Hegel - la phénoménologie de l'esprit - t.1

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  • PHILOSOPHIE DE L'ESPRITCOLLECTION DIRIGE PAR L. LAVELLE ET R. LE SENNE

    ~~ 2""1- sCG. W. F. HEGEL G- -./ /-.r-

  • AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR

    La traduction dont nous publions aujourd'hui la premire partie a t faite d'aprs la dernire dition allemande de la Phno-mnologie, parue Leipzig en 1937 1 Ladivisioll que nous avonsdil faire l'intrieur de .l'uvre semble pouvoir se justifier ra-tionnellement. Notre premier volume correspond, en effet, a ceque devait ~tre la Phnomnologie au sens strict du terme 2.Th. Haering, l'occasion du III" Congrs hglien de Rome, a

    dmontr~ que, dans son dessein primitif, la Phnomnologie de-vait s'arrter la raison )), section avec laquelle se terminenotre premier volume'. Le reste, qui correspondra notredeuxime volume, aurait t ajout par Hegel au dernier mo-ment. Cette histoire de l'laboration de la Phnomnologie peromet de mieux comprendre la structure de l'uvre. Dans la pre-mire partie, en effet, Hegel traite de l'ducation ou de la forma-tion de la conscience individuelle. Il se propose une double M-che: conduire la conscience commune au savoir philosophique,et lever la conscience individuelle enferme en elle-mme deson isolement la communaut spirituelle. Les exemples histori-ques, particulirement nombreux dans la conscience de soi Il.ne sont que des moyens d'illustrer certaines tapes ncessairesde l'volution de l'individu humain. Dans la deuxime partie, aucontraire, on trouve une premire esquisse d'une philosophie del'histoire, et une tude de ce que Hegel nommera plus tard l'esprit objectif )1. L'volution qui y est tudie n'est plus cellede la conscience individllelle, mais celle de l'Esprit )1 all sens

    1. td. Lasson, complte par J. HofTmeister, W., Il, 4" dition.2. A ce qu'elle est ensuite dans la Propdeutique et dans l'Encyclopdie.3. Verhandlungen des dritlen Hegelkongresscs in Rom (1933), Tubingen,

    1934, p. 118. Sur cette histoire de la Phnomnologie, cf. galement la pr-face de J. Ho1Ymeister son Mition de la Phnomnologie.

  • VI AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR

    ....

    prcis que Hegel donne ordinairement ce terme. Ce sont desphnomnes gnraux de civilisation qui y sont considrs entant que tels : la cit antique, la fodalit, la monarchie abso-lue, la priode des lumires et la Rvolution' franaise, etc.

    Si la Phnomnologie a t crite trs vite, et si on peut s'-tonner de la contingence de sa publica.tion, on ne doit pas cependant onblier le long travail de cnlture qui l'a prcde. Grdceaux travaux de M. Jean Wahl, on connat en France les premi-res tudes thologiques et anthropologiques de Hegel'. Les phi-losophes qni ne connaissaient que la logique hglienne ont d-couvert avec tonnement la gense concrte de cette philosophie,le (1 chemin de l'dme parconru par Hegel avant mme d'abor-der explicitement les problmes philosophiques. Entre ces travaux de jeunesse et la Phnomnologie, il y a tous les travauxd'Ina, l'effort de Hegel pour faire rentrer toutes ses expriencesdans un systme cohrent. La plupart de ces cours taient restsindits. Leur publication rcente par J. Hoffmeister permet au-jourd'hui de mieux comprendre la Phnomnologie; l'uvre laplus gniale de Hegel, celle qui contient encore touies les intui-tions de la priode de jeunesse, et qui, dans son laboration con-ceptuelle, annonce l'auteur de la Logique.

    C'est en .prparant un travail d'ensemble sur la Phnomnolo-gie que nous avons t conduit rdiger cette traduction. Nousne pensions pas d'abord ajonter des notes an texte; mais, d'unepart, nous nous sommes mi dans l'obligation d'indiquer et par-fois de justifier la traduction que nous avions adopte pour cer-tains termes; d'autre part, nous voulions essayer de prsenter aulecteur franais, nOlIs ne disons pas un texte facile, mais aumoins un texte lisible de la Phnomnologie. Il nous a paru'alors ncessaire, en cartant toute rudition, de rsumer certainsmouvements dialectiques difficiles, de souligner certaines transi-tions brusques qui paraissent videntes Hegel, mais qui sontsouvent obscures ponr un lecteur non averti. Nos notes doiventdonc tre considres uniquement comme un moyen de faciliterla lecture d'un texte philosophique dont tOllt le monde recon-nat la difficult.

    C'est ce mme dessein qui nOl1s a inspir dans notre traduc-

    1. J. Wahl: Le malheur de la conscience dans la philosophie de Hegel, d.Rieder, 19'9'

  • AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR VII

    tian, Nous avons essay d'tre aussi simple que possible, de crerle moins !le mots possible. Nous avons dtl adopter un certainnombre de conventions pou.r traduire certains termes du vocabu-laire hglien, et nous avo"s demand au lecteur, en note, de lesadopter avec nous'une fois pour toutes. On petit tre tent, dansune traduction de Hegel d'introduirelln commentaire dans letexte mme. Une traduction est sans dou.te une interprtation;mais en tant qile traduction elle ne sanrait tre un comm~lntaire;et on risque, en commentant le mot au lieu de le traduire, d'a-lourdir le texte et d'ajouter encore des difficults et des obscuri-ts. Pour faciliter la lecture, nous avons conserv les titreS desparagraphes qui se trouvent dans les premires ditions Lassonde la Phnomnologie; ces titres ne sont pas de Hegel mme, etc'est pourquoi nous les avons mis entre crochets, mais ils sontcommodes, et nous avons cru rendre service au lecteur en 'lesconservant,

    Nos rfrences' Hegel sont, sauf indication contraire, desrfrences l'dition Lasson de /legel, complte rcemment parJ. Hoffmeister. Nous renvoyons aussi quelquefois la traduc~tion anglaise de Baillie T, traduction large, mais claire et utile,et la traduction italienne de E. de ""egri, traduction prciseet subtile.

    Cef avertissement ne veut pas tre une prface. La Phnomno-logie vaut par son contenu, et On doit se plonger en lui. Elle estune conqute du concret, que notre temps, comme tous les tempssans doute, cherche refrouver l'li philosophie. Pour Hegel, leconcret n'est pas le sentiment ou. l'intuition dll concret oppossrI la pene discursive: il est le rsultat d'une laboration, d'unereconqu.te rflexive d'un contenu que la conscience sensible, quise croit si riche et si pleine, laisse en fait toujours chapper.

    'J. Pour les rfrences aux lrayaux de jeunesse, nous indiquerons seule-menl : Heyds the%gisclle Ju!/endschrilten, hera1lsgegeben Y01l Dr Il. NohJ,Tubingen, 1007.

    6. '\jous J'indiquons ainsi: W., puis le numro du volume el la page.7. The Phenomenology of mind, traduite par J.-B. Baillie, Lihrary of Phi.

    losophy, London, ,0 dition, 1(l3r./1. Fenomcn%gia dello Spirito, Iraduite par E. de Xegri, en deux volumes,

    " La NuO\'a Italia " edilrice, Firenze.

  • LAPHNOMNOLOG.lE

    DE L'ESPRIT

  • SYSTME DE LA SCIENCEpar GE. WILH. FR. HEGEL

    PREMIRE PARTIE

    La Phnomnologie de l'Esprit

    BAMBERG ET WURZBURGChez Joseph Anton Goebhardt

    1807

  • PRFACE

    1

    1. Dans ia prface qui prcde son ouvrage, un auteur expliquehabituellement le but qu'il s'est propos, l'occasion qui l'a conduit crire et les relations qu' son avis son uvre soutientavec les traits prcdents ou contemporains sur le mme sujet.Dans le cas d'une uvre philosophique un pareil claircissementparat, non seulement superflu, mais encore impropre et ina-dapt la nature de la recherche philosophique. En effet tout cequ'il faudrait dire de philosophie dans une prface, un aperuhistorique de l'orientation et du point de vue, du contenu gn-ral et des rsultats, une enfilade de propositions parses et d'af-firmations gratuites sur le vrai, tout cela ne pourrait avoir au-cune valeur comme mode d'exposition de la vrit philosophi.que. En outre, puisque la philosophie est essentiellement dansl'lment 1 de l'universalit qui inclut en soi le particulier, ilpeut sembler qu'en elle plus que dans les autres sciences, dansle but et dans les derniers rsultats se trouve exprime la chosemme dans son essence parfaite; en contraste avec cette essencel'exposition devrait constituer proprement l'inessentiel. Au con-traire, dans l'ide gnrale de l'anatomie par exemple, - la connaissance des parties du corps considres en dehors de leurs re

    lations vitales - on est persuad qu'on ne possde pas encorela chose mme, l contenu de cette science, et qu'on doit enoutre prendre en considration attentive le particulier. - De plus,dans un tel agrgat de connaissances, qui, .bon droit, ne porte

    1. " Das Element n. Le mot a souvent en fran'als le sens de principe sim-ple, d'atome; dans la langue de Hegel, il dsigne plutt en gnral I1n milieu,par exemple: " l'lment marin n. Sur celle prface, cr. les Aphori.men au.der Jenen,,,r Zeit, publis en 1936 par J. HolYmcister, Dokumente zu HegelaEntwick/Uhg, Fr. Frommans Verlag, Stuttgart.

  • 6 LA PHNOMNOLOGIE DE L'ESPRIT

    pas le nom de science, une causerie sur le but et sur des gnra-lits de cet ordre n'est pas ordinairement trs diffrente du modepurement historique et non conceptuel selon lequel on parleaussi du contenu lui-mme, des nerfs, des muscles, etc... La phi-losophie, par contre, se trouverait dans une situation toute dif-frente si elle faisait usage d'une telle manire de procder, alorsqu'elle-mme ladclareraii incapable de saisir la vrit".

    De mme la dtermination de la relation, qu'une uvre philo.sophique croit avoir avec d'autres tentatives sur le mme sujet,introduit un intrt tranger, et obscurcit ce dont dpend la connaissance de la vrit. D'autant plus rigidement la manire commune de penser conoit l'opposition mutuelle du vrai et du....faux.d'autant plus elle a coutume d'attendre dans une prise de posi.tion l'gard d'un systme philosophique donn, ou une concordance, ou une contradiction, et dans une telle prise de posi-tion elle sait seulement voir l'une ou l'autre. 1~llc ne conoit pasla diversit des systmes philosophiques cornille le dveloppe.ment progressif de la vrit; elle voit plut.t seulement la contradiction dans cette diversit. Le bouton disparaH dans l'clate.ment de la floraison, et on pourrait dire que le bouton est l'futpar la fleur: A l'apparition du fruit, galement, ln fleur e8t dnon-ce comme un faux tre-l de la iJlallte. et le fmit s'introduit la place de la fleur comme sa vrit. Ces formes ne sont pas seu-lement distinctes, mais encore chacune refoule l'autre, parcequ'elles sont mutuellement incompatibles. Mais en mme tempsleur nature fluide en fait des moments de l'unit organique danslaquelle elles ne se repoussent pas seulement, mais dans laquellel'une est aussi ncessaire que l'autre, et cette gale ncessitconstitue seule la vie du tout. Au contraire, la contradiction l.'gard d'un systme philosophique n'a pas ellemme coutumede se concevoir de cette faon; et, d'autre part, la conscienceapprhendant cette contradiction ne sait pas la librer ou lamaintenir libre de son caractre unilatral; ainsi dans ce qui apparait sous forme d'une lutte contre soimme, elle ne sait pasreconnattre des moments rciproquement ncessaires' .

    . I.e problme du commencement a pour Hegel une importance mthodo.logique et gnosologique. Cf. Willenscha!t der Logik, W., III, p.5 ..

    3. L'histoire de la philosophie sera en mme temps pour Hegel une phlloso.phle. Cf. l'article de Hegel sur l'essence de la critique philosophique engnral. .. ", dans le journal critique de philosophie. W., l, p. l".

