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L’ESSENTIEL Le pacte contre nature FRANCE P.2 Dimanche autour de l'Eglise nazaréenne n Le courant métho- diste semble attirer de plus en plus de fran- çais. Reportage dans un temple de fidèles haïtiens à Paris. INTERNATIONAL P.4 Cyberguerre entre activistes russe n Blogs, forums, ré- seaux sociaux… les opposants à Vladimir Poutine et les pro-ré- gime s’affrontent sur la toile. ECO/CONSO P.6 Une femme loyale au sommet n Au Brésil, Graça Foster accèdera en février prochain à la tête de Petrobras, cin- quième groupe pétro- lier au monde, qu’elle sert depuis 1978. WEEK-END P.8 Photographie d’une nostalgie n A l’ère du tout numé- rique, la mode est au retour à la photogra- phie argentique. Focus sur la lomographie. EXPRESS0 n Les trois partis de la coalition au pou- voir sont parvenus à un accord sur le plan d’austérité. Un accord à l’arraché obtenu après une longue nuit de négo- ciations. L’union affichée par Athènes représente un enjeu décisif juste avant une réunion jeudi soir de l’Eurogroupe qui planchera sur la suite à donner au prêt de 130 milliards d’euros promis à la Grèce. PAGE 2 QUOTIDIEN DU MASTER DE JOURNALISME DE L’ INSTITUT FRANÇAIS DE PRESSE - PROMO 2013 # 08 09 02 2012 Des socialistes à l’extrême-droite, le choix grec face à la crise

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L’essentieL

Le pactecontre nature

FRAnCe P.2Dimanche autour de l'Eglise nazaréennen Le courant métho-diste semble attirer de plus en plus de fran-çais. Reportage dans un temple de fidèles haïtiens à Paris.

inteRnAtiOnAL P.4Cyberguerre entre activistes russe

n Blogs, forums, ré-seaux sociaux… les opposants à Vladimir Poutine et les pro-ré-gime s’affrontent sur la toile.

eCO/COnsO P.6Une femme loyale au sommet n Au Brésil, Graça Foster accèdera en février prochain à la tête de Petrobras, cin-quième groupe pétro-lier au monde, qu’elle sert depuis 1978.

Week-end P.8Photographied’une nostalgie

n A l’ère du tout numé-rique, la mode est au retour à la photogra-phie argentique. Focus sur la lomographie.

exPRess0

n Les trois partis de la coalition au pou-voir sont parvenus à un accord sur le plan d’austérité. Un accord à l’arraché obtenu après une longue nuit de négo-ciations. L’union affichée par Athènes

représente un enjeu décisif juste avant une réunion jeudi soir de l’Eurogroupe qui planchera sur la suite à donner au prêt de 130 milliards d’euros promis à la Grèce. PAge 2

quOtidien du mAsteR de jOuRnALisme de L’ institut FRAnçAis de PResse - PROmO 2013# 08

09 02 2012Des socialistes à l’extrême-droite, le choix grec face à la crise

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En janvier dernier, la pre-mière convention des Evan-géliques se tenait à Mon-treuil. Ce courant protestant a déjà séduit 600 000 per-sonnes en France et compte 2 400 lieux de culte, comme celui de la rue Myrha. Re-portage.

Ce dimanche matin glacé, les fidèles de l’Eglise Nazaréenne de la rue Myrha se rassemblent.

Ils nous préviennent : ils sont moins nombreux que d’habi-tude. Résidant aux quatre coins de l’Île de France, certains n’ont pas pu se rendre dans le 18e arrondissement, à cause de la neige.Au milieu du mobilier litur-gique classique, la présence de deux ordinateurs détonne. Une présentation PowerPoint affiche les textes des prières et des cantiques. « Notre Eglise abrite trois cultes dominicaux » raconte Bene-Oni, dit « Bobby », fils du pasteur Rodrigue Va-lentin, le fondateur du temple parisien. « Il y a le culte de l’assemblée haïtienne, celui de l’assemblée francophone, puis de l’arabophone», poursuit-il. « Les voisins devaient supporter six heures de musique, c’était trop ». L’Eglise va donc démé-nager. Mais en attendant, on a rangé les batteries. On tente de se faire plus discrets, mais la

musique continue d’imprégner les murs. Un pianiste accom-pagne les prières. Une femme agite un tambourin. Se dé-hanche. Tout le monde chante. Les épaules balancent, les pieds tapent le rythme. Les dents craquent au contact de l’hostie.

Embrassades fraternellesPuis vient la prédication du pas-teur Valentin, qui donne le ton : « La supériorité de la Foi par rapport à la loi. » On entend dans la salle des « Oh oui ! », des « c’est vrai ! ». Soudain, on nous demande de nous lever.

« Présentez-vous, et dites qui vous a invitées ». Les regards se figent dans notre direction. Im-pression étrange. Ici, les enfants et les adultes en costume, en robe, en bijoux, se connaissent tous. Présentations faites, on nous applaudit. Presque comme si nous comptions désormais parmi les fidèles.Alléluia, le prêche est fini, il est temps de passer aux « embras-sades fraternelles » au sous-sol. Ici, on est en « famille » avance Charlène, 26 ans. Le religieux cède le pas au communautaire. Les exilés haïtiens de l’Eglise Nazaréenne s’entraident. Tout juste arrivé d’Haïti, Rodrigue Valentin décide en 1984 de monter son œuvre à Paris, « pour donner un repère aux gens ». Depuis, il connaît les siens. « Mon père sait ce qui se passe dans les familles (…) Il aide pour les démarches admi-nistratives », explique Bobby, son fils.Pendant que la communauté haïtienne s’embrasse au sous sol, un melting-pot franco-phone se réunit à l’étage. Antillais et immigrés venus des quatre coins de l’Afrique chantent à leur tour. L’atmos-phère est différente. Au sein d’une assemblée qui fonc-tionne « comme une associa-tion », dit le pasteur Marius, plus facile pour un non-initié de se sentir à l’aise. o Julie Chouteau et Sarah Belhadi

