Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

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BULLETIN 6 LE MAGAZINE DU CREDIT SUISSE DÉCEMBRE 1999/JANVIER 2000 WWW.CREDIT-SUISSE.CH/BULLETIN MUSIQUES DU MONDE : POUR RÉCHAUFFER LE CŒUR BONHEUR LE BULLETIN VOUS PORTE MONDIALISATION LES PETITES ENTREPRISES AUSSI PEUVENT FAIRE FUREUR MARATHON DE NEW YORK DES SOUFFRANCES POUR UNE BONNE CAUSE PRÉVISIONS POUR L’AN 2000 LE DIAGNOSTIC D’ALOIS BISCHOFBERGER

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BULLETIN 6LE MAGAZINE DU CREDIT SUISSE

DÉCEMBRE 1999/JANVIER 2000

WWW.CREDIT-SUISSE.CH/BULLETIN

MUSIQUES D

U MONDE:

POUR RÉCHAUFF

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LE C

ŒURBONHEUR

LE BULLETIN VOUS PORTE

MONDIALISATION

LES PETITES ENTREPRISESAUSSI PEUVENT FAIRE FUREUR

MARATHON DE NEW YORK

DES SOUFFRANCESPOUR UNE BONNE CAUSE

PRÉVISIONS POUR L’AN 2000

LE DIAGNOSTIC D’ALOIS BISCHOFBERGER

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DIE BANK ALS BIENENHAUS: ES HERRSCHT EIN EMSIGES

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CREDIT SUISSE-ZENTRUM ÜETLIHOF, ZÜRICH, 8.27 UHR.

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CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

SOMMAIRE

FOCUS: BONHEUR

4 ÊTRE ET AVOIR | Le bonheur en statistiques12 LE MALHEUR | Selon le publicitaire Martin Denecke16 LA VIE EN ROSE | Le bonheur multiplié par trois22 L’ÉTAT EST TOUJOURS GAGNANT | L’industrie du jeu26 DAME FORTUNE ET LES PROPHÈTES | Prévisions économiques30 TRÈFLE À QUATRE FEUILLES & CIE | Des porte-bonheur à gogo

ACTUEL

35 FONDS INDICIELS | De bons rendements en toute sécuritéL’ASSURANCE EN CLAIR | Les meilleures solutions

36 TOUS EN LIGNE SUR LE WEB | Bourse, conseil, investissementCOMPTE D’ÉPARGNE CADEAU | Une idée pour les grands-parents

ECONOMIC RESEARCH

38 PROSPÉRITÉ | Le chef économiste à propos de l’an 200042 LE CIEL S’ÉCLAIRCIT | Tendances dans les secteurs45 NOS PRÉVISIONS CONJONCTURELLES46 BANCASSURANCE | Synergies pour de nouveaux risques49 NOS PRÉVISIONS POUR LES MARCHÉS FINANCIERS

FORUM

50 MARATHON DE NEW YORK | Des banquiers pressés

SERVICE

54 PME ET MONDIALISATION | L’éditeur de logiciels Novasys à Lausanne57 ÉTUDE SOPHIA | La mondialisation en ligne de mire

MAGAZINE

58 UN RYTHME ENDIABLÉ | De Bamako à La Havane62 HANDI-SKI 2000 | Des sportifs de haut niveau62 AGENDA64 MUSÉE DE LA CROIX-ROUGE | L’information étayée

CARTE BLANCHE

66 L’INFORMATIQUE A BESOIN DE VISIONS | Bruno Bonati

SOMMAIRE3

VERRE BRISÉ, CHANCE ASSURÉE?… POUR LE BULLETIN, LES PORTE-BONHEUR N’ONT PLUS DE SECRETS.

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Marié

Divorcé

Célibataire

Joie

Colère

Peu

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Tristesse

Santé

Energie

Education

Libe

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polit

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Autonomie

Démocratie directe

Position sociale

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Perspective

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Egalité des droits

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Formation professionnelle

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Pourquoi les Frères Grimm l’ont-ils appe-lé « Hans im Glück » ? Jeannot la Chancene serait-il pas un peu simplet et, qui plusest, poursuivi par la déveine ? Le voilàdonc, on s’en souvient, sur le chemin duretour, portant dans un mouchoir posé surson épaule une pièce d’or grosse commesa tête. Un trésor qu’il a reçu de sonmaître en récompense de son travail. Il netarde pas à trouver le fardeau trop lourd etl’échange contre un cheval, lequel serabientôt troqué contre une vache, dont il se débarrassera pour un cochon. N’y trou-vant pas son bonheur, il prendra une oieen échange, laquelle servira de paiementpour deux pierres à aiguiser, qu’il verratomber au fond d’une fontaine en allant se désaltérer. Enfin soulagé, les pochesvides, il s’écrie : « Il n’y a personne sous le soleil qui soit aussi heureux que moi ! »La morale de l’histoire ? Privilège descontes merveilleux, les auteurs concluent :« Le cœur léger et libre de tout fardeau, ilpartit en courant pour retrouver sa mère. »

Jeannot avait trouvé le bonheur, mais ilest peu probable que sa recette convienneà tout le monde. Comment définir le

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

BONHEUR

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COMMENT ÊTRE HEUREUX? POURLES SCIENTIFIQUES CE N’EST PASUNE QUESTION DE SENTIMENTS,MAIS DE STATISTIQUES.

LE BONHEUREST MESURABLE

PAR CHRISTIAN PFISTER, RÉDACTION BULLETIN

bonheur ? Comment être heureux ? HuitAméricains sur dix se posent ces ques-tions une fois par semaine. Depuis la nuitdes temps, l’humanité cherche à percer lemystère. Où est la clé du bonheur ? Im-possible de trouver le mot de passe. AlfredBellebaum, professeur de sociologie etdirecteur de l’Institut für Glücksforschung,en Allemagne (entretien page 7), a cetteformule lapidaire : « Le bonheur, c’est ceque chacun perçoit comme tel ».

Depuis l’Antiquité on distingue chanceet bonheur, car être heureux est une desémotions essentielles de l’homme, aumême titre que la joie, la tristesse, la peuret la colère. Il n’est pas étonnant dès lorsque diverses professions s’y intéressent.Ce sont les neurologues qui ont la tâchela plus aisée. Pour eux tout est clair : ceque l’être humain ressent et pense est lerésultat d’interactions complexes entrehormones et cellules nerveuses céré-brales. Les émotions sont dues à desmolécules, dont plus d’une centaine ontété identifiées comme responsables desétats d’âme. Ces neurotransmetteurs dubonheur seraient avant tout la sérotonine

et la dopamine, qui avec l’adrénaline et lanoradrénaline seraient responsables denotre bonne humeur. Ainsi les scienti-fiques ont dénombré un millier de messa-gers chimiques qui régulent les senti-ments. L’être humain devrait donc à lachimie sa faculté d’être heureux. Ce quisemble tout de même un peu réducteur à tous ceux qui ne cherchent pas leurbonheur dans l’ingestion d’un cocktail depilules euphorisantes.

Le problème devient plus délicat lors-qu’on se penche sur l’alchimie du bonheurhumain. Les réponses ne manquent pas,une abondance de livres, colloques etthérapies existant sur le sujet. Le psycho-logue, c’est son métier, s’occupe des joieset des peines de ses congénères. L’ennuiest qu’il a surtout affaire à des gens mal-heureux, et il n’est pas étonnant que lenombre de publications sur les aspectsnégatifs du psychisme humain soit 17 foissupérieur à celui concernant les aspectspositifs.

Ce sont des économistes qui, ces der-nières années, ont multiplié les études sur le bonheur. Parmi eux, le Britannique

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Andrew J. Oswald déclarait récemment :« L’économiste se doit avant tout de déter-miner les facteurs qui favorisent le bon-heur ou qui lui nuisent et, dans un secondtemps, de rechercher les structures quicontribuent à l’épanouissement humain. »Les économistes et les sociologues ontpour ce faire le même outil de travail, lesstatistiques, partant du principe simpleselon lequel le bonheur doit être mesu-rable et les facteurs qui l’influencentdoivent être connus, car sinon l’êtrehumain ne serait pas à la recherche d’unevie meilleure. « Je suis étonné de consta-ter que très peu d’économistes se préoc-cupent de savoir combien de bonheur peuts’acheter par une amélioration de l’effica-cité économique. Il s’agit là de questionsessentielles que nous devrions nous poser plus sérieusement. Et le monde iraitun peu mieux », fait observer AndrewOswald.

Les études scientifiques sur le bonheurfont apparaître des facteurs univer-sellement favorables au bien-être des

hommes, indépendamment des diffé-rences culturelles entre nations ou popu-lations. Depuis des années, Ruut Veen-hoven, de l’université Erasmus à Rotter-dam, constitue une base de donnéesintitulée « World Database of Happiness »à partir d’études conduites sur le bonheurdans le monde entier. Les conclusions quel’on peut en tirer ne sont encore fiablesque pour une cinquantaine de pays, maisles données autorisent déjà des compa-raisons entre les pays, non de façon théo-rique mais pour identifier les conditionsqui favorisent la joie de vivre.

Les Occidentaux ont de quoi se réjouir

Il existe de grandes différences dans lamanière de ressentir le bonheur selon lesrégions du globe : c’est en Asie et enAfrique que les gens sont le moins heu-reux, alors que le taux de satisfaction estle plus élevé dans les pays occidentaux.

Des facteurs endogènes et exogènescontribuent à cet état de fait. Les donnéessur les conditions d’existence montrent

une relation étroite entre le bonheur et– la richesse du pays– l’autonomie et la liberté politique– l’égalité des droits entre hommes et

femmes– la faiblesse des différences sociales– la tolérance du système étatique– l’accès à l’éducation et à l’information– la faiblesse du taux de chômage– l’état de développement du pays.

« Ces résultats ne manqueront pasd’étonner ceux qui mettent sur le mêmeplan modernisme, dérives et aliénation,constate Ruut Veenhoven. Sans nier lesproblèmes liés à la vie moderne, on ob-serve que les avantages l’emportent auxyeux des intéressés. » Ed Diener, un psy-chologue américain, a montré à quel pointla stabilité politique et les perspectiveséconomiques au sein d’un Etat pouvaientinfluer sur la notion de bien-être. L’une deses études a ainsi mis en évidence le plusfaible degré de satisfaction jamais me-suré : dans la République dominicaine, en1992. Sur une échelle de 0 (mécontente-ment absolu) à 10 (satisfaction totale), la moyenne des réponses obtenues sesituait à 1,6 point. La statistique avait étéfaite à une période de grande incertitudepour cet Etat des Caraïbes, entre la chutedu dictateur Trujillo et l’avènement de ladémocratie.

Outre les circonstances extérieures, lebonheur dépend aussi de l’individu lui-même. Les données collectées par RuutVeenhoven montrent que– les personnes des classes sociales pri-

vilégiées manifestent une plus grandejoie de vivre

– dans la plupart des pays, le bonheur estégalement partagé entre jeunes etvieux, femmes et hommes

– les gens mariés sont plus heureux queles célibataires ou les divorcés

– les personnes ayant une formation pro-fessionnelle sont plus heureuses quecelles qui n’en ont pas

– l’on est plus heureux si l’on est enforme et plein d’énergie

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BONHEUR

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

HEUREUX COMME UN ISLANDAIS OU COMME UNE BULGARE ?

Des chercheurs du monde entier, dont le psychologue Ed Diener, de l’uni-

versité de l’Illinois, aux Etats-Unis, ont comparé le degré de satisfaction dans

les différents pays. Sur une échelle de 10 points, parmi les nations dont on

possède des données fiables, ce sont les Bulgares (5,03 points) qui sont les

plus malheureux, alors que les Islandais (8,02 points) forment le trio de tête

avec les Danois et les Suisses.

A vous, Chère Lectrice, Cher Lecteur, de tester votre appartenance géogra-

phique en matière de bonheur. Donnez à chacune des questions ci-dessous

une note de 0 (totalement faux) à 10 (tout à fait vrai) :

– Dans ses principaux aspects, ma vie actuelle correspond à l’idéal que je

m’en fais

– Mes conditions de vie sont excellentes

– Je suis satisfait de ma vie

– Jusqu’à présent, j’ai obtenu les choses essentielles que je souhaitais dans

la vie

– Si je devais recommencer, je ne changerais quasiment rien.

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Alfred Bellebaum est professeur de socio-logie aux universités de Coblence et deBonn. Il a fondé en 1990 l’Institut fürGlücksforschung à Vallendar, en Alle-magne, et s’est fait une renommée enéditant des ouvrages comme « Ökonomieund Glück », Opladen 1999 ; « Staat undGlück, Politische Dimensionen der Wohl-fahrt », Opladen 1998.

CHRISTIAN PFISTER Pourquoi avoir créé l’Insti-

tut für Glücksforschung, il y a dix ans ?

ALFRED BELLEBAUM Rien n’échappe à l’in-vestigation scientifique. Le bonheur est unsujet qui a toujours préoccupé l’homme,car il est au centre des mouvements del’âme. On cite souvent Aristote : «Tous leshommes veulent être heureux », mais cequi intéresse le scientifique, c’est : Pour-quoi les hommes veulent-ils être heureux ?Comment a évolué la conception du bon-heur à travers les âges ? Quels sont lesrapports entre l’Etat, la politique et lebonheur ? La réflexion systématique sur le bonheur date de l’Antiquité, mais elleconnaît un regain d’intérêt avec les diffi-cultés du monde moderne. Notre do-maine, c’est la recherche fondamentale,nous ne proposons pas de solutions pra-tiques.

C.P. Diverses sciences ont le bonheur pour

objet. Certaines disciplines sont-elles plus

importantes que d’autres ?

A.B. Non, car la philosophie, la théolo-gie, la sociologie, la psychologie, la biolo-gie et l’économie restent limitées à leurdomaine. Une discipline se concentrerasur l’étude du cerveau pour y découvrir lebonheur, alors que l’autre s’intéresseradavantage aux représentations qu’en ont

les différentes cultures. Une approchepluridisciplinaire garde donc tout son inté-rêt pour faire la synthèse des connais-sances et savoir d’où elles viennent, avecquelles justifications et quelles consé-quences.

C.P. La conception du bonheur n’est pas la

même selon que l’on se place d’un point

de vue historique ou que l’on considère

le présent. Pouvez-vous nous citer des

exemples ?

A.B. Pour l’Egypte ancienne, on a trouvéqu’il n’y avait pas de bonheur sans l’autre,pas de bonheur sans le roi, pas de bon-heur sans Dieu. Une telle conception neserait certainement pas majoritaire ac-tuellement. Pour nous, la recherche dubonheur est centrée sur le vécu : prendredu bon temps, avoir une vie bien remplie,être en forme, fuir la monotonie, voilà dessouhaits fort répandus. Pourquoi pasd’ailleurs ?

C.P. Dans l’Ancien Testament, Qohéleth dé-

crit le bonheur comme une brise légère.

A.B. C’est une des innombrables défini-tions du bonheur qui incitent à la réflexion.Chez Qohéleth, il s’agit de l’expériencedouloureuse que font nombre d’entrenous, à savoir qu’en général, le bonheurest limité dans le temps. Schopenhauerfaisait d’ailleurs remarquer que la posses-sion d’une chose lui enlevait son attrait et suscitait de nouvelles convoitises. Demême, Saint Augustin écrivait très juste-ment : « Notre cœur ne trouve la paix quelorsqu’il repose en Toi ».

C.P. Que pensez-vous du fait que les écono-

mistes fassent des recherches sur le bon-

heur ?

A.B. Je suis pour ! Les liens entre lasituation économique et le bonheur ou lasatisfaction ne sont pas nouveaux, maisce thème est particulièrement d’actualitédans la mesure où les effets de cette fa-meuse mondialisation touchent beaucoupde gens et où une augmentation de l’ai-sance matérielle ne favorise pas forcé-ment le bonheur.

C.P. Il est question de « poursuite du bon-

heur » dans la Déclaration d’indépendance

américaine de 1776. Est-ce une envolée

lyrique ?

A.B. C’est un cas unique au monde, tout à fait représentatif de la mentalitéaméricaine. La poursuite du bonheur ainsiélevée au rang de droit civique est uneimportante revalorisation de la notion deliberté. Il ne revient pas à l’Etat de garan-tir le bonheur, mais il doit considérercomme naturelle cette poursuite du bon-heur et la rendre possible.

C.P. Vos réflexions sur le bonheur vous ont-

elles apporté quelque chose à titre per-

sonnel ?

A.B. Oui, bien sûr. Je reste impres-sionné par les multiples facettes de laquestion et par l’effort intellectuel qui estnécessaire pour l’appréhender. Je suisfasciné par toutes les représentations dubonheur dont le cerveau est capable. Celui qui fait des recherches sur le bon-heur s’en trouve-t-il plus heureux ? Celadépend des personnes. Par le passé,j’écrivais des livres sur la sociologie descomportements déviants ou sur l’ennui et le silence. Maintenant c’est sur le bon-heur que je me penche ; j’aime le change-ment.

«NOTRE CŒUR TROUVE LA PAIX LORSQU’IL REPOSE EN TOI»

ENTRETIEN SUR LE BONHEUR AVEC ALFRED BELLEBAUM

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– le bonheur ne dépend guère de l’im-portance des revenus, sauf évidem-ment dans les pays pauvres, où lessalaires suffisent à peine pour survivre.

Les Suisses voient la vie en rose

Un sondage a été effectué entre 1992 et1994 sur un échantillon représentatif de lapopulation suisse. La question suivante aété posée à 6 000 personnes : « Dansquelle mesure êtes-vous satisfait de votreexistence ? » L’évaluation s’est faite surune échelle de 1 à 10. Les Suisses se-raient ainsi les champions du monde dubonheur avec 8,21 points, 29% des ré-pondants ayant opté pour la note 10, 17%pour 9 et 27% pour 8. Dans l’ensemble,les femmes helvétiques sont plus heu-

reuses que les hommes, les couples plusque les célibataires, ainsi que les per-sonnes travaillant à leur compte et lesfemmes au foyer.

Sur la base des réponses obtenues etdes données concernant les personnesinterrogées, Bruno S. Frey, professeurd’économie à l’université de Zurich, et soncollègue Alois Stutzer ont cerné les fac-teurs extérieurs déterminant un tel degréde satisfaction en Suisse. « Plus que ledegré général de satisfaction, il importe deconnaître les ressorts, et c’est là qu’inter-vient l’analyse statistique », précise BrunoFrey, qui conclut que les principaux para-mètres sont, dans l’ordre, le chômage, lasanté, puis l’inflation. Pour la premièrefois, il a également été possible de mettre

en parallèle, sur des bases scientifiques,la démocratie et la satisfaction des ci-toyens. Résultat : « Plus il y a de démocra-tie, plus les citoyens ont de possibilitésd’influer directement sur le cours deschoses, et plus ils sont satisfaits »(entretien page 11).

L’économiste voit essentiellement deuxraisons à cette satisfaction : première-ment, les responsables politiques sontmieux contrôlés par l’implication activedes citoyens, les décisions correspondentdavantage aux attentes de la population ;le travail du gouvernement s’en trouveamélioré et génère une plus grande im-pression de bien-être. Deuxièmement, ladémocratie directe permet aussi d’inter-venir dans les processus décisionnels.

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BONHEUR

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Le CREDIT SUISSE a procédé à une nou-velle enquête sur la satisfaction de sescollaborateurs. Tous ont ainsi eu l’occa-sion d’évaluer le comportement de leurssupérieurs hiérarchiques, le stress, la pro-motion du personnel ou la rémunération.Sur quelque 11 000 questionnaires, 85%

ont été renvoyés dûment remplis.« La satisfaction du personnel est un élément important de

notre culture d’encadrement, explique Peter Lienhart. Nous vou-lons que les gens se sentent bien et s’épanouissent dans leurtravail. » La banque n’agit pas par philanthropie : le managementest conscient que des collaborateurs satisfaits donnent desclients satisfaits. « Si nous voulons réussir encore mieux sur lemarché, c’est par notre personnel que nous devons commencer,car en chaque individu sommeille un immense potentiel », ditPeter Lienhart. C’est un atout qu’il faut jouer. « Dans les activi-tés bancaires, un bon contact avec les clients génère de la va-leur. La satisfaction des collaborateurs a des répercussions im-médiates sur la bonne marche des affaires – et l’inverse est vraiaussi. » Paroles creuses ? Le CREDIT SUISSE est très clair là-dessus : la satisfaction des collaborateurs est un élément del’évaluation annuelle des cadres. L’enquête a montré quels fac-

teurs étaient déterminants pour le bien-être des collaborateurs.En voici les principaux, par ordre d’importance :Tâches/autonomie Notamment : pouvoir utiliser pleinement sescapacités, avoir assez de liberté d’action pour mettre en pratiqueses propres idées, pouvoir prendre soi-même les décisionsnécessaires.Confiance C’est-à-dire : confiance dans le Directoire et dans lacohérence de la stratégie, satisfaction dans la manière dont lavaleur de chacun est appréciée et reconnue et dont on investitdans ses capacités, identification avec la culture de performancede l’entreprise.Satisfaction par rapport au supérieur hiérarchique Critères rete-nus : personnalité, aptitude à diriger, à s’imposer, à résoudre lesproblèmes, à planifier le travail et à contrôler les résultats.Salaire L’accent est mis sur une rémunération axée sur les per-formances et correspondant aux compétences, sur les avan-tages accordés au personnel (hypothèques à taux préférentiels,par exemple).

La satisfaction des collaborateurs avait nettement progresséentre 1997 et 1998, et est restée sans grand changement de-puis lors. Par comparaison avec d’autres entreprises en Suisseet en Europe, notre société se situe dans le peloton de tête enla matière.

FAIRE DU BONHEUR UN ÉLÉMENT DE QUALIFICATION

Peter Lienhart estmembre du Directoire

du CREDIT SUISSE

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Bruno Frey et Alois Stutzer ont égalementétudié l’influence du fédéralisme et del’autonomie des communes – pour retrou-ver la même relation entre satisfaction etdroit de regard à l’échelon local.

Les conclusions de Bruno Frey sont is-sues d’une comparaison entre les 26 can-tons, laquelle fait apparaître une influencevariable des citoyens. Ainsi, le nombre designatures nécessaires au lancementd’une initiative n’est pas le même danstous les cantons. Ces résultats sont cor-roborés par les réponses des étrangersrésidant en Suisse. En règle générale, onconstate parmi les étrangers une satisfac-tion plus grande que celle des Suissesdans les cantons où la démocratie directeest plus affirmée, mais le degré de satis-faction des étrangers est inférieur à celuides Suisses dans les cantons où l’in-fluence politique des citoyens est supé-rieure à la moyenne. Explication : lesétrangers tirent profit de la politique deproximité, mais ils n’ont pas les moyens des’exprimer, ce qui tempère leur optimisme.

L’aptitude au bonheur

« Don’t worry, be happy », on se souvientde cette rengaine. S’il était aussi simpled’être heureux, que deviendraient leschercheurs et leurs mesures ? Pourtant, ilsemble bien que cette chanson à succèsévoque une vérité fondamentale. Le gar-dien des données sur le bonheur, RuutVeenhoven, a encore une statistique ànotre service : il y a en effet dans le mondeplus de gens qui s’estiment heureux quemalheureux. Ce qui l’amène à conclureque « la capacité de l’homme à être heu-reux est grande. Les régions cérébralesresponsables des influences positivessont plus étendues que celles qui génè-rent des impressions désagréables ».

Jeannot la Chance n’aurait certaine-ment pas dit le contraire.

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

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BONHEUR

11

Bruno S. Frey enseigne l’économie àl’université de Zurich. Sa fascination pourle bonheur l’a amené à faire une très belle découverte avec son collègue AloisStutzer, à savoir qu’il existe une relationlinéaire entre démocratie directe et satis-faction des citoyens.

CHRISTIAN PFISTER Pourquoi les économistes cherchent-ils à

mesurer le bonheur ?

