ACT-0 N°06

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RÉCITAL SAISON 10 | 11 6 1 er mai 1951 le feu wagnérien | N°6 | AVRIL 2011 | | LE JOURNAL DU CERCLE DU GRAND THÉÂTRE ET DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE Emanuel Gat danse avec Bach Vêpres l'heure des Malin Byström est Hélène le retour de Cassandre L'opéra de Benno Besson

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Journal du Cercle et du Grand Théatre de Genève N°6 Février 2011

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[email protected] de la publication Tobias Richter Responsable de l'édition Aimery ChaigneCoordination Albert Garnier, Frédéric Leyat

Ont collaboré à ce numéro:Kathereen Abhervé, Gilles Anex, Daniel Dollé, Pierre Frei, Albert Garnier, Jean-Charles Giroud, Muriel Hermenjat, Johanna Lachenmann, Frédéric Leyat, Philippe Macasdar, Laura Mancilla, Pierre Michot, Christopher Park, Julie Wynne.

Impression m+h genève

Parution 4 éditions par année.

Achevé d’imprimer en mai 2011

Buzz op 2-3Quoi de neuf dans le monde de l’opéra à Genève et ailleurs

Opération 4-11C'est l'heure des Vêpres...L'ange de la paix de VerdiInitial BBUn tohu-bohu flamboyant

En ballet 12-14Le jeu de Gat

Carnet du cercle 16-17 Portrait de Jacqueline Folliet

On Stage 18-19Le retour de Cassandre

Pleins feux 20-25Des opéras sur nos murs1er mai 1951, 12 h 08...La Castafiore enflamme le FoyerÀ la découverte de la culture russe

Didactique 26-27L'enchantement de La Petite ZauberflöteLabo-M au BalLe trouble des sens

Nouvel acte 28-29Abonnez-vous pour une saison colorée et ambitieuse

24 h 32 Dans la vie de Jean-Pascal Cottalorda

> EDiTO

> SOmmAiRE

Image de la couverture : © PETER KNUTSON

Chers lecteurs,Ce numéro de ACT-O est le premier depuis l'annonce de la nouvelle saison 2011-2012 du Grand Théâtre de Genève, saison qui fera la part belle à la poésie et à la littérature.C’est un poète de la Révolution française qui ouvrira la saison : André Chénier. Il inspira à Umberto Giordano une œuvre encore jamais jouée sur la scène de Neuve. La saison s’achèvera de même avec Macbeth de Verdi, oeuvre inspirée par Shakespeare, également à l’origine de Richard III de Giorgio Battistelli qui connaîtra sa création en Suisse après avoir triomphé au Vlaamse Opera, au Deutsche Oper am Rhein, au Festival Musica et à l’Opéra national du Rhin. Vous tomberez également sous le charme du trio final du Rosenkava-lier, magnifiques retrouvailles entre Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal. Hor-mis ces ouvrages lyriques emblématiques, nous vous invitons à découvrir quelques perles rares, telles Juliette ou la clé des songes de Bohuslav Martinů, dans la fameuse production de l’Opéra national de Paris ; Mignon d’Ambroise Thomas qui vous permettra de retrouver Diana Damrau aux côtés de Sophie Koch ; ou encore le truculent Comte Ory de Gioacchino Rossini pour les fêtes de fin d’année.Le Ballet ne sera pas en reste, tout en poursuivant ses tournées à travers l’Europe et le monde. Il nous offrira deux soirées qui pourraient bien devenir mémorables grâce à de jeunes chorégraphes aux talents exceptionnels. Une nouvelle fois, vous aurez l’occasion de voir et d’entendre des talents internationaux sous la direction de metteurs en scène très connus, tels que John Dew, Giancarlo del Monaco, Robert Carsen, Richard Jones, Otto Schenk et Christof Loy, sans oublier Mira Bartov qui avait su nous séduire avec Alice in Wonderland, ou Jean-Louis Benoît, actuel directeur du Centre National Dramatique de Marseille.Qu’il nous soit permis de faire une mention particulière pour les récitals. Nous sommes fiers de pouvoir vous présenter quatre artistes parmi les meilleurs du monde en matière de mélodie. Ils nous entraîneront vers un univers pur et fascinant de poésie et de mu-sique. Toutes les équipes du Grand Théâtre, qui chaque jour mettent en œuvre leurs talents et leur professionnalisme sans demi-mesure, se joignent à moi pour vous inviter à une nouvelle croisière sur l’océan de la poésie, de la musique et de l’art total.

Tobias Richter Directeur général du Grand Théâtre de Genève

Une saison de toutes les couleurs

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buzzop

GOP2011 Le   Geneva Opera Pool est une soirée culturelle et prestigieuse, destinée à favoriser   les  échanges entre les milieux poli-tiques et économiques locaux et  la  communau-té   internationale, à qui elle est dédiée. Organisée par la Ville de Genève et le Grand Théâtre, elle bénéficie du soutien de la Confédération suisse, de la République et can-ton de Genève, de la Fondation pour Genève et du Centre d’accueil – Genève internationale. JL

Jeunes oreilles

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SoutienJTI décide de rejoindre

le cercle des partenaires

et des amis du Grand

Théâtre. Omniprésent

sur de nombreux fronts,

et cependant très discret,

JTI encourage et soutient

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tés dans des domaines

très variés. Au cours de

la saison 2010-2011, JTI

s'engage à soutenir le

Ballet du Grand Théâtre,

l'un des fleurons de la

vie culturelle genevoise,

et accorde sa confiance

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Neuve qui peut s'enor-

gueillir de ce soutien. DD

Chaque année, à l’occasion des Journées eu-ropéennes de l’Opéra, les opéras d'Europe et au-delà vous ouvrent leurs portes et vous invitent à découvrir l'art lyrique et ses cou-lisses. Les prochaines Journées européennes de l'Opéra auront lieu les 7 et 8 mai 2011 sur le thème des « Jeunes oreilles »: celles des en-fants et des jeunes, mais aussi celles de tous ceux qui découvrent l'opéra ou qui veulent élargir leurs expériences musicales ! Plus de 100 compagnies d'opéra dans plus de 20 pays participent aux Journées européennes de l'Opéra 2011. Les Journées européennes de l'Opéra sont aussi fêtées à la télévision : le sa-medi 7 mai, ces journées seront lancées sur ARTE par Diana Damrau (photo) à partir du Grand Théâtre de Genève. Au Grand Théâtre le 7 mai : deux ateliers chant (Fosca Aquaro) ; un atelier scénographie (Claire Peverelli), rencontre et dialogue autour des Vêpres sici-liennes sur la scène du Grand Théâtre dans le décor de la production. AG + operadays.eu

Damon lyriqueVéritable touche-à-tout au même titre que Jack

White, le chanteur et multi-instrumentiste

anglais Damon Albarn, leader au sein de Blur,

Gorillaz et The Good, The Bad & The Queen, pré-

sentera une toute nouvelle création lors du pro-

chain Festival International de Manchester, soit

un opéra intitulé Doctor Dee. L'œuvre, qui sera

présentée huit fois durant ce festival se déroulant

du 30 juin au 17 juillet 2011, ne sera d'ailleurs pas

la seule sur laquelle a travaillé Albarn et qui sera

jouée durant cette grande fête anglaise des arts.