FRANCESOCIETE L’Eglise méthodiste réunit de nombreux fidèles dans la capitale

Refrains évangéliques

Procès du racisme ordinairen «Pour une fois je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin...» En octobre 2010, Jean-Paul Guer-lain avait créé la polémique en s’exprimant ainsi sur le plateau du 13h de France 2. Des propos dénoncés comme injures à caractère racial par SOS Racisme et le MRAP, qui lui ont valu une comparu-tion jeudi devant la XVIIème chambre correctionnelle du tribunal de Paris.A l’époque des faits, l’ancien créateur de parfum s’était fendu d’une excuse, sans

convaincre. La réaction tar-dive et distanciée de LVMH, la maison mère de Guerlain, avait également provoqué l’ire des associations antiracistes. Des dérapages plus exposésUn dérapage comme celui-ci, Maral Amiri, journaliste pour la revue engagée Respect Mag l’explique par «un climat poli-tique qui délie les langues et facilite une forme de racisme ordinaire». Pourtant, le pas-sage devant la justice de Jean-Paul Guerlain montre aussi que ces bavures langagières sont beaucoup plus dénoncées que par le passé. «On a l’im-

pression qu’il y en a plus, mais c’est surtout que ces déra-pages sont plus exposés. C’est un progrès en soi», explique-t-elle. En témoigne l’affaire Elle en janvier. Les critiques autour de l’article «Black Fashion Power», taxé de raciste, ont poussé la revue à le retirer de

son site Internet et à présen-ter ses excuses. Maral Amiri ajoute qu’«une affaire simi-laire a déjà eu lieu avec le ma-gazine Elle en 1999. Personne n’en avait parlé. Aujourd’hui de tels faits ne peuvent plus passer inaperçu».

o Pierre Labrunie

Guerlain devant le tribunalDevant la XVIIème chambre, Jean-Paul Guerlain regrette «une imbécillité» et ajoute «j’ai entendu cette expression toute ma jeunesse. C’était un boutade, j’ai voulu faire rire la journa-liste». Sa défense maladroite lors de l’audience a déjà fait le tour de Twitter. Pas sûr que celui qui encourt six mois de prison et 22 500 euros de dommages et intérêts ait réussi à faire amende honorable.

Le méthodismeCourant du protestantisme évangélique, le méthodisme réu-nit 75 millions de personnes dans le monde. Parmi elles on compte Hilary Clinton, George Bush, et Nelson Mandela. Fon-dé par le réformateur anglais John Westley, le courant métho-diste est né au XVIII ème. Aujourd’hui, il est surtout présent aux Etats-Unis et dans les anciennes colonies anglophones.

L’assemblée du culte francophone se surtout des Africains et des Antillais. Photo Expresso (J.C.)

VENDREDI 10 FEVRIER 2012 - EXPRESSO - 03

JUSTICE Jean-Paul Guerlain comparaissait jeudi pour injure à caractère racial

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Eric Woerth, ex-ministre du budget puis du tra-vail, a été entendu par les

juges d’instruction en charge de l’affaire Bettencourt à Bor-deaux.Au bout de 12 heures d’audi-tion, il a été mis en examen pour trafic d’influence, délit qui peut être puni de dix ans de prison et de 150 000 euros d’amendes.En effet Éric Woerth aurait interféré auprès de Nicolas Sarkozy en juillet 2007 pour que Patrice de Maistre, alors en charge de la gestion de la for-tune de Liliane Bettencourt, ob-tienne la légion d’honneur. En contre-partie son épouse Flo-rence a été embauchée à l’été

2007 dans la société Clymène, gestionnaire de la fortune de Mme Bettencourt.En pleine campagne présiden-tielle, les juges ont donc appa-remment décidé de mettre de côté les suspicions de finance-ment illicite de parti politique

lors de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, dont Éric Woerth était trésorier. Un délit qui, s’il était avéré, pourrait for-tement gêner le candidat Sarko-zy et susciter de nombreux commentaires et attaques.

o Leïla Yaker

POLITIQUE L’ex-trésorier de l’UMP mis en examen

Pour Woerth, un chef d’accusation a minima

Fessenheim sauvéen Nicolas Sarkozy, fervent partisan de l’énergie nucléaire, a annoncé jeudi la poursuite de l’exploitation de la cen-trale de Fessenheim devant ses salariés. Un scénario de fermeture avait été évoqué par la ministre de l’Ecologie avant que tous les réacteurs soient déclarés bons pour le service en janvier par un audit de sécurité. La centrale, que François Hollande a dit vouloir fermer s’il est élu, fournit 70% de l’électricité nécessaire en Alsace.

Appel à la grèven L’intersyndicale est parve-nue jeudi à un accord pour une mobilisation le 29 février. Des désaccords persistent entre la CGT qui propose la grève et la CFDT, plus cir-conspecte, qui refuse toute action à « caractère politique » à trois mois des présiden-tielles.

Sarkozy presque candidat n Dans un entretien au Figaro Magazine à paraître demain, Nicolas Sarkozy, annonce ce qui semble être des thèmes de campagne basées sur les valeurs de travail, de respon-sabilité et d’autorité. Il propose notamment un référendum sur l’indemnisation des chômeurs et « l’assistanat », ainsi que sur le droit de vote des étran-gers aux élections locales. Il se dit également défavorable au mariage homosexuel et à l’adoption d’enfants de couple du même sexe.

Manifestation policière

n Evénement rare qui sou-ligne les tensions entre les forces policières et judiciaires. Quelque 200 policiers se sont rassemblés devant le tribu-nal d’Evry (Essonne) jeudi pour manifester contre ce qu’ils qualifient de laxisme du parquet. Les gardiens de la paix, en tenue civile, estiment ne pas être soutenus par le parquet en cas d’outrage et d’agression. « Cela donne un sentiment d’impunité », confie Frédéric de Oliveira, du bureau départemental du syndicat Unité SGP Police FO.

EELV Le candidat déçu accorde un entretien au Monde

Hulot mauvais perdant Ira, ira pas… Eva Joly, can-

didate d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), pourra-

t-elle ou non compter sur le soutien de son ancien rival à la tête du parti ? Nicolas Hulot avait subi une écrasante défaite lors du deuxième tour des pri-maires en juillet dernier. Après un silence radio de sept mois, il a confié mercredi, dans un entretien au Monde, que les Verts ne bénéficieraient pas de sa contribution politique. Il préfère, affirme-t-il, se concentrer sur les projets de sa fondation destinée à préserver l’environnement.

«Ma parole sera d’autant plus forte»Nicolas Hulot indique au Monde : « les clivages poli-tiques sont dépassés ». Pour le reste, il est un peu elliptique. « Etre président de ma fon-dation m’interdit tout soutien politique », explique-t-il alors que les candidats à la primaire s’étaient engagés à soutenir le vainqueur. Il ne reviendra pas non plus à Ushuaia, la popu-laire émission de TF1. Ne ju-geant « pas sain que l’écologie politique soit à ce point margi-nalisée », il ne compte cepen-dant pas se retirer. « Ma parole sera d’autant plus forte, d’au-tant plus audible désormais, qu’elle sera non partisane », assène-t-il en laissant planer le doute.La sortie de Hulot n’est pas innocente à trois jours de la

présentation du programme d’EELV à Roubaix. Stagnant à 2% dans les sondages et atta-quée par ses adversaires sur son apparence physique et son accent, Eva Joly a besoin du soutien de Hulot, vedette de l’écologie. Elle avait d’ailleurs récemment affirmé que la porte était ouverte pour une éven-tuelle participation de Hulot,

mais qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de son ancien rival depuis août. « Il était parti en mer, il n’y a pas beaucoup de moyens de communication ».Hulot ajoute qu’il est « peu probable » qu’il se replonge en politique. A voir : il a ses atouts, il est populaire. Et il le sait.

o Stéphanie Rochon

EN BREFFRANCE

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Les hommes du PrésidentDe nombreux proches de Nicolas Sarkozy sont éclaboussés par les affaires. Des mises en examen d’hommes d’influence, qui pourrait s’avérer préjudiciables pour le candidat de l’UMP : Philippe Courroye, procureur de Nanterre, pour l’affaire des écoutes du Monde, Bernard Squarcini, patron de la DCRI, pour divulgation de données dans la même affaire. Nicolas Bazire, ex directeur du cabinet d’Édouard Balladur, et Thierry Gaubert, ex conseiller de Sarkozy, sont soupçonnés, eux, d’avoir réceptionné et transporté des valises de billets dans l’affaire Karachi.

