Integral Cours

download Integral Cours

of 88

Transcript of Integral Cours

  • 7/28/2019 Integral Cours

    1/88

    Les diasporas grecques du VIIIme sicle la fin du IIIme sicleavant J.-C. (bassin mditerranen, Proche-Orient)

    Sujet largi : l'espace concern va de l'Ibrie l'Indus. En gros on intgre les royaumes

    hellnistiques. Edit : en fait c'est seulement pour l'agrgation que l'on va jusqu' l'Indus.La question couvre la priode du VIIIe au IIIe sicle : Priode archaque, classique et dbuthellnistique.

    Les concepteurs du sujet prcisent qu'il ne faut pas dcouper par priode ces 5 sicles.Nanmoins, pour des raisons trs pdagogiques et pratiques, on va ce semestre traiter la questiondes VIIIe aux VIe sicle, en M2 la priode classique et le IIIe sicle.

    Bibliographie officielle labore par deux enseignants de la SOFO.

    Programme des TD :TD 1 : Textes d'Homre (fascicule)TD 2 : exposs : p.18 Alphabets et inscriptions et historique de la colonisation selon Thucydide

    p.42-44TD 3 : expos : Archiloque de Paros (p.36) et les PhocensTD 4 : les fondateurs de Cyrne + HrodoteTD 5 : Massalia et Epidamne

    Lire la problmatique introductive de la biblio de la SOFO. Diaspora pas seulementcolonisation : dissmination, parpillement, dplacement de population sans forcment cration de

    nouvelles cits.

    Le mot essentiel qui est sous-jacent dans la question est le mot mobilit.

    Mobilit voulue, souhaite, commande ou subie ? moyens de bouger ?Pourquoi ? Enrichissement ?Ont-ils russi dans cette diaspora ? Ide de bilan.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    2/88

    Chapitre I : Prsentation de la question

    I) Sources

    Il est ncessaire si on veut avoir une ide srieuse de la question de croiser les sources. Sielles sont prises isolment, elles se rvlent insuffisantes, partiales, voire trompeuses.

    Par exemple, ce n'est pas parce qu'on a trouv un tesson de poterie grecque en Italie qu'onpeut en dduire une prsence grecque (change).

    On a pas de traces sur la marine phnicienne, peu de sources sur les navigations ouinstallations phniciennes. Ceci risque de fausser notre perspective moderne. On va considrer trophtivement que les grecs taient plus prsent que les phniciens.

    Les diffrentes sources :* Sources littraires, sources textuelles :Jean Brard, La colonisation grecque de l'Italie mridionale et de la Sicile dans l'antiquit :

    vieil ouvrage classique qui numre les sources littraires pour l'poque archaque.Sources de 400/600 ans aprs, sources tardives, donc fiables en partie. Par exemple, texte de

    Diodore de Sicile, Strabon, Pausanias. Il faut connatre ces sources mais voir qui a inspir ces troishommes.

    On a parfois la chance de trouver des auteurs tmoins voire acteur de la colonisation. Parmices auteurs, Archiloque de Paros. On peut admettre que son pre a t le premier colonisateur,autrement dit l'oikiste, de Thasos, v. 680. D'autres potes sont tmoins de cette colonisation : Alce

    ou encore Hipponax.Il (qui donc ??) a pass son enfance a Thourioi, colonie hellnique fonde dans le talon de lagrande Grce au milieu du Ve.

    On a aussi des textes extrmement fantaisistes ou propagandistes. C'est le cas de Dmarate,qui a fait souche dans le Latium. C'est une faon pour cette tradition qui la valorise de clbrer lesorigines grecques pour Rome.

    Toutes ces sources peuvent faire la part belle au mythe. Par exemple, la fondation deMarseille : l'immigr Troyen qui rencontre la belle princesse et va faire souche ensuite a Marseilledans le meilleur des mondes relve sans doute en partie du mythe et non pas d'une vrit historique.Mme chose pour Tarente, fond par des btards.

    On a dans 80/90% des cas des rcits de diaspora russies. Ce qui peut donner l'ide que ladiaspora fonctionnait de faon idale. Or, on sait qu'il y a eu des checs. Par exemple une

    population de Cnide en Asie mineure a voulu en 680 a voulu s'installer en Sicile, au Cap Lilybe.Rgion assez hostile car il y a des populations locales jalouses de leur territoires.

    * Sources pigraphiques. Pour la priode archaque, on a que quelques documents. On atrouv galement des inscriptions sur plaques de bronze poses dans le sanctuaire de Zeus aDodone, situ au nord/nord-ouest de la Grce. Sur ces tablettes de plomb taient graves desquestions poses aux dieux a propos des risques et des chances de telle ou telle expdition outremer. Mais on a pas grande chose sur le plan pigraphique.

    * Sources archologiques, terrestres maritimes/sous marine:l'archologie nous renseigne surl'urbanisation, le dveloppement artistique, la vie quotidienne, les armes. Il y a des corpusregroupant a. Corpus de John Beazley par exemple.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    3/88

    La cramique progresse beaucoup. Elle est intressante car si bien tudie elle renseigne surles parcours emprunts par les grecs ou les produits grecs. L'argile, la terre mme dont elle est faite,les motifs, la forme, tout cela permet d'avoir une ide prcise sur le lieu de fabrication et sa date. Onestime aujourd'hui une dizaine d'anne la marge d'erreur, 25 ans pour les moins optimistes.Pendant longtemps, on a pu tudier pour savoir si une cramique a t importe de Grce oufabrique sur place. Si importe, rseau, sinon installation d'artisans grecques ou copie par des

    indignes de modles grecques. Les archologues sont capables de dire si la terre est une terrelocale ou de Grce.Autre lment pour les archologues, la statuaire et l'architecture.Autre type de source, les sources numismatiques, partir du VIe sicle, et qui mettent un

    certain temps circuler.

    II) La chronologie des diaspora archaques, comptoirs et colonies

    Deux termes :emporion : comptoir de commerce

    apoikia : installation outre-mer avec fondation d'une cit, qui peut tre une colonise marchande.

    A) Les premires explorations et les premires migrations :

    Il faut remonter trs haut, au IIIe/IIe millnaire. Il y avait dj en mditerrane des changeset dplacements par voie maritime dans cet espace.Au XIII/XII, les Mycniens/achens colonisent certaines rgions orientalesCette colonisation samplifie. Des rgions du sud/sud est de la Turquie sont occupes par des grecscontinentaux ds le XIe. On a souvent dit que les populations de la Grce continentales ont tchasss par les peuples venus du nord les doriens. L'invasion des Doriens n'est pas une vritableinvasion mais sans doute une espce de migration des peuples du nord descendant vers le sud ets'installant dans le Ploponnse au sud de la Grce. Une partie des autochtone a migr vers l'est enAsie mineure. Ce sont les Ioniens.

    Autre phnomne de migration qui peut expliquer ces migrations, les fameux peuples de lamer, descendus du nord de la mer ge le long des cts grecques, en Crte, en gypte ,ets'attaquant aussi l'Orient.

    Les diasporas les migrations archaques ont t prcdes d'un mouvement qu'on appellebtement pr-colonial ou plus subtilement para-colonial.

    Les diasporas, dans le sens d'change commerciaux, de dplacements, de migrations, ont puprcder, accompagner voire suivre les grandes phases de colonisations. Ces grands mouvements nesont donc pas forcment PRE-coloniaux.

    Parmi les premires rgions occupes ou vises par les grecs, en Orient le comptoir decommerce Al-Mina et en occident l'le de Pithcusses ; situ tout prt des ctes de l'Italie.Peut tre au X/IXe sicle on a ces installations qui ne sont pas des colonies, par les rtriens etChalcidiens.

    Enfin, il faut rapprocher la colonisation grecque des autres mouvements, trusques etphniciens : par exemple, Carthage est une colonie de Tyr est fonde selon la tradition en 814.

    Il est difficile de dater la colonisation prcisment. On a souvent des conjectures loin d'tre

    vrifies si l'on sait que les cits ont eu tendance dans l'histoire reculer le plus possible la date defondation de leur colonie. Par exemple Corinthe prtend avoir fond telle colonie non pas en 650mais en 700.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    4/88

    Pour des raisons de prestige, plus une cit est ancienne, plus elle est prestigieuse. Pour desraisons de territorialit et de proprit aussi (le ius primi occupantis des romains)

    On a de cette manire un certain flottement dans la date de fondation de telle ou telle cit.

    Par exemple, Sinope au nord de l'Anatolie, selon les sources littraires divergentes et lesarchologues, a t fondes soit en 756, soit en 631.

    On a des difficults avec la chronologie dans l'antiquit, qui est une chronologie relative. Ondate gnralement les vnements selon les olympiades. Mais quand a lieu la premire ? 776 ? onest plus trs sur.

    Il y a aussi des tentatives de crer des chronologies de l'antiquit, par des groupes dechronographes dont fait partie ratosthne. Il y a une date que l'on connat bien qui n'est pas relativemais absolue, c'est la date de lclipse du 3 aot 431.

    Autre question pour la chronologie. Qu'appelle-t-on la date de l'apoikia ou de la diaspora ?La date du dpart des grecs de chez eux ou la date de leur arrive sur un territoire outre-mer, voirede la fondation de la colonie.

    B) Le mouvement de la colonisation.

    A l'poque archaque, elle s'tend sur un peu moins de 200 ans, entre 770 et 580. Ces deuxsicles appartiennent un vaste mouvement d'expansion, de dissminations grecques, unmouvement marqu d'abord par une phase caractre migratoire mais pas organis, et qui va

    jusqu' 750. Avant ou en mme temps que les dbuts de cette colonisation, o na des mouvements depersonnes en mditerranes, mais tout cela est informel. Le phnomne de colonisation, on emploiele terme de globalisant mais aussi paradoxalement de particulier. La colonisation grecques est lafois global et particulier.

    Phnomne global : tout l'espace mditerranen, plutt la rive nord quand mme.En mme temps, c'est un mouvement particulier car c'est un phnomne qui intresse au

    dpart un certain nombre d'individus. 200 ou 300 personnes sont envoyes par cits.Phnomne particulier aussi car chaque tablissement grec d'outre mer est particulier :

    environnement, populations locales, ressources. Il n'y a pas UNE diaspora avec un modle valablepour toute la mditerrane. Do le sujet LES diasporaS grecqueS. Dans ces deux sicles decolonisation, on distingue deux grandes phases, ou plutt on a distingu deux grandes phasesarchaques, avec des dates variant selon les coles.

    Par exemple, pour l'historien de Lyon 2 Jean-Luc Lamboley : phase 1 de 770 675 ; phase 2de 675 500 (et non pas 580).

    Pour d'autres historiens, Claude Baurain par exemple, phase 1 de 750 625, avec dans cettepriode 1 un paroxysme entre 750 et 700 (explosion de la diaspora) ; phase 2, 625 510.

    Lors de la deuxime phase, on assiste un largissement de la zone de colonisation. Ons'intresse davantage des rgions comme la mer noire, la gaule, l'Espagne. Lors de cette deuxime

    phase, il y a beaucoup plus de cits qui envoient outre mer des ressortissants. Ce qui fait dbat dansl'historiographie n'est pas tellement le dcoupage entre ces deux phases c'est surtout la spcificit dechacune de ces deux phases. Sont-elles distinctes ?

    Pendant longtemps on a distingu une phase 1 plutt agraire et dmographique. Cette phase1, jusque vers 675 voire 650, tait marque par des paysans qui prennent la mer pour redevenir

  • 7/28/2019 Integral Cours

    5/88

    paysan outre mer avec plus de terres. Deuxime phase serait de caractre commercial : on necherche plus des terres mais on chercher s'implanter pour ngocier, faire du commerce.