En plus de Doctor Dee, les pièces It Felt Like a Kiss et

Monkey: Journey to the West qui y seront présentées

ont été en mesure de compter sur les talents de

compositeur d'Albarn pour leur musique. Déjà, cette

année, les Pet Shop Boys et Paul McCartney ont aussi

annoncé une incursion dans la musique classique

en composant chacun un ballet de leur côté. AG

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Le ténor anglais Philip Langridge a succombé le 5 mars dernier à un can-cer des intestins, à l’âge de 70 ans. Considéré comme le successeur naturel de Peter Pears pour incarner les grands rôles des opéras de Benjamin Britten, il fut un Peter Grimes, un Aschenbach, un Quint et un Capitaine Vere au phrasé fluide, à la diction incisive et d’une immense au-torité dramatique. À l’heure où se clôt la série des représen-tations genevoises

de Punch and Judy de Harrison Birtwistle, rappelons la contri-bution de Philip Langridge aux créa-tions d’autres opé-ras du compositeur (The Mask of Orpheus, The Second Mrs Kong et The Minotaur). Présent en Loge pour le Ring à Covent Garden en 2007, Langridge étonnait encore par l’état impeccable de conservation de sa voix. Au moment de son décès, son agen-da prévoyait encore la création d’un rôle sur la grande scène londonienne dans le dernier opéra

de Mark-Anthony Turnage. Cette car-rière qui débuta en 1964 à Glyndebourne se termina l’an dernier au Met de New York avec un travestissement im-payable en Sorcière de Hänsel und Gretel de Humperdinck (photo) dans une production de Richard Jones (« I don’t think I’ve ever had so much fun in my whole career », dans les mots mêmes du ténor) alors que Langridge venait d'apprendre le diagnostic de la maladie qui l'a em-porté. Chp

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Le don du hwylLe ténor gallois Robert Tear, l’un des artistes les plus polyvalents et doués de son temps, est décédé le 29 mars dernier. Formé, comme tant de grands chanteurs britan-niques, à l’école des maîtrises de l’église anglicane, il ma-nifeste très tôt une grande musicalité, à laquelle s’ajouta l’éloquence spirituelle joyeuse et emportée que les Gallois appellent hwyl. Comme son contemporain Langridge, il commença dans les années 1960 dans le cénacle de Britten et du English Opera Group, et, malgré sa jeunesse et sa relative inexpérience, Britten lui-même proposa en 1964 à Tear de remplacer un Peter Pears souffrant dans Curlew River. Une brouille avec Britten lui permit de re-bondir d’Aldeburgh, où il était devenu persona non grata, vers une carrière incontestablement mondiale où sa voix prit de l’ampleur (son Das Lied von der Erde de Mahler, sous la baguette de Georg Solti en fut un bon exemple). Il fréquenta également la scène de Neuve pendant les années 1980 et 1990, dans des rôles britténiens évidem-ment (Bob Boles de Peter Grimes en 1991 ; Fairfax (photo), de Billy Budd en 1993), mais aussi dans des rôles roman-tiques où son intelligence rare de comédien lui a permis d’exceller (Hérode, de Salome en 1983). Esprit universel, Robert Tear a également touché à la direction d’orchestre, publié un recueil de poésie et deux volumes de mémoires au style étrange et inspiré, quasiment métaphysique (encore ce hwyl...). Fasciné par la spiritualité (notamment bouddhiste), il était très fier de sa collection d’aquarelles anglaises rares, parmi lesquelles on n’était pas surpris de trouver de nombreuses œuvres d’un autre visionnaire, William Blake. Robert Tear a fait ses adieux à la scène en 2009 au Royal Opera House, en Empereur Altoum de Turandot, mettant un terme à quarante ans de carrière où la qualité de son ténor lyrique, son son esprit curieux de tout et sa musicalité admirable n’ont eu cesse d’enchan-ter ses publics. Chp

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Opération

> LES vêPRES SiCiLiENNES de Giuseppe Verdi DIRECTION MUSICALE : Yves Abel MISE EN SCèNE : Christof Loy Au Grand Théâtre, 4 | 7 | 10 | 13 | 16 | 19 mai 2011

Sur la scène du Grand Théâtre, en avril

dernier. De gauche à droite,

Balint Szabo (Jean procida),

Malin Byström (Hélène),

Hubert Francis (Thibault),

Tassis Christoyannis (Guy de Montfort),

Fernando portari (Henri).

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par Daniel Dollé

Le 30 mars 1282, le lundi de Pâques, à l'heure des vêpres une révolte populaire éclate en Sicile, à Palerme, contre le Roi français Charles 1er d'Anjou. Les révoltés crient : « Mort aux Français ! ». Elle dure deux jours. Les Français s'étaient installés dans le Sud de l'Italie grâce à la rivalité des guelfes et des gibelins (Simon Boccanegra). Cette émeute se termine par un massacre de milliers de personnes et marque l'affirmation de la « sicilianité ». Ce jour frappera les esprits, et dans l'histoire, on ne parlera plus que des Vêpres siciliennes. Dante en parle dans son Paradis, au VIIIe chant, et Scribe en tire un livret d'opéra, d'abord destiné à Gaetano Donizetti et qui deviendra Les Vêpres siciliennes en français et Giovanna de Guzman en italien afin d'être accep-tée par la censure italienne. Aujourd'hui on ne parle plus que de I Vespri siciliani, un sujet que Cammarano avait déjà proposé à Verdi en 1848, mais ce dernier avait préféré La battaglia di Legnano.Lorsque le compositeur s'attaque à l'écriture de son premier opéra français, nous sommes en plein Risorgimento qui aboutira à l'unification italienne en 1870 et qui commence par une révolte contre l'Empire d'Autriche. Une révolte de l'opprimé contre l'op-presseur quatre siècles plus tard. Mais qu'avons-nous

appris de l'histoire qui semble se répéter inlassablement ?Les Vêpres siciliennes, une œuvre à découvrir qui prend ses racines au XIIIe siècle, mais en cherchant bien, peut être découvririons-nous des histoires similaires en des temps plus anciens ou plus proches de nous. Malheureusement, elle garde toute son actualité et reste à la fois intempo-relle et universelle, un jour l'opprimé réagit et se révolte. Les paysages, les maisons, les costumes traditionnels sont superflus pour observer et sonder l'âme humaine. Certes l'histoire est ancrée en Sicile, elle nous présente même des personnages qui ne sont pas de simples fictions, tels Jean de Procida, un médecin qui revient d'exil, mais elle pour-rait trouver sa place sur tous les continents.Il n'est pas surprenant alors que Christof Loy se soit inté-ressé et enthousiasmé pour cet ouvrage aux facettes mul-tiples qui rejoignaient les aspirations de Verdi malgré le dur labeur qui l'attendait au moment de le composer et de le présenter au public. Certes ce sont deux peuples qui s'af-frontent, mais il serait dommage de négliger les intrigues intimes : une fille, Hélène, paralysée dans ses sentiments, dans sa vie, par la mort d'un frère assassiné ; un père tyrannique, meurtrier et violeur, poussé par le désir de pouvoir et qui dans son for intérieur est à la recherche d'un

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fils et de son amour filial ; Henri qui découvre sa double appartenance, il est Français et Sicilien, tiraillé entre sa promesse faite pour conquérir les sentiments d'Hélène et le désir de protéger son père, doit-il désarmer le bras de celle qu'il aime ou laisser tuer le tyran, son père ? Sans ou-blier le fanatique, Procida qui chante sa ville et qui ne rêve que de vengeance aveugle. Le bonheur auquel on aspire, la vie qu'on rêve, sont-ils réalistes dans une telle constel-lation ? Peut-être le passé les a trop marqués et qu'ils se sont fermé les portes de leurs rêves et de leurs véritables aspirations ?Avec cette œuvre, Verdi explore de nouvelles voies et ouvre de nouvelles perspectives. La trilogie populaire n'est pas loin. Peut-être, reconnaîtrez-vous des accents de La Traviata ? Simon Boccanegra sera sa prochaine œuvre, une composition où les guelfes et les gibelins s'affrontent en présence d'un père fanatique qui refuse le pardon.Verdi avait 40 ans, il savait que Paris était un passage obli-gé et ce malgré le mal du pays. Pour conquérir la capitale de la France, il lui fallait un sujet grandiose capable d'im-pressionner et d'enthousiasmer. C'est finalement Le Duc d’Albe revu et corrigé qui deviendra Les Vêpres siciliennes. Durant la composition Verdi n'arrêtera pas d'exprimer des

doutes sur cette œuvre. Il écrit : « Quand j'en aurai fini, je serai heureux, très heureux. Un opéra pour l'Opéra c'est un travail à tuer un taureau. » La genèse fut longue. Verdi apprit à connaître les arcanes de la Grande Maison. Il pro-posa même l'annulation du projet à Crosnier, directeur de l'Opéra, le successeur de Roqueplan qui avait mis le projet en route. Finalement, Les Vêpres siciliennes furent créées le 13 juin 1855 lors d'une soirée de gala donnée pendant l'exposition universelle. En Berlioz, Verdi trouva un ardent défenseur et les journalistes se montraient accommo-dants ou favorables, à l'exception de trois Italiens.Verdi avait endossé l'uniforme du Grand Opéra français qui triomphait alors. Il nous laisse une œuvre, un chef-d'œuvre avec des accents si particuliers, parfois étranges, parfois tellement français, cependant, elle n'appartient qu'à Verdi. Encore trop rarement jouée pour être vraiment connue ou reconnue. Peut-être le temps est-il venu de l'écouter et de la regarder avec d'autres oreilles, d'autres yeux grâce au travail passionné et méticuleux de Christof Loy, de son équipe, et d'Yves Abel, un chef d'orchestre récla-mé et acclamé par les nombreuses maisons qui l'invitent, et qui répond toujours présent, lorsque son calendrier le permet, lorsqu'il s'agit du répertoire français. DD

C'est l'heure des Vêpres...