BRUNO S. FREY L’objectif ultime de toute gestion économique,c’est de rendre les gens heureux. Il faut donc vérifier s’il estatteint.

C.P. Comment le fait-on ?

B.S.F. Par des sondages. Les gens évaluent leur situation surune échelle allant de 1 (mécontentement total) à 10 (satisfac-tion totale). Les Suisses arrivent à une moyenne de 8,2 pointset font ainsi partie des peuples les plus heureux du monde.

C.P. Dans le tram, le matin, ce n’est pas l’impression que j’ai.

B.S.F. Pourtant c’est ainsi. Nous avons comparé 43 pays dontles données sont fiables. Les pays les plus pauvres arrivent à une moyenne de 5,9 et les plus riches à 7,3. Voilà qui bat enbrèche un vieux préjugé selon lequel l’argent ne fait pas le bon-heur.

C.P. En Suisse, le chômage et la santé arrivent en tête parmi les pa-

ramètres du bonheur. Quelle est l’influence de la fiche de paie ?

B.S.F. Pour les Suisses, le revenu est un élément du bonheurmais il se situe loin derrière le fait d’avoir un emploi.

C.P. Vous avez montré que le bonheur dépendait aussi des possi-

bilités d’influer sur la politique et les institutions. Comment est-ce

mesurable ?

B.S.F. Les résultats des sondages montrent que les possibili-tés effectives de participer à la vie politique sont très variablesd’un canton à l’autre. Cela influe sur les résultats des politiquesconduites et sur le degré de satisfaction des administrés. Il y abien sûr d’autres facteurs importants, mais cet aspect pèse lourddans la balance : plus le système est démocratique et de typefédéral, plus les gens sont contents.

C.P. Il faudrait donc plus de démocratie ; une intégration à l’Union

européenne (UE) augurerait assez mal de notre bonheur à venir.

Qu’en pensez-vous ?

B.S.F. Difficile à prévoir, car les avis divergent sur les droits etl’influence politiques que nous ferait perdre notre adhésion àl’UE. Par ailleurs, on entend souvent dire que la démocratiedirecte entrave l’économie. C’est pourtant bien le contraire quel’on constate : le poids des déficits publics est inversement pro-portionnel au degré de démocratie. Il y a moins de fraude fiscale,les gens ayant une meilleure relation à l’Etat. Autre aspect inté-ressant, le revenu par habitant est plus élevé dans les cantonsoù la démocratie directe est la plus développée.

LE BONHEUR EST DANS LA DÉMOCRATIE

9,40

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Satisfaction moyennepar canton

Droits liés à ladémocratie directe

21 3 4 5 6

GEVD FR

NE

TI

SG

BE

VS JUZH

BS

TG

LU

ZG

GR

SZ

NW

AROW

SH

GL

BLAI

SO

AG

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Source: Bruno S. Frey et Alois Stutzer (1999). Happiness, Economy and Institutions. Université de Zurich.

Régression

LES BIENHEUREUX DE LADÉMOCRATIE DIRECTE

Bruno S. Frey,professeur d’écono-

mie à l’université de Zurich

Bruno S. Frey et Alois Stutzer, de l’université deZurich, ont élaboré un indice de 1 à 6 reflétant lesdroits liés à la démocratie directe. Associé au degrémoyen de satisfaction des citoyens des différentscantons, l’indice fait apparaître une relation linéaireentre satisfaction et démocratie (voir graphique).

Page 12: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

«DANS UNE BONNE HISTOIRE, ESTIME LE PUBLICITAIREMARTIN DENECKE, IL EST RAREMENT QUESTION DE SUCCÈS.»

MARTIN DENECKE, DIRECTEUR DE

LOWE|GGK, DÉCRIT LA SUCCESS

STORY DE SON AGENCE DANS UN

STYLE EMPREINT D’HUMOUR NOIR

PLUTÔT QUE D’ÉMOTION.

L’EXCÈS DE BONHEURN’EST GUÈRE VENDEUR

Page 13: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

ROSMARIE GERBER Vous êtes actuellement au soleil, dans le sud de

l’Espagne. Etes-vous heureux ?

MARTIN DENECKE Et comment ! Ne le seriez-vous pas à ma place, avec une température de 20 degrés ?

R.G. Tout en célébrant le bonheur à titre privé, vous et vos confrères

l’excluez toujours plus de la publicité. Où sont donc passés les

ménagères qui s’extasiaient sur leur linge « plus blanc que blanc »,

les amoureux qui accédaient à la félicité éternelle dans leur nou-

velle voiture ?

M.D. Ces exagérations, ces promesses de bonheur si vous pré-férez, remontent à une époque où la publicité était beaucoupmoins présente. Il suffisait alors de quelques individus souriantspour qu’une voiture, un soda ou un dentifrice se vendent commedes petits pains. Aujourd’hui, le message publicitaire ne pré-sentant que des visages radieux passera tout simplementinaperçu.

R.G. Le bonheur n’est donc pas un argument vendeur ?

M.D. Je ne serais pas aussi catégorique. Au lieu de souriresforcés, nous montrons des émotions.

R.G. Et comment faites-vous pour faire passer ces émotions sur les

affiches et dans les annonces ou les films publicitaires ?

M.D. Prenez la publicité de la société Orange, qui promet davan-tage de communication à l’avenir. Il s’agit ici d’émotions à l’étatpur, de liens qui se nouent. Bien sûr qu’il y est question du prix etde la valeur du produit, mais seulement d’une manière accessoire.

R.G. Dans un monde impersonnel, parler est peut-être la plus

grande des émotions. Alors, plutôt que de me promettre un sou-

rire éclatant grâce au dentifrice Meridol, vous préférez m’expliquer

qu’il « régénère les gencives irritées ». Pourtant il est rare que je

rêve de gencives régénérées !

M.D. Ce dentifrice se distingue par son principe régénérateur.Nous mettons ainsi l’accent sur une propriété qu’aucun autredentifrice ne possède sans doute.

R.G. Et pourquoi la promesse d’un sourire ravageur ne serait-elle

pas convaincante ?

M.D. Le consommateur se dirait qu’il s’agit d’un dentifricecomme les autres. Or celui-ci régénère les gencives. D’ailleurs,Meridol est devenu en l’espace de cinq ou six ans le deuxièmedentifrice le plus vendu en Suisse. Le succès de cette campagnea surpris tout le monde, nous les premiers. C’est comme si la

notion de régénération avait donné naissance à un nouveau typede produits.

R.G. Une publicité purement informative séduit la clientèle. Mais si

vous prenez une histoire loufoque mêlée d’humour noir, c’est là

aussi le succès assuré. Pourquoi ?

M.D. La plupart des produits ne se différencient guère les unsdes autres, d’où la nécessité de créer un univers unique en songenre. Le consommateur veut se divertir. La publicité fait tou-jours figure d’intruse et, en tant que telle, elle se doit d’attirerl’attention.

R.G. Et c’est par des ricanements sardoniques ou, au mieux, par

des éclats de rire que la publicité touche le consommateur ?

M.D. La publicité a du succès quand elle raconte une bonnehistoire, dont l’humour n’est pas exclu. Et dans une bonne his-toire, il est rarement question de succès.

Si je raconte que j’étais en Espagne en 1995, qu’il y faisaitbeau et que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes,personne ne m’écoutera. Par contre, si je me plains de la pluie,d’ennuis de voiture et autres catastrophes, le public sera ravi.

R.G. Pour faire une bonne publicité, il faut donc rire aux dépens

d’autrui ?

M.D. Oui. Prenez Hamlet, une marque de cigares anglais. Sonslogan, « Le bonheur, c’est un cigare nommé Hamlet », est illus-tré par un individu à qui il arrive toutes sortes de mésaventures.Quand la situation devient vraiment critique, il allume un Ham-let. Le message est clair : dans la vie, il n’y a pas que des mo-ments de bonheur. Notre but est de divertir le public sans direadieu pour autant à cette vision idyllique des choses. Nousl’interprétons, voilà tout, et dans un monde quelque peu déshu-manisé, nous jouons volontiers sur les émotions.

R.G. Vous parlez d’émotions mais jamais de bonheur : ce mot est-il

complètement galvaudé à vos yeux ?

M.D. Non, pas forcément. Dans l’univers bancaire, les émo-tions ont quelque chose de surprenant, et donc d’opportun.

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INTERVIEW: ROSMARIE GERBER, RÉDACTION BULLETIN

MARTIN DENECKE – LOWE|GGK

Directeur du groupe LOWE|GGK, le numéro 13 mondial

des agences de publicité, Martin Denecke compte par-

mi ses clients le magazine économique Cash, Bico &

Co SA, Canon (Suisse), l’Union suisse du commerce de

fromage, Rivella et Sunrise Communications. Après le

changement de millénaire, le CREDIT SUISSE GROUP

fera aussi appel à ses services.

Page 14: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

Lavabeaux!

Meilleur choix sanitaire et de cuisines de Suisse„Hello chéri!“ Quiconque vous salue le matin amoureu-

sement et vous souhaite bonne nuit le soir ne devrait pas

seulement être facile à entretenir, mais avoir aussi des

formes parfaites. Un tête-à-tête dans la salle de bains?

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Encore faut-il qu’elles soient authentiques. Afficher un contente-ment béat devant une banque, cela n’a rien de bien convaincant.Le client qui manifeste sa joie parce qu’il a pu – grâce à sabanque – réaliser un projet sera en revanche beaucoup plus cré-dible. Vos allégories du bonheur, elles, n’ont aucune crédibilité.

R.G. Oui, mais ce sont des créatures de rêve, et les rêves ne pas-

sent pas au contrôle technique.

M.D. Si cela peut vous consoler, une petite partie des publici-tés mise toujours sur les stars : Cindy Crawford vante les méritesd’Omega, Boris Becker ceux de TAG Heuer.

R.G. Et ces stars nous promettent succès, bonheur, beauté et

jeunesse ?

M.D. Bien sûr. De toutes les techniques, c’est la plus simple.

R.G. Votre mépris pour ce type de publicités perce à travers vos pro-

pos. Vous-même ne chercheriez donc pas à séduire le consom-

mateur aussi « simplement » ?

M.D. Dans certaines circonstances, si. La Frankfurter Allge-meine Zeitung (FAZ), par exemple, fait appel à des personnali-tés, dont Helmut Schmidt. Bien que présent, l’ex-chancelier secache derrière son journal. Au bas de la page, le lecteur apprendque cet homme qui lit la FAZ est Helmut Schmidt.

R.G. Il est question dans ce cas d’un exercice intellectuel avec des

personnalités, non de culte des stars. Dans la profession, l’intellec-

tualité semble l’emporter très nettement sur la matérialité. Un de

vos collègues fait de la publicité pour la Suisse en ces termes :

« Quand le tourisme vous a-t-il coûté vos vacances pour la dernière

fois ? » Afficher dans ses propos une autosatisfaction à la limite de

l’injure pour le public, est-ce le secret de la réussite ?

M.D. C’est un simple jeu de mots qui n’est pas destiné aux tou-ristes, justement. Celui qui se trouve avec mille autres personnesdans un lieu de vacances voudrait malgré tout être unique et au-dessus du lot. Ce qu’on lui propose ici, c’est la qualité, et non letourisme de masse.

R.G. Et vous croyez que ce jeu de mots peut susciter un écho chez

le touriste moyen qui emmène toute sa petite famille dans une

pension helvétique ?

M.D. La Suisse est une destination coûteuse. Nous devonsdonc viser une clientèle aisée. Vous parlez d’injure, mais quandune publicité polarise l’attention, c’est qu’elle a une part de vrai.

R.G. Vous voulez dire qu’une Heidi radieuse menant ses chèvres à

l’alpage n’aurait pas drainé les foules ?

M.D. En Asie, où je vais souvent, ce genre de cliché marche-rait ; mais en Allemagne il serait tout à fait déplacé.

R.G. Votre agence fait la publicité de Pfister, un magasin de

meubles grand public, en ces termes : « Pour vos décorations de

table, ne prenez pas n’importe quelle table ». En somme, vous

préférez faire travailler la matière grise du client plutôt que de lui

vendre un intérieur confortable ?

M.D. La photo présente une table avec des verres, des tasseset des assiettes. Notre but, c’est de dire au client, en forme deboutade, que chez Pfister il trouvera aussi de la vaisselle. Il y aquelques années, Pfister souffrait d’une image un peu vieillotte,que nous avons voulu rajeunir. Du coup, cette publicité nous avalu un prix.

R.G. Et vous n’auriez pas pu employer avec un égal succès l’im-

pression de bonheur qui se dégage d’un petit nid douillet ?

M.D. De toute évidence, vous n’avez pas vu le spot publicitairepour Pfister. Nous avons en effet couplé deux campagnes. A latélévision, nous jouons sur l’intimité du foyer, mais d’une façonplus moderne.

R.G. La modernité, pour vous, c’est une famille heureuse qui com-

plote d’assassiner grand-maman ?

M.D. Pas du tout. On voit une famille et une femme qui se sentlibre et heureuse. Un foyer agréable, une vie heureuse. Etcomme un fait exprès, vous ne les avez pas vues, ces images de bonheur parfait.

R.G. Quel dommage que la seule publicité idyllique de votre cru

m’ait échappé. Et quel dommage, Monsieur Denecke, qu’à la fin

de notre entretien, le mot bonheur vous reste toujours un peu en

travers de la gorge.

M.D. Ce qui vous intéresse, c’est l’exaltation des sentiments.Nous, nous devons montrer le bien-être si nous voulons restercrédibles. Or le bien-être est subjectif : certains recherchent laréussite professionnelle, d’autres rêvent d’acheter telle voiture,d’autres encore veulent fonder une famille. Celui qui réalise sonprojet est satisfait ou, si vous préférez, heureux. Votre repré-sentation idéalisée du bonheur est insoutenable aux yeux d’unpublic adulte, parce qu’elle ne correspond pas à la réalité.

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«QUAND UNE PUBLICITÉ POLARISE

L’ATTENTION, C’EST QU’ELLE A UNE PART DE VRAI»

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« Che sarà, sarà », chante Doris Day dans« L’Homme qui en savait trop » d’AlfredHitchcock. « What ever will be, will be. Thefuture’s not ours to see. » Laissons l’ave-nir venir. C’est aussi ce que pense Char-lotte Seemann, bien que beaucoup degens s’adressent à elle pour qu’elle leurlise l’avenir dans les astres ou dans lescartes.

« When I was just a little girl, poursuitDoris Day, I asked my mother, what will Ibe ? Will I be pretty ? Will I be rich ? » Maisles questions simples n’ont pas toujoursune réponse simple. « Les astres influen-cent mais n’obligent pas, dit CharlotteSeemann. Il appartient à l’homme de fa-çonner son avenir. Chacun est l’artisan deson bonheur. » Cette Bâloise de 58 ans,qui dirige un « centre de conseil psycholo-gique », se définit comme quelqu’un « quiaide les gens à trouver leur équilibre et,ainsi, leur bonheur ». Au moyen d’entre-tiens, d’élixirs floraux de Bach, d’astrolo-gie, de training autogène – ou des tarots.

« Les cartes de tarot reflètent des fa-cettes inconnues de notre personnalité,dit Charlotte Seemann. Elles rendentl’invisible visible en images. Nous posonsdes questions sur l’avenir, et les réponsesnous permettent de tirer des conclusionspour savoir comment aborder les nou-velles situations, les autres, ou encore sonpropre moi. » La journaliste en moi veut ensavoir plus. Je demande donc à MadameSeemann de me tirer les cartes en « ac-céléré ».

Je suis assise en face d’elle. Entrenous, une chandelle brûle. Dans la pièced’à côté, une musique méditative et leléger clapotis d’une fontaine d’apparte-ment nous bercent doucement. Unelampe parfumée distille un discret arôme.De la main gauche, je dois couper un pa-

quet de cartes, faces cachées. Puis sur cepaquet Charlotte Seemann me laisse dé-terminer neuf cartes qu’elle pose sur latable en trois rangées. Elle les retourne,une rangée après l’autre. Vais-je rece-voir une réponse à la question : « Que meréserve l’avenir sur le plan profession-nel ? »

« Ah ah !, s’exclame-t-elle à la premièrecarte, cela m’a tout l’air d’une réussite. »La carte montre une reine. Puis : « Oh ! ças’anime… » Selon Madame Seemann,tout ne viendra pas sans mal pour moi, jedevrai surmonter des circonstances ad-verses, m’opposer à de pénibles com-pères, prendre des décisions difficiles.Mais le chemin en vaudra la peine. Laréussite est confirmée par une secondecarte. « De bonnes cartes », résume Char-lotte Seemann. Je fixe mon regard sur lesdifférentes cartes aux motifs mystérieux :Reines, Rois, Valets, Cavaliers et autresfigures fantasmagoriques, notamment la« grande faucheuse ». Le règne de l’imagi-naire. Miroir de l’inconscient ? En tout cas,les prédictions de Madame Seemann neme déconcertent pas.

Qui est-elle vraiment, cette personnequi reçoit des inconnus souhaitant ensavoir plus sur leur vie intérieure ? Unefemme qui a les pieds sur terre. Il n’y arien de surnaturel dans son « centre deconseil psychologique ». Prière d’enleverses chaussures à l’entrée. Des rayon-nages comportent des livres et une col-lection de cristaux. Aux murs, divers di-plômes. L’horoscope sort de l’ordinateurqui se trouve sur le bureau.

Charlotte Seemann a les yeux vifs, trèsmaquillés, et les ongles bleu clair. Elle ritfort et de bon cœur, parle vite, avec lesens de la formule. Elle se révèle unebonne observatrice, capable de se faire

CHARLOTTE SEEMANN, VOYANTE: «C’EST COMME SI JE FAISAIS CADEAUDE MA CHANCE.»

en peu de temps une idée de son inter-locuteur inconnu. « J’ai une grande sensi-bilité, déclare Charlotte Seemann. Ellem’a toujours joué des tours – jusqu’à ceque j’en fasse un métier. » Auparavant, elleavait travaillé vingt ans comme journalisteet élevé ses deux fils. Son second divorce,il y a quinze ans, a déclenché une pro-fonde crise. Elle a pris des essences flo-rales, participé à des sessions de thérapiede groupe et commencé elle-même àanimer des débats. Puis elle a suivi denombreux stages de formation, notam-ment auprès de la Fédération suisse despraticiens naturopathes. « J’éprouve unintense désir d’aider les autres, dit Char-lotte Seemann. C’est pourquoi j’ai choisice métier. »

Aujourd’hui elle aide donc des gens auxmaux les plus divers. La plupart sont mal-heureux au travail ou en amour. « Je leurdis : ‹ Vous n’êtes pas malheureux, vousavez un problème. Et un problème est une mission. › Alors on travaille ensemblepour trouver une solution. » Car en fin decompte, il s’agit d’identifier les vrais be-soins. Les cartes de tarot ou l’horoscopeservent dans ce cas de catalyseur.

Charlotte Seemann a déjà sauvé desmariages, réorienté des carrières profes-sionnelles, atténué chez certains le chocdu départ à la retraite. Elle fournit desidées et des adresses, est assistante so-ciale et thérapeute à la fois. Comme ellele dit si bien, elle se situe « entre l’église etle psychiatre ». Une mission dans laquelleelle s’épanouit. « J’ai associé métier etvocation. Un luxe que peu de gens peu-vent se permettre. » Sa propre satisfactionest son capital le plus précieux. « C’estcomme si je faisais cadeau de ma chance.Cela ne fait rien, j’en ai assez ! » Oui, la viesourit à Charlotte Seemann. L’an prochainelle sera grand-mère, ce qui la remplit dejoie. Mais elle ne peut pas se tirer lescartes à elle-même : « Je les vois commej’ai envie de les voir. » Che sarà, sarà.

MEILI DSCHEN

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même je lui ai dit de réfléchir. Et je suispartie.

MARC J’étais vraiment choqué. Je savaisexactement ce que je voulais, et voilàqu’elle me disait soudain de réfléchir. Ellene voulait pas croire que ces rumeursétaient absolument sans fondement. Il enallait de ma crédibilité.

NINA Le lendemain, nous nous sommesrevus au bureau…

MARC … Et n’avons pas parlé ensemble.NINA Je lui ai envoyé un e-mail lui disant

que j’avais changé d’avis, que je n’avaispas de projets pour le week-end prochain,et que s’il le voulait, on pourrait aller enrandonnée dans les Highlands. Il a ac-cepté. Tout était clarifié entre nous. Nousavons marché dans des paysages magni-fiques, traversé des forêts où le trèfle re-couvrait le sol. Nous avons cherché destrèfles à quatre feuilles. En vain.

MARC Mais nous étions quand mêmeheureux.

NINA Probablement que nous n’aurionsjamais été ensemble si nous étions restésen Suisse. Car nous n’aurions guère eul’occasion de nous rencontrer. L’environ-nement de chacun y est très différent.

MARC La situation n’aurait sans doutepas permis notre rencontre. En Suisse, àvrai dire, je sors surtout avec mes copains.

NINA Comment cela va évoluer ? Impos-sible de le savoir à ce stade. L’été pro-chain, il rentre en Suisse. Moi je sais queje vais rester en Ecosse. Il est évident qu’ily aura des changements. Je m’y préparedéjà.

MARC Loin des yeux ne veut pas dire loindu cœur.

NINA Oh si… La distance requiert del’énergie.

MARC Ce pourrait être aussi une bonnefaçon de tester nos sentiments.

NINA Non, je ne crois pas que je seraid’accord, sorry. Mais on en reparlera l’étéprochain. Pour le moment, profitons de lavie !

MEILI DSCHEN

Ils se chamaillent comme de jeuneschiots, gloussent comme des adoles-cents. Ils se dévorent des yeux, leursmains se cherchent à la dérobée. Chaquemoment passé ensemble est pour eux unefête. Un bonheur à rendre jaloux le mondeentier !

Nina Zanetti (27 ans) et Marc Dietiker(24 ans) vivent et travaillent à Glasgow, enEcosse, loin de la Suisse, leur mère patrie.C’est là qu’ils se sont rencontrés, en juilletdernier.

MARC Bon. Voici comment tout a com-mencé. J’avais postulé pour un emploi à Glasgow. Nina, ma future supérieurehiérarchique, était chargée de me télé-phoner à ce sujet. Ce fut notre premiercontact.

NINA Je dois téléphoner à tous les colla-borateurs. La plupart du temps il s’agit de communications très impersonnelles.Mais avec lui, la conversation a tout desuite été animée. Nous avons parlé de noshobbies, le roller et la moto.

MARC Sa voix ne me permettait pas de lasituer. Qui était-elle ? Quel âge avait-elle ?

NINA Il était motivé, plein d’entrain et dejoie de vivre. Cela m’a plu – sur le planprofessionnel d’abord.

MARC Le 19 juillet était mon premier jourde travail à Glasgow. On m’a présenté àtout le monde, y compris aux chefs degroupe.

NINA Oui, et je me suis spontanémentinvitée pour un tour en moto.

Alors commence le temps du doute et despressentiments. Les amoureux cherchentla confirmation de leurs sentiments nais-sants, analysent chaque mot, chaquegeste de l’autre. Lorsqu’ils sont en pré-sence l’un de l’autre, ils combattent en

vain les rougissements intempestifs et le pouls qui s’affole. Des bagatellesdéclenchent l’euphorie. Un tête-à-têtedans l’ascenseur, un frôlement fortuit : le comble du bonheur pour les tourte-reaux.

MARC La première chose que nousavons faite ensemble, c’est du roller. Nousnous connaissions alors depuis une se-maine environ.

NINA Il y avait du soleil ! Et cela enEcosse. C’est sur les patins que j’ai com-pris ce qui m’arrivait !

