on réellement qualifier ce langage de langage de banlieue ?On peut dire, d’un côté, que la langue française est

en danger. Il y a de quoi s’alarmer. Par exemple, il est inadmissible de retrouver certains mots ou expressions dans des copies de français. Ce n’est vraiment pas cool. Mais d’un autre côté, quand les Sages de l’Aca-démie française cèdent et rajoutent ce jargon dans le dictionnaire, c’est que ce n’est pas si dramatique que cela. De plus, certains rappeurs issus de nos quartiers (comme Kery James) manient les mots comme d’Arta-gnan manie le fer. Non, le français parlé en banlieue ne rime pas forcé-ment avec sous-culture. De plus, les jeunes du sei-zième arrondissement de Paris emploient également ce langage. Il est néanmoins vrai que c’est plus répandu en banlieue. Je qualifierais cela de langage jeune. Tout dépend l’utilisation que l’on en fait. Vous captez ?C’est un français à l’image de notre société qui est un réel melting pot. Après tout, qui parle encore le « françois » à l’heure actuelle ? Une grosse minorité de personnes à mon avis. C’est la preuve que la société évolue. Il faut juste prendre le tromé et suivre le mouv !

Jean EYOUM« Super cagnotte» aux Ed. Kirographaires.

RésisteR aU nivelleMent lingUistiqUe et cUltURel

Depuis mon d’enfance j’ai côtoyé et connu plusieurs cultures. Né en France, je suis parti vers l’Extrême-Orient, âgé de quelques mois seulement. Depuis presque 50 ans, je vis au Danemark en maintenant des relations soute-nues avec ma première patrie et ma famille. Mes nombreux déplacements de par le monde,

le destin et mes propres choix, ont fait de moi un grand voyageur. J’ai donc pu observer la grandeur et la décadence de la langue française dans le monde d’aujourd’hui.

Au cours de ce demi-siècle, cette langue qui a si longtemps été une langue de référence et un outil de communication privilégié, s’est trouvée menacée. Nous savons tous que les langues meurent comme meurent les civilisations, mais l’agonie de la langue fran-çaise sur la scène internationale se précipite. Le français qui avait su conquérir mieux que toutes les armées du monde, le cœur et la raison de nombreux peuples, s’est anémié à grande vitesse au 20ème siècle. Cette langue, instrument de contact intellectuel et universel, dépassait tous les provincialismes, éternels sources de conflit.

Les Français eux-mêmes osent à peine utiliser leur idiome sur les forums internationaux et se croient peu cultivés quand ils le parlent dans les réunions internationales au lieu de l’anglais. Pourquoi dénigrer sa propre langue au lieu de l’affirmer ? D’autant

que le monde actuel ne parle pas un anglais oxfordien, mais un anglais pauvre et restreint, dénominateur d’une culture nivelatrice, populiste, et mercantile, véhiculée par des médias obsédés par une universalité terne. On peut ainsi déplorer que les Français eux-mêmes sacrifient leur langue à la mode du jour, employant des mots anglophones qui existent en français ou viennent du français. Ainsi s’appauvrit la culture.

Prenons exemple sur le Québec, enclos francophone dans un océan anglophone, qui résiste tel le village d’Astérix à l’envahis-sement culturel du tout anglais. Il faut oser bannir par un effort collectif le franglais de l’espace public et des médias. Apprenons en sus de notre propre langue un anglais correct. Mais aussi l’es-pagnol, l’allemand, le russe, le chinois… Chaque pays doit donner une plus grande place à d’autres langues que l’anglais dans l’enseignement. Des accords de réciprocité devraient ainsi être mis en place entre les pays qui ne sont pas anglophones. Il faut instaurer une solidarité linguistique qui, à travers l’apprentissage d’une langue, fera découvrir une autre culture. La France s’est donnée pendant longtemps les moyens de soutenir sa langue là où elle est dynamique. Ce magnifique accomplissement réalisé par des organisations telles que l’Alliance française et autres doivent se maintenir. Sait-on seulement qu’en 2050, 85% des francophones résideront en Afrique du fait de la démographie? Il ne s’agit pas de faire la guerre à la culture dominante de l’anglais mais bien plutôt d’œuvrer pour assurer la diversité culturelle et linguistique nécessaire à l’épanouissement de tous. Cela requiert toutes les bonnes volontés.

S.A.R. le Prince Consort Henrik de Danemark.

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Molière

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des FeMMes deBoUt devant*

En juillet dernier l’Assemblée Nationale du Sénégal était en effet élue pour la première fois sur la base de la loi sur la parité. Cette innovation a fait couler beaucoup d’encre avant les élections législatives sur le mode : faut-il vraiment écarter tant d’hommes

compétents pour mettre sur les listes des femmes sans expérience politique ? Et pourtant, au Sénégal comme ailleurs dans cette région d’Afrique de l’Ouest, les femmes sont pleinement présentes partout, fortement engagées dans la société civile avec un tissu associatif très dense ; des femmes fortes, brillantes, profes-seurse, cheffes d’entreprise, commerçantes. Dans le conflit qui perdure encore en Casamance, les femmes se font entendre et se considèrent comme d’incontour-nables faiseuses de paix, comme dans d’autres conflits de la région. Mais seront-elles assises aux tables de négociation ? Leurs situations et leurs besoins seront-ils pris en compte ? Notre Journée du 11 décembre a aussi consacré un panel au rôle des femmes dans la résolution des conflits, avec la participation de femmes politiques du Mali et du Congo.

Le Groupe des Amis de la Francophonie, riche de la diversité qui caractérise la Francophonie, souhaite

Les femmes, des hommes politiques comme les autres ? et la parité est-ce une juste question d’arithmétique ? voici quelques questions que le groupe des amis de la Francophonie au sénégal a voulu poser le 11 décembre dernier, lors d’une Journée sur la participation des femmes en politique, organisée à l’Université de dakar en parte-nariat avec l’assemblée nationale du sénégal et avec une participation de plus de mille personnes.

contribuer au débat sur des enjeux de démocratie, de droits de l’homme, d’environnement, de sciences, etc. et ne pas se limiter à une manière plus classique de défendre la langue française.