Découvrir ou redécouvrir cette œuvre universelle et intemporelle.

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La renommée de Christof Loy s'est surtout établie avec ses nombreuses mises en scène d'opéras de Mozart. Cependant son répertoire est bien plus étendu dans le do-maine lyrique. Il a également mis en scène pour le théâtre dramatique. Il ne voudrait surtout pas être catalogué de façon restrictive. Il indique clairement quels sont ses com-positeurs de prédilection : «  Je ne mets en scène que des ouvrages qui m'intéressent, et parmi ces ouvrages, trois dramaturges musicaux ont ma préférence, Monteverdi, Mozart et Verdi. Je peux parfaitement m'identifier avec le regard qu'ils portent sur l'être humain. Ils essayent de comprendre l'homme dans un large contexte social, mais toujours dans une perspective de compréhension, mais jamais moralisatrice. Il n'est pas question d'accusation ; il s'agit de poser des questions à la société en dehors d'un concept moralisateur qui, de toute façon, ne sert qu'à rendre la vie aisée. »Ce credo reste certainement valable pour Les Vêpres sici-liennes de Verdi. Malgré tout l'œuvre du compositeur ita-lien est peu représentée sur la liste impressionnante des mises en scène de Christof Loy. Entre une Traviata à Ulm, un Falstaff à l'Opéra zuid de Maastricht (1993) et Les Vêpres à présent, il n'y aura eu qu'un Don Carlos à Düsseldorf- Duisburg et un Simon Boccanegra à l'Opéra Francfort, les deux étant des maisons où Christof Loy est régulièrement invité. Verdi reste le compositeur qui lui a fait prendre les chemins de l'opéra et du théâtre, et l'a conduit à s'intéres-ser à la carrière de metteur en scène : « Enfant et adolescent, la véhémence et la franchise de son langage musical m'ont tout simplement époustouflé. Dans sa musique j'ai recon-nu le déchaînement, la jubilation et la colère des hommes, et probablement je les ai mieux découverts. Plus tard j'y ai découvert l'aspiration à la tendresse, la description des para-dis perdus, les blessures humaines, et comme toujours chez Verdi l'émergence de la consolation de tant de souffrance. »Loy considère ses deux premières productions verdiennes comme des péchés de jeunesse, il voulait attendre et savoir s'il était capable de maîtriser les exigences intellectuelles, ainsi que le traitement immédiat des émotions. Il recula

pendant les répétitions des

Vêpres siciliennes au Grand

Théâtre en avril

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Un entretien de Christof Loy, metteur en scène avec Klaus Bertisch, chef dramaturge du DNO au moment de la présentation des Vêpres siciliennes à Amsterdam en septembre 2010.

Le metteur en scène Christof Loy est de-

venu l'un des metteurs en scène les plus

importants des scènes lyriques interna-

tionales ces dernières années. Ses suc-

cès au Covent Garden de Londres ou au

Festival de Salzbourg sont dus à l'ana-

lyse et à la lecture très précises qu'il fait

des ouvrages. À Amsterdam et au Grand

Théâtre de Genève, il aborde une œuvre

de Verdi rarement jouée dans sa version

originelle en français. Ce faisant, on re-

trouve clairement le Grand Opéra qui a

connu un grand succès au Nederlandse

Opera la saison dernière.

L’ange de la paix de Verdi

> LES vêPRES SiCiLiENNES de Giuseppe Verdi DIRECTION MUSICALE : Yves Abel MISE EN SCèNE : Christof Loy Au Grand Théâtre, 4 | 7 | 10 | 13 | 16 | 19 mai 2011

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devant la vanité de beaucoup d'interprètes verdiens plus préoccupés par eux-mêmes que par leur rôle, il se tourna alors vers des ouvrages où les chanteurs–acteurs se mon-traient plus flexibles, sensibles et attentifs et plus mo-dernes. Il trouva cela dans des mises en scène de Mozart ou de Strauss. Il trouva également son « bonheur » dans le répertoire français. Avec l'opéra français, il retrouve également le chemin vers Verdi : monter Verdi en langue française dans un théâtre de répertoire avec un ensemble, était considéré comme une gageure, et c'est ce qui motiva une implication particulière de tous les participants à Don Carlos : « Ils recherchèrent davantage l'intériorité subtile des personnages. Ils n'explosaient que lorsqu'ils ne sa-vaient plus se défendre autrement, que de laisser échapper leur douleur sans retenue de leur corps. » C'est également dans ce sens que Christof Loy aborda Simon Boccanegra à Francfort, un Verdi subtil avec la mort comme thème central. À présent il se réjouit de retrouver un nouveau Verdi en français, pour lequel il a cherché à trouver une distribution dans la tradition de Meyerbeer ou de Berlioz. Même si Verdi ne maîtrisait pas parfaitement le français, il a recherché à différencier son langage musical, et il était

fasciné par le contraste, dans le sens Grand Opéra, entre les grands tableaux de foules et les scènes intimes. Pour Loy, il s'agit également d'une évolution de l'esthétique clair obscur de Verdi vers plus de nuances et des stades intermédiaires.Dans la proposition d'Eugène Scribe, le metteur en scène voit un livret atypique pour Verdi, mais ce dernier l'a pro-gressivement fait évoluer, pour en faire un véritable livret Verdi : « Par exemple le rôle d'Hélène n'a tout d'abord pas les caractéristiques qui font de la soprano verdienne, avec des nuances toujours nouvelles : un ange de la paix qui chante d'un ailleurs dans lequel nous ne vivons pas, mais qui reste cependant un être humain et qui de ce fait nous touche tant. Parfois les sopranos verdiennes sont des vierges, comme Gilda dans Rigoletto, des sages, ou des femmes éprouvées par la souffrance, telles Elisabeth dans Don Carlos. Au début Hélène est un personnage complète-ment voué à une mission politique. Toutefois cette mission découle d'une tragédie personnelle : son frère, Frédéric, le révolutionnaire, a été exécuté. À présent, elle veut ven-ger sa mort, et devient de ce fait une icône d'un mouve-ment politique. Pour elle, il n'est pas question d'amour. Cependant au cours de l'acte IV se produit le miracle : tous les protagonistes se retrouvent dans une impasse et s'obs-tinent inévitablement dans leurs idées. Entêtée, la basse va fièrement vers la mort, le fils ne peut pas admettre que son père est également son ennemi mortel, et le père n'est en mesure que de semer la mort. C'est le début d'un ensemble, et contrairement à ce qu'on pourrait attendre, les voix ne se mélangent pas, mais chacun a la possibilité d'exprimer son point de vue. Les hommes le font confor-mément à ce qu'on peut attendre d'eux. Puis c'est le tour d'Hélène de commencer avec des mots plein de résigna-