MARC Moi, c’était déjà plus tôt !NINA Mais je ne suis vraiment tombée

amoureuse que le week-end suivant.Nous avions décidé de faire une randon-née en moto. Pour des raisons de simpli-cité, je suis restée dormir chez lui la veille.Il m’a dit qu’il allait dormir sur le canapé etque je pouvais avoir son lit. Mais il fait plusde 1 m 80 – et le canapé est petit…

MARC Le lendemain, le temps ne seprêtait guère à la moto. Il pleuvait surGlasgow, et nous avons vite fait demi-tourpour profiter différemment de la journée !

Heu-reux… Ils en sont déboussolés. Leport est atteint, l’ancre jetée, l’incertitudesurmontée et le désir assouvi. Aucunepuissance au monde n’a de prise sur cesentiment. Les lois de la gravitation sontmises hors jeu : planer est à l’ordre dujour. Mais euphorie et angoisse ne sontguère éloignées.

NINA Au bureau on lui avait attribué deshistoires de femmes. Tout d’un coup, jen’étais plus aussi sûre. Peut-être quej’étais tombée dans un piège ? Je ne sa-vais pas trop ce que je voulais, et encoremoins ce que lui voulait. Alors, le soir

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NINA ZANETTI ET MARC DIETIKER, DEUXAMOUREUX: «NOUS AVONS CHERCHÉDES TRÈFLES À QUATRE FEUILLES.»

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CHANCE

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période de chance alors qu’il tenait unstylo en main, il ne va pas lâcher ce stylode la soirée, raconte Stefania Carando.D’autres n’iront pas s’asseoir à une tables’ils y voient une personne en présence de laquelle ils ont déjà perdu plusieursfois. »

Dans ces conditions, on ne sera guèresurpris d’apprendre que pour la plupartdes joueurs, le croupier est plus qu’unemachine humaine qui distribue les carteset fait son jeu selon des règles fixes.« Nombreux sont ceux qui ne vont à unetable que si le croupier leur est sympa-thique. » Un sourire, un clin d’œil, un motd’encouragement de la part du meneur dejeu valent la peine. En effet, si le joueur ade la chance, le croupier en aura aussi.« Les joueurs donnent de gros pourboireslorsqu’il y a une bonne ambiance à latable. » Si ce n’est pas le cas, le croupiera un problème, car sans pourboire, il doitse contenter d’un modeste salaire debase.

Pour chaque partie, la mise est de 20 francs minimum et de 500 francsmaximum. Un salarié moyen peut doncdilapider facilement ses économies en unesoirée. Même si on n’assiste plus aujour-d’hui à de grandes tragédies, comme àl’époque où le casino était fréquenté parla haute société, le jeu n’est pas toujoursinoffensif. En tout cas, ce jeune hommeen costume élégant qui erre de table entable en parlant tout seul pendant que laroulette tourne ne semble plus très loin dela crise. « Les jeux sont faits. »

ANDREAS THOMANN

En pénétrant dans le casino de Campioned’Italia, par un pluvieux jeudi d’automne, levisiteur non averti aura l’étrange impres-sion de s’être trompé de film. Car il a sansdoute dans sa tête une vision bien précisede l’atmosphère qui doit caractériser cetemple du jeu de hasard : un mélange deglamour, de frivolité et d’érotisme. Aucasino de Campione, sur les rives du lacde Lugano, tous les acteurs s’efforcentvisiblement de correspondre à cetteimage. Mais la réalité n’est qu’une pâlecopie du celluloïd. Les principaux prota-gonistes de ce « reality-show » sont surtoutdes hommes, la plupart aux tempes gri-sonnantes. Certains portent des cos-tumes-cravates qui trahissent un séjourprolongé dans l’armoire.

« Lorsque j’étais enfant, c’étaient géné-ralement des gens du monde qui venaientici dans leurs belles limousines, se sou-vient Stefania Carando. Aujourd’hui, legrand public a pris le relais. Il y a chaquejour deux autocars qui font le trajet Milan–Campione. » La jeune étudiante en écono-mie aux cheveux blondis détonne dans cedécor un peu fané. Pourtant, cela fait déjàdeux ans et demi qu’elle porte l’uniformedu croupier : gilet noir, chemise blanche etnœud papillon noir. Elle a commencé sacarrière nocturne comme croupière deblack-jack, après une formation de quatremois au casino. Et pendant la journée, elleétudie le marketing et la comptabilité àl’université de Milan.

Plusieurs personnes se sont aggluti-nées autour de la table de black-jack. Lalumière tamisée diffusée par des lampesbizarres aux longues franges de plastiqueorange accentue encore les ombres surles visages tendus et sombres. StefaniaCarando distribue les cartes avec célérité,deux sur chacune des sept cases. La ten-

sion monte, mais aucun joueur ne veut le laisser paraître. Un homme assez cor-pulent mâchonne nerveusement sonchewing-gum. Un autre, peut-être unpoliticien local, est assis jambes écartéessur son tabouret ; détournant la plupart du temps le regard de la table de jeu, ilbavarde continuellement avec son voisin.Comme si cela ne le concernait pas, ilplace quelques jetons sur sa case. Lacroupière donne la troisième carte, lejoueur obtient dix-sept points. La banqueen a dix-huit, le joueur perd sa mise. Avecune moue d’ennui qui semble vouloir dire« tant pis ! », le politicien se tourne à nou-veau vers son voisin.

Le jeu se déroule selon un rituel plutôtsilencieux. Personne ne danse de joie enlançant ses jetons en l’air lorsqu’il agagné, et personne ne frappe non plus du poing sur la table à chaque fois qu’ilperd. « Les explosions de sentiments sontrares », dit Stefania Carando. Car lesrègles du casino sont claires : « Celui quifait un esclandre est mis à la porte. » Uncroupier expérimenté sait cependant liresur les visages les plus impassibles etdeviner les états d’âme des joueurs. « Entravaillant ici, on pourrait sans problèmefaire une thèse de psychologie, observeStefania Carando. Le casino est un micro-cosme : on y voit de tout, ouvriers ou in-dustriels, gens honnêtes ou criminels. » La croupière classe les joueurs en deuxcatégories : ceux qui viennent surtout pourle jeu, pour la poussée d’adrénaline, etceux qui veulent absolument gagner etsont à la recherche de la meilleure stra-tégie.

Malheureusement, même ces derniersne peuvent pas toujours avoir la chance deleur côté. Alors ils deviennent parfoissuperstitieux. « Si quelqu’un a eu une

STEFANIA CARANDO, CROUPIÈRE:«LES EXPLOSIONS DE SENTIMENTS SONT RARES.»

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À QUI RAPPORTERONT LES

JEUX DE HASARD?

MARTIN DAEPP, ECONOMIC RESEARCH:

« IL EST ENCORE TROP TÔT

POUR LE DIRE. »

FAITES VOS JEUX

AU GRAND JEU DU HASARD, L’ÉTAT EST TOUJOURS GAGNANT.

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CHANCE

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Les jeux de hasard font appel à deux ten-dances fondamentales dans la vie del’homme moderne, le goût du jeu et l’ap-pât du gain. L’industrie des jeux de hasarda développé de nombreuses façons derépondre à ces besoins, et d’en profiter.

Néanmoins, même dans les formes lé-gales, les jeux de hasard ont toujours faitl’objet de critiques, le premier argumentétant l’appauvrissement éventuel d’unepersonne devenant dépendante du jeu.C’est pourquoi l’industrie des jeux dehasard est soumise à toute une série deréglementations qui, jusqu’à présent, ontconsidérablement limité sa liberté d’actionen Suisse. Bien que les dernières annéesaient vu se multiplier les machines à sous,seul le jeu de la boule avec mise limitéeest autorisé en jeu de table. Les « GrandsJeux », inexistants jusque-là, devraientdorénavant être autorisés.

En mars 1993, la double majorité dupeuple et des cantons approuvait un ar-ticle de la Constitution autorisant explici-tement l’ouverture de maisons de jeu.Puis le Parlement a révisé la loi sur lesmaisons de jeu, révision adoptée fin 1998.Le délai de soumission à référendum étantpassé, le Conseil fédéral, se basant surladite loi, a mis cet été en consultation lesordonnances sur les jeux de hasard et lesmaisons de jeu. Au vu de la sévère critiqueémise par l’industrie des jeux de hasard,Ruth Metzler, conseillère fédérale, a optépour un remaniement des ordonnancesincriminées, si bien que celles-ci, commela loi elle-même, n’entreront en vigueur auplus tôt qu’au 1er avril 2000.

Le législateur a longuement réfléchi àla façon d’éviter que le crime organisé etle blanchiment d’argent ne contaminentles jeux de hasard. La concession obliga-toire et les directives régissant l’exploita-tion des maisons de jeu permettent auxautorités publiques de connaître à tout

instant les exploitants et les investisseursdes maisons de jeu, qui sont égalementsoumises à la loi sur le blanchiment d’argent.

En outre, pour prévenir au mieux lesnuisances des jeux de hasard, les socié-tés exploitantes doivent élaborer un pro-gramme de mesures sociales qu’elless’engagent à mettre en place. Elles doi-vent en particulier identifier suffisammenttôt les joueurs tendant à la dépendance et leur interdire l’accès aux jeux. En outre,il leur est défendu de faire une publicitéagressive, et ces sociétés s’acquittentindirectement des coûts sociaux entraînéspar l’exploitation des jeux en payant l’im-pôt sur les maisons de jeu.

Ainsi, le législateur réalise les objectifsfixés, mais il limite aussi fortement laconcurrence, car rares sont les intéressésqui remplissent les conditions requises. Lenombre de concessions attribuées resteradonc faible. Les établissements en dispo-sant pourraient alors user de pratiquesmonopolistiques et enregistrer des re-

cettes énormes. Dans ce cas, le légis-lateur aurait la possibilité de prélever unepartie de ces gains et de les transférer auxpouvoirs publics.

Haro sur les gains !

La répartition des bénéfices engendréspar les jeux de hasard est un sujet âpre-ment discuté. La Confédération espèreque l’impôt sur les maisons de jeu per-mettra de verser 150 millions de francsannuels à l’AVS et à l’AI. Les recettes decette taxe seront proportionnelles auxproduits bruts des jeux des établissementstitulaires d’une concession A et au tauxd’imposition. Les autorités publiques op-teront pour un taux laissant un retoursuffisant sur le capital investi tout enassurant un revenu fiscal sur les gainssupplémentaires. Ainsi la Confédérationencaisserait des sommes particulièrementélevées avec seulement quelques maisonsde jeu à haute rentabilité, titulaires d’uneconcession A, car celles-ci seraient alors

PAR MARTIN DAEPP, ECONOMIC RESEARCH

LE MARCHÉ DES JEUX DE HASARD EN SUISSE

Le marché des jeux de hasard en Suisse est estimé à plus de

1,8 milliard de francs par an, dont 1,1 milliard de francs environ

pour les loteries, 300 millions pour les paris et les tombolas et

plus de 420 millions pour les appareils automatiques servant

aux jeux d’argent dans les casinos (250 millions de francs) et les

restaurants (170 millions de francs).

Les maisons de jeu devraient pouvoir doubler leurs chiffres

d’affaires annuels, qui atteindraient alors 500 millions de

francs, grâce à l’autorisation des Grands Jeux avec mises il-

limitées.

Des plans sont en cours concernant environ 70 maisons de jeu.

Le marché devrait pouvoir absorber quatre à huit casinos titu-

laires de concessions A et comptabilisant des chiffres d’affaires

annuels de 30 à 100 millions de francs. Leurs investissements

se chiffrant à plusieurs millions, les exploitants étrangers posent

le principe que la région desservie ne doit pas compter moins

de un million d’habitants. Outre les 24 casinos déjà titulaires

d’une autorisation d’exploiter le jeu de la boule, il est prévu que

10 à 12 autres établissements obtiendront une concession B.

Les recettes des casinos s’élèvent en moyenne à 15 millions de

francs.

Page 24: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

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CHANCE

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

beaucoup plus intéressantes que les ap-pareils de jeu d’adresse installés hors descasinos ou que les maisons de jeu titu-laires d’une concession B, dont les impôtsreviennent aux cantons.

A l’inverse, les cantons comptent surdes conditions d’exploitation aussi favo-rables que possible aux établissementstitulaires d’une concession B. Ils luttentégalement pour une interprétation assezlarge du concept d’« adresse » dans ladifférenciation entre appareils de jeu dehasard et appareils de jeu d’adresse.

Les jeux favorisent le tourisme

De leur côté, les exploitants potentiels decasinos réclament un taux d’impositionfaible et des prescriptions réduites, afin de jouir d’une liberté d’action maximale.Etant donné que, selon toute vraisem-blance, les rentes de monopole éven-tuelles seraient imposées, c’est par lebiais du volume d’affaires que les exploi-tants s’y retrouveraient. C’est pourquoi ilspréconisent une grande densité de mai-sons de jeu. Et ils reçoivent le soutien desorganisations touristiques, qui souhaitentaccroître l’attrait de nombreuses destina-tions avec des casinos.

La lutte des groupes d’intérêt est en-trée dans une nouvelle phase, alimentéepar les deux projets d’ordonnance duConseil fédéral, et elle ne s’arrêtera pasavec l’entrée en vigueur de la futureréglementation. Au-delà de la question de savoir comment les parties en pré-sence se partageront le gâteau, cettenouvelle donne présente un aspect éco-nomique non négligeable, même si elleimplique éventuellement un coût sur leplan social.

Non seulement un casino apporte dansla région où il est implanté une gamme deprestations qui peuvent se traduire par desavantages conséquents pour les joueurs,mais il constitue aussi un double argu-ment : d’une part, les maisons de jeupourraient reconquérir la clientèle suissecontrainte de se rendre de l’autre côté de

la frontière pour s’adonner à son passe-temps favori. D’autre part, l’implantationde casinos en Suisse valoriserait les des-tinations touristiques de notre pays qui, enattirant plus de touristes, verrait s’allongerles saisons d’affluence et se multiplier lesrentrées d’argent.

Deux catégories de maisons de jeuLa loi prévoit l’existence de deux catégo-ries de maisons de jeu. Celles titulaires dela concession A proposent un grand choixde jeux de table, les « Grands Jeux », ainsique les appareils de jeu de hasard pré-sentant un maximum de chances de gainet de risques de perte, qui ne peuventdonc être exploités que par ces établis-sements. Les maisons de jeu titulaires d’une concession B disposent au plus detrois jeux de table et d’appareils de jeu dehasard à potentiel de perte ou de gainréduit.

Interdiction des jeux de hasard à l’extérieur des maisons de jeuLes jeux de hasard sont interdits à l’exté-rieur des maisons de jeu, sous réserve desdispositions de la loi fédérale sur lesloteries et les paris professionnels.

Hasard contre adresseUne différence importante existe entre lesappareils de jeu de hasard, qui sont duressort de la Confédération, et les ap-pareils de jeu d’adresse, dont les autori-sations d’exploitation sont octroyées parles cantons. Les premiers offrent des jeux dont le mécanisme est automatique,alors que pour les seconds, le gain dé-pend de l’adresse du joueur. Après con-sultation des cantons, le Conseil fédéralpromulgue des dispositions visant à dif-férencier les jeux d’adresse des jeux dehasard.

Concession obligatoireL’ouverture d’une maison de jeu requiertl’obtention d’une concession d’implanta-tion et d’une concession d’exploitation.Les détenteurs de ces deux types deconcessions peuvent être des personnesdifférentes. La décision concernant l’oc-troi ou le renouvellement d’une conces-sion est du seul ressort du Conseil fédé-ral. L’obtention d’une concession, mêmesi toutes les conditions requises sontremplies, ne constitue pas un droit. Uneconcession d’implantation ne peut êtreoctroyée qu’après accord du canton et dela commune concernés.

Imposition des maisons de jeuLe produit brut des jeux est soumis àl’impôt sur les maisons de jeu, dont letaux, qui doit osciller entre 40% et 80%,est fixé par le Conseil fédéral. Durant lesquatre premières années d’exploitation, letaux d’imposition d’une maison de jeupeut être abaissé jusqu’à 20%.

Le Conseil fédéral réduit l’impositiondes établissements titulaires d’une con-cession B si le canton d’implantationperçoit un impôt de même nature. Cetabattement correspond alors à la rede-vance payée au canton et représente auplus 40% du produit brut des jeux. Danscertaines circonstances, clairement défi-nies par la loi, le Conseil fédéral peutaccorder d’autres réductions d’impôt auxmaisons de jeu titulaires de la conces-sion B.

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PRÉVISIONS –QUELLE PRÉCISION?

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Le plastique au service de la ménagère

La plupart du temps, les prévisions sontsurtout révélatrices du moment auquelelles ont été faites. Ainsi, le merveilleuxmonde en plastique que la revue scienti-fique « Popular Mechanics » prévoyait pourl’an 2000 a un parfum d’époque. Vousvoulez de la propreté ? Pas de problème :il suffit d’empoigner un tuyau et de net-toyer les murs, le canapé et la table au jet d’eau, et voilà la salle de séjour relui-sante – c’est possible, avec les meubleslavables et les tapis en plastique. Faire lavaisselle ? Facile ! Mettez les assiettes enplastique sous l’eau chaude, et elles sedissoudront tout simplement. Bien en-tendu, avec une telle vaisselle high-tech,plus personne ne mange de steak frites.L’alimentation artificielle a depuis long-temps remplacé la cuisine maison.

Le lavage de voiture le samedi ? Toutcela, c’est du passé ! Les déplacementsindividuels se font depuis longtemps parles airs, puisque l’hélicoptère est devenuun bien de consommation courante. Etpour se rendre au supermarché le plus

proche, le citoyen de l’an 2000 n’a pasbesoin de lancer les rotors. Il est bien pluspratique de faire ses achats chez soi,grâce à la télévision interactive. Arrêtons-nous là : pour une fois, les audacieuxvisionnaires de « Popular Mechanics »n’ont pas été loin de la réalité. Dans notrepays, par exemple, de grands distributeurstels que Migros vous proposent désormaisde faire votre shopping à domicile – surInternet.

Clairvoyance ? Coup de chance ?Compte tenu du nombre de prévisionserronées, il faut plutôt retenir la secondesolution. Les voies empruntées par leprogrès technique et économique aucours du siècle ont été trop complexes,trop confuses. Et dans le même temps,l’évolution politique et sociale a manquéde transparence et parfois de cohérence.Il est téméraire, dans ces conditions, d’es-quisser une image un tant soit peu précisede ce que sera le monde dans un avenirlointain.

Personne n’avait pensé à l’automobile

A posteriori, beaucoup de raisons expli-quent pourquoi ces prévisions ne se sontpas réalisées. Il semble étonnant juste-ment de voir à quel point les experts dufutur ont toujours eu tendance à sous-estimer certaines innovations. Sur les 74 personnalités qui ont donné libre coursà leur imagination à l’Exposition univer-selle de Chicago, pas une seule n’a fait del’automobile le moyen de déplacement demasse, alors que des voitures motoriséespétaradaient déjà dans les rues en 1893.

Pour d’autres découvertes techniques,les futurologues ont fait preuve d’une

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JOHN INGALLS, SÉNATEUR, 1893 :

«DANS CENT ANS, LES MASSESSE DÉPLACERONT DANS DESBALLONS DIRIGÉS PAR CÂBLE»

L’HISTOIRE DE LA PROSPECTIVEMONTRE SURTOUT UNE CHOSE:PRÉDIRE L’AVENIR EST UN ART ALÉATOIRE.

« Il est difficile de faire des prévisions,surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. »Cette maxime de Mark Twain se vérifiesans cesse. Aujourd’hui encore, pour pré-voir l’avenir sans se tromper, il est forte-ment conseillé de s’assurer les faveurs deDame Fortune. Même les modèles élabo-rés faisant appel à l’informatique n’ontguère changé les choses. Toutefois, il estrare que les prophètes soient obligés derendre des comptes ; ils ont cette chanceque la prophétie faite aujourd’hui seraoubliée dès demain.

Et c’est bien dommage, car les prévi-sionnistes offrent parfois un divertissementde choix, comme l’a montré le magazine« Facts ». En fouillant dans ses archives, lejournal est tombé sur une série d’articlesde 1893. A l’Exposition universelle deChicago, on fêtait alors les dernières dé-couvertes de la technique. Il fut demandéà 74 hommes politiques, écrivains et scien-tifiques célèbres comment ils voyaient lemonde dans cent ans. Si les pronosticsdes sages de cette époque s’étaient réali-sés, des montgolfières dirigées par câbleassureraient le transport de passagersdans les airs, les trains se traîneraient à lavitesse maximale de 60 km/h, lettres etpaquets seraient acheminés par diligence– mais l’on pourrait utiliser le télégraphe oule téléphone pour les envois urgents. Etpour résoudre le grave problème de lapénurie de domestiques, l’Etat aurait ins-tauré un service civil spécialisé.

PAR ANDREAS THOMANN, RÉDACTION BULLETIN

Page 28: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

imagination fébrile. Dans les années 60,ceux que la puissance nucléaire rendaiteuphoriques voyaient venir l’époque oùcette source d’énergie inépuisable couvri-rait les besoins en électricité de la planèteentière. Depuis longtemps, l’euphorie afait place à la désillusion, et la sortie dunucléaire figure en bonne place dansl’ordre du jour politique de nombreux pays.Les experts avaient sous-estimé lesproblèmes techniques de sécurité queposerait l’énergie nucléaire.

En fait, plus d’une vision du futur n’aété qu’un feu de paille parce qu’un souhaiten était trop souvent à l’origine. Une éner-gie nucléaire qui jaillirait sans fin, la fasci-nation de l’hélicoptère, la colonisation dela Lune et de Mars : certains visionnairesont vu la vie en rose.

A l’autre extrême, les pessimistes no-toires, au nombre desquels n’appartien-nent pas seulement ceux qui prédisent lafin du monde. Il est également des scien-tifiques renommés qui ne se lassent pas

d’annoncer des catastrophes. L’écono-miste anglais Thomas Robert Malthus enest l’un des représentants les plus émi-nents. Dans son « Essai sur le principe depopulation » (1798), Malthus estimait quela population avait tendance à croître demanière géométrique (c’est-à-dire 2, 4, 8,16, 32), alors que ses moyens de subsis-tance ne progressaient que de manièrearithmétique (2, 4, 6, 8, 10). Conséquencefuneste : des famines et des guerres ré-gulières affligeraient l’humanité et stop-peraient la croissance démographique.Cette prévision aura été heureusementl’une des plus fausses de l’Histoire. Sixmilliards d’habitants peuplent aujourd’hui

la Terre, contre à peine un milliard àl’époque de Malthus. Certes, la faim et lasous-alimentation sont encore loin d’êtrevaincues, mais la plupart des expertsexpliquent ce phénomène par l’échec despolitiques, et non par la surpopulation.

Malthus avait négligé deux facteurs im-portants: premièrement, la capacité d’in-novation de l’homme, qui s’est traduitepar des gains de productivité gigan-tesques dans l’agriculture. Et, deuxième-ment, la diminution du taux de natalité,parallèlement à l’augmentation du niveaude vie de la population. Cependant, Mal-thus a toujours des partisans. Le Club deRome, en 1972, publia un rapport sur leslimites de la croissance qui était incon-testablement imprégné de l’esprit duBritannique. Les auteurs prévoyaient queles ressources seraient épuisées avantl’an 2000. La destruction de l’environne-ment, conjointement avec l’explosiondémographique, allait conduire à uneffondrement de l’économie mondiale.L’augmentation rapide du taux de morta-lité finirait enfin par faire diminuer rapide-ment la population.