    Aujourd'hui on combat cette vision trop artificielle : une colonie dans l'esprit d'un grec doitpouvoir satisfaire tous ces besoins : c'est l'idal grec d'autarcie.

    Il vaut mieux apprhender les tablissements grecs d'outre-mers comme des implantationscomplexes, qui peuvent tre majoritairement agricoles ou commerciales, mais pas seulement.

    CF. Michel Casevitz, qui a tudi Le vocabulaire de la colonisation en Grec Ancien, 1985. Pourdfinir les grecs d'outre mer, les termes ont le plus souvent un caractre agricole.

    C) Pourquoi le VIIIe sicle ?

    Ce sicle est qualifi de sicle de la renaissance grec. videmment, il faut en finir avec l'idequ'entre le XIe et le IXe c'est le chaos et ensuite c'est la renaissance. Malgr tout, il est vrai que leVIIIe sicle est celui de l'expansion, du renouveau. Exemple, l'criture, avec la coupe de Nestor.

    C'est le dveloppement des flottes, des progrs, des bateaux, qui font du VIIe, du VIe, des siclesd'changes commerciaux et de migrations.

    Formule de Platon (Phdon) : les grecs sont logs tout autour de la mer comme des fourmis ou desgrenouilles autour d'un marais.

    Platon a envisag la colonisation dans son dernier ouvrage,Les Lois, vers 347.Les zones concernes sont d'abord la Sicile et la Grande Grce. Ce sont les Eubens, d'Eretris etChalcis, qui se sont opposs la fin du VIIIe ou au dbut du VII sicle, lors de la guerre Llantine.Parmi les crations des Eubens, on a Pithcusses (775) Cumes, Naxos (Sicile, 734) Catane,Lontinoi. Corinthe fonde Syracuse (lune des plus grande colonie grecque d'Occident) la fin duVIII en 733. Sparte fonde Tarente. Milet fonde Sybaris.

    III) Problmatique

    Il faut voir les consquences de la colonisation, voir si a ne provoque pas des mouvement lintrieur des terres. A partir de l'poque classique et surtout hellnistiques ce sont des territoiresentiers qui sont concerns.

    Questions poses :

    * Premire question : les diasporas, travers le cas de Dmarate, aristocrate de Cortinhe,qui a du fuir sa cit cause de conflits politiques internes, a migr vers l'ouest en suivant, au VIIesicle, les routes des marchands et colons. Il s'installe en trurie, la rgion situe au nord de Rome,dans une localit du Latium, Tarquinia. Arriv dans cette rgion, il pouse une femme indignetrusque, prospre grce au commerce, a une fils qui s'appelle Tarquin. Ce fils pouse Tanaquil, unetrusque et quitte sa ville natale pour s'installer Rome ou il devient sans doute en 616 le premierroi trusque de Rome (Tarquin l'Ancien). C'est par le biais de ces artisans ou commerant que lenouvel alphabet grec ce rpand sur le continent en Italie. Il est tout fait probable que cette histoiresoit une fable : c'est la russite de l'exil qui pouse une fille de bonne famille et dont le fils devientroi.

    Cette histoire nous est rapporte par des historiens tardifs : par exemple Polybe, 400 ans

    aprs les vnements ou par Pline l'Ancien, I A.C. Ce sont donc des auteurs qui, selon une traditionbien tablie, ont tendance faire de Rome une cit de culture grecque.Si les choses sont enjolives, elles ne sont cependant pas compltement fausses : ce rcit

  • 7/28/2019 Integral Cours

    6/88

    illustre la ralit de la mobilit la fois gographique et sociale dans le monde mditerranen.Mobilit horizontale (espace) et verticale (hirarchie sociale). L'immigr qui a fuit son pays gravitles chelons et fait de son fils le roi. C'est bien une possibilit qui correspond une promotionindividuelle, et sans doute une promotion collective dans la mesure ou les artisans grecs ont

    prospr.Pour confirmer ce genre de mobilit, on a des arguments pigraphiques. On a trouv tout

    prt de Tarquinia des inscriptions dont l'une porte un nom, Rutile Hipukrate. Ce sont deux mots quiont toute chance d'tre un prnom et un nom. Le prnom serait indigne (rutilus = latin) alors quel'autre est un gentilis qui serait grec. Culture mixte donc. Hippokrates est un nom typiquementaristocrate (hippos = cheval). Donc un aristocrate qui quitte sa cit de Corinthe et fait souche enItalie, et donc la descendance a pris comme prnom un terme local. Ces deux mots illustrent

    parfaitement la mixit, la fusion, l'acculturation entre grecs et latins. Si cela est vrifi, est a l'estcar Carmine Ampolo a trouv d'autres inscriptions, on a la preuve que l'installation outre mer arussi mais a aussi perdur : on a des familles qui se sont cres sur place et qui ont adopts desnoms indignes : l'onomastique retrace cette volution migratoire.

    Cet exemple de Dmarate regroupe diffrents lments rcurrents et relatifs la diaspora :ces lments rcurrents sont d'abord un dpart contraint, une activit marchande, l'intgration dans

    un pays indigne avec mariage local. C'est ensuite la descendance et la russite sociale, verticale etpuis la transformation culturelle. Le changement culturel qui s'opre, visible dans l'onomastique.

    * Deuxime question : Qu'est-ce que la Grce, puisqu'on parle de diaspora grecques ?. Il n'ya pas a l'poque archaque UNE Grce. Il faut attendre Hrodote pour que se dveloppe cette ide(mme sang, langue, pratique, culture, etc.). A l'poque archaque, il y a diffrents peuples : ioniens,dorien, achens, oliens (danens), qui vivent dans la Grce actuelle mais pas seulement. Il y acependant quelques occurrences d'un terme Panhellens, le rassemblement des grecs. Ce sentimentdu panhellnisme signifie qu'on a conscience d'appartenir une mme culture. Ceci se traduit parexemple avec les jeux olympiques. Les occurrences de panhellens se trouve aussi chez Hsiode(travaux et les jours) et chez Archiloque de Paros.

    Pour dire la Grce, on dit Hellas. Ce mot est dj utilis par Homre mais dans un sens trstroit. La Grce ou Hellas pour Homre est simplement la partie centrale de la Grce, qui necomprend pas le Ploponnse. Ce n'est que trs progressivement que le mot Hellas prend un sens

    plus large gographiquement. C'est au dbut de la priode classique, au dbut des guerres mdiques,qu'on a le sentiment d'appartenir une Grce, d'tre Grec, par opposition aux Perses, aux barbares.

    * Troisime question : la mobilit des personnes et des biens. Diffrence entre voyage etmigrations. Ces dernires obissent des considrations individuelles ou lies des causes commeles guerres (mercenaires, fuite). Il est difficile pour cette question de savoir qui voyageait ou

    migrait. Il est possible et mme probable que ce sont les artisans, les dmiurges, qui deviennent desartistes aprs le VIIe sicle, qui vont soit enseigner leur art l'tranger, soit s'installer. Ce sont aussides savants, Pythagore par exemple, qui a vcu au VIe sicle, qui a voyag en orient, en Phnicie,en Syrie, Naucratis, en Crte ou il a pous d'ailleurs l'une de ses disciples, Thano. Il s'installeensuite au sud de l'Italie, Crotone, l'ge de 40 ans.

    Les populations locales sont-elles attires ou au contraire repousses par les Grecs ?

    * Quatrime question : sur la colonie. Qu'est ce qu'une colonie l'poque ? Y a-t-il une ouplusieurs colonie ? Pourquoi plusieurs phases ? Quel est le statut des colons ? Le rapport entrecolons et coloniss ? Hostile ? Si oui, pourquoi ? Diffrents culturels, conomiques ou territoriaux ?Accords ? Acculturation ? Intgration ? Hellnisation ?

    Qu'est-ce qui peut expliquer la russite des grecs dans leur diasporas ultramarines ? Neserait-ce pas l'organisation politique des grecs, leur cohsion et leur culture qui les aurait conduit dominer les populations locales et surtout perdurer dans leur diaspora outremer ?

  • 7/28/2019 Integral Cours

    7/88

    Quel est le rapport entre diaspora grecque et colonisation moderne ? Il ne faut surtout pasprojeter des comportements et penses modernes. Dans l'Antiquit, les rapports entre la colonie etsa mtropole peuvent tre trs lche, beaucoup plus qu' l'poque moderne. Sur le plan desinstitutions, une colonie grecque archaque peut fonctionner diffremment de sa mtropole etconstituer une sorte de laboratoire ou les bases de l'galit civique ou de la dmocratie sont poses,ce qui n'est pas le cas forcment dans la mtropole.

    Le mot colonie, il faut s'en mfier car il renvoie beaucoup plus une ralithellnistique/romaine et une ralit occidentale moderne qu' ce qui a pu se passer au VIIIe/VIesicle. Il vaut mieux utiliser le terme technique d'apoikia. L'apoikia signifie la sparation, on insisteainsi sur l'loignement par rapport la mtropole. Le mot de colonie insiste sur le point d'arriv, surl'tablissement nouveau.

    Colonie vient de Coloeia, cultum, de la racine indo-europenne quem qui signifie circulerautour de quelque chose. Cela signifie frquenter un endroit une personne, donc habiter. (habitant =incola, l'habitant d'une terre = agricola). Il n'y a donc pas l'ide d'un dpart, de s'loigner. Le motcolonie est donc un peu hors-sujet, c'est l'aboutissement de la diaspora, pas la diaspora en cours.

    Autre sens driv, le mot colo signifie non seulement frquenter mais aussi vnrer (la terrequi produit). Par extension, cela signifie qu'on vnre les gens avec qui ont vit et les dieux qui nous

    protgent. Do le mot driv de colo, le culte.Dernire volution, le mot franais cultiv (intellectuel) drive de l. Il y a une installation

    sur une terre, culte rendu des dieux reconnus par une communaut, ce qui cre une civilisationd'tres cultivs.

    La diaspora grecque peut elle tre synonyme d'imprialisme un moment ou un autre ? Lacolonie est le territoire qu'un colon cultive. Le colon va prendre diffrents sens. C'est celui qui est le

    propritaire, celui qui cultive une terre pour un propritaire et enfin celui qui habite une colonie. EnGrce archaque, le colon a un autre sens : c'est un citoyen tabli sur un site cre par les Grecs.

    La colonie est un tablissement fond par une nation appartenant un groupe dominantdans un pays tranger ce groupe, moins dvelopp, et plac sous la dpendance et la souverainetdu pays occupant dans l'intrt de ce dernier (Petit Robert). Cette dfinition vaut pour les coloniesmodernes. En Grce archaque, l'ide de nation n'existe pas. Ensuite, les colonies ne vivent pasforcment dans l'intrt de leur mtropole. Ces colonies peuvent fonder elles mmes des colonies,comme s'il y avait des intrts propres la colonie qui ignorent ou dpassent les intrts de lamtropole. Enfin on ne peut pas dire que lorsqu'un grec s'installe dans une rgion, il le fasse pourdominer une population moins civilis.

    Le colonialisme signifie aussi un systme politique prconisant l'exploitation et la mise envaleur d'un territoire dans lintrt du pays colonisateur. Cette dfinition ne s'applique pas la

    premire phase de colonisation archaque mais peut s'appliquer la diaspora grecque partir duV/IVe sicle et plus encore avec Alexandre.

    On pense galement au schma des coloniss qui subissent les colons. Dans l'antiquit, plus

    complexe : liens troits avec indignes, qu'ils s'agisse de liens entre aristocrates (xnia, hospitalit),de mariages mixtes ou d'acculturation.En outre, les Grecs colonisaient des terres, pas des hommes. Il est donc trs rare que l'on s'en

    prenne aux populations ou qu'on les asservisse systmatiquement. L'esclavage de masse arrivera,mais au cours du VIe sicle.

