Influence de l'activité humaine sur l'épidémiologie des zooanthroponoses

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M6deeine et Maladies Infectieuses -- 1983 -- 13 -- N ° 12 -- 784 & 787 Influence de l'activit6 humaine sur l'6pid6miologie des zooanthroponoses* par E.N. SHLYAKHOV** RESUME L'activit6 de l'homme, acc616r6e par la r6volution technico-scientifique et catalys6e par une urbanisation rapide, exerce une influence multilat6rale sur l'6volution de l'6pid6miologie des zooanthroponoses, due aux changements de l'6cologie des sources de l'infection et du germe lui-m~me. Ainsi la rage, infection de focalit6 naturelle stricte, a 6volu6 en une maladie menant de l'exoanthropie ~ la synanthropie ; la leptospirose est pass6e d'une zooanthroponose ~ foyers naturels ~ une phase synanthrope puis ~ une zooanthroponose des animaux domestiques. Les salmonelloses -- zooanthroponose des animaux domestiques -- ont vu une branche 6pid6miolo- gique 6voluer vers l'humanisation. Une influence particuli~re de l'activit6 humaine peut etre remarqu6e sur lecharbon et la yersiniose ~ Y. enterocolitica. Mots-clef : Epid6miologie - Zooanthroponoses - Rage - Salmonelloses - Leptospiroses - Charbon - Infection ~ Y. enterocolitica. Avant d'aborder le fond du sujet, il nous semble convenable de faire un bref rappel de la classi- fication des maladies infectieuses. Chaque classifi- cation 6tant une division logique d'un tout en fonction d'un crit6re strict, la classification des maladies infectieuses a comme but final de servir la compr6hension de la logique intrins6que des mesures de prophylaxie et de lutte appliqu6es l'6gard d'une maladie concr6te. I1 existe un grand nombre de classifications des maladies infec- tieuses, les unes bas6es sur la nature du germe (maladies bact6riennes, virales, rickettsiales, etc.), d'autres sur le mode 6volutif (aigu~s, chroniques), etc. Aucune n'est exempte de d6fauts. En URSS, la classification la plus populaire est celle de L.V. Gromachevsky (2), construite sur le crit~re de la localisation du germe dans l'organisme de l'hSte et divisant les maladies infectieuses en : intestinales, respiratoires, sanguines et t6gumen- taires. Mais cette classification n'est valable que pour les anthroponoses et, en outre, elle ne tient pas compte de la transmission verticale du germe. En 1952, nous avons propos6 une classification 6cologique des maladies infectieuses, ayant comme crit6re de base la source naturelle du germe. Conform6ment & cette classification, toutes les * Confdrence Pr0nonc6e le 4 juin 1983 ~ l'Institut Pasteur de Paris. ** Chaire d'Epid6miologie et Immunologie, Institut de M6decine, Kichinev, R6publique de Moldavie, U.R.S.S. maladies infectieuses ayant une importance en pathologic humaine se divisent en anthroponoses (source naturelle uniquement humaine) et zoo- anthroponoses (source naturelle uniquement animale, mais dont le germe peut accidentellement atteindre l'homme). A leur tour, les zooanthro- ponoses se divisent en trois groupes ; le premier comporte les zooanthroponoses des animaux sauvages x6nanthropes, dites aussi & focalit6 naturelle (par exemple la peste, les enc6phalites virales, etc.) ; le deuxi6me groupe est repr6sent6 par les zooanthroponoses des animaux synan- thropes (rongeurs sauvages, oiseaux, poissons migrant p6riodiquement vers les 6tablissements humains ou les habitant plus ou moins constam- ment). Le troisi6me groupe est form6 par les zoo- anthroponoses des animaux domestiques appri- vois6s par l'homme et lui servant pour son alimen- tation, sa garde, la chasse ou l'agr6ment. C'est partir d'eux que l'homme contracte les salmo- nelloses, le charbon, la bruceUose, etc. (6). Notre classification 6cologique tient du principe 6volu- tionniste : entre les groupes cit6s ne se dressent pas des barri6res rigides ; par contre, le processus de l'6volution biologique catalys6 par l'activit6 humaine d6montre une tendance dynamique dans la classification 6cologique. D'une fa~on g6n6raIe, les interchangements de place dans les groupe- ments entrainent l'6volution suivante : zooanthro- ponoses des animaux sauvages ~ zooanthro- ponoses des animaux synanthropes ~zoo- anthroponoses des animaux domestiques anthroponoses. Dans l'histoire naturelle, encore obscure, des maladies infectieuses, on peut citer 784

