ACT-O N°26

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Le journal du Cercle du Grand Théâtre et du Grand Théâtre de Genève Les métamorphoses d'Alcina N°26 | Février / Mars / Avril 2016 LE MÉDECIN MALGRÉ LUI Chantal Thomas & Laurent Pelly sont sur un « nuage » STREET DANCE CLUB Ça va swinguer aux Nations 26 PREMIÈRE À L'OPÉRA DES NATIONS

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Grand Théâtre de Genève ACT-O n°26 Magazine du Cercle du Grand Théâtre de Genève

Transcript of ACT-O N°26

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Le journal du Cercle du Grand Théâtre et du Grand Théâtre de Genève

Les métamorphoses d'Alcina

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2016

LE MÉDECIN MALGRÉ LUI

Chantal Thomas & Laurent Pellysont sur un « nuage »

STREET DANCE CLUB

Ça va swinguer aux Nations

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PREMIÈRE À L'OPÉRA DES NATIONS

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4AlcinaUn conte moral édifiant...et une musique qui parle aux émotions

16Sara MingardoUn timbre sombre et chaud

ProchainementDans le n°27Simon Keenlyside 03/05/2016

Carmina Burana 13 > 22/05/2016

Falstaff 18 > 30/06/2016

La couverturePhoto réalisée autour du personnage d’Alcina

interprétée par Nicole Cabell

Photo Nicolas SchopferDA Aimery Chaigne

Maquillage : Carole SchoeniPerruquière : Aurélie Escamez

Retouche photo : Kristiana Klekmane

3 D’une rive à l’autreLa culture de tout bord !

15 Susan GrahamL’enchan-teresse

18Street Dance Clubça va swinguer !

14Diana DamrauLa divaassoluta

Difficile de garder le silence et de ne pas évoquer les faits qui se sont déroulés un samedi du mois de décembre 2015, et dont le théâtre de la Place de Neuve porte les marques. Bien d’autres bâtiments et bien des personnes ont été victimes de ces actes barbares, mais les médias ont choisi de mettre en exergue ce qui s’est passé sur le parvis du Grand Théâtre. Etait-ce une manière de mettre en évidence que les subventions municipales de l’Institution lyrique genevoise demeuraient inaltérées, après le non respect, actuel, des accords avec le Canton ? Une façon de dénoncer des inégalités et d’attiser des rivalités, d’un coup de plume ? Ne serait-il pas temps de clore le chapitre de la culture bourgeoise en l’opposant aux autres cultures et de nous battre pour la Culture ou les Cultures, afin qu’elles occupent une vraie place dans nos sociétés ?Les violences urbaines, aujourd’hui, ne semblent guère s’inscrire dans une continuité historique, qui les apparenterait aux poussées révolutionnaires ou aux grèves insurrectionnelles du passé, elles ne semblent pas porter le rêve ou les utopies d’un nouveau modèle de société. Destructrices, elles comportent générale-ment une charge d’autodestruction. Face aux éruptions et aux débordements de violence, le discours moral, largement repris par les médias, non seulement constitue une réponse inappropriée, mais crée aussi des effets de stigmatisation des individus et des groupes, et de négation des problèmes.Chacun prétend que la violence est inacceptable et affirme qu’elle est dans l’autre camp. N’est-il pas hypo-crite de désapprouver publiquement des violences tout en se réjouissant que d’autres les commettent ? Les violents, bien souvent minoritaires, font preuve de lâcheté en utilisant le bouclier du cortège. La masse protectrice devient alors leur otage. Qui osera prendre la décision de dissoudre, sans violence, une manifestation aux premiers actes de destruction ? Cherchons à maintenir la cohérence entre le discours et les actes. Restons acteurs, car n’oublions jamais que nous sommes responsables de ce que nous mettons en place.L’extrémisme est un fait générationnel. Notre responsabilité est engagée pour ne pas avoir proposé des alternatives. L’art peut contribuer à désamorcer cette charge de violence. S’il était vraiment inclus dans le système pédagogique, il aiderait aussi les jeunes dans leur perception du monde et à les éloigner des secta-rismes et de la violence. Nous vous invitons à nous rejoindre, aux abords de la place des Nations, pour partager des moments de rêves et de passion. Personne n’est exclu, le sectarisme et la discrimination n’existent pas, l’Opéra des Nations vous appartient et ouvre ses portes avec Alcina, une femme mue par ses peurs, et qui suscite beaucoup d’émotions. Les stars, habitués à venir sur la rive gauche, seront également présentes sur la rive droite, les premières stars parmi nous, Diana Damrau et Xavier de Maistre qui seront suivis par Susan Graham, la plus française des mezzos américaines. Plus tard, nous vous inviterons à partager un spectacle de hip hop, Street Dance Club. N’hésitez pas à vous rendre à la campagne Rigot et à rejoindre les 15 000 spectatrices et spectateurs qui se sont réjouis avec Die Zauberflöte.

Tobias RichterDirecteur général

8Le Médecin malgré luiComme un nuage en colère

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable éditorial Mathieu PoncetResponsable graphique & artistique Aimery Chaigne Ont collaboré à ce numéro Sandra Gonzalez, Sophie Barenne, Dominique Rémy, Daniel Dollé, Petya Ivanova, Véronique Walter, Patrick Vallon, Gerson Waechter, Wladislas Marian Impression FOT Suisse SA

Parution 4 éditions par année ; achevé d’imprimer en février 2016. 6 000 exemplaires.Il a été tiré 45  000 exemplaires de ce numéro encartés dans le quotidien Le Temps.

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L’Art une réponse à la violence…

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autres communes de tout le canton nous ont rejoints pour des rencontres régulières. C’est ainsi qu’en septembre dernier a eu lieu, à Meyrin, la première Rencontre culturelle du Grand Genève ouverte au public et aux professionnels. À l’image de Meyrin, de nombreuses communes se sont dotées de responsables culturels et au fil des années, des infrastructures se sont créées et une offre culturelle de proximité s’est développée. Les artistes en profitent aussi, certains spectacles pouvant être proposés en tournée dans le Canton ; ils peinent cependant encore à traverser les frontières qui restent bien réelles sur ce poin-là. Nous rêvons de renouveler l’expérience d’un grand projet trans-communal et transfrontalier comme a pu l’être le rassemblement de danseurs amateurs (d’une trentaine de communes genevoises et françaises) qui, après des mois de répétition sont partis danser ensemble lors du Défilé qui ouvre la Biennale de la danse de Lyon, en 2012 et 2014.L’attractivité du centre par la concentration de lieux culturels existe toujours et tant mieux. Mais le mouvement a tendance à s’inverser. Les Genevois viennent voir des spectacles à Meyrin, comme ils vont à Vernier, Onex, Divonne ou Annemasse. Les ateliers, salles de répétition, studios de danse, sont encore concentrés principalement au centre ville. Mais là aussi, des lieux sont imaginés dans les communes périphériques. Alors que Vernier travaille à son grand projet de studios et salles de répétition, Meyrin – grâce à la Fondation meyrinoise du Casino – construit la Maison des compagnies pour Alias et STT, ses deux compagnies en résidence.  Et, dans le quartier des Vergers en construction, des futurs habitants, artistes et artisans, se mobi-lisent pour que des espaces soient dévolus à la culture. Ces projets auront pour effet de changer la dynamique des nou-veaux quartiers qui furent autrefois qualifiés de cités dortoirs et créeront une nouvelle topographie culturelle de la région.Un enjeu majeur reste celui de la mobilité et des transports pour aisément passer du centre à la périphérie et de la périphérie au centre, ou d’une rive à l’autre ! ■

La culture de tout bord !

