CÉCITÉ, PAUVRETÉ ET DÉVELOPPEMENT -...

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CÉCITÉ, PAUVRETÉ ET DÉVELOPPEMENT L’impact de VISION 2020 sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement adoptés par l’ONU Travaillons ensemble pour éliminer la cécité évitable

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CÉCITÉ, PAUVRETÉET DÉVELOPPEMENT

L’impact de VISION 2020sur les Objectifs du Millénaire pour le

Développement adoptés par l’ONU

Travaillons ensemblepour éliminer lacécité évitable

Un problème inutileLe nombre de personnes aveugles dans le monde s’apprête à doubler au cours des vingt prochaines années, bienqu’il soit possible de mettre en œuvre des interventions d’un très bon rapport coût-efficacité. Parmi ceux quideviendront aveugles, quatre individus sur cinq perdront la vue inutilement. C’est en réponse à ce pronosticinacceptable que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Agence Internationale pour la Prévention de laCécité (IAPB) ont lancé en 1999 l’initiative conjointe connue sous le nom de VISION 2020 : le Droit à la Vue. Cetteinitiative offre un cadre programmatique pour l’élimination de la cécité évitable d’ici l’année 2020. Si nousparvenons à la fois à galvaniser la volonté politique et à mobiliser les ressources suffisantes, nous pourronsparfaitement atteindre cet objectif.

VISION 2020 a pour objectif d’éliminer d’ici 2020 les principales causes de cécité évitable, en rapprochant lesgouvernements, les agences non gouvernementales, les professionnels de l’ophtalmologie et d’autres organisationsimpliquées dans la lutte contre la cécité, afin de faciliter la planification, le développement et la mise en œuvrede programmes nationaux durables pour lutter contre la cécité. Ces programmes sont basés sur trois stratégiesprincipales – la lutte contre la maladie, le développement des ressources humaines et le développement del’infrastructure – et ils incorporent les principes des soins de santé primaires.

La mise en œuvre réussie de VISION 2020 diminuerait non seulement la souffrance individuelle, mais elleapporterait également des bénéfices sociaux et économiques considérables.

La déficience visuelle entraîne un profond désavantage économique pour les individus qui en souffrent, pour leurfamille et pour la société en général. Plusieurs études récentes ont quantifié l’impact de la déficience visuelle. Cestravaux variés vont de l’article de K. D. Frick et A. Foster sur l’impact de la cécité évitable sur la productivitééconomique mondiale à une étude sur l’impact économique de la chirurgie de la cataracte sur chaque individu.Toutes ces études démontrent l’ampleur des rendements économiques et sociaux obtenus lorsqu’on investit dans lalutte contre la cécité évitable.

Dans la mesure où 90 % des personnes aveugles vivent dans des pays en développement, ce n’est pas surprenantque les investissements dans la lutte contre la cécité évitable contribuent de façon significative à atteindre lesObjectifs du Millénaire pour le Développement. Ce document examine cette contribution et résume également lesrésultats d’un ensemble d’études qui permettent de quantifier ces bénéfices.

Le coût de la cécité dans le monde(Frick K.D., Foster A. The magnitude and cost of global blindness : An increasing problem that can be alleviated. American Journal ofOphthalmology 2003 : 135 (4), 471-47)

Le travail de recherche mené par Frick et Foster a évalué à 42 milliards de dollars US le coût de la cécité et de la bassevision dans le monde en l’an 2000. Si la prévalence de la cécité et de la basse vision ne diminue pas, on estime que cecoût total annuel s’élèvera à 110 milliards de dollars US d’ici 2020. Toutefois, si l’on atteint les objectifs de VISION 2020,ce coût total ne sera que de 57 milliards de dollars US en 2020. Ceci équivaut globalement à une économie de 223 milliardsde dollars US sur une période de 20 ans.

Bien que les coûts en termes absolus soient plus élevés dans les économies de marché établies, les coûts relatifs au PIBsont considérablement plus élevés dans les pays à faibles revenus. Par exemple, pour l’Afrique subsaharienne comme pourl’Inde, on estime à 0,5 % la perte annuelle de PIB pour l’année 2020 en l’absence d’interventions VISION 2020.

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Sept d’entre les huit Objectifs du Millénaire pour le Développementadoptés par l’ONU dépendent de mesures qui sont liées à la mise enœuvre de VISION 2020.