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M6deeine et Maladies Infectieuses -- 1983 -- 13 -- N ° 12 -- 784 & 787

Influence de l'activit6 humaine sur l'6pid6miologie des zooanthroponoses*

p a r E .N . S H L Y A K H O V * *

R E S U M E L'activit6 de l'homme, acc616r6e par la r6volution technico-scientifique et catalys6e par une urbanisation rapide, exerce une influence multilat6rale sur l'6volution de l'6pid6miologie des zooanthroponoses, due aux changements de l'6cologie des sources de l'infection et du germe lui-m~me. Ainsi la rage, infection de focalit6 naturelle stricte, a 6volu6 en une maladie menant de l'exoanthropie ~ la synanthropie ; la leptospirose est pass6e d'une zooanthroponose ~ foyers naturels ~ une phase synanthrope puis ~ une zooanthroponose des animaux domestiques. Les salmonelloses - - zooanthroponose des animaux domestiques - - ont vu une branche 6pid6miolo- gique 6voluer vers l'humanisation. Une influence particuli~re de l'activit6 humaine peut etre remarqu6e sur lecharbon et la yersiniose ~ Y. enterocolitica.

M o t s - c l e f :

Epid6miologie - Zooanthroponoses - Rage - Salmonelloses - Leptospiroses - Charbon - Infection ~ Y. enterocolitica.

A v a n t d ' a b o r d e r le fond du suje t , il nous semble convenable de faire un b r e f rappe l de la classi- f icat ion des malad ies infect ieuses. Chaque classifi- ca t ion 6 tan t une division logique d ' un t ou t en fonct ion d ' u n crit6re s tr ict , la c lassif icat ion des malad ies infect ieuses a c o m m e b u t final de servir

la compr6hens ion de la logique intr ins6que des mesures de p rophy lax ie et de lu t te appl iqu6es l '6gard d 'une malad ie concr6te. I1 exis te un g r a n d nombre de classif icat ions des malad ies infec- t ieuses, les unes bas6es sur la na tu re du ge rme (maladies bact6r iennes , virales , r icket ts ia les , etc.) , d ' au t r e s sur le mode 6volut if (aigu~s, chroniques) , etc. Aucune n ' e s t exem p t e de d6fauts . E n U R S S , la c lassif icat ion la plus popula i re es t celle de L.V. G r o m a c h e v s k y (2), cons t ru i t e sur le crit~re de la local isat ion du ge rme dans l ' o rgan i sme de l 'hSte et d i v i s a n t les malad ies infect ieuses en : in tes t inales , respi ra to i res , sangu ines et t6gumen- taires . Mais ce t te classif icat ion n ' e s t va lab le que pour les an th roponoses et, en outre , elle ne t ien t pas compte de la t r ansmis s ion ver t icale du germe.

E n 1952, nous avons propos6 une classif icat ion 6cologique des malad ies infect ieuses, a y a n t c o m m e crit6re de base la source nature l le du germe. Conform6ment & ce t te classif icat ion, t ou te s les

* Confdrence Pr0nonc6e le 4 juin 1983 ~ l'Institut Pasteur de Paris.