C’est cela que notre Francophonie incarne et peut apporter : être une porte sur le monde et ses enjeux actuels, un instrument d’accès au savoir et au travail, une clé pour l’avenir des jeunes, une chance à cultiver pour un monde qui partage ses diversités plutôt que de s’enfermer dans ses particularismes locaux. Muriel BERSET-KOHENAmbassadeur de SuisseVice-Présidente du GAF (Présidente 2010-1012)

* Contribution à la réflexion par le Groupe des Amis de la Francophonie au Sénégal

Inauguration d’école en présence du Président de la République Macky Sall.

aude Siméon, après avoir été professeure de lettres dans un milieu plutôt élitiste, les hasards de la vie vous ont amenée à enseigner derrière les murs d’une maison Centrale. Quel choc cela a dû être pour vous … !Du Lycée International à la Maison Centrale*, je suis passée d’une altérité à une autre : d’un côté un audi-toire cosmopolite, privilégié par ses appartenances socioculturelles, de l’autre un public exclu, souvent exilé, stigmatisé par la précarité et la misère sous toutes ses formes. Ce fut un choc : la prise de conscience tangible de la souffrance et du Mal, et la réponse que donne actuellement notre société. l’education nationale qualifie ces détenus d’«étudiants empêchés, » vous semblez presque étonnée qu’ils aient fait l’effort de s’ins-crire à vos cours, pourquoi ? Qu’un homme, confronté aux expériences limites d’une vie, affronte le mépris des codéte-nus et reconnaisse avec humi-lité ses lacunes, (sans avan-tages financiers ni judiciaires), suscite étonnement et respect. J’ai à mes cours « la crème des détenus ». Quel que soit le niveau d’études de vos étudiants, vous leur parlez de montesquieu, de dostoïevski… Vous essayez de leur donner l’amour des belles lettres,

vous leur lisez de la poésie, parfois vous entamez avec eux des débats animés. Que se passe-t-il dans ces échanges qui échappent au regard de tous ? Quand la littérature, si loin de l’univers socioculturel de mes étudiants, les interpelle, en dépit de la langue, au point qu’ils comprennent viscéralement la souffrance destructrice des héros raciniens, la misanthropie d’un Rousseau, la confrontation des civilisations expo-sée dans Les Lettres persanes de Montesquieu par exemple, se passe un instant de grâce : le sentiment de partager, malgré tout, la condition humaine.

Quels sont les moments qui vous ont le plus touchée ? Vos plus grandes émotions ? Ma plus grande émotion : déceler chez les criminels l’âme de l’enfant et l’étincelle irréduc-tible d’humanité. Voir dans leur regard renaître l’espoir. aude Siméon, vous savez rester à la fois étonnamment lucide, chaleureuse et respectueuse de chacun. avez-vous le sentiment

que ce cheminement au long cours en compagnie de déte-nus vous a transformée intérieurement ? Cet accompagnement m’a fait toucher du doigt la vulnérabilité de la personne, la complexité de la vie, le cercle vicieux de la souffrance et du Mal. Mais j’ai aussi découvert, en dépit de tous ces gâchis, la saveur de l’existence et le prix de l’homme, quel qu’il soit.

RFI - Entretien Véronique MOREAU« Prof chez les taulards » aux Editions Glyphe * Prison pour les longues peines.

liBRes d’aPPRendRe

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Women in Front (Femmes en action) est une association qui milite pour la parité dans la vie publique et politique au Liban. Dans un état où elles représentent 53% de la population, la représentativité des

femmes au parlement est quasiment nulle (3 sur 128 députés) et le Liban est malheureusement la Lanterne rouge du Moyen Orient. Depuis le droit de vote des femmes acquis en 1953, la situation de la parité au pays des Cèdres n’est pas en voie d’amélioration bien que de plus en plus de femmes occupent des postes de responsabilité dans les secteurs publics et privés et participent au développement de la société.

Cette difficulté à accéder aux commandes est liée à plusieurs facteurs : l’ancrage d’un système poli-tique confessionnel et com-munautaire, les pratiques clientélistes et féodales qui en découlent, l’épouvan-tail de l’insécurité brandi depuis des décennies suite aux nombreux conflits qui ont secoué le pays…

Afin de rompre avec l’image stéréotypée et réductrice de la femme dans les médias et les mentalités et,

dans la perspective de protéger leurs droits les plus élémentaires, Women in Front est née en juin 2012 de la volonté de ses trois co-fondatrices, Nada Anid, Paola Majdalani et Joelle Rizkallah. Women  Towards Parliament (Femmes au parlement) est sa première mission. Elle a pour but de soutenir et d’encourager les candidatures de femmes aux élections législatives prévues en juin 2013. Malgré le délai très court, c’est l’occasion de lancer une campagne innovante de sen-sibilisation et d’éveil à l’échelle nationale et d’afficher notre détermination à faire un pas significatif vers le progrès.

Nous avons déjà établi des contacts avec des associa-tions féministes, des femmes activistes, des agences de communication et avec certains médias qui se sont engagés à contribuer au lancement d’une campagne

de publicité de sensibilisa-tion au projet. Nous avons enfin finalisé une charte éthique et morale WIF à partir de laquelle toute candidate signataire aura notre soutien.

Pascale ABDALLAH – Sylvie MOURADIANwww.facebook.com/womeninfront

WoMen in FRont

voUs aveZ dit FRancoPHone ?

Les journalistes me posent sans cesse la même question : Vous êtes une écrivaine francophone. Pourquoi avez-vous choisi le français ? Je n'ai pas choisi le fran-çais. Au Rwanda, dans les années 60, on apprenait le français dès la première année de l'école primaire. Il y avait un

petit livret où un mot kinyarwanda faisait face à un mot français. L'instituteur prononçait un mot français, toute la classe le répétait en chœur. Puis il interrogeait quelques élèves. Nous levions tous la main en faisant claquer nos doigts. Nous disions avec ardeur : Gewe, gewe, muhalimu. L'instituteur se fâchait, il répondait, en kinyarwanda bien sûr : Ici, vous êtes à l'école, pas au catéchisme, il faut dire : " Moi, maître, moi, maître".

En dernière année, avant de passer l'examen national qui permettait à un bien petit nombre d'accéder au secondaire, nous avions un livre, un livre pour deux ou trois. On y lisait de belles histoires qui se passaient presque toutes en Afrique, mais dans une Afrique qui n'était pas celle du Rwanda. Les enfants avaient des noms qui nous faisaient rire : Naïmouna, Zenabou… On parlait de choses inconnues : baobabs, marigots. Le maître mélangeait parfois ces mots étranges et dans nos rédactions nous allions nous asseoir sous les marigots et nous baigner dans le baobab.