Beaucoup de facteurs responsables de la cécité évitable dans les pays à faibles revenus sont directement liés à lapauvreté, y compris la faim, la malnutrition et l’accès insuffisant aux services de santé, d’éducation, d’alimentationen eau et d’assainissement. Ces problèmes sont encore plus graves dans les régions les moins développées sur leplan économique, où résident plus de 90 % des personnes qui souffrent de déficience visuelle dans le monde.

Les faitsJusqu’à 75 % des cas de cécité sont évitables (peuvent être prévenus ou traités).Parmi les 600 millions de personnes qui souffrent d’incapacités dans le monde, 82 % vivent en dessous du seuilde pauvreté, 20 % appartiennent au groupe des « plus pauvres parmi les pauvres » et seulement 3 à 4 %bénéficient d’activités de développement.852 millions de personnes souffrent de malnutrition ; celle-ci peut entraîner la cécité, la maladie et la mort.

VISION 2020 reconnaît que les personnes qui souffrent de déficience visuelle sont prises dans l’engrenage de lapauvreté, ont plus de chances d’être exclues des services sanitaires, éducatifs et sociaux de base, et risquent enconséquence de souffrir d’isolement, de mauvaise santé et d’exclusion économique.

Si nous atteignons les objectifs de l’initiative VISION 2020, le nombre de personnes aveugles ne sera que de24 millions en 2020, au lieu d’atteindre le chiffre prévu de 75 millions. VISION 2020 veut faire en sorte que chacunbénéficie de la meilleure vision possible, en adoptant une approche intégrée basée sur les maladies prioritairesdans les zones les plus démunies, le développement des services de soins oculaires et la formation du personnelen ophtalmologie. Cette approche contribue ainsi directement à améliorer la qualité de la vie et crée des conditionséconomiques, sociales et sanitaires plus favorables pour chaque individu et pour la société dans son ensemble.

OMD 1 : Éradiquer l’extrême pauvreté et la faim.Cible 1 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à1 dollar par jour.

Cible 2 : Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim.

Photo de Barbara Krobath

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Le programme national de lutte contre la cécité (PNLCC) de la Gambie(Frick K.D., Foster A. et al. Analysis of Costs and Benefits of the Gambian eye care program. Arch Ophthalmology 1998 : 46, 69-172)

Le PNLCC a été mis en place en 1987, suivant les principes qui ont guidé plus tard l’initiative VISION 2020. Les activitésprincipales de ce programme étaient :

– Chirurgie de la cataracte

– Lutte contre le trachome en utilisant la stratégie CHANCErecommandée par l’OMS (CHirurgie, Antibiothérapie,Nettoyage du visage et Changement de l’Environnement)

– Information, éducation et communication pour et avec lapopulation

– Construction et aménagement de centres secondaires desanté oculaire et d’unités locales de production de collyres,répartis équitablement

– Bilans annuels du programme, évaluations tous les cinq anset études de prévalence tous les dix ans

– Renforcement des capacités pour la gestion du programme.

En 1996, la population de la Gambie avait augmenté de 50 % et l’espérance de vie moyenne avait augmenté de 10 ans.En dépit de ces changements démographiques, une nouvelle étude nationale menée la même année a démontré unediminution de 40 % de la prévalence générale de la cécité. Le coût du PNLCC s’élevait alors à 1,28 million de dollars US(à la valeur du dollar en 1995). Le bénéfice net pendant toute la vie a été estimé à 1,01 million de dollars US, ce quidonne un taux de rendement de l’investissement égal à 10 % pour la population de la Gambie. Si l’on suppose que lesressortissants sénégalais, qui constituaient 30 % des patients, ont retiré les mêmes bénéfices, le taux de rendement estalors de 19 %. Enfin, si l’on suppose que tous les cas de cécité que l’on a évités ont entraîné une augmentation deproductivité, le taux de rendement atteint 42 %.

