La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

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LA COMMUNICATION PUBLIQUE, ENTRE PERTINENCE ET ATTRACTIVITE : LE CAS DE LA CHAINE PARLEMENTAIRE ASSEMBLEE NATIONALE MEMOIRE DU MASTER 2 "MARKETING ET COMMUNICATION PUBLICS", SOUS LA DIRECTION DE M.CHRISTOPHE ALAUX ET M.STEPHANE RIZZO CAMMALLERI BRUNO // ANNEE UNIVERSITAIRE 2013-2014

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LA COMMUNICATION PUBLIQUE,

ENTRE PERTINENCE ET ATTRACTIVITE :

LE CAS DE LA CHAINE PARLEMENTAIRE ASSEMBLEE NATIONALE

MEMOIRE DU MASTER 2 "MARKETING ET COMMUNICATION PUBLICS",

SOUS LA DIRECTION DE M.CHRISTOPHE ALAUX ET M.STEPHANE RIZZO

CAMMALLERI BRUNO // ANNEE UNIVERSITAIRE 2013-2014

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SOMMAIRE

> LE MEMOIRE >

Avant propos et remerciements, Citations, Introduction

Partie 1 : La mission de service public de LCP : Caractérisation, spécificités, contraintes

1.1) Contextualisation et caractérisation de la mission de service public de LCP-An

1.2) Les contraintes budgétaires

1.3) L'héritage du bicamérisme et ses conséquences

Partie 2 : Des contraintes qui sont devenues des défis que LCP-An entend relever : les

outils et stratégies de l'attractivité

2.1) Management de l'attractivité : Positionnement, programmes et publics

2.2) Une communication offensive

2.3) La gestion de l'aspect testimonial passe par le virage digital et le Media global

2.4) LCP-An : entre perspectives et recommandations

Les mots de conclusion, Bibliographie, Annexes

> LE RAPPORT DE STAGE >

1 ) Qu'est ce que La Chaîne Parlementaire ?

2 ) Le stage et ses missions

3 ) Annexes

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AVANT-PROPOS &

REMERCIEMENTS PERSONNELS

e mémoire est réalisé dans le cadre du master 2 professionnel "Marketing et

Communication Publics" de l'IMPGT - Institut de Management Public et de

Gouvernance Territoriale (Aix Marseille Université). Cette année de master 2 en

2013-2014 s'est achevée lors du stage de fin d'études que j'ai effectué au sein du service

communication de LCP-Assemblée nationale en tant que chargé de communication.

J'appréciais déjà tout particulièrement cette chaîne, étant donné que je la suivais très

régulièrement depuis plusieurs années. Après plusieurs expériences sur le plan local et

régional, ce stage concrétise pour moi la découverte du monde audiovisuel et politique à

l'échelon national. Et quand on parle de communication publique, axe principal du master

dans lequel j'ai eu le plaisir d'étudier cette année, l'enjeu premier de ce mémoire est de croiser

les questions et enjeux autour de la communication publique avec LCP-An. Autrement dit, il

s'agit de croiser et prolonger les notions théoriques vues en cours avec le terrain de stage.

A l'issue d'un stage à la fois passionnant et formateur, je tiens à remercier les personnes avec

qui j'ai eu le plaisir de travailler au quotidien : Virginie Nicolle, directrice de la

Communication de LCP-An, Chloé Lambret, attachée de presse de LCP-An et Christophe

Mouton qui fut directeur des Programmes de LCP-An. Cette immersion au sein de la chaîne

qui "voit la politique en grand" aura été le stage idéal pour combiner mes aspirations pour la

vie politique et parlementaire et mon goût prononcé pour la communication. Le stage s'arrête,

mais notre collaboration continue.

J'adresse un grand merci à mon établissement de formation, à savoir l'IMPGT (Institut de

Management Public et de Gouvernance Territoriale) représenté ici par Christophe Alaux,

directeur adjoint de l'IMPGT et Responsable du Master "Marketing et communication

publics", et Stéphane Rizzo, Responsable de la Cellule Promotion Territoriale à la Direction

de l'Attractivité Economique de la Ville de Marseille. La qualité et la précision de leur conseil

auront été précieuses pour la réalisation de ce mémoire, mais aussi tout au long d' une année

qui fut autant enrichissante que passionnante. Là aussi, mon cursus se termine, mais j'espère

continuer ma collaboration avec l'IMPGT.

C

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« La démocratie sera pleinement réalisée le jour où la communauté

des citoyens assemblés pourra assister aux travaux de leurs

représentants »

Robespierre

« Il existe une télévision pour passer le temps, et une autre pour

comprendre le temps »

Malraux

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INTRODUCTION

57 %

C'est le taux d'abstention lors des élections européennes du dimanche 25 mai dernier. Un

chiffre, parmi tant d'autres, montrant l'affaiblissement du lien entre les citoyens et "la chose

politique". Alors, aujourd'hui et plus que jamais, la communication publique se doit de

participer à resserrer ce lien.

Le but de ce mémoire est d'essayer d'avoir une réflexion sur la communication publique

d'aujourd'hui, sur les grands enjeux et mutations auxquels elle doit faire face : c'est via

l'exemple de LCP-An que nous allons tenter de conduire cette réflexion. Il s'agira bien sur

de traiter de LCP-An, mais surtout de réfléchir. Réfléchir aux questionnements et

enjeux autour de la communication publique via LCP-An. Mais ce mémoire repose

d'abord sur une réflexion personnelle concernant un problème d’organisation, car nous allons

partir et nous baser avant tout sur le cas de LCP-An. Le cheminement consiste à partir d’un

problème rencontré au sein de l’entreprise dans laquelle j'ai effectué mon stage, et ensuite

construire une réflexion en mobilisant des notions théoriques (service public, communication

publique, stratégie digitale…). Fruit de la rencontre entre un terrain (LCP-An) et un champ

d'activité (la communication publique), la problématique sera générée par les questions que

nous nous sommes posé suite aux missions de stage réalisées. Nous essayerons de voir ce qui

rentre, théoriquement, en contradiction. Mais bien évidemment notre problématique renvoie à

des enjeux qui débordent du seul contexte du stage. On peut considérer ce mémoire comme

un travail de mise en perspective et d'application de notions théoriques.

> Un terrain de stage,

des notions théoriques

en débat

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Concernant la méthodologie utilisée pour la réalisation de ce mémoire, nous avons utilisé des

données primaires et secondaires. Lectures d'ouvrages, d'articles scientifiques, de rapports, de

lois, ainsi que des visionnages d'émissions spécifiques nous auront aidé dans nos analyses.

Notons que dans la technique de rédaction, nous avons fait une mise en valeur des verbatims :

il s'agit de discours rapporté, de paroles fortes sur des thèmes forts pour plus d'écho dans ce

mémoire. Ces "grands témoins" nous accompagneront tout au long de ce mémoire. De même,

une identité visuelle qui se veut épurée, bleu et rectangulaire, contribuera à cet

accompagnement.

Nous nous sommes aussi appuyer sur deux entretiens : cette transmission d’expérience

constitue un éclairage déterminant et apporte une valeur ajoutée incontestable à cette étude.

Ces deux entretiens semi-directif ont été réalisé avec Christophe Mouton, qui fut directeur des

Programmes de LCP-An, et Sarah Salis, responsable du Media Global de la chaîne.

"L’entretien semi directif combine attitude non directive pour favoriser l’exploration de la

pensée dans un climat de confiance, et projet directif pour obtenir des informations sur des

points définis à l’avance1 " : "Directif" parce que j’invite mon interlocuteur à s’exprimer sur

les thèmes qui m’intéressent, et "semi" parce qu’il ne s’agit pas d’enfermer le discours dans

des questions prédéfinies ou dans un cadre trop rigide. Il convient de laisser l’interlocuteur

s’exprimer librement pour pouvoir bénéficier de ses connaissances, mais dans un certain cadre

au travers de relances, reformulations, demandes d’éclaircissements et d’informations

complémentaires.

Ces deux entretiens auront donc été importants pour mieux cerner la personnalité de la chaîne,

pour mieux appréhender les enjeux qui la traversent et le substrat dans lequel elle baigne…

entre mission de service public et sphère politique, entre enjeux économiques, politiques,

sociétaux et audiovisuels, entre ses racines marquées par l'histoire et la politique, entre

pertinence et attractivité. Ainsi, l’objet de ce mémoire est de plonger dans l’équation

pertinence et attractivité : Comment un média d’utilité publique peut-il concilier

pertinence et attractivité auprès du grand public ? Comment faire rimer mission de

service public et attractivité auprès du grand public dans le paysage audiovisuel français

pour La Chaîne Parlementaire Assemblée nationale (LCP-An) ?

1 Berthier Nicole, Les techniques d’enquête en sciences sociales, Armand Colin, 2010

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Pertinent : « Qui manifeste de la compétence, qui est intelligent, judicieux »

Attractivité : « Caractère de ce qui est attractif. Qui a la propriété d'exercer une

attraction, qui plaît, qui séduit, qui attire »

Définitions du Larousse

Pendant longtemps, certains observateurs pensaient que pertinence et attractivité ne pouvaient

pas être combiné... LCP-An fait le pari que pertinence et attractivité sont conciliables, ce qui

voudrait dire qu'il n'y a pas d'antinomie entre ces deux notions. Encore faut-il trouver les

écritures les plus accessibles, un souci quotidien à La Chaîne Parlementaire.

Dans une première partie, nous tenterons de caractériser ce qui fait la pertinence de LCP-An :

nous démontrerons que LCP-An est bien une chaîne de service public. Pour cela, nous nous

appuierons sur les statuts de la chaîne avec la mission de service public et ce que cela

implique, entre spécificités et contraintes.

Dans un second temps, nous verrons comment le 106 de la rue de l'Université s'empare de

cette mission pour en faire une matière audiovisuelle attractive pour le plus grand nombre. En

effet, cette mission de service public analysée en partie 1 ne saurait se suffire à elle même :

pour que cette stratégie soit gagnante, il faut passer et penser au plus grand nombre.

Autrement dit, il convient de rendre le contenu attractif pour tous les citoyens. Ce deuxième

temps du mémoire sera donc consacré à un décryptage des outils et stratégies de l'attractivité.

Une attractivité qui doit s'écrire à travers les programmes, les choix éditoriaux, et la

communication.

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LA MISSION DE SERVICE PUBLIC DE LCP-AN :

CARACTERISATION, SPECIFICITES ET

CONTRAINTES

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1.1) CONTEXTUALISATION ET CARACTERISATION DE LA MISSION DE

SERVICE PUBLIC DE LCP-AN

A - LCP-An : Communication publique ou Communication politique ?

La communication institutionnelle

Dans cette première sous-partie, nous allons nous demander dans quel champ se situe notre

objet d'étude, ce qui nous permettra ensuite de mieux le cerner et de mieux appréhender les

questionnements qui le traversent. Bien plus encore, il s'agira de croiser notre objet d'étude et

le champ auquel il appartient.

La communication institutionnelle " est souvent définie en fonction de deux qualificatifs :

politique et publique (...) ce qui atteste du flottement théorique qui entoure cette

communication dont la perception n’est pas totalement stabilisée2 ". Un champ d'activité, et

surtout une perception de ce champ bien souvent floue, incertaine et imprécise. Et pour cause.

Qu'est ce qui est de l'ordre du public ? Qu'est ce qui est politique ? Un Président de la

République sortant et candidat à sa réélection fait-il de la politique, travaille-il sur des

politiques publiques, les deux ? Un parlementaire travaille-il à représenter l'intérêt général,

travaille-il à sa réélection, les deux ? Avant toute tentative de caractérisation, disons le, nous

ne sommes pas en présence de deux champs clairement distincts : les champs de la

communication publique et politique se croisent, s'entrecroisent, se regardent en chiens de

faïence parfois, mais cohabitent bon an, mal an, sous le toit de la même maison : la

communication institutionnelle. Parmi leurs points communs, les deux champs en question

cherchent, tous les deux, à promouvoir, à mettre en valeur. La communication politique

préfèrera mettre en avant un candidat, un parti politique, une idéologie. La communication

publique, quant à elle, permet " de promouvoir l’institution en créant une image positive

d’elle-même directement ou par la promotion des services qu’elle rend3 " .

2 BESSIERES Dominique, "La définition de la communication publique : des enjeux disciplinaires aux

changements de paradigmes organisationnels", Communication et organisation, 2009 (n°35), p. 14-28.

3 MEGARD Dominique, "Sur les chemins de la communication publique", Les Cahiers Dynamiques, 3/ 2005 (n°

35), p. 26-30

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Et forcément, cette mise en valeur, ou tentative de mise en valeur sera confrontée à quelques

limites comme les joutes oratoires parfois surjouées lors des "QAG" (Questions au

Gouvernement), sans parler des polémiques ou affaires qui jettent un certain discrédit sur des

mois voire des années d'effort de communication. Mais avant même cette volonté de

promouvoir, encore faut-il être connu des citoyens, qu'on soit une politique publique ou un

candidat aux élections : la communication (publique et politique) sert à "se faire connaître et

reconnaître" (Bessières, 2009) avec un double objectif : "identification et légitimation". Voilà

pour les principaux points communs entre communication politique et communication

publique. Arrêtons-nous maintenant sur le champ de la communication politique.

La communication politique n'est jamais loin

On le voit bien, différencier très distinctement communication publique et communication

politique n'est pas une sinécure. Mais cette difficulté commence dès la définition de l'un des

champs. Selon Dominique Wolton, la communication politique est " l’espace où s’échangent

les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s’exprimer publiquement

sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique à

travers des sondages4 ". Mais pour définir la communication politique, encore faut-il savoir

jusqu'où va la politique. Aujourd'hui, on a une vision poreuse du champ politique, non

restreinte aux élus, et ouverte à une kyrielle d'acteurs comme les sondeurs, les médias, les

lobbys, les think tanks, les associations… On ne se demande pas si le champ politique est

clos, mais à qui est-il ouvert. Au-delà de ces questionnements, il apparaît que là où il y a

influence il y a porosité : s’intéresser à un média, surtout quand il est "parlementaire, politique

et citoyen comme LCP-An", c’est s’intéresser aux champs adventices du champ politique, un

champ traversé par d’autres champs et d’autres acteurs avec plusieurs articulations. Le champ

politique doit donc être élargit à ces champs adventices (sondeurs, lobbys, think tank,

médias…) : ces derniers ne veulent pas gouverner, mais ils exercent des effets dans la lutte et

appartiennent au champ politique malgré eux. Par leur influence et leurs activités, ils

participent au débat public et alimentent le centre du champ politique. Cela voudrait donc dire

que LCP-An contribue à alimenter (par ses programmes, ses invités...) le centre du champ

politique, sans pour autant être au centre du jeu politique et sans faire de communication

politique à proprement parler.

4 WOLTON Dominique, "Les contradictions de la communication politique", Hermès, 1995, p. 107-124

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De plus, son positionnement en tant que "chaîne politique" pourrait la rapprocher du champ

de la communication politique. Eu égard aux thématiques et évènements politiques qu'elle

traite, la chaîne semble donc liée à la politique. On peut même noter qu'elle consacre un

magazine spécialement dédié à la communication politique, à savoir Mediapol, présenté par

Valérie Brochard. C'est un magazine que l'on peut considérer comme la nouvelle formule de

l'émission "Com'en politique" diffusé de 2011 à 2013.

Il faut ajouter à ces liens, entre LCP-An et le champ de la politique, que LCP-An demeure lié

au pouvoir politique par son financement et son conseil d'administration. Cela n'est pas un

jugement de valeur, c'est un fait. L'Assemblée nationale nomme le Président de LCP-An et

fixe la dotation annuelle de la chaîne. Siégeant en qualité de représentants de l'actionnaire

unique de LCP-An, les députés membres du Conseil d'Administration de la chaîne sont

nommés par le Bureau de l'Assemblée nationale. Quelle que soit sa taille, chaque groupe

parlementaire dispose ainsi d'un représentant au Conseil : Claude Bartolone (Président de

l'Assemblée nationale), Denis Baupin, (vice-président de l'Assemblée nationale, président de

la délégation chargée de la communication et de la presse), Isabelle Attard (groupe

écologiste), Bernard Roman (groupe SRC5), Marie-George Buffet (groupe GDR

6), Yannick

Favennec (groupe UDI7), Franck Riester (groupe UMP

8) et Paul Giacobbi (groupe RRDP

9).

Le Conseil d'Administration est présidé par Gérard Leclerc, PDG de LCP-An.

Ces liens fonctionnels avec le champ politique font que LCP-An est confrontée à un défi

quotidien : dans un contexte de défiance vis à vis du monde politico-médiatique, la chaîne

doit faire état au quotidien de sa neutralité, de son indépendance et du fait qu'elle est

distinctement détachée du champ politique, sans quoi elle perdrait toute crédibilité. Cette

neutralité est une exigence des citoyens-téléspectateurs qui attendent de LCP-An qualité,

indépendance et impartialité. Mais cette proximité avec la sphère politique entraîne des

ambiguïtés : certaines personnes, moins initiées, font la confusion entre LCP-An et le monde

politique, tout cela formerait un "tout".

5 Socialiste, républicain et citoyen

6 Gauche démocrate et républicaine

7 Union des démocrates et indépendants

8 Union pour un mouvement populaire

9 Radical, républicain, démocrate et progressiste

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Nous venons de traiter des liens qu'entretient LCP-An avec le champ politique et celui de la

communication politique. Mais ce champ politique possède une connotation partisane et

électorale, ce qui est fondamentalement à l'opposé de la mission de service public de LCP-An,

de la neutralité et de l'indépendance éditoriale dont elle doit faire preuve. Son centre de

gravité serait donc nettement plus proche du champ de la communication publique.

Le champ de la communication publique

« Devant le déploiement croissant de la société de l’information, la communication

publique s’affirme aujourd’hui comme une nécessité incontournable des institutions et

des états démocratiques »

Cap Com - Charte de Marseille, Novembre 2002

Informer, écouter. Ces deux mots sont l'alpha et l'oméga de la communication. De toute

communication : un émetteur, un récepteur, un feedback. Cela est encore plus le cas quand on

parle de communication publique. Informer le citoyen, certes. Mais pas que. Informer et

écouter. LCP-An informe par ses journaux, émissions et magazines, et depuis quelques années

la chaîne a mis en place plusieurs outils lui permettant de développer cette écoute du citoyen

si indispensable aujourd'hui. Mais nous analyserons ces outils plus loin dans ce mémoire

(notamment le digital en 2.3).