C'est au lycée Notre-Dame de Cîteaux que j'ai vu pour la première fois à quoi ressemblait une biblio-thèque. Mais les livres qu'elle contenait n'étaient guère attrayants, il n'y était question que de saints

ou de martyrs. Le seul livre qu'on se disputait, c'était Quo Vadis. Heureusement, le professeur de français, qui était français, nous parlait d'autres livres. Nous en trouvions quelques-uns au marché chez les reven-deurs qui étalaient sur leur carton des livres que les boys avaient sans doute volés à leur patron. C'est là que, parmi beaucoup de romans policiers, j'ai trouvé L'Etranger, un livre de poche tout écorné.

C'est ainsi que je suis devenue ce qu'on appelle une francophone. Ce sont les hasards de l'histoire coloniale : si les Allemands avaient gagné la Grande Guerre, je parlerai allemand. Mais le français est deve-nu ma langue même si je n'ai pas oublié ma langue maternelle. Lorsque le génocide des Tutsi au Rwanda a fait de moi une écrivaine, c'est tout naturellement en français que j'ai écrit mes livres. Ecrire en français, c'était communiquer avec un plus grand nombre de lecteurs la tragédie qui s'était abattue sur les Tutsi que le monde entier avait abandonnés. J'écris en français, je rêve en français, mais beaucoup de mes pensées s'attardent avec délices en kinyarwanda et certains mots perdent de leur sens et de leur saveur si je les traduis en français. Alors, je les glisse dans mes phrases françaises. Que le lecteur francophone me le pardonne!

Scholastique MUKASONGAPrix Renaudot pour « Notre-Dame du Nil »paru aux éd. Gallimard.

• Le site scholastiquemukasonga.com• Le blog scholastiquemukasonga.net

mars 20123 / Francophonie 9 8 Francophonie /mars 2013

Joëlle Abou Farhat Rizkallah

entourée de Nada Saleh Anid et Elle

Fersan

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Je suis née à Kinshasa de parents sénégalais. Mon père, diplomate, nous déménagions très souvent. Je crois avoir connu plus d’écoles de villes diffé-rentes que la majeure partie des enfants de mon âge. A vrai dire, je détestais ces déménagements incessants et j’enviais tous ces enfants qui avaient

les mêmes amis depuis toujours, année après année. La seule chose constante dans ce tourbillon était l’école française : où que l’on aille je retrouvais une école avec des élèves et des professeurs qui parlaient français. J’ai ainsi grandi avec des nounous congolaises, allemandes, égyptiennes qui me parlaient français. J’avais le sentiment que le français était la langue universelle et cela a structuré mon esprit et ma culture.

Après des études d’économie, je me suis lancée dans une car-rière de créatrice de mode. Avec une entreprise et une marque dénommée ADAMA PARIS en l’honneur de Paris, la ville qui m’a façonnée. Je suis retournée au Sénégal en 2002 et j’ai créé Dakar FashionWeek pour donner une plateforme aux créateurs sénégalais. Très vite, elle est devenue une plateforme africaine, puis internationale, avec des créateurs africains, asiatiques, européens, qui venaient de plus en plus nombreux chaque année. En 2012, quand nous avons fêté nos 10 ans d’existence, j’ai senti le besoin de promouvoir les créateurs afrocaribéens au-delà des frontières africaines, de leur offrir une visibilité qui leur manquait cruellement. Ainsi, avec la première édition de la Black FashionWeek à Prague, nous avons senti un réel engoue-

ment auprès des acheteurs, journalistes et du public tchèque et nous nous sommes lancés à l’assaut de Paris en octobre 2012.Le défi est de faire se comprendre tous ces créateurs venus des 4 coins du globe. Le monde de la mode actuel parle beaucoup anglais mais comme je cherche à promouvoir une majorité de créateurs francophones, je suis amenée à parler autant français qu’anglais dans mon travail d’organisatrice. Bilingue et vivant entre Los Angeles et Dakar c’est assez simple pour moi de gérer cet aspect de mon métier. Mes rapports avec les créateurs sont très fusionnels : je ne suis pas seulement une productrice de défilés de mode, je suis aussi une des leurs, une créatrice de mode qui produit et met en scène d’autres créateurs. C’est assez rare mais cela fait de moi un témoin privilégié de leur processus de création, de leurs doutes et surtout de leurs joies. Et j’ai la satisfaction de leur donner la possibilité de pénétrer des marchés qui leur sont habituellement fermés.

Je suis très fière, dans ma conquête du monde de la mode, d’apporter la langue française dans mes bagages tout comme une diversité, une culture et une approche du monde différent : une petite touche de couleur supplémentaire dans un tableau déjà fort riche. Nos prochains arrêts pour la Black Fashion Week , Montréal en avril, Paris en octobre et Salvador de Bahia en novembre.

Adama NDIAYE alias Adama PARIS.

10 Francophonie /mars 2013

en Mode daKaR PaRis aU qUéBec, les JoURs sont contés

Depuis 20 ans, j’ai eu le privilège de côtoyer cette parole immémoriale, pla-nétaire et sage qu’est le conte. Pour faire en sorte qu’elle circule régulière-ment dans ma communauté, j’ai créé une structure (1) qui a permis d’accueillir

plusieurs des grands conteurs de la francophonie (2). Ces artistes nous ont étonnés et émerveillés ; ils nous ont aussi aidés à réfléchir à la vastitude et à la profondeur de cette littérature orale (3), à la richesse du conte sur le plan de l’imaginaire et de l’intelligence de la langue, notamment dans le cadre du festival Les jours sont contés en Estrie. Outre cette fête ponctuelle, je souhaitais que le conte circule toute l’année dans différents milieux. Nous avons donc proposé des spectacles dans des lieux publics, entre-prises et institutions, mais aussi des conférences, des ateliers d’initiation et de perfectionnement et enfin des ateliers d'alphabétisation. En effet, cette parole, aussi accessible que puissante, permet à tous, incluant les illettrés (4), de développer connais-sance et intelligence.

