CLASSIQUES DU XX SIECLE

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C L A S S I Q U E S DU X X S I E C L E collection dirigée par Dominique de Roux

1 Camus par R. de Luppé

2 Malraux par P. de Boisdeffre

3 Proust par Georges Cattaui

4 Péguy par Jean Roussel

5 Maurras par Michel Mourre

6 Maurois par Michel Droit

7 Mauriac par J. Roblchon

8 Graham Greene par V. de Pange

9 Claudel par Louis Barjon

10 Saint-Exupéry par J.-C. Ibert

11 Sartre par R.-M. Albérès

12 Thomas Mann par Louis Leibrich

13 Valéry par Ed. la Rochefoucauld

14 Bernanos par Louis Chaigna

15 Bloy par Georges Cattaul

16 Gide par Marc Beigbeder

17 Plisnier par Roger Bodart

18 Montherlant par G. Bordonove

19 Giraudoux par V.H. Debidour

20 Verhaeren par L. Christophe

Photo IZIS

21 Giono par J. Pugnet

22 Alain-Fournier par Clément Borgal

23 Anna de Noailles par Ed. la Rochefoucauld

24 Colette par M. Le Hardouin

25 Morand par G. Guitard-Auviste

26 Julien Green par Pierre Brodin

27 Unamuno par R.M. Albérès

28 Pirandello par J. Chaix-Ruy

29 T. S. Eliot par Georges Cattaui

30 Martin-du-Gard par Clément Borgal

31 Henry James par G. Markow-Totevy

32 L.-P. Fargue par Ed. la Rochefoucauld

33 Jules Romains par M. Berry

34 Anouilh par R. de Luppé

35 Kafka par Albérès et Bolsdeffre

36 Teilhard de Chardin par N.M. Wildiers

37 Saint-John Perse par C. Murciaux

38 Rilke par Bernard Halda

39 Simone Weil par M.-M. Davy

40 Brecht par Walter Weideli

voir suite page 3 de couverture

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PAUL ELUARD

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LOUIS PERCHE

PAUL ELUARD

CLASSIQUES DU XX SIECLE Editions Universitaires

115, Rue du Cherche-Midi Paris

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Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays

y compris l'U.R.S.S. © by Editions Universitaires, Paris 1963

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CHAPITRE PREMIER

UN HOMME PARMI D'AUTRES

Paul Eluard était né Eugène-Emile-Paul Grindel, le 14 décembre 1895, à Saint-Denis (Seine), de Clément- Eugène Grindel, employé de bureau, vingt-cinq ans, et de Jeanne-Marie Cousin, couturière, vingt et un ans. Sa grand-mère maternelle était née Eluard : c'est à elle qu'il devait emprunter son pseudonyme.

La famille avait été marquée par le malheur. Enfant, la future mère du poète s'était trouvée abandonnée avec sa propre mère par un père qui avait délaissé d'une façon définitive sa femme et ses trois enfants, et sa souffrance fut longue et douloureuse car elle conservait encore, dans sa vieillesse, à quatre-vingts ans, après la mort de Paul Eluard, le souvenir d'une enfance blessée. Le poète put entendre, de sa bouche, le récit du temps où la peine assombrissait cette en- fance. L'on ne peut douter que lorsqu'il écrivait, plus tard, à sa propre fille Cécile, sa « petite fille dorée » : « Je souhaite que tu gardes ton ignorance du mal. Avoir de l'expérience des gens et des choses est un fardeau que tu as bien le temps de porter... Marche dans ta propre lumière », il transférait dans cette ado- lescente comblée de l'amour d'une mère et d'un père l'amertume à distance ressentie pour l'injustice qui atteint les êtres faibles par excellence que sont les enfants. De même, lorsqu'il exprimait, dans un texte radiophonique de 1947, le souhait d'arriver à « corri-

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ger le poids de la vie par un sourire impondérable », il pouvait, fût-ce confusément, fût-ce malgré lui, fût-ce en songeant à ses meurtrissures les plus per- sonnelles, faire jaillir ce souhait d'une peine ancienne, partagée, comme il partageait toute peine, de tout son cœur.

