No 28 Francev Magazine

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N° 28 • Printemps 2010 Voyage SALZBOURG LA ROME DU NORD Marathon ROME AU CŒUR DE L’ANTIQUITÉ ROMAINE L’année Chopin LE GÉNIE QUE LE CIEL A ENVIÉ À LA TERRE QU’EST-CE QUE LA RUSSIE ? LES GRANDS ÉCRIVAINS RUSSES LA RUSSIE AFRICAINE >Spécial Russie

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France Magazine, le magazine des Français établis hors de France

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N° 28 • Printemps 2010

VoyageSALZBOURGLA ROME DU NORD

MarathonROME AU CŒUR DEL’ANTIQUITÉ ROMAINE

L’année ChopinLE GÉNIE QUE LE CIELA ENVIÉ À LA TERRE

QU’EST-CE QUE LA RUSSIE ?LES GRANDS ÉCRIVAINS RUSSESLA RUSSIE AFRICAINE

>Spécial Russie

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Lamondialisation, dont onnous rebat les oreillesdepuis quelques années,

n’est évidemment pas une fic-tion, même si M. Ben Ladens’est chargé de rappeler auxplus optimistes que lemode devie occidental, tout particuliè-rement sous sa forme conqué-rante anglo-saxonne, ne faisaitpas vraiment l’unanimité. Le

corollaire de l’établissement plus ou moins aisé dufameux “village global” est le renforcement des iden-tités locales et régionales, des attachements qui n’ontrien de cocardier mais ouvrent au contraire des pers-pectives de coopération nouvelles entre voisins, entrecousins.Plusieurs régions franco-suisses sont, cela va sansdire, concernées au premier chef par cette évolutionqui ne surprend que quelques technocrates élevéshors sol. On a coutume de citer en exemple la RegioBasiliensis, confluent de trois pays. Du côté du Jura,ou de Genève, la réussite reste encore moins écla-tante, et pourtant… Le passé, supposé nous éclairer,nous montre qu’avant la Première Guerre mondiale,la région trans-frontalière consti-tuait, ici commeailleurs, une fla-grante réalité.Comme le ditavec finesse l’an-thropologuemar-seillais YannickJaffré, « le passé est un recours, mais ne doit pas êtreun retour ». Inspirons-nous donc de nos arrière-grands-parents pour bâtir des structures respec-tueuses de nos différences, mais porteuses de noscomplémentarités.Le Projet d’agglomération franco-valdo-genevoiseparaît, dans ce contexte, une avancée considérable.Ses effets concrets et véritablement nouveaux, qui neportent à ce jour que sur des points mineurs, vont sedéployer au cours de la décade qui s’amorce dans desdomaines aussi cruciaux que l’économie et l’emploi,le logement et les transports, l’éducation et la santé.Bien entendu, dans tous ces secteurs, de belles réa-lisations préexistantes sont heureusement là pourfaire office de fondations à l’édifice. Il y a eu des vi-sionnaires, et il y en aura encore. Cela nous réjouit aumoment où, à l’hystérie anti-frontalière de certainsénergumènes microcéphales du côté genevois, ré-pond, des hauts d’Evian, l’arrogance agressive d’unvague potentat de bourgade obnubilé par l’idée d’ac-cueillir un sommet du G 20, quelles que puissent enêtre les conséquences de l’autre côté du cordon deCRS.

AvenirtransfrontalierÉditeur, Directeur de la Publication, Rédacteur en chef

Serge Cyril VinetRédacteur en chef Adjoint

Didier AssandriÉditorialiste

Thierry OppikoferDirecteur de la Communication

Victor NahumDirecteur du Comité de Rédaction

Bernard DaudierEdito : Thierry OppikoferPolitique internationale : Antoine FrassetoComportement : Jacques NeirynckEntretien : Suzanne ThiaisConjoncture : Marie-Ange AndrieuxJ’aimerais vous dire, La Note Bleue : Serge Cyril VinetRadioscopie : Joanna David-ManginToile, Langage : Philippe BilgerCarte Blanche : Jacques-Michel TondrePiratage informatique : Didier AssandriSanté prévention : Jean-Jacques DescampsLe billet de Dany : Dany VinetLa Russie africaine : Samira AguerguanFrancophonie : Jean-Pierre MollietLangage : Claude HagègeChronique littéraire, Hommage : Dominique OrtizLe tour du monde des marathons : Patrick BlaserCarnets de voyage : Kathereen AbhervéÉcho du terroir de Crimée : Alain BarrièreGastronomie : Jean-Jacques PoutrieuxLe mot de la fin : Corinne Braquet-BéjotRégie publicitaire

Daedalus Publi FMImprimerie

Weber Color SAConception graphique

RaphisTirage : 80.000 exemplaires vérifié par attestation notariale

Expatria Cum PatriaAssociation nationale des Français établis hors de France - Loi 1901Président-Fondateur : Serge Cyril VinetVice-Président : Jean-Jacques PoutrieuxSecrétaire Général : Marie-Thérèse Clausen

N° 28 • Printemps 2010

Fièvre dans le Caucase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 04L’indiscipline latine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 06Entretien avec Jean-Pierre Asvazadourian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 08Quels enjeux d’une croissance annoncée ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 10Qu’est-ce que la Russie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 14Cher pays de notre enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 18Le Net n’est pas le Diable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 20Du bon usage de l’e-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 22Le défi des entreprises sur la protection des données . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 24Lettre d’information pour les Français de l’Étranger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 26Le jardin de Jacky . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 30Au Pays de Vania ou les fastes de la Cour Impériale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 34Quand la Dame de pique avait du cœur… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 36Les grands écrivains russes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 40L’exemple du Jura . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 44Le français, langue rare . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 46L’anglais est un danger mortel pour la diversité des langues . . . . . . . . . . . P. 46Qui va sauver le français ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 48Remise du Grand Prix Littéraire Jean d’Ormesson au Lauréat 2009. . . . . . P. 50Est-ce vraiment vrai ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 52Le Duc de Richelieu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 54Ils agissent partout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 58Hommage à Philippe Séguin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 60Tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau . . . . . . . . . . . . . . P. 64Frédéric Chopin L’incomparable Génie que le ciel a envié à la Terre . . . . . . P. 70Rome Au cœur de l’antiquité romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 74Salzbourg La Rome du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 82Le climat en Crimée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 88Les fêtes chrétiennes, base de l’art culinaire français . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 92De la somme de toutes les coïncidences nécessaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 96

ÉditorialSommaire

Thierry Oppikofer

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Politique internationale

Ancien patron d'entreprise, fort d'une expérience degestionnaire, ce proconsul a été investi par le pré-sident Medvedev d'une mission difficile : pacifier

une région minée par le chômage, la criminalité écono-mique et la corruption, mais surtout en proie à une sédi-tion islamiste qui n'a pas baissé les armes mais quicherche plutôt à s’étendre, comme I'ont montré en no-vembre 2009 à quelques jours d'intervalle, le meurtredans une église de Moscou d'un prêtre orthodoxe quiavait critiqué l'Islam, et de façon plus spectaculaire, l'at-tentat contre le Nevski Express reliant la capitale à Saint-Petersbourg. Revendiqué par l'émir autoproclamé duCaucase, un ancien president indépendantiste de Tchét-chénie qui a pris le maquis, cet attentat meurtrier a té-moigné de la virulence et des capacités d'action d'unterrorisme islamique qui peut frapper partout en Russie.Ce “super-préfet” aura aussi reçu pour tâche de briderles élans du président tchétchène, le féroce Kadyrov, qui n'hé-site pas à franchir ses frontières pour traquer l'ennemi dansles république voisines du Daghestan et de I'lngouchie. Eneffet, si la politiquemenée par le Kremlin, associant la carotteet le bâton, c'est-à-dire la répression armée et le généreuxsoutien aux dirigeants locaux, a permis d'éviter l'embrasementgénéral du Nord Caucase et la “tchétchénisation” de la régiontoute entière ; la violence y demeure sporadique et elle faitdésormais tache d'huile. En Tchétchénie, oùMoscou a annoncéau printemps dernier la fin des opérationsmilitaires ouvrant lavoie à un retrait des troupes russes, les affrontements conti-nuent entre l'armée et les rebelles, et les brutalités n'ont pascessé contre les droits de l'homme et leurs défenseurs. En In-gouchie, c'est unministre qui a été tué, tandis que le présidentéchappait de peu l'été dernier à un attentat.Si le Nord du Caucase, le Caucase russe, reste la proie d'unefièvre où semêlent demanière confuse des ferments religieuxet nationalistes, ce sont d'autres fièvres qui ont saisi les an-ciennes républiques soviétiques situées au sud, devenues in-dépendantes à la chute de I'Union Soviétique en 1991 : Géorgie,Arménie et Azerbaïdjan. Mais pour comprendre les turbu-

lences qui affectent cette régipn du monde, il est nécessaired'opérer un bref survol des hautes cimes et des vallées pro-fondes dont elle est formée.Située entre le Mer Noire et la Mer Caspienne, bordée au sudpar Ia Turquie et l’Iran, la région du Caucase qui formait na-guère le glacis méridional de l'Union Soviétique, se présentecomme un carrefour où se sont heurtés, au fil des siècles,conquérants et empires. Ces flux et reflux ont déposé commedes sédiments des populationsmultiples, qui ont composé unemosaique d'ethnies, de langues et de religions. Ce morcelle-ment explique en partie le destin d'une terre qui a été delongue date une zone de conflits, terre d'invasions où les vi-cissitudes de I'Histoire ont laissé leurs cicatrices. Afin de s'as-surer des débouchés vers les mers chaudes, l'Empire destsars a cherché au XIXe siècle à y asseoir sa domination et, àcette fin, à en remodeler le peuplement. L'Union soviétique,sous l'impulsion de Staline, est restée dans cette même lo-gique. Soucieux de diviser pour mieux régner, le pouvoir so-viétique s'est ingénié pour sa part à créer des entités politiqueset administratives largement artificielles et hétérogènes entermes de langue et de culture. Jusqu'en 1989, I'URSS a cher-

Antoine Frasseto

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ANCIEN AMBASSADEURDE FRANCE, ANCIENCONSUL GÉNÉRAL DEFRANCE À GENÈVE

FièvredansleCaucaseL'ANNÉE 2010 MARQUE-T-ELLE UNE REPRISE EN MAINS PAR

MOSCOU DE I'INDOCILE RÉGION DU NORD CAUCASE ? C'EST CEQUE POURRAIT SUGGÉRER LA RÉCENTE NOMINATION D'UN

ANCIEN OLIGARQUE DE 44 ANS À LA TÊTE D'UNE SUPERRÉGION REGROUPANT LES SIX RÉPUBLIQUES CAUCASIENNES :

TCHÉTCHÉNIE, INGOUCHIE, DAGHESTAN,KABARDINO-BALKARIE, TCHERKESSIE ET OSSÉTIE DU NORD.

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Politique internationale

ché à la fois à attiser et à contenir les conflits pour maintenirsous son contrôle les differentes communautés. Mais les ten-sions demeuraient vives sous ce calme apparent.C'est sur cette toile de fond tissée par I'Histoire qu'il faut ob-server les grands bouleversements qui ont affecté la région aucours des dernières décennies : au plan politique, la fracturedu Caucase, dont le versant sud a échappé à l'emprise deMos-cou lors de la dissolution de I'Union soviétique. Au plan éco-nomique, la montée en puissance d'une région qui jouedésormais un rôle-clé sur la carte énergétique dumonde, à lafois zone de production à partir des riches réserves en hydro-carbures de l'Azerbaïdjan, et artère vitale sur la route qui relieles gisements de I'Asie Centrale à l'Europe. Par l'effet de cesréalités nouvelles, la Transcaucasie se trouve aujourd'hui aucentre d'un échiquier où se jouent de vastes conflits d'intérêtset où se dessine une nouvelle ligne de front entre les grandespuissances. La Russie, qui court derrière sa grandeur perduecherche à conserver son influence dans son ancien glacismé-ridional et, si possible, à y reprendre le pouvoir. Les Etats-Unis,

tissement, a atteint son but : tracer une ligne rouge dans cettepartie de son ancien empire, qui doit demeurer son arrière-cour.Quant aux relations entre l'Azerbaidjan et l'Arménie voisine,elles demeurent empoisonnées par un autre contentieux ter-ritorial : celui du Haut-Karabakh, enclave peuplée d'Armé-niens mais rattachée àl'Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.Après six ans d'une guerremeurtrière, qui a fait plus de 15 000morts et 50 000 blessés entre 1988 et 1994, un cessez-le-feua mis fin aux hostilités sans clore pour autant le contentieux,qui attend une médiation internationale toujours en suspens.Sur le terrain énergétique, la lutte d'influence est plus feutrée,mais elle n'est pasmoins acharnée. Au déferlement des charsse substitue ici la “guerre des tuyaux “.Dans ce grand jeu, I'Azerbaïdjan est Ia piècemaîtresse. Sur lesrives de la Caspienne, Bakou a vu monter la fièvre de I'or noiret de l'or gris, renouant avec un passé vieux d'un siècle, letemps où les frères Nobel venaient inaugurer le premier pipe-line. Seul Etat caucasien producteur d'énergie, I'Azerbaïdjan

est aussi le seul qui permette, par sa position géogra-phique, d'acheminer vers I'Europe occidentale le pé-trole et le gaz venus d'Asie Centrale (Kazakhstan etTurkménistan). C'est de Bakou que part le BTC, I'oléo-duc reliant la Caspienne à laMéditerranée à travers laGéorgie et la Turquie. Inauguré en 2005, exploité parun consortium conduit par la British Petroleum, dou-blé ensuite d'un gazoduc (le BTE), ce tube qui peut seconnecter avec l'Asie Centrale, symbolise les effortsde I'Europe pour s'affranchir de la dépendance de laRussie pour son approvisionnement en énergie. Long-temps hostile à ce projet, qui contrariait sa politique,Moscou s'évertue aujourd'hui, en s'appuyant sur legéant Gazprom, à conserver la main dans la maîtrisedu marché de l'énergie dans cette partie du monde. Ille fait en lançant de nouveaux projets auxquels il s'em-ploie, non sans succès, à associer des partenaires eu-

ropéens qui avancent en ordre dispersé : projet Nordstreamavec l'Allemagne (un gazoduc qui franchira la Mer Baltique),projet Southstream à travers la Mer Noire, qui desservira lespays balkaniques et I'Autriche, mais aussi I'Italie. Autant detraverses dans l'avancée d'un ambitieux projet européen, leprojet Nabucco, porté par les instances de Bruxelles. Ce gazo-duc, dont le tracé de plus de 3 000 km irait de Bakou jusqu'àVienne à travers la Turquie et les pays d'Europe de l'Est, vise àoffrir une altemative au gaz russe et aux aléas politiques quipèsent sur ses livraisons. Mais il est mis en péril aujourd'huipar les flottements des partenaires européens, qui peinent surle devis du projet (environ 8 milliards d'euros), laissant lesRusses avancer méthodiquement leurs pions.Ainsi se dessine le destin du Caucase, région chamière entreles mondes russe, turc et iranien qui l'ont façonnée au coursdu temps, aujourd'hui théâtre d'une âpre rivalité et de conflitsd'intérêts entre les grandes puissances. Longtemps masquépar la domination soviétique, le destin de la région apparaîtdésormais en pleine lumière, avec ses chances de développe-mentmais aussi les risques que lui font courir des enjeux géo-politiques qui la dépassent.�

Les États du Caucase du Sud en 2009.

attirés par l'odeur du pétrole et par la position stratégique duSud Caucase, ont voulu remplir le vide créé par le retrait so-viétique. Quant à l'Europe, soumise à une dépendance étroiteet dangereuse vis-àvis de la Russie pour son approvisionne-ment en énergie, victime impuissante des démêlés russo-ukrainiens qui menacent de rebondir chaque hiver, elle voitdans la route caucasienne un itinéraire de détournement dupétrole et du gaz dont elle a un impérieux besoin.Le Sud Caucase est désormais le théâtre d'affrontements po-tentiels dans une version adoucie de la guerre froide. Lapreuve en a été donnée avec éclat durant l'été 2008 lors de lacrise qui a secoué la Géorgie et qui contenait tous les ingré-dients d'un conflit : ingérence de l'Occident dans l'ancien précarré de la Russie avec la candidature de la Géorgie à l'Otan ;tensions séparatistes dans les provinces allogènes d'Ossétiedu Sud et d'Abkhazie où brûlait un feu que Moscou pouvait ai-sément attiser. L'intervention brutale du Kremlin, qui sonnaitcomme un rappel des méthodes du passé et comme un aver-

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Comportement

Lescantons sont divers et variés, ce quifait tout le charme de la Suisse, oùl’on a le sentiment de changer de pays

tous les cinquante kilomètres. Cependant, ilexiste un autre fossé qui sépare la Suissealémanique des deux minorités latines, lesRomands et les Tessinois, le célèbre Rösti-graben. La France peuplée de plusieursethnies, Bretons, Corses, Alsaciens, Pro-vençaux, Picards, Flamands et Auvergnats,fit son unité autour d’une langue née surles bords de la Seine et de la Loire. La

Suisse maintient sa cohésion en entrete-nant quatre langues.Ce ne serait qu’une remarque sociologiquede peu de portée, si on ne découvrait pas enregardant de plus près que les langues re-couvrent des comportements différents. Onsavait déjà par les statistiques que lesSuisses alémaniques avaient un taux dechômage plus faible que les Latins, qu’ilspesaient moins sur l’assurance maladie,qu’ils votaient plus à droite. On prétendaitaussi qu’ils avaient d’autres goûts en ma-

LA SUISSE EST PARTAGÉE EN VINGT-SIX CANTONS ET DEMI-CANTONS, ALORS QUE LA FRANCE EST, SELON CERTAINSHUMORISTES, DIVISÉE EN CINQUANTE MILLIONS DE SUJETS,SANS COMPTER LES SUJETS DE MÉCONTENTEMENT.

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Comportement

tière de cuisine. On ne s’attendait cepen-dant pas à découvrir la différence en ma-tière de conduite routière telle qu’elleressort de l’étude publiée le 19 janvier parle Bureau de Prévention de Accidents.Le nombre de personnes gravement bles-sées ou tuées a diminué de 21% en Suissealémanique entre 1997 et 2007. En Suisseromande et au Tessin, le recul n’a été quede respectivement 7% et 10%. Les cam-pagnes de prévention routière ont agi en al-lemand mais ni en français, ni en italien.Cela vient peut-être de ce qu’elles ont étéconçues à Zürich et maladroitement tra-duites.Les motards tessinois représentaient 51%des accidents graves sur les routes du can-ton en 2007. C’est une proportion deux fois

plus élevée qu’en Suisse alémanique, etune fois et demie plus qu’en Suisse ro-mande. 32% des morts et blessés gravestessinois ne portaient pas de ceinture desécurité, alors que la proportion était de22% en Suisse romande, et de 16% enSuisse alémanique. L’alcool cause deux foisplus d’accidents graves et de morts enSuisse latine qu’en Suisse alémanique.Toujours dans la partie romande, la vitesseest à l’origine de 34% des accidents, alorsqu’elle est un facteur de risque bien moinsimportant en Suisse alémanique (21%) etmême au Tessin (8%) qui a pourtant la ré-putation d’abriter des Fangio en puissance.Ce n’est pas tout. Pour 100 millions de ki-lomètres parcourus, le nombre de femmesimpliquées dans un accident grave estpresque identique dans les trois principalesparties du pays et trois fois plus faible quecelui des hommes. Dès lors, l’étude pointesur le sexe mâle dont le comportement està l’origine des accidents : les hommes boi-vent plus que les femmes et en Suisse ro-mande conduisent plus vite. C’est unequestion de culture, cela ne tient pas auxlois, à la nature des routes ou aux types devoiture qui sont similaires dans toute laSuisse et qui valent aussi bien pour leshommes que les femmes. En conclusion, ilest inutile de renforcer la législation. Pasde loi supplémentaire tant que ne sont pasrespectées les lois actuelles. Il faut chan-ger les habitudesCe rapport illustre un précepte juridiquedatant des Romains : Quid leges sine mori-bus. A quoi sert-il de promulguer des loisqui ne tiennent pas compte des mœurs ?Un conducteur de véhicule motorisé n’estpas seulement l’individu qui tient le volantmais aussi celui qui apporte toute sa per-sonnalité, avec ses avantages et ses incon-vénients. Il vit dans un réseau social, oùréceptions, restaurants et cafés tiennentune certaine place. Il s’insère dans un fluxde circulation locale, dont il n’a pas la maî-trise. Il ne faut donc pas tirer la conclusionsommaire que les Romands et les Tessinoisseraient, à l’intérieur de la Suisse, moinssérieux que les Alémaniques du seul faitdes langues que parlent les uns et les au-tres. La loi existante dépasse ce qui est na-turellement applicable par le peuple latin.Pour eux, c’est un plafond que l’on peut at-teindre en faisant beaucoup d’efforts. Pourles germaniques, la loi est un plancher endessous duquel on ne peut descendre. �

Jacques Neirynck

[email protected]

CONSEILLER NATIONALPROFESSEURHONORAIREÀ L’ECOLE

POLYTECHNIQUEFÉDÉRALE

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FRANCEMAGAZINE N°28 8 PRINTEMPS 2010

Entretienavec…

Jean-Pierre Asvazadourian : Jeprofite de cette occasion pouradresser tous mes vœux de bon-heur pour 2010 à tous les Fran-çais d’Argentine et leur dire queje compte me déplacer le pluspossible en province pour merapprocher de ceux et de cellesqui habitent loin de la Capitale.

> La Cédille : Diplômé del'Ecole supérieure dessciences économique etcommerciale et de lachambre de commerceespagnole, vous avez eu uneformation focalisée surl'économie. Pourtant, vousavez commencé votrecarrière en assumant desfonctions protocolaires àl'administration centrale.Quels ont été les momentsmarquants de votre carrière ?

J.-P. A. : En effet, mon parcours est aty-pique étant donné ma formation. J’ai eul’occasion de faire mon service militaire(1983-1984) dans une ambassade. A La Paz,en Bolivie, au service culturel. C’est à cetteépoque d’ailleurs que je suis venu – en tou-riste – pour la première fois en Argentine,en décembre 1983 très exactement, où s’ef-fectuait le changement vers la démocratie,sujet qui m’a passionné. Cette expériencede vie à l’étranger, de prise de contact avecune autre culture a décidé mon avenir.

> LC : Vous parlez 6 langues, l'anglais,le danois, l'espagnol, le russe et letchèque. A vos yeux, qu'est-ce quivous a facilité de les saisir ?

J.-P. A. : Obstination et travail. Je ne pensepas avoir une aptitude certaine pour ap-

prendre les langues étrangères.L’anglais et l’espagnol ont faitpartie de ma scolarité. Puisl’orientation qu’ont prises mesétudes. L’Europe centrale etorientale attiraient toute mon at-tention. C’était l’époque de l’ap-plication de la perestroïka deMikhaïl Gorbatchev. Je me suismis au russe. Puis j’ai eu lachance d’être nommé à Pragueoù je me suis initié au tchèquepourmieux comprendre cette ré-volution de velours, les change-ments qui s’y effectuaient :passage à une économie ouverte,privatisations, séparation douceet progressive d’un mode de vievers un autre… Surtout quej’avais à ma charge le suivi de lapolitique intérieure. Puis, Lon-dres. L’Angleterre est un paysavec lequel la France est liée par

l’histoire. Savoir la languem’a permis d’ap-précier le regard qui est porté sur laFrance. Et enfin le Danemark. Comme danstous les pays nordiques, les habitants par-lent plusieurs langues. Mais j’ai voulu ap-prendre le danois pour ne pas être isolé dela quotidienneté de mon pays d’accueil, desa culture.

> LC : Vous avez été en poste à Prague, àLondres et à Copenhague. Dans votreactivité en tant que diplomate, qu'est-ce qui est, pour vous, essentiel ?

J.-P. A. : Un seul mot : contact. Contactpour expliquer, informer sur le pays quevous représentez. Mais aussi égalementpour informer l’administration sur les poli-tiques et les positions de votre pays d’ac-cueil. Etablir des réseaux, des contacts, nonseulement avec les fonctionnaires, maisencore avec la société civile, la culture.

Jean-PierreAsvazadourianLE NOUVEL AMBASSADEUR DE FRANCE EN ARGENTINE

A LA VEILLE DEL’ANNÉE 2010,L’AMBASSADEURDE FRANCE ENARGENTINE,JEAN-PIERREASVAZADOURIAN,A EU LAGENTILLESSED’ACCORDER SATOUTE PREMIÈREINTERVIEWDEPUIS SONARRIVÉE ENARGENTINE À LACÉDILLE. AGÉ DE49 ANS, C’EST LEPLUS JEUNEAMBASSADEURQUE N’AIT JAMAISEU LA FRANCE ÀBUENOS AIRES.

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FRANCEMAGAZINE N°28 9 PRINTEMPS 2010

Entretienavec…

C’est l’attrait du métier, l’ouverture versl’autre, la connaissance de l’autre, chercherà comprendre position et intérêts. Là résideaussi l’importance de la connaissance de lalangue.

> LC : Quelle est votre motivation vitaleaujourd'hui, après avoir été chef duprotocole, introducteur desambassadeurs à l'Elysée ? Uneanecdote dont vous vous souvenez ?

J.-P. A. : Anecdotes ? Impossible ! Un desprincipes du Chef du protocole est d'êtred'une discrétion absolue ! J’ai eu la grandechance de remplir ces fonctions pendant 5années consécutives. Je garde, oui, de pro-fonds souvenirs de moments importants

pour la France, tels la prise de fonction pré-sidentielles de Nicolas Sarkozy ou encoreson investiture en tant que président del’UE au second semestre 2008. La vocationpremière de ce poste est de servir le prési-dent dans les événement officiels et lors deses déplacements. Mais aussi d’établir lecontact avec tout le corps diplomatique quiséjourne en France. Soit quelque 40 000personnes entre diplomates et représen-tants des organismes internationaux telsl’UNESCO ou l’OCDE. Cela demande aussibien vigilance que souplesse au sein d’unediplomatie en action.

> LC : Vous êtes Chevalier de la Légiond’Honneur et Officier de l’OrdreNational du Mérite. Quels sont, à vosyeux, les principales actions que vousavez réussi à mener à bien afin derecevoir ces distinctions ?

J.-P. A. : Je les dois certainement moins àmes mérites qu’à la bienveillance de ceuxqui me les ont octroyées. Vous savez, j’aimemon métier. Mon engagement personnelest total.

> LC : Qu'est-ce que vous considérezcomme essentiel dans votre missionen tant que Ministre plénipotentiaire,Ambassadeur de France enArgentine?

J.-P. A. : Faire le maximum pour établir unrapprochement entre les deux pays. Dansplusieurs domaines. Tout d’abord un dia-logue politique avec le gouvernement. LaFrance et l’Argentine sont tous deux mem-bres du G 20. La prise en compte des di-mensions sociales et environnementalesest stratégique. Continuer de renforcer lacoopération scientifique qui s’est densifiéeces dernières années aussi bien au niveaugouvernemental comme à celui des orga-nisme tels les échanges CONICET - CNRSou encore CNEA - CEA*. Et naturellement,les échanges universitaires si enrichissantsd’un côté comme de l’autre.�

PROPOS RECUEILLIS PAR

SUZANNE THIAIS POUR

LACEDILLE.COM.AR, LE

MARDI 29 DÉCEMBRE 2009*Conicet : Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas

CNEA : Comisión Nacional de Energía AtómicaCNRS : Centre national de la recherche scientifique

CEA : Commissariat à l’énergie atomique

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FRANCEMAGAZINE N°28 10 PRINTEMPS 2010

Conjoncture suite

Lesecteur des services a désormais unrôle prééminent (deux tiers1 de l’em-ploi, du PIB et de la valeur ajoutée de

l’UE 27) et paraît le levier majeur de crois-sance et d’embauche en Europe. Pour au-tant, en moyenne, seules 33,7%2 desentreprises de services innovent pour 37,4%dans l’industrie, bien que :> des disparités fortes soient observablesentre pays (de 50% en Allemagne jusqu’àmoins de 20% au Danemark),> le rythme d’innovation dans les servicesentre 1009 et 2003 (12%) ait été plus rapideque dans l’industrie (3%),L’innovation dans les services est donc unenjeu capital.

De quelle innovation s’agit-il ?D’abord, l’innovation dans les services, ca-ractérisée par :> une contribution transversale en syner-gie avec les différents actifs immatérielsidentifiés comme constitutifs de la valeurdes entreprises du secteur3 (capital humain,clients, parties prenantes, systèmes d’infor-mation, marques, notoriété, réputation),> un contenu lié au process et à la créati-

Marie-AngeAndrieux

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ndrie

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deloitte.fr

DIRECTEUR DESPARTENARIATS

DELOITTE,CO PRÉSIDENT

DE LA COMMISSIONGPS INNOVATION

ET IMMATÉRIEL

Quelsd’unecroissanceannoncée ?

INNOVATION DANS LES SERVICES

vité, souvent à caractère non technologique,mais de façon croissante associé à des tech-nologies, pour optimiser la chaîne de valeur(l’industrialisation des services).Ensuite, l’innovation par les services, enri-chissant les produits des autres secteurs del’économie notamment l’industrie (la “servi-ciarisation” de l’industrie).La complexité croissante et le caractèremultidimensionnel de l’innovation est entrain de transcender le clivage classique in-dustries/services vers des business modelsentrepreneuriaux centrés sur les interrela-tions produits/services et le “networking”avec les parties prenantes. Dans cette ap-proche, le “process” de l’innovation est au-tant créateur de valeur que le produit del’innovation lui-même.

