L'Ecole primaire, 15 novembre 1934

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SION, 15 Novembre 1934 No Il 53 1lle Année ùJJ IR{ Ql\l)1l DE LA Soc.jété d L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.- Les abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre rembourselnent. Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Département de l'Instruction publique à Sion. Les annonces sont reçues ex' clusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion Rue de Lausanne 4 - Téléphone 2.36

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Transcript of L'Ecole primaire, 15 novembre 1934

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SION, 15 Novembre 1934 No Il 531lle Année

ùJJ IR{ Ql\l)1l DE LA

Soc.jété '\falai~aQ"e d ·€du~ation

L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 6.-

Les abonnements se règlent par chèque postal Ile 56 Sion, ou à ce défaut contre rembourselnent.

Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au

Département de l'Instruction publique à Sion.

Les annonces sont reçues ex'clusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, Sion

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ALMANA~H PESTALOZZI Agenda de poche des licoliers suisses

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L'ALMANACH PESTALOZZI, impatiemment attendu chaque an­née, est le seul destiné aux écoliers et écolières de la Suisse romande; il ('aptiverll 1(·0,: Jf'lmes lerteurs, parce qu'il (,Rt adapté il leurs g-oûts nduclH.

Ils trouVCl'ollt d'abord un agenda commode où ils pOUl'l'Ollt COll­~iglJel' chaq .,1' jour, méthodiquement, tout co qui a trait il leur vie scolai l'e, pui..", C ~)]lIme le.; autres années, des renseignements prati ­ques et instructif: de toutes sortes, précieux pour eux il plus d'un ti ­tre: formules de mathématiques, de physique et. de chimie, gl'anclH faits historiques, une histoire de l'art, des biographies de peint l'eH célèbres, des articles sur le transport dans les temps anciens, la Hollande, le-=; (~IJOng'N.~ , 1(':-; huppes des oiseaux, les pigeons voyag-olll's, no", ami ' hw rhiell:-l, leF, dents, l'importance cie,- forêt s. la prédietillll du temps, les éclipses, les lumières des grandes villes, le sauvetage par avions, les exercices d'entraînement pour le ski, les hautH four­nea ux 11 Il IUl'I'llû:-, lu réfection des rues, la glWITC' futlll'e, etc., (l l ' S

jeux, des énigmes, des problèlnes amusants, enfin trois concours. Tous ceux qui s 'intéressent à des enfants sont sûrs, en faisant

cadeau de l'ALMANACH PESTALOZZI à leurs jeunes amis, de leur causer le plus grand plaisir; chaque année des milliers d'écoliers l'attendent avec joie, car il est considéré, à juste titre, depuis sa créa­tion, comme le vade mecum sans rival des écoliers et des écolières ci o HOf!'p pay :-;, nu xquols il offre, sous une f01'1I ,1' aimable. U1W \'Hl'iMé illépuisabl,~ cl! fait ~ et d'idées.

Co pr écic'ux prtit livre sera leur compagnon pendant tout.e l'an-née, et la recherche des solutions des concours, sont dotés (l e

SION, 15 'Novembre 193/1-. No 11. 53nle Année,

L' "COLE PR~ AIRE ORGANE DE LA SOCIÉTÉ VALAISANNE o'ÉDUCATJON

SOMMAIRE: PARTIE OFFICIELLE: Circulaire du Département. Communication de la S. V. E. - Envoi au P. E. - . Annuaire suisse de l'instruction publique. - Conférences pédagogiques. -A propos de pléthore du P. E. Concours de la Semaine suisse. - Livre de lecture, - Ordre des matières. - ASRocüttion des maîtres de gymnastique du Valais romand. - Du carnet ·de l'inspecteur, - PARTIE TH~ORIQUE: Le sport. - La paresse chez l'enfant. - A propos de sport. - PARTIE PRATIQUE: Lan- , gue française . L'orthographe d'usage. NOS PAGES. DIVERS.

PARTIE OFFICIELLE

Dé~artglllenl de l'Instruction publique du Canton du Valais SION, le 15 Novembre 1934

Cl

CI RCU LAI RE

A NI essieuI'.s les Inspecteurs et ·M éclecins scolaires, Aux Adlninistrations communales, Aux Commissions scolaires, Au Personnel enseignant,

Mftl.,

Dans l'intérêt de l 'éducation et de l'instruction de notre jeu­nesse, nous croyons utile de porter, à la connaissa~ce de ~10S or­ganes compétents et du ICorps enseIgnant les questIOns ?uIva~tes. L~une ou l'autre ont déjà fait l'objet de précédentes CIrculaIres. Si nous devons en rappeler üertains passages, c'est qu'elles n'ont pas trouvé partout leur application.

1. Manuels scolaires , La lisie officielle arr'êtée en 1929 demeure ~n vigueur; tant

pour les classes prÎlnaires que pour -les cours complénl:entaires, toute dérogation doit être signalée au Départelnent par IlVI)\{ . les Inspecteur.s.

- 282-

'Les ,Cumll1unes -doivent prendre toutes dispositions utiles afin -que les Ilnanuels scülaires soient r·enlis aux élèves au prix fa,cturé !par le 'Dépôt cantonal. n en est de nTêlne pour les four­nitures d'ouvrages nlanuels.

La nouvelle édition du livre de le,cture cours nloyen -et su­périeur vient de sortir ,de pr-esse. (Prix de vente 2.20, ancienne édition fI'. 2.5'0). Au vu des .petites nlüdifi.cations qui y ünt été apportées, les deux éditions peuvent être utilisées en '1l1'êm.e tenlps.

Nous ,engageons vivement le P. E. 'à introduire la Inéthode de calcul oral que nous venons d'éditer, cela au vu de l'importan­Ce que le ,calcul oral est appe'lé 'à jouer dans la vie pratique.

2. Matières d'enseignement

Cl) Histoire. - ,Lors des cünférences -du printemps dernier Je P. E. a exam.iné la méthode -à suivre pour rendre Ifructueux l'enseignen'lent de c-ette dis-cipline. Nous rappelons qu'il y a lieu de faire surtout appel au jugeluent et au cœur de l'enfant; d'en­chaîner des faits et de donner une vue cl'~nsemble au déhut de chaque périude de notre histoire nationale.

b) GYlTInastique. - Le Département ~1ilitaire fédéral a or­ganisé des inspections, aux fins de se rendre co~mpte de 'la nlani­ère dont la gyaunastique est enseignée dans nos écüles.

·La Conférence des Inspecteurs a décidé que l'heure-seluaine prévue y soit strictement consacrée el' cela tant dans les classes de filles que celles de garçons.

M. Hubert, maître de gylnnastique à l'Ecole Nonnale, prucé­clera à l'inspection de cette branche.

c) Dessin. - Faute d'une nléthode adaptée à nos écoles , l'enseignmuent du dessin laisse ·à ·désirer. n y a lieu -de combler cette lacune.

A Icet effet, le Département met au concours parmi le P. E. l'élaboration d'une nléthode de dessin . ,Les propositions doivent nous parvenir pour le 15 janvier 1935.

Chant

Pr,ogramme de chant, année 1934/1935. ,Cours élélnentaire et Inoyen.

IV\lue année : Théorie lPortée, dés, lignes supplémentairC's, . silences, mesures 2/+. - Solfège: Pantillon Nos 1 à 03. - Chants .' Valaisans ·chantons Nos 3, 4, 5, 10, Il, 13, l'8, 23, 26, 34.

Vlue année. Théorie: Hevision du programme précédent. :vrcsures 3/{, 4/.h gamme ·majeure, ton, 1/ 2 Ton. - Solfèye.' Pan­tillon H4 il ~)1. - Ch({nts : Nos 19, 21, 22, 25, 24, 28, 30, 42, 43, 83.

- 2.83 -

Cours supérieur. Théori e : revis ion du progranHne prece­'c1ent, Inesure Gis , Isignes d'altération, intervalles, les ganlll1es Ina­jeures. - Solfège: Nos 92 à 142. - Chants: 46, 49, 50, 51, 54, (-}4: , 67, 68 95 , 198.

3 Dt>pôt cantonal du Matériel scolaire

Cl) Les cOlTIllnandes qui ne sont pas établies sur le bulletin :-.pècial ne seront pas exécutées.

b) Les envois en franchise -de port ne pourront être effe.c­Illé~ que pour autant que le travail du gérant le iper:mettra.

c) Tous les payements doivenJ être faits sur le compte de ~~ hl\ques n c 2-0.

cl) L e Dépôt ne tient en vente que les Inanuels et objets fi­gurant sur le .:Bulletin de 'conuuande.

e) Les Inontants des factures impayées aprè.s :1 mois ponr­l'ont être déduits sur la mensualité.

4. Radio-scolaire

Nous prions les comlluissions s,colaires et le 'Personnel en­'scignant de s'intéresser à -cet auxiliaire de l'école.

Les essais qui ont été tentés l'année dernière en Suisse 1'0-

lnande sont concluants. l~tIaîtres -et élèves y ont trouvé une pré­cieuse sour-ce de documentation.

Le No 10 de ,J'Ecole Primaire donne tous les renseignements utiles sur les auditions par la Hadio.

La ,COlnll'lission romande a édité un Bulletin spécial qui est fourni gratuitelnent. 'Les demandes doivent être adressées; au Département. En annexe, ce bulletin ·contient un questionnaire -appelé à recueillir les ren'larques et suggestions auxquelles les séances pourront donner lieu.

5. Organes compétents

([) Méclecins scoLaires . Dans le but de comprimer les dépen­ses, chaque année Ml~. les médecins ne visiteront que les élèves d e 1re, 3llue, D'lUe et de 7ime année. :A cet eLfet, l 'ordonnance de 1928 a été 'l11odifiée . .on trouvera dans le No 100 de l'Ecole Pri­lnaire le texte -de la nouvelle législation .

Le IP. E. est invité à appliquer strideluent l'hygiène scolaire cl: à cOlnnluniquer aux médecins scolaires les anOlualies qu'il -constatera panui ses élèves.

b) Inspectrices de tI'CLUC/LlX manuels. Encore pour des n'lesu­l'es d'écoHOlnie, -chaque année, seulement la' lnoitié des écoles re­cevra la visite de fM~nes les Inspectrices.

...

- 284-

c) Comnlissions scolaires. Les re111place111ents pour service J11ilitaire, ,maladie ou pour autres n'lotifs devrünt nous 'être an­noncés dès ,qu'ils 'se Iproduiront; elles devrünt fournir les pièces justificatives '(certificats luédkaux, etc .)

ILes C. IS. qui n'ünt 'plus en stock des fornlulaires de (Rapport de fin d'année, cahiers de 'notes, journaux de classe, registres ·de visites, sont priées d'en faü'e la de'luande au Départeluent.

Nous tenons là leur disposition Lois et Règlements scolaires.

6. Discipline

a) Congés. Au cours de la Conférence du 24 octobre écoulé Je corps inspectoral s'est éUIU ·en considérant 'les congés qui sont. souvent pris ·en marge du rRèglen'lent scolaire.

Les membres du P. E. qui, pour une raison ou pour une autre, devront prendre des ,congés (cours de ski, ,etc.) , devront dans la n'lesure du possible les reluplacer en tenant dasse le jeudi après -midi.

Les congés du lendenlain des Conférences sont supprimés.

b) Punitions. Des plaintes nous sont \parvenues contre quel­ques maltres trop zélés qui prolongent la durée de la classe sous prétexte que le travail prévu n'a 'Pas pu être liquidé. Evitons ces exagérations comme celles de retenir les enfants en punition pen­dant les récréations.

. Nous voudrions encore attirer votre attention sur les châ-timents ,corporels infligés aux élèves. Qu'il nous suffise de rap­peler le contenu d'une précédente circulaire qui a traité de cette question. Un iInanque de prudence a valu -dernièrement de gra­ves ennuis là l'un de vos collègues .

7. Enfants durs d'oreilles

Instruit par des ,faits qui lui ont été signalés, le Départenlent de l'Instruction publique prie le 'Personnel ,ens'eignant de lui an­noncer o'ffidellenlellt tous les enfants durs d'oreille. Nous pour­rons ainsi dénûtmbrer les enfants atteints de cette inifinuité et cOlnmuniquer les résultats de l'enquête aux organes COIll.pétents .

Sous les auspices de la Süciété romande pour la lutte contre les -ePfets de la surdité et avec le concours de l'rA.Illl.Îcale de Sion, il se donne à des prix très n'lodiques, chaque année, à 'l'intention de ces enfants, des cours de lecture labiale, dans des ,colonies de vacances.

8. Divers

a) Personnel enseignant âgé de 55 ans. Les dispositions léga­les permettent au Cünseil d'Etat de m-eUre à la retraite les nlenl­bres du 'P. E . âgés de 55 ans ou plus.

- 285-

lAvant de faire des propositions au Conseil -d'iELat, le Dé­partenle~t fera. eflfectuer une . enquête par les soins de l'Inspec­teur apres aVOIr entendu les nltéressés et requis l'avis des com­m.unes.

b) ]1,1 altl'esses mariées et enseignelnent. De nombreuses plain ­tes nous sont parvenues sur l'a,ctivité de lnaître.sses ,mariées et sur­tout à l'endrüit de celles qui deviennent nlères au cours dé l'an­née scolaire C'est l)ourquoi la 'Conférence du 24 octobre éco111 .. ; a décidé ce qui suit:

l,es nlaltresses enceintes au début du ,cours tout en restant titulaires du poste, ne pourront enseigner. En tdut cas, le verse­luent des S luensualités est supprimé.

Le Département a été invité à étudier l'opportunité de re­viser ,l'art. 12 de.la loi de 1930, en ce sens que les maîtresses ma­riées soient ,exclues de l'enseignement.

Nous saisissons l'occasion pour prier le P. E. 'de lutter contre le laisser-aller des élèves . Avant tout travaillez à la fOflll.ation de leur cœur et de leur caractère; le souci de la v~site de l'Ins­pecteur et des -examens ne doit 'pas vous hanter.

Fürmez le goût des élèves; rendez votre classe attrayante, tlue le service intérieur soit parfait et les objets personnels prp -

sent~~)les .. Luttez contre « l'a peu près ». Que de la preluière à la .derl1lere lIgne de ,chaque exerdce ün sente l'eflfort qui seul fait les volontés.

Les quelques reluarques que nous avons cru devoir faire ci­devant ont été didéespar l'intérêt que nous portons à la jeunesse du pays, ù laquelle vous apportez le meilleur de Vous-'luêmes.

C'est -dans ces sentiments que nous vous présentons notre· "\ 1 \ e gratitude rt notre salut patriotique.

Le Chef dl.l Département de l'lnstl'uction publique:

R. LiORETAN.

Communication de la Société valaisanne d'éducation

En séance du 7 luars 19:32, le COluité de la :Sté Valaisanne d'Education a décidé ce qui suit concernant l'abonnement à son ,organe « L'Ecole prin'laire ».

« L 'abonnement au journal est personnel, il ne peut être servi un seul numéro là un groupelnent quekonque. »

Dans sa dernière séance, le ,Comité a demandé où la Rédac­lion d'appliquer strictement cette mesure.

- 286-

Au. vu :de ce qui précède, -ù l'avenir, ch~qu~ maître et maî-d , . gat on r ecevra n)er--tresse qu 'il Ifasse partie ou non une congre l 1

sonnellelnent l'Ecole Prinlaire.