"La communication publique est la communication formelle qui tend à l’échange et au

partage d’informations d’utilité publique, ainsi qu’au maintien du lien social, et dont la

responsabilité incombe à des institutions publiques ou à des organisations investies de mission

d'intérêt collectif" (Zémor, 2008). Il ne s'agit donc pas de la seule mission d'informer quand

on s'inscrit dans la communication publique : cela va bien au-delà, ne serait-ce que dans la

volonté de "nourrir la connaissance civique et de faciliter l’action publique". Bien plus encore,

ce champ revêt une dimension qualitative qui fait aussi sa spécificité : "Les contenus de cette

communication sont par nature – et aussi par effort insuffisant d’énonciation – difficiles à

exprimer. Ils n’ont rien de la simplicité de la promotion d’un produit de consommation

courante ou d’un service offert par un prestataire" (Zémor, 2008).

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Il y a aussi la notion au combien importante d'accompagnement. Oui, la communication

publique accompagne (un processus, une décision, la compréhension d'une loi ou d'une

politique publique... ). Probablement que cette idée, que l'on pourrait qualifier de plus

"douce", la distingue d'une communication politique qui peut être perçue comme plus dure,

voire machiavélique. On pourra remarquer que le terme de militant a la même racine

étymologique que le terme militaire, qui vient du latin "militare" (être soldat). La

communication politique est d'ailleurs "communément appréhendée comme une tentative de

manipulation des citoyens ou comme une tentative de viol des foules au profit des intérêts du

Prince10

". LCP-An a donc été crée pour participer à cet accompagnement du citoyen.

Accompagne-elle suffisamment le citoyen ? Chacun pourra se faire son avis. Toujours est-il

que cet objectif est inscrit dans les statuts de la chaîne. On peut citer par exemple "L'Echo des

lois" : ce magazine de la rédaction propose des investigations sur les modalités d’application

d’un texte de loi pour mettre en évidence ses enjeux et ses éventuels dysfonctionnements.

Alors prenons un peu de recul dans notre analyse pour voir dans quelle communication

publique LCP-An se situe et surtout dans quel contexte, grâce à une application du principe

des 6 grandes étapes de la communication publique de Marc Thébaut11

: selon le spécialiste en

communication publique et directeur de la communication de l'agglomération de Caen, les 6

grandes étapes de la communication publique sont : "la propagande, l'information, la

communication surdouée, les instruments et la technologie, la phase relationnelle, le

marketing et ses outils". En effet, depuis la période de l'après-guerre on a bel et bien changé

de paradigme : la puissance publique a beaucoup réfléchi à comment informer et garder un

lien avec les citoyens. Voilà un questionnement important qui existe chez LCP-An, comment

informer et garder un lien avec le citoyen. En communication publique, on était autrefois à

l'ère de la propagande, mais bien des phénomènes sociopolitiques sont depuis passés par là :

décentralisation, gouvernance, apports de la technologie et du marketing, vague participative

et réseaux sociaux nous ont progressivement emmenés de la propagande à la communication

participative.

10

LE SAEC Olivier, "Le métier de communiquant public et la démocratisation de l'action publique",

Communication et organisation, 2012 (n°41), p.41-50

11

thebaultmarc.expertpublic.fr

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LCP-An tente de prendre le train en route d'un environnement social qui change en s'adaptant

notamment au tournant participatif et social media. Cette évolution de la communication

publique se doit d'être mis en lien avec la dynamique de fond qu'est l'évolution du lien entre

gouvernants et gouvernés. "Initialement conceptualisée comme une forme de propagande de

l’État, désormais, la communication publique s’inscrit dans le cadre des missions de

l’information de service public et en respecte les règles en vigueur, tant déontologiques que

juridiques" (Le Saec, 2012). Et qui dit lien avec le citoyen dit pédagogie et donc meilleure

lisibilité : la communication publique permet "d’assurer la lisibilité de l’action, des décisions

et de leurs motivations" (Mégard, 2005). Les programmes de LCP-An tentent, par plus de

temps laissé à l'analyse, d'assurer cette lisibilité de l'action publique.

Information et écoute, accompagnement, pédagogie et amélioration de la lisibilité sont les

grands marqueurs de la communication publique dans lesquels LCP-An tente de s'inscrire. Le

dernier marqueur de cette communication publique qu'il nous faut aborder, c'est la demande

de transparence. "Faire savoir ce que l’on fait et expliquer pourquoi et comment on le fait est,

dans un État démocratique, l’un des premiers devoirs de l’institution publique" (Mégard,

2005). Ici, la pédagogie rejoint la transparence. LCP-An place ce soucis de transparence dans

sa base line : "sens, transparence, exigence".

En résumé, il semble que la communication publique a vocation à être l'interface entre le

citoyen et l'institution, avec notamment une volonté pédagogique qui se propose d'expliciter

des processus et modalités parfois techniques : sens, pédagogie, lisibilité, visibilité,

transparence... et interactivité. Proposer une nouvelle porte d'entrée de l'Institution et de

l'action publique, tel est le nouveau paradigme qui est dessiné par la communication publique

d'aujourd'hui, telle est vocation de LCP-An. Ouvrir les portes du Palais Bourbon, mais aussi

des lois, des institutions, des arcanes du pouvoir, des processus décisionnels...

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Une application directe de communication publique sur l'antenne de LCP-An :

LCP-An exprime son souci de la responsabilité sociale à l’antenne, notamment par la

diffusion régulière de messages citoyens : la diffusion de campagnes institutionnelles

citoyennes, pédagogiques ou humanitaires, au sein du programme court "Tous ensemble" est

censée s'inscrire dans l'engagement citoyen de la chaîne et dans une démarche de solidarité.

Différents thèmes autour de la prévention sociale y sont évoqués comme la sécurité routière,

la lutte contre le SIDA ou encore l'environnement. Il s'agit de communication sociale d'intérêt

général que l'on peut assimilé à du marketing social. Cette responsabilité sociale s'exprime

également par les partenariats noués (Sidaction, PasteurDon, APAJH, Regards jeunes sur le

cinéma, AGEPHIP, HALDE, ACSE, MIVILUDES…).

LCP-An, plus proche de la communication publique

Oui, la politique est dans l’ADN de LCP-An, et comment pourrait-il en être autrement ? : la

chaîne cherche à valoriser une histoire (chaîne de l'Assemblée nationale, chaîne de la

République) et des valeurs pour affirmer un positionnement qui fait sa personnalité. Il s’agit

de mettre en scène cette combinaison de façon attractive et valorisante : trouver la bonne

alchimie pour transformer ces atouts en de véritables moteurs d’attractivité pour la chaîne.

La communication publique est différente de la communication politique même si Dominique

Bessières parle de "chevauchements inévitables"... bien sur LCP-An n'est pas politiquement

engagé au sens partisan, mais elle montre le débat politique. LCP-An touche donc le spectre

de la communication politique, mais bien évidemment la chaîne ne fait pas de communication

politique. Sa mission de service public (que nous allons détailler) la place plutôt du côté du

champ de la communication publique, même si, comme nous l'avons vu, le champ de la

communication politique n'est jamais très loin.

> Programme court

"Tous Ensemble"

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A qui s'adresse t-on ?

Pour prolonger cette contextualisation sur le champ dans lequel s'inscrit LCP-An, c'est à dire

la communication publique, posons-nous la question suivante : a qui s'adressent les

programmes de la chaîne ? La communication politique s'adresse d'abord à l'électeur12

, la

communication publique d'abord au citoyen... ou plutôt au citoyen-téléspectateur.

"Le citoyen d’une démocratie, à la fois utilisateur et décideur des services publics, ne peut se

satisfaire des pratiques univoques de l’information ou de l’injonction" : le téléspectateur sera

plus exigeant sur LCP-An : il viendra chercher "autre chose". Le téléspectateur n'aura pas une

approche consumériste du service. Mais il ne faut pas oublier que c'est un acteur aux multiples

facettes : citoyen, téléspectateur, électeur, consommateur, contribuable, payeur de

redevance… : sur certaines chaînes, on lui demande d’être acteur en envoyant des sms

surtaxés. Sur LCP-An il peut être acteur par exemple dans l’émission "Ca vous regarde" en

tant que "sentinelle citoyenne" : on ne va pas s’adresser à sa fibre de consommateur (comme

le font les émissions de cuisine), mais à sa sensibilité de citoyen. L’étude de ces mots peut

nous aider à avoir une compréhension plus fine de l’acteur. Ce n’est pas simplement du

vocabulaire, il faut aller au-delà du lexique. Se pencher sur ces questions de sémantique est

une façon de décrypter les mutations de la sphère publique. Utiliser tel mot au lieu d’un autre

n’est pas neutre. Ici, l’acteur est à la fois téléspectateur et citoyen.

B - Service public et Intérêt général

Que disent les statuts de LCP-An ?

« LCP-An remplit une mission de service public, d'information et de formation des

citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques »

Article 2 des Statuts de la chaîne, et de la loi portant création

de La Chaîne Parlementaire du 30 décembre 1999

Nous venons de voir que LCP-An tend à se situer dans le champ de la communication

publique, un domaine qui se définit par la "légitimité de l’intérêt général et qui s’étend au-delà

du domaine public pris au strict sens juridique" (Zémor, 2008).

12

Même si elle peut aussi s'adresser au citoyen

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En effet, LCP-An s'étend au-delà du domaine public pris au strict sens juridique : LCP-An est

une chaîne privée, mais qui a une mission de service public. Cette mission de service public,

ainsi que son inscription dans le champ de la communication publique font que la chaîne

apporte une attention toute particulière, pour ne pas dire centrale, à la notion d'intérêt général.

Cela se traduit par une volonté de s'adresser au plus grand nombre, à tous les citoyens, et

sous-entend une certaine démocratisation de l'action publique.

LCP et sa mission de Service public passés sous le crible du Droit

La notion de service public apparaît comme une notion complexe du Droit administratif. La

notion qui émerge au 19ème siècle était au départ une notion idéologique et politique, qui sera

ensuite saisie par le Droit. Il s'agissait de défendre l'intérêt général et d'organiser la vie

sociale. Toujours est il que la notion revêt une dimension idéologique et politique forte, dans

un pays où les citoyens y sont très attachés. La notion n'est donc pas politiquement neutre.

Au niveau du Droit, le service public est une activité d'intérêt général assurée soit par

une personne publique, soit par une personne privée rattachée à une personne publique,

et soumise à un régime juridique particulier. C'est ici le cas pour LCP-An qui est une

personne morale de droit privée rattachée à une personne publique.

Voyons maintenant les critères du service public : il y en a trois, qui sont d'ailleurs mouvants :

- Critère finaliste : C'est la mission d'intérêt général, c'est le noyau dur, le critère

indispensable. La satisfaction de l'intérêt général justifie l'existence d'un service public. Mais

outre ces éléments, il faut souligner l'évolution de l'intérêt général, car cette notion n'a cessé

de se diversifier et de s'étendre. Certains experts disent qu'elle serait devenue protéiforme,

sans oublier le mode de gestion qui peut aussi semer le trouble dans la perception : une

personne morale de droit privée peut assurer une mission de service public, si elle est

rattachée à une personne publique : c'est bien la cas pour LCP, personne morale de droit privé,

rattachée à l'Assemblée nationale.

- Critère organique : Qui dit service public dit personne publique ? Quid des personnes

privées ? A partir de 1938, le juge admet qu'une personne de droit privé peut gérer un service

public. Par conséquent, ce critère organique a perdu son unité. Néanmoins, il sera toujours

présent car il faudra toujours quelqu'un pour gérer un service public donné. Et même quand il

y a une personne privée, on retrouve toujours une personne publique : ici l'Assemblée

nationale.

Page 20: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

20

- Critère matériel : Que la personne soit publique ou privée, il existe toujours un poids des

règles de droit public qui vont publiciser le fonctionnement du service public.

Au-delà des points que nous venons d'évoquer, l'arrêt Narcy de 1963 dégage 3 critères

principaux pour savoir si l'activité d'une personne privée demeure un service public : mission

d'intérêt général, prérogatives de puissance publique confiées à l'organisation, et contrôle par

une personne publique. Les trois critères s'appliquent pour LCP-An.

Notre analyse de la mission de service public sous le prisme du Droit se poursuit via trois

principes autours desquels la notion de service public vient s'articuler :

- Principe de continuité : car le service répond à un besoin public reconnu qu'est l'information

(parlementaire, politique et citoyenne) et car il ne peut pas être exercé de manière

intermittente : le canal 24/24 assure le principe de continuité, même si le canal 13 de la TNT

est continu avec l'alternance avec Public Sénat. La chaîne continue d'émettre même durant les

périodes de vacances parlementaires.

- Principe de mutabilité (ou d'adaptabilité) : il faut rappeler que l'intérêt général n'est pas une

donnée figée et immuable. Ainsi, il faut évoluer en fonction des besoins du public : citons

l'exemple de la démarche de Media global dans laquelle LCP s'est lancée (nous développerons

ce point dans la partie 2), ou de son site internet qui évoluera fin 2014. Autrement dit, les

prestations fournies par le service public doivent toujours être adaptées aux besoins, les

prestations doivent évoluer quand ces besoins évoluent.

- Principe d'égalité : Il s'agit de l'égalité dans l'accès au service. La chaîne est gratuite,

disponible sur la TNT, l'ADSL et le web. L'égalité tient aussi dans le fait qu'elle s'adresse à

tous les citoyens : "LCP-An s'adresse, par sa politique de programmes, à l'ensemble des

publics (...) elle veille, en particulier, par des émissions destinées à la jeunesse, à promouvoir

à travers la vie parlementaire les valeurs du civisme et de la citoyenneté" (Convention entre

l'Assemblée nationale et LCP-An).

Il faut ajouter le principe de neutralité, qui est corollaire du principe d'égalité.

Page 21: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

21

Autour du service public

Les activités régaliennes semblent par nature appartenir au service public (justice, défense,

diplomatie, fonction législative, monnaie) : ces activités sont liées à l'existence même de

l'Etat. En dehors de ces activités citées, tout va apparaître comme étant discutable. Forcément

l'audiovisuel fera partie de ces points "discutables".

Ainsi, on peut dire que le contenu et les limites du service public sont contingents et

politiques, pour ne pas dire réversible. On peut donc dire qu'un service public est un choix

politique : le poids de l'Histoire, les héritages, les idéologies, les finances publiques, les

rapports de force entre groupes sociaux modèlent et façonnent les paysages des services

publics. Ajoutons que la notion est fortement liée à celle de l'intérêt général : selon le rapport

public du Conseil d'Etat "Réflexions sur l'intérêt général", l'intérêt général est la "pierre

angulaire de l'action publique, dont il détermine la finalité et fonde la légitimité".

La chaîne défend cet intérêt général, mais, il est bon de souligner le fait que la délimitation

public/privé devient de plus en plus floue ; on observe une dilution de la frontière avec une

interpénétration des logiques public-privé. La frontière entre les deux sphères demeure de plus

en plus difficile à tracer, pour les experts et surtout pour les citoyens. Sur le cas de LCP-An, la

frontière n'est pas toujours claire au premier abord pour le citoyen lambda. Mais le cas de

LCP-An nous rappelle ce que Laufer et Burlaud écrivaient dans les années 1980, à savoir

qu'une "classification binaire des organisations en public/privé ne correspond pas à la

réalité13

". L'idée serait plutôt d'avoir un continuum public-privé sur lequel se situent les

organisations. Une dichotomie trop tranchée entre public et privé ne correspond pas à la

réalité et serait contreproductive. LCP-An s'inscrit sur ce continuum : c'est une chaîne privée,

qui a une mission de service public et qui se tourne vers l'intérêt général.

13

BURLAUD Alain et LAUFER Romain, Management public : gestion et légitimité, Dalloz, 1980, p.337

Page 22: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

22

Les corollaires de la mission de service public

Au-delà des éléments vus précédemment sur la caractérisation de la mission de service public

de LCP-An, cette mission, outre la démarche d'intérêt général, implique un devoir

d'impartialité et de neutralité :

« L’Assemblée nationale et le Sénat produisent et font diffuser, sous le contrôle de leur

bureau, par câble et par voie hertzienne, un programme de présentation et de compte

rendu de leurs travaux. Ce programme peut également porter sur le fonctionnement des

institutions parlementaires et faire place au débat public, dans le respect du pluralisme

des groupes constitués dans chacune des assemblées »

Article 2 des Statuts de la chaîne, et de la loi portant création

de La Chaîne Parlementaire du 30 décembre 1999

Ainsi, dans le cadre de son indépendance éditoriale, la chaîne veille à l’impartialité de ses

programmes. En tant que media, la chaîne est forcément tenue à cette impartialité, et doit

respecter scrupuleusement le pluralisme des groupes politiques de l'Assemblée nationale. Ce

devoir de réserve s'applique d'autant plus que LCP-An est une chaîne qui a une mission de

service public. Conformément à ses statuts, LCP-An doit garantir que l’expression des

groupes politiques représentés à l’Assemblée nationale soit assurée sur son antenne de façon

équitable, et compte tenu de leur poids respectif à l’Assemblée (cf annexe 1).

Outre cette impartialité, la mission de service public implique le fait de traiter des sujets plutôt

techniques pour les mettre à la disposition des citoyens. Il s'agit en particulier des travaux

parlementaires (travaux en commissions, débats et auditions) que LCP-An doit mettre à la

disposition du plus grand nombre. Nous verrons dans la seconde partie quels sont les outils

d'attractivité qu'elle utilise pour cela. Enfin, on peut citer comme autre spécificité de la chaîne

le fait d'être aussi tributaire de l'actualité, même si elle ne se positionne pas sur le hard news.

Mais en tant que chaîne qui traite des travaux parlementaires et de la vie politique, cela a des

conséquences en terme de programmation et en terme d'antenne, cette dernière pouvant être

bouleversée en cas d'évènement majeur.

Page 23: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

23

C - Pourquoi LCP-An ?

Une chaîne parlementaire... mais pourquoi ?

« Créer la Chaine Parlementaire, c'était d'abord donner une forme moderne au

contenu du Journal Officiel. C'est un travail pédagogique et civique inédit qui tente de

rendre la politique accessible au plus grand nombre. Mais cette dimension audiovisuelle

ne faisait pas partie des habitudes du Parlement, qui se fondait surtout sur l'écrit et

l'oralité en séance. Et puis quand le Parlement est mal compris et mal connu , ce sont les

bases de notre démocratie parlementaire qui en souffre »

Bernard ACCOYER, ancien président de l'Assemblée nationale, député de Haute-Savoie ,

Propos tenus lors de la Cérémonie des 10 ans des Chaînes Parlementaires, Avril 2010

Pour aller au-delà de la caractérisation de la mission de service public de LCP-An, nous

pouvons réfléchir quant à l'utilité même de la chaîne : pourquoi avoir créer LCP-An et Public

Sénat ? Nous avons vu que c'était une démarche d'intérêt général et qu'elle s'adresse à tous les

citoyens. A la croisée de cette démarche d'intérêt général et des propos ci-haut de Bernard

Accoyer, les deux "raisons de vivre" principales de LCP-An seraient donc le devoir de

pédagogie (on s'adresse à tous les citoyens, avec la notion de lien) et le fait de faire "vivre le

Parlement.