Cet art de la parole qu’est le conte est un moyen extrêmement intéressant pour la préservation et la valorisation de la langue car elle est riche, variée, colorée, imagée, tout en étant accessible à tous,

sans égards aux origines sociales. C’est une parole qui a traversé le temps et l’espace pour dire l’humain dans ce qu’il a de plus universel et de rassembleur et pour garder à l’imaginaire une place essentielle, un rôle vital.

De nos jours, les modes s’affrontant, les différents arts de la parole ont tendance à être confondus. Or, le slam et la poésie performée offrent des manières distinctes et singulières d’aborder la langue et l’esprit puisque le slam est une parole plutôt réalistico-poli-tique, alors que la poésie performée est écrite pour être dite plutôt que lue. Ces deux formes d’art de la parole, également importantes, diffèrent du conte et de la littérature orale qui, historiquement, reposent aussi sur une qualité de langue, mais surtout sur l’extraordinaire imaginaire que, de tous temps, les humains ont considéré comme un élément primordial de la vie.

Petronella van DIJK1. Productions Littorale, devenu la Maison des arts de la parole.2. Jihad Darwiche, Michel Hindenoch, Mike Burns, Michèle Nguyen, Mamadou Diallo...3. Le conte est un des genres du patrimoine immatériel incluant mythes, épopées, légendes...4. Outre les grands initiés porteurs de mythes et épopées, les conteurs de tradition étaient souvent illettrés.

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viol des FeMMes, Une stRatégie de gUeRRe dans la Région des gRands lacs aFRicains

Au cours des deux dernières décennies, l’Afrique Centrale et la Région des Grands lacs africains ont été la plaque tournante des conflits armés. Les conséquences sur les populations ont été désastreuses et personne ne peut prévoir combien de temps il faudra pour panser les blessures. De nombreux Etats africains sont mal entrés en démocratie et la mauvaise gouvernance qui en résulte

ne cesse de susciter les velléités des mouvements rebelles qui sur-gissent de partout et qui prétendent toujours défendre les intérêts des opprimés. Paradoxalement, ces opprimés sont les mêmes qui paient les frais des conflits armés et de manière spécifique, les femmes et les enfants pris pour cibles des enrôlements forcés et l’esclavage sexuel. Le scénario est le même presque partout : pauvreté extrême, viola-tion des droits fondamentaux des population à l’alimentation, à l’eau potable, au logement, aux soins de santé primaires et spécialisés, l’abandon scolaire, l’oisiveté d’une jeunesse sans perspective, le chô-mage des cadres universitaires, le non-paiement de salaires décents aux fonctionnaires et aux militaires, le verrouillage des mécanismes politiques d’accession au pouvoir… Autant d’ingrédients qui ne peuvent que nourrir les rebellions dont les femmes sont victimes. De la mauvaise gouvernance à l’émergence de groupes armés qui instrumentalisent le viol en toute impunité, les conséquences de cette barbarie humaine sont aussi redoutables que celles produites par les guerres qui autrefois épargnaient les personnes civiles ne prenant pas part aux hostilités (Conventions de Genève d’août 1949). Le viol utilisé par les belligérants comme stratégie de guerre s’avère tout à fait sui generis. Il est méthodique car chaque bande armée a son

mode opératoire, à tel point, qu’en RDC, on peut identifier les groupes armés par le type de torture qu’ils exercent sur leurs victimes. Ceci peut aller des mutilations sexuelles à l’explosion de l’appareil génital par des armes à feu en passant par la destruction par armes blanches. Ce sont des viols massifs qui portent sur des villages entiers. En 2010, à Fizi, pendant la Saint Sylvestre, plus de 200 femmes des villages de Nakyele, Katanga Abala, avaient été violées au cours d’une nuit. Ainsi avions-nous eu à soigner des fillettes de 3 ans comme des vielles femmes de 80 ans. Bien que les hommes soient généralement en bonne position face à de telles horreurs, ils n’avaient pas pour autant été épargnés.

Ces viols collectifs sont le résultat de politiques déstabilisatrices recourant à la terreur pour contraindre les populations à abandonner leurs territoires et leurs champs. D’où ces colonnes de réfugiés et de déplacés qui n’ont rien fait pour mériter de vivre dans ce cercle vicieux de malnutrition, de pauvreté, d’insécurité, de vulnérabilité, d’anéantissement, d’assujettissement et d’humiliation. C’est donc vers une mort douce et programmée que conduisent les violences sexuelles qui entrainent la destruction du tissu social, la perte de l’identité indi-viduelle et communautaire, la déstructuration de la cohésion sociale et le cauchemar que vivent les enfants issus du viol, discriminés et rejetés. Mieux qu’une arme, le viol des femmes en situation de conflits armés est devenu une stratégie visant à affaiblir la fibre morale de la communauté adverse et briser toute résistance à l’occupation et à l’agression. Mères de l’humanité, gardiennes de la culture et de la stabilité du tissu social, les femmes préservent la continuité de la lignée grâce à la procréation. Le viol est aussi une arme qui permet de dépouiller les victimes de leur dignité et de détruire en elles tout sentiment d’amour-propre. Ils sont légion les cas de viol rapportés au

sujet de la guerre meurtrière du Rwanda de 1994. Parmi les victimes, peu avaient échappé aux tortures et au massacre qu’en contrepartie des avantages sexuels que leurs bourreaux pouvaient tirer d’elles. Les événements tragiques du Rwanda n’ont donc pas servi de leçon parce que pareil scénario a traversé la frontière pour se reproduire en RDC.

Les récits des femmes violées, enlevées et mariées de force à des combattants pour devenir des esclaves sexuelles, violentées, torturées ou tout simplement enterrées vivantes, témoignent d’une barbarie humaine qui frise la bestialité. C’est une arme qui ne blesse pas seulement la femme en tant que victime mais aussi sa famille, sa communauté et toute la société. Parfois, le viol est perpétré par un groupe de combattants sur une seule et même femme et de manière successive. Les violeurs vont jusqu’à blesser leurs victimes, tirant à balles réelles dans leurs vagins, en introduisant des couteaux ou autres objets tranchants dans l’intention de les torturer. Parfois, c’est le vagin qui est mis en pièces ou carrément détruit par les armes, le corps mutilé en coupant les seins de la victime pour que plus jamais elle ne puisse allaiter.