Nicolas Hulot souhaite se concentrer sur sa fondation.

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internationalETATS-UNIS La primaire n’a jamais été aussi disputée chez les conservateurs

Discorde en terre républicaineQui de Rick Santorum,

Newt Gingrich ou Mitt Romney sera désigné pour affronter Barack

Obama le 6 novembre prochain ? Plus les scrutins passent et plus les doutes grandissent au sein du grand Old Party. Alors que le riche Mitt Romney était grand favori des sondages la semaine dernière encore, avec sa victoire en Floride, les résultats de mardi ont renversé les tendances. Le fervent catholique Rick Santo-rum a remporté de manière inat-tendue les Etats du Minnesota, du Colorado et du Missouri.Les électeurs peinent à choisir leur favori. Pour les guider dans cette épreuve, le journal britan-nique Telegraph.uk relaie le site américain Vote Match. Grâce à lui, l’internaute peut en quelques clics voir si ses avis coïncident avec les politiques des différents candidats. Eric Ostermeier, professeur de sciences politiques à l’univer-sité du Minnesota analyse les victoires de Santorum davan-tage comme des échecs des deux autres candidats à rassembler. « Mitt Romney et Newt Gingrinch s’attaquent férocement, et ils laissent émerger un troisième candidat qui apparaît au-dessus de la mêlée ».

Combat conservateurLes empoignades verbales entre Républicains sont nom-breuses. L’ancien gouverneur de Pennsylvanie, Rick Santorum, n’hésite pas à qualifier son rival milliardaire de « Monsieur gros gouvernement » pour avoir ins-

piré la réforme de l’assurance-maladie de Barack Obama. Mais celui qui se dit « champion des valeurs conservatrices » en prend aussi pour son grade. A s’efforcer au Congrès d’obtenir le plus de subventions possible pour son Etat, Mitt Romney l’accuse d’être un des « grands gaspilleurs » du pays. Pour Newt Gingrich, toujours en deuxième position dans les sondages, tout se jouera lors du Super Tuesday du 6 mars. L’homme politique de 68 ans, marié trois fois, mise davantage sur la discrétion après ses défaites répétées. Son appel à Rick Santorum pour se rallier à lui et créer un front « anti-rom-ney » est resté sansréponse.

Attaque de la religionS’il y a bien un sujet sur lequel le trio s’accorde, c’est celui de la réforme de l’assurance maladie par Barack Obama, dont une dis-position va obliger les assureurs à rembourser les dépenses de contraception. Selon eux, c’est une attaque « systématique de la religion ». « Nous devons nous doter d’un président qui voudra bien protéger le premier droit aux Etats-Unis, celui d’adorer Dieu » a ajouté Mitt Romney.Barach Obama peut se frotter les mains. Selon le Washington Post, alors que Mitt Romney, Newt Gingrich et Rick Santorum se neutralisent, le Président pro-fite d’une embellie sur l’emploi. Dans tous les cas de figure, l’ac-tuel hôte de la Maison-Blanche est donné gagnant. o Tiphaine Honoré

Rick Santorum, espoir de l’Amérique profondeCe catholique ultraconservateur de 53 ans, père de sept enfants, affectionne les gilets de laine sans manches et les messes en latin. Fer de lance de la lutte anti-avortement et de l’opposition au mariage gay, Rick Santorum, grand gaillard brun aux allures d’écolier bien élevé, rougissant facilement mais orateur naturel, se définit comme le candidat de la défense de la famille, « cette unité de base de la société américaine » qui « en fait la force ».

04 - expresso - Vendredi 12 janVier

Le financement de la campagne démocrate en question

n «Sur la base des questions soulevées, nous allons retourner les contributions de ces indivi-dus. ».Cette déclaration, faite mardi dernier par le porte-parole de la campagne 2012 d’Obama a le mérite d’être claire. Le comité pour la réélection du président sortant des Etats-Unis n’accepte pas n’importe quel don. Qui sont, en revanche, les « indivi-dus » incriminés par Ben La-Bolt, le porte parole?Derrière ce vague nom commun se cachent (au moins) Carlos, Alberto et Leticia Rojas Car-dona. A eux trois, ces frères et

sœur résidant à Chicago et dans l’Illinois ont contribué à la cam-pagne présidentielle démocrate à hauteur de 200 000 dollars. Ils figurent donc parmi les plus gros donateurs en faveur d’Oba-ma.

Trafic de drogueMais ils sont aussi les parents d’un fugitif, reconverti en « Tsar des casinos » proche du crime organisé de l’autre côté de la frontière américaine. Juan José Rojas Cardona, leur frère, a fui vers le Mexique en 1994, après avoir été inquiété par la justice américaine pour fraude

puis trafic de drogue.Les dons de sa famille visaient-ils à obtenir un geste d’Obama envers lui ? Le clan Rojas Car-dona nie, et affirme vouloir soutenir le candidat. Mais face aux protestations suscitées par

un article du New York Times, révélant l’affaire, le parti démo-crate a préféré jouer la carte de la transparence et rendre l’argent reçu. Un luxe qu’il peut se permettre. o Claire Branchereau

Obama ne veut pas de l’argent du « Tsar des casinos »

Les dons aux candidats américains Un PAC (comité d’action politique) sert d’intermédiaire entre les donateurs et les partis en campagne. Il se doit d’être neutre politiquement. Depuis 2010, les dons qu’il reçoit ne sont plus plafonnés à 2500 dollars comme auparavant. D’où son nouveau nom: Super Pac. Il impique des «super-dons». Une liste, publiée par le magazine américain Mother Jones, révèle que le conser-vateur Newt Gingrich a reçu un chèque de 5 millions de dollars de la part de Sheldon Adelson, un gérant de casino.