Le devoir de pédagogie :

En France, l'Administration publique et notamment l'appareil politique et législatif s'est ouvert

via les technologies de l'information et de la communication, ce qui fait que la matière

première, la matière "brute", est soudain devenue dense. "Est-elle pour autant compréhensible

par tous ? C’est cette mise en tension permanente entre une masse d’informations disponible

et accessible à tous et à tout moment, et l’indispensable dialogue qui en donne les clefs de

lecture qui fait à la fois la richesse et l’un des défis majeurs de la communication

aujourd’hui". (Mégard, 2005). LCP-An, dans sa mission, doit mettre à la disposition du plus

grand nombre cette matière "brute" dont parlait Dominique Mégard.

Page 24: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

24

La chaîne met l'accent sur des émissions à caractère pédagogique directement liées à sa

vocation parlementaire, notamment sur le vote et l’application des lois, le fonctionnement de

l’Assemblée, l’activité des commissions et les missions d’information parlementaire et les

lieux de vie du Palais-Bourbon. A travers cette valorisation du travail parlementaire, il s'agit

de rendre ces retransmissions parlementaires accessibles à tous, grâce notamment aux

accompagnements de séances mais aussi grâce à l’habillage dynamique précisant les

intervenants et les textes abordés. Autant de clés de compréhension pour mieux plonger au

cœur du débat. Une bonne utilisation du web et des réseaux sociaux (que nous verrons dans la

partie 2.3) est aussi très importante pour bien atteindre l'objectif de mettre en perspective

l’actualité parlementaire et politique.

Faire vivre le Parlement :

Il n'y a aujourd'hui quasiment plus de chroniqueurs parlementaires dans la presse écrite ; il

reste peu de journalistes encore spécialisés dans ce domaine : on peut citer André Passeron ou

Sophie Huet. Ce constat est la conséquence d'un double phénomène : d'une part un certain

effacement du Parlement, et d'autre part, l'accélération du temps médiatique où l'on ne retient

que l'essentiel dans l'urgence. Bien qu'elles soient généralistes, mais centrée sur la vie

parlementaire, les chaînes parlementaires tentent de compenser cet effacement en essayant

d'opérer un certain balancement dans un désert médiatique sur les travaux parlementaires.

La part du temps d'antenne annuel consacrée à la retransmission de travaux ou d'évènements

parlementaires est passée de 20 % en 2011 à 22 % en 2013. Ce chiffre atteint les 28 % sur le

canal 24/24, canal moins généraliste que le canal 13 et qui va plus loin dans la diffusion des

différents travaux parlementaires.

Page 25: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

25

1.2) LES CONTRAINTES BUDGETAIRES

A - Une Télévision sans publicité

Continuons notre analyse de ce qui fait les spécificités et parfois les contraintes de LCP-An et

sa mission de service public. Il nous faut à présent aborder, après avoir vu le contexte dans

lequel elle s'inscrit et ce que cela implique, les applications financières, managériales et

d'antenne de cette mission.

« La Chaîne parlementaire ne diffuse aucun message publicitaire »

Loi du 30 décembre 1999 portant création de la Chaîne parlementaire, Article 2

Une chaîne qui a une mission de service public, une chaîne comme LCP-An, dans la

conception et la représentation française, peut difficilement fonctionner avec la publicité.

Comme si publicité, pertinence et impartialité ne pouvaient pas fonctionner ensemble. "La

logique d’un média traditionnel est d’avoir une grande audience, avec, toutefois, la possibilité

de vendre cette audience aux annonceurs (...) Ainsi, si d’un coté, le média traditionnel a

toujours intérêt à suivre les sujets d’appel populaire les plus forts, d’un autre côté, il fera

toujours un découpage, un montage des sujets. Il sélectionnera ce qu’il juge le plus important

à diffuser auprès du public. C’est donc aux médias de source (soit une chaîne parlementaire,

soit une chaîne judiciaire), sans but mercantiliste ou publicitaire que revient la mission de

diffuser intégralement ce genre d’événements. Sur le territoire des médias, chacun a sa tâche

et sa place." (Sant'anna, 2006). Il est clair que cette spécificité de LCP-An de ne pas diffuser

de publicité change le coeur même de la chaîne, à savoir ses contenus, et même au-delà : on

touche là à l'ADN de la chaîne. On peut même parler d'idélogie quand on évoque les rapports

entre publicité et service public.

> Modèle de

Ranson & Stewart,

1988

Page 26: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

26

Selon Pierre Zémor, "ce caractère public fonde sa spécificité en l’écartant de la publicité et de

la communication commerciale, trop simplificatrice de la complexité du service public". Le

modèle de Ranson et Stewart montre bien cette opposition public-privé, un modèle encore

bien présent dans les esprits. Mais ce modèle de 1988 peut aussi apparaître comme dépassé

par un nouveau paradigme où les interpénétrations se multiplient. Comme nous l'avons vu

précédemment, LCP-Assemblée nationale est une entreprise privée atypique, très proche du

secteur public par sa mission et son financement, mais soumise au droit privé dans son

fonctionnement, et notamment dans la gestion des ressources humaines. L’Assemblée

nationale lui verse en effet une dotation annuelle qui constitue la quasi intégralité de ses

ressources, la publicité étant interdite sur la chaîne parlementaire. En 2013, cette dotation

représente 16.6 millions d’euros. L’approvisionnement du budget par une dotation et

l’absence de recettes publicitaires ont pour effet de distendre le lien entre le fonctionnement

de la chaîne et ses résultats d’audience. Dans une société audiovisuelle commerciale,

l’audience joue un rôle essentiel puisqu’elle conditionne l’attrait de la chaîne pour les

annonceurs et, par conséquent, les ressources tirées de la publicité. A rebours de ce schéma

traditionnel, LCP-Assemblée nationale présente l’audience comme "une ambition et non une

obsession". Cette particularité peut être perçue comme un surcroît de liberté, permettant de

juger la qualité de la chaîne selon d’autres critères que la seule performance quantitative.

B - Un paysage audiovisuel concurrentiel et l'univers de la TNT

Cette absence de publicité a des conséquences positives sur le fait que la chaîne n'est pas

tenue au diktat de l'audience, certes, mais elle a aussi des effets négatifs : la chaîne possède le

plus faible budget des chaînes de la TNT.

Source :

Dossiers de presse des chaînes,

2013

> Budget 2013 par chaîne

Page 27: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

27

Notons que LCP-An dépense son budget via la répartition suivante :

- 65% : production et achat de programmes,

- 25% : frais de diffusion de la TNT,

- 10% : frais généraux

Ces chiffres sont des ordres de grandeurs datant de 2013 (ordres de grandeur au sens où nous

avons arrondi sans tenir compte des virgules). Et quand on compare les budgets, il faut

également avoir à l'esprit, qu'outre la somme "pure", les chaînes profitent de la puissance de

leurs groupes en ce qui concerne les moyens humains et techniques (Groupes TF1, France

Télévisions, M6, Canal + ) : la chaîne LCP-An ne profite pas de la force de frappe d'un

groupe audiovisuel, mais s'inscrit bel et bien dans un paysage audiovisuel concurrentiel, à

savoir l'univers de la TNT.

En outre, ajoutons une particularité pour LCP-An, en tant que chaîne de télévision. Un service

public lambda n'est généralement pas soumis à la concurrence et n'est pas librement choisi. Or

ici le téléspectateur peut choisir sa chaîne, et pour cause le nombre de chaînes n'a cessé

d'augmenter ces dernières années. Le monde de la télévision a aussi ses codes, pas forcément

sensibles aux prérogatives du service public. Voilà donc un paradoxe car LCP-An n’est pas

dans le secteur dit marchand mais se trouve sur un bouquet de chaîne (sur la TNT pour le

canal 13 comme sur l’ADSL pour le canal 24/24) où mis à part France Télévisions, le secteur

marchand domine.

C - Coller au contexte du secteur public

Même si LCP-An est soumise au droit privé, elle se doit

de prendre part au virage opéré par le secteur public, à

savoir l'exigence d'efficience inspiré par le nouveau

management public dont les maîtres mots sont efficience,

rationalité et gestion budgétaire. Si son budget à certes

augmenter depuis 2001, la puissance publique, qui lui

fournit sa dotation, est en crise ; ce point s'avère donc très

important en terme de gestion.

> Fin des hausses budgétaires

Page 28: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

28

On peut donc se pencher sur les origines de ces courants de pensée (et notamment du nouveau

management public) qui changent les paradigmes de gestion dans le secteur public.

« Les mouvements de déréglementation internationale et le développement de la

mondialisation des marchés ont contesté l’efficacité de l’économie publique. La

résultante de ces évolutions est une contrainte intégrée d’alignement sur les modes de

gestion du privé »

Dominique BESSIERES,

Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication

La révolution intellectuelle anglo-saxonne où l'on puise dans l'Ecole néolibérale a bien

influencé les esprits et les modes de gestion. On adapte des thèmes économiques néo libéraux

au service public, entre réduction des dépenses, baisse ou arrêt des recrutements, et on

cherche à résoudre les problèmes en utilisant plus et mieux les systèmes de pilotage, de

contrôle et d'évaluation déjà existants.

Au-delà de ces inspirations liées au NPM (New Public Management), il y a, en France, et en

toile de fond à ce nouveau paradigme, la thèse de la circulaire Rocard dont la finalité était de

renouveler le service public, de le rendre plus efficace pour renforcer sa légitimité.

Il faut donc avoir à l'esprit que la gestion financière de LCP-An doit coller avec un double

contexte, à savoir les évolutions managériales inspirées du New Public Management, et le

contexte de crise et d'augmentation de la dette publique. Qui dit croissance ralentie, dit

diminution des ressources et donc augmentation de la dette publique, ce qui confirme la crise

des finances publiques à laquelle il faut ajouter une crise de légitimité, entre un

développement de l'idéologie anti-bureaucratique et des doutes quant à l'efficacité de l'Etat

providence et des politiques économiques. La raréfaction des ressources et l'augmentation de

la demande fait émerger l'idée du "faire plus avec moins" : L'organisation doit donc s'adapter

à ce contexte pour être plus efficiente.

Page 29: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

29

Face à une complexité croissante, avec des ressources limitées, il convenait donc d’optimiser

les procédures de travail de LCP-An et de fixer des priorités (certification qualité), laquelle est

un gage de confiance, la norme ISO étant perçue dans l’inconscient collectif comme un label

de qualité. C’est d’autant plus vrai que dans un contexte de défiance à l’égard des élites, la

société civile réclame des médias fiables, diversifiés et capables de jouer pleinement leur rôle

sociétal, C’est aussi valable pour les actionnaires de la chaîne qui peuvent considérer que le

média certifié agit dans un cadre sécurisé sur le plan éditorial, social, technique et financier.

1.3) L'HERITAGE DU BICAMERISME ET SES CONSEQUENCES

A - Aux origines d'une cohabitation audiovisuelle

Un canal, deux chaînes, une cohabitation

La loi du 30 décembre 1999 portant création de La Chaîne parlementaire mentionne que : "La

chaîne de télévision parlementaire et civique créée par l'Assemblée nationale et le Sénat est

dénommée La Chaîne parlementaire. Elle comporte, à parité de temps d'antenne, les

émissions des deux sociétés de programme, l'une pour l'Assemblée nationale, l'autre pour le

Sénat".

Si l'actualité politique remet régulièrement sur la table la question du millefeuille territorial,

LCP-An et Public Sénat sont aussi confrontées à un problème de lisibilité eu égard à leur

antenne millefeuille, en référence aux 8 bascules quotidiennes qui existent actuellement.

Même si ce nombre est passé de 10 à 8 en 2012, on peut clairement considérer cela comme un

obstacle. Là aussi, la politique n'est jamais loin. Ou plus précisément, c'est vers l'Histoire

politique qu'il faut se tourner pour expliquer cette situation. En effet, cette cohabitation de

deux chaînes sous le toit d'un même canal demeure le reflet du bicamérisme.

Une histoire audiovisuelle expliquée par l'Histoire

En effet, le Parlement français est bicaméral : il est composé de "l’Assemblée nationale,

chambre élue au suffrage universel direct, et du Sénat, élu au suffrage universel indirect et

chargé par la Constitution de représenter les collectivités territoriales de la République"

(assemblée-nationale.fr). La principale explication à ce bicamérisme se trouve dans la volonté

d'éviter, ou du moins dans la volonté d'anticiper et prévenir toute dérive de l'Assemblée

nationale.

Page 30: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

30

Toutefois, ce bicamérisme français se caractérise principalement par son aspect inégalitaire. Il

nous faut donc revenir brièvement sur les causes institutionnelles et historiques expliquant la

différence d'appréciation entre les deux chambres, et tout d'abord revenir aux sources du

problème.

S'il semble que ce soit la nature du régime politique qui détermine sa couverture médiatique,

les contrastes entre l'Assemblée nationale et le Senat sont des héritages historiques et

institutionnels : dans ce qu'on appelle la navette législative, l'Assemblée nationale a le dernier

mot du fait de la légitimité supérieure pour les députés qui sont élus au suffrage universel. Il

faut aussi ajouter que le Senat a un mode d'élection compliqué qui favorise l'opacité et la

complexité, ce qui alimente l'image d'un Senat replié sur lui même.

Assemblée contre Sénat ?

On peut noter une certaine inégalité de traitement entre les deux chambres : pendant que les

medias traitent des aspects plus politiques et plus politiciens, pour ne pas dire spectaculaire,

de la chambre basse, c'est le désert médiatique du côté de la Chambre Haute, probablement

victime du traitement de l'information par les médias et de son travail de réflexion et

d'approfondissement qui ne correspond ni au rythme, ni à la temporalité de l'information en

continue ou de l'infotainment. De même, les jeux et joutes politiques de l'Assemblée nationale

intéressent plus. Il y a d'un coté l'Assemblée nationale et sa "ruche de journaliste" en salle des

4 colonnes avec également la célèbre buvette des députés, et de l'autre coté le Senat et sa salle

de presse déserte. "Hors LCP et Public Sénat, on a 4 à 5 journalistes au Palais Bourbon contre

1 seul pour le Senat" selon la journaliste de l'AFP spécialiste du Sénat Suzette Bloch, qui

parle d'un "cruel contraste", avant d'ajouter que "les journalistes rendent plus compte des

évènements, situations et enjeux autours des travaux parlementaires que des travaux eux

même, en sachant aussi que beaucoup d'entre eux viennent au Palais Bourbon pour glaner des

infos, pour faire leurs courses14

". Si de plus en plus d'élus de la République pensent à exister

médiatiquement, on peut faire un autre constat peu réjouissant pour la démocratie et la vie de

la Cité, à savoir que la fabrication des lois intéresse de moins en moins les médias, qui

recherchent davantage le sensationnel.

14

Colloque "Le bicamérisme à la française : un enjeu pour la démocratie", Public Sénat, avril 2014

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31

De plus, la légitimité du Senat se trouve remise en cause, et cela à plusieurs reprises dans

l'Histoire : on peut citer l'exemple du référendum de 1969 (qui proposait une réforme du

Sénat, celui-ci devant fusionner avec le Conseil économique et social pour devenir un simple

organe consultatif) qui fut rejeté par les électeurs français, ou les déclarations de Lionel

Jospin, alors Premier ministre, dans une interview donnée au Monde en Avril 1998 : "Si on y

réfléchit bien, et sans passion, une chambre comme le Sénat avec autant de pouvoirs, où

l'alternance n'est jamais possible, qui n'est pas élue au suffrage universel direct et qui n'a

même pas la caractéristique d'être une chambre fédérale - puisque nous sommes un Etat

unitaire -, c'est une anomalie parmi les démocraties. Je la perçois connue une survivance des

chambres hautes conservatrices"

B - L'histoire, l'Histoire et la Télévision

On se retrouve donc avec deux chaînes, fruit d'un bicamérisme historique, LCP-An et Public

Sénat.

Deux chaînes, mais aussi deux logiques qui s'affrontent : Si la logique politique du

bicamérisme fait cohabiter ces deux chaînes sur le même canal, la logique économique et

audiovisuelle plaide pour une seule et même chaîne.

« Dès lors qu'on a mis des habits grand public, on doit être tourné vers ce grand public

en lui offrant plus de clarté et plus de lisibilité »

Christophe MOUTON, directeur des Programmes de LCP-An de 2005 à 2014

La logique du téléspectateur va également dans le sens d'un canal unique ; cela lui

conviendrait mieux, et il y a même des confusions de journalistes entre les deux chaînes.

L'ancien directeur des Programmes de LCP-An Christophe Mouton souligne le fait que la

venue et le développement sur la TNT plaide pour "l'unification en une seule chaîne qui traite

de l'actualité politique et parlementaire".

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32

C - Vers plus d'unité

Les deux chaînes font antenne commune sur les évènements politiques comme les soirées

électorales, celle des élections européennes s'est déroulée chez LCP-An, celle des élections

municipales ayant eu lieue dans les locaux de Public Sénat. Forcément pour un tel évènement,

plus de moyens sont nécessaires, à l'image du besoin en reporters dans les différents QG.

L'émission "Europe Hebdo" alterne quant à elle chaque jeudi, entre une présentation par

Ahmed Tazir de LCP-An et Nora Hamadi de Public Sénat. Autre coproduction entre les deux

chaînes, l'émission "Parlement hebdo", présentée par Kathia Gilder de LCP-An et Michael

Szames de Public Sénat. Ces coproductions constituent la preuve qu'il y a bel et bien vocation

à entamer un chemin vers une seule chaîne au final. La Convention entre l'Assemblée

nationale et LCP-An signée le 7 septembre 2000 mentionne que "la chaîne travaille en étroite

collaboration avec Public Sénat pour établir la programmation de La Chaîne parlementaire".

Mais avec ce qui s'apparente à un millefeuille programmatique constitué de plusieurs bascules

(8 actuellement) qui représentent une limite à la lisibilité de la grille des programmes, le

bicamérisme est devenu un obstacle pour l'attractivité de ces chaines, car la logique

audiovisuelle plaide pour une seule chaîne plus forte, d'où la nécessité de franchir aujourd'hui

un cap d'attractivité. A ce propos, la réorganisation de la grille, effective depuis le 1er octobre

2012 grâce à une réduction du nombre des bascules entre LCP-An et Public Sénat, permet

notamment de renforcer les actions de décryptage des travaux de l’Assemblée nationale les

mardis et mercredis après midi, jours de forte actualité parlementaire. Autre argument de

poids, les économies d'échelle qui seraient intéressantes, surtout dans un contexte où le

service public est appelé à "donner l'exemple". Mais la résistance d'un Sénat qui craint de

disparaître, eu égard au centre de gravite du Parlement qui penche davantage vers l'Assemblée

nationale, freine l'idée d'une fusion des chaînes parlementaires.

