Arts Libre du 9 mars 2012

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© S.A. IPM 2012. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit. EN FÊTE RAOUL DUFY (1877-1953) BAL DU 14 JUILLET À ANTIBES, HUILE SUR TOILE, 54.5 X 63.54 CM, 1920 / CONNAUGHT BROWN. LONDON UK / TEFAF LA TEFAF Dossier spécial Tefaf PP.2-4 Le marché L’actu Exposition de Geert Van Velde chez Mineta, avant Eurantica. P.16 133 lots de la très belle collection Hebey seront en vente à Paris. PP.14-15 Démonstration cosmique et plastique du Finlandais Mikko Paakkola. PP.6-7 Expo en vue COURTESY OFFICE D’ART CONTEMPORAIN Supplément à La Libre Belgique - N°136 - Semaine du 9 au 15 mars 2012

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La TEFAF en fête

Transcript of Arts Libre du 9 mars 2012

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ENFÊTE

RAOULDUFY

(1877-1953)BALDU14

JUILLETÀANTIBES,H

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RTO

ILE,

54.5X63.54

CM,1920

/CONNAUGHTBROWN.LONDONUK/TEFA

F

LA TEFAF Dossier spécialTefaf PP.2-4

Le marché L’actuExposition de Geert VanVelde chez Mineta, avantEurantica. P.16

133 lots de la très bellecollection Hebey seronten vente à Paris. PP.14-15

Démonstration cosmique etplastique du FinlandaisMikko Paakkola. PP.6-7

Expo en vue

COURTESY

OFFICED’ARTCONTEMPORAIN

Supplément à La Libre Belgique - N°136 - Semaine du 9 au 15 mars 2012

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2 L'actu Tefaf SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

l Foire

A la découverteCommentaire

Pedigreeet artistesvivants

Par Claude Lorent

Dans une chronique précédente, il a étéfait référence aux faux tableaux d’artis-tes américains vendus par une galerienew-yorkaise qui depuis a fermé bouti-que dans l’espoir de se laver lesmainsde cette affaire et d’échapper aux pour-suites judiciaires ainsi qu’aux suitesfinancières ! Cet exemple amèned’autres réflexions liées aux achatsd’œuvres d’art spécialement lorsque lesprix sont extrêmement conséquents.On le répétait, la prudence est demiseau plus haut niveau. Elle passe en faitpar quelques vérifications indispensa-bles qui sans être des garanties totalesréduiront les risques surtout lorsqu’ils’agit d’artistes décédés. La premièregarantie est celle de la bonne réputationde la galerie – c’était le cas, la sociétémarchande était établie à NewYorkdepuis 1846 ! –, la seconde pourraitprovenir de la consultation du catalogueraisonné pour autant qu’il existe oul’établissement d’un contact avec lesdétendeurs des droits sur l’œuvre con-voitée, enfin et ce n’est pas toujourssimple lorsque l’œuvre a séjourné long-temps dans une collection privée, voiren’a jamais été exposée puisque passéedirectement de l’atelier chez l’acheteur,établir ce que l’on pourrait appeler sonpedigree. Autrement dit sa provenanceet son parcours daté, de dépositaires(galeristes, marchands, salles de ventes)en propriétaires, d’exposition en expo-sitions, depuis samise sur lemarché. Ony joindra bien évidemment une exper-tise d’un véritable spécialiste de l’œuvrede l’artiste en question, qui connaîtaussi bien les techniques et les supportsutilisés que les caractéristiques particu-lières de sa stylistique. Réunir le tout estrarement possible et cela ne représentepas une assurance infaillible, mais onmet aumoins lesmeilleurs atouts deson côté. Bien sûr, il faut de l’énergie etde la patiencemais on peut imaginerque plusieursmillions d’euros valentbien ces quelques recherches. Un risqueà éviter, acquérir de telles œuvres viaInternet sans les voir !Il y a aussi une autremanière d’acheterl’art contemporain, pas lesmêmesœuvres évidemmentmais celles d’artis-tes vivants à qui on ne peut que vive-ment conseiller d’établir, au fur et àmesure de leur production, un véritablecatalogue raisonné de leursœuvres ainsidûment répertoriées. Plus l’artiste estâgé, plus lamême prudence s’imposemais avec, en dernier recours, l’avalpossible de l’artiste lui-même. D’autantplus que dans ce cas, il peut lui-mêmeétablir une traçabilité bien précieusepour les tractations suivantes. Bonnechance et soyez perspicaces !

TONLARACKER

Infos pratiques

Maastricht, du 16 au 25 mars, tousles jours de 11h à 19h. Le dimanche,de 11h à 18h. 55 € par personne, 90 €par couple et 110 € pour un accès toutela semaine. 20 €, pour les jeunesde 12 à 18 ans, gratuit pour les moinsde 12 ans. Infos : 0031.43.383.83.83.et www.tefaf.com

Ce triple portrait majestueuxse trouvera chez La Mésan-gère (Liège). Il représente laduchesse Anne de Croÿ,épouse du comte puis princeCharles d’Arenberg, peinteavec ses deux filles par FransPourbus, vers 1616. Letableau provient du palaisd’Arenberg, dit d’Egmont,à Bruxelles.

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3L'actuTefafSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

des chefs-d’œuvre

h La Tefaf ouvre le 16 mars pour dixjours. Le miracle mosan nous attendavec sérénité.

ON NE SE LASSE JAMAIS DE LA QUALITÉ COMME dela liberté. Les œuvres d’art sont des moyens d’échap-per aux contingences du temps et des rigueurs del’existence. Les collectionneurs, depuis des siècles, yont trouvé à travers des marbres, des pièces de mon-naies, des tableaux, des sculptures, un appétit de l’au-delà de l’horizon, des portes ouvertes sur le monde.La Tefaf, miracle anglo-batave posé à nos portes,ouvre toutes les frontières, du temps et de l’espace,des langues et donc de la culture. Il n’y a que celles dela finance qui pourraient en chagriner plus d’un,mais là c’est le jeu de l’offre et de la demande qui joueà plein. Et quand sort un objet unique, inconnu,d’une importance esthétique majeure, les zones deprix à aborder dépassent parfois l’entendement.

La Tefaf de 2012 va donc aligner ses chefs-d’œuvrepour la plus grande joie des connaisseurs. Concen-trons-nous ici sur les tableaux anciens qui demeu-rent quand même une des épines dorsales de cettemanifestation qui fête ses vingt-cinq ans sous ce nommais qui depuis la fin des années septante ne cesse des’adapter aux lois du marché. La grande peinture qui

peut être de petite taille, celle des retables d’autelsdans les églises ou des décors de palais, celle quifrappe par sa puissance depuis le XVe siècle jusqu’auXIXe siècle, trouve à la Tefaf un des rares moments dediffusion. Il n’y a que dans les musées que l’on ad-mire pareille démonstration de talents, parfoisoubliés.

Chez Aaron (Paris) on verra une toile de Charles LeBrun vers 1655, à l’aube de son grand genre louisquatorzien, dégagé de l’empreinte de Simon Vouet. Ils’agit d’un “Christ au Jardin des Oliviers” (58 x64 cm). Toujours dans l’esprit baroque mais cette foisitalien, on verra chez Agnews (Londres) une très belle“Lamentation du Christ mort” peinte par AllessandroTurchi (1578-1649), sur une plaque de cuivre de 52 x31 cm. Chez Altomani, on va proposer une “Cruci-fixion” sur fond d’or de 1424. C’est un panneau de 82x 76 cm peint par Andrea de Aste (hampe ou lance enfrançais), qui conviendra à un amateur pétri de com-passion. Chez Caylus (Madrid), on verra des naturesmortes de fruits et d’animaux mais aussi un portraità mi-corps de saint Philippe Néri (84 x 66 cm), peintvers 1675 par Esteban Murillo. Ceci dit, la Tefaf cen’est pas une église et il y en a assez à Maestricht defort belle ampleur et qualité. Dès lors on pourra trou-ver des toiles plus émoustillantes qui feront quitter lemonde pieu pour celui qui se dit de même à l’instard’une bacchanale du peintre dijonnais Bénigne Ga-gneraux (1756-1795), à voir chez Di Castro (Rome).

Gagneraux est mort à Florence dans la fleur de l’âge,poète du pinceau, gracieux et élégant comme on entrouvait tant dans le milieu français à la suite deFrançois Boucher. Mais ici, rien à voir avec le mondeparisien trop sucré. La mise en scène se veut classiqueet presque rigide ce qui n’empêche pas que les posessoient langoureuses et prometteuses.

Chez Coatalem (Paris), on admirera un projet engrisaille pour une huile allégorique à livrer à quelquesouverain qui y voudrait figurer. Il s’agit à nouveaud’un tableau de chevalet (79 x 62 cm) peint par Char-les de la Fosse qui travailla pour Versailles. Grassi(New York), viendra avec une toile petite elle aussi,d’un des meilleurs peintres vénitiens de son temps, àsavoir Pietro Longhi. Le tableau a émigré vers les USAaux alentours de 1820 et il revient en Europe pourquelques jours. Il s’agit d’une scène intimiste mon-trant “Le Lever de la Dame”, devant Monsieur quis’évente avec son journal. Les murs sont tendus en to-talité de cuirs gaufrés et dorés, ce qui permet de si-gnaler que, en cette manifestation, on peut voir unstand où l’on ne vend que des pièces de cuirs anciens,de Malines ou d’ailleurs, choses des plus chics à l’épo-que, ce qui explique que le château de Harzé, entreautres, en soit couvert dans l’un de ses salons depuisle XVIIIe siècle. Les stands comprenant des tableauxflamands seront légion à commencer par celui de noscompatriotes De Jonckheere.Philippe Farcy

Modernes et contemporainsh Les artistes des XXe et XXIe siècles sont aussi représentés à la Tefaf. L’art moderne y taille une belle part du marché.