La primaire se jouera lors du Super Tuesday le 6 mars prochain. DR

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Vendredi 12 janVier- expresso - 05

internationalRUSSIE La campagne prend un tour violent sur Internet

Pro et Anti Poutine se livrent une cyber-guerre

A moins d’un mois de l’élection pré-sidentielle russe, anti et pro-Poutine se livrent à une

véritable cyberguerre. Le Guar-dian a révélé les méthodes des « Nashi » (les jeunesses pou-tiniennes), experts dans le flot de commentaires malveillants sur les forums et blogs d’op-posants au régime. Le journal britannique rapporte que les Nashi ont payé des internautes pour diffuser la propagande de Russie unie, le parti au pouvoir. L’affaire, mise à jour par des hackers russes se réclamant des Anonymous, révèle que certains internautes ont reçu jusqu’à 15 000 euros pour inonder de commentaires pro-Poutine des articles de presse d’opposants au Kremlin. D’autres étaient chargés de cliquer massivement sur l’icône « Je n’aime pas » sous des vidéos YouTube visant le pouvoir. Des mails intercep-tés par les hackers soutiennent que les jeunesses poutiniennes réfléchissaient à un moyen de discréditer l’opposition lors des dernières manifestations contestant les résultats des lé-gislatives.

Gronde 2.0De l’autre côté, la fronde an-ti-Poutine s’organise sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et son équivalent local, VKontakte ont montré qu’ils

arrivaient à fédérer le plus grand nombre. La gronde 2.0 est née, fin décembre dernier, lorsque plus de 100 000 personnes se sont réunies sur l’avenue Sakharov au centre de Moscou, pour protester contre les fraudes en faveur de Russie unie. Alexeï Navalny, blogueur et avocat, emprisonné par le pouvoir – et libéré depuis -, est devenu la figure de la protestation avec son site Internet communautaire RosPil («pillage de la Russie») sur lequel il dénonce les cor-ruptions du régime. Samedi dernier, la contestation a prouvé qu’elle ne faiblit pas à quelques

semaines de l’élection présiden-tielle. Selon la police russe, 140 000 pro et 36 000 anti-Poutine se sont réunis à Moscou. Les es-timations concernant les fidèles au régime auraient été gonflées, ceux des anti-régime à contrario sous-estimées, selon des jour-nalistes de l’AFP sur place. Les ennemis du Kremlin ont d’ores et déjà annoncé de nouveaux rassemblements au lendemain de l’élection du 4 mars « car le nombre de fraudes lors de la présidentielle va être énorme » selon l’ancien député Vladimir Ryjkov, interrogé par l’AFP. oCharlotte Staub

Des opposants russes brandissent une banderole anti-Poutine. DR

ESPAGNE Condamné jeudi à onze ans d’interdiction d’exercer

Garzón, le « superjuge » est tombé n 11 ans de suspension. Le verdict du Tribunal suprême de Madrid est dur. Le juge Garzón a été accusé de « prévarication » pour avoir ordonné l’écoute de conversation entre des suspects incarcérés et leurs avocats dans l’enquête sur un réseau de cor-ruption. « Super Garzón » est connu mondialement pour avoir or-donné l’arrestation d’Augusto Pinochet et pour avoir été pres-senti à la tête de la Cour Pénale Internationale. Las. Il est sous le coup de plusieurs procédures judiciaires notamment pour avoir enfreint la loi d’amnistie de 1977 en ouvrant une enquête

sur les disparus du franquisme. Pourtant, c’est l’affaire « Grütel » qui signe sans doute la fin de la carrière à 56 ans. En février 2009, Baltasar Garzón ouvre une enquête car il soupçonne 70 personnes, dont 17 membres du Parti Populaire (PP), la droite espagnole, d’avoir perçu près de 5,5 millions d’euros en échange de juteux contrats publics.

Elements troublantsLors du procès éclair, en janvier, le juge instructeur a refusé les éléments de défense des avocats de M. Garzón. Ni le témoignage du juge du Tribunal suprême de Madrid qui a prolongé les

écoutes, ni celui des procureurs anticorruption qui les ont vali-dées, ne l’ont aidés. Elément troublant, le procès s’est déroulé quelques mois après l’ascension au pouvoir de Mariano Rajoy, le dirigeant du PP. Ironie de l’histoire, le juge Garzón est le premier condamné dans cette affaire. Les deux res-ponsables présumés du réseau de corruption Grütel attendent toujours d’être jugé. Une « jus-tice à l’envers » ? En 2010, 61% des Espagnols estimaient que le juge est « victime d’une persé-cution judiciaire ». oMuriel Pichon

Changement de façade pour le pouvoir roumainnLe nouveau gouvernement roumain de centre-droit a obtenu, jeudi, la confiance au Parlement, malgré le boycott de l’opposition. Le Premier ministre, M. Ungureanu, qui était jusqu’à mercredi chef des services de renseigne-ment extérieur a annoncé qu’il maintiendrait les orientations de la Roumanie en termes d’adoption de l’euro en 2015, de politique étrangère et de lutte contre la corruption. La coalition au pouvoir reste inchangée avec le Parti démo-crate-libéral (PDL), le parti de la minorité hongroise (UDMR) et l’Union nationale pour le progrès de la Roumanie (UNPR).

Syrie : le bain de sang n'en finit plus nAu moins soixante civils ont été tués jeudi par les forces loyales au régime de Bachar al-Assad, la plupart dans des bombardements sur la ville de Homs, haut lieu de la contes-tation syrienne, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Paralléllement, le secrétaire général des Nations Unies, Ban-Ki-Moon a demandé à ce que les observateurs de la Ligue Arabe retournent sur place.

Marche pour l'eau et contre les mines au Pérou

nDes milliers de « marcheurs pour l’eau » sont attendus de-main dans les rues de Lima, la capitale péruvienne. Ils dé-noncent le manque criant d’in-frastructures qui empêchent deux millions d’habitants d’être approvisionnés en eau potable. Le Pérou est pourtant l’un des vingt pays au monde les mieux dotés en eau… Les marcheurs dénoncent également la multiplication de projets miniers dans le nord du pays, dont les activités polluantes ne devraient pas arranger la qualité de l’eau péruvienne.

en bref

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eCO/COnsOGRECE L’austérité décidée par le gouvernement de coalition

Les partis grecs accordent leurs violons n Après une nuit d’intenses tractations, Athènes semble respirer de nouveau. Le gou-vernement de coalition grec est finalement parvenu à un accord interne sur le contenu du nou-veau plan d’austérité. Les négo-ciations entre les trois partis de gouvernement, Pasok, Nouvelle Démocratie et Laos, ont abouti jeudi à l’élaboration d’un texte d’une cinquantaine de pages qui en détaille les différentes mesures.Parmi elles, la baisse de 22 % du minimum salarial, ramené autour de 580 euros par mois. Mais aussi des coupes de 15 % dans les retraites complé-mentaires et la suppression rapide de 15 000 fonctionnaires publics. Des mesures impopu-laires qui provoquent déjà la co-lère des syndicats hellènes. Les deux principales organisations n’ont pas attendu l’annonce de l’accord pour appeler à un mou-vement de grève massif pour vendredi et samedi.Prochaine étape : l’approbation du plan par le Parlement grec, qui étudiera l’accord dimanche,

pour que le programme soit validé. L’enjeu est décisif pour l’avenir du pays. La présenta-tion d’un projet solide est en effet la condition sine qua non au sauvetage financier du pays par les Etats membres de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI). Sans cela, la Grèce devra faire face au blo-cage du prêt de 130 milliards d’euros promis fin octobre par les pays de la zone euro.