    * Cinquime question : comptoirs et colonies ?

    La cration d'une emporia signifie une diaspora et un passage par la mer. Il ne faut pas confondreEmporia et apoikia, quoique parfois la distinction est trs artificielle.

    Apoikia va de paire avec le verbe ktizo, fonder, qu'on retrouve dans oikiste.

    Les emporia, eux, signalent avant tout la traverse maritime but commercial. Il y a d'autresmots relier la diaspora : enoikismos : l'tablissement. Ou bien, naustathmon, l'escale (basenavale qui sert protger les ressortissants grecs lorsqu'ils naviguent). On note aussi le limen, le

  • 7/28/2019 Integral Cours

    8/88

    port, l'epineion, le mouillage ou lentrept maritime.Il n'est pas certain que l'apoikia soit sur le plan chronologique la suite de l'emporion.

    Pendant longtemps on a cru que les Grecs avaient d'abord cre des comptoirs de commerce, quis'taient transforms ensuite en colonie. Or, cette thse est aujourd'hui combattu. La question a tsoulev par Jean-Luc Lamboley, de Lyon 2, dans son ouvrage Les Grecs d'Occident. On litaujourd'hui que selon les archologues et les historiens, les Grecs ont fond des comptoirs qui

    entrent dans un processus para-colonial. Il apparat grce aux fouilles que des comptoirs on pu trefond en mme temps que les colonies, voir aprs. Par exemple, les Grecs fondent une colonie enGrande Grce, qui gnre une certaine activit artisanale et commerciale : autour de la colonie, on

    peut voir surgir des comptoirs de commerce.Au final, pour distinguer le plus prudemment possible, l'apoikia est politique, pas

    l'emporion.

    On a vu que la colonisation est un phnomne durable avec cependant des priodes plusactives que d'autres. Ce phnomne revt plusieurs aspects. Il ne faut pas confondre les rseauxgrecs de commerce et de troc, qui fonctionnent par comptoirs de commerce, et la cration d'une citqui est un acte foncirement politique. Ceci n'est toutefois vrai que pour la priode archaque.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    9/88

    Chapitre II : Rappel historique de la Grce archaque.

    Introduction :Sources : dj prsentes.

    L'poque archaque = Entre IXe/VIIIe et fin VI/tout dbut Ve.Cette priode archaque se caractrise par toute sortes de changements culturels et militaires.C'est au cours de cette priode qu'apparat la polis. C'est au tout dbut de l'archasme que les Grecsredcouvrent l'criture, mais sous une forme nouvelle. On cre la phalange hoplitique, avec undbat : la tradition la fait remonter au VIIe sicle, certains considrent qu'on a dj des traces dansle monde mycnien. C'est aussi l'invention de la monnaie.

    Cette priode est traverse par des crises politiques. C'est non pas la disparition mais lararfaction des royauts. C'est l'essor des aristocraties locales. C'est l'pisode des tyrannies. La miseen place, pas partout, des structures ou institutions dmocratiques.

    Ces changements sont en liens avec les diasporas, ils en sont la cause et la consquence.

    Bibliographie : Polignac,La naissance de la cit grecque.Jean-Claude Poursat,La Grce prclassique, des origines la fin du VIe sicleAnthony Snodgrass,Dark Ages of Greece (popularise l'expression Dark Ages)Oswyn Murray,La Grce l'poque archaque

    I) Chronologie

    A) Naissance de la cit

    1/ Apparition de la cit

    Au risque de schmatiser, on a aprs le monde mycnien des ges obscurs entre le XIe et leIXe, puis la fin du IXe et au VIIIe, la Renaissance, avec l'mergence de la cit. A partir de cemoment, la polis va devenir l'organisation politique la plus frquente du monde grec classique. Oncompte la formation d'environ 400 ou 600 cits uniquement pour la mer ge durant la priodearchaque.

    Il y a un renouveau dmographique, la reprise des changes commerciaux. Bien sur, lechanges existaient encore, mais ils se sont de nouveau intensifis.

    Les anciens ont fix une date pour la cration de la polis. On a associ l'apparition de la polis

    la cration des jeux olympiques, donc 776. C'est commode mais historiquement a ne correspondpas grand chose. Il faut savoir ce qu'on entend par cit, par polis.

    La polis apparat dans l'Odysse travers la description de Schrie, l'le de Nausicaa, avecles lments ncessaires la dfinition de la polis : la prsence d'un rempart, l'dification demaisons ordonnes le long de rues, la prsence de sanctuaires et le partage des champs.

    Chez Homre, le mot polis figure mais il n'a pas tout le sens politique qu'il pourra revtir partir du VIIe sicle. Le mot dsigne plutt l'acropole, la partir haute d'un tablissement, d'un site. Ila le sens galement de citadelles, souvent installes la place des anciennes citadelles mycniennes.

    Progressivement, la cit prend un sens moins militaire et peut tre traduit par bourgade. On a

    dans lIliade l'numration de diffrents peuples qui habitent des bourgades : l'numration desvaisseaux, chant II. Ces bourgades doivent rpondre un idal d'autarcie, donc fusion entre uncentre qui va s'organiser et une chra qui va servir nourrir la population.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    10/88

    Le troisime lment qui apparat dans la dfinition gographique de la cit est le littoral. Ilest trs rare qu'une cit ne donne pas sur la mer.

    Autre lment constitutif de la cit, la prsence d'une agora, qui a plusieurs fonctions. Quandon fonde une colonie, on laisse un espace vide qui sera l'agora. Elle a plusieurs fonctions : religieuse(rendre cultes, construire un autel) et puis une fonction politique : c'est sur l'agora que les Grecsdiscutent de la cit. Toujours dans Homre, dans le Chant VI de l'Odysse, les Phaciens (habitants

    de Schrie) ont l une agora autour du beau temple de Posidon. C'est au IXe/VIIIe que le mot polisperd son sens de citadelle pour prendre celui de bourgade organise.

    2/ L'espace de la cit et l'urbanisation

    Ds le VIIIe sicle, ou mme avant, prend naissance le sentiment de l'espace politique, quiva devenir un espace civique, avec le dveloppement de la conscience d'une unit et d'une identitde la population : il n'y a pas de polis s'il n'y a pas visualisation d'un espace qui sera un espace

    politique. Comment se dessine cet espace ?

    C'est une espace qui est circonscrit derrire des remparts. Qui dit remparts dit caractre

    sdentaire : passage de l'levage l'agriculture, qui continue exister dans la chra. Durant laguerre du Ploponnse, la population de la chora d'Athnes est appel se replier l'intrieur desremparts, abandonner ses terres qui sera pill par les spartiates.

    Cette sdentarisation s'accompagne d'un accroissement de la population. Anthony Snodgrassa tudi autant que possible la courbe de la population grecque du VIIIe sicle d'aprs les tombes. Ilestime qu' partir de 770, nous somme dans un mouvement dmographique ascendant.

    S'il y a sdentarisation et visualisation d'un espace politique, il y a notion d'un tat territorial.Les premires murailles datent de la fin du VIIIe dbut IXe et se seraient celles de Smyrne ;:

    ce n'est pas un hasard si certains prtendent qu'Homre est natif de Smyrne.

    La tendance est donc l'exclusion de l'tranger. Les cits-tats grecs archaques sont trsexigus. La Grce est parseme de petites cits. Ce qu'on cherche faire (Hsiode) est utiliser toutl'espace disponible, et cela va dboucher la fois sur des guerres d'exclusion, et en mme temps surdes apoikia. Exemple de guerre d'exclusion motif territorial, la fameuse guerre Llantine. On nesait pas si elle oppose Chalchis Eretrie ou Lefkandi. On note aussi une simultanit delapparition de la cit et de l'esclavage tranger. L'argument est celui de Chios. C'est la premire cit utiliser les esclaves comme marchandise. De fait, c'est la premire cit voluer dans ladmocratie.

    L'organisation de l'espace est li l'urbanisation qui est dveloppe surtout voireexclusivement dans le cadre des colonies, avec tablissement de cadastres vise galitaire.

    Enfin se constituent trs tt des espaces sacrs : l'intrieur des cits, les enceintes sacresvont dlimiter des Tmn. Les temples apparaissent galement au milieu du VIIIe sicle, vers 750.Ce sont d'abord des temples en bois et en brique, sur le modle du megaron. Ces temples onttendance ne pas durer. Lorsque les cites et colonies prosprent, les temples sont reconstruit en

    pierre, voir en marbre, de faon afficher non seulement l'amour du dieu mais aussi la russite de lacolonie. Les populations indignes et des autres cits grecques aux alentours ont sous les yeux avecles temples de marbre la preuve que les grecs d'outre-mer russissent.

    Il y a aussi des espaces rservs aux dieux mais l'extrieur de ces cits naissantes, ce qui va

    contribuer mettre en place des rseaux entre grecs. Quelque centres religieux se crent en Grce :Delphes, Dlos, Olympie dans le nord/NW du Ploponnse, et, dans une rgion trs concerne parla colonisation, au NW de la Grce, le site de Dodone. Ces centres existent sans doutent depuis le

  • 7/28/2019 Integral Cours

    11/88

  • 7/28/2019 Integral Cours

    12/88

    jouer un rle dans les affaires politiques de la cit. Autrement dit, jusqu'au VIIe/VIe sicle il y a unearistocratie qui se lgitime par la proprit foncire ou l'levage de chevaux. Apparat une bourgeoisie qui est celle des grands ngociants qui vont travailler avec l'outre mer, soit l'orientsoit l'occident. C'est l'apparition de ce que Claude Moss appelle les Princes marchands . C'estune nouvelle forme d'aristocratie qui entre avec une aristocratie plus ancienne terrienne. Cettedernire s'oppose d'autant plus la nouvelle qu'il y a une attitude antibanausique, qui consiste

    dnigrer le travail du banausos, de lartisan, du travailleur manuel.

    L'aristocratie foncire ancienne ne se dsintresse pas cependant des changes avec l'outremer. Mais quand elle y recourt, elle le fait par le biais d'intermdiaires, pas elle mme.On a pas mal de sources de conflits l'intrieur de ces cits naissantes et pour les rsoudreapparaissent des lgislateurs.

    2/ Les premiers lgislateurs

    Ils suivent ou prcdent ou sont contemporains des tyrans classiques. Parmi les lgislateurs,deux connatre Athnes : Dracon, fin du VIIe sicle et Solon, dbut du VIe.

    Dracon, vers 620, tablit des lois extrmement dures.Solon rgle la question des dettes en partie. Il a introduit un principe qui va durer. Jusqu' Solon, unsizonier qui ne pouvait pas s'acquitter de ses dettes tait vendu comme esclave ou alors quittait lacit pour un emporion/colonie. Avec Solon, on ne peut plus se saisir de la personne de son dbiteur

    pour l'asservir. Solon a class la population en 4 catgories sociaux-conomiques : les plus riches,les cavaliers, les zeugites et ceux qui n'ont rien, les thtes.

    3/ Les tyrans

    Ils sont nombreux au VIe sicle, dans peu prs toutes les rgions habites par des Grecs,aussi bien dans les mtropoles que dans les colonies. Ce phnomne essaime au mme rythme quela diaspora, soit par contagion, soit par imitation : quand une tyrannie fonctionne bien, on est tentd'en tablir une chez soi.