par Dominique Rémy*

Emprunter le pont du Mont-Blanc, chaque matin, à vélo ou en voiture, ou attendre le tram sur le Pont de l’Ile, voir l’eau de ce fleuve qui coupe la ville en deux, est un plaisir dont je ne me lasse pas. Sous le soleil, les nuages, la brume, la pluie ou la neige, mon regard se perd dans les eaux du fleuve ou du lac. Du centre, je me rends en périphérie, dans cette cité satellite, nom qu’elle portait fièrement, cette

petite commune excentrée, Meyrin.Il y a un peu plus de 20 ans, un centre culturel a vu le jour, un théâtre est né. Certains Genevois pessimistes nous disaient alors qu’il était bien trop loin de « la » ville, que ça ne marcherait pas. Les lieux culturels étaient alors concentrés non loin de la place Neuve. La crainte que ce centre culturel soit « une coquille vide » ne s’est absolument pas concrétisée.Au sein du théâtre, alors responsable entre autres de la program-mation de la danse, j’ai participé avec enthousiasme au lancement du passedanse, avec mes collègues de la Bâtie, du théâtre de l’Usine, de Château Rouge d’Annemasse et de l’ADC. Nous étions persuadés que pour cet art de la scène encore peu représenté qu’était la danse contemporaine, nous avions tout à gagner de col-laborer, de faire circuler les publics, de proposer les spectacles sur les plateaux les plus adéquats. D’autres se sont joints à nous par la suite, dont le Grand Théâtre, complétant ainsi une cartographie par-delà les frontières. Lorsque l’on évolue dans une ville périphérique, on a bien conscience d’être seulement l’une des 45 communes du canton, de ne pas être au centre. On a besoin les uns des autres. C’est ainsi que, passant du théâtre au service de la culture, j’ai contacté mes alter ego, les délégués culturels de Lancy et de Plan-les-Ouates. Des conseils pratiques (sur la façon d’organiser la fête du 1er août, le choix du spectacle à proposer pendant l’été, la politique à mener concernant les subventions pour les associations culturelles), tant de questions qui ont été à l’origine des rencontres des services culturels des communes. Nos voisins français et de nombreuses

* Une formation d’ergothérapeute, une passion pour la photographie, quelques années en mission pour la Croix-Rouge internationale. Elle entre dans le domaine culturel par le Festival de la Bâtie, puis les Ateliers d’ethnomusicologie jusqu’à ce qu’elle soit engagée à Meyrin pour préparer l’ouverture du Théâtre Forum. Assistante du directeur, responsable de la communication et de la programmation de la danse, elle quitte le théâtre pour reprendre le service de la culture de la ville de Meyrin. En poste depuis 2008, elle développe ce service : concerts, expositions, participation à des festivals, activités pédagogiques, résidences d’artistes, et coordination du fonds d’art contemporain. Dominique est mère de deux enfants d’origine thaïlandaise.

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Fine observatrice et actrice incontournable de la scène culturelle genevoise, Dominique Rémy est notre 3ème invitée à prendre l’espace nécessaire pour évoquer ce que lui inspire notre déménagement à la Place des Nations.©

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La magie d’Alcina...Après Casse-noisette, Le Songe d’une nuit d’été

et La Flûte enchantée, les aventures que nous souhaitons vous faire partager devaient se

poursuivre avec une autre féerie. Comme si le passage d’une rive à l’autre n’avait

rien changé. Et pourtant, tout change, c’est une autre magie dans un lieu à découvrir. En

compagnie de l’Orchestre de la Suisse Romande et du continuo de La Cappella Mediterranea,

placés sous la direction musicale de Leonardo García Alarcón, nous vous invitons à découvrir

la magicienne Alcina interprétée par la soprano californienne Nicole Cabell dans cette œuvre

surgie de la plume de Georg Friedrich Haendel.

« … La beauté et l’inconstance d’Alcina manifestent dans leur

essence la brièveté de tous les plaisirs terrestres qui sont

perdus dès qu’ils sont atteints. »

Universal spectator, le jUillet

› Alcina Dramma per musica en 3 actes Georg Friedrich Haendel Direction musicale

Leonardo García Alarcón Mise en scène

David Bösch Décors

Falko Herold Costumes

Bettina Walter Lumières

Michael Bauer Dramaturgie

Barbora Horáková Joly Alcina

Nicole Cabell Ruggiero

Monica Bacelli Morgana

Siobhan Stagg Bradamante

Kristina Hammarström Oronte

Anicio Zorzi Giustiniani Erlend Tvinnereim* Melisso

Michael Adams Orchestre de la Suisse Romande Continuo Cappella Mediterranea À l’Opéra des Nations du 15 au 29 février 2016

* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence

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Nicole Cabell (Alcina)

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Cinq des quarante opéras de Haendel plongent leurs racines dans la féerie ou la magie. Orlando (1733) fait figure d’exception avec un magicien Zoroastro, qui conduit la fable et semble annoncer le Sarastro de Mozart. A l’opposé de cette sphère, on découvre quatre magiciennes, Armida dans Rinaldo (1711), Medea

dans Teseo (1713), Melissa dans Amadigi di Gaula (1715), et enfin Alcina dans l’œuvre éponyme, Alcina (1735), une des plus fameuses œuvres lyriques de Haendel.Toutes les quatre sont des sopranos, de vraies héroïnes qui se précipitent dans le conflit amoureux jusqu’à leur perte. À chaque fois, la constance d’une mortelle triomphe des sortilèges, voue la magicienne à la solitude et lui fait perdre ses pouvoirs, voire la vie.Alcina, la dernière magicienne, est une fée romantique en désaccord avec elle-même. Alcina, un monstre de nostalgie, à qui revient un des plus beaux airs, « Ah, mio cor ! »Ah, mon cœur ! On t’a trompé / Astres, dieux, divinités d’Amour ! / Traître ! Je t’aime tant ! / Tu peux m’abandonner seule en pleurs, / Oh Dieux, pourquoi ?L’air constitue un des moments forts de l’œuvre. La musique, le texte et la situation sont extrêmement évocateurs. Par-delà l’aban-don, une nouvelle solitude attend Alcina qui ne comprend pas et qui répète inlassablement « Perché ? ».Alcina ne correspond nullement à la vision de la sorcellerie maléfique. Elle est devenue une femme touchante, bouleversante, humaine. Alcina est avant tout une femme, une femme séductrice, mais surtout séduite, qui rejoint la longue liste des héroïnes aban-données, comme le fait remarquer Jean Starobinski.Après Alcina, il n’y a plus d’enchanteresse dans les opéras de Haendel, qui s’arrêtera de composer des ouvrages lyriques cinq années après la création d’Alcina à Covent Garden, en avril 1735. La magie semble quitter les planches, la farsa semble supplanter les sortilèges, mais les femmes restent magiciennes, et l’opéra continuera longtemps à enchanter.

La magie d’Alcina...

par Daniel Dollé

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Un conte moral édifiant...

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O P É R A T I O N A L C I N A

Sophie Barenne Pourriez-vous situer historiquement Alcina ?

Leonardo García Alarcón Créée en 1735, c’est une œuvre prodigieuse, véritable pierre angulaire de l’histoire de la musique. Elle s’inscrit dans la lignée des opéras qui ont contribué à la nais-sance d’un genre, tel L’Orfeo de Monteverdi (1607), un des tout premiers opéras de l’histoire. Alcina fait suite également à la tradi-tion vénitienne qui, dès 1637, inaugure au Teatro San Cassiano les premières représentations dans un espace accessible à un public payant et non plus exclusivement à l’aristocratie. En créant Alcina en 1735 à Londres, en dehors de la patrie de l’opéra, Haendel suit les traces des compositeurs Luigi Rossi, qui fait interpréter son Orfeo à Paris devant Louis XIV et Giuseppe Zamponi qui, en 1650, donne en représentation Ulisse all’isola di Circé, une pièce très similaire à Alcina créée à Bruxelles, à l’occasion des festivités du mariage de Philippe IV d’Espagne.1 Quant à la magie et l’aura d’Alcina, elle inspire déjà la compositrice Francesca Caccini qui met pour la première fois en musique l’épopée épique de l’Arioste en 1625 avec La Liberazione di Ruggiero dall’Isola d’Alcina. C’est la première d’une longue liste d’œuvres mettant en scène la mythique magicienne.

SB Alcina occupe avec Orphée une place singulière dans l’opéra à l’époque baroque, comment l’expliquez-vous ?

LGA En effet, Orphée et Alcina, mais également Circé, sont les personnages clés de l’opéra baroque. La figure mythologique d’Orphée pour les compositeurs de cette époque, c’est un peu comme celle de Jésus pour Bach ! Il incarne à la fois la musique et la relation avec les dieux. Quant à Alcina, elle répond à un attrait

1 L’œuvre est ressuscitée par Leonardo García Alarcón et donnée en concert une

première fois en 2006 puis enregistrée sous le label Ricercar en 2012.

Un entretien avec le chef d’orchestre leonaRDo GaRcía alaRcón par Sophie BaRenne

important pour la magie ainsi que la mythologie et combine deux aspects : le plan humain d’un côté et le monde de l’illusion de l’autre. C’est une figure qui permet de mettre en scène l’ambi-valence émotionnelle, très appréciée à l’époque baroque. Alcina fascine. C’est à la fois la beauté incarnée, et, si on la regarde de plus près, un monstre. Avec le metteur en scène David Bösch, nous avons beaucoup travaillé sur cette ambiguïté et la façon dont elle passe de la beauté à la décrépitude, dans le livret comme dans la musique. Enfin, Arioste et le Tasse sont tous deux de grands librettistes qui exercent une influence capitale sur le XVIIème siècle musical. Leurs œuvres ont inspiré de nombreux opéra, tels Il com-battimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi.