tion, mais Verdi met dans sa bouche une phrase remplie de mélancolie, qui cependant est pleine de sagesse et qui demeure souriante et belle. Et c'est là que réapparaît l'ange de la paix de Verdi. »Contrairement à sa mise en scène de Don Carlos en fran-çais, Christof Loy a décidé de maintenir le ballet, très sou-vent supprimé, des Vêpres siciliennes : « J'ai toujours eu une grande affinité pour cette musique de ballet, et ce depuis que je l'avais entendue pour la première fois dans l'inter-prétation d'Erich Kleiber au Maggio Musicale en 1951. » Cette musique de ballet permet au metteur en scène de rappeler scéniquement des choses non-dites. Grâce à elle, il peut suggérer un autre climat que celui avec lequel le spectateur est confronté.« Sans trop vouloir raconter le passé d'Henri et de sa fa-mille, l'association originale d'un auteur et d'un choré-graphe autour de la thématique des problèmes que ren-contraient les protagonistes des Vêpres, m'intéressait. Les quatre saisons devinrent Jahreszeiten ( Saisons), une histoire de Thomas Jonigk, dans laquelle l'auteur retrace les joies et les peurs des jeunes. Des adolescents, qui au cours de leurs jeux, imitent les adultes ainsi que leurs relations basées sur le pouvoir, et qui de ce fait, pensent à tort, pouvoir se permettre des privautés. Dans cet univers, l'amour est dé-voyé, et pourtant, il réapparaît toujours. Et pas seulement l'amour entre hommes et femmes, mais aussi l'amour que les parents attendent de leurs enfants. »Pour Loy, c'est là que réside une facette touchante de l'homme de pouvoir, Guy de Montfort, qu'il désigne autre-ment comme un monstre tyrannique meurtrier. Montfort courtise son fils et mendie de façon touchante, parfois me-naçant dans le désespoir, l'amour de ce dernier. Comme si l'amour de son fils pouvait l'aider à se faire pardonner, ou à se pardonner le sang versé.« Les Vêpres parlent d'une génération née dans un contexte dans lequel on ne s'interroge plus si derrière les agisse-ments ou les convictions politiques il y a encore des êtres humains. Il n'existe plus aucune possibilité de s'interroger. Il en va tout simplement de sauver sa pauvre vie. La ques-tion de ce que pourrait être cette vie est abordée par Henri et Hélène à travers leur amour, et peut-être dans une forme moindre par le père banni par le fils. Fatigués et épuisés par cette lutte, ces trois personnages croient pouvoir tout oublie de leur passé et commencent ce cinquième acte, à la fois impossible et grandiose, par une fête de mariage, une idylle familiale et un chez-soi intime  : une duperie, un mensonge incroyable au regard de tant de problèmes non résolus de la vie. Comme un fantôme, celui qui n'a pas connu de relation privée dans sa vie, s'en retourne dans ce bonheur à la fois irréel et fragile et cependant conscient de la réalité. Finalement, Procida ne vient pas perturber un bonheur enfin trouvé, il ne fait que rappeler que certaines décisions sont du fait de la vie et non de soi. »Loy trouve cette fin monstrueuse et pessimiste. Mais cela correspond également à une réalité, dans la mesure où le Grand Opéra constitue toujours une illustration politique. C'est le grand génie de Verdi de confronter les hommes avec leurs (et nos) problèmes dans un contexte politique. Grâce à une observation précise et avec beaucoup de sensi-bilité, le metteur en scène veut suivre ses pas, à l'aide de ses tableaux presque ascétiques et denses dans une ambiance d'hier et d'aujourd'hui, il veut rendre compréhensibles, pour les spectateurs et les auditeurs d'aujourd'hui, les intentions du compositeur. Dans Les Vêpres siciliennes, sa démarche précise et détaillée va nous présenter des êtres humains dans un contexte politique. Plus rarement que d'habitude, et assurément de manière plus triste, l'ange de la paix de Verdi rappelle les occasions manquées, la paix et l'amour pour vivre.

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> L'AmOuR DES TROiS ORANGES de Sergueï Prokof iev DIRECTION MUSICALE : Michail Jurowski MISE EN SCèNE : Benno Besson † & Ezio Toffolutti Au Grand Théâtre, 13 | 15 | 17 | 20 | 23 | 25 juin 2011

Quelques manifestations prévues

Lundi 13 juin Première de L’Amour des trois oranges.Exposition de photographies de spectacles mis en scène par Benno Besson.

mardi 14 juin à 20hSoirée de projections à la Maison des Arts du Grütli où l’on pourra voir (ou revoir) le film que lui a consacré Philippe Macasdar, Benno Besson, l’ami étranger, suivi d’un montage d’archives de la Radio Télévision Suisse réalisé par Bertrand Theubet.

Courant juin en prévisionTable ronde en présence (sous réserve) de Hughes Gall, Tobias Richter, Jean-Marc Stehlé et Ezio ToffoluttiN’hésitez pas à consulter le site du Grand Théâtre.www.geneveopera.ch

Ces manifestations ont été rendues possibles grâce à l'aide de CARIGEST SA.

Initial BBPour la saison 1987-1988, Hughes Gall, alors directeur du Grand Théâtre de Genève, réussit à convaincre Benno Besson, après de multiples sollicitations, de monter un opéra au Grand Théâtre de Genève.Sa mise en scène, désormais célèbre, de La Flûte enchan-tée fut ensuite reprise plusieurs fois à Genève – dans des distributions différentes et des versions chaque fois retra-vaillées avec soin –, puis à l’Opéra Garnier à Paris lors de la saison 2001-2002.Bien qu’il eut décidé de plus jamais y revenir, Benno Besson réalisa une seconde mise en scène à l’opéra, L’Amour des trois oranges, en tandem avec son décorateur Ezio Toffolutti, dans une coproduction du Théâtre de La Fenice (2001) et de l’Opéra de Düsseldorf (2002), dirigé à l’époque par Tobias Richter, actuel directeur du Grand Théâtre de Genève. En juin 2011, c’est justement à Genève que sera re-prise cette mise en scène, qu’il avait cosignée avec Ezio Toffolutti. La boucle est bouclée.À cette occasion, le Grand Théâtre en collaboration avec le Théâtre Saint-Gervais Genève souhaite évoquer les rap-ports complexes et passionnés que Benno Besson a entre-tenu avec l’opéra, tout en les mettant en perspective avec sa trajectoire dans le théâtre européen, des années après-guerre au début du XXIe siècle.

Opération

L’AmOuR DES TROiS ORAnGESOpéra en un prologue et quatre actes de Sergueï Prokofiev

Livret d’après une fable italienne de Carlo Gozzi

Direction musicale, michail Jurowski Mise en scène, Benno Besson † & Ezio Toffolutti

Décors & lumières Ezio Toffolutti

Costumes Patricia Toffolutti

Chœur Ching-Lien Wu

Le Prince, Chad Shelton Trouffaldino, Emilio Pons

Le Roi de Trèfle, Jean Teitgen

Fata Morgana, Jeanne Piland

Ninette, Clémence Tilquin

Tchélio, michail milanov

La princesse Clarice, Katherine Rohrer

Léandre, Nicolas Testé

Pantalon, Heikki Kilpeläinen

Linette, Susanne Gritschneder

Nicolette, Agnieszka Adamczak

La cuisinière, Christophoros Stamboglis

Farfarello, Thomas Dear

Sméraldine, Carine Séchaye

Le Maître de cérémonies, Fabrice Farina

Le Héraut, Jérémie Brocard

Chœur du Grand Théâtre

Orchestre de la Suisse Romande

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En 2007, pendant le

Septembre Musical

à Vevey-Montreux,

Trouffaldino (Sergueï

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Trèfle (Sami Luttinen).

Benno Besson et Ezio Toffolutti

à Venise en 2001

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par Daniel Dollé

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Opération

L’arrivée de Benno Besson à Genève

Un tohu-bohu flamboyant

Trente ans après avoir été nommé à

la tête de la Comédie de Genève, feu

Benno Besson (1922-2006) est à l’af-

fiche du Grand Théâtre pour un opéra

tiré d’une fable de Carlo Gozzi, l’auteur

qui lui assura d’emblée un succès immé-

diat. petit saut dans le temps.

par Gilles Anex

Gilles Anex a été critique au Journal de Genève de 1983 à 1993. Il est co-animateur du Théâtre de l'Esquisse.