    La tyrannie archaque n'a pas forcment un sens ngatif, ce qu'elle aura au IVe sicle. Ainsi,Denys Syracuse fait devenir sa cit la vitrine de la cit grecque face aux barbares carthaginois

    II) Ecriture, rforme hoplitique et monnaie

    A) Ecriture

    Il est admis que l'criture a disparu entre le XIIe et le XIe sicle, lorsque le monde mycnien

    disparat avec les palais. Quelques prises de positions dans le sens inverses, mais minoritaires.Au VIIIe sicle, nouvelle criture qui prend forme, emprunt au phnicien, criture dont lesystme est la fois syllabique et consonantique. Dans cette criture smitique, il n'y a pas devoyelle, sauf le a initial. Les grecs transforment certaines consonne ou certaine semi-consonnes envoyelle, ce qui donnera l'alphabet grec classique. On cre un alphabet grec qui reprend l'ordre mmede l'alphabet phnicien.

    Cet alphabet s'est form, si on en croit le mythe, grce un personnage Cadmos, princephnicien de Tyr et qui a donn cet alphabet aux Grecs. On fait le lien avec la forteresse de Thbes,la Cadme.

    La version historique : cet alphabet a sans doute t produit, cre, dans un comptoirs decommerce oriental, celui d'Al-Mina, tout au nord de la Syrie. C'est un comptoir de population mixte

    avec des Grecs et des Phniciens.

    Dans la fascicule, p.12 et 13, coupe de Nestor. Coupe boire, trouve dans une tombe

  • 7/28/2019 Integral Cours

    13/88

    crmation, dans une ncropole de Pithcusses. Elle date de 740/710. Elle tait dans la tombe d'unjeune garon de 10 ans. Ce garon incinr appartenait sans doute une grande famillearistocratique de Pithcusses, quasi-sr d'origine levantine. Ainsi, bc de petits vases en parfumlevantins y ont t trouv.

    Inscription trs fragmentaire de 3 lignes, pas faite au moment de la dcoration mais graveensuite par un grec, sans doute au moment d'un banquet. Cette inscription prsente un trimtre et

    dessous deux hexamtres dactyliques. Cette inscription archaque est normalement rdige enrtrograde (droite vers la gauche). L'alphabet qui figure sur cette coupe est Euben. La prsenced'Eubens Pithcusses est quasi-assure. Ou bien la coupe a fait escale depuis Rhodes en Eube, at grave, puis s'est retrouv Pithcusses... peu probable car il y a plus d'changes entre Al-Minaet Pithcusses.

    Cette inscription est connatre :Nestoros :[..]i => [Eim]i : je suiseupoton : poterion

    Je suis la coupe bonne boire de Nestor

    Cette retranscription est tout fait probable, car il y a des objets parlants , lgends, qui sedsignent. Ou alors le propritaire crit son nom pour qu'on ne lui vole pas. Ici, c'est une coupe enterre cuite qui n'a aucune valeur qui prtend tre la coupe de Nestor, extrmement prcieuse danslIliade. Dcalage humoristique.

    La suite dit : mais celui qui boira cette coupe sera immdiatement pris du dsir d'aphrodite.

    Nous sommes dans un contexte symposiaque, de banquet arros avec prsence fminine. a n'a rien voir avec un contexte mortuaire. La famille qui a plac cette coupe l'a fait sans remarqu qu'elletait grave ou alors sans lire le grec euben ? Possible. En tout cas dcalage entre inscription et lecontexte funraire.

    D'autres pigraphistes ne sont pas d'accord : ils ne restituent pas eimi mais eason (le | seraitla dernire hampe du N est pas un I) :

    Ne pense pas la coupe de Nestor, mais intresse toi celle l, et si tu la bois, tu seras prisdu dsir d'aphrodite.

    L'intrt historique de cette coupe est qu'elle atteste de la prsence d'une culture grecque en

    occident la fin du VIIIe sur l'le d'Ischia (Pithcusses) et peut prouver que vers 740/710, les pomed'Homre taient connus en Occident par les grecs car on a dans les deux dernires lignes de lacoupe la reprise d'lments homriques.

    C'est un marqueur de la pntration grecque et de sa culture en occident. Elle renseigne surla diffusion de l'criture grecque en occident par l'criture eubenne (Chalcis) qui se retrouve auVIIIe sicle => donc diaspora d'Eubens en occident

    Les historiens ont du coup cru pouvoir fixer la date de composition de lIliade. Comme cettecoupe fait rfrence Nestor et reprend une thmatique homrique, on s'est dit que lIliade avait tcompos avant 730, la coupe fournissant un terminus post-quem. Or on en est moins certain car Homre a trs bien pu s'inspirer de lgendes d'un personnage mythique nomm Nestor pioch

    dans un fonds mythique grecque.

    Autre document, tablette d'colier (p.18 du fascicule).

  • 7/28/2019 Integral Cours

    14/88

    Elle porte son sommet un alphabet grec archaque qui ne correspond pas entirement ceque sera l'alphabet classique et a t trouve en Italie prs de Cumes et daterait d'environ 700.

    On considre d'aprs a que l'criture est une pratique relativement courante dans le mondemditerranen partir de 750-fin VIIIe. D'ailleurs on voit surgir des potes : Archiloque, inventeurde la posie lyrique.

    A la fin du VIe sicle/tout dbut du Ve, des cits comme Athnes mettent en place

    l'ostracisme : un individu est priv de ses droits civiques pour 10 ans et pour le dsigner on doitinscrire son nom sur un tesson de poterie => le peuple sait manier l'criture.

    L'criture est donc une pratique accessible et plus seulement rserve des fins religieusesou des fins administratives comme l'criture des inventaires.

    Dans le domaine lgislatif, le premier code retrouv est celui de Drros en Crte vers650/600.

    Attention, le peuple grec reste un peuple de l'oralit.

    B) La rforme hoplitique.

    Elle touche l'hoplite, au soldat lourdement arm, tudi notamment par Victor DavisHanson. Cette rforme daterait du milieu du VIIe sicle, vers 650, dans une priode de tension l'intrieur des cits.

    Avec l'essor de la mtallurgie, le prix du mtal baisse et les armes sont donc plusnombreuses : on passe du bronze au fer, plus accessible.

    L'ensemble de l'armement comprend une partie dfensive une partie offensive et dfensive :III) le pectoral (thorax)IV)le casque (kranos). Le casque corinthien, avec protge joue, serait selon Hrodote de type

    oriental... les Grecs qui avaient migr vers l'orient, notamment en Carie, auraient tinfluenc par les techniques et formes mmes de ces orientaux. Selon les archologues, ilsseraient typiquement corinthiens et n'auraient que quelque ressemblances avec les casquescariens.

    V) les cnmides (protge jambes)VI)le bouclier (aspis/hoplon) rond en bois avec deux poignes de faon qu'ils tiennent bien au

    soldat.VII) La lance (dory)VIII) pe courte (xiphos)

    Voir le vase de Chigi de 650 pour voir la tenue de l'hoplite.Les hoplites se battent en 4 ou 8 rangs extrmement solidaires. Le soldat porte son bouclier

    au bras gauche pour protger son flanc gauche et le flanc droit de son camarade. On est plus du toutdans la conception agonistique du combattant solitaire.

    Polignac n'est pas d'accord : la phalange peut tre beaucoup plus grande et massive que 4 ou8 rangs : jusqu' 50 rangs de profondeur ; Elle n'a pas t invent au VIIe mais remonterait la findu mycnien car on a retrouv un vase de 1150 surnomm le vase au guerriers de Mycnes quiserait une prfiguration de la phalange archaque. Argos au sud de Mycnes => on a retrouv latombe du guerrier d'Argos et dans cette tombe, on a retrouv un armement trs proche de celui de

    l'hoplite du VIIe sicle. Quand au fer, il est connu des Doriens, qui s'installent en Grce au XIIesicle.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    15/88

    Pour Paul Faure, la nation remplace le hros . L'volution est plus au niveau desmentalits que de l'armement.

    La guerre de Llante, en Eube, entre Chalcis et rtrie (ou Lefkandi) serait la dernireguerre historique du type agonal. On avait convenu de ne pas utiliser d'arme de trait (javelot). C'estune guerre qui a pu inspirer Homre pour la guerre de Troie, comme on l'estime de plus en plus.

    Pratique de la cavalerie : on ne sait rien sur l'utilisation des chevaux ou des chars chezHomre. (?????). En revanche, on croit savoir que les grecs auraient emprunt l'orient la pratiquede la cavalerie de guerre.

    Ainsi, les Assyriens taient clbres pour leurs cavaliers, qui montaient avec des triers, toutcomme les peuples des scythes et des cimmriens (pas le peuple lgendaire d'Homre, mais le

    peuple d'Hrodote, du sud de la Russie, qui va descendre au cours du VIIe sicle en Asie mineure).Ces cavaliers descendent au niveau du royaume mde, puis perse achmnide, et attaquent

    l'une des capitales, Sarde, en 652, qui tombe en 644. Comme il y avait des grecs ayant migr dansces rgions d'Asie mineure au contact de Sarde, il est lgitime de penser que ceux ci ont tinfluenc par ces techniques militaires barbares et qu'ils ont dvelopps chez eux ces cavalerie.

    C) La monnaie : vers 640-630.

    1/ Les origines

    Selon Hrodote, la monnaie n'est pas une invention des grecs continentaux mais desLydiens. C'est mme un certain Ardys, fils du tyran Gygs, qui aurait invent la monnaie. C'est unemonnaie faite d'lectron, alliage d'or et d'argent ( ) qui se trouve dans le Pactole ou dans desmines de la rgion. On a avec cette origine gographique orientale, on a peut tre une origine dumythe de la toison d'or.

    La monnaie n'est pas fixe au dpart et fluctue selon le poids du mtal. Elle est copie parles Grecs qui ont circul dans cette rgion de Lydie. Cette monnaie est dveloppe en Grce audbut du VIe sicle : tout prs d'Athnes, Egines, une monnaie reprsente une tortue. Tout lemonde grec n'a pas suivi cet usage de la monnaie, Sparte n'en a pas avant le IIIe sicle.

    A l'origine, les pices sont informes. Puis progressivement, les morceaux de mtal ont tgravs d'abord sur la face infrieure : le coin droit/fixe, le coin d'enclume, le ct face. Le coin derevers/mobile/pile, sera travaill ensuite.

    Cette gravure est la marque du poinon de la cit. Les deux faces sont gravs avec au droit lareprsentation d'une divinit et au revers un personnage ou une scne. En Grande Grce, vers

    540/500, les pices pouvaient tre incuses, mme motif grav en creux d'un ct, en relief de l'autre.Au dpart la monnaie n'a de valeur que celle de son poids effectif. Puis, quand les cits

    dcident dattribuer une valeur a telle ou telle monnaie on observe parfois un cart entre le poidsrelle et la valeur affiches : une monnaie fourre.

    L'electron est abandonn vers le VIe car on veut crer des sries de monnaies en or etd'autres en argent. C'est le roi Crsus, de Lydie, vers 560/546 qui cre les premire sries demonnaies soit tout en or, soit tout en argent.

    L'or vaut 20 fois plus que l'argent, selon les cits et les poques.

    En Grce, le monnayage d'argent va triompher, car il y a des mines d'argent : Laurion.Cela dit, des cits continuent utiliser l'electron.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    16/88

    2/ Valeurs respectives des monnaies

    oboles

  • 7/28/2019 Integral Cours

    17/88

    nouvelles et des liconographie : de nouveau utilisation de la pierre, de l'ivoire, de choses qui, saufen Eube peut-tre, avaient t dlaiss pendant les ges obscurs. C'est aussi l'apprentissage et lamatrise de la statuaire gigantesque, les kouroi.