Comment développer l’innovation dans lesservices ?Quelques propositions de la CommissionGPS Innovation & Immatériel :a) Favoriser les bonnes pratiques des en-treprises permettant de capter l’innova-tion et de la transformer en valeur :> insuffler une dynamique d’innovation in-terne et jouer la synergie innovation/capitalhumain ;• mettre l’innovation et la créativité au cœurdes activités de l’entreprise (proposition 15) ;• développer les communautés profession-nelles ou réseaux sociaux d’entreprise (Pro-position 13) ;• favoriser l’initiative et la créativité pour uneingénierie de collaboration (Proposition 14) ;> intégrer l’innovation externe, qui setrouve chez les clients et les parties pre-nantes en favorisant un processus de co-création des produits et des services :Piloter la relation avec les parties prenantes(Proposition 3). Les nouvelles technologies

CET ARTICLE S’INTÈGRE DANS UNE SÉRIE DEPUBLICATIONS INITIÉE DANS FRANCE MAGAZINEN°27 “QUELS LEVIERS D’UNE CROISSANCE AUTREET DURABLE ?” 35 PROPOSITIONS DE LACOMMISSION INNOVATION & IMMATÉRIEL DUGROUPEMENT DES PROFESSIONS DE SERVICES.WWW.GPS.ASSO.FR. WWW.FRANCE-MAGAZINE.ORG

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FRANCEMAGAZINE N°28 11 PRINTEMPS 2010

Conjoncture suite

de communication seront un atout considérable, en per-mettant la création de communautés multiples, fine-ment ciselées selon les territoires de goûts et les profilsde consommateurs pour un capital clients fidélisé parune relation durable et une innovation dynamisée.b) Obtenir la “juste” valorisation et le financement del’innovation à des conditions équitables :> pour gagner la confiance desmarchés financiers (in-vestisseurs, prêteurs, analystes…), enrichir la commu-nication financière de critères extra-financierspermettant de rendre visible une innovation souvent in-visible : Définir un référentiel reconnu par les pouvoirspublics (Proposition 16) ;> susciter la reconnaissance par lesmarchés d’une in-novation commeun investissement générateur de valeurdurable (et non comme un coût réduisant le résultat fi-

nancier court terme). L’évolution des recommandationsde gouvernance4 vont dans le sens d’unemeilleure inté-gration des éléments extra financiers de long terme parles investisseurs.c) Dynamiser l’environnement économique, fiscal etjuridique de l’innovation dans les servicesDes efforts remarquables pour une politique de l’inno-vation ont déjà été conduits tant au niveau européen quefrançais (Pôle de compétitivité, Crédit d’Impôt Re-cherche, Jeune Entreprise Innovante…). Toutefois, l’in-novation dans les services est restée relativementméconnue, les avancées technologiques essentiellementindustrielles étant considérées prioritaires. Quelquesapproches proposées :> développer la connaissance de l’innovation dans lesservices (sources et mesure) et notamment ;> développer des programmes de formation et de re-

cherche dans l’enseignement supérieur (Proposition17) ;> s’assurer que les instruments demesure de la crois-sance prennent en compte l’impact de l’innovation danstoutes ses dimensions y compris les externalités posi-tives (Proposition 35) ;> favoriser l’investissement des entreprises de servicesdans l’innovation, par l’élargissement de l’assiette du CIRaux dépenses d’innovation spécifiques aux services no-tamment non technologiques (Proposition 26) ;> consolider le patrimoine des entreprises de servicesen enrichissant le contenu de la propriété intellectuelle,le plus souvent liée aux technologies brevetables, aux in-novations afférentes aux composantes du capital imma-tériel : leur étendre le taux réduit d’IS (Proposition 24),le report d’imposition des apports en société (Proposi-

tion 25), la suppression de la retenue à la source sur lesredevances lors des renégociations de conventions fis-cales (Proposition 27), améliorer la valeur économiquedes droits d’auteur (Proposition 29).La croissance par l’innovation dans les services est unede nosmeilleures chances de compétitivité. Soyons vigi-lants : investir davantage dans cette innovation ne suffirapas. Pour créer la différence, il nous faudra répondre à laquestion : quelle qualité d’innovation pour quelle naturede croissance ?�

1 Estimate taken from 2008 CIA World Factbook.2 Eurostat Key Figures on Europe 2009 .3 France Magazine n° 27 du même auteur.4 « Etude sur le contrôle et les sanctions en matière degouvernance d’entreprise dans les Etas-Membres del’Union » Risk Metrics pour la Commission Européenne,Décembre 2009.

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FNACAFédération Nationale desAnciens Combattants enAlgérie, Maroc et Tunisie

37-39 rue des Gâtines - 75020 Paris • Tél. 01 44 62 86 62 • www.fnaca.org

10 ans de guerre (1952-1962)3 millions de Combattants

La FNACA exige

La FNACA participe

> L’attribution de la Carte du Combattant aux Anciensd’Algérie, Maroc et Tunisie

> L’égalité des Droits> La reconnaissance du 19 mars 1962 “cessez-le-feu”

de la guerre d’Algérie, comme journée du Souveniret du recueillement à la mémoire des30 000 militaires tombés en Afrique du Nordet de toutes les victimes civiles.

À la sauvegarde des acquis.

BULLET IN D ’ADHÉS ION

Marceau KAUBDélégué Général de laFNACA pour la [email protected]él.00.41.78.708.22.71

Victor NAHUMDélégué de la FNACA pour

la Suisse [email protected]él. 00.41.79.789.00.00

NOM : ………………………………………………………… Prénom: ……………………………………………………

Adresse : …………………………………………………………………………………………………………………………

Tél: ……………………………………………………Courriel : ………………………………………………………………

Date et lieu de naissance : ……………………………………………………………………………………………

Régiment : …………………………………………………………………………………………………………………………

Bon pour Accord (manuscrite) Lieu & Date Signature

À remplir et à envoyer à : FNACA - BP 438 - 1208 GenèveJe soussigné souhaite adhérer à l'association la FNACA.

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FRANCEMAGAZINE N°28 14 PRINTEMPS 2010

J’aimerais vousdire

Serge Cyril Vinet

[email protected]

CONSEILLER ÉLUÀ L’A.F.E. POURLA SUISSE ET LELIECHTENSTEIN

soit 30,95 fois la France) en font un des ac-teurs politiques majeurs du continent euro-péen. Ses soubresauts perpétuels et,notamment au cours du XXe siècle, ontconsidérablement influé, tant par lesguerres et affrontements idéologiques.La naissance et la chute du régime sovié-tique font partie de l'histoire essentielle del'histoire européenne.

Sa CultureMais c'est sa culture qui amarre la Russie àl'Europe.Au XIXe siècle, l'aristocratie russe parlait lefrançais en famille.La langue russe, enrichie de mots étran-gers, justifie ce métissage.La culture européenne s'est ouverte à laRussie avec Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski,Tourgueniev, Gogol & Pasternak.Même si on le voulait, il n'est pas possibled'oublier la place émotionnelle qu'ont prisedes compositeurs commePiotr Illitch Tchaï-kovski, Prokofiev, Rackmaninov ou Chosta-kovitch.D'ailleurs, les échanges entre les deux conti-nents perdurent... (voir encadré "Le CodeCivil traduit en Russe").Ces quelques points soulignés, j'aimeraisvous dire... que la révolution aurait pu êtreévitée.Le 9 janvier 1905 est qualifié de "DimancheRouge" (calendrier Julien).A Saint Pétersbourg, devant le Palais d'hi-ver, lieu de résidence de Nicolas II, 100 000grévistesmanifestent silencieusement avec,pour toutes armes, des Icônes du Tsar.Sous la conduite du Pope Gapone, ils dési-rent transmettre leurs doléances au Souve-rain.Après une bévue dramatique du ministre de

Ce n'est plus un Empire. Cela n'a ja-mais été une Nation. Géographique-ment proche de l'Europe, par ses

dimensions, elle en est chimériquementlointaine. Par son climat extrême et l'im-mensité de ses espaces aux contours sanscesse redessinés, rien ne la relie à l'Europe.Et pourtant, bien qu'elle soit un mélange dereligions, de cultures et de langues, ellepuise sa source européenne dans sa langueprincipale, dans son histoire et dans sa cul-ture.

Sa LangueL'alphabet cyrillique vient de l'alphabet gla-golitique, du vieux Slavon Glagol. Ces verbessont crées à partir des lettres minusculesgrecques, encore utilisés par les catholiquesdalmates en lithurgie.A Reims, les Rois de France prêtaient ser-ment sur un Evangile Glagolitique attribué àSaint Jérôme.

Son HistoireSon histoire et son étendue (17 075 400 km2,

Qu’est-cequela

Russie ?

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FRANCEMAGAZINE N°28 15 PRINTEMPS 2010

J’aimerais vousdire

l'Intérieur, Piotr Nicolaïevitch Durnovo, l'ar-mée tire sur la foule.Sous les fenêtres de l'ambassade britan-nique, des centaines de morts jonchent laplace.« Il n'y a plus de Dieu ni de Tsar ! » s'écrieGapone.Dans les capitales européennes, l'émotionest intense.Les étudiants et les ouvriers s'agitent dansles principales villes russes. Une grève gi-gantesque s'étend sur tout le pays commeune traînée de poudre.L'agitation est entretenue par la crise éco-nomique que traverse le pays et aggravéepar la guerre perdue contre le Japon.Les déroutes navales et la défaite de la ba-taille de Tsou-Shima en mai 1905 n'arran-gent rien.C'est le début de la révolution 1905.Il est un homme qui se fait remarquer danscesmoments troubles. Il attire l'attention duTsar par lamanière énergique et ferme dontil fait preuve pour maintenir l'ordre dans saProvince de Saratov.Ce Gouverneur devient ministre de l'Inté-rieur très rapidement puis, en quelquesmois, Nicolas II le choisit comme PremierMinistre en remplacement de Goremykine.Piotr Arkadievitch Stolypine est né le 2 avril1862 à Dresde en Allemagne.D'une famille noble provinciale, il naîtlorsque son père, originaire de Grodno, au-jourd'hui en Biélorussie, représentait la Rus-sie auprès du Grand-Duc de Bade.De bonne éducation, il entra au service del'Etat, suivant en cela une tradition familialebien établie.Marié à Olga Borissovna Neidhardt, fiancéede son frère Mikhaïl mort en duel, qui lui fitjurer sur son lit de mort de s'occuper d'elle.

Elle devait lui donner cinq filles et un fils.Piotr Stolypine a la stature d'Homme d'Etat.Il est nommé à la tête du gouvernement à laveille de la réunion de la première Douma,le 10 mai 1906.La nation russe est en proie à de multiplesconvulsions intellectuelles. Cela sent la pou-dre...Le mécontentement général, grandissantdans la population, surgit un peu partout enRussie. Les organisations de gauchemènentcampagne contre l'autocratie et débouchentsur des troubles révolutionnaires.Grand nombre de bureaucrates et de fonc-tionnaires de police sont purement et sim-plement assassinés. En août 1906, unebombe explose à Saint-Pétersbourg, justedevant la datcha de Stolypine. On relève 27morts et de nombreux blessés. Parmi ceux-ci, le fils et une des filles de Stolypine.

La répression est terrible :tribunaux militairesAccusé et arrêté lematin, jugement sans dé-fense, dans la plupart des cas : exécution lesoir même. Desmilliers de révolutionnairesrusses perdirent ainsi la vie. Le gibet reçutle surnom de "Cravate de Stolypine".Parallèlement, pour étouffer la contestation,il s'implique à faire disparaître certainescauses demécontentement de la paysanne-rie.C'est ainsi qu'il présente des réformes fon-cières importantes. Il essaie égalementd'améliorer la vie des ouvriers citadins ets'efforce d'accroître le pouvoir des Collecti-vités Locales.Sa tâche est immense. Pour qu'elle réus-sisse, il faudrait que toutes les forces de laNation et internationales (déjà) soient ani-mées d'un même objectif :

Je cherche unmoyen libéral delutter contre larévolution : je netrouve que la force.

’’‘‘PIOTR STOLYPINE

1ER MINISTRE DU

TSAR NICOLAS II

>>

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FRANCEMAGAZINE N°28 16 PRINTEMPS 2010

J’aimerais vousdire

Eviter le Chaos !Les Doumas se succèdent, les Koulaks (classe paysanneriche mais modérée), les Zemstvos (assemblées régio-nales) demandent ardemment d'être associées au pou-voir tyrannique de la bureaucratie afin de rapprocher ànouveau le peuple de son Empereur.Pendant ce temps, la réforme agraire tente de sortir lesMoujiks du Mir (paysans russes vivant en collectivité) da-tant de 1861.Ces réformes sont en passe de faire sortir la masse pay-sanne de son obscurantisme et de sonmutisme séculaire.Près de 40% de paysans demandent de s'extraire du Mir.Les résultats sont édifiants et prometteurs. La productionagricole double rapidement et la projection à court termed'un triplement de la récolte de blé ne fait plus illusion.Le niveau de vie devient incontestablement supérieur à cequ'il était jusqu'alors.Lamise en route des réformes importantes entre 1907 et1910 sont telles que les conflits s'éteignent d'eux-mêmes.Cet homme d'Etat combine la force en réprimant la révo-lution et la réforme en changeant la face d'un Empire.Au printemps 1911, Lénine prend conscience que Stoly-pine est en train de réussir ses challenges : augmenter la

production, augmenter le pouvoir d'achat etéloigner le spectre d'une violente révolution.Acharné sur tous les fronts, Lénine, avec sesamis, finit par l'emporter en contraignantStolypine à la démission.« La Russie n'est pas assez civilisée pourpasser directement au socialisme ! » s'écriaLénine.Beaucoup d'hommes politiques allemandscraignent le succès de Stolypine et voientd'un très mauvais œil la réussite écono-mique de la Russie, annihilant en une géné-ration l'hégémonie allemande en Europe.D'aucuns n'hésitent pas à affirmer que lesdirigeants allemands en 1914 souhaitent laguerre contre la Russie tsariste pour la vain-cre avant qu'elle ne devienne trop puissante.Si l’on ajoute à cela que le soutien du Tsarenvers son Premier Ministre n'est plus sansréserve...Nous sommes le 1er septembre 1911, PiotrStolypine, invité par le Tsar et sa famille, as-siste à un opéra à Kiev. Surgit un individu (ons'interroge sur la capacité des hommes desécurité), devant le Tsar médusé, et abatfroidement Stolypine.L'insurgé, un certain Dimitri Bogrov, radicalde gauche de son état, est abattu. Stolypinerendra l'âme 4 jours plus tard.Piotr Stolypine est, hélas, mort trop tôt.Cet homme pouvait changer le destin tra-gique de la Russie.S'il eût survécu, des dizaines de millions demorts eussent été évités. Le monde, au-jourd'hui, aurait peut-être un autre visage.Voyez comme l'histoire peut être facé-tieuse...Pour assassiner Stolypine, Dimitri Bogrovusa d'un pistolet de marque Browning.Cette marque, décidément très en vogue ences périodes, aura finalement le triste privi-lège d'être responsable demillions demortsquelques années plus tard.Le pistolet qui sera utilisé par le Serbe Gra-vilo Princip pour abattre l'Archiduc FrançoisFerdinand d'Autriche le 28 juin 1914 à Sara-jevo, était de marque... Browning.On peut imaginer aisément que Stolypinen'ait pas pris le temps de compulser le ma-nifeste d'Alexis de Tocqueville paru en 1850"L'ancien régime & la révolution".Il aurait pu lire alors : « Le moment le plusdangereux pour un mauvais gouvernementest d'ordinaire celui où il commence à se ré-former. »�

Si la langue de Molière ne se développe pas forcément en Russie,le code civil vient d’y faire une belle entrée. Entamée depuis une

dizaine d’années avec la Russie, la coopération juridique menée parle Notariat Français et, en particulier, la Chambre des notaires deParis s’est poursuivie avec la remise aux autorités russes en juin der-nier, du code civil traduit en russe. En 2004, lors des cérémoniescommémoratives du bicentenaire de la rédaction du Code Napoléon)

qui se sont déroulées dans de nombreux paysde par le monde, et en particulier en Russie, laChambre des Notaires de Paris associée auConseil Supérieur du Notariat français avaitproposé de traduire ce “monument du droit”.Cette mission fut confiée à une équipe d’émi-nents juristes tant russes que français. La tra-duction, qui a bénéficié du concours del’Ambassade de France à Moscou, est assortiede commentaires. Désormais, c’est un ouvragede référence plus facilement utilisable par lesprofessionnels du droit et les étudiants en

science juridique de langue russe. Le texte a gagné en lisibilité et enaccessibilité. « Dans le cadre d’un espace juridique mondialisé, latraduction de grands textes juridiques étrangers et le développementdu droit comparé sont, de nos jours, devenus une nécessité vitale », es-time-t-on à la Chambre des notaires de Paris. Faire circuler de telsouvrages de référence s’avère indispensable pour promouvoir, défen-dre et diffuser le système juridique dit de “droit continental” ou “ro-mano-germanique”, facteur d’une grande sécurité juridique. Unemanière de damer le pion au droit anglo-saxon.

MARTINE DENOUNE “LES ÉCHOS”

Le code civil en russe

>>

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FRANCEMAGAZINE N°28 18 PRINTEMPS 2010

Radioscopie

Comment choisir le bon produit, trou-ver la bonne école, valider son per-mis de conduire? La vie d’expatrié

n’est pas toujours aisée… La Fédération in-ternationale des Accueils français et fran-cophones à l’étranger (FIAFE) offre à tous

DE MOSCOU ÀLAUSANNE ENPASSANT PARNEW YORK ETCANTON,FRANÇAIS,FRANCOPHONESET FRANCO-PHILES SERETROUVENTRÉGULIÈREMENT.POUR LE PLUSGRAND BONHEURDES PETITS ETDES GRANDS.

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Quatre Accueils en Suisse

Moskva AccueilMembre de la Fédération Internationale des Accueils

Français et Francophones à l’Etranger (FIAFE)

JoannaDavid-Mangin

ceux qui se sentent un peu isolés un cadrechaleureux et amical. Composée de béné-voles, l’Institution, qui vient de fêter ses 26printemps, accueille les familles franco-phones et les aide à s’intégrer à la vie lo-cale par le biais d’activités et de rencontres.Avec un seul credo : que chacun se sentebien là où il arrive !

Plus de 160 Accueils répartis sur les5 continentsLa FIAFE fédère à ce jour 160 Accueils dansle monde, répartis sur les cinq continents.La Fédération accompagne les courantsd’expatriation et a ouvert notamment de

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FRANCEMAGAZINE N°28 19 PRINTEMPS 2010

Radioscopie

nombreux bureaux en Asie. Apolitique, nonconfessionnelle et sans but lucratif, l’asso-ciation est, avec ses 52 000 membres, l’as-sociation de Français expatriés la plusimportante du monde.Véritable pôle de diffusion de la culturefrancophone, les Accueils ont un rôle trèspratique et quotidien à jouer dans le sou-tien à l’adaptation et à l’intégration. En luipermettant de rompre l’isolement de dé-part, de découvrir le pays et sa culture, denouer des contacts et des amitiés, les Ac-cueils aident les expatriés à positiver. Tousles Accueils sont animés par des bénévoles,essentiellement des femmes qui mettenttout en œuvre pour que les accueillis réus-sissent au mieux leur expatriation.La FIAFE est également présente enFrance. L’association organise en effet desjournées “relais retour” afin que les an-ciens expatriés se retrouvent, se rencon-trent et continuent d’échanger.Renseignements : www.fiafe.org

Petit tour à Moscou, sujet de notredossier spécialMoskva Accueil s'adresse à tous les fran-cophones, qu’ils soient nouvellement arri-vés ou déjà résidents. Partager unepassion, découvrir la culture russe à tra-vers une activité, rencontrer des franco-phones, échanger des “trucs et astuces”…Les bénévoles de Moskva Accueil ne sontjamais à court d’idées et propose une largepalette d’activités allant du patchwork austreching en passant par le patinage,l’opéra et les jeux de société. Sans oublierle traditionnel café-rencontre mensuel, lesdîners et les visites guidées en français.Comme tous les accueils, l’associationmoscovite est animée par des bénévoles eta pour objectif d'aider le nouvel arrivant etsa famille à s'adapter à un environnementdifférent, dans un esprit d'enrichissementmutuel. �

> Quand Moksva Accueil a-t-il été créé?Moksva Accueil est née en novembre 1997 sur l'initiative defrançaises expatriées. Nous travaillons de concert avec leConsulat et l'Ambassade : nos permanences et la plupart denos cafés mensuels se déroulent dans leurs locaux. Mme deGliniasty, l'épouse de l'actuel ambassadeur de France en Rus-sie, est d’ailleurs notre présidente d'honneur.

> Qui sont les bénévoles de l’association?Le bureau est composé de 12 bénévoles, auxquelles s'ajoutentenviron 58 autres (hôtesses de quartier, responsables d'acti-vité, équipe des visites, etc.). Nous les recrutons par bouche àoreille ou appel à candidature via le bulletin ou par mail, l'es-sentiel étant l'image positive que nous veillons à donner del'association pour susciter les bonnes volontés. Elles sont for-mées “sur le tas”, en assurant un travail un commun avec lapersonne qu'elles vont remplacer, et nous veillons à conserverune trace de nos actions (comptes-rendus de réunions, outilsde gestion, etc.).

> Pouvez-vous nous décrire en quelques mots votreaction?

Nous accueillons les familles francophones nouvellement ar-rivées ou résidant déjà à Moscou. Nous leur proposons despermanences (2 fois par semaine), des visites guidées en fran-çais (3 à 4 par semaine), des activités régulières culturelles ousportives, un café-rencontre mensuel, un bulletin mensueld'informations pratiques, un annuaire téléphonique de nosmembres, un guide pratique de Moscou réédité tous les 2 ans,un fichier des nounous et chauffeurs, ainsi qu'un accueil parquartier comportant de nombreux rendez-vous et une aide auquotidien pour les aspects pratiques de la vie à Moscou (ac-cueil personnalisé, visite de quartier, etc.). Nous avons égale-ment des contacts par mail avec les futurs expatriés, avidesde réponses pratiques à toutes leurs questions, et nous assu-rons un accueil, plus réduit l'été.

> Combien de familles adhèrent-elles à l’association?A fin juin 2009, 431 familles inscrites étaient membres deMoksva Accueil et nous sommes sur le même rythme cetteannée. Certaines familles se contentent d'adhérer pour avoiraccès au fichier des nounous et chauffeurs ou au guide pra-tique, mais la plupart participent régulièrement aux activités.Par exemple, les cafés mensuels réunissent environ 200 per-sonnes. Nous organisons chaque semaine une activité et/ouune visite. Nous nous retrouvons également ponctuellementpour des activités thématiques comme partager la galette desrois chez les adhérents qui ouvrent leur appartement ou unesoirée de gala.Renseignements :http://www.site-moskva-accueil.org/pages/accueil.html.

Quatre questions à Claire de Butler, responsabledu site internet de l’Accueil moscovite et KarineHolinier, présidente de Moskva Accueil.

Cette rubrique est la vôtreVous êtes expatrié et vous souhaitez partagervotre expérience ?Envoyez nous vos témoignages et vous serezpeut-être sélectionnés par notre équipe pour ap-paraître dans notre rubrique... Bienvenue chezvous [email protected]

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FRANCEMAGAZINE N°28 20 PRINTEMPS 2010

Toile

IIn'est plus temps de s'émouvoir devant lasurabondance des informations qui nousarrivent par toutes sortes de canaux, des

médias traditionnels comme de la Toile.C'est un fait dont nous devons nous féliciterau lieu de ressembler à ces personnagesrepus qui se plaignent d'avoir trop àmangerquand, à côté d'eux, onmeurt de faim. Cetteprofusion de nouvelles, importantes ou déri-soires, graves ou anecdotiques, constitue àl'évidence une chance. Mieux vaut unmondesaturé de cettemanière démocratique qu'ununivers atteint de faiblesse et de langueur àforce de pureté éthique et de discriminationsévère.Convient-il de perpétuellement sonner letocsin pour alerter journalistes et politiquessur les risques de délégitimation que les unset les autres encourraient, à la suite de cetteeffervescence lançant une infinité de mes-sages comme autant de "bouteilles" aux es-prits et aux curiosités ? Je ne le crois passauf à aspirer à la dénaturation d'un bienfaitindiscutable en unemenace sans cesse évo-quée et susceptible à la longue decorrompre le plaisir civique de la lecture, del'écoute et de la vision, chacune apportantaux autres sa saveur singulière.Le Net n'est pas le diable et il serait illusoirede prétendre départager le bon grain del'ivraie en donnant quitus à telle approche del'actualité et en condamnant telle autre. Jesuis persuadé que l'impérialismebienfaisant de la Toile, ne se substituant pasaux médias classiques mais leur ajoutantune pincée de soufre, un zeste d'audace, unecuriosité moins élitiste, une inquisition à lafois plus modeste et plus fouillée, une ob-session d'aller débusquer les petits secretsdans les grandes affaires, les grands res-sorts des petits arrangements, n'est pasplus discutable que le message pluriel, iné-gal et contrasté qu'elle épand avec généro-sité, sur un mode erratique ou réfléchi, aucoeur de nos interrogations simples ou com-plexes. Le Net est indissociable de la fulgu-rance chaotique ou maîtrisée de ses élans,de ses avancées. Il serait absurde de rêverd'une régulationmorale, à la supposer tech-niquement possible, comme si le cours d'untorrent appelait un regard d'affliction cour-roucée parce qu'il est trop puissant, intense,imprévisible.Le Net n'est pas le diable. Pas plus que le

message. C'est notre capacité à analyser cedernier, notre aptitude à le mêler à lasomme d'informations qu'une journéetransmet pour mieux le hiérarchiser, le dé-crypter, qui constitueront la meilleure mé-thode pour nous sauver demain non pas dela Toile ni de ce qu'elle dispense mais de lamédiocrité d'une société incapable de s'en-

richir de ce formidable capital. Le désordrene vient pas de la masse mais de l'infirmitéou de la paresse du regard. Ce qui nous estdonné, offert ne doit pas être gâché. Ci-toyens, journalistes, blogueurs et politiques,forcément réunis dans cette vaste entreprised'intégrité intellectuelle et d'exigence répu-blicaine, n'ont pas besoin d'être dressés lesuns contre les autres mais au contraire de-vraient épouser avec bonheur l'opportunitéd'une contradiction acceptée et sans com-mune mesure avec les débats limités d'an-tan.Si le Net est parfois poussé sans contrôle àdiffuser du poison, vers un débridementmalsain, il trouve immédiatement soncontre-poison, le remède dans les réactionsnombreuses, les rectifications pointilleuseset pointues, les indignations ou les approba-tions que lamoindre nouvelle, lemessage leplus lourd comme le plus anodin, politiqueou de divertissement, suscitent chez les in-ternautes. Il n'y a pas pires censeurs, heu-reusement, que ces sourcilleux de lavigilance et ces adeptes obsessionnels dumot, de l'idée, de la part qui manquent.�

PHILIPPE BILGER

le

LE NET N'EST PASLE DIABLE. PASPLUS QUE DU“JOURNALISMEPOUBELLE",SELON DOMI-NIQUE WOLTON.

LeNetn’estpas

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FRANCEMAGAZINE N°28 22 PRINTEMPS 2010

Carteblanche

Certes, on peut regretter le beautemps de la lettre manuscrite quel'on avait plaisir à conserver. Mais ce

temps est révolu depuis l'arrivée sur lemarché de la machine à écrire, la premièreayant été commercialisée par Remingtonen 1873. On peut regretter alors la lettretapée à la machine mais signée de la mainde son auteur et même accompagnée par-fois de quelques mots manuscrits. L'inter-net et le traitement de texte en ont sonné ledéclin.Un nouveau mot est entré dans notre voca-bulaire, forgé par les Québécois, celui de“courriel”, bien plus élégant que celui de“mél.” proposé par la commission généralede terminologie et de néologie. Autant leQuébec se fourvoie quand il nous fabriquedes barbarismes comme “écrivaine” ou“professeure”, autant il est respectueux dugénie de la langue française quand il in-vente des mots comme “courriel”.Sans compter que “courriel” rime agréa-blement avec “logiciel”, terme inventé en1972 par une commission de terminologiequ'avait mise en place Georges Pompidou,et qui s'est substitué avec succès à l'anglais“soft-ware”.Mais il n'y a aucune raison pour qu'un cour-riel soit rédigé, comme c'est trop souventle cas, avec une totale désinvolture, commeun torchon de papier griffonné sur un coinde table. On peut prendre autant de soin àécrire sur son ordinateur qu'on le faisait

avant la généralisation de l'usage de la ma-chine à écrire et préserver ainsi le plaisird'envoyer et de recevoir du courrier.Je déteste les démarcheurs qui s'adressentà moi par mon prénom. Après tout, nousn'avons pas gardé les cochons ensemble,que je sache ! Je déteste les messages quicommencent par « Bonjour », comme si onse croisait dans la rue. S'il s'agit de l'équi-valent d'un télégramme, c'est tout simple-ment un mot de trop. S'il s'agit del'équivalent d'une lettre, un « Cher ami »serait plus approprié. Sans compter qu'àl'heure où je m'installe devant mon ordina-teur, c'est plutôt un « Bonsoir » qu'un« Bonjour » qui conviendrait !Rien n'empêche de taper sur son ordina-teur une véritable lettre, avec le nom del'expéditeur, le nom du destinataire, la date,et une formule d'adresse : « Cher Mon-sieur, Chère Madame ». Rien n'empêche defaire des paragraphes, de se relire, d'utili-ser la vérification orthographique, aussi in-suffisante qu'elle soit. Rien n'empêched'utiliser en fin demessage une formule depolitesse élégante. Rien n'oblige à cliquersur la touche “Envoyer” avant de s'être as-suré qu'on a bien pris en compte toutes lesrègles d'un courrier bien écrit.Ce qui suit n'a rien à voir mais m'a été ins-piré par l'actualité, avec le souci constantde dénoncer sans relâche une dérive de laprofession de journaliste à laquelle je suistant attaché.

Jacques-MichelTondre

[email protected]

Dubonusagede

NOUS RECEVONS TOUS DE PLUS EN PLUS DE COURRIERÉLECTRONIQUE, COURTS MESSAGE ÉCONOMES DE MOTS QUI, AVECLE SMS ONT REMPLACÉ LE TÉLÉGRAMME, OPÉRATIONS DEDÉMARCHAGE COMMERCIAL PLUS OU MOINS HONNÊTES, LETTRESD'AMIS QUI SAVENT POUVOIR AINSI NOUS JOINDRE DE FAÇON QUASIIMMÉDIATE À N'IMPORTE QUELLE HEURE DU JOUR OU DE LA NUIT,SANS AVOIR À SE MUNIR D'UNE ENVELOPPE ET D'UN TIMBRE.