«Notre monde ne cesse de s’améliorer»

Pourtant, un homme refusait déjà àl’époque de se joindre à ce concert pessi-miste : Julian Simon, l’économiste améri-cain libéral décédé l’an dernier. Ayant re-cours à une ruse, il mit au défi les oiseauxde mauvais augure, déclarant qu’il étaitprêt à parier avec quiconque que le mondeserait meilleur à l’avenir qu’il ne l’étaitdans le présent. L’enjeu était un mois de salaire. Le challenger pouvait choisirn’importe quel indicateur de prospéritéhumaine – revenu, consommation de ca-

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WALL STREET SANS PITIÉ POUR LES GOUROUS

Les gourous de la Bourse ont une vie difficile. Pas un qui réussisse à conser-

ver son statut sur la durée, tant les marchés financiers sont turbulents. Elaine

Garzarelli en a elle aussi fait l’expérience. La jeune analyste de la banque d’af-

faires américaine Lehman Brothers était, selon le magazine «Bilan», l’une des

rares à avoir prévu le « lundi noir » de 1987. Du jour au lendemain, la jolie ban-

quière avait été sacrée star de la Bourse par les médias. Mais l’aura s’est

estompée au fur et à mesure que ses prévisions erronées se sont multipliées.

Les fonds gérés par Madame Garzarelli étaient toujours plus à la traîne par

rapport au marché. L’experte, dont le salaire se chiffrait par millions, est tom-

bée de son piédestal en 1994, victime de mesures d’économies prises par

son employeur. Même avec sa propre société d’investissement, jamais elle

n’a pu retrouver la gloire qu’elle avait connue dans le passé. Elle n’a pas vu

venir le boom de la seconde moitié des années 90, et lorsqu’elle a tardive-

ment rejoint le camp des optimistes – les « haussiers » (Bulls) en langage

boursier –, elle avait bel et bien perdu toute crédibilité.

«POPULAR MECHANICS », 1950 :

«EN L’AN 2000 NOUS MANGERONS DANS DES ASSIETTES JETABLES, SOLUBLES DANS L’EAU»

PAUL EHRLICH, BIOLOGISTE, 1968 :

«LA POPULATION DES ÉTATS-UNIS TOMBERA À 22,6 MILLIONS D’ICI À L’AN 2000»

Page 29: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

ANDREAS THOMANN Bien que les modèles per-

mettant de prévoir l’évolution économique

soient de plus en plus perfectionnés, même

les instituts sérieux ne sont pas à l’abri de

prévisions erronées. Ne serait-il pas plus

sage de renoncer aux prévisions ?

SARA CARNAZZI Certainement pas ! Car sil’on tient compte de la complexité del’économie mondiale, la précision de laplupart des prévisions n’est pas vraimentmauvaise. En outre, aucun projet politiqueou économique ne pourrait raisonnable-ment être élaboré si ses auteurs n’avaientpas une image approximative du futur.

A.T. Pour quelles raisons des prévisions éco-

nomiques se révèlent-elles fausses ?

S.C. Surtout à cause de perturbationsexogènes, c’est-à-dire de facteurs nonintégrés dans le modèle. Il peut s’agir demodifications du comportement de con-sommation, d’un changement d’orienta-tion politique, etc. Il existe hélas beau-coup de facteurs de cette nature, que l’onne peut guère exprimer en chiffres.

A.T. Le service Economic Research calcule-

t-il le taux de réussite de ses propres prévi-

sions ?

S.C. Nous étudions systématiquementdans quelle mesure les prévisions corres-pondent à la réalité. C’est le seul moyend’améliorer constamment nos modèles.

A.T. Quelle a été jusqu’ici la plus grosse er-

reur de prévision d’Economic Research ?

S.C. A l’automne 1994, alors que lestaux d’intérêt grimpaient, nous étionsconvaincus qu’il s’agissait d’un phéno-mène passager. Nous avons donc préditque les taux redescendraient à moyenterme vers leur niveau de départ. Manquede chance pour nous, ils sont restés à leurniveau élevé.

A.T. Et quand avez-vous remporté votre plus

beau succès ?

S.C. En 1997, à l’automne également,nous avions prévu un taux d’inflation dezéro pour l’année 1998. Nos concurrentsse sont presque moqués de nous, alorsque nous avons eu raison.

A.T. Comparez-vous vos prévisions avec

celles de vos concurrents ?

S.C. Bien entendu. Mais notre objectifn’est pas d’être meilleur que nos concur-rents. Notre référence, c’est la réalité.

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«NOTRE RÉFÉRENCE, C’EST LA RÉALITÉ»

SARA CARNAZZI, CREDIT SUISSE ECONOMIC RESEARCH, SUR LA PRÉCISION DES PRÉVISIONS ECONOMIQUES

lories par jour, niveau de formation, espé-rance de vie. Il pouvait également choisirn’importe quel moment du futur. Si l’indi-cateur se détériorait, Simon avait perdu lepari. Le premier à relever ce pari fut le pro-fesseur de Stanford Paul Ehrlich, un bio-logiste qui, dans ses sombres prévisions,à la fin des années 60, avait annoncé quela population des Etats-Unis tomberait à22,6 millions avant 1999. Ehrlich pariaque le prix de cinq métaux rares augmen-terait au fil des années. Dix ans plus tard,la valeur des cinq métaux avait diminué demoitié environ. Les matières premièresn’étaient donc pas devenues plus rares,mais plus abondantes. Le pessimiste avaitperdu et envoya son chèque sans com-mentaires.

Les quelques personnes qui relevèrentencore le pari par la suite tirèrent ellesaussi la mauvaise carte. Le minutieux en-quêteur qu’était Julian Simon démontraque le prix de l’ensemble des ressourcesmondiales n’avait cessé de baisser tout aulong de l’histoire de l’humanité. A courtterme, il est vrai que les prix n’arrêtaientpas de monter et de descendre. Mais surle long terme, la tendance était à la baisse.Seule la main-d’œuvre humaine étaitcontinuellement plus chère – alors quec’était justement la ressource qui croissaitsans cesse. Comment était-ce possible ?Simon expliqua que lorsqu’une matièrepremière devenait rare, l’homme réussis-sait toujours à réagir en produisant uneinnovation, créant ainsi une nouvelle res-source.

Alors, était-il un prophète qui avaittoujours raison ? Peut-être. Cependant,Julian Simon s’est limité aux prévisionsquantitatives à long terme du style « leschoses ne cessent de s’améliorer ». Etcomme tous ceux de sa corporation,Simon s’est lui aussi, au moins une fois,vraiment trompé. C’est ainsi qu’il admit,dans une interview de la « Weltwoche » :« Je croyais que l’agriculture de l’Unionsoviétique ne pouvait que progresser. Aulieu de cela, l’Union soviétique a disparu. »

Page 30: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

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✩ ✩ ✩ ✩ ✩ ✩ ✩ ✩ ✩PORTE-BONHEUR

QUI PREND SON DESTIN EN MAIN S’EN REMET AUSSI PARFOIS AUX

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Aujourd’hui, c’est mon jour de chance. Cematin, à 7 h 15 exactement, la camion-nette de l’entreprise Ramochemi S.A.était devant ma porte. « Vous allez meporter bonheur ! », dis-je au ramoneur enl’accueillant. Mais lorsque je lui demandepourquoi il est considéré comme un porte-bonheur, confus, il ne sait que répondre :« C’est la tradition qui veut ça. » Ni cha-peau ni échelle, vêtu d’une combinaisonde travail toute verte au lieu du noir d’au-

trefois, il pousse un énorme aspira-teur qu’il fera ronfler une demi-heure durant dans la chaufferie.

Une fois sa mission remplie, ilrange cet appareil dans son véhicule etdisparaît pour aller porter chance ailleurs.

Mais où sont donc passés les ramo-neurs d’antan ? Ces personnages cou-verts de suie, qui semblaient sortir toutdroit de l’enfer et dont on disait qu’ilssavaient conjurer démons et mauvaisesprits. La suie étant sensée protéger desdangers et des maladies, il fallait toucherle ramoneur ou être touché par lui pourbénéficier de ses bienfaits. De nos jours,les techniques de chauffage ne produi-sent plus de suie, et les ramoneurs n’ontplus rien de magique.

Néanmoins, les porte-bonheur ont gar-dé tout leur attrait, car le bonheur est unedenrée toujours aussi rare. Et même s’ilest devenu banal de dire comme Aristoteque tous les hommes aspirent au bonheur,on peut se demander ce que signifie véri-tablement « être heureux ».

Souvent galvaudé depuis lors, le mot« bonheur » apparaît au XIIe siècle. Philo-sophes, psychologues, sociologues, scien-tifiques et médecins ont sué sang et eaupour lui donner une définition. EmmanuelKant, par exemple, trouve fâcheux que lanotion de félicité soit d’une telle impréci-sion, car, bien que tout un chacun veuilleaccéder à la félicité, personne ne peut direavec certitude et conviction ce vers quoi iltend véritablement.

En Allemagne, il y a même uninstitut de recherche sur le bonheur(voir entretien page 7), où l’on étudie toutce que recouvre ce concept – sans toute-fois trouver de réponse à des questionscomme : Quand peut-on dire que l’on estheureux ? Ou que l’on a de la chance ?L’argent fait-il le bonheur ? Le bonheurest-il mesurable ? Les hormones jouent-elles un rôle dans le sentiment de bon-heur ?

Selon Bouddha, le bonheur est l’ex-tinction de toutes les sensations dans lenirvâna. Une définition sans appel. Lesanciens Grecs étaient plus pragmatiquesen affirmant que le bonheur était la réali-sation de tous les objectifs que l’on s’étaitfixés, le moyen le plus simple de l’at-teindre étant de se garder d’élaborer denouvelles perspectives, afin de ne généreraucun nouveau besoin. De nos jours, onreprend volontiers la pensée de Jo-hann Nestroy, à savoir qu’il vautmieux être riche et bien portantque pauvre et malade.

La quête du bonheur semblaitplus aisée dans le passé. On connaissaitd’innombrables astuces pour s’assurer labienveillance de Fortuna. On faisait brûlerun cierge à l’église en implorant un saint.On portait une amulette pour conjurer lemauvais sort. Il y avait une multitude debons présages qu’il suffisait d’interpréter,par exemple l’araignée du soir ou le nidd’hirondelles sur le faîte de la maison, lefer à cheval ou le trèfle à quatre feuilles,et bien d’autres choses encore. De mêmepour le pain que l’on offrait avec la soupeaux jeunes mariés, le lendemain desnoces. Il y avait également des jours dechance particulièrement recommandéspour emménager dans un nouveau loge-ment, faire les semailles et les plantations,vendre et acheter, se faire couper les che-veux, porter de nouveaux habits, se sou-mettre à une saignée, se marier, prendre

un bain. Pendant la Première Guerremondiale, les bagues que l’onvendait en Autriche devaient por-

ter bonheur à qui les portait. Ellesont surtout fait rentrer beaucoup

d’argent dans les caisses de l’Etat.Si un bébé venait au monde avec sur la

tête une partie des membranes fœtales,on disait autrefois qu’il était « né coiffé »,c’est-à-dire qu’il aurait de la chance dansla vie, qu’il était né sous une bonne étoile.On croyait tant à cette coiffe porte-bon-heur que l’on en cousait des morceauxdans les vêtements et que les accou-cheuses allaient même jusqu’à la volerpour la vendre à prix d’or.

Nombre de porte-bonheur, comme leramoneur, sont restés dans les mé-moires sous forme d’images d’Epinaldont on a toutefois oublié l’origine. Dela bête à bon Dieu, cependant, on saitqu’elle tire sa réputation d’une croyancepopulaire des Wendes, un peuple slave,où la tradition voulait que capturer unecoccinelle de la main gauche pour l’em-prisonner dans son porte-monnaie portaitchance.

Mais qu’en est-il du champignon porte-bonheur, la fameuse amanite rouge à poisblanc qui décore les cartes de vœux debonne année ? On lui suppose un lien deparenté avec le « mushroom » anglais, quiexprime également expansion et abon-dance.

La croyance en l’effet béné-fique du fer à cheval est très an-cienne : le forgeron faisant partie inté-grante du théâtre divin grec, le produit deson travail se voit tout naturellement attri-buer des forces magiques. Fixé au murd’une maison, ce fer mythique protègedes mauvais esprits, à condition qu’ils’ouvre vers le haut pour retenir le bon-heur dans son demi-cercle.

Quant au trèfle à quatre feuilles, il a fait couler beaucoup d’encre, car son ac-tion est pratiquement universelle. Il portechance au jeu si on le glisse avec de la cirede bourdon dans une poche en peau detaupe. Il est également très polyvalentdans les choses de l’amour : en le mettantdans la chaussure de la personne que l’on

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BONHEUR

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PAR MEILI DSCHEN

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veut séduire, par exemple.Quiconque trouve un trèfle àquatre feuilles se mariera vite. Le soupi-rant qui se heurte à l’indifférence de sadame lui en glissera un dans son sac àmain au moment de Pâques. L’amou-reuse, quant à elle, n’aura qu’à en man-ger en pensant à l’élu de son cœur pourconquérir bientôt ce dernier. Et ainsi desuite… A vous d’essayer ! Par exemple, sivous allez à la messe de Noël, il vous suf-fira de prendre un trèfle à quatre feuillesavec vous pour reconnaître toutes les sor-cières de l’assemblée.

Au palmarès des porte-bonheur, il nefaut pas oublier le cochon, l’un des plusvieux animaux domestiques, qui symbolisesouvent richesse et opulence. Dans cer-taines régions, il est devenu synonyme dechance. Si un cortège nuptial croise surson chemin un troupeau de ces suidés,c’est de bon augure. Rêver de porcs, sur-tout avant un voyage, porte bonheur. Oumieux encore, les rêves faits dans uneporcherie se réalisent ! En frappant à laporte d’une porcherie la nuit, on saura sonavenir amoureux en fonction des grogne-ments des bêtes. Une oreille de cochondans la poche, c’est la fortune au jeuassurée. Qui mange de la viande de porc

pendant le carnaval aura une année debonheur et de richesse. Manger du

boudin à jeun est garantie debonne santé pour une année. Pourfertiliser un champ, il suffit d’y en-

terrer un os de cet animal, dont on necompte plus les effets bénéfiques.

Les soues à cochons ont fait place auxporcheries industrielles. Les personnagesfolkloriques des croyances populaires onteux aussi disparu, mais les superstitionssont encore bien vivantes.

La vie urbaine actuelle déborde égale-ment de moments magiques, de forcessecrètes, de symboles fabuleux. C’est cetunivers que l’écrivain suisse alémaniqueSergius Golowin a décrit en 1964 dansson ouvrage « Magische Gegenwart – For-schungsfahrten durch modernen Aber-

métalliques vendues comme autant dereliques en quelques jours seulement.

L’ours en peluche, objet trivial s’il enest, jouissait lui aussi de la vénérationréservée généralement aux reliques. Leculte de l’ours en peluche atteignait toutesles couches de la population et toutes lestranches d’âge. Les nounours prolifé-raient : ils s’accrochaient au rétroviseur dela voiture, quand ils ne trônaient pas sur lecanapé de la salle de séjour. D’aucunsl’offraient en cadeau de fiançailles ou bien« pour montrer que l’on partage le mêmelit ». L’ours en peluche constituait la preuvedu sérieux des intentions de quelqu’un.Loin d’être un objet futile, c’était un sym-bole encore plus fort que le lien repré-senté par l’anneau nuptial.

Pourquoi l’être humain, à la fin du XXe siècle, est-il encore sensible à lanotion de magie ? Pourquoi devons-noustoucher du bois, éviter de passer sous leséchelles et exploser de joie lorsque noustrouvons par hasard un trèfle à quatrefeuilles ? Peut-être parce que notremonde organisé, rationalisé, globalisé nelaisse pas de place à l’imagination.Ou bien parce qu’il est rassurant depenser qu’à part le trou d’ozone etla sonde Voyager, une puissance su-périeure règne au-dessus de nostêtes. Ou bien encore parce que nousvoulons donner un sens à nos paroleslorsque nous souhaitons « Bonne chance !Viel Glück ! Good luck ! »

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

BONHEUR

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glauben », qui a gardé toute sa jeunesse etson actualité.

A l’époque, les bijoux faisant fonctiond’amulettes étaient à la mode. La gentféminine portait des bracelets qu’elletransformait en véritables présentoirs detous les porte-bonheur imaginables àtravers le monde et les siècles : trèfles àquatre feuilles, chatons, cochons, dés àjouer, bêtes à bon Dieu, hippocampes,bouddhas, croix, demi-lunes, signes duzodiaque, pour ne citer que quelques-unesdes miniatures de métal attachées à cesparures.

Le sexe fort s’ornait quant à lui dechaînes en or, une mode certainementimportée par les travailleurs immigrésitaliens, selon les observateurs. Le journal« Die Tat » écrivait en 1961 : « Le Méditer-ranéen est depuis toujours particulière-ment sensible aux idées et aux symbolestouchant à la magie. En Italie, la tradition-nelle madone accrochée à unechaînette est le signe osten-sible du fond à la fois païen etsympathique de la société ita-lienne. »

Rien d’étonnant à ce que des hommesd’affaires futés aient flairé une mine d’ordans ce marché du porte-bonheur. C’estainsi qu’aux Etats-Unis, un certain C. D.Fox s’est consacré à la culture et à lacommercialisation du trèfle à quatrefeuilles. On dit qu’il en a vendu trente mil-lions en dix ans. Succès également pourHarry Brand, qui vendait alors quelque200 000 pattes de lapin par mois.

Les années 50 et 60 étaient uneépoque où, aux concerts, des rangéesentières de fans s’évanouissaient devantleurs idoles. Les perruques à la Beatles se vendaient à prix d’or. Quatre apprentisavaient écrit sur le portail de la cathédralede Bamberg « Elvis Presley, mon dieu ». UnFrançais avait acheté le lit de Johnny Hal-lyday, qu’il fit scier en 100 000 morceauxpour vendre ceux-ci en pendentifs. Et lavoiture dans laquelle James Dean trouva la mort fut découpée en 500 000 pièces

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ACTUEL

Les fonds indiciels sont enplein essor. Ces fonds de pla-cement ont la particularité decalquer l’évolution d’un indiceboursier, tel que le Swiss Mar-ket Index (SMI), le S&P 500ou l'indice Nikkei. La compo-sition du fonds est donc quasi-ment identique à celle del’indice de référence. La per-formance de l’investisseurévolue au rythme du marché,ce qui, pour le marché suissedes actions, correspond à unrendement moyen de 10,6%par an depuis 1926. La com-mission de gestion est moinsélevée que pour les fonds

gérés de manière active, car ladirection du fonds indiciel neprocède à des achats ou à desventes qu’en cas de modifica-tion de l’indice ou d’augmen-tation du volume du fonds.

Depuis cet automne, leCREDIT SUISSE propose cinqnouveaux fonds indiciels :

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Comme tous les ans à la même époque, la banque de-mande à chaque entreprise cliente son budget et sesprévisions pour l’année suivante. D’où l’importance de laplanification financière. Avec cet instrument de gestion,l’entreprise peut contrôler sa situation financière, prévoirdes investissements et prendre les mesures nécessaires.Le plan financier fournit aussi des informations impor-tantes à la banque et peut influer sur la solvabilité et lerating en matière de crédits. Le CREDIT SUISSE proposedonc un nouveau guide de la plani-fication financière à l’usage despetites et moyennes entre-prises, qui s’articule autour destrois piliers de la planification :le compte de résultats prévi-sionnel (budget), le bilan prévi-sionnel et le plan des liquidités.Commande avec le bon ci-joint (10 francs).

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Page 36: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

UN FIL D’ARIANE POUR LA LPP

Le régime obligatoire LPPest en vigueur depuis 1985,mais la plupart des entre-preneurs se perdent dans lesdédales de ses multiplesréglementations. L’ouvragepublié par WINTERTHUR-

36

ACTUEL

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

18e anniversaire, les par-rains, marraines ou grands-parents reçoivent un certificatexclusif de la banque. Avec ce certificat, le bénéfi-ciaire peut solder le COMPTED’ÉPARGNE-CADEAU.

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Page 37: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

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Page 38: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

UNEBONNEANNÉE

ECONOMIC RESEARCH

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Alors qu’il y a un an, le monde sortait del’une des plus graves crises financières de l’après-guerre, 2000 s’annonce sousd’heureux auspices, et les marchés finan-ciers connaîtront une évolution favorable.

En octobre 1998, la crise asiatique avaitfait chuter les cours sur les marchés d’ac-tions des pays industrialisés. La banque-route de l’Etat russe, le moratoire sur la

dette extérieure et le flottement du roubleavaient provoqué sur les marchés finan-ciers internationaux une fuite vers la quali-té et la sécurité. La débâcle du fonds spé-culatif Long Term Capital Management(LTCM) avait entraîné une crise de con-fiance et une ruée sur les liquidités. La sta-bilité du système financier international setrouvait sur le fil du rasoir à l’automne1998. Des signaux clairs concernant lestaux ainsi qu’un net assouplissement de lapolitique monétaire de la Réserve fédé-rale américaine et de celle d’autres

UN CLIMAT ÉCONOMIQUE PLUS SEREIN PROMET LA PROSPÉRITÉ EN L’AN 2000.

PAR ALOIS BISCHOFBERGER,CHEF ÉCONOMISTE

banques centrales avaient permis d’écar-ter le danger.

On avait évité le pire, mais l’économiemondiale mit encore quelque temps à re-couvrer sa stabilité. Récession et stagna-tion continuaient de menacer, voire d’af-fecter le Japon et nombre de marchésémergents d’Asie et d’Amérique latine. EnAllemagne, en Italie et en Espagne, la pro-gression du produit intérieur brut (PIB) ra-lentissait à vue d’œil, tandis qu’en Amé-rique du Nord la croissance demeuraitvigoureuse.

Page 39: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

SELON ALOIS BISCHOFBERGER,

CHEF ÉCONOMISTE,

2000 SERA UNE ANNÉE FAVORABLE

POUR L’EUROPE ET LA SUISSE.

Page 40: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

AVRIL EN HIVER

Le marché suisse des actions semble sorti de sa longue phase de con-

solidation. Pour la première fois depuis janvier 1999, la courbe des cours

paraît orientée à la hausse, accompagnée par l’optimisme mesuré des

investisseurs. Si l’on se rappelle qu’elle s’est imposée malgré un contexte

de taux franchement détestable, cette évolution incite à envisager l’avenir

avec confiance. La bonne tenue de l’électrotechnique et de l’électronique

et, plus encore, du marché financier, très sensible aux taux, ne fait que ren-

forcer l’impression. L’«effet millénaire» passé, le premier trimestre 2000 de-

vrait connaître un repli passager des taux du marché monétaire, et cela ne

peut que profiter aux actions. Les cours risquent toutefois de souffrir du

tour de vis que la Banque nationale s’apprête à donner à la politique moné-

taire. Dans un marché moins bien approvisionné en liquidités, les résultats

de la Bourse seront surtout déterminés par ceux des entreprises, qui, juste-

ment, s’annoncent très prometteurs. Même les valeurs pharmaceutiques,

boudées par moments, semblent retrouver les faveurs de la cote.

L’heure n’est cependant pas encore à l’euphorie. La situation économique

est certes bonne. La reprise européenne et asiatique tout comme les

potentiels de restructuration qui subsistent devraient en outre fournir aux

entreprises des marges de manœuvre leur permettant de poursuivre l’amé-

lioration de leurs bénéfices. Au début de l’année, toutefois, ceux-ci seront

encore limités. Pour qu’ils augmentent vraiment, la Suisse devra recevoir

des pays voisins des impulsions, dont le CREDIT SUISSE pense qu’elles

seront au rendez-vous l’an prochain. Selon les analystes de la banque, la

faveur dont jouissent les titres de l’électronique et de l’électrotechnique ne

va pas se démentir. L’évolution globale de l’économie restera vraisembla-

blement favorable aux valeurs cycliques, notamment à celles du secteur

des matières de base. Le commerce de détail devrait également bien se

défendre, de même que les fabricants de produits de luxe, dont la cote aug-

mente. Enfin, le CREDIT SUISSE mise sur les entreprises des secteurs

technologie et communications.