LA SUPER FOIRE MONDIALE DESarts et des antiquités ne manque pasde faire aussi les yeux doux aux ar-tistes des XXe et XXIe siècles, tantmieux. D’où l’amplitude d’une dé-monstration qui laisse pantois, toutautant les yeux et l’esprit que lesporte-monnaie ! Si l’art très actuel yfait encore timide figure, l’art mo-derne s’y taille une belle part dumarché. Gratin d’une profession aufour et au moulin, la participationest internationale et, en matièred’arts plastiques, deux galeries bel-ges y font florès. Celle d’Avi Keitel-man y signe même une dix-neu-vième participation, ce qui n’est pasdonné à tout le monde. Avec dugrand choix pour la circonstance et,notamment, des dessins et cérami-ques, dont une belle pièce coloréede 1945, de Miró, un “Hommage àLéon” bronze de César coulé en1964, et des toiles d’Evsa Model,que le galeriste avait révélé àBruxelles l’an dernier. Autre galeriebelge, celle d’Odermatt et Vedoviavec, aux cimaises, nec plus ultra, un“Concetto Spaziale Attese”, aqua-

relle sur toile de 1965, de Lucio Fon-tana, et une “Abstraktes Bild, huilesur toile, 1991, de Gerhard Richter.

Parmi les must épinglés avec en-thousiasme par la Foire, une BMWCar reconvertie en œuvre d’art parCalder en 1975, soit un an avant samort, à l’occasion des 24 Heuresdu Mans. Les responsables de la Te-faf se targuent aussi de pouvoir ali-gner des pièces d’exception de Re-noir, Picasso, Poliakoff, Kandinsky,Moore, de Kooning, Rothko, Bacon,Hirst, Kapoor : du beau monde, eneffet. Chaque galerie participanteaimant signifier sa participation parl’une ou l’autre pièce fétiche, nousavons retenu au vol : une “Jeunefemme de profil” de Renoir, 1895,chez la New-Yorkaise Daphné Ala-zarski; pour Applicat-Frazan, de Pa-ris, pleins feux sur “Merkaba”, unetoile de 2002 d’Anselm Kiefer et sur“Mythotomie”, que Victor Braunerpeignit en 1942. Belle surprise àl’enseigne de Beck&Eggeling, deDüsseldorf : une rare sculpture touten légèreté de Fausto Melotti, “Ri-torno di Giuditta”, 1983, tandis que

Manolo Valdès y propose une tech-nique mixte de 2006, “Amélie II”.Alexej von Jawlensky attirera les re-gards vers le Genevois Jacques de laBéraudière avec sa “Tête de jeunefemme en vert”, datée 1910 et joli-ment fauve. Quand le Parisien Berèspromeut un rare Louis Marcoussisde 1927, “Paysage de Kérity”,l’Amsteldamois Borzo y va d’unecomposition chatoyante à la goua-che de Bram Van Velde, datée 1966.Impossible de tous les citer, mais re-voici Lucio Fontana à la une de Kars-ten Grève avec, une céramique de1955.

Enjambons années et continents,voici un miroir bleuté d’Anish Ka-poor chez le Coréen Kukje, JohnChamberlain chez Anthony Meier,Sam Francis chez Osborne de Lon-dres, Gerhard Richter en une de Vande Weghe Fine Art : de quoi s’ouvrirles mirettes ! Et sans rater la magni-fique “Estructura Universal” de Tor-res-Garcia à la Galerie Sur de Mon-tevideo. Et puis tout le reste, de qua-lité supérieure.Roger Pierre Turine

COURTESY

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La galerie belge d’Odermatt et Vedovi expose à la Tefaf un“Concetto Spaziale Attese”, aquarelle sur toile de 1965,de Lucio Fontana.

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4 L'actu Tefaf SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

l Expo en vue

Appropriartistique

PRIXQuelques pièces sont annoncées à 3 ou 4000 €,les prixmoyens se situent entre 12000 et 40000 €,l’œuvre la plus chère atteint 250000 €.

“Une forme séduisante a été révélée,libérée de sa valeur d’usagepar quelqu’un qui a accompliun geste esthétique”.Walter Arensberg1917, à propos de Fontaine, un urinoir signé R. Mutt,le ready-made deMarcel Duchamp refusé au salonde New York.

Les participants

Nelly Agassi (Tel Aviv, 1973), El Anatsui (Ghana, 1944),Marcel Broodthaers (Bruxelles 1924, Cologne 1976), César(France 1921-1998), Marcel Duchamp (France 1887-1968),Mounir Fatmi (Tanger, 1970), Bertrand Lavier (France,1949), David Mach (Écosse, 1956), Christian Marclay(Californie, 1955), Vik Muniz (Sao Paulo, 1961), CarmenPerrin (Bolivie, 1953), Martial Raysse (France, 1936)et Gal Weinstein (Ramat Gan, 1970).

Infos pratiques

Détournements. Galerie Keitelman, 44 rue Van Eyck,1000 Bruxelles. Jusqu’au 14 avril. Du mardi au samedi de12h à 18h. Infos : www.keitelmangallery.com

.COURTESY

,GALERIE

KEITELM

AN,BRUXELLES

l Tefaf

Travail d’équipe

h Derrière un stand à la Tefaf, il ya dix mois de travailadministratif,de recherches, de planification.

QUAND ON ENTRE À LA TEFAF À MAES-TRICHT, on se dit que tout est là depuis deslunes et que cet environnement va resterlongtemps. Que nenni. La Tefaf est un mo-ment grandiose et éphémère qui laissera laplace à un jumping ou un salon ménager. LaTefaf, c’est la plus belle foire du monde. PourTon Laracker de La Mésangère (Liège), que di-rige Albert Vandervelden, la Tefaf, c’est unevieille histoire de plus de trente ans, mais cen’est jamais une routine. “Nous changeons destand chaque année, mais pas d’espace. Il fautsavoir que l’on nous loue le stand aumètre carré,nu, au sol. Nous avons la liberté de tout faire et,par exemple, nous montons les cimaises à 4m50en accrochant toutes les structures au plafonddu hall. Très peu d’exposants s’imposent de tellesenvergures, mais les Belges comme les Vervoordtsont pour ça hors norme, et je le dis d’autant plusfacilement que je suis natif deMaestricht.” Parti-ciper à la Tefaf, c’est donc un sacré travail. Dèsla fermerure de 2012, il faudra poser sa candi-

dature pour 2013. Puis, vers juin, chaque fu-tur candidat devra se rendre à Bois-le-Duc oùse trouve le siège de la Tefaf pour négocier lesespaces. En septembre, le conseil des direc-teurs de la foire accepte ou refuse. Si c’est oui,il faut payer la moitié de la location. Ensuite,on va entamer le travail de communication, àtravers la Tefaf, vers la presse internationale,le site et pour créer le catalogue. Vers novem-bre, l’architecte choisi, il faudra dessiner lestand et le remplir. A partir d’une maquette etde photos, on va dresser une mise en scènecomplète, même si toutes les fournitures nesont pas choisies. Une découverte ultime peutprovoquer des changements. En décembre, lelisting est rédigé, ce qui implique un lourdtravail de recherches historiques et servirapour les expertises. Janvier et février serontconsacrés à la finalisation des choses, maisaussi à l’envoi des invitations. Depuis le5 mars, le stand est en construction. Troisjours avant le “veting” (expertises), le démé-nageur va chercher les objets et meubles pourles déposer sur le stand. Chaque exposant dis-pose d’une réserve. Il va donc en amener plusque prévu et remplacer des effets en cas deventes. La Tefaf possède sa propre réservepour les objets retirés, interdit d’être négociéspendant la manifestation.Ph. Fy.

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5L'actuSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

ation et refontedes matériaux

DEPUIS L’AUBE DU XXE SIÈCLE, LE DÉTOURNEMENTest l’une des pratiques les plus récurrentes en art. Onne compte pas les artistes qui s’y sont donné avec plai-sir depuis que Duchamp en 1913 a réalisé son premierready-made et a ensuite exposé un urinoir retourné etsigné ou depuis que Picasso, bien plus tard en 1942,s’est emparé d’un guidon et d’une selle de vélo pourcréer une Tête de taureau. En s’appropriant l’objet, cesartistes pionniers et d’autres ont ouvert la voie à unenouvelle manière de penser la création artistique quise permettait désormais d’intégrer dans le processustout ce qui est disponible et ainsi d’exploiter un po-tentiel expressif inédit. En annexant des matériaux lesplus divers et des produits manufacturés, les artistesdévient ces composants de leur but de fabrication etde leur utilisation normale, prévue. Ils élargissent etmultiplient les possibilités de leurs usages tout en leurprocurant un statut artistique auquel rien ne les desti-nait. Par cette intégration dans l’art est également dé-jouée leur temporalité a priori soumise à leur usure ouleur obsolescence !

Tout cela relève en fait d’une entreprise intellec-tuelle de détournement d’une chose au seul profit del’art qui étend son emprise sur tout ce qui est à portéeet dès lors s’insère davantage dans le quotidien dumonde et de la vie. Cet accaparement est aussi unesorte de démocratisation, l’art n’est plus uniquementréservé à un savoir peindre, dessiner ou sculpter. Lesoutils et le vocabulaire disponibles se multiplient qua-siment à l’infini. C’est une révolution et comme toutescelles qui existent, elle engendre des conflits. Cent ansaprès les premières manœuvres, le fait n’est pas en-core accepté par tous même s’il s’est répandu dans unprincipe de mondialisation bien avant la lettre !

Certaines mouvances artistiques ont été plus propi-ces que d’autres à ce type de pratique et l’on penseparticulièrement aux Nouveaux Réalistes français ou àcertains adeptes du pop’art, mais d’emblée on voit demultiples nuances se pointer : utilisation directe, co-pie, insertion, récupération, pastiche, intégration, as-sociation, transformation… soit autant de mises enœuvre qu’il n’y a d’intentions et d’usages possibles. Enfait tout est là, détourner suppose une prise de posses-sion dans un but bien précis qui va révéler le matériausous un autre jour et servir un projet, une idée.