Ses meurtrissures... En 1947, à cinquante-deux ans, il était à même de les dénombrer. Et d'abord celles que son propre corps avait subies.

Et pourtant il avait commencé comme tous les enfants par naître et ouvrir les yeux sur les siens, dans la joie familiale. Le sentiment qu'il exprimera, plus tard, dans son précoce automne, en sera malgré tout assombri. Lui qui eut, entre autres qualités, celle de la plus discrète pudeur, il écrivait alors :

Hier il y a très longtemps Je suis né sans sortir des chaînes Je suis né comme une défaite Hier il n'y a pas longtemps Je suis né dans les bras tremblants D'une famille pauvre et tendre Où l'on ne gagnait rien à naître On parlait bas comprenait sourd Ma famille est née de l'oubli D'un peuple d'ombres sans reflets Chaque jour les miens me fêtaient Mais je n'étais à la mesure Ni de moi-même ni des grands Je n'avais pour but que l'enfance.

(Poésie ininterrompue II).

L'enfance de Paul Eluard, fils unique, reçut le don de l'affection. Le milieu où vivaient ses parents était modeste, les soucis aussi quotidiens que tous les soucis, mais il n'y avait pas de misère, loin de là : entre 1900 et 1905 M. Clément Grindel avait échangé sa profession d'employé dont fait mention l'acte de naissance de son fils contre celle de marchand de biens. Les témoignages de ceux qui l'ont connu attes-

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tent que M. Grindel fut un honnête homme d'affaires, et même si cette dénomination d'homme d'affaires ne comporte pas l'idée d'une petite fortune comme on l'imaginerait en notre époque, du moins il y avait une certaine aisance au foyer de la famille Grindel. Et, d'autre part, Mme Grindel, couturière de son état, eut parfois plusieurs apprenties à son service. Un milieu modeste, donc, issu d'un autre milieu modeste, où, d'une classe de petites gens, on était arrivé, par le travail, à une vie presque très confortable, tel est celui où Paul Eluard vécut ses premières années. Par conséquent, pas d'enfance misérable : la mère l'avait subie, et c'était assez que, par ce souvenir, le jeune Eugène Grindel en souffrît.

M. Clément Grindel, issu de paysans normands, gardait, du normand traditionnel, le teint clair, les cheveux blonds, les yeux bleus : un authentique des- cendant des Vikings, d'une taille moyenne mais qui ne ployait pas, et il montrait de l'énergie dans sa carrure comme il en avait dans le regard. A cette santé de la race, répondait la santé morale : il était simple, droit, et les difficultés des affaires aiguisaient sa volonté. Il portait à sa femme et à son fils une affection sans sensiblerie ; sa sincérité ne s'embarras- sait pas d'hésitations : elle allait, pour se manifester, jusqu'à user de la violence dans des colères que re- doutaient ses proches.

Des colères de son père, Paul Eluard en connut deux : la première, lorsque le fils de M. Grindel, le 19 avril 1916, écrivait à sa mère (son père étant, com- me lui, mobilisé) : « Chère mère, veux-tu m'obtenir de la paroisse St Denis mon acte de baptême. Je vais faire ma 1 communion le plus tôt possible... Et ça facilitera mon mariage à l'église. » M. Grindel ton- na : il avait le cœur et l'esprit socialistes. On le vit aller jusqu'à écrire à sa femme qui cherchait à l'apai- ser : « Je te prie de ne pas me parler des histoires de communion, ni de ceux qui communient. » Mais le fils tint bon : il avait un peu, lui aussi, de l'entête- ment normand.

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Seconde colère de M. Clément Grindel, mais dont nous n'avons pas retrouvé jusqu'ici de témoignage écrit : ce fut lorsque son fils, associé à ses affaires immobilières, mais sans négliger malgré elles de naître au surréalisme, s'enfuit de France en 1924, abandonnant tout, y compris femme et fille. Là en- core, le caractère volontaire de Paul Eluard, héritier d'une race dure, et, en même temps, loyale envers elle-même, osa ne point plier devant l'autorité d'un père pour qui un fils de 29 ans restait un enfant.