    Peut-on tablir une chronologie de l'art grec archaque ? Difficile. John Nicolas Coldstream,Poterie gomtrique grecque, 2009 (n. d) a essay. Mais on considre qu'il n'y a pas UNE

    chronologie mais des chronologies selon les cits, selon le domaine (architecture, poterie). Lacollection Univers des formes prsente un tableau synoptique des diffrentes productionsartistiques avec une classement chronologique.

    Il faut prendre cette chronologie comme un canevas :

    Priode sub-mycnien, connu pour l'eube, trs peu ailleurs Priode Proto-gomtrique : envion 1050/1025-900 Renouveau gomtrique : 900/725 : extension du gomtrique.

    Deux ou trois phases ; gomtrique moyen et gomtrique rcent, voire gomtrique ancien.Ancien : 900-850Moyen : 850 770Rcent : 770 -700

    Production de grands vases orns de motifs plus ou moins riches. Obsession de laligne ou du cadre gomtrique.

    Les motifs, peu peu, sont emprunts la mythologie, en particulier la figured'Hrakles. Les peintres aussi, voluent, on sent une libration du mouvement.

    L'art gomtrique est produit dans de nombreux centres : Athnes, Argos, mais aussidans les Cyclades ou en Crte. En outre, rle important jou par le sanctuaire d'Olympie au VIIIesicle. Ce sanctuaire contribue la diffusion d'un courant artisanal dans toute la Grce et dans toutl'occident.

    C'est au cours de cette priode gomtrique que les artistes commencent signer leur uvre,signe d'une excellence revendique.

    Priode de transition : 725 fin du VIII (Proto-Corinthien)/680 (proto-attique)

    Phase de transition o l'on passe d'un art gomtrique l'poque archaque.Attention, en histoire de l'art la priode archaque est trs limit, alors qu'en historie, a va du IX auVI.

    A partir du VIIe, on a quelque chose de nouveau qu'on peut diviser en deux tapes.

    Priode orientalisante ou haut archasme : 700-600 environ avant Jsus-Christ

    Cette phase est celle ou les artisans ont acquis certaines techniques emprunts desartistes orientaux : moules au lieu de modeler des figurines en mtal ou terre-cuite, moulage avecfigurine en creux : conomique de mtal.

    Les artisans grecs s'inspirent des motifs picturaux orientaux, lgendaires ou rels,avec des motifs vgtaux (lotus). Les grecs ont t inspirs par des civilisations : no-pythiques,assyriennes, phniciennes. Les grecs ont t inspirs par l'architecture.

    Ceux qui taient en orient et en gypte ont t mis en contact avec des artisans venusdans les comptoirs de commerce grecs car ils avaient t chasss lors de la conqute assyrienne parexemple. Les Grecs leur ont emprunts des mesures prcises pour crer un objet. Hrodote racontel'histoire de deux artisans grecs, Thodoros et Tlkls, qui ont sjourn naucratis

    Cela dit, les grecs n'ont pas oubli leur got d'origine. On observe au contraire ce

  • 7/28/2019 Integral Cours

    18/88

    qu'on a appel le gnie grec . dans la sculpture, trace de ce gnie grec avec une diffrence tout fait assume entre les productions grecs et gyptienne : les grecques cherchent tjrs traduire lamesure, l'humain. Au contraire, les gyptiens sont marqus par le gigantisme et le divin. Lorsqu'unmonument est bti par les gyptiens, c'est dans l'axe d'une place. Au contraire pour les grecs, onvite d'installer un btiment dans un axe parfait car les grecs jouent sur plusieurs dimensions ; ilsveulent que l'on aperoive le temple non pas de pure face mais qu'on l'observe sur au moins deux

    cts la fois.

    Priode archaque : archasme mur, celui du VIe sicle.

    Deux centres se succdent : d'abord Corinthe puis partir de 570/540, Athnes. Ilfaut galement mentionner Samos et Milet en Asie mineure.

    Priode de trs grande crativit avec une spcialisation des mtiers. Il n'y a plus lepotier qui dcore son propre vase mais le peintre et celui qui va dcorer le vase. Les deux vontsigner sparment le vase si bien qu'on va trouver des formules comme : un tel m'a fabriqu et untelm'a dcore.

    Par exemple, Ergotimos et Kleitias sont les crateurs du fameux vase Franois. Autre

    exemple, Exekias, appel le peintre d'Amasis, Amasis n'tant pas une localit mais le potier install Athnes dans le quartier du cramique pour lequel il travaillait.

    Le VIe sicle voit aussi une rvolution picturale et technique avec le passage desAFN ( figure noire) aux AFR ( figure rouge).

    Les grecs ont profit de leur contact avec l'Orient et avec l'Egypte. Les templesathniens sont appels ioniques, car ils ont des colonnes ioniques (agrmentes leur sommet devolutes de part et d'autres, plus minces que les doriques). Polycrate de Samos passe pour un tyran

    btisseur : les relations entre tyrans grecs et ceux de Samos peuvent explique l'imitation par lesgrecs des temps d'Asie mineure. Autre explication : les artisans voyagent bc. On a ainsi la prsenced'un temple ionien Syracuse, colonie dorique, car les architectes venues en Sicile taientoriginaires de Samos.

    Conclusion :

    L'mergence de la cit archaque est due a des raisons naturelles selon les anciens. Elleprovient de l'alliance ville-campagne en raison d'impratifs militaires et dfensifs, un moment oula population est en peine accroissement et ou lautarcie n'est plu possible.

    En outre, le progrs de la conscience civique (esprit religieux avec difications desanctuaires), le retour de l'criture, permettent de diffuser dans l'espace mditerranen une culturegrecque.

    Ceci permet de rdiger et codifier des lois : des populations migres vont s'installer et avoirleur propre codes lgislatifs, ce qui leur permet de rester de gnration en gnration.Enfin, de nombreux changements sont intervenus dans l'art, avec pas mal d'emprunts

    techniques l'orient.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    19/88

    Chapitre III : La connaissance de la mditerrane archaque

    Comment les Grecs percevaient-ils la mer ? Lien entre grecs tablis l'est, au nord au sud ou l'ouest ou obstacle ? Dangers de la mer ? Difficults de la navigation ? Comment la connaissancedes diffrentes mers s'est elle dveloppe l'poque archaque ? Avait-on une ide de lagographie ? Quel est le rle jou par les marchands. Ont-ils permis aux autres grecs de connatremieux la mer et les diffrents horizons qui pouvaient s'ouvrir eux ?

    Les marchands et commerants jouent un rle primordial : chez Homre, question rituellepose aux trangers de passages : Qui es tu, de quel port vient tu, pourquoi navigue tu, est-ce pourfaire du commerce ?

    Bibliographie :Michel Gras, La mditerrane archaque, 1996 A connatre aussiPascal Arnaud, La Navigation hauturire en Mditerrane ancienne d'aprs les donnes des

    gographes anciens

    Pascal Arnaud : Les routes de la navigation antique. A connatrePatrice Pomey, paves de navires grecs

    I) La perception de la mer chez Homre

    A) Avant Homre

    Ds la fin du IIe millnaire, les Phniciens avaient parcouru la mer mditerrane et avaienttrac des routes commerciales.

    Les Crtois et les Mycniens, toujours au IIe millnaire, avaient parcouru la mditerrane :

    on le sait grce des paves, dont l'une situ au large de l'le de Rhodes, pave mycnienne de 1300BC et qui prsente une cargaison trs htrogne : lingots de cuivre, tain, verre, bois prcieux,bne, ivoire, murex, rsine de trbinthe, pe, armement syrien, etc. Ceci nous renseigne sur les

    produits changs vers 1300 BC.Au VIIIe sicle, quand les grecs naviguent sur la mer mditerrane, ils n'ont rien invent : La

    mer est un espace de contact ds le IIe millnaire. Par consquent, Ulysse dans l'Iliade et l'Odysseconnaissait des routes maritimes traces par d'autres peuples que les grecs.

    B) La position de la question homrique

    Les uvres => Iliade, Odysse et certains chants. Deux thses s'affrontent.

    Premire thse, hyper-critique, qui remonte au savant Alexandrin (ratosthne) quiconsidre qu'on a rien tirer de l'Iliade et de l'Odysse : affabulation qui n'apportent rien l'historien.

    Autre thse, celle qui admet, avec par exemple Strabon, dans le livre I de sa Gographie, uneralit historique et gographique des popes.

    Il y aurait dans l'Iliade et l'Odysse diffrents mondes : le monde de la guerre en Asiemineure, le monde des petit palais grecs et le monde des voyages merveilleux du cot sud etoccidental de la mditerrane.

    Il semble que tout ce qui est situ l'ouest est de l'ordre du magique, du merveilleux ; l'estdu rel, du politique, du conflictuel. Troie l'est, Calypso l'ouest.

    Un tat de la question est prsent par Bernard Eck dans Voyageurs grecs et exploration dela Mer in Voyageurs et Antiquit classique, 2003, Dijon

  • 7/28/2019 Integral Cours

    20/88

    La question fondamentale est de savoir si Homre a eu connaissance d'une gographiemditerranenne et si oui si il l'a utilis telle qu'elle dans ces uvres.

    Homre a-t-il pu connatre les instructions nautiques, a t-il repris les voyages des premierscolons grecs ?

    Ou bien ce n'est qu'affabulations, voyage littraire et initiatique

    C) Grecs = peuple de marins ?

    Aujourd'hui l'image est-celle des grecs avec leur bateau sur un port. Mais aussi celle del'agriculteur avec son ne qui ramasse les olives. Ou celle du ptre grec.

    Les Grecs subissent la mer et les Dieux de la mer. Ulysse se dmarque des marinscommerants dans la mesure ou lui affronte la mer malgr lui, pour rentre cher lui, alors que lesautres prennent la mer pour voyager et commercer. Ulysse est constamment soumis aux dieux(Posidon) et aux vents (ole).

    Enfin, les mers ne sont pas nommes. Ce qui peut signifier selon un processuspsychologique, que les grecs ne le matrise pas.

    La mer fait peur : les dieux et les conditions climatiques multiplient les naufrages. Ulysse estle seul rentrer vivant chez lui. Le retour de Mlnas a Sparte a t trs prilleux et mme le peuplenavigateur par excellence des Phaciens (Nausicaa) perd leur bateau aprs avoir ramen Ulysse aIthaque.

    Les naufrages sont aussi causs par des pirates en mer ou par des bandits sur terre. Parexemple, tactique d'allumer un feu sur la terre (faux phare).

    Les grecs ont tudi trs tt les vents marins, la direction des vents et les risques que ceux-cileur faisaient courir (cf. Hrodote, fondation de Cyrne, bateau dtourn de sa route).

    On a tablit des espces d'almanach qui indiquent saisons aprs saisons la direction desvents, leur force, les bonnes priodes pour naviguer :parapegme

    Les naufrages sont reprsents dans les pomes homriques : Iliade 21, Odysse 24, ou surcertains vases : un cratres de Pithcusses, qui date de la fin du VIIIe sicle : y est peint une scnede naufrage ou on voit de gros poissons (pas des requins, des thons) en train de dvorer lesnaufrags.

    D) Grecs : peuples attachs leurs terres.

    Le grec est attach sa terre donc ne prend la mer que lorsqu'il y est oblig. Dans certaineslocalits, comme en Eube, ????.

    Le grec reste, au del de l'aristocratie, attach sa terre et on a a ce sujet un ver ambigu, quiannonce la mort d'Ulysse. Il va mourir ex halos . Halos = mer. (Halos => Salos => sel).

    Deux sens : ou bien cela signifie tu vas mourir cause de la mer , ou bien loin de lamer (et dans ce cas c'est l'image d'Ulysse qui troque sa rame contre un sceptre.)

    II) La navigation archaque

    A) Cabotage ou haute mer.