L’Europe retrouve son dynamisme

Adeptes d’une politique monétaire anti-cipatoire, les Etats-Unis, la Grande-Bre-tagne et l’Union monétaire européennedurciront celle-ci avant que ne s’amorceune spirale des prix. Les taux sont partoutau plus bas. Leur relèvement par lesbanques centrales ne serait pas forcémentpénalisant pour les marchés financiers. Si les investisseurs y voient un moyend’étouffer dans l’œuf toute tendance in-

flationniste, ils réagiront de façon positiveet n’intégreront pas de prime d’inflationsupérieure dans les rendements du mar-ché des capitaux.

Les taux d’inflation se maintiendrontdonc dans des limites raisonnables. Leuraugmentation moyenne pour les vingt pays les plus industrialisés devrait passerde 1,4% en 1999 à 1,8% en 2000. La re-montée des taux ne viendra pas assombrirun climat économique mondial redevenu

plus serein. Une inversion de la courbe destaux d’intérêt n’est donc pas à craindre.

Et les marchés d’actions? L’Europe varetrouver son dynamisme et l’activitéaméricaine ralentir, d’où une demandeplus forte pour les placements en euros.Les appréhensions liées aux taux serontmoins vives. Avec une croissance mon-diale légèrement supérieure à 3%, le mar-ché des capitaux suffira à la demande.

Passé le cap des fêtes, il n’est pasexclu que les marchés d’actions euro-péens se découplent de Wall Sreet, où lescours atteignent des niveaux très élevés.Le CREDIT SUISSE pense que 2000 seraune bonne année boursière pour l’Unioneuropéenne (UE), mais que les Etats-Unisn’offriront plus le même potentiel. Aussisa politique de placement privilégie-t-ellel’Allemagne et la France, où la situationgénérale, l’évolution des exportations etles bénéfices des entreprises devraiententretenir un climat favorable à la Bourse.

Les exportations dopent la demande

En 1998, les taux de croissance des PIBréels ont baissé trimestre après trimestre,pour se stabiliser aux alentours de 1% aupremier semestre 1999. Dans le mêmetemps, un boom des exportations dopait lademande intérieure. S’attendant à pro-duire, à vendre et à gagner davantage, lesentreprises augmentèrent leurs investisse-ments productifs de 8,6%. L’améliorationplus rapide que prévu du marché du travail,avec pour corollaire une perception plusoptimiste de la sécurité de l’emploi, fit sor-tir les particuliers de leur réserve. Avec ses2,3%, la croissance réelle de la consom-mation des ménages dépassait de un pointla moyenne des vingt dernières années.

C’est alors que la crise asiatique, lesconséquences des turbulences des mar-chés financiers pour l’économie réelle et

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ECONOMIC RESEARCH

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

«SELON LE CREDIT SUISSE, 2000 DEVRAIT ÊTRE

UNE BONNE ANNÉE BOURSIÈRE»

Page 41: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

«FRANCHI LE CAP DU MILLÉNAIRE, LES TAUX DU MARCHÉ MONÉTAIRE

VONT SE REPLIER»

le net ralentissement de la croissancedans les pays clés de l’UE sont venusfreiner les exportations ainsi que la crois-sance économique en général. La pro-gression des exportations a été divisée pardeux en 1998, s’établissant à 4,6% avantde plonger à 1,8% au premier semestre1999. Durant la même période, la con-sommation des ménages a augmenté de2%. Le ralentissement des investisse-ments productifs au deuxième trimestre a été compensé par la progression desdépenses de construction.

La reprise s’accélère

Les enquêtes effectuées auprès desentreprises, de même que le Swiss Pur-chasing Managers’ Index, que le CREDITSUISSE établit chaque mois, laissent es-pérer un redressement de la conjoncture.Le nombre d’emplois a augmenté de 1%au premier semestre 1999 ; le taux dechômage a reculé et reculera encore. Lechômage restant est essentiellementd’origine structurelle et tient surtout aufait que les demandeurs d’emploi sontsous-qualifiés ou ne possèdent pas lescompétences nécessaires. Notre indus-trie d’exportation profitera de la demandeinternationale croissante de biens deconsommation et d’équipement. Le tauxde change ne freinera pas le développe-ment des exportations. Contre l’euro,monnaie déterminante pour le sort desexportations, le franc suisse continuera,selon toute vraisemblance, à se maintenirdans une étroite bande de fluctuation, del’ordre de 1.58 à 1.63 franc. La conjonc-tion de ces facteurs aura pour effet uneprogression plus rapide des exportations:de 2,7% cette année à 4,5% en 2000.

La croissance s’accélérant, les investis-sements productifs devraient être plus im-

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9941

portants l’an prochain. Le CREDIT SUISSEprévoit pour ceux-ci une croissance de5,1% en 2000, contre 3,5% en 1999. Lestemps de l’inflation zéro sont révolus. Ilfaut s’attendre à ce que le taux moyend’inflation se situe à 0,8% cette année età 1,1% en 2000. On continue d’observeren Suisse des facteurs d’inflation maison.Pour beaucoup de services, la concur-rence, extrêmement vive en ce qui con-cerne les biens faisant l’objet d’échangesinternationaux, est encore peu prononcée.Ainsi, les loyers augmentent alors que lestaux hypothécaires n’ont jamais été aussibas et qu’il y a profusion de logements va-cants. Si ces derniers diminuaient et que le niveau des taux remontait, la tendancepourrait bien s’accentuer. Dans les sec-teurs de l’alimentation, des télécommuni-cations et de l’électronique, en revanche,les prix baisseront probablement.

Remontée modérée des taux

La baisse des taux est terminée. Depuismai 1999, les taux à long terme sontorientés à la hausse, de même que lestaux du marché monétaire, en particulierpour les durées dépassant les opérationsde liquidation de fin d’année. Leur niveauactuel inclut un «effet millénaire». Un nou-veau repli, une fois franchi ce cap, n’estdonc pas exclu, sans que l’on reviennetoutefois au bas niveaux antérieurs. Selonle CREDIT SUISSE, le taux à trois moispourrait se replier à 1,8%, pour remonterlégèrement au cours de l’an 2000.

La construction progresse de 2,6%

Les dépenses de construction vont vrai-semblablement redémarrer. Nous tablonssur une progression de 1% cette année etde 2,6% en 2000. La construction privéeprofitera de la demande de logements en

propriété, des transformations et rénova-tions de logements et d’un marché plusdynamique pour les immeubles commer-ciaux. Ce dernier ne devrait pas souffrir dunombre élevé de locaux vacants. En effet,construire du neuf sur un site attractifrevient très souvent moins cher que detransformer des immeubles inoccupés.

Dans le secteur public, le bâtimentcontinuera de souffrir des restrictionsbudgétaires. Le génie civil, en revanche,pourra s’appuyer sur la demande relative-ment stable que représente l’entretien desroutes nationales et profitera des grandsprojets d’infrastructure du type NLFA ouRail 2000. La reprise de l’activité n’em-pêchera toutefois pas les restructurationsde se poursuivre à un rythme élevé.

Revenus et consommation en hausse

Si le commerce extérieur et les investisse-ments évoluent comme prévu, la con-sommation des ménages – avec 60% laprincipale composante du PIB – va elleaussi reprendre de la vigueur. La propen-sion à consommer n’a jamais été aussiforte depuis 1989, et cela est de bonaugure. Apparemment, les ménages sontplus sensibles à l’amélioration de la situa-tion de l’emploi et des perspectives sala-riales, ainsi qu’à l’augmentation de leurpouvoir d’achat, qu’aux mauvaises nou-velles en provenance de l’industrie et à lavolatilité des marchés financiers. Pour cequi est des revenus, la reprise conjonc-turelle, l’amélioration de l’emploi et lapénurie de main-d’œuvre qui existe danscertains domaines devraient se traduire en2000 par un accroissement du revenunominal du travail d’environ 2,5%. Avec untaux d’inflation de 1,1% en moyenne, unecharge fiscale pratiquement inchangée etune augmentation des primes d’assurance-maladie inférieure à la moyenne des der-nières années, cela équivaut à une pro-gression du revenu réel de l’ordre de 1,5%.

A. BISCHOFBERGER, TÉLÉPHONE 01 3336126

[email protected]

Page 42: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

Tous les signaux sont au vert : l’an pro-chain, l’économie suisse devrait surmon-ter sa légère baisse de régime et repartirà la hausse. Selon les prévisions duCREDIT SUISSE, la création totale devaleur croîtra de 2% en l’an 2000. Maisl’expansion variera beaucoup d’un secteurà l’autre, et elle passera même complète-ment à côté de certaines branches.

Les années 90 ont été marquées parune faible croissance et par un durcisse-ment de la concurrence dû à la libéralisa-tion et à la globalisation de l’économie. Acela sont venues s’ajouter une pression

accrue sur les prix et une baisse générali-sée des revenus. Cette période a laissédes traces dans différents secteurs,notamment dans ceux tournés vers lemarché intérieur. Que ce soit la construc-tion ou la branche voisine des produitsminéraux non métalliques, ou encore lecommerce de détail, voire les sous-trai-tants de l’industrie des machines et de laconstruction de véhicules, tous les sec-teurs ont connu un douloureux processusde redimensionnement, qui a été parti-culièrement long dans la construction.L’industrie du tourisme compte elle aussi

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LES BRANCHES EN L’AN2000PAR MARTIN NEFF, ECONOMIC RESEARCH

LE CIEL S’EST ÉCLAIRCI DANS DENOMBREUX SECTEURS. MAIS IL N’Y APAS ENCORE DE QUOI PAVOISER.

MARTIN NEFF, ECONOMIC RESEARCH,

EN EST SÛR : « LES PERSPECTIVES

SONT BONNES DANS LES

BRANCHES TRÈS TOURNÉES

VERS L’EXPORTATION. »

Page 43: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9943

ECONOMIC RESEARCH

parmi les perdants. Les chiffres d’affairesy stagnent déjà depuis le début des an-nées 90. Et les facteurs climatiques, dontplusieurs hivers quasiment sans neige,n’ont rien arrangé. Si les perspectivespour l’année à venir sont sensiblementmeilleures dans toutes ces branches, il n’ya toutefois pas encore de quoi pavoiser.

Feu de paille dans la construction

Le secteur de la construction a réussi àstopper sa chute vertigineuse des années90, au cours de laquelle il a perdu près de50% de ses effectifs, et devrait même re-nouer avec les chiffres noirs en l’an 2000.Mais une reprise durable n’est pas encoreen vue. Les impulsions données par lesgrands projets d’infrastructure n’ont pasfait long feu. Reste « seulement » un effetstabilisateur, comme dans le secteurpublic de l’entretien. Il est vrai que laconstruction privée s’est redressée, et ellecontinuera à progresser ces prochainesannées, sans toutefois connaître un essordurable. Dans l’ensemble, la demandeévolue au ralenti aussi bien pour les loge-ments que pour les surfaces commer-ciales, et devrait à long terme se stabiliserà des niveaux nettement plus bas que parle passé. Or les problèmes structurels dela branche resteront entiers tant que lademande ne s’accroîtra pas de manièresignificative. Les surcapacités ne vont passe résorber en l’an 2000, vu le bas niveaudes barrières d’entrée, et elles empêche-ront tout revirement durable des résultats,même si, dans le meilleur des cas, les prixse stabiliseront, comme le prévoit leCREDIT SUISSE.

L’arrivée précoce de la neige cet hivera éveillé des espoirs légitimes dans unebranche également malmenée – le tou-risme. En moyenne montagne surtout, lesecteur est fortement tributaire de l’orblanc. Les hôteliers et les agences delocation d’appartements de vacancescomptent donc sur une légère augmen-tation du nombre de nuitées. Reste que le facteur climatique ne suffira pas à

résoudre tous les problèmes. Il s’agit dereconstruire une image partie en lam-beaux, ce qui demandera du temps. Enattendant, la branche pourra s’estimerheureuse si elle parvient à limiter les dé-gâts en comparaison internationale. Entre1990 et 1998, l’hôtellerie suisse a enre-gistré une croissance annuelle inférieured’environ deux points à la progressionmondiale du secteur. Autrement dit, laSuisse a perdu beaucoup de terrain auprofit d’autres destinations, tant auprèsdes touristes étrangers que de la clientèlesuisse. Lorsqu’il faut choisir entre « surferà Hawaï ou patauger dans la gadoue àAdelboden », le climat peut certes faire ladifférence. Mais si d’autres pays auxinfrastructures analogues ont pu progres-ser – ou du moins perdre moins de partsde marché –, cela tient plutôt à la dégra-

dation d’une image qui se résumait par les termes « cher mais bon ». Aujourd’hui,le rapport prix/qualité s’améliore de nou-veau, mais le chemin est ardu et la con-currence omniprésente.

Les consommateurs se réveillent

Le commerce de détail n’a toujours pas,lui non plus, retrouvé son rythme de croi-sière. Cependant, les Suisses se remet-tent à consommer et à faire des achats deremplacement dans le domaine des biensde consommation durables. Une tendancefavorisée par l’amélioration de la situationsur le marché du travail. L’emploi est re-devenu plus sûr et les consommateursfont des projets à plus long terme. Le cli-mat de consommation s’est nettementamélioré, bien que l’euphorie ne soit pasencore de mise. Car seule une croissance

DU BON ET DU MOINS BON PARTOUT

Il va sans dire qu’on trouve partout des premiers et des derniers de classe.

Dans les secteurs de croissance, les entreprises et les sous-traitants ne

profitent pas tous dans la même mesure de l’amélioration de la conjonc-

ture. De même que les hôteliers ou les acteurs du marché de la construc-

tion ne sont pas tous aux abois. Même les secteurs d’exportation par

excellence que sont la chimie et la pharmacie ont leurs problèmes, notam-

ment dans les matières plastiques sous forme primaire, les colorants ou

l’agrochimie. Dans l’électrotechnique, ce sont avant tout les produits

proches de la production d’énergie qui sont à la fête, tandis que la branche

de l’électronique continue à bénéficier de l’expansion des télécommuni-

cations. Le point commun à presque tous les secteurs est la pression

constante sur les prix à la production. Celle-ci ne s’arrête d’ailleurs plus aux

portes des banques et des assurances, ni à celles d’autres branches jadis

épargnées. Ainsi, les tarifs d’électricité devraient bientôt se retrouver en-

core davantage sous pression avec la libéralisation du marché, et ceux des

télécommunications connaissent une évolution similaire, bien que dans

des proportions différentes.

«L’EXPANSION PASSERA À CÔTÉ DE

CERTAINES BRANCHES»

Page 44: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

durable entraîne une hausse durable desdépenses de consommation et, partant,une augmentation des chiffres d’affairesdu commerce de détail.

Heureusement, le paysage écono-mique suisse n’est pas fait seulement debranches confrontées à des problèmesstructurels. Dans certains secteurs, lesperspectives pour l’année à venir sontplutôt réjouissantes. Et deux élémentssautent aux yeux à cet égard :

Primo, la performance d’une brancheaugmente généralement avec le taux decroissance de ses exportations. Plus unebranche vend à l’étranger, meilleures sontses perspectives d’avenir. Cela vaut aussibien pour les champions de l’exportation,telles la chimie et la pharmacie, que pourl’industrie des machines et les secteurs de l’électrotechnique et de l’électronique.Comme les exportations devraient être le

44

ECONOMIC RESEARCH

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

moteur de la croissance l’an prochain, cesbranches en profiteront plus que pro-portionnellement. Mais l’industrie desmachines, justement, a connu de gravesproblèmes au cours des derniers tri-mestres. Elle a souffert de la mollesse dela conjoncture européenne et du reculconcomitant des ventes en Allemagne,son principal acheteur, mais aussi de lacrise asiatique, qui a entraîné une chutedes commandes, en particulier dans lesecteur des machines textiles. Par ail-leurs, les incertitudes en Russie ont incitéles investisseurs à la retenue.

Secundo, plusieurs signes indiquentune accélération de la conjoncture euro-péenne. Les principaux bénéficiaires au-jourd’hui, et probablement aussi demain, ensont les secteurs cycliques traditionnels tels que le papier, les matières plastiques et le bois. Ces branches réagissent très tôt

aux variations des fondamentaux écono-miques.

Malgré des lueurs d’espoir, les pers-pectives demeurent plutôt moroses pourl’an 2000. Car le prix des réductions decoûts et des restructurations, qui depuislongtemps ne concernent plus seulementl’industrie, va encore peser sur les résul-tats des entreprises. Toutefois, la maîtrisedes coûts est une condition sine qua nonpour tenir la longueur dans un marchéglobalisé.

MARTIN NEFF, TÉLÉPHONE 01 3332484

[email protected]

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POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES

«BRANCHES EN L’AN 2000» :

WWW.CREDIT-SUISSE.CH/BULLETIN

Production Chiffre d’affaires Prix Résultat

1999 2000 1999 2000 1999 2000 1999 2000

15 Alimentation W R E R T T E R

17 Textile T R T R T R T R

18 Habillement E E E E E R E E

19 Cuir et chaussures T T T T T R T T

20 Bois R E R E R E R E

21 Papier T E T E R E T E

22 Impression et arts graphiques E E R R T T R R

24 Chimie-pharmacie E E R E T T T E

25 Matières plastiques E E E E R E E E

26 Produits minéraux non métalliques E E E R R T E R

27 Métaux T R T R T E T E

28 Travail des métaux E E R E R R E E

29 Machines T E T E R R T E

31/32 Electrotechnique et électronique E E R E T T R E

40 Electricité E R E R T T E T

45 Construction R E T E T R T E

51 Commerce de gros T E R R T E

52 Commerce de détail E E R R E E

55 Hôtellerie et restauration R E R E R R R E

65 Banques (total du bilan) E E T T E E

66 Assurances (volume de primes) E E T T E E

Source: CREDIT SUISSE

ORIENTATION DES PRINCIPALES BRANCHES SUISSES

Page 45: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

NOS PRÉVISIONSCONJONCTURELLES

45

ECONOMIC RESEARCH

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

REPÈRES DE L’ÉCONOMIE SUISSE :

REPRISE DU COMMERCE EXTÉRIEURLe commerce extérieur suisse a enfin amorcé une reprise. Mais les échangesde marchandises avec les pays industrialisés sont restés inférieurs à ceux réali-sés avec les autres espaces économiques, notamment les pays émergentsd’Asie et les Etats de la CEI.

CROISSANCE DU PIB :

LA FRANCE À PLEIN RÉGIMEL’horizon conjoncturel de l’Euroland devrait s’éclaircir l’an pro-chain. Grâce à l’expansion française, la croissance s’accélérera enAllemagne et en Italie. La reprise en Europe aura aussi un impactpositif sur l’économie suisse. Malgré un léger fléchissement de lacroissance du PIB aux Etats-Unis, une nouvelle année de hauteconjoncture est à prévoir.

INFLATION :

LA FED ANTICIPE Bien que le marché du travail américain soit presque saturé, lahausse de l’inflation est restée modérée au dernier trimestre. LaFed n’en a pas moins relevé le taux directeur au niveau d’avant la crise de l’automne 1998. Elle veut ainsi éviter la résurgence detensions inflationnistes. En Europe et en Suisse, l’inflation de-meurera faible l’an prochain.

TAUX DE CHÔMAGE :

PLUS DE TRAVAIL EN EUROPE La robustesse de l’économie américaine maintient le taux de chô-mage à un niveau plancher. Avec le fléchissement de la crois-sance, le nombre de demandeurs d’emploi devrait toutefois s’ac-croître légèrement. Une hausse modérée du chômage est aussiprévue pour le Japon. Seule l’Europe continuera probablement l’anprochain d’enregistrer un lent recul de son taux de chômage.

Moyenne Prévision1990/1997 1998 1999 2000

Suisse 0,2 2,1 1,1 2,0Allemagne 3,0 2,0 1,5 2,5France 1,2 3,2 2,5 2,8Italie 1,1 1,4 1,2 2,1Grande-Bretagne 2,0 2,1 1,0 2,7Etats-Unis 2,5 3,9 3,9 3,1Japon 2,0 –2,8 1,1 1,4

Moyenne Prévision1990/1997 1998 1999 2000

Suisse 2,4 0,0 0,8 1,1Allemagne 3,0 1,0 0,7 1,3France 2,0 0,7 0,7 1,1Italie 4,4 1,7 1,8 1,8Grande-Bretagne 3,2 2,6 1,8 2,0Etats-Unis 3,0 1,5 2,2 2,6Japon 1,2 0,6 – 0,1 0,3

Moyenne Prévision1990/1997 1998 1999 2000

Suisse 3,4 3,9 2,7 2,4Allemagne 9,6 11,1 10,5 10,1France 11,1 11,8 11,2 10,6Italie 11,4 12,3 11,6 11,4Grande-Bretagne 8,0 4,8 4,4 4,6Etats-Unis 6,1 4,6 4,3 4,5Japon 2,7 4,1 4,8 5,5

6.99 7.99 8.99 9.99 10.99

Inflation 0,60 0,7 0,9 1,2 1,2Marchandises 0,20 0,7 0,9 1,5 1,6Services 0,85 0,8 1 1 0,9Suisse 0,57 0,8 0,9 0,9 0,9Etranger 0,30 0,8 1,2 2,1 2,3

C.A. du commerce de détail, réel 4,90 1,4 – – –Solde de la balance com. (mrd CHF) 0,12 0,09 0,46 0,35 –0,01

Exportations de biens (mrd CHF) 10,05 9,54 8,04 10,38 11,28Importations de biens (mrd CHF) 9,93 9,63 8,52 10,03 11,29

Taux de chômage 2,60 2,5 2,4 2,3 2,3Suisse alémanique 2,10 2 2 1,9 1,9Suisse romande 3,70 3,7 3,6 3,5 3,5Tessin 3,70 3,7 3,6 3,5 3,5

ZH 19%

BE 9,3%

LU 3,2%UR 0,2%SZ 0,9%

OW 0,1%NW 0,1%GL 0,4%ZG 1,2%FR 2,7%

SO 3,2%BS 2,5%BL 2,4%SH 1,2%AR 0,3%

AI 0%

SG 4,8%GR 1,4%AG 5,7%

TG 2,1%

TI 6,1%

VD 13,6%

VS 3,7%

NE 3,4%

GE 11,9%JU 0,9%

Pourcentage des chômeurs inscrits en octobre 1999

LE GRAPHIQUE ACTUEL :

UN BON TIERS DE CHÔMEURS ROMANDSLe net recul du taux de chômage a donné une bouffée d’oxygène à la populationsuisse. Entre-temps, des voix s’élèvent pour dénoncer l’assèchement du mar-ché du travail. Le graphique ci-dessous montre la répartition des chômeurs entreles différentes régions. Conclusion : plus de la moitié des demandeurs d’emploihabitent dans le canton de Zurich ou en Suisse romande.

Page 46: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

ROSMARIE GERBER : La bancassurance com-

bine les prestations bancaires et d’assu-

rance. Dans quelle mesure les synergies

permettent-elles de couvrir de nouveaux

risques ?

CESARE RAVARA : Les activités d’uneentreprise sont toujours liées à desrisques, qui surgissent dès l’entrée desmatières premières et vont de l’entre-posage à la vente des produits en pas-sant par le processus de production. Cesrisques peuvent avoir des répercussionsfinancières sur le bilan et sur le compte de

résultats. Pour se protéger, l’entreprisepeut donc conclure des polices d’assu-rance traditionnelles, constituer des provi-sions ou renforcer ses fonds propres pardes réserves. Mais la couverture par despolices d’assurance ou des réserves estinappropriée ou trop onéreuse pour lesrisques difficiles à évaluer.

R.G. Qu’entendez-vous par là ?

C.R. Il peut arriver, par exemple, que denouveaux produits développés pour lemarché international n’aient aucun suc-

46 CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

CESARE RAVARA: «LA BANCASSURANCE OFFRE PLUS DELATITUDE AUX ENTREPRISES ET AUX INVESTISSEURS»

INTERVIEW: ROSMARIE GERBER,RÉDACTION BULLETIN

NOUVELLE APPROCHEDES RISQUES

CESARE RAVARA, SPÉCIALISTE

EN BANCASSURANCE,

ECONOMIC RESEARCH :

« LA GESTION DES RISQUES DE

CATASTROPHES EST AUSSI

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE. »

Page 47: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

cès. Dans le domaine de la protection desconsommateurs, les risques de respon-sabilité civile sont énormes. Les turbu-lences politiques et les bouleversementséconomiques, les catastrophes naturelleset les défaillances humaines influent aussisur les résultats de l’entreprise. Autant derisques que les responsables d’entreprisedoivent tenter de réduire.