En février 2013, une femme est arrivée grâce au service de l’équipe mobile de l’hôpital. La patiente mentalement absente venait de Nindja où des groupes armés parlant Kinyarwanda s’étaient introduits dans sa maison, massacrant toute sa famille dont son mari et ses 6 enfants, après l’avoir ligotée. De là, elle sera emportée dans la forêt où elle subira des viols à répétition avec tortures et mutilations sexuelles. Plus tard, arrivée à Panzi après s’être évadée, elle parle du massacre de sa famille mais refuse de croire que ses enfants aient été tués. Devant l’assistante sociale, elle ne cesse de répéter qu’il faut qu’on l’aide pour qu’elle aille récupérer ses enfants rescapés, tout en reconnaissant que son mari est mort. Face à son délire, la prise en charge psychosociale est difficile. Une autre femme témoigne : Nous entendions leurs hurlements, car elles avaient été frappées à la tête avec des bâtons, blessées à l’arme blanche. Avant de les précipiter dans l’eau qu’ils avaient remplie de sel, les militaires avaient couvert les femmes de pili-pili, ils leur avaient ouvert le vagin avec des tiges de bois et introduit les piments(…). Elles ont été poussées vers le centre de Mwenga, entièrement nues, blessées, mais tenant encore droit. Un grand trou a avait été creusé dans le sol, elles ont dû y entrer debout. Ces militaires ont lancé des pelletées de terre sur elles, jusqu’à ce qu’elles soient ensevelies, alors qu’elles pleuraient, qu’elles criaient encore…

Des centaines de milliers de Congolais sont en perpétuel déplacement, véritables nomades et sans domiciles fixes dans leurs propres pays. Certaines victimes sont aussi des déplacées qui ont tout perdu dans une guerre qui n’est pas la leur et sont victimes de viols perpétrés sur leurs corps par des bandes armées. Dans un contexte de guerre, les dispensaires et les hôpitaux de village pillés, détruits et désertés par le staff médical, les femmes qui accouchent sont encore vulnérabilisées et nombreuses, sans pour autant être nécessairement victimes de violences sexuelles et souffrent de pathologies gynécologiques dont la fistule vesico-vaginale et le prolapsus génital résultant d’un accouche-ment mal conduit. Ainsi l’HGR a créé une équipe soignante composée de médecins, infirmiers, accompagnatrices psychosociales, nutrition-nistes, défenseurs judiciaires. Erigé dans un contexte de guerre, l’HGR de Panzi a commencé à fournir assistance aux victimes de violences sexuelles en 1999. Les fonds reçus des partenaires suédois avaient

servi à apporter des soins appropriés aux femmes et enfants trauma-tisés. C’est là l’embryon d’un projet ambitieux qui n’a cessé de militer et d’œuvrer pour la réhabilitation des victimes de violences sexuelles. A été également mis sur pied un projet de cliniques mobiles visant à décentraliser l’assistance aux survivantes de violences sexuelles et rendre les soins encore plus accessibles aux bénéficiaires. Grâce à l’appui des Centres de santé, des ONG et des Eglises, des soins gratuits sont donnés aux survivantes de ces violences dont le traitement de Post Exposure Prophylaxis(PEP) visant la prévention de la grossesse, les MST et le VIH/Sida. Elles bénéficient de la réparation des organes génitaux externes endommagés, réparation qui peut être génito-uro-digestive. Un accent particulier est mis sur la prise en charge psychologique en procédant à l’accueil, l’écoute active, la thérapie, le counselling pre-et post-test VIH, celui des maladies chro-niques, la psychothérapie en groupe, narrative, la thérapie du champ mental, le suivi et l’évaluation. L’assistance médicale que leur apporte Panzi se trouve renforcée par une prise en charge socioéconomique avec l’alphabétisation, la scolarisation des enfants issus du viol qui ont accès à des aires de jeux, l’apprentissage de métiers comme la fabrication de savons, formation à la minoterie et la couture, le tricotage, etc..

Pour la communauté, les femmes sont les piliers de toute société humaine ; elles donnent la vie et méritent dignité et considération. Plutôt que de les discriminer, elle devrait protéger les femmes victimes de viol afin de faciliter leur réintégration sociocommunautaire. Le viol est un acte d’humiliation pour la femme mais aussi pour son mari, sa famille, sa communauté. Au niveau national, au-delà des textes, il faudra que les autorités joignent l’acte à la parole. Sinon ces belles lois donneront l’impression que le législateur congolais a voulu tout simplement se dédouaner, juste pour se donner bonne conscience. L’Etat devrait s’abstenir de cautionner l’impunité en élevant au rang de colonels et généraux les présumés auteurs de viol, quels que soient les groupes armés, les origines politiques ou biologiques dont ils se réclament. Et les Etats frontaliers de la RDC gagneraient beaucoup à se coaliser contre les violences sexuelles, avec le droit de poursuite à l’intérieur et à l’extérieur des frontières nationales de chaque Etat. Ainsi, les efforts d’un Etat dans cette lutte ne seront plus anéantis par le voisin frontalier qui donnerait asile à des auteurs de crime de guerre sous prétexte de préserver la paix au détriment du respect du DIH et des droits humains fondamentaux. Mieux que quiconque, les dirigeants politiques d’Afrique devraient comprendre que la pauvreté et la précarité dans lesquelles ils laissent croupir leurs armées sont l’une des causes principales de la récurrence des violences sexuelles, y compris le viol.

Enfin, au niveau international, au-delà des Résolutions 1325 et 1820 du Conseil de Sécurité des Nations Unies évoquées ci-dessus, la communauté internationale serait plus crédible en se montrant très ferme quant à l’application des instruments juridiques luttant contre le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée constituant une infraction grave aux droits de la femme en situation de paix et de conflits armés.

Dr Denis MUKWEGEHGR Panzi/Bukavu-RDC

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14 Francophonie /mars 2013 mars 20123 / Francophonie 15 14 Francophonie /mars 2013

le Rôle des FeMMes dans le PRocessUs de PaiX en aFRiqUe

Aujourd’hui, on reconnait que la femme joue un rôle essentiel dans nos sociétés en ce qui concerne l’éducation, la santé, le développement économique, l’agricul-ture. Cependant, la participation politique des femmes demeure une exception.