Le jeune Eugène — Emile — Paul Grindel fut ins- crit sur les registres de l'école communale de Saint- Denis. Quand ses parents déménagèrent pour aller habiter Aulnay-sous-Bois, il fréquenta de nouveau, en cette ville, la « communale ». Puis, sa famille s'ins- tallant à Paris, rue Louis Blanc, le garçon entra à l'école toute proche de la rue Clignancourt, avant de passer à l'école Colbert où il devait obtenir son bre- vet, sanction des études primaires et complémentai- res. En une époque où, dans les quartiers populeux, l'école du ruisseau était celle de beaucoup d'enfants, Eugène Grindel ne la connut point, c'est un fait cer- tain. Mais il eut à subir l'école de la maladie.

Il se reposait avec sa mère en Suisse, à Glion, non loin de Montreux, fin juillet 1912, après une année scolaire qui l'avait fatigué. Il était tout au plaisir des vacances en montagne quand une hémoptysie vint lui apporter la certitude de la maladie.

Il fut condamné à l'immobilité puis au repos jus- qu'en février 1914, livré aux soins, à la patience aussi. Il ne se laissa pas abattre : ses ancêtres les paysans normands, eux non plus, ne cédaient pas volontiers. Moins de six semaines après son premier vomisse- ment de sang, on le voit écrire à son père, demeuré à Paris, pour lui demander des livres de la librairie Ollendorf. En s'adressant à lui de son lit de malade, il n'oublie pas de s'inquiéter des ouvrages qu'il avait confiés au relieur : « Prends soin de tous mes livres », recommande-t-il. Déjà, à dix-neuf ans, voilà le Paul

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Eluard que nous avons connu plus tard amoureux de la belle page imprimée, de l'ouvrage soigné, et qui prouve très tôt son affection pour la présentation matérielle des œuvres de l'esprit. Peu après son re- tour en France, il devait se lier d'amitié avec A. J. Gonon, maître relieur, à qui il écrivit un jour, en recevant les exemplaires de tête des poèmes que ce dernier avait édités : « Le parfait travail chante la douceur des choses auxquelles on s'attache. »

En novembre 1914 il passe le conseil de révision : il atteindra bientôt ses dix-neuf ans. Il est déclaré apte au service militaire auxiliaire. Mobilisé, il se soucie de bien emballer tous les livres auxquels son ami a donné l'habit de la reliure. Transporté dans un hô- pital, souffrant d'une bronchite, en mars 1915, alors qu'il a de la peine à terminer sa lettre, il confie à Gonon : « ...Et si vous avez fini mes bouquins, ap- portez-m'en ce que vous pouvez, que je les voie. Que je les touche et vous remercie. » Il les attend, lui avoue-t-il encore, pour que « vous me les rendiez éblouissants et parés de toute la grâce de vos mains constructrices. » Remarquons cette dernière expres- sion qui a déjà la valeur formelle d'une des images solides et transparentes comme une goutte de rosée, à laquelle le poète, plus tard, nous habituera.

Mais le fils de M. Grindel est engagé dans la guerre. Vaguemestre, téléphoniste, infirmier militaire, corres- pondancier, il accumule les heurs et malheurs d'une existence médiocre où il s'ennuie et se tourmente, et où les accidents les plus ordinaires dont il pâtit vont de la bronchite et de la dysenterie à l'épanchement de synovie et à huit jours de prison, en septembre 1915, pour une absence illégale de quatre heures. Quand il assume un travail de secrétariat, en juillet 1916, il écrit : « Je viens d'être appelé à un poste in- téressant : faire la correspondance des blessés que nous évacuons sur la zone des Etapes ou l'intérieur, prévenir les familles. Je préfère cet emploi à tous les autres. Il est utile. »

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Il lit la Nouvelle Revue française, le Mercure de France, il demande à sa mère de lui acheter en pre- mière édition les Trois poèmes de guerre, de Claudel, La divine tragédie, d'Henri Bataille, Le travail invin- cible, de Pierre Hamp, L'ordination, de Julien Benda, Nous, les suppliants, de François Porché (dans l'édi- tion des Cahiers de la quinzaine de Péguy), Le sang parle, de Camille Mauclair ; ses journaux sont Le Canard enchaîné, Les hommes du jour, L'Humanité.