SB Comment, dans le contexte de l’époque, un compositeur allemand est-il parvenu à imposer ses œuvres opératiques en Angleterre ?

LGA À la différence d’un Scarlatti qui ne parvient pas à adapter son œuvre très « napolitaine » à l’Italie du Nord, Haendel étudie les goûts du public vénitien et réussit à se faire apprécier. En 1709 il monte Agrippina au Teatro San Giovanni Grisostomo, et, malgré ses origines, c’est une véritable consécration. À Venise, les spec-tateurs aiment le récitatif, l’action, le théâtre et Haendel apporte beaucoup d’attention et de soin à arranger sa pièce en fonction de ces critères. Plus tard, quand il commence en Angleterre, il présente au public des opéras en italien. Il est alors contraint de choisir un livret connu, des histoires faciles et partagées par tous, comme Jules César et Cléopâtre. C’est aussi le cas d’Alcina qui fait partie de l’imaginaire collectif d’un peuple de marins.

SB Quel est le génie de cette Alcina ?

LGA L’inventivité de Haendel réside avant tout dans la rhétorique

... et une musique

qui parle aux émotions ©

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Le directeur musical Leonardo García Alarcón lors des premières répétitions sur scène à l'Opéra des Nations.

[à droite]

Nicole Cabell (Alcina) et Monica Bacelli (Ruggiero) sur la scène de l'Opéra des

Nations lors des premières répétitions sur scène

[plus à droite]

Siobhan Stagg (Morgana) rêvasse à sa vie future avec « Ricciardo »

à la fin de l'acte I.

[ci-dessus]

Leonardo García Alarcón

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musicale. Les procédés techniques auxquels il a recourt, pour façonner ses personnages, n’ont jamais été aussi poussés : rupture du rythme, virtuosité et colorature extrêmes, passus duriusculus, amplitudes, chromatismes… Les personnages « inhumains » d’Al-cina et Morgana  à qui Haendel prête un langage qui transcende les codes et le langage humain, ouvrent la voie à une longue lignée de reines de la nuit et autres grandes magiciennes.

SB L’œuvre a-t-elle bien voyagé à travers le temps?

LGA À l’époque, il s’agit d’un des plus grands succès de Haendel avec Ariodante et Giulio Cesare mais aussi un des derniers opé-ras italiens qu’il compose pour l’Angleterre. Ses personnages, en particulier Ruggiero et Alcina, répondent à plusieurs grilles de lecture. Dans un sens, leur destin est intemporel et se rattache à l’histoire universelle : l’illusion de ce qu’apporte une troisième personne dans un couple, la jalousie, la vengeance, ou encore l’abandon... C’est un véritable défi pour l’interprète d’aujourd’hui car l’œuvre est extrêmement codifiée et le public actuel ne partage plus ces conventions. C’est au metteur en scène et au chef d’or-chestre de transmettre toutes ces subtilités porteuses de sens.

SB Comment concevez-vous l’interprétation et l’actualisation d’une œuvre baroque au public d’aujourd’hui ?

LGA II existe pour cela trois optiques. La première consiste à convertir la pièce en une œuvre de musée et à essayer de la reproduire telle que le compositeur l’a conçue. C’était le défi des années 60 et le parti pris d’un Alfred Deller, Gustav Leonhardt ou Nikolaus Harnoncourt, trois artistes que j’admire considérable-ment et qui ont provoqué une révolution indéniable dans l’inter-prétation de la musique ancienne. Mais, bien qu’elle continue de nourrir mon travail, c’est à mon sens une utopie… Sans doute une

des plus belles du XXème siècle. La deuxième voie revient à trans-poser la pièce dans l’actualité et concevoir quasiment un nouvel opéra à partir de celui d’origine. Je ne suis pas adepte de cette démarche et considère que dans cet état d’esprit, il vaut mieux en réécrire un nouveau. La troisième attitude, que j’ai adoptée, s’inspire d’une conception en spirale du temps. Connaissant tout d’une pièce ancienne, il est selon moi possible d’en trouver les échos émotionnels. Il ne s’agit pas là d’ornements, mais plutôt, de pulsions humaines qui peuvent se transmettre à travers les instruments ou la voix. Mon travail consiste à rechercher com-ment la musique parle aux émotions, en étudiant en particulier les valeurs, les tempos, les timbres et la relation entre le texte et les intervalles. Trouver l’actualité de l’œuvre de Haendel pour moi revient à traduire les émotions dans un langage actuel sans trahir le sens original ou la musique2. Parmi les différentes adaptations figurent, par exemple, le rythme d’élocution, les enchaînements, et les constantes variations dans l’aria da capo.

SB Quelle est l’importance du rôle joué par la Cappella Mediterranea ?

LGA Parmi les ingrédients essentiels qui composent la musique baroque figure la basse continue. Elle est interprétée par des ins-truments tels que la harpe, le clavecin, la viole de gambe, le luth, ou encore l’archiluth. Bien qu’elle ne soit pas écrite, elle joue un rôle essentiel en transmettant couleur, intensité et émotions. Cet ensemble, que j’ai fondé il y a 10 ans, est spécialisé dans la redé-couverte des œuvres musicales du XVIIème siècle et est à mes yeux le plus à même de transmettre ces paramètres extrinsèques. ■

2 Voir aussi Leonardo García Alarcón, Musique, voix humaine et sprezzatura,

programme de salle du récital d’Anne Sofie von Otter, 12 mai 2013, p.6.

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Comme un « nuage » de colère...

[ci-dessus]

Maquette du "nuage" de colère imaginé pour la scénographie

de cette production.

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personnages sont très marqués, très typés, et les références très ex-plicites. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler sur l’idée du tréteau. Nous voulions quelque chose de très simple, qui soit un terrain de jeu. Le tréteau est l’élément central qui, d’une sobriété extrême à l’ouverture, va s’enrichir au fil des actes.

SB Pouvez-vous rapidement décrire comment se décline le décor des trois actes ?

CT L’acte I se déroule sur un plancher de théâtre. Sa particularité réside au niveau du sol, une sorte de lino, une matière d’intérieur à motif qui couvre toute la surface et qui va évoluer. Dans l’acte II, le tréteau se replie, comme un livre. Le lieu devient fermé, symbolisant «la maison de Géronte», vacillante, et soutenue par des étais. Enfin, dans l’acte III, on s’est déplacé côté jardin du théâtre, comme dans une sorte de travel-ling. L’angle de vue diffère. On se situe entre deux maisons. La maison que l’on aperçoit ressemble à celle de Géronte. Ces maisons sont signifiées par quelque chose de très simple, deux murs, un sol et répondent aux didascalies elles-mêmes très sommaires.

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Sophie Barenne Le Médecin malgré lui de Charles Gounod est la transposition musicale de l’œuvre de Molière. Comment les imbrications musicales du XIXème siècle, dans une pièce théâtrale du XVIIème, vous ont-elles inspirée?

Chantal Thomas C’est très stimulant de travailler sur une œuvre aussi théâtrale, et pour cause ! Souvent la scénographie tente de compenser un livret un peu faible. Dans ce cas précis, nul besoin d’artifices, c’est un véritable bonheur dramaturgique. Les situations sont claires, il ne reste plus qu’à se laisser porter par le texte de Molière et offrir des opportunités de jeu au metteur en scène. En outre, la musique de Gounod est en parfaite osmose avec cette théâtralité.

SB C’est un retour aux sources pour vous qui avez conçu les décors d’un Tartuffe en 1988, première collaboration avec Laurent Pelly…

CT Oui, en effet. Mon premier décor avec Laurent était également pour une pièce de Molière. Pour celle-ci, notre travail s’inspire de la commedia dell’arte, une autre forme de retour aux sources. Les

Comme un « nuage » de colère...

Et pour aborder Le Médecin malgré lui, encore dans les limbes de la création deux mois avant les premières répétitions, rien de tel que de s’adresser à la scénographe Chantal Thomas qui fonctionne en duo à l’opéra comme au théâtre avec Laurent Pelly depuis presque 30 ans… une constance qui survit à la victoire et aux récompenses. Ils se complètent l’un l’autre, s’ajoutent, s’imbriquent et forment un tout cohérent. Elle débroussaille le chemin, concrétise la hardiesse des idées de mise en scène, et assure la continuité de l’œuvre. Bientôt les applaudissements salueront la périlleuse voltige, mais voyons d’abord comment les idées ont germé.