** Chaire d'Epid6miologie et Immunologie, Institut de M6decine, Kichinev, R6publique de Moldavie, U.R.S.S.

malad ies infectieuses a y a n t une impor tance en pa tho log ic humaine se d iv i sen t en an th roponoses (source na ture l le u n i q u e m e n t humaine) et zoo- an th roponoses (source naturel le un iquemen t animale, ma i s don t le ge rme peu t acc idente l lement a t t e indre l ' homme) . A leur tour , les zooanthro- ponoses se d iv isent en t rois g roupes ; le premier compor te les zooan th roponoses des an imau x sauvages x6nanthropes , di tes auss i & focalit6 naturel le (par exemple la pes te , les enc6phali tes virales , etc.) ; le deuxi6me g roupe es t repr6sent6 pa r les zooan th roponoses des a n i m a u x synan- th ropes (rongeurs s auvages , oiseaux, poissons m i g r a n t p6r iod iquement vers les 6 tab l i s sements humains ou les hab i t an t plus ou moins cons tam- ment) . Le t rois i6me g roupe es t form6 pa r les zoo- an th roponoses des a n i m a u x domes t iques appr i - vois6s p a r l ' h o m m e et lui s e r v a n t p o u r son al imen- t a t ion , sa garde , la chasse ou l ' ag r6ment . C 'es t pa r t i r d ' eux que l ' h o m m e con t rac te les sa lmo- nelloses, le charbon, la bruceUose, etc. (6). No t re classif icat ion 6cologique t ient du pr incipe 6volu- t ionnis te : en t re les g roupes cit6s ne se d ressen t pas des barr i6res r igides ; pa r contre , le processus de l '6volut ion biologique ca ta lys6 pa r l ' ac t iv i t6 humaine d6mont re une t endance d y n a m i q u e dans la c lassif icat ion 6cologique. D ' u n e fa~on g6n6raIe, les i n t e r changemen t s de place dans les groupe- m e n t s en t r a inen t l '6volut ion su ivan t e : zooanthro- ponoses des a n i m a u x s a u v a g e s ~ zooanthro- ponoses des a n i m a u x s y n a n t h r o p e s ~zoo- an th roponoses des a n i m a u x domes t iques an th roponoses . Dans l 'h is to i re naturel le , encore obscure , des malad ies infect ieuses, on peu t ci ter

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certaines infections du type anthroponoses ayant subi une ~volution complete et devenues des anthroponoses pures : c'est le cas de la variole et de la tuberculose humaine.

La r~volution technico-scientifique a acc~l~r~, d'une fa~on spectaculaire, la transformation de la nature par l'activit~ humaine. Si, & raube de son existence, l 'homme ~tait presque enti~rement soumis ~ la nature, incapable d'influencer, m~me de fa~on infime, les cycles de transformation de la mati~re et de l%nergie ~tablis par l%volution de la terre, actuellement, la soci~t~ humaine modifie d'une mani~re substantielle les structures natu- relles et le processus li~ fi ces structures. La p~riode contemporaine se caract~rise, non seulement par une intensification de l'utilisation des ~l~ments de la nature, mais ~galement par une restructuration de ces ~l~ments. L'agriculture moderne, l'urbani- sation rapide, le d~veloppement de l'industrie, l 'extraction des min~raux, la valorisation des for~ts, l'am~lioration, l'intensification et le carac- t~re industriel de l'~levage actuel, ont chang~ presque partout la face primitive de la terre. L'activit~ humaine a eu, en particulier, une influence multilat~rale sur l'~volution ~pid~mio- logique des zooanthroponoses, due aux change- ments exerc~s sur l'~cologie des r~servoirs de l'infection et sur le germe lui-m~me. Quelques exemples illustrent ce postulat.

LA RAGE

Avant la deuxi~me guerre mondiale, en R~pu- blique Socialiste de Moldavie, les sources natu- relles du virus rabique ~taient repr~sent~es par le loup enrag~ (7 %), les animaux domestiques (46 %), les chiens (42 %), les chats {2 %) ; & cette ~poque, le renard roux ne repr~sentait que 3 % de rensemble de cas de rage animale enregistr~s lors d'une contamination humaine (7}. Durant la derni~re d~cennie (1971 1980}, le renard est devenu la source principale de la rage (43 %) pour l 'homme ; les chats et les chiens sont devenus les promoteurs de la rage urbaine (18,6 et 13 % respec- tivement} ; le r61e des animaux domestiques passes du p&turage fi la maintenance en ~table a diminu~ de moiti~ (21%) et le loup comme source rabique a compl~tement disparu (7). En Ukraine, d'apr~s Chtchbak (1}, jusqu'en 1941, parmi les malades recevant un traitement antirabique, aucun n'avait ~t~ mordu par un renard, tandis qu'en 1980, parmi les animaux enrages qui se sont

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attaqu~s & l'homme, le renard roux est devenu la source pr~pond~rante (53 % des cas), suivi du chien ,, ratono'ide ,, ( N y c t e r e u t e s p r o c y o n o i d e s )

dans 3,3 % des cas et des blaireaux dans 2,6 % des cas. On remarque une hausse brusque de la rage du chat en ville.