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FRANCEMAGAZINE N°28 23 PRINTEMPS 2010

Carteblanche

COPENHAGUELes humoristes n'ont pasmanqué d'observer qu'à peine pliée,la conférence de Copenhague sur le climat, une vague defroid, accompagnée de neige, s'était abattue sur l'Europe ! Etil est vrai que ce brutal refroidissement, même si c'est sur ladurée qu'il fautmesurer les changements de température, in-citait à s'interroger sur la réalité du réchauffement climatique.Il ne s'agit pas de nier qu'on ait connu ces dernières annéesune augmentation moyenne des températures. Mais il s'agitde savoir, d'une part, si on assiste à un phénomène induitpar l'activité humaine et, d'autre part, si cette situation estappelée à s'aggraver.Ce n'est pas la première fois, en effet, que la planète connaîtune période de réchauffement. Il s'en est produit à l'âge debronze, à l'époque romaine et aumoyen âge. D'ailleurs les cli-matologues sont tellement incertains de l'évolution deschoses qu'ils préfèrent de plus en plus parler de “changementclimatique” plutôt que de “réchauffement”.Dans Le Figaro Magazine du 28 novembre 2009, l'ancien mi-nistre Claude Allègre s'insurge : « Dès lors qu'on est incapa-ble de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatrejours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fu-misterie. »Sans compter qu'à lui seul, le cheptelmondial produit plus degaz à effet de serre, tenus pour responsables de la hausse destempératures, en l'occurrence du méthane, que l'ensembledes moyens de transports émetteurs de CO2.Dans ce contexte, quel a été le résultat de la conférence deCopenhague ? Un échec, si l'on en croit la presse. Pourtant,avec le recul, tous les participants, y compris les écologistes,ont estimé qu'elle avait tout de même marqué un progrès,proposé des objectifs, enregistré des engagements. Mais ilsemble que prendre du recul ne fasse plus partie de la culturedes journalistes.Jugement sévère ? sans doute, mais justement parce que jel'aime, je ne me lasserai jamais de châtier cette professiondans laquelle je suis entré il y a 42 ans.Copenhague n'a pas cédé aux réflexes millénaristes. Copen-hague n'a pas inscrit dans le marbre l'idée que la planèteTerre a connu son âge d'or avant l'apparition de l'homme. Lesamateurs de sensationnel en sont restés sur leur faim.Nous sommes menacés, paraît-il, d'une extinction des es-pèces. Eh bien, ce ne serait jamais que la cinquième dansl'histoire de notre planète! Et en admettant que nous y puis-sions quelque chose, allons-nous choisir la préservation dela biodiversité ou la disparition de l'homme ?Trêve de questions caricaturales et volontairement provoca-trices, il ne faudrait pas non plus jeter les écologistes avecl'eau du bain ! Ce sont les oies du capitole. On voit bien tousles jours que, par manque d'éducation, l'homme ne cesse depolluer la planète.Il faut évidemment réduire nos déchets, qu'il s'agisse dessacs fournis par les supermarchés, des emballages divers,des rejets dans l'atmosphère de gaz nocifs, et les écologistessont là pour nous alerter quand notre attention faiblit,pourvu que le suffrage universel ne leur confie jamais lesrênes du pouvoir.

HAÏTIJe n'ai pas réussi à trouver où que ce soit undécompte du nombre de journalistes qui sesont rendus à Haïti pour couvrir le tremble-ment de terre du 12 janvier mais je n'aiguère trouvé d'organe d'information quin'ait pas eu sur place son envoyé spécial,voire ses envoyés spéciaux. A l'heure où ceslignes seront publiées, la plupart d'entreeux seront rentrés chez eux, laissant lesHaïtiens à leur drame pour des dizainesd'années. Un événement chasse l'autredans les mass media.Il n'en reste pas moins qu'au pire de la si-tuation dans le pays, on aura sans doutebattu les records des Jeux olympiques et dela Coupe du monde de football, avec cettefacilité supplémentaire que nul n'avait be-soin d'une accréditation pour se rendre surplace.Des milliers de journalistes du monde en-tier se seront ainsi marché sur les pieds, seseront bousculés sur les sites où se déme-naient les sauveteurs, se seront fait concur-rence pour rapporter les événements lesplus sensationnels, sans crainte de s'adres-ser aux éléments les plus marginaux de lapopulation afin de recueillir les protesta-tions les plus véhémentes et les plus injus-tifiées. C'est tellement plus facile d'arriversur le lieu du sinistre avec son micro ou sacaméra, avant le convoi qui transporte l'hô-pital de campagne.Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de cri-tiquer le travail des journalistes, qui pren-nent dans ces situations des risquespersonnels énormes, et dont le témoignageest indispensable pour faire comprendre aureste de la planète l'ampleur du désastre.Mais le logement de ces envoyés spéciaux,l'eau qu'ils ont bue, les rations qu'ils ontconsommées, les fréquences qu'ils ont uti-lisées pour transmettre leurs images ouleurs papiers, sont autant de ressourcesdont les sinistrés auront été privés.Une réflexion s'impose à ce sujet, au niveaudes Nations Unies. Il faut une coordinationinternationale des secours mais aussi de lacouverture journalistique. L'ONU serait bieninspirée de mettre en place un état-majorde crise prêt à prendre la direction des opé-rations en cas de catastrophe naturelle, ycompris pour contrôler le flux de journa-listes.Il y a des situations où la sacro-sainte li-berté de la presse doit s'accommoder decertaines restrictions. �

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FRANCEMAGAZINE N°28 24 PRINTEMPS 2010

Piratage informatique

Ces affaires sont intéressantes carelles forcent à se préoccuper de lasécurité des informations et de la

protection des données (SIPD). Les entre-prises sont, la plupart du temps, ignorantessur les dangers encourus, au mieux dému-nies contre les risques potentiels et il fautsouvent un sinistre conséquent, pouvant at-teindre des sommes faramineuses, sanscompter les dégâts d’image, pour quecelles-ci réalisent leur vulnérabilité et met-tent en place des solutions adéquates, cardes solutions existent, aumême titre que lasécurité physique.Mais quelles sont les raisons de ces pertesde données, qui occasionnent tant de dé-gâts ? Des cas connus, on peut en tirerquelques constats :• Une grande partie des pertes informa-tiques sont le fait d’employés désabusésou indélicats, ou sont provoquées parinadvertance.

• L’informatique reste pour beaucoup de di-rigeants d’entreprises, de conseils d’ad-ministration et de managers un mondehermétique.

• La surveillance et le contrôle des infor-maticiens est un élément important de lagestion des risques.

• La quantité de données qui peuvent êtrestockées sur des clefs USB ou des ordi-nateurs portables est telle que les entre-prises maîtrisent difficilement leurs fluxde données.

Curieusement, si l’on interroge les entre-

preneurs, ils se disent bien protégés et trèssouvent dépensent énormément d’argentpour se garantir d’attaques extérieures ;mais comme l’ont montré de récentes af-faires, le danger vient de l’intérieur et cesrisques-là sont nettement moins biencontrôlés. À cela, plusieurs raisons ; la pre-mière étant que l’on ne contrôle bien que ceque l’on connaît, et sur ce point, les chefsd’entreprises sont complètement dépen-

L’ACTUALITÉ S’EST FAIT L’ÉCHO CESDERNIERS TEMPS DE PLUSIEURSAFFAIRES OÙ DES DONNÉES“SENSIBLES” ONT ÉTÉ SUBTILISÉES ETSE SONT RETROUVÉES EN DES MAINSAUXQUELLES ELLES N’ÉTAIENT PASDESTINÉES.

desdonnéesdéfiLe des entreprises

sur laprotection

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FRANCEMAGAZINE N°28 25 PRINTEMPS 2010

Piratage informatique

dants des rapports de leurresponsable informatique.La deuxième étant quetrès souvent, ces mêmesdirigeants sont résignés :c’est normal qu’un admi-nistrateur système puisseaccéder à toutes les don-nées !Or, rien de plus faux àcela. Un administrateursystème est chargé des’assurer du bon fonction-nement du système, non

de la

vérificationdu contenu. Pour utiliserune métaphore plus par-lante, votre garagiste n’apas à ouvrir les valises quevous avez mises dans le

coffre, pour réviser votre véhicule.Les solutions existent et se situent d’aborddans la gouvernance d’entreprise : gestiondes rôles, gestion des identités et des accèsaux données, chiffrement des données, sé-paration des pouvoirs (on ne peut donnerun ordre et l’autoriser) ; ce sont des garde-fous qui apportent une meilleure sécuritéinterne.À cela s’ajoute l’implication directe du

conseil d’administration. Le rôle des admi-nistrateurs et de veiller entre autres à labonnemarche des affaires d’une entrepriseet la propriété intellectuelle en fait partieintégrante. Mais là-aussi, comment contrô-ler ce que l’on ne maîtrise pas bien ? Com-bien d’informaticiens font partie d’unconseil d’administration ? Comment véri-fier qu’un administrateur de bases de don-nées ne soit pas aussi responsable de lasécurité informatique ? Quels moyens sontmis à disposition des chefs de départementpour qu’ils puissent en temps réel vérifierqui a accès aux données du département ?Finalement, pour les domaines les plussensibles tels que rapports financiers, ser-vices juridiques, recherche et développe-

ment ou liste des clients, quels moyenspréventifs sont mis en place pourprévenir en temps réel d’une intru-sion interne (l’attribution d’unaccès auquel on n’a pas droit) ?Rares sont les entreprises quipeuvent y répondre par l’affir-mative. Ce genre de gouver-nance n’est pas unepanacée mais il autoriseune réduction des risquesinternes liés à l’informa-tique car il permet de sépa-rer le législatif de l’exécutif,séparer ceux qui définissentles politiques de sécurité etceux qui doivent les mettre enœuvre.

L’enjeu économique est énormecar de nos jours, tout est numérisé

et donc copiable, téléchargeable, ap-propriable en quelques secondes et les

dommages en résultant peuvent aller de lasimple “perte d’image”, à une baisse de lacompétitivité, un lancement de produit ratévoire la fermeture pure et simple de l’en-treprise.Il est clair que la loyauté des employésreste le maillon faible de la sécurité des en-treprises (personne ne pourra empêcherun employé demémoriser cinq adresses declients par jour et de les recopier chez soi lesoir), mais il est du devoir de celles-ci de nepas laisser les “portes” de leurs systèmesgrandes ouvertes pour qu’un employé indé-licat se serve. L’occasion fait le larron et sices occasions sont rendues plus difficilespar la mise en place de solutions tech-niques effectives, les entreprises aurontrempli leur devoir de diligence. �

Didier Assandri

[email protected]

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L’AssuranceRetraite

Laloi de financement de la Sécurité so-ciale détermine les conditions géné-rales de l'équilibre financier de la

Sécurité sociale. Parmi les mesures ins-crites dans cette loi pour 2009, il faut souli-gner le changement de date, de janvier àavril, des revalorisations indexées sur l'évo-lution des prix à la consommation horstabac*. A cette occasion, nous avons choiside vous communiquer, dans cette lettre d'in-formation, les nouveaux chiffres de la re-traite au 1er avril 2009.

Salaires minimum et plafond> salaire minimum soumis à cotisations de

Sécurité sociale pour valider un trimestred'assurance : 1 742 euros.

> salaire plafond mensuel soumis à cotisa-tions de Sécurité sociale : 2 859 euros.

Prélèvements sur la retraite> Cotisation d'assurance maladieElle est de 3,2 % pour les retraités domici-liés fiscalement à l'étranger.Vous êtes exonéré de ce prélèvement :• si vous résidez ou travaillez dans l'un desÉtats membres de la zone d'applicationdes règlements communautaires** et sivous bénéficiez des prestations d'assu-rance maladie dans votre pays de rési-

FRANCEMAGAZINE N°28 26 PRINTEMPS 2010

Lettred’informationpour les Français de l’ÉtrangerLES CHIFFRES DE LA RETRAITE DU RÉGIME GÉNÉRAL DE LA SÉCURITÉ SOCIALE AU 1ER AVRIL 2009

La revalorisation annuelle des retraités intervientdésormais au 1er avril de chaque année et non plus

au 1er janvier. Cette nouvelle règle permet de mieuxprendre en compte les évolutions de l’inflation (pourl’année précédente et pour l’année en cours) et d’ali-gner la date de revalorisation avec celle des régimes deretraite complémentaire Arrco-Agirc.

Changement de date de larevalorisation des retraités

* Les revalorisations indexées sur l'évolution des salaires demeurent fixées au 1er janvier.** Zone d'application des règlements communautaires : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chy-pre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie,Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque,Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse.

dence ou d'activité ;• si vous résidez à Monaco ;• si vous êtes titulaire de l'allocation veuvageou du complément de retraite (article L814-2 du code de la Sécurité sociale).

> Contribution sociale généralisée (CSG)Ce prélèvement ne concerne que les retrai-tés domiciliés fiscalement en France. Le tauxest de 6,6 % ou 3,8 % selon le montant de lacotisation d'impôt.

Contribution pour le remboursement de ladette sociale (CRDS)Ce prélèvement de 0,5 % concerne unique-ment les retraités domiciliés fiscalement enFrance et assujettis à la CSG.

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FRANCEMAGAZINE N°28 27 PRINTEMPS 2010

L’AssuranceRetraite

Revalorisation au 1er avril 2009Les retraites sont revalorisées de 1 % par l'applicationd'un coefficient égal à 1,01. Cette augmentation s'ap-plique à votre mensualité de retraite d'avril payée en

>>

Montantsmensuels en €

Montantsmensuels en €

MinimaMinimum contributif

Minimum contributif majoré

Retraite de réversion

MaximaRetraite personnelle

Retraite de réversion

Complément de retraiteMajoration de la retraite deréversion par enfant à charge

Majoration pour conjoint à charge

Majoration pour tierce personne

Allocation de veuvage1ère année et 2e année

Plafonds de ressources pourobtenir :

• La retraite de réversion :- personne seule

- ménage

• La majoration pour conjoint àcharge

• L'allocation de veuvage

265,13

1 509,73**2 415,57**

641,62

706,41

590,33

645,07

266,15

1 429,50*

771,93*

90,31

50,81

1 029,10

* Ces montants, indexés sur l'évolution des salaires , ont été revalorisés au 1er janvier 2009.** Les plafonds de ressources pour obtenir une retraite de réversion sont calculés en fonction du Smic au 1er janvier.

mai. Nous vous communiquons également les minima,maxima et les montants de différentes prestationsainsi que les plafonds de ressources pour les obtenir.

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FRANCEMAGAZINE N°28 28 PRINTEMPS 2010

L’AssuranceRetraite

>>

www.lassuranceretraite.frGuides (disponibles sur notre site) :• Francais de l'étranger. votre retraite dela Sécurité sociale ;• Carrière en France et à l'étranger, la re-traite de la Sécurité sociale.Ce document est non contractuel.

Plus d’informationsAnnées Salaires

plafondsCoefficients derevalorisation

Salairesrevalorisés

1969 16 320,00 F 8,639 21 493,57 €1970 18 000,00 F 7,849 21 538,28 €1971 19 800,00 F 7,040 21 250,16 €1972 21 960,00 F 6,344 21 238,31 €1973 24 480,00 F 5,863 21 880,42 €1974 27 840,00 F 5,170 21 942,41 €1975 33 000,00 F 4,351 21 889,09 €1976 37 920,00 F 3,699 21 383,43 €1977 43 320,00 F 3,191 21 073,65 €1978 48 000,00 F 2,870 21 001,36 €1979 53 640,00 F 2,619 21 416,53 €1980 60 120,00 F 2,303 21 107,52 €1981 68 760,00 F 2,033 21 310,69 €1982 82 020,00 F 1,816 22 707,02 €1983 91 680,00 F 1,713 23 941,79 €1984 99 600,00 F 1,624 24 658,68 €1985 106 740,00 F 1,557 25 336,14 €1986 112 200,00 F 1,523 26 050,57 €1987 116 820,00 F 1,466 26 108,12 €1988 120 360,00 F 1,433 26 293,77 €1989 125 280,00 F 1,382 26 394,55 €1990 131 040,00 F 1,344 26 848,98 €1991 137 760,00 F 1,323 27 784,82 €1992 144 120,00 F 1,282 28 166,75 €1993 149 820,00 F 1,282 29 280,76 €1994 153 120,00 F 1,258 29 365,48 €1995 155 940,00 F 1,244 29 573,48 €1996 161 220,00 F 1,214 29 837,48 €1997 164 640,00 F 1,201 30 144,15 €1998 169 080,00 F 1,187 30 596,20 €1999 173 640,00 F 1,174 31 077,24 €2000 176 400,00 F 1,169 31 436,75 €2001 179 400,00 F 1,145 31 315,00 €2002 28 224,00 € 1,119 31 582,65 €2003 29 184,00 € 1,102 32 160,76 €2004 29 712,00 € 1,085 32 237,52 €2005 30 192,00 € 1,065 32 154,48 €2006 31 068,00 € 1,047 32 528,19 €2007 32 184,00 € 1,029 33 117,33 €2008 33 276,00 € 1,018 33 874,96 €

La revalorisation de 1% s'applique également aux salaires servantde base au calcul des retraites par l'intermédiaire de nouveauxcoefficients d'actualisation. À titre indicatif, nous vous communi-quons la revalorisation, au 1er avril 2009, des salaires plafonds sou-mis à cotisations depuis 1969. Les années en gras représentent les25meilleurs salaires plafonds pour un assuré né en 1949 et prenantsa retraite en 2009.

Tous les salaires sont exprimés enmontant annuel brut (dans la li-mite du plafond de la Sécurité sociale).

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FRANCEMAGAZINE N°28 30 PRINTEMPS 2010

Santéprévention

Jean JacquesDescamps

[email protected]

POURQUOI UN JARDIN DE PLANTES MÉDICINALES BIOS ?DEPUIS PLUS DE TRENTE ANS, LES CENTRES DE CURES PARLA PHYTOTHÉRAPIE N’UTILISENT QUE DES PLANTES ISSUESDE CULTURE BIOLOGIQUE DRASTIQUEMENT CONTRÔLÉE.

LejardindeJacky

Carsi les recherches scientifiques n’ontpu que constater l’efficacité de cettemédecine ancestrale, il est tout aussi

évident que des plantes traitées à l’aided’additifs chimiques, pesticides, insecti-cides, engrais, répulsifs et autres, peuventdevenir nocives et avoir des effets dangereuxsur la santé de ceux qui les utilisent.

Pourquoi le Maroc ?Pour éviter l’utilisation de plantes médici-nales d’origine incertaine, il fallait trouverle meilleur endroit pour les faire pousser.Les recherches nous ont conduits dans cepays et l’examen des sols a prouvé quec’était le meilleur endroit permettant d’ob-tenir des plantes d'une qualité incompara-

ble, grâce à la conjonction d'une terre d'unecomposition unique, d'un ensoleillementexceptionnel et d'un environnement encoreprotégé de toutes les pollutions environ-nantes.

Pourquoi préconiser l’utilisationde plantes en infusion ?Si cette forme de traitement peut paraîtredésuète, c’est encore et toujours la façon laplus efficace de récupérer les innombra-bles principes actifs contenus dans lesplantes. Il est donc fortement déconseilled’utiliser des plantes qui ont été broyéespour un conditionnement en gélules ou eninfusettes, car elles ont perdu 80% de leursprincipes actifs.

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Santéprévention

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Pourquoi les plantes traitéessont-elles dangereuses ?« Les pesticides nous tuent » affirme Jean-Marie Pelt, pharmacien, botaniste-écolo-giste français et le fondateur de l'Instituteuropéen d’écologie. La diversité desplantes et les "mauvaises herbes" contri-buent à abriter des insectes auxiliaires quivont protéger naturellement les plantes desprédateurs. A titre d’exemple, il faut rappe-ler que lorsque les plantes sont élevéessans le respect du protocole d’usage del’agriculture biologique, on a pu constaterqu’en raison de l’ingestion de produits chi-miques les colonies d’abeilles sont empoi-sonnées et disparaissent ; les conséquencesde cet appauvrissement des colonies sont

d’une gravité exceptionnelle, car l’histoiredes hommes est liée à celle des abeilles :sans elles, pas de pollinisation, disparitionde certaines espèces végétales, puis ani-males.Il faut savoir aussi que pour la fabricationde médicaments classiques ayant recoursaux plantes, seules sont utilisées celles quiproviennent de cultures biologiques.

Pourquoi des huiles essentielles ?Parallèlement à la culture de plantes bios,le jardin de Jacky se consacre également àla fabrication d'huile essentielle biologique.Ce sont des substances contenues dans lesplantes ; elles sont odorantes, volatiles etde consistance huileuse. On en trouve dans

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Santéprévention

les plantes aromatiques, dans certainesfleurs, ainsi que dans l’écorce des agrumeset du bois, les graines et certaines racines.Longtemps méconnues du grand public,leur histoire est présente dans les gri-moires de monastères et dans les écritsd’herboristerie et de botanique. Ce sont lesbotanistes qui ont établi leur classificationrigoureuse. Etudiée au microscope, laplante présente de minuscules glandescontenant ces huiles qui ont été synthéti-sées par photosynthèse, grâce à l’énergiesolaire. Cette substance aromatique est es-sentielle à la survie de la plante et à sa re-production. Il suffit de frotter une planteentre ses mains pour que l’huile aroma-tique s’en dégage. Cette précieuse matièrepremière extraite après la cueillette pardistillation sèche ou par vapeur d’eau, peutalors être utilisée en phytothérapie.

Pourquoi, entre autres plantes, le bigara-dier sauvage et la sauge officinale ?Parce que se sont les meilleures armes na-turelles pour lutter contre ce fléau qu’est lestress générateur, induisant dépression, in-somnies, troubles muscla-squelettiques,obésité, et autres troubles dumétabolisme.La première utilité du bigaradier cultivé auMaroc est de servir de protection contre levent et les rayons du soleil sur les cultures.Si son fruit ressemble à une orange, enphytothérapie, on utilise ses feuilles, sesfleurs et surtout ses boutons qui sont lesplus riches en principes actifs. Parmi sesinnombrables bienfaits, l’infusion de bou-tons est recommandée pour tout ce qui

concerne les problèmes liés aux troublesémotionnels (stress, insomnies, angoisses,palpitations et autres angoisses).Autres avantages du bigaradier sauvage :pas d’effet secondaire, efficacité incontes-table et coût dérisoire.« Qui a de la sauge dans son jardin n’a nulbesoin de médecin. » La sagesse populairene se trompe pas. Depuis la nuit des temps,on lui reconnaît de précieuses propriétés ;elle est dépurative, antiseptique, antisudo-rale, antispasmodique, tonique, cicatri-sante, antirhumatismale, et très efficace encas de troubles circulatoires et de troublesliés à la ménopause.

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Nous vous proposons d’offrir aux 20 (vingt) premières personnesqui téléphoneront au 021 626 04 41 :

• soit un paquet de 50 grammes de boutons de Bigaradier Sauvage ;• soit un paquet de 50 grammes de Sauge Officinale Bio.

Cadeaux !

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Santéprévention

Pourquoi l’huile d’argan ?L’arganier est un arbre endémique duMaroc dont les fruits contiennent une noixd’où les femmes extraient manuellement,et depuis des siècles, une huile utiliséedans la préparation des aliments maisaussi pour des préparations cosmétiques.Des études scientifiques ont prouvé sesmultiples qualités et vertus dans bien desdomaines. Mais le bois d’arganier étantaussi utilisé par les femmes pour cuisiner,il s’ensuit une grave déforestation contrelaquelle il fallait trouver un moyen de lut-ter, en mettant en place unmoyen de cuisi-ner écologiquement et économiquement.

Pourquoi des cuiseurs solaires ?Le premier cuiseur français solaire a étécréé en 1949. Il fonctionne à l’aide d’uneénergie gratuite, inépuisable, et sans émis-sion de gaz à effet de serre et s’adapte par-faitement aux pays ensoleillés. Grâce àl’aide d’un scientifique, Denis Eudeline, il aété possible de mettre en place un centrede référence de cuiseurs solaires. Leurconstruction et leur utilisation facilepermet de lutter contre la défores-tation et la pollution, en économi-sant une quantité énorme debois d’argan, et en favorisant laculture de cet arbre qui procuredes revenus surs et équitablesaux familles.Tout en s’assurant que ses pa-tients seront traités avec les pro-duits les plus sains,Jean-Jacques Descamps a mis en

place au Jardin de Jacky, des innova-tions contribuant à l’amélioration des

conditions de vie de nombreuses familles,en préservant leur qualité de vie, en sau-vegardant l’intégrité de l’écosystème et enfaisant de ce site une vitrine du potentielmarocain. �

www.lejardindejacky.ch

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FRANCEMAGAZINE N°28 34 PRINTEMPS 2010

LebilletdeDany

Dumilieu du XVIIIe à 1917, ils furent lestémoins des violences de l'Histoire.Cette prestigieuse collection de cos-

tumes portés à la Cour de Russie a trouvérefuge auMusée de l'Hermitage à Saint-Pé-tersbourg.Depuis 1918, cette collection est déposée audépartement d'histoire des costumes dumusée russe.Elle recèle des exemplaires de collectionsprivées et des fonds des palais de la familleimpériale et de l'aristocratie.A lamême époque, l'Hermitage acquiert unesérie unique de vêtements masculins desdébuts du XVIIIe connue sous le nom de

“Garde-Robe de Pierre le Grand” et com-portant ainsi près de 300 vêtements portéspar l'Empereur (1672-1725).Pierre le Grand exige que la cour adopte lestenues françaises et non plus les costumesrusses, sous peine de terribles amendespour les contrevenants.Costumes d'hiver ou d'été, tenues de jour etde soirée, de réception d'apparât à la cour etde promenades, de tous les jours ou de ré-ception et de bal.C’est dans ces coûteux costumes de l'aris-tocratie que s'est manifestée, brillamment,l'habileté de nombreux créateurs de hautecouture qu'ils soient tisseurs, tailleurs, bro-deuses ou dentellières.Parmi ces maisons de couture se distingueavant tout l'atelier de Nadeja Pétrovna LA-MANOVA (1861-1941), fondé en 1885 à Mos-cou. En peu de temps, la Maison N.LAMANOVA acquiert une immense popula-rité et obtient le droit de s'appeler “Fournis-seur de la Cour”.On y retrouve également le couturier préféréde la dernière Impératrice russe AlexandraFeodorovna, August Lazarévich BRIZAK,propriétaire d'un superbe atelier à Saint Pé-tersbourg.

Dany Vinet

AuPaysdel’OncleVaniaoulesfastesdelaCourImpériale

Robe decour ayantprobable-mentappartenu àl’impératriceMariaFeodorovna.

Habit d’apparat del’empereur Pierre-le-Grand. Berlin ?

Vers 1720.

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FRANCEMAGAZINE N°28 35 PRINTEMPS 2010

LebilletdeDany

Le passé de laRussie fut

merveilleux, sonprésent est

magnifique. Quant àson futur, il échappe

à l'emprise del'imagination la

plus hardie ; tel estle point de vue àpartir duquel on

doit écrirel'histoire de la

Russie.

’’

‘‘COMTE ALEXANDRE

BENDENKORFFCHEF DE LA POLICE

SECRÈTE EN 1830

Ce serait faire affront d'oublier de citer Ma-dame Olga. Sa Maison, fondée au milieu duXIXe, exista jusqu'en 1917 (Olga NikolaïevnaBOULBENKOVA, 1835-1918). C'est précisé-ment dans ces ateliers russes qu'étaientconfectionnés les plus beaux costumes del'aristocratie et de la cour de Russie. Ceux-cimettaient aussi en exergue les fastes de lacour impériale, mais également en relief lesuperbe travail des couturiers occidentauxtel Charles Frédéric WORTH (1825-1895).

Mère Patrie de Pouckine,Mère Patrie de Lénine,Mère Patrie de mes enfants,Longue vie, long règneAu grand peuple souverain.

Pour comprendre le peuple russe dans sadémesure, il faut apprécier le mot “Rodina”(Patrie). Son pouvoir est intraduisible, ilsonne un peu comme « Ômon pays, je t'ap-partiens ! » Jeme rappelle avoir été témoin,dans une salle de concert russe, de la salleentière, debout, émue aux larmes et ap-plaudissant à tout rompre, avec émotion, lebaryton au regard brumeux qui chantait avecferveur le refrain (ci-dessus) patriotiqued'EVTOUCHENKO.A tout âge, les Russes sont sentimentauxenvers leur famille autant qu'à l'égard deleur Mère Patrie.�N.B.: Avec mes plus amicales pensées en-vers Halida JEMALETDINOVA de St Péters-bourg.

Robe du soir ayantprobablement appartenuà l’impératrice MariaFeodorovna. Saint-Pé-tersbourg, Maison A.L.Brizack, vers 1900.

Costume de cour. Robe,corsage, jupe et traîne,en soierie façonnée ar-gent. Saint-Pétersbourg.

Habitd’apparatayant ap-partenuau grand-ducAlexandrePavlo-vitch,futurempereurAlexandre1er. Fin duXVIIIesiècle.

Costume de cour : robe, corsage,jupe, traîne de velours bleu. Saint-

Petersbourg, Maison O. Boulbenkova,seconde moitié du XIXe siècle.

Uniforme d’apparat orné d’aiglesimpériales et porté par le kamer-fournier dont la dénomination estempruntée à l’allemand et qui avaitpour charge de noter tout ce qui sepassait au quotidien à la Cour.Saint-Pétersbourg; 1912-1913.