Un entretien avec la scénographe chantal thomaS par Sophie BaRenne

› Le Médecin malgré lui Opéra-comique en 3 actes Charles Gounod Direction musicale

Sébastien Rouland Mise en scène et costumes

Laurent Pelly Décors

Chantal Thomas Costumes

Jean-Jacques Delmotte Lumières

Joël Adam Géronte

Franck Leguérinel Lucinde

Clémence Tilquin Léandre

Stanislas de Barbeyrac Sganarelle

Boris Grappe Martine

Ahlima Mhamdi* Jacqueline

Doris Lamprecht Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge

Orchestre de la Suisse Romande À l’Opéra des Nations du 4 au 16 avril 2016

* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence

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O P É R A T I O N L E M É D E C I N M A L G R É L U I

SB Quelle est la symbolique véhiculée par chacun des tableaux ?

CT La scène de ménage entre Martine et Sganarelle qui entame l’œuvre est d’une violence inouïe. Pour parvenir à ce rinforzando de fureur, qui chasse tout de la maison, nous avons matérialisé un « nuage de colère », une véritable tempête d’objets enlevés… Les assiettes volent, les meubles sont aspirés dans les cintres. Pour évoquer la pauvreté des gens (l’œuvre est transposée dans une époque plutôt contemporaine), nous n’avons recours ni au vide ou ni au taudis. Au contraire, l’idée de pauvreté est véhiculée à travers un univers saturé d’objets. Ce sont des gens endettés par le crédit qui possèdent frigo, TV, meubles, lits ou autres bibelots. Martine se démène avec son mari alcoolique et ses 4 enfants. Tout ce qui constitue leur espace et leur vie matérielle précaire pour-rait être emporté par les huissiers. De ce « nuage » pourront tom-ber des objets susceptibles d’être utilisés dans le jeu : caisses de vin et de bière, ustensiles divers pouvant aussi servir à se tabasser.Dans l’acte II, le plancher se replie ; les murs sont les morceaux du sol précédent. L’intérieur est symbolisé de cette façon. Le lieu est un univers bourgeois de province (les didascalies indiquent seulement : Dans la maison de Géronte), les meubles ne sont pas datés dans le temps, ce sont les meubles de toujours et ils vont servir à tout.Dans le dernier acte, le décor glisse. Le lieu est voisin de la maison de Géronte. C’est un entre-deux. Un lieu symbolique où tout se trame, tout se  complote. L’espace est indéfini, il est même un peu sombre avec une terre noire qui évoque plutôt la campagne. On continue à voir la maison. Ce lieu  intermédiaire, de passage, peut provoquer plus de situations  que les lieux clairement définis.

SB En quoi ce décor diffère-t-il d’autres décors que vous avez déjà réalisés?

CT Il est relativement rare que je produise des décors aussi épu-rés. Mais il m’a paru important, pour cette œuvre, de laisser toute la place au jeu, et parfois même, à la pantomime et au burlesque. L’Opéra des Nations, qui ne dispose pas de toute la machinerie des opéras habituels, s’y prête parfaitement. Se rapprochant du concept de théâtre de tréteaux, il s’en dégage des contraintes très inspirantes, parfaitement adaptées à la pièce.

SB Comment fonctionne votre tandem avec Laurent Pelly ? Et comment votre univers commun a- t-il évolué ?

CT Nous nous connaissons bien et notre tandem fonctionne depuis longtemps. Nos échanges de vues et de dessins sont tou-jours très fructueux, et sans doute, avec le temps, plus rapides et efficaces. En tant que décoratrice, je suis au service de la mise en scène, mon rôle consistant à faire accoucher les idées et à les mettre en forme. Il arrive que le metteur en scène ait du mal à se projeter dans un espace en 3D, mais ce n’est pas le cas de Laurent qui a un vrai sens de l’espace. Quand à notre univers, il est très dif-férent d’un spectacle à un autre, du plus épuré au plus dense. Je ne pense pas qu’il soit possible de qualifier nos décors d’une forme d’esthétisme particulière bien que notre travail se fasse, bien sûr, influencer par le monde qui nous entoure et son évolution, y com-pris dans les arts plastiques. ■

suite de la page précédente

[en haut]

La scénographe Chantal Thomasdans son atelier parisien derrière la

maquette du Médecin malgré lui[ci-dessus]

Le metteur en scène Laurent Pelly et Chantal Thomas

sur un élément de décor de la production de Robert le Diable au

ROH de Londres.

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officiel de la Ligue de champions de l’UEFA. Ces deux hymnes ont été écrits pour le couronnement de Georges  II le 11 octobre 1727 à la Westminster Abbey. C’est la première commande que Haendel exécuta pour le nouveau roi, une sorte de remerciement à son père George Ier qui est mort juste après avoir signé l’acte de naturalisation du compositeur. Depuis, ces hymnes font partie intégrale de toutes les cérémonies de couronnement, la dernière en date étant celle du couronnement de la Reine Elizabeth II.

Pour le reste du programme, nous avons choisi 30 minutes des meilleurs morceaux de l’oratorio Israël en Égypte qui tracent le déroulement de l’histoire : nous commençons avec l’ouverture pour finir avec le Jubilant Chorus – le moment où lesIsraélites échappent à l’emprise des Égyptiens. C’est une pièce magnifique, écrite pour un chœur double, qui présente des effets antipho-niques comme les voix disparates d’une foule ; les fléaux de l’Égypte sont aussi évoqués – les grêles et les orages, les insectes, la séparation des eaux de la mer et la noyade des Égyptiens, avec un ou deux airs qui seront chantés par des solistes sélectionnés parmi les membres du Chœur.

J’ai choisi ces morceaux car ils mettent particulièrement en valeur notre Chœur : Haendel était maître de l’art lyrique – ses oratorios sont largement accessibles, pour le public autant que pour les chanteurs – ce sont des œuvres majoritairement homophones, ce qui ne veut pas dire dépourvues de complexité mais en revanche très efficaces, d’un grand dramatisme rendu à merveille par un chœur opératique. C’était une pièce extrêmement populaire en son temps – les orato-rios de Haendel sont devenus les pièces maîtresses de son œuvre tardive, après la gloire qu’il s’était forgé avec ses opéras italiens – notamment Alcina qui est présentée à l’Opéra des Nations ce mois de février (voir p. 2). Graduellement, le style italien s’est résorbé dans les influences françaises et anglaises, et ce sont les oratorios comme Le Messie et La Résurrection qui sont devenus bien plus populaires à la fin de sa carrière. Après Le Messie, Israël en Égypte est le plus connu parmi eux.

La fin du concert sera triomphale avec Zadok the Priest – sa durée de seulement cinq minutes cloturera en beauté ce concert dédié à l’éclat des voix rehaussé par les œuvres chantées de Haendel. ■

Ce concert présente la musique de deux com-positeurs anglais incontournables : Henry Purcell et Georg Friedrich Haendel, ce dernier allemand d’origine et naturalisé anglais. Je me réjouis particulièrement, indépendamment du fait que je suis anglais, car ces morceaux, ont été composés initialement pour l’acous-tique de la Westminster Abbey.

La pièce de Purcell était écrite pour les funérailles de la reine Mary II, une reine d’Angleterre très jeune, qui est décédée le 28 décembre 1694 à l’âge de 33 ans. Purcell était l’organiste de la Westminster Abbey et compositeur à la Cour de la famille royale. Nous savons, grâce à des documents historiques et à la musique elle-même, qu’il était très proche de la reine Mary qui appréciait énormément ses talents musicaux. Cette musique est particuliè-rement émouvante : c’est une marche écrite pour un quartet de trompettes à coulisse – des instruments d’époque très rares qui peuvent jouer les notes entre les séries harmoniques caractéris-tiques pour les cuivres, et donc dans une clé mineure, inhabi-tuelle pour les trompettes. Intimement associée à l’acoustique de la Westminster Abbey, elle est très chromatique, tourmentée, d’une expressivité presque douloureuse. La marche était reprise pour les funérailles de Purcell lui-même, survenues, tristement, seulement quelques mois après celles de la reine Mary – à l’âge de 36 ans, et qui ont aussi eu lieu aussi dans la Westminster Abbey. Cette pièce est unanimement reconnue. Des compositeurs lui succédant ont d'ailleurs systématiquement renoncé à mettre en musique le même texte – extrait de l’Ancien Testament intitulé In the Midst of Life We Are in Death – car sa composition reste pionnière et unique, un véritable coup de génie. La marche des trompettes est notamment reprise comme thème principal dans le film Orange mécanique de Kubrick.