R.G. Qui dit marché élargi dit risque accru.

Et c’est de ce risque entrepreneurial clas-

sique qu’il faut désormais se défaire ?

C.R. Lorsqu’une entreprise n’est passuffisamment assurée ou ne dispose pasdes fonds propres ou des réserves néces-saires, la prise de risque devient un véri-table jeu de hasard, qui peut conduire à lafaillite. D’où l’intérêt du transfert alternatifdes risques (Alternative risk transfer ouART), qui offre une analyse globale desrisques financiers, des risques d’exploita-tion ou des risques commerciaux et per-met ainsi d’obtenir une couverture efficaceet avantageuse du portefeuille de risques.

R.G. Mais les banques procèdent toujours à

un examen de la solvabilité et les assu-

rances évaluent le montant des dommages

potentiels ainsi que la probabilité des

sinistres. Quelles nouveautés apporte le

transfert alternatif des risques ?

C.R. Dans le cas de risques élevés, l’oc-troi de crédits n’est pas autorisé si lesintérêts appropriés dépassent le plafondfixé par la loi. Et certains risques difficilesà calculer ne peuvent être assurés quemoyennant des primes exorbitantes.Toutefois, s’il s’avère possible de gérerles risques avec des instruments prove-nant de la banque, de l’assurance et dumarché des capitaux, l’entreprise gagneen solvabilité et en honorabilité. Desrisques élevés peuvent ainsi être titrisés etnégociés sur le marché. L’ART a été créépour gérer les risques impossibles à cou-vrir avec des assurances traditionnelles.Ce système permet donc de combiner desprestations bancaires et d’assurance.

R.G. Cette forme de transfert des risques

est-elle envisageable pour les petites et

moyennes entreprises ou est-elle exclusi-

vement réservée aux multinationales ?

C.R. Compte tenu des primes élevées,l’ART ne s’adresse pour le moment qu’auxmultinationales. Les valeurs empiriques nesont pas encore suffisantes. Mais dès queles données nécessaires seront dispo-nibles, les entreprises moyennes pourrontégalement recourir à ces instruments.

R.G. L’élargissement de la couverture favo-

rise-t-il l’innovation entrepreneuriale ?

C.R. Les grands groupes qui se sontlancés dans l’ART disposent désormaisd’une gestion des risques plus globale etatteignent leurs objectifs à moindrescoûts. Ils immobilisent moins de capitauxet disposent ainsi d’une plus grande lati-tude.

R.G. Et quelles sont les conséquences éco-

nomiques du transfert des risques ?

C.R. Plus les entreprises seront nom-breuses à pouvoir proposer et étendreleurs prestations à moindres coûts grâceà une gestion des risques globale, plusl’utilité économique sera importante. Parailleurs, si les risques traditionnellementnon assurables, notamment les risques decatastrophes naturelles, peuvent être titri-sés, la capacité de couverture de l’écono-mie s’accroît. Et les investisseurs trouventaussi leur compte dans ces titres qui nesont pas sensibles aux évolutions de cer-tains secteurs économiques.

R.G. Si les mouvements du marché des ca-

pitaux sont en partie prévisibles, les déve-

loppements dans le domaine du transfert

alternatif des risques sont impossibles à

évaluer. Qui peut prévoir qu’un tremble-

ment de terre détruira les ateliers de pro-

duction d’une entreprise en Amérique du

Sud ?

C.R. C’est vrai. Mais si le tremblementde terre ne se produit pas, les investis-

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9947

ECONOMIC RESEARCH

COMMENT SUPPORTER DES RISQUES ÉLEVÉS

Une entreprise moyenne reçoit une commande pour le développement d’une

installation à livrer à un pays tiers dans un délai de deux ans. Les parties s’ac-

cordent sur un prix fixe et sur un règlement échelonné, la dernière tranche

venant à échéance 180 jours après la mise en service réussie. Elles convien-

nent aussi d’une peine conventionnelle élevée en cas de retard de livraison

ainsi que d’obligations de garantie et d’un service après-vente important.

Les coûts de développement ne peuvent être rentabilisés que si la nouvelle

installation trouve encore d’autres preneurs. Durant la période de développe-

ment et de production, les prix des matières premières et des produits finis

et semi-finis varient. Les fluctuations des taux de change, des problèmes

techniques ou de personnel peuvent perturber le déroulement des travaux.

Des catastrophes ou des turbulences politico-juridiques peuvent empêcher

l’entreprise d’honorer sa commande ou de commercialiser son installation.

S’il existe des solutions d’assurance traditionnelles pour les risques d’ex-

ploitation et des instruments dérivés pour les risques financiers, la plupart

des risques décrits ci-dessus ne peuvent pas être assurés par les moyens

classiques. Deux instruments du transfert alternatif des risques complètent,

voire remplacent la gestion traditionnelle des risques. Avec les solutions

« finite risk », la compensation du risque a lieu au sein de la même entreprise

durant une période contractuelle fixe. Quant aux programmes multibranches

et pluriannuels, ils permettent de combiner les risques assurables et non

assurables d’une entreprise, et de tirer avantage de la diversification.

Page 48: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

seurs pourront compter sur des rende-ments supérieurs à la moyenne.

R.G. Quoi qu’il en soit, les risques titrisés

restent des placements audacieux.

C.R. Oui, mais ils répondent aussi à desattentes de rendements élevées. En fait,les investisseurs parient sur la survenanced’un risque. Cela peut surprendre parceque nous parlons ici d’instruments finan-ciers utilisés dans le domaine des catas-trophes. Mais nous n’avons aucune in-fluence sur ces risques. L’économie seconcentre sur les questions de rentabilité,c’est-à-dire sur l’optimisation des res-sources, et la gestion des risques decatastrophes en fait aussi partie.

R.G. Quels sont les investisseurs suscep-

tibles de s’intéresser à ces placements ?

C.R. Les investisseurs privés devraientse montrer plutôt réservés. Mais les inves-tisseurs institutionnels seront sûrementintéressés.

R.G. Ces placements attireront donc aussi

les caisses de pension ?

C.R. Les investisseurs institutionnelspourraient se lancer dans ce domaineparce qu’un nouvel instrument de diversi-fication est mis à leur disposition.

R.G. Votre étude sur la bancassurance

constate la saturation du marché de l’assu-

rance dans les économies développées et

décèle de nouveaux potentiels en Europe

de l’Est, en Asie et en Amérique latine. Sur

quels segments de population les entre-

prises doivent-elles se concentrer ?

C.R. La frange restreinte de la popula-tion très aisée dans ces régions a pro-bablement déjà recours à des servicesfinanciers sophistiqués proches des pres-tations de bancassurance. La fortune ma-térielle et immatérielle nécessite toujoursune couverture d’assurance et des ser-vices financiers. Aussi misons-nous sur la prospérité croissante de la classemoyenne.

ÉPARGNE, FINANCE, ASSURANCE

L’Economic Briefing No 12 du Credit Suisse s’intitule « La bancassurance : un

concept prometteur, sans être nouveau». Le service Economic Research fait

un tour d’horizon de la bancassurance, présente le marché et ses acteurs tout

en montrant ce que le rapprochement entre banques et assurances apporte

au marché des capitaux et aux investisseurs. Cette publication peut être com-

mandée au moyen du bon ci-joint.

48

ECONOMIC RESEARCH

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

R.G. Vous comptez donc sur la classe

moyenne en Russie ?

C.R. Oui. Cela peut sembler ridicule au-jourd’hui, mais nous voyons à long terme.Le concept de la prévoyance individuelleva gagner du terrain en Europe de l’Est eten Amérique latine. Pour ce qui est del’Asie, rappelons que la majorité de laclasse moyenne avait placé sa fortune enactions et s’est récemment retrouvée surla paille. Elle a perdu sa confiance aveugledans le marché des actions. Les solutionsde prévoyance équilibrées devraient doncdevenir plus attrayantes.

R.G. Le CREDIT SUISSE GROUP doit-il aussi

développer ses activités en Asie ?

C.R. L’acquisition de banques ou d’assu-rances permettrait d’exploiter des canauxde distribution bien rodés. Ces stratégiesd’expansion sont particulièrement intéres-santes pour les établissements financierset les sociétés de bancassurance qui privi-légient la diversification internationale.

R.G. : Revenons à la Suisse. Pouvez-vous dé-

crire les avantages de la bancassurance et

les clients potentiels ?

C.R. Les clients potentiels de la bancas-surance ne sont pas des ménages avec unrevenu moyen ne dépassant pas 5 000francs par mois. Avec une fortune demoins de 20 000 francs, je privilégierais,pour ma part, les liquidités. L’offre de ban-cassurance est intéressante pour les mon-tants plus élevés. Avec un conseil adé-quat, il est possible de tenir compte desfuturs besoins de couverture, de l’évolu-tion des revenus et de la fortune ainsi que

d’un éventuel recours à des fonds de tiers.Or ce conseil est l’un des atouts de labancassurance.

R.G. Et dans quels domaines pourrait-on

enregistrer des plus-values ?

C.R. La croissance devrait, à mon avis,rester limitée dans le domaine de la pré-voyance individuelle, compte tenu de larépartition actuelle des revenus et desinvestissements effectués dans les pre-mier et deuxième piliers. D’éventuellesréformes des systèmes de santé et de re-traite pourraient offrir de nouveaux poten-tiels si la prévoyance santé et vieillesseétait assumée davantage par les citoyens.Et les synergies entre banques et assu-rances se traduiront certainement par deséconomies.

R.G. Les clients en profiteront-ils ?

C.R. Les entreprises clairvoyantes rever-seront une partie de ces économies à leursclients. Et du fait de l’intensification de laconcurrence sur le marché, non seulementles prix baisseront, mais de nouvelles pres-tations de services éveilleront des besoinschez les clients et ouvriront de nouvellesperspectives de marchés.

CESARE RAVARA, TÉLÉPHONE 01 333 59 12

[email protected]

BULLETIN|ONLINE

INFORMATIONS SUR LE THÈME DE

LA BANCASSURANCE :

WWW.CREDIT-SUISSE.CH/BULLETIN

Page 49: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

NOS PRÉVISIONS POURLES MARCHÉS FINANCIERS

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9949

ECONOMIC RESEARCH

TAUX DE CHANGE:

LÉGER REPLI DU DOLLARLa vigueur de l’économie américaine a entraîné un raffermisse-ment du dollar face à l’euro et au franc. Mais l’Europe reprenantdes forces, le dollar devrait se replier légèrement l’an prochain.La reprise attendue au Japon continuera de faire affluer les capi-taux. Et le yen s’appréciera en raison de la demande croissantepour la devise japonaise.

MARCHÉ OBLIGATAIRE :

PRESSION SUR LES TAUXConsidérées comme des placements sûrs, les obligations d’Etatde premier ordre verront probablement leurs taux reculer avant lechangement de siècle. L’an prochain, les rendements devraienttoutefois remonter à leur niveau précédent en raison de la soliditéde la croissance.

MARCHÉ MONÉTAIRE :

PAS DE HAUSSES DES TAUXLa Fed américaine et la Banque centrale européenne ont relevéleurs taux directeurs en novembre dernier. D’autres hausses destaux peuvent donc être exclues. En Grande-Bretagne, l’inflationcontinuera à diminuer avant de redémarrer avec la forte croissanceprévue pour l’an 2000 – d’où la possibilité de nouvelles interven-tions sur les taux dans ce pays.

BOURSE SUISSE :

LE MARCHÉ SUISSE SE RESSAISITLe nouvel élan économique en Europe et en Suisse donnera surtout une impul-sion aux valeurs cycliques. Mais les autres secteurs devraient aussi profiter del’évolution positive prévue à Francfort, Paris et Londres. Une reprise est égale-ment attendue pour le marché suisse des actions, même si les gains prévusrestent inférieurs à ceux de l’Europe.

PrévisionFin 98 11.99 3 mois 12 mois

Suisse 1,41 1,86 1,8 2,2Euro 11 3,24 3,45 3,2 3,2Grande-Bretagne 6,26 5,90 5,9 6,4Etats-Unis 5,07 6,11 5,8 5,8Japon 0,54 0,32 0,2 0,5

PrévisionFin 98 11.99 3 mois 12 mois

CHF/EUR* 1.61 1.60 1.59 1.62CHF/GBP 2.28 2.55 2.48 2.57CHF/USD 1.37 1.58 1.51 1.45CHF/JPY 1.22 1.55 1.44 1.45Or USD/once 288 297 300 330Or CHF/kg 12765 15141 14605 15346*Cours de conversion: DEM/EUR 1.956; FRF/EUR 6.559; ITL/EUR 1936

PrévisionFin 98 11.99 3 mois 12 mois

Suisse 2,49 3,46 3,4 3,4Allemagne 3,87 5,20 5,1 4,9Grande-Bretagne 4,36 5,29 5,6 5,7Etats-Unis 4,65 6,08 5,9 5,8Japon 1,88 1,89 2,1 2,7

1997 1998

Allemagne DAX

Indice de janvier 1995 = 100

Grande-Bretagne FT-SE 100Suisse SMIEtats-Unis S&P 500

250

300

350

200

150

100

501999 2000

Japon NIKKEIPrévision

BOURSES INTERNATIONALES :

L’EUROPE GAGNE DU TERRAINL’accélération de la croissance économique en Europe entraînera probablementune progression des bénéfices des entreprises. Il faut toutefois s’attendre à unetendance inverse pour le marché américain des actions. La performance desBourses européennes devrait donc être supérieure à celle des Bourses améri-caines.

PrévisionRapport Rende-cours/ Croissance ment sur

Fin bénéf. bénéficiaire dividende1998 11.99 1999 1999 2000 1999 12 mois

SPI global 4497 4850 20,3 24,1 10,4 1,58Industrie 6178 6506 24,2 7,6 13,9 1,07

Machines 2061 2479 13,9 44,6 11,0 2,46 ••Chimie/pharmacie 11765 11909 27,0 23,9 7,5 1,02 ••Construction 2680 3529 19,3 15,3 7,4 1,28 ••Alimentation 5448 5320 25,4 0,7 12,0 1,60 •••Electrotechnique 2775 4247 19,1 6,3 17,4 2,20 •

Services 3058 3423 16,9 37,8 8,1 1,98Banques 3100 3675 15,7 91,3 –1,5 2,47 ••Assurances 5817 5355 17,2 14,2 13,8 1,63 ••Commerce de détail 972 1162 14,1 17,9 23,2 2,55 •••Transports 1752 1665 11,3 –8,5 12,7 1,23 ••

• Performance inférieure à la moyenne•• Performance du marché

••• Performance supérieure à la moyenne

Page 50: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

Echafaudé en catimini par une poignée devolontaires en décembre dernier, l’ambi-tieux projet a très vite trouvé de nombreuxadeptes. Petits et grands, jeunes et vieux, coureurs invétérés et sportifs dudimanche, ils ont tous retroussé leursmanches, sauté dans leurs baskets etaccompli un véritable parcours du com-

battant. Sous l’œil attentif d’experts de lacourse, de médecins sportifs et de spé-cialistes de la nutrition, ils ont subi un en-traînement de choc avec pour seul objec-tif de participer au marathon annuel deBig Apple, le 7 novembre 1999.

Au désir de réaliser une performancepersonnelle s’est ajoutée la volonté de

50 CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

74 COLLABORATEURS DU CREDIT SUISSE ONT COURU LE MARATH

MARATHOND

Page 51: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

servir une bonne cause. Yvonne Antoniolli,qui dirige les modules clientèle individuelletels que le Cash Service à Zurich, s’estinvestie corps et âme dans ce projet :« Nous avons soudain eu l’idée d’avoir re-cours au sponsoring, raconte-t-elle aprèscoup. Chaque coureur aurait pour missionde trouver ses propres sponsors, chargés

de le récompenser pour ses performances– en espèces sonnantes et trébuchantes. »L’idée a fait son chemin : les coureurs ontréuni quelque 55 000 francs, une sommeque le Directoire du CREDIT SUISSE agénéreusement arrondie à 100000 francs.Et cet argent sera versé à la commune deBürglen, dans la vallée de Schächen, qui

a été dévastée par les intempéries du prin-temps.

Pour les 74 coureurs en tout cas, lemarathon de New York restera une expé-rience unique. Ce qu’ils y ont vécu n’a pas de prix. Les photos parlent d’elles-mêmes.TEXTE : BETTINA JUNKER

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9951

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Page 52: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

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Page 53: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9953

FORUM

LE MARATHON DES SUPERLATIFS

Le plus célèbre des marathons a aussi des allures de grande parade, où la nostalgie le dispute au burlesque

et à l’extravagance. Parmi les coureurs se trouvaient entre autres deux Blues Brothers, une girafe de plus

de deux mètres, une «wonder woman» toute vêtue de strass et de paillettes et un Oncle Sam arborant

fièrement les couleurs américaines. A l’ère de la communication permanente, l’anecdote qui a circulé après

le marathon ne surprendra plus personne : au kilomètre 18, le portable d’une marathonienne s’est soudain

mis à sonner. La jeune femme a décroché : «Oui maman, je vais bien. Non maman, je n’en fais pas trop.

Mais oui, je te raconterai tout. A plus tard maman. » Aujourd’hui, les marathoniens sont également équipés

de baladeurs ou de dictaphones pour enregistrer toutes leurs impressions. On peut se demander si les

soupirs, les gémissements, les jurons et autres signes d’épuisement sont aussi sur la bande ? Un des plus

beaux records est celui établi par Zoe Koplowitz, qui malgré sa sclérose en plaques a couru le marathon

pour la treizième fois et franchi la ligne d’arrivée au bout de trente heures.

LES CHIFFRES DU MARATHON

– 29995 coureurs de 114 pays différents

– 10000 coureurs internationaux

– 2 millions de spectateurs

– 70 millions de téléspectateurs

– 1750 assistants médicaux

– 200000 gobelets d’eau minérale

– 83270 litres de Gatorade

– 80% des coureurs avaient plus de 30 ans ; un d’entre eux avait même plus de 90 ans

– –2° C : température minimale pour un 7 novembre à New York ; 26° C : température maximale

– 11353284 dollars dépensés par les coureurs, les invités, les sponsors ou les médias pour le marathon.

A quoi s’ajoutent 13400000 dollars de frais de transport nationaux et internationaux.

Page 54: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

54 CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

L’ÉDITEUR DE LOGICIELS NOVASYS LE PROUVE: UNE PMEPEUT AUSSI S’AFFIRMER FACE À LA CONCURRENCE MONDIALE.

PAR ANDREAS THOMANN,RÉDACTION BULLETIN

SES LOGICIELS FONT

ÉGALEMENT FUREUR

À L’ÉTRANGER :

JEAN-CLAUDE MOULY,

PATRON DE LA

SOCIÉTÉ NOVASYS SA.

UNE PETITE ENTRE-PRISE AVANCE À PAS DE GÉANT

Page 55: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

La poignée de main ferme trahit l’an-cien sportif de haut niveau. Jean-ClaudeMouly, directeur de la jeune société d’édi-tion de logiciels Novasys, à Lausanne, aété champion genevois de judo. Aupara-vant, il pratiquait le crawl au sein del’équipe suisse espoirs. Il ne lui viendraittoutefois pas à l’idée de se targuer de cepalmarès. Jean-Claude Mouly prône lamodestie. Une veste classique, la cravateun peu de travers, les cheveux légèrementébouriffés, le front déjà quelque peu dé-garni : c’est ainsi qu’apparaît ce Fran-çais qui a grandi à Genève. Tel patron,telle entreprise. Novasys est installée autroisième étage d’un immeuble commer-cial grisâtre du type « années 70 ». Inutilede chercher du marbre, la patte d’unstyliste ou de l’art moderne en entrant. Sicertaines pièces n’étaient pas passable-ment encombrées d’ordinateurs et si lesarmoires ne débordaient pas de câbles etd’autres accessoires, on se croirait dansun office de l’administration publique.

Mais tout cela n’est que l’expressiond’une certaine modestie. Novasys est uneperle parmi les producteurs suisses d’in-formatique. Des clients tels que HewlettPackard, Swisscom ou la Banque natio-nale suisse ont déjà fait appel à sesservices. Quelle qu’ait été la diversité ou

la complexité de leurs demandes, Novasysa su jusqu’ici y répondre (voir ci-dessousle portrait de la société). Ce qui n’est pasune mauvaise performance pour une PMEmise sur orbite voici deux ans seulement.Certes, Novasys n’a pas commencé àzéro. Elle est le fruit de l’essaimage dugéant de l’informatique Unisys. Fin 1996,Unisys décidait de renoncer au dévelop-pement de logiciels pour se recentrer surson métier de base, la fabrication d’ordi-nateurs. L’entreprise aurait ainsi baissépavillon en Romandie.

Un départ qui s’est révélé payant

« Dommage, s’est dit Jean-Claude Mouly,alors responsable de la Suisse romandechez Unisys. Nous étions une bonneéquipe, avec de bons produits et desclients satisfaits. » Jean-Claude Mouly dé-cida de regrouper les activités romandesd’Unisys au sein d’une nouvelle société.L’idée de Novasys était née. C’est alorsque commença le processus complexe dedétachement de la maison mère. Commese souvient Jean-Claude Mouly : « Il a fallu284 jours de négociation avant de pouvoirse lancer. »

Le saut dans l’indépendance s’estrévélé payant. « Novasys a dégagé unrésultat positif dès la première année. Et

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9955

L’éditeur de logiciels lausan-nois Novasys SA est né le 15 juillet 1997 de l’essai-mage du géant américain del’informatique Unisys. Aprèsavoir démarré avec uneéquipe de quinze collabora-teurs, l’entreprise occupemaintenant 35 personnes.Fin 1998, Novasys reprenaitla société français ADSM àAnnecy, qui est spécialiséedans l’informatique médicale.En avril dernier, elle renforçaitsa position dans le domaineInternet/Intranet en intégrant

la société lausannoise Manda-net. Novasys compte aujour-d’hui quelque 200 clients,dont plusieurs grandes entre-prises, des hôpitaux et desadministrations publiques. Elle propose un large éventailde solutions logicielles répar-ties entre les quatre secteursd’activité suivants:

– Systèmes d’informa-tions géographiques (SIG) :Ce secteur génère près de lamoitié du chiffre d’affaires de Novasys. La société déve-loppe des solutions spéci-

nous avons gagné beaucoup de nouveauxclients », explique Jean-Claude Mouly.Cela n’a toutefois pas été simple. Le prin-cipal défi a été d’assurer en permanencela liquidité. Car, dès le départ, il y avaitquinze salaires à payer. De plus, les ren-trées d’argent n’étaient pas régulières.Certains projets nécessitaient une longuephase de développement. D’où l’impor-tance d’une bonne relation avec sabanque, comme le souligne Jean-ClaudeMouly : « A l’heure actuelle, une PME abesoin de lignes de crédit. »

Les bonnes relations bancaires devien-nent primordiales lorsqu’une PME est enexpansion, comme Novasys. L’entreprisea connu un développement soutenu dès le début. Les effectifs sont passés de 15à 35 employés. De nouveaux domaines,ainsi Internet et Intranet, sont venuss’ajouter aux activités initiales, où la posi-tion a été renforcée. Cependant, Jean-Claude Mouly et son équipe ont portéd’emblée leur regard au-delà des fron-tières. Novasys a réussi son premier coupavec l’Union des Médecins en France, uneassociation regroupant 5 000 médecins etpour laquelle la société a développé unproduit pour le traitement des donnéesmédicales. Ensuite, des contrats ont étéconclus avec onze autres associations

NOVASYSSEPRÉSENTE

fiques à partir de logicielsstandard tels que le systèmede positionnement par satel-lites GPS. La société de télé-communications Orange apassé une des commandesles plus récentes, portant surl’Intranet destiné aux 300 col-laborateurs de son centred’appel. Désormais, l’agentde centre d’appel n’a plusqu’à saisir l’adresse du clientqui souhaite connaître la cou-verture assurée par les an-tennes radiotéléphoniquesd’Orange à son domicile k

SERVICE : MONDIALISATION

Page 56: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

françaises intéressées par ce produit. Fin1998, Novasys prenait réellement pied enFrance en acquérant l’éditeur de logicielsADSM à Annecy, une PME spécialiséedans le domaine médical.