Versé sur sa demande, en décembre 1916, au 95 ré- giment d'infanterie, il commande un almanach des Lettres et des Arts illustré par Dufy, en même temps qu'il se prépare à vivre la vie des tranchées. Les let- tres écrites « des Armées » sont nourries des petits inconvénients de chaque jour, mais aussi de préoccu- pations plus intimes : il désire épouser civilement et religieusement Gala. Car le visage de Gala ne cesse de lui apparaître. C'était une jeune fille russe, Hélène Dmitrovnie Diakonova, rencontrée au sanatorium de Clavadel à la fin de 1912 et qui était devenue le so- leil de sa vie. Repartie en Russie en 1914, elle re- viendra retrouver à Paris, deux ans plus tard, le poè- te-soldat Paul Eluard qui est encore Eugène Grindel. Dans les lettres à ses parents, il les persuade de son amour pour Gala, il vante, d'elle, « les vertus de sim- plicité, de pureté, de douceur et d'amour », celles-là mêmes qu'il tentait d'atteindre pour son compte : « ...Je l'aime infiniment. Nos goûts sont semblables. Notre maison sera claire, gaie, accueillante à mon père et à ma mère, à mes amis, aux vôtres. » Telle fut toujours sa maison : ouverte, une porte ouverte. Il fallait le voir recevoir le visiteur, les mains ten- dues, avec son regard bleu, son visage confiant. Il se donnait aussitôt, montrait ses richesses, peintures et sculptures, il ouvrait un manuscrit, parcourait de ses doigts souples les rayons de sa bibliothèque, en tirait un livre, s'asseyait pour écrire une dédicace, et son abandon à la vérité de son accueil se lisait dans sa belle écriture calligraphiée et dans sa signature qui voulait vaincre ses mains tremblantes et n'en fi-

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mssait plus de s'offrir, avec les signes où se lisait le don.

C'est la main qui donne, C'est la main qui est bonne,

lisons-nous dans un poème de 1919. Le jeune homme de vingt-quatre ans écrivait là ce qu'il n'a cessé d'écrire toute sa vie. Qu'importe si ces deux vers sont encore alourdis de la gangue du prosaïsme, ils ont le rythme de la bonté où déjà s'accordaient les sentiments profonds d'Eluard. Oui, la bonté, ce mou- vement instinctif qui jaillissait de lui, avec plus de spontanéité que de réflexion. Peut-être était-ce là une très obscure réminiscence de l'anti-bonté dont avait souffert l'enfance de sa mère et dont il fut épargné, lui, mais qui, par le jeu des hérédités psychologiques et pathologiques, revivait en sa personne. Car chacun porte en soi toutes ses vies antérieures, et Eluard pouvait être sensibilisé par l'existence de sa mère aux jeunes années malheureuses, livrée au mal, puis- que ce qui frappe l'enfant comme un mal terrible, c'est l'injustice. Voilà pourquoi, peut-être, plus tard, sa résistance à l'oppresseur de 1940 chargé des pou- voirs maudits de l'injustice et de la haine fut la réac- tion du flagellé contre le bourreau, fut le reproche de l'enfant, cet être aux bras sans vigueur, qui subit les coups de la méchanceté et la brûlure de la dou- leur.

Un poème comme « A celle dont ils rêvent », daté de 1943, montre en effet la même révolte contre la cruauté de certains envers leurs semblables faits ce- pendant pour la dignité et pour le bonheur. Poème de circonstance, certes, mais qui, chez Eluard, valait et vaut pour toutes les circonstances de sa vie dont il subit la peine :

Neuf cent mille prisonniers Cinq cent mille politiques Un million de travailleurs

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Maîtresse de leur sommeil Donne-leur des forces d'homme Le bonheur d'être sur terre Donne-leur l'ombre immense Les lèvres d'un amour doux Comme l'oubli des souffrances.