C’est dans cet état d’esprit qu’il faut aborder l’expo-sition afin d’en saisir les sens multiples et de considé-rer les œuvres. Une des plus discrètes mais des plus si-gnificatives est due à Marcel Broodthaers et date de1972. Une simple ardoise magique, un objet banaldont on se servait à l’époque. L’artiste la signe et donc,par cette utilisation très duchampienne, elle devientune œuvre d’art. Sa particularité est qu’elle est cons-tamment mise en danger de retourner à son statut ini-tial d’objet car si on la fait fonctionner la signature dis-paraît et avec elle l’intervention artistique ! Pour sapart, David Mach réalise une tête, impressionnante, àl’aide d’allumettes, un matériau bien pauvre et cou-rant qu’une simple mise à feu peut transformer !

Quant à Christian Marcley, dans un clin d’œil évidentà nouveau à Duchamp à travers sa roue de bicyclettesur un tabouret, il reprend le siège, lui laisse apparem-ment sa fonction tout en le reliant par le dessous à uninstrument de musique.

Bertrand Lavier selon son habitude repeint un objet,en l’occurrence un miroir qui du coup perd sa fonc-tion. Très astucieuse pièce aussi de Carmen Perrin qui

utilise comme support d’une phrase écrite ne man-quant pas d’humour,Unmoment de faiblesse, une accu-mulation de petits ressorts métalliques dont certainesparties sont distendues ! A voir aussi un cibachromede Vik Muniz, des empreintes de Gal Weinstein, une‘chevelure’noire de Nelly Agassi… Un ensemble dequalité d’œuvres de 1970 à 2011.Claude Lorent

h Sur le mode du détournement desobjets, l’exposition réunit des œuvresd’une douzaine de plasticiens dont MarcelDuchamp et Marcel Broodthaers, usantde pratiques les plus diverses.

Marcel Broodthaers, Ardoise Magique (rouge), 1972, 11,6 x 8 x 0,5 cm.A gauche, David Mach, Tête (grise et noire), 1989-1990, 35 x 24 cm.

.COURTESY

,GALERIE

KEITELM

AN,BRUXELLES

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6 L'actu SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

l Expo en vue

Mikko“En pl

AVEC DES COULEURS ET DES pig-ments poussés en leurs saturations ulti-mes, comme si l’ordre du monde quechante Paakkola en ses grandes ou peti-tes toiles ne pouvait en aucun cas se sa-tisfaire de demi-mesures. L’art dePaakkola est un art d’abordage. Une im-mersion dans l’espace de la toile aussibien que dans celui qui gouverne la pla-nète. Avec ses orages et ses silences, sestroubles et ses sérénités. Un espace total

pour un art total. Des prises à bras lecorps pour que flambent chromatismeset matières. Un tableau plus monumen-tal que les autres, composé de quatretoiles ajustées les unes aux autres, cons-titue le flambeau, entendez l’apport es-sentiel du peintre à une exposition qu’iln’a pas banalement conçue comme lamise en place de quelques toiles maiscomme un tout réalisé pour le lieumême. D’où une sensation de pléni-tude, sans qu’il faille à quiconque criergare, sans que le galeriste ait à pointerdu doigt ceci ou cela. Les paysages, abs-traits, mentaux, imaginaires, dePaakkola sortent littéralement des mursblancs de la pièce, lui confèrent sa pro-pre monumentalité, alors que le lieun’est ni vaste, ni exceptionnel, modestemais haut de plafond.

A l’acrylique, huile et pigments suraluminium : avec ses deux mètres cin-quante de large sur trois trente de haut,cette peinture, sans autre titre que celui

que nous voudrions lui accoler arbitrai-rement, est un sacré morceau de pein-ture d’abord. Il y a ses couleurs, il y al’énergie qui s’en dégage et nous engageautomatiquement à nous y plonger de-dans pour le seul bonheur de faire corpsavec elle. Avec son Office d’Art Contem-porain, Jean-Marie Stroobants réussit lagageure d’engager chaque artiste à s’im-pliquer dans le lieu avec, à chaque expo-sition, une œuvre pensée pour l’espace.En y exposant, qui plus est, de jeunes ar-tistes ou des créateurs émergents, il faitœuvre pie et si ses expos sont des réussi-tes, c’est que le galeriste y met du sien,donne carte blanche à ses invités etouvre ses cimaises aux découvertes. Etc’est devenu rare.

Présenté à plusieurs reprises, Paakkolane déçoit pas. Qu’il utilise la laque, l’en-cre, l’huile, les pigments et, pour lessupports, la toile, le bois, le verre ou lemiroir, on sent chez lui ce besoin intimede faire flèche de tout bois pourvu que

l’engagement y soit et que le matériauréponde utilement à ses soucis d’ex-pression. Etrange et vivifiant, Paakkolane change quasi jamais d’image – unesorte de paysage en ébullition, commeatomisé par les foudres de la terre – et,fait troublant et constant, cette mêmeimage, il la renouvelle comme par en-chantement. Chaque toile est un monu-ment qui n’appartient qu’à elle. Unmorceau de peinture qui s’impose dere-chef.

De plus en plus imaginaires, davan-tage introspectifs, métaphysiques avantd’être expressionnistes, ses paysages, li-gnes d’un horizon balafré de turbulen-ces, existent par leurs verts, leurs jau-nes, leurs rouges, leurs noirs, leurs bleusintenses qui, parfois, vont de pair. Avec,souvent, un éclatement de blanc aubeau milieu. Il sait jouer des transparen-ces, ainsi lorsqu’il travaille en format ré-duit et peint sur fond de miroir. Ainsilorsqu’il peint sous verre et que la pein-ture répète une ligne d’horizon quisemble tout à coup sans fin. Un de sesdiptyques sera prochainement exposéen l’église des Saints Pierre et Paul, àNeder-over-Hembeek à la demande ducuré Marc Scherens, bel audacieux.Roger Pierre Turine

h Nouvelle démonstrationcosmique et plastique duFinlandais Mikko Paakkola àL’Office d’Art Contemporain,à Bruxelles. Et nouvelleimplication d’une rareintensité.

COURTESY

OFFICED’ARTCONTEMPORAIN

Mikko Paakkola, peinture, Sans titre, acrylique, pigments et laque sur aluminium,40 x 62 cm 2012. A droite, peinture, Sans titre, acrylique, huile et pigments suraluminium, 250 x 330 cm, 2012.

Bio express

Né en Finlande, à Lappi Ti, en1961, vit à Turku. Ecole des Beaux-Arts à Turku et à Paris. A vécu àBruxelles de 1996 à 2006. Diver-ses expositions à travers l’Europe.

Infos pratiques

Office d’Art Contemporain, 105rue de Laeken, 1000 Bruxelles.Jusqu’au 14 avril, du jeudiau samedi de 14 à 18h.Infos : 0499.26.80.01 etwww.officedartcontemporain.com

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7L'actuSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

Paakkola :ein ciel”

PRIXDe 1200 à 12 000 euros.

“J’aime bien l’expression “Conquête de l’espace”. Finalement,ma peinture c’est ça. Moi, ma présence, mon corps s’inscrivantdans ma peinture. C’est marquer de la présence dans unespace intérieur et extérieur.”Mikko Paakkola

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8 Les galeries SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

Quelques galeriesBRUXELLES

//gaggarin// galleryColor Suicides. Leopoldine Roux pré-sente une collection de portraits où lacouleur meurtrière fige ses icônes ar-tistiques. ‣ Jusqu'au 29·03. Du Me. auS. de 13 à 19h ou sur rdv.USquare Sainctelette 4 - 1000 Bruxelles -0475 93 78 79 - www.gaggarin.com

A.L.I.C.E.Open 4 Business. Oeuvres de SamuelFrançois. ‣ Jusqu'au 06·04. Du Me.au S. de 14 à 18h ou sur rdv.URue du Pays de Liège 4 - 1000 Bruxelles -02 513 33 07 - www.alicebxl.com

Aksum Coffee HouseIbrahima Kébé. Le peintre réalise desinstantanés de vie de la société séné-galaise. ‣ Jusqu'au 22·04. Le V. de 16à 20h, les S. et D. de 10 à 20h.URue Haute 140 - 1000 Bruxelles -0484 07 76 95www.aksumcoffeehouse.com

Albert DumontCarl Jonckheere. Peintures. ‣ Jusqu'au22·03. Du J. au D. de 13h30 à 19h ousur rdv.URue Léon Lepage 43 - 1000 Bruxelles -02 512 49 43 - www.galeriedumont.be

alicedayPhotographies. Okhai Ojeikere photo-graphie les coiffures des femmes nigé-rianes... ‣ Jusqu'au 24·03. Du Ma. auS. de 14 à 18h.UQuai au Bois à Brûler 39 - 1000 Bruxelles -0486 36 15 42 - www.aliceday.be

Catherine BastideThree Projects. Oeuvres de WilliamPope.L. Projet room: Ed Johnson.‣ Jusqu'au 31·03. Du Ma. au S. de 11 à18h ou sur rdv.URue Vandenbrandenstraat 1 - 1000 Bruxel-les - 02 646 29 71www.catherinebastide.com

ChampakaEncres & Lumières. José Muñoz est unefigure incontournable de la bande des-sinée actuelle. ‣ Jusqu'au 18·03. DuMe. au S. de 11 à 18h30, le D. de10h30 à 13h30.URue Ernest Allard 27 - 1000 Bruxelles -02 514 91 52 ou 0475 26 94 08www.galeriechampaka.com