Un émissaire à BruxellesC’est le ministre grec des Fi-nances Evangélos Vénizélos qui a endossé le rôle d’émissaire à Bruxelles. Dans le cadre d’une réunion jeudi à 18h, il a dû défendre le contenu du plan de-vant ses homologues européens. Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, annonçait en fin de journée qu’aucune décision ne pouvait être prise, plusieurs points du programme étant en-core à éclaircir. Une déclaration qui ne présage rien de bon pour la Grèce.

o Alexis Duval

Le ministre grec des finances, Evangélos Vénizélos, participait jeudi à une réunion de l’Eurogroupe (John Kolesidis/Reuters)

Des réactions contrastéesA l’annonce de l’accord, les réactions ne se sont pas faites attendre. Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, a assuré la coalition de son soutien et jugé qu’un tel plan était « très encourageant ». Le ministre des Finances slovaque Ivan Miklos a quant à lui fait entendre un son de cloche bien différent. Il a en effet déclaré être opposé à toute aide publique supplémentaire à la Grèce au-delà du plafond espéré de 130 milliards d’euros. Pour rappel, le pays avait refusé le premier plan de soutien à la Grèce en 2010.

n Paul Dubrule, l’ancien co-président d’Accor à la répu-tation sulfureuse, lance deux nouveaux concepts d’hôtelle-ries : en se positionnant sur le créneau low-cost d’une part, sur le haut de gamme d’autre part.

Offrir à moins de 20 euros la nuit une chambre design avec toutes les prestations de ser-vice de base. Tel est le concept d’Eklo. L’ancien sénateur UMP a imaginé des hôtels compacts, sans salles de réunions, ni halls grandioses ou restaurant gastro-nomique, pour cibler les meil-leurs emplacements en centre-ville. Les deux premiers sont prévus à Arras et Lens (Pas-de-Calais).

Codes-barresLe second projet, OKKO, re-groupe des hôtels lifestyle de 3 et 4 étoiles où la chambre sera proposée à une centaine d’euros la nuit. La chaîne s’engage à proposer des prix inférieurs de 20% par rapport à ses concur-

rents. Pour y parvenir, tout a été simplifié: réservation et paie-ment en ligne, attribution par e-mail d’un code-barres pour accéder à la chambre. Il s’agit de limiter l’attente du client au maximum et de recentrer le personnel sur la qualité de l’ac-cueil. Paul Dubrule se donne dix ans pour constuire 50 Okko en France. Les premiers hôtels devraient voir le jour à l’horizon 2013 à Nantes et Grenoble.

o Thibault Dubreuil

HÔTELLERIE Nouvelles offres

Accor casse les prix

Image 3D du futur hôtel Okko de Grenoble (DR)

n Bien connue pour être intrai-table en affaires, Apple rend la vie dure à ses revendeurs, lesApple Premium Resellers (APR). Alors que le chiffre d’af-faires de la marque à la pomme s’envole, celui des revendeurs indépendants s’effrite. Une soixantaine de salariés d’APRont manifesté jeudi devant l’Apple Store Opéra à Paris pour protester contre le traite-ment que leur inflige le géant américain de l’informatique.La pomme de discorde ? L’achalandage des magasins qui serait rationné au profit des gros Apple Stores. Un salarié de Tryo, un revendeur Apple agréé du 5e arrondissement en témoigne : «Apple priorise clairement ses magasins et les Apple Stores en sont les pre-miers bénéficiaires. Dès qu’il y a une pénurie, nous sommes les premiers touchés. Nous avons eu de gros problèmes d’appro-visionnement en décembre.»Apple fait également peser de très lourdes contraintes sur ses revendeurs agréés. Le cahier

des charges à respecter est de plus en plus drastique et la marge dégagée par les Premium Resellers est quasi nulle. A se demander si Apple ne cherche pas purement et simplement à faire disparaître les revendeurs au profit de ses boutiques offi-cielles.

Des marges en chute libre«Dégager un bénéfice en ne vendant que des machines est impossible. Nos marges chutent et dépassent rarement les 2%. On vit grâce à la main-tenance.» explique ce même sa-larié de Tryo. «C’est vrai qu’on pourrait penser qu’Apple veut se débarasser de nous, mais nous leur rendons quand même service en effectuant certaines réparations qu’ils ne proposent pas». Une plus-value qui a ses limites : l’entreprise eBizcuss, revendeur Apple depuis 1992 et numéro un français du sec-teur, a vu son chiffre d’affaires chuter de 30% ces trois derniers mois.

o Pierre Fesnien

ENTREPRISES Manifestation contre Apple

Des revendeurs maltraités

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ECO/CONSO

n Cette femme est une bat-tante. Sa réussite profession-nelle est le fruit de son achar-nement et de sa loyauté. Maria das Graças Silva Foster, 58 ans, sera nommée à la tête du géant pétrolier brésilien Petrobras le 13 février prochain, à l’issue du conseil d’administration qui devrait marquer l’apogée de sa carrière exemplaire. Graças Foster a grandi dans une favela de Rio de Janeiro, et s’est forgée une réputa-tion de travailleuse sérieuse et exigeante. « Elle n’est pas du genre à rester assise der-rière son bureau. Elle se rend en personne sur le terrain pour inspecter les chantiers en cours », racontait récemment un fonctionnaire du gouverne-ment. Des qualités semblables à celles de son amie, la prési-dente Dilma Rousseff.

Modèle de loyauté Le quotidien brésilien « O globo » décrivait d’ailleurs une « mão de ferro no controle da Petrobras » (une « main de fer au contrôle de Petrobras »). En 1978, elle intègre l’entre-prise Petrobras en tant que simple stagiaire. Ingénieur chimiste de formation, elle ne quittera plus le groupe. Sa fidé-lité est récompensée puisqu’en 2007 elle devient directrice du département « gaz naturel et énergie ». 34 ans plus tard, elle prend la direction de son entreprise, la plus puissante d’Amérique du Sud, d’après le classement établi par la revue «

América Economia ».