(Au rendez-vous allemand). L'idée de la souffrance est intolérable pour Eluard

qui découvre encore, à ce moment, ses stigmates sur le visage maternel comme, aux armées, il la voyait partout autour de lui et la partageait quand il ne pouvait la combattre. C'est ce qu'on peut lire dans deux petites phrases écrites en 1916 : « Ne parlons pas de la guerre. C'est par des paroles qu'on la fait vivre. »

La pudeur d'Eluard devant les horreurs de la guer- re est faite, alors, du désir de ne pas affecter les siens, et d'un refus à leur consentement. La lecture et l'invention de la poésie qu'il sent croître en lui l'aident à lutter contre le dessèchement du cœur en cette époque où tout être humain engagé dans le mécanisme absurde de la guerre se laissait aller à des réflexes égoïstes, mais combien naturels, d'auto- défense. Ceux-ci étaient combattus par Eluard : il aurait pu chercher à aménager la médiocrité de sa vie quotidienne, à oublier totalement autrui en se contemplant soi-même et en s'abandonnant à un nar- cissisme spirituel. Mais non : s'il était heureux, à l'occasion, d'un morceau de savon envoyé par sa mère, d'une évacuation à l'hôpital, de la réception d'un livre qu'il désirait lire, comment ne pas com- prendre cet adolescent à peine sorti de sa vingtième année qui déjà plaçait très haut l'amour : car le souvenir de Gala ne le quittait point : il l'aidait à préparer le bonheur de l'homme juste qu'il voulait devenir pour lui et pour son prochain.

Ecrire, devenir écrivain, c'est par là que le soldat

malgré lui compte s'accomplir. Il accueille l'armistice

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« Ouvrage classique », dit le Dictionnaire de l'Académie « Ouvrage qui a soutenu l'épreuve du temps et que les hom- mes de goût regardent comme un modèle ». Bien des écrivains qui parurent, d'abord, indignes d'un tel hommage sont entrés, plus ou moins vite, dans ce Panthéon de l'âme où Racine ne rougit pas de rencontrer un Stendhal, ni Gœthe un Dostoïevski. Mais, s'il n'est pas très difficile d'élever à la dignité de classi- ques les écrivains des siècles passés, une critique vivante doit aussi tenter de dire, hic et nunc, quels sont ceux de nos contemporains qui méritent déjà le nom de classique par le

caractère exemplaire de leur expérience et de leur style. On a tenté de réunir dans cette collection : « Classiques du XX siècle », hors de tout parti pris politique ou esthétique, tous ceux qui, vivants ou morts, français ou étrangers, paraissent répondre aux grandes préoccupations du monde moderne, depuis les morts de longue date comme Nietzsche ou Dostoïevski jusqu'à des écrivains nés en ce siècle,

comme Camus ou Mounier. En demandant à tels de nos meilleurs critiques de présenter un écrivain de leur choix, nous avons cru devoir leur rappeler que cette collection s'adressait au grand public, et particu- lièrement à l'étranger, et qu'il convenait donc de parler son langage : le plus simple, le plus direct, le plus naturel qui soit. La critique, telle que nous l'entendons ici, devrait avoir pour ambition d'amener à un auteur, réputé difficile, les lecteurs restés indifférents à son œuvre parce qu'ils n'en

possédaient pas les bonnes clés.

Louis PERCHE Louis Perche s'est attaché particulièrement à des travaux de critique littéraire depuis son livre Claudel et Les Cinq Grandes Odes (1946). C'était le premier ouvrage en date consacré à une étude complète

du sens et de la portée des Cinq Grandes Odes. Outre la publication, aux éditions Pierre Seghers, d'un Paul Claudel, d'un Victor Hugo et d'un Charles Péguy (« Poètes d'aujourd'hui »), nous devons, entre autres, à Louis Perche un essai sur le moraliste Joseph Joubert : Joubert parmi nous, préface d'André Maurois (Rougerie) et un Brantôme XXe Siècle (Rougerie), pages choisies dans les Vies des Hommes illustres et des grands capitaines contées par Brantôme,

avec commentaires et notes. Louis Perche est également l'auteur des textes accompagnant les photographies des Albums des Guides bleus consacrés au Limousin et à la Franche-Comté (Hachette). Il a fondé et dirigé aux éditions Corrêa la collection « Mises au point ».

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