> Deux logos, antenne commune

lors de la soirée électorale

Européennes 2014

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33

DES CONTRAINTES QUI SONT DEVENUES DES

DEFIS QUE LCP-AN ENTEND RELEVER : LES

OUTILS ET STRATEGIES DE L'ATTRACTIVITE

Page 34: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

34

2.1) MANAGEMENT DE L'ATTRACTIVITE : POSITIONNEMENT,

PROGRAMMES ET PUBLICS

« LCP-An doit faire la synthèse entre les contraintes de l'actualité et un temps législatif

forcément plus long »

Laurent FABIUS, ancien président de l'Assemblée nationale, ministre des Affaires Etrangères

Propos tenus lors de la Cérémonie des 10 ans des Chaînes Parlementaires, Avril 2010

A - De la création à aujourd'hui, d'un défi à l'autre

Un peu plus d'un siècle s'est écoulé entre les lois constitutionnelles de 1875 formalisant le

bicamérisme et la venue des caméras dans les "camere" françaises au début des années 1990.

Mais au début de cette histoire cathodique et politique, il y a eu une nette frilosité de la part

du monde politique sur le fait d'installer ces caméras dans ces enceintes, à tel pont qu'un

certain nombre de voix s'étaient élevées contre ces chaînes parlementaires. A l'époque, le pari

était audacieux : "Au début, il fallait être un pionnier, il fallait oser" selon l'ancien Président

du Sénat Gérard Larcher. Laurent Fabius rapporte que "la réalité c'est que ça s'est mal passé,

et au début, c'était un carnage ! Toute une partie des parlementaires disait que ce sera du

bourrage de crane et que ça coutera trop cher. Je pensais à l'époque que ce n'était pas normal

de ne pas avoir un télévision dédiée au parlement (...) et puis les sénateurs tenaient beaucoup à

leur indépendance, et il y a donc eu deux chaines"

"L’acte d’informer n’est pourtant pas toujours spontané, en particulier dans le monde

administratif et institutionnel français. Détenir et surtout retenir l’information est un mode

d’exercice du pouvoir… De l’Agora d’Athènes au garde champêtre et ses avis à la population,

de la Gazette de Théophraste Renaudot au Journal officiel, des placardages et affiches d’avis

aux notifications individuelles…, les textes et actes officiels ont, eux, toujours été transmis,

sous des formes plus ou moins lisibles ou accessibles. La culture de l’information est

aujourd’hui, cependant, plus largement répandue qu’hier" (Mégard, 2005). Cette citation fait

écho au besoin de transparence d'aujourd'hui.

Page 35: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

35

Plus rien ne sera comme avant, et les citoyens devenant de plus en plus éduqués et ayant de

plus en plus accès aux technologies du numérique, ce besoin de transparence ne reculera pas,

et ça les institutions et communiquants publics le savent bien. Les "pionniers-créateurs" des

chaînes parlementaires ont bien compris à l'époque l'intérêt de créer ces chaînes créatrices de

lien.

Mais aujourd'hui, contrairement à la période où LCP-An et Public Sénat ont été créees, on ne

remet plus en cause l'existence même de ces chaînes : elle ont acquis une légitimité. Le

premier pari est donc gagné. Désormais, le défi est de rompre avec une image élitiste et

parfois poussiéreuse. LCP-An entend le relever en faisant rimer pertinence et attractivité :

quotidiennement, la chaîne de la République est mise au défi de réfléchir à comment on met

cette matière première que sont les travaux et débats parlementaires à destination plus grand

nombre. Comment faire en sorte de toucher le grand public, tout en restant dans les

prérogatives de sa mission de service public que nous avons vues en partie 1. Comment aller

au delà des freins que sont la fragilisation du lien citoyens-politiques et l'accélération du

temps... et bien justement, la stratégie de la chaîne est de transformer ce double frein sociétal

en un positionnement fort.

B - Positionnement sur un resserrement du lien politiques-citoyens

Selon Jérôme Bourdon, le service public se trouve en position de faiblesse et attaqué par ce

qu'il appelle "la radiotélévision commerciale". Mais pour lui ce n'est pas vraiment l'aspect

commercial en lui même qui attaque le service public, c'est surtout "sa pertinence qui

n'apparaît plus15

". Ce ne serait donc pas une attaque des chaînes commerciales qui affaiblit le

service public, mais le service public lui même qui peine à affirmer sa différence, sa patte, sa

signature. La stratégie de LCP-An sera alors de s'affirmer via une signature bien à elle. Une

signature différente. Elle va, comme nous venons de le dire, transformer ce double frein

sociétal en un positionnement fort : entre lien politiques-citoyens, et positionnement sur le

temps.

15

BOURDON Jérôme, "Le service public de la radiotélévision : l'histoire d'une idéalisation", Les Enjeux de

l'information et de la communication, 2013/2 n° 14/2, p. 15-26.

Page 36: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

36

Au quotidien, et ne serait-ce que dans les réactions téléspectateurs reçues sur les réseaux

sociaux ou par voie plus classique (courrier, appels téléphoniques, mails) LCP-An perçoit,

touche et ressent tous ces phénomènes alarmants qui traversent notre société : abstention

grandissante, rejet de la classe politique, individualisme et formes d'extrémisme, tout cela

dans un contexte de chômage et d'austérité. Selon le Président de LCP-An Gérard Leclerc, ce

mauvais regard des citoyens sur le Parlement et les politiques "prend forme dans une triple

crise : celle du résultat (chômage qui ne recule pas), une crise démocratique (les affaires qui

se multiplient et problème de transparence) et une crise de la parole politique (langue de bois

et discrédit)".

Ces signaux alarmants sont rejoints par une perte des repères, ainsi que des incertitudes et des

bouleversements socio-économiques. C'est là et plus que jamais que doit intervenir la mission

de service public d'une chaîne parlementaire en donnant des clés de compréhension de la

société. A travers l'écran de télévision et les nouveaux médias, il s'agit de mettre en valeur, de

faire rayonner le Parlement et de faire vivre le débat démocratique. Cette mission

pédagogique doit se faire auprès des citoyens et en particulier auprès des jeunes. Il est bon de

rappeler ici que LCP-An a dans son cahier des charges de montrer ce qui se passe à

l'Assemblée nationale, et pas seulement la médiatique séance des Questions aux

Gouvernement : les différentes auditions, commissions et débats parlementaires doivent être

également mises en valeur. L'application concrète principale de la mission de service public

de LCP-An réside dans la volonté de renouer le lien entre le citoyen, les politiques et l'action

publique : cela passe par l'analyse, par un temps important donné au décryptage, au débat, à

l'approfondissement et la mise en perspective des questions de société, ainsi que par un effort

de pédagogie.

C - Positionnement sur le temps

Le constat du temps qui s'accélère

Dans la perte de repères évoquée précédemment, l'accélération du temps, l'évolution des

medias et du rythme des messages avec une dictature de l'instant est un constat qui doit être

fait. Le politologue Olivier Rouquan16

cite plusieurs exemples qui matérialisent cette

"Le grain à moudre", Le temps des politiques est-il compatible avec celui des politiques ?, France Culture,

Février 2012

Page 37: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

37

accélération du temps comme "l'explosion des consultations dans les urgences, des fast food,

du débit de parole, du rythme de la finance, et même des tweets dont la durée de vie n'est que

de 3 minutes". Le politologue français insiste en rappelant qu'aujourd'hui "on est passé de

l'espace au temps, vu qu'on ne compte plus la distance en kilomètres mais en heures ou en

minutes". Plus on gagne du temps grâce aux apports des nouvelles technologies moins on en

a. La technique nous a fait gagner du temps et pourtant nous manquons de temps : voilà un

sacré paradoxe. D'ailleurs avec ce rythme de plus en plus effréné, on n'ose même plus

remettre en cause la dictature du temps qui s'accélère, à tel point que les agendas et horaires

sont devenus les nouvelles normes. C'est à travers le temps, norme silencieuse, que la société

nous gouverne. Mais cette accélération n'est pas sans conséquence : la recherche du

sensationnel et de la simplification s'est imposée face à la réflexion et l'approfondissement.

Ce phénomène traverse l'ensemble de la société, et le champ politique ne fait pas exception à

la règle. En effet, la valorisation de la rapidité devient une norme qui a fait son entrée dans la

sphère politique. Par conséquent, on fait davantage appel à l'émotion pour choquer l'opinion, à

l'image des meetings de campagnes qui sont véritablement construits sur l'émotion. La

dynamique rationnelle et modérée de l'argumentation se fait bien plus rare. Et à vouloir

communiquer trop vite, ce sont les "couacs" qui s'enchaînent, où il va falloir revenir sur ses

propos, ce qui va contribuer à un important discrédit de la parole politique. Une parole

autrefois rare, mesurée et respectée. Nous étions hier dans la distance, nous sommes

aujourd'hui dans l'urgence avec des politiques qui courent après l'évènement. L'évènement

doit être permanent. Le raccourcissement du mandat de Président de la République, qui

conduit à un rapprochement des échéances électorales, peut être cité comme illustration de

cette temporalité nouvelle.

LCP prend son temps

Avec cette accélération du temps dans le champ politique, l'urgence n'est-elle pas de sortir de

la dictature de l'urgence ? A ce propos, des stratégies de résistance émergent depuis quelques

temps. Gilles Finchelstein17

évoque le développement de "stratégies de décélération qui

peuvent être perçues comme des stratégies de riposte par rapport a l'accélération, à l'image des

slow cities, du slow food, du rapport au patrimoine et à l'histoire...

17

FINCHELSTEIN Gilles, La dictature de l'urgence, Fayard, 2011, p.256

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38

Et c'est dans cette philosophie que LCP-An compte s'inscrire pour faire écho à sa mission de

service public : servir l'intérêt général c'est prendre de la hauteur et résister aux modes. Ici

c'est résister à l'emballement médiatique.

Pour Christophe Mouton, "la marque de la chaîne, son luxe, c'est le temps, car nous sommes

libéré de toute contrainte commerciale", avant d'ajouter que LCP-An "ne doit pas être une

BFM bis mais une télévision qui doit prendre son temps, qui met en perspectives et qui doit

sortir du flux ininterrompu". La ligne éditoriale est claire : la chaîne veut cultiver cette

différence et ne pas être un copié collé de ses concurrentes. En même temps, calquer sa

stratégie sur les autres la conduirait à l'échec (les chaînes d'information en continu étant déjà

bien positionnées), et ça les dirigeants de la chaîne parlementaire le savent.

Ce choix fort, et visiblement assumé, a été encouragé par un effet de balancier : plus les

chaînes d'information sont actives, plus la demande d'une chaîne de recul et de décryptage

augmente ; cette différence est plébiscitée par le téléspectateur. D'où le slogan "le temps de

penser". Cette notion de temps apparaît donc comme essentielle et centrale dans l'identité et le

positionnement de LCP-An qui se définit comme une chaîne qui donne le temps et qui prend

le temps. Dans un monde de hard news et de radicalisation des chaînes sur ce créneau, LCP-

An souhaite creuser sa différence, en "donnant des clés pour comprendre le monde".

D - Programmes : LCP-An varie les écritures audiovisuelles

De Canal Assemblée à LCP-An

Plus concrètement, ce choix de "donner le temps et prendre le temps" incite la chaîne à

privilégier toutes les écritures sur le temps pour prendre du recul et donner des clés de

compréhension du monde.

> Base line "Le temps de penser"

Page 39: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

39

Dans une démarche d'alliance entre pertinence et attractivité, c'est toute la gamme des

écritures audiovisuelles qui est utilisée : direct, info, magazine, programme court, débat &

talk, documentaire, cinéma, jeu, évènement, pièce de théâtre... et pour la première fois à la fin

2014 un match de football de l'équipe parlementaire.

C'est Christophe Mouton, directeur des programmes de la chaîne de 2005 à 2014, qui fut au

coeur de la construction de cette programmation consistant à varier les écritures

audiovisuelles pour "casser l'image terne et classique", avec un travail de vulgarisation. Pour

lui, LCP-An est "une chaîne de l'offre avant d'être une chaîne de la demande" et tout cela rend

LCP-An "unique dans sa différence, avec une offre qualitative", avant d'insister sur le fait qu'à

LCP-An "on cultive le Qualimat quand d'autres cherchent l'audimat". Toujours est-il, que l'on

aime LCP-An ou pas, que la démarche qualitative menée est incontestable : tirer les

téléspectateurs vers le haut en évitant mimétismes et raccourcis reste un leitmotiv du coté du

106 de la rue de l'Université.

L'idée était aussi de miser sur le qualitatif à forte valeur ajoutée ("ce que les autres n'ont pas" :

info labélisée, magazines spécialisés, directs politiques et évènements que la chaîne est seule à

retransmettre, offre originale en cinéma et documentaires inédits). De plus, la chaîne se doit

d'être aussi incontournable en tant que source d'information politique et faire référence dans

ce domaine : être une source crédible incontournable de l'information parlementaire en

délivrant une information "labélisante".

Pour faire naître le dialogue, il faut faire une télévision du réel en rapprochant les politiques et

les citoyens. Il faut oser casser les codes classiques, il faut de l'audace, et des émissions en

rupture avec les codes classiques des débats parfois perçus comme convenus. Les

programmes suivants sont tout à fait dans cet état d'esprit : Impertinences, Bondy Blog café,

J'aimerais vous y voir, Tout dépend 2, Rock n Pol, Toques et politique, Egaux mais pas trop.

Quant aux films, fictions et documentaires, ils permettent de mieux voir et entrevoir les

problématiques soulevées en filigrane. Les réalisateurs font état du monde réel, tel qu'il a été

et tel qu'il va, avec ses pleins et ses déliés.

Cette variation des écritures et ces différents choix évoqués ont contribué à enrichir la

programmation et à faire de l'ex Canal Assemblée Nationale une véritable chaîne de télévision

bien installée sur la TNT.

Page 40: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

40

Gestion et management de la grille des programmes

Dans cette ambition quantitative qui parie sur l'exigence qualitative, il a fallu, outre

l'utilisation de toutes les écritures audiovisuelles, améliorer la structure des programmes :

avoir des marques phares, plus fortes, et une identité renforcée, afin d'être plus lisible et

d'affirmer ce positionnement dans l'ensemble de l'offre existante sur le PAF. Il faut dire que

sur ce paysage audiovisuel français, LCP-An est en "concurrence directe avec les autres

médias que sont la presse, la radio, et bien sûr les sites Internet. Pour résister à cette

concurrence, les chaînes se doivent d’être innovantes sur certains critères comme l’accès aux

programmes18

". D'où cette nécessité d'améliorer la structure des programmes.

Afin de donner plus de rayonnement à l’actualité parlementaire, LCP-An a procédé à une

première modification de sa grille, avec la programmation d’une grande session d’actualité

parlementaire quotidienne du lundi au vendredi de 14h à 16h30. Il s’agit d’offrir un rendez-

vous fort, un rendez-vous "repère" à horaire fixe qui permette aux téléspectateurs de pénétrer

chaque jour à l’Assemblée nationale et d’appréhender son actualité.

En outre, la chaîne doit veiller à ce que ses rendez-vous soient proposés à des moments de la

journée où la programmation des autres supports se consacre à d’autres genres spécifiques19

.

Pour se différencier, la chaîne a modifié sa grille à la rentrée 2013 en prenant trois décisions :

décaler les journaux pour se différencier des autres chaînes (journal à 14h et à 19h30), offrir

chaque soir à 20h30 une programmation documentaire, et, diffuser le débat interactif "Ça

vous regarde" en direct à 19h45 avec rediffusion avancée à 23h30.

La grille de rentrée de septembre 2013 s’est traduite par une meilleure lisibilité : grâce à la

diminution du nombre d’émissions pour faire place à de vrais rendez-vous, avec des cases

horaires régulières, soit des horaires fixes et des présentateurs identifiés tels que : Politique

matin, Parlement’air, Ça Vous Regarde, Docs ad Hoc, Entre les lignes, Médiapol… des

rendez-vous également plus longs pour éviter au maximum le zapping. Le nombre

d’émissions récurrentes dans la grille est ainsi passé de 34 en octobre 2012 à 26 en octobre

2013.

18

FARCHY Joëlle et al., "Chaînes publiques de télévision en France et innovation numérique", Les Enjeux de

l'information et de la communication, 2013/2 n° 14/2, p. 161-184.

19

On parle de contre-programmation

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E - Publics

Audiences, cibles

« Une politique de programmes, variant les écritures audiovisuelles, permettra à la

chaîne de viser une audience large et de s’adresser à l’ensemble des publics »

Rapport sur le C.O.M (Contrat d'objectifs et de moyens), 2013

LCP-An a su s'imposer dans le paysage audiovisuel, mais comme nous l'avons dit

précédemment, eu égard au budget de la chaîne (cf figure 4) par rapport aux chaines

d'information en continu et aux autres chaînes de la TNT, LCP-An se doit de proposer "autre

chose" en jouant sur le qualitatif ou en proposant d'autres contenus à d'autres horaires (contre-

programmation). Pour les contenus, prenons l'exemple de l'actualité : celle-ci ne doit pas être

une fin en soi, mais l'idée est de se servir de l'actualité (exemple de l'émission "Ça vous

regarde") en essayant d'aller plus loin pour tenter d'apporter une valeur ajoutée.

Alors la question qui se pose est : ce choix du "qualitatif", de la contre-programmation et de

programmes "différents", est-il payant ? Difficile de répondre à cette question car LCP-An

n'est pas mesurée par Médiamétrie (pour des raisons budgétaires), car la chaîne possède dans

ses statuts une mission de service public et car elle ne diffuse pas de publicité, ce qui l'éloigne

de la course à l'audience dans laquelle tout le paysage audiovisuel français est lancé. Mais il

n'en demeure pas moins que LCP-An reste une chaîne de télévision, ce qui implique

forcément une préoccupation pour l'audience avec la mesure de la satisfaction du

téléspectateur. L'audience, oui. Mais pas trop. Certains verront cette situation de faire rimer

pertinence et performance comme un paradoxe, d'autres diront que c'est ce qui fait la

spécificité de la chaîne.

« L'audience est une ambition, pas une obsession »

Christophe MOUTON, directeur des Programmes de LCP-An de 2005 à 2014

Nous devons préciser que LCP-An est tout de même mesurée par l'Institut Digitime à partir

des données collectées auprès de téléspectateurs connectés à l'ADSL via des box SFR, soit 2

millions de foyers.