Notre Revue n e peut vivre qu'en raison de l'il11portan~e. d e­ses abonnés. D'autre part la IS. V. E défend ,les intérêts nlatenels. de tout le Personnel enseignant, il e~t dünc équitable que chacun souti enne -ses efforts.

Envoi au P. E'.

Le Département de l'Instruction pUibliq~l~ vient d 'adresser au maître ,du cours supérieur de chaque locahte :

a) des .fascicules « Problèmes de ICl pl'ote:tio~ de la Nature en Valais» avec 'prière de r em ettre un exenlplalre la chacun de ses col'lègues;

b) un nunléro de la Revue « La Radio cl l'écol~ » . En annexe r ce bulletin de documentation contient un .for·l11uIalre-r~Pl?Ort que le (Personnel ·enseignant qui a suivi l'une ou l'autre élnIsslOn vou­dra hien renlplir et adresser au Département;

c) un ex-el11'plaire d e 1" Alnlanach des gens h eureux pour la bibliothèque scolaire.

Annuaire de l'Instruction publique en Suisse en 1934

Chaque année un certain nOl~l~re ~e nl~il~]~res du 'Perso.nn~l enseignant ne manquent pas de faIre l acquIsItlOn de c~Lte InL~ ressante Revue qui traite des dernières 1néthode~ d 'enseIgnelne ll t et indique les .faits saillants qui se sont prodUIts au cours de l 'année dans chaque canton.

En vente au Dépôt du matériel scolaire:à ISion ,\ fJ'. 2.50 (jus-· qu ''à épuiselnent du stock).

Somnlaire de l édition 193 L1: Tendcl11ces contelnpol'aines et ré­sonances éducatives: J. de la Harpe. - Comment combat~r e ' le mensonge chez l'enfant: H. Jeanreneau~. - Le Servlc:' m édico-pédagogique de Genève: Ed. !LaravOlre. - ~e trrwm[ manuel scolaire,' J. ·Chappuis. - A. propos de l'enselgnement du dessin,' E. Beyeler. - Les musées scolaires suiss~s: \ . Chessex. - ChI'oniques de l'enseigenment post-scoICllI'e, de l' hygiène scolaire, de la cinémathogI'aphie et de la l'adio sco': Laire. - ChI'onique scolaire de la Suisse allemand.e. - Clu:o­nique scolaire des cantons romands. - LégislatzoI1 scolC/ll' C' d es cantons l'omands. - Bibliographies.

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Conférenc~s du Personnel enseignant

' 1~1('sdames les Institutrices e t 1 ~'Iessieurs les Instituteur;; au­('ont en J ~)3.,t/i)5 des conférences de distdct. Au cours de ces sé:inces il sera traité les sujets suivants:

A. IHstitutrices : Ense;gnement de la lecture aux trois degrés de l'école 'primaire.

La lecture ù rE-cole prünaire :

a) Quels .sont les m-oyens pour obtenir un e bonne lecture '?-­Conlment bannir le ton chantant, réaliser la netteté dans l'arti­culation et dans la prononciation des voyelles, lutter contrel'ac­cent local?

b) Avantages et inconvénients de la lec ture collective.

c) Le mécanis~l1e de la ledure p eut-il nuire à la compréhen­sion du texte. ILa ledure ù. haute voix fait-elle .tort ft ,la lecture silencieuse?

d) La leçon de lecture considérée COl111lne conlpléInent aux différentes branches du progranuue.

13. Institl.ztel.l1·s " Problè'lnes actue.ls de la protection de la na­ture en Valais: ,la flore, la faune, les sites, 1es cascades, les bIocs erratiques, etc. - IMéthodes pratiques pour enseigner la protec­Lion de la. nature dans les écoles primaires du Vallais. Nümbreux exenlples.

ILe Départeluent de l'Instruction publique a adressé au Per­sonnel enseignant une documentation qui ,l'aidera il traiter ce sujet d 'actua'lité.

A propos de pléthore du P. E.

Au printeInp.s dernier, (voir Nos 7 et 8 de l'Ecole 'Primaire) , le Secrétariat de l'Union et la Rédaction de de l'Ecole Prhnaire n'étaient pas tQl11'bés d'a,c,cord sur les m esures à proposer pour pa .. rel' à la pléthore du ,P. E .

A ce sujet, il avait été fait allusion aux -lnesures prises par les cant0ns de Vaud et de Fribourg.

Après un nouvel eXaIllen de la question et une nouvelle en· quête, nOlIS dev-ons déclarer que ces deux cantons ne délivrent pas les brevets au fur et à iln esure des b esoins puisque chez eux la pléthore n 'existe !pas. En effet, l'année dernière, à Fribourg il y avait seulenlent une dizaine de luaîtres sans poste tandis que le canton de Vaud avait casé tous ses instituteurs.

Ces deux cantons ont diminué les admissions aux Ecoles Normales et augnlenté les difficultés ,lors d es examens du brevet.

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Avec la lnise au point qui ',précède, la Rédaction et le Secré­tariat de l'Union mettent un point final à la question soulevée en avril 1934.

P. S. - Depuis les choses ont changé; 'à Fdbourg, aucun des maîtres autorisés en 1934 n'a pu se procul'er de poste dans l'en­seignement.

Concours de la Semaine Suisse

Chaque allnée , l'Association nationale « 'La Semaine .,;uisse ,) organise un concours (;ur un sujet déter'lnillé~.

Le thèllle slliv~lllt a été choisi pour 1934/35 :

\( L'indw;tl'ie suisse des nlOyel1s de transport » .

.\.fin de faciliter le travail des élèves, la ·Semaine suisse adI'€:s­sera dircctcm(~ nt 'Hl ,p.er:-,onnel enseignant la documellt.ation né­ces'Saire.

Pour yotre gouverne, nous vous dirons que l'année derllil~rc, plus de 20,'000 élèves ont participé à ces concours; 909 travaux d'élèves en Suisse allenlande, 401 en Suisse rmnande et 72 au Tessin ont été réconlpensés.

La participation du Valais a été faible. 'Cette année il y a lieu de faire un effort.

Le üélpartelnent de l'Instruction publique invite le IPersonnel enseignant ~\ intéresser la jeune génération à ce .genre de propa­gande qui n 'a pour but que le déveloP1)ement de notre ,économie nationale.

livre de lectu :- e

La nouvelle édition du Livre de lecture (cours moyen et su­périeur) vient de paraître et elle donnera, nous l'espérons du Inoins, satisfaction aux élèves et aux 'lnaîtres.

ILe fonnal en a été ,légèrement modifié, afin de faciliter ' l'enlpaquetage pour l 'expédition des 1nanuels scolaires.

L'iInpression est des luieux réussies; les caractères et les gravures sont d'une netteté irréprochable. Ce .travail typogra­phique fait honneur ,h la lYlaison 'Pellet et Fiorina qui, ·depuis peu , est en lpossession d 'une >lnachine toute neuve et perfection­née, à .l'aide ,de laquelle les travaux s'exécutent d'une façon ra­pide et par,faite.

La 1)réface du Inanuel indique ,les ühangeluents de fond in­troduits dans la deuxième édition . On a remplacé certains ,textes

- 289-

en prose ou en poésie ,à caractère ,peu littéraire et d 'une compré­hension parfois assez diHicile.

Dans le choix d'un certain nonl,bre de textes nouveaux ou anciens, on a pris en considération , non seul,enlent leur valeur lit­téraire et Inora,le, IJllais aussi la reconnaissanüe que l'on- doit à ceux qui , d 'une llla'nière ou d'une autre, par la littérature, l'en­seignelnent, le journalisnle, ·etc., rendent ou ont rendu service à notre pays .

Nous avions expri.mé le désir d'une refonte cOlnplète de la première édition, afin d 'utiliser le Evre de lecture dans l'enseignement de la 'c01nposition. A cet effet, nous aurions réparti les textes en trois chapitr,es principaux: descriptions, l'écits, dissertations, en établissant une gradation rigoureuse dans les différents genres de description: de narration et de disserta­tion; en utilisant en somnle les ll1rênles textes, niais en les pla­çant dans un ordre différ·ent de celui qu 'ils ont actuellenlent; enfin en faisant suivre, au besoin, les lnor'ceaux d 'un question­naire, d 'un plan et d 'une 'liste de sujets si:milaÏl~es que les élè­ves auraient eu ft traiter.

INlais il a fallu s 'incliner devant la décision de l'autorité omn­pétente qui ne voulait absolUlnent 'pas s 'attirer de nouveau le reproche de chang·er trop souvent de livres.

Espérons que la nouvelle édition, qui peut s employer paral­lèlenlent avec l'ancienne, ne lnéritera :pas .tr·op de reproches et surtout qu 'elle ne donnera pas l'illusion que c 'est un nouveau livre de lecture, ce qui nlécontenterait certains parents.

'Nous prions le personnel enseignant de prendre bonne note de la reoommandation pla'cée en tête des errCltCl, et de corriger aussi les fautes qui n 'y seraient pas indiquées. C 'est le cas, en parti,culier , du ·mot cfïeux au haut de la page 198.

Ordre des matières

Pour répondre à un v1œu plusieurs fois formulé , la Rédaction de l'E .p. classera désor,mais les matières à publier dans l'ordre suivant:

1. Pai,tie officielle

Avis, COln'll1Uniqués, circulaires du Départenlent et des Ins­pecteurs.

11. Partie théodque Articles pédagogiques.

111. Partie pratique 'Leçons , causeries, matériaux d'enseignement, données d'exa­

nlen, etc., se rapportant aux diverses branches d 'enseignenlent.

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IV. Nos Pages Partie réservée ù la Société des Institutrices du Valais rOlnand.

La IRédaction de l'E. P. saisit cette occasion pour solliciter du -Personnel enseignant une 'Collaboration plus étr.oite à la pu\bli­cation de -cette revue pédagogique. Elle fait appel en particulier aux vétérans qui ont acquis une grande expérience dont chacun serait heureux de prO'fiter.

:N ous rappelons oÙ nos collaborateurs réguliers et c.orrespon­dants .occasionnels que les -Inanus'crits d.oivent parvenir :à la Ré­daction le 10 Clu pins tard pour le numéro du 15 et le 25 pour 'le ' fas-clcule de la ·fin du nlois.

V. Divers Avis non offidels. - Henseignements divers. - Statistique.

Bibliographie. - Nécrologie, etoc. ,

L'Association des Maitres de Cym~astique du Valais Romand

Dans 1'Ecole Pl'Î,Inaire du Inois d'avril, notre collègue Mar­cel Hubert , maître de gynulastique à Sion, a adressé un appel chaleureux à tous les instituteurs pour les inviter à s 'unir pour fonder une Association des tMaîtres de gy,lnnastique du Valais ROlnand. 'Grâce à s.on heureuse initiative et à son inlassable dé­vouement, une vingtaine d'instituteurs réunis 'ù Nlartigny 1e 17 Inai 1934 .ont fondé cette association.

La réunion fut présidée avec beaucoup de compétence p3l' M. Charles Bertrand, professeur, ù IMonthey.

Les statuts 'Présentés par I~fr. Hubert furent discutés poin t par point .. et approuvés après avoir subi qudques 'petites nlodinca­tions. Les membres du c.ollllté seront au no:mhre de sept dont froi 3 constitueront la COl11'lnission technique.

Les statuts adoptés, les fondements étant solidement posé" on passe à ]a nomination du ,COIllité . Tout d'abord , 1~1. Ber.t~'and ('~t acdan1.é prés:dent. Heste à déni-cher six Inembres dévoués; plusieurs noms circulent dans l'air. Le scrutin décidera; ' sont éhlS: YR\1. Pignat ·Louis (St-ù1aurice), ' vice-président; Hubert M urcel (Sion) , secrétaire-·caissier; lYleytain François (Sion), De­ia]oyc Gabriel (Ardon), Ad'dy (LVIartigny) et Bérard Gabriel (Bra­m('ii ~ ).

·YD~1. Bertrand, Hubert et Addy formeront ,la 'Commission ledulÎqul:.

'~1\:VL Jacquier et Pllip'pe fonctionneronl -cornme vérificateurs des comptes.

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Réuni à Sion, le 2-5 octobre écoulé, le ICornité s'est occupé de l'élaboration d 'un plan de travail pour la période scolaire 1934/35.

.Les institutrices et les instituteurs seront con\ioqués si pos­sible un après-midi par ·mois dans une localité de 1eur réo'ion et

. t ' l b HSSIS -eront .a une eçon type donnée par un maître corllpétent n?mm.é pal: le Comité. Cette leçon 'sera_ suivie d 'une critique avec c1emonstratlOn. Nous espérons que notre Association qui COlllpte aujourd'hui septante Inembres, se développera rapidement et que nornlbreux seront les instituteurs qui nous enverrons les adhé­sions.

Chers collègues, n'oubliez pas que l'union fait. la force. Dans n.os école.s pr~maire.s on a b'?p longtemps négligé l'éducation ph~T ­sIque qUI doIt vemr completer notre œuvre d 'éducation 'nlorale. « IMens sana in cor'pore sano » disaient les anciens. Nous avons le dés ir de voir les ân1es de nos élèves grandes et beUes. Leur vie morale est évidenlment nolre grande préoccupation et le but der­nier que nous poursuivons. :~Vlais n 'est-H pas vrai que l'âme qui habite un corps vigoureux atteint plus facilement ses fins. agit plus 'librement que 10rsqu'eHe est appesantie par un corps n~a-lade qu 'elle supporte ou qu'dIe traîne? G. B.

Du carnet de l'inspecteur

Je crois indiqué d e relever ici que'lques-unes des remarques que j'ai cru devoir faire ensuite de l 'inspection du printemps .dernier.

Classe a) Enseignement méthodique mais veillcr que les élèves soignent Jnieux lenrs effets.

Cahiers. Pourquoi des pages et des lignes inachevées ? Des taches, des oreilles d 'âne. IPauvres couvertures -macu1ées de res­tes de repas , de caricatures, ,de chi.ffres, etc.

Au l110ment dc la lecture. Pourquoi cet élève Ile trouve-t-il pas La page? Quel livre, plutôt quel 'chi'f.fon! !La page ô7 qui voisine la page 185 ! .

Un livre n'est pas lln album. Pourquoi tolérer que les élève-s y gJissent fleurs , ÏInages, timhres , et-c.

Expliquer aux élèves ce que coûtent leurs effets, les sacrifices que leurs lparents s'ünposent, etc.

Classe b). Il y a du :mieux, 111ais appol'tez pins de soin ClllX

corrections. Le llIaître n 'a pas le temps tlnatériel pour corriger tous les travaux d 'élèves. IMais ce qu 'il fait doit être bien fait. Corriger proprement là .J'encre rouge, peut-être au crayon-encre. Tax·er les travaux avec des signes connus et compris des élèves.

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Si ,ceux-ci corrigent mutuelleluent les dictées ou autres exer­cices, faites des sondages . (ils :se laissent lfacilenlent passer des fautes) .

Que les nlots mal orthographiés soient corrigés puis relevés. Dra vo lM. F. qui -à la fin du ll10is reprend les mots et les fait entrer dans un exercice.

Classe c). Le journal de classe est trop laconique. ILe reste va bien.

En outre certains travaux inscrits ne ,correspondent pas à ceux que les classes ontex-écutés. 'Pour que.le journal de dasse rel11:plisse le rôle qu'on en attend il doit être étahli très cons­ci encieus el11ent.

Classe d) Veillez à la valeLlr des notes inscrites dans le li­vret scolaire.