La cause principale de la croissance marqu4e du renard est conditionn~e par l'activit~ humaine : la coupe des for~ts adultes et leur remplacement par des taillis, leur transformation en ilots forestiers, a favoris~ la multiplication du renard, en d~pit du loup. Dans les r~gions fi population dense, comme c'est le cas de la Moldavie, entre 75 et 85 % des terriers de renards se situent & une proximit~ de moins de 2 km des ~tablissements humains, tandis que les possibilit~s de d~placement du renard sont comprises entre 10 et 15 km ; en conse- quence, le renard roux est devenu un animal qui ~volue vers la synanthropie et pour lequel Rosicky et Kratochvil (4) ont propos~ le terme de ,, mammi- f~re exoanthropique ,,, c'est-fi-dire un mammif~re qui ne visite que p~riodiquement les ~tablisse- ments humains et ne s 'y installe pas. C'est ainsi que, sous l'influence humaine, une zooanthropo- nose des animaux sauvages x~nanthropes (la rage du loup) a ~volu~ vers une zooanthroponose des animaux sauvages exoanthropes virant vers la synanthropie.

L'augrnentation d~cupl~e du r61e du chat comme source de rage citadine contemporaine est une consequence directe de l 'urbanisation, plus pr~ci- s~ment de l'intensification de la construction locative. La d~molition des anciens immeubles, qui precede les nouvelles constructions, favorise la formation d e v~ritables colonies de chats vaga- bonds qui, comme on le sait, sont plus attaches leur milieu habituel qu'& leur prop ri~taire et ne d~m~nagent pas avec lui, & l'inverse du chien.

LA LEPTOSPIROSE

Dans le cas de la leptospirose, on peut ~galement constater un changement de la niche ~cologique, un d~placement des niveaux ~pizootologique et ~pid~miologique. En effet, apr~s la deuxi~me guerre mondiale, les sources naturelles des lepto- spires ~taient repr~sent~es par les rongeurs sau- vages des p~turages et des prairies ouvertes aux crues de printemps, les principales victimes humaines se recrutant ~ peu pros exclusivement parmi les faucheurs et les baigneurs. Actuel-

lement, les rongeurs sont attir6s par les grands complexes industriels de l'61evage du b6tail et ce sont les bovins et les porcs qui sont devenus la source principale des leptospires pour l 'homme. Si, en Moldavie, pendant la p6riode 1963-1970, la part de la population rurale parmi les sujets atteints s'61evait ~ 67 %, pendant les ann6es 1971- 1980, les taux ont baiss6 jusqu'& 28 % (7). Le mSme ph6nom6ne est d6crit pour la Transcaucasie orientale par Tagui-Zad6 et coll. (8) o~, sous l'influence anthropog6ne, les foyers naturels de leptospires du groupe Australis aliment6s par le rat d'eau se sont synanthropis6s grace aux souris domestiques et aux mulots, en changeant en mSme temps de groupe s6rologique qui est devenu Hebdomadis. En R6publique Socialiste de Mol- davie, le pourcentage des faucheurs et moisson- neurs, ainsi que les 61eveurs de b6tail est pass6 de 23,6 % en 1963-1970 ~ 5,4 % en 1971-1980. En mSme temps, le personnel des abattoirs et des combinats de boucherie est pass6 de 9,8 % 56,3 % ! Cet exemple peut proposer une vision nette de la transformation d'une zooanthroponose des animaux sauvages synanthropes en une zoo- anthroponose des animaux domestiques sous l'influence humaine (7).

nellose nouvelle form6e sous l'influence anthropo- g~ne.

LE CHARBON

Dans l'ancienne Bessarabie, le charbon (anthrax) 6tait presque un mal ,, national , ; ainsi, en 1938, la mortalit6 humaine se chiffrait ~ 58 cas pour 100.000 habitants, surpassant le total des cas de fi6vre typho'ide et de typhus exanth6matique. Grace aux mesures instaur6es par le r6seau sanito- 6pid6miologique de la Moldavie, la morbidit6 humaine s'est consid6rablement abaiss6e : l'acti- vit6 humaine s'est traduite par l ' immunisation du b6tafl, l 'assainissement de cimeti6res de bestiaux, la surveillance sanitaire des abattoirs, usines et fabriques manipulant des produits d'origine animale, la pratique syst6matique de la r6action d'Ascoli sur les mati6res premi6res animales, etc., aboutissant ~ la disparition totale, vers 1958, de cas de charbon parmi les ouvriers des abattoirs, usines et fabriques, et une diminution de 45 % de cas parmi les propri6taires de b6tail. Actuellement, le charbon est devenu une raret6 ; les cas isol6s, exceptionnels, sont dus aux petites parcelles de terrain encore contamin6 par des spores de B. anthracis, il y a plus d 'un demi-si6cle (7).