Crown GalleryEmphatic Images - Part I. Oeuvres deJose Maria Mellado, Katrien Vermeireet Wim De Schamphelaere. ‣ Jusqu'au17·03. Du J. au S. de 14h30 à 18h30.UNouveau Marché aux Grains 13 -1000 Bruxelles - 0475 52 18 72www.crowngallery.be

dépendanceHalf of What I Say. Oeuvres de Richard

Aldrich. ‣ Jusqu'au 31·03. Du Me. auV. de 14 à 18h, le S. de 12 à 18h.URue du Marché aux Porcs 4 - 1000 Bruxel-les - 02 217 74 00 - www.dependance.be

Duqué & PirsonFélix Hannaert. Peintures. ‣ Jusqu'au17·03. Du J. au S. de 12 à 18h ou surrdv.UChaussée de Vleurgat 109 - 1000 Bruxelles- 02 646 45 26 - www.duque-pirson.com

Espace BlanchePaysages urbains. Peintures de Ray-mond Delvax. ‣ Jusqu'au 01·04. Du L.au D. de 14 à 18h (les S. et D. en pré-sence de l'artiste).URue Marché au Charbon 3 - 1000 Bruxelles- 02 510 01 41 - www.espaceblanche.be

Etablissement d'en face projectsThe Whatch ?. Oeuvres de Karl Hol-mqvist. ‣ Jusqu'au 07·04. Du Me. auS. de 14 à 18h.URue A. Dansaert 161 - 1000 Bruxelles -02 219 44 51www.etablissementdenfaceprojects.org

Galerie 2016 & MiraChristian Rolet. Peintures récentes.‣ Jusqu'au 25·03. Du J. au D. de 13 à18h.URue des Pierres 16 - 1000 Bruxelles -02 502 81 16 - www.galerie2016.be

Jan MotA Corral around your Idea. Oeuvres deJohn Baldessari, Pierre Bismuth, MarioGarcia Torres, Robert Heinecken, Joa-chim Koester, Jonathan Monk et Ste-

phen Prina. ‣ Jusqu'au 31·03. Du J. auS. de 14 à 18h30 ou sur rdv.URue A. Dansaert 190 - 1000 Bruxelles -02 514 10 10 - www.janmot.com

Keitelman GalleryDétournements. Exposition collective.‣ Jusqu'au 14·04. Du Ma. au S. de 12 à18h ou sur rdv.URue van Eyck 44 - 1000 Bruxelles -02 511 35 80 - www.keitelmangallery.com

Meessen De ClercqActual Space. Oeuvres de Sarah Bos-twick.Wunderkammer: "Satier: Lead onCopper" de Carl Andre. ‣ Jusqu'au12·04. Du Ma. au S. de 11 à 18h.Relics. Oeuvres de Katrín Sigurdardót-tir. ‣ Jusqu'au 12·04. Du Ma. au S. de11 à 18h.URue de l'Abbaye 2 - 1000 Bruxelles -02 644 34 54 - www.meessendeclercq.com

Nomad GalleryThrown Together. Oeuvres d'YvesSambu, Jeanine Cohen, Guy Woueté,Gerald Dederen, Aimé Mpane et SatchHoyt. ‣ Jusqu'au 31·03. Du J. au S. de14 à 19h ou sur rdv.URue de Laeken 99 - 1000 Bruxelles -02 219 81 82 - www.moba.be

Office d'Art contemporainEn plein ciel. Peintures de MikkoPaakkola. ‣ Jusqu'au 14·04. Du J. auS. de 14 à 18h ou sur rdv.URue de Laeken 105 - 1000 Bruxelles -02 512 88 28www.officedartcontemporain.com

Pierre HalletMasterpieces. Oeuvres de JamesBrown, Jean-Paul Riopelle, Alain Jac-quet, Maurice Wyckaert, Antoine Mor-tier, Louis van Lint... ‣ Jusqu'au 31·03.Du Ma. au S. (fermé le Me.) de 14h30 à18h30, le D. de 11h30 à 13h30.URue E. Allard 33 - 1000 Bruxelles -02 512 25 23 - www.galeriepierrehallet.com

Sabine Wachters Fine ArtsA Record of Russia. Peintures récentesde Tatyana Yassievich. ‣ Jusqu'au

Des figures iconiques

Elle n’a rien perdu de sa verve, au contraire, sapeinture s’affirme plus expressive et plus solideque jamais, audacieuse dans le meilleur sens duterme picturalement s’entend mais ne mâchantnullement ses idées. Manon Bara qui fut une de nosjeunes artistes Arts Libre, y va d’une main assuréeet d’un esprit franc, en matière généreuse et encouleurs vives, en ardeur et tonicité, dans unmélange de part populaire et de référencesartistiques, pour pointer quelques icônes dans despostures inattendues mais ne manquant ni desagacité, ni de piquant. Comme support d’une deses séries de peintures, elle s’empare desenjoliveurs de voitures, objets design et rutilants,faisant briller de mille feux les belles carrosseries.Ce cercle isolé se transforme en tondo moderne ouen aura de sainteté, c’est selon si l’on tient comptedes liens tissés avec l’esprit du travail qui présenteune série de portraits vigoureux et enlevés decélébrités populaires dans le monde du showbizautrement dit des idoles adulées des foules. Une

autre série de peintures conjuguent d’autres visages célèbres, des peintures anciennesparticulièrement connues et par ce biais des thématiques religieuses. Cette association crée unmélange assez détonnant, puissant, nerveux et incisif, également chargé d’émotions. Dans lesécritures, l’adoration des idoles était interdite, la peinture a glorifié quelques personnes etnotre siècle place les stars au pinacle. Paradoxe ? En fondant les trois pôles dans une mêmeœuvre, l’artiste ne livre pas seulement une réinterprétation ardente et actualisée (Brad Pitt,Michaël Jackson, Madona, Lady Di, Beyoncé…) de quelques chefs-d’œuvre, elle pointe surtoutune forme de fétichisme et d’idolâtrie qui n’est pas à la veille de s’estomper. (C.L.)

UManon Bara. Love me Tender. Lambert gallery, rue de Praetere, 47 1050 Bruxelles.Jusqu’au 31mars. Du mardi au samedi de 12h à 18h.

Idoles

PHOTO

BRICEVANDER

MEEREN

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9Les galeriesSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

13·04. Les J. et V. de 11 à 16h ou surrdv.UAvenue de Stalingrad 26 - 1000 Bruxelles -050 61 58 35 - www.sabinewachters.com

SynthèseDanielle Stabel. Encres sur papier.‣ Jusqu'au 22·04. Du J. au S. de 14h30à 18h30.URue E. Allard 24 - 1000 Bruxelles -02 514 40 55 - www.galeriesynthese.be

Young GallerySubway. Photos de Luc Dratwa consa-crées au métro new-yorkais.‣ Jusqu'au 08·04. Du Ma. au S. de 11 à18h30.UAvenue Louise 75b (Hôtel Conrad) -1050 Bruxelles - 02 374 07 04www.younggalleryphoto.com

ArtiscopeFutures. Exposition collective.‣ Jusqu'au 29·06. Du L. au V. de 14 à18h ou sur rdv.UBoulevard Saint-Michel 35 - 1040 Bruxelles- 02 735 52 12 - www.artiscope.be

Maria Clara Art PointQuelque part entre titane et zinc. Ex-position collective d'artistes utilisantdiverses techniques (sculptures, photo,céramique, bijoux...) autour du blanc.‣ Jusqu'au 30·03. Les L., Ma., J. et V.de 12 à 14h30 et de 16h30 à 19h.URue De Pascale 8 - 1040 Bruxelles

QuadriL'Empreinte de l'autre. Dessins de Do-minique Van Den Bergh. ‣ Du 15·03 au07·04. Les V. et S. de 14 à 18h ou surrdv.UAvenue Reine Marie-Henriette 105 -1190 Bruxelles - 02 640 95 63www.galeriequadri.be

Almine RechJoel Morrison. Oeuvres récentes.‣ Jusqu'au 11·04. Du Ma. au S. de 11 à19h.The Weeds. Oeuvres d'Ida Tursic etWilfried Mille. ‣ Jusqu'au 11·04. DuMa. au S. de 11 à 19h.URue de l'Abbaye 20 - 1050 Bruxelles -02 648 56 84 - www.alminerech.com

anyspaceGod's Left Eye. Oeuvres de MichelMazzoni. ‣ Jusqu'au 17·03. Du J. au S.de 14 à 18h ou sur rdv.URue Van Eyck 59 - 1050 Bruxelles -0471 88 26 17 - www.anyspace.be

ArtemptationPOLAR 2. Exposition à quatre mains dela peintre Deborah Sportes et du photo-graphe François Darmigny. Specialguest: Richard Orlinski. ‣ Jusqu'au07·04. Du Ma. au V. de 11 à 18h30, leS. de 12 à 18h ou sur rdv.UAvenue Louise 475 - 1050 Bruxelles -02 669 77 78 - www.artemptation.com

Baronian-FranceyCharles Sandison. ‣ Jusqu'au 14·04.Du Ma. au S. de 12 à 18h.URue Isidore Verheyden 2 - 1050 Bruxelles -02 512 92 95 - www.baronianfrancey.com

Box GalerieAmerican Tintypes. Mis au point dansl'Ohio en 1856, le procédé du ferrotype(tintype) est constitué d'une mince pla-que d'acier recouverte de laque noiresensible à la lumière. Ce procédé s'estrapidement imposé sur tout le conti-nent nord-américain, devenant lemoyen le moins coûteux de réaliser desportraits photographiques. Son âged'or se situe entre 1860 et 1890, desdécennies qui ont profondément mar-

qué et transformé l'histoire des USA:guerre de Sécession, abolition de l'es-clavage, conquête de l'Ouest, ruée versl'or... ‣ Jusqu'au 14·04. Du Me. au S.de 14 à 18h.