:Certaines notes de propreté ne correspondent pas à la réalité. Alors que les cahiers de tels élèves sont lma'l tenus, leur livret porte partout la 1re note 'pour la propreté. IPar ,contre on y voit' des 3 pour la politesse; les raisons données ne Ime paraissent

. pas justifier une telle rigueur. N'oublions pas que -les élèves de­vront plus tard ,exhiber leurs livrets: le jugement qu'on portera sur eux sera influencé par les notes qui leur ont été délivrées.

Classe e) Le service intérieur de l'école doit être meilleur. L'épong,e qui traîne par terre, des débris de 'craie un peu partout. Les 'cartes m.urales suspendues là dMférents niveaux; le plan-ho-

- raire qui ,illena,ce ruine. ISur le pupitre le désordre règne en Inaître, inlpossible de trouver le registre des visites de 'la ,C0111-mission s,colaire. Ah le voi1à, ,mais où donc es~ la couverture? C01111111ent dans de telles conditions ,exiger l'ordre et la propreté de ses disdples ?

Classe f) ,Progrès sensible. Toutefois soignez mieux votre vocabulaire. ILe TIlaître doit se surveiller sans cesse dans son lan­gage et dans ses expressions. Qu'il évite de s',exprill1er d 'une façon grossière et triviale, et d'utiliser des surnonlS. Pour que la classe ait de 'la tenue, il faut COUl111enCer par en avoir soi-ilnêlJ.ne.

Classe g) La 1re division est bonne, la 2me et la 3me pa­raissent avoir été un peu négligées.

,Le Inaîtr,e ,qui 'croyait encore que l'on publie les Imoyennes des résultats 'des 'exaJlnens des com111unes et des distrids, s'était spécialement oocupé des grands et, naturellenl-ent, les petits pàtis­sent de ce fait. Faisons travailler tout notre petit nl·onde. !Si les di­visions inférieures sont -négligées, elles ne seront 'Ûertes pas en bone fOrIne à la fin de la s'colarité .

. ' .Le mythe des exa:mens ne doit troubler personne. Les exa­nlens sont adaptés aux conditions actuelles. Dans l'octroi des

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notes, les exalninateurs tiennent ,compte de la culture génél~~l.e des candidats. l ' ' 1 ii'\ 1

Classe h) Progrè~ ,':l.'éjouissants, félicitations, cl persévérer. On ne s'y re-connaît plus ·dans 'cette classe. Les ·enfants sont mieux appliqués . .Le vo-ca1bulaire a dû être -soigneuselnent ·étu­dié, les enfants comprennent Inieux ce qu'ils lisent, d'où bons ré­sultats en conlposition et en orthograph'e. Une mention spéciale pour l'histoire, les élèves saisissent l'enchaînement des faits, ,ce n 'est Vlus un sinlple jeu de m·émoire.

PARTIE THËORIQUE

LE SPORT Remarque. - En ce moment, il se dessine en Valais un

mouvement assez sérieux pour intensifier l'enseignement de la gymnastique dans les écoles. C'est ainsi qu'à l'Ecole normale une heure hebdomadaire va, sans .doute, s"ajouter cl cette dis­cipline; qu'il est question de no:mmer un inspecteur de .gYlm­nastique pour les écoles primaires; qu'une association d'institu­teurs-gymnastes s'est fondée dans le COUJ'.Cwt de cette année, grâce à l'activité de M. le Professeur Hubert.

Nous croyons donc servir la ,cause de ce redressement, deve­mz nécessaire pal' la constatation des -maigres résultats que nos jellnes gens obtiennent aux épreuves physiques du recrutement militaire, en publiant dans notre revue pédagogique quel'ques afficles SUl' le sport en général. Indirectement, nous parlerons d( la gymnastique, qui est une des for.mes sportives, mais sou­mise à certains principes physiologiques et à une méthode plus rationnelle.

Ce sujet a été traité, sauf erreur, il y a une douzaine d'an­nées, dans les conférences régionales.

Si nous y revenons aujourd'hui, ~c'est ,d'abord parce que depuis cette date un bon nômbre de nouveaux instituteurs sont entrés dans la carrière, ensuite parce que nous nous proposons de développer d'une façon plus complète que cela n'a été le cas alors un thème dont l'intérêt semble augmenter avec les années, non seulement parmi les jeunes gens sortis même depuis assez longtemps des écoles, mais aussi parmi les enfants et les adoles­cents astreints encore aux obligations scolaires.

L'éducation complète de l'enfant comprend son développe­ment physique, intellectuel et moral. Elle consiste, suivant le

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mot de Platon, à procurer a.u corps toute la fOl'ce quïl peut avoir, et à l'âme toute la perfection dont elle est susceptible. Cette formation doit être harmonieuse, c'est-:\-dire simultanée et non pa' fragrnen­tée, scindée comme dans l' «Emile» de Rousseau, de plus en rap ­port avec la valeur respective de chacune des trois éducations. Il n'en a pas toujours été ainsi. Suivant les époques, suivant aussi ]e::5 peuples, telle ou telle éducation a eu la prépondérance au grand détriment des autres, Cher. les Spartiates et les Romains le pre­mier est le principal objectif de l'éducation était l'acquisition de la. force et de la beauté du corps; ils oubliaient peut-ètre qu 'il existe une beauté bien supérieure: la beauté morale. Il est vrai qu e c'étaient des peuples guerriers qui avaient le souci d'assUl'cl' Ù 1ru1' pa.ys des défenseurs ou des conquérants solides.

Le moyen àge imprégné d'esprit chrétien était plus soucieux cle' l'éducation intellectuelle ct morale que de l'éducation physique; mais on ne peut néanmoins pas lui faire le reproche de l'avoir né­gligée, Les éducateurs de cette époque recommandaient, en effet , d'éviter ce qui peut fl111ener l'amollissement du corps dans le vê­Lement, le logement, la nourriture. Les exercices physiques propr(' ­ment dits avaient une utilité immédiate: la préparation ê'1. la guerre pal' le maniement des armes et l'équitation.

A la Renaissance, l'extension de l'esprit païen dans les lettre::; eL les arts a, comme conséquence, la remise en honneur de l'éducatioll physique intensive. Aussi voyons-nous ' Rabelais, Montaigne et plus tard leur disciple Rousseau la recommander chaudement, mais san:;; grand succès; du reste, le XVIIlme siècle et la Révolution française, ont été de très médiocres éduc'ateurs dans tous les domaines; ils ont plutôt. démoli ou laissé péricliter ce qui existait déjà grâce au clergé ct aux associations religieuses, en particulier celle des Frères cle~

Ecoles chrétiennes. C'est en somme au XIXl1le siècle que revient l'honneur cl'avoir

redonné à l'éducation physique la place qui lui est clue. Au.iourd'hui, en effet, la g~ mnastique figure au programme de toutes les écoles, et on la complète pal' le nombre indéfiniment varié des exercices sportifs tels que foot-baIl, ski, lELtation, courses de toutes sodes, lutte, lancement cle projectiles, tourisme, etc., etc. Le nombre c1e~ gymnastes et des sportmen s'accroît d'année en année; d'année en année s'accroît aussi la multiplicité des stades, des terrains de jeux, cles concours ou matchs, des revues ou journaux sportifs.

Ce mouvement est tel qu'il n'est plus permis à qui que ce soit . de' l'ignorer et tout éducateur conscient de ses responsabilités a le devoir de 8,'y intéresser, de s'en ' servir comme moyen éducati<f, d'en empè­chel' ou d'en diminuer dans la mesure de ses moyens les abus qui Sf'

glissent facilement même dans les meilleures choses.

C'est pour cette raison qu'il y a quelques années l'autorité­compétente a choisi cOlllme sujet d'étucle pour les conférences d'insti-

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i uteurs, le sport, ses avantages, ses inconvénients et le rôle du pe1'-­sonnel enseignant dans cette question si palpitante d'actualité.

Et d 'abord qu'entend-on pal' sport? Qui dit sport, ne dit pas forcément gymnastiquE.: ou jeu. La gymnastique est HU sport ce que la grammaire est à la composition et au style: une préparation indispensable qui n'en saurait tenir lieu. Le sport est, en effet, un ensemble d'exercices exécutés mûthodiquement, avec le souci du perfectionnement, en vue de l 'acquisition de la force, de l'aclresse et d'une certaine culture intellectuelle et morale.

Aussi, seuls les sports athlétiques ou spécialisés amènent l'en­semble de l'organisme à l'effort intense, soutenu et guidé par les fa­cultés morales, qui procure ù la personnalité son développement ma­ximum. Quand à la différence entre jeux et sports, nous dirons sim­plement que tout sport est un jeu, mais que tout jeu n'est pas un sport; le sport, nous venons de le voir, a un autre but que l'amuse­ment ou le divertissement. Ceci établi, examinons brièvement la question qui s'est posée maintes fois: le sport mérHe-t-il d'être re­.commandé ou doit-on le conclamner?

Nous pensons qu'il en est des sports comme des meilleures clloses; il faut en user, il ne faut pas en abuser. Il faut les pren­dre comme un moyen et non pas comme un but. Ils doivent avoir en ,éclucation une place importante, mais distraire utilement. Il convient de ne pas les rendre responsables de la passion qu'ils provoquent, pa.s plus qu 'il ne faut rendre la nourriture responsable de la gourman­dise, ni l'art responsable du 10urc1 cubisme. Il y aura toujours des passions et des extravagances et pal' conséquent des périls partout. Quand on parle du sport, il faut l'envisager d'une manière raisonna­ble pour le développement du corps de l'homme, pour sa valeur édu­cative qu'il ne faut pas exagérer, mais qui est certaine. Pratiqué rai­sonnablement, il offre, sans contredit, des avantages sérieux au poinl -de vue physique, intellectuel et moral.

Les avantages physiques du sport sont indéniables. Il contribue [luissamment, surtout dans la période post-scolaire à parfaire l'édu­cation physique, à donner au corps cette force, cette agilité, cette sou­plesse élégante, cette endurance qui en feront un serviteur vigoureux ct docile de l'âme; cal' il ne faut oublier que le corps est, dans cette vie du, moins, la condition nécessaire, et que la vie animale et phy­slOlogique est en quelque sorte la matière d'où devra sortir tout en s' en distinguant profondément, la vie intellectuelle et mora.le .

Sans dire avec Spencer que « la première condition du succès dans co monde, c'est d'être un bon animal, et que la première condition de la prospérité nationale, c'est que la nation soit formée de bons [I,nimaux », nous admettons parfaitement que l'action dans la vie soit toujours gênée, sovent même qu'elle devient impossible si l'on n'a pas à sa disposition un corps sain et bien constitué, loué de forces

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suffisantes. Nous admettons avec le P. Didon que le développement multiplié de l'activité physique est généralement la condition des grandes vertus morales. Des êtres, disons des enfants ou jeunes gens inertes, paresseux physiquement, le sont aussi moralement. Qu'on ne vienne p~s ici nous parler d'austérité à exercer à l'égard de notre c~n'ps, traiter avec mépris « cette guenille, cet amas de boue et de corruption ». Le corps est un don de Dieu comme l'âme, le Créateur l'a façonné dans le paradis terrestre de ses mains divine et il nous fait une obligation de conserver et de soigner ce dépôt. Du reste, nE' dit-on pas de N.-S. qu'il était « le plus beau des enfants des hommes » ? En perfectionnant notre être matériel, nous accomplissont donc un devoir; nous savons fort bien que la vanité y entre le plus souvent pour une large part; mais encore une fois, où ne se rencontre-t-il pas d'abus?

La force, le bien-être que la culture aura communiqués au corps exerceront, en vertu de l'action réciproque du physique sur le moral, une influence bienfaisante sur le travail cérébral et moral.

N'a-t-on pas dit que les Péripatéticiens discutaient en marchant et trouvaient plus facilement leurs arguments quand le corps était échauffé pal' la promenade. Avis aux intelligences lourdes et pares­seuses.

Il est évident que si la vigueur, l'adresse et l'agilité n 'ont pas, au point de vue intellectuel et moral toute l'action que d'aucuns leur attribuent, elles peuvent dans certaines circonstances périlleuses pour la vie corporelle, être d'un secours précieux.

On nous objectera peut-être que le corps peut acquérir de la vi­gueur autrement que par les sports, que la vie et le ' travail dans la pleine nature en .sont les meilleures condi/tions. D'accord, mais dire que « le retour à la terre aura une influence singulièrement plus puis­sante que la fréquentation des stades », c'est employer un futur pour un conditionnel, car le retour à la terre, si désirable soit-il, est pour un bon nombre extrêmement difficile à réaliser et ne pourra jamais l'être complètement. Demandez aux médecins habitués aux visites sanitaires dans les recrutements ce que sont devenus beaucoup de jeunes gens condamnés à la vie végétative par les nécessités de notre civilisation.

Comu'le l e sport demande l'habitude de l'effort méthodique, rai­sonné, il exercera l'intelligence à juger vite, à se décider prompte­ment; il développera en elle l'esprit de combinaison, parfois il l'obli­gera à se livrer à une véritable stratégie, à avoir le sentiment de .la mesure, de la distance, qualités bien précieuses dans bien des situa­tions difficiles ou encombrantes de la vie.

Et puis, qu'on ne vienne pas affirmer trop à la légère que le sport nuit aux études. Il peut y porter préjudice si la pratique en devient

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abusive, mal rég·lée. Un honorable ecclésiastique nous déclare que lors~u'il . fréquentait les cours d 'un établissement secondaire, on y pratIquaIt ardemment le sport. Néanmoins, à la fin de l'année de 40 à 45 élèves sur 60 des classes supérieures réussissaient aux ex~mens. 01', nous savons que pour la France, cette proportion est très forte.

Loin donc de dégoûter des travaux intellectuels, le sport modéré dispose à comprendre clairement, à sentir profondément, à juger sainement et à produire une grande activité cérébrale par une circu­lation intense d'un sang richement oxygéné.

Sous le rapport moral, on peut affirmer sans exagération que le .sport est l'école de l'effort, un excellent moyen d'éducation indivi­duelle et nationale et enfin un préservatif efficace.

L 'éducation est la résultante d'efforts physiques, intellectuels et moraux et, comme le perfectionnement de notre vie ne doit s 'arrêter qu'à la tombe, l'effort doit se continuer tous les jours sous peine de déchoir rapidement, de descendre une pente glissante. Qu'arriverait-il à une barque remontant un courant assez fort si un seul moment celui qui la conduit cessait de ramer, de réagir contre une force qui 10 pousse en aval?

Tous les jours nous avons à lutter pour accomplir notre devoir, pour rester chastes, être charitables, patients. Or, comment fournis­sons-nous cet essort qui parfois devient héroïque, si dans notre jeu­nesse nous n'avons pas contracté l'habitude de la lutte, si nous n'avons pas eu un certain entraînement. Les solides qualités militaires s'ac­quièrent par une longue et pénible pratique. Les exercices sportifs ne développent pas seulement ie goût de l'effort en vue de la victoire à remporter sur les faiblesses humaines, ils aident aussi puissam­ment à la formation de la bèauté morale en moralisant l 'esprit, en fortifiant la volonté, en favorisant la vivacité, la bonne humeur, la confiance en soi, la persévérance, voire une certaine ténacité qui n 'est pas l'aveugle opiniâtreté, parfois même ils poussent à l'audace, à la bravoure et jusqu'à l 'héroïsrrie. L'histoire de l'alpinisme nous en fournit maints exemples.