LES SALMONELLOSES

Les salmonelloses illustrent un troisi6me exemple de transformation 6pid6miologique. Connues comme zooanthroponoses des animaux domestiques par excellence, les salmonelloses ont vu d6river une branche 6pid6miologique pendant le dernier quart de si6cle en infection ,, huma- nis6e ,,, voire anthroponose sous l'influence de facteurs anthropog6nes (61evage industriel, admi- nistration d'antibiotiques et autres substances chimiques). Les salmonelloses dites nosocomiales ont, en effet, comme source l 'homme et se trans- mettent dans des collectivit6s d'homme & homme, par contamination f6cale-orale, comme la dysen- terie ou le chol6ra et comme toute v6ritable anthro- ponose. Nous les avons d6crites en Moldavie depuis 1960 (5) et on les retrouve un peu partout dans les pays industrialis6s. Le changement 6cologique des salmonelloses et l 'apparition de salmonelloses ,, humanis6es ,, sont li6s & la s6lec- tion de S. typhimurium (esp6ce majeure), S. vir- chowi, S. java, etc. comme germes d'une salmo-

LES INFECTIONS A Y E R S I N I A ENTEROCOLITICA

Dans une 6rude exhaustive, H.H. Mollaret a montr6 (3) d'une mani6re convaincante l'6volution 6pid6miologique des yersinioses & Y. enterocolitica qui, de zooanthroponoses des animaux synan- thropes puis domestiques, sont devenues des infections nettement humaines. L'influence anthro- pog6ne, qui se trouve & l'origine de cette trans- formation, s'est traduite par l'accroissement de la conservation des aliments au froid, en milieu fami- lial comme dans la restauration collective, l'aug- mentation continue de la consommation de crudit6s et l'essor de la restauration industrielle. Ces facteurs, directement li6s & deux particularit6s 6cologiques majeures du germe -- multiplication dans le sol et cryophilie -- ont favoris6, sous l'influence de l'homme, d'une part l 'extension des infections dues & Y. enterocolitica, d'autre part son adaptation & l'homme.

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C O N C L U S I O N

L ' a e t i v i t g d e l ' h o m m e a f avo r i s~ l ' ~ r a d i e a t i o n , s u r le g lobe , de q u e l q u e s m a l a d i e s i n f e c t i e u s e s r e d o u t a b l e s , d o n t cel le de l a v a r i o l e e s t u n e x e m p l e r~cen t ; el le a a b a i s s 6 s u b s t a n t i e l l e m e n t d ' a u t r e s i n f e c t i o n s , c o m m e le t y p h u s r 6 c u r r e n t h p o u x , la

p e s t e h u m a i n e , e tc . P a r a l l ~ l e m e n t , c e t t e a c t i v i t ~ a e o n t r i b u ~ a u c h a n g e m e n t de la n a t u r e e l l e -m~me, de c e r t a i n s p r o c e s s u s 6 p i z o o t o l o g i q u e s , m ~ r i t a n t les r~ f lex ions d ' u n 6 p i d 6 m i o l o g i s t e g~n~ra l i s t e .

L o i n d e c o n s i d 6 r e r le s u j e t de ee t a r t i c l e e o m m e r6so lu , i l e o n v i e n t de t e n i r c o m p t e de l ' i n f l u e n c e de l ' h o m m e s u r l ' ~ v o l u t i o n des z o o a n t h r o p o n o s e s , ~ v o l u t i o n qui , d a n s ses g r a n d e s l i gne s , s u i t le s c h e m a ~nonc~ c i - d e s s u s .

S U M M A R Y The human activity speeding up by the technico-scientific revolution and catalysed by a rapid growing urbanization have a multilateral influence upon the zooanthroponosis epidemiology due to the modifications o f ecological origin o f infection and even upon the germ itself. In that manner rabies, being naturally an infection having a strict focus, had evolued in a disease leading f rom exoanthropy to synanthropy ; leptospirosis slippes f rom a zooanthroponosis in natural loci to a synanthropis phase then to a zooanthroponosis o f domestic animals. Salmonellosis - - zooanthroponosis o f domestic animals - - have split to a new epidemiological branch envolving human beings. A special influence due to human activity can be seen on anthrax and yersiniosis due to Y. enterocolitica.

Key-words :

Epidemiology - Zooanthroponosis - Rabies - Salmonellosis - Leptospirosis - Anthrax - Yersiniosis due to Y. enterocolitica.

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