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LaRussieafricaine

Souvent, je redécouvre par ce biais lagrandeur d'un pays, l'âme d'un peu-ple ou, comme ce jour-là, l'idée d'un

hiver à Saint-Pétersbourg. Celle de la loin-taine Russie du XIXe siècle.Cet après-midi, en feuilletant les pages, lavie d'un homme, épique, surprenante, glo-rieuse prenait littéralement forme sousmes yeux. Si passionnante que la Valse desFlocons de Neige de Tchaïkovski semblaitm'emporter loin de mon quotidien. Si loinqu'il me fallait faire un détour encore centans plus tôt, au siècle des Lumières,quelque part en Afrique pour arriver à bonport.Là, dans la principauté de Logone, dans leBassin du Lac Tchad, soit l'actuel Came-roun, vivait le fils d'un prince. Un enfantnommé Abraham Hanibal.

Abraham Hanibal voit sa sœurmourir près de luiLa région subissait alors de nombreuxconflits armés qui opposaient le peupled'Abraham au Sultanat du Baguirmi. L'en-fant et les siens furent faits prisonniers etdéportés en Libye (tripolitaine), alors pro-vince ottomane, puis dans les villes del'Empire. En raison de ce long voyage, Abra-ham, 7 ans, vit sa sœur mourir près de lui,l'arrachant définitivement aux siens.Son titre, ou peut-être sa bonne étoile, luiévita cependant un sort trop cruel. Conduità Constantinople, il fut affecté au service dusultan Ahmed III en qualité de page, en rai-son de ses origines princières. Converti àl'islam, il passa ainsi une année entière au-près du Sultan.Il aurait pu vivre de la sorte encore long-temps si une autre puissance politiquen'était pas intervenue dans l'histoire de sesjeunes années.En 1704, toujours à Constantinople, l'am-bassadeur russe Savva Vladislavitch reçutune requête de son supérieur Piotr An-dreïevitch Tolstoï, l'arrière-grand-père deLéon Tolstoï. L'ensemble de l'opération, or-donnée par Pierre le Grand lui-même étaitsimple : l'ambassadeur Vladislavitch devaitemmener des enfants noirs à la cour, leTsar voulant prouver que ces enfantsétaient aussi doués pour les arts et lessciences que leurs pairs russes et montrerqu'il fallait juger les gens davantage surleurs capacités que sur la couleur de leurpeau. Son prénom le destinant peut-être àêtre élu, presque bibliquement, Abrahamfut choisi et conduit clandestinement enRussie.Destiné à vivre au sein de son rang quel quesoit le pays, de sa petite Principauté à lagrande capitale ottomane, ce petit garçonde 8 ans voyait encore son périple se pour-suivre vers un autre Monde. La vie le pla-çait à présent auprès de Pierre le Grand,Tsar de Russie.

cœur…DamedepiqueEN PÉRIODE DEPAIN NOIR,CHACUN A SESVALEURSREFUGES. POURMA PART,J'ÉTEINS MONORDINATEUR ETSON FLUXINCESSANTD'INFORMATIONSNÉVROTIQUES, JEPARCOURS MABIBLIOTHÈQUEAVEC SOIN ET MEPLONGE SANSTARDER DANS UNDE MES CHERSCLASSIQUES.

Quandlaavaitdu

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FRANCEMAGAZINE N°28 37 PRINTEMPS 2010

LaRussieafricaine

Général en chef del’Armée impériale russeL'histoire semble par la suite être étrange-ment réglée comme du papier à musique,tant les événements semblent s'enchaîneravec fluidité. Pris d'affection pour celui quisera désormais son filleul, le Tsar officia-lisa son lien avec Abraham en le convertis-sant à la religion russe orthdoxe. AbrahamHanibal s'instruisit, grandit et fit preuved'une vive intelligence. Il étudia en France,devint ingénieur militaire et acquit le titrefaramineux de Général en chef de l’Arméeimpériale russe sous le règne de l'impéra-trice Elisabeth Petrovna.La seule mesure de la partitionmanquant àcette Valse des Flocons de Neige se situa àla mort de Pierre le Grand en 1725 lorsqueAbraham fut exilé pendant 3 ans dans legoulag sibérien par le prince Menchikovavant d'être réhabilité par l'impératrice.Le "Chevalier noir dans la Russie desTsars” dut faire preuve de talent, d'intelli-gence et de qualités humaines inimagina-bles pour accéder à des fonctions aussiimportantes en Europe au XVIIIe siècle.L'histoire pourrait se terminer ainsi si lagloire ne cessait de frapper à la ported'Abraham par-delà les générations. Dé-cédé à 85 ans entouré de ses sept enfantsissus de son mariage en secondes noces àChristine-Régine de Schoëberg, issue de lanoblesse suédoise, l'un d'entre eux, Jo-seph, deviendra le grand-père d'un hommequi élèvera la littérature russe au statutqu'on lui connaît aujourd'hui.La Grandeur d'Abraham se poursuivra àtravers les écrits de son arrière-petit-fils :Alexandre Pouchkine.En poursuivant cette histoire, le vent sem-ble tourner, l'humeur changer. Une autremusique vient m'entêter. Tchaïkovski resteparmi nous car la Valse des Fleurs débu-tera cet acte. Plus légère, plus fougueuse,plus passionnée. Oisive à sa manière etpourtant pleine d'énergie, elle reflète lepeuple russe du XIXe siècle. Elle reflète lanaissance de la littérature russe. Elle re-flète Alexandre Pouchkine, celui que l'onconsidère comme le premier grand auteurrusse.

Jeune et talentueux, AlexandrePouchkine multiplie les conquêtesSi son aïeul eut une enfance faite de déchi-rements et de défis, par instinct de survieprobablement, Abraham sut s'imposer une

discipline par ses fonctions militaires, de-venir le confident du Tsar et ainsi jouird'une longue et glorieuse vie. Alexandre auteint olive et aux cheveux crépus, lui, sem-ble de prime abord, être le fruit capricieuxde l'aristocratie moscovite. Il est jeune, ta-lentueux, plaît aux femmes et ne s'en gênepas pour en tirer orgueil. « Toute parolehardie », écrivait Pouchkine, « toute œuvrerévoltante m’est attribuée d’office ». Fran-cophile, comme presque tous les artistesde cette époque, son génie vient du fait qu'ila su, à travers ses inspirations, donner unevoix propre à la Russie tout en lui offrantune palette de styles impressionnante.A 20 ans, il avait déjà écrit plus de 200poèmes. En écrivant "Boris Goudnov", il sutenrichir le théâtre russe jusque-là encorebien pauvre. Il se posa en tant qu'historienen publiant ses recherches dans "L'émeutede Pougatchev". Et voilà qu'il publie un >>

AlexandrePouchkine.

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LaRussieafricaine

roman fantastique avec la "Dame de Pique"à peine éclipsé par "La Fille du Capitaine"inaugurant le roman historique russe.Sa plume soulève gaiement le voile gris quise pose dans l'imaginaire collectif lorsquel'on évoque la Russie. Elle trace avec légè-reté l'espoir de sa génération, le flux intel-lectuel qui se glissait alors dans tout lesang de notre continent et qui se retrans-mettait bien plus enrichi encore. Si presséd'écrire, d'aimer et de vivre dans l'inso-lence de sa jeunesse qu'il s'attire très rapi-dement l'inimitié de nombreusespersonnes, des artistes bien sûr mais sur-tout de la Cour. Du gouverneur de la ville auTsar en passant par ses concurrents amou-reux, le jeune homme colérique et moqueuragace et fascine. Certes, pour l'amourd'une jeune fille, il n'hésite pas à provoquerun duel. Toutefois, les choses s'aggraventlorsque ses aspirations politiques prennentle pas face à l'autocratie et le servage.

Pouchkine écrira dans les campagnesrusses ses plus belles œuvresLa punition est aisée dans le paysage russe.Alexandre subira un exil de six ans dans leCaucase et en Crimée. Pour ce mondain, lasolitude est pesante. Mais elle a le méritede l'éloigner de l'action, ce qui l'oblige àl'introspection et à la contemplation. L'en-nui est une hélice puissante à la créativitéet Pouchkine écrira dans les campagnesrusses ses plus belles œuvres.Ne vous faites pas d'illusions, sa vie seraaussi courte et belle que la Valse desFleurs. Alexandre avait certainementconscience de son espérance de vie surcette terre. Lucide peut-être aussi, en écri-vant "Eugène Oniéguine", où il décrit unduel qui ressemble étrangement au com-bat singulier qui lui coûtera la vie. Le décorhivernal est le même. Son adversaire, toutcomme dans son œuvre, est un dandy, unbrillant officier français, Georges D'Anthèsqui faisait une cour ouverte à la belle et co-quette épouse de l'écrivain. Humilié et tou-jours passionné à 37 ans, Pouchkineprovoque l'affrontement, mais l'on devinevite la tragique issue d'un duel où un écri-vain combat un officier.Contribuant à la légende, son empreinterestera plus fraîche dans la mémoire de la

littérature en ayant succombé en pleinegloire.Casse-Noisette est terminé depuis plu-sieurs minutes quand je ferme mon livre.Je reste dans le silence encore quelquesinstants pour me représenter la campagneenneigée, la cour et ses fastes, la verved'Alexandre les soirs de fêtes, cette Russieétonnante dont l'histoire de ces dernierssiècles fut si fortement imprégnée par sonChevalier Noir et ses descendants. De cessignes qui font sourire lorsque l'on com-prend que l'arrière-grand-père de Tolstoïordonna le transfert de l'arrière-grand-père de Pouchkine en Russie. Et finalementqu'Alexandre inspira toute la générationsuivante de Gogol à Dostoïevsky en passantpar Tolstoï lui-même.Il est maintenant temps de revenir dansmon siècle qui se résume par une toucheuniverselle, celle d'allumer son ordinateur.En parcourant les informations, une icônesur la Russie m'interpelle en bas de page.Après mon voyage littéraire, je décide depoursuivre un peu le périple et clique sur lelien. Là, un article de quelques lignes ap-paraît dont le titre me transmet l'informa-tion nécessaire, sans fioritures : "Nouveaumeurtre raciste, l'enfer des Camerounaisen Russie".Et je me sentis tout à coup bien triste pourcet enfant nommé Abraham Hanibal. �

>>

Le duel quiopposaGeorges

d’Anthès àAlexandrePouchkine.

Samira Aguerguan

[email protected]

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Littérature

Comment était la Russie il y a 100ans ? La littérature des 19e et 20e siè-cles nous en donne une idée.

Les Alliances françaises de Russies setrouvent à Ekaterinbourg, Irkoutsk, Kazan,Nijni-Novgorod, Novossibirsk, Perm, Ros-tov-sur-le-Don, Samara, Saratov, Togliatti.

Brève revue d’histoire• 862 - 912 : Dynastie des Princes de Nov-gorod et de Kiev - Création de la Russie deKiev, dont fait partie la Moscovie.• 1223 :Début Invasionmongole (Khanat dela Horde d'Or). Les Mongols sont appelés"Tatars" par les Russes.

• 1237-1242 : Les Invasions tataro-mon-goles, 50 % de la population russe périt, ondétruit toutes les grandes villes russes, ex-cepté Novgorod.• 1613 : Tous les États élisent tsar MikhaïlRomanov.• 7 novembre 1917 : Révolution d'Octobre• 1961 : Premier vol de l’homme dans l’es-pace, Youri Gagarine.• 1988 : Gorbatchev engage la Glasnost(“transparence”) pour la liberté d’expres-sion et d’information.• 2 janvier 1992 : Début de la mise en placedes réformesmenant à la "privatisation ac-célérée".

LA RUSSIE EST VASTE, LIRE ET ÉCRIRE ESTSYNONYME DE LIBERTÉ D’EXPRESSION ENFRANCE, EN RUSSIE, À L’ÉPOQUE, ELLEPERMET DE VÉHICULER LA PROPAGANDEAVEC UN MESSAGE POLITIQUE ACCEPTABLE.

2010, ANNEE DE LA RUSSIE EN FRANCE

Les

écrivainsgrandsrusses

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FRANCEMAGAZINE N°28 41 PRINTEMPS 2010

Littérature

Selon Nabokov « la littérature est unechose farouche, fantaisiste, et libre ». SelonKroutchev, en 1957, « la littérature (…) doitêtre pénétrée de l’esprit du communismeet de la discipline collective. »

Les principaux écrivains russesPouchkine était un génie subtil, imaginatifet personnel.Gogol avait pour Leitmotiv la rondeur, lescontes drôlatiques, l’instabilité imaginaire,tel un peintre avec des métaphores et desenvolées lyriques qui donnait vie aux per-sonnages. Pour lui, un livre était un rêvefantastique peuplé d’un étrange charme.Tourgeniev réalisait des petits tableaux depersonnage avec idéalisme et humanité. Ildécrivait admirablement la nature. Ces“jeunes filles” sont toujours brillammentdécrites dans leur douceur et leur forcemorale.Doistoievki était pauvre et epileptique. Ivanle Simple, le plus grand héros du floklorerusse incarne la ruse qui triomphe desGrands. Ces personnages sont malades,fous, psychopathes ou hystériques.Tolstoi : il traitait le thème de la vie et de lamort. Ses personnages semblent tellementréels qu’ils ressemblent à nos amis. NB :Liovine et ses problèmes agraires donne

ÉCRIVAINS ŒUVRE STYLE ÉVÉNEMENT ANNÉE

Gogol Les âmes mortes, Lyrique Pauvre, voyage en Europe CélèbreL’inspecteur du gouvernement 1830-1840

Tourgueniev Souvenirs d'un chasseur, Prose Riche, il a émancipé ses serfs. 1818-1883Roudine, pères et fils Ami de Mérimée et Flaubert

Doistoevski Crimes et châtiment, Roman noir Il a été déporté 8 ans 1821-1881Le double, L’idiot… et sentimental de travaux forcés en Sibérie

Tolstoï Anna Karénine Romancier 1877-1910et nouvelliste

Tchekhov Les 3 sœurs Dramaturge 1860-1904

Gorki Les bas-fonds Naturel Emprisonné 2 fois et relâché 1868-1936du fait de l’opinion publique

Pouchkine La fille du capitaine Il fut exilé Célèbre1820-1830

Andrei Biely Les Carnets d'un Toqué Poète Son association de Philosophie 1880-1934indépendante du Marxismeest interdite en 1921

Alexsandr Blok L'Inconnue (Neznakomka) Symboliste, 1880-1921impressioniste

des détails historiques sur l’agriculture en1870 avec les zemstvo, où les paysansétaient encore des serfs.Tchekov était médecin. Il a participé à lacréation d’une bibliothèque, d’un théatre,d’un laboratoire de recherche biologique,d’un musée de beaux arts à Moscou et enCrimée. Ces récits de 1880-1890 donnentdes détails historiques sur la Russie.Gorki : il a eu une enfance malheureuse eta commencé à travailler à 10 ans. Il fut clo-chard, boulanger, docker, et rédacteur d’unjournal, révolutionnaire.Blok : botaniste, diplomé, aristorcrate. Ils’inspire de la révolution bolchévique. Selonlui, « on enlève aux artistes la paix et la li-berté, et... la volonté de créer. »Biély : Il visite toute l’Europe. Il soutient larévolution russe en URSS où Léon Trotskycondamne avecmépris l'écrivain Biély dansson ouvrage “Littérature et Révolution”.

La végétation,inspiration des écrivains russesLa toundra : 2 millions de km². Elle se dé-veloppe principalement sur un relief deplaines et de bas plateaux et atteint son ex-tensionmaximale en Sibérie Centrale entreles cours inférieurs de l’Ob et de la Léna.La taïga : c’est la forêt boréale. 4,5 millions

Pouchkine

Doistoievki

Tchekov

Biély >>

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Littérature

de km² en Sibérie, pins noirs et mélèzessont plus fréquemment rencontrés.Steppes : un sol noir très fin, colloïdal, letchernoziem. La végétation y est basse etlaisse parfois le sol à nu. Ces paysagesmarquent la majeure partie du territoirerusse.Les montagnes et fleuves : à l’est, de l’Al-taï au Kamtchatka, au sud le Caucase… L’Ob(3 700 km) ; le Ienisseï (3 500 km), la Léna(4 400 km), l’Amour (4 350 km) qui se jettedans la mer Caspienne. Les fleuves les pluslongs sont : l’Amour (2 874 km), fleuve d’Ex-trême-Orient, servant de frontière entre laRussie (Sibérie) et la Chine du Nord-Est(Mandchourie). La Volga (3 700 km) est lefleuve le plus long d’Europe. Le plus grandlac intérieur est le lac Baïkal (31 500 km²),situé en Sibérie orientale.

Mes auteurs russes préférés : Tchekhov,Ludmila Oulits. Un de mes scénarii relatifsà la culture russe :Nouvelle : Istina Oubrazouietsia (ça va aller)Depuis 800 sous l'ère de Rurik, le pays avaitpeu changé : les hommes rêvaient leuridéal d'abnégation et leur élévation morale.1. Semaine dans la vie des personnagesmultiples détails - évocation du son.a) A Nourmansk, il fait nuit durant 3 mois,les enfants dessinent des soleils. Pendantle reste de l'année, il fait jour 24 heures sur24, les hommes se comportent comme desfleurs et fanent.La sensation de vert s'accentue le long desespaces traversés par le train. Le vent hur-lait dans les arbres. les oiseaux chantaient.Vassiliévitch Pétrovitch, le terroriste se dé-

place en sens interdit mais est ramenédans le rang après 8 ans de travaux forcésen Sibérie sous un ciel bleu gris. Vassilié-vitch mangeait des kokourkis et des kren-dels bruyamment tandis que NataliaMédvendenko dégustait des Rassolniks etécoutait son voisin ronfler. L'œil charmé parles forêts de l'Oural et du Caucase. lesfeuilles frémissent en écho aux tourbillonsde vents glacés. La passion pure de Nataliapour Vassiliévitch se confond avec le mys-tère des steppes. Cette douce jeune fille deTourgéniev libre émancipée s'est envolée.Ivan, l'idiot, la dépossédée de son cœur et

Superficie : 17 millions de km2 (1/8 desterres émergées) sur 11 fuseaux horaires (deGMT + 13 à + 3).Frontière de la Russie avec chaque pays: Azerbaïdjan (284 km), Biélorussie (959km), Chine (3 645 km), Estonie (294 km),Finlande (1313 km), Géorgie (723 km), Ka-zakhstan (6 846 km), Lettonie (217 km),Mongolie (3 441 km), Corée du Nord (19 km),Norvège (167 km), Ukraine (1 576 km)Au sud, entre la mer Noire et la mer Cas-pienne, se dresse la barrière montagneuse duCaucase, montagne jeune, fortement sis-mique. Le Grand Caucase au nord forme la

frontière avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Ilculmine à 5 642 m d’altitude au sommet dumont Elbrouz, volcan éteint et plus hautemontagne d’Europe.Population : 142,5 millions d’habitants dont82% de Russes et près de cent autres “natio-nalités” ou ethnies.Ressources naturelles : pétrole, gaz natu-rel, fer, or, platine, aluminium, nickel, etc.La Fédération de Russie couvre un huitièmede la surface de la terre, depuis l’Est de l’Eu-rope jusqu’au nord de l’Asie ; elle est la na-tion la plus étendue au monde en termes deterritoire.

La Russie en chiffres

• L’Arche Russe d’Alexandre Soukourov.Un oblomovisme est un état d’esprit russedans la littérature et le cinéma qui présenteun sentiment de culpabilité et de fatalisme.• Requiem pour un massacre de ElemKlimov

• Les plus grandsréalisateurs deA. Dovjenko :Poudovkine,Eisenstein,Khodataev, etQuelques joursdans la vied’Oblomov.

Les films à voir et à revoirde grands réalisateurs russes

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2. Synchronisation de la vie des person-nages - évocation du mouvement.Vassiliévitch avait passé 8 ans en Sibérie, ilétait dynamique. Macha et Illitch passaientleurs semaines à travailler et leur week endà s'aimer. Leurs gestes tendres et leurs re-gards qui se croisaient en disaient long surleurs péripéties. Natalia ne dormait pas dela nuit depuis la mort d'Ivan et se tournaitdans son lit tel un poisson volant dansantune mazurka. Illitch part en Europe. Iltrouve les Européens amoureux de l'art etles Américains de l'argent, et se demande àlui-même (voix off : la conscience d'illitchparle aux spectateurs) : où sont passés lesrepères : la famille, le couple, Dieu, les na-tions et les gouvernement providence, lessociétés paternalistes ? tout est unifor-misé. Natalia meurt de la tuberculose.3. Triangulaire la vie des personnages -évocation de couleur.Dans le village rempli de maisons vertes etblanches au bord de la Mer Noire, Vassilié-vitch et Macha devinrent amant. Ils voyaientla vie en rose. Les nuages lilas et l'aurorenaïve leur réchauffait le cœur.Illitch Pavlov réapparaît à l'auberge et voitrouge en les apercevant. Il mange une as-siette de chtchis (chou) verts kakis, etchante d'une voix sombre : « Je suis alléjusqu'à l'Amour, le Caucase, la Crimée, etj'ai perdu ma fiancée... ». Il se suicide dansun bain de sang violet-noir qui envahit larue.Épilogue : « La suite, vous pouvez aisémentl'imaginer ».

Littérature

Les francophones expatriés et russo-philes pourront retrouver la Russie

Actuelle via les médias :• Radio “La Voix de la Russie” en languefrançaise :http://www.ruvr.ru/index.php?lng=fre• Télévision “Russia Today” en langueanglaise : http://www.russiatoday.com/en

La Russie via les médias

de ses idéaux, délaissé avec leur fils,lorsqu'ils s'est suicidé pour se venger de lasociété. Recueilli par Vassiliévitch, un Nihi-liste du Kazakstan, Natalia se reproched'être vivante. La lumiere est éclatante, latempérature glacée (ambiance chambreverte à la Truffaut).b) À Yalta, le voisin Illitch Pavlov riait, tan-dis que Macha Ivanovna lui chuchotait dessoupirs amoureux. Elle nettoyait les samo-vars, casseroles dans un tintamare as-sourdissant.

ConclusionLa lecture d’un livre procure un plaisirmalin et sain, ponctué de frissons et debienfaits pour le cœur et le cerveau. Maisles cinéphiles peuvent également se diver-tir avec un grand choix de cinéastes surwww.burlak.by.ru. �

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Francophonie

L’Etat du Jura a mis en consultationune loi promouvant l'usage de lalangue française. En cas d'acceptation

par le Parlement cantonal, il sera le pre-mier canton doté d'un texte législatif pourdéfendre le français. Le groupe de travailqui a planché sur le sujet a su éviter lespièges inhérents à un domaine qui toucheà la fois aux libertés individuelles et collec-tives. Il a réussi l'exercice qui consiste àédicter des recommandations - et non desmesures coercitives - sans verser dans unnationalisme étriqué de fermeture sur soi,d'exclusion.Le projet de loi jurassien, inspiré notam-ment de la loi 101 au Québec et de la loiToubon en France, mentionne que « le fran-çais est la langue des autorités et quecelles-ci sont tenues d'en faire un usagecorrect, compréhensible et de qualité ».L'Etat désire se donner lesmoyens non seu-lement de favoriser l'usage de la langue deMolière, mais également d'en promouvoir lerayonnement sur le territoire cantonal en vi-sant au recours du français dans tous lesdomaines de la vie courante. Il édicte desrecommandations, en particulier afin de

« bannir les anglicismes inutiles et cho-quants ». En faisant office de pionnier, leJura s'inscrit dans lamouvance de l'Unescoqui exhorte la diversité des expressions cul-turelles qui passe par la diversité linguis-tique. A ce sujet, le Gouvernement jurassienprécise que la promotion de la langue fran-çaise doit être en adéquation avec celle duplurilinguisme. Autre nouveauté : la créa-tion d'un Conseil de la langue françaisenommé par le Gouvernement pour la duréede la législature. Dans le lot des attributionsde cet organisme : la coordination des ac-tions avec les organismes de gestion de lalangue française en Suisse et à l'étranger.On ose, dès lors, imaginer que le Jura serale premier canton helvétique à adhérer àl'association internationale des Régionsfrancophones.En conclusion, nous ne résistons pas auplaisir de vous dévoiler l'article 9 de cetteloi : « L'Etat assure un enseignement quipermet la maîtrise et suscite L'AMOUR dela langue française. » �

JEAN-PIERRE MOLLIET

JOURNALISTE

CP 725 - 2800 DELEMONT

duJuraL’exempleDANS “ALOUETTE”, LE BIMESTRIELDE L'ASSOCIATION SUISSE DESJOURNALISTES DE LANGUEFRANÇAISE, JEAN-PIERRE MOLLIETÉVOQUE LE PROJET DE LOIJURASSIEN POUR DÉFENDRE LALANGUE FRANÇAISE.

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Langage

Dans un document intitulé « Le fran-çais, langue rare », le commissairechargé du multilinguisme à la Com-

mission européenne à Bruxelles, le Rou-main Leonard Orban, s'inquiète de ladisparition des interprètes francophones :« faute d'accroissement du nombre de di-plômés qualifiés issus des écoles d'inter-prètes et des universités, les institutions del'Union Européenne perdront près de lamoitié de leurs interprètes de conférencesfrancophones dans les dix années à venirdu fait des départs à la retraite », ces fonc-tionnaires ayant été recrutés dans les an-nées 70-80. Cette pénurie n'existe pasqu'au sein de l'UE, mais aussi dans toutesles institutions utilisant le français, comme

Dans Le Point, le linguiste Claude Hagège se révoltecontre la toute-puissance de l’anglais. Si on acceptel’existence d’une langue de communicationmondiale,

à laquelle on prête naïvement un rôle purement utilitaire,on accepte à terme qu’une langue exerce son hégémonie.L’anglais est un dangermortel pour la diversité des langues.Bien sûr, les langues vivent d’emprunts. Seulement, au-delàd’un certain seuil, il ne s’agit plus d’emprunts, mais d’inva-sion, en particulier quand la langue pourvoyeuse est celled’une grande puissance. L’américanisation du français estridicule. Mais l’exemple du Québec montre qu’on peut ré-sister. En 1975, quand le Parti québécois de René Lévesquea fait voter la loi 101 qui fait du français la seule langue of-ficielle de la Belle Province, tout le monde s’en est gaussé.Mais ce fut un succès. Lacordaire disait, comme on sait :« Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et la loiqui affranchit. » Le recours à la loi est indispensable. Sinon,dans deux siècles, nous parlerons tous anglais. �

les Nations Unies. La Commission rappelleque « les effectifs de l'unité française sontcritiques pour le fonctionnement du serviced'interprétation de la Commission et au-delà, pour les institutions et organismesqu'il dessert », Les raisons de cette pénuried'interprètes, selon le document, résidentdans la domination de l'anglais : « l'usagecroissant de l'anglais comme moyen decommunication à l'échelle mondiale a véhi-culé une croyance répandue selon laquellela faculté de parler anglais suffit pour lescontacts internationaux, à la fois pour letravail et pour la vie personnelle ou so-ciale ; par voie de conséquence, le nombrede jeunes gens apprenant les langues asensiblement diminué ». Or, contrairementà cette croyance, tout le monde ne parle pasanglais et, surtout, rares sont ceux qui leparlent parfaitement.La Commission, qui estime ses besoins à200 interprètes francophones au cours desdix prochaines années, note aussi que lenombre d'interprètes de langue anglaise,allemande, italienne et néerlandaise quivont partir à la retraite est également im-portant. �

languerare

ClaudeHagègeProfesseur au Collège de France ’’‘‘L’anglais est undangermortelpour ladiversitédes langues

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Écologie

Écologie

La Fondation a pour buts dans ses articles de :Art. 4 - But :• Développer et promouvoir le “Lycée Français Maurice Druon- Genève”, en particulier dans les six cantons romands (Fri-bourg - Genève - Jura - Neuchâtel - Valais - Vaud) ;• De rassembler tous les Français de Romandie y compris lesbinationaux, dans un esprit oecuménique ;

• De promouvoir la pensée, la culture et la langue française.• La Fondation peut effectuer toute opération se rapportantdirectement ou indirectement à son but.

Art. 7 - Ressources :Les ressources de la fondation sont les revenus de ses avoirset de ses activités, ainsi que tous les dons, legs, subventionset autres attributions, de quelque nature que ce soit, qu'ellerecevra, mais que le conseil de fondation est libre de refuser.Les biens de la fondation doivent être placés conformémentaux éventuelles dispositions légales en la matière.

Est-il besoin d'apporter les précisions suivantes :• Les comptes de la fondation sont controlés à chaque exer-cice annuel par un audit agréé & indépendant.

• Chaque opération requiert la double signature.• Les comptes annuels de la fondation “Lycée français Mau-rice Druon - Genève” dûment audités paraîtront dansFrance Magazine tous les ans.

Le Conseil de Fondation :Madame Sandra Coulibaly-Leroy, Madame Marie-ThérèseClausen, Madame Danielle Vinet, Monsieur François Bellan-ger, Monsieur Jean-Pierre Capelli, Monsieur Nicolas de Zie-gler, Monsieur Marceau Kaub, Monsieur Pierre Oliviéro &Monsieur Serge Cyril Vinet.Souhaiterait lancer un appel à Souscription à tous les citoyensfrançais ou double-nationaux qui résident dans les six cantonsromans, soucieux de se voir ériger le lycée français auquel ilsaspirent depuis bien longtemps.

Je soussigné, m'engage à contribuer personnellement à l'édification du Lycée Français Maurice Druon - Genève par un verse-ment annuel d'un montant de 500 chf (Cinq Cents Francs) pour une durée de Cinq années (5 ans) sur le compte bancaire de lafondation en constitution du même nom. La construction du lycée s'élevant à 35 Millions de Francs suisses (35.000.000 chf) ;si le projet ne démarrait pas, les souscripteurs se verraient intégralement remboursés de leurs dons. Faut-il préciser que lesdons uniques sont les bienvenus.