C’est alors que Novasys s’est vérita-blement muée en une PME à vocation in-ternationale, faisant ainsi son entrée dansun club très sélect. En effet, la plupart desPME suisses sont axées sur le marchédomestique. Selon le recensement desentreprises effectué en 1995 par l’Officefédéral de la statistique, pas plus de 14%des PME écoulent une partie de leursproduits à l’étranger. Et 3% seulementexportent plus des deux tiers de leur pro-duction. « Maintenant que la crise écono-mique est surmontée, de plus en plus dePME s’orienteront à nouveau vers l’étran-ger », estime toutefois Christian Gut, res-ponsable Financement du commerce etdes exportations au CREDIT SUISSE. AuCREDIT SUISSE, justement, les PME gé-nèrent tout de même un tiers des revenusréalisés avec la clientèle commercialeinternationale. La banque propose un beléventail d’instruments de couverture. Enoutre, ses experts en financements com-merciaux mettent à la disposition des PME tout leur savoir-faire en matière d’af-faires internationales. « En effet, nombre

56 CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

AIDE DU CRÉDIT SUISSE POUR SE LANCER DANS L’INTERNATIONAL

Des questions à propos du négoce international? Au CREDIT SUISSE, vous

êtes à la bonne adresse. Les huit Trade Finance Service Centers à Genève,

Lausanne, Berne, Bâle, Saint-Gall, Zoug, Lugano ou Zurich renseignent les

PME sur les solutions proposées pour couvrir les risques inhérents au com-

merce avec l’étranger. Une hotline gratuite, 0800 880 885, est également à la

disposition des entreprises. De plus, la banque organise régulièrement des

séminaires de base consacrés aux financements commerciaux (renseigne-

ments auprès de Stefan Surber, téléphone 01 332 29 99).

de PME sont, par essence, peu expéri-mentées dans la manière de se mouvoirsur les marchés mondiaux », ajoute Chris-tian Gut (voir encadré ci-dessus).

Autres pays, autres règles

Novasys l’a elle aussi appris à ses dépenslors de ses premiers essais en France,reconnaît Jean-Claude Mouly : « Sur lemarché hexagonal, les lois ne sont pas lesmêmes. Dans les hôpitaux français, lesvoies de décision sont encore pluslongues qu’en Suisse, si bien que lesventes mettent du temps à aboutir. Lesbesoins sont également différents. » Ainsi,il n’a pas été possible jusqu’ici d’approvi-sionner à partir de l’Hexagone les mar-chés suisse et français et de tirer parti descoûts de production plus bas en France.Un autre champ d’action international deNovasys est même au point mort : il y a un

peu plus d’un an, un projet pour la locali-sation et la gestion des véhicules lors desJeux olympiques 2000 à Sidney a été ad-jugé à la société. Or il ne s’est plus rienpassé depuis lors.

Jean-Claude Mouly n’est pas du genreà se laisser détourner de ses projets parde telles difficultés. Ce yachtman amateurmaintient résolument le cap sur l’étranger.A son avis, le segment Internet recèle le plus fort potentiel : « Nous proposons dans ce domaine des produits standardi-sés. » Le jeune entrepreneur ne s’accordepas de répit. « Dans un domaine où toutest éphémère, nul ne peut se permettre de faire du surplace. » Rien d’étonnant,dans un environnement aussi versatile,que le capitaine lui-même ne soit pas enmesure de dire dans quelles eaux natio-nales et internationales sa PME navigueraà l’avenir.

Générales LBG SA, unegrande société établie à Yver-don et à Montreux, et traitantchaque jour quelque 22 tonnes de linge hospitalier,avaient par exemple besoind’une telle solution. Novasysa programmé un logiciel quicouple la comptabilité, lescommandes et la facturationaux installations de lavage.

– Internet/Intranet/multimédia : ce domained’activité est celui qui connaîtle développement le plusrapide ; en effet, Novasys est

de plus en plus souventappelé à intégrer Internet ouIntranet dans les applications.Outre les solutions spéci-fiques, la société propose desproduits standard. I-Set, unoutil modulaire avec lequel leclient peut réaliser son propresite Internet sans connais-sances informatiques préa-lables, pourrait devenir unvéritable best-seller. Avec laversion de luxe, il permetmême la création d’un véri-table « stand » pour le com-merce électronique.

ou à son lieu de travail : unecarte routière détaillée appa-raît alors en deux secondes à l’écran, avec les indicationsconcernant la couverture of-ferte aux différents endroits.

– Santé : Novasys conçoit,principalement pour lesétablissements hospitaliers,des solutions informatiquesreliant la gestion administra-tive et les aspects médico-techniques. Ainsi, la société a créé de toutes pièces unlogiciel qui permet de réunirdans un dossier les différents

traitements, analyses etordonnances d’un patient.Lorsque ce dernier quittel’hôpital, le document de sor-tie est transmis automatique-ment au médecin traitant, quile reçoit le jour même. Désor-mais, tous les hôpitaux deHaute-Savoie sont équipés de ce logiciel.

– Intégration de sys-tèmes : ce segment recouvredifférentes solutions logi-cielles sur mesure qui n’en-trent dans aucune autrecatégorie. Les Blanchisseries

Page 57: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

ANDREAS THOMANN Cette année, l’étude

SOPHIA s’est penchée sur l’attitude des

Suisses face à la mondialisation. Quel

principal enseignement en tirez-vous ?

MARIE-HÉLÈNE MIAUTON Le sentiment, lar-gement répandu dans la population, que lamondialisation est un phénomène inéluc-table. Cependant, j’ai surtout été surprisepar la confiance des leaders d’opiniondans l’avenir. Les deux tiers d’entre euxestiment vivre une époque passionnante ;ils n’étaient que 35% à le penser en1997. Malheureusement, la populationdans son ensemble est moins enthou-siaste : les optimistes et les pessimistess’équilibrent.

A.T. A quelles catégories de la population

appartiennent ces deux camps ?

M.-H.M. L’étude ne fournit une réponseconcrète que pour les leaders d’opinion :en exagérant un peu, on peut dire que leschefs d’entreprise, les partis de droite etles Suisses allemands sont beaucoup plusoptimistes que les hommes politiques, lagauche et les Romands.

A.T. D’une manière générale, les résultats

traduisent toutefois un grand scepticisme,

même sur le plan économique : 41% de la

population pense que la Suisse est plutôt

mal préparée à affronter le défi mondial

tandis que 33% seulement est persuadée

du contraire. C’est quand même étonnant.

M.-H.M. En effet, d’autant plus que laSuisse occupe régulièrement les pre-mières places dans les études sur la com-pétitivité internationale. Or, ni les politi-ciens ni les médias ne font grand cas deces résultats. La population n’est pas suf-fisamment informée. L’impact des nou-

velles concernant les fusions, les licencie-ments ou le chômage n’en est que plusfort.

A.T. Dans le domaine culturel, les préjugés

sont encore plus grands. La majorité des

leaders d’opinion interrogés craignent une

américanisation de la société. De quoi ont-

ils peur exactement ?

M.-H.M. Ils appréhendent une uniformisa-tion des habitudes de vie – culinaires, cul-turelles ou sociales. Néanmoins, nombred’entre eux soulignent également les bonscôtés de l’« American way of life ». Cesgens sont convaincus que nous devonscultiver nos valeurs afin de contrer cer-tains excès venus d’outre-Atlantique.

A.T. La majorité des personnes interrogées

s’attendent par ailleurs à ce que la mon-

dialisation accentue les inégalités au sein

de la société. Elles craignent également

une augmentation de la criminalité. Face

à tant de pessimisme, la confiance des

leaders d’opinion dans l’avenir évoquée en

introduction ne manque pas d’étonner.

M.-H.M. En effet, ce constat surprend.Les leaders d’opinion accordent toutefoisplus de poids aux aspects positifs : la mon-dialisation fait aussi souffler un vent nou-veau sur notre système, engendre uneouverture extraordinaire sur la planète,permet la confrontation avec d’autrescultures. Et ce phénomène inéluctablenommé mondialisation contraint la Suisseà adapter ses structures et ses mentalités,un changement que les leaders appellentde leurs vœux depuis longtemps.

A.T. L’an dernier, l’étude SOPHIA était con-

sacrée à la cohésion nationale en Suisse.

Y a-t-il un lien entre la « barrière de rösti » et

l’attitude face à la mondialisation ?

M.-H.M. L’enquête de l’an dernier a mon-tré que les Suisses avaient toujours foidans le ciment qui unit notre pays. Lamondialisation n’a donc pas entraîné unedésagrégation rampante.

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9957

SERVICE : MONDIALISATION

«CE SONT LES ROMANDS QUI CRAIGNENTLE PLUS LA MONDIALISATION»

ENTRETIEN AVEC MARIE-HÉLÈNE MIAUTON,

DIRECTRICE DE L’INSTITUT D’OPINION M.I.S. TREND

POUR SOPHIA, LA MONDIALISATION EN LIGNE DE MIRE

L’institut M.I.S. Trend se penche pour la neuvième fois sur l’attitude de la po-

pulation suisse face à des questions d’actualité. Le CREDIT SUISSE soutient

depuis 1998 ce sondage qui porte le nom grec de Sophia, synonyme de

sagesse. Cette année, SOPHIA avait la mondialisation en ligne de mire. L’opi-

nion de 353 décideurs issus des milieux de l’économie, de l’administration,

de l’éducation, de la politique et de la culture a été recueillie en avril dernier

au moyen d’un questionnaire. De plus, les enquêteurs ont interrogé un échan-

tillon représentatif de la population. Marie-Hélène Miauton, qui dirige M.I.S.

Trend, a présenté les résultats le 28 septembre dans le cadre de « Perspec-

tives », une manifestation du CREDIT SUISSE à l’intention de la clientèle com-

merciale romande. L’étude SOPHIA peut être obtenue en français ou en

allemand auprès de : M.I.S. Trend SA, Pont Bessières 2, 1005 Lausanne,

téléphone 021 320 95 03.

Page 58: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

58 CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

C’était l’âge d’or des années50. Pour faire chic, on arbo-rait au bord du lac un sac bleumarqué « Swissair », on sirotaitun Martini devant une tableharicot, on prenait son« lunch » au « tea-room », oùl’on dégustait un riz casimir, et à Noël, on mangeait del’ananas au dessert. On sesentait suprêmement cosmo-polite. Côté musique, le gra-mophone portatif distillait lesairs languissants de HarryBelafonte, « Banana Boat » et « Island in the Sun » – labande-son du nouveau ci-toyen du monde, les signesavant-coureurs de la « worldmusic ».

Depuis toujours nousmangeons des pommes deterre, sans penser qu’elles

sont originaires du Pérou ; il y a belle lurette que noustéléphonons à Johannesburg ;et aujourd’hui, des informa-tions venant du monde entiers’affichent en quelquessecondes à l’écran. Nous por-tons des sous-vêtementsfabriqués en Egypte et utili-sons des logiciels program-més en Inde, mais nosesprits, nos cœurs et nossens ignorent tout de cesrégions du monde qui nousrestent totalement étran-gères.

L’électronique grand publica donné des dimensions nou-velles et réellement plané-taires à la musique qui, mieuxque tout autre véhicule, peuttransmettre une ambiance,des sensations et des idées.Grâce à la radio, au gramo-phone et à tous les médias

modernes qui se sont déve-loppés ensuite, la musique a connu non seulement unediffusion extraordinaire, maisaussi des métamorphosesfondamentales. Il est évidentque pour les musiciens ou lescompositeurs, chanter unechanson à une kermesse oudans une église et atteindredes millions d’auditeurs par la radio sont deux chosestotalement différentes. Il fautaussi se rendre compte qu’unmicrophone peut hisser à laplus grande notoriété une voixen elle-même si faible quepersonne ne l’entendrait sanscette béquille technique. Celasignifie que le travail de la voixet le « métier » au sens clas-sique ont quasiment disparu.Autre évolution qui s’est révé-lée essentielle : les influencesqu’exercent les uns sur les

autres des styles qui, par leseul contact personnel, ne seseraient jamais rencontrés.

Naturellement, les popula-tions se sont toujours dépla-cées, entraînant un brassagede leurs musiques. L’écos-saise et la polka, comme leurnom l’indique, ne sont certai-nement pas nées en Suisse.Et l’on sait que les styles po-pulaires américains, du dixie àla samba, proviennent essen-tiellement de musiques afri-caines auxquelles les esclavesimportés restaient profondé-ment attachés. Mais lesmédias électroniques ontdécuplé, accéléré et influencéces développements anciensà leur manière.

Prenons par exemple la rumba. C’est surtout enAfrique que ce style senomme ainsi. A Cuba, sa

BRISE-GLACEDES RYTHMES ET UNE MUSIQUE D’AILLEURSPOUR RÉCHAUFFER LE CŒUR

PAR MARIANNE BERNA

HABIB KOITÉ

Page 59: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

« «UNE MUSIQUE ÀLAQUELLE LES ESCLAVESRESTAIENT ATTACHÉS»

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |9959

« terre d’origine », on lui don-nerait plutôt le nom de « son »,qui désigne un genre dont la rumba n’est qu’une sous-catégorie assez insignifiante.«Terre d’origine » entre guille-mets, parce que la populationautochtone de Cuba était déjàexterminée cent ans aprèsChristophe Colomb et que lamusique cubaine a de toutefaçon été importée par desimmigrés, venus pour laplupart d’Afrique. Le restevenait d’Europe, plus particu-lièrement d’Espagne. LesEspagnols, étant les maîtres,avaient un impact domi-nant sur la scène musicalecubaine.

Mais les esclaves d’origineafricaine, qui constituaient lagrande majorité de la popula-tion, ont dans l’ensembleimposé leurs idées complexeset fort vitales de la musique.De fait, il existe à Cuba,comme à Haïti et au Brésil,des îlots culturels, notammentdes cultes religieux, où lescérémonials africains ontsubsisté, langues comprises,sous une forme disparue enAfrique depuis longtemps.

C’est donc à partir d’élé-ments africains et espagnolsque se sont développés àCuba le « son » et donc larumba, parmi d’innombrables

autres musiques. Lorsque, audébut du siècle, les premiersgramophones apparurentdans l’Afrique colonisée defraîche date, la nouvelle élite« indigène » se rua sur cetteconquête de la civilisation.Car en Afrique la musique estau cœur de la vie. Et de Dar-es-Salaam à Dakar, larumba devint le genre préféréde ces Africains enchantés de leur bel équipementmoderne. D’une certaine ma-nière, la musique cubaineétait suffisamment « nouvelle »et exotique pour plaire auxélites. Parallèlement, l’Afriquereconnaissait ses propresracines, qui lui facilitaient l’ac-cès à l’exotisme. C’est ainsiqu’à partir des années 30,des générations entièresd’Africains ont dansé auxrythmes d’orchestres cubains,qui aimaient à faire des tour-nées fréquentes en Afrique,rencontrant un immensesuccès. Les idées d’indépen-dance amenèrent les Africainsà s’essayer eux-mêmes à larumba. Au début des années50, les premiers instrumentsélectriques pénétrèrent en

la tournée africaine de JamesBrown en 1968) ; le reggaeest revenu de la Jamaïque, lezouk des Antilles françaises,et de nos jours la jeunesseafricaine s’adonne avecfougue au rap, souvent dansles plus pures traditions.

Dans le cas de la rumba,les Africains ont acquis unefabuleuse maîtrise et crééleurs propres variantes,celles-ci étant si fantastiquesqu’elles ont de nouveau étéreprises par l’Amérique. Lecélébrissime Latino Juan LuisGuerra, originaire de la Répu-blique dominicaine, a parexemple engagé il y a cinqans le grand guitariste congo-lais Diblo Dibala, qui lui aaussitôt composé plusieurssuper-hits en les animant deson jeu inimitable. Mais leplus beau mariage transatlan-tique a eu lieu il y a un an :l’Orquesta Aragón, très hono-rable formation cubaine devétérans, a sorti un rumba-song en wolof ! Le wolof estla langue principale du Séné-gal, où la rumba était, il y ades décennies, encore pluspopulaire que dans le reste del’Afrique et où elle connaîtdepuis quelques années unréel renouveau.

Parmi les principaux ac-teurs de ce renouveau : legroupe Africando, composé

MARIANNE BERNA EST JOURNA-

LISTE MUSICALE ET TRAVAILLE

NOTAMMENT POUR RADIO DRS

Afrique, où des musiciens trèstalentueux se mirent à créerune musique pop moderne àpartir de leurs traditions an-cestrales et de la vieille rumbamétissée. On commença parchanter en espagnol, mais leschéma de la rumba s’enrichitbientôt d’éléments locaux deplus en plus nombreux, puisd’autres courants tels que le rock, le jazz ou la musiqueindienne très présente enAfrique orientale. Aujourd’hui,la musique populaire africainese présente comme une vastemosaïque dont des pansentiers proviennent en lignedirecte du « son » cubain. Maisce dernier a été presque par-tout si typiquement « intégré »qu’il n’est perceptible que parles connaisseurs ; par contre,les origines immédiates sont souvent clairement iden-tifiables.

On a observé plus tard uneévolution semblable pour le calypso, qui a laissé destraces dans la région dite« Côte-de-l’Or ». Puis sont ap-parus le soul et le funk (après

AFRICANDO

SAM MANGWANA

PAPA WEMBA

Page 60: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

de quelques chanteurs séné-galais chevronnés, avec dessalseros venant d’autres ré-gions de l’Afrique occidentaleet de New York. Dans leurrépertoire, quelques clas-siques cubains comme « ElCarretero », mais surtout denouveaux morceaux de cerumba-swing typiquementsénégalais porté à la perfec-tion par les musiciens deDakar dans les années 60 et70. Un peu plus tard, ils enont fait le « mbalach », devenuaujourd’hui la musique popsénégalaise par excellence.Le fait que l’ensemble Afri-cando et la chanson «YayeBoy » aient fait un tabac nonseulement en Afrique occi-dentale et dans les milieux dela world music, mais aussichez les salseros « authen-tiques », c’est-à-dire enAmérique latine, et chez lesLatinos aux Etats-Unis estdéjà assez remarquable. Ce qui émanait autrefoisd’Afrique avait été recyclé àCuba, était retourné enAfrique pour y refleurir etrevenait finalement enAmérique. Mais l’OrquestaAragón cubain couronna cesallées et venues en prenant«Yaye Boy » dans son réper-toire et en le chantant enwolof, sa langue ouest-africaine d’origine.

L’histoire de la musique –comme celle de l’humanité –est pleine d’épisodes éton-

nants de ce genre. Mais il y apeu de temps encore, seulsles ethnomusicologues s’y in-téressaient. Il est vrai qu’uneexpérience très personnelle,une sorte de clé, est néces-saire pour éveiller nos sens à des univers musicaux diffé-rents.

Beaucoup découvrirontcette clé lors d’un voyagedans un pays du tiers-monde.Une fois ou l’autre, on atterritplus ou moins par hasard auxCaraïbes, au Zimbabwe ouaux îles du Cap-Vert, où lepaysage vibre aux rythmes dela musique salsa, mbira oucoladera diffusée jour et nuit.Et si l’on n’est pas conquissur place, le coup de foudrevient souvent par la suite,encore plus violent. D’autres,après des décennies, trouventla musique pop occidentaleennuyeuse, le jazz trop céré-bral, et la musique classiqueeuropéenne surannée, et seretrouvent dans un coin quel-conque du monde musical oude la world music. Car il fautbien le reconnaître : comparéeau reste de l’univers – del’Inde à l’Amérique latine enpassant par l’Afrique –,

la musique occidentale estplus que primitive, surtout dupoint de vue rythmique. Un,deux, trois, quatre, et onreprend tous ensemble : on sedemande pourquoi les Euro-péens demeurent à ce niveau,déjà largement dépassé parles enfants un peu plus ausud ou à l’est. La polyrythmieouvre des dimensions toutesnouvelles, au niveau musical,mais aussi sur les plans spiri-tuel, social et naturellementcorporel. Chacun joue à sonpropre rythme, et même sou-vent à des rythmes différentsavec diverses parties ducorps ; il s’intègre ainsi à l’en-semble et le stimule par cetapport personnel. Mon pre-mier maître de danse et depercussion, le CongolaisLucky Zebila, parlait de « l’in-telligence du corps ». Il est vrai que le corps vibre sur denombreux rythmes simultané-ment et en fait un ensembleharmonieux.

Certains accèdent à laworld music par des voiesspirituelles. Les chants à sonsharmoniques de l’Asie cen-trale, par exemple, peuventprovoquer des transportsextatiques. Que des voixcomme celles du défuntmaître soufi Nusrat Fateh AliKhan suscitent la même

60

MAGAZIN

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

admiration en Occident qu’auPakistan, pays natal de cechanteur, n’étonne que ceuxqui n’ont jamais entenduNusrat.

Malgré son vaste public, le marché de la world musicn’est pas illimité. Il peut êtretrès lucratif, cela ne fait aucundoute. En général, le publicindigène de chacun desgenres écoute lui-même énor-mément de musique, particu-lièrement dans les pays dutiers-monde. A cela s’ajoutentcertains phénomènes commecelui de la rumba en Afrique,sans parler de la Jamaïque,où la musique reggae, expor-tée dans le monde entier, estla deuxième source de de-vises. Sur ces vastes mar-chés, le gros problème est lapiraterie. Dans les pays endéveloppement, il n’y a pra-tiquement pas de droitsd’auteur, et quand il y en a,personne ne s’en préoccupe.Les pirates peuvent donc entoute liberté s’enrichir auxdépens des musiciens et dessociétés de production. SiAlpha Blondy vend 1 000 nou-veaux albums sous licence en Afrique de l’Ouest, il s’envendra dans le même temps100 000 copies piratées quine rapporteront pas un cen-time à Blondy ni à la sociétéproduisant ses disques.

RACHID TAHA

SIERRA MAESTRA

ALPHA BLONDY

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SUISSE.CH/BULLETIN

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L’effondrement des écono-mies étatiques de l’Est aencore aggravé le problème,et les producteurs de disques,petits et grands, luttentaujourd’hui sur tous les frontscontre ce vol pur et simple.On ne sait trop ce que réservel’avenir. Pour le moment, leproblème de la diffusion demusique par Internet mériteune attention prioritaire, car la distribution gratuiteinstitutionnalisée est déjà enroute (que l’on songe auMP3).

La mondialisation est au-jourd’hui le terme le pluséculé qui soit. Elle suppose

que tous les problèmes dumonde soient mis au jour ; onm’inonde déjà d’« informa-tions » en térabits, qui ne meservent pas à grand-chose. Le « village global » n’est con-cevable que s’il a une dimen-sion qui parle aux sens. Labande-son d’un grand filmindien, les chants des adver-saires de l’apartheid, ceuxdes femmes qui stimulent leslutteurs sénégalais, ou leromantisme hors-la-loi desformations mexicaines etcolombiennes qui glorifient lespatrons locaux de la drogue –tout cela en dit plus que tousles térabits.

LES SUGGESTIONS DE MARIANNE BERNA

En route pour les vacances :

«Afro-Latino», Putumayo. Album riche de nombreux

succès de rumba africaine.