L’impact de la chirurgie de la cataracte sur les individus en Inde(Javitt J.C. Cataract. Chapitre 26 – Jamison D.T. et al. Disease Control Priorities in Developing Countries. New York. Oxford UniversityPress pour la Banque Mondiale. 1993)

Une étude menée sur les patients du Aravind Eye Hospital à Madurai, en Inde, a montréque 85 % des hommes et 58 % des femmes qui, du fait de leur cécité, avaient perduleur emploi, ont retrouvé cet emploi après avoir subi une extraction de la cataracte.Parmi ceux qui n’ont pas repris leur emploi, certains ont pris le relais des tâchesdomestiques, ce qui a permis à d’autres membres de leur famille de retrouver unemploi. 88 % des patients de sexe masculin et 93 % des patientes qui estimaient avoirperdu de l’autorité au sein de leur famille et de leur communauté ont affirmé avoirretrouvé leur position sociale après l’opération. Les résultats de cette étude ontégalement démontré qu’en moyenne, une personne ayant retrouvé une fonction visuelleutile grâce à la chirurgie de la cataracte générait 1 500 % du coût de l’opérationen productivité économique accrue durant l’année suivant l’intervention. Ce bénéficeétait dû au fait que les patients et les membres de leur famille pouvaient retournerau travail.

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Le programme marocain de lutte contre la cécité(Ruth Levine et al. Controlling Trachoma in Morocco. Millions Saved : Proven Success in Global Health, Center for Global Development.Novembre 2004)

En 1991, le Royaume du Maroc a mis en place son programme national de lutte contre la cécité. Ce partenariat comprenait :les cinq ministères responsables de la santé, de l’éducation, de l’emploi, de l’équipement et de l’approvisionnement eneau ; des organisations internationales ; des agences bilatérales et multilatérales ; et des organisations nongouvernementales (ONG) locales. Entre 1997 et 1999, le gouvernement a incorporé la stratégie CHANCE dans le programmenational de lutte contre la cécité. Des équipes mobiles de chirurgie ont réalisé des opérations simples et peu coûteuses,quelque 3 millions de doses de l’antibiotique azithromycine ont été distribuées, des campagnes d’éducation sanitaire ontété menées pour promouvoir l’hygiène et la bonne façon de laver, des latrines ont été construites, ainsi que desinstallations pour fournir de l’eau potable sûre. Le pourcentage total de communautés rurales ayant accès à de l’eaupotable est passé de 13 % en 1992 à 60 % en l’an 2000.

Le gouvernement a reconnu que la réduction de la pauvreté et de l’illettrisme chez les femmes était essentielle dans lalutte contre le trachome et a donc mis en œuvre des interventions pour réduire l’illettrisme chez les femmes et desprogrammes de développement économique pour améliorer les revenus des femmes.

Ce programme sanitaire national va délibérément au-delà du système de santé pour aborder l’aspect plus général dudéveloppement économique. Le Maroc a réussi à atteindre une baisse de 75 % dans la prévalence du trachome depuis 1999et a réussi à l’éliminer complètement dans certaines provinces – ce sont les progrès les plus rapides dans la lutte contrele trachome que l’on ait jamais observés dans un pays.

Environ 90 % des enfants malvoyants dans les pays à faibles revenus sont privés de scolarité. Le manqued’infrastructure, de soins de santé abordables, l’absence de production de matériels pédagogiques accessibles etadaptés et le manque d’enseignants qualifiés sont autantde facteurs qui empêchent les enfants malvoyants d’allerà l’école dans beaucoup de pays à faibles revenus.

La présence d’adultes aveugles dans la famille aégalement un effet sur l’assiduité et sur la performancescolaire. Par exemple, dans les pays à faibles revenus,beaucoup d’adultes aveugles sont dépendants d’enfantsd’âge scolaire et d’autres membres de leur famille.

De plus, la basse vision et les amétropies entraînées parle manque d’interventions précoces ont également uneffet néfaste sur la performance scolaire.

Les programmes VISION 2020 améliorent l’accès aux opportunités éducatives et professionnelles, grâce à tout unensemble d’interventions en santé publique qui améliorent l’accès des enfants à l’éducation et réduisent la faim,la malnutrition et la cécité. Les stratégies pour lutter contre la cécité infantile comprennent la délivrance de soinsde santé primaires de qualité et l’élaboration de modèles permettant de fournir à un prix abordable une correctionoptique et des aides visuelles (voir OMD 4). Les stratégies actuellement mises en œuvre par les partenaires deVISION 2020 comprennent : tests de la vision en milieu scolaire, dépistage et intervention précoce pour larétinopathie des prématurés, et formation en ophtalmologie pédiatrique. Par ailleurs, en offrant des services deprévention et de traitement des affections oculaires, on diminue la souffrance des familles.