Comme les sports sont généralement collectifs, ils donnent l'occa­sion de cultiveT l'esprit d'initiative, de solidarité, l'habitude de com­mander sans morgue et d'obéir sans servilité, le respect de l 'arbitrage, la loyauté dans les compétitions. Il sont alo.rs en un mot une vraie école de civisme. Enfin, ils sont un excellent moyen de préservation morale.

Tous les éducateurs savent qu'il est nécessaire d'occuper la jeu­nesse par des jeux de son âge et de son temps. Il y a dans la vie de l'adolescent une période où il suranbonde de vie qu'il ne demande qu'à dépel'lser ; c'est un torrent fougueux aux eaux tumultueuses; il s'agit de la canaliser et de la diriger vers des occupations utiles, nobles. C'est une force qui doit devenir constructive et non destruc-

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tive. Que de services le sport n'a-t-il pas déjà. r endus dans ce domainc' r

Plus d'un directeur de groupements de jeunes gens a constaté quO' Les exercices physiques avaient discipliné des ardeurs trop vives, occupé des imaginations trop ardentes, détourné du cabaret et des mauvais lieux de nombreux jeunes gens qui auraient fini par y lais­ser leur argent et leur vertu.

Donc, pratiqués avec modération, bien dirigés, les sports sont cecommandables au point de vue physique, intellectuel et moral. Malheureusement ces conditions ne sont pas toujours remplies et il en l'ésulte des inconvénients dont nous signalerons les plus graves. Di­sons immédiatement que ces inconvénients ne sont pas inhérents à. la pratique du sport. Répétons que quand ils se manifestent, ils sont simplement la conséquence d'une pratique abusive, d'un vice d'organisation on d'une erreur dans la direction de la société sportive.

Tous les physiologistes applaudissent au développement du mou­vement sportif; ils y voient un moyen de régénération de la race; les patriotes la considèrent corn.me une école d'où sortiront des sol­dats vaillants et vigoureux. Malgré toutes ces raisons, on commen ce :\ remarquer que la passion du sport conduit très facilement aux excès, excès qui ne sont point, comme quelques-uns l'ont cru naïve­ment, favorables à la santé, aux progrès des études. Nous ajouterons. que mème l'ordre moral peut en éprouver quelques perturbations, pas très sérieuses, du reste.

La pratique exagérée du sport, la violence des efforts qu'on y déploie souvent à la perspective d'un concours où l'honneur d'un incli ­vidu, d'une société, d'une nation sera en jeu amènent généralement une fatigue corporelle qui, loin d'être tonifiante, énerve, abat et pro ­provoque dans l'organisme un véritable empoisonnement pal' la sur­production d'acide carbonique que les poum_pns sont ÎInpuissants c1 éliminer au fur et à mesure de sa formation. De là. cet essoufflement" cette respiration haletante qui résul,te de tout effort subit, violent et quelque peu prolongé. Il est d'expérience, pal' exemple, qu e les che­vaux d'omnibus, de fiacre, que l 'on soumet à d es alternatives fré­quentes d 'efforts violents et de repos rendent moins longtemps ser~ vice que ceux qui fournissent un travail plus considérable, mai qUI l'exécutent. d'une manière modérée, quoique plus continue.

A l'essoufflement se joignent souvent des troubles cardiaques qu ï résultent d'une circulation sanguine poussée à 'l'extrême activité De là ces battements, ces maladies de cœur si fréquentes parmi les jeunes gens. Une statistique suisse donnait il y a quelques années La proportion des recrues reconnues inaptes au service militaire avec Le motif de leur exemption. Les maladies de cœur avaient un pour­centage extrêmement élevé.

Faut-il parler aussi des refroidissements, des pneumonies ou pleurésies que l'on contracte si aisément, surtout à certaines saisons.

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-où présisélnent le sport fa it fureur. Laissons de cà té les a utl' es accl­dents, tels que foulures, bri s de membres, etc., dont certains sportif,' sont fi ers, comme certains duellistes sont fi ers des balafres qui témoi­g nent de leur courage et qui ont l'avantage de fournir de la pratique aux médecins qui , au.iourd 'hui , ont il souffrir de l'encombrement cl la carri èro.

Au point rle vue intell ectu el et moral, nOU!:i ne nous arrèterons ras il. ces reproches un peu enfantin s qu'on entend par-ci par-là :\ l'adresse des sports: perte de temps, lecture passionnée des .iour­Il aux ou revues sportives, paris ridicules. 1V10n Dieu, le tem'ps, ils 19 perdraient peut-être autrement; des lectures, ils irai ent en chercher a ill eurs et pas toujours des plus saines.

Un clallgel' plus à craindre est, croyons-nous, celui de verser dan, ' llll cul'ta in espl'it l'individLLalisme, d'indépendance, même de neu­tralité ou cL'indifférence religieuse par l'occasion de manquer fac il e­m e tlt. l'assistance a ux offices religieux, d e frayer fréquemment avec des ca.marades de religion différente ou sa n s principes chrétiens. L'esprit de famille peut r ecevo ir des entorses pal' suite des absences fréquentes du foyer familial, précisément aux jours où ses 1 diffé­J'enl!:i membre::;, souvent dispersés durant la semain e, par les né ces­!:i ités de l'existence, ont l'occRsion rle se trouver réunis, de üa.ternisel' clîtll!:i un e atmosphère tout intime. Et l' esprit d'économie, qu e devient­il quanrl on pl'encl le goùt exag'ér é des sorties et de déplacements, cl e" l'éun iOIl.', des concours?

Enfin, il y a un dernier écu eil :~ sign a ler et non des moins gra ves : !Jous voulons parler de la déformation du .iu geme nt mond, cIe l'appl'é­ci Cl t ion erl'onée des va leu l's morales.

N' :-I1'L'i ve-l -ll pas fJ'équ emment que tel at lll ète qui sort vainqueur cL'un match qui, pendant plusieurs semaines, a occupé les colonnes des J) É'l'i ocl iqu c.', p,)Ul' l equel des paris aussi ridicules qu'én0l'111eS ont é->t é fa its, es t. acclamé comme un homme de génie, un hél'OS na tinnal ,'1

C!ui on r end des honneur qu e ne connaissent pa.s les pIns iSTands l)i enfét iteurs d e l'humanité. Pourtant, ce qui fai t la valeur d'un hom­me, c'est sa valeur morale. C'est absurde de vouloir rattache1' les qun lit és d e l'esprit et rlu cœur à la vigueur phys iqu e C01111Y18 tl lem' CPt Il S C. Les hommes de génie 'ont raremen t été d es athlètes et le.' n.th lètes plus rarement encore des hommes de génie. Il n'est pas rnalaisé de rencontrer une âme grande, généreuse, héroïque dans u.n COl'pS débile et réciproquement un corps h ercul éen peut r ecelel' une a me de bouc.

Cest aller il l' encontre du bon sens aussi que de faire cel't,a ines générali sations, d e juger de la va.leur physique ou morale, de l'adresse spol~tive d'une région ou d'une nation p al' le résultat qu 'a obtenu une équipe formé e, entraînée, dans un concours inteLTégional ou intel'cantonal. Un jugem ent séri eux n e peut êtr e basé qu e snI- rles

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données fournies de part et d'autre par de nombreuses équipes choÏ­sies dans les différentes classes sociales.

Enfin nous rendons attentif à cette extension que prend peu à peu le culte de la force brutale, à l'envahissement de la bestialité avec la subordination de tout le reste à l'engouement du jour, à la persis­tance de certains admirateurs du sport qui veulent prouver par a+h que les excercices physiques donnent l'équilibre intellectuel. S'il en était ainsi, nous conseillerions vivement à certains jeunes gens et même à des personnes d'âge mûr de faire pendant quelque temps de la gymnastique ou du sport.

Nous venons de voir que le sport offre des avantages ou présente des inconvénients suivant les conditions dans lesquelles il se pratique, suivant qu'il est modéré ou abusif. C'est dans la détermin~tion des meilleures conditions qu'intervient le rôle des personnes qui s'occu­pent d'éducation. Voyons ce que peuvent à cet égard les instituteurs. valaisans ou la Société valaisanne d'Education.

Examinons la situation telle qu'elle se présente dans notre pays.

Commençons par poser en principe qu 'ici, en Valais, à de rares. exceptions près, l'abus du sport n'est pas à craindre d'ici à long­temps, et cela pour de multiples raisons. D'abord les localités valai·· sannes ne sont pas, en général, suffisamment peuplées pour fournil' beaucoup d'éléments aux soCÏ·étés sportives; puis leur dissémination. leur éloignement les unes des autres, leur situation souvent excentri­que, au fond de vallées reculées ou sur les pentes raides de nos mon­tagnes, la durée des hivers durant lesquels parfois des masses énor­mes de neige recouvrent les flancs de nos montagnes, les étés relati­vement courts où les occupations fatigantes se suivent, se serrent et ne laissent que de rares moments de loisir qu'on est heureux de saisir au passage pour s'accorder un repos nécessaire, constituent autant cl 'obstacles sérieux aux progrès des sports et par conséquent à leur (tbus. Tout au plus voyons-nous se former ici et là quelques groupes de skieurs. Or, jusqu'à present, on n 'a pas entendu qu'on ait eu à leul' reprochel' des abus ou des im.prudences sérieuses.

Puis, en Valais, les ressources sont, en général, très modestes; la vie s'y gagne assez âpreme~lt. Donc, .clans la plupart des localités" les moyens financiers seront insuffisants à rétablissement de locaux ou d'emplacements de sport, à l'achat ou à l'entretien de costumes, d'engins, aux frais de déplacements fréquents, etc. Les sociétés exis­tantes, telles que chorales, fanfares, ont déjà bien de la peine à vivre, à se recruter. Enfin, ajoutez-y la nature un peu indolente, apathique du paysan valaisan, peu porté aux manifestations bruyantes (sauf peut-être en temps d'élection, ce qui n'arrive pas tous les jours et encore faut-il le stimulant des harangues et surtout du vin capiteux de nos coteaux), aux enthousiasmes que font naître dans certains,

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milieux les matchs et les victoires sportives. Les combats de reines. l'intéressent peut-être bien plus; du reste, la lutte physique est moi'ns choqua.nte chez les bêtes que chez' les hommes.

Mais revenons à nos moutons et demandons-nous ce que le corps enseig'nant peut utilement faire dans ce domaine sportif.

Il s'efforcera d'abord, dans la limite de son pouvoir, de veiller à ce que le sport physique ne prenne pas la prépondérance sur le' sport intellectuel et moral. A cet effet, il contribuera à l'établissement et à la prospérité des cercles d'études où les jeunes gens cultiveront leur esprit et leur cœur par l'étude raisonnée et plus ou moins appro­fondie des questions religieuses, morales, sociales, qui intéressent plus directement leur situation présente ou à venir. Naturellement, les cer­cles seront toujours confiés à la direction ou au moins à la sUl'veil­lance du pasteur de la paroisse ou d'un autre ecclésiastique qui le remplace; mais l'instituteur, en raison de sa formation pédagogique" de ses fonctions, peut exercer ici le rôle d'un collaborateur utile.

Ensuite, un enseignement méthodique, régulier de la gymnasti­que, suivant les programmes officiellement établis par des hommes compétents, souvent médecins ou spécialistes dans la matière; il s'acquittera de son devoir de donner l'éducation physique, [) condition qu'il n'omette pas l enseignement et l'application des autres règles d'hygiène, notamment celles qui concernent le vêtement, la nourri-

- ture, le logement, l'aération, etc. Que s'il s 'établit dans la localité· une société sportive, il ne s'en désintéresse pas, qu'il en fasse parti8, si c'est possible, rufin d 'y jouer discrètement le rôle de conseiller, de modérateur.

Voilà pour ce qui concerne l'action individuelle des instituteurs .. POUl' ce qui regarde l'action collective, c'est-à-dire celle que pour­

rait exercer la Société valaisanne d'Education par des vœux expri­més à l'autorité compétente, nous proposerions les mesures suivantes:

a) Il y aurait lieu d'exiger des garanties de moralité et d 'aptitude' professionnelles de la part des moniteurs ou des directeurs de socié­tés sportives. Il y va ici de la santé, de la vie même des adhérents des dites sociétés. Le manque de connaissances physiologiques, psy­chologiques a déjà été plus d'une fois la cause d'accidents regretta­bles, de désaccords qui ont eu leur répercussion dans les familles,. dans la politique. Pourquoi ne soumettrions pas ces moniteurs à l'obligation d'obtenir un diplôme ou un permis d'enseignement, comme on exige un certificat de capacité d'un chauffeur ou conduc­teur d'automobile?

Ce résultat ne mettrait pas le moniteur à l'abri de tout contrôle. On médecin, un professeur de gynulastique aurait mission de surveil­ler occasionnellement les exercices sportifs et de signaler les dangers. que ces exercices pourraient présenter,

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b) L'établissùlllent cLes fiches sanitail'es devrait devenir obligatoire. Aucune société sportive ne pourrait dans cc cas admettre dans SO lI

seül un jeune homme que le médecin aurait .iugé inapte ,à pratiqu er tel ou tel sport. C'est l'application du vieux principe: il vaut mieux prévenir qu e guérir. Les visites médicales pourraient même êtr e renouvelées à des intervalles assez éloignés, cela se comprend, pour les jeunes gens qui, lors de la visite d'admission, aurait été r econnus aptes à la pratique des sports.

c) Défense devrait être faite Ù, tout adolescent de m0ins d e 15 an s d e s 'engager dans une société sportive quelconque.

Il est reconnu qu e .i usqu' ü l' âge de dix ans, l'enfant n'a nullemelli. J) esoin d'être astreint à des exercices physiques méthodiques. Ln nature y pouÎ'voit largement en donnant il. l 'enfant ce besoin de mou­vement, ce goût du jeu qui a ident a u développem.ent de son corps. Inutile d'inciter l'enfant ù se mouvoir; les mamans, les instituteurs et institutrices des classes inféri eures ne le savent qu e trop, eu x qm vIOlentent souvent la nature en exigeant de ces êtres si mobiles si pétulants une tranquillité, qui est parfois pour eux un martvre in : "lupportable. .

Entre 10 et 15 ans, c'est-~l-chre à l'époqu e de la croissance intense, de la délicatesse des organes on formation, la prohibition du sport doit encore être absolu o. Une gymnastique rationnelle, aux mouve ­ments lents et gradués suffit amplement.

De 15 à 20 an ,' et.à plus forte raison au de]"" le corps est en sibl e­ment plus robuste et il peut alors se livre]' a lIX exercices sportifs mais n10déré ', en suivant une gradation.

Comme conclusion à cette petite étude, nous nous permettrons d'ajouter qu 'iJ existe ù côté du sport physique, deux autres sports: Le sport intellectuel et le sport moral qui sont souvent laissés c'l l'ar­rière-plan.

Pratiquons, nous, NI 'I. instit u teurs, le sport intollectu el Cl vec nos élè­ves, en les exerçant il l'attention, ù. la r éfl exion, a u jugement sain et prompt, fai sons du sport intellectuel pOUl' nous-m êmes par l 'étud e, la lecture d'ouvrages sérieux, pédagogiques surtout; par la recherche des meilleures méthodes et procédés d'enseignement.

Faisons aussi du sport moral avec nos enfants, nos jeunes gens en les initiant aux œuvres pies, aux œuvres de bienfaisances, aux œuvres de régénération religieuse et sociale, en les stiInulant :'1 l'au­mône en faveur des vocations sacerdotales, cles missions intér ieures, du Sou d e Gérond e, de l'œuvre de la Propagation de la Foi, etc., etc.