Pourtant, la femme africaine exprime de plus en plus son désir de citoyenneté et de participer à la bonne gouvernance, notamment pour défendre sa condition et ses droits humains.

Jamais l’Afrique n’a eu autant de femmes leaders. Citons à titre d’exemple la Présidente libérienne, Mme Johnson et la Présidente de la Commission de l’Union Africaine, Mme Zuma. L’ONG Femmes Africa Solidarité, fondée il y a plus de 16 ans, œuvre pour que la révolution du genre soit effective en Afrique. Plus par-ticulièrement, FAS encourage les femmes afin qu’elles assument un rôle de leadership dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Malgré l’adoption d’instruments juridiques internationaux et notamment de la Résolution 1325 de l’ONU sur Les femmes, la paix et la sécurité, la présence des femmes à la table des négociations n’est pas encore effective.

Au Mali, les femmes demandent à participer à la négo-ciation de la paix car elles sont les principales victimes du conflit mais elles demeurent exclues de ces négo-

ciations. Pourtant, les différentes initiatives des femmes au Liberia, au Burundi, en RDC, en Somalie sont autant d’exemples qui démontrent que leur implication dans les processus de paix peut contribuer à une sécurité humaine durable. Durant les élections sénégalaises qui se sont déroulées début 2012, FAS a massivement mobilisé les associations féminines du pays pour assu-rer la médiation entre les différents partis d’opposition. Une plateforme de veille des femmes a ensuite été ins-taurée pour suivre le processus électoral. Des observa-trices et des journalistes ont été formés puis déployés sur le terrain pour veiller au bon déroulement du scrutin et reporter les irrégularités. Cette initiative a été perçue, par de nombreux observateurs, comme un système efficace d’alerte précoce et de réponse rapide aux vio-lences pouvant être répliqué dans d’autres contextes.

Posons-nous alors la question ? L’objectif de voir demain une « Afrique prospère et en paix avec elle-même » tel que voulu par la Présidente de la commission de l’Union Africaine pourra-t-il être atteint sans la pleine participation des femmes dans toutes les structures de gouvernance, notamment dans les processus de paix ?

Bineta DIOPFondatrice et Présidente de Femmes Africa Solidarité (L’ONG FAS a été fondée en 1996 à Genève).

teRRiennes

Notre propos était d'inscrire la promotion et la défense des femmes du monde entier, dans la ligne éditoriale de la chaîne, grâce à trois leviers : portraits, questions et paroles de femmes. Depuis près de deux ans nous parcourons donc vir-tuellement le monde à la rencontre de femmes

exceptionnelles, intellectuelles, paysannes, ouvrières, employées, cheffes d'entreprise ou d'Etat, et nous nous réjouissons avec elles des avancées pour les droits et les causes des femmes, mais nous continuons malheureusement à nous révolter contre les régres-sions dans la condition féminine et les atteintes qui ne diminuent pas contre leur intégrité physique et mentale.

Parfois nous avons la chance de croiser des perles rares comme Hind Aleryani, une jeune écrivaine et journaliste yéménite qui nous a accordé l'autorisation de publier un texte remarquable de son blog où elle posait une question simplissime avec humour et délicatesse : pourquoi donc les hommes ne se voileraient-ils pas ? A d'autres moments, il nous a fallu aller encore plus loin, pour dénicher par exemple la Pakistanaise Zahida Kazmi , première et toujours unique chauffeure de taxi, tellement fière de sa voiture jaune, et qui a fondé une école pour transmettre son métier aux jeunes filles de sa ville...

Nous avons poussé notre chemin jusqu'à Santiago du Chili pour y faire connaissance avec Ruth Olate Moreno, secrétaire générale du Syndicat des domestiques chiliens (90% de femmes), qui a obtenu

de haute lutte, grâce aussi à l'appui de Mme Michèle Bachelet du temps où elle dirigeait ce pays, une révolution du statut de ses travailleuses invisibles. D'autres terriennes remarquables passent par Paris comme la styliste égyptienne de haute couture et cheffe d'entreprise Marie Bishara. Cette dynamique jeune femme n'est pas seulement une créatrice talentueuse et une femme d'affaires avisée, elle est aussi une infatigable défenseure des Egyptiennes, avant et après la révolution de 2011, dans les usines textiles de son groupe mais aussi à travers tout le pays.

Nous ne pouvions aussi rater l'occasion de rencontrer, lors de son bref passage en France, la Libyenne Salwa El Daghili, seule femme aujourd'hui membre du Conseil national de transition et chargée de rédiger la future constitution du pays, parce qu'elle est aussi la seule juriste qualifiée de ce gouvernement provisoire - elle a étudié le droit public et constitutionnel à la Sorbonne...Hind, Salwa, Zahida , Ruth et Marie, sont quelques-unes de ces terriennes magnifiques qui nous donnent à espérer en un futur plus avenant et nous ouvrent de nouvelles pistes pour faire progresser la cause des femmes..

TV5MONDE- SYLVIE BRAIBANTRédactrice en chef de Terriennes (créé en mai 2011).

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/p-16162-Accueil.htm

Femmes de la plateforme de veille pour des élections

apaisées au Sénégal signant les pages de la paix (fév. 2012).

Zahida Kazmi/Pakistan.

Hind Aleryani/

Yémen.

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WeReWeRe liKing

La parution en décembre 2012 du premier tome de l'autobiographie en bande dessinée du footballeur camerounais Samuel Eto'o sur des dessins de sa compatriote Joelle Esso chez l'éditeur Dagan fut l'un des évènements cultu-rels majeurs de cette fin d'année sur le conti-

nent. Le fait que l'une des plus grandes stars africaines du ballon rond ait choisi ce médium a étonné plus d'un observateur, tous plus habitués aux biographies écrites que graphiques de la part des sportifs (ce fut le cas avec Didier Drogba en 2008).