Le programme continue avec plusieurs œuvres de Haendel  : la première pièce – Le Concerto grosso Op. 6 No 2 – est instrumen-tale, pour deux violons, solo violoncelle et orchestre (L’Orchestre de Chambre de Genève, avec lequel le Chœur du Grand Théâtre a déjà collaboré la saison dernière sur A Midsummer Night’s Dream de Mendelssohn). Ensuite, seront interprétés deux des quatre hymnes de couronnement que Haendel a écrits, The King Shall Rejoice et Zadok the Priest rendu célèbre pour être l'hymne

Purcell & Haendel en chapitreLe chef du Chœur du Grand Théâtre de Genève alan WooDBRiDGe s’entretient avec petya ivanova

This concert showcases the beauty of the voices of the choir of the Grand Théâtre de Genève. Starting with Purcell’s exception-ally moving Music for the funeral of Queen Mary, it evokes mo-ments of solemnity and triumph – with Haendel’s two coronation anthems The King Shall Rejoice and Zadok the Priest that follow in the program. All of these pieces were especially written for the acoustics of the Westminster Abbey. Purcell’s funerary march is an unequalled piece of genius – its chromatic, tortuous beauty is conveyed by the very rare flatt trumpets and the choral voices. The dramatic power of Haendel’s vocal art is highlighted by our operatic choir in the best bits of the oratorio Israel in Egypt. From the overture to the Jubilant Chorus - the moment when the Israelites escape the clutches of the Egyptians, the music shapes the story of the plagues of Egypt: the lice and the flies, the hail-storms and the rain, the separat-ing of the sea and the drowning of the Egyptians; with powerful antiphonic effects evoking crowd scenes. This piece was extremely popular at the time, when, after achieving his first glory with the Italian opera seria such as Alcina, Haendel became even more fa-mous for his oratorios, of which, after The Messiah, Israel in Egypt is the best known.

I N S H O R T

Alors qu’Alcina de Haendel aura inauguré l’Opéra des Nations en février, le compositeur anglais se retrouvera au

côté de Purcell, son célèbre prédécesseur, sublimé par le Chœur du Grand Théâtre

de Genève en compagnie de L’Orchestre de Chambre de Genève dans la magnifique nef de la Cathédrale Saint-Pierre en avril 2016. Alan Woodbridge, chef du Chœur du Grand Théâtre de Genève, qui dirigera cette soirée nous parle de ses choix de programmation.

› Le Chœur du Grand Théâtre

& L’Orchestre de Chambre de Genève

Concert exceptionnel Henry Purcell Georg Friedrich Haendel

À la Cathédrale Saint-Pierre de Genève Vendredi 22 avril 2016 à 19 h 30

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eRécit de voyage

Nos itinérances lyriques...par véRonique WalteR et GeRSon WaechteR

Se retrouver dans les plus beaux décors au monde et partager des émotions artistiques, rencontrer des artistes d’exception et décou-vrir les coulisses de la création, telles sont les principales motivations des membres du Cercle pour parcourir le monde.Parmi ces instants de grâce, figure un prodi-gieux Don Carlo au Regio de Turin en avril

2013, sous la direction du grand chef d’orchestre Gianandrea Noseda, une distribution qui a su révéler tout son génie avec Ludovic Tezier en Marquis de Posa, et Ilda Abradzakov en Philippe  II, ainsi qu’une mise en scène époustouflante de Hugo de Ana. Le dîner aux chandelles organisé par un des membres à l’Accademia Filarmonica, dans les salons mordorés du Palazzo Solaro del Borgo datant du XVIIIème siècle fut un moment magique. En émergeant du Palazzo après le dîner, ce fut presque un choc de se retrouver au XXIème siècle !En juillet 2013, destination Aix-en-Provence, pour une édition d’anthologie du festival: Rigoletto mis en scène par Robert Carsen et coproduit par le Grand Théâtre de Genève, Elektra, dirigée par Esa-Pekka Salonen dans l’ultime – et désormais mythique – mise en scène de Patrice Chéreau, enfin, une éblouissante Elena de Francesco Cavalli, ensommeillée depuis 350 ans et exhumée par le chef Leonardo García Alarcón. Au programme également, rencontres et conversations inoubliables avec les artistes, notamment au cours d’un dîner al fresco sur une belle terrasse du Cours Mirabeaud.En décembre 2013, La Monnaie de Bruxelles charmait le Cercle avec Hamlet d’Ambroise Thomas, incarné par Stephane Degout, avec Olivier Py à la mise en scène et Marc Minkovsky à la baguette suivi, en janvier 2014, par une mémorable Force du destin à Munich, avec la « Traumpaar » Jonas Kaufmann et Anja Harteros.L’été 2014 est marqué par le souvenir du festival de Glyndebourne.

Un séjour imaginé et organisé minutieusement par Diane d’Arcis avec trois opéras à la clé : La Finta Giardiniera et Rinaldo, mis en sène par Robert Carsen et une Traviata avec le London Philarmonic Orchestra.En octobre 2014, départ pour Beijing, pour assister à une représentation de Don Pasquale, avec une distribution presque entièrement chinoise, donnée au Centre National des arts du spec-tacle, bâtiment grandiose inauguré en 2007 et conçu par l’archi-tecte français Paul Andreu. Au programme des réjouissances  : l’incroyable richesse patrimoniale de la capitale chinoise et de sa région avec, en premier lieu, la Cité interdite et la Grande Muraille mais aussi ses galeries d’art, ses vieux Hutong (vieux quartiers tra-ditionnels), sa street-food délicieuse, et une visite époustouflante à l’atelier de haute couture de la grande créatrice Guo Pei.Décembre 2014 marque le séjour au prestigieux SemperOper de Dresde pour Le Chevalier à la Rose, avec Anja Harteros, Sophie Koch avec Christian Thielemann au pupitre puis, en avril 2015, à Amsterdam, pour un Macbeth magnifiquement dirigé par Marc Albrecht. L’occasion de chaleureuses retrouvailles avec Ching-Lien Wu, cheffe de chœur au Grand Théâtre de Genève pendant 13 ans, et actuelle cheffe de chœur du Théâtre National des Pays-Bas. Interlocutrice hors pair, pour une visite des lieux presque « en famille » !En automne 2015, c’est à Berlin que le Cercle s’est déplacé pour une ultime étape avant la fin de l’année. Quelques jours mémo-rables, au cours desquels les membres ont pu apprécier la 4ème et la 7ème symphonie de Beethoven dirigées par un Simon Rattle litté-ralement « possédé », assister à un West Side Story décapant, mis en scène par Barrie Kosky à la Komische Oper, et découvrir enfin Vasco de Gama, un opéra rarement représenté de Meyerbeer, avec Roberto Alagna et Sophie Koch.

Turin, Aix, Bruxelles, Barcelone, Vienne, Madrid, Oslo, Munich, Beijing, Dresde, Amsterdam, Berlin… Quel fil rouge pourrait bien relier ces capitales culturelles entre elles ? Pour le savoir, il suffit de détailler le programme des voyages musicaux du Cercle du Grand Théâtre depuis 2013 pour découvrir que toutes font partie de ses destinations.

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BUreaU

M. Luc Argand, présidentM. Rémy Best, vice-présidentM. Jean Kohler, trésorierMme Véronique Walter, secrétaireMme Françoise de Mestral

aUtres memBres dU comité

Mme Christine Batruch-Hawrylyshyn Mme Claudia GroothaertMme Vanessa Mathysen-GerstMme Coraline Mouravieff-ApostolMme Brigitte VielleM. Gerson Waechter

memBres BienfaiteUrs

M. et Mme Luc ArgandM. et Mme Guy DemoleFondation de bienfaisance du groupe PictetFondation Hans WilsdorfM. et Mme Pierre KellerBanque Lombard Odier & Cie SAM. et Mme Yves OltramareMrs Laurel Polleys-CamusM. et Mme Adam SaïdUnion Bancaire Privée – UBP SAM. Pierre-Alain WavreM. et Mme Gérard Wertheimer

memBres individUels

S. A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’ArcisS. A. S. La Princesse Étienne d’ArenbergMme Dominique ArpelsM. Ronald AsmarMme René AugereauMme Véronique BarbeyMme Christine Batruch-HawrylyshynMme Maria Pilar de la BéraudièreM. et Mme Philippe BertheratMme Antoine BestM. et Mme Rémy BestMme Saskia van BeuningenMme Françoise BodmerM. Jean BonnaProf. et Mme Julien BogousslavskyMme Christiane BoulangerMme Clotilde de Bourqueney HarariComtesse Brandolini d’AddaMme Robert BrinerM. et Mme Yves BurrusMme Caroline Caffin