URue du Mail 88 - 1050 Bruxelles -02 537 95 55 - www.boxgalerie.be

Didier DevillezLismonde "en couleur". L'expo feradécouvrir un Lismonde inédit en expo-

L’imagerie baroque d’Andres SerranoDès l’entrée de la très belle galerie Obadia à Ixelles, on se ditque le travail d’Andres Serrano est reconnaissable entretous. Les grands formats parfois colorés, parfois sombres,mais toujours éclatants abordent avec une naïveté nonfeinte, en tout cas de façon très directe des thèmesmétaphysiques et religieux qui en rebuteraient plus d’un. Cequi à ses débuts, il y a 25 ans, créa souvent le scandale. Il estvrai que vouloir, comme le note le critique d’art italienGermano Celant, “réconcilier la vie charnelle et la viespirituelle, le sexe et la chasteté, le sacré et le profane” n’est paschose aisée en photographie. Certaines images ont choqué àl’époque. Particulièrement ce Piss Christ montrant unCrucifix dans un bocal rempli d’urine et dont on retrouve iciune variante soft avec un Eros et Psyche dans le mêmeliquide. Pourtant, nulle volonté de blasphème de la part del’auteur qui précise: “Je suis Chrétien et un artiste, et en tantque Chrétien, j’ai le droit d’utiliser les symboles de l’Église, car cesont ceux de ma foi… Il ne s’agit pas d’une attaque contre Dieuou l’Église, mais plutôt une célébration des deux. Non seulementje crois en Dieu, mais je crois également dans l’art religieux, etdans la beauté et le pouvoir de cet art”. En l’occurrence l’artbaroque qui le fascine et dont il assure une résurgencesurprenante parce qu’assez littérale dans le contexte d’unXXIe siècle dont l’art joue du second degré et dont on nepeut plus dire que l’Eglise y soit triomphante. Ceci nous vautdes plans serrés de crucifix doloristes (le clou dans les pieds,la couronne d’épines sur la tête), des reprises et citationscomme ce portrait de Jésus blond et barbu au regard douxou cette piéta sur fond de ciel enflammé. Serrano ne reculedevant rien : effets dramatiques et spectaculaires,exubérance et surcharge pompeuse, tout un vocabulaireesthétique digne des jésuites qu’il assume pleinement. Unexpressionnisme qui se fait plus actuel lorsqu’il aborde desthématiques profanes. Simplement parce qu’en lieu et placede paraboles, il nous place alors face à des problématiquesdu monde dans lequel nous vivons – précarité, racisme,violence – le plus souvent par le truchement de portraitsassez stéréotypés, mais extraordinairement détaillés. Ce quinous ramène au réalisme du médium dont il se sertmagnifiquement aussi pour représenter la mort dans safameuse série des dépouilles à la morgue. Où l’on quitte lebaroque pour le classicisme. (J-M.Bo)

USacramentum : Sacred Shadows : Photographies d’AndresSerrano. Bruxelles, Galerie Nathalie Obadia, 8, rue CharlesDecoster. Jusqu’au 5 mai, du mardi au vendredi, de 10h à 18h etle samedi de 14 à 18h. Infos : www.galerie-obadia.com

Sacred Shadows

ANDRES

SERRANO,COURTESY

GALERIE

NATH

ALIEOBADIA,

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10 Les galeries SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

DeMpane àWoueteExposition d’ensemble sous laférule de Walter De Weerdt, dont laGalerie Nomad s’est trouvé unnouvel espace à la dimension de sesambitions. En poursuivant laconfrontation entre travauxoccidentaux et pièces d’obédienceafricaine, le galeriste joue la carte dumélange entre expression plutôtdécorative, et c’est le cas avecJeanine Cohen, Gérald Dederen etMarc Lambrechts, et un langageconnoté par la tradition, le passécolonial, le souci de dire au mondeses réalités, ses épreuves, ses désirsparfois enfantins. Aux côtés desphotos du jeune Congolais YvesSambu (qui expose aussi au KVStout proche) inspiré par la sape dontceux de son pays s’enorgueillissentjusque dans les cimetières, du jeuneCamerounais Guy Wouete, apôtrede vérités migratoires par le biais desculptures totémiques voulueschargées de sens et de symboles à

travers une forêt d’assemblages defortune, il y a le Jamaïcain SatchHoyt et ses combats de boxe à lagouache et le Congolais de BruxellesAimé Mpane auteur d’un “KeshoCar Wash” emblématique. Unensemble qui dégage une autrefaçon de voir le monde via unediversité d’artistes et de modesd’expression, même si un certainart de la récup’est désormais troptypé “Afrique” et déjà vidé de sessens récurrents à forced’exploitation. Même si un certaintype d’art clé sur porte ou “Up toDate” finit par fatiguer. Mais unensemble qui avoue ses charmes àforce de varier plaisirs et soucis.(R.P.T.)

UNomad Gallery, 99 rue de Laeken,1000 Bruxelles. Jusqu’au 31mars, dujeudi au samedi de 14 à 19h. Infos :02.219.81.82 etwww.nomadgallery.be

Ensemble

COURTESY

NOMADGALLER

Y

sant une cinquantaine de gouaches encouleurs, datant du début des années60, et que l'artiste n'exposa jamais.‣ Jusqu'au 31·03. Du J. au S. de 14 à18h30 ou sur rdv.URue E. Van Driessche 53 - 1050 Bruxelles -02 215 82 05 - www.galeriedidierdevillez.be

Elaine Levy ProjectWas ist Kunst Hugo Ball. Oeuvresd'Irwin. ‣ Jusqu'au 07·04. Du J. au S.de 14 à 19h ou sur rdv.

URue Fourmois 9 - 1050 Bruxelles -02 534 77 72 - www.elainelevyproject.com

Guest Room - Contemporary ArtGarage Sale. Oeuvres de Maxim Frank.‣ Jusqu'au 21·04. Uniquement surrdv.

URue Renier Châlon 5 - 1050 Bruxelles -0472 21 62 22 - www.guestroom.be

Jozsa GalleryCourage. Dessins et animations vidéode Ruth Gómez. ‣ Jusqu'au 28·04. LesJ. et V. de 12 à 18h ou sur rdv.URue Saint-Georges 24 - 1050 Bruxelles -0478 48 77 09 - www.jozsagallery.com

Le Caméléon CoquetAnne Peeters. Gravures. ‣ Jusqu'au15·03. Du Ma. au S. de 10 à 18h.UAvenue A. Buyl 12 - 1050 Bruxelleswww.lecameleoncoquet.eu

Libre CoursIn-Out. Photos de Catherine Lamber-mont. ‣ Jusqu'au 31·03. Du L. au J. de14h30 à 18h30 ou sur rdv.URue de Stassart 100 - 1050 Bruxelles -0473 59 02 85 - www.galerielibrecours.eu

Nadine FerontBellum. Peintures de Claudie Saxe.‣ Jusqu'au 14·04. Du J. au S. de 12 à19h.URue Saint-Georges 32 - 1050 Bruxelles -02 640 34 44 - www.nadineferont.com

Nathalie ObadiaSacramentum: Sacred Shadows. An-dres Serrano est reconnu comme l'undes artistes qui a traité avec le plusd'audace la religion et le sacré dansl'art contemporain. ‣ Jusqu'au 05·05.Du Ma. au V. de 10 à 18h, le S. de 14 à18h ou sur rdv.URue Charles Decoster 8 - 1050 Bruxelleswww.galerie-obadia.com

Rodolphe JanssenFuck Paintings. Peintures de BettyTompkins.‣ Jusqu'au 17·03. Du Ma. auV. de 10 à 18h, le S. de 14 à 18h.URue de Livourne 35 - 1050 Bruxelles -02 538 08 18www.galerierodolphejanssen.com

Twig GalleryN. Dash & Sam Falls. Les deux jeunesartistes américains exposeront le ré-sultat d'un travail réalisé durant leurséjour commun en pleine nature, dansle désert californien.‣ Jusqu'au 21·04.Du Ma. au V. de 11 à 18h30, le S. de 12à 18h.URue Tenbosch 74 - 1050 Bruxelles -02 344 23 68 - www.twiggallery.com

Xavier HufkensOrigami. Oeuvres de David Noonan.‣ Jusqu'au 31·03. Du Ma. au S. de 12 à18h.URue Saint-Georges 6-8 - 1050 Bruxelles -02 639 67 30 - www.xavierhufkens.com

Zedes Art GalleryIgor Tishin. Peintures et photos.‣ Jusqu'au 07·04. Du Me. au S. de 12 à18h.

URue Paul Lauters 36 - 1050 Bruxelles -02 646 00 04 - www.zedes-art-gallery.be

100 TitresHorror[s] Mirror. Photos, vidéos etoeuvres numériques de Daniel Locus.‣ Jusqu'au 01·04. Du J. au D. de 14 à18h.URue A. Cluysenaar 2 - 1060 Bruxelles -02 534 03 43 - www.100titres.be

Aeroplastics ContemporaryDreams and Ghosts. Oeuvres de JoyEpisalla. ‣ Jusqu'au 07·04. Du Ma. auV. de 11 à 18h, le S. de 14 à 18h ou surrdv.Fireflies. Exposition collective regrou-pant des oeuvres d'Elodie Antoine,Amanda Besl, He He, Ildiko Hetesi,Frances Goodman, Mingjun Luo, KarineMarenne, Sylvie Ronflette, Tracey Snel-ling et Antonia Wright. ‣ Jusqu'au07·04. Du Ma. au V. de 11 à 18h, le S.de 14 à 18h ou sur rdv.URue Blanche 32 - 1060 Bruxelles -02 537 22 02 - www.aeroplastics.net

D+T ProjectThe Forfeiture of Money. Oeuvresd'Ivan Argote, Zachary Formwalt, Gol-din+Senneby, Gianni Motti, Mona Vata-manu et Florin Tudor. ‣ Jusqu'au07·04. Du J. au S. de 12 à 18h30 ou surrdv.URue Bosquet 4 - 1060 Bruxelles -02 537 76 30 - www.dt-project.com