En fait, ce choix de la bande dessinée ne fait que prendre en compte un phénomène de plus en plus visible dans le sud : l'émergence d'un réel intérêt pour le 9ème art. Le succès du FIBDA (Festival International de Bande dessinée d'Alger) qui compte cinq éditions depuis 2008 en est une preuve éclatante. Très actifs, les organisateurs de cette manifestation ont permis la reconnaissance de certains artistes, la mise en contact entre auteurs et éditeurs et la mise en lumière d’œuvres auparavant confinées aux limites géographiques des

W erewere Liking est une artiste complète, peintre, chanteuse, écrivaine et drama-turge. Toutes ses démarches s’ap-

puient sur un mouvement initiatique le Ki-Yi Mbok, un mouvement pour la renaissance des arts africains. Camerounaise, originaire de la tribu des « écureuils aux huiles », elle s’est installée en Côte d’Ivoire avec son groupe théâtral au village Ki-Yi à Abidjan. Werewere, un prénom peu usité, est dérivé du mot anglais, velvety, un velours de soie moiré et brillant que portaient les anciens et surtout les rois. Avec un rêve panafricain, elle a fondé ce village de culture : « Mon peuple, les Bassa du Cameroun ont toujours voulu appor-ter l’harmonie en temps de crise. Et je pense que l’art, la culture, peuvent ramener la paix. Ce village vit avec cet objectif (et sans subventions)

l'éMeRgence de la Bd en aFRiqUe FRancoPHone

pays. Depuis, pas moins d'une trentaine d'ouvrages a été éditée en Algérie, dont près de la moitié de mangas. Au Maroc, la création des éditions Alberti, spécialisées dans la BD, augure également d'un réel démarrage de celle-ci puisque pas moins de six ouvrages sont prévus pour mars 2013. Le Cameroun n'est pas en reste avec une petite dizaine d'albums ou de revues publiés entre 2011 et 2012. Le succès de la revue sénégalaise d'hu-mour et de BD Gbich! ne se dément pas depuis 1999, avec un tirage moyen de 15 000 exemplaires, y com-pris durant les années de guerre civile. A Madagascar, la revue BD en langue malgache Ngah?! est toujours diffusée à 6000 exemplaires 15 ans après sa création. En Europe, la BD d'Afrique commence également à émerger. A l'exemple de Dagan, cité plus haut, qui a publié d'autres albums d'auteurs du continent, les éditeurs français commencent à s'intéresser aux talents africains. Le Béninois Hector Sonon qui vient de publier Toubab or not toubab chez Casterman en est un exemple. Le cas le plus marquant reste cepen-dant L'harmattan qui a décidé en 2010 de créer une collection entièrement destinée aux auteurs africains, collection qui compte 14 titres parus au début de l'an-née 2013. Peu à peu, le 9ème art d'Afrique montre ses talents et son potentiel au reste du monde. Une belle révolution francophone en perspective !

Christophe CASSIAU-HAURIEAuteur de cinq ouvrages sur la bande dessinée d’Afrique. Dernier paru aux Ed. L’harmattan (mars 2012) : « Quand la BD d’Afrique s’invite en Europe ».

pour lever les consciences. Avec son livre « La mémoire ampu-tée »*, elle a souhaité remonter le temps. « On se souvient en Afrique de ce qui ne laisse pas de trace, de ce qui ne figure pas dans les archives. L’histoire du continent est amputée de larges pans, à com-mencer par le spirituel, le divin. C’est l’histoire d’un pays à qui on a volé la virginité et la maturité. Nous avons lutté pour l’indépendance à notre manière. Ma tante nous avait appris à aimer l’Afrique, pas seulement le Cameroun mais tous les hommes noirs dans le monde. Les femmes africaines sont aussi les oubliées de cette histoire. Ma Tatie Rose a lutté pour les indépendances mais per-sonne n’a raconté la vie de ces « résistantes ». Elles n’ont laissé que le souvenir de destins faits de soumission et d’injustices. Le blanc représentait le camp des forts, des savoirs, et pour certains Africains,

c’était le moyen pour avancer en devenant ainsi des « collabos ». Ce roman est aujourd’hui enseigné à l’université de Cocody mais c’est déjà trop tard. Pour moi, il faudrait le donner à lire aux plus jeunes à l’école. Werewere Liking a porté un regard sévère sur les femmes : « Les mères africaines voudraient que leurs hommes soient des héros, des vainqueurs, mais elles les cri-tiquent sans cesse. Les femmes d’aujourd’hui sont moins battantes, plus sentimentales. Elles sont aussi trop dépendantes et ne se pren-nent plus en charge quand elles se marient. Heureusement, nous sommes quelques-unes à garder les yeux ouverts. La femme est un escargot, elle doit s’auto-féconder» ! En Afrique, les énergies ne circulent pas ; d’un côté, tout manque, pas de routes, de circulation d’idées et trop de contraintes administratives de l’autre, on est riche. Je suis l’actualité africaine, je voudrais être un témoin de mon époque et entendre parler des progrès et des petits succès plutôt que des échecs en Afrique !» Et tout cela est dit et écrit en fran-çais et non en langue locale : « Mon père parlait le français à la maison et je lisais aussi beaucoup les catalo-gues comme celui de la Redoute à Roubaix ou le Chasseur français » ! Le français, c’est la langue que je parle depuis toujours, que j’ai parlé le plus longtemps dans ma vie et donc je l’utilise pour parler de l’Afrique. La langue française est aujourd’hui une langue africaine au même titre que les autres ».

D’après l’entretien de Yasmine CHOUAKI « En sol majeur » sur RFI.*Aux éditions Les nouvelles éditions ivoiriennes.

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cHiFFRes aU féminin *

DIRECTION DE LA COMMUNICATION oif-Isabelle Finkelstein - aef-Françoise Hollman rédaCTion en CHef Vicky Sommet CrédiTS-pHoTo Couverture: Rubberball-Gettyimages/Cyril Bailleul OIF/Kenzo Tribouillard AFP/Zayer Hassan/Camille Sarret pour Terriennes/Linkedin/Nada Saleh Anid/Catherine Hélie/éd. Gallimard/Omar Victor Diop/Josée Courtemanche/Torleif Svenson/L’Harmattan BD-Sani (Niger) 2012/Sam Bapes/Catherine Beaunez./ Fotolia. ConTaCT [email protected] réaliSaTion Didier Gustin impreSSion éOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex

emilien Garnier vous êtes à l’origine de l’organisation de cette rencontre. Quelles réflexions vous ont incité à choisir ce thème de travail ?On a la chance à l’université Paris-Sud d’être entouré d’étudiants étrangers. Et puis, l’année dernière, je me suis occupé d’une mis-sion francophone au Vietnam où j’ai encadré 35 étudiants français. De retour en France, faire une rencontre sur ce thème m’a paru évident. Je devais propager la bonne parole sur ce que j'avais vécu de la francophonie et donner un peu de vie à cette chose un peu vieille, un peu oubliée. On s’y est mis à neuf, on a beaucoup parlé. Je retrouvais chez eux les préjugés que j’avais eus moi-même. Mais on s’est vite rendu compte que c’était le lien qui nous unissait tous : les Français, Baydir Berrahal, Thibaud Naine, Florian Segrelles-Buigues et moi-même, Xinyu Zhang Chinoise, Kien Tran Hoang Vietnamien, Doussouba Bouare d’origine malienne, Lilas Taieb d’origine algérienne, Splendide Nzala d’origine congolaise. Un résumé de la francophonie à nous neuf.