Nom : ......................................................................Prénoms : ........................................Date de naissance :………………………………

Profession :........................................................................................................................Nombre d'enfants scolarisés :………………

Adresse : ........................................................................................Code & Ville :..............................................Signature :

Banque Cantonale de Genève - N° de prestation : 5017.95.54 Franc suisse - S. VinetRubrique LYCEE FRANCAIS MAURICE DRUON GENEVE - N° IBAN : CH6200788000050179554N° BIC/SWIFT : BCGECHGGXXX - Clearing/CB : 788 - Uniquement par virement.À retouner dûment signé à Fondation Lycée français Maurice Druon - Genève 38A, Malagnou Park - CH 1208 Genève

Monsieur Claude Hagège, professeur au Collège de FranceMadame Jacqueline de Romilly de l'Académie française -Monsieur Christian Cabrol, membre de l'académie demé-decine, professeur de médecine - Monsieur DominiquePaillé, ancien conseiller du Président de la République -Madame Christine Arnothy, écrivain - Monsieur Philipped'Estienne du Bourguet, industriel - Monsieur RobertBerghe, Directeur de lycée français à Lausanne -MonsieurPhilippe Dubois, chef d'état-major de la police vaudoise -Monsieur Michel Charasse, ancien ministre, sénateur du

Puy de Dôme -Monsieur Jean-Claude Casadesus, Chef del'orchestre national de Lille - Madame Nicole Guedj, an-cien ministre, Conseiller d'Etat - Monsieur Pierre Bergé,mécène - Monsieur Alain Larcan, ancien président del'Académie demédecine, président de la fondation scienti-fique du Général de Gaulle -Monsieur David Khayat, mem-bre de l'Académie de médecine, professeur de médecine -Monsieur Christian Poncelet, ancien ministre, ancien pré-sident du sénat, sénateur & président du Conseil Généraldes Vosges - Monsieur Paul Lombard, Avocat.

COMITE d'HONNEUR Favorable au projet du Lycée

Bon de Souscription�

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Pour ma part, si j'osais, j'y ajouteraisvolontiers le délitement préoccupantde l'expression orale et, si j'avais en-

core plus d'audace, je rêverais d'un ensei-gnement qui permettrait à notre société dese "tenir droit", une sorte d'orthocivisme.Notre orthographe se délite au point quedes directeurs d'IUT vont remettre la dictéeà leur programme et qu'un certificat d'or-thographe correcte pourra être joint main-tenant à une demande d'emploi. On alongtemps refusé de considérer le mal enface. On l'a pris au contraire en patiencesoit en affirmant, singulièrement et collec-tivement, qu'on ne pouvait rien faire et quenotre impuissance était en quelque sortefatale, donc excusable soit, par un procédéplus subtil et pervers, en dévaluant ce donton n’avait pu empêcher la dégradation. Demême que certaines bonnes âmes s’habi-tuent aux malfaisances que la délinquancecause aux autres en s'affichant sensibles etcompréhensives à l'égard des transgres-sions - que faire contre elles sinon lesconstater, paraît-il ! -, de même l'ortho-graphe a connu un somptueux naufragequ'on affirme imposé par l'inéluctablepression du siècle.Aujourd'hui, il y a branle-bas de combat.“Le Parisien” relève "le top 10 des fautes"mais en a oublié une carmon expérience dela radio et de la télévision m'autorise à si-

gnaler qu'une erreur grave et fréquente estcommise au point qu'on se demande si larègle est encore connue. Il s'agit, avecl'auxiliaire avoir, de l'accord si le complé-ment d'objet direct précède : combien defois ai-je entendu « je crois que je l'ai pris »alors même que le complément antérieurétait au féminin. Carence d'autant plusinadmissible à la télévision où le prompteurest lu, c'est donc la chaîne qui est défi-ciente ! Des hommes politiques, des minis-tres, des présentateurs de journauxtélévisés s'abandonnent à cette impropriétéet nous écorchent l'esprit, l'oreille.Je crois que pour restaurer une ortho-graphe globalement acceptable, sans vou-loir aborder le problème d'une culturegénérale qui en est le terreau nécessaire, ilfaut aumoins considérer que l'écrit et l'oralont part liée et qu'on ne saurait dissocier labataille en faveur du premier en laissant lesecond aller à vau-l'eau. J'insiste sur lespolitiques et les médias parce que l'effortdoit d'abord et principalement porter surces professions qui, exprimant et diffusantpubliquement, se trouvent avoir une res-ponsabilité particulière sur l'esprit du pays.Elles peuvent le dégrader davantage parleur exemple ou insensiblement lui redon-ner le goût de la qualité du langage. Je suisen effet persuadé que si des images discu-tables altèrent parfois les têtes à cause de

Philippe Bilger

AVOCAT GÉNÉRALDU BAREAU DE PARIS

Langage

DEPUIS QUELQUES SEMAINES, LA FRANCE EST AGITÉE PARL'UN DE CES GRANDS DÉBATS DONT ELLE RAFFOLE : BEAU-COUP D'EFFERVESCENCE, AUCUNE INCIDENCE SUR LE RÉEL.L'ORTHOGRAPHE EST DEVENUE, À LA SUITE NOTAMMENT DELA SORTIE DU LIVRE DE FRANÇOIS DE CLOSETS, UNE PASSIONNATIONALE ET ON FEINT DE S'APERCEVOIR AUJOURD'HUI DEL'EXISTENCE D'UNE CATASTROPHE QUI, AU FIL DES ANNÉES,N'A CESSÉ DE S'AMPLIFIER.

Quivasauver

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FRANCEMAGAZINE N°28 49 PRINTEMPS 2010

Langage

bulle médiatique, moins on parle bien lefrançais, plus on est appelé à le parler. Jepropose que pour l'ensemble des repré-sentants emblématiques de la parole pu-blique - cette parole, nous étant adresséeet transmise, nous concerne aupremier chef - il y ait des cours d'oralité quine devraient pas négliger les bases pour lesmoins doués. Il n'y aurait là rien de cho-quant. Lancer dans l'espace public des pa-roles qui ne font pas honneur à la forme - je

ne discute même pas dufond qui représente unetâche qui mérite qu'onl'apprenne et qu'on la maî-trise. La politique de civili-sation, un temps évoquéepar le président de la Ré-publique puis apparem-ment remisée dans leplacard des concepts inu-tiles, serait de fait utile-ment mise à contributionpour appuyer un volonta-risme en faveur d'une cul-ture pas seulement destrass et de paillettes : uneculture de l'écrit "droit", dela parole "droite" et d'unesociété "droite". C'est unsillon qu'il conviendrait decreuser avec acharne-ment, tant le désastre apris de l'avance. Qu'on nes'y trompe pas : s'il y a unevolupté du déclinisme, il ya surtout, de la part deceux qui partagent monpoint de vue, une indigna-tion encore impuissantecontre les massacreurs

tranquilles, inconscients ou vulgairementdestructeurs de la langue, de la France etde son renom au travers d'elle. Ils sont,eux, les véritables responsables d'un déclinqu'il serait déjà beau de pouvoir limiter. Cetaffaiblissement plante son poison dansl'âme du pays et a évidemment des consé-quences aussi sur son rayonnement et saforce d'attraction.Que quelques intellectuels parlent et écri-vent parfaitement le français neme consolepas. Le citoyen serait-il voué à l'ordinaire ?Je refuse un français à double vitesse. Ouune orthographe de classe. �

LA GAZETTE DE LA FRANCOPHONIE N°42

la publicité, une lumière en revanche peutêtre suscitée par des modèles que nous nepouvons guère éviter médiatiquement.L'exemple doit venir de haut pour que tousaumoins se sentent mobilisés par une telleentreprise. Au quotidien. La beauté de laFrance, la beauté de son Iangage : c'est unrespect qui en vaut bien un autre.Cette volonté d'imaginer un moyen, uneméthode pour remettre à niveau ceux quiparlent et écrivent le français en le dénatu-

rant, est d'autant plus urgente que lasphère médiatique en particulier ne se taitpas à hauteur de ses imperfections de lan-gage. On n'a jamais connu au contraire tantd'oralité, puisque, comme l'a justement in-diqué Serge July dans un livre récent («Faut-il croire les journalistes », éditionsMordicus), de plus en plus le débat et saprolixité remplacent l'information et sadensité factuelle. Le "bla-bla sportif”, luiaussi, est devenu insupportable et il tue lit-téralement, en l'étouffant, l'enseignementprimordial qu'apportent les images. Le pa-radoxe est donc que dans le monde poli-tique mais sur un autre registre et dans la

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C'est le mardi 24 novembre à 12 h 30 que le Maître de Céré-monie Eric Benjamin reçoit son Excellence Monsieur l'Am-bassadeur de la Francophonie auprès des Nations Unies de

Genève, Monsieur Libère Bararunyeretse.L'ensemble du Comité de lecture était présent pouraccueillir le Lauréat 2009 du Grand Prix Littéraire Jeand'Ormesson, Monsieur Roger Cunéo, accompagné deson Editeur Pierre Marcel Favre des éditions Favre etde son assistante, Madame Sophie Rossier.Après avoir fait les présentations d'usage, comme il sedoit, Monsieur Eric Benjamin rappelle que MonsieurLibere Bararunyeretse fut auparavant ministre des Af-faires étrangères et président du sénat au Burundiavant de prendre ses fonctions d'ambassadeur, repré-sentant la francophonie auprès des Nations Unies àGenève depuis 2006.Son Excellence, soulignant le plaisir et l'honneurd'être parmi nous en cette occasion, nous indique qu'àses yeux, une manifestation de cette importance nepouvait se dérouler sans que la francophonie y soitprésente. C'est non seulement un label mais c'estaussi un devoir. De préciser aussi la mission de la fran-cophonie dans le monde, une mission de tous les ins-tants, s'appliquant sans relâche à l'implantation de lalangue et la culture française partout où cela est pos-sible et notamment dans les lieux peu francophones.Eric Benjamin donne ensuite la parole à Serge CyrilVinet, fondateur du Grand Prix Littéraire Jean d'Ormes-son, pour la Présentation des membres du Comité deLecture :• Marie-Claude Pissetaz : Multiculturelle à bon escient,

de la peinture à la musique, de l’écriture auThéâtre, elle est le témoin culturel de tousles instants.• Sandra Coulibaly : C’est l’image même dela Francophonie. Jeune, vive, pluriculturelle,attachée à la langue de Molière autant qu’àses racines.• Sophie Wallez : Outre ses talents de traitd’union entre les arts, au sens noble dumot,communicatrice émérite, elle ajoute à sonviolon toute l’émotion de la poésie.• Dany Vinet : Que je connais bien…ne passepas une semaine sans avoir dévoré deux ou-vrages. Véritable Française de l’Etranger etavocate inconditionnelle de la francophonie.• François Bellanger : Nous confirmechaque jour la preuve qu’une plaidoirie surlesmaux de l’existence et de notre société nepeut se faire sans mots d’esprit.• Eric Benjamin : Véhicule la courtoisie etl’amabilité puisant à une tradition presquedisparue, commeune image qui lui va si bien.• Nicolas de Ziegler : A très vite compris quele premier degré de la folie est de se croiresage, le second est de le proclamer.• Antoine Frasseto : Toute son expériencediplomatique lui confère un soupçon d’indul-gence et de trouver dans toutes déraisons lesraisons de suspendre son jugement.• Darius Rochebin : Comme les Japonaises

GrandPrixLittéraireJeand’Ormesson2009

RemiseduGrandPrixauLauréat2009

Roger Cunéo, lauréat 2009,avec “Maman, je

t’attendais”, éd. Favre.

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FRANCEMAGAZINE N°28 51 PRINTEMPS 2010

qui pratiquent l’art de l’Origami, il privilégie lajustesse du pli à l’éclat de l’habit.• Jean-Pierre Wallez : Représentant ClaudeImbert (fondateur duPoint), il nous fait l'ami-tié d'être parmi nous, délaissant ses parti-tions et son violon pour nous distillerquelques mots d'esprit dont il a le secret.• Serge Cyril Vinet : Solitaire de nature,réactionnaire d’esprit, anarchiste de cœur ;écolier et timide contrarié, je resterai, savou-rant les mots que l’on ne prononce pascomme des fleurs du silence.Ce dernier adresse ensuite, au nom du Co-mité de lecture les sincères Félicitations àMonsieur Pierre Marcel Favre et toute sonéquipe.Qui a osé remettre l’église au milieu du vil-lage, comme on dit ici, en prenant son mé-tier d’éditeur à la lettre comme dans l’esprit.Car il faut bien souligner que le tournantdans l’histoire de l’Edition, c’est le momentoù les gens qui savaient compter se sontmisà commander ceux qui savaient lire. Alorsqu’avant, c’était l’inverse.Puis, s'adressant vers le lauréat par cesQuelques Mots :« Je ne peux pas séparer l’image de votre vi-sage de votre ouvrage.Vous portez dans vos yeux la force de votrecœur !Ayant reposé votre livre.

Chacun à sa manière se souvient de sa prime jeunesse et des mo-ments douloureux qu’il a vécu.Immédiatementme sont apparus deux personnages célèbres par leurécriture, aussi dissemblables que complémentaires : Charles Bau-delaire & Jean Cocteau. »« Je prends très souvent les faits pour des mensonges,Et que, les yeux au ciel, je tombe dans les trous.Mais si la voix me console et dit : » Garde tes songes ;Les sages n’en ont pas d’aussi beaux que les fous ! »Et de continuer Baudelaire à votre Mère« Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivie,Pauvre Mère, je vous aime autant que je vous plains,Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,Et les urnes d’amour dont votre grand cœur est plein. »Gardons le mot de la fin pour Jean Cocteau qui nous invite à« Fermer les yeux des morts avec douceur. C’est aussi avecdouceur qu’il faut ouvrir les yeux des vivants. »La Remise du Diplôme au lauréat par Monsieur l’Ambassadeur etles membres féminins du Comité de lecture s'effectue sous les ap-plaudissements nourris de l'assistance.Un déjeûner sous l'égide de la Francophonie, s'en suivit.Le Restaurant “Le Sud”, situé dans l'hôtel Mandarin Oriental, nousavait réservé, comme à son habitude, un accueil de classe, alliant àla grande qualité gustative du déjeûner unemerveilleuse convivialité.Il fallut toute l'autorité du maître de cérémonie pour donner la pa-role à Monsieur Pierre Marcel Favre* qui voulut tous nous remer-cier très chaleureusement de cette manifestation et nous donnerrendez-vous lors d'une prochaine occasion.Monsieur Roger Cuneo, l'heureux récipiendaire, nous rappela com-bien il était sensible à cette marque de reconnaissance de la part du

Comité de lecture du Grand Prix Littéraire Jean d'Ormesson, etl'émotion bien visible qu'il a ressentie lors de sa remise de prix.L'occasion lui étant donnée, il ne se priva pas non plus d'adressertous ses remerciements envers son éditeur.Nicolas de Ziegler, en clôturant cette séance, soulignait, à la satis-faction générale, que les grands esprits français de la littérature etde la politique, ceux de l'époque où lamaîtrise de la langue françaiseétait une exigence de tous les instants, n'étaient pas loin... en sou-haitant aux moins de 20 ans de connaître ces bons moments...�

Ci-dessus : Le Lauréat entouré deMesdames Marie-Claude Pissettazet Dany Vinet lors de la remise du

trophée.A droite : Monsieur l'Ambassadeur

de la francophonie LibereBararunyeretse pendant son

allocution et ses félicitations àl'attention de Monsieur Roger Cunéo.

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FLAM

L’Ordre des Palmes Académiques a été créépar Napoléon qui le considérait comme la“Légion d’Honneur de l’Université”. L’Ordrerécompense, en France comme à l’étran-ger, les valeurs défendues et les servicesrendus dans les domaines de l’éducation etde la formation.Mme Sylvie Boutard Conoscenti, nouvellerécipiendaire de Zurich a reçu cette distinc-tion des mains du Consul Général deFrance, au nom du premier ministre de laRépublique Française, pour l’excellence desa contribution dans le domaine de l'édu-cation.Depuis de nombreuses années, Mme SylvieBoutard Conoscenti a œuvré au développe-ment de l’enseignement, ainsi qu’à la dé-fense et à la promotion de la langue et dela culture française au sein de la commu-

nauté zurichoise dans le cadre des coursFLAM – Français LAngueMaternelle : coursde français, dits cours FLAM, qui s’adres-sent aux enfants francophones, de toutesnationalités confondues, qui sont scolarisésdans le système scolaire zurichois (jardinsd’enfants et écoles primaires du canton deZurich).Ces cours sont organisés dans le cadre descours LCO (Langue de Culture d’Origine) enallemand HSK (Kurse in HeimatlicherSprache und Kultur) et sont reconnus parla Direction de l’Education du canton de Zu-rich depuis août 2001. La conséquence decette reconnaissance est le report desnotes des cours LCO de français dans lecarnet scolaire des élèves de FLAM à partirde la 2e classe de primaire. Cette note estavant tout une reconnaissance de leur bi-linguisme et de leurs efforts extrascolaires.Le but des cours FLAM est de permettreaux enfants de langue française d'acquérirla maîtrise de leur langue maternelle danstoutes ses formes d'expression et laconnaissance de la culture dans laquelleelle s'inscrit.L’enseignement des cours FLAM est garantisans but lucratif et neutre du point de vuepolitique et confessionnel.Grâce à une subvention de la réserve par-lementaire du Sénat, les cours FLAM ont pudébuter à partir de la rentrée scolaire de1999. Depuis, l'effectif des élèves qui s'éle-vait à 57, a progressivement augmenté et sestabilise depuis plusieurs années à 250 ré-partis sur 27 classes.L'équipe pédagogique est composée ac-tuellement de 24 enseignantes qualifiées.A la fonction de présidente de Mme Sylvie

LE 4 JUILLET 2009: "POUR FLAM ET GRÂCE À FLAM"

MONSIEUR JEAN-LUC FAURE-TOURNAIRE, CONSUL GÉNÉRALDE FRANCE À ZURICH, A REMIS, LE 4 JUILLET 2009, LESINSIGNES DE CHEVALIER DANS L’ORDRE NATIONAL FRANÇAISDES PALMES ACADÉMIQUES À MME SYLVIE BOUTARDCONOSCENTI, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION “COURS FLAM –FRANÇAIS LANGUE MATERNELLE”.

Est-ce vraimentvrai ?

Mme SylvieBoutard

Conoscenti (àdroite) en

compagnie deDany Vinet.

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FLAM

Boutard Conoscenti s'ajoute celle, essen-tielle et déterminante, de coordinatrice descours FLAM qu'elle mène de front depuisdix ans : financement des cours, inscrip-tions des élèves, recherche de salles, re-crutement et formation continue del'équipe pédagogique, méthode pédago-gique, collaboration avec les autorités lo-cales de la Direction de l'Education deZurich.En 2006, l'association Cours FLAM a éla-boré son propre "guide pédagogique" pourle niveau du jardin d'enfants. Les cours deFrançais Langue Maternelle (FLAM) s’ins-crivent dans le cadre du Plan d’études gé-néral des cours de langue et de cultured’origine (LCO) dont une traduction fran-çaise a été publiée en juin 2003. Ce pland’études s’applique à l’école publique etn’aborde que très sporadiquement le cas dujardin d’enfants, d'où la nécessité de créerce guide.La grande majorité des communautés lin-guistiques LCO n’organisent leurs coursqu’à partir du primaire, en s’appuyant es-sentiellement sur l’écrit. A cet égard, lescours FLAM constituent donc un cas assezexceptionnel, puisque, dès leur création en1999, des classes d’expression orale ont étéproposées aux enfants francophones dès 4ans et demi (âge correspondant à l’entréeau jardin d’enfants dans le canton de Zu-rich).L’un des principaux objectifs de ce guidepédagogique pour la maternelle est d’aiderles enseignant(e)s à préparer leurs élèves àleur future scolarité FLAM, en éveillant leurintérêt pour la langue française et la cul-ture francophone, en leur donnant le ba-gage d’expression orale nécessaire pouraborder l’expression écrite en toute séré-nité, en leur faisant prendre conscience deleur bilinguisme et de la chance qu’il re-présente pour eux. Bref, en leur insufflant“l’esprit FLAM” !Parallèlement, une campagne destinée àmontrer l’importance des langues pre-mières (ou langues maternelles) et à favo-riser le développement de cetenseignement dans le système scolairesuisse a été lancée au début de l'année2008 par le groupement d’intérêt “Languespremières”.Ce groupement rassemble des organisa-tions, des associations et des personnes in-dividuelles qui ont signé l’appel

« Encourager les langues premières desenfants : un mandat central du systèmeéducatif ». L’association Cours FLAM, quis’est déjà beaucoup investie dans le projet,figure parmi les membres fondateurs dugroupement.Depuis 2007, Sylvie Boutard Conoscenti,sollicite la collaboration d'une artiste pein-tre francophone, Antonella RuetschDell’anna, artiste ClovAn, qui ouvre lesportes de son atelier aux enfants des coursFLAM afin de leur permettre de développerleur sens artistiques mais surtout de lesguider vers l'histoire de l'art. Cette ouver-ture donne la possibilité aux élèves FLAM,une fois par mois, de peindre un tableau àthème d'un peintre préalablement choisi etun vernissage annuel est ensuite organiséoù les parents comme les enfants peuventprendre conscience de cette nouvelle visionde la promotion de la langue et de la cul-ture francophone.Cette nouvelle forme de promotion a étéemployée en 2009 dans le cadre des 10 ansd'existence des cours FLAM en 2009.Pour fêter ce 10e anniversaire, divers ate-liers de peinture dirigés par l'artiste-pein-tre francophone, Antonella RuetschDell’anna, ont été offerts aux élèves et lestableaux réalisés par les enfants ont été ex-posés lors d'un vernissage organisé surchaque site d’enseignement : Horgen, Mei-len, Wallisellen, Winterthur et Zurich.L'équipe pédagogique a présenté égale-ment des activités organisées avec lesélèves et un apéritif convivial a permis àtous de vivre un évènement exceptionnel etinoubliable.De par cette action unique, l'associationCours FLAM a souhaité donner la possibi-lité à ses élèves de développer leursconnaissances culturelles, de s’éveiller àl’expression artistique dans toutes sesformes et de vivre, pour la plupart d’entreeux, l’expérience d’un premier vernissage !Le 4 juillet dernier était donc "Pour FLAMet grâce à FLAM" : soit le dernier vernis-sage des 10 ans des cours FLAM à Zurichet, à cette occasion, le jour de la Remise dela médaille de Chevalier dans l’Ordre desPalmes Académiques de la RépubliqueFrançaise à Mme Sylvie Boutard Conos-centi.L'aventure FLAM continue et souswww.coursflam.ch vous pourrez retrouvertoute son actualité ! �

Le but des coursFLAM est depermettre aux

enfants de languefrançaise d'acquérirla maîtrise de leurlangue maternelledans toutes ses

formes d'expressionet la connaissancede la culture dans

laquelle elles'inscrit.

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Il s'agit de la biographie écrite sur le Ducde Richelieu et son fabuleux parcours entant que gouverneur d'Odessa que l'au-

teur fait ressortir avecmaestria en nous res-tituant le quotidien d’un homme de qualitéévoluant dans des contrées dignes d'unroman de Walter Scott.Issu d'une des plus brillantes familles del'aristocratie française, auréolée du prestigedu grand Armand du Plessis, le Cardinal deRichelieu, celui comme disait AndréMalrauxdans les années soixante qui a pris la Francequand elle était dans l'état de 1940 pour enfaire en vingt ans l'équivalent des Etats-Unisd'Amérique du Président Eisenhower (c'est-à-dire l'incontestable première puissancemondiale), Armand-Emmanuel, le futur Ducde Richelieu reçoit dès sa naissance, en1766, toute la gamme d'éducation qu'unegrande naissance favorise. Influencé par ungrand-père brillant, plus que par un père fa-tigué avant l'âge, il passe une enfance enplein cœur de Paris au pavillon de Hanovre -que les Parisiens habitués du quartier del'Opéra connaissent bien lorsqu’ils déambu-lent entre le boulevard des Italiens et la ruedu 4 Septembre.Pourtant, les rapports que le Duc de Riche-lieu va entretenir avec sa terre natale vont,dès l'adolescence, commencer à s'espacer.Entre 15 et 18 ans, sa famille estimant, quedéfinitivement, les voyages forment la jeu-nesse, Armand-Emmanuel entame unvoyage formateur à travers l'Europe aristo-cratique (il rencontre à cette occasion Fré-déric II en Prusse) et développe des talentsd'esprit et des capacités intellectuelles quisont réelles. Mais ces dispositions ne vont

LeDucdeRichelieuEMMANUEL DE WARESQUIEL - EDITIONS PERRIN

ALORS QUE LA FRANCE CÉLÈBRE EN 2010 L'ANNÉE DE LA RUSSIE, UNLIVRE D'EMMANUEL DE WARESQUIEL - DONT NOUS AVIONS DÉJÀ EUL'OCCASION DE VANTER LES QUALITÉS DE BIOGRAPHE POUR SONOUVRAGE SUR TALLEYRAND AINSI QUE SUR SES TRAVAUX ANTÉRIEURSSUR LA FRANCE DE LA RESTAURATION1 - UN LIVRE, DISIONS-NOUS,DEVRAIT RETENIR L'ATTENTION D'UN PUBLIC AMATEUR DE CESDESTINS FRANCO-RUSSE QUI NOURRISSENT LES SIÈCLES DEPUISL'ORIGINE DES RELATIONS DE CES DEUX GRANDS PAYS.

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Littérature

guère lui servir dans les salons parisiens cartrès vite, la France s'agite et le mécontente-ment gronde dans les provinces autant quedans la capitale. Le Pouvoir à Versailles va-cille et la Révolution commence à ébranlerl'édifice que la monarchie française avaitpourtant cru si solide. Armand-Emmanuelquitte donc à nouveau la France en 1789 - ila 23 ans - et s'engage dans les combats op-posants Russes et Turcs à Ismail dans cettegrande partie stratégique etmilitaire que selivre La Porte et Catherine II pour le contrôlede la Mer Noire. Après s'être distingué àcette occasion et servi la Russie avec zèle etferveur dans cette sorte de carrièremilitairequi ne déplaît point à son caractère, il re-

gagne brièvement la France pour en repar-tir en 1791 quelque temps après l'épisode dela fuite du Roi a Varennes.Aumoment de ce deuxième départ véritablede France, le Duc de Richelieu est soulagéde s’en aller et de regagner la Russie de Po-temkine que ses engagements militaires lefont servir. A 25 ans, il ne sait pas encorequ'il quitte son pays pour longtemps et qu'iln'y reviendra vraiment que dans un quart desiècle dans des circonstances historiquesqu'il ne peut pas imaginer une seconde. Carcomment imaginer qu'il laisse une Francequi, après avoir vécu les diverses phasesd'une Révolution qui acceptera initialementde cohabiter avec son Roi pour ensuite l'en-voyer à l'échafaud, verra ses factions se dé-truire l'une l'autre avant qu'un général detrente ans vienne, au bout de dix ans, un cer-tain 18 Brumaire de 1799, rétablir l'ordre né-cessaire aux affaires de la France et entamerune aventure légendaire à laquelle le cata-clysme de la campagne de France de 1814mettra un terme presque définitif. Il est loinde songer que ce pays qu'il quitte succom-bera un jour sous les coups de trois empe-reurs coalisés et que commencera alors uneoccupation du territoire traumatisante qu'ildevra, lui, devenu le mandataire des cespuissances du Nord, gérer pendant lesquelques années qui marqueront sa fin devie. En 1791, le jeune homme qui s'expatrie,certes avec sa patrie au cœur, n'est cepen-dant déjà plus tout à fait français. Le quartde siècle qui s'annonce ne fera qu'amplifierle phénomène et son goût pour le service duTsar autant que pour ces contrées lointainesqu'il arpente avec la joie d'un Byron et la ca-pacité gestionnaire d'un Louvois développe-ront fortement ce tropisme russe auquel il acédé avec joie.En 1802 toutefois, il effectue un bref retour àParis rue de Grenelle, mais se voyant impo-ser des conditions inacceptables pour queson nom soit radié de la liste des émigrés -notamment la renonciation à son grade deLieutenant Général en Russie - il en repartpromptement. Ce n'est qu'à la fin de 1802,alors qu'il est rentré à St-Petersburg queson nom est enfin rayé de la liste et qu'onl'autorise officiellement à rester au servicerusse.Nommé Gouverneur d'Odessa, la grandeaventure du Duc de Richelieu commence vé-ritablement. Son génie va s'y déployer avecune ardeur et un désintéressement peucommuns. Il y voit en outre lemoyen de ser- >>

Tripleportrait deRichelieu

(1639) exécutépar Philippe deChampaigne.