M. et Mme Alexandre CatsiapisMme Maria Livanos CattauiMme Muriel Chaponnière-RochatM. et Mme Julien ChatardM. et Mme Neville CookM. Jean-Pierre CubizolleM. et Mme Claude DemoleM. et Mme Olivier DunantMme Denise Elfen-LaniadoMme Maria EmbiricosMme Diane Etter-SoutterMme Catherine Fauchier-MagnanMme Clarina FirmenichM. et Mme Eric FreymondMme Elka Gouzer-WaechterMme Claudia GroothaertM. et Mme Philippe Gudin de La SablonnièreMme Bernard HacciusM. Alex HoffmannM. Patrick Houitte de la ChesnaisM. et Mme Philippe JabreM. et Mme Éric JacquetM. Romain JordanMme Madeleine KogevinasM. et Mme Jean KohlerM. David LachatM. Marko LacinM. et Mme Pierre LardyMme Éric LescureMme Eva LundinM. Bernard MachMme France Majoie Le LousM. et Mme Colin MaltbyMme Catherine de MarignacM. Thierry de MarignacMme Mark Mathysen-GerstM. Bertrand MausM. et Mme Olivier MausMlle Lizy MaymardMme Béatrice MermodM. et Mme Charles de MestralM. et Mme Francis MinkoffMme Jacqueline MissoffeM. et Mme Christopher Mouravieff-ApostolMme Pierre-Yves Mourgue d’AlgueM. et Mme Philippe NordmannM. et Mme Alan ParkerM. et Mme Shelby du PasquierMme Sibylle PastréM. Jacques PerrotM. et Mme Wolfgang Peter Valaizon M. et Mme Gilles Petitpierre

M. et Mme Charles PictetM. et Mme Guillaume PictetM. et Mme Ivan PictetM. et Mme Jean-François PissettazMme Françoise PropperComte de ProyartMme Ruth RappaportM. et Mme François ReylM. et Mme Andreas RötheliM. et Mme Gabriel SafdiéComte et Comtesse de Saint-PierreM. Vincenzo Salina AmoriniM. et Mme Paul SaurelM. Julien SchoenlaubMme Claudio SegréBaron et Baronne SeillièreM. Thierry Servant †Marquis et Marquise Enrico SpinolaMme Christiane SteckM. et Mme Riccardo TattoniM. et Mme Kamen TrollerM. et Mme Gérard TurpinM. et Mme Jean-Luc VermeulenM. et Mme Julien VielleM. et Mme Olivier VodozMme Bérénice WaechterM. Gerson WaechterM. et Mme Stanley WalterM. et Mme Lionel de WeckMme Paul-Annik Weiller

memBres institUtionnels

1875 Finance SABanque Pâris Bertrand Sturdza SAChristie’s (International) SACredit Suisse SAFBT Avocats SAFondation BruGivaudan SAH de P (Holding de Picciotto) SAJT International SA Lenz & StaehelinMKB Conseil & CoachingSGS SAVacheron Constantin

Organe de révision : Plafida SACompte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie

Rejoignez-nous !Nous serions heureux de vous compter parmi les pas-sionnés d’ arts lyrique, chorégraphique et dramatique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes. Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi l’assu-rance de bénéficier d'une priorité de placement, d'un vestiaire privé, d'un service de billetterie personna-lisé et de pouvoir changer de billets sans frais. Vous participerez chaque année au dîner de gala à l’issue de l’Assemblée générale et profiterez des cocktails d’entracte réservés aux membres. De nombreux voyages lyriques, des conférences thématiques « Les Métiers de l’Opéra », des visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre et des rencontres avec les artistes vous seront proposés tout au long de la saison. Vous pourrez assister aux répétitions générales et bénéficierez d'un abonnement gratuit à ce magazine. Vous recevrez également tous les programmes de salle chez vous.

Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné

pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises

qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique,

chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter

son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et

ainsi, de participer à son rayonnement.

Nos membres

Pour recevoir de plus amples

informations sur les conditions

d’adhésion au Cercle,

veuillez contacter directement :

Madame Gwénola Trutat

(du lundi au vendredi

de 8 h à 12 h)

T + 41 22 321 85 77

F + 41 22 321 85 79

[email protected]

Cercle du Grand Théâtre de Genève

Boulevard du Théâtre 11

1211 Genève 11

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eCNos itinérances lyriques...

LES WEEK-ENDS EN PROJET Les projets qui se trament sont tout aussi réjouissants. Deux nou-velles aventures musicales sont d’ores et déjà programmées pour le premier semestre 2016.Du 5 au 7 février 2016, Le Cercle envisage un voyage thématique à Barcelone autour d’Otello : l’Otello de Verdi, le premier soir, avec Stuart Neill et Ermonela Jaho, suivi, le lendemain, d’Otello de Rossini, en version de concert, avec Gregory Kunde, Julia Lezhevna, Lawrence Brownlee et Yijie Shi.Du 27 au 29 mai 2016, le cercle projette un long week-end à Naples, dans le but d’assister à un Zenobia in Palmira de Giovanni Paisiello au Teatro di Corte di Palazzo Reale (une résurrection pour fêter le 200ème anniversaire du compositeur) et à une double production de Goyescas de Granados et de Suor Angelica de Puccini, au Teatro San Carlo. Rappelons que le Teatro di Corte est un petit théâtre situé à l’intérieur du palais royal. Endommagé pendant la guerre, il a rou-vert récemment après plus de dix ans de travaux de restauration. Ce séjour se déroulera pendant le Maggio dei Monumenti (Mai des mo-numents) se déroulant chaque année à Naples pendant tout le mois de mai. À cette occasion, le centre-ville historique est animé par de nombreuses manifestations, expositions, ateliers, concerts, projec-tions de films et productions théâtrales. C’est également le moment idéal pour découvrir les joyaux de l’architecture napolitaine, toutes les églises et chapelles de Naples étant ouvertes tout comme de nombreux bâtiments historiques normalement inaccessibles.

ET APRÈS ?Au Cercle, les idées et projets de voyage ne manquent pas. L’opéra se renouvelle sans cesse aux quatre coins du monde et foisonne de découvertes. Ces expériences enrichissantes ne demandent qu’à être partagées, en vrai, ou à travers le récit, et c’est ce que le Cercle ne manquera pas de faire dans ACT-O, à suivre donc !

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Son agenda19 | 22 | 25 | 28.16Manon (Manon) DM : Frédéric Chaslin MS : Andrei SerbanAvec Ramón Vargas, Dan Paul Dumitrescu et Boaz DanielWiener Staatsoper

8.03.16Récital Piano : Helmut DeutschOpéra National de Paris

Son dernier CDFiamma del Belcanto

Orchestra Teatro Regio Torino DM : Gianandrea Noseda

avec Nicole Brandolino, Piotr Beczala, Nicolas Testé Warner Classic/Erato, 2015

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Le DVD du récitalRecital

with Xavier de MaistreDiana Damrau, Xavier de Maistre

MS : Brian LargeSuivi du film Diva Divina

réalisé par Beatrix Conrad EMI Music Germany/Virgin, 2013

Diva assolutaDiana Damrau

Après la dernière des Pêcheurs de perles, au Metropolitan de New York, un concert de gala à Palm Beach et Manon à la Staatsoper de Vienne, la voici de retour à Genève pour inaugurer la série des récitals à l’Opéra des Nations.C’est avec beaucoup de regrets que Diana Damrau avait dû annuler son récital, la

saison dernière. Il lui tenait à cœur de tenir sa promesse et d’être parmi nous malgré ses nombreuses sollicitations et son calen-drier extrêmement chargé. Trois jours après le récital, elle sera de retour à Vienne pour chanter Manon, en compagnie de Ramón Vargas, sous la direction musicale de Frédéric Chaslin.Diva assoluta du bel canto, la soprano allemande est presque deve-nue une habituée de la scène genevoise. Son motto, son conseil aux jeunes artistes : « Ayez de la patience ! Ne vous laissez pas influen-cer ! Ayez du plaisir à chanter ! »Peu à peu, elle concrétise ses rêves de jeunesse. Elle voyage de continent en continent sans sacrifier sa vie de famille. Enfant de son temps, elle s’intéresse à tous les genres, comme le montre son enregistrement Forever : opéra, opérette, musical, sans oublier le cinéma. Lorsqu’elle interprète Violetta à Londres, la presse dithy-rambique parle de son incarnation d’une intelligence inégalable et d’une véracité sans faille. Dans la presse de son pays natal, on peut lire : « Qui pense soprano colorature en Allemagne, pense désormais Diana Damrau. » Incontestablement, le Grand Théâtre pourra se réjouir et se féliciter d’inscrire un nouveau fleuron dans la programmation des récitals.