Page 42: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

42

Si nous venons de voir comment la chaîne est passée de Canal Assemblée à LCP-An, la date

de 2005 marque un tournant de premier ordre dans son histoire. En effet, l'arrivée sur la TNT

en 2005 c'était une ouverture au grand public au sens large. Avant cette date, LCP-An était

une chaîne parmi 200 sur le satellite, puis en 2005, 1 parmi 20 sur la TNT. La chaîne a tenté

de rebondir sur le trampoline numérique de la TNT. Avec ce mode de diffusion qui a évolué,

rendant LCP-An disponible pour le plus grand nombre, il a fallu penser pour le plus grand

nombre avec 2 piliers : attractivité et pertinence. Autrement dit il fallait

"désinstitutionnaliser". Avec la TNT la mission de service public prenait tout son sens car

l'enjeu était d'intéresser le plus grand nombre. La TNT correspond bien à la télévision du plus

grand nombre : "Au second semestre 2011, environ 26,6 millions de foyers, soit 99% des

foyers équipés de téléviseurs, ont accès à la télévision numérique (TNT, câble, satellite,

ADSL…)"20

.

Bien sur, entre le souhait de toucher tous les citoyens et le fait de vraiment tous les toucher, il

y a encore de la marge. LCP-An arrive en queue de peloton des chaînes de la TNT, mais eu

égard à ses contraintes, elle n'a pas à rougir de son audience moyenne qui estimée à 0.3%. de

part de marché en 2013. Encore faut-il voir ce qui se cache derrière ce chiffre brut.

En effet, "malgré leur apparente scientificité, ces chiffres bruts et parfois brutaux n'ont guère

de sens objectif en eux-mêmes mais seulement replacés dans un contexte plus général." (Le

Diberder, 2003)

20

"Les chiffres clés de l'audiovisuel français", Etude du CSA, 2013

> Audience par chaîne

en part de marché

Sources : Dossiers de

presse chaines, 2013

Page 43: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

43

La chaîne annonce une audience cumulée de 14.8 millions de téléspectateurs par semaine. On

peut citer les meilleures audiences de l'année 2013 : 1.6% de part de marché pour l'audition de

Jérôme Cahuzac, 1.1% pour le documentaire "La malédiction de naître fille". Il faut dire que

les évènements ainsi que l'offre en documentaires et films donnent des chiffres d'audience

satisfaisants, tout comme les rendez-vous réguliers que les téléspectateurs plébiscitent

(Politique Matin, Ca vous regarde).

Pour l'horizon 2016, LCP-An s'est donné pour objectif de consolider l'audience linéaire de la

chaîne. Il apparaît que la cible privilégiée serait "CSP+, masculin, plutôt senior". D’après une

enquête menée par Médiamétrie en Novembre 2008, les téléspectateurs de la Chaîne sont en

majorité masculins âgés et vivant dans des villes de plus de 100.000 habitants. Néanmoins la

chaîne parie aussi que les jeunes ont envie de s'approprier la politique. Pour cela, LCP-An

travaille sur des écritures où les jeunes sont sensibles, ainsi que le "média global" que nous

verrons en 2.3.

Mais comme le dit Francisco Sant'Anna, "l’audimat ne doit pas être le but de chaînes

parlementaires (...) Leurs missions doit être de démocratiser l’accès à l’information,

d’éclairer, de traduire pour le citoyen commun, les affaires les plus complexes. C’est une

mission pédagogique".

Conclusion du 2.1

La politique comme l’Assemblée nationale ont un passé, une histoire, mais la télévision fait

figure de « jeune », tout comme les nouvelles réalités de cette télévision le sont, à l'image de

la TNT : d'autres logiques, d'autres processus, presque un changement de paradigme... des

téléspectateurs plus exigeants qui ont un niveau d’attente de plus en plus grand, une

concurrence toujours plus forte avec notamment de plus en plus de chaînes, l’ère du « je veux

tout », la recherche d’immédiateté… et donc, in fine, plus de liberté pour le téléspectateur.

Bien sur LCP-An n'est pas dans la compétition de l’audience absolue, mais tout de même…

on parle d'une chaîne de télévision...

Page 44: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

44

2.2) UNE COMMUNICATION OFFENSIVE

A - Quelle marque LCP-An ?

L’univers très concurrentiel de la TNT et l’explosion du média global imposent à LCP-An de

maintenir une communication régulière et offensive à travers plusieurs actions ciblées, le tout

dans un cadre budgétaire contraint. Nous allons voir autour de quels éléments s'articulent cette

communication (positionnement et marque) ainsi que les différentes formes que cette

communication va prendre.

Le positionnement que nous venons de voir est censé constituer un atout dans la concurrence

avec les autres chaînes. Le positionnement débanalise, singularise l’offre, et tend à être le plus

cohérent possible. Alors pour commencer ce 2.2 consacré à la communication de la chaîne,

intéressons nous à la "marque LCP-An", car l’établissement d'une marque reste le fruit de la

communication : la marque est un poinçon ou un cachet attestant d’une qualité ou d’une

valeur reconnue. Elle permet aussi d’exister sur le long terme.

Comme toute marque digne de ce nom, "LCP-An" possède une identité visuelle bien précise :

le bleu renvoie à l’institutionnel et suggère un certain sérieux. Le bloc marque (logo +

slogan) est composé du logo de LCP-An avec la baseline qui fut ces dernières années : "Voir

la politique en grand", "Une journée dure 24 heures, la politique aussi", "la politique plein

écran", "sens transparence exigence". Ce bloc suit une charte graphique précise et suit la

tendance de la simplicité du graphisme avec une typographie en lettres bâtons, synonyme de

modernité, et des couleurs tranchées (lettres blanches sur fond bleu).

Une marque a aussi ses spécificités. Bien sur, ici, c'est l’émission qui représente le cœur du

contenu de la chaîne de télévision. Ce "produit" spécifique se définit par un ensemble de

caractéristiques multiples : un (des) visage(s), un horaire, un ton, une approche. Ce sont des

traits de caractère qui sont ancrés dans une réalité.

> Le logo LCP-An

Page 45: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

45

Ces programmes constituent la grille de la chaîne, qui va alors apparaître comme la somme

d’une multitude de composantes, ce qui nous conduit à l’image de la chaîne… et là difficile

de tout maîtriser : chaîne qualitative ou pas, LCP-An n'échappe pas aux bad buzz comme les

réactions suscitées après le débat qui a suivi le documentaire "Les nouveaux chiens de garde"

ou les polémiques autour de Frédéric Haziza. En parallèle à ces bad buzz, la chaîne doit faire

face à des caractéristiques évolutives sociétales, mais non maîtrisées par la chaîne, comme les

scandales politiques ou la défiance vis-à-vis des élus et des médias. Des caractéristiques qui

ont forcément des retombées pour la marque.

La marque LCP-An a également d'autres caractéristiques qu'elle ne maîtrise pas forcément, on

parlera de caractéristique immuable : la chaîne se doit en effet de traiter des travaux de

l’Assemblée nationale, de la vie parlementaire et politique. Elle se doit de respecter sa

mission de service public et l'histoire dans laquelle elle s'inscrit, c'est à dire l'histoire de la vie

parlementaire et politique française. Cela ne l'empêche pas de travailler à son image (passage

sur la TNT, campagnes institutionnelles, retransmissions d’évènements phares…). Sa

communication se doit de positiver, valoriser, et de faire des freins une force : par exemple, la

défiance des citoyens envers le milieu politique doit être transformé en une chaîne créatrice de

lien. Idem avec le contrepied sur le hardnews pour un positionnement sur le temps et la

réflexion.

Quoi qu'il en soit, ces caractéristiques liées à l’image sont influençables sur le long terme. Au

fil du temps et au fil de l'installation de la marque, celle-ci, via la communication, se sert de

relais et "d’ambassadeurs" de la chaîne. LCP-An réalise une combinaison entre l’expérience

(Fernand Tavares, journaliste figure de l’Assemblée nationale), des journalistes-présentatrices

qui allient sérieux, jeunesse et dynamisme (Emilie Aubry ou Valérie Brochard), et des

signatures connues et reconnues (Patrick Chêne, Serge Moati) : humaniser, incarner la

marque, médiatiser, et donc capitaliser sur leur image pour façonner l’image de la chaîne.

Page 46: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

46

B - Quelle communication ? Ton, style, limites

Faire de la communication publique : approche offensive ou défensive ?

Même si cette communication doit être résolument offensive, il n'en demeure pas moins

qu'elle s'inscrit (comme nous l'avons en partie 1) dans le spectre de la communication

publique, ce qui veut dire que tout n'est pas permis.

Autrefois, on opposait service public et campagne à vocation promotionnelle-publicitaire en

disant que "le secteur public est dirigé par des raisonnements et des valeurs totalement

différents de ceux qui dirigent le secteur privé auquel on associe la démarche de marketing21

".

Voilà donc deux mondes autrefois perçus comme opposés : le secteur public et la publicité.

Le premier serait focalisé sur l'intérêt général et sur le long terme, le second sur les intérêts

privés et sur le court terme.

Mais aujourd'hui, pour rester attractive, la communication publique se doit d'innover et d'être

offensive. Communication publique et attractivité doivent aller de paire, et ne sont plus

antinomiques.

Néanmoins, quelques limites et contraintes demeurent pour un annonceur ayant une mission

de service public comme LCP-An : le message se doit d'être impartial, ne doit bien sur pas

être teinté de sexisme, de provocation ou d'incitation à la haine. Une fois ces risques et limites

de la tonalité du message maîtrisés, la communication offensive de LCP-An se doit de

repousser les limites de la créativité et se doit de casser les codes pour faire réagir.

21

Apports et limites du marketing dans l'Administration publique, Kaplan, 2007

Page 47: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

47

Com' en Print

1 - 2 : Détournement d'affiche et de

slogan de campagnes électorales

3 - 4 : Ton décalé en rapport avec le

champ politique et ses applications

(comme ici l'écologie et le chômage)

5 : Jeu de mots entre une expression et

le nom d'une émission phare de la

chaîne

Source interne LCP

1

2

3

4

5

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48

On peut dire que les campagnes vues ici cultivent un ton décalé-objectif. Elles restent dans la

sphère de la politique (slogans rappelant les campagnes présidentielles, thématiques du

chômage et de l'écologie), tout en essayant de susciter une réaction. Il faut aussi noter, outre le

tes questions liées au ton, que LCP-An se doit de trouver des angles de communication qui

font alterner les messages (campagnes de notoriété, puis sur des rendez vous forts, puis sur

des visages…).

Limites budgétaires

Le budget global de 16 millions d'euros ne permet pas une grande marge de manoeuvre sur les

campagnes de communication. Au-delà de LCP-An, le secteur public est, dans sa globalité,

confronté à ces limites budgétaires. On est bien loin de Procter & Gamble, le plus gros

communiquant de la planète avec 4.9 milliards de budget communication. Même l'Etat

français est confronté à ces restrictions, on estime son budget annuel en achat d'espace entre

70 et 80 millions d'euros, celui de Coca-Cola est de 125 millions d'euros pour la France. Deux

poids, deux mesures.

La politique de communication de LCP-An prend donc en compte l’importance du choix des

outils avec des moyens adaptés aux enjeux. Il s'agit donc d'une optimisation budgétaire qui

cherche à bien choisir ses leviers de communication. L'idée est donc de poursuivre une

politique visant à renforcer l’image de la chaîne et à promouvoir ses programmes auprès du

public, tout en maîtrisant ses dépenses de communication

C - Quelles formes de communication ?

Le terrain

Après les prints utilisés pour des campagnes institutionnelles, il nous faut évoquer les

évènements dits "IRL" (In real life) comme par exemple les petits déjeuners de presse : l'idée

est de créer des conditions de rencontre moins impersonnelles. Il y a la possibilité de choisir

les bons interlocuteurs et d'échanger des informations dans la convivialité, ce qui reste idéal

pour construire une relation de long terme.

La conférence de presse, elle, permet d'annoncer un évènement afin de sentir la presse sur un

sujet donné. Si le choix du lieu et de la date sont importants, la chaîne fait une conférence de

presse de rentrée pour annoncer sa grille, présenter des nouveautés, et souvent, elle en fait une

autre au mois de janvier pour faire un bilan à mi-saison.

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49

Enfin, la visite de sites permet d'informer les journalistes par l’expérience directe et

personnelle. L'occasion est donnée de créer des relations vraies avec les journalistes.

Les relations presse se poursuivent dans les relations avec la presse spécialisée pour l’annonce

des programmes : un effort particulier est fait au moment de la rentrée audiovisuelle de

septembre (conférence de presse de présentation de la grille et dossier de presse) ; pour le

reste, la communication vers les journalistes s’effectue essentiellement par courriel

(communiqués sur les programmes et événements, bulletin des programmes, alertes sur les

déclarations…). La chaîne a mis en ligne un espace "visionnage des programmes" réservé

exclusivement aux journalistes pour limiter les envois des DVD par coursier.

Les partenariats

Dans la continuité des relations avec la presse, évoquons la question des partenariats. La

chaîne recherche des partenariats diversifiés, représentatifs du pluralisme dans les médias :

équilibre entre les grands groupes de presse, équilibre entre les médias adossés à un grand

groupe et les autres, et association avec de nouveaux médias, en particulier ceux suivis par le

public jeune. Notons l'existence de partenariats à forte valeur ajoutée avec des médias de

premier plan (AFP, Le Point, France Info...) Ce sont des soutiens à des émissions de la chaîne,

soit un apport d'argent ou un partenariat d'image :

> Médias : lefigaro.fr, Challenges, L’Humanité-dimanche, La Vie, L’Hémicycle (Politique

Matin) // lejdd.fr (Ça vous regarde) // AFP, Le Monde, France Info (Questions d’Info) // Le

Figaro Magazine, Le Point, Le Nouvel Observateur, Marianne (Entre les lignes) // Le Journal

du Dimanche (Grand Ecran) // France Info (Transportez-moi) // Ciné Télé Obs (Mediapol) //

le Lab Europe1 (PolitiqueS) // Le Bondy Blog (Bondy Blog Café) // Technikart (Rock’n Pol).

> Autres organismes : Dailymotion (Ça vous regarde et PolitiqueS) // ina.fr (Ça va, Ça vient)

// Spotify (Rock’n Pol) // Maaf et Transports passion (Transportez-moi) // la MGEN (Etat de

Santé) // le Centre national du livre (La cité du livre).

Cette photographie des partenariats de LCP-An est un état des lieux de l'année 2013-2014, ces

derniers pourront être amené à évoluer en fonction de la grille des programmes 2014-2015.

Page 50: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

50

2.3) LA GESTION DE L'ASPECT TESTIMONIAL PASSE PAR LE VIRAGE

DIGITAL ET LE MEDIA GLOBAL

Toujours dans notre analyse de la communication de LCP-An, nous faisons le choix de

consacrer une sous-partie à la communication numérique, à travers le Media global et les

réseaux sociaux. LCP-An se veut en phase avec le développement des nouvelles technologies,

entre présence accrue sur les réseaux sociaux, TV connectée et "second écran".

A - Stratégie multimédia : Relier plutôt que relayer

La stratégie multimédia renvoie en fait à une convergence des médias, mais aussi des modes

de consommation et des attentes. C’est communiquer sur plusieurs supports et outils pour

toucher les différentes cibles de manière plus efficace, ce qui est particulièrement important

pour une chaîne qui entend s'adresser à tous les citoyens. Il y a bien longtemps que les seuls

communiqués de presse ne suffisent plus, même si ils sont toujours utilisés pour crédibiliser

l’information. En fait, la stratégie multimédia apparaît comme la plus efficace, en particulier

vis-à-vis du public jeune : elle permet d’optimiser les avantages des stratégies médias et hors

médias en minimisant les inconvénients, avec le souci permanent du respect des budgets.

Depuis mars 2010, LCP-Assemblée nationale a choisi de s’engager dans une démarche de

Média Global visant à développer l’exposition de ses contenus sur de nombreux supports.

L'idée est de porter LCP-An sur tous les écrans, avec une complémentarité entre télévision,

internet et nouveaux supports comme les tablettes et smartphones.

> La stratégie de Media Global

Page 51: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

51

Conformément à l’engagement pris, LCP-An place la dimension parlementaire au coeur de sa

stratégie de média global en renforçant la complémentarité entre l’antenne TNT, le canal LCP

24/24, son site Internet et ses déclinaisons mobiles. Le canal LCP-An 24/24 a ainsi permis la

diffusion de débats dans l’hémicycle ou en commission dans leur longueur : par exemple, en

2013, plus de 100 heures d’auditions pour les débats autour du "mariage pour tous", 38 heures

d’auditions en direct pour la commission "Cahuzac" ; plus de 36 heures d’auditions et séances

en direct sur la réforme du système de retraites. Le canal 24/24 est plus centré sur le travail

parlementaire que le canal 13 de la TNT, plus généraliste.

Il s'agit faire vivre la vie parlementaire et politique grâce à ce qu'on appelle le rich media : les

anciens contenus s'enrichissent avec des photos et des vidéos qui deviennent également

interactifs avec diverses fonctionnalités, des likes aux habillages pédagogiques en passant par

les hashtags. En fait, "le numérique offre de multiples possibilités d'enrichissement du

contenu afin de l'adapter aux habitudes de consommation de l'information des citoyens22

"

B - Digital rime avec testimonial

Le numérique, créateur de lien

Le dialogue avec le citoyen est placé parmi les priorités de la chaîne, avec ce souci de la "voix

du retour" : le citoyen doit pouvoir interpeller le décideur politique, d'où la création d'une

remontée pour interpeller le décideur. A LCP-An on ne serait que des "passeurs". Des

passeurs d'un lien qu'il se doit d'être direct et quasiment sans intermédiaire entre le politique et

le citoyen. En effet, fini le temps du 100 % vertical.

Applications concrètes

A l'antenne, cette interactivité se concrétise par exemple à travers le talk quotidien diffusé en

access prime-time "Ca vous regarde" avec la sentinelle citoyenne qui participe au débat du

soir avec les invités en plateau, via un appel Skype ou hangout, sans oublier le hashtag #CVR.

22

CONFINO Franck et TEITGEN Benjamin, Stratégies numériques et community management des collectivités

locales, Dossier d'experts de Territorial, 2013, p.152

Page 52: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

52

"Acteur, participatif et collaboratif... l'internaute ne se contente plus de recevoir, il veut

apporter sa contribution, notamment par le débat" (Confino, Teitgen, 2013). Sa participation

aux émissions de la chaîne, notamment "Ca vous regarde" illustre bien ces propos. Il vient,

presque physiquement sur le plateau de la chaîne : "Grâce au pouvoir que lui donne sa prise

de parole sur Internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier, le citoyen 2.0 est

appelé à jouer un nouveau rôle dans la vie publique, en qualité d'expert d'usage" (Confino,

Teitgen, 2013). Et c'est précisément ce rôle, dit d'expert d'usage, que le citoyen joue dans cette

émission.