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Littérature

vir la France, à un poste stratégique pour leséchanges commerciaux entre la Méditerra-née et la Mer Noire - à l'image de ce négo-ciant marseillais Anthoine qui, dans lesannées 1780, avait déjà établi un comptoir decommerce a Kherson. Le lien personnel deRichelieu avec la France se distend cepen-dant aussi au vu de la complexité des pro-blèmes issus de la succession et de lagestion de son patrimoine familial suite à laRévolution. Foncièrement honnête et sou-cieux de son nom, Richelieu a voulu honorertoutes ses dettes malgréles pertes énormes occa-sionnées par celle-ci.Sur les bords de la MerNoire, Alexandre a besoind'un administrateur effi-cace alliant hauteur de vueet pugnacité. Suivant lespas de la Grande Cathe-rine, il ambitionne de dy-namiser cette immenseespace du Sud de la Rus-sie encore vierge et sou-vent rebelle. La tâchecependant est immensecar si le projet de cetteNouvelle Russie a déjà étébien entamé par Potem-kine, tout reste à faire. En1778, certes Kherson a étéfondé afin de favoriserl'ouverture du Bosphoreaux navires marchandsrusses et d'y disposer d'unport militaire et de com-merce. Certes, en 1784,Catherine II fonde Ekateri-noslav pour en faire ungrand centre administratifet industriel de la provinced'Azov. Puis viennent Sé-bastopol en 1786 et Nikolaiev en 1789. Maisau-delà des apparences que cette succes-sion de décisions concernant des villes dontles noms nous sont encore si familiers au-jourd'hui et les ports si actifs dans le com-merce moderne des grains et autresmatières premières etmarchandises depuisles bords de laMerNoire, en 1803, comme lerappelle Emmanuel de Waresquiel, lorsqueRichelieu est nommé, la Nouvelle Russien'est encore qu'une vaste steppe désertique.Mais cette tâche immense qu'il a devant lui,Richelieu va la saisir à pleinemain. En 1803,il devient donc Gouverneur civil et militaire

d'Odessa puis, en mars 1805, il est Gouver-neur Général de la Nouvelle Russie (a la têtedes provinces de Kherson, d'Ekaterinoslavet de Tauride). Fort des ses pouvoirs, iltransforme la ville et toute la région. Il en faitle tour et en développe une connaissance in-time lors de tournées d'inspection au fil demilliers de kilomètres, traversant des terri-toires peuplés de colonies allemandes,russes, grecques. A ses yeux, le commercemaritime est vital, il visite Taganrog fondéeen 1706 par Pierre le Grand, deuxième port

de la Nouvelle Russieaprès Odessa pour lecommerce du blé, et Na-khitchevan, fondé en 1780par Catherine II et origi-nellement destiné à rece-voir les Arméniens de laCrimée. Puis Azov et leKouban, patrie des Co-saques Zaporogues. Ilparcourt la Circasie, laCrimée après avoir tra-versé le Détroit de Kerchet arpenté ses territoirespeuplés de Juifs, d'Armé-niens, de Grecs et deTurcs qui présentent un silarge éventail de nationa-lités qu'on y parle alterna-tivement Anglais,Français, Russe, Turc, Al-lemand. Polyglotte parobligation - mais aussisans doute par goût - leDuc lui-même rédige ai-sément en Russe, Anglaiset Allemand.Dans ses fonctions, Ri-chelieu aime le travail etcette sensation de dirigerpleinement un territoire

géographiquement tangible. Il est financiè-rement désintéressé mais il a le goût dupouvoir et la perspective d'associer son nomà de grandes réalisations, pour la gloire decelui-ci qui le séduit puissamment. Il estcourageux, visionnaire, tenace et travailleurmais se révèle parfois très fragile si laconfiance d'Alexandre 1er lui est comptée ous'il sent une baisse de considération à sonégard. Il a besoin d'être aimé, voire admiré etse montre sans doute trop sensible à lalouange ; faiblesse que les Russes saurontbien exploiter avec lui et qui contrastera avecson retour en France ou les jeux politiques

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Autre toile deRichelieusignée parPhilippe deChampaigne

en 1639.

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Littérature

font vibrer des cordes bien différentes. Celadit, il est populaire et aime dans ces terri-toires où il a continué mais surtout innové,amplifié l'œuvre engagée par Potemkine.Sesmanières de grand seigneur, avec sa po-litesse exquise, en imposent à son entou-rage, lequel ne peut guère que se modelersur sesmanières d’authentique aristocrate.En 1813, la peste éclate à Odessa et danstoute la région. Elle mobilise intensémentRichelieu qui démontre alors des capacitésd'organisateur hors pair et une clairvoyancesalvatrice. Il prend en effet des mesuresavant-gardistes pour contingenter et étein-dre le fléau qui sera beaucoupmoins dévas-tateur grâce à son action.Au terme de ces dix années passées àOdessa sonœuvre est immense : la ville et larégion ont été transformées. Son habileté àobtenir crédits et exemptions du Tsar ont dy-namisé le commerce et le port. La ville estméconnaissable avec ses maisons en dur,ses vastes allées, ses arbres et nombreuxlieux de société, de rencontres ou de dé-tentes. Ses administrés le fêtent et regret-teront son départ pour la France qui lui estimposé par les circonstances et le Tsar.En 1814 donc, Richelieu rentre en Francemais il ne reconnaît plus son pays. Sans il-lusion sur les choses et les hommes dansune lettre à son ami Langeron, il confie,amer : « Il semble qu'on ne sache pas enFrance ce que c'est qu'administrer, maisqu'on se borne à exploiter le pays enhommes et en argent. »Dans cet état d’esprit, il est tout prêt à re-partir pour la Russie quand Louis XVIII l'ap-pelle au gouvernement pour remplacerTalleyrand en septembre 1815. Mais à ceposte, malgré ses qualités et son ardeur, ilsouffre de la faiblesse de sa position. Lesvainqueurs exercent en effet une tutelle per-manente et contraignante sur Louis XVIII etle gouvernement français. Car le gouverne-ment de la France n'est pas libre dans unpays occupé et que les puissances alliéesveulent faire chèrement payer.Pendant trois ans de ministère, la confé-rence alliée sera “un organe de surveillanceet de pression sur le gouvernement fran-çais”. Richelieu le vivra comme uneconstante humiliation et devra se battre becet ongles pour ne pas sombrer ni céder surdes points aussi essentiels que la définitiondes frontières, l'abandon des places forteset la charge budgétaire pour les indemnisa-tions et autres frais d'entretiens des troupes

d'occupation. En outre, à ce frein terrible del'étranger qui entrave son action s'en ajouteun autre qui désespère Richelieu : les que-relles franco-françaises, misérables et in-dignes en face de la situation globale.Pourtant, malgré l’adversité, Richelieu réus-sit à obtenir les concessions nécessaireslors du second traité de Paris et trois ansplus tard la libération anticipée du territoire.En 1818, les querelles politiques finissentpar le lasser et il se retire en décembre. Fi-nalement rappelé en 1820 après la chute deDecazes, il n’effectue qu’un bref retour carsa modération ne peut en aucun cas satis-faire les ultras et leur besoin souvent fana-tique de retour à l'Ancien Régime. En 1821,il se retire définitivement de la vie politiqueet caresse le projet de retourner en Russie.La vie, malheureusement, ne lui en laisserapas le temps car en mai 1822, malade, nepouvant guère se déplacer entre ses terresde province et Paris, il décline. De retour deCourteilles, il décède dans la nuit du 17 mai1822, laissant un héritage bien modeste ;son désintéressement et son honnêtetél'ayant davantage honoré qu'enrichi, surtoutselon les normes de l'époque.Il laisse cependant derrière lui une belleœuvre d'administrateur judicieux et vision-naire qui a su faire d'Odessa une ville de lu-mière, bien construite et culturelle, autantqu'un port actif et décisif sur les bords de laMer Noire. Sa statue qui le célèbre et faitface à ce port, qui, aujourd'hui encore, fait lafierté d'une région, sourit toujoursmalicieu-sement quand les derniers rayons du soleils'éteignent pour laisser place à la nuit. Etcomme une bonne part des battements ducœur du commerce international, au-jourd'hui comme hier, résonnent toujoursfortement dans cette région qui, de la MerNoire, achemine par les détroits leurs mar-chandises diverses, agricoles et sidérur-giques, chatoyantes et bariolées vers lesnombreux pays du bassin méditerranéen,voire au-delà par Gibraltar et Suez, l'actioncivilisatrice du Duc de Richelieu n'a pas finide déployer ses effets ni de faire rayonnermondialement le nomd'Odessa,même dansl'esprit de ceux qui ne connaîtraient pas sonœuvre ni dans les yeux aujourd'hui éteints decelui qui confiait avoir tant aimé lesvoyages. �

DOMINIQUE [email protected]

1 RFE Magazine numéro 6 (page 20) Juin 2004

Richelieu est loinde songer que cepays qu’il quitte

succombera un joursous les coups detrois empereurscoalisés et que

commencera alorsune occupation du

territoiretraumatisante qu'ildevra, lui, devenu lemandataire des cespuissances du Nord,gérer pendant les

quelques années quimarqueront sa fin

de vie.

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IlsagissentpartoutLa campagne mondiale “Notre monde? À vous d’agir” a inspiré plus de 100 sociétés na-tionales, qui ont commandé des chansons ou des vidéos, rassemblé des anciens com-battants, offert des examens de la pression sanguine, organisé des expositions dephotographies et des concours de rédaction, peint des passages pour piétons, organisédes pique-niques, rejoué la bataille de Solférino, défilé dans les rues et les parcs, orga-nisé des débats, mis à jour des sites Web, levé des fonds, mis sur pied des rencontres defootball et évacué des déchets.Cette campagne peut être adaptée pour appeler l’attention sur les questions humani-taires prioritaires des Sociétés nationales (leurs “Solférino”) dans leur propre pays. Ellesont choisi à ce jour de parler de la violence à l’égard des femmes, de la traite des êtres hu-

SuisseEn 2009, des tramways circulant dans les ruesde Genève ont été décorés de globes et d’em-blèmes “Notre monde, À vous d’agir”, pour si-gnaler aux passagers et aux passants qu’ilétait temps pour eux d’agir pour l’humanité.

LibanLa Coix-Rouge libanaise a décoré unautobus avec le globe de la campagneet les Principes fondamentaux du Mou-vement, accroché une exposition dephotographies à l’intérieur et embar-qué des brochures et publications pé-dagogiques. Du 8 mai jusqu’à la fin de2009, l’autobus a circulé dans les cam-pagnes pour faire mieux connaître leMouvement à la population.

ColombieLa Coix-Rouge colombienne a lancé la cam-pagne mondiale par une vidéo et une cam-pagne de collecte de fonds. Voyez la vidéo àl’adresse www.youtube.com/dianalondono.

Afrique du SudPour recruter davantage de volontaires, laCroix-Rouge sud-africaine a mené la cam-pagne “Notremonde, À vous d’agir” dans lescommunautés de Johannesbourg, ses vo-lontaires sillonnant les rues pour faire desémules parmi la population. Un concert aaussi été organisé pour les volontaires, lepersonnel et des personnes invitées.

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outdanslemondemains, du VIH et du sida, de la sécurité routière, de la formation aux premiers secours, del’opprobre et de la discrimination, des changements climatiques et des conflits.Elles ont aussi mis à profit la campagne pour commémorer une série de dates mar-quantes pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : les150 ans de la bataille de Solférino, les 90 ans de la fondation de la Fédération interna-tionale et les 60 ans des Conventions de Genève.Quelle que soit la manifestation, l’appel à l’action est la même. Le Mouvement souhaitepersuader des personnes de tous les milieux de s’engager dans l’action humanitaire.C’est notre monde ; ensemble, nous pouvons le transformer. Croix-Rouge, Croissant-Rouge vous présente ici une sélection de ces actions dans le monde entier.

Fédération de RussieLa Société de la Croix-Rouge russe a utiliséSkype, le programme de communication par In-ternet, pour permettre à 13 anciens combattantsde Moscou, Saint-Pétersbourg, Kaliningrad, Vol-gograd et Tiraspot, qui ne s’étaient pas revus de-puis des décennies, de se parler le 8 mai.

BulgarieLe champion dumonded’échecs, Veselin Topalov, amenéunecampagne de la Croix-Rouge bulgare destinée à recruter desmembres, à partager des expériences vécues et à récolter desfonds. Les jeunes qui réalisaient des actions positives ont reçudes ours en peluche en guise de récompense.

ThaïlandeÀ Bangkok, la Croix-Rougethaïlandaise a lancé la cam-pagne mondiale par un défilésur l’avenue Henry-Dunant etpar l’ouverture d’une exposi-tion spéciale dans l’un desplus grands centres commer-ciaux de la ville.

OugandaLe 8 mai, la Croix-Rouge de l’Ouganda aappelé les communautés à faire un gestepour un monde meilleur en organisant desreprésentations théâtrales, une expositionde matériel pédagogique, des rencontresde football et de netball, ainsi qu’une opé-ration de nettoyage de l’environnement.

JaponLaSociété de la Croix-Rouge du Japon a utilisé lacampagne “Notre monde, À vous d’agir” pourretenir l’attention des piétons et des personnesfaisant leurs achats. Des volontaires ont aussiprocédé à des démonstrations de premier se-cours dans des centres commerciaux. La So-ciété nationale a encouragé l’actionhumanitaire avec le message « L’important,c’est d’agir. Même dans votre vie quotidienne,vous pouvez toujours faire quelque chose. »

CroatieLa Croix-Rouge croate a utilisé le globe“Notre monde, À vous d’agir” sur la paged’accueil de son site Web, www.hck.hr.

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FRANCEMAGAZINE N°28 60 PRINTEMPS 2010

Hommage

Cette phrase de Clémenceau, AlbertCamus l’avait reprise à son compte àla une de son journal Combat. Sans

doute comme un instantané philosophiquesynthétisant son idéal d’homme libre autantque révolté. A cinquante ans de distance,c’est-à-dire depuis ce 4 janvier 1960 où Al-bert Camus trouvait la mort dans un acci-dent d’automobile jusqu’à ce 7 janvier 2010où Philippe Séguin, victime d’une crise car-diaque a son domicile parisien, nous a quit-tés, nul doute que le Premier Président dela Cour des Comptes avait lui aussi cettephrase autant que cette idée en tête. Commeun symbole de son destin personnel, de sonparcours intellectuel, administratif et poli-tique aussi sans doute.Arrivé à l’âge de 66 ans au terme d’un par-cours fondamentalement atypique et finale-ment solitaire - que celui-ci avait raconté ily a cinq ans dans un livre au titre évocateuret dont nous avions eu le plaisir de rendrecompte à l’époque dans les pages de cema-gazine1 -, la République vient de rendre àPhilippe Séguin l’hommage officiel qu’il mé-ritait, au diapason d’une classe politique sa-luant presque unanimement, à droitecomme à gauche, celui qui l’avait pourtantquittée si décisivement, mais sans douteaussi à regrets, pour se consacrer pleine-ment à la Cour des Comptes.Toutefois, malgré le concert d’éloges re-cueillis autour de sa mémoire, Philippe Sé-guin laisse aujourd’hui un héritageposthume contrasté et comme une em-preinte que les jeux politiques actuels ris-quent de laisser s’effacer bien vite. Enfant deTunisie ayant commencé son parcours intel-lectuel et politique à gauche, Philippe Séguinfut rapidement conquis par le Général deGaulle pour devenir sous la Ve République unhomme de droite à vocation sociale. Conseil-ler “Agriculture” dans l’Elysée du PrésidentPompidou à l’époque oùMichel Jobert exer-

«HommageàPhilippeSéguinDANS LA GUERRE COMME DANS LA PAIX, LE DERNIERMOT EST À CEUX QUI NE SE RENDENT JAMAIS. »

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FRANCEMAGAZINE N°28 61 PRINTEMPS 2010

Hommage

Philippe Séguin risquerait de ne plus leprendre au téléphone ou pourrait lui fairefaux bond lors d’une visite d’Etat d’un hôteétranger. Même si ses amis et ses proches,sans nier son caractère entier, ont souventtourné en dérision cette vision des choses denombreuses anecdotes ou histoires plus oumoins apocryphes circulant à ce sujet, ontcertainement nui à Philippe Séguin.Pourtant si un tel argument, alimenté et re-layé par ses détracteurs, avait pu être misen avant et in fine s’avérer disqualifiant, ceserait sans doute oublier que pour PhilippeSéguin, comme pour tout homme de capa-cité et de conviction, si l’homme donne uneplus oumoins forte dimension à sa fonction,c’est souvent la fonction qui fait l’homme, quilui permet de se déployer, de se sur-dimen-sionner. Comme André Malraux, si véhé-ment en 1965 contre François Mitterrandalors candidat contre le Général de Gaulle,aurait admis, s’il avait vécu, que l’ex-candi-dat des Républicains, devenu leader des so-cialistes français une fois au pouvoir, serévélerait devant l’Histoire un Présidentd’envergure. A cette aune-là, nul doutequ’un Philippe Séguin, en fonction exécutivede premier plan, aurait su donner toute sadimension comme ultime démenti aux com-plaisantes caricatures.Mais le défaut de Philippe Séguin aura sansdoute été sa fidélité à ses valeurs essen-tielles et à une certaine vision très ambi-tieuse de la France, de sa République – etdonc à son respect du vote populaire – et dela place de son pays dans le monde.Le débat sur Maastricht l’aura parfaitementillustré dans son face-à-face avec le Prési-dent français en septembre 1992. Certainesdes critiques que Philippe Séguin avait dé-veloppées sur le rôle de la Banque centraleeuropéenne et le problème de la démocratie,donc du vote des peuples, face à la construc-tion européenne sur des sujets touchant demanière croissante à la souveraineté, sesont vues confirmées par la suite. FrançoisMitterrand lui-même, après le terme del’émission télévisée depuis la Sorbonne àParis, aurait admis à son contradicteur quecertains points développés dans ce débat fai-saient en effet question mais l’habileté duPrésident français avait permis d’esquiverses sujets de la campagne référendaire aumotif que la mise en place de l’Euro étaitl’essentiel et certains détails une simpleécume dont on saurait bien se débarrasserou s’accommoder ensuite. >>

‘‘Député et Maire d’Epinal, ville où son engagement et ses capacitésgestionnaires lui permettront de réaliser d’importantes

transformations et savourer d’agréables succès qui le feront aimerde ses habitants et, accessoirement, un peu oublier

l’éloignement de la capitale.

’’ville où son engagement et ses capacitésgestionnaires lui permettront de réaliserd’importantes transformations et savourerd’agréables succès qui le feront aimer deses habitants et accessoirement un peu ou-blier l’éloignement de la capitale et les diffi-cultés d’y accéder lorsque les brouillardsnombreux et fréquents empêchent tout dé-collage.Ministre des Affaires sociales durant la pre-mière cohabitation, Président de l’Assem-bléeNationale en 1993, élément décisif dansla victoire de Jacques Chirac à l’élection pré-sidentielle de 1995, Philippe Séguin n’aurapourtant jamais le grand poste que ses ta-lents lui permettaient d’ambitionner. On abeaucoup parlé de son caractère ombrageuxvoire colérique, faisant dire (mais est-ce au-thentique ?) au Président Chirac qu’il nepourrait le nommer PremierMinistre car surune saute d’humeur ou autre contrariété,

çait une tutelle impériale, il rencontre lemi-nistre en titre de l’époque, un certainJacques Chirac. Jamais à court de paradoxe,encore jeune haut fonctionnaire, sa passionpour le football l’amène, au milieu des an-nées soixante-dix, à participer à l’établisse-ment d’un statut moderne pour le footballprofessionnel en France.Engagé auprès de Jacques Chirac dans lanouvelle aventure du gaullisme que l’ancienPremier ministre de Valéry Giscard D’Es-taing lance en décembre 1976, Philippe Sé-guin prend vite conscience que malgré uneconnivence forte avec Jacques Chirac (qu’iltutoie), il ne fait pas partie du sérail commeun Alain Juppé ou un Jacques Toubon, les-quels – apparences trompeuses - usent duvouvoiement, et le reçoivent en retour, dansleur rapport avec Chirac…Volontiers candidat à un poste dans la capi-tale que Chirac s’apprête à conquérir en at-tendant de plus grandes ambitions, PhilippeSéguin se retrouve en fait dans les Vosgespour en devenir Député et Maire d’Epinal,

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Hommage

Finalement, le formidable engagement duDéputé des Vosges auprès de Jacques Chi-rac en 1995 ne lui fera récolter que des fruitsamers. L’élection à la Présidence de l’As-semblée Nationale n’étant pas un grandmi-nistère et encore moins Matignon - ladissolution de 1997 lui faisant même perdrele Perchoir - tandis que la conquête du RPRlamême année, où il remit en selle unNico-las Sarkozy toujours frappé d’ostracisme, enen faisant son adjoint au RPR se soldait parsa démission des fonctions de Président duparti deux ans plus tard à l’aube des élec-tions européennes de juin 1999 qui marque-rait le plus faible score jamais enregistré parle parti gaulliste à ce scrutin. La campagnepour laMairie de Paris en 2001 sera pour luiun ultime calvaire en amenant Philippe Sé-guin dans un piège insensé qui seconclura par un échec cuisant tant lesrivalités à droite se révéleront irrécon-ciliables et où l’on vit sur tous les mé-dias l’image d’un Philippe Séguinostensiblement serein mais pourtantdéjà battu dans sa tête alors que lacampagne n’en était pas même à mi-parcours.Lassé sans doute de ces combats dé-risoires et de son éloignement des en-ceintes où se jouaient les vraisenjeux. Déçu de ne pouvoir défendreses valeurs et ses convictions, sinonau travers de brillants disciples qui, deNicolas Baverez par l’écriture francheet critique de livres et articles nonconformistes, en passant par HenriGuaino, plume de l’actuel Présidentfrançais, font vivre une certaine di-mension du legs de Philippe Séguin queFrançois Fillon souhaite incarner à sa ma-nière mais dans une gestion somme toutetrès classiquement réformiste et qui sembledisposer de trop peu demarges demanœu-vre, Philippe Séguin aura su redynamisercette belle institution napoléonienne qu’estla Cour des Comptes et rendre un certainlustre aux fonctions de contrôle de la comp-tabilité nationale et de surveillance descomptes publics, à savoir un domaine oùchaque progrès fera beaucoup pour l’hon-neur de la France, sa crédibilité et son imageà l’international autant qu’à l’intérieur desfrontières.Finalement, Philippe Séguin en avait bienconscience au plus profond de son être :cette position nec citra nec ultra 2 qu’il avaitprise, cette habitude de dire non lorsque

l’essentiel lui paraissait être en jeu ne per-met pas les grandes carrières. Elle peut fa-voriser les grands destins mais pour unClémenceau, un Churchill ou un Mandela, ily a tant de Mirabeau, de Mendès-France etde Castellion.Français passionné, Philippe Séguin l’auraété durant toute sa vie, jusqu’à ce mois dejanvier 2010 où son sourire moqueur et sesyeux pétillants sont partis visiter d’autrescontrées plus définitives. Au bout du compte,comme le disait Bernanos « la France auraété capable à travers les siècles de produiredes St-Just, des Clémenceau et des Bona-parte, elle en produira d’autres, à toutes lesépoques, c’est son affaire. Mais peut-être lagrande affaire de notre époque est-ellemoins de produire de tels individus que de

les conserver » ou tout au moins d’enconserver l’exemple, la marque et la trace.Comme le message que nous laisse au-jourd’hui Philippe Séguin, dans ses dimen-sions multiples et parfois contradictoiresavec ce souci d’exigence et ce nécessaire es-prit critique qu’il ne faut jamais abdiquerface aux multiples messages prêt-à-penser dont le citoyen moderne est sub-mergé. Cemessage d’une certaine exigenceenvers soi-même et pour les autres quenous laisse à présentméditer, peut-être, cetenfant de notre chère République françaiseau terme d’une vie à elle, passionnémentconsacrée.�

1 RFEMagazine numéro 5 (page 15 –mars 2004) - "Itinéraire dans la Franced'en haut, d'en bas et d'ailleurs" - Philippe Séguin

2 « Ni d’un côté ni de l’autre »

Dominique Ortiz

[email protected]

PhilippeSéguin et son

épouse.

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Tricentenairede lanaissancedeJean-JacquesRousseau

“Portraitsrousseauistes”*

et postures

Tome 1* “Portraits et postures rousseauistes” de Rémi Hildebrand

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Tricentenairede lanaissancedeJean-JacquesRousseau

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BULLETIN DE COMMANDE DE L'OUVRAGE DE RÉMY HILDEBRAND

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Nom : ……………………………………………… Adresse………………………………………………………………………………

Prix de l'ouvrage aux lecteurs de France Magazine des Français établis hors de France : 15.- Euros(Prix en librairie : 20.- Euros)

Veuillez me faire parvenir …… exemplaire(s).

Signature : Date : ………… / ………… / …………

Prière de retourner cette commandeAux Editions Transversales 9, rue Henry-Spiess -CH 1208 Genève - Courrier: [email protected]

Rémy Hildebrand

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LaNoteBleue

que le ciel a envié à la Terre1GénieL'incomparable

Frédéric Chopin

‘‘Comme cette terre m’étouffera, je vous conjure de faire ouvrirmon corps pour que je ne sois pas enterré vif.

Portrait célèbre deFrédéric Chopin exécutépar Eugène Delacroix.

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Asa demande, le vœu de l'exilé seraexaucé, son cœur sera emmuré àl'église Sainte Croix de Varsovie, tout

près du Palais Casimir.Invité par Jane Stirling, Frédéric Chopin,foule le sol londonien le 20 avril 1848.Des rencontres sans cesse renouvelées luifont connaître Charles Dickens, Ladi Byron,Berlioz qui dirige au théâtre de Dury Lane.Il croise Osbfne et Kalkbrenner. Il se pro-duit devant la Reine Victoria.Avec Pauline Viardot, qu'il redécouvre, ildonne un concert le 7 juillet à SaintJames's Square chez Lord Falmouth.Les dîners, les concerts, les récitals au

salon et les conversations en Anglaisl'épuisent.

Cet été londonien de 1848est néfaste pour sa

santé. Le climat de la Citylui est devenu insupportable.

Qu'elle était loin la tranquillité de Nohant !Cette paix vitale lui manque.Quand le bruit se répand laissant entendrequ'il va épouser Jane Stirling, il répondavec humour : « Elle finira par m'étoufferpar sa gentillesse et moi, par gentillesse, jela laisserai faire. » Et, tout de suite s'em-pressant d'ajouter « Ils peuvent aussi bienme marier avec la mort. Je suis plus prèsdu cercueil que d'un lit nuptial. »Il rentre à Paris le 24 novembre 1848.Inlassablement, il reprend les leçons depiano. Etendu sur le sofa aux côtés de l'ins-trument, il assiste ses élèves. Bien que sasituation financière soit catastrophique, sesamis, sans qu'il s'en apercoive, le soutien-

nent aussi bien moralement que financiè-rement.Eugène Delacroix, Marcelina, Anna Czarto-ryska, son élève Gutmann, Marie Kalergis,Marie de Rozières et Delphine Potcka ne lelaissent jamais seul.Ses forces l'abandonnent, lui interdisant decomposer. On ne sait par quel sursaut, ver-ront le jour, malgré tout, deux mazurkasopus 67 & 68.Eugène Delacroix descend les Champs Ély-sées, l'accompagnant dans son cabriolet,par un bel après-midi d'avril 1849.Le peintre note avec un réel bonheur queles belles jounées et le soleil printanier in-fluent remarquablement sur le moral re-trouvé de Frédéric.Il envisage même de rédiger prochaine-ment une méthode de piano.

Le choléra fait rage à Paris. Kalkbrenner etAngelica Catalani (celle-là même qui lui of-frit unemontre à Varsovie) viennent de suc-comber à cette terrible épidémie.Ses amis décident d'éloigner Chopin etl'installe à Chaillot, en pleine campagne.Jenny Lind lui rend visite et participe à unepetite soirée musicale. Elle y chante tour àtour avec Delphine Potocka.De la demeure de Chaillot, on y perçoit unevue époustouflante du tout Paris ; du PalaisdesTuileries vers la Chambre des Députés,en passant par Notre-Dame, le Panthéon,Saint-Sulpice et les Invalides.Le 9 août à Paris, arrive Ludwika, la sœuraînée de Frédéric. Son bonheur est tel qu'ilenvisage de rendre visite, séance tenante,à Nice, à Delphine Potocka.

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LaNoteBleue

Lesmédecins l'en dissuadent et lui conseil-lent de revenir plus au chaud dans le centrede Paris. Ses amis l'emménagent dans lecentre de la capitale au 12, place Vendôme.Le père Jelowicki, ami et prêtre polonais,lui rend visite. S'accrochant au fil de la vie,Chopin se confesse et reçoit les dernierssacrements.Prévenue, Delphine Potocka, accourt deNice le 15 octobre. Chopin lui sourit.« C'est donc pour cela que Dieu tardait àm'appeler à lui, il voulait encore me laisserle plaisr de vous voir. »Il lui susurre de chanter pour lui... D'unevoix voilée par les larmes, elle lui dédie lesdoux sons du cantabile bellinien ; seconfondant ainsi avec les premiers accordsdes anges... dit la légende.« Souffrez-vous ? » lui demande sonméde-

cin. « Plus », lui ré-pondit Chopin.Il est 2 heures du matin,nous sommes le 17 octo-bre 1849.Aux sons de sa célèbremarche funèbre, en-tonnée par les chœurs de la Madeleine, laNote Bleue entre dans l'éternité.L'office religieux fut témoin d'un Réquiemde Mozart, selon le vœu de Chopin, commerarement inteprétation bellissime lui futdonnée.Cette brillante distribution était composéede Jeanne Castellan, d'Alexis Dupont dePauline Viardot et de Luigi Lablache.C'est une foule immense qui l'accompagneen sa dernière demeure au Père-Lachaise.Là où sur sa tombe, ornée d'une petite stèle(œuvre de Clésinger), on y dépose la terrepolonaise que ses amis polonais lui offri-rent dans une coupe d'argent, le 2 novem-bre 1830 en quittant Varsovie. En quittantdéfinitivement la Pologne.L'histoire facétieuse à souhait, nous sou-ligne qu'un certain Nicolas Chopin, quitte laFrance et ses démons révolutionnaires,sans oublier le rude climat de son villagenatal de Marainville dans les Vosges.En novembre 1787, ce dernier débarque àVarsovie, retrouvant les anciens châtelainsde Marainville, la famille PAC.Nicolas Chopin devient le témoin d'un desplus grands événements de l'histoire polo-naise : la proclamation de la Constitution du3 mai 1791.Marié à Justyna Krzyzanowska, le 2 juin1806 à Zélazowa-Wola, en l'église de Bro-

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LaNoteBleue

chow. Nicolas, âgé de 35 ans, et Justyna de11 ans sa cadette ; elle clavinologue, lui flû-tiste et violoniste, devinrent précepteurs degrandes familles.En avril 1807, Ludwika vit le jour. Elle dutattendre le 22 février 1810, vers 18 heures,pour savourer la joie de découvrir son petitfrère Frédéric.Fuyant avant l'heure la France et sa révolu-tion de 1789, un Vosgien, Nicolas Chopin,exilé en Pologne, nous offre son fils, Frédé-

ric Chopin, venu de Pologne, fuyant sonpays natal, à l'orée de la Révolution de 1830et les affres de l'autocrate du nord Nicolas1er, tsar de toutes les Russies.« Dites à mon cher petit Chopin que lesparties que j'aime, c'est la flânerie dans lesallées en parlant de musique, et le soir, surun canapé, à en entendre quand le Dieudescend sur ses doigts divins. »2�

SERGE C. VINET

La Note BleueMusée de la Vie Romantique - Hôtel Scheffer - Renan16 rue Chaptal - 75009 Paris.Du 2 mars au 11 juillet 2010 • Tél. 00.33.155.319.567Ouvert tous les jours, sauf les lundis & jours fériés.www.vie-romantique-paris.fr

Exposition du bicentenaire de la naissancede Frédéric Chopin, 1810-2010

1 & 2 : Eugène Delacroix à George Sand le 30 mai 1842.