  • PRFACE 7

    L'exigence de tels claircissements comme la faon de la satis-faire passent trs facilement pour l'entreprise essentielle. 'Enquoi pourrait s'exprimer la signification interne d'une uvrephilosophique mieux que dans les buts et les rsultats de cetteuvre? et comment ceux-ci pourraient-ils tre connus d'unefaon plus dtermine que par leur diITrence d'avec ce que laculture du temps produit dans la mme sphre? Mais si unetelle opration doit valoir pour plus que pour le dbut de la con-naissance, si elle doit valoir pour la connaissance eITectivementrelle, il faut alors la compter au nombre de ces dcouvertes quiservent seulement tourner autour de la chose mme, et unissent l'apparence d'un travail srieux une ngligence eITectivede la chose mme" - La chose, en eITet, n'est pas puise dansson but, mais dans son actualisation; le rsultai non plus n'estpas le tout effectivement rel'; il l'est seulement avec son deve-nir; pour soi le but est l'universel sans vie, de mme que la tendance est seulement l'lan qui manque encore de sa ralit effective, et le rsultat nu est le cadavre que la tendance a laiss der-rire soi. - Pareillement la diversit est plutt la limite de lachose; elle est l o la chose cesse; ou elle est ce que cette chosen'est pas. De tels travaux autour du but et des rsultats: autourde la diversit des positions philosophiques, et autour desapprciations de l'un et de l'autre sont moins difficiles qu'ils nele paraissent peut.tre, car, au lieu de se concentrer dans lachose, une telle opration va toujours au del d'elle; au lieu desjourner en elle etde s'y oublier, un tel savoir s'attaque toujours quelque chose d'autre, et reste pluit prs de soimme aulieu d'tre prs de la chose et de s'abandonner elle. Il est trsfacile d'apprcier ce qui a un contenu substantiel et compact; ilest plus difficile de le saisir, mais il est extrmement difficiled'en produire au jour la prsentation scientifique, ce qui conci-lie les deux moments prcdents.

    Le dbut de la culture, du processus de la libration hors de

    4. " Die Sache selbsl )J. La philosophie doil tre pense du contenu. Le devenir du rsultaI ne doil pas i\tre limin du rsultaI mme.

    5. On sail que Hegel distingue" ReaIiUiI" et" Wirklichkeil li, que nous tra-duirons par ralit, et ralil effective (wirken). La traduction de Wirklichkeitpar achlalit ne nous a pas paru toujours possible : actuel, actuellement,malgr leur origine, prtent en franais des contresens.

    6. La diversit (Verschiedenheitl) esl la diffrence extrinsque. cr. Wissen,chajt der Logik, W., IV, p. 34.

  • 8 LA PHENOMENOLOGIE DE L'ESPRIT

    l'immdiatet de la vie substantielle f doit toujours se faire parl'acquisition de la connaissance des principes fondamentaux, etdes points de vue universels; il doit se faire seulement d'aborden s'levant par ses propres efforts A la pense de la chose engnral, sans oublier de donner les fondements pour la soutenirou la rfuter, en apprhendant la riche plnitude concrte se-lon ses dterminabilits, et en sachant formuler sur elle une sen-tence bien construite et un jugement srieux. Mais ce dbut dela culture fera bientt place au srieux de la vie dans sa plni-tude, srieux qui introduit dans l'exprience de la chOie mIIl;e;et quand de plus la rigueur du concept descendra dans la pro-fondeur de la chose, alors ce genre de connaissance et d'appr-ciation sauront rester la place qui leur convient dans la conver-sation.

    La vraie figure dans laquelle la vrit existe ne peut tre quele systme scientifique de cette vrit'. Collaborer cette tche,rapprocher la philosophie de la fOrIne de la science - ce butatteint elle pourra dposer son nom d'amour du savoir pourtre savoir effectivement rel - c'est l ce que je me suis pro-pos. La ncessit intrieure que le savoir soit sdence rsidedans sa nature, et l'explication satisfaisante de ce point ne faitqu'un avec la prsentation de la philosophie mme. Pour la n-cessit extrieure, en tant qu'elle est conue d'une faon univer-selle, abstraction faite de la contingene de la personne et descirconstances individuelles, elle est la mme que la ncessit in-trieure,. et consiste en la figure dans laquelle le temps prsentel'tre-l de ses moments. Si on pouvait montrer que notre tempsest propice l'lvation de la philosophie la science, cela cons-tituerait la seule vraie justification des tentatives qui se propo-sent ce but, la fois en mettant en vidence la ncessit de cebut, et en le ralisant tout fait.

    ~. La vraie figure de la vr~t est donc pose dans cette scientificit - ce qui revient dire que dans le concept seul la vrittrouve l'lment de son existence. - Je sais bien que cela semble

    ,. Cette vie substantielle est l'tat immdiat, l'unit primitive qui prcdela rOeJ:on.

    8. me 1801, son arrive Ina, Hegel pense .yd~me, c'esl--dire totalitorganique. La critique d'une philosophie qui en resle loujours l'amour dusavoir sans tre savoir effectif se trouve dans l'lude sur la diffrence dessysUJmes de Ficbteet de Schelling propos de Reinhold, W., l, p. 101.

  • PRFACE 9

    en contradiction avec li,," certaine reprsentation - et ses cons-quences - reprsentatiun qui a autant de prtention qu'elle estrpandue dans la conviction de notre temps, Une ,explication ausujet de cette contradiction ne me parait donc pas superflue,mme si elle ne peut tre rien de plus ici qu'une affirmationgratuite, exactement comme la reprsentation contre laquelleelle va, Si prcisment le vrai existe dans ce qui, ou pluttcomme ce qui est nomm tantt intuition, tantt savoir imm-diat de l'absolu, religion, tre - non l'tre dans le centre de l'a-mour divin, mais l'tre mme de ce centre - alors de ce pointde vue, c'est plutt le contraire de la forme conceptuelle qui estrequis pour la prsentation de la philosophie, L'absolu ne doitpas tre conu, mais senti et intuitionn; non son concept, maisson sentiment et .son intuition doivent avoir la parole et treexprims "

    Si on conoit l'apparition d'une telle exigence dans sa portela plus. gnr'ale, et si on l'envisage l'tage o l'esprit conscientde soi-mme se trouve prsentement, on voit que cet esprit estau-del de la vie substantielle qu'il conduisait dans l'lment dela pense - au-del de cette inimdiatet de sa foi, au-del (Je laS

  • 10 LA PHNOMNOLOGIE DE L'ESPRIT

    confessant sa misre, profrant contre elle des imprcations, l'es-prit rclame de la philosophie non pas tant le savoir de ce qu'ilest que le moyen de restaurer grce elle cette substantialit per-due et la solidit compacte de J'tre. Pour venir bout de cettebesogne la philosophie ne doit pas tant rsoudre la compacit dela substance et lever cette substance la conscience de soi, ellene doit pas tant reconduire la conscience chaotique l'ordrepens et la simplicit du concept, que mlanger les distinc-tions de la pense, opprimer le concept dilTrenciant, et restaurerle sentiment de l'essence; elle ne doit pas taut procurer la pn-tration intellectuelle que l'dification. Le beau, le sacr, l'ter-nel, la religion, l'amour Il, sont l'appt requis pour veiller l'envie de mordre; non le concept, mais l'extase, non la froide etprogrpssive ncessit de la chose, mais l'enthousiasme enflammdoivent constituer la force qui soutient et rpand la richesse dela suhstance.

    A cette exigence correspond un travail pnible, un zle pres-que brlant pour arracher le genre humain de sa captivit dansle sensible, le vulgaire et le singulier, et pour diriger son re-gard vers les toiles; comme si les hommes tout fait oublieuxdu divin taient sur le point de se satisfaire comme le ver deterre, de poussire et d'eau. Il fut Ull temps o les hommesavaient un ciel dot des vastes trsors des penses et des images.Alors la signification de tout ce qui est se trouvait dans le fil delumire qui l'attachait au ciel; au lieu de sjourner dans la pr.sence de ce. monde, le regard glissait au-del, vers l'essence divine, "ers, si l'on peut ainsi dire, une prsence au-del dumonde. C'est par contrainte que l'il de l'esprit devait tre ra-men au terrestre, et tre maintenu dans le terrestre; il fallutalors bien du temps avant d'introduire cette clart, que possdaitseul le supra-terrestre dans l'troitesse et l'garement o se trouvait le sens de l'en-de, avant d'accorder une valeur et un int-

    maintenant de"enu conscient de ce qu'il a perdu, et il tente (Illais dans une,oie extra-scientifique) de retrouver celle suhstantialit. Dans Glau/lCn undWillen, Hegel montre propos de Jacobi le caractre artificiel de ce retour,qui ne peut panenir se librer de la rOexion.

    Il. Le sacr, l'Uernel sont des termes du Il Bruno" de Schelling. Le "eauest sans doute une allusion Schiller. Quant l'amour que les romantiquesonl exalt, on sait que Hegel, comme Schiller et Htllderlin, en a fait l'cssencede la Vie dans ses travaux de jeunesse. On remarquera que Schelling, sansjamais tre nomm, est critiqu ici en mme tempa que les philosophes du's,'nliment.

  • PRFACE Il

    rt l'attention ce qui est prsent comme tel, attention qui senommait exprience 12. Maintenant il semble qu'on ait besoindu contraire; le sens est tellement enracin dans le terrestre qu'ilfaut, semble-toi!, une violence gale pour le soulever. L'esprit semontre si pauvre que, comme le voyageur dans le dsert aspire une simple goulte d'eau, il semble aspirer pour se rconforterseulement au maigre sentiment du divin en gnral. A la facilitavec laquelle l'esprit se satisfait peut se mesurer l'tendue de saperte.

    Toutefois ceUe discrtion en recevant ou ceUe parcimonie endonnant ne cOllviennent pas la science. Qui cherche seulementl'dification, qui veut envelopper de nues la terrestre varit deson tre-l et de la. pense, et invoque la jouissance indterminede cette divinit indtermine peut regarder o i! trouvera cela;il trouvera facilement un moyen de se procurer un objet d'exal-tation, et de s'cn glorifier. Mais la philosophie doit se garder devouloir tre difiante.

    Cette modestie qui renonce la science doit encore moins pr-tendre qu'un tel enthousiasme et un tel trouble sont quelquechose de plus lev que la science. Les discours prophtiquescroient rester dans le centre mme et dans la profondeur de lachose; ils toisent avec mpris la dterminabilit (l'Horos) et s'-cartent dessein du concept et de la ncessit, comme de larflexion qui sjourne seulement dans la finit 13. Mais commeil y a une extension vide, il y a une vide profondeur; comme ily a ulle extension de la substance qui se rpauu eu multiplicitfinie, sans force pour rassembler et retenir cette multiplicit,il y a aussi une intensit sans contenu qui, se comportant commeforce 'pure sans expansion, co'incidc l1vec la superficialit. Laforce de l'esprit est seulement aussi grande que son extriorisa.tion, sa pl'Ofondeur, profonde seulement dans la mesure selonlaquelle elle Ose s'pancher et se perdre en se dployant 16. - Enoutre, quand ce savoir substantiel sans concept prtend avoir

    JO. Allusion la culture chrtienne du moyen ilj:(e, puis la dissolution decelte culture dans la pense de la Renaissance et

  • LA PHNOMNOLOGIE DE L'ESPRIT

    immerg la particularit du soi dans l'essence, et prtend philo-sopher vraiment et saintement, il se dissimule soi-mme qu'aulieu de la dvotion Dieu, avec ce mpris de la mesure et de ladtermination, tantt il laisse en soi-mme le champ libre lacontingence du contenu, tantt en lui le champ libre au proprecaprice. - Ceux qui s'abandonnent la fermentation dsordanne de la substane croient, en ensevelissant la conscience de soiet en renonant l'entendement, tre les lus 16 de Dieu, auxquelsDieu infuse la sagesse dans le sommeil, mais dans ce sommeil cequ'ils reoivent et engendrent effectivement, ce ne sont que dessonges,