Que représente pour des étudiants français la francophonie, l’espace francophone, voire même la francophilie ?Rien, c’est un peu violent à dire mais c’est la réalité. On a une vision très datée de la francophonie, on ne sait pas très bien à quoi elle sert ni ce qu’elle est réellement. On a déjà du mal à imaginer que des étudiants veulent apprendre notre langue à l’heure du tout anglais, alors imaginer que d’autres pays sont fiers d’avoir le fran-çais comme langue officielle ..! L’idée que des dizaines de millions de gens, en dehors du territoire français, parlent, lisent, écrivent, écoutent cette langue, doit en surprendre beaucoup. Je pense aussi qu’il y a un très lourd tabou sur la fierté d’être Français qui pèse sur notre génération. Il est très mal vu d’affirmer cet amour qu’on n’imagine jamais innocent. Mais dire qu’on aime la franco-phonie, c’est se voir opposer le passé colonial français ; l’amal-game avec le néocolonialisme est toujours présent dans les têtes.

tel est le titre du séminaire organisé par les étudiants de l’université Paris-sud dans le cadre de leur cursus «Management à l’international.»

d’après vous, la francophonie se porte-t-elle bien et si non, faut-il la relancer, la recentrer ou l’ouvrir sur le plurilinguisme ?Il faut cesser d’associer les francophonies et La Francophonie. Nous ne dirions pas recentrer mais décentrer notre regard. Le français ne nous appartient plus. Nous nous sommes vite rendus compte que nous Français avions un autre problème : le français est sacré, inscrit dans le marbre. On voit toujours les Québéquois les Africains, les Maghrébins comme des peuples qui ne savent pas parler notre langue, c’est une grosse erreur. C’est la bouée de sauvetage du français qui se maintient tant bien que mal comme langue mondiale. Ce sont eux qui font la vitalité de la francophonie, eux seuls qui osent inventer de nouveaux mots à cette belle langue que l'on partage.

les étudiants, qui vont rentrer dans le monde du travail, peuvent-ils être les ambassadeurs de cette francophonie nouvelle ?Nous pensons que les étudiants français n’ont jamais autant eu cette soif de découvrir les autres cultures et de partager la leur. Malheureusement, combien ont conscience du potentiel de la francophonie ? Il est intéressant de voir ce qui se passe au Québec où les jeunes se sentent investis d’un rôle et comprennent l’intérêt du français comme outil de différence culturelle et de résistance. Partout, ne serait-ce que dans l'enseignement, le français n’est vu que dans son usage national alors que l'anglais est la seule voie pour découvrir l'étranger. C’est une erreur qui masquera à des générations entières le potentiel culturel, économique et identitaire qu’est la francophonie. Les jeunes de tous ces pays nous font com-prendre qu’ils n’ont pas besoin de nous pour que la francophonie existe. Seul un sursaut d’orgueil pourra faire bouger les Français !

ENTRETIEN Vicky SOMMET avec Emilien GARNIER

« la FRancoPHonie dans les écHanges inteRnationaUX »

En Europe, les femmes vivent plus longtemps que les hommes mais l’écart se réduit. Et les Françaises se classent parmi les Européennes qui ont une espérance de vie plus importante. Derrière la France, on trouve l’Espagne, l’Italie, la Finlande, l’Allemagne, et en bas de la liste, la Bulgarie et la Roumanie.

Le taux d’emploi des femmes en France est de 60%, supérieur de 1,4 point par rapport à la moyenne européenne mais très loin derrière le Danemark (73,1%), la Suède (70,2%) ou les Pays-Bas (71,5%). Pour évoquer la parité, les faibles avancées de la France dans ce domaine la placent en 18ème position dans l’Union européenne pour les femmes élues aux assemblées nationales et en 5ème position parmi les 13 Etats ayant un Sénat ou une deuxième chambre. Mais c’est au Parlement européen que les élues sont les plus nombreuses.

Il manquerait plus de 100 millions de femmes et de filles, un phé-nomène du à la suppression des bébés et fœtus de sexe féminin, de la politique de l’enfant unique en Chine, du fardeau de la dot en Inde, des tra-fics de mariages forcés ou d’exploita-tion dans la sous-région. Par exemple, il manquerait 5 M de femmes au Pakistan, 3 M au Bangladesh, 1 M en Afghanistan, etc..Parmi les cheffes d’état, on compte 10 Présidentes : Argentine, Brésil, Inde, Kyrgistan … , 10 cheffes de gouvernement : Allemagne, Australie, Danemark, Croatie … et 3 gouverneures comme en Australie ou à Sainte-Lucie.Et en Afrique, le nombre de femmes siégeant dans les parlements atteint les 20%, légèrement au-dessus des 19% que constitue la moyenne mondiale. L’Angola est passée de 15 à 39% alors que l’Afrique du Sud a grimpé de 3 à 45%. Record battu par le Rwanda avec 56% alors que les trois pays qui sont à zéro ne se trouvent pas sur le continent, l’Arabie Saoudite, Oman et le Yémen.

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LE CLIN D’ŒIL DE CATHERINE BEAUNEZ *

* Catherine Beaunez est dessinatrice de presse ( Marianne, Causette, L'Ecole des parents,... ) et auteure de 5 albums d'humour, traduits en plusieurs langues. Elle est aussi membre de l'association

Cartooning for Peace. Elle n'aime rien tant que rire toute seule de ses idées avant qu'elles ne se transforment en dessins. Pour la voir rire en direct : www.catherinebeaunez.net

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