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Opération

Voilà trente ans, maintenant, en janvier 1981, que la toute fraiche émoulue Fondation d’Art Dramatique annonçait la nomination de Benno Besson à la tête de la Comédie de Genève, en remplacement de Richard Vachoux.Arrivée fracassante. Car Besson, metteur en scène d’envergure européenne, nimbé de la légende brechtienne – dont il se révéla d’ailleurs un très libre penseur – et de ses nombreuses années passées à Berlin-Est prit rapidement les édiles de court, la profession à contre-pied et certains à rebrousse-poil, bousculant habitudes et horizons du théâtre genevois, ouvrant grand portes et fenêtres.A l’évidence la FAD, constituée deux ans auparavant sous la présidence d’un avocat – afin de parer aux récents déboires financiers du Théâtre des Philosophes –, n’avait pas mesuré, ni même imaginé qu’un saltimbanque, fût-il de renommée internationale, pût à ce point secouer le cocotier de la République des Arts, faire craquer les coutures de procédures administratives étriquées et éclater, avec un style déconcertant et flamboyant, les codes établis du dialogue entre culture vivante et Cité. On prêtait à l’époque au Conseiller administratif à la Culture l’expression de « petite clique » pour qualifier les relations de complicité artistique entre Giorgio Strehler, Mathias Langhoff et Benno Besson, trois metteurs en scène majeurs qui dominaient alors la scène européenne. Le décalage était flagrant.Rappelons-nous les clivages assez simples qui structuraient le paysage dans le prolongement des années 70 : d’un côté des théâtres municipaux, à peine sortis de contrats permanents qui les liaient aux Galas Karsenty, tentaient des incursions, encore passablement convenues, dans un répertoire littéraire de « classiques modernes » ; plus intempestifs et avec le sérieux des convictions juvéniles, quelques metteurs en scène indépendants visaient à des entreprises plus radicales – parfois ardues - avec des relectures de romantiques allemands ou des écritures contemporaines mêlant expérimentations langagières et volontarisme politique ; alors que bourgeonnaient ici et là des entreprises plus marginales : dans le sillage des Tréteaux Libres et du Théâtre Mobile, le Festival de la Bâtie faisait ses premiers pas au Bois du même nom, comme le Théâtre du Loup ou les Montreurs d’Images… Chacun, y compris les indépendants ou le Théâtre Jeune Public, avait sa place, plus ou moins confortable, jouait son rôle.Au lieu d’un Heiner Müller décapant ou d’un Shakespeare revisité, le metteur en scène venu de l’Est proposa, en ouverture de sa première saison et là où personne ne l’attendait, une pièce d’un certain Carlo Gozzi, mal connu, sinon des historiens du théâtre, vague cousin italien de Molière. Spectacle truculent, succès immédiat et fulgurant.Ce n’est pas à partir d’une posture, ni en jouant de son aura (toute relative dans le contexte local : qui savait vraiment ici, hormis quelques initiés, ce qu’était le Berliner Ensemble ou la Volksbühne ?) que Benno Besson mit sens dessus dessous le paysage théâtral genevois et, de proche en proche, romand. Mais bien à partir de son formidable art de la scène, de son

classicisme iconoclaste, qui d’emblée enchanta le public et fit de son premier spectacle à la Comédie un succès hors catégorie, appelé à des tournées internationales totalement inimaginables jusqu’alors, aussi bien chez les gestionnaires que... chez les comédiens.Et puis, Besson bénéficiait d’un avantage : ceux qui l’avaient fait venir ne connaissaient guère cet homme de théâtre accompli au sens politique aigu, à la fois direct et subtil, entier et généreux, artisan parfois un peu « soupe au lait » quand la situation l’exigeait. Par contre, lui connaissait bien la Suisse romande : parti loin, il était né tout à côté, à Yverdon, où il avait monté dans les années 1940 ses premiers spectacles avec sa Troupe des écoliers, avant de rencontrer Jean-Marie Serreau, puis de suivre Bertolt Brecht… Du canton de Vaud, il avait gardé un bon sens ironique ainsi qu’une indépendance frondeuse à l’endroit des notables et des idées toute faites. GA

Je me souviens que Benno Besson, ayant pris connaissance des conditions de la création de La Flûte enchantée au Theater en der Wien, un théâtre populaire des faubourgs de Vienne, m'avait dit qu'il aurait préféré la présenter à la Comédie de Genève plutôt qu'au Grand Théâtre.Je me souviens qu’il aurait voulu un plus petit orchestre.Je me souviens, qu'avec Jean-Marc Stehlé son décorateur et ami, il pestait contre la surenchère technologique des versions CD qui, selon lui, tendaient à une perfection factice tout en discréditant l'audition immédiate de la musique, en représentation. Sa fragilité, son unicité.Je me souviens qu'il s'était ingénié à impliquer concrètement les deux chefs d'orchestre dans le développement de la mise en scène – à certains moments où il pensait utile de les faire entrer en contact explicitement avec les chanteurs, bref à les faire jouer – et que le premier d'entre

eux avait abandonné toutes ses recommandations, une fois le spectacle présenté au public.Je me souviens qu'il avait porté une grande attention au livret de Schikaneder dont il a mis en scène tous les monologues et dialogues avec un soin extrême.Je me souviens que, bien des années après Genève, lorsqu'il avait repris le spectacle à l'Opéra Garnier à Paris, il m'avait dit, avec un plaisir malicieux, avoir insisté encore plus sur la stupidité arrogante et patriarcale de Sarastro.Je me souviens qu'il avait d'emblée mis de côté l'interprétation maçonnique qui lui apparaissait comme réductrice, ridicule et aliénante.Je me souviens qu'il était heureux d'avoir réussi à intégrer le dernier chœur comme partie prenante des saluts du spectacle. Ainsi la morale de cette fable, qui lui semblait fort discutable, était en quelque sorte dissoute dans le rituel de la machinerie opératique. Sarastro et les

prêtres saluant le public tout en concluant leur chant.Je me souviens que jamais il n'aurait pu mettre en scène cet opéra, avec un tel sens des enjeux et des situations, s'il n'avait pas auparavant travaillé Molière, Brecht, Shakespeare, Aristophane, Sophocle, Schwartz et Gozzi.Je me souviens de sa colère froide et affligée dès le moment où les répétitions avec orchestre ont commencé.Je me souviens le voir comme face à un continent poétique, sensuel et musical (son travail avec les artistes et artisans) qui disparaîtrait, comme une Atlantide, sous les glaces et les ors du conformisme.Je me souviens l'avoir entendu dire : plus jamais ça !Je me réjouis d'assister aux représentations genevoises de L’amour des trois oranges.Philippe macasdar

Assistant et dramaturge de Benno Besson à la Comédie de Genève (1985-1989), actuellement directeur de Saint-Gervais Genève, le théâtre.

> L'AmOuR DES TROiS ORANGES de Sergueï Prokof iev DIRECTION MUSICALE : Michail Jurowski MISE EN SCèNE : Benno Besson † & Ezio Toffolutti Au Grand Théâtre, 13 | 15 | 17 | 20 | 23 | 25 juin 2011

il se souvient…une nuit à l'opéra

La mémoiredes archivesLa Radio Télévision Suisse est une

mine d'archives dramatiques, émissions

radiophoniques, interviews, portraits,

reportages, etc. Cette mémoire est

aussi celle du théâtre (et de l'opéra)

de toute la Suisse romande, dans son

rapport au monde. Première étape

avec la présentation publique, le 14

juin 2011, au Grütli, d'une maquette

autour d'une trajectoire exemplaire

telle que vue par les archives : le cas

Benno Besson. Ce projet de site a

été élaboré par Philippe Macasdar et

Bertrand Theubet, en collaboration

avec Claude Zurcher.

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Nous avons rencontré Emanuel Gat au Studio Balanchine du Grand Théâtre à la fin d’une matinée de travail avec le Ballet. Couché par terre au centre de la salle, le buste soutenu sur les coudes, les genoux levés, silencieux comme la statue d’un dieu maya, ses yeux noirs perçants ne perdent aucun détail des évolutions de la compagnie, divisée en deux groupes, livrés à eux-mêmes dans un enchaînement de gestes, annoncés par chaque danseur à son tour et immédiatement repris par le reste du groupe. Les danseurs s’observent du coin de l’œil, s’interrogent les uns les autres, reprennent le motif fugace de leurs gestes. Le miroir du fond de la salle est voilé ; impossible d’y avoir recours pour juger de la qualité de leurs mouvements.