    3. Du l'este, il n'est pas difficile de voir que notre temps estun temps de gestation et de transition une nouvelle priode;l'esprit a rompu avec le monde de son tre-l et de la reprsen-tation qui a dur jusqu' maintenant 16; il est sur le point d'en-fouir ce monde dans le pass, el il est dans le travail de sa pro-pre transformation. En vrit, l'esprit ne se trouve jamais dansun tat de repos, mais il est toujours emport dans un mouve-ment indfiniment progressif; seulement il en est ici commedans le cas de l'enfant: aprs une longue et silencieuse nutri-tion, la premire respiration, dans un saut qualitatif, interromptbrusquement la continuit de la croissance seulement quantita-

    ilth'e, et c'est alors que l'enfant est n "; ainsi l'esprit qui seforme mrit lentement et silencieusement jusqu' sa nouvellefigure, dsintgre fragment par fragment l'difice de son mondeJ"'l'cient; l'branlement de ce monde est seulement indiqu pal'drs syrnptmes sporadiques; la fl'ivolil pt l'ennui qui envahis-sent ce qni subsiste encore, le Iwesscntilllent vague d'un inconnul'ont les signes annonciateurs de quelque chose d'autre qui est enmarc/le. Cet miettement continu qui n'altrait pas la physiono.mie du tout est brusquement interrompu par le lever du soleil,qui, dans un clair, dessine en une fois la forme du nouveaumonde Il

    5, 'C Die Seinen , les siens.,6. Le monde de l'tre-l~ el de la reprsentation est le monde de l'imme-

    dialetl!.". Dialectique d. la croissance quanlilative qui devient altration qualita.

    tive - ici dialectique de l'volution' et de la rvolution .8. Dans les travaux de jeunesse (Nohl, pp, 219 232), Hegel tudie, avec

    un sr.ns hislorique qui lui est sans doule inspir par les vnements con lem-

  • PRFACE 13

    Mais ce nouveau monde a aussi peu une ralit effective par-faite que l'enfant qui vient de naltre, et il est essentiel de nepas ngliger ce point. Le premier surgissement est initialementson tat ,immdiat ou son concept. Aussi peu un difice estaccompli quand les fondements en sont jets, aussi peu ce con-cept du tout qui est atteint, est le tout lui-mme,. Quand nousdsirons voir un chne' dans la robustesse de son tronc, l'ex-pansion de ses branches et les masses de son feuillage, nousne sommes pas satisfaits si l'on nous montre sa ploce ungland. Ainsi la science, la couronne d'un monde de l'espritn'est pas encore accomplie IOn dbut. Le dbut de l'espritnouveau est le produit d'un vaste bouleversement de formesde culture multiples et varies, la rcompense d'un itinrairesinueux et compliqu et d'un effort non moins ardu et pnible.Ce dbut est le tout qui, hors de la succesRion et hors de sonextension, est retourn en soi-mme, et est devenu le conceptsimple de ce tout. Mais la ralit effective de ce tout simpleconsiste dRns le processus par lequel. les prcdentes formations,devenues maintenant des moments, se dveloppent de nouveau etse donnent une nouvelle configuration, et ce, dans leur nouveliment, avec le sens nouveau qu'elles ont acquis par l Il.

    Si, d'une part, la premire manifestation du nouveau monden'est que le tout envelopp dans sa simplicit, ou est le fonde-ment universel de ce tout; d'autre part, pour la conscience, larichesse de l'tre-l prcdent est encore prsente dans l'int-riorit du souvenir. Elle ne retrouve pas danR la fiKure qui vientde se manifester l'expansion et la spcification du contenu; plusencore elle n'y retrouve pas le raffinement de la forme en vertuduquel les diffrence!! sont dtermines avec sOret, et ordonnesdans leuT!! !!olides rlllations. Sans un tel raffinement, la science

    porllins, une Iransformation de l'esprit du monde, le passage du monde anli.que au christianisme; il nolail aussi dans ce \elle C'llle dMinlgration el cespr_ntimenls qui prcdaient le bouleversement

    'Il. Ici commence plus particuliremenl la crilique de "A hsolu de SchelIinj!;.- Cel absolu n'esl pas encore la science, il l'st seulement.le dbul-comme legland qui n'est pas encore chne. Dan"s ~a premire uvre d'Ina sur la dif-fi.renee des .ysllmes de Fichte et de Schelling, lIeRel a"ait adopl en appa-rence la philosophie de l'absolu de Schelling - en ralil sa conception del'absolu, identit de l'identit et de la non.identiti., lui tait bien personnelle;el dans sa premi~re Logique (Jenemer LQgik, d. Holfmeister), en ludiant lacalgorie de quantiti., il faisait implicilemenl une critique de Ioule la philo.sophie de SchellinJ(. incapaLI... selon lui de pPlIs"r )"5 dterminahilits dansleur signincalion '1l1alilalive, ,et de penser l' " inquilude n de "absolu.

  • LA PHNOM:'IOI.OGIE DE L'ESPRIT

    manque de l'intelligibilit universelle, et a l'apparence d'~tre lapossession sotrique de quelques individus: - possession so-trique, car dans ce cas elle existe seulement 'dans son concept,ou est prsente seulement dans son intrieur; - de. quelquesindividus singuliers, car sa manifestation sans expansion sin-gularise son trel. C'est ce qui est parfaitement dtermin quiest en mme temps exotrique, concevable, et capable d'tremseign tous et d'tre la proprit de tous. La forme intelligi-ble de la science est la voie de la science, voie ouverte tous etgale pour tous; parvenir au savoir rationnel au moyen de l'en-tendement 20 , c'est l la juste exigence de la conscience quiaborde la science, car l'entendement est la pense, le pur moien gnral, et l'intelligible est ce qui est dj connu, l'lmentcommun de la science et de la conscience prscientifique quipeut ainsi s'ovrir immdiatement un passage vers la science.

    La science, qui en est son dbut et qui ainsi "n'est pas encoreparvenue la plnitude du dtail ct il la perfection de la forme,est expose se voir reprocher une semblable dficience. Maissi ce blme devait concerner son essence, il serait aussi injustequ'il serait inadmissible de ne pas vouloir reconnattre l'exi-gence de ce perfectionnement. Celte opposition parait constituerle nud principal que la culture scientifique de notre tempstravaille dnouer, sans qu'une entente ait encore t ralise.Une partie insiste sur la richesse des matriaux et sur l'intelli-gibilit; l'autre mprise, pour ne pas dire plus, cette intelligi.bilit et insiste sur la rationalit immdiate et sur l'lment dudivin 21. Cependant, le premier parti rduit au silence, soit par laseule force de la vrit, soit par la fougue de l'autre parti, mmes'il se sent vaincu en ce qui concerne le fondement de la chose,n'est pas pour cela satisfait dans ces exigences, car elles sontjustes, mais non remplies. Son silence est dl' seulement pour

    20. Nous nous con(ormons ~ l't''all'e en Iraduisanl Venland .. par rn/endemen/ et Vernunft par railon. On voil qu'id ""Ilel rmalori~ l'f'nlelllle.menl, c'est.A-dire la rflexion el ln dlerminahilil, contre IIne rai.on """I....ment intuitive, qui n'aboulil qu'~ un ""oir llOlriqlle. Dans la LOfl'Iue, W.,III, p. G, Hellel parlera de VenUindille Vernunfl oder ycrnnrtil:er Vcrs-land n.

    21. Un parti (Fichte) insiste sur la ncessit d'un contenu dlermin el conserve la richesse des dterminabilils, mais la lotalit, l'absolu reste chez luiune exigence jamais satisfaite, J'autre parti (Schelling) pose bien l'absolu, latolallt, mais d'une faon irralionnelle; il sRcrine les dlerminabiIits et leursopP08itions qualitatives. Hellel se propose - unissRnl les deux partis - decondruire scientifiquement t'absolu.

  • PRFACE 15

    moiti la victoire de l'adversaire, pour moiti l'ennui et l'indiffren qui sont la suite ordinaire d'une attente continuel-lement excite, mais non suivie de la ralisation des promesses.

    En ce qui concerne le contenu, les autres ont quelquefois re-cours une mthode trs expditive pour disposer d'une grandeextension. Ils attirent SUI' leur terrain une masse de matriaux.c'est--dire tout ce qui est dj connu et dj mis en ordre; ets'occupant spcialement d'trangets et de curiosits, ils ontencore l'air de possder tout le reste - dont le savoir dans sonespce tait dj accompli - aussi bien que de dominer ce quin'est pas encore ordonn. Ainsi ils soumettent toute chose l'i-de absolue, qui7 de celle faon, paratt ~tre parfaitement recon-nue en toute chose et paratt s'tendre avec succs tout le d-ploiement de la science. Mais si nous considrons de plus prsce dploiement, nous voyons qu'il ne rsulte pas de ce qu'uneseule et mme matire s'est faonne et s'est diversifie; il est,au contraire, lu rptition informec;le l'Identique qui est seule-ment appliqu de l'extrieur des matriaux divers et obtientpar l une fastidieuse apparence de diversit. Si le dveloppe-ment n'est rien de plus que cette rptition de la mme formule.J'ide pour soi indubitablement vraie en reste toujours en fait son dbut. Quand le sujet explicitant son savoir ne fait pas autrechose qu'accoler cette forme unique et immobile aux donnesdisponibles, quand les matriaux sont plongs de l'extrieurdans ce calme lment, tout cela, autant que des fantaisies arbi-traires sur le contenu, ne constitue pas le remplissement de cequi est rclam, c'est--dire la richesse jaillissant de soi-mme,la diffrence des figures se dterminant elle-m~me. Ce procdest bien plutt un formalisme monochrome qui parvient ladistinction danf; le contenu, seulement parce que ce contenu diffrenci a dj t apprt et est dj bien connu 22.

    Au surplus, un tel formalisme veut faire passer cette monoto-nie et cette universalit abstraite pour J'absolu; il assure que

    >2. CriliqlHl de l'ab~olu de Schelling, de J'identit et de l'indiDrencp. Oansla ,lenenur Lo.qik, Hegel crivait dj en .80. : n L'oppOllition e~t qualilalive,et pui~qu'il n'y a rien en dehors de l'absolu, l'oppo;i1ion est elle.m~me abso-lue, et c'e&! seulement parce qu'elle t't ab~olue qu'elle peut se supprimer(W., XVIII, p. 13). L'absolu de Schelling, maljfr l'apparence d'un riche con.tenu, reste extrieur aux diffrences qualilalives. En prenant conscience deson opposilion 11 Schelling, Hegel lve le concopl (Begrin> audessus de ,'in.tuitioll (An.chauung).

  • 16 LA PHNOMNOLOGIE DE L'EBPRI1'

    l'insatisfaction l'gard de cette universalit propose par luitient l'incapacit de s'emparer d'une position absolue et des'y maintenir fermement. Si autrefois la possibilit vide de sereprsenter quelque chose d'une autre faon suffisait pour rfu-ter une reprsentation, ou si cette seule possibilit, la penseuniverselle, avait toute la valeur positive de la connaissance effec-tivement relle, de mme aujourd'hui nous voyons attribuertoutl! valeur l 'ide universelle dans cette forme de non-raliteffective: nous assistons la dissolution de tout ce qui est diff-renci et dtermin, ou plutt nous voyons valoir comme mthode spculative le fait de prcipiter ces diffrences dans l'abtme 'du vide sans que ce fait soit la consquence d'un dvelop-pement ou ait une justification intrinsque. Considrer un certain tre-lA eomme il est dans l'Absolu revient dclarer qu'onen parle bien maintenant comme d'un quelque chQse, mais quedans l'absolu, dans le A=A, il n'y a certainement pas de telleschoses parce que tout y est un. Poser, en opposition la connais.sanCe distincte et accomplie, ou cherchant et exig-eant son pro-pre accomplissement, ce savoir unique que dans l'absolu tout estgal, - ou donner son Absolu pour la nuit dans laquelle, commeon a coutume de dire, toutes les vaches sont noires, - c'est ll'ingnuit du vide dans la connaissance 2S. - Le formalismeque la philosophie des temps nouveaux accuse et dprcie, etqui s'engendre toujours nouveau en elle, ne disparattra pas dela science, mme si son insuffisance est bien connue et sentie,tant que la connaissance de la ralit effective absolue ne serapas devenue parfaitement claire en ce qui concerne sa proprenature. En considrant qu'une reprsentation gnrale prcdantla tentative de sa ralisation dtaille pourra clairer la com-prhension de cette ralisation mme, il sera ut.ile d'indiquer ki) 'esquisse approximative de ce dveloppement, dans l'intentionen mme temps d'carter quelques formes dont l'usage constitueun obstacle la connaissance philosophique.