Galerie Arielle d'HauterivesCamille Courier de Méré. L'artistepeintre expose ses grands formatstranslucides. ‣ Jusqu'au 31·03. Du J.au S. de 14 à 19h ou sur rdv.URue Tasson Snel 37 - 1060 Bruxelles -0477 70 02 32 - www.arielledhauterives.be

Le Salon d'ArtPalmes, feuillées et jungles imaginai-res. Peintures et dessins de Titus-Car-mel. ‣ Du 12·03 au 12·05. Du Ma. auV. de 14 à 18h30, le S. de 9h30 à 12het de 14 à 18h.URue de l'Hôtel des Monnaies 81 -1060 Bruxelles - 02 537 66 40www.lesalondart.be

Libre ChoixSeuil et passage. Peintures d'AndréNavez. ‣ Jusqu'au 25·03. Du V. au D.de 14 à 20h.URue Defacqz 152 - 1060 Bruxelles -0476 77 53 60 - www.librechoix.be

Pascal PolarMiroslav Tichý. L'oeuvre du photogra-phe, créée sous la Tchécoslovaquiecommuniste entre les années 60 et 80,tourne autour de la figure féminine, enmarge complète de la création artisti-que occidentale. ‣ Jusqu'au 28·04. DuMa. au S. de 14 à 19h ou sur rdv.UChaussée de Charleroi 108 - 1060 Bruxel-les - 02 537 81 360 ou 0477 25 26 92www.pascalpolar.be

RossicontemporaryThree Colour Environments. MichelLeonardi est un artiste transdiscipli-naire. Il est non seulement peintre etdessinateur, mais aussi plasticien 3D,lithographe expérimenté, designer demobilier contemporain, auteur de trèsnombreuses réalisations picturalesmonumentales et d’aménagements ar-chitecturaux pour des espaces publicset privés... ‣ Jusqu'au 17·03. Les J. etV. de 13 à 17h, le S. de 14 à 18h ou surrdv.URivoli Building - Chaussée de Waterloo690 - 1180 Bruxelles - 0486 31 00 92www.rossicontemporary.be

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11Les galeriesSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

Contact

Agenda culturel :Tél. : 02.211.27.23Email : [email protected]

A l’étranger

COURTESY

SPRÜTH

MAGER

SCOURTESY

WHITECUBE

M.RAED

ECKER

/P.WHITE

CURTISMANN

Angleterre

Gilbert&George – PhotographieLondres – White Cube

Exceptionnellement, les trois galeries de la White Cube se-ront occupées par la nouvelle production du duo Gil-bert&George, “London Pictures”, la plus grande série jamaisréalisée constituée de 292 œuvres, photographies avec auto-portraits recouvertes de textes.U Jusqu’au 14 avril. White Cube, Hoxton Square, Mason’s Yard etBermondsey, Londres. www.whitecube.com

Alighiero Boetti – MultimediaLondres – Sprüth Magers

Parallèlement à la rétrospective de l’artiste italien (1940 -1994) qui se tient à la Tate Modern (jusqu’au 27 mai), la gale-rie présente sur trois étages un ensemble de pièces depuis lafin des années soixante jusqu’aux années nonante dont unesérie de tapis réalisés par des artisans afghans.U Jusqu’au 27mai. Galerie Sprüth Magers, 7a Grafton Street,W1S 4EJ Londres. www.sprüthmagers.com

Michael Raedecker – PeintureLondres – Hauser&Wirth

L’artiste hollandais (Amsterdam 1963) puise ses sujets dansles architectures domestiques de la banlieue londonienne etcombine dans ses œuvres récentes la peinture, le dessin et labroderie car il découpe volontiers ses toiles pour les recom-poser et les coudre afin de les réagencer.U Jusqu’au 5 avril. Hauser&Wirth, 23 Savile Row,W1S 2ETLondres. www.hauserwirth.com

Thomas Eggerer – PeintureLondres – Maureen Paley

Dans cette exposition, l’artiste allemand (vit à New York)continue à développer son intérêt pour les groupes de per-sonnes rassemblées dans de grands espaces. En contraste, ense servant de l’instrument comme sujet, il dresse trois por-traits du virtuose du piano Arturo Benedetti Michelangeli.U Jusqu’au 8 avril. Maureen Paley Gallery, 21 Herald Street, E26JT Londres. www.maureenpaley.com

France

Curtis Mann – PhotographieParis – Galerie Almine Rech

Dans “Openings”, l’artiste américain (1979, vit à Chicago) quidéconstruit les matériaux, dévoile de nouveaux tirages dephotographies prises sans objectif. Par des techniques de dé-coloration, de coupe et de pliage, il poursuit son travail d’effa-cement délicat mais obstiné du papier photo.U Jusqu’au 7 avril. Galerie Almine Rech, 19 rue Saintonge,75003 Paris. www.alminerech.com

Suisse

Bernd Ribbeck – PeintureZurich – Galerie Peter Kilchmann

Adepte d’une peinture géométrique, l’artiste allemand(1974, vit à Berlin) s’attache plus particulièrement à l’idée desymétrie dans des séries de grandes et petites peintures avecpour base le chiffre zéro dont la forme ronde est une figuresimple mais aussi un symbole puissant.U Jusqu’au 14 avril. Galerie Peter Kilchmann, 21 Zahnradstrasse,8005 Zurich. www.peterkilchmann.comC

OURTESY

GAL.P.KILCHMANN

THOMASEG

GER

ER

L’orient des chemins

Jacques Vilet est photographe,Serge Meurant, poète. A deux, ilsont composé, aux EditionsEsperluète, un bien beau petitlivre, un ouvrage à quatremains, deux regards, milleémotions diffuses. Enfants,portraits, paysages. Pourclassiques, ces thèmes nousrenvoient, les renvoient d’abord,

aux souvenirs, proches ou lointains, aux visions soudainesou digérées qui ont guidé ou suivi leurs pas au jour le jourd’heures forcément diverses et uniques. Instants fugitifs.Instants éternels. Rencontres. Découvertes. Un mot. Uneimage. Une image et trois mots. Jouant à cache-cache entremots et images, mais aussi entre mots et mots, sans compterles images venues parfois en foule perturber la marche desmots, Jacques Vilet et Serge Meurant ont composé un “Sonset Lumières” dans lequel l’indépendance des uns et desautres est respectée, la collusion des deux se jouant aussibien des répondants que des allusions. Il y a les images et il ya les mots. Il y a deux voix qui s’interfèrent sans se bousculerni s’imposer. En contrepoint. Par transparence. Les uns ensourdine des autres. Visages qui sourient et visages quipensent. Enfants qui rigolent ou maugréent. Pommes ouharengs saurs. Lumières et pénombres. Mots qui dansent etverbes qui s’exécutent. Le chassé-croisé riche et sensible dedeux voix accordées en toute liberté. Du présent qui a vécuet du vécu qui demeure présent. La marche du tempsaccompagne le photographe et le poète à travers leurschemins croisés et dispersés pour nous. (R.P.T.)

U“L’orient des chemins”, poèmes de Serge Meurant,photographies de Jacques Vilet. Esperluète, 72 pp., 18,50€.

Le livre de la semaine

DR

DS GalerieSteel Life Still Life. Photos de SylvieDerumier, sculptures de Damien Mo-reau et peintures de Lawand.‣ Jusqu'au 01·04. Du V. au D. de 11 à19h.URue de l'Hospice communal 67 -1170 Bruxelles - 02 675 83 80www.louisedsgalerie.com

NAMURGRAND-LEEZExit 11Papiers d'identité. Oeuvres d'AlainBornain, Joerg Coblenz, Benoît Félix,Luc Fierens, Jacques Lennep, TomokoSugimoto, Yves Velter... ‣ Jusqu'au18·03. Les S. et D. de 10 à 18h ou surrdv.UChâteau de Petit-Leez - Rue de Petit-Leez129 - 5031 Grand-Leez - 081 64 08 66www.exit11.be

JAMBESDétourMonique Minette. Peintures.‣ Jusqu'au 25·03. Du Ma. au V. de12h30 à 17h30 et le S. de 14 à 18h.Présence de l'artiste les we des 17/18et 24/25-03.UAvenue Jean Materne 166 - 5100 Jambes -081 24 64 43 - www.galeriedetour.be

NAMURGery Art GalleryFélix Roulin. Sculptures. ‣ Jusqu'au16·03. Du J. au S. de 14 à 18h ou surrdv.URue des Brasseurs 38 - 5000 Namur -0475 60 25 58

ANVERSANTWERPENMicheline SzwajcerLes Enigmes de Saarlouis. Installationde Jos de Gruyter et Harald Thys.‣ Jusqu'au 17·03. Du Ma. au D. de 10 à18h30, sauf le S. de 12 à 18h30.UVerlatstraat 14 - 2000 Antwerpen -03 237 11 27 - www.gms.be

FLANDRE OCCIDENTALEKNOKKEYoung GalleryJavel. Réalisée à la chambre photogra-phique et en studio, la nouvelle séried'Eric Marrian propose une approcheoriginale de la couleur. ‣ Jusqu'au29·04. Les S. et D. de 14 à 19h.UZeedijk 811 - 8300 Knokke - 050 68 56 23www.younggalleryphoto.com

FLANDRE ORIENTALEGENTHoet Bekaert GalleryFools and Tools for Food. Oeuvres dudesigner Maarten Van Severen.‣ Jusqu'au 18·03. Les J. et V. de 14 à18h, les S. et D. de 16 à 19h.URodelijvekensstraat 28 - 9000 Gand -09 324 38 96 - www.iets.be

Fortlaan 17Learn to Prize. Oeuvres de ZacharyWollard et Erica Svec. ‣ Jusqu'au21·04. Du Me. au V. de 14 à 18h, le S.de 12 à 18h ou sur rdv.UFortlaan 17 - 9000 Gent - 09 222 00 33www.fortlaan17.com

KIOSKClaim to Universality. Colour TheoryExercise 1-20. Oeuvres de Sara van derHeide. ‣ Jusqu'au 25·03. Du Ma. au V.de 14 à 18h, les S. et D. de 11 à 18h.Eventuality of an Attempt. Oeuvres deNick Oberthaler. ‣ Jusqu'au 25·03. DuMa. au V. de 14 à 18h, les S. et D. de 11à 18h.ULouis Pasteurlaan 2 - 9000 Gent -09 267 01 68 - www.kioskgallery.be

Arts Libre. Supplément hebdomadaire à La Libre Belgique. Coordi-nation rédactionnelle : Gilles Milecan et Camille de Marcilly. Réali-sation : Sodimco. Administrateur délégué - éditeur responsable :François le Hodey. Rédacteur en chef : Vincent Slits. Rédacteur en

chef adjoint : Pierre-François Lovens. Conception graphique : Jean-Pierre Lambert. Publicité :Martine Levau (0032.2.211.29.12 – [email protected]).