ACT-O Emanuel Gat, que voyez-vous dans ce que les danseuses et les danseurs sont en train d’exécuter, et pourquoi les priver de leur miroir ?

Emanuel Gat Dans le processus de création, je tiens à ce que les danseurs fassent naître un langage qui soit caractérisé par leur individualité. Le langage est le résultat d’un réseau social. Nous, les êtres humains, nous avons inventé le langage comme manifestation de l’interdépendance de nos réseaux sociaux. Mes danseurs se groupent selon des affinités sur lesquelles de n’ai pas d’emprise: chacun a ses raisons d’y appartenir, mais c’est le langage qu’ils vont utiliser qui les fera fonctionner.Quant au miroir, il faut admettre qu’il sert également une habitude du danseur, celle de l’imitation « parfaite ». En ce moment de ma création, je cherche à éviter cette tentation de l’imitation qui peut vite devenir servile et compromettre l’originalité de leur langage en devenir. J’essaie d’en empêcher les danseurs le plus possible car j’y vois, de toutes façons, une démarche qui est vouée à l’imperfection. Je crois à l’efficacité de ne pas dire à autrui ce qu’il doit faire, cela révèle beaucoup plus les processus et les personnalités en action.

AO Ce que nous venons de voir est le début d’une deuxième phase de votre création. L’improvisation que vous avez proposée à la compagnie ressemble étrangement à une chanson dialoguée, voire à un jeu de balle que l’on se renvoie, que l’on se passe...

EG Le jeu est au cœur de ce que je fais. La logique du jeu est l’essence même de mon travail. Elle est aussi essentielle à l’appréhension du monde par les petits enfants que pour le succès d’une saison de la NBA. Définir les règles du jeu est le point de départ de toutes mes créations dansées. Je dirais même que je ne fais pas de la chorégraphie: je définis un environnement dont la danse est la conséquence.

AO Parlez-nous du choix du Clavier bien tempéré dans l’interprétation de Glenn Gould qui accompagnera le programme de Préludes & Fugues.

EG Bach est le maître absolu pour comprendre la structure et le fonctionnement de la création artistique. Pour être plus précis, la musique du Clavier bien tempéré nous fait comprendre comment on passe d’un modèle ou d’une structure de nature artificielle, à un résultat vivant, réel et transcendant. Cette musique intensément humaine, presqu’en dépit de sa perfection structurelle, nous permet d’avoir une vision claire qui pénètre la structure. Les partitions de Bach sont techniquement parfaites, mais elles nous touchent d’une manière qui va très loin au-delà de leur perfection stylistique. Quand on entend Bach, on le comprend sans avoir besoin d’outils particuliers, comme les connaissances historiques, musicologiques ou théoriques, tout cela n’est finalement pas vraiment pertinent.

Le Ballet du Grand Théâtre offre ce mois

de mai Préludes & Fugues, une création

du chorégraphe israélien Emanuel Gat.

Le jeu de Gat

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> PRéLuDES & FuGuES Le Clavier bien tempéré de J. S Bach

CHORéGRAPHIE, COSTUMES ET LUMIèRES : Emanuel Gat Au BFM, 21 | 22 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 mai 2011

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J’ai rencontré la musique de Bach dans ma jeunesse à travers les interprétations de Glenn Gould. Pour choisir la musique de ce programme, j’ai probablement écouté 40 autres interprètes, avant de finalement revenir à Glenn Gould. Il est peut être l’un des lieux communs de la tradition d’interprétation de Bach de notre époque mais c’est plus fort que moi, c’est cette interprétation-là qui me séduit. Il me faut pour la danse une structure parallèle et Glenn Gould ne cherche pas à faire de la musique de Bach une illustration ou une narration. J’ai besoin d’une musique qui soit ouverte sur l’intérieur.

AO Sur l’affiche de Préludes & Fugues, on ne voit quasiment qu’un nom: le vôtre. Vous êtes le créateur de presque tous les éléments de vos spectacles. Pouvez-vous nous dire comment sera le plateau de Préludes & Fugues au Bâtiment des Forces Motrices ?

EG Je ne fais usage d’aucune scénographie, d’aucun décor. La lumière est donc un élément fondamental de l’espace scénique que je crée. Elle génère non seulement la spatialité de la danse mais également sa temporalité. Dans mes productions, la lumière vient toujours du haut, quasiment jamais en oblique, car seule la lumière venant du haut est plausible. Pour Préludes & Fugues, j’ai choisi une qualité de lumière qu’on pourrait percevoir comme froide, mais il y a de la chaleur dans cette froideur...Quant aux costumes, j’aime répéter que si c’est la chorégraphie d’une pièce que l’on remarque, et non ses danseurs, alors la pièce est un échec. Il en va de même pour les costumes. Pour mes créations, j’aime que le

costume soit familier, intime. Ces caractéristiques sont essentielles pour oublier les artifices, pour effacer les distinctions entre danseur et danse.

AO Parmi vos créations récentes, la pièce Silent Ballet, dénuée de tout accompagnement musical, épurée au point de créer une étrange musicalité grâce au souffle des danseurs, du crissement de leurs chaussures, a été saluée comme visionnaire par la critique. Quelle philosophie vous donnez-vous pour l’avenir de votre carrière ?

EG Ma démarche est, au fond, de comprendre l’origine du mouvement, son essence ; ce qui se différencie de ce qu’on peut simplement observer des déplacements du corps dans l’espace. La danse est fascinante parce que la présence humaine est si bouleversante. Silent Ballet était une étape toute naturelle dans ma recherche d’une nouvelle manière de faire coexister la musique et la danse, de nouvelles manières d’aborder leur synergie. À ceux qui me demandent si je ferai à l’avenir d’autres créations sur de la musique classique, je serais tenté de répondre : « Pour le moment... non ! » Mes premières créations chorégraphiques ont été faites sur la musique de Bach : avec Préludes & Fugues, j’ai le sentiment d’avoir bouclé une boucle.Vous savez, si je n’avais pas eu cette commande de Philippe Cohen pour Préludes & Fugues, je crois que j’aurais continué à créer sur le silence, ou en tout cas à produire moi-même la musique de mes créations. Et peut-être est-ce là que je me réserve pour mes créations futures...

Propos recueillis par Christopher Park

Né en 1969, Emanuel Gat a eu son

premier contact avec le monde de la

danse à l’âge relativement tardif de

23 ans. Ayant participé à un atelier

de danse dirigé par le chorégraphe

israélien Nir Ben Gal, six mois

après, il rejoint la compagnie Liat

Dror Nir Ben Gal comme danseur.

Après avoir tourné avec cette

compagnie en Israël et dans le

monde, Emanuel Gat commence

à travailler comme chorégraphe

indépendant. En janvier 2004,

Il fonde sa propre compagnie de

danse, Emanuel Gat Dance, qui

reçoit l’année suivante le Prix du

Ministère de la culture israélien

du meilleur spectacle de danse.

Le travail de la compagnie est

présenté pour la première fois hors

d’Israël en 2004 au Festival d’Uzès

en France : sur le cycle de lieds

de Franz Schubert, Winterreise

(« Le Voyage d’hiver ») et le ballet

d’Igor Stravinski Le Sacre du

printemps. En septembre 2007,

Emanuel Gat déplace sa compagnie

à Istres dans la périphérie de

Marseille, où la compagnie est

accueillie par la collectivité

territoriale Ouest Provence.

En juillet 2008, il présente une

pièce pour huit danseurs sans

musique, Silent Ballet (« Ballet

silencieux »). En 2009, il est de

retour au Montpellier Danse, ainsi

qu’à l’American Dance Festival et

au Lincoln Center Festival avec

Winter Variations (« Variations

d’hiver »), une œuvre réalisée avec

son ancien collaborateur Roy Assaf.

Emanuel Gat est régulièrement

invité par des compagnies de

danse à travers le monde pour

chorégraphier de nouvelles œuvres:

entre autres, le Ballet de l’Opéra de

Paris, la Sydney Dance Company,

le Ballet du Rhin, le Tanztheater

Bremen, le Ballet de Marseille,

Noord Nederlandse Dans et le

Ballet national de Pologne.