Dans ces outils créateurs de lien, on peut aussi citer le livechat comme ce fut le cas

récemment avec Patrick Chêne avant les élections européennes, et Rokhaya Diallo à l'issue de

la diffusion de son documentaire "Les réseaux de la haine".

La proximité, l'échange et l'interactivité comme vecteur de dialogue et de confiance. il s'agit

là d'un "grand coup d'accélérateur sur le vrai sens de la communication : c'est à dire l'échange,

la transversalité, l'horizontalité, de l'ascendant vers le descendant et du descendant vers

l'ascendant : je parle et j'écoute, j'écoute et je parle23

".

23

Ibid.

> Le mail du présentateur indiqué à l'antenne pour

permettre l'interpellation et le dialogue direct

Page 53: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

53

Ce que le numérique implique

"Le community management est au coeur des changements de technologie, de modèles

économiques, et des stratégies de communication" (Chereau, 2012). Comme pour la création

des chaînes parlementaires, se lancer dans le web 2.0 ne fut pas une sinécure pour LCP-An

comme pour tous les communicants publics. Car malgré l'aspect révolutionnaire de cette

vague social media, lancer une stratégie digitale nécessite une réflexion préalable de fond, à

savoir une étude de faisabilité et une stratégie basée sur un écosystème numérique, le tout

dans un esprit de cohérence avec la mission de LCP-An.

Cette réflexion tend à insérer la stratégie social media de la chaîne au coeur de la stratégie

digitale, elle même force vive de la stratégie de communication de LCP-An.

La chaîne a un projet de refonte du site pour fin 2014 afin de répondre aux évolutions

techniques récentes et pour répondre aux attentes du citoyen ou plutôt de l'internaute-citoyen

qui exige de clarté, du dynamisme ainsi qu'certain "standing". De même, les maladresses sur

le web et les réseaux sociaux ne sont pas pardonnées, celles-ci pouvant tournées au bad buzz

sans une certaine prudence dans la démarche. Les chaînes de télévision sont très en vue sur le

web, LCP-An doit donc en être, mais sans oublier sa spécificité et sa mission de service

public : il faut donc faire parler de la chaîne, être dans l'air du temps sans toutefois être dans la

recherche du buzz ou du choc, car "dans le public la frontière entre la nécessité d'oser et le

risque boomerang est tenue" (Confino, Teitgen, 2013).

Ce que le numérique permet

A l'aide des outils du Media Global, l'idée est de créer une boucle vertueuse idéale entre

l'antenne, le site et les réseaux sociaux : la chaîne TV diffuse des contenus, dont une grande

partie sera déversée sur le site.

> La stratégie digitale et

la stratégie social media

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54

Les programmes (émissions et certains documentaires dont LCP-An possède les droits) sont

donc publiés sur le site, ce qui est une manière de les mettre en valeur. Bien sur, cette

"boucle" va contribuer à augmenter la notoriété des émissions. On peut citer l'exemple de la

catégorie "actualité-info", où la rédaction extrait des reportages qui passent sur la chaîne : ces

extraits sont ensuite diffusés sur le site, ce qui permet de mettre en valeur le travail de la

rédaction. Et quand on parle de changement de paradigme, le site et le réseau media global de

LCP-An est passé d'une "posture programme TV" à une "posture plateforme d'actualité

parlementaire". La chargé du Media Global de la chaîne Sarah Salis évoque l'exemple des

posts sur les réseaux sociaux qui pouvaient être de la forme "rendez vous à telle heure", alors

que désormais on donne aussi de l'info en plus, avec un écosystème qui permet de diffuser de

l'actualité parlementaire. Apporter de l'information s'avère intéressant. De l'Information

parlementaire et de l'information "pratique". L'information pratique peut être sous la forme

suivante : "vous n'avez pas vu telle émission, voici le lien du replay". D'ailleurs, cette

nouvelle façon de suivre une chaîne ou de regarder un programme, est bien le marqueur d'une

véritable délinéarisation des contenus : on ne peut plus contraindre les gens à être là à telle

heure, mais on leur propose le rendez vous autrement. "Ces innovations permettent aux

consommateurs de choisir quand (délinéarisation), où (mobilité) et comment (ce qui modifie

leur expérience en accroissant la qualité technique des contenus diffusés) ils vont regarder les

programmes de télévision (...) la chaîne peut élargir son audience (pour la délinéarisation) ou

atteindre les consommateurs dans un contexte différent de celui d’une présence devant l’écran

de télévision (pour la mobilité), ou encore d’inciter le téléspectateur à rester devant son écran

en lui proposant une expérience différente" (Farchy, 2013).

C - Focus sur l'écosystème social media de LCP-An

Analyse de l'écosystème social media de LCP-An

Informatifs, interactifs, participatifs, réactifs, instantanés, enthousiasmants, parfois décalé,

souvent créatifs, plus humains, toujours innovants et en constant renouvellement, ces outils

2.0 s'avèrent aujourd'hui pour LCP-An incontournables et stratégiques. Partie prenante du

plan de communication de cette chaîne civique et citoyenne, vecteur de dialogue avec ses

téléspectateurs, cet écosystème peut être perçu comme une nouvelle porte d'entrée du canal

13. Le caractère participatif, horizontal et user centric de l'écosystème véhicule l’image d’une

télévision en dialogue, ouverte, dynamique et moderne, ce qui est parfaitement cohérent avec

son positionnement.

Page 55: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

55

La stratégie social média est bâtie de telle sorte que des chemins sont mis en place pour

emmener le public vers le site : il s’agit d’un écosystème. Le site se positionne au centre, et

autour gravitent les différents réseaux sociaux. Partageant un même univers graphique faisant

écho à l’identité visuelle de LCP-An, tout cela se trouve relié par des interactions multiples.

L'écosystème social media permet de décupler la visibilité de la chaîne et toucher "d'autres

publics" car les réseaux sociaux ont une forte puissance pour relier "un ensemble d'entités

sociales entre elles" : un retweet, un partage sur Facebook, un j'aime, un commentaire... il faut

susciter des réactions, faire parler, faire réagir pour toucher d'autres cercles.

Même si comme LCP "n'est pas BFM", la diffusion d'information brute existe, et celle-ci se

fait via Twitter où l'on diffuse de l'information en flux direct pour coller un maximum à

l'actualité. L'outil de conversation et de micro-blogging aux 140 caractères et aux 6 millions

d'utilisateur en France permet de toucher un public très large, même si celui-ci y demeure

assez jeune. Avec ses 26 millions de membres en France, dont 15 millions qui se connectent

chaque jour, le réseau social généraliste et incontournable Facebook sert aussi à diffuser de

l'actualité, mais comme le précise Sarah Salis, la responsable du Media Global de la chaîne,

"sur Facebook, on est moins dans l'actualité en temps réel, mais plus dans l'indication de

rendez-vous via le lien de tel ou tel replay d'un programme". Il ne faut pas non plus oublier

que le public vient sur Facebook pour se détendre, avec une utilisation autour du tryptique

"détente-famille-amitié". Le discours trop institutionnel est donc à proscrire. Autre point à

prendre en compte, le problème de la faible durée du temps de propagation de l'information :

la durée de vie d'un tweet est estimée à 3 minutes, et celle d'un post Facebook à 6 minutes. En

tous cas, ces outils du digital sont bien au service de l'interactivité, maître-mot du web 2.0.

> Les réseaux sociaux qui

gravitent autour du site

Page 56: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

56

Celle-ci se poursuit sur Dailymotion, carrefour d'audience incontournable, où la chaîne

diffuse et relaie des vidéos ; Dailymotion, une plateforme au combien stratégique pour le relai

de ces contenus. La responsable du Media Global de LCP-An évoque son souci de "bien

cibler les réseaux sociaux" pour "éviter la perte de temps sur des outils qu'il faut alimenter en

contenu", d'où l'arrêt probable des comptes Instagram et Flickr, qui furent utilisés et

alimentés, "mais dont l'utilité est remise en question une fois l'effet de mode passé". Quant à

la plateforme Google + de LCP-An, dont les analystes web soulignent son importance pour le

référencement, son avenir demeure en pointillé, celle-ci ne devant pas constituer "une perte de

temps".

On peut ajouter que la chaîne est plutôt bien positionnée par rapport à ses concurrentes de la

TNT, surtout quand on connaît la faiblesse de son budget. L'annexe 3 propose un baromètre

2.0 sur Facebook, Twitter et Google +.

Plus de possibilités et quelques limites

Ces réseaux qui gravitent autour du site avec des interactions multiples sont autant de

promesses multiples : le champ des possibles, sur le plan de la créativité comme sur le plan

des usages, devient lui aussi multiple : on peut aller chercher des profils spécifiques, avoir un

feedback, avoir une relation personnalisé, sans oublier le coté « privilèges » avec un accès

premium (exemple d’un jeu concours sur l’émission Rock’n pol), mais attention à l’accès

premium car même le jeu doit s’adresser à tous les citoyens. Toujours est-il que cette porte

d'entrée originale de l'institution permet de relayer et partager un contenu ludique et riche,

avec tout de même un objectif de création de flux. Sur le web 2.0 (comme dans ses

programmes d'ailleurs), LCP-An se doit d'avoir une communication orientée vers le grand

public, avec sur le web des interactions et un ton « détendu ». Sa mission de service public lui

impose de penser aux personnes non équipées d’Internet : la chaîne doit prendre en compte la

fracture numérique et le fossé générationnel relatifs à ces pratiques numériques. Si certains

publics restent encore en marge de ces pratiques, on peut dire qu'à contrario, les "digital

natives" adoptent de nouveaux comportements reposant sur une plus grande interactivité. Le

fossé numérique se réduit, certes, mais de nouveaux clivages se dessinent s’agissant

notamment de l’internet mobile. Mais de façon générale, le citoyen est de plus en plus

connecté.

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57

Pour LCP-An, ces outils numériques et 2.0 s’inscrivent dans sa philosophie de sortir du hard

news : sur le web comme sur son antenne, aujourd’hui, il ne s’agit plus d’informer, mais

d’argumenter, d'expliquer, de partager… Le web est passé d’une architecture verticale sur le

modèle des médias traditionnels où domine une information descendante, à celui des réseaux

horizontaux où les internautes réagissent et partagent. Fidéliser la communauté et aller vers

l’échange pour augmenter la valeur qualitative du support.

La cible "jeune"

Selon Joëlle Farchy, les réseaux sociaux vont permettre de "rencontrer un public

complémentaire, notamment un public jeune qui passe de moins en moins de temps devant

l’écran de télévision".

Mais de quoi ou plutôt de qui parle t'on ? Non, "le" jeune n'existe pas. La cible demeure

difficile à cerner et reste considérée comme un "terrain glissant". Cette classe d'âge des 18-35

ans se sent éloigné de la sphère politique et se reconnaît de moins en moins dans l'offre

politique actuelle, même si cette génération tend à se porter sur d'autres formes de

mobilisations que le vote. En effet, "les jeunes générations lisent moins que leurs aînés la

presse, mais elles ne sont pas pour autant rétives à l'information et au débat public en eux-

mêmes. Seulement, elles vont les chercher sur d'autres terrains, et sous d'autres formes."

(Confino, Teitgen, 2013). Le communiquant public ne doit pas tomber dans le simpliste en

s'adressant à cette cible mouvante, à l'image de la campagne "Voter c'est tweeter en vrai"

considérée justement comme simpliste et qui fut donc mal accueillie.

De même, autre idée reçue à bannir pour le communiquant public chez les jeunes, les réseaux

sociaux ne sont pas l'apanage des jeunes générations. Mais pour un media comme LCP-An, ce

web 2.0 reste incontournable pour toucher des publics considérés comme réfractaires à la vie

politique et parlementaire.

Page 58: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

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2.4) LCP-AN, ENTRE PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS

A - La fusion avec Public Sénat, une question d'ordre politique

Nous en avons fait une sous-partie entière dans le 1.3 sur les relations avec le Sénat, car ce

point concerne des éléments à la fois historiques, politiques, économiques, techniques, et de

programmation. Aujourd'hui, il apparaît important de renforcer les synergies avec Public

Sénat, au-delà des efforts déjà entrepris. Le but serait d'améliorer la fluidité de l'antenne du

canal 13.

Après l’avancée réalisée en octobre 2012, qui a permis le passage de 10 à 8 bascules par jour,

les deux chaînes devront s’attacher à améliorer les transitions entre tranches en annonçant

chaque fois que possible les programmes qui suivent sur l’autre chaîne. La mise en place d’un

habillage dynamique commun est souhaitable mais pourrait supposer une certaine intégration

des outils de programmation.

On peut noter que la part du temps d'antenne consacré à des programmes coproduits par les

deux chaînes est passée de 3.9 % en 2011 à 6 % en 2012, et que le chiffre est tombé à 4.6 %

en 2013, en deçà de l’objectif fixé en raison du moindre nombre d’évènements couverts en

commun. En l’absence d’échéances électorales, faute d’enjeux et parce qu’ils étaient moins

nombreux, il y a eu une moindre couverture des Congrès, Conventions, Conseils Nationaux

des différents partis. De plus, l’UMP n’a pas fait d’université d’été. L'objectif est de ramener

ce chiffre à 8 % pour 2015.

B - Continuer ou changer de modèle ?

Pourquoi comparer ?

Depuis la période qui va de la fin des années 1980 à la fin des années 1990, on assiste à un

développement de chaînes parlementaires en Europe, avec des canaux de nature assez diverse

: quand certains se limitent à une couverture intégrale des séances et travaux parlementaires,

d'autres comme LCP-An optent pour un style qui varie les écritures audiovisuelles. Les choix

de programmation, et donc de style, divergent selon le pays et la chaîne en question. Nous

allons donc réaliser une brève comparaison, en forme de focus-benchmark, sur les principales

chaînes parlementaires du monde. Analyser la diversité des systèmes en présence est un

travail fondé sur la comparaison. Notre démarche comparative se propose de mettre en

évidence les divergences et similitudes existant entre ces chaînes.

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Comparer permet de voir comment ça marche ailleurs pour éventuellement remettre en cause

ses actions et tenter de se libérer des tendances à l'ethnocentrisme : aller voir "ailleurs" à

tendance à nous situer. La démarche permet aussi, soit de relativiser la vigueur des différences

apparentes, soit de contrer l'impression d'uniformité. Il faut aussi comprendre le sens des

actions selon des contextes distincts.

Ainsi, trois formes d'organisation principales se dégagent : "les canaux parlementaires

intégrés aux réseaux de télévision publique ; les canaux parlementaires exploités par les

parlements nationaux avec l’aide de prestataires externes ; les canaux parlementaires exploités

par des entreprises privées" (bundestag.de). Mais l'ensemble de ces chaînes se retrouvent

autour de deux points communs : la défense d'une mission de service public, et l'absence de

publicité.

C-SPAN aux Etats-unis

« Nous sommes une entreprise privée, à but non lucratif, un réseau non commercial et

non gouvernemental »

Terry Murphy, vice-président de C-SPAN

Considérée comme la chaîne pionnière, C-SPAN (Câble Satellite Public Affairs Network) fut

lancée en mars 1979 sous l'impulsion de Brian Lamb et aidé financièrement par des sociétés

du câble. C-SPAN est composée aujourd'hui d'un réseau de trois chaînes (C-SPAN 1, C-

SPAN 2, C-SPAN 3) et d'une station de radio. Elle est considérée comme pionnière car son

développement a constitué une référence en la matière, à savoir qu'on pouvait désormais

diffuser une chaîne parlementaire et avoir un nombre de téléspectateurs satisfaisant. La chaîne

demeure privée mais a une mission de service public. Si elle ne reçoit aucune manne

financière de la part du gouvernement, l'argent provient en fait de l'industrie du câble et des

abonnés. "Nous avons instauré un système de cotisation en demandant aux réseaux câblés qui

voulaient diffuser nos émissions de nous payer en fonction du nombre de leurs abonnés"

(Brian Lamb, fondateur de C-SPAN, qui revendique 90 millions d'abonnés). La chaîne est

donc bien distincte de la puissance publique, contrairement à LCP-An qui est liée

financièrement à l'Assemblée nationale. C-SPAN tient à sa neutralité, ce qui représente une

particularité dans un pays où les médias sont souvent engagés pour un des deux camps.

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60

La chaîne diffuse les travaux du Congrès, du Sénat et de différentes réunions parlementaires.

Chacune des trois antennes a sa spécialité : C-SPAN 1 s'occupe de la Chambre des

représentants, C-SPAN 2 traite du sénat, C-SPAN 3 des programmes à caractère historique.

Mais la subdivision n'est pas aussi nette, le fait d'avoir trois canaux permet surtout de diffuser

plusieurs directs à la fois. Une très large place aux travaux parlementaires est faîte sur les

antennes de C-SPAN, avec peu d'émissions dîtes originales. On peut toutefois citer le

programme matinal Q&A (Questions and answers) qui dure trois heures, avec un invité qui

est le plus souvent un membre du Congrès : les téléspectateurs peuvent téléphoner en direct

pour poser des questions à l'invité façon "démocratie directe".

Phoenix en Allemagne

Crée en avril 1997, Phoenix est une filiale des chaînes publiques ARD et

ZDF : "La Télévision parlementaire du Bundestag allemand est exploitée

en coopération avec un prestataire externe, qui prend en charge le volet

technique du projet" (bundestag.de). Sur le plan de la programmation,

Phoenix est plutôt comparable à LCP-An avec les diffusions des travaux

parlementaires, mais aussi des émissions, débats et documentaires à

caractère politiques et parlementaires. En revanche,

comme nous l'avons dit, Phoenix dépend de la

télévision publique, ce qui la différencie de LCP-An.

Notons aussi l'existence de Bundestag TV.

BBC Parliament en Grande-Bretagne

Du point de vue de la programmation comme du point de vue organisationnel, la chaîne BBC

Parliament demeure très différente du modèle français. Etant indépendante du Parlement, elle

est rattachée au réseau de télévision publique BBC : cela veut dire qu'elle peut choisir

librement ses images et organiser sa programmation en faisant appel à des ressources plus

larges de la BBC pour améliorer sa visibilité. On connaît par exemple la force de frappe du

réseau, voire de la "marque BBC", et également la qualité des documentaires de la BBC, dont

la chaîne BBC Parliament peut alors bénéficier sur son antenne.

> Phoenix :

von ARD und ZDF

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BBC Parliament consacre son temps exclusivement à l'actualité parlementaire : une large

couverture est effectuée, englobant les différents parlements : House of Commons, House of

Lords, Irlande du Nord, Ecosse, Pays de Galles. Il n'y a pas d'émissions dîtes originales,

seules quelques émissions d'accompagnement parlementaire sont diffusées.

Pour LCP-An, la référence à BBC Parliament doit faire réfléchir quant à l'économie de coût,

l'économie d'échelle et la force de développement d'une chaîne parlementaire adossée au

groupe de l'audiovisuel public. Ce serait aussi le symbole d'un service public uni et plus fort.