Ne craignons pas les abus de ce coté-là. Ce qu 'ils auront donné ainsi lem' sera r endu au centuple; le placement es t donc bon ct mé­l'ite les plus vifs encouragements.

La paresse chez l'enfant Sans aucun doute, la paresse est un mal moral, un vice de ca ­

l'actère ; elle résulte d'un défaut d'attention qui est en liaison avec la volonté. S'il est des paresses qui ont pour cause le défaut d'intelligen­ce et de curiosité, il en est d 'autres qui sont de véritables maladies de la volonté, lesquelles ont pris naissance d'un état psychologique a.normal. Quand on sait le mécanisme de l'attention, l'activité · ner­veuse, circulatoire, musculaire, la fatigue physique parfois doulou­reuse, lC's troubles physiologiques qu'elle peut comporter, on est naturellement amené à étudier le phénomène de la paresse comm!') une impuissance accidentelle et R en découvrir Jes causes matérielles. Elle n 'est un mal moral que par suite d'un mal physique; c'est celui-ci qu'il faut atteindre d'abord; le devoir de l'éducateur est de "rechercher les moyens physiques de sitmuler l 'activité chez ces lym­phatiques, ces cardiaques, ces prétuberculeux pour qui l'effort d 'at­tention est un travail p énible, même impossible.

Il est indéniable que, la plupart du temps, la paresse est en con­cordance avec des tares physiques. Le paresseux est souvent un enT' fant chez qui les fonctions respiratoires, motrices, circulatoires, ne sont pas norma les. Chez lui, les phénomènes physiologiques qui. accompagnent l 'effort volontaire de l'intelligence ne se produisent pas. Le défaut d'attention n'a pas d'autres causes; ce n'est pas à proprement parler un défaut, mais une infériorité cérébrale prove­na.nt d'une infériorité physique.

Il y a clone lieu de traiter la paresse médicalement. Punir un enfant pOul' exiger de lui Je travail que ·sa nature lui interdit de produire, est une grande absurdité. On soumettra le 'paresseux à une sorte d'hygiène morale et à une thérapeutique médicale. Ne parlons pas de ceux pour qui la vie est un sommeil perpétuel, qui renoncent faute de comprendre, Aux autres, on appliquera l'hétérosuggestion et L'autosuggestion. Dans cette cure morale, il faut partir de ce principe philosophique que l'idée est un commencement d'acte, si le premier acte est un commencement d 'habitude. Il faut éveiller ou restituer Le sentiment de la volonté.

Quant à l 'autosuggestion, il faut que l'enfant soit à lui-même son propre éducateur. Demandons-lui moins de servilité, mais plus d 'ini­tiative. Les sanctions ne seront plus des moyens automatiques; elles n'auront qu'une valeur relative; elles iront droit au but, qui est rl e stimuler la volonté par une claire conscience de ce que l'on peut. L'autosuggestion donne de bons résultats: on recommande comme première punition dans l'échelle des sanctions, le devoir supplémen­taire. D'habitude, si un devoir a été mal fait, on le donne à refaire. Mauvais procédé. Mieux vaut donner à traiter en une ou deux pages un devoir sur la nécessité de faire un travail en conscience, avèc comme conclusion qu'on aura la volonté de fournir l'effort ' requis; l'étude écrite cles motifs, des mobiles et la rédaction dans une fOl'-

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mule naïve de la résolution prise, produisent une amélioration mani­feste, Quand on a affaire à un enfant qui a une sorte d'impuissance à vouloir, persuadons-lui qu'il peut, comme les autres, vouloir. Faisons-lui une obligation de se répéter des formules où il affirme sa volonté de bien faire. Qu'il se dise à lui-même: « Je veux être attentif; je veux savoir ma leçon». Faisons en même temps jouer tous les mobiles qui sont de nature à soutenir l'effort, l'intérêt, l'amour-propre, la joie intérieure de comprendre, de savoir, de tendre vers un certain idéal.

Persuadé qu'il peut vouloir, l'enfant finit par 'prendre l'habitude du vouloir; l'acte volontaire, pénible au début, devient autol11,atique et facile. Il possède l'arme propre à triO'mpher de la paresse ...

A propos de sport

-L'un des caradères les Vlus nlarquants de notre époque est la perte d'une fa,cuIté que nous possédions autrefois tout 'CC/111me le bon sens: le sens du ridicule. Et pour 'nous autres, 'ceux d'avant­guerre, -,c'-est dans la question du sport que cette déficience se remarque davantage.

Oh! je vois ce qui va arriver! Les oies du ,capitole vont pousser des cris de putois si je touche au dieu Sport. IYIais je .Jaisse publier ,ces lignes, d'abord pour fournir de la copie au jour­nal, puis pour lancer une nouveauté ... en histoire naturelle.

.on c0111prend fort bien la loua'ble int.ention de ceux qui, quelques décades derrière nous, s'employèrent au développe111ent de la ,culture physique. Depuis le 11loyen-âge, rien n'avait été fait dans 'ce dOl11aine. Grâ'ce à eux, la g)nnlnastique sera enseignée demain dans toutes nos écoles, et bientôt nos -enfants en ressen­tiront la bienfaisante influence.

!Mais ,~à n 'est point l'affaire.

Des !pê,cheurs en eau trouble, tC01nnle toujours, ont profité de ce mouvement pour en fausser le .but. Non seulement chez nous, 1nais paTtout. Non seulement ailleurs, 111ais ,chez nous.

On voit la spéculation exploiter le sport. Et sous prétexte de donner à nos 'enfants une ânle saine dans un COflpS sain, on va trouver moyen de les ,doter d'un 'COl'PS, peut-être plus développé , mais ne renfennant ,qu'un tout petit -e111bryon d' â'l11e , en lui faisant pratiquer, au lieu d'harnlonieux ,exerlCÏces physiques, l'abus du sport.

Le l110yen devenu but. Le nlanque d'équilibre. ILe saut .fi l'extrêm,e. (Le s-ens du ridicule obnubilé. Vieille histoire!

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Que veux-t-on faire ,en 'SOnl111e de notre jeunesse? Des athlè­tes? D'abord ça ne nourrit guère son honl'lue. Et puis, jusqu"H. quelle époque la veut-on faire r'emonter dans l'ant~quité? Les admirables athlètes qu'étaient nos ancêtres cOl11prenaieni autl'e-111ent que nous la for'mation du ICOl'pS : ils pratiquaient, nous dit J.'h istoire, ù la fois tous les exercices nationaux, avec la nage, le grimper, l'es,crinle, eic. Et il ne faisait pas bon s'y frotter.

Ce n'est donc pas l'idéal nloderne.

Les Grecs, peut-être? Encore l11oins! Pensez à la tête que ferait un l:\1ilon de Crotone assistant à un 'l11atch de foot-baIl!

Et puis, 'les Grecs avaient une excuse: ils étaient fins, polis, spirituel,5, instruits ...

Alors, qu'on nous renseigne donc.

Car (~J1fïn, nul n 'oserait nier que depuis quelques années l'èquHihre est rompu entre l'fI'me saine et le corps sain. L'un des fléaux de la ba!nnce s'est allongé à perte de vue pour dcyenir un fléau 1011t 'liOurt. A la suite de leurs aînés inllnédiats, nos enfanb' ouhlient toat pOlir ne rêver que de ,compétitions sportives. Dans leur braye petit cerveau tout neuf, on re1nplace les noms des classiques par ceux des sprinters et des goalkeepers... et après? Un papa Jl12 ,clint: il faut être de son telnps. Cette réponse nlarque l'un des plus \- ertigineux son1111ets de la pensée humaine. Oui, tu es de ton tcmp .:: , d C0l111111cnt, bon papa qui ènvoies ton gosse au n1atch pendant que tu fais ton yass et que ta fCllllne reste seule à la Ilna'ison.

IMais quand ton -garçon, \à 18 ans, ifgnorant par ta faute qu'il n 'es t pas pour lui de plus douce joie ni ,de plus vifs plaisirs qu'au lnilieu de la faniÎlle, te faussera compagnie ,et se gaussera de toi, ,c'8slencore pour être de ton tenlps que tu te lamenteras , pas '?

Et pourtant , tu Isens hien que tu n'es plus à la hauteur de ta tâche , quand tn t'ex-cuses aussi nlaladroitement. Tu sais bien que si le dimanche tu grinlpes en l110ntagne avec tes enfants tu fais de la vraie 'culture, de la. 'culture ,conlplète, physique et nlOl'ale,

La ,connaissance de nos bois et de nos fleurs ne leur sera-t­elle pas plus profitable que 'celle de ,ces bois ... avec le treillis?

Ne Tne dis pas que pour oêtre de ton teml)s, tu dois laisser sortir tes 'C·nfants_ .. parce qu'ils préfèrent ainsi. Ne te rends-tu pas ,cOlnpte qu'après ça il ne te reste pas grand'chose du vrai ~hef de famille? Et quand ton garçon préférera des choses désa­gréables 1P0ur son papa? Que tu te désintéresses de la politique, je te 'c.onlprends : -mais au Inoins conserve la direction de tes pro­pres affaires pendant qu'il 'en est temps ,et ne perds pas le 'ContatCt avec tes gosses.

-- 306- .

On dit aussi: Mes enfants sont mieux là qu'cm café. Voire. Pas Loujours . Et puis, es-tu bien sür qu'après un nlatch ils n'y \ ont pas , au café? Observe 'lllieux. Les spéculateurs cOluptent.

Ils ne gaspillent pas leur Clrgent. lNIais non, ma chère. L~s déplil'ccmcnls sont gratuits et inventés pour les dégoüter -de sortIr sans leurs parents. C'est connu.

Ils se fortifient. Et COmllTlent! Tous les luédecins non préve­nus diront de quelle manière le cœur se fortifie quand on Icourt des heures CO\lume un dératé.

C'est LlII jeu COlnme un autre. Oui! sauf que d'haibitude,. dans un jeu on ,se réjouit, tandis que là on cogne. Ainsi jouaient les gosses d'Attila , probablement.

Et pour finir.

.Point n'est question de chercher à supprinler les ports, nlais' de les rem.eUre en place. Qu'on prenne -des nlesureS pour elupê­cher que les études de nos ·élèves ne soient entravées par un engoueluent ridicule Ipour ces intrus. ;Révisons 'les valeurs , et voilà tout.

Qu'on Îlllpose l'enseignenlellt luéthodique -de la gylunasti­que aux enfants, m.ais qu'on évite, pour l'amour -de Dieu, de leur laisser croire qu'ils doivent remonter au ,singe ,en brûlant les étapes.

Et maintenant, criez, oiseaux du capitole.

Un régent vieux papa.

PARTIE PRATIQUE

Fruits d'automne: les châtaignes.

1. FOJ':Ine: Les unes sont pres'que rondes, -d'autres aplaties' d 'un côté et bombées de l'autre, puis -d'autres sont plates des deux côtés avec des bords arrondis. Toutes ont le somm.et pointu; nn peu duveteux, gris argenté et hrillant.

2. Couleur: -Les châtaignes sont brunes, avec une tache plus claire à la hase. - Elles deviennent brillantes quand on ,les frotte.

3. Consistance: Elles sont toutes dures; comparer leur consis- · tance là celle de la noix.

4. Son: Faire tomber une châtaigne par terre. ICOll1parer Ù

la sonorité -de la noix.

-:- 307 -:-

" L'intérieur: La châtaigne a différentes enveloppes; la pre- · 1111ere, brune à l'extérieur, est tapissée là ,J'intérieur d'un duvet fin ,et brillant, la deuxiènle apparaît ,quand on enlève le -duvet elle est grise: fine, traversée de nervures et s'attache ,étroitenlent ;u ,fruit. La châtaigne, enfin, est jaunâtre 'Ù l'extérieur ,et blanche là l'inté­rieur. Sa surface n 'est pas unie, mais sillonnée de nervures; 'lnènle ~ l~intérieur ~He n'est pas d 'un seul nlopceau, mais se pariage facl,lement SUIvant les fentes.

GoLÎi et odeur: ,Crue, la châtaigne n 'a pas d 'odeur , sa chair est un peu -sucrée; elle craque sous la dent; elle n'est 'Pas juteuse.

Lu châtaigne bouillie: Si possihle faire cette 'expérience de­\'ant les enlfa-nts Ù l'aide d'une petite la'mpe Ù alcool. .

Observer les -changeluents. - Relnarquer l'odeur qui se dé­.gage pendant la c.uisson. Pourquoi faut-H fendre légèrenlel1Î la peau brune? rLes enveloppes éclatent, elles sont devenues 'plus foncées et se détadlent plus facilelnent, -le duvet est 'l11üins bril­lant, la chair -s'est ra-mollie, elle s'é'crase sous la fourchette , eHe es t farineuse, de goüt très agréable.

La châtaigne grillée: Rell1arquer qu'on n 'a pas besoin d'eau pour griller ,les ohâtaignes, mais il faut les remuer SOtn ent. Obser­ver la fente élargie, la pre:tnière enveloppe est noir-cie et légère­ment brûlée, les peaux s'enlèvent fa-cilelnent ; ,la ,chair a une belle couleur doreé ; son gOlÎt a -changé, elle est devenue croustillante.

Cours élémentaire

Les travaux des champs en automne

EXERCICE DE LANGAGE

Matériel cl prépCll' el' : Tableau représentant une ,charrue un e scène de labour.

Que .fait le lahoureur en automne? De quel instrument se sert-il? Que1ls aninlaux emploie-t-il pour tirer la charrue? Quelles sont les parties essentieHes d 'une charrue? iLa décrire en pr ,~ ­

sence d'une vraie charrue ou à l'aide d'lm dessin bien dair. (Le coutre, le soc, le versoir, 'l 'age ou la flèche, les D1cmcherons. Qu e raut-il .faire avant de labourer le -chan1'}) ? (Il faut y répandre du [Ulnier.) Quand le chanlp est labouré que Ifait-on;? I( On sèrne le hlé ,à la volée ou au selnoir mécanique.) Puis il faut aussi enter­rer le grain; le laboureur mnploie la herse (voir l'instrument ou le dessin). En quoi sont les dents de la herse? (elles sont en !hois ou en fer). Que reste-t-il à faire? (Pour écraser ,la terre divisée par la herse, on va eluployer un rouleau). . Que vont devenir les grains de hlé? (ils vont genner ; de petites tiges sortiront de terre, la couche de neige qui 'les recouvrira en hiyer les protègera des

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fortes gelées. Au printenlps, le blé poussera, etc.) 'Pourquoi de nombreux oiseaux suivent-ils le laboureur, le semeur? !Ne sèl11e-t­on qu'en automne? Que sèl11e-t-on selon la saison?