OMD 2 & 3 : Assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalitédes sexes et l’autonomisation des femmes.Cible 3 : D’ici 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d’acheverun cycle complet d’études primaires.

Cible 4 : Éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici 2005,si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement au plus tard en 2015.

Photo de l’ICEE

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Dans les pays à faibles revenus, jusqu’à 60 % des enfants aveugles risquent de mourir moins d’un an après avoirperdu la vue. De plus, environ 500 000 enfants deviennent aveugles chaque année. Ceci revient à dire qu’un enfantperd la vue toutes les minutes. Beaucoup d’affections liées à la cécité infantile sont également des causes demortalité infantile (par exemple, prématurité, rougeole, syndrome de rubéole congénitale, carence en vitamine Aet méningite).

Les programmes VISION 2020 contribuent à diminuer le risque de mortalité infantile grâce à des interventions delutte contre la cécité infantile et à la promotion de soins de santé de base. Ces interventions comprennent lasupplémentation en vitamine A et la lutte contre le trachome. Il a été démontré que la supplémentation envitamine A est l’une des interventions sanitaires qui offrent le meilleur rapport coût-efficacité.1 Il suffit de deuxdoses par an pour prévenir la cécité – pour un coût d’un dollar US environ. Pour augmenter la couverture, on peutassocier la supplémentation en vitamine A aux programmes de vaccination de routine et distribuer des supplémentsde vitamine A lors des journées de vaccination ; beaucoup de pays sont en train d’adopter cette approche.2

De plus, les interventions à base communautaire de lutte contre le trachome promues par VISION 2020 – y comprisla stratégie CHANCE, les programmes de santé scolaire, l’alphabétisation des femmes et la formation desagents de santé à la chirurgie – permettent d’autonomiser les communautés en favorisant de meilleures pratiquesd’assainissement, d’hygiène et d’alimentation. Ceci a des conséquences directes sur la santé maternelle et infantileet réduit à long terme le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

OMD 4 : Réduire la mortalité infantile.Cible 5 : Réduire de deux-tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.

1 Banque Mondiale. World Development Report 1993 : Investing in Health. New York : Oxford University Press, 1993.2 C. Gilbert, A. Foster. Childhood blindness in the context of VISION 2020 : The Right to Sight. Bulletin of the World Health

Organisation, 2001, 79 : 227-232.

Photo du docteur Sanjiv Desai

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Les personnes qui souffrent d’incapacités sont comme les autres – ou même plus que les autres – exposées auxfacteurs de risque qui entraînent des maladies infectieuses. Elles ont en outre un accès limité aux services detraitement ou de stratégie avancée. Dans les pays à faibles revenus, des « maladies négligées » importantes, dontdes maladies cécitantes comme le trachome et l’onchocercose (cécité des rivières), sont endémiques en milieu ruralet dans les régions urbaines démunies. Ces maladies peuvent nuire à l’éducation et diminuer la productivité despersonnes qui travaillent.

Les programmes VISION 2020 de lutte contre l’onchocercose ou le trachome contribuent également à réduirel’impact du VIH/SIDA, du paludisme et d’autres maladies sur les individus et sur les familles en adoptant uneapproche de santé publique, en offrant des services de santé oculaire préventifs et curatifs et des formations axéssur la santé maternelle et infantile, l’éducation sanitaire et la promotion d’une bonne alimentation.

OMD 6 : Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies.Cible 7 : D’ici 2015, avoir stoppé la propagation du VIH/SIDA et avoir commencé à inverser la tendanceactuelle.

Cible 8 : D’ici 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres maladies importantes, et avoir commencé à inverserla tendance actuelle.

Rapport coût-efficacité de la lutte contre l’onchocercose(Waters H.R., J.A. Rehwinkel, G. Burnham. Economic Evaluation of Mectizan Distribution. Tropical Medicine and International Health.Volume 9 No. 4 pp. A16-A25 Supplément Avril 2004)

Une étude sur l’évaluation économique de la distribution du Mectizan® (l’antibiotique qui prévient l’onchocercose) résumeles résultats de plusieurs évaluations économiques du Programme africain de lutte contre l’onchocercose (APOC) et duProgramme de lutte contre l’onchocercose (OCP). Les évaluations économiques de l’OCP en Afrique de l’Ouest ont calculéune valeur actuelle nette – y compris les bénéfices en termes de terres et de main d’œuvre – de 485 millions de dollarsUS sur une période de 39 ans, en utilisant un taux modeste de 10 % pour escompter les gains futurs en santé et enproductivité. Cette estimation aboutit à un taux de rendement économique du programme égal à 20 %.