    3. La philosophie de Schelling, malgr 1& prtentions, reste donc un for.mali6me. Le Iyelme de l'identit donne l'illusion d'une dduction de Janature et. de l'esprit, mais c'est une illusion; Car une mme formule, l'identit prcisment, est applique de l'extrieur l des matriaux divers quideviennent des ft puissanres H. - C'est pour avoir rglig la ~-ritable ngati-vit que Shel1lng n'.. pu saisir J'absolu aulrement que comme un abtme odisparaissent toules les diffrences.

  • PRipACZ

    n

    1'. Selon ma fao'n de voir, qui sera jU8tifi~e seulement dans laprsentation du systme, tout dpend de ce point essentiel :apprhender ct exprimer le Vrai, non comme substance, maisprcisment aussi comme sujet 240. Il faut en mme temps ~f3marquer que la substantialit inclut en soi l'universel ou l'immdia-tet du savoir mP-me aussi bien que cette immdiatet, qui, pourle savoir, est tre ou immdia'tet. Si la conception de Diencomme substance unique indigna l'poque durant laquelle cettedtermination fut exprime l5, la raison s'en trouve en partiedans l'instinctive certitude que dans celte conception taconscien de soi CBt engloutie au lieu d'tre conserve: mais, d'au-tre part, la position contraire qui relient fermement la pensecomme pense, l'universalit comme telle, e8t encore cette mmsimplicit ou substantialit immobile et sans diffrence 21; etsi, en troisime lieu, la pense unifie l'tre de la substance avecsoimme et conoit l'immdiatet ou l'intuition comme pen-se, il s'agit de savoir si cette intuition intellectuelle ne retombepas dans la simplicit inerte et ne prsente pas la ralit effectived'une faon non effectivement relle 21.

    La substance vivante est l'tre qui est sujet en vrit ou, cequi signifie la mme chose, est l'tre qui est effectivement relen vrit, mais seulement en tant que cette substa,nce est le mou-vement de se-poser-soi-mme, ou est la mdiation entre sonpropre detlwir-autre et soim~me21. Comme sujet, elle est la

    .4. Pour Htlgal clonc, Schelling ast rastlJ spinozilt.; il n'a pal vraiment co"ul'ablolu ou 1.. vul comm" lujet, C'ellt.dirtl comma dheloppement dtl aol,rlJnexion en soi-mme. Pour H811'el, cel troia IhMes s'Idtlnliftent : l'absolu eetsujet, l'opposition est absolue ou esl contradiction (in subjecto), la rlJalillJeffective esl devtlnir - el ces lrois thM811 enlratnenl Ctltt. quatri~me : la phi.losophie doit Stl prlJaenter comme sys~m8 llClentifique ou comme totalit.

    5. Spinoza .6. Kanl el surlout Fichte.". L'intuilion Intellectuelle selon Schellinl1.8. L'absolu n'est donc p.. un lre donnlJ u~ fois pour Ioules, c'est un

    proceSlluS dialectique, une ralisation progreasivtl de soimme. Il d8'ientaulrtl que soi (tichander.werden), mais il l'6te luimmtl dans celle alllJritlJ,car il et!1 la mdiation entre son tal immdiat et sel aulo-modillcations. IldeVient Cl!' qu'il 'est. On notera que Heilel veut concilier l'ide de tolaliJharmonieuse (Schellinll') et l'ide de la, rnexion (Fichte). Cf. W., l, p. 14 :(l La Iota lit, clans la plus haute vitalit, est !leulement pOllsible par unereconslilulion l& rulir de la plus profonda s'paration.

  • L." PHNO~INOLOG OE 1. 'ESPRIT

    pure et !impie ngativit; c'est pourquoi elle est la scission 2.du simple en deux parties, ou la duplication opposante, qui, A!ion tour, est la ngation de cette diversit indiffrente et de sonopposition; c'est seulement ceUe galit se recons~ituant ou larflexion en soi-mme dans l'treautre q\,li est le vrai - et nonune unit originaire comme telle, ou une unit immdiateromme telle. Le vrai est le devenir de soi.mme, le cercle quiprsuppose et a au commencement sa propre fin comme son but,et qui est effectivement rel seulement moyennant son actualisa-tion dveloppe et moyennant sa fin.

    La vie de Dieu et la connaissance divine peuvent donc bien,si l'on veut, tre exprimes comme un jeu de l'amour avec soi-mme ~o; mais cette ide s'abaisse jusqu' l'dification et mmejusqu' la fadeur quand y. manquent le srieux, la douleur, lapatience et le travail du ngatif. En soi ceUe vie est bien l'galitr.ereine et l'unit avec soi-mme qui n'est pas srieusement en

    ~age dans l'treautre et l'alination, et qui n'est pas non plusengage dans le mouvement de surmonter ceUe alination.. Maiscet ensoi m;t l'universalit abstraite dans laquelle on a fait abs-traction de sa nature sienne qui est d'~tre pour soi, et donc engnral de l'auto-mouvement de la forme. La forme tant expri.me comme gale l'essence, on s'engage prcisment alors dansune mprise en pensant que la connaissance peut se contenter del'en-soi ou de l'essence, tandis qu'elle peut s'pargner la forme,en pensant que l'absolu principe fondamental ou J'intuitionabsolue rendent superflus l'actualisation progressive de la pre-mire ou le d,veloppement de la seconde 31. C'est justementparce que la forme est aussi essentielle l'essence que celle-cil'est A soi-mme que l'essence n'est pas concevable ou exprima-ble seulement comme essence, c'est-Adire comme substance im-m,ldiate ou comme pure intuition-desoi du divin, mais aussibien comme forme, et dans toute la richesse de la forme dve-loppe; c'est seulement ainsi qu'elle est conue et exprimecomme ralit effective.

    Le vrai est le tout. Mais le tout est seulement l'essence s'ac

    'II. !\'ous traduisons ainsi" Enlzweiunll' n. C'est par Ja !d~sion que J'immtldiatelti se dchire, mais c'est aussi par ..Ile que ~haqu.. terme, en se dMouhlant, redevient concret et re~omlilu.. Il' tout.

    30. cr. Nm'ali. : Das allgemeine Brouillon, par exemple f. 384, \Verke, p.d.Kluckhohm.

    31. SrhellinJ!' en resle ~ l'css,,,,r,,; il ""parKne la forme ou les lllertIl"ahi.liI~s, ,,1 laisse l'essen~e sans actualisalioll.

  • PRF.-\CE 19

    complissant et s'achevant moyennant son dveloppement. Del'Absolu il faut dire qu'il est essentiellement Rsultat, c'estdire qu'il 'est la fin' seulement ce qu'il est en vrit; en celaconsiste proprement sa nature qui est d'tre ralit effective,sujet ou dveloppement de soimme. S'il paraissait contradic.toire de concevoir l'Absolu essentiellement comme rsultat, unepetite considration serait susceptible de mettre ordre cetteapparence de contradiction. Le commencement, le principe 011l'Absolu, dans son nonciation initiale et immdiate, est seulement l'universel S2. Si je dis: tous les animaux, ces mots ne peu-'Vent pas passer pour l'quival.ent d'une zoologie; avec a~tantd'vidence, il appert que les mols de divin, d'absolu, d'ternel,etc., n'expriment pas ce qui esl contenu en eux - et de telsmots n'expriment en fait que l'intuition entendue comme l'im.mdiat. Ce qui est plus que de tels mols, mme la seule transition une proposition, contient un dl'lJcTliralltre, qui doit trerassimil, 011 est une mdiation. Or c'est justement ceUe mdiation qui inspire une horreur sacre, comme si en usant decelle-ci pour autre chose que pour dire qu'elle n'est rien d'a~solu, et qu'elle n'a certainement pas de place dans l'Absolu, ondevait renoncer la connaissance absolue S3.

    En fait cette horreur sacre a sa source dans une ignorancede la nature de la mdiation et de la connaissance absolue mme,car la mdiation n'est pas autre chose que l'galit-avec-soi-mme se mouvant; en d'autres termes, elle est la rflexion ensoi.mme, le moment du moi qui est pour soi; elle est la purengativil, ou rduite sa pure abstraction le simple devenir,Le moi ou le devenir en gnral, l'acle d'effectuer la mdiation,est justement, en vertu de sa simplicit, l'immdiatet qui de-vient, aussi bien que J'immdiat mme. On mconnatt donc laraison quand la rflexion, exclue du vrai, n'est pas conuecomme moment positif de l'Absolu. C'est la rflexion qui lvele vrai un rsultat, et c'est elle aussi qui supprime 34 cette

    3,. On comprend alo.. les deux sens prinripaux que lJe~cl donne au motconcept (B"uri/f) dans !3 pht!nomnolollie; fantl le concepl esl le Mbul, lellerme, lanl(\\ il ~I le sujel, posanl lui-m"me son propre dveloppement,c'psll-dire la liberlt\.

    33. La mdiation, ou 1. 'np;ation, ne sonl donc pu en dehor5 de l'absolu3~. ft Aunleben ". La lraduction des terme. hp;llens ft Aufheben, Aufhe.

    bung esl particulirement dlicate en franais On sail que ce mol a dansla langue commune des sens diven, m,me diven el contradictoires,: supprl.mer, conserver. Ioule,'"...

    Hegel a commeuc l'ar uliliser ce lerme da liS III si~lIillc.t'on purement

  • 20 LA PHNO~l'iOLOGIE DE L'ESPRIT

    opposition qui existait entre ]e vrai et son devenir; en effet, cedevenh: est galement simple et ne diffre donc pas de la formedu vrai qui consiste se montrer. comme simple dans ]e rsu]-tat; il est, pour mieux dire, l'tre-retourn dans ]a simplicit.Si l'embryon est bien en soi homme, il ne ]'6st pas cependantpour soi; pour soi il l'est seulement comme raison cultive etdveloppe qui s'est faite elle-mme ce qu'ellJl est en soi. C'est lseulement sa ralit effective. Mais ce rsu]tatest lui-mme sim-ple immdiatet, car il est ]a libert consciente de soi qui reposeen soi.mme, et n'a pas mis de ct pour l'abandonner et ]alaisscr ] l'opposition, mais s'est rconcilie avec elle.

    Ce qui a t dit peut encore ~tre exprim de c~tte faon : ]araison est Foph"ation conforme un but. L']vation d'une nature prtendue au-dessus de la pense mco'lnue, et principa]e-ment le bannisscment de toute finalit externe, ont jet ]e discrdit sur ]a forme de but en gnral. Mais dans ]e sens danslequel Aristote dtermine ]a nature comme l'opration conforme un but, ]e but est ] 'immdiat, ce qui est en repos, ] 'immobilequi est luimme moteur 35; ainsi cet immobile est slljet. Sa forcede mouvoir, prise abstraitement, est l'tre-poUT-Soi ou ]a purengativit. Le rsultat est ce qu'est le commencement parce que]e commencement est but; - en d'autres termes, l'effectivementrel est ce qu'est son concept seulement parce que J'immdiat,comme but, a ]e Soi ou ]a pure ralit effective en lui-mme. Lebut actualis, ou l'effe-ctivement rel tant l, est mouvement.

    n~~tivll (cf. par ex. Nohl, pp.68, 300, etc.). P.u 11 peu, il a inlroduit l"saulrflll Ilflna; lit dam la grandll Logique (W., III. p. g6), il prcise Cil douhlAIIflna du mot. f( Aufhehen " unifie f( aufbewahren el f( aufhiiren Iassen ",oonllerver III supprimer. L'op~ration dialectique ainsi dsign~ flllt donc intra-duisible en franais. Dpassllr, surmonlflr (nous avions longlflmps pens~ ~tnn_nder que nous avons dO ahandonn~r), nll contillnnent pas explicilemllnl lelravall du n~galif . C'est lin etret seulemenl

  • PRFACE 21

    est un devenir procdant son dploiement. Mais cette inqui-tude est proprement le Soi; et il est gal cette immdiatet et cette simplicit du commencement parce qu'il est le rsultat,parce qu'il est ce qui est retourn en soi.mme; - mas ce quiest retourn en soimme est justement le Soi, et le Soi est l'ga-lit et la simplicit qui se rapporte soi-mme.