    Thalassa : mer qui est visible de la cte.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    21/88

    Pontos : peut signifier la haute mer

    De toute vidence, les bateaux homriques taient mieux adapts au cabotage : mais il y aalors risque de piraterie/banditisme.

    Les navires de commerces naviguaient plutt en haute mer pour viter d'tre pris par lespirates, jours et nuit, avec provisions bord.

    Il fallait 154 jours pour longer les ctes septentrionales de la Mditerrane d'aprs MichelGras.

    Pour Homre, Ulysse a mis une vingtaine de jours pour rallier l'le de Schri, sans doute auniveau de Corfou, depuis la grotte de Calypso qui serait Gibraltar.

    Les anciens comme Hrodote comptaient les distance en jour de navigation. Une journedure 17 heures de jours aux beaux jours, et on pouvait parcourir entre 600 et 900 stades (1 stade =~180 mtres.)

    Mais tout dpend bien videmment de la qualit du bateau (rond ou allong) et de la forcedu vent occasionnel.

    Lorsque les grecs naviguaient soit par cabotage soit en haute-mer, ils avaient des points de

    repre ; ils essayaient de se rparer au soleil et on naviguait de prfrence selon un axe est-ouest. Leretour d'occident tait donc plus difficile.

    On vite la rencontre de navires de guerres qui infestaient la mditerrane et autant quepossible de prendre la mer de nuit. Si on devait le faire, on se fiait certaines constellationsconnues.

    Prendre la mer de nuit est-il plus risqu ? Trs discutable, car moins de risque d'tre attaqupar des pirates et le guidage par toile tait plus fiable que le guidage par le soleil.

    De jour, on se servait de certains promontoires orns de monuments pour se reprer. Parexemple, dans l'Hellespont, les tombes d'Achille et de Patrocle.

    Les ctes taient ornes de tours et de phares. On avait recours d'autres moyens moinsvident pour se reprer. On embarquait sur des bateaux un devin qui se fiait a son instinct pourguider le pilote.

    Autre moyen, l'observation des oiseaux. On connaissait les espces d'oiseaux, on savait quecertains s'aventuraient trs peu en haute mer donc quand on en croisait on savait qu'on tait prs dela cte, voir on savait prs de quelle rgion on tait.

    On pouvait aussi se servir des dauphins qui guidaient les routes en mditerrane, commepour la pche on connaissait le parcours des bancs de thon.

    Les manuvres : les navires avanaient la voile avec vent arrire seulement. Si le venttait contraire, ou si le vent est tomb (situation de bonace) il fallait naviguer la rame. Illustration

    de ce travail des rameurs avec l'expdition athnienne de Sicile. Le gouvernail lui mme est d'uneou deux rames comme sur le vase Franois.Le vent du Sud/sud-est est l'Euros, le vent du nord-ouest est le zphyr, le vent du nord le

    bore, et le vent du sud qui rend fou, le notos. Autre vent, le Meltem, vent tsien, qui souffle l'tdu nord et balaye la mer ge, dtournant souvent les navires qui circulent d'est en ouest vers laCrte ou les ctes de Libye. Ainsi, quand les Athniens veulent intervenir au nord de la mer ge,contre les macdoniens par exemple, ils sont obligs de ramer.

    B) Les navires

    La mditerrane au VIIe sicle, 2010.

    Les bateaux archaques grecs sont connus par des descriptions littraires, des peintures, desbas-reliefs ou encore par l'archologie. Pour l'archologie, deux type de sources : les paves et les

  • 7/28/2019 Integral Cours

    22/88

    maquettes dcouvertes dans des tombes, auxquelles il faut ajouter des ex-voto (remerciement auxdieux de la mer qui ont permis une bonne navigation).

    Pour les paves, on a le tmoignage archologique de l'pave de Douvres (Angleterre) quidate du IIe millnaire puis les paves de bon-port (cte d'Azur) du VIe sicle, celles retrouves Marseille, les paves Jules Verne (situes prs de la place Jules Verne actuelle.) Jules Verne VII,navire de commerce, Jules Verne IX, grande barque de pche. Ces dernires ont t construites par

    les Phocens de Marseille.La plupart des paves retrouves sont localises en mditerrane occidentale, le long desctes franaises, sardes, espagnoles. Cela ne veut pas dire que les grecs pratiquaient seulement lecabotage. Les archologues ont commenc a fouill ce qu'ils pouvaient techniquement fouiller.Maintenant, les techniques archologiques permettent d'aller sonder en haute mer et on trouvera

    peut-tre des paves qui prouveront l'existence de routes maritimes hauturires.

    Ces bateaux taient construits en bois secs, le peuplier, le pin, et en bois dur pour lessystmes de fixation (tenons et mortaises). Ces coques taient peintes en rouge fonce, couleurobtenue partir du phonix ou murex.

    Chez Homre, les bateaux ne sont pas dis rouges mais noir (rouges foncs).

    Deux types de construction : d'abord les bateaux cousus et les bateaux assembls.Bateaux cousus : descriptions dans l'Iliade, chant II, 135. Les planches taient tenus

    assembles les unes aux autres par des ligatures de lins, renforces parfois par des cbles. Cesbateaux cousus taient peu rsistants. Par exemple, les navires Grecs amenaient pendant la guerrede Troie ont vu leur bois pourrir au bout de 9 ans. Les cordages taient tous dtendus. On a unexemple de bateau cousu avec l'pave Jules Verne IX. Mme chose avec les paves retrouvs Giglio. Malgr sa fragilit, cette technique s'est poursuivi mme sous l'empire romain pour des

    petites embarcations fluviales. On note cependant avec Patrice Pomey que de petits bateaux depche comme celui de l'pave Csar I Marseille ont pu tre ds la fin du VIe sicle non pas cousumais assembls.

    Bateaux assembls. Dans l'Odysse V, il est question dUlysse qui construit son radeau.Homre dit qu'Ulysse perce toutes les poutres et les ajuste en cognant des chevilles. Ceci signifiequ'on pouvait, seul, avec l'aide d'Athna peut-tre, construire son bateau au VIIIe sicle.Contrairement aujourd'hui, on commenait construire la coque du bateau (les murailles, lesflancs). Quand on avait construit cette coque, on introduisait les couples. Aujourd'hui, vu d'en haut,on installe des couples et ensuite on cloue sur tribord et bbord les diffrentes lames. L'ensemble du

    bateau assembl tait renforc par des crampons mtalliques et par un cble qui serrait les deuxparties (bbord et tribord) de la coque. Ces coques taient goudronnes, calfates, avec de la poix etde l'toupe, pour rendre le navire tanche. On utilisait aussi de la rsine sur le ct intrieur de lacoque.

    Ces deux types de constructions ont coexist pendant un certain temps. Exemple de l'paveJules Verne VII prsente la technique de l'assemblage puisqu'il ya des tenons et des mortaises, maisgalement la technique du bateau cousu avec des ligatures de lins. Cette pave est celle d'une navirede commerce estim 15 mtres de long sur 3 de large.

    On distingue les navires commerants, dits ronds, d'une longueur moyenne de 15 mtres sur3. Ils sont assez lents, filant en moyenne 4 ou 5 nuds (un nud = 1,852 km)

    En face, des bateaux de guerre : une trire peu faire entre 35 et 40 mtres de long sur 4 delarge. Ils sont plus rapides, avec des points estimes 7 nuds. Une trire avec un bon vent pouvait

    mme filer 10 nuds.On a des reprsentations sur un vase (p.17 du fascicule), un navire de guerre venantperonner un navire de commerce.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    23/88

    Les navire ou les navires taient ponts non pas sur tout le navire mais aux deux extrmits.Ces deux extrmits peuvent tre recourbs pour des navires de commerce (pas de guerre).

    Le nombre d'homme par vaisseaux peut varier normment : 1266 navires grecs dans lecatalogue des vaisseaux de l'Iliade, prcisant que les Botiens avaient 50 vaisseaux quiembarquaient chacun 120 hommes. Parfois il pouvait y avoir 20 rameurs, 50 rameurs. En Crte,

    gnralement 30 rameurs. Les bateaux des colonisateurs taient plutt la pentcontre : 50 rameurssur un seul rang. Ce type de bateau est rpandu au VIIIe sicle, c'est celui des marchands,notamment Phocens.

    Ce type de bateau a t modifi au cours du VIIe sicle est s'est transform en dire. Il y en adeux types : la courte et la longue. La longue est un bateau de 100 rameurs placs sur deux rangssuperposs, de chaque ct du bateau. Version courte, 80 rameurs (4*20).On sait que les phniciensutilisaient dj ce genre de dire, construites de telle manire qu'elles taient plus lourde sur l'eau,donc moins rapide que ceux des Grecs. Certains sont alls jusqu' dire que les Grecs avaient des

    bateaux plus rapides que les Phniciens ce qui leur a permis d'avoir l'avantage en conflit, et deprendre l'avantage sur les Phniciens dans la course la mditerrane.

    Pour ne pas se laisser distancer, les Phniciens ont dvelopps au VIIe sicle la trire, qui

    pouvait embarquer 160 rameurs ( l'poque classique, une trire athnienne embarque 200hommes). Les Grecs vont les copier. Ce sont les Corinthiens, l'une des premire cits connatre ladiaspora, qui au VIIe/VIe sicle, la demande du tyran Priandre, qui a voulu dvelopper lecommerce et les relations de sa cit avec l'outre-mer, dveloppent la trire grecque classique. Elle

    possde trois rangs de rameurs superposs, avec l'un de ses rangs dcals l'extrieur de la coque(la saillie fait 50 cm). Ces trires ne sont pas trs hautes : le bordage mesure un peu plus de deuxmtres de hauts, et elles ont des rames faisant 4 mtres. Elles sont construites en pin, sympa, oudans un bois noble, le cdre (c'est pourquoi le Liban, Al-Mina notamment, a intress les Grecs).

    Les trires taient nommes. A Athnes, on voit des listes de bateaux. Parmi les noms,Eleuthria (la libert).

    cf. Les travaux d'archologues britanniques qui ont reconstruit une trire grecque baptiseOlympias en 1987. Un ouvrage retrace la construction par l'quipe de Sainclair et la navigation decette trire. Le numro 188 des dossiers de l'archologie (1993) est consacr cette pope.

    III) Cartographie

    A) La gographie mditerranenne.

    Chez Homre, on distingue 3 espaces dans la mditerrane. Ces espaces sont reprs par

    Franois Hartog par exemple.Le premier espace mditerranen est celui du voyage entrepris par Tlmaque la recherchede son pre Ulysse. Cet espace part de Ithaque jusqu' Pylos. Il faut ajouter cet espace, celui ne

    Nestor, Roi de Pylos, qui va jusqu' Troie. Ce premier espace est relativement connu par les guerreet, mis part le cap Malais, est considr comme non dangereux.

    Le deuxime espace, celui de Mnlas : il part de Troie et est cens rejoindre la Grce, maisdrive, vers la Crte et lgypte. C'est une zone beaucoup moins connue pour les Grecscontinentaux du Ixe/VIIIe sicle.

    Le troisime espace est celui d'Ulysse : cet espace se situe l'ouest de la Grce, Grand-ouestde la Grce. Il correspond un monde extrme, qui jouxte l'ocan cens entourer la terre. Ulysse va

    jusqu'aux colonnes d'Hercules (Gibraltar). C'est un espace prilleux car emprunt par d'autres

    peuples que les Grecs. C'est un monde merveilleux, dans la mesure ou il est peupl de craturessublimes comme Calypso, moins sublimes comme certains monstres ou gants. Cette vision de payslointains serait produite par le monde grec, le monde grec sdentaire, paysan, statique, celui des

  • 7/28/2019 Integral Cours

    24/88

    petits royaumes, des petits tats du Ploponnse.