Préserver l’indépendanceGraça Foster aura pour mis-sion d’augmenter la produc-tion pétrolifère de Petrobras, et d’accélérer l’exploration des gigantesques réserves de pé-trole découvertes fin 2007 dans la zone de Tupi, au large des côtes est et sud-est du Brésil. Un gisement qui placerait le pays au 4ème rang des produc-teurs mondiaux de pétrole brut. L’assurance d’une indépen-dance préservée. A l’époque,

le président Lula avait d’ail-leurs refusé d’intégrer l’OPEP (Organisation des pays Expor-tateurs de Pétrole), conscient d’être assez puissant pour pou-voir se passer du soutien des pays membres. Intégrée à la liste des 50 femmes d’affaires les plus puissantes au monde par le Financial Times, cette épouse et mère de deux enfants illustre parfaitement la volonté de Dilma Rousseff de confier aux femmes des postes à responsabilité.

o Sophie Rahal

La nouvelle reine de l’or noir

Hasard du calendrier. Alors que le débat sur les délocalisa-tions s’est installé

au cœur de la campagne pré-sidentielle, Renault inaugure en grande pompe une usine à Tanger. Son PDG Carlos Ghosn était ce jeudi matin au Maroc, aux côtés du roi Mo-hammed VI, pour baptiser la première ligne d’assemblage d’un monospace à bas coûts.

La droite monte au créneauUne implantation controver-sée qui a fait réagir la droite. Christian Estrosi, ancien mi-nistre de l’Industrie, a lancé

la première pierre : « Renault joue contre le gouvernement et contre l’industrie française ». Puis Louis Aliot, Nicolas Dupont-Aignan et Gérard Lar-cher, entre autres, y sont allés de leur petite phrase. Jusqu’à Dominique de Villepin, candi-dat à la présidentielle,0 qui a indiqué « regretter une erreur stratégique » du constructeur français détenu à 15% par l’Etat. La gauche et le chantre du « consommer français », François Bayrou, étaient en-core restés discrets sur le sujet en fin d’après-midi.De son côté, le PDG de Re-nault a fait valoir que l’usine

de Tanger, véritable « tête de pont vers le marché africain », viendrait ajouter du travail en France. Notamment à tra-vers les « pièces livrées depuis l’hexagone et tout le travail d’ingénierie », à hauteur de 800 euros par véhicule.

100 000 emplois supprimésD’après le Comité des constructeurs français d’auto-mobiles (CCFA), les indus-triels du secteur auraient sup-primé plus de 100 000 postes en 10 ans. Renault produit désormais moins de 30% de ses voitures en France.

o Séverin Graveleau

PETROLE Graça Foster à la tête de Petrobras au Brésil EN brEf

INDUSTRIE Carlos Ghosn aux côtés du Roi du Maroc

07 - ExprESSO - MErCrEdi 8 fEvriEr 2012

Renault choisit Tanger

Baisse des prix du coton

n Trop de coton sur le mar-ché. C’est ce qui résulte du dernier bilan du Comité consultatif international du coton (ICAC). Ce dernier estime que la production mondiale en 2011/2012 de-vrait s’élever à 26,8 millions de tonnes. Soit un bond de 7% en un an. En parallèle, les prévisions de demande industrielle s’élèvent à 23,7 millions de tonnes. Cet écart entre offre et demande est responsable de la baisse observée depuis près de dix mois. Hier à New York, la livre de coton pour livraison en mars terminait encore sur un recul, à 93,60 cents, loin des deux euros du début 2011.

Le luxe se porte bienn Pas de crise pour Hermes. Le groupe de luxe a annoncé avoir vu ses ventes bondir de 18 % en 2011. Alors que la consommation mondiale a baissé sur la même période ; vêtements, parfums, horlo-geries vintages se sont ven-dus comme des petits pains: +17% en Europe, +26% aux Etats-Unis et en Asie… A 275 euros, le prix de son action en bourse atteindrait presque celui d’un de ses produits d’entrée de gamme.

Les A380 inspectés

n L’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a demandé mercredi à ce que les 68 Airbus A380 en ser-vice dans le monde soient tous inspectés. Des fissures sont apparues sur la voilure de certains avions. Une étude a démontré que ces fissures apparaissaient après 1300 cycles de vol (un cycle = un décollage et un atterrissage). Le nombre de commandes en cours d’A380 s’élève actuel-lement à 253.

Dilma Rousseff et Graça Foster, réunies l’an dernier à l’occasion de la remise d’un prix aux entreprises brésiliennes «les plus admi-rées» (© Renato Frasnelli)

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08 - ExprEsso - VENDrEDI 9 féVrIEr 2012

culturEPHOTOgraPHie Malgré le succès du numérique, l’argentique résiste

Lomographie-moi !

n Instantanéité, retouches, possi-bilité de saisir un instant à l’infini jusqu’à obtenir l’image parfaite, le numérique a fait de la photo-graphie un geste banal du quoti-dien. Pourtant, depuis quelques années, il n’est pas rare de voir ressurgir de drôles d’appareils qui semblent venir d’un autre temps.

Dans le Xe arrondissement de Paris, à quelques rues de la Gare du Nord, la boutique « Lomo-graphy Check In » est l’un des deux points de vente parisiens de la marque Lomography, qui par extension a donné son nom à un type de photographies ar-gentiques. Le petit local regorge d’appareils bariolés, disposés sur des valises en cuir et entou-rés de clichés en tout genres. « La lomographie, c’est la des-truction des complexes en pho-

tographie, l’expérimentation, le jeu avec une part de surprise », nous explique JB, le vendeur qui est aussi « lomographe ».

Vintage recherchéLe but n’étant pas de faire une photo parfaite et lisse, les « ac-cidents de pellicules » (comme des tâches provoquées par la lumière) sont au contraire considérés comme un détail à part entière de la composition. « Avec l’argentique, ce qui est fait est fait. L’erreur fait partie de la surprise », glisse JB alors qu’il raconte l’histoire des dif-férents modèles. « Le Diana par exemple était considéré comme le pire appareil du monde à cause des coins noirs sur les photos. Aujourd’hui, on consi-dère ça comme un style ». La nostalgie de l’argentique et l’esthétique qui lui est propre

attire de plus en plus d’ama-teurs. Mais qui sont-ils ? « On reçoit tout type de clients, des gros novices souvent jeunes comme des personnes plus âgées contentes du retour à l’argentique parce qu’elles ne comprennent rien au numé-rique », répond JB. Et la com-

munauté « lomo » ne cesse de s’agrandir. Ateliers, safaris photos et événements surprise sont l’occasion d’échanger et de se donner des astuces. Alors, vrai retour de l’argen-tique ou simple effet de mode qui s’inscrit dans la tendance vintage ? o Sara Taleb

Le rétropolitain, amateur de vinyle et d’argentiqueL’engouement pour la lomographie s’inscrit dans le cadre plus vaste de la « rétromania », tendance forte de la culture et de la consommation des années 2000. Chroniquée par le journa-liste américain Simon Reynolds dans le best seller éponyme qui sort jeudi en France, cette ultra dépendance au passé dans la musique, les films, la mode et le cinéma est selon lui liée à l’accès illimité et continu aux archives de la pop culture des cinquante dernières années via Internet. Le rétropolitain, fan de photos vintages, de vinyles, portant Ray Ban carrées et chemise en jean est le produit de cette mode.