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Créée en 1875 par Jules-Louis Audemars et Edward-Auguste Piguet dans le village du Brassus, situé à la Vallée de Joux dans le Jura suisse, Audemars Piguet est la plus ancienne manufacture de haute horlogerie à ne pas avoir quitté le patrimoine des familles fondatrices. Aujourd’hui, elle propose des montres mécaniques à complications, des pièces de haute joaillerie ainsi qu’une ligne de bijoux. A chaque étape de son histoire, la manufacture a eu l’audace d’adopter des techniques d’avant-garde pour les mettre au service d’un savoir-faire artisanal. Ce qui lui vaut de détenir un nombre inégalé de premières mondiales dans le domaine de la haute horlogerie.Audemars Piguet s’implique dans de nombreux partenariats sportifs, mais également dans le monde culturel et artistique en tant que mécène de l’association Art en Vieille-Ville ainsi que de la Fondation de l’Hermitage depuis plusieurs années. La manufacture de haute horlogerie est également active dans le domaine musical, puisqu’elle joint ses efforts à l’EPFL dans le cadre du Montreux Sounds Digital Project, ayant pour objectif la sauvegarde du patrimoine musical du Montreux Jazz Festival.

En 2009, Audemars Piguet annonce son association avec le mythique Théâtre Bolchoï de Moscou, dans le cadre d’un partenariat qui liera les deux institutions pour les trois prochaines saisons. Cette institution séculaire de dimension internationale a construit sa notoriété sur des bases similaires à celles de la manufacture de haute horlogerie ; la créativité artistique, l’excellence et la rigueur de ses performers, sans oublier la qualité et l’originalité des représentations proposées.Parallèlement à cette collaboration, la danseuse étoile du Ballet du Bolchoï, Svetlana zakharova, brille dans la constellation des ambassadrices d’Audemars Piguet. Pour la saison 2010-11, par sa présence dans ses publications, Audemars Piguet s’associe au Grand Théâtre de Genève et en particulier au Ballet. Le Grand Théâtre de Genève est une institution au rayonnement international, qui accueille des productions de tout premier ordre et promeut la création et l’excellence artistique. Audemars Piguet souligne ainsi son engagement dans la vie culturelle de la ville de Genève, où se trouve la boutique phare de la marque horlogère Suisse.

Boutique Audemars PiguetPlace de la Fusterie 12Genève+41 22 319 06 80www.audemarspiguet.com

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Carnet du cercle

Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique, chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et ainsi, de participer à son rayonnement.

BureauMme Françoise de Mestral, présidenteM. Jean Kohler, vice-président M. Gabriel Safdié, trésorier Mme Véronique Walter, secrétaire

Autres membres du ComitéMme Diane d’ArcisS. A. S. la Princesse Andrienne d’ArenbergM. Friedrich B. BusseMme Muriel Chaponnière RochatM. David LachatM. Paul SaurelM. Pierre-Alain Wavre

membres bienfaiteursM. et Mme Luc ArgandMme René AugereauM. et Mme Guy DemoleFondation de bienfaisance de la banque PictetGonet & Cie, Banquiers PrivésM. et Mme Pierre KellerMM. Lombard Odier Darier Hentsch et CieM. et Mme Yves OltramareMrs Laurel Polleys-CamusSFG - Société Fiduciaire et de Gérance SAUnion Bancaire Privée – UBP SAM. et Mme Gérard Wertheimer

membres individuelsS. A. Prince Amyn Aga Khan S. A. Princesse Catherine Aga KhanMme Diane d’ArcisLL. AA. SS. Le Prince et la Princesse Etienne d’ArenbergMme Dominique ArpelsM. et Mme Gérard BauerM. et Mme Pierre BenhamouM. et Mme Philippe BertheratMme Antoine BestMme Saskia van BeuningenMme Françoise BodmerM. Jean BonnaM. et Mme Philippe BoucharaM. Alain BoucheronComtesse Brandolini d’AddaMme Robert BrinerM. Friedrich B. BusseMme Caroline CaffinMme Maria Livanos CattauiMme Muriel Chaponnière-RochatMme Anne ChevalleyM. et Mme Neville CookM. Jean-Pierre CubizolleM. et Mme Alejandro DahlhausM. et Mme Claude DemoleMme Virginia Drabbe-SeemannGrace, Countess of DudleyM. et Mme Olivier DunantMme Denise Elfen-Laniado

Mme Maria EmbiricosMme Diane Etter-SoutterMme Catherine Fauchier-MagnanMme Clarina FirmenichMme Pierre FollietDr. et Madame Patrick FréchetM. et Mme Eric FreymondMme Elka Gouzer-WaechterMme Bibi GrittiMme Claudia GroothaertM. et Mme Philippe Gudin de La SablonnièreM. et Mme André HoffmannM. et Mme Alan HowardM. et Mme Philippe JabreMme Marie-Josèphe JacquetM. et Mme Jean KohlerMme Maria Pilar de La BéraudièreM. et Mme Pierre de LabouchèreM. David LachatM. Marko LacinMe Jean-Flavien Lalive d’EpinayM. et Mme Pierre LardyMme Michèle LarakiMme Charlotte LeberM. et Mme Guy LefortMme Eric LescureM. et Mme Thierry de LoriolMme France Majoie - Le LousM. et Mme Colin MaltbyM. et Mme Thierry de MarignacMme Mark Mathysen-GerstM. Bertrand MausMme Anne MausM. Olivier MausM. et Mme Charles de MestralM. et Mme Francis MinkoffM. Pierre G. MirabaudM. et Mme Bernard MomméjaM. et Mme Christopher Mouravieff-ApostolMme Pierre-Yves Mourgue d’AlgueM. et Mme Trifon NatsisMme Laurence NavilleM. et Mme Philippe NordmannM. et Mme Alan ParkerM. et Mme Shelby du PasquierMme Sibylle PastréM. Jacques PerrotM. et Mme Gilles PetitpierreM. et Mme Charles PictetM. et Mme Ivan PictetM. et Mme Jean-François PissettazMme Françoise PropperMme Karin RezaM. et Mme Gabriel SafdiéComte et Comtesse de Saint-PierreM. Vincenzo Salina AmoriniM. et Mme Paul SaurelM. et Mme Julien SchoenlaubMme Noëlie SchoenlaubMme Anne SegréBaron et Baronne SeillièreM. Thierry ServantMme Hans-Rudi SpillmannMarquis et Marquise Enrico SpinolaMme Christiane SteckM. André-Pierre TardyM. et Mme Riccardo TattoniM. et Mme Kamen TrollerM. Richard de Tscharner

M. et Mme Gérard TurpinM. et Mme Jean-Luc VermeulenM. et Mme Olivier VodozM. Gerson WaechterMme Véronique WalterM. Pierre-Alain WavreM. et Mme Lionel de WeckMme Paul-Annik WeillerComte et Comtesse Massimilianozanon di Valgiurata

membres institutionnels1875 Finance SAActivgest SABanque Audi (Suisse) SAChristie’s (International) SAFondation BNP Paribas SuisseFondation BruFondation de la Haute HorlogerieFondation Inter MaritimeGivaudan SAH de P (Holding de Picciotto) SAJT International SA Lenz & StaehelinMandarin Oriental , GenèveMM. Mourgue d’Algue & Cie, GenèveNotz, Stucki & Cie, SALa Réserve, GenèveSGS SA

Organe de révision : Plaf ida

Rejoignez-nous !Nous serions heureux de vous compter parmi les passionnés d’arts lyrique et chorégraphique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes.

Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi l’assurance de bénéficier des avantages suivants :

• Priorité de placement

• Service de billetterie personnalisé

• Echange de billets

• Dîner de gala à l’issue de l’assemblée Générale

• Cocktails d’entractes réservés aux membres

• Voyages lyriques

• Conférences thématiques « les métiers de l’Opéra »

• Visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre. Rencontre avec les artistes

• Possibilité d’assister aux répétitions générales

• abonnement au journal aCT-O

• Envoi des programmes

• Vestiaire privé

pour recevoir de plus amples informations sur les conditions d’adhésion au Cercle, veuillez contacter directement :

madame Gwénola Trutat (le matin, entre 8 h et 12 h)

T + 41 022 321 85 77 F +41 022 321 85 79

[email protected]

Cercle du Grand Théâtre de Genève Boulevard du Théâtre 11 1211 Genève 11

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Jacqueline Folliet, vous êtes une des premières membres du cercle, pouvez vous nous dire quelques mots sur la création du Cercle et votre adhésion ?