    Il y aurait donc un centre constitu par la Grce continentale et les Cyclades ; Plus on s'enloigne plus on a accs un monde merveilleux. Ce caractre merveilleux de l'Occident renvoie un monde pr-polis, qui prcde la cit. C'est dans ce monde occidental, l'univers de laGigantomachie (combat des gants contre les Dieux), du Chaos. La majeure partie des voyages

    d'Ulysse se trouve rapporte dans les chants IX XII de l'Odysse.

    Victor Brard, le grand traducteur d'Homre, avait publi en 33 (livre posthume, mort en31), Dans le sillage d'Ulysse. Pour Brard, Homre aurait connu les instructions nautiques desPhniciens. C'est grce ces instructions qu'il aurait fait faire escale Ulysse dans tel ou tel coin. Ilest vrai pour donner raison Brard que, dans un sens au moins, Homre a tach de reprsenter lemonde occidental. Pour Michel Gras, Homre a dans la tte la Mditerrane vue par les colons etles commerants grecs de son temps. C'tait la doxa qui s'est transmise jusqu'au dbut du XXe.

    Homre connat les premiers tablissements Grecs d'outre-mer est assiste aux dparts decolons, surtout s'il est originaire de l'Eube.

    Ulysse, en quittant Troie, se dirige vers le nord, la Thrace. Il se trouve chez les Cicones,

    peuple alli des Troyens, considr donc comme ennemi, et qu'Ulysse va saccager. Ensuite, Ulysse,qui essaie de rentrer en Grce, est victime des Dieux, comme il a commis des crimes chez lesCicones.

    Sa flotte est droute et il descend directement chez les Lotophages, sur les ctes africaines(Tunisie?). Ils sont des mangeurs de lotos (fruit comme la date ou opium ?).

    Depuis l'Afrique, il file chez les Cyclopes, allgorie pour les volcans situs au large del'Italie du Sud : cratre = il du cyclope. Ensuite, Ulysse se trouve chez ole, une le flottante. Il y aaujourd'hui dans la cartographie les les oliennes. Ce sont bien les rgions qui intressent les

    premiers colons grecs.Puis il va chez les Lestrygons, peuples de gants mais trs diffrent des cyclope, car si ces

    derniers ne vivent pas en communaut, les Lestrygons si. Ils peuplent la Corse ou la Sardaigne (or ily avait des implantations d'trusques et de phniciens en Sardaigne).

    Puis il se rend dans l'le de Circ la magicienne (Monte Circeo en Italie).Il descend au royaume des morts (catabase d'une pope).Puis, les Sirnes. Pierre Carlier comparait ces femmes-oiseaux aux serpents de la Gense

    (Pierre Carlier, Homre). C'est quelque chose de surprenant pour les Grecs. Certains commentateursont associs ces sirnes des phoques.

    Puis Ulysse croise au niveau de Charybde et Scylla (dtroit de Messine).Ensuite il tombe sur l'le triangulaire. Sans doute la Sicile.Puis Ulysse qui veut repartir chez lui est pouss vers l'ouest et tombe chez Calypso

    (Gibraltar) o il reste 7 ans.

    Puis Calypso le laisse partir et il se fait finalement ramener en Ithaque, via Corfou parNausicaa.Dans cette hypothse, l'Odysse = pope de la nostalgie, mal du retour (nostos = retour).

    Ulysse s'oppose ses compagnons, qui ne rentrent pas. Ulysse n'oublie pas sa patrie, son identit deGrec. Or, quand les colons partaient, il pouvait arriver qu'ils n'aient pas le droit de rentrer dans leur

    patrie. Ulysse fait le priple mais revient sur son point de dpart, il ne correspond donc pastotalement au modle du colon.

    On trouve maintenant d'autres hypothse. L'hypothse de Tim Sverin, publie en 2000,

    dans Le Voyage d'Ulysse. Pour lui Ulysse a voyag tout prs de la Grce et a pu descendre sur lesctes africaines, selon des routes connues. Son priple essentiel se droule dans la mer adriatique.Sverin a fait construire un bateau qui ressemblait au bateau d'Ulysse, qu'il a appel la nef Argo, et

  • 7/28/2019 Integral Cours

    25/88

    il a navigu pour retrouver les tapes du voyage d'Ulysse. On verra que la mer adriatique a tcolonise par les Grecs mais peut-tre beaucoup moins que la mditerrane occidentale.

    Autre interprtation d'Obregon, Ulysse et Magellan, publie en 2003. Obregon reprend latradition de Brard en la modifiant :

    Ulysse, en quittant Troie, ne serait pas mont vers la Thrace mais aurait fil directement vers

    le sud, en longeant la ct d'Asie mineure, cause du vent du nord.Puis, il se dirige vers la Grce et c'est ce moment l qu'il est drout vers le sud : Afrique(Lotophages Djerba).

    Puis Ulysse ne remonte pas vers l'Italie mais continue vers Carthage. On verra lacolonisation Grec en Libye et jusquo ils vont en occident.

    A partir de Carthage, il traverse vers la Sicile en empruntant les mme routes que lesngociants puniques de Carthage.

    En direction de la Sicile, il est drout vers l'Ouest et arrive prs des Balares.L'le des chvres serait l'le de Cabrera, situ au sud des Balares. Les Grecs, travers

    Ulysse, se sont donc aussi installs la pninsule ibrique selon cette interprtation (Ampurias,etc.). Les cyclopes seraient non pas les volcans d'Italie mais des peuples troglodytes : l'antre, la

    caverne des cyclopes, serait la caverne d'un peuple troglodyte vivant aux Balares.A partir de l, Ulysse file vers l'est mais l'le dole serait Minorque (l'le du vent).Toutes ces tentatives sont vaines jusqu' ce qu'il parvienne en Corse et en Sardaigne. Le pays

    des Lestrygons serait Bonifacio.Ensuite, Ulysse se rend chez Circ, en Italie. Circ serait l'le d'Ischia (Pithcusses).Puis, la demande de Circ, Ulysse repart vers l'ouest jusqu'aux colonnes d'Hercules.Lorsqu'il est arriv aux colonnes d'Hercules, le courant maritime (le courant rentrant pour les

    Grecs) repousse Ulysse vers l'est.Il tombe sur les Sirnes puis Charybde et Scylla (dtroit de Messine) et fait tape Malte,

    qui serait le sjour de Calypso. Cette thorie est intressante car on sait que les Grecs avaient dumal rester aux colonnes d'Hercules, rgion tenue par les phniciens. Comment un grec aurait pu yrester 7 ans ?

    C'est partir de Malte quil navigue ensuite vers l'Est, vers Schrie, l'le de Nausicaa, quin'est pas du tout Corfou pour Obregon, mais l'le de Chypre (Malte-> Chypre en 18 jours ?!).Chypre est intressante car riche en cuivre et sert de relais entre occidentaux et orientaux,mridionaux et septentrionaux. Lorsqu'Ulysse est sur cette le de Schri, il reoit en effet en cadeaudu cuivre.

    B) La Cartographie avant Hrodote (milieu du V)

    Les premires cartes ont pu tre dessines la suite des exploration maritimes ou des

    priples qui ont eu lieu au VIIe-VIe sicle : cf le priple de Nchao, une circumnavigation delAfrique qui aurait eu lieu linitiative de Nkao II, pharaon dgypte vers 600, racont parHrodote.

    On a des instructions nautiques ou portulans rdigs au cours de l'poque archaque. Cesdiffrents documents ou expriences maritimes conduisent aux premires cartes, ioniennes d'AsieMineure, qui datent du VIe sicle.

    La premire carte est due un certain Anaximandre de Milet. Cette carte traduit la volontde gomtriser la reprsentation de la terre, tout a conduit par un esprit scientifique, rationnel.C'est une terre plate, en forme de disque, car le cercle est sur le plan gomtrique la figure parfaite.On note aussi une recherche des symtries. On est plus dans l'art gomtrique mais il y a encore

    cette ide de ramener des figures gomtriques.Pour Anaximandre, la terre habite (oikoumne) est divis en deux ou trois grandes parties :l'Asie, l'Europe (surs au dpart) et ventuellement la Libye. On ne sait rien d'autre sur cette carte.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    26/88

    Ensuite, la carte d'Hcate de Milet. Il poursuit les travaux dAnaximandre en dcoupant lemonde en trois zones.

    Article de Zimmerman dans Ktma, 22, 1997 (disponible au Ceror). Pour ce dernier, il y achez Hcate une vision tripartite du monde. Dans cette vision, la Libye et lgypte constituent undomaine part. Pour lgypte justement, Hcate a rdig des descriptions, dont on ne conserve

    que des fragments, mais qui ont t utiliss vraisemblablement par Hrodote quand dans le livre II ilse consacre la description de lgypte.

    En mme temps que cs travaux d'Hcate, la fin du VIe, Pythagore suggre que la terren'est pas un disque plat mais une sphre avec deux hmisphre, seul l'hmisphre nord tant connu.

    Cette ide extrmement moderne en entrane une autre : celle de diffrentes zonesclimatiques. Il y a des rgions plus froides et des rgions plus chaudes de part et d'autre del'quateur. A partir de cette hypothse, les philosophes vont laborer trs vite une thorie des climats(on l'a chez Hippocrate et Aristote).

    Plus tard, on a les savant hellnistiques qui diviseront le monde en 5 zones climatiques : lestropiques, les deux zones tempres (Nord/sud) et les rgions polaires.

    Le monde selon Hrodote (p.12). Se pose la question de la mer circulaire et des diffrentsfleuves. Dans la tradition archaque, la terre est une grande le entoure par un ocan. Les anciensavaient imagin un change entre les ocans et les mers intrieurs : Mditerrane, Noire, Caspienne.La mer mditerrane est alimente par des courants de surface qui viennent de l'ocan. Au contraire,il y aurait des courants de fond en mditerrane qui partirait vers l'ocan : change de masse d'eauentre les deux mers, superposs (fond = mer ocan/surface = ocan mer)

    Des fleuves sont utiliss par les Grecs comme voie de pntration dans les continents : leDanube, le Phase. Ce dernier, l'est de la Mer noire, dans la rgion du Caucase, est un fleuve quin'est pas dessine sur notre carte (p.6) mais dont lembouchure est au niveau de Phasis. A partir dece fleuve, les Grecs pouvaient pntrer vers l'Asie, vers l'Orient, pour des changes commerciaux.

    C) Hrodote

    Franois Hartog,Le miroir d'HrodoteJaques Lacarrire,En cheminant avec Hrodote

    C'est un crivain originaire d'Asie mineure, Halicarnasse. Il s'est intress toutes lessciences naissantes dans sa rgion (gographie, sciences naturelles, humaines, mdecine). Il n v.

    485, meurt v. 425.On sait qu'il a voyag : il a du fuir sa patrie d'Halicarnasse au moment d'une tyrannie et atrouv refuge en Occident, dans la colonie fonde par Pricls, la colonie Pan-hellnique deThourioi, en remplacement de Sybaris. Il connat donc les rgions dont il parle. On sait qu'il avoyag en Asie chez les Perses, Suse, Babylone, Ecbatane, en gypte, en Mer Noire, puisqu'ilaurait circul dans la rgion actuelle de l'Ukraine.

    Il connat mieux l'Orient et le Sud que la gaule et l'Espagne. Il est considr comme le prede l'Histoire.

    Sa vision du monde est mettre en rapport avec Hcate. Dans son uvre, Historia(l'Enqute), Hrodote a transpos les travaux d'Hcate.