VOCABULAIRE

a) Les no,ms. - Le labour, le laboureur, la ch~rrue, l,e coutre,. le soc, le ver,soir, les nlancherons, 'les 'bœufs, le Joug, 1 attelage,. le fouet; le smueur, le semoir, les semaHles, le grain de blé, les nlOttes de terre, le rouleau.

b) Les adjectifs. - Le sol peut ,être dur ou meuble, argileux, calcaire ou sablonneux, sec, aride, humide ·ou détrel11pé, fertile ou stérile. Les sillons peuvent être profonds ou superficiels, réguliers ou irréguliers : ,Le soc est tranchant, énloussé ou ébréché; des se­l11ailles hâtives, des senlailles tardives. Les chevaux sont dociles, forts, vigoureux; les b'œufs sont lents, ils tirent le 'cou tendu. iL.e laboureur est actif, travailleur, matinal, robuste; la motte est luz­sante. (Le travail ,est pénible, rude, . nlais fécond. il/ air des challlps est sain, pur, vif. Le geste du senleur est lent, nlais régulier.

c) Les verbes . - lLe laboureur saisit les ll1ancherons de la charrue, les chevaux tirent, l,e snc s'enfonce dans la terre, le cou­tre fend le sol, le soc le déchire, le versoir le retourne; le. latb~u­r.eur excite les chevaux de la voix, fait claquer son -fouet; Il gUlde la charrue pour tracer un sillon bien droit. La herse brise ,les nlot­tes , mneublit 'le so'l, enterre les grains. Le rouleau aplanit le sol.

ORTHOGRAPHE

Dictée 1: Le laboureur.

'Coliche appuyait sur les luanches de la charrue, .tandis que que le petit courait à grandes enjambées, faisant claquer son fouet, se ,penchant parfois pour enlever une pierre sur ,le passage du coutre. ILe sillon s'aUongeait. Derrière le passage du fer, la bonne glèbe luisait, et des corbeaux s'abattaient, épiant les vers et les larves de hannetons parmi les mottes.

Question. - Expliquer: grandes enjambées, la bonne glèbe, épiant, - 2. l'Mettez un trait sous les artkles. - 3. IPourquoi le laboureur appuyait-il sur les 1uanches de 'la charrue?

Dictée II: Le labour.

Partout bêtes et gens sont à l'iœuvre. Ici, on herse un chanlp ; là, un paysan Iuarche lentelnent, un sa'c de toile sur l'épaule; sa main y plonge en nlesure et, d'un geste circu'laire, il répa~d dans les sillons labourés, des poignées de blé. Un peu plus lom, le soc d'une charrue 'COl11nuence à soulever des 'Inottes luisantes. Les bêtes tirent, le cou tendu, ,les fouets claquent; les cris reten­tissent dans l'air sonore.

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Questions. - 1. Remplacer l'expression: sont à l'œuvre par ' des expressions équivalentes (sont au travail, sont à la besogne). - 2. Souligner les articles. - 3. Donner les honl0nymes de cou, de champ et les faire entrer dans de petites expressions.

REDACTION

Cours élénlentaire, première année: Etude de la phrase. Composer de petites phrases avec 'les noms suivants: le

laboureur, la charrue, les bœufs, la semence, le grain de blé.

Cours élénlentaire, deuxième année et Cours nlOyen, pre­mière année. - .observez un laboureur au travail; décrivez-le ;. décrivez aussi l'attelage; le travail du laboureur.

DEVELOPPEMENT

1. Le père l:\1athurin est un vieux laboureur. La figure hâlée par le soleil ct 1)ar le vent, les cheveux blancs, il est vigoureux, m.algré 'son âge avancé.

2. Depuis l'aube il est au travail. lSes deux blœufs blancs, patients ,et r'obustes, tirent, le cou tendu, la lourde charrue qui" s'enfonce dans l'argile grasse.

3. De la voix, il encourage ses hêtes, tandis que 'son petit­fils , Enlile, suit l'attelage et ex'CÏte les deux grands ]yœufs avec son fouet qu'il ·fait claquer.

4. Le père Mathurin appuie de toutes s·es for,ces sur les ,man­ches de la charrue, et trace des sillons qui s'allongent droits et profonds. Au bout du champ, il fait reprendre haleine à ses bœufs; puis, les faisant tourner, il poursuit sa besogne avec le même caJa1le et la même attention. t\1erci, brave laboureur, c'est grâce à toi que nous 'mangeons du bon l)ain hlanc.

Cours moyen et supérieur

Le labour, les semailles d'automne. Le cultivateur

VOCABULAIRE

a) Le champ: fraÎ,chement labouré, bien préparé, propre, ameubli, débarrassé des mauvaises heI~bes.

b) Le semeur : c'est un paysan, un cultivateur, un laboureur, 1111 travailleur de la terre.

c) Sa démarche: il nlarche, il va, revient, repart, d'un pas. égal, régulier, cadensé, rythllné.

d) Sa l11ain plonge dans le sac, prend, saisit le grain à poi­gnée, s'écarte, s 'élance, s'ouvre, répand la senuence, la Iprojette en un vol de grains.

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e) Son bras s'e rappro-che, s'écarte, va de droite et -de gauche, 'dans un nlouvenlent de faux , -d'un niOUVe1l1ent réglé sur celui cl e la -mar-che.

f) La semence,' choisie, triée, sélectionnée, ' blonde, dorée.

.g), Expressions diverses,' senier en terre ingrate - senier des Idees - semer le nialheur - On r écolte ce qu 'on a semé -qui '.Sème ,le vent récolte la tempête - tant vaut J'hOlnme, tant 'vaut 'la terre.

h) Quelques mots de la mêJl1e fWl1ill e ,' semer - ~em eur senloir - semence - semaille - semis - ensemencer

rée nsemencer - réensemencement - -pars·emer.

Le chnl', le chariot, la charrue, le -charron , la 'charr.elte , ln charretée, -le charretier, la carriole, le carrosse.

Remarque,' Tous les IllOtS de la famill e de dlar prennent deux r excepté chariot.

i) La phrase,' (Construire des phrases avec les principaux .termes du ,ocabulaire précédent.

ORTHOGRAPHE

Le labourage

L 'air était vif; -la terre fUlllait. Derrière le versoir , 'mille petites haleines fusai ent, -droites, précises, subtiles; elles sell11 -

blaient vouloir Inonter très haut, COllune si elles eussent été h eu ­reuses d 'é-chapper en fi n au poids des lliottes, et puis el'les se rabattaie'llt et finis saient par s'étendre en panaches dormants. Le souf.fle obl~que -des blœufs précédait l'attelage et r emontait ,

·couvrant les SIX bêtes -d'une buée qu 'agitaient de :;; tourbillon s de mouches.

Questions,' 1. Expliquer: fusaient, buées. - 2. Paire entrer les honlOnymes -de (IiI' dans de petites 'phrases . - 3. -Décomposer la dernière phrase en proposition.

Le laboureur

Je. mal"chai's, sur la lisière -d'un -ch~lnp que -des paysans étaient :11 . tram. de pr.~rparer pour ,la semaIlle prochaine. ILa journée etaIt claIre et bede, et la terre fraîchement ouverte par le tran­chant des charrue.s exhalait une vapeur légère.

Dans le haut du chanlp, un vieillard poussait grayement son « al'éw.l » de forme antique, traîné par deux b\~ufs tran­quilles, -à 'la robe d 'un jawle pâle. Le vieux laboureur travaillait lentement, en silence, sans efforts inutiles . Son docile attelage _ne se pressait pas plus que lui .

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Questions . - 1. Doner -des synonwnes -de lisière, docile. -2. Tous les verbes du texte sont à l'imparfait. -Pourquoi? -:3. Conjuguer je marchais à la -première rper.sonne du singulier ' et du pluriel des cinq principaux temps .

EXERCICES D'APPLICATION

1. Troupcr un synonyme cl chncun des mots suivants,' aliment - batail'le - peur - rivage - préjudice - clarté

illustre - sùr - -dangereux - bâtir - casser - finir certainement ._- quand - aussitôt.

2. Faites ressortir le sens des homonymes suivants au moyen de mots que vous y ajouterez,'

la fête - le faîte - le cou - le COUIp - le geai - un jet le sol une sole - un bond - \bon - le mur - mûr

une date --- une datte - le ch.êne - la chaîne - un plan -II n plan t - une amende - une amande.

Ex. : la fête du village, le faîte de la maison.

3. A ln. suite de chncun des mots de la colonne de gauche écrivez-en le synonyme emprunté cl la colonne de droite,'

multitll'de, particulièremerit, dé­.' irer, péril , bref, assembler, bon­heur , triS , vitesse, saccager , appui berger, entourer

Ex.: ) /fultitud e (foule).

danger, prospérité, rapidité, soutien, envelopper, pâtre, dé­vaster, court) principalement, souhaiter, monceau, foule , réunir.

ETUDE DE LA PHRASE

Donner aux verbes suivants un sujet -et un ou plusieurs èonlpléments: J'épandre, labourer, semer, herser, J'oulCl'. Ex. : Le paysan répand du funlÎer -dans son chanip, etc. ; puis enri­chir la phrase en donnant une qualité au ,sujet et en indiquant le but de l'action. Ex. : L'actif paysan répand du fumier dans son champ pour le J'encZre fertile, etc.

COMPOSITION

Sujets proposés:

1. Le semeur au tl'avail. - Dites ce que vous avez observé.

Plall. - Le cadre: la pièce de terre; - l'hollnnie: vête­ment, allure, gestes; - le travail: ce qu'il jette et COlTIInent ?

2. Les truvClUX agricoles de la soison. - En vous promenant ùans la cmnpagne un de ces jours -derniers, vous avez regardé les culthateurs et les travaux agricoles auxquels ils se livraient. Décrivez et racontez ce que vous a vez vu.

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3. Vous avez vu labourer un chal111p. Décrivez ce que vous 'uvez observé.

Le cultivateur

Plan. - 1. Introduction.- 2. Portrait physique. - 3. ICa­ractère. - 4. Son intérieur, sa falnille. - 5. Sa vie pénible. -G. Ses soucis. - 7. Réflexions.

DEVELOPPEMENT

1. Le ,cultivateur est l'honrme des -champs, le travailleur 'infatigable ,qui fait sortir de la terre les riches moissons.

2. Sa haute silhouette, ses traits dur.s et aücentués, son teint hâlé, ses lllains calleuses, tout annonce chez lui la force, l'a'cti­vité et l'.éne-rgie. Sa blouse et sa casquette, son pantalon de \Telours et ses gros brodequins com'Plètent la physionollnie de ce Tude canlpagnard.

3. ).1ais sous des dehors un peu sauvage, se ca'chent pres­-que toujours un noble cœur et une betle intellig·ence.

4. Il habite la luaison de son père. C'est une rustique dem·eure, 'un humble toit ,caché sous des touffes de lierre, une sorte de nid ·qu·.mnbragent les rameaux des ar1bres voisins. Ses ·en'fants y grundissent sous l'aile de leur Inère, et il vit là sans Ibruit, Isans 'autre 3-1nbition que ·celle de faire un peu de bien autour de lui.

6. Sa vie est pénible: par 'le soleil, par la pluie ·et par le froid, il faut conduire les attelages, travailler le sol, ·entourer les

récoltes <le soins minutieux. ,Levé avec l'aube, il est le premier à 'l 'ouvrage et le ,crépuseule le trouve souvent aeharné à la pour­'suite de la tâche 'C0111'mUne.

A J'automne, il jette la moisson future aux sillons; au prin-. [enlps il ·confie à la terre -les jeunes plantes que la sève rédame ; . et les rudes travaux de l'été font ruisseler la sueur sur son ,front

:bruni par le soleil.

6. Et s'On existence, paisible en apparence, n'est pas ex·empte ·de soucis . La saison sera-t-elle bonne, le deI dément? Les foins ,ct léS blés seront-ils d 'un bon rendement? Et quand viendra l'autOlllne, le eidr·e .et le raisin relnpliront-ils les Icuveset le 'pressoir? La vente des denrées sera-t-elle avantageuse et l'écu­Tie prospérera-t-elle COlillTle on s'est plu 'à; l'espér·er? Autant de sujets qui assombrissent parfois le front du ,cultivateur ,et 'livrent sa pensée ·à l'inquiétude.

7. l~lais on ne saurait nier que 'cette profession est peut­iêtre ccllt où il yale plus de place pour le bonheur.

Fils de cultivateurs, restez cultivateurs!

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Orthographe ()'usage Il y a crise d'orthographe. Beaucoup s'en rendent compte, les

inspecteurs la dénoncent.

Parmi les causes de cette carence orthographique, on peut signa­ler le fait que, trop souvent dans les classes, on permet deux ortho­graphes: celle de la dictée, que l'on veut impeccable, et l'autre, celle des devoirs et des récitations dans toutes les branches scolaires. Or, tout peut et ·devrait être matière à orthographe, c'est une étude à ne pas isoler. L'orthographe est, selon le mot de Mme de Sévigné la « propreté du style» et d'après le Père Sagehomme la « politesse du style». S'il faut être propre et poli partout et toujours, à tout âge et à toute heure scolaire ou extra-scolaire, il convient de sur­veiller l'orthographe de ses écrits. Parfois aussi, les premières leçons qe lecture sont données en vitesse sans attirer l'attention sur « l'orthographe'» du mot.

L 'orthographe française offre de nombreuses difficultés desquelles sont responsables: 1!) La défectuosité de notre alphabet. Le nombre des lettres n'est pas égal à celui des sons et des articulations. Les voyelles nasales françaises réunies dans l'expression un bon vin blanc, les semi-voyelles comme dans oie, des yeux, la consonne fricative palatale sourde ch et la consonne nasale palatale gn n'ont pas de let­tres simples correspondantes. 29 L'iclentité de prononciation pour des . caractères différents: La consonne occlusive vélaire sourde peut avoir comme signe correspondant c: cave, k et qu : kiosque, q: coq. Le son an revêt une vingtaine de formes différentes: encyclique, fré­quent, appréhender, encens, temple, hareng, dans) quand, quant, camp, emporter, différend, paon, rang, bambou, temps, Jean, ruban" Caen. Le son 0, abstraction faite de la distinction ouvert (cor) ou fermé (eau) en a de même une vingtaine: 0, Ô, ot, ôt, eau, au, aud, ault, aux, eaux, os, ots, auds, oz, auld, aulds, aults, od, ods, aulx . Le son « in» en compte 23 et le son « on» 12. Bref, notre orthographe absolue est incohérente, elle est inadéquate à notre phonétique; Sophie ne peut-il pas s'écrire phonétiquement çaufy. Et que de lettres muettes! 39 Les bizarreries de l'orthographe: battre, bataille - appé­tit, apéritif - agrandir, aggraver - ' jeûner, déjeuner - infâ'me, infamie - homme, homicide - honneur, honorable - trappe, attraper - patronner, patronage - mammifère, mamelle - chariot, charret. , te - abatis, abattre - courir, courrier - millionième, millionnaire imbécile, imbécillité.

Existe-t-il une théorie psychologique SUl' laquelle on puisse étayer des règles pédagogiques relatives à l'orthographe d'usage? Depuis. Charcot et les études sur l'aphasie et les localisations cérébrales, une théorie dite sensorielle a été presque universellement admise. Nous .. conserverions dans les hémisphères cérébraux les images visuelles, . auditives, articulatoires et grapho-motrices de tous les 'n'lots. Le mot .