Pour les moments de recueillement :

Nusrat Fateh Ali Khan & Michael Brook «Night Song»

(Pakistan, 1996). Nusrat avait le don de combiner le

soufi-qawwal religieux avec les méthodes de produc-

tion occidentales.

Pour les jours de blues :

Cesaria Evora « Café Atlantico » (Cap-Vert, 1999). Nul

autre que «Cize » n’a chanté d’une manière à la fois

si ingénue et si raffinée, et sa musique où se retrou-

vent le Portugal, le Brésil, l’Afrique et Cuba a le goût

de miel…

Pour se distraire du quotidien :

Kali « Débranché » (Antilles françaises, 1995). Kali

chante le reggae en français, joue du banjo et pétille

de charme, d’esprit et de musicalité.

Pour les occasions spéciales :

Sam Mangwana «Galo Negro» (Congo-Angola, 1997).

Vétéran chevronné des ensembles les plus célèbres,

dans cet album une fois de plus chanteur-auteur des

sons subtils – rien à voir avec l’ambiance des pistes

de danse. Superbe accordéon.

Pour aller au travail :

Alpha Blondy « the best of » (Côte d’Ivoire). Meilleur

reggaeman d’Afrique depuis 1983 – avec une série

de chansons triées sur le volet. Irrésistible.

Après un bon repas :

Sierra Maestra «Tibiri Tabara» (Cuba, 1997). Le plus

pur «son» cubain actuel. Sur scène un des meilleurs

ensembles du monde, sur disque on ne s’en lasse pas.

En joyeuse société :

Viva la Musica & Papa Wemba «Nouvelle Ecriture »

(Congo RDC, 1997). Cette musique a aidé les Congo-

lais à survivre à trente-cinq ans de dictature corrom-

pue, et Wemba en est le génie. Ici dans la version

africaine beaucoup plus savoureuse (il joue aussi

sur des CD en «européen»).

Pour une soirée exotico-érotique :

Rachid Taha « Diwân » (Algérie-France, 1998). Ce

Franco-Algérien de la deuxième génération rend un

superbe hommage à ses ancêtres musicaux.

Pour un tête-à-tête :

Habib Koité «Ma Ya», Contre-Jour CJ003 (Mali, 1998).

Bien ancré dans la riche tradition du Mali, Koité y

ajoute de nouvelles dimensions. Guitare sublime,

belles chansons, petite formation de qualité.

DISQUAIRES OÙ TROUVER LA WORLD MUSIC

– Tropicana, Hohlstr. 52, 8004 Zurich, 01 242 95 61

– Haissam Music, musique arabe, Fabrikstr. 21, 8005 Zurich,

01 273 73 03

– Comedia, livres et CD, Katherinengasse 20, 9004 Saint-Gall,

071 245 80 08

– Be-Bop, Spitalgasse 36, 3001 Berne, 031 381 84 23

– Afrikana, rue de Berne 20, 1201 Genève, 022 731 74 82

– Musik-Forum Kantor, Weggisgasse 28, 6004 Lucerne,

041 410 34 80

– FNAC, 54, rue du Sauvage, Mulhouse, 0033 89 56 33 54

TROIS ADRESSES POUR LES FOUINEURS

– Comedia, livres et CD, Katharinengasse 20, 9004 Saint-Gall,

071 245 80 08

– World Music Network, 6 Abbeville Mews, 88 Clapham Park

Road, Londres SW4 7BX, UK, [email protected]

– www.Worldmusicland.com

Le CREDIT SUISSE invite souvent de grands artistes world à se

produire sur les scènes suisses. A ne pas manquer :

Credit Suisse World Series : Sapho, 15.04.2000, Zurich ;

Habib Koité, 13.05.2000, Zurich

Weltmusikwelt : ensemble Sivan Perwer, 10.02.2000, Zurich ;

Madamax, 29.02.2000, Zurich ; Alim Qasimov,

22.03.2000, Zurich ; Barden der Steppe, 04.05.2000, Zurich ;

Camane et Ana Sofia Varela, 22.05.2000, Zurich

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Le sport pour handicapés estsorti de l’ombre. Il ne se ré-duit plus à l’activité physiquede personnes qui veulentsoulager leur douleur. « Nousne sommes pas des handi-capés qui font du sport, maisdes athlètes qui suivent unentraînement de profes-sionnels », souligne JacquesBlanc, originaire du Valais,plusieurs fois médaillé olym-pique et champion du monde

de ski alpin. Il est aussi l’ex-entraîneur de Wendi Eberle,paraplégique, qui remporta lamédaille d’or en descente aux Jeux paralympiques deLillehammer en 1994 et celled’argent aux championnats du monde de slalom à Lechen 1996. A près de 44 ans,Wendi Eberle a de grandesambitions pour les prochainschampionnats du monde : « Il faut que je décroche une

MANIFESTATIONS SPORTIVESDU CREDIT SUISSE

JANVIER27.1–4.2 Championnats du

monde de ski pour handi-capés Handi 2000, ski alpin et ski nordique,Crans-Montana/Anzère

21 CREDIT SUISSE Coupe decourse d’orientation, Berne

FÉVRIER3–6 CSI Zurich, concours de saut,

Zurich (en salle)

MANIFESTATIONS CULTURELLESDU CREDIT SUISSE

JANVIER12 Jazz Recital, Al Di Meola –

Dino Saluzzi Duo, Zurich13 Jazz Classics Ticino,

Al Di Meola – Dino SaluzziDuo, Lugano

18 Jazz Classics Lucerne, CountBasie Orchestra, Lucerne

20 Jazz Classics Lausanne, Diana Krall Quartet, Lausanne

21 Jazz Classics Zurich, Diana Krall Quartet, Zurich

FÉVRIER1er Körper + Kleid, défilé de

mode réalisé par la classeMode & Design de l’écoled’arts appliqués de Bâle

10 Weltmusikwelt, ensembleSivan Perwer, Zurich

11 Jazz Classics Lausanne, Brad Mehldau Trio/Thierry Lang Trio, Lausanne

14 Jazz Classics Ticino, BradMehldau Trio, Bellinzone

AGENDA «NOUS NE SOMMES PAS DES HANDICAPÉS, MAIS DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU»

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médaille ! » Il veut absolumentremonter sur le podium, aprèsavoir vu s’envoler ses rêvesde médaille en 1998, lors desJeux paralympiques deNagano, suite à une chutebrutale en descente. Loind’avoir peur d’autres acci-dents graves à des vitessesatteignant les 100 km/h,l’ancien agriculteur commentesa participation aux cham-pionnats du monde « Handi-Ski 2000 » par ces mots : « On pourrait croire que lesport de haut niveau n’estplus de mon âge. » MaisWendi Eberle dispose del’équipement nécessaire

à de hautes performances :assis sur un ski doté d’unsystème amortisseur, il endirige le mouvement avec lethorax et répartit ainsi lesefforts physiques.

« En fait, j’ai l’impressiond’avoir vingt ans », dit WendiEberle qui, en hiver, s’en-traîne en partie seul. Depuisle mois de septembre, il parti-cipe en outre deux fois parmois à un entraînement dequatre jours avec son équipe.Entre le ski, la mise en con-dition et la théorie, ce sontfacilement douze heures detravail par jour. Mais c’estaussi l’occasion de rencontresintéressantes, par exempleavec des grands commeMichael von Grünigen, del’équipe nationale de ski alpin.« Pleins d’admiration mutuelle,nous apprenons l’un del’autre », ajoute Wendi Eberle,qui se sent parfaitement inté-gré dans sa discipline.

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BULLETIN

EditeurCREDIT SUISSE, case postale 100, 8070 Zurich,tél. 013331111, fax 013325555

RédactionChristian Pfister (direction), Andreas Thomann, Rosmarie GerberBULLETIN-online : Lukas Egli, Thomas Hauser, Thomas Ströhla, Daniele Carrozza Secrétariat de rédaction : Rosmarie Schultheiss, tél. 01 3337394, fax 01 3336404, adresse e-mail : [email protected], Internet : www.credit-suisse.ch/bulletin

Réalisationwww.arnolddesign.ch : Urs Arnold, Karin Bolliger, Adrian Goepel, Lukas Huggenberg, Annegret Jucker, Alice Kälin, Muriel Lässer, Esther Rieser, Bea Freihofer-Neresheimer (assistante)

Adaptation françaiseAnne Civel, Michèle Perrier, Nathalie Lamgadar, Sandrine Carret, Gaëlle Madelrieux

PhotographiePia Zanetti (titre, pp. 9–21, 29, 54–56, 58, 59 en bas), Isabelle Truninger (p. 4), Thomas Schuppisser (pp. 22, 42–46), Mathias Hofstetter (p. 3), Robert Huber, Lookat (pp. 50–53), Akwa Betote (pp. 59, 60), Olivier Vogelsang (p. 64), Iris Ritter (pp. 62, 63), Esther Rieser (pp. 2, 67), PhotoDisc (pp. 26, 30–33, 35, 36), Keystone Press (pp. 39–41)

AnnoncesCaviezel.Senn, Walter Caviezel, 8824 Schönenberg, tél. 01 788 23 00

Lithographie/impressionNZZ Fretz AG/Zollikofer AG

Commission de rédactionDaniel Mollet (Communication d’entreprise), Ruth Stadelmann (Relations médias),Fritz Stahel (Economic Research), Samuel Holzach (Marketing Services)

Paraît six fois par an en français et en allemand (105e année). Reproductionautorisée avec la mention «Extrait du BULLETIN du CREDIT SUISSE».

Changements d’adresseLes changements d’adresse doivent être envoyés par écrit, en joignant l’enveloppe d’expédition, à votre succursale du CREDIT SUISSE ou auCREDIT SUISSE, CISF 14, case postale 100, 8070 Zurich.

Les sixièmes championnats dumonde de ski pour handicapésauront lieu du 27 janvier au 4 février 2000 à Anzère et àCrans-Montana. Les épreuves de ski alpin (huit courses) sedérouleront à Anzère, et celles de ski nordique (16 courses) àCrans-Montana. Pour plus d’infor-mations, s’adresser au comitéd’organisation Handi-Ski 2000,avenue Ritz 31, case postale2085, 1951 Sion 2 Nord, télé-phone 027 321 20 00.

Avec le soutien de la Fondation du Jubilé du CREDIT SUISSE GROUP.

Mais où puise-t-il la force de réaliser de telles perfor-mances ? « C’est une questionde volonté et d’objectifs. Sans le sport, je serais réduità néant. Le mouvement, c’esttoute ma vie. » Il n’hésite pasà aller vers les gens, qui l’ac-ceptent tout aussi spontané-ment, comme un homme quise fond dans la société etoublie son fauteuil roulant. « A mon avis, rien n’est im-possible, et quand on ne peutpas faire quelque chose, il y a toujours quelqu’un pourvous aider », précise-t-il. Ilmet beaucoup d’espoir dansles championnats « Handi-Ski

2000 », d’autant qu’ils se dé-rouleront en Suisse. Si WendiEberle décroche une médaille– et pourquoi pas en or ? –, il revivra peut-être les instantsde bonheur qu’il avait connusen 1994, lorsque plus de3 000 personnes l’attendaientà son retour de compétition.« Cela m’avait profondémenttouché. Je me suis alorsvraiment senti comme unchampion, même dans monfauteuil roulant. »

TEXTE : RENÉ MAIER

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A Genève, après onze ansd’existence, le Musée interna-tional de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fait peauneuve. Nouveau directeur,nouvel espace, nouvelle philo-sophie. La Fondation du Jubi-lé du CREDIT SUISSE GROUPa été séduite par la demandede soutien d’un musée à lapointe de l’humanitaire, sou-

cieux de la sensibilité de cha-cun d’entre nous.Le regard profond, le stylesoutenu, l’assurance du langage font de Roger Mayou,directeur du MICR depuis uneannée, un homme décidé,déterminé, qui sait s’imposer.Etudes de lettres et d’his-toire de l’art avec à l’appui un mémoire sur le Body Art,

Roger Mayou décroche en 1980 un poste de conserva-teur adjoint au Musée d’art et d’histoire de Fribourg. Dès 1989, une grandebanque lui propose un postede conseiller artistique. Unesérieuse collaboration durantlaquelle il sera responsabledes collections et des com-mandes artistiques pour laSuisse romande et conseillerpour le sponsor culturel.D’autres mandats lui sourientégalement durant cette pé-riode, tel celui de maître deconférence et guide-confé-rencier à l’Institut Françaisd’Art de Paris et Genève. De

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fait, il devient rapidement ungestionnaire culturel reconnude tous. En 1998, le Conseilde fondation du MICR cher-chait un directeur dont le mé-tier était de gérer un musée. Il l’a trouvé en la personnalitécharismatique de Roger Mayou.

Un projet d’envergure

Dès son entrée en fonction,Roger Mayou veut faire souf-fler un air frais sur le MICR etpense à la création d’unnouvel espace comprenantplusieurs modules, une aired’information et un caféanimé sur le plan du multimé-dia. Pour concrétiser ses

MUSÉE INTERNATIONAL DELA CROIX-ROUGE ET DUCROISSANT-ROUGE, GENÈVE

TEXTE : CHANTAL-ANNE JACOT

ESPOIR ETRÉFLEXION

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idées naissantes, il lui faut unsponsor de taille pouvantassurer un soutien financier…de taille également ! Il décidede démarcher auprès de laFondation du Jubilé du CREDITSUISSE GROUP et présenteun projet significatif basé surl’espoir, la réflexion, quimontre la réponse de la Croix-Rouge à notre monde difficilesans pour autant porter dejugement. Persuasif, il a gainde cause et obtient le soutienescompté et l’intéressantesomme de 1 million de francs.

«Chacun est responsable de tout devant tous »…

… écrivait Dostoïevski. Cettephrase accueille les visiteursdu MICR et rappelle le carac-tère universel de l’humanité.Dans un monde pressé par la technologie, les boule-versements politiques, so-ciaux et culturels, l’hommeest capable du pire comme dumeilleur. Dans un nouvelespace, le onzième, inauguréen octobre dernier, le MICRa choisi de montrer l’actualité,mais en se plaçant au niveaude la victime plutôt qu'à celuide l’institution. Adieu imagesdures, atroces et cruelles!Place à la réflexion et non au spectaculaire ou au voyeu-risme! Roger Mayou insiste surces aspects et précise qu’ilsouhaite accompagner le visi-teur non seulement dans unmusée réaliste mais aussi sur leterrain. Là résident désormaisl’innovation et la différence.

Intitulé simplement « Es-pace 11 – Aujourd’hui », ce lieunouveau, composé de cinqmodules propices à l’émotion,

joue sur la lumière, les maté-riaux et les images : « Sur-monter » les secours en casde catastrophes, « Améliorer »les programmes sociaux, « Réhabiliter » l’aide aux vic-times des mines, « Protéger »les interventions en faveurdes prisonniers et « Relier » lesfamilles séparées par la guerre en sont les thèmes représentatifs et importants.Avant de créer cet espace etpour mieux imaginer sa scéno-graphie, Roger Mayou a misle projet au concours. Alexan-dra Gübeli et Yves Milani,architectes zurichois, le rem-portent. Ils ont saisi avecoriginalité les cinq domainesd’intervention et ont mariéavec succès sobriété, trans-parence, clarté et couleurs.Roger Mayou voulait soignerles ambiances par un travailparticulier sur les surfaces,les luminosités, les contre-jours, les pénombres afind’éveiller en chaque visiteurl’envie de voir et de mieuxcomprendre. Le but : s’arrêtersur le point de vue de la vic-time qui se demande intérieu-rement : « Qu’est-ce que jereçois, qu’est-ce que l’institu-tion fait pour moi ? »

A la découverte de temps forts

En visitant le MICR et l’« Es-pace 11 – Aujourd’hui », cer-taines personnes ressentirontle besoin de s’asseoir pourréfléchir en toute quiétude.Une « Aire d’information » lesattend et leur donne la possi-bilité de regarder un écrandiffusant en permanence lesdernières nouvelles du Comité

international de la Croix-Rougeet du terrain préparées par le site Web réservé aux orga-nisations humanitaires de laFondation Reuters.

Moderne et souple, le MICRoffre au jeune public, soit lamoitié des visiteurs, la possi-bilité de s’arrêter au « CaféDunant », endroit de détentedans lequel il peut approfondirses connaissances d’une ma-nière interactive et ludique pardes consultations multimédia.

Roger Mayou se décritcomme étant autoritaire, poin-tilleux, exigeant. Il est fier de travailler avec une équipesolide de douze collabora-teurs, dont un conservateur,ethnologue de formation, Phi-lippe Mathez. En moins d’uneannée Roger Mayou s’estaussi entouré d’hommes et defemmes de terrain, expéri-mentés, qui lui ont permis deréaliser un pari presque fou :« Espace 11 – Aujourd’hui » !Lorsque vous lui demandez :« A l’avenir, quelle sera la ligne

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du MICR ? », Roger Mayouémet un vœu prometteur : fairede ce musée un vrai musée,un instrument scientifique quiprésente le patrimoine univer-sel de la Croix-Rouge, maispas dans le sens d’une vitrine.Il faut que le public connaissela manière dont la Croix-Rouge intervient dans les con-flits grâce à l’aide de délégués,de médecins, d’infirmières et d’employés locaux, pour neciter que quelques-uns desmétiers humanitaires.

Comme le dit si justementRoger Mayou : « Il nous sembleimportant de garder à l’espritl’idée de la Croix-Rouge, alorsque la nécessité de l’actionhumanitaire est plus évidenteque jamais ». N’oubliez pas de vous arrêter au MICR et n’ayez crainte, vous ne serezpas confrontés à la souffrance humaine de manière cruelle.Bien au contraire, vous serezspectateurs de multiples témoignages, sans cris nilarmes.

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UNE FONDATION ATTENTIVE A L’HUMANITAIRE

La Fondation du Jubilé du CREDIT SUISSE GROUP a été

créée en 1981 à l’occasion du 125e anniversaire du

«Crédit Suisse», et dotée d’un capital de 10 millions de

francs suisses. En 1998, elle a fusionné avec la Fonda-

tion du Centenaire de la Banque Populaire Suisse,

constituée en 1969. La Fondation du Jubilé du CREDIT

SUISSE GROUP dispose aujourd’hui d’un capital de

50 millions de francs environ. Conformément à ses sta-

tuts, elle s’engage – en complément des tâches de

l’Etat – en faveur du bien-être social tout en promou-

vant la culture et la science.

Musée international de la Croix-Rouge et du

Croissant-Rouge, 17, avenue de la Paix –1202 Genève

Site : www.micr.org

Téléphone +41 22 748 95 11, fax +41 22 748 95 28

10heures –17heures. Fermé le mardi.

DANS LE MODULE « RELIER », ROGER

MAYOU, DIRECTEUR DU MICR, EST

ENTOURÉ DES ENFANTS RWANDAIS

À LA RECHERCHE DE LEUR FAMILLE.

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La banque de détail s’est transformée en un secteur qui doit surtout traiter desinformations. Le succès d’une banquedépend donc plus que jamais de la qualitéde son informatique. Compte tenu desadaptations constantes apportées auxstructures de l’entreprise, mais aussi desdifférentes acquisitions, l’architecture in-formatique du CREDIT SUISSE est deve-nue plus complexe. L’éventail des possibi-lités techniques est en effet très ouvert àl’heure actuelle, et les besoins des clientsévoluent toujours plus rapidement.

Quels sont alors, dans un environne-ment éminemment mouvant, les principesdirecteurs présidant au développement dece système sophistiqué, qui joue pour labanque un rôle prépondérant ?

L’informatique a fourni au cours des ansune grande richesse de fonctionnalités. Ilimporte de protéger ces investissementset de les conserver aussi longtemps quepossible en générant de la valeur. D’unautre côté, les affaires exigent de l’infor-matique des fonctionnalités toujours plusrapides et plus étendues. Les contraintesqui s’imposent pour répondre à ces exi-gences sont moins liées à l’argent qu’au

nombre restreint de spécialistes sur lemarché informatique. Et nous ne sommespas les seuls avec ce souci : sur dix infor-maticiens recherchés en Europe, seulssept sont disponibles sur le marché ; ainsi,nombre de projets ne sont pas réalisés enraison de la pénurie de ressources.

La forte dépendance de la banque àl’égard de l’informatique exige que lerisque soit minimisé lors du renouvelle-ment des systèmes. En fait, les travaux derénovation nécessaires sur l’informatiqueposent un défi que l’on peut illustrer ainsi : notre mission est d’opérer un spor-tif en pleine course sans que celui-ci quittela piste ou réduise son rythme.

Pour protéger les investissementsréalisés, notre équipe doit adapter les sys-tèmes existants et assurer leur compatibi-lité future : la conception des logiciels etdes matériels doit correspondre de façonoptimale aux technologies et fonctionnali-tés nouvelles. Ce faisant, nous veillons àréduire la complexité afin de permettrel’extension rapide et adéquate de l’infor-matique actuelle.

Le problème est différent en relationavec la clientèle : le goût du risque estdemandé dans l’utilisation des nouvellestechnologies destinées aux clients. En cequi concerne les attentes de ces derniersvis-à-vis d’une banque à l’avenir, de nom-breuses possibilités se présentent. La

banque sur Internet fonctionnera-t-ellepar le biais de téléphones mobiles ou parcelui d’agendas électroniques ? Un sys-tème de paiements va-t-il s’établir surInternet ? Si oui, la préférence ira-t-elle àe-cash, à la carte de crédit, ou encore àl’un des quelque cent systèmes pos-sibles ? Quand et comment le téléviseursera-t-il utilisé comme interface bancairepar nos clients ? Par quels canaux de télé-communications – ligne téléphonique,ligne électrique ou télévision par câble –l’utilisateur communiquera-t-il à l’aveniravec la banque ?

Personne ne peut apporter de réponsedéfinitive à ces questions. Néanmoins, lesoptions stratégiques ne peuvent être re-mises aux calendes grecques. Les déci-sions ne peuvent attendre. C’est ainsi quenotre entreprise est elle aussi obligée d’in-vestir dans des technologies et des al-liances qui se révéleront peut-être dansquelques mois comme une voie sansissue. Il faut du courage pour se lancerdans une direction sans savoir exactementoù se trouve le but.

Le défi de la stratégie informatique ré-side dans l’antagonisme entre le souci deminimiser le risque et le goût du risque –c’est-à-dire entre une progression au passur une voie bien balisée et une progres-sion « en éventail », aux options aléatoires.Sur quoi vient se greffer un autre défi, àsavoir celui de donner à plusieurs cen-taines d’informaticiens internes et aux col-lègues des services spécialisés la certi-tude d’être sur la bonne voie.

Pour être pleinement opérationnelle, labanque a besoin de sa propre vision del’avenir et d’un projet stratégique alliant laconsistance et la souplesse, l’adaptabilitésituationnelle et la perspicacité. »

CARTE BLANCHE:BRUNO BONATI

«L’INFORMATIQUE BANCAIRE A BESOIN «D’UNE VISION D’AVENIR ALLIANT «LA CONSISTANCE ET LA SOUPLESSE»

BRUNO BONATI,

MEMBRE DU DIRECTOIRE,

DU CREDIT SUISSE,«

CREDIT SUISSE BULLETIN 6 |99

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À CHACUN SES SOUCIS : LES BOURSIERS ONT LA CRISE ASIATIQUE,

LES RESPONSABLES DE GARDERIES, LES PETITES FURIES.

GARDERIE DU CREDIT SUISSE, ZURICH-UETLIHOF, 22 NOVEMBRE, 11 H 05.

Page 68: Bulletin 6 1999 français - Credit Suisse

Millénaire. It’s time for an expert.

Avec leCredit Suisse, entrez dans le nouveau millénaire en touteconfiance.

Pour nous, le changement de millénairerevêt la même importance que tout ce qui toucheà vos finances. Profitez de la compétence d’unleader mondial qui sait voir loin: contactez-nousau numéro 00800 8003 0000 ou sur notre sitewww.cspb.com

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