    Le besoin de reprsenter l'Absolu comme sujet a conduit lfaire usage de propositions comme : Dieu est l'ternel", oul'ordre moral du monde", ou l'amour, etc... Dans de tellespropositions le vrai est pos seulement directement comme su-jet; il n'est pas prsent encore comme le mouvement de serflchir en soim~meu. On commence dans une proposition decette espce av'ecle mot Dieu. Pris pour soi, c'est l un sonpriv de sens, rien qu'un nom; c'est seulement le prdicat quinous dit ce que Dieu est, qui en donne le remplissement et lasignification : c'est seulement dans cette fin que le commence-ment vide devient un savoir effectivement rel. A ce point, onne peut pas passer sous silence la raison pour laquelle on neparle pas seulement de l'ternel, de l'ordre moral du monde,elc., ou, comme le faisaient les anciens, de purs concepts, l'-tre, l'un, etc., de ce qui attribue la signification sans y ajouterencore un tel son priv de sens. Mais par la prsence de ce moton veut justement indiquer que ce n'est pas un tre, une essenceou un universel en gnral qui esl pos, mais quelque chose derflchi en soimme, un sujet. Cependant cela n'est encorequ'une anticipation. Le sujet est pris comme un point fixe, et ('.,e point comme leur support les prdicats sont attachs; et ilsy sont attachs par l'intermdiaire d'un mouvement qui appar-tient celui qui a un savoir de ce sujet, mais qui ne peut pasalors tre envisag comme appartenant intrinsquement au pointlui-mme; ce serait pourtant grce ce mouvement propre quele contenu serait seulement prsent comme sujet. Constitucomme il l'est ici, ce mouvement ne peut pas appartenir au su-jet, et d'aprs la prsupposition de cc point fixe. le mouvementne peut tre constitu autrement; il peut seulement lui treextrieur. Cette anticipation selon laquelle l'Absolu est sujetn'est donc pas la ralit effective de Ce concept; plus encore elle

    30. Schelling.3,. Fielll.,.38. Dans ces expr.,.sions le vrai est pos comme sujet, mais 'seulement par

    le iujet cOllnaissant.

  • :n L.
  • PRFACE

    concept le plus lev, appartenant au temps moderne et sareligion u. Le spirituel seul est l'effectivement rel; il est :l'essence ou ce qui est en soi, - ce qlL se relie et est dtermin,l'tre-autre el l'tre-poul'-soi, - et ce qui, dans cette dtermina-bilit ou dans son tre--I'extrieur.de-soi, reste en soi-mme;-- ou il cst en soi et pour soi. Mais cet tre en soi et pour soiest d'abord pour nous ou en soi, il est la substance spirituelle.Or il doit tre ncessairement cela aussi pour soi-mme, il doittre le savoir du spirituel et le savoir de soimme comme esprit,c'est-dire qu'il doit tre objet de soi-mme et en mme tempsdoit tre immdiatement aussi comme objet supprim et rOchien soimme, Cet objet est pour soi seulement pour nous, entant que son contenu spirituel est engendr par lui-mme; maisen tant que l'objet mme est pour soi aussi pour soi-mme, c'estque cet engendrement de soi, le pur concept, est en mme tempsl'lment objectif dans lequel il a son tre-l, et de cette faon,dans son tre-l, il est pour soi-mme objet rflchi en soi-mme. ---: .L:esprit qui se sait ainsi dvelopp comme esprit estla Science. Elle est sa ralit effective et le royaume qu'il se cons-truit dans son propre lment u.

    :J. La pure reconnaissance de soi-mme dans l'absolu tre-autre, cet ther comme tel, est le fondement et le terrain de lascience, ou le savoir dans son universalit. Le commencementde la philosophie prsuppose ou exige que la conscience setrouve dans cet lment. Mais cet lmen.t reoit sa perfection etson caractre de transparence seulement moyennant. le mouve-ment de son devenir. II est la pure spiritualit, comme l'univer-sel qui a le mode de la simple immdiatet; - une telle simpli.cit, quand eHe a existence comme telle, est le terrain, la pensequi est seulement dans l'esprit. Puisque cet lment, cette im-mdiatet de l'esprit est le substantiel en gnral de l'esprit,cette immdiatet est aussi l'essentialit transfigure, la rflexion,

    40: Le chrislianismc. D/>s la fin de la priode de jeunesse (Sohl, Syllem-Fragment, p.345), Hegel s'lve un monilme de l'e.prit (Geisl). Dans celleide ae l'esprit Sil retrouvent tous les thmes de jeUllllA56, la vie, l'amour, ledestin, et surtout l'ide de dchirement et de rconciliation. Sur ce monismede l'csprit avant le systme, cf. Haering : Hegel, .ein Wollcn und in Werk,t. l, pp. 306, 5MI65., Teuhner, 19'9.

    43. L'esprit est pour soi, mais il doit se voir luimme comme tant poursoi, il doit lre sa cOllscience de soi comme esprit. Ainsi il est le conept oula science.

  • :14 LA PHNOMNOLOGIE DE L'ESPRIT

    qui, ellemme simple, est pour soi l'immdiatet comme telle,1'Ure qui est la rflexion en soi-mme. De son ct la sciencerclame de la conscience de soi qu'elle se soit leve cetther 44, pour qu'elle puisse vivre en elle et avec elle, et pourqu'elle vive. Inversment l'individu a le droit d'exiger que lascience lui concde du moins l'chelle qui le conduise ce sommet, et la lui indique en luimme. Son droit se fonde sur l'absolue indpendance qu'il se sait posBder dans chaque figure deson savoir, car dans chacune, qu'elle soit reconnue ou non parla science, et quel qu'en soit le contenu, l'individu est la formeabsolue, c'est-Adire qu'il est la certitude immdiate de soi-mme, et est ainsi, si on prfre celte expression, tre incondi.tionn. Si le point de vue de la conscience- consistant en unsavoir de choses objectives en opposition eUe et en un savoirde soimme en opposition ces choses - vaut pour la sciencecomme l'A uire - ce en qUQi la conscience se sait prs de soimme, plutOt comme la perte de l'esprit -, inversement l'lment de la science est pour la conscience un lointain audeldans lequel elle ne se possde plus soi.mme. Chacune de cesdeux parties semble constituer pour l'autre l'inverse de la vrit 45. La conscience naturelle se confietelle immdiatement la science, c'est l pour elle un nouvel essai de marcher sur latte, qu'elle fait sans savoir ce qui l'y pousse..Quand la cons-cience naturlle est contrainte de prendJ:e cette position insoliteet de se mouvoir ainsi, on lui impose une violence qui parattsans ncessit et laquelle elle n'est pas prpare. Que la sciencesoit en elle.mme ce qu'elle voudra, elle se prsente dans sarelation la conscience de soi immdite comme l'inverse decelleci; ou encore, tant donn que cette conscince de soi a;dans la certitude de soi-mme, le principe de sa ralit effl'ctive,la science, quand ce principe pour soi est en dehors d'elle,assume la forme de la nonralit effective. La science doit doncunifier un tel lment avec ellemme, ou plutOt elle doit montrer que cet lment lui appartient et le mode selon lequel il lui

    44. Jenen,er Logik, W., XVIII a, p. 1117 : ft L'ther est l'esprit absolu qui ..rapporle 11 soi-m~me, mais ne se connalt pas comme esprit- absolu.

    ,,5. En 1802, Hegel disait dj1l (W., l, p. .,6) que, par rapport 11 la consciAllce commune, " le monde rie la philosophie en soi et pour soi esl nnmonde rem'ers ", mais la phnomnologie est le passage de cette consciencer.ommllne 11 la philosophie, Sans la conscienoe de soi immdiate, lascienIl.l privA" Il.. la ralit effective; elle s'lllvl\ donc 11 la conllcien.:e de soi, en

    m~me lemps que celte dernire s'l"A ln science.

  • PRF.-I.CE

    appartient. Manquant de- la ralit effective, la science est seule-ment le contenu, comme l'en-soi, elle est le but qui n'est encore d'abord qu'un intrieur; elle n'est pas comme esprit, maiselle Il 'est d'abord que comme substance spirituelle. Cet en-soidoit s'extrioriser et doit devenir pour soi-mme, ce qui signifieseulement que cet en-soi doit poser la conscience de soi commetant une avec lui ce.

    Ce devenir de la science en gnral ou du savoir est ce queprsente ceUe Phnomnologie de l'esprit. Le savoir comme ilest d'abord. ou l'esprit immdiat, est ce qui est dpourvu del'activit spirituelle, la conscience sensible. Pour parvenir ausavoir proprement dit ou pour engendrer l'lement de la science;qui est pour la science son pur concept, ce savoir doit parcourirpniblement un long chemin. - Ce devenir, tel qu'il se prsen-tera dans son contenu, avec les figures qHi se montreront en lui,ne sera pas ce qu'on imagine tout d'abord sous le titre d'intro-duction de la conscience non-scientifique dans la science, il seraautre chose aussi que J'tablissement des fondations de la science;- et bien autre chose que cet enthousiasme qui, comme uncoup de pistolet, commence immdiatement' avec le savoir absoluet se dbarrasse des positions diffrentes en dclarant qu'il n'enveut rien savoir 4f.

    3. La tche de conduire l'individu de son tat inculte jus-qu'au savoir devait tre entendue dans son sens gnral, et con-sistait considrer l'individu universel, l'esprit conscient desoi dans son processus de culture". En ce qui concerne larelation de ces deux formes d'individualit, dans J'individu uni-versel chaque moment se montre dans le mode selon lequel il

    46. La science est prcisment pour Schelling so~rique, elle s'oppose laconscience commune, et reste donc un intrieur, sans dveloppement. L'Ide

    m~me d'une phnomnologie, chemin qui conduit Il la science, implique unecritique dl!' J'absolu de Schelling. Sur cetle conception de la pMnomnologie,.cf. W . JII, p. '0.

    49. lIegel avait pourtant, en 1801, critiqu l'id~ d'une introduction lascience (W., l, p. 00). Mais en revenant au point dlfvue de Kant et de Fichte,Hegel a conscience de conaerver IOn originaHU. Cetle phnomnologie 116raune preml~re partie de la science, car le ph6nom~ne Mt manifestation del'essence et appartient aussi Il l'_nce. HeA'et, il e.t vrai, a supprim lann de .a vie les mots" comme premire partie de la science _.

    48. On remarquera la signification pdagogique de toul le dveloppementqui suit. Hellet, rommA HlIIderlin, avait beaucoup tudi l'mile de Rouueau;el l'on sail galoment l'inOuence du Wilhelm Meiller de Gthe sur toute lagn~ralion de Hee-el.