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Le tourdumondedesmarathons

Rome Aucœurdel’antiquitéromaine

A LA SUITE DE L'ARTICLE CONSACRÉ AU MARATHON D'ATHÈNES ET ÀL'ANTIQUITÉ GRECQUE (FRANCE MAGAZINE NO 27), NOTRE CHRONIQUEUR,PATRICK BLASER, A PLONGÉ AU CŒUR DE LA ROME ANTIQUE LORS DE SONMARATHON QUI EST TRADITIONNELLEMENT COURU EN MARS.A CETTE OCCASION, LES PARTICIPANTS ONT TOUT LOISIR D'APPRÉCIER TOUTELA DIVERSITÉ ARCHITECTURALE DE LA VILLE ÉTERNELLE, HÉRITAGE DE DEUXMILLE ANS D'HISTOIRE, QUI DÉFILE SOUS LEURS YEUX DURANT 42 KM.

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Le tourdumondedesmarathons

Lemarathon de Rome offre incontestablement l'un des parcoursdes plus variés qui soient en termes d'histoire de l'art et d'ar-chitecture. Ce marathon conduit en effet ses participants suc-

cessivement dans une Rome antique, médiévale, baroque ourenaissance, avec un superbe crochet au coeur du Vatican. Ce feud'artifice de monuments historiques fait du marathon de Rome unévénement incontournable à ne manquer sous aucun prétexte.

Le Colisée : à la gloire de RomeLe départ, et l'arrivée, du marathon ont lieu au meilleur endroit quisoit : au pied du Colisée. Cemonument était lameilleure carte de vi-site de la Rome antique. Près de 2000 ans après, c'est encore le cas! Dans l'attente du départ, les participants au marathon ont large-ment le temps d'apprécier l'architecture de ce monument colossal(colosseumen latin; voilà: le lien est fait !) et deméditer sur quelquespans de son histoire.D'une hauteur de 57m, comprenant trois étages d'arcades, avec une

circonférence de 527 m, in-cluant trois galeries circu-laires, le Colisée constitue leplus grand amphithéâtre,pouvant accueillir 50.000personnes assises, jamaisconstruit par les Romains.Les arcades reposent surd'imposants piliers à co-lonnes doriques à la base etioniques ou corinthiennesaux étages. Manifestement leColisée en impose. C'était, etc'est toujours, sa vocation !On doit ce chef-d'œuvre mo-numental à l'empereur Ves-pasien qui l'a commencé en72 après J.C. Il a été achevésous le règne de Domitien(empereur de 81 à 96).Tout le monde a à l'esprit lescombats de gladiateurs quise déroulaient dans l'arène.Mais il s'y déroulait aussid'autres spectacles plus cul-turels et parfaitement re-

commandables.C'est en 404 que les combats de gladiateurs ont été interdits par labonté de l'empereur Honorius (qui porte bien son nom). Par la suitele Colisée ne résistera pas aux outrages du Moyen-Age qui en faitune carrière de pierres avant que, au XVIIIe siècle, un pape, BenoîtXIV, ne vienne à son secours en interdisant le "sac" de cemonumentqui fut restitué en son état d'origine (mais sans les gladiateurs !).

Forum et Capitole: le temps des palabresJuste après le départ, lemarathon longe le Forum avec samultitudede colonnes encore visibles que domine la colline du Palatin. Toutel'histoire de Rome est passée par là. Les innombrables vestiges detemples, de basiliques, de portiques, d'arcs de triomphes, de statueset de rues permettent d'avoir des points d'ancrage avec cette his- >>

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toire mouvementée qui a vu défiler tantd'empereurs, de guerres civiles, d'assem-blées populaires, d'envahisseurs vandales(dans tous les sens du terme), enfin,mais enplus pacifique, d'hordes de touristes.A quelques enjambées du Forum, le Capi-tole. C'est sur cette colline, la plus petite dessept qui surplombent Rome, que Rometrouve son origine et que s'y exerçait le pou-voir. Cette colline présente un ensemble ta-rabiscoté mais admirable de bâtiments detout temps et de toute époque qui se sontsuccédés au rythme imperturbable des siè-cles. Pêle-mêle se côtoient sur cette collinele Palais du Sénat, dont on doit la façade ac-tuelle à Michel-Ange, le Palais des Conser-vateurs (XVe siècle) et le Nouveau Palais,tous deux également dessinés par Michel-Ange, le ThéâtreMarcello qui a été construità l'initiative de l'empereur César, ainsi que letemple d'Apollon dont subsistent trois élé-gantes colonnes cannelées à chapiteaux co-rinthiens. Bref, toute l'histoire de Rome s'estdonnée rendez-vous sur cette colline.

De la pyramide de Cestiusà la Basilique Saint PaulAprès le Capitole, plein cap sur le sud de laville. A la hauteur du mur d'enceinte deRome que l'on doit à l'empereur Aurélien(qui, c'était prémonitoire, s'inquiétait déjàtrès sérieusement de la menace germa-nique), l'œil est immédiatement frappé parune incongruité architecturale. En effet, unsimple lambda romain (tout de même ma-gistrat, aisé, de son état) du 1er siècle av. J.C.n'a rien trouvé de mieux que de se faire édi-fier sous le ciel romain, en guise de tom-beau, une monumentale pyramideégyptienne couverte de marbre blanc.La commission desmonuments et des sitesde l'époque semblait manifestement moinstatillonne sur le mélange des genres qu'ac-tuellement. L'idée de la pyramide ne devaitpas êtremauvaise puisque lemusée du Lou-vre l'a reprise !Cela observé, le marathon de l'histoire ro-mainemène ensuite ses participants sur lestraces de l'apôtre Saint-Paul, qui a son tom-beau dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. À l'origine cette somptueuse basiliqueavait été édifiée par l'empereur Constantin,lequel avait placé le christianisme en odeurde sainteté impériale et était rongé de re-mords suite à la décapitation de l'apôtrePaul par un de ses peu illustres prédéces-seurs (peut-être Néron).

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Le tourdumondedesmarathons

Le Château de Saint-Ange :un tombeau devenu forteresseAvant d'atteindre la cité du Vatican le mara-thon passe à côté du Château de SaintAnge.Cet édifice, caractérisé par samasse trapueet son impressionnant bâtimentcylindrique de 20 m de haut, a tout de l'as-pect d'une forteresse. C'est d'ailleurs bienl'usage qui en fut fait lorsque, auMoyen-âge,la papauté se disputait, armes à la main,avec quelques familles de nobles romains

mais néanmoinsvoisins encom-brants. De mêmeau XVIe sièclelorsque le papeClément VII s'yréfugia alors qu'ilétait en indélica-tesse avecCharles Quint(mais qui nel'était pas ?).Pourtant, àl'origine, ce bâ-timent avait étéun i q uemen tconçu pour ser-vir de tombeauà l'empereurHadrien (dont lafolie des gran-deurs n'était pasla moindre desqualités). Sessuccesseurs ,jusqu'à l'empe-reur SeptimeSévère, y élirentaussi domicilepostmortem (laplace ne man-

quait pas !).Par la suite, l'empereur Aurélien, qui a faitédifier l'enceinte de Rome encore visible denos jours, incorpora avec pragmatisme leChâteau Saint-Ange dans son mur d'en-ceinte en en faisant une forteresse, attribu-tion qui colla aux murs de cet édificependant des siècles. Sa construction s'y prê-tait d'ailleurs fort bien.Au sommet du château on distingue trèsbien la statue de Saint-Ange (armé !), à qui lepape Grégoire le Grand avait attribué, en590, les mérites de la fin d'une peste quiavait déjà décimé une partie de la popula-tion. Cette statue, signe des temps, avait

d'ailleurs remplacé celle (de lui-même !) quel'empereur Hadrien avait installée de son vi-vant.

Place Saint Pierre :un instant de recueillement virtuelPoint d'orgue de ce marathon (parmi d'au-tres !), la traversée de la place Saint Pierre.L'émotion est au rendez-vous; c'est somp-tueux et grandiose. C'est le génie baroquede Le Bernin qui a donné à cette place toutela dimension spirituelle et visuelle néces-saire pour que le pèlerin se rendant à la ba-silique Saint Pierre se sente transportéavant même de pénétrer dans le saint dessaints.Et c'est réussi.Les deux bras protecteurs qui entourent endemi-cercle la place comprennent quatrerangées de colonnes en perspective qui don-nent à la place toute la solennité qui sied auxlieux.Au centre de la place se situe le célèbre obé-lisque, monolithe de granit taillé en Egyptecomme il se doit, qui a été "récupéré" par lepape Sixt Quint alors qu'il trônait sur uneautre place de Rome. A l'origine c'est l'em-pereur Caligula (en 37 après I.C.) qui l'avaitfait transporter de Héliopolis (où il avait étéconstruit pour le préfet romain du coin)jusqu'à Rome.Au fond de la place, en point de mire, c'esttoute la magnificence de la basilique SaintPierre qui s'impose.

Place Navona : rendez-vous galant avecle baroqueAprès un long périple au nord de Rome, quiprésentemalheureusement peu d'intérêt, leparcours replonge vers le centre de la Romehistorique et rejoint la place Navona. Ici,autre temps, autres mœurs.A la place Navona, il ne reste plus aucunvestige de l'époque romaine. Ou presque.En effet, le fantôme (comprendre l'esprit) deces temps antiques hante toujours les lieuxpuisque la place reprend, presque au mètreprès, les dimensions et la forme de l'ancienstade qu'avait construit en ces lieux l'empe-reur Domitien.Depuis les architectes et les artistes de laRenaissance et du baroque (16e et 17e siè-cles) s'en sont donnés à coeur joie et avecfaste. Cette place comprend en effet une vé-ritable mosaïque de palais, d'églises et defontaines où l'embellissement est de rigueuravec la bénédiction, et le financement, pa- >>

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Le tourdumondedesmarathons

pale. Bref, la place Navona constitue l'unedes plus belles places de Rome. L'animationy est de surcroît permanente.Trois fontaines se disputent les faveurs dupublic avec au centre de la place la fontainedes fleuves que l'on doit au pape du baroqueitalien, Le Bernin (par la grâce d'Innocent X,ce sculpteur est décidément partout).Le tout à l'ombre de l'église de Sainte Agnèsdont la façade, toute en courbes, a été des-sinée par Borromini.

La place du peuple :pour impressionner l'étrangerLe marathon remonte ensuite vers le norden direction de la place du peuple en em-pruntant, en droite ligne, la via del Corso.Le saut dans le IIe siècle se fait sans transi-tion. C'est la rue commerçante la plus cou-rue de Rome (même, et surtout, horsmarathon) ; véritable paradis du shopping(pour ceux qui aiment ça).Comme son nom l'indique (deI Corso), cetterue était utilisée pour les courses de... che-vaux, selon une tradition que l'on doit au XVesiècle et au pape Paul II (comme quoi…).Et comme bon nombre d'autres rues princi-pales à Rome, l'emplacement de cette rue

Maximus. Par la suite cet obélisque a été déménagé à la place dupeuple par volonté papale.Autour de cette place, on ne compte pas moins de trois églises dontcelle de Sainte Marie du Peuple, de style renaissance qui abrite desœuvres de Caravage, légitime fierté de l'église et qui vaut le dépla-cement (mais ce sera pour plus tard !).

Place d'Espagne et Fontaine de Trevi : coups de foudre baroqueC'est ensuite le retour vers le centre de Rome par la via deI Babuinoavec ses charmantes boutiques d'antiquaires. Au passage un coupd'œil, trop bref, sur la place d'Espagne, noire demonde, et l'église de

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remonte à l'époque romaine.En bout de course, on atteint la place dupeuple qui est l'une des plus vaste de Rome.Aménagée par Giuseppe Valadier, le "chou-chou" des papes Pie VI et Pie VII, elle devaitimpressionner l'étranger qui entrait à Romepar la porte nord de l'enceinte élevée parl'empereur Aurélien.Au centre un incontournable obélisque égyp-tien ramené d'Héliopolis par l'empereur Au-guste qui, initialement, ornait le Circus

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Le tourdumondedesmarathons

la Trinité desMonts qui surplombe cetteplace et l'escalier qui y mène. Cetteplace n'a rien d'espagnol, mais leur aappartenu un temps (pour le plus grandcourroux de leurs voisins français, ja-loux).Le "must" (le mot n'est pas usurpé vu leluxe des boutiques avoisinantes) de cetteplace est bien évidemment constitué parl'escalier qui mène à l'église de la Tri-nité des Monts. A cet endroit le style ba-roque y trouve sa meilleure expressionen termes de perspectives et de réparti-tion des surfaces, donnant à cet escalierune grandeur qu’en fait il n'a pas ! Auprintemps, cet escalier croule sous lesazalées. Coup de foudre garanti !Conquis par cet escalier, les Français,qui venaient de conquérir Rome, imagi-nèrent de dresser en son faîte une statueéquestre de Louis XIV. Heureusementl'idée fut définitivement abandonnéesuite à la retraite (elle aussi définitive)des Français ! Nouveau rendez-vousavec une autre beauté baroque ; àquelques enjambées de là se situel'icône de la dolce vita romaine. Il s'agitde la fontaine de Trevi dans laquelle il nefaut pas hésiter à jeter, de dos, une piècede monnaie pour finir le marathon au-trement que sur les rotules !

Piazza Venezia : la foule est au rendez-vousLes vœuxmonnayés à la fontaine de Trevi sont rapidement exaucés.En effet le marathon débouche sur la fameuse Piazza Venezia, noirede monde, qui annonce l'arrivée dans trois kilomètres.Cette place est dominée par le célèbre (cartes postales obligent)mo-nument dédié à la mémoire du roi Victor-Emmanuel II. En fait, aussicélèbre que décrié. En effet ce gigantesque bâtiment d'inspirationromaine antique, construit entre 1885-1911, ne s'intègre pas, par ledéséquilibre qu'il provoque, dans l'architecture des lieux. Trop grandet inélégant pour les uns, trop blanc et mal proportionné pour les

autres, ce bâtiment prétentieux a été affubléde nombreux sobriquets allant de "la ma-chine à écrire" à "la pièce montée", en pas-sant par "le dentier".Bref il fait l'unanimité contre lui. Pourtantsur cette place on ne voit que lui (et pourcause !). Qu'importe, il suffit de détourner leregard de l'autre côté de la place pour voirle Palazzo Venezia qui, lui, s'intègre parfai-tement dans son cadre. On doit ce palais,dont la construction a commencé en 1455,au pape Paul II et à ses successeurs (no-tamment Sixt IV et Pie IV) qui n'eurent decesse de l'embellir (avec goût !).

Le cirque Massimo : ses heures de gloireLemarathon longe enfin le CircusMaximus.L'arrivée au Colisée n'est plus très loin.Ce cirque, le plus vaste de Rome, a connuses heures de gloire à l'époque antique descourses de chars à deux, trois, voire quatrechevaux qui pouvaient attirer jusqu'à 300 000spectateurs. Ces courses étaient si popu-laires que les empereurs ont rapidementcompris l'intérêt, politique, qu'il y avait à em-bellir ces lieux avec ostentation. Par ailleursle recours à la tricherie (pouvant allerjusqu'au meurtre), afin que ce soit l'écuriede l'empereur qui gagne, était une pratiquecourante.Aujourd'hui ce cirque a perdu de son lustred'antan et les touristes ne s'y bousculentplus. Même l'obélisque égyptien qui y trônaita été déplacé.Encore quelques enjambées et c'est enfinl'arrivée au Colisée sous les vivats d'unefoule dense et chaleureuse (on est en Ita-lie !). Et déjà les souvenirs les plus mémo-rables de la course s'entrechoquent. Cen'est en effet pas souvent qu'un marathonoffre l'opportunité de traverser plus de 2000ans d'histoire en... 42 km !!�

• Athènes : retour aux sources en 490 avant Jésus Christ, (France Magazine n° 27/2009)• Pékin : de la cité interdite à la cité olympique, (France Magazine n° 26/2009)• Les trois Suisses, Zermatt, Davos et Jungfrau, (France Magazine n° 25/2009)• Marrakech, entre orangers et palmiers, le charme mauresque,(France Magazine n° 24/2009)• Berlin, la Mecque européenne de l'architecture d'avant-garde(France Magazine n° 23/2008)• Boston, les charmes d'un marathon déjà centenaire (France Magazine n° 22/2008)• Chicago, le marathon de tous les contrastes (France Magazine n° 21/2008)• New York, un marathon mythique à ne pas manquer (France Magazine n° 20/2008)

Déjà parus

Patrick Blaser

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AVOCAT, ETUDE BOREL& BARBEY, GENÈVE

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AVEC SES 170 000 ÂMES, SALZBOURG,SITUÉ AU CARREFOUR DES ANCIENNESVOIX COMMERCIALES DE L'EUROPE, ESTLA CAPITALE DE LA PROVINCE FÉDÉ-RALE DU MÊME NOM. VILLE D'ART ET DECULTURE, BERCEAU DE TROIS DES PLUSGRANDS FESTIVALS EUROPÉENS DE MU-SIQUE, SALZBOURG, « LA VILLE AUXCENT ÉGLISES » QUI, LE 27 JANVIER 1756VIT NAÎTRE WOLFGANG AMADEUS MO-ZART, A SU CONSERVER LES CHARMESD'UNE CITÉ PAISIBLE ET ACCUEILLANTE.

Des salines à SalzbourgLongtemps avant que saint Rupert, un évêque venu duNord, ne fonde la pre-mière église sur la colline boisée du Mönchsberg (le mont aux moines) do-minant le cours capricieux de la rivière serpentant à ses pieds, les Celtes,puis les Romains, attirés par son sous-sol prometteur, avaient cédé auxcharmes de l'endroit en y fondant une petite cité (Juvavum).Vers les années 700, l'évêque saint Rupert reçut les ruines de la ville et enfit un important centre religieux, spirituel et culturel. Un siècle plus tard,l'évêché devint archevêché. Les archevêques reçurent dès le XIIIe siècle ladignité de pinces du Saint-Empire romain germanique et s'enrichirent pen-dant plus de mille ans grâce à l'exploitation de l'argent et surtout du selprovenant des salines naturelles de Reichenhall. Le sel (salz) donna son

SalzbourglaRomeduNord

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La ville des princes-archevêquesLa ville que l'on découvre au pied du château,date en partie des XVIe et XVIIe siècles. Inscrite aupatrimoine de l'UNESCO, elle fut dessinée par lesgoûts artistiques de princes-archevêques éclai-rés commeWolf Dietrich von Raiteneau qui rêvaitde fonder la « Rome du Nord ». En faisant appelà l'Italien Santino Solari pour la construction de lacathédrale Saint-Rupert (Salzburger Dom) qu'ilsouhaitait voir dépasser lamagnificence de Saint-Pierre de Rome, ce prince romanesque donna lestyle à l'architecture baroque de Salzbourg qui secouvrit de places, d'églises et de fontaines,comme l'abreuvoir aux chevaux des écuries ar-chiépiscopales. Avant de mourir prisonnier dansla forteresse qu'il avait faite embellir, ce prince fitériger sur la rive droite de la Salzach, pour samaîtresse Salomé Alt, mère de ses douze en-fants, le château de Mirabell jadis appelé « Alte-neau » (contraction de leurs deux noms) dont lesmagnifiques jardins ornés de fontaines, de sta-tues et de tonnelles fleuries, sont un délicieuxlieu de promenade invitant à la rêverie. Son suc-cesseur Marcus Sittikus von Hohenems poursui-vit la construction de la cathédrale dont il réduisitles proportions, et fit édifier, à 5 kilomètres deSalzbourg, le château de plaisance de Hellbrunnrenommé pour ses célèbres jeux d'eau. Leprince-archevêque suivant, Paris Graf von Lodronconsacra la cathédrale et acheva la nouvelle ré-sidence des princes (Residenz) d'un luxe inouï,édifiée dans le style baroque tardif et néo-clas-sique sur une vaste place au centre de laquellejaillit l'étrange fontaine dite Residenzbrunnen. Cesomptueux palais abrite la très belle collection depeintures des XVIIe et XVIIIe siècles (Rezidenzga-lerie).Le règne millénaire des princes-archevêquess'acheva en 1803, avec le comte Hieronymus vonColloredo que Napoléon fit abdiquer. >>

nom à la ville (Salzbourg signifiant château de sel), à la région et à la rivièreSalzach.L'ancien château (Festung Hohensalzburg) qui couronne la colline deMönchsberg et domine toujours la ville de son étrange etmassive silhouette,symbolisait le pouvoir temporel des princes-archevêques qui l'embellirentdurant cinq siècles et le transformèrent en une forteresse inexpugnable d'unluxe étonnant. L'une des salles d'apparat aux authentiques boiseries du XVe

siècle, accueille aujourd'hui des concerts demusique de chambre (Salzbur-ger Festungskonzerte). Depuis la terrasse de cette immense citadelle, s'of-fre un magnifique panorama sur Salzbourg et ses collines verdoyantesderrière lesquelles les sommets enneigés des Alpes, forment la toile de fondidéale à ce décor grandiose.

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1. Lesclochers et ledôme de laCathédrale

Saint-Rupert.2. Marché aux

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Sur les pas de MozartCe prince-archevêque employait Mozart qu'il trai-tait comme un domestique. Mozart finit par dé-missionner et quitta Salzbourg sans regret pourVienne où il mourut dix ans plus tard. Le père deDon Giovanni, bien que natif de Salzbourg, n'ai-mait pas cette ville qu'il qualifiait de « provin-ciale ». Ses habitants lui rendaient sonmépris enle traitant de fripon et de pouilleux. Depuis, leschoses ont bien changé. Dès 1842, la ville lui éri-gea, au centre d'une vaste place qui porte sonnom (Mozart-Platz), une statue de bronze qui ar-riva deMunich tirée par des chevaux. Située dansla très élégante rue pavoisée d'enseignes corpo-ratives en fer forgé (Getreidegasse), sa maisonnatale (Mozarts Gedurtshaus) restaurée et trans-formée en musée, présente des souvenirs extrê-mement émouvants tels que des instruments de

musique lui ayant appartenu, des partitions et des objets personnels, commeunemèche de ses cheveux. La secondemaison des parents de Mozart (Mo-zart-Wohnhaus) se trouve de l'autre côté de la rivière Salzach, dans la par-tie de la ville bâtie au pied du Mont des Capucins (Kapuzinerberg). D'ici, lesclochers à bulbe, les dômes de cuivre de la vieille ville se découpant sur lacolline de Mönchberg couronnée de sa forteresse, offrent un panorama ex-ceptionnel.Détruite en partie pendant la Seconde Guerremondiale puis rebâtie selon lesplans originaux en 1996, cette demeure, où Mozart créa quelque cent cin-quante œuvres, est devenue un musée où sont exposés de nombreux ins-truments de musique, des livres, des tableaux ayant appartenu à la famille.Une immense carte murale retrace les dix-huit voyages à travers l'Europeque le compositeur a effectués en trois mille sept cent vingt jours à traversl'Europe, soit durant un tiers de sa vie.

Le culte de MozartCette maison est située non loin du Mozarteum, célèbre salle de concertsbâtie avant la guerre de 14 grâce à la Fondation Internationale Mozarteum,

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3. Vue panoramique de la vieilleville, la Salzach, la colline deMönchsberg et sa forteresse.

4. Cimetière Saint-Pierre.5. Scène du Manège des rochers.6. La Grande salle du Mozarteum.

7. Maison natale de Mozart.8. Vue sur la vieille ville, la collinede Mönchsberg et sa forteresse.

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dont la mission était d'encourager la musique etd'entretenir le culte de Mozart. On y trouve uneécole de musique ouverte aux étudiants du mondeentier, une formidable bibliothèque rassemblant prèsde 20 000 titres et les Archives Mozart qui conserventdes partitions autographes et des lettres de la famille Mo-zart. Deux salles de concerts complètent cet ensemble, l'une de 200 places,dite « salle de Vienne », et la « Grande salle » de 800 places à l'acoustiqueexceptionnelle. Durant les entractes, une promenade dans le petit jardin at-tenant, permet de découvrir la « maisonnette de la Flûte enchantée » jadisà Vienne, oùMozart aurait été enfermé par son librettiste Schikaneder, pourqu'il achève plus rapidement la composition de La Flûte enchantée. Cetopéra féérique est devenu l'une des productions les plus populaires desMa-rionnettes de Salzbourg dont le petit théâtre est construit à deux pas duMo-zarteum. Depuis 1913, ces gracieuses poupées de bois, richement vêtues,ont réjoui des générations de spectateurs, en interprétant les plus grandesœuvres lyriques du répertoire.Non loin de là, le paisible et romantique cimetière de St-Sébastian, planté

d'ifs séculaires, abrite les restes de Leopold,père deMozart et de son épouse Constanze.Sa sœur Nannerl est, quant à elle, enterréeau pied de la colline de Mönchsberg, dans le

ravissant cimetière St-Pierre qui, avec ses trèsanciennes pierres tombales, fleuries et surmon-tées de délicates croix de fer forgé, est considérécomme l'un des plus beaux et des plus anciensdu monde.A Salzbourg, il n'est pas une église ou un palaisqui ne rappelle la présence de Mozart, comme lacathédrale qui fut témoin de son baptême, puisrésonna de la musique sacrée qu'il composaquand il était organiste du prince-archevêqueColloredo. C'est en l'église baroque St-Pierrequ'il dirigea son épouse Constanze pour la créa-tion, en 1783, de sa Messe en do-mineur, qui de-puis est programmée chaque été pendant le >>

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LescarnetsdevoyagedeKathereenAbhervé

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festival. Son Requiem inachevé y est égalementexécuté tous les ans, la veille de sa mort (5 dé-cembre).

Sur un petit air sucréMozart, non content de combler notre cœur etnotre esprit par la grâce et la perfection de sescompositions, enchante, et ce bienmalgré lui, de-puis plus d'un siècle nos papilles gourmandes,avec les célèbres « boules de Mozart » (Mozart-kugeln) que l'on trouve partout en Autriche, maisdont Salzbourg a le monopole de fabrication. Cespetites gourmandises demassepain et de nougatenrobées de chocolat, toutes rondes et bien do-dues, fondant entre langue et palais, furentcréées un beau jour de l'an de grâce 1890, par unmaître pâtissier salzbourgeois.A Salzbourg comme à Vienne, on est très gour-mand et les cafés font partie du quotidien deshabitants. Preuve en est la quarantaine d'éta-blissements répertoriés dans la petite brochuredistribuée par l'Office de Tourisme de Salzbourg(Salzburger Kaffeehaus-Führer). Les cafés, com-parables à nos traditionnels salons de thé, sontdes lieux conviviaux où l'on bavarde entre amis,discute affaires, et où l'on aime venir seul, lire lejournal en dégustant l'une de ces impression-nantes pâtisseries surmontées d'une pyramidede crème chantilly. Même si vous n'êtes pas tropattirés par les douceurs, ne manquez pas d'allerchez Tomaselli, l'un des cafés les plus anciens deSalzbourg, qui vous servira la spécialité, un Salz-burger Nockerln, délicieux soufflé crémeux.

Salzbourg, terre de festivalsLe premier festival de Salzbourg (SalzburgerFestspiele) fut imaginé par des hommes qui, ausortir des longues et douloureuses années de laGuerre de 14-18, croyaient, comme Max Rein-hardt, en « la paix par l'esprit » et rêvaient que« Salzbourg serve l'héritage classique dumonde ». La représentation du mystère « de lamort de l'homme riche », Jedermann du poèteHugo von Hofmannsthal, donné en plein air et enplein jour, sur le parvis de la Cathédrale, le 22août 1920, ouvrit l'ère des festivals. Vu l'ampleurdu succès, il fallut trouver d'autres lieux pour ac-cueillir les concerts et opéras des festivals sui-vants. LeManège des Rochers (Felsenreitschule)que les princes-archevêques avaient jadis faittailler dans la colline Mönchsberg, afin de per-mettre aux spectateurs du XVIIIe siècle d'assisteraux exercices d'équitation, est réaménagé. Il sertaujourd'hui de décor aux opéras à ciel ouvert (ouprotégés d'un velum), montés dans ce lieu pres-tigieux pouvant accueillir 1 500 mélomanes.D'autres salles sont créées comme le Grand Pa-

lais des festivals (Grosses Festspielhaus) et laMaison Mozart (Haus für Mozart) qui forment le« quartier du Festival » (Festspielbezirk).Le Festival d'été consacré aux concerts clas-siques, à l'opéra et au théâtre, est rapidement de-venu un événement musical de tout premierordre où se rencontrent les plus grandes voix etdes chefs d'orchestre de renommée internatio-nale comme le Salzbourgeois Herbert von Kara-jan qui, en 1967, fonda « son » Festival de Pâques(Salzburger Osterfestspiele), puis, six ans plustard, le Festival de Pentecôte (Salzburger Pfingst-festspiele) consacré à la musique baroque.

Le Festival de PâquesDepuis les « années Karajan » durant lesquellesle maître dirigeait plusieurs grands concerts etun opéra deWagner, à la tête de l'Orchestre Phil-harmonique de Berlin, le Festival de Pâques a vuse succéder plusieurs grands chefs. En 2002, Sir

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9. Le GrandPalais desfestivals, lacolline de

Mönchsberg etsa forteresse.

10. Façade de laCathédrale

Saint-Rupert.11. Vue sur lestoits de la vieilleville et ses "cent

clochers".12. L'abreuvoiraux chevaux des

écuriesarchiépisco-

pales.13. Façade de

l'église baroqueSaint-Pierre.