    Mais Hrodote, contrairement Hcate, ne croit pas en une gomtrie parfaite du mondehabit. Par exemple, Hrodote doute de l'existence d'une mer situe au nord de l'Europe.Cependant, Hrodote reste marqu par la symtrie : carte p.12 => Hrodote imagine que le

  • 7/28/2019 Integral Cours

    27/88

    fleuve Nil est le pendant symtrique du Danube (Ister). Mme chose lorsqu'Hrodote considre quele monde habit a un centre, Halicarnasse.

    On a une vision concentrique avec plusieurs cercles de civilisation. Le premier est celui desGrecs. Plus on s'loigne du centre, plus on s'loigne du modle civilisationnel grec.

    Ce qui change aussi chez Hrodote est que lui a une vision bipartite du monde : il n'y a quedeux grands peuples, les Grecs et les Barbares. On est pas dans une vision tripartie comme chez

    Hcate. Ce qui intresse Hrodote est ce qui dfinit la Grcit et comment voluent les barbares.Ceci fait dire Christian Jacob qu'il y a chez Hrodote plusieurs horizons : un horizongographique, un horizon temporel (il s'intresse au pass des civilisations), un horizon culturel(mise en rapport des cultures grecques et des cultures barbares (Sagesses barbares).

    Conclusion

    La mer chez Homre est reprsente de faon ngative : le lieu des naufrages, des morts sansspultures et signifie l'loignement de la terre. La diaspora par voie maritime n'est pas souhaitablechez Homre.

    Dans un sens, on peut dire que les grecs subissent la mer.

    Mais la Mditerrane est en mme temps un espace privilgi qui est peu peu connu grceaux diasporas. Elle devient un carrefours de peuples divers (crtois, phniciens, achens) ou seconstitue un rseau d'changes commerciaux et culturels.

    Les choses fonctionnent peu prs bien jusqu'au VIIe sicle, puisque les premires guerresnavales ont lieu assez tardivement, vers le Ve sicle.

    Jusqu'alors, la mer est plus un espace de rencontre et de concurrence commerciale, pas debataille.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    28/88

    Chapitre IV : les emporia

    Introduction

    Les dbats antiques sur le commerce commencent essentiellement au Ive sicle, avec Aristote etXnophon. Il n'y a pratiquement rien avant. Aujourd'hui en revanche les historiens parlent beaucoupdu commerce dans l'Antiquit. Il y a des oppositions et dbats entre les coles d'historiens qui visent dterminer la nature des changes dans la Grce archaque, qui visent dfinir l'conomie. tait-ilorganis, spcialis ou restait-il, dans le cadre de la diaspora, l'affaire d'aristocrates qui changeaientdes biens entre eux.

    Les historiens l'ont longtemps discut, la qualifiant de primitive pour certain, de modernespour d'autres. Cette dichotomie n'a pas dbouch sur grand chose, elle a mme constitu une erreur,car quand on qualifie l'conomie ancienne de moderne ou primitive, on porte un jugement de valeuret on ramne cette conomie des types de fonctionnement contemporains.

    D'un ct, les primitivistes apparaissent la fin du XIXe. Parmi eux, Karl Bcher.

    L'conomie grecque serait primitive dans la mesure ou elle est domestique est ferme, ce qui va al'encontre de la problmatique.Pour Max Weber, il faut se dgager de ce terme primitif et considrer que l'conomie

    grecque n'tait pas du tout rationnelle : elle ne grait pas rationnellement des biens qui pouvaient servler un moment ou un autre rare ou faisant dfaut. Ce qui compte pour l'conomie archaque,c'est qu'elle tait substantive, c'est dire qu'elle visait assurer l'alimentation, la survie de lacommunaut au jour le jour. Selon cette vision, les cits grecques taient consommatrice beaucoup

    plus que productrice. Pour Max Weber, il est mme abusif de parler d'conomie dans le sens nobledu terme car il n'y a pas de plan long terme. Il vaut mieux tudier des comportement, dessociologies, des groupes sociaux qui sont en conflits peut-tre les uns envers les autres, et il fautmettre le tout en lien avec les institutions.

    Il faut citer Finley, qui voyait dans l'conomie antique une somme, un ensemble de petiteunits autarciques. Ceci sera contest : nous verrons propos des Phocens l'importance desrseaux conomiques qui ont dict l'implantation d'un emporion.

    Contrairement cette tradition, les modernistes, reprsent par Edoaurd Meyer, on a dj,mme la fin de l'poque archaque, les traces d'une conomie capitaliste, qui s'organise, c'estindubitable l'poque hellnistique. Ceci se caractrise par le dveloppement de la monnaie, de la

    banque (prive, publique, de sanctuaire, au IVe) et mise en place d'une fiscalit d'tat qui put releverd'une forme moderne de gestion des finances et de l'conomie.

    Aujourd'hui, on a dpass ces oppositions et on s'appuie sur les thses d'Alain Bresson,

    spcialiste de la cit marchande. Pour lui, il faut sortir d'un conflit primitiviste/moderniste, tropschmatique et rducteur, mais s'intresser la rationalit interne de la cit : qu'est ce qui la dfinit ?Les institutions de la cit. Il faut la mettre en relation avec une rationalit externe dfinie par leschanges, la nature des produits changs, le prix des produits, les zones concernes par ceschanges.

    Cela veut dire que pour apprhender de faon prudente l'conomie de l'poque qui nousconcerne, il faut mettre face face ce qui constitue la cit (institutions, marchands, aristocratie?) eten face toute les conditions extrieures la cit, soit les moyens d'change (flotte de commerce,flotte de guerre pour protger ?) si bien qu'on arrive la dfinition d'une conomie relativiste. C'estle rapport, la relation, entre ce qu'est la cit et ce qu'elle attend de l'extrieur, ce qu'elle propose. Quidit extrieur dit colonie, diaspora, contact avec des peuples tranger aux Grecs.

    Bibliographie :

  • 7/28/2019 Integral Cours

    29/88

    Bresson et Rouillard,L'emporion, 1993.Velisaropoulos,Le monde de l'emporion, 1977 (article)Hansen,L'emporion, Greek Colonisation (article)

    I) Les Emporia

    A) Dfinition

    Ouvrage de Cassevitz, qui est revenu sur le terme d'emporion et la famille mme du mot.Dans l'antiquit archaque, le commerce, d'abord essentiellement voire uniquement maritime,

    jusqu'au Ve sicle, se dit emporia (fminin, pas pluriel). Ce mot est dj prsent chez Hsiode, lafin du VIIIe sicle, dans Les Travaux et les Jours. Ce commerce maritime ultramarin se pratiquedans un emporion, qu'il faudrait dfinir. Cet emporia pratiqu dans un emporion est pratiqu par unemporos (un marchand qui navigue). Cet emporos est celui exactement qui traverse, qui traverse lamer avec le radical por (per en latin), travers/traverser (les pores de la peau par exemple).L'emporos est celui qui est en voyage d'affaire, qui peut durer quelques semaines/mois. Il le fait sur

    un bateau qui n'est pas forcment le sien, le plus souvent mme. C'est donc un marchand-voyageur.L'emporion est fond spontanment par quelques commerant, et en cela il s'oppose la

    colonie, fonde solennellement par une cit. A l'origine des emporia se trouvent des contactsrguliers entretenus par marchands et marins du bassin mditerranen. Les marchands ont besoin derelais, de comptoirs de commerce qui sont disposs sur les ctes (Italie, Sicile, Afrique par exemple.Mme chose pour la mer noire).

    Parmi ces marchands, certains sont phniciens (Tyr, Sidon), les premiers sillonner cetespace jusqu'au del de l'Espagne.

    Y a-t-il une dfinition prcise ? Non. Donc on tablie une typologie.

    Premier type d'Emporion : l'tablissement install par des grecs dans une zone inhabite.Exemple, au nord de la mer noire, au niveau de Brzal (prs d'Olbia).

    Deuxime type, les emporia mixtes, avec des commerants d'origines diverses : grec etphnicien ou grec et trusque. C'est le cas de Pithcusse, sur l'le d'Ischia.

    Troisime type, emporia mixte avec Grecs et populations locales : c'est le cas avec Ampurias(Emporion...) en Espagne.

    Dans le cadre de ces deux derniers comptoirs, les relations sont gnralement bonnes,puisque le but est que chacun des partenaires puissent y trouver leur compte. C'est ce qui expliquesans doute la multiplication des emporia. On pense certaines cits d'Asie mineure comme Phoce

    qui a tabli beaucoup d'emporia.B) Dbat

    Bresson crit que l'emporion est une sorte de concept passe-partout, o, plus chic, protiforme . Cela interdit d'adopter, pour dfinir l'emporion, une perspective chosiste (c'est dire affirmer que l'emporion est une ralit, qu'il existe en tant que tel, qu'il a une ralit biendfinie qui s'affirme au regard. Au contraire, c'est le regard qu'on porte sur tel ou tel tablissementqui en fera un emporion de telle ou telle nature). Dans ce cas est-ce la perspective politique ouconomique qui l'emporte ? Il y a aussi la perspective chronologique.

    On a longtemps cru qu'un emporion pouvait devenir une cit, une colonie, comme s'il y avait

    un progrs, une volution. C'est vrai pour le Pire l'poque classique.Mais on a aussi l'inverse. Les cit de Chalcidique sont devenue des emporia d'une coloniequi est Olynthe.

  • 7/28/2019 Integral Cours

    30/88

    On ne peut donc pas gnraliser et dfinir une fois pour tout tel endroit, telle emporion.

    Les emporia diffrent en effet en fonction des lieux de Mditerrane.

    Al-Mina, Naucratis, Gravisca (Etrurie). Ces trois emporia peuvent avoir des points communmais on ne peut pas les assimiler les uns aux autres ne serait-ce que par leur environnement(l'gypte est beaucoup plus difficile pour les Grecs qu'en Etrurie jusqu'aux guerres trusco-grecquesdu VIe : Al-Mina, il y a beaucoup moins de Grecs, qui sont en minorit.)

    Revenons en au politique et l'conomique. Pour les Grecs, le politique l'emporte surl'conomie. De fait, un rapport hirarchique c'est instaur entre la polis, la cit-tat, et l'emporion,tablissement de commerce.

    Mais on peut se demander si l'emporion n'est pas en mme temps une cit. On peut trouverles termes emporion et polis pour dsigner la mme localit. Exemple de Thasos, le situe au nordde la mer ge, en face de la Thrace. Cette le a plus ou moins colonis la rgion ctire de la

    Thrace. Les localits qui s'y trouvent (sur la terre ferme) sont la fois des poleis et des emporia. Leschoses se complexifient quand on admet que cette rgion de Thrace constitue une forme de Pre,c'est--dire le territoire continental domin par une cit (on parle de la Pre rhodienne en Lydie)

    La question se pose pour Marseille. tait-elle un comptoir de commerce ou une colonieimmdiatement ? Les sources tardives pour Marseille (Strabon) font de Marseille une vritable cit-grecque, c'est mme un modle vant par Cicron et Strabon. Marseille fait figure d'une cit, d'une

    polis grecque phocenne installe au milieu d'un territoire de barbare et qu'elle a cultiv, hellnisles peuples qui se trouvaient dans cette rgion. C'est ce qu'on a dit, pas forcment la vrit. C'est ladoxa.

    Quand on dit que Marseille est une cit, on privilgie l'aspect politique. Il y a donc danscette affirmation une sorte de valorisation de la grcit, de la diaspora grecque, suprieur au cultureslocales.

    Une autre chose pourrait distinguer l'emporion et la cit, c'est la taille de l'tablissement.Pour qu'on puisse parler de cit, il faut que la population soit assez nombreuse, assez puissante pour

    pouvoir vivre en autarcie (idal de la cit). Cf. les chiffres de Platon (5040, 10000, etc). Mais a nersout pas le problme : Naucratis est trs peuple, mais est-ce u