    3

  • LA PH:'iOMNOLOGIE DE L'E!lP!\IT

    acquiert sa forme concrte et sa configuration originale. L'indi-vidu particulier est l'esprit incomplet, une figure concrte dansl'trel total de laquelle une seule dterminabilit est domi-nante, tandis que les autres y sont seulement prsentes en traitseffacs. Dans l'esprit qui est un stade plus lev qu'un autre,l'tre.l concret infrieur est rabaiss un moment insignifiant;ce qui prcdemment tait la chose mme, n'est plus qu"unetrace, sa figure est voile, et est devenue une simple nuance d'omobre. L'individu, dont la substance est l'esprit un stade pluslev, parcourt ce pass de la mme faon que celui qui abordeune plus haute science parcourt les connaissances prparatoires,implicites en lui depuis longtemps, pour s'en rendre nou-veau le contenu prsent; il les voque sans y fixer son intrt.L'tre singulier doit aussi parcourir les degrs de culture del'esprit universel selon le contenu, mais comme des figures djdposes par l'esprit, comme les degrs d'une voie dj trace etaplanie; ainsi voyonsnous dans le champ des connaissances,que ce qui, des poques a'ntrieures, absorbait l'esprit des adultes, est rabaiss maintenant des connaissances, des exerciceset mme des jeux de l'enfance, et dans la progression pdago-gique nous reconnaissons comme esquisse en projection l'his-toire de la culture universelle. Cet tre-l pass est dj propritacquise l'esprit universel, proprit qui constitue la substancede l'individu et qui, en se manifestant l'extrieur de lui, constitue sa nature inorganique u. La culture de ce point de vue,considre sous l'angle de l'individu, consiste en ce qu'il acquiertce qui est prsent devant lui, consomme en soimme sa natureinorganique et se l'approprie; mais, considre sous l'angle del'esprit universel, en tant que cet esprit est la substance, cetteculture consiste 'uniquement en ce que la substance se donne laconscience de soi, et produit en soi-mme son propre devenir etsa propre rflexion.

    La science prsente dans sa configuration ce mouvement d'au-toformation dans tout le dtail de son processus et dans sa n

    69. He(l'~1 emploie dans un sens trb g~n~ral ces term~s de " nature inorga-niqull D. Dans le processus dlll la cullur~, l'individu doit r~usimiler cette nature qui est sienne et qui se lJ"anifelle l lui comme un autre (son espritalin de luimme). De m~me, l'enfant trouve dans ses parents son autre.Cf. R~alphilolophie, d., Hoffmeisler, W., XIX, p. "6. Inversement, la crois-sance de l'enfant est la mort des parents. " Ce qu'ils lui donnent, ils le perodent, ils meurent en lui (p. 226). De mme la substance spirituelle en pas-sant dans l'individu devient concience de soi.

  • PRFACE

    cessit, mais elle prsente aussi ce qui est dj rabaiss un mo-tuent et une proprit de l'esprit. Le but atteindre est lapntration de l'esprit dans ce ql! 'est le savoir. L'impatienceprtend l'impossible, c'est--dire l'obtention du but sans lesmoyens. D'un ct il faut supporter la lon~ueur du chemin, carchaque moment est ncessaire; - de l'autre il faut s'arrter chaque moment et sjourner en lui, car chacun est lui-mmeune figure, une totalit individuelle; ainsi chaque moment n'estconsidr absolument que quand sa dtel'lllinabilit est consid-re cOlllme une totalit, ou un concrel, ou comme le tout dansla caractristique de cette dtermination 50. Puisque non seule-ment la substance de l'individu, mais l'esprit du monde mmea eu la patience de parcourir ces formes dan!\ loute l'extensiondu temps, et d'ent'reprendre le prodigieux labeur de l'histoireuniverselle dans laquelle il a incarn dans chaque forme,pour autant qu'elle le comportait, le contenu total de soi-mme, et puisque l'esprit du monde ne pouvait atteindreavec moins de labeur sa conscience de soi-mme, ainsi selonla chose mme, l'individu ne peut pas concevoir sa substancepar une voie plus courIe; et pourtant la peine est en mme tempsmoindre, puisqu'en soi tout cela est dj accompli, le contenuest la ralit effective dj anantie dans la possibilit, ou l'im-mdiatet dj force, la configuration dj rduite son abr-viation, la simple dtermination de pense. ttant dj unechose pense, le contenu est proprit de la substance; ce n'estplus l'tre-l qu'il faut convertir en la forme de l'i!tre-en-soi,c'est l'~tre-en-soi, - non plus originaire ou enfoui dans l'tre-l,mais dj prsent dans l'intrioritp- du souvenir 51 qu'il faut con-vertir en la forme de l'tre-pour-soi. Tl convient de caractrisercette opration d'une faon plus prcise,

    Du point de vue o nous apprhendons ce mouvement, ce qui,eu gard au tout, est pargn, c'est le mouvement de supprimerl'trel; mais ce qui reste encore et a besoin d'une plus hautetransformation, ce sont les formes comme reprsentes et comme

    5", Imman~nre du loul chaque figure parliculiiln. Chaque

  • bienconnues 52. L'tre.l retir dans la substance est, aveccette premire ngation, seulement immdiatement transCrdans l'lment du soi; celle proprit acquise au soi a doncencore ce mme caraclre d'immdiatet non conceptuelle, d'in-diffrence immobile que possde l'trel lui.mme. L'trel estseulement pass dans la reprsentation. Avec cela il est devenuen mme temps quelque chose de bien-connu avec quoi l'esprittant-l en a termin, dans lequel cet esprit n'a plus son activitet son intrt. Si l'activit qui en a fini avec l'trel est seule-ment. le mouvement de l'esprit parliculier 4ui n'arrive pas 11 seconcevoir, le savoir, au conlraire, est dirig contre celle reprsen.tation ainsi constitue, contre cet tre-bien-connu. Le savoir estl'opration du Soi unil'ersel et l'intrt de la pense 52.

    Ce qui est bienconnu en gnral, justement parce qu'il estbien connu, n'est pas ronnu. C'est la faon la plus commune 'dese faire illusion el de fain~ illusion aux aulres que de prsuppo.sel' dans la cOlJ'naissance quelque chose cornille tant bien-connu,el de le tolrer cOlIlm'e tel; un tel savoir, sans 81' rendre comptecomment cl'Ia lui aITi,f', ne houge pas de place avec tous sesdiscours. Sans examen, le sujet et l'objet, Dieu, la nature, l'en-tendemenl, la sensibilit, l'le., sont poss au fondement commebien-connus el comme valables; ils conslilUlmt des points fixespour le dpart et pour le retour. Le mouvement s'effectue alorsici el l entre ces poinls qui restenl immobiles, et effleure ,seu-lement leur surface. Dans ce cas, apprendre et examiner consis-tenl vrifier si chacun trouve bien aussi ce qui est dit dans sareprsf'nlaliOll, si "ela lui parat ainsi, el

  • pnFACE

    doute cette analyse aboutit seulement des penses qui sontellesmmes bien.connues, qui sont des dterminations solideset fixes. Mais c'est un moment essentiel que cc spar, cette non-ralit effective; ("est, en effet, seulement parce que le concretse divise et se fait non effectivement rel qu'il est ce qui scmeut. L'activit de diviser est la force et le travail de l'entende-ment, de la puissance la plus tonnante el la pills ~rande qui soit,ou plutt de la puissance absolue. Le c('l'clr qui repose en soiferm sur soi, et qui, comme substance, tient tou" ses moments,Cl;1 la relatioll imlndiate qui Ile sUM'ite ainsi aucun tonne-ment. \lais que l'accidentel cornille tel, spar de son pourtour,ce qui est li et effectivement rel seulemrnt dans sa connexion autre chose, obtienne un ~lnl propre ct IWC' Iiher'l distincte,c'est l la puissance (ll'Odigieuse du nl1:at if, l'nergiC' dC' la pen-se, du pllr moi. La mort, si nous voulons nOlllllJel' ainsi cetteirralit, est la chose la plus redoutable, el ((mil' fermement equi est mort, est ce qui exif!e la plus grande force. La beautsans force hait J'entendenH'nt, parce qlle l'entendement attendd'elle ce qu'elle Il'est pas en mesure d'accomplir. Ce n'est pascette vie qui recule d'horreur denlllt la 1I10rt el se lJrserve purede la destruction, mais la \ ie qui porte la mort, et se maintientdans la mort rnt'me, qui est la \ il' de l'esprit. L'esprit conquiertsa \rit seulement condition de se rell'O\I\er soirn~lI1e dansl'absolu dchirement. L'esprit pst ('('Ill' puissallce en Il'ta'o'l 'passemblable au positif qui St' dl:tourne dll nrj.!atif, (comme qualidnous disolls d'ullf' ,'110";(, qll',.I!" Il'est ril'II, 011 '1u'pIlf' l'st t'aussI',et qlle, dbarrass :1101'8 d'eJlI', nous passons sans plus ;) quelquechose d'autre), IIlais )'l'sprit est celle PUiSSlIll('1' Sl'II 11'1111'11 1. ensachant regarder le IH"gatir Cil facl', et Pil sachant sjourner prsde lui. Ce sjour esl le poU\oir 1I111g'ique qui Cllvl'rtit le ngatifen tre. Ce pouvoir l'si ientique ce flue 1I0US a~olls nommplus haut sujet; sujel, qui rn dOllllall1 dans SOli propre 1rnf.lltun tre-l ;'1 la d(:ll'rminabilil dPpasse l'illlllldilltrlr ahslraite,c'estdire l'illlllll:dial('If. qui S('Ulellll'llt esl l'II g':'II:ral, et de-vient ainsi la suhstance authentique, l'tre o.u l'illlOlMiatet quin'a pas la mdiation l'II eilOl's de soi, mais qui est cette mdia-tion mme'~

    55. Rvaluation, ellem~me romantique, dil 11 juste litre E, de Xegri (1. l,p. ,8), de l'entendement, la forre qlli hri"" ,'"nil immdiate cie la "il', ,,1engendre le plus proro",J cI{.rhif(',",'nl, \lai, ,,' ""Ile rllfllanli'l"e de Ir. heaut

  • 30 LA l'H1:;NOMNOLOGIE DE L '!':SI'IIIT

    Ainsi le reprsent de,jent proprit de la pure conscience desoi; mais cette lvation l'universalit cn gnral n'est pasencore le processus complet de la culture: elle en constitue seu-lement un Ct. -Le genre d'tude propre l'antiquit se distin-guait de celui des temps modernes en ce qu'il tait proprementle processus de formation et de culture de la conscience natu-relle. Examinant et prouvant chaque partie de sa ralit hu-maine, philosophant sur tout ce qui se rencontrait, l'individu seformait une universalit intimement solidaire des faits'.Dans les temps modernes au contraire l'individu trouve la formeabstraite toute prpare; l'ffort tendu pour la saisir et pour sel'approprier est seulement l'extriorisation de l'intrieur, pri-ve de mdiation, est la formation abrge de l'universel pluttqu'une production de celui-ci partir du concret et de la multi-ple varit de l'tre-l, C'est pourquoi la tche ne consiste plustellement maintenant pUl'ifIcr l'individu du mode de l'imm-diatet sensible pour faire dl' lui une subslance pense et pen-sante, mais elle consiste plutt en une ttlche oppose : actua-liser l'universel et lui infusel' l'esprit grce la ~uppression despenses dtermines et solidifies. ~luis il est beaucoup plusdifficile de rendre fluides les penses solidifies que de rendrefluide l'tl'e-I sensible 57. La raison s'ell tl'ouve dans ce qui at dit (J/'cdemment; ces dterminations ont le moi, la puis-sance du ngatif ou la pure ralit effective pour substance etpour lment de leur tre.l; les dterminations sensibles ontau cont l'aire pour substance ('immdiatet impuissante et abs-traite, ou l't l'e conuue tel. Les penses deviennent fluides quandla pure pense, cette immdiatet intrieure, se conna1t commemaIllent, ou quand la pure cel'titude de soimme fait abstrac-tion de soi; pour cela elle ne doit pas s'carter ou se mettre part, mais elle doit abandonner la fixit de son auto-position,soit la fixit du pur concret qui est le moi luimme en opposi-tion au co/llcnu distinct, soit la fixit des diffrences qui, poses

    immncu1t'e (NO\'alis) ne sail que fuir ce dchirement. LB vraie vie de l'esprit,au ccntraire, surmonte celle sparalion en prenaul sur soi le ngalif, el enniant celle nllnlion.