› Diana Damrau Soprano

Xavier de Maistre Harpe Strauss, Liszt, Tchaïkovski, Dvořák

À l’Opéra des Nations 16 février 2016 à 19 h 30

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Xavier de Maistre ouvre d'autres voies

Premier musicien français à avoir été admis dans le philharmonique de Vienne, en 1998, alors âgé de 24 ans, Xavier de Maistre est reconnu pour sa virtuosité autant que pour sa profonde musicalité. Promis à une carrière d’avocat, son destin a basculé, cédant aux conseils des maitres les plus inspirés.

Aujourd’hui, il est assurément un des harpistes les plus pas-sionnants de la scène actuelle. Sa reconnaissance internatio-nale n’a cessé de croître, et malgré un instrument resté plutôt confidentiel, il joue en solo avec les orchestres les plus prestigieux, sous la direction de chefs tels que André Previn, Simon Rattle, Riccardo Muti, Daniele Gatti, Philippe Jordan, Kristjan Järvi, Bertrand de Billy, Andrés Orozco-Estrada, Heinrich Schiff ou encore Gilbert Varga. Il n’a de cesse de transcender cet instrument par-fois perçu comme désuet ou secondaire et de le replacer au centre des créations, une ambition qu’il atteint.

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Son agenda17.03.16A Life in Song Piano : Malcolm MartineauRoyal Conservatoire of Scotland, Glasgow

24.03.16Recital Wigmore Hall, Londres

30.03.16Recital Wiener Konzerthaus, Vienne

07.04.16Concert-récital Orchestra of St. Luke’sDM : Nicholas McGegan(Haydn et Purcell)Carnegie Hall, New York

12.05.16Soirée spéciale«Susan Graham and Friends» Carnegie Hall, New York

19 | 20 | 21 | 22.05.16San Francisco Symphony and Susan Graham present Brahms DM : Michael Tilson Thomas Davies Symphony Hall, San Francisco

23 | 27.07 & 5 | 11 | 19.08.16Capriccio (Clairon) DM : Leo Hussain MS : Tim AlberyThe Santa Fe Opera

Son dernier CDL’Enfant et les sortilèges - ShéhérazadeSaito Kinen Orchestra DM : Seiji Ozawa Susan Graham (Shéhérazade) Isabel Leonard (L’Enfant) Decca, 2015B00X5CUYLU

Son dernier DVDFrench SongsPiano : Malcolm MartineauEnregistré au Festival de Verbier 2009Ideale Audience, 2010B003OT6I32

Diva assoluta Susan GrahamL’enchanteresse...L

orsqu’on regarde le calendrier de l’artiste, on comprend rapidement que sa visite est un extrême privilège, et que le public se presse pour voir et entendre cette mezzo-soprano exceptionnelle.Après avoir consacré un concert de gala, le 11  février 2016, à des œuvres de Haendel, avec le San Francisco Philharmonia Baroque, sous la

direction de Nicholas McGegan, Susan Graham s’embarque pour une tournée de récitals en Europe. Ses différents programmes présentent des œuvres de Schumann à Poulenc. Elle est accom-pagnée par Malcolm Martineau qu’on ne présente plus et que tous les grands récitalistes se disputent. Elle fera escale à Genève, à Londres, au Wigmore Hall et au Konzerthaus de Vienne.Née au Texas, son répertoire lyrique s’étend sur quatre siècles, de Monteverdi, avec Poppea, jusqu’à Jake Heggie qui compose pour elle Dead Man Walking. Sur scène, elle triomphe avec les rôles de travestis dans le répertoire mozartien ou straussien. Plus récemment, elle s’est fait remarquer par son interprétation de la Comtesse Geschwitz, de Lulu. Sa Didon, dans Les Troyens de Berlioz, est bouleversante et rare. Avec un égal bonheur et succès, elle taquine la muse légère, Orlovsky dans Die Flerdermaus ou Die lustige Witwe. Elle débute sa carrière à Covent Garden, en 1994, avec Cherubino, de Le Nozze di Figaro. Ses récitals font toujours preuve d’une grande intelligence et explorent un très large réper-toire. Sa discographie est impressionnante et présente des orato-rios, des cycles de mélodies de Berlioz, de Ravel et de Chausson.Chevalier de la légion d’honneur, en 2001, elle a également été consacrée par les Grammy Awards, en 2004, pour son enregis-trement des mélodies de Charles Ives. En 2005, elle est nommée commandeur des Arts et des Lettres. Probablement est-elle la mezzo américaine la plus française…

› Susan Graham Mezzo-soprano Piano

Malcolm Martineau Schumann, Fauré, Strauss, Grieg, Debussy, Poulenc, Tchaïkovski, Granados, Berlioz

Au Grand Théâtre de Genève 20 mars 2016 à 19 h 30

« …La musique vous rend tellement en retour! Et même en ce moment, j’ai peut-être des problèmes avec cette Iphigénie en Tauride, mais quand je suis sur la scène, en robe rouge, que je commence à chanter «Malheureuse Iphigénie», que je vis la souffrance de ce personnage, il se passe tellement de choses dans mon cœur que j’ai l’impression qu’il va éclater! Chanter cette musique au Palais Garnier, face au public, et être capable d’exprimer toute cette émotion et cette souffrance... »sUsan Graham, aU moment des représentations d’IphIgénIe en TaurIde, aU palais Garnier, à paris©

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Son agenda22 | 24 | 27 | 29.09 & 01.10.16L’incoronazione di Poppea (Ottone) MonteverdiDM : Rinaldo AlessandriniMS : Robert WilsonLa Scala de Milan

Son dernier CDRequiemW. A. MozartDM : Laurence Equilbey L’Insula Orchestra & Chœur Accentus avec Sandrine Piau, Werner Güra et Christopher Puves Naïve, 2014

Son dernier DVDConcert d’ouverture du Festival de Lucerne, 2014 BrahmsLucerne Festival Orchestra & Bavarian Radio Choir DM : Andris NelsonsMS : Michael BeyerAccentus, 2015B00U2MTLG0

AVEC LES TRANSPORTS PUBLICS

VOUS N’ÉCHAPPEREZ PAS AUX CHARMES D’ALCINA

Les abonnés du Grand Théâtre bénéficient de la libre circulation en transports publics dans le périmètre d’unireso Tout Genève, 2h avant et 2h après le spectacle.

Pour le Grand ThéâtreArrêt Place de Neuve : 12, 18 / 3 / 5, 36 – Arrêt Théâtre : 2, 19

Pour l’Opéra des Nations (ODN)Arrêt Nations ou Sismondi : 15 – Arrêt Nations : 5, 8, 11, 22, 28, F, V, Z

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› Sara Mingardo Soprano Piano

João Paolo Santos Alto

Jo Diemut Poppen Brahms | Wagner | Mahler À l’Opéra des Nations Vendredi 15 avril 2016 à 19 h 30

Certaines et certains d’entre vous ont participé au triomphe de Sara Mingardo lorsqu’elle interprétait Neris dans la mémorable production de Medea, mise en scène par Christph Loy, en 2015. Elle est de retour à Genève, non pas sur la scène de Neuve, mais à l’Opéra des Nations, accom-pagnée par João Paolo Santos et Dietmut

Poppen. Ils interprètent des œuvres de Brahms, Mahler, Enescu, avant de conclure sur les Vier letzte Lieder de Richard Wagner. Le 30 janvier 2017, l’artiste avait interprété des ouvrages de Merula, Salvatore, Storace, Carissimi, et Vivaldi, avec le Concerto Italiano.Née à Venise, elle étudie au Conservatoire « Benedetto Marcello » avec Paolo Ghitti puis à l’Académie Chigiana de Sienne. Elle fait ses débuts dans le chœur de la Fenice. Encouragée par Ferruccio Lozer, le chef des chœurs de l’époque qui avec remarqué son potentiel, elle entame au milieu des années 80 une carrière de soliste, avec, notamment, le soutien de Rinaldo Alessandrini qui ne réalise pas un enregistrement sans elle. On pourrait également citer Sir Colin Davis qui lui fait interpréter Britten et Elgar, sans oublier Claudio Abbado dont la mort attriste toujours encore l’artiste et qu'elle regrette infiniment. Inaugurer le Festival de Lucerne, en 2014, sans lui, ne fut pas chose facile.Elle commence sa carrière de soliste en 1987, lorsqu’elle rem-porte le prix au concours Toti dal Monte, à Trévise. Elle est également honorée par le concours Viñas de Barcelone qui lui décerne le Prix « Giulietta Simionato ». Depuis 1989, elle se produit dans différents festivals et opéras parmi les plus impor-tants en Europe comme La Scala de Milan, le Teatro Comunale de Bologne, La Fenice de Venise, le Teatro Comunale de Florence, le Teatro San Carlo de Naples, le Teatro Regio de Turin, les Opéras de Monte-Carlo et Lausanne, le Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles, le Théâtre des Champs-Élysées à Paris puis les Festivals de Salzbourg, Martina-Franca, Aix-en-Provence, Bregenz, Beaune, Montreux-Vevey et Schwetzingen. En 2001, elle remporte les Grammy Awards du meilleur enregistrement d’opéra et du meilleur album classique, en interprétant et en enregistrant Les Troyens d’Hector Berlioz. Sara Mingardo est considérée comme une interprète idéale pour les œuvres de Monteverdi, Haendel, Gluck, Mozart, Rossini et Berlioz.La venue de la contralto italienne est toujours un événement. On prend immédiatement la portée de la voix exceptionnelle de la contralto vénitienne. De ses graves impressionnants de pro-fondeur, elle tire des sons d’une pureté rare. Passant du forte le plus puissant au pianissimo le plus délicat avec une aisance déconcertante.