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12 Le marché SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

Spirou

Toujours chez Bernaerts à Anvers, la secondepartie de la vacation était dévolue au “Journalde Spirou”. Ici aussi, les enchères s’envolèrent,plus que pour Tintin, car les évaluationsétaient plus fortes pour le jeune journaliste.Pour Spirou, chaque lot flirta vers les 1000 à2 000 €. Il en est un qui fit mieux que lesautres. Il s’agissait des volumes 1277 à 1289datant de 1962. L’estimation était de 125 à150 €. La dispute fut terrible autour de la table,et le marteau tomba à 6 000 €, frais compris.

6 000 €

BER

NAER

TS

Josef Albers

Le 25 février dernier, Claire Rothärmel ven-dait, dans sa salle de la place Louise, cette huilesur panneau de Josef Albers (1888-1976) inti-tulée “Stucco Setting” et datée de 1958. Lacomposition de 76 x 76 cm s’est vendue à l’es-timation haute, soit 250 000 €, frais compris.Le lot provenait d’une collection de Cleveland.

250 000 €

LOUIZA

TintinChez Ber-naerts à An-vers, le 11 fé-vrier, on ven-dait unensemble deplus de 120lots du “Jour-nal de Tintin”et du “Journalde Spirou”.Ces volumesont été colla-tionnés àl’époque avecl’idée évi-dente de lesconserver à

l’état de neuf. Jamais, ils ne furent ouverts, nilus. Au contraire, tout fut gardé dans la nuitpour éviter tout souci de conservation. Le pa-pier n’aime guère le soleil. La fraîcheur abso-lue des livres illustrés était donc parfaite. Lesévaluations ont explosé à l’instar des 4 600 €obtenus pour un recueil contenant les volu-mes 6 à 22 des “Tintin” de 1948. L’estimationétait de 1 250 €.

4 600 €

BER

NAER

TS

l Ventes publiques

Mosan et

h Les 12 et 13 mars, puis les 15et 16 mars, Elysée et Mosanvous attendent.

LA CONCURRENCE DE DIVERSES SALLES DEventes sur une même ville, cela a du bon etmontre que les cités sont vivantes. Bruxelles etAnvers en témoignent presque âprement. ALiège, Mosan domine son sujet et trie sur le vo-let les objets et meubles, tableaux et sculpturesque les amateurs veulent bien confier aux il-lustres Nagant. Chez Elysée, on se bat commedes diables pour faire tourner la boutique, etl’expansion se poursuit, sans viser autre choseque la région et province liégeoises. La diver-sité des qualités y est très grande, mais on y faitdes découvertes de lots gisant dans de la bro-cante, comme si cela était un fait exprès. Rops àNamur ne fait pas autre chose, mêlant tout afinde laisser aux regards aiguisés la possibilité desortir de la masse une pépite.

A la mi-mars, nous aurons à Liège deux occa-sions de faire des achats. Chez Elysée, notons,entre autres, une belle bonnetière en chêne àpans arrondis, sculptée au cordonnet, montéeà Liège à l’époque Louis XV, et dont on attend1 800 à 2 000 €. Ensuite, on verra, au lot 481,une intéressante paire de plats en faïence à dé-cor animé aux Chinois que la salle compte ven-dre entre 1 600 et 2 000 €. Liège n’oublie passon passé métallurgique et armurier, et parfois,mais c’est rare, passe un pistolet ou un fusil an-cien, ou du XIXe siècle. Ici, on aura à faire à unpistolet liégeois à percussion, en usage dans lacavalerie. Il est à baïonnette et à charnière etest assorti d’une crosse sculptée du XVIIIe siè-cle. On l’attend vers 900 à 1100 €.

MOSA

N

Modulation

Toujours chez Louiza Auktion, on pouvait ten-ter d’emporter cette “Modulation 253” de1979, imaginée par Julio Le Parc (né en 1928).Il s’agissait d’une technique à l’acrylique surtoile, signée, titrée et datée. La composition de80 x 80 cm a trouvé preneur à 25 000 €, fraiscompris, sur une fourchette d’estimation de10000 à 12000€.

25 000 €

LOUIZA

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13Le marchéSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

Elysée rivalisent

Dans un tout autre genre, une caisse de Châ-teau Mouton Rothschild, datant de 2008,contenant douze flacons, est prévue entre700 et 800 €. Au lot 140, se trouvera un deux-corps faisant secrétaire sommé d’un chapeaude gendarme, en noyer, à face et côtés galbés,sans doute namurois et sûrement duXVIIIe siècle. Pour lui, l’évaluation est de 3 000

à 3 800 €. On terminera pour cette salle avecune belle console en chêne sculpté, à pieds-de-biche reliés par une entretoise, somméed’une tablette en marbre moulurée. Elle estliégeoise du XVIIIe siècle, de style Régence etdevrait monter entre 4 000 et 5 000 €.

Chez Mosan, on la joue plus raffiné avecquelques bonnes pièces d’argenterie duXVIIIe siècle et d’autres du début du XIXe siè-cle. Un meuble vaudra la peine, et ce sont sur-tout les tableaux modernes qui vont consti-tuer l’épine dorsale de la vacation. Commen-çons par le meuble qui est un secrétaire duXVIIIe siècle en marqueterie de style LouisXIV. Les cinq pieds en boules de fromage sou-tiennent des gaines ou fuseaux à quatre pans.Le meuble est en marqueterie de loupe denoyer sans doute. On en attend, en l’état (iln’est pas restauré), entre 12 000 et 15 000 €.Le lot suivant est une commode-scriban, enchêne massif de style Louis XV de la moitié duXVIIIe siècle, joliment sculptée et panneautée.On en attend seulement entre 1 400 et1 800 €.

Du côté des tableaux, Mambour domine sonmonde, y compris avec une “Bacchanale d’en-fants” déjà passée en décembre dernier, sauferreur. Mais c’est une toile orientaliste qui vafaire crépiter les lignes, nous disait Lionel Na-gant. Il s’agit d’une vue d’Istanbul peinte parle Français François-Léon Prieur-Bardin(1870-1939), exécutée en 1904 et montrantles deux rives du Bosphore. La composition setrouve dans une collection liégeoise depuismathusalem et intéresse déjà pas mal demonde, dit-on, entre Paris et Londres. On es-compte de cette œuvre décorative de 80 x130 cm, entre 18 000 et 20 000 €.Ph. Fy.

Cette grande toile duBosphore sera à ven-dre chez Mosan, àLiège, aux alentours de18 000 €. Chez Ely-sée, on trouvera beau-coup de vins, maisaussi des objets d’artde qualité commecette pendule enbronze doré Empire.

SYLVIANNEBELLAVIA-ELYSEE

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14 Le marché SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

l Au marteau

Vente Hebey,tout en puissance plastiqueh Le 27 mars, l’étude Camard va vendre133 lots provenant de la collection Hebey.Entre IIIe République et Fontana,voilà une sacrée ouverture d’esprit.

A PARIS LE 27 MARS, DANS LES SALLES DE DROUOT, on vapouvoir se faire plaisir avec des œuvres du XXe siècle de bellefacture, puissantes, surtout en termes de qualités plastiques.Toutefois, on regrettera que les auteurs du catalogue n’aientpas jugé bon de mettre une ligne sur les collectionneurs dontles goûts passèrent des sculpteurs pompiers aux peintres etsculpteurs les plus recherchés de la seconde moitié duXXe siècle, entre autres. On peut lire, dans “Le Figaro” du30 janvier, un article signalant que Pierre et Elisabeth Hebeysont des gens hors norme dont l’appartement du boulevardSuchet, à Paris, est un invraisemblable lieu chargé d’au moinsun millier d’objets empilés dans les cheminées ou sur les esca-liers, et que les tableaux placés à touche-touche sont souventmajeurs. Un Alechinsky est même accroché à un plafond. Laprésente vacation, après une autre de 1999 qui vit partir toutun ensemble de meubles de Ruhlmann pour 40 millions defrancs français, va permettre à l’ancien avocat, né en Algérieen 1926, de faire un peu place nette, et lui donner quelquessequins pour compenser une relative incapacité d’achats faceà la hausse insensée des prix depuis vingt ans.