Alors à quand LCP-An adossée à France Télévisions ?

C-Pac au Canada

Chaîne privée fondée en 1992 par "un consortium de câblodistributeurs", C-Pac est, selon son

PDG Colette Watson, la "chaîne des 3P pour Parliament, Politics, Public Affairs (soit

Parlement, Politique et Affaires Publiques"). On peut souligner l'importance de la neutralité,

qui serait ici comme un corollaire à la transparence. Cette neutralité correspond aussi au fait

qu'elle soit financée par les opérateurs du câble canadien, aucune subvention ne venant de la

puissance publique. C-Pac diffuse les travaux de la Cour suprême, de la Chambre des

communes, mais aussi différents travaux en commissions. La chaîne a une volonté de

transparence et de diffuser du contenu brut et "sans filtre", en particulier en ce qui concerne la

Chambre des communes. La chaîne parlementaire du Canada est également axée sur

l'évènementiel (discours, cérémonies institutionnelles, conférences, évènements diverses...).

Si nous avons évoqué la particularité du contexte américain (à savoir que les médias sont

souvent engagés pour un des deux camps), le contexte canadien implique de "veiller

scrupuleusement au respect et à la sensibilité des différentes régions et langues du Canada",

ce qui entraîne un service bilingue.

Notons que C-Pac, comme C-SPAN, font des programmes scolaires ou universitaires en

direction de la jeunesse, à l'image du projet "C-SPAN in the classroom". Travailler main dans

la main pour diffuser des contenus à l'école pourrait être une piste intéressante pour LCP-An.

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C - Une "super" chaîne citoyenne ?

Dans les axes de réflexion, ou plus exactement les axes d'évolution de la chaîne, pourquoi ne

pas réfléchir à une ouverture aux autres institutions. Bien sur, il faudrait réfléchir et débattre

quant aux modalités techniques précises relatives à la programmation et à l'antenne, mais cela

viendrait s'inscrire dans un contexte à double enjeu : d'une part le besoin de transparence de

notre société actuelle, et d'autre part une possible augmentation de l'attractivité tout en restant

sur le chemin de la pertinence.

Mais alors, quel est ce contexte dont nous venons de parler ? La démocratie, qui tend à

devenir de plus en plus horizontale, conduit à ouvrir les portes des institutions, et notamment

des médias. Cela est aussi valable pour les institutions politiques ainsi que pour l'action

publique : aujourd'hui, il faut de la concertation (budgets participatifs, réunions, MOC

méthodes ouvertes de concertation), et on assiste à un recul de l’Etat accompagné d'une crise

de l’Etat providence et de l’interventionnisme étatique : certains observateurs parlent de la fin

de l’action unilatérale de l’Etat avec la vague de l’impératif participatif. Il faudrait alors

dépasser une vision dirigiste de la société : par exemple, une décision ne sera plus jamais

légitime si elle n’est pas le produit d’une procédure ouverte de concertation. Avec des

phénomènes comme la gouvernance et le tournant participatif, on a de nouveaux principes de

légitimation du pouvoir : le besoin de transparence s'inscrit dans ce nouveau paradigme.

Ces notions imbriquées et ces transformations visent deux aspects de la relation gouvernants-

gouvernés : à la fois une horizontalisation des relations de pouvoir (ce qui se veut en rupture

avec d’anciennes visions, même si cela renvoie à une dimension communicationnelle), et une

demande de transparence (rendre les milieux politiques et médiatiques moins opaques).

Ces mouvements pourraient donc entraîner une réflexion vers une éventuelle évolution de la

chaîne dans son aspect éditorial : cela conduirait LCP-An à élargir son champ d'intervention

vers toutes les institutions : Conseil d'Etat, Cour des Comptes, Conseil Constitutionnel,

Conseil Economique et Social, mais aussi le Parlement Européen et la Commission

européenne. Bien sur, les deux chambres du Parlement tiennent beaucoup à leur chaîne

respective, mais la réflexion pourrait éventuellement se faire via un magazine immersif

consacré à ces institutions.

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63

D - Le ton "décalé objectif"

LCP affirme sa dimension citoyenne, mais pour encore accroître son attractivité la chaîne

pourrait miser sur le ton "décalé objectif". Ce ton apparaît comme étant dans la continuité de

la combinaison pertinence-attractivité : il pourrait lui permettre de garder son sérieux et sa

pertinence, tout en faisant un pas supplémentaire dans l'attractivité, car la chaîne est encore

perçue comme élitiste. Ce ton pourrait se concrétiser dans :

- Une web-série au scénario innovant : pourquoi ne pas mettre à contribution la twittosphère

ou les internautes... L'idée serait d'avoir un équilibre créativité-objectivité, tout en créant une

communauté pour créer de la confiance : la communauté va ensuite recommander "le

produit", avec donc un effet de promotion.

- Le développement du cross media qui est "l'utilisation conjointe de plusieurs médias pour

mieux toucher la cible visée", car celle-ci est toujours plus mouvante, il est nécessaire de

mettre en ouvre tous les points de contact possibles avec elle.

Enfin, voici d'autres pistes, complémentaires de celles déjà mentionnées :

- Faire un bilan d’image : interne, externe, projetée. Cela permet d'analyser les consensus,

paradoxes, et déficits d’images pour savoir ce qu’il faudra travailler. Cela permet aussi de

placer la satisfaction "client" donc ici la satisfaction du citoyen-téléspectateur au cœur du

dispositif : qu’est ce qui fait que le téléspectateur va consommer ou non ce "service LCP-

An" ? Il s'agit de mieux connaître le profil, les attentes et l’évolution des tendances, car les

attentes des publics évoluent. De même, LCP-An doit faire davantage de testimonial :

l’approche bottom-up pour renforcer le lien, mais la chaîne doit aller plus loin :

éventuellement, elle peut réfléchir à une émission avec un panel de citoyens.

- Développer la touche de stratégie différenciée : une logique par public c'est mettre en avant

la chaîne pour une cible spécifique (même si, bien sur, elle s’adresse à tous les citoyens) :

privilégier le coté connecté, les débats, l’offre de cinéma politique… mais cette touche de

stratégie différenciée s’inscrit dans la stratégie globale de LCP-An qui se doit de s’adresser à

l’ensemble des citoyens.

Page 64: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

64

LES MOTS DE CONCLUSION

Le pari de lancer une chaîne parlementaire était fort audacieux à l'époque. De part son identité

civique et citoyenne, LCP-An a aujourd'hui une vraie place dans le paysage audiovisuel

français. Elle y a bel et bien trouvé sa place. Une place différente, grâce à un positionnement

différenciant. En mettant LCP-An sur la TNT, en lui donnant de l'indépendance et par sa

mission de traiter la matière parlementaire et politique, ce pari de l'époque semble plutôt

réussi et offre une plus grande visibilité à l'Assemblée nationale.

Chaîne politique, parlementaire et citoyenne, LCP-An a pour mission de rendre accessible le

travail parlementaire, d'être un relai sur les valeurs de la République, de mettre à la portée de

tous ce travail et de le mettre dans le débat public. Ces trois piliers, "politique, parlementaire

et citoyen", s'appuie sur un seul leitmotiv : faire rimer pertinence et attractivité. Car pour

mettre ce travail parlementaire à la portée de tous, la chaîne se doit d'être attractive et non

confidentielle.

La chaîne s'est installée et apparaît comme étant légitime. Néanmoins, d'autres défis

l'attendent : "Nous devons être conscients du fait que toucher un plus large public n’implique

pas nécessairement une meilleure compréhension de la politique ni un intérêt accru du public

pour la politique. Il ne suffit pas de montrer les débats à la Chambre pour que les citoyens

aient confiance dans les hommes politiques ; cette confiance dépend d’abord et surtout de la

politique vue dans une plus large perspective" (Anders B Forsberg, ancien président de

l'ASGP - Association of Secretaries General of Parliaments)

Cette perspective dont parle l'ancien président de l'ASGP renvoie au fait que les efforts d'une

chaîne de télévision restent encore bien insuffisant : abstention croissante, discrédit de la

classe politique , désintérêt pour la res publica, et des institutions qui semblent à bout de

souffle. Et puis quant à la volonté de LCP-An de rapprocher les politiques des citoyens... n'est

ce pas un paradoxe quand on sait que la télévision est encore vue comme le média qui éloigne

le politique des citoyens…

La chaîne est bien consciente des défis qui l'attendent. Elle est déjà sortie gagnante de bien

des épreuves, alors c'est à elle de s'adapter pour rester une chaîne intelligente, mais surtout

une chaîne intelligente et attractive.

Page 65: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

65

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

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CHEREAU Matthieu, Community management, Dunod, 2012, p.200

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FINCHELSTEIN Gilles, La dictature de l'urgence, Fayard, 2011, p.256

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Documentation française, 2008, p.446

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Articles de revues scientifiques

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Les Enjeux de l'information et de la communication, 2013/2 n° 14/2, p. 15-26.

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WOLTON Dominique, "Les contradictions de la communication politique", Hermès, 1995, p.

107-124

Sites web

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bundestag.de

communicationpublique.fr

lcpan.fr

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"Colloque", Le bicamérisme à la française : un enjeu pour la démocratie, Public Sénat, Avril

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"Evènement", Cérémonie des 10 ans des chaînes parlementaires, LCP-An/Public Sénat, Avril

2010

"Immedias", Interview de Gérard leclerc par Renaud Revel, blog.lexpress.fr, Juillet 2013

"Le grain à moudre", Le temps des politiques est-il compatible avec celui des politiques ?,

France Culture, Février 2012

Chartes, rapports et loi

"Charte de Marseille", Cap Com,2002

"Convention entre LCP-An et l'Assemblée nationale", 2000

Etude du CSA "Les chiffres clés de l'audiovisuel français", 2013

Page 67: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

67

LOI no 99-1174 du 30 décembre 1999 portant création de La Chaîne parlementaire

Rapport "Le défi que constitue la diffusion des travaux parlementaires", rapport de l'IPU

(Inter-Parliamentary Union), 2006

Rapport "La Télévision Numérique Terrestre", rapport établi à la demande du Premier

Ministre, par Michel Boyon, 2002

Rapport fait au nom de la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales, sur la

proposition de loi de M. Laurent Fabius portant création de La Chaîne Parlementaire

(n°1996), par M. Didier Mathus, 1999

Rapport public "Réflexions sur l'intérêt général", du Conseil d'Etat, 1999

Mémoire

"Apports et limites du marketing dans l'Administration publique", Kaplan, 2007

Documents internes LCP-An

Dossiers de presse de la chaîne (2010, 2011, 2012, 2013)

Rapport sur le respect des objectifs fixés par le contrat d'objectifs et de moyens (COM) pour

l'année 2013

Statuts de "La Chaîne Parlementaire Assemblée nationale", mise à jour du 10 mars 2003

Cours

Cours du Master "Marketing et communication publics", IMPGT, 2013/2014

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ANNEXES

ANNEXE 1 - RESPECT DES EQUILIBRES ET DU PLURALISME POLITIQUE

Nombre d’interventions de députés par groupe et par an (source : rédaction LCP-An)

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ANNEXE 2 - COMMUNICATION ET PRINTS

Autres prints montrant une communication originale et créative (source interne LCP-An)

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ANNEXE 3 - COMMUNICATION SOCIAL MEDIA

Baromètre 2.0 comparant les "performances" social media de LCP-An

(source : statistiques des différentes pages de chaque chaîne)

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71

Page 72: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

72

Avant de traiter les différentes missions que j'ai pu effectuées durant mon stage chez LCP-An,

commençons par donner quelques éléments généraux caractérisant la chaîne.

1 ) QU'EST CE QUE LA CHAINE PARLEMENTAIRE ?

La Chaîne Parlementaire Assemblée-nationale (LCP-An) est une société privée (S.A.) à

régime particulier, régie par les dispositions de l’article 45-2 de la loi n° 86-1067 du 30

septembre 1986 modifiée par la loi numéro 99-1174 du 30 décembre 1999, elle est

subventionnée par l’Assemblée nationale qui est son actionnaire unique. Elle n’est pas

soumise au C.S.A, et n’a droit à aucune recette publicitaire.

Dans le cadre de son indépendance éditoriale, la chaîne veille à l’impartialité de ses

programmes. La chaîne Parlementaire est une chaine de télévision thématique. Elle partage à

parité de temps d’antenne son canal avec Public-sénat, qui est la chaîne Parlementaire du

Sénat. Elle est diffusée en clair sur le câble, le satellite et la Télévision Numérique Terrestre

(T.N.T - Canal 13), en version 24h/24h, et sur internet (lcpan.fr). Son président Directeur

Général est nommé pour trois ans par le bureau de l’Assemblée-nationale, sur proposition de

leur Président.

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73

La chaîne Parlementaire Assemblée nationale a une activité à but non lucratif, elle assure la

conception, la programmation, la production et la réalisation de présentation des travaux de

l’Assemblée-nationale, ainsi que des émissions d’accompagnement dans le respect du

pluralisme des groupes.

Elle crée des programmes parlementaires, éducatifs et civiques. Au-delà du suivi des débats

au cœur de l’hémicycle, LCP-An rempli également une mission d’information et de formation

des citoyens à la vie publique. La chaîne propose de suivre des grands événements politiques

nationaux en direct, d’approfondir les thèmes abordés en séance et de décrypter de nombreux

sujets d’actualité via ses débats et ses magazines thématiques.

2 ) LE STAGE ET SES MISSIONS

31 mars 2014, premier jour de stage et premier évènement politique : au lendemain du second

tour des Municipales, le Président de la République procède à un remaniement accompagné

de la nomination de Manuel Valls à Matignon. Le ton était donné. Travailler à La Chaîne

Parlementaire, c’est être tributaire de l’actualité. L’actualité, la « news brulante », la

coordination, l'information, voilà quels allaient être les grandes lignes de mon stage avec deux

piliers indispensables et incontournables pour toute personne travaillant dans les relations

presse : le relationnel et le rédactionnel.

La mission du Service Communication de LCP est de valoriser la chaîne auprès des

journalistes. Bien sur, communiquer avec un journaliste est un acte essentiel et stratégique qui

implique d’identifier en amont le meilleur interlocuteur pour défendre dans les médias les

actions de la chaîne. C'est médiatiser et relayer. Mais la communication ne s’improvise pas...

On connaît son importance, d’autant plus « qu’il n’y a pas de savoir faire sans faire savoir » :

Les experts en communication estiment qu’il y a 80% de faire-savoir et 20% de savoir-faire.

On peut aussi parler, selon la formule de Guillaume Le Saulnier, d’une « bureaucratisation

inachevée des relations presse en raison des liens personnalisés entre responsables de la

communication et journalistes ». D’où l’importance du relationnel que l’on évoquait plus

haut.

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Plus concrètement, et pour revenir sur mon stage, ma principale mission consistait à aider la

directrice de la communication et l'attachée de presse dans les tâches quotidiennes. Il s'agissait

essentiellement de communication externe, même si la communication interne n'est jamais

loin. Pour qualifier ce stage, on peut parler d'une fonction opérationnelle en communication.

A présent, détaillons ces différentes missions de communication :

- Agendas quotidiens et hebdomadaires :

Qu'ils soient quotidiens ou hebdomadaires, différents agendas sont à la charge du service

communication de LCP-An : Agenda politique de la semaine, agenda politique du week-end,

agenda quotidien et ce qu'on appelle le feuilleton. Ce dernier est le déroulé exact des

programmes de LCP-An et se fait uniquement lorsque les députés siègent. Pour tous ces

agendas, il convient de vérifier attentivement les horaires, les thèmes et invités des émissions.

Il faut aussi faire attention à la fonction exacte des élus : pour cela on doit se référer à la

dénomination officielle de l'élu en question. C'est un travail de coordination et de recherche

de l'information en interne, soit via le logiciel de programmation stratégique "Louise", soit via

les responsables des émissions en question.

- Logistique de promotion des programmes à la presse :

La logistique de promotion des programmes à la presse s'articule autour du mailing, de la

recherche et gestion iconographique, et de la gestion des DVD : il s'agit de faire des copies à

destination de journalistes qui souhaitent visionner certains documentaires (émission "Grand

Ecran" et "Docs ad hoc") et les émissions de la chaîne. Nous utilisons le logiciel Surething

pour la création d'étiquettes qui servent à l'impression directe sur les DVD. En parallèle, il

existe un espace où les journalistes peuvent visionner ces émissions dans l'espace presse, avec

login et mot de passe. Par rapport à cet espace de visionnage, il y a aussi une gestion du back-

office à prévoir.

- Gestion des relations téléspectateurs :

Si les demandes des téléspectateurs de LCP-An sont très variées, ce sont toujours les

mécontents qui s'expriment plus. La chaîne ne répond pas aux mails incorrects voire

insultants, elle répond aux demandes du type "dates de rediffusion d'un programme",

"demande de dvd", ou sur la confusion avec l'autre chaîne parlementaire "Public Sénat". Les

émissions qui font le plus réagir sont les documentaires, la matinale "Politique Matin" et le

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75

débat d'access prime time "Ca vous regarde". Au delà de la gestion quotidienne des retombées

téléspectateurs, nous réalisons une note de synthèse remis à la Directrice de la communication

pour le Comité de direction de la chaîne qui suit attentivement l'évolution de son lien avec les

téléspectateurs-citoyens. Au coeur de ce document, différentes statistiques s'entrecroisent : du

rapport entre retombées positives et négatives aux statistiques des réseaux sociaux, en passant

par une revue des chiffres par émissions, sans oublier un verbatim des réactions des

téléspectateurs ainsi qu'une synthèse des données chiffrées liées à l'interactivité.

- Communiqués de presse :

Exercice incontournable de l’attaché de presse, le communiqué de presse se caractérise par

l’emploi de phrases simples et directes sans fioritures ni périphrases. Le style est

journalistique « sujet verbe complément ». La transmission du message étant l’alpha et

l’oméga d’un exercice de communication, on doit toujours avoir à l’esprit qu’on rédige pour

les journalistes, l’idéal étant que ces derniers reprennent le communiqué « texto ». Le

communiqué de presse doit être court, percutant, mais informatif. Il peut prendre l'exemple

d'une "alerte programme" comme ce fut le cas pour la diffusion du Discours de Politique

Générale de Manuel Valls le 8 avril 2014 (voir d'autres exemples en annexe). Il y a aussi les

communiqués de presse "verbatims" (rubrique "Ils ont dit" sur le site de LCP-An) où l'on

reprend les déclarations principales d'un invité politique.