    T,fi. Sor..,"e.il;. La I~che pdagogique moderne esl en quelque sor le im'crse de la Uche

    pC'dago"iquo anlique. L'individu moderne vil dall' te monde d..s penses nb~.Irailes; le travail de t'entendement a abouti des oppositions et 11 des spara.lions solidifies, il faut maintenant rendre nouveau Ouides ces dtermillabi-Iils, telle est la Uche que se proposera Hegel dans sa Logique.

  • PRFACE 31

    dans l'lment de la pure pense, participent alors cette incondi-tionnalit du moi. Au moyen de ce mouvement, ces pures pen-ses deviennent concepts, etsont alors ce qu'elles sont en vrit,des auto-mouvements, des cercles; elles sont ce que leur subs-tance est, des essentialits spirituelles 58.

    Ce mouvement des pures essentialits constitue la nature dela scientificit en gnral. Considr comme liaison du contenu,ce mouvement est la ncessit et l'expansion de ce contenu enun tout organique. Grce ce mouvement le chemin par lequelle concept du savoir est atteint, devient lui-mme aussi un devenir ncessaire et complet. Alors cette prparation du savoircesse d'tre une manire contingente de philosopher qui s'at-tache tel ou tel sujet, telles ou telles relations, telles outelles penses d'une conscience encore imparfaite selon la con-tingence des rencontres, ou qui cherche fonder le vrai par desratiocinations sans direction, des conclusions et des dductionsde penses dtermines; mais ce chemin moyennant le mouve-ment du concept, embrasse dans sa ncessit le monde intgralde la conscience.

    Une telle prsentation constitue ainsi la premire partie dela science, parce que l'tre-l de l'esprit, en tant que premier,n'est pas autre chose que l'immdiat ou le commencement;mais le commencement n'est pas encore son retour en soi-mme 51. L'lment de l'trel immdiat est donc le caractrepar lequel cette partie de la science se distingue des autres. L'in-dication de cette diffrence conduit discuter quelques idestablies qui se prsentent ordinairement ce sujet.

    III

    I. L'trel immdiat de l'esprit, la conscience, possde lesdeux moments : celui du savoir et .celui de l'objectivit qui estle ngatif l'gard du savoir 60. Quand l'esprit se dveloppe dans

    511. Le- ft Moi = Moi ft est le soutien des pellses dtermines qui participentainsi de l'inconditionnalit du Moi.

    59. Diffrence entre la Phnomnologie, comme premire partie de lascience, el la Logique 11 laquelle Hegel pense particulirement quand il critcelle prface.

    60. La phnomnologie est la science de la conscienc, Il en tant que la cons-

  • LA l'II:\OM:'iOLOGIE DE L'ESPRIT

    cet lment de la conscience et y tale ses moments, celte oppo-sition choit chaque moment particulier, et ils surgissenttous alors comme des figures de la conscience. La science de cechemin est la science de l'exprience que fait la conscience; lasubstance avec son mouvement est considre comme objet dela conscience. La conscience ne sait et ne conoit rien d'autreque ce qui est dans son exprience; en effet, ce qui est dans cetteexprience est seulement la substance spirituelle, et en vritcomme objet de - son propre Soi. 0 L'esprit cependant devientobjet parce qu'il est ce mouvement : devenir soim.~e unautre, c'est--dire, devenir objet de son propre wi, et suppri-mer ensuite cet tre-autre Il. Et on nomme justement expriencece mouvement au cours duquel l'immdiat,. le non.expriment,c'est-dire l'abstrait, appartenant soit l'tre senliible, wit ausimple seulement pens, s'aline et de cet tat d'alinationretourne soi.mme; c'est seulement alors quand il est aussiproprit de la conscience que l'immdiat est prsent dans saralit effective et dans sa vrit.

    L'ingalit qui prend place dans la conscience entre le moi etla substance, qui est son objet, est leur diffrence, le ngatif engnral. On peut l'envisager comme le dfaut des deux, mais ilest en fait leur lime ou ce qui les meut tous les deux; c'est pourcette raison que quelques anciens ont conu le vide commemoteur, concevant bien par l le moteur comme le ngatif, maisne concevant pas encore le ngatif comme le Soi. -Si maintenantce ngatif se manifeste en premier lieu comme ingalit du moiavec l'objet, il est aussi bien ingalit de la substance avec soi-mme. Ce qui parait se produire en dehors d'elle, tre une acti-vit dirige contre elle, est sa propre opration; et elle se mon-tre tre essentiellement sujet. La substance tant ainsi montrecompltement, l'esprit a rendu son propre tre-l gal sonessence; il est alors soimme objet tel qu'il est, et l'lmentt'bstrait de J'immdiatet et de la sparation du savoir et de la

    cience est en gnral le savoir d'un objat, ou extrieur ou intrieur Do Laconscience, dans un sens lacge a ainsi trois degrs, selon la nature de sonobjet. L'objer est ou bien l'objet extrieur, ou le !IIoi lui-m~me, ou enfinquelque cbose d'objectif appartenant au Moi (la pense). La .science de laconscience se divise donc en : conscience, conscience de soi, raison. cr. Hegel,Philos. PropDdeulik, PhiInomenologie, 51 fi et g, cit par E. de Negri, p. 31.

    61. La " phnomnologie n est un moment ncessaire, puisqu'il est nces-saire que "llsprit-s'aline ou se devienne objet soi-mme, de mme qu'ilest n6eenaire qu'il supprime celte ali6nation.

  • PRPACE 33

    vrit est surmont 12. L'tre est absolument mdiat; il est contenu substantiel qui, aussi immdiatement, est proprit dumoi; il a le caractre du soi 13, c'estAdire est le concept. C'est ce moment que se termine la Phnomnologie de l'esprit. Ceque l'esprit se prpare dans la Phnomnologie, c'est l'lmentdu savoir. Dans cet lment se rpandent maintenant les moments de l'esprit, dans la forme de la simplicit, forme quisait son objet comme tant soimme. Ces moments Ile tom-bent plus l'un en dehors de l'autre dans l'opposition de l'treet du savoir, mais ils restent dans III simplicit du savoir, sontle vrai dans la forme du vrai; et leur diversit est, Seulement,une diver8it du contenu. Leur mouvement, qui, dans cet lment se dveloppe en un tout organique, est la Logique ou Phi.losophie spculative".

    Cependant, puilque ce systme de l'exprience de l'espritcomprend sewlement la manifestation (ou le Phnomne) del'esprit, le processui qui, li. travers ce systme de l'exprience,conduit A la science du vrai, ayant la fiaure du vrai, semble treseulement ngatif; et on poulTait vouloir tre dispens du ngatif, en tant que faux, et demander A tre conduit directementet sans plus A la vrit; li quoi bon, en effet, s'embarrasser dufaux'l On a djA parl plus haut de la thse selon laquelle ondevrait commencer brusquement par la science; li. ceUe thse onrpondra ici en montrant plus particulirement quelle est laconstitution du ngatif en gnral envisag comme le faux. Lesreprsentations qu'on se fait ce sujet constituent le principalobstacle pour pntrer dans la vrit. Ceci nous offrira l'occasionde parler de la connaissance mathmatique que le savoir nonphilosophique envisage comme l'idal que la philosophie devraitchercher atteindre, mais qu'elle a jUlIQue.IA tent en vain d'atteindre u.

    /iL De mme que la diversit passe dans l'oppoaitiot l'opposition dans. la contradiction r~olutrlce, de mme l'inp;aHt, en apparence extrieure,enlre le Moi et la Subllonce, esl en fait une ingalit de la .ubslanee an'c

    elle.m~me, et c'est pourquoi la substance eal ,"jet.63. Selbslisch. /14. Quand Ilel(el krill. prface (aprllA avoir ril Ioule la l'hhtoll'Wnolo.

    !lie), il pense la LOf/i'lue, donl celle Phnomh.ololli.. l'si 1. prtlpllrlllinll.Dan~ la Logi'lu~, lei momenta ne ae pr~sellient plll~ dans J'opp06ilion de 1'''-Ire el dll sa,olr, de la vrit (Wah~heil) et de la r ..rlitude (Geu'iull';I); la di.,-ersit de ces momenlt esl seulement ulle dhenit de contenu (~tre, nontre, devenir, elc...).

    65. Si ia Logique esl la science du vrai, comme Vrai, la Phnomnologie

  • 34 LA PHNOMNOLOGIE DE L'ESPRIT

    Le Vrai et la Faux appartiennent ces penses dterminesqui, priveS de mouvement, valent comme des essences particu-lires, dont l'une est d'un Ct quand l'autre est de l'autre Ct,et qui se posent et s'isolent dans leur rigidit sans aucune com-munication' l'une avec l'autre. A l'encontre de cette conception,on doit affirmer au contraire que la vrit n'est pas une monnaiefrappe qui, telle quelle, est prte tre dpense et encaisse Il.Il Y a aussi peu un fata qu'il y a un mal. Le mal et le faux nesont sans doute pas aussi mauvais que le diable, car, commediable, on va jusqu' en faire des sujets particuliers; en tant quefaux et mal, ils sont seulement des universels; ils ont pOllrtantune essence propre l'un l'gard de l'autre. - Le faux (car il- nes'agit ici que de lui) serait l'Autre, le ngatif de la substance,substance qui, comme contenu du savoir, est le vrai. Mais lasubstance est elle-mme essentiellement le ngatif, en partiecomme distinction et dtermination du contenu, en partiecomme acte simple de distinguer, c'est--dire comme Soi etsavoir en gnral. On peut bien savoir d'une faon fausse. Savoirquelque chose d'une faon fausse signifie que le savoir est dansun tat d'ingalit avec sa substance. Mais cette ingalit est jus-tement l'acte de distinguer en gnral qui est moment essentiel.De cette distinction drive bien ensuite l'galit des termes dis-tingus, et cette galit devenue est la vrit. Mais elle n'est pasla vrit dans un sens qui impliquerait l'limination de l'inga-lit, comme les scories par exemple sont expulses du pur mtal;ou encore la vrit n'est pas comme le produit dans lequel on netrouve plus trace de l'outil; mais l'ingalit est encore immdia-tement prsente dans le vrai comme tel, elle y est prsentecomme le ngatif, comme le Soi If. On ne peut cependant pasdire pour cela que le faux constitue un moment ou, certes, unepartie de la vrit. Dans la locution Il dans tout ce qui est faux,

    Il'Ot donc la science du fa=, du moins le ngatif se prsente-toit dans ia ph-nomnologie comme le fauxl Mals Hegel va montrer que le devenir du Vraiest un moment esS

  • il ~. a quelque c1lo~e de vrai Il, les deux termes ~Ollt pris commel'huile et Ieau. qui sans se mlanger sont assembles seulementextrieurement l'une avec l'autre. Prcisment par gard pour lasignification, pour dsigner le moment de l'~tre-autre complet,C(lS termes de vrai el. de faux ne doivent plus tre utiliss l olem tre-autre est supprim. De la mme faon, les expressions:unit du sujet et de l'objet, du fini et de l'infini, de l'tre et dela pense, etc., prsentent cet inconvnient que les terme~ d'ob-jet et de sujet, etc. dsignent ce qu'ils sont en dehors de leurunit: dans leur unit ils n'ont OIIC plus le sens que leur expres-sion nonce; c'est justement ainsi que le faux n'est plus commefaux, un moment de la vrit".

    La manire dogmatique de penser dans le domaine du savoiret dans l'tude de la philosophie n'est pas autre chose que l'opi-nion selon laquelle le "fai consiste en une proposition qui est unrsultat fixe ou encore cn une proposition qui est immdiatementsue. A de telles questions : quan Csar est-il li? Combien depieds a un stade 1 elc .... on doit dOllner une rponse ne/te. De lamme faon, il est exactement Hui que dans le triangle rectan-gle, le carr de l'hypotnuse est gal la somme des carrs desdeux autres cts. Mais la nature d'unc telle vrit ainsi nommeest diffrente de la nature des vrits lJhilosophiques".