« Je souhaiterais que le public ne me fasse pas d’éloges, mais loue la beauté de la Musique, je ne suis donc pas importante. »

Un timbre sombre et chaud....

Sara Mingardo

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AVEC LES TRANSPORTS PUBLICS

VOUS N’ÉCHAPPEREZ PAS AUX CHARMES D’ALCINA

Les abonnés du Grand Théâtre bénéficient de la libre circulation en transports publics dans le périmètre d’unireso Tout Genève, 2h avant et 2h après le spectacle.

Pour le Grand ThéâtreArrêt Place de Neuve : 12, 18 / 3 / 5, 36 – Arrêt Théâtre : 2, 19

Pour l’Opéra des Nations (ODN)Arrêt Nations ou Sismondi : 15 – Arrêt Nations : 5, 8, 11, 22, 28, F, V, Z

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Un timbre sombre et chaud....

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Fleuron d’une nouvelle génération de chorégraphes, Andrew Skeels s’est associé au pianiste/ compo-siteur/ arrangeur Antoine Hervé, pour créer une pièce stylée, plongeant tout droit ses racines dans l’Amérique des années 20-30. À l’époque de la Grande Dépression, le légendaire Cotton Club, véritable poumon de créativité, s’em-brase tous les soirs. Là, la fièvre du jazz et du swing

brave tous les interdits et se rie de la monotonie ambiante. Les plus talentueux musiciens de jazz y sont programmés et donnent libre cours à leur génie, influençant nombre de lieux, de courants artistiques et des générations entières d’artistes.« Je souhaite retrouver l’esprit et l’ambiance dans le monde d’aujourd’hui du Cotton Club sans jamais céder à la nostalgie d’une époque révolue », affirme le chorégraphe. Et s’il est vrai que l’on y retrouve les perles de la musique noire américaine de cette période, ainsi que les grands standards des Cab Calloway, Duke Ellington, Louis Armstrong, George Gershwin, et autres Al Jolson, ainsi que les techniques de danse comme le lindy hop ou le tap dance, le spectacle ne tombe toutefois pas dans la rumination nostalgique. La troupe des sept danseurs s’exprime avec une énergie mordante et communique avec enthousiasme l’envie et le plaisir de dan-ser. Ici on pratique le mélange des styles et la fusion des genres, sans aucun complexe. Hip hop bien sûr, mais aussi classique et contemporain. Qui a dit que ces univers étaient cloisonnés ?

par Sophie BaRenne

Production contemporaine signée du chorégraphe américain Andrew Skeels, Street Dance Club s’inspire du Cotton Club de Harlem, premier cabaret à avoir propulsé le jazz en Amérique du Nord, sur fond de prohibition et de ségrégation. Un spectacle foisonnant d’idées et de vitalité, pour commencer le printemps du bon pied.

Ça vaswinguer !

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Ça vaswinguer !

› Steet Dance Club Production Théâtre de Suresnes Jean Vilar /

Suresnes cités danse 2016. Chorégraphie

Andrew Skeels Musique originale

Antoine Hervé Costumes

«On aura tout vu» Livia Stoianova & Yassen Samouilova

Lumières Pascal Mérat

Danseurs

Noémie Ettlin Steven Valade Jérôme Fidelin Christine Rotsen Marie Marcon Victor Virnot Megan Deprez

À l’Opéra des Nations du 24 au 27 avril 2016

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L e 23 décembre dernier Tobias Richter offrait la tribune de la première de Die Zauberflöte à Christine Ferrier

(Rassemblement des artistes et ac-teurs culturels), et Barbara Giongo (La Culture lutte) afin d’exprimer sa solidarité envers les représentants des milieux culturels genevois, affec-

L ittéralement ova-tionné par la cri-tique autant que par le public le Midsummer Nights’

Dream, monté pour la première fois au Grand Théâtre de Genève en novembre dernier, a suscité un émerveillement unanime. « La Jubilation de Katharina Thalbach dans ce très évocateur paysage féminin s’inscrit déjà dans les ver-sions de référence », écrit Sylvie

A près avoir fait ses débuts remarqués sur la scène de la Place de Neuve, en interprétant Pamina

onze fois, presque d’affilées, Pretty Yende interprète Rosina du Barbier de Séville sur la scène de l’Opéra Bastille. Ce n’est pas n’importe quelle production, il s’agit de celle du Grand Théâtre de Genève qui se trouve à

tés par de drastiques coupes budgé-taires, et de dénoncer avec fermeté les déprédations sauvages perpé-trées contre la façade de l’Opéra lors de la manifestation du 19 décembre. L’occasion de rappeler la nécessité de défendre une « culture plurielle, ouverte et éclairante », qui ne veut ni renoncer à sa force, ni à sa parole, pour faire face à l’obscurantisme. ■

C ’est dans le tout nouvel écrin de l’Opéra des Nations que les membres du Cercle du Grand

Théâtre s’étaient donné rendez-vous pour leur traditionnel dîner de fin d’année. Ils étaient les premiers à fouler les planches de ce lieu destiné à l’expression lyrique, habité musicalement ce soir-là, pour la première fois, par un duo violon-guitare mettant en

valeur le son magistral du premier violon solo de l’OSR… Un accueil ouaté et une ambiance festive annonçant déjà la magie des grands soirs de représentations.Loin des mondanités, le dîner de fin d’année du Cercle est un événement convivial et chaleureux, un subtil mélange de beau et de bon, une passerelle sensorielle entre l’oreille et la bouche où s’enchaînent les conversations légères ou passionnées de mélomanes et d’artistes. ■

La primeur de l’Opéra des Nations pour les membres du Cercle

Le Songe a brillé cet automne !

Pretty Yende enchante les parisiens en Rosina

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Bonier dans les colonnes du Temps, et Rocco Zacheo, de la Tribune de Genève, d’évoquer la « véritable vol-tige scénique », saluant à son tour le travail « d’une grande metteure en scène : Katharina Thalbach ». Le vo-let musical a, selon ce dernier, « che-miné, lui aussi très haut », concluant que « cette rêverie ne demande qu’à y plonger sans réserve ». Pour Bruno Serrou du journal La Croix, les critiques ne sont pas moins élogieuses : « Dirigé avec précision

l’affiche parisienne pour la deuxième saison consécutive. À ses côtés, un autre artiste connu du public gene-vois, Lawrence Brownlee, qui a inter-prété le Comte Almaviva à Genève en septembre 2012, lors de la reprise. En juin 2016, elle interprètera Elvira dans I Puritani, à l’Opéra de Zurich, sous la direction de Fabio Luisi, et toujours en compagnie de Lawrence Brownlee. ■

Forza! Après 37 ans d’absence à l’affiche du Grand Théâtre, la version concertante de La Forza del destino, de Giuseppe Verdi, en coproduction avec l’Orchestre de la Suisse Romande, vient de triompher au Victoria Hall ce premier février, sous une direction époustouflante et exaltée de Paolo Arrivabeni, un orchestre hors pair, sans parler des so-listes tous sublimes, et ce quel que soit l’importance du rôle interprété. Un Grand BRAVO à tous les artisans de ces ins-tants sublimes et MERCI au public nombreux venu parta-ger ces heures verdiennes de beau chant !

par Steven Sloane, l’Orchestre de la Suisse romande participe à la féerie en relevant le défi de l’écri-ture virtuose de Britten ». Relevons aussi, les mots de la fin de Jacques Schmitt dans ResMusica, évoquant « une production dont l’intelligence et vivante mise en scène a porté chacun des protagonistes, musi-ciens ou acteurs, à se potentialiser pour construire une parfaite œuvre d’art. » Il est des levers de rideaux qu’il ne vaut mieux pas manquer ! ■

Une culture solidaire comme rempart à la barbarie

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