Plus globalement, et outre les communiqués de presse, nous réalisons divers supports de

communication sur l'actualité de la chaîne et ses programmes : communiqués de presse, mais

aussi bulletins des programmes et les transversales (document mensuel présentant les

programmes forts du mois)

- Aide à la réalisation du Dossier de presse de rentrée :

Le dossier de presse de rentrée demeure un document stratégique pour la chaîne. Il est

présenté le jour de la conférence de presse de rentrée. Les différentes nouveautés de la chaîne

y sont exposées, mais aussi des informations plus générales. Ce document reste au coeur du

travail de valorisation de la chaîne. Nous avons pu contribuer à la réalisation du document

version 2014/2015, entre organisation des séances photos pour les animateurs et rédaction des

textes.

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- Constitution de revues de presse :

Il s'agit de rassembler tous les articles et différentes actualités faisant référence à LCP-An. On

dénombre le nombre de référence faîte à la chaîne dans la revue de presse mensuelle. Il y a

aussi les revues de presse dîtes thématiques, sur une émission ou un documentaire. Ainsi, j'ai

eu l'occasion de réaliser une revue de presse thématique de l'émission "Grand Ecran", ou sur

les documentaires "Combattantes du Nord Kivu, l'impossible destin", "Simone Veil, une

histoire française". On peut ajouter une revue de presse sur le dispositif mis en place par la

chaîne pour les élections européennes, avec un classement sondages, le grand débat du 15

mai, et les débats par circonscription. Ce travail m'a été demandé car cela permettra à la

chaîne de quantifier les retombées de cette opération très importante pour elle, car elle fut en

première ligne sur la diffusion de ces débats. Le nombre de retombées presse est alors

recueilli, celui-ci constitue alors un indicateur important pour la chaîne.

- Relances auprès des journalistes de la Presse Quotidienne Régionale (PQR) :

Ces relances se font essentiellement pour promouvoir l'émission "Le Député du jour",

présentée par Frédéric Haziza. Les contacts presses sollicités sont choisis en fonction du

département auquel appartient la circonscription du député invité. On peut ici souligner

l'importance pour LCP-An, media national, d'avoir ce lien avec la PQR, miroir des terroirs.

- Participation aux réunions de cadrage :

Les réunions de cadrage consiste en un travail de diffusion de l'information et de

coordination. C'est le lieu du choix des séances ou auditions diffusés lors du programme "Les

travaux de l'Assemblée nationale". Il convient là d'être vigilant quant aux changements qui

peuvent arrivés, le plus souvent dus aux rebondissements de l'actualité politique et

parlementaire (exemple de l'audition d'Arnaud Montebourg sur le dossier Alstom). Des

bouleversements d'antenne et de programmation peuvent apparaître dans les cas de dossier

d'actualité sensible, comme ce fut le cas sur l'audition de Christiane Taubira sur la réforme

pénale.

- Evènements IRL (in real life) :

Nous avons pu participer à plusieurs évènements "sur le terrain" : gestion des retombées des

élections municipales, soirée électorale des européennes avec accueil des invités politiques,

encadrement et accueil des participants lors de l'avant-première du documentaire "PSA-

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Aulnay, les mots de la fin" le 22 mai (qui a été ensuite diffusé sur LCP-An à partir du 10

juin), encadrement d'une visite de journalistes à l'exposition "Clémenceau, le tigre et l'Asie"

au Musée Guimet le mercredi 11 juin (une exposition dont LCP-An est partenaire).

3 ) ANNEXES

Voici quelques exemples de communiqués de presse réalisés durant ce stage, au sein du

service communication de LCP-An :

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COMMUNIQUÉ

LE DEPUTE DU JOUR

Présenté par Frédéric Haziza (6’)

Avec

Sylviane Alaux,

Députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques

Mardi 15 juillet 2014

à 10h20

Missions parlementaires, travail en circonscription, débats en commission,

déplacements à l’étranger…

Frédéric Haziza invite un député pour un tête-à-tête, l’occasion de présenter et

expliquer ses différentes fonctions et son engagement au quotidien.

Un rendez-vous très didactique qui éclaire le travail parlementaire trop souvent

réduit aux seuls débats dans l’hémicycle…L’occasion également d’évoquer le

parcours politique, les combats, et les convictions profondes du député.

Contacts : Virginie Nicolle : 01 40 63 90 87 - [email protected] / Bruno Cammalleri : 01 40 63 90 83 - [email protected]

Voir la Politique en Grand sur LCP sur le canal 13 de la TNT, le câble, le satellite et l’ADSL et en version 24/24 sur www.lcpan.fr et sur l’ADSL : Bouygues Telecom (canal 48), Free (canal 90), Orange (canal 162) et SFR (canal 220).

lcpan.fr

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79

…ILS ONT DIT SUR LCP

“POLITIQUE MATIN”

Présenté par Patrick CHENE

Déclarations de Xavier BERTRAND

Député UMP de l’Aisne, ancien ministre - Jeudi 22 mai 2014 à 9h

------------------------------------------------------------------------

Sur le traité transatlantique :

« Je suis prêt à voter cette résolution qui vient des communistes et je me moque de

savoir quelle en est l’origine. Ça fait un an que j’exprime mes plus vives réserves sur ce

sujet. Il y a une résolution qui vient des communistes, mais je ne rentre pas dans des cases

politiques, ce sont mes convictions depuis longtemps : Il faut suspendre ce traité dans les

conditions actuelles. Il faut de la transparence qui n’existe pas aujourd’hui ».

Retrouvez l’intégralité de cette déclaration en cliquant sur le lien ci-dessous

:http://www.lcp.fr/videos/reportages/160626-xavier-bertrand-pret-a-voter-la-resolution-communiste-pour-

suspendre-le-traite-tafta

Sur la tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Point :

- « C’est utile qu’il s’exprime dans ce débat, le point de vue d’un ancien Président de la

République est quelque chose qui compte. Je note des différences par rapport à cette

tribune : je pense que le couple franco-allemand est important, mais il ne peut pas être

le moteur dominant ou alors on ne réussira jamais à bâtir l’Europe de l’énergie (…) »

- « J’ai aussi une différence sur la politique de la BCE : je pense qu’il faut changer les statuts

de façon à ce que la BCE contribue à la croissance (..) »

- « Nicolas Sarkozy s’engage pour l’Europe, beaucoup d’électeurs de droite auraient

aimé qu’il s’engage pour l’UMP. Mais ce que je vous dis là, je lui ai dit en face. Si on

n’a pas le droit d’avoir des différences de fond, alors à quoi sert le débat ? (…) Il y a

un point important, nous voterons de la même façon et il aurait été bien qu’il le dise »

Retrouvez l’intégralité de cette déclaration en cliquant sur le lien ci-dessous

http://www.lcp.fr/videos/reportages/160629--beaucoup-d-electeurs-de-droite-auraient-aime-que-nicolas-sarkozy-

s-engage-pour-l-ump-xavier-bertrand

Contacts : Virginie Nicolle : 01 40 63 90 87 - [email protected] / Bruno Cammalleri : 01 40 63 90 83 - [email protected]

Voir la Politique en Grand sur LCP sur le canal 13 de la TNT, le câble, le satellite et l’ADSL et en version 24/24 sur www.lcpan.fr et sur l’ADSL : Bouygues Telecom (canal 48), Free (canal 90), Orange (canal 162) et SFR (canal 220).

lcpan.fr

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COMMUNIQUÉ

COMMUNIQUE

Du 12 juin au 13 juillet,

LCP contre-attaque et place les femmes

au coeur de sa programmation !

A l’occasion de la Coupe du monde de football au Brésil, LCP vous propose une

contre-programmation 100% féminine. Société, politique, histoire, international…

Retrouvez les documentaires où les femmes jouent à tous les postes, en attaque

comme en défense.

Vendredi 13 juin à 20h30… pendant le match Espagne / Pays Bas

LA MALEDICTION DE NAITRE FILLE

Réalisé par Manon LOIZEAU et Alexis MARANT (52’)

On les appelle les «missing women », les femmes manquantes. Il manquerait en Asie plus de 100 millions de petites filles, conséquence dramatique de plusieurs siècles d’infanticide, et surtout de l’apparition de l’échographie qui a favorisé des millions d’avortements sélectifs. En Inde, en Chine, au Pakistan, les filles sont tuées à la naissance, abandonnées ou éliminées avant de venir au monde.

Vendredi 13 juin à 0h15… pendant le match Chili / Australie

COMBATTANTES DU NORD KIVU, L’IMPOSSIBLE DESTIN

Réalisé par Stéphanie TAMORRE et Francesca TOSARELLI

(52’)

Une coproduction LCP Assemblée nationale – Premières

lignes Télévision

En République Démocratique du Congo, plus précisément au Nord-Kivu, pour les femmes, seuls deux statuts semblent possibles. Victime ou bourreau. 500 000 femmes violées d’un côté, des centaines de combattantes de l’autre. Certaines ont rejoint le camp officiel, celui de

l’armée régulière, les FARDC, d’autres les divers et nombreux groupes rebelles.

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Dimanche 15 juin à 20h30… pendant le match France / Honduras

L’AGE ADULTE

Réalisé par Eve DUCHEMIN (56’)

Vivant en colocation dans une maison inachevée avec son ancien petit copain, Sabrina, 20 ans, enchaîne les petits boulots non qualifiés pour essayer de lutter contre les factures qui s’accumulent. Inscrite à une formation d’aide-soignante pour tenter d’avoir un diplôme, « sa seule vraie chance d’avoir un jour un boulot stable », elle commence parallèlement la nuit un job de strip-teaseuse, sur le Vieux Port de Marseille.

Jeudi 19 juin à 20h30… pendant le match Uruguay / Angleterre

LES DAMNEES DU LOW COST

Réalisé par Anne GINTZBURGER et Franck VRIGNON (52’)

Le 24 avril 2013, le cri des femmes du Rana Plaza et les images des centaines de cadavres sortis des décombres de l’usine textile ont fait le tour de la planète. En France, en Europe, on a brutalement pris conscience de ce qui se joue dans les usines de confection du Bangladesh. L’immeuble qui s’est effondré à Dacca abritait 5 ateliers de couture avec près de 4000 ouvriers, en grande majorité des femmes qui s’y relayaient jour et nuit pour un salaire de misère, 30 euros par mois.

Vendredi 20 juin à 20h30… pendant le match Suisse / France

ALIAA, LA REVOLUTIONNAIRE NUE

Réalisé par Pierre TOURY (52’)

Une coproduction Premières Lignes - Arte France – LCP Assemblée

nationale

Menacée de mort en Egypte par les fous de dieu, chassée par les révolutionnaires de la place Tahrir du Caire, contestée par certaines féministes égyptiennes, lâchée par ses propres amis, Aliaa Magda Elmahdy, 20 ans, n’avait pas le choix. Elle devait fuir l'Egypte pour survivre. Et elle s’est réfugiée en Suède où nous l’avons retrouvée. Son crime ? Avoir posée nue sur son blog pour dénoncer l’hypocrisie ambiante autour du corps de la femme dans le monde arabe.

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Jeudi 26 juin à 20h30

LES SURVIVANTES DE LA PROSTITUTION

Réalisé par Hubert DUBOIS (52’)

Une coproduction LCP Assemblée nationale – Mat Films

L’Assemblée nationale a récemment voté une proposition de loi pour lutter contre le système prostitutionnel, rejoignant la Suède et la Norvège dans la politique abolitionniste européenne. Si les débats se sont surtout focalisés sur la pénalisation des clients, ce n’est là qu’un des volets de la loi. En définissant la prostitution comme une forme de violence contre les femmes incompatible avec les valeurs de notre société, cette loi entend y mettre fin et permettre aux personnes qui en sont les victimes de sortir de ce système. Rosen et Laurence, deux anciennes prostituées, témoignent de cette violence

Jeudi 26 juin à 0h15

NAKED WAR

Réalisé par Joseph PARIS (52’)

Une coproduction La Clairière Production - LCP Assemblée nationale – TV Tours Val de

Loire – Cinaps TV

Jeune réalisateur et activiste, Joseph Paris a croisé la révolte des Femen – le mouvement féministe venu d’Ukraine - au printemps 2012 et les a suivies pendant plus d’un an. Joseph Paris les filme au plus près, ébloui par leur geste, solidaire de leur cause. Il cherche à mieux discerner ce que raconte cette révolte et interroge les images fabriquées par les Femen et qui surgissent ponctuellement dans les médias : renverser les représentations du corps féminin, inventer une grammaire cinématographique, révéler les systèmes d'oppression et la violence qu'ils exercent.

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Page 83: La communication publique, entre pertinence et attractivité : le cas de LCP-Assemblée nationale

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TABLE DES MATIERES

> LE MEMOIRE >

AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS PERSONNELS..............................................5

INTRODUCTION.....................................................................................................................7

PARTIE 1 : LA MISSION DE SERVICE PUBLIC DE LCP-AN :

CARACTERISATION, SPECIFICTES ET CONTRAINTES..........................................10

1.1) Contextualisation et caractérisation de la mission de service public..........................11

A) LCP-An : Communication publique ou communication politique ?............................11

La communication institutionnelle............................................................................................11

La communication politique n'est jamais loin..........................................................................12

Le champ de la communication publique.................................................................................14

Une application directe de communication publique...............................................................17

LCP-An, plus proche de la communication publique...............................................................17

A qui s'adresse t-on ?................................................................................................................18

B) Service public et intérêt général.......................................................................................18

Que disent les statuts de LCP-An ?...........................................................................................18

LCP-An et sa mission de service public passés sous le crible du Droit...................................19

Autour du service public...........................................................................................................21

Les corollaires de la mission de service public........................................................................22

C) Pourquoi LCP-An ?...........................................................................................................23

Une chaîne parlementaire... mais pourquoi ?..........................................................................23

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Le devoir de pédagogie.............................................................................................................23

Faire vivre le Parlement...........................................................................................................24

1.2) Les contraintes budgétaires............................................................................................25

A) Une télévision sans publicité.............................................................................................25

B) Un paysage audiovisuel concurrentiel et l'univers de la TNT.......................................26

C) Coller au contexte du secteur public................................................................................27

1.3) L'héritage du bicamérisme et ses conséquences...........................................................29

A) Aux origines d'une cohabitation audiovisuelle................................................................29

Un canal, deux chaînes, une cohabitation................................................................................29

Une histoire audiovisuelle expliquée par l'Histoire..................................................................29

Assemblée nationale contre sénat ?..........................................................................................30

B) L'histoire, l'Histoire et la télévision..................................................................................31

C) Vers plus d'unité................................................................................................................32

PARTIE 2 : DES CONTRAINTES QUI SONT DEVENUES DES DEFIS QUE LCP-AN

ENTEND RELEVER : LES OUTILS ET LES STRATEGIES DE L'ATTRACTIVITE

2.1) Management de l'attractivité : Positionnement, programmes et publics...................34

A) De la création à aujourd'hui, d'un défi à l'autre.............................................................34

B) Positionnement sur un resserrement du lien politiques-citoyens..................................35

C) Positionnement sur le temps.............................................................................................36

Le constat du temps qui s'accélère............................................................................................36

LCP prend son temps................................................................................................................37

D) Programmes : LCP-An varie les écritures audiovisuelles..............................................38

De Canal Assemblée à LCP-An................................................................................................38

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Gestion et management de la grille des programmes...............................................................40

E) Publics.................................................................................................................................41

Audiences, cibles.......................................................................................................................41

Conclusion du 2.1.....................................................................................................................43

2.2) Une communication offensive.........................................................................................44

A) Quelle marque LCP-An ?..................................................................................................44

B) Quelle communication ? Ton, style, limites.....................................................................46

Faire de la communication publique : approche offensive ou défensive ?...............................46

Com' en Print............................................................................................................................47

Limites budgétaires...................................................................................................................48

C) Quelles formes de communication ?.................................................................................48

Le terrain...................................................................................................................................48

Les partenariats........................................................................................................................49

2.3) La gestion de l'aspect testimonial passe par le virage digital et le Media global.......50

A) Stratégie multimédia : relier plutôt que relayer.............................................................50

B) Digital rime avec testimonial.............................................................................................51

Le numérique, créateur de lien.................................................................................................51

Applications concrètes..............................................................................................................51

Ce que le numérique implique..................................................................................................53

Ce que le numérique permet.....................................................................................................53

C) Focus sur l'écosystème social media de LCP-An............................................................54

Analyse de l'écosystème social media de LCP-An....................................................................54

Plus de possibilités et quelques limites.....................................................................................56

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La cible "jeune".........................................................................................................................57

2.4) LCP-An, entre perspectives et recommandations........................................................58

A) La fusion avec Public Sénat, une question d'ordre politique.........................................58

B) Continuer ou changer de modèle ?...................................................................................58

Pourquoi comparer ?................................................................................................................58

C-SPAN aux Etats-Unis............................................................................................................59

Phoenix en Allemagne...............................................................................................................60

BBC Parliament en Grande-Bretagne......................................................................................60

C-Pac au Canada......................................................................................................................61

C) Une "super" chaîne citoyenne ?.......................................................................................62

D) Le ton "décalé objectif"....................................................................................................63

LES MOTS DE CONCLUSION............................................................................................64

BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................65

ANNEXES................................................................................................................................68

> LE RAPPORT DE STAGE >

1) Qu'est ce que La Chaîne Parlementaire ?........................................................................72

2) Le stage et ses missions.......................................................................................................73

3) Annexes................................................................................................................................77

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Résumé : Ce mémoire propose une réflexion qui croise des notions théoriques et un

environnement professionnel, à savoir LCP-An. Autrement dit, il s'agit de réfléchir sur des

questionnements et enjeux autour du management de la communication publique via

l'exemple de LCP-An. La communication publique d'aujourd'hui doit s'adapter aux enjeux

actuels en devenant plus attractive tout en conservant sa pertinence : c'est exactement le même

défi auquel LCP-An est confronté. Ainsi, ce mémoire explique ce qui fait la pertinence de

LCP-An en détaillant sa mission de service public et ce qu'elle entraîne ; puis, nous analysons

les outils et stratégies mis en place par LCP-An pour relever le défi de l'attractivité.

Mots-clés : Communication publique, Management, LCP-An, Service public, Stratégie de

communication, Parlement, Gestion, Lien entre les politiques et les citoyens, Pertinence,

Attractivité, Réseaux sociaux

Abstract : This thesis entertains a consideration of both theoretical perspectives and a

professional environment, in terms of LCP-An. It represents a reflection, on the questions and

issues surrounding the management of public communication via the example of LCP-An.

Modern public communication must adapt to current challenges by becoming more attractive

while maintaining its pertinence : this is precisely the challenge LCP-An is facing. In this end,

this thesis defines the pertinence of LCP-An through its public service mission and what it

entails, followed by an analysis of the tools and strategies developed by LCP-An to meet the

challenge of public appeal.

Keywords: Public Communication, Management, LCP-An, Public Service, Communication

Strategy, Parliament, Relationship between politicians and citizens, Pertinence, Public

Appeal, Social Networking