La valeur actuelle nette calculée pour l’APOC est de 88 millions de dollars US sur une période de 21 ans (1996-2017), enutilisant également un taux d’escompte de 10 %. Le taux de rendement économique du programme est estimé à 24 % pourcette période donnée.

Photo d’Elizabeth Gilbert pour ITI

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Dans les pays à faibles revenus, les personnes souffrant d’incapacités comme la déficience visuelle viventgénéralement dans de moins bonnes conditions de logement et ont moins facilement accès à de l’eau propre et àun système d’assainissement.

Faciliter l’accès à une eau propre et à un système d’assainissement de base est une composante essentielle de lastratégie CHANCE.

L’initiative mondiale VISION 2020 favorise le développement des ressources humaines pour fournir des soinsoculaires complets aux niveaux primaire et secondaire de délivrance des soins. L’un des programmes dans cedomaine est VISION 2020 Links. Ce programme permet aux agents de santé oculaire de recevoir une formation etun soutien qui leur permettront d’augmenter leur capacité à contribuer aux activités de lutte contre la cécité.

Le programme VISION 2020 se concentre en particulier sur les besoins et les priorités identifiés au niveau local etfacilite des partenariats qui apporteront des solutions innovantes, durables et d’un bon rapport coût-efficacité.L’une des préoccupations principales de ce programme est de rendre accessibles, sous diverses formes, l’expertiseet les compétences nécessaires à ceux qui en ont le plus besoin.

OMD 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.Cible 16 : En coopération avec les pays en développement, développer et mettre en œuvre des stratégies pourcréer des emplois décents et productifs pour les jeunes.

OMD 7 : Assurer un environnement durable.Cible 10 : Réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de la population qui n’a pas accès de façon durable à unapprovisionnement en eau potable sûre et à un système d’assainissement de base.

Les programmes VISION 2020 assurent la disponibilité des médicaments essentiels pour la prévention de la cécité,grâce à des partenariats internationaux, nationaux et régionaux pour lutter contre l’onchocercose, le trachome etla cécité infantile.

Onchocercose : Plusieurs acteurs participent à l’APOC et à l’OEPA (Programme d’élimination de l’onchocercose auxAmériques) et œuvrent ainsi à éliminer l’onchocercose comme problème de santé publique : des gouvernementsnationaux, des communautés affectées par l’onchocercose dans 25 pays participants, des organisations nongouvernementales de développement internationales et locales, ainsi que le laboratoire Merck & Co Pharmaceuticals– qui s’est engagé à faire don du Mectizan® aussi longtemps qu’il le faudra et partout où cela sera nécessaire.

Cible 17 : En coopération avec l’industrie pharmaceutique, rendre les médicaments essentiels disponibles etabordables dans les pays en développement.

© ORBIS

Trachome : L’alliance pour l’élimination mondiale du trachome cécitant d’ici l’an 2020 (GET 2020) est unecollaboration entre des gouvernements nationaux, des organisations non gouvernementales de développement, desétablissements universitaires et Pfizer International – le laboratoire pharmaceutique qui détient le brevet del’azithromycine, un antibiotique à longue durée d’activité qui est fourni gratuitement pour lutter contre letrachome.

Cécité infantile : La vaccination contre la rougeole, une cause de cécité infantile, est une composante essentielled’un programme typique de lutte contre la cécité infantile, tel que le conçoit VISION 2020.

Des partenariats solides à tous les niveaux font la force de VISON 2020Au niveau international, VISION 2020 représente une collaboration entre l’IAPB, qui représente plus de 60organisations internationales et nationales engagées dans la lutte contre la cécité, et l’OMS, qui agit pour lecompte de ses 193 États Membres.Aux niveaux national, régional et communautaire, VISION 2020favorise des partenariats solides entre le ministère de la santé, desorganisations internationales ou nationales, des organisationsprofessionnelles et des groupes de la société civile – qui sont réunisdans un comité VISION 2020 ou un comité national de lutte contrela cécité – afin de faciliter la mise en œuvre de services efficaces desoins oculaires dans tous les districts.