    :1. En ce qui concel'l1e les vrits historiques. pour en fairemention en tant seulement qu'on considre en elles leur pur cthistorique, on accordera facilement qu'elles conr.ernent l'tre-lsingulier. un contenu sous l'aspect de sa contingEnce et de soncaractre arbitraire; c'est--dire qu'elles concernent des rltermi-nutions non ncessaires de ce contenu. Mais mme des vritsnues, comme celle qui est cite ci-essus, ne sont pas sans le mou-veillent de la conscience de soi. Pour pouvoir connattre l'une deces vrits, on doit se li Hel' de nombreuses cOllllJaraisons, con-sulter des ouvrages, ou, de quelque faon que Le soit, effectueres recherches: encore lorsqu'il s'ugit d'une intuition imm-

    GR. tes opposs ne sont pas la mme chose en dehors de leur synthse que,hu. Il'ur synthse. " Les opposs sont avant la synthse. quelque chose detout alltre qu'aprs la synthse; avant la synlhee. ils sont de. opposs el riende pillS, J'un est ce quo l'aulre n'l'si pas, el l'aulre ce que l'un n'l'sI pas ltle(.tel, W., l, p. ~5). L'~tre-aulr8 complol correspond donc' 08 qui prkMela sYlltl&se.

    Gu. La vrla philosophique, dit Hegel (W., l, p. 17), ne peul pas s'exprimerdQUS une seule propositiou.

  • 36 LA PIlNOM~NOl.OGIP; DE L'ESI'IUT

    diate, c'est seulement la connaissance de celle.ci' accompagne.de ses justifications qui est considre comme ayant une valeurvraie, quoique, la rigueur, le rsultat nu doive tre seulementce dont on a s'occuper.

    En ce qui concerne les "rils mathmatiques, on eonsidrerait encore moins comme un ,gomtre celui qui saul'ait{parcur), extrieurement 70, les thormes d'Euc1idp., sans savoirleurs dmonstrations, sans les savoir, pOUl' s'exprimer par on-traste, intrieurement. On tiendrait galement pour non satisfai-sante la connaissance de la relation bien connue des cts d'untriangle rectangle, acquise par la mesure de beaucoup de triangles rectangles. Toutefois l' es.~enlialit de la dmor

  • PRFAOE

    lieu la connaissance philosophique unifie aussi ces deux mouvements particuliers. La naissance intrieure ou le devenir de lasubstance est un passage sans coupure dans l'extriorit ou dansl'tre-l; elle est un tre pour un autre, et inversement le devenirde l'tre-l est son lIIouvement de se retirer dans l'cssence. Le",ouvement est ainsi le dbuble processus et devenir du tout; ainsichaque moment pose en mme lemps l'autre, et chacun a en luiles deux moments cOlIIme deux aspects; pris ensemble ils :.:onsti-tuent donc le tout en tantfJu'ils sc dissolvent eux-mmes et sefonldes moments de ce tout ".

    Dans la connaissance mathmatique la rflexion est une ,opA-ration extrieure la chose; de ce fait, il rsulte que la vraiecho!le est altre. Sans doute le' moyen, c'est--dire la cohstruc-tion et la dmonstration, contient des propositions Haies, maison doit dire aussi bien que le contf'nu est faux. Le triangle, dansJ'exemple prcdent, est dmembr, ses parties sont conrerties enlplllenis rI'aulres Iigurl's qne hl /'ollsII'lH:tion fait naltre en lui.C'est seulement 1. la fill que le triangle Cht rtabli, le triangleaU/JlICI nous avions propreutenl affaire res quand on en pourrait tirer une infinit d'autres, toutcela avec une ignorance gale srulement la croyance que cela

    ~e conformera la production de la dmonstration. Celle (onCor-

    ;::. 1. l'hiln'''phi(', r'ost--rlir.. id 1. l,n~li'/"P. ron".11 1111(' dialerlique riel"frr. 011 ..II": l '...he.!. dans 1:lq1lPlle la r~nexion e~t ", lri"lJr~ au"'( moIn""t,. m.i. ('11., rOllllolt mir di.lerliqllr

  • 38 LA PH'oIOM~OLOGJE DE L'ESPRIT

    mit au but se manifeste plus tard, mais elle est seulement ext-rieure puisque dans la dmonstration elle se montre seulementaprs coup. Ainsi la dmonstration suit une voie qui commenceen un point quelconque sans qu'on sache encore le rapport de cecommencement au rsultat qui doit. en sortir. Le coms de ladmonstration comporte telles dterminations et tels rapports, cten carte d 'autres sans qu'on puisse se rendre compte immdia-tement selon quelle ncessit cela a lieu; une finalit extriCJlTcrgit un tel mouvement.

    L'vidence de cette connaissance dfectueuse dont la mathma-tique est fire, et dont elle fait parade contre la philosophie, re-pose seulement sur la pauvret de son but et sur la dfectuositde sa matire; cette vidence est donc d'une espce 'lue la phi-losophie doit ddaigner. - Le but ou le concept de la math~rnatique est la grandeur. C'est l prcisment la relation inessen-tielle et prive du concept ". Le mouvement du savoir s'effectue la surface, ne touche pas la chose mme, ni l'essence, ni leconcept, et n'est donc aucunement le mouvement de concevoir.- La matire au sujet de laquelle la mathmatique garantit untrsor consolant de vrits est l'espace et l'Un. Or l'esp3ce estl'tre-l dans lequel le concept inscrit ses diffrences commedans un lment vide et mort, au sein duquel ces diffrences sontgaleIIl;ent sans mouvement et sans vie. L'effectivement rel Il 'estpas quelque chose de spatial comme il est considr dans b ma-thmatique. Ce n'est pas de telles non-ralits effectives constitues comme les choses mathmatiques que s'embarnssent J'in-tuition sensible concrte ou Ja philosophie. Dans un tel lmentsans ralit effective il y a encore seulement un vrai sans J'aliteffective, fait de propositions rigides et mortes; chacune de cespropositions on peut s'arrter, la suivante, recommence pour soide nouveau sans que la premihe se meuve jusqu' l'autre, etsans que de ceUe manire une connexion ncessaire s\lrgisse travers la nature de la chose mme. En outre, en "iertu de ceprincipe et de cet lment - et c'est en cela que consiste le for-malisme de l'vidence mathmatique -, le savoir :':l1! la lignede l'galit. Car ce qui est mort, ne se mouvant pas de soi-mme,

    74. Cf. Logique, W., Ill, p. '70. D'iA dans la Jenen$I!r Logik (W., XVIII 0,p. 5), Heltel montre le caractre ine.sentiel et aconcepluet de la relation qu~,,titative. Il critique ainsi non seutement les MalhrnaUques en gnral dansteur prtention philosophique, mals encore la philosophie de Schelli"41, et I~thorie des puiuonu, (cf., par fil., Log., t. l, p. '07).

  • PRFACE

    ne parvient pas la diffrenciation de l'essence ni l'oppositionou l'ingalit essentieHe, et ainsi ne parvient donc pas non plusau passage de l'oppos dans l'oppos, au mouvement qualitatifet immanent, l'auto-mouvement. En effet, ce que la mathma-tique considre, c'est seulement la grandeur, la diffrence ines-sentieHe. Ce qui scinde l'espace en ses dimensions, et dtermineles liens entre elles et en eHes, c'est le concept; mais la mathma-tique fait abstraction de cela; elle ne considre pas, par exemple,la relation de la ligne la surface, et quand eHe compare le dia-mtre du cercIe la priphrie, eHe se heurte leur incommen-surabilit, - une relation vraiment conceptueHe, un infini quichappe la dtermination mathmatique".

    La mathmatique immanente, dite mathmatique pure, nepose pas en regard de l'espace le temps comme temps, c'est--dire comme la seconde matire de son tude. La mathmatiqueapplique traite bien aussi du 'temps, non moins que du mouve-ment et d'autres choses effectivement reHes; mais les princi~essynthtiques - principes de ses relations qui sont dterminesau moyen de leur concept - sont emprunts par eHe l'exp-rience, et elle applique seulement ses formules ces prsupposi-tions. La mathmatique applique fourmille de dmonstrations,de principes, comme on dit, tels celui sur l'quilibre du levier,ou celui sur le rapport de l'espace et du temps dans le mouve-ment de chute, etc.; mais que tout cela soit donn et pris commedmonstration dmontre seulement combien grand est le Lesoinde dmontrer pour la connaissance, puisque quand elle est court de dmonstrations, elle estime l'apparence vide de dmons-tration et y obtient une satisfaction. Une critique de ces limons-trations serait aussi remarquable qu'instructive; pour une part,eHe purifierait la mathmatique de cette fausse parure; po,ur l'au-tre, elle montrerait ses limites et donc la ncessit d'un autresavoir. - En ce qui concerne le temps, on devrait penser qu'ilconstitue, comme rplique l'espace, la matire de l'autre par-tie de la mathmatique pure; mais le temps est le concept mme

    75. Sur l'espace et le temps, comm.. conr~pls, cr. les analYSell de 1. l~nemerRealp"ilM.p"~ de 1805-1~06 (W., XX, pp. 5 l 13). Sur les relations concep-luenps des dimensions de l'espace. Hegel a donn~ une note sult~tive l pro-pos de Cat'alieri dans la grande Logique (p. 310). Cf. galement, eur la signi-fication l'.oncepluelle du calcul infinitNimaJ, les n'otee eur DMcartes, Newton,Lal{ranll'e, elc. (Logique, p. 23(J : la dterminabilit conceptuelle de \'inflnimathmatique).

  • 40 LA PHNOM:-rOLOGIE DE L'ESPRIT

    tant-lA. Le principe de la grandeur - la diffrence sans wncept- et le principe de l'galit - l'unit abstraite sans vitalit -ne sont pas en mesure de s'occuper de cette pure inquitude dela vie et de ce processus d'absolue distinction. Aussi c'est seulement comme paralyse, ou corr.me l' Un, que cette ngativitdevient la seconde matire de cette conftaissance; cette cl)nnais-sance tant une opration extrieure, rabaisse ce qui se meut soimme une matire pour russir y avoir un contenu indiff-rent, extrieur et sans vitalit TI.

    3. La philosophie, au contraire, ne considre pas la dtermi-nation inessentielle, mais la dtermination en tant qu'elle estessentielle; ce n'Lst pas l'abstrait, ou ce qui est priv de raliteffect\'e qui est son lment ou son contenu; mais c'est l'el/ecti-vement rel, ce qui se pose soi-mme, ce qui vit en soi-mme,l'tre-l qui est dans son concept. L'lment de la philosophie estle processus qui engendre et parcourt se8 moments, et c'est ce mouvement dans sa totalit qui constitue le positif et la vrit de cepositif. Cette vrit inclut donc aussi bien le ngatif en soi.mme,ce qui serait nomm le faux si on pouvait le considrer comme cedont on doit faire abstraction. Ce qui est en voie de disparitiondoit plutt tre lui-mme considr comme essentiel; il' ne doitpas tre c~sidr dans la dtermination d'une chose rigide qui,coupe du vrai, doit tre abandonne on ne sait o en dehors duvrai; et le vrai, son tour,ne doit pas tre considr comme unpositif mort gisant de l'autre ct. La Manifestation est le mou-vement de naltre et de prir, mouvement qui lui-mme ne haItni ne prit, mais qui est en soi, et constitue la ralit effective etle mouvement de la vie de la vrit, Le vrai est aiosr le dlirebachique dont il n 'y a aucun membre qui ne soit ivre; ct puis-que ce dlire rsout en lui immdiatement cQaque moment quitend se sparer du tout, - ce dlire est aussi bien le repostranslucide et simple. Dans la justice de ce mouvement ne sub-sistent ni les figure!! singulires de l'esprit, ni les penses dter-mines; mais de mme qu'elles sont des moments ngatifs et envoie de diparaltre, elles sont aussi des moments positifs et 116ces-saires. - Dans le tout du mouvement, considr comme en repos,

    ,fi. L'esprit elt temps ", avait dit Hegel dans le coun de ,803. Sur le con.rept du lemp1l- celle pure inquitude - concept si important dam la phi.losophie hglienne, cf. l'tude de A. Koyr, Hegel Il Una, Revue d'histoireet de philolOphie religieule de Strasbourg avril '1134.

  • PRFA