Pierre Hebey est l’unique acheteur du couple, son épouses’occupant de la mise en scène des œuvres, disait notre collè-gue. 133 lots, ce n’est donc pas grand-chose dans cet univers,mais le choix opéré avec les Camard donne une ligne de con-duite impressionnante, et les toiles choisies sont frappantes àl’œil. Passons donc, mais sans mépris, sur les sculptures debronze et de marbre de Clésinger, de Agathon Léonard, deLarche, de Léon Gérôme et les vases de Ferdinand Barbe-dienne, célèbre fondeur de bronze, mais aussi sculpteur et or-nemaniste, pour atteindre les artistes actifs au XXe siècle. Celacommence avec un dessin de Kirchner, “Femmes nues” (285 x135 mm), annoncé à 30 000 €. Alberto Giacometti, qui a tra-vaillé ici pour Jean-Michel Franck, est présent avec trois pieds

de lampe en plâtre, annoncés chacun à 40 000 €. Chagall(1887-1985) suit avec un considérable enchaînement degravures puis divers tableaux. Les estampes vaudront en-tre 3000 et 20000 €. Pour les dessins et les huiles, c’estune autre artillerie. “La Prière”, dessin à l’encre de Chinetracé en 1914 sur une feuille de 130 x 190 mm, est esti-mée entre 30000 et 40000 €. “Le Sacrifice” d’Isaac, tracévers 1956, non signé, est prévu entre 20000 et 30000 €,pour une technique similaire. Pour une autre encre,“Mère et Enfant-La Guerre” de 1942, on annonce50000 à 70000 €. On compte, de Chagall également, dessculptures, comme le diptyque de “Jacob et Moïse”, encalcaire, hautes de 68 cm et évaluées entre 160000 et180000 €. Le clou “chagallien” restera posé sur la toile“La Route de Cramberry Lake” de 1944, escomptée entre400000 et 500000 €.

La vente contient encore du Poliakoff (trois œuvres en-tre 30000 et 200000€), plusieurs travaux de RobertoMatta (1911-2002) et de nombreuses œuvres de CoBrAdont les membres présents ici sont Jorn, Appel, Corneille.

Bram Van Velde clôture un panorama du siècle passéqui pétille de couleurs et d’intériorité.Ph.FyU Infos : www.camardetassocies.com

CAMARD

Le clou de la venteest cette toile deChagall, “La Routede Cramberry Lake”de 1944, escomptéeentre 400000 et500000 €.

CAMARD

Cette “Composition abstraite” deSerge Poliakoff, datant de 1964, estestimée entre 30000 et 40000€.

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15Le marchéSEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

l Vente publique

Elsen, maîtreès Histoire

COMME TOUJOURS DANS LES VACA-TIONS de monnaies, au-delà du travail dumonnayeur qui consiste à créer une imagechargée de symbolique, et de perpétuer lestraits d’un souverain, c’est l’histoire d’uneville ou d’un Etat qui entre en ligne decompte.

Depuis la haute antiquité jusqu’à nosjours, l’Histoire défile quand on abordeune vente de monnaies anciennes aux-quelles s’ajoutent souvent des médaillescommémoratives. C’est petit comme ob-jet, trop petit pour beaucoup d’entre nous,mais c’est un art d’excellence quand laprécision des traits est obtenue et que ledéfi de l’espace est surmonté.

Des personnages obscurs apparaissentsouvent au gré des vacations et les catalo-gues, quand ils sont bien charpentés, don-nent des détails sur les personnages. C’estle cas chez Elsen qui prévoit une disper-sion le 17 mars prochain. On y trouve, parexemple au n°506, un denier de Rouen àl’effigie de Louis IV d’Outremer (942-946)qui profita d’un assassinat pour réinstallerle pouvoir royal sur la Normandie. Il fautdire que juste avant lui, Guillaume Lon-gue-Epée, qui régna sur la Normandie de927 à 942, porteur du titre de duc, avaitfait en sorte que le pouvoir royal soitévincé. Cela lui valut une mort fou-droyante, et comme il n’avait qu’un fils de8-9 ans, prénommé Richard, Louis IV enprofita.

La pièce de son atelier local fut frappée àRouen. Le duc en titre fut capturé et em-mené à Laon. Le duché fut géré par des ad-ministrateurs du roi, mais le peuple, sou-tenu par le roi du Danemark Harald à laDent bleue, se révolta. Louis IV dut éva-cuer ses troupes et restaura le petit Ri-chard sur son trône, en 946, en signant letraité de Saint-Clair-sur-Epte. La pièceprésentée ici est donc d’une rareté insigne.

Elle n’est pas très chère et annoncée à 1500 €. Pour 2 500 €, on devrait pouvoiremporter un écu d’or à la couronne,frappé à Saint-Quentin dans les ateliers dePhilippe le Bon, duc de Bourgogne. Lors dutraité d’Arras du 20 septembre 1435, leduc reconnut Charles VII comme roi deFrance. Lequel roi le dispensa de ses hom-mages féodaux sur les terres royales. Il futdemandé au duc de déplacer ses ateliersde frappe de Tournai (on y frappait lesmonnaies bourguignonnes de Hainaut,Brabant et Flandre; Tournai était une villede 60 000 habitants, ce qui était considé-rable), vers Arras et Saint-Quentin. Le ducse plia à cette règle en faisant frapper lespièces en alternance entre les deux enti-tés. C’est là que se trouve la rareté de lachose, car l’alternance ne dura que de1437 à 1449. L’essentiel des pièces présen-tées en ce mois de mars porte des estima-tions de 50 à 250 €, ce qui permet d’entrerdans l’Histoire par la petite porte et àmoindre frais.Ph. Fy.UElsen : 153, avenue de Tervuren, àBruxelles. Infos : www.elsen.be

ELSEN

Quand la Normandie futréoccupée par le roi de France,on y frappa des pièces durantquatre années, vers 940.

ThéièreCette théière litron en porcelaine de Paris est sortie dela manufacture Dihl qui s’est associée, à un momentdonné, avec Guerhard. Ils furent les artisans préférés ence domaine du duc d’Angoulême, et les seuls à atteindredes sommets dans leur art avec la manufacture de Sè-vres, sous l’Empire. De nombreux peintres de qualitéfurent appelés pour décorer les pièces qui se vendaienten services entiers à des prix astronomiques. Drolling,Sauvage, le Guay comptèrent parmi les illustrateurs fa-voris de cette paire d’entrepreneurs de haute qualité et

dotés d’exigences qui plurent à tous les princes qui gouvernèrent la France entre 1781et 1823, dates de création de l’entreprise, rue Bondy, avant une installation rue du Tem-ple. Cela dit, la compagnie connut des soucis financiers énormes dès 1806, et ne résistaque grâce à des emprunts auprès de l’Etat pour faire face à l’impossibilité de livrer à desclients anglais et russes. La faute au blocus, sans doute. Dans la pièce illustrée ci-contre,on voit des scènes à l’antique en grisaille que Jacob Norden, propriétaire de la chose, si-gnale qu’il s’agit de l’histoire de Cupidon et de Psyché. L’objet date donc des années1781-1790. Il est à vendre à 2 500 €. Infos : 0477. 34.95.13.

PH.FY.

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16 L'actu SEMAINE DU 9 AU 15 MARS 2012 ARTS LIBRE

l Modernité

Le doux universde Geert Van Veldeh Avant Eurantica, exposition chezMineta Fine Art d’œuvres raresde l’artiste hollandais en provenanced’une collection privée française.

SANS DOUTE MOINS CÉLÉBRÉ QUE SON FRÈRE Bram,Geer Van Velde a mené une carrière essentiellement fran-çaise qui l’a conduit jusqu’à l’abstraction sans que jamaisil ne se départisse d’une structure dans un besoin d’or-donner son univers et de lui donner cohésion. Fort heu-reusement, la période actuelle étant propice à quelquesreconsidérations sur des artistes de la modernité, sonœuvre est remise à l’honneur et l’exposition qui se tientactuellement chez Mineta y contribue dans une belle me-sure. Les œuvres exposées et commercialisées appartien-nent à une collection privée, celle d’un autre artiste hol-landais, Piet Moget, dont nous parlerons très prochaine-ment. Elles sont donc rares et d’autant plus précieuses quechoisies par un œil de peintre, elles sont de très belle fac-ture.

Né à la fin du 19e siècle aux Pays-Bas, Geer Van Velde re-joindra son frère à Paris en 1925 et participera rapide-

ment à des expositions de groupe. Sa première expo per-sonnelle n’aura lieu qu’en 1946 chez Aimé Maeght. Grandvoyageur, il parcourt l’Europe, séjourne volontiers dans leSud de la France et dès les années cinquante, il expose unpeu partout, jusqu’à New York et au Brésil. Parmi les gensqu’il rencontre et avec lesquels il se lie d’amitié, oncompte Bonnard et Beckett, aussi Seuphor qui ne put querenforcer l’intérêt que Geer Van Velde portait à son com-patriote Mondrian.

C’est au carrefour de ces affinités que se construit litté-ralement son œuvre très en retenue, délicate en tous sesaspects. La conquête de l’abstraction se réalisera lente-ment, dans un mûrissement perceptible dans les dessinspréparatoires réunis dans l’exposition. L’artiste retient leslignes de force plutôt que les formes et s’engage dans ladouceur de tonalités lumineuses et légères. Dans ce pro-cessus de passage, une petite gouache (Composition,1950) est une pure merveille de finesse chromatique et decomposition distanciée. L’ordonnance y est pleinementspatialiste et la douceur s’y infiltre comme une volupté.Dans deux grandes peintures, des œuvres majeures, l’unede 1947/1950 architecturée verticalement en laissant lesespaces ouverts, l’autre de 1955 concentrée sur un noyaude formes libres mais contenues, l’artiste y livre l’essentielde son credo pictural, les infinies nuances chromatiques à

peine matérialisées et l’indispensable soutien structurel.Ainsi qu’en témoigne une œuvre de 1962-1963, la pra-

tique de l’abstraction modérée ne le détourna jamaiscomplètement d’une figuration allusive basée sur la forcearchitecturale où les qualités d’un Bonnard et d’un Mon-drian sont personnalisées et associées dans une formula-tion de grande sérénité apaisante.Claude LorentUGeer Van Velde. Peintures, gouaches et dessins. Mineta FineArt, Av GuillaumeMacau, 38, 1050 Bruxelles. Jusqu’au21 avril. Dumercredi au samedi de 14h à 18h.

COURTESY

MINETAFINEART,BRUXELLES

Une partie de ces œuvres sera présentée dans le standde la galerie lors de la foire Eurantica à Bruxellesdu 23 mars au 1er avril.