Cibles 12-15 & 18 : Les actions que doivent mener les pays aux niveaux régional, national et international pouratteindre les OMD 1 à 7.

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ÉTUDE DE CAS : Australie(Centre for Eye Research Australia. Clear Insight : The Economic Impact and Cost of Vision Loss in Australia, An Overview of theReport prepared by Access Economics Pty Limited, Août 2004)

L’enquête nationale la plus complète à ce jour sur le coût économique de la déficience visuelle est une étude qui a estiméles coûts directs et indirects de la perte visuelle en Australie en 2004. Les coûts directs sont les dépenses engagées pourle traitement des affections oculaires, y compris les coûts de fonctionnement des services médicaux et paramédicaux, lecoût des médicaments et produits pharmaceutiques utilisés dans le traitement des affections oculaires, le coût de larecherche en ophtalmologie et les coûts administratifs. On estime que le coût direct total du traitement des affectionsoculaires en Australie en 2004 s’est élevé à 1,3 milliard de dollars US, un chiffre supérieur au coût de la prise en chargeà l’échelle nationale au cours de la même année des maladies coronariennes, des accidents vasculaires cérébraux, del’arthrite ou de la dépression.

Les coûts indirects comprennent la perte de revenus pour les malvoyants, la perte de revenus pour les personnes quis’occupent d’eux, ainsi que les aides, l’équipement, les aménagements de domicile, la réhabilitation, les prestationssociales, les impôts non perçus, et enfin la douleur, la souffrance et la mort prématurée que peut entraîner la déficiencevisuelle. On estime que le coût indirect total s’est élevé à 5,6 milliards de dollars US pour l’année 2004.

Les années de vie perdues en raison de l’incapacité causée par les troubles visuels correspondent à 2,7 % du total national,soit un chiffre similaire à celui du diabète ou des maladies coronariennes et beaucoup plus important que l’incapacitécausée par le cancer du sein, le cancer de la prostate, le mélanome ou le VIH/SIDA.

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Années de vie ajustées sur l’incapacité (Disability Adjusted Life Years ou DALY)Cette méthode permet de calculer le fardeau mondial de la maladie, en termes des cas rapportés ou estimés de mortprématurée, d’incapacité et de jours d’infirmité dus à une maladie causée par une affection spécifique. Lorsque l’on ajouteentre eux les DALY correspondant à des affections oculaires spécifiques (onchocercose, trachome, carence en vitamine A,glaucome, cataracte et troubles de la vision), la déficience visuelle devient alors la septième cause la plus importanted’incapacité dans le monde – après les affections périnatales, les affections des voies respiratoires inférieures, les maladiescardiovasculaires et cérébrovasculaires et le VIH/SIDA.

Le poids des affections oculaires, en fonction de la cause – 2001(Basé sur Global Burden of Diseases & Risk Factors, Lopez et al. 2006)

Années de vie ajustées sur l’incapacité

Rang Groupe de causes Revenus Revenus Total %faibles et élevésintermédiaires

Onchocercose 439 0 439Trachome 2 620 10 2 630Vitamine A 711 1 712Glaucome 4 112 268 4 380

14 Cataracte 28 150 493 28 643 (1,9 %)

22 Troubles visuels 15 364 1 525 16 889 (1,1 %)

7 Total (sans le diabète) 51 396 2 297 53 693

Fardeau économique de la cécité en Inde(Shamanna B.R., Dandona L., Rao G.N. Indian Journal of Ophthalmology 1998 : 46, 69-172)

En 1997, en Inde, on a estimé que le fardeau économique de la cécité s’élevait à 4,4 millions de dollars US (1,45 % duRNB total – environ 72,5 % des dépenses de santé du gouvernement au cours de l’année en question) et que la pertecumulative pendant toute la vie des aveugles s’élevait à 77,4 millions de dollars US, ce qui était du même ordre degrandeur que la perte due au VIH/SIDA en Inde (chiffres de 1995). La cécité infantile était responsable de 28,7 % de cetteperte pendant toute la vie.

Cette étude prévoit que si on traite les 52 % de cas de cécité en Inde qui sont dus à la cataracte grâce à un investissementde 0,15 milliard de dollars US et si l’on suppose que 80 % des personnes opérées ne seront plus aveugles après l’opérationet que 45 % des aveugles par cataracte appartiennent à la tranche d’âge productive, l’économie réalisée en termes de RNBannuel sera alors de 1,1 milliard de dollars US. Ceci montre que le traitement de la cécité par cataracte est une interventionqui présente un excellent rapport coût-efficacité.