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KathereenAbhervé

[email protected]

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Simon Rattle en est devenu l'intendant et s'estaussitôt employé à attirer de nouveaux publics endiversifiant les programmations.La prochaine édition du Festival, qui se dérouleradu 27 mars au 5 avril 2010, commencera commechaque année avec la première représentationd'un opéra, le samedi d'avant le dimanche desRameaux et s'achèvera le lundi de Pâques, avecla seconde représentation. Entre ces deux tempsforts, six soirées de trois concerts avec le Phil-harmonique de Berlin, un concert exécuté par unorchestre de jeunes dans une salle de plus de6 000 places (Salzburgarena), et les « Kontra-punkte » regroupant des concerts de musiquecontemporaine.Sir Simon Rattle, quarante ans après le Ring fon-dateur de Karajan, dirigera Götterdämmerung(Le Crépuscule des dieux), les 27 mars et 5 avril(17 h) dans une mise en scène et des décors deStéphane Braunschweig. Coproduite avec le Fes-

tival d'Art lyrique d'Aix-en-Provence (été 2009), cette nouvelle productionpermettra d'entendre Ben Heppner (Siegfried) et Katarina Dalayman(Brünnhilde). Il n'y a plus un instant à perdre pour réserver vos places.Si d'aventure, des lecteurs étaient frustrés de ne pas avoir trouvé mêmel'ombre d'un strapontin, ils pourront toujours se « rabattre » sur le Festivalde Pentecôte programmé du 21 au 24mai prochain, qui leur permettra d'en-tendre, dans des écrins prévus à cet effet, des concerts dévolus au baroquenapolitain. Sinon, il leur restera encore la pléthore d'événements musicauxet théâtraux du prochain Festival d'été (25 juillet au 30 août) !�

Office de Tourisme de Salzbourg :http:// www.salzburg.info/fr/ • Tél. : 0043662 88987-0Festival de Pâques de Salzbourg :http://www.osterfestspiele-salzburg.at/Réservations : [email protected]él. : 0043662 8045-361

Renseignements

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Dans la zone steppique au nord et au centre de la Cri-mée, et jusqu’au pied desmontagnes, on trouve un cli-mat plutôt continental. Les températuresmoyennes en

hiver sont en-dessous de 2°C, en été par contre, les tempéra-tures peuventmonter très haut. Le total des précipitations toutau long de l’année est peu important.Sur la bande côtière au sud, le climat estméditerranéen et trèsensoleillé. Il fait enmoyenne 4°C l’hiver et 26°C l’été. Des pré-cipitations sont à prévoir en général en hiver et au printemps.La température moyenne de l’eau pendant les mois d’été estde 24°C et se maintient à ce niveau jusqu’en octobre.Les meilleures périodes pourvoyager en Crimée sont dedébut mai à fin juin, et de débutseptembre à début octobre. Aces périodes, les températuressont de plus de 20°C, donc trèsagréables, et vous éviterez ainsiles canicules de juillet-août,pendant lesquelles la tempéra-ture extérieure peutmonter au-dessus de 40°C. Lesmontagnes connaissent plus deprécipitations en été. La tempé-

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LE CLIMAT DE CRIMÉE PEUT ÊTRE DIVISÉEN TROIS ZONES : LA ZONE STEPPIQUE,LA ZONE CÔTIÈRE MÉRIDIONALE ET LAZONE MONTAGNEUSE ENTRE LES DEUX.

rature moyenne y est à cette période de l’année de 18°C.

Les origines du vin de CriméeC’est au 19e siècle que remonte la tradition vinicole de Crimée.A cette époque-là, le prince Mikhail Semionovitch Vorontsov,alors gouverneur général de la région deNovorossiïsk et grandamateur de vins, créa le premier domaine vinicole de lapresqu’île en faisant planter des vignes dans sa propriétéd'Aloupka. En 1928, il ordonna la création d'un établissementétatique expérimental à Magaratch (qui signifie source), dansles environs du jardin botanique de Nikita. A Magaratch de-

vaient être étudiées différentestechniques d'amélioration desvignobles et de production duvin, afin de permettre la plan-tation massive des meilleurscépages dans la région. Surune surface de 6 desiatinki(soit environ 43 hectares) fu-rent plantées 4 000 pieds devigne de type pinot franc debourgogne, petit verdot, grosverdot, malbec et merlot. L’undes premiers scientifiques à

Alain Barrière

[email protected]

LeclimatenCrimée

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s’installer à Magaratch à lademande de Vorontsov fut lefrançais Franz Gasquet, ainsique son assistant AnastaseSerbulenko. Ils se donnèrentpour tâche de produire un vinde bonne qualité, vieillissantbien, sans forcément s’attar-der sur le fait que son goûtrappelle un vin produit autrepart. Privilégiant la qualité, leprince Vorontsov ordonna dene conserver que les meil-leurs vins, les autres devantêtre vendus immédiatementaprès leur mise en bouteille.Trois ans après sa produc-tion, chaque sorte de vin conservée devait être à nouveau goû-tée et analysée, afin de déterminer sa durée optimale deconservation, et seules quelques bouteilles desmeilleurs crusdevaient être entreposées dans la cave du domaine. C’est ainsique fut créée la fabuleuse collection de vins deMagaratch, quicompte aujourd’hui 21 651 bouteilles de quelques 3 200 diffé-rentes sortes de vin, dont un muscat rose datant de 1836, en-registré dans le Guinness des records comme étant le vin leplus ancien produit en Russie et conservé jusqu’à nos jours.La terre ensoleillée de Crimée se révéla être optimale pour laproduction de vins liquoreux et aromatiques. Les muscats,entre autres, produits exclusivement les années particulière-ment favorables, s’avérèrent être de très bonne qualité. Afind’augmenter le taux de sucre dans les raisins, chaque grappeétait relevée et les pieds de vignes taillés avec un ciseau spé-cial, selon une méthode utilisée en Grèce antique.

Un laboratoire œnologiqueEn 1871, un chimiste de renom, Alexandre Salomon, s’établitau domaine, ce qui fut le point de départ de la création d’un la-boratoire œnologique. Les premiers élèves à être accueillisdans ce laboratoire furent dix garçons venant d’un orphelinatde guerre. Par la suite, seuls des étudiants lettrés furent admisdans cette sorte de pensionnat, où pour 50 roubles par anétaient révélés les secrets et le savoir-faire de la viticulture.Dans ce laboratoire furent formés de nombreux spécialistes,qui trouvèrent par la suite du travail dans des exploitations pri-vées, ce qui permit d’améliorer les techniques de productionde vin dans toute la Crimée. Les vins deMagaratch contribuè-rent sans aucun doute à la renomméedes vins de la presqu’île. En 1873, parexemple, lors de l’exposition Universellede Vienne, les traminers, muscats et pi-nots gris deMagaratch furent récompen-sés par de nombreux prix.La deuxième et troisième génération desavants installés au laboratoire deMaga-ratch se penchèrent sur le développe-ment de techniques de productionrendant la qualité du vin moins dépen-

dante des conditions clima-tiques. Ils améliorèrentleurs techniques de vinifica-tion, ce qui aboutit à la pro-duction de muscats,madères, sherrys et portoscaractéristiques, dont leprocessus de fabrication n'aquasiment pas changéjusqu'à nos jours. En 1940,après une grande consulta-tion, les viticulteurs et lesœnologues s'accordèrentsur le fait de n'exploiterprincipalement que huitsortes de raisins, le choixdéfinitif du lieu où planter

les cépages prenant en compte les caractéristiques clima-tiques et d'exposition des différentes parties de la presqu'île.Au temps de l'Union soviétique, des filiales du laboratoire deMaragatch furent créées en Russie, Moldavie Biélorussie etdans le reste de l'Ukraine.Aujourd'hui, de nombreux jeunes chercheurs viennent à Ma-garatch pour étudier les nombreux documents d'époques etétudes historiques conservés parmi les 104 400 tomes quecontient la bibliothèque du domaine.

KoktebelC’est également grâce à la volonté d’un passionné, EdouardAndreevitch Younguié que fut créé le domaine vinicole de Kok-tebel en 1879. Son fils, Alexandre Edouarovitch, voyagea enFrance, en Espagne, en Italie et en Allemagne pour étudier laviniculture, afin d’améliorer la production de vin du domainefamilial. Le domaine de Koktebel est aujourd'hui réputé pourses vins d'origine contrôlée de très bonne qualité et pour sescognacs.

Le “champagne” de CriméeLa première cave à “champagne”, elle, fut créée en 1878 par leprince Léon Golitsyne, aujourd’hui appelé le “roi du vin russe”.Le prince parcourut tout l’Empire russe avant de jeter son dé-volu sur la Crimée. Il donna le nom de “Novy Svet”, NouveauMonde, au domaine, en référence à la découverte de l’Amé-rique. Cet amateur de mousseux tint à reproduire à Novy Svetla méthode classique d’élaboration du “champagne” inventéepar le moine bénédictin Dom Pérignon au 17e siècle. La mé-

thode classique de mise en bouteille duchampagne mise en œuvre à Novy Svetétait caractérisée par trois étapes. Le vin,disposé dans des bouteilles à cham-pagne, était tout d’abord conservé un àtrois ans à une température de 12 à 14°C.Ensuite, lors de l’étape dite du “remuage», les bouteilles étaient disposées pen-dant troismois sur un pupitre, goulot versle bas, afin d’en faire descendre les lies.Ces lies étaient dans un troisième temps >>

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éliminées. Cette méthode délicate nécessitait l’emploi de cé-pages de qualité exceptionnelle. ANovy Svet furent plantés descépages de type pinot, aligoté, cabernet et riesling rhénan,ainsi que, dans un vallon particulièrement protégé, les vignesdites “du sacre”, desquelles fut produit le champagne destinéà la table de parade lors des festivités organisées Moscou en1896 à l’occasion du sacre du tsar Nicolas II de Russie. Cechampagne à qui l'on donnale nom de “Paradisio” rem-porta le Grand Prix de laCoupe, le prix le plus presti-gieux, lors de l’ExpositionUniverselle de Paris en1900.

La Vallée du soleilNon loin de Soudak setrouve une vallée particuliè-rement bien protégée, où unclimat particulièrement fa-vorable permet la plantationde raisins délicat. Il s'agit dela Vallée du soleil, connueaujourd'hui pour ses vins li-quoreux. C'est égalementau prince Golitsyne que l'ondoit la création à cet endroitde la cave. Cette cave servitensuite de modèle pour denombreuses autres, commepour celle de Massandrapar exemple. La Vallée duSoleil est le seul endroit aumonde où il est encore pos-sible de trouver certainesvignes très anciennes, par exemple desvignes de type Ekim kara, desquelles sontproduites le fameux vin "tchiornyï doktor", ledocteur noir, Djevat kara, Kefessia et Kokpandas.

Les caves impérialesC’est en 1892 que le princeGolitsyne acquit des terresà proximité du village deMassandra, où dans lepassé la femme du princeVorontsov possédait égale-ment une propriété, afin deconstruire une immensecave à champagne, qui futachevée en 1897. Il étaitpossible de conserver danscette cave 250 000 décali-tres de vin en tonneauxainsi que 1 000 000 bou-teilles. Chaque année, en

août, fut organisée une immense foire aux vins. L’empereurNicolas II visita Massandra deux ans après l’inauguration de lacave, en 1889, et depuis lors, lemeilleur vin produit à Massan-dra fut réservé à la consommation de la cour du tsar. Les vinsproduits àMassandra restent jusqu’à aujourd’hui très réputés,notamment ses portos, sherrys et madères.A l'époque soviétique, de nombreux domaines furent transfor-

més en kolkhozes ou sov-khozes. Si aujourd'hui laplupart des domaines sontspécialisés dans la produc-tion de cognacs, de vinsforts et sucrés ou de vins detables, chaque exploitationa pourtant su garder sapropre caractéristique.Massandra produit, depuissa création en 1894, desvins de qualité supérieurequi ont reçu de nombreuxprix. Ces vins sont présentsdans de grandes exposi-tions internationales etaussi dans des dégusta-tions. 24 vins de marqueMassandra ont été récom-pensés par 2 Grands Prix,148 médailles d’or, d’ar-gent et de bronze.Le sous-sol de Massandracontient environ un millionde bouteilles de vins de dif-férents types. Elle possèdeaussi une collection de vinstrès vieux, par exemple un

“Jerez de la Frontera” récolté en 1775. Lacollection de Massandra avec la connais-sance du passé nous aide à comprendre leprésent et à prévoir l’avenir avec les varié-tés de raisin différentes localités et de diffé-rentes années ainsi que la technique de lavinification. Ce sont des documents histo-

riques d’une valeur im-mense.Ces vins de collection ontété rassemblés suite à untravail acharné de nom-breux professionnels talen-tueux. En 1897 un sous-sol,composé de 9 galeries dontl’une est appelée “le mil-lion”, a été construit pourl’entreposage du vin.Pendant la guerre civile lesvins de Massandra ontéchappé au pillage. Tousles escaliers menant au

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sous-sol ont été «murés » avec des grossespierres, et du ciment. Après l’instaurationdu pouvoir soviétique en Crimée les collec-tions de vins ont été nationalisées. En 1923il y avait environ 200 000 bouteilles dans lacollection de Massandra. En 1926 la ques-tion s’est posée de l’élimination totale de lacollection. Des experts, Andryuschenko,Kramm, Shakhov, Polyakov, Mikhailov, onteffectué l’analyse des vins millésimés de lacollection et ont démontré l’intérêt scienti-fique et industriel de ces vins.De 1923 à 1936 la collection de Massandra aété presque reconstituée. Parfaitementconscient de l’importance d’accroître la pro-duction de vins de qualité, de continuer à surveiller la qualitédes vins lors de leur vieillissement, d’augmenter la produc-tion de vins millésimés, d’identifier de nouveaux domaines

de vin de qualité, le ministre de l’industrie alimentaire Mi-koyan a signé deux décrets en février 1936. Dès ce momentcommence la croissance quantitative de la collection des vinsde Massandra.En 1941, la collection de Massandra est à nouveau en danger.Elle est alors évacuée à Tbilissi où elle restera enterréejusqu’en 1945 avant de revenir à Massandra.Dans la fondation du musée 3 bouteilles de vins de chaquesorte sont gardées sur toutes les années de récolte afin demaintenir une constante.Advertising Research Foundation a été créée pour étudier les

changements dans les vins pendant unstockage prolongé dans des bouteilles, fa-miliariser les professionnels avec les pro-cessus de vieillissement de bouteille de vin,de participer à des salons, des ventes auxenchères, expositions à des fins publici-taires.A l’heure actuelle la collection de Massan-dra est d’environ 1 million de bouteilles devin.Alliez plaisir et découverte, visite informa-tive et dégustation et laissez-vous surpren-dre vous aussi par l'incroyable richesse desvins de Crimée en visitant les nombreux do-maines, caves et salles de dégustations de

la presqu'île, où vous pourrez trouver, parfois en exclusivité,des vins originaux et de caractère qui ne vous laisseront pas in-différents.�

Fondue de girollesMettez dans une cas-serole girolles, huiled’olive ; ajoutez destomates noires deCrimée en morceaux ;

faites suer ; allongez de3 cuillères à soupe de crème à 18% et

25 grammes de beurre par portion ; intégrez le paprikaà raison de 4 bonnes pincées par portion ; laissez mi-tonner, cuisson à consistance ; salez légèrement à la fin,réservez.Pour prendre un peu la tem-pérature conviviale du pays,le Folklore de Crimée vien-dra presque à vous. La tour-née des Chœurs de Criméeest venue une fois en Suisse,et, en 2010, ils viendront en France. Parmi les dates etendroits les plus proches en Rhône-Alpes, à Bron le 23mars et à Voiron le 24 mars. Renseignements : DidierBadel - Tél. : +33 4 78 41 12 70.Email : [email protected]://www.crimeanchoir.com

Vin rouge : le MassandraAluahta est un CabernetSauvignon. C’est un vinléger de belle intensité, iltire vers le rouge grenat. Sonnez, agréable et élégant, an-nonce une belle plénitudeau travers de ses notes épi-cées. L’intensité de sa robeest en relation avec sa puis-sance en bouche, qui resteouverte et grasse. Tout enconservant des notes épi-cées. Vous pouvez le trouver pour CHF

18.90.D’autres vins : le Massandra Muscat Blanc, leMassandra Kagor South Coast Rouge qui est unvin doux et une anthologie le Massandra BastardoRouge 2003 à CHF 37.50.Une adresse en Suisse Romande pour tous les vins del’Est Crimée, Georgie et Moldavie :Spirit of Wine Sàrl - Rte de la Versoix 6 - 1185 - Montsur Rolle. Tél. Cave : 079 217 71 26 - Tél. Bureau :021 826 11 75 - Email : [email protected]

Une adresse si vous voulez découvrir cette région del’Ukraine et les caves du Pays aux 1 000 000 et 1

bouteilles avec des interlocuteurs francophones en Al-lemagne :Dreizackreisen Trident Voyage - Alexandre Jolivet,Marten Lange et Marie Kolly - Graunstraße 36 - 13355Berlin - Tél.: +49 30 46 7771 46 - Fax: +49 30 467771 47 - Web: http://www.dreizackreisen.de

Bon à savoir…

Quelques impressions de dégustations Terroir, Gastronomie et Folklore

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Gastronomie

Il m'est difficile de parler du plaisir debien manger, de dégustation, de gastro-nomie quand les médias, depuis plus de

deux semaines, étalent la misère enduréepar les Haïtiens, qui n'ont même pas unverre d'eau à disposition. Les journalistesont l'outrecuidance de nous montrer lesscènes les plus choquantes, les plus dé-gradantes avec un cynisme répugnant.On voit ces pauvres gens se déplacer enmeute et se battre comme des animauxpour de la nourriture, ou des choses insi-gnifiantes… Ce que nous ferions, nousaussi, si nous étions à leur place.Nous avons beaucoup de peine à imaginerle dénuement dans lequel vivent ces êtreshumains semblables à nous.Notre mémoire est très courte, il n'y a pastrès longtemps, aumoyen âge et lors de pé-riodes encore plus proches, nos ancêtresont connu le manque de nourriture, la fa-mine.A cette époque la population était illettrée,seule une certaine élite avait accès au sa-voir.Il n'y avait pas de moyens de conservationélaborée, il n'y avait que la dessiccation etle sel… Pas de réfrigérateur, pas de congé-lateur, encore moins de sous-vide ou delyophilisation, les conserves n'avaient en-core pas été découvertes, si bien quemêmelors d'années normales, les hivers étaientdifficiles à passer et les soudures entre lesrécoltes étaient compliquées.Il était très préoccupant d'assurer en touttemps la nourriture des habitants, la pro-duction était incertaine, le stockage aléa-toire et l'utilisation difficilementcontrôlable. C'est l'élite, dont les religieuxen composaient la majeure partie, qui de-vait en assurer la gestion.Les moyens de communication étaientinexistants, les lois mal établies et difficile-

ment respectées, seule la religion, trèspuissante, écoutée et respectée à l'époque,pouvait apporter une solution.Dans notre culture judéo-chrétienne, lesfêtes religieuses étaient toujours agrémen-tées tant sur le plan du comportement quesur celui de la nourriture, d'obligations, derestrictions, d'interdictions, autantde moyens pour trouver des solu-tions aux problèmes du moment.Toutes ces fêtes influentes, par oùpassaient les messages, nous les re-trouvons aujourd'hui, mais ellesn'ont plus le même effet, seul le côtéfestif demeure. C'est en ce momentde l'année, durant les premiersmois, à la période charnière fin d'hi-ver- printemps que naturellement, ily en a le plus.La fête la plus importante dans notrecalendrier est Pâques, et c'est cetteFête qui régit les dates de toutes cesfêtes que l'on dit mobiles.Sa date dépend du mouvement dusoleil et des saisons, ce qui est lo-gique, elle est, en fait, basée sur lecalendrier lunaire, comme celui uti-lisé par les Juifs pour fixer notamment ladate de la Pâque juive.Un problème, apparu plus tard, la diffé-rence des pratiques entre les églises occi-dentales et les églises orthodoxes. Lespremières adoptent le calendrier Grégorienpour calculer la date de Pâques, alors queles dernières utilisent toujours le calendrierJulien originel. Le Conseil œcuménique desÉglises proposa une réforme de la méthodede détermination de la date de Pâques lorsd'un sommet à Alep (Syrie), en 1997.Cette réforme échoua, c'est pourquoi en-core aujourd'hui, il y a des différences dedates entre églises occidentales et orien-tales.

basesde l’art culinaire françaisLesfêteschrétiennes

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Gastronomie

du Carême. Il est une Fête qui précèdetoutes ces Fêtes, c'est la Chandeleur. Lenom populaire de cette fête a une originelatine et païenne : la festa candelarum oufête des chandelles.La date de la Chandeleur est fixe, elle nedépend pas de Pâques. Elle a été fixée qua-rante jours après Noël, le deux février, pourfêter officiellement la Présentation duChrist au Temple, la chrétienté a eu beau-coup de peine à imposer cette fête commefête religieuse, car depuis l'antiquité, l’oursfaisait l’objet d’un culte très suivi. Il étaitcoutume de fêter sa sortie d’hibernationvers la fin du mois de janvier ou le toutdébut du mois de février. Il s’agissait là dela simulation du moment où l’ours sortaitde sa tanière pour voir si le temps était clé-ment.Cette fête, très prisée, était caractériséepar des déguisements ou travestissements

en ours, et des simulacres de viols oud’enlèvements de jeunes filles.C'est le pape Gélase 1er qui instituaau Ve siècle cette fête des chandelles,et, pour que la fête soit grande et ap-préciée, pour inciter tout le monde ày participer, il ordonna l'ouverturedes greniers-réserves de grain et defarine afin que chacun puisse fairedes galettes, des crêpes, cette cou-tume subsiste encore aujourd'hui.Cela montre bien l'importance de"l'estomac" dans l'acceptation et lapérennité des coutumes ! Néan-moins, jusqu'au XVIIIe siècle, lachandeleur fut appelée “chande-lours” dans de nombreuses régionsfrançaises où le souvenir du culte del’ours était encore très présent.Pâques étant le pilier, on trouve l'As-

cension quarante jours après, la Pentecôtecinquante jour après, et la Fête-Dieusoixante jours après, autant de fêtes qui ap-portent leur lot de spécialités culinaires enrapport avec la saison, la région, les pro-duits, c'est une période faste : Primeurs,jeunes animaux, fruits, etc.Aujourd'hui l'élevagemassif, en batterie, laculture intensive, sous serre, l'importationde pays lointains nous ont fait perdre nosreflexes naturelles et nous empêchentd'apprécier à sa juste valeur ce que nousest offert par les saisons.La cuisine pratiquée et appréciée par leFrançais fait partie du patrimoine de laFrance, ce qui précède le démontre. �

L'agneau pascal étant un symbole mar-quant dans les religions juive et chrétienne,on le retrouve immanquablement dans lagastronomie de cette fête, en Alsace, onconfectionne même un biscuit en formed’agneau appelé « Osterlammele », ce bis-cuit riche en œufs permettait d’écouler lestock d’œufs accumulé pendant le Carême.Les dates des fêtes, dites mobiles, dépen-dent directement de la date de Pâques.Ainsi le Carême, un jeûne de quarante joursprécédant Pâques interdisait de manger dela viande et des œufs, ce qui permettait augibier de se reproduire et ainsi de ne pasvenir à manquer, la viande provenant de lachasse et non de l'élevage encore rudimen-taire à l'époque.L'Église ayant instauré au IVe siècle cetteinterdiction demanger desœufs pendant leCarême et les poules continuant à pondre,les œufs pondus depuis le début du Ca-

rême, n'ayant pas été consommés, étaientalors décorés et offerts.De nos jours, le jeûne n'est plus observéaussi strictement mais la tradition d'offrirdes œufs, est restée et aujourd'hui, ils sontsouvent en chocolat.Mardi-gras est une fête qui marque, enapothéose, la fin de la « semaine des septjours gras » autrefois appelés "jours char-nels", qui précédaient le Carême.Mardi gras, populairement, est aussi le jouroù l'onmange les fameux "beignets de car-naval".C'était le dernier jour où il était possible demanger de la viande, juste avant le Mer-credi des Cendres, premier jour du Temps

Jean-JacquesPoutrieux

[email protected]

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Lemotde la fin

Delà, l’homme en général et le philo-sophe en particulier, se sont de-mandé si l’humain avait

véritablement le pouvoir de choisir entredeux actions, deux directions contraires,sans être déterminé par aucune nécessité,spontanément et consciemment. Le librearbitre existe-t-il ?Liberum arbitrium. Le concept, tel que ledéfinit à l’origine Saint Augustin (Augustind’Hippone), tend principalement à imputerà l’homme seul l’origine dumal et à en exo-nérer Dieu, pourtant créateur de touteschoses : « Dieu a conféré à sa créature lelibre arbitre, c'est-à-dire la capacité demalagir, et par là même, la responsabilité dupéché. »Saint Thomas d’Aquin, en s’appuyant surles textes d’Aristote qui définissent l’actevolontaire en ce qu’il est spontané (libre detoute contrainte) et intentionnel (enconnaissance de cause), associe à la notionoriginelle, la volonté et la raison, rendantl’individu garant de ses actes, devant leslois morales, pénales et divines. « Vouloir,c’est choisir, c’est se déterminer, c’estdonc être libre. »Mais l’homme est-il vraiment aussi libre deses choix qu’il le croit ?De nombreuses cœrcitions s’opposent àl’idée de libre arbitre : juridique (la loi m’in-terdit certaines actions que j’aurais peut-

SI ON Y RÉFLÉCHIT BIEN, TOUTENOTRE VIE DÉPEND D’UNE DIZAINEDE DÉCISIONS PRISES AVANT D’AVOIRL’ÂGE D’EN MESURER VRAIMENT LESCONSÉQUENCES. CHOISIR C’ESTRENONCER ET SE PRIVER DE TOUSLES FUTURS POSSIBLES POUR N’ENVIVRE Q’UN SEUL.

De lasommedetoutes les

nécessairescoïncidences

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Lemotde la fin

être bien aimé choisir), sociale (j’évite defaire ce qui pourrait m’exclure du groupe).« L’enfant et l’ivrogne se croient libres »écrivait Spinoza, parce qu’ils n’ont pasconscience de la cause qui les fait agir.Le rôle des motifs et la prévalence de l’und’entre eux dans la détermination du choix,limite l’idée de liberté. Si je choisis ce que jepense être le mieux pour moi, puis-je direque mon acte est libre ? Si je choisis ce quin’est pas bon pour moi dans le but de prou-ver ma liberté, ne suis-je pas encore gui-dée par un motif déterminant ?La psychanalyse considère que la plupartde nos actes dépendent plus de notre in-conscient que de notre volonté consciente.De nos jours encore, la question du libre ar-bitre préoccupe les penseurs, de la phy-sique cantique aux mathématiques, deDaniel Clément Dennett à David Deutsch,de l’hypothèse d’Everett (les univers multi-ples) au « théorème du libre arbitre » de J.Conway et S. Kochen qui ont démontré, àtravers trois axiomes, l’extrapolation possi-ble aux particules élémentaires.Oui mais, pour pouvoir choisir, librement ounon, encore faut-il avoir le choix ! Impossi-ble de devenir héroïque ou lâche en l’ab-sence de danger. Hors de toute tentation,comment savoir si l’on succombera ?Bref, pour devenir un chef de la Résistance,encore faut-il qu’il y ait la guerre.C’est parce que le concierge, ordinairementtrès ponctuel, souffrait d’une gueule de boislamentable liée au départ de son épouseretournée chez sa mère – avait-il fêté celaou bien avait-il bu pour oublier, on ne lesaura jamais – que les poubelles se trou-vaient encore dans la cour.C’est parce qu’il avait levé nez pour essayerde voir de quelle fenêtre de l’immeuble fu-sait un éclat de rire, incongru en cetteheure matinale, qu’il buta dans les immon-dices et salit son pantalon – neuf et en lincrème, le soleil brillait ce matin là. Il dutdonc remonter se changer, passa un jeans(le seul propre qui lui restait) et partit en re-tard.Ces douzeminutes de décalage par rapportà son planning habituel, lui firent rater sonbus. Il décida de se rendre à la station demétro la plus proche, ce qu’il ne faisait ja-mais. Il se trouva donc sur le pont – à unmoment où il n’aurait pas du y être – justeà l’instant où elle enjambait la rambarde. Ilne réfléchit pas : il plongea (et bénit le cielde n’avoir plus son pantalon en lin crème,

c’est fragile le lin). Il parvint à la rattraper,à la saisir, nagea jusqu’au quai voisin et parun bel effort qui lui valut un lumbago fortdésagréable le lendemain, la hissa hors dufleuve.Dupont Lariette, journaliste désœuvré, serendait chez son coiffeur, un jour inhabituelen raison d’un rendez-vous qu’il avait lesoir même avec la nouvelle standardiste dujournal qui remplaçait la titulaire, victimed’unemauvaise chute de cheval. Il assista àla scène et s’empara du fait divers. L’actua-lité était calme. Dupont Lariette avait eu leréflexe – en vrai professionnel - de réaliserplusieurs clichés. L’un d’entre eux était par-ticulièrement bon, Match en fit une doublepage.Le sauvetage fut largement médiatisé : lajeune fille était belle et le héros sexy, moulédans un 501 qui avait rétréci au contact del’eau. Le sauveteur en sortit très valorisé. Ildemanda une augmentation à son patron,l’obtint, emmena sa femme en vacances,loin, et évita, sans le savoir, d’être cocu parle plombier d’à côté, connu à l’occasiond’une panne de machine à laver et auquelelle allait succomber par ennui.On ne trompe pas un chevalier des tempsmodernes, photogénique et promu. La sui-cidée fut secourue, réconfortée, écoutée etrencontra en allant chez son psy, un jeunehomme charmant venu réparer l’ascenseur.A-t-il plongé d’instinct ? A-t-il choisi libre-ment de plonger ? A-t-il plongé pour ré-pondre aux dictats inconscients de sonéducation judéo-chrétienne ? A-t-il vouluavoir une très bonne excuse pour être enretard au travail ? La question reste posée.Mais si sa vie a basculé, c’est aussi en rai-son de toutes ces petites coïncidences ano-dines mises bout à bout, ces faits divers duquotidien, simultanéités de nos vies, grâceauxquelles on se rencontre, on se retrouve,on se construit et on forge nos destins. �

CorinneBraquet-Béjot

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