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évoquerait l'une ou l'autre ,de ces images. D'où l'affirmation biell connue: L'élève apprend l'orthographe en se mettant les mots dans les yeux, dans la main, dans les oreilles et dans les cordes vocales, iIÙeux vaudrait dire... et dans les organes de l'articulation. Le Dl' Simon, dans une remarquable étude, trouve la théorie un peu sim­pliste. Pour la mémoire visuelle verbale, j} y aurait donc une sorte de défilé cinématographique des mots, une appariÙon du texte pro­noncé; on lirait sa pensée ou celle qui est dictée comme Balthasat' à Babylone ... ? Cela paraît ,peu conforme à la mémoire, si étendue soit-elle. De plus, il est des hommes qui n'ont pas de mémoire visuelle ,et qui cependant possèdent une orthographe correcte. Pour la mé­moire auditive d'épellation, il faudrait admettre que de telles images correspondent à des groupements d'épellation? Que de répétitions .exigées poUl' en arriver là! et d'ailleul's, l'orthographe ne nous est pas dictée ,par une sorte de répétition écholatique de la série de ses lettres. Quant à la mémoire motrice, s'il nous arrive de griffonner SUl' un buvard tel ou tel mot pour nous assurer de l'orthographe, jl faut reconnaître que le procédé est fort rare et s'explique d 'ailleul':::! ·d'une façon comme il sera dit plus loin.

A cette théorie plutôt statique de l'orthographe, Simon propose une nouvelle conception plus dynamique. Après avoir questionné les scripteurs au sujet de fragments écrits coreectement, il constate

·qu'une certaine logique conduit à la bonne orthographe. Bien que la langue française soit très loin d'être phonétique, il existe poUl' chaque son une manière habituelle de le rendre. Tel enfant sachant écrire fantaisie et jalousie, orthographie correctement ambroisie. Certaines notions de familles de mots assurent la juste graphie :sautiller, saut Bien possédée, l'étymologie est pour l'orthographe d'usage une des meilleures assises. Il n'est pas exact de définir l'orthographe d 'usage (l'opposant à l'orthographe grammaticale): «celle qui n'obéit it aucune règle» ; elle obéit aux règles de l'étymologic. Il est vrai que ces t'ègles 'sont possédées par peu de personnes.

Le Dr Simon propose de détacher dans la forme graphiquc du mot le trait caractéristiq,ue, de fixer l'attention non sur l'ensemble, mais sur le détail d'exception, sur l'endroit où réside l'obstacle. «Ce 'qui intéresse, c'est le détail physionomique du mot, celui qui le fait l'econnaître d'emblée entre mi11e ». Ces pl'océdés arrivent ainsi à cons­tituer presque une indication poUl' chaque mot. Ils représentent une poussière de régie. A l'hypothèse des images qui assimile notre cer­veau à un dictionnaire, le savant chercheur français substitue une. théorie qui fait, de l'orthographe d'usage, le résultat d'une série d'ai , guillages sur des voies de plus en plus précises, grâce ~, des efforts ,qui interviennent successÏ\ mnent.

La phase d'hésitation qui éveille notre attention et notre con­trôle, nous faisant écrire sur le bord de la feuille le mot à orthogra­phier, s'explique facilement par cette vérité psychologique: «La re­'connaissance d'un souvenir est beaucoup plus aisée que le rappel du

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même souvenir». Nous venons d 'écrire un mot, a-t-il la figure que nous lui connaissons? Si nous avons négligé h dans chaos, l'absence d'une boucle, qui dépasse le niveau général, nous avertira de notre

erreur.

La première théorie préconise dans renseignement de l'ortho­g]·a.phe la présentation sensorielle: épellation, copie des mots ... Elle ~ttribue Ù. la. lecture une action de premim' ordre pour l'acquisition de J'orthographe d'usage. Ces procédés peuvent contenir des prati­qu'es excellentes, mais, par la deuxième théorie, leur rôle est présenté cl'une manière différente. La lecture n'aide pas l'orthographe parce qu'ellc fait passer devant les yeux des images visuelles souvent c\ peine entrevues, mais la lecture nous contraint à. pénétrer la pensée d'autrui. Les homonymes ne peuvent s'écrire que si l'on comprend le contexte qui les entoure: voie, voix, formes de voir? L'Orthographe d'usa.ge est fonction de l 'intelligence des mots. De mè­me, ce n'est pas la. copie sans fin qui est à. préconiser. POUl' avoir une heureuse action, la copie doit être attentive, précédée d 'une présenta­tion des mots, entourée ' de toutes les ressources mnémotechniques. Inutile d ' insister sur le fait que les deux théories se posent en ad-

versaires de la cacographie.

L'enseignement de l'orthographe sera sans doute occasionnel. Le maître, à tous les degrés, attire l'attention des élèves sur l'orthogra­phe de tout mot nouveau rencontré au cours de n'importe quelle ma­tière. Mais l étude purement occasionnelle expose à des la'cunes re­oTettables et fait apprendre cent fois ce qu'il suffirait d'apprendre ~Ule fois. Des program.mes ont été tracés; suivis par les maîtres, ils peJ'mettent au professeur de telle classe de considérer comme ac­quise clans les années inférieures l'ol'thographe cle b eaucoup de mots et cl 'employer le temps à cl 'autres acquisitions.

Quelques règles l'appelées de temps en temps se fixeraient pour toujours dans la mémoire des enfants au grand bérléfi ce de l~ bonne orthographe. Exemples: Les m.ots commem;.ant par a~ (affalre, af­folel' ... ont 2 f, excepté: afin, Afrique, Africain, AfghanIstan, Afghan,

afioume,

Les verbes en aliser (réaliser, im'mortaliser ... ) ont 1 1; exc.: cris­

tallisel', métalliser. N. B.: analyser.

Les verbes en atisel' (dramatiser ... ) ont 1 t; exc. : a,ttisel'.

Les verbes en urel' (assurer ... 45 verbes environ) ont 1 r; exc.:

~ llSUl')'el'. N . B.: murer.

Les verbes en ciel' (apprécie}', négociel' ... ) pl'enn ent Cj exc. : ba.lbu­

tie]', initier, asphyxiel'.

Les verbes en onnel' (n,del itiorlllcJ', braconner .. . très nombreux) ont Z n; exc. : détoner (faire explosion), s'époumoner, ramoner, télépho

nel'. N. B.: trôner, prôner, auner.

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Les verbes en aniser (humaniser, organiser ... ) ont 1 n; exc. : tyran­'riisel', solenniser.

L'e muet termine les noms féminins -dont la finale est en « ai » '(plaie, ivraie, monnaie, haie, claie, orfraie); exc.: paix.

Les noms féminins terminés par le son « ou» s'écrivent avec l'e 'muet (houe, boue, roue, proue, moue, joue); exc. toux.

Deux 'mots seulement terminés par le son ope doublent le p: enveloppe, échoppe (microscope, héliotrope .. ); par contre deux ver­bes ne le doublent pas: tope, galope (stopper, échopper ... ). Répandre ·et épandre sont les seuls verbes terminés en andre, tous les autres 's'crivent en endre: tendre, descendre, vendre ...

Ont deux f les mots commençant par eff (exc.: éfaufiler), diff, . off, siff (exc.: sifilet), suff, bouff, buff, chauU (exc.: chaufour, chau­fournier). A distinguer euH et ueH (après c ou g): bouvreuil, cer­

'feuil, feuille, accueil, orgueil, cueillir.

Seterminent en ique environ 400 mots. Exc.: alambic, aspic, pic, ,ar1:ienic, mastic et public.

On écrit au et non eau après é, y, u, (préau, tuyau, gruau ... ) et dans les mots étau, sarrau, landau.

Il existe certains procédés spéciaux pour l'étude de l 'orthographe d'usage. Celui de la Martinière imaginé en 1826 par l'école « La Mar­tinière» à Lyon permet d'interroger tous les élèves à la fois. Les

-réponses au lieu d'être orales sont écrites sur une très grande ar­doise, avec crayon d'ardoise ad hoc, et montrées par l'élève au maître. Celui-ci peut contrôler sans se déplacer. Certaines écoles usent ou ont usé -de ce procédé: 1) pour la revision des mots recueillis par les élèves sur leur carnet spécial. 2) Pour l'application de quelques rè­gles grammaticales. 3) Pour l'étude de tels ou tels mots difficiles d'un texte assez long lu par le ·maître. Il faut de l'ordre et de la disci-

-pline.

A Brunswick (Etats-Unis) ' l'enseignement orthographique ' com­prend deux exercices distincts. Pour le premier, toute la classe est rangée SUl' une ligne, debout, au fond de la salle. La maîtresse dé­signe un mot à épeler (ce mot est pris dans la lecture qui vient d'être faite). Elle attend quelques secondes - le temps nécessaire pour que tout le monde épelle mentalement le mot - puis elle dé­'signe brusquement, au hasard, un élève. S'il ne répond pas immédia-tement, ou ' s 'il se trompe, il quitte sa place et va se mettre à l'ex­trémité de la file (à noter que les parents assistent parfois aux le-

·çons: quelques fauteuils dans chaque classe attendent les visiteurs). L'autre exercice consiste à montrer aux élèves de grands cartons qui présentent des mots orthographiés d'une manière incorrecte. La maî­'tresse encore attend quelques secondes - parfois tout la classe tré­:pigne d'impatience et de joie tellement la faute est scandaleuse -

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puis elle désigne l'élève qui doit la signaler. Ces deux exercices sont .complétés par un troisième. Tous les matins au tableau (les classes .américaines sont munies d'un tableau noir qui occupe les quatre murs), la maîtresse écrit quatre ou cinq mots. Les élèves possède~t .chacun un carnet individuel d'orthographe où les mots sont classes par ordre alphabétique; ils doivent y transcrire ces mots à leur place. A BnU1s,~;ick, la dictée n'existe point.

A noter que la dictée n'enseigne point l'orthographe mais l 'ap­plique, l~ contrôle. Elle peut faire contracter de bonnes .habitudes -d'orthographe par les préliminaires et les remarques qUl l ' a~com­pagnent. Elle ne doit jamais être un casse-tête, genre celle « dIte de

Mérimée ».

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• COUR~I~ ~E~I!S~T~T~ICES I-D 0

SOMMAIRE: L'Heure du Rosaire. - Journées d'ouvrages manuels. -

La timidité physique.

L'heure du Rosaire

Le village, là-bas, lentement, sans secousse , S'est assoupi, ce soir, comme un enfant lasse f N.i cris, ni voix, ni pas, le bruit même a cess~ Des portes que l'on ferme et des veuous qu on pousse. Soudain choc de cristal, fuite d'eau sous la mousse, Un tint~ment de cloche au lointain s'est glissf ; Il vient il monte, il plane ... il est déjà passé ... Ah! c'~st bien l'heure du Rosaire, l'heure douce! L'heure grave, idéale, où l'on tombe à genoux, Pour le « Je vous salue» et le « Priez pour nous» ... Puis voici le sommeil qui tend ses pesants voiles Mais notre bonne sœur très pieuse: la nuit, Reprenant aussitôt la prière, sans bruit, Pensive, égrène au ciel son rosaire d'étoiles.

Jules Bourron.

Journées d'ouvrages manuels

Aucune institutri-c-e n'aura oublié les très intéressantes séances données à Sion et iMonthey l'année dernière et ayant pour but l'enseignement des travauxfrtŒlbeliens et l'étud~ du pliage, décou-]Jage, et.c.: dans les écoles enfantines.

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Aussi ,au risque d 'être indis'crètes , nous vous confions, amies lectrices, que cette année-ci une journée d 'ouvrages nlanuels sera organisée dans chaque district.

Toutes, nous en sonHues persuadées, vous saluerez aveC' enthous iasme cette bonne nouvelle et vous nous féliciterez un e fois de plus des avantages que vous procure la IS.LV.IR.

Ces journéE..\S oflfriront l'avantage d unifier l'enseignement des « travaux à l'aiguille » et pel'll1ettront aux l11altresses d'y confectionner les dififérentes pièces t~npes figurant au 'nouveau programme. (Voir la dernière livraison de Nos Pages).

SaLivent macle varie ... et, ,dans la 'couture connne dans toute' aulre branche, il ,convient plus ou 1110ins ,de se tenir ... à la Page. Ces .lourDées donneront sùrement toute satisfa'ction aux intéres­sées, d'autant plus que ceUes··eÏ auront, paraît-il, l'occasion d 'exa­miner de .près toute une exposition d'objets confectionnés.

Si nous ajoutons que ces 'cours seront 'donnés par les Ins­pedrices elles-m1ênles et qu 'une pochette r,enfermant les patrons différentes pièces exigées au ~)rogral11'l11e sera rem.ise· là chacune au prix de revient, nul doute que toutes les l11aîtresses d'ouvrages , sans exception) voudront participer à ces journées.

Une invitation précise sera adressée là chacune par ]'Ins­pectrice régionale. Donc qu'on ne s'impatiente pas trop!

Ensuite de la « crise ,) qui ne respecte même ,pas la caisse de }n S.I .V.,R. , tous frais personnels et de déplacement seront ù la 'charge des participantes.

« Nos Pages ».

ua timidité ph~sique L E' SYll'lp :lthie e8t un besoin et un instincl, ou mieux, un in s tinct

(lUI répond ,'1 un besoin. Elle est l~ h(>soin quP nOlis avons cl" nou s l\l et11'C' p~ychclogiCIuement Ù runiss0n cles autres, d'accorder nos sen 1imenLs n.vec les Jeurs, de partager leu1'3 émotions et de leur faire partager les nM.J'es , et elle est l'in stinct ou impulsion qui nou s. [lOl·te à, imiter et fait que nOlis imitons l~~ :=tctes, les gestes, les jeux d o plWS!OIlOmir cl es autrRs, et que par là, nous entrons clans leurs ~nnt.iments, en vertu de la i' el~'Ltion constante, nécessaire qui existe l'ntre un sentiment et son expression. Le besoin de sympathie est 1nujom's et universellement i:\enti, mais il n 'est pas toujours satisfait, parce que l'instinct d imitation, qui est au service de ce besoin, peut sc troUVèl' l'Il défaut. Nous ne pouvons sympathiser avec les autres, Cfuelqtlo clésir que nous en ayons, si nous ne savons pas répondre :\ leurs actes expressifs, j'entends ceux qui traduisent leurs senti­ments. Quand la sympathie manque ainsi ù s'établir entre deux per­sonnes, pa.l' lïmpossibilité où elles se trouvent - ou seulement· l 'une

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d'elles, - d'accorder leur attitude, leurs paroles ou leurs gestes, il se produit un malaise, une gêne: c'est la timidité. La timidité est clonc un hesoin de sympathie trompé. C'est le sentiment aigu de l'in­communicahilité entre les âmes; c'est la défiance de soi et des autres, qui résulte de ce sentiment; c'est la crainte de se faire mal .iuger et méconnaître de ceux qu'on na pas su pénétrer età qui o'n s 'est rendu impénétrable; c'est la souffrance qu'on éprouve de ne pouvoir ouvrir son cœur et de se ,oir ainsi fermé l'accès des r-œurs vers lesquels on ne laisse pas de se sentir porté, ou plutôt vers lesquels on se sent précisément porté par un élan de sym-pathie.

La timidité n'est pas ainsi suffisamment définie. On a indiqué le genre de sentiment auquel elle appartient. Reste à trouver sa diffé­re1lce spécifique.