Des arguments irréfutablesLes investissements dans la lutte contre la cécité et la déficience visuelle évitables produisent des taux élevés derendement sur le plan économique et social, tout en améliorant spectaculairement la qualité de vie des individuset des familles. Non seulement les taux de rendement économique sont estimés (au bas mot) à 20 %, comme lemontrent les études citées ici, mais les niveaux absolus d’investissement requis pour lutter contre la cécité et ladéficience visuelle sont bas si on les compare à l’investissement requis dans le cas d’autres maladies. Dans le casde la Gambie, il suffisait d’un dollar US par personne pour fournir des services complets de santé oculaire. Il seraitvraiment tragique de ne pas effectuer l’investissement nécessaire pour éliminer cette souffrance inutile.

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement forment un plan d’action auquel ont souscrits des gouvernementspartout dans le monde, ainsi que les plus importantes organisations de développement dans le monde. Ces objectifsont entraîné des efforts sans précédent pour répondre aux besoins des personnes les plus pauvres au monde, dontfont partie la majorité de ceux qui sont affectés par la cécité évitable.

Si les gouvernements, les agences de développement et autres donateurs ne réalisent pas l’investissement adéquatpour soutenir la mise en œuvre du programme VISION 2020, une initiative extrêmement ciblée et d’un excellentrapport coût-efficacité, les Objectifs du Millénaire pour le Développement resteront hors d’atteinte.

© CBM

Pour plus de renseignements, merci de bien vouloir contacter :IAPB/VISION 2020 Siège social

London School of Hygiene and Tropical Medicine, Keppel Street,London WC1E 7HT, Angleterre, Royaume-Uni Tél : +44 (0)20 7927 2974

http://www.v2020.org Courriel : [email protected]

Définitions(tirées de Classification statistique Internationale des Maladies et des problèmes de santé connexes(10ème révision – CIM-10) : http://www3.who.int/icd/) et de WHO, IAPB 2005 : State of the World’sSight : VISION 2020 : the Right to Sight 1999-2005)

Cécité : acuité visuelle du meilleur œil inférieure à 1/20 avec la meilleure correction possible,ou champ visuel correspondant inférieur ou égal à 10 degrés dans le meilleur œil (atteinte dela vision de catégorie 3, 4, 5 de la CIM-10 dans les deux yeux).

Basse vision : acuité visuelle inférieure à 3/10, mais supérieure ou égale à 1/20, avec lameilleure correction possible dans le meilleur œil (atteinte de la vision de catégorie 1 ou 2de la CIM-10 dans les deux yeux). Une personne souffrant de « basse vision » se définitégalement comme quelqu’un qui, après traitement et correction des vices de réfraction,présente une déficience de la fonction visuelle mais peut utiliser sa vision, ou estpotentiellement capable d’utiliser sa vision, pour planifier et/ou exécuter une tâche.

Déficience visuelle : comprend la basse vision et la cécité (atteinte de la vision de catégorie1, 2, 3, 4 et 5 de la CIM-10).

Vice de réfraction ou amétropie : est un défaut optique de l’œil qui empêche la mise aupoint efficace des images. La plupart des déficiences visuelles dues aux vices de réfractionpeuvent être corrigées par le port de lunettes adaptées.

Rétinopathie des prématurés : se produit chez les enfants prématurés dont les vaisseauxrétiniens sont immatures. Un faible poids de naissance et une hyperoxie (due à un apport enoxygène mal contrôlé dans les unités de réanimation et de soins aux nouveau-nés) sont desfacteurs de risque importants.

Onchocercose : également appelée cécité des rivières, infection due au ver nématodeOnchocerca volvulus.

Trachome : est une maladie oculaire chronique causée par des souches de la bactérieChlamydia trachomatis qui infectent l’œil. S’observe dans les communautés pauvres etsurpeuplées, qui ont un accès insuffisant à l’eau et à l’assainissement.

Cataracte : opacité du cristallin de l’œil. Sa fréquence augmente avec l’âge.

Photo de couverture prise dans une région d’Ethiopie où le trachome est endémiquepar Elizabeth Gilbert pour l’Initiative internationale de lutte contre le trachome (ITI) © 2003