o guillaume gendron

Dans la boutique «Lomography Check In» à Paris (Xe), la pellicule est reine. © Sara Taleb

n M.I.A s’était faite discrète en 2011. La rappeuse britannique d’origine tamoule semblait, comme le dit son acronyme, Missing In Action (littérale-ment « portée disparu »). Pas de clip ultraviolent provoquant l’ire des censeurs du net (la vidéo de Born Free et son al-légorique génocide roux avait été censurée sur Youtube en 2010) ni de véritables chansons à se mettre sous la dent mis à part un hommage bâclé à Amy Winehouse. Les critiques dissertaient sur son manque d’inspiration et sa supposée hypocrisie (révolu-tionnaire tiers-mondiste dans

ses chansons et princesse de Beverley Hills à la ville). Sans compter ses déclarations pas-sées désormais embarrassantes comme son apologie de Kad-hafi en icône de mode.La recette de l’oubli ? Un doigt d’honneur en direct à l’atten-tion des dizaines de millions de spectateurs du Superbowl lors de son apparition aux cotés de Madonna, et un clip instanta-nément culte, Bad Girls, signé par le Français Romain Gavras. Renouant avec le style ghetto oriental qui a fait son succès, M.I.A revient sur le devant de la scène avec fracas.

o guillaume gendron

n Anne Lauvergeon, Rachi-da Dati, Anne Hidalgo, Flo-rence Arthaud et quelques autres femmes de pouvoir squattent les pages de Marie-Claire, bien dégui-sées en hommes. Elles re-viennent sur leur parcours, racontent combien il serait plus simple d’être un mâle. Bonnes filles, elles attirent l’attention sur le machisme et les inégalités femmes-hommes. Rien de révolutionnaire dans le concept. Déjà les membres de La Barbe s’invitent dans les lieux de

pouvoir, pastiche masculin au bas du visage. Et pour-tant, Christine Leiritz, la red-chef du mensuel, avoue que ces dames, pourtant volontaires, n’étaient pas toutes à l’aise avec la dé-marche. « Féminisme » étant devenu un vilain mot, une cause perdue pour hystériques frustrées, il va falloir apprendre à accep-ter ce type d’initiatives un peu molles, certes, mais presque consensuelles. En attendant de voir la même chose dans FHM...

oJustine Salvestroni

MUSiQUe La rappeuse choque au Superbowl

Come-back de M.I.AbIllEt D’humEurDes femmes qui en ont

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VENDREDI 10 féVRIER 2012- ExpREsso - 09

spoRts

n Mercredi soir avaient lieu les deux matches de demi-fi-nales de la Coupe Africaine des Nations (CAN). Contre toute attente, la Zambie, emmenée par Hervé Renard, l’a emporté sur le Ghana, pourtant favori, avec l’unique but de la ren-contre (Mayuka, à la 78e). L’en-traîneur, au micro de RFI, s’est montré satisfait de la grande solidarité de l’équipe, malgré le jeu parfois « médiocre » des Chipolopolos. « Il faut tou-jours rester humble. […] Il y a certainement quelque chose d’écrit pour qu’on gagne cette coupe », a-il déclaré. Les vain-queurs ont aussi bénéficié des actions ratées de leurs adver-saires, Gyan en tête, sorti à la 78e.

Revanche des ChipolopolosLa Zambie affrontera donc la Côte d’Ivoire (qui a sorti le Mali sur un but de Gervinho à la 44e), à Libreville dimanche. Cette rencontre pourrait être la première victoire des Chipolo-polos lors d’une CAN, après les défaites en demi-finale de 1974 et 1994. Et l’occasion tant rêvée de rendre hommage aux 18 membres de l’équipe décédés en 1993, lors d’un accident d’avion près dans la capitale gabonaise.

o Justine Salvestroni

EN bREf

FOOT Le sélectionneur de l’Angleterre démissionne

Capello claque la porteLa situation était devenue

intenable pour Fabio Ca-pello. Désavoué par son

employeur, la puissante Fédé-ration Anglaise (FA) et conspué par les médias, le sélectionneur de l’équipe d’Angleterre a dé-missionné de son poste mer-credi. Sa faute : avoir soutenu publiquement John Terry, le ca-pitaine anglais, empêtré dans un énième scandale. Le controver-sé défenseur de Chelsea (voir encadré) est accusé par Anton Ferdinand, joueur des Queens Park Rangers et frère de Rio, (coéquipier de Terry en équipe nationale) d’avoir proféré des insultes racistes à son encontre lors d’un match de championnat au mois d’octobre.

Un soutien fatal à TerryLe soutien de Capello pour son capitaine est d’autant plus mal-venu qu’en début de semaine, la FA avait pris la mesure conservatoire de déchoir John Terry du capitanat dans l’at-tente de son procès en juillet 2012, le considérant indigne de porter le brassard. L’entraî-neur des Three Lions, en poste depuis 2007, n’a pas supporté d’être ainsi destitué de son autorité. Invité à la télévision italienne mardi soir, il se décla-rait en total désaccord avec la FA et assurait à Terry qu’il res-

terait le « de facto » capitaine. Le lendemain, sous le feu des critiques, il démissionnait.

Un entraîneur contestéLe départ du technicien ita-lien n’attriste pas franchement l’opinion publique. Malgré un

bilan sportif correct, son salaire mirobolant (7 millions d’euros par an) ainsi que son refus de perfectionner son anglais et ses manières distantes l’avaient rendu impopulaire depuis long-temps.

o Guillaume Gendron

n Le prix Roland-Dorgelès, décerné par l’association des Ecrivains combattants, récompense chaque année deux journalistes de l’audio-visuel. Les lauréats 2011 sont Stéphane Bern (France 2) et Philippe Vallet (France Info)

qui se sont distingués par leur expression soignée en fran-çais. Parmi les autres preux grammairiens, Arlette Chabot ou Jean-Pierre Elkabach. La maîtrise de la langue de Mo-lière serait-elle l’apanage des élites journalistiques ?

n Entre livre et magazine, France Cultures Papiers pro-posera à partir du 23 février prochain le meilleur de la radio en 192 pages. Le tri-

mestriel, vendu au prix de 14,70 euros, est une tenta-tive inédite et surprenante, alors que la presse écrite est en crise.

n Selon un sondage publié dans Le Parisien mercredi, 59% des internautes français souhaitent que les émis-sions soient plus interac-tives. Plus de la moitié ont déjà recommandé une émis-sion via Facebook et Twitter.

Au total, ils sont 64% à dé-clarer qu’ils aimeraient que la télévision leur laisse plus de place. Réseaux sociaux, smartphones et télé-réalité seraient à l’origine de cette envie de participer, pas seu-lement pour gagner.

n Ils sont neuf, ils sont à la tête de grands médias audio-visuels français et demandent un assouplissement de la règle de stricte égalité du temps de parole à laquelle télévisions et radios devront se soumettre à compter du 20 mars, date de communication de la liste des candidats défi-nitifs à l’élection présiden-tielle.