Le mot tim.idité (timor) veut dire crainte, mais il désigne une crainte de nature spéciale, qu'on éprouve à l'égard des personnes, non des choses, et encore non de toutes les personnes, mais de celles­Jà préciséni.ent qu'on n'a point de raison de craindre, qu'on sa it ll 'ètre point n1.alveillantes et hostiles, qu'on juge au moins inoffen­sives, qu 'on reconnaît souvent. indulgentes et bonnes. Quelle est donc cette crainte paradoxale et. quel est son objet? C'est une peur toute morale, n'ayant. rien de commun avec celle qu'inspire un hrutal, un violent dont on aurait à se défendre; on ne réprouve qu'envers ceux à qui on a le souci de n e pas déplaire, donc on voudrait gagner la sympathie, et ell e est n, leur égard une susceptibilité par­ticulière, une appréhension excessive, une crainte, sinon toute ima ­-g'inFlire, au moins grossie par lïmagination, de les mécontenter, de trompel' Jeur att.ente, ~t de les froiss er et. d'en être froissé. Ce carac­ière sentimental ,de la timidité est si essentiel, CJue la timidité cesse d'être, aussitôt qu'elle le pere1. Pour se guérir de la timidité envers une personne, il suffit de changer de sentiment ù son égard, de s'en détacher, d e la prenl1re en a,version ou en déda.in; 011 passe alol'~ d'ulle crainte respectueuse ù une attitude (le défi, de bravade, d 'in­solence hautaine. Il n 'est pas l'are qu'un enfant se montre à la foi s -effronté et timide, effronté avec ceux qui n e l'intimident pas et d'autant plus effronté avec eux quïl est plus timide ct plus réservé avec les autres; la. raison en est, qu 'il a pris en grippe les premiers, qu il fait fi de leur opinion et que même, il ne lui déplaît pas d'e1l l'tre mal jugé. La timidité est clonc bien la crainte, plus ou moins compliquée ou mêlée de r espect, qu'inspil'ent ex clusivem ent les pCl'­:;onne::i dont on voudrait gagner la sympathie. J e dis: la sympathif', non l'affection. La timidité, en effet, n e suppose pas l'affection, puis­qu'on réprouve pour des indifférents; niais ell e peut se trouver jointe ft l'affection et n' en est alors que plus grande, comme ell/.} peut aussi empècher l'affection de naître. En fait, elle est unique­m ent ou aVHllt tout, un b"soin de sympathi e qui Il e trouve pns sa tis-

fadion.

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Si la difficulté d 'accorder ses sentiments sur ceux d'autrui, a pour cause la difficulté d 'imiter ou de produire les mouvements pal' lesquels s'expriment ces sentiments, on peut dire que la timidité a pOul' cause, d'une façon générale, la maladresse ou la g'aucherie.

La gaucherie est l'incapacité de commander à ses mouvements: c'est un trouble du vouloir. Le vouloir lui-même comprend un pou­voir d'impulsion et un pouvoir d'arrêt, le pouvoir de faire et de ne pas faire, de produire t els actes et d 'empêcher tels autres, disons la volontil et la nolonté. Cette maladie du vouloir, qu'on appelle la gaucherie, comprendra. donc aussi une raideur, une paralysie de la volonté, une incapacité de faire ce qu'on voudrait faire, d'un mot l'aboulie, et un affollement, une agitation du vouloir, un déclenclle­ment d'actes intempestifs, une incapacité de retenir les mouvements qu'on voudrait ne pas faire, d'un mot, l'hyperboulie.

Le timide par aboulie est celui qui est frappé d inhibition, écrasé, anéanti , qui ne peut dire un m,ot, ce mot fût-il au ssi simple que bonjoul', qui ne peut faire un geste, ce geste HU-il aussi simple qu P

celui de saluel'. Le timide par hyperhoulie est celui qui ne peut retenir ses tics ou mouvements nerveux, qui ne peut siempêcher­de fah'e une grimace, de cligner des yeux, de baisser le nez, de gratter la terre du pied, d 'éplucher son vêtement, etc. Il est à noter que tous les actes sur lesquels porte la gaucherie du timide, ceux qu'il n e peut pas faire, aussi bien que ceux qu'il ne peut s'empê­cb el' de faire, ont un caractère commun, qui est de réclamer un effort d'attention volontaire. Le timide n'est pas gauche clans les actes qu'il accomplit spontanément et sans y penser; il l'est, dès qu il y pense, qu'il s'applique, comme lorsqu'il a à accomplir des actes commandés. ou a retenir, à s'empêcher d'accomplir des actes défendus. Sa gau­cherie est donc spéciale, exclusivement restreinte aux actes propre­ment volontaires.

Son attention contrarie,t ses mouvements. La conscience qu 'il prend de sa maladresse, aggrave son 'cas: il bégaie, hredouille, parle· t.rop haut ou trop bas; il court ou se traîne, au lieu de marcher; il lâche ce qu 'il tient ou il le serre, l'empoigne à pleines mains. Cette activité désordonnée, qui va à l'encontre de la volonté, a.ppe­lons-la pal'aboulie.

En résumé, le timide ne fait pas ce qu'il veut, fait justement ce· qu'il ne veut pas, ou fait tout de travers; il est aboulique, hyper­bouliq,ue ou paraboulique. Ces trois infirmités réunies constituent une véritahle folie du vouloir, folie momentanée, qui se produit par crises ou pal' accès, et que traduit bien le mot affolement. La timidité~

comme la colère, comme 'toutes les émotions, est un désordre de la sensibilité, un « raté de l'instinct». Le timide perd la tête, ne sait plus vouloir, toutes les fois qu'il s'agit ~d'accorcler ses actes et, par suite, ses sentiments avec les actes et les sentiments des autres personnes, et c'est dans cette aboulie nettement circonscrite et très, spéciale, que nous faisons consister sa timidité.

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Mais comment se produit-elle et par quelles causes? Pour le découvrir, observons, non pas seulement à l'égard de quelles per­sonnes- mais encore par rapport à quels actes, un enfant est gauche, emprunté et timide. Il est surtout, pour ne pas dire exclusivement limide, à l'égard des personnes inconnues et dans des circonstances et pour des actes inusités. Il l'est sans doute aussi à l'égard de per­sonnes connues, comme ses parents, mais c'est qu'alors leur carac­tère lui échappe, lui apparaît plein de mystères troublants, inson­dables, et qu'il a la conviction de leur être à jamais fermé, comme ell es lui sont fermées il, lui-mêm,e. L'exception n'est donc qu'appa­rente et confirme la règle; l'enfant, parmi ses proches, compte des inconnus. Observons encore que la timidité apparaît- chez l'enfant, au moment précis où il passe rle la phase instinctive à la phase volon­tair e. Rapprochons maintenant tous ces faits: la timidité coïncide avec l'apparition de la volonté et elle se produit à l'égard de per­sonnes inconnues pOUl' des actes inusités. On voit aussitôt qu e, dans ce cas, l'enfant ne peut se mettre à l'unissons des adultes, parce qu'il ne pénètre pas leur caractère, n'entre pas dans leurs sen­timents et parce qu'il est pris au dépourvu par la nouveauté des circonstances qui s'emparent de son imagination, 1Ft déconcerte et la

trouble.

L'enfant au ·premier âge, n'est pas timide, parce qu'il agit sous l 'inspiration de l'instinct; il le devient, dès qu'il fait acte de volonté, parce qu'à sa volonté, se posent des problèmes qu'elle n 'est pas ou ne sc croit pas en état de résoudre. Mme Cuiz:ot analyse fort bi en cela. Elle explique que la timidité est une volonté incapable de se contraindre, de faire autre chose que ce qui lui dit. Or, la volonté suhit une contrainte, dès qu'on ne suit plus son inspiration propre, qu'on obéit à. un ordre venu du dehors. D'où vient, par exemplf.>, qu'un enfant qui vous étourdit de son chant, quand il ne se croit pas entendu, ne sEtit plus chanter dès que vous l 'écoutez ou que vous l'en priez?

({ Il chantait, parce qu'il en avait envie, parce que la gaieté de son cœur, l'idée qu'il avait en tête» l'y poussait. « Vous le priez (l e chanter; ce n'est plus cela; vous avez détourné ses idées; à la place du motif qui était en lui, qui venait de lui, vous avez voulu elt substituer un autre, qui vient de vous, auqu el il Ile sait pas obé ir, qui est, pour ainsi dire, sans communication avec ses organes ... II' ne sent pas en lui le mouvement qui le porte d'ordinaire :\ chanter, et il ne sait comment faire pour s'en passer ».

On appelle le timide, un emprunté. L'expression paraît étrange; ù la -réflexion, on reconnaît qu'elle est vraie ct pleine de sens. Avoir, pour a.gir, au lieu de motifs propres ou personnels, des motifs d.'em­prunt, c'est avoir perdu toutes ses ressources, tous 'es moy ens '(fac­tion ; c'est se le persuader, du moins, ct la persuasion vaut le fait.

L. DUGAS . •

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DIVERS

Le petit chat qui ne veut pas mourir

Ce conte est emprunté il « La Gerbe», petite revue entièrement écrite, illustrée et imprimée par des enfants des écoles primaires de France, sou s la direction de l'instituteur Freinet.

Mme Chautard voulait tuer son chat.

Il était malade.

Elle d it à Léon Biet:

- Va le jeter à la Durance, tu me rendras service.

Léon Biet est allé à Pont-Roux et jJ a J'ete' 1 t·t 1 t l e pe l C1a cano ['eau qui, à cet endroit, était très grosse.

Le petit ehat a disparu dans le tourbUlon. Nous avons dit:

- Ça y est, ça y est ! ... il est mort!

Mais le petit chat ne voulait pas mourir.

Il s'est cramponné à un buisson et il est sorti de l'eau.

n est allé se cacher dans les pierres.

Puis, après, la nuit est venue, il est l'entré à la maison et U est allé se cacher dans la niche du chien Papillon.

- Comme tu es mouillé! On dirait que tu as froid! Couche-toi J:\, tout contre moi, que je te réchauffe.

Le petit chat s'est couché contre le chien.

Puis l~s deux amis se sont m is à cause!' tout doucement pour l'le pas réveiller Mme Chautard.

Le petit chat disait:

- Tu sais, ils ont voulu me faire mourir.. . Sans ce buisson, j'étais bel et bien noyé!

- Oui, répondit le gros chien, un petit enfant n'aurait pas pu sOl'lir comme tu l'a fait!

- Ah! disait encore le petit cha t, si tu savais comme l'eau est fl'Oidc ! Et ce bruit dans les ol'eiiles : « Hou ! ... Hou ! ... » Ils me jetaient de pielTfls pour me tuer ...

- - Allons, disait Papillon, ne pense plus à ces choses. Dors!

Puis il s'est mis à lécher son ami SUl' le front, justement là où !:iont lep. idées tristes cles petits chats.

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- 323-

Les nombres amusants

'foui le mondo connaît ces Ouvl'ê1:ges de physique récréative, de, chimio amusante et de tours et amusettes, où les nombres donnent des problèmes aux solutions imprévues.

Lo professeur Zervos, de l'Université d'Athènes, adore jongler aveC' les chiffres. Dirigeant ses investigations vers le domaine des n'lathé­rnatiquos, il vient de faire une découverte qu'il a immédiatement communiquée ù. l'Académie de son pays.

En quoi consiste cette découverte? La voici, dans toute sa sim­

plicité : Le savant professeur avait cu son attention attirée par le nombre

14-2.857. Pourquoi? On n'en sait rien. NIais c'est un fait; machinale­menx, il le multiplia par deux et constata que ' le nombre fourni reproduisait tous les chiffres du nombre initial. En effet, le nombre 142,857 multiplié pal' cleux donne 285,714.

Ernu par cette constatation, le professeur continua le problème. Il multiplia 142,857 par trois, par quatre, pal' cinq et par six, et chaque fois les six chiffres fatidiques réapparurent à l'issue de son ·

calcul. _ Maintenant, je vais n'lultiplier par sept, se dit M. Zervos. Nous

allons bien voi)' .. . Il multiplia pal' sept. ot. obtint, cette fois, 999,000.

jvL Zervos s'est arrêté là pour le moment; mais si cela vous n,muse et quo vous ayez le temps, vous pouvez continuer vous-n'lêmes.

PENSÉE

« .Tr préfère voir les enfants d'un village entro les mains d'un hommo qui no sait que son cathéchisme et dont je connais les prin­cipe', que d'un quart de savant qui n'a point de base pour sa morale et poillt d' idée fixr.)} Napoléon 1er.

BIBLIOCRAPHIE

L'ALMANAC"4 DU VALAIS 1935

L'Almanach du Valais 1935 a paru. Ses lecteurs excuseront le léger retard occasionné par la ,Fête des Vendanges. Cette année, l'Al­manach du Valais publie un article de M. le Dr P. Darbellay, sur la Chambre de ' Commerce et les organisations économiques- du Valais; -il contient en outre une relation sur le Valais à Einsiedeln ,à l'occa­sion du Millénaire de la célèbre Abbaye, un aperçu sur le.s vingt ans de la Société d'histoire du Valais Romand, par l'historien J. Ber-trand.

- 324-

A côté de ces trois articles de fond, l'Almanach du Valais offre ;à ses lecteurs des contes valaisans, dont quelques-uns en patois, dûs a la plume de lVrM. Alfred Delavy, J. Mariéthod, D. Fournier, R. Jacquemet, Alexandr~ ~erthouzoz, Pierre Michelet, Maurice Ga~'d, Pierre Ollaire, etc., amSI que le Jeu des Vendanges, par notre poete valaisan M. le Dr. Jean Graven.

Tous ces articles sont illustrés par les photographies de MM. Jos. . Dufour, Dr Perrig, Dr Darbellay, du capitaine de Lavallaz, de M. le Dr Eugène de Cocatrix, Georges Haenni, Dr Jean Graven et Dr Wuil­Jo u el.

L'Almanach du Valais consacre quelques pages aux Valaisans qui ont fait honneur à leur canton pendant l'année écoulée: MM. Mee De­lacoste, président du Grand Conseil, Alphonse de H:albermatten, pré­sident central du C. A. S., Henri -de Torrenté, conseiller de légation et Michel Dionisotti, industriel, une pieuse pensée à nos chers dis­:parus: le Révérend chanoine Eggs, M. Maurice Pellissier, ancien con­.seiller national, MM. Erasme et Jean-Charles de Courten, juges can­tonaux, M. Pierre Bonvin-Beck, député, M. le Dr Ducrey, colonel Mee de Preux, le professeur Alex Bruttin, M. Melchior Selz', Jos. · Cou­..chepin, Roger de Riedmatten, Benoni Coudray, Peter Joachim, député, -Ch. In-Albon, poète, le président Roduit, de Saillon, Ernest Gay, l'ab­bé Pannatier.

Le calendrier avec les dimanches et les jours de fêtes en roug'e, .indique les phénomèmes et le temps probable. Les Agriculteurs trou­-veront dans l'Almanach du Valais la liste de toutes les foires et mar­chés aux bestiaux de toute la Suisse ainsi que des conseils sur les -travaux agricoles de l'année. L'Almanach du Valais est le livre du 10yer.

Valaisans, soutenez l'industrie du pays et achetez l'Almanach du 'Valais.

BIBLIOGRAPHIE

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L'un: La Linotte - Taxi - La Voleuse contient 3 comédies cn 1. acte.

L 'autre: Monsieur Subjonctif, cOlllérlie en 1 acte est des tiné plus ~pécjalement à la jetillesse.

Ces deux volumes dout les pièce' sont fort différentes l'une (le 'l'autre, apparaissent à un moment opportun. Elles retiendront inévi­tablement l'attention de tous ceux que rend soucieux le choix, de '-leur programme de soirée. Ces comédies d'une gaîté de bon aloi, ..iolies, fines, amusantes et neuves, visent particulièrement les sociétés (l'amateurs et réunissent toutes les conditions exigées. Et (le fait,

-elles sont comiques sallS être vulgaires, alertes sans être légèreS: ··intércssantes, imprévues, nettement originales.

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