Changer la règle Les directeurs de rédaction de RTL, France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, Europe 1, RMC, BFM TV et BFM Business ont décidé, lundi, d’adresser une lettre à Jean-Louis Debré, président du Conseil constitu-

tionnel. Le cénacle de l’audio-visuel réclame que la période de l’égalité soit limitée à deux semaines avant le premier tour des élections.

Garantir le débatMatthieu Aron, directeur de la rédaction de France Inter, précisait, jeudi matin, que « le CSA et la commission nationale de la campagne reconnaissent eux-mêmes que respecter la règle est presque impossible ». Il craint par ail-leurs que cela conduise à une limitation du temps de parole qui conduirait à l’interdiction d’organiser tout débat ce qui serait « regrettable dans un tel moment démocratique ».

o Aurore Dupont

CSA Appel au Conseil constitutionnel

Temps de parole, les médias se rebiffent

C’est la conclusion du long désamour entre l’Italien et la Fédération Anglaise © Reuters

Surprise en finale

CAN Zambie

John Terry, capitaine sulfureuxBagarres en boîtes de nuit, conduite en état d’ivresse, addic-tion au jeu, entourage familial trouble et maintenant accusa-tion de racisme, le capitaine de Chelsea traîne de nombreuses casseroles depuis le début de sa carrière. En 2010, les tabloïds anglais l’accusent d’avoir trompé sa femme avec la compagne de son meilleur ami, Wayne Bridge, son coéquipier en club et en sélection. Devant l’ampleur du scandale, Terry perd une première fois son brassard de capi-taine des Three Lions. Ironiquement, cette décision avait été prise par Fabio Capello à l’époque.

« De l’écoute à la lecture »

Plus d’interactivité à la télé

Roland-Dorgelès, wesh !

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ExprEsso09 02 2012 # 08

Des chaussons aux éperonsportrait Des soirées western dans le ranch d’Adamo Walti

«Bienvenue ! Vous tom-bez bien, on va bien-tôt passer à

table. » A peine entré dans les écuries et on fait déjà partie de la famille. Chez Adamo Walti, la tablée s’agrandit au gré des visites. Au centre du manège, la démarche claudicante et coiffé de son chapeau country, il a des allures de cowboy. Il s’en défend : « je ne suis pas un cowboy et je ne forme pas de cowboys. Je ne crache pas dans ma soupe […] et je suis incapable d’attraper une chaise au lasso » . Cet ancien danseur reconverti en cavalier se définit lui même comme « for-mateur, expert fédéral et juge dans les compétitions d’équita-tion western ». Exit les chaus-sons, ce sont maintenant les bottes qu’il chausse pour monter Silver, le cheval blanc qui obéit au moindre de ses gestes. Un pas en avant et le cheval se fige, un pas en arrière et il reprend son pas. S’il parvient à un tel résul-tat, c’est avant tout parce qu’il s’identifie à sa monture. C’est elle qui joue le rôle de porteur qu’Adamo a lui même assuré pendant ses jeunes années, por-tant sa femme et partenaire à bout de bras pour réaliser les figures les plus périlleuses.

De la scène au manègeIl a l’habitude des projecteurs et après avoir trouvé son bon-heur sur les planches du Lido et du Moulin Rouge, c’est au-

jourd’hui dans la sciure qu’il s’épanouit. Une passion née de la rencontre avec un cheval. Le premier palomino français, à la

crinière blonde. « Je l’ai trouvé deux mois après la disparition de ma femme et comme je ne crois pas au hasard, je pense que ma

femme est revenue sous la forme d’un cheval blond ». Mêlant danse et équitation, il n’hésite pas à jouer les Quasimodo à che-val aux côtés de la jeune Audrey Larcade, Esméralda d’un jour et cavalière talentueuse à qui il a tout appris. Lorsqu’Adamo Walti monte à cheval, c’est le danseur qui s’exprime. Il calcule ses gestes selon le « tempo » de l’animal. Et un, et deux…

Une rare humilitéL’homme a un savoir-faire et un talent inné pour dresser les chevaux. S’il ne se définit pas comme éthologue (spécialiste du comportement des espèces ani-males), c’est pourtant dès leur plus jeune âge que les poulains apprennent à se familiariser avec les codes de l’équitation western à travers sa voix et ses gestes. Une attitude qui n’est pas sans rappeler celle de Robert Red-ford qui tient le rôle principal dans « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ». Adamo n’a pas d’atypique que le nom. D’une rare humilité, il considère que le travail qu’il accomplit ne relève pas de l’exceptionnel. Il n’hésite d’ail-leurs pas à partager ses secrets avec les cavaliers qu’il prend sous son aile. Rendez-vous avec Adamo pour une soirée western samedi 11 février, dans son ranch d’Etrechy (banlieue sud de Paris), dans le far west parisien. On peut venir seul ou accompagné… d’un cheval.

o Aurore Dupont

« Je suis incapable d’attraper une chaise au lasso. »

ExprEsso iNsoLitEsEtats-UnisLes meilleures facs pour nerdsn Le site InsideCollege vient de mettre au point un classement pour le moins étrange. Le spécialiste en ligne de la vie universitaire outre-Atlantique a hiérar-chisé les campus américains en fonction de l’accueil plus ou moins chaleureux réservé aux étudiants «socialement mal à l’aise». L’expression fait référence aux personnes qui ont peur des interac-tions avec les autres. Soit très souvent les nerds, ces solitaires passionnés de sciences et de techniques. Parmi les uni-versités qui offrent le cadre le plus épa-nouissant, la palme revient à Albion Col-lege, dans l’Etat du Michigan.

ModeLouis Vuitton se met au latexn Envie de haute couture ? Optez pour le préser-vatif Louis Vuit-ton. Parsemé du célèbre sigle « LV » en relief pour plus de sensations, le bout de latex est vendu 68 dol-lars, soit envi-ron 50 euros. Un plaisir raffiné que tout le monde ne pourra pas se permettre…

FlorideInvasion d’escargots géantsn La scène peut sembler cocasse, mais c’est un sujet qui inquiète les habitants de Miami, en Floride. La métropole du sud-est des Etats-Unis est victime d’une invasion massive d’escargots géants. Originaires d’Afrique, ces gastéropodes dont la taille peut dépasser la largeur d’une main se reproduisent à une vitesse phénoménale. Depuis le début de leur traque en septembre, 35 000 spécimens ont été capturés. Un précédent avait déjà mobilisé la Californie au début du siècle dernier. Trois spécimens importés d’Afrique étaient à l’origine de la prolifé-ration des gastéropodes.

08 - ExprEsso - VENdrEdi 9 FEVriEr