C’est lors d’un repas avec des amis genevois, eux aussi passionnés d’opéra que mon mari et moi avons formalisé notre adhésion au Cercle du Grand Théâtre dès la création de celui-ci. Ces amis nous ont dit que le Cercle se créait pour apporter un soutien à cette institution, nous étions des fervents du Grand Théâtre et c’était une évidence pour nous que de devenir membres pour soutenir l’art lyrique à Genève.Mais ce n’est pas la seule raison, le Cercle est aussi un cadre unique pour rencontrer des gens délicieux, pour participer avec eux à des activités et découvertes autour de la musique. C’est aussi un club qui permet d’accueillir les amateurs de musique du monde entier attirés à Genève pour des raisons professionnelles et qui, grâce au Cercle, peuvent rapidement s’intégrer dans la vie genevoise.

Comment vous est venu cette passion qui a conduit à cet engagement dans le cercle ?

Je suis une passionnée de toutes les musiques, notre mai-son familiale est elle aussi attachée à la musique puisque Franz Liszt, quand il enseignait au conservatoire de Genève, venait y jouer du piano et y trouver l’inspiration. Ma passion pour l’opéra quand à elle remonte à mon en-fance, alors que je résidais sur la Côte d’Azur, à Antibes.Aussi loin que je me souvienne, mon père, d’origine ita-lienne, chantait les airs du bel canto à la maison, non pas pour la performance mais parce que cela faisait partie de sa culture.C’était pendant l’occupation italienne, puis allemande…Les opéras les plus proches était pratiquement fermés, et c’est à la radio et sur le tourne-disque familial que nous pouvions assouvir notre passion.J’ai des souvenirs émus de ces moments, pendant lesquels nous étions rassemblés à écouter presque religieusement les opéras de Karajan, depuis le Palais Garnier.

Quelques souvenirs liés au Grand Théâtre ?

Au Grand Théâtre, j’ai des souvenirs extraordinaires, des moments rares parmi lesquels il est difficile de choisir, mais il vrai que l’interprétation d’Electre par Gwyneth Jones en 1990 restera éternellement dans ma mémoire, on a dans ces moments-là l’impression que l’on ne retrouvera jamais ces émotions et une telle qualité. C’est alors un vrai bonheur, 20 ans plus tard, d’avoir le privilège d’écouter Diana Damrau dans Les Puritains…Je ne suis pas sûre que les Genevois en soient toujours conscients, mais c’est une grande chance que d’avoir une

maison d’opéra de cette qualité à Genève, de pouvoir en quelques minutes trouver l’excellence d’une programma-tion variée et ambitieuse.Concernant le Grand Théâtre, j’ai aussi des souvenirs plus cocasses, Renée Auphan qui était originaire du Midi elle aussi, m’avait demandé d’organiser un dîner chez moi, pour sauver une production qui s’annonçait difficile en raison des caprices de June Anderson… Le repas a eu lieu, June Anderson est restée un peu distante, mais elle m’a chaudement remerciée, la production s’est bien passée et Renée Auphan a été soulagée.J’aimerai également vous parler des liens privilégiés que j’ai tissé avec certains artistes, que je logeais gracieuse-ment dans un appartement à proximité du Grand Théâtre, j’avais été émue d’apprendre que des cantatrices logeaient à l’hôtel avec leurs enfants pendant leur engagement, no-tamment Natalie Dessay que j’ai hébergée avec ses deux enfants.Je me souviens de l’avoir rencontrée au petit matin, après une longue soirée à l’opéra qui accompagnait ses deux en-fants au musée à Genève. À cette occasion j’ai pu constater que c’était essentiel pour ces artistes de pouvoir passer du temps avec leurs enfants entre les représentations.

Avez vous d’autres passions ?

Mon fils, mes petits-enfants bien sûr… mais aussi ce qui a été mon métier jusqu’à mon mariage, la photographie et plus spécifiquement la photographie aérienne. C’était de la photo d’illustration, nous étions deux dans un petit avion, au dessus des Pays-Bas.J'ai photographié de magnifiques villages, jusqu’aux polders, j’ai été tour à tour émue et impressionnée par ce que je voyais depuis les airs. J’ai transmis cette passion à mon fils ; il n’en a pas fait sa profession mais il est devenu un véritable artiste qui expose et dont les photos sont pu-bliées… Il a notamment fait un magnifique travail autour des îles Lavezzi au sud de la Corse et dans les montagnes chinoises.

PORTRAiTS LES mEmbRES Du CERCLE JACQuELinE FOLLiET

La passion des airs

Propos recueillis par Albert Garnier

L'interprétation

de Gwyneth Jones

(Elektra) en 1990

au Grand Théâtre

reste à jamais dans

la mémoire de

Jacqueline Folliet.

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Le retour de Cassandre

> ANNA CATERiNA ANTONACCi Soprano Récital au Grand Théâtre, le 18 mai 2011 à 20 h

Piano : Donald Sulzen

par Daniel Dollé

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19 SaiSON 10 | 1 1 | LE MAGAzINE DU GRAND THéâTRE DE GENèVE | ACT.0 | N°6

À 27 ans, Anna Caterina Antonacci gagne le concours Verdi de Parme, puis remporte les concours Maria-Callas et Luciano-Pavarotti. Très rapidement, elle gagne sa place parmi les plus grands, son ascension est fulgurante et les directeurs de théâtre se l’arrachent afin de pouvoir comp-ter sur une interprète exceptionnelle pour incarner des héroïnes qu’elle irradie grâce à une voix sombre et à qui elle donne toutes les émotions possibles de la féminité.L’étendue de sa voix et ses talents d’actrice lui permettent d’aborder des rôles du répertoire de l’opera buffa ou de l’opera seria, et de choisir la tessiture, entre celle du so-prano ou celui de mezzo-soprano. Elle subjugue non seu-lement par ses qualités vocales, mais également par son chant. En 2009, elle ramène Carmen dans la salle qui l’a vu naître, à l’Opéra Comique, et transporte le public par son jeu et son chant. Elle ne distingue jamais le métier de chanteuse de celui d’actrice. Elle a besoin d’être les deux. L’oreille et l’œil tombent sous le charme, lorsqu’elle paraît. Une passion, un feu fait femme qui vous donne rendez-vous le 18 mai 2011 afin de vous en convaincre.Après Era la Notte, spectacle autour de Monteverdi, et Altre Stelle consacré au répertoire français, elle vient place de Neuve avec quelques Echos de la Belle-Époque…« Anna Caterina Antonacci a été depuis Crespin (qui l’ai-mait) notre plus belle Cassandre, amoureuse de notre bien-dire. Mais elle est née dans Monteverdi dont (dans son one woman show Era la notte) elle a su incarner seule les trois voix du Combattimento. La périlleuse et géniale suture qui existe entre le parler et le chanter, c’est cela qu’elle explore avec une attention, un scrupule et, il faut le dire, une intuition unique. Elle l’a fait en français, qui n’est pas sa langue maternelle : et quelle autre vérité en est venue à Reynaldo – et, avec orchestre, à la Cléopâtre de Berlioz ! Merci qu’elle ait su trouver aussi pour les textes italiens si méconnus cette porte enchantée qu’elle nous ouvre, et derrière laquelle nous attendons qu’elle nous découvre davantage. » André Tubeuf Quand son nom apparaît sur les affiches, le public et les critiques se précipitent pour découvrir de nouvelles facettes de cette amoureuse de la culture française, née à Ferrare, et grande admiratrice de Régine Crespin, de Gluck ou de Berlioz, entre autres. « Rater ce rendez-vous serait inadmissible , » écrivait François Lesueur dans Scènes Magazine le 1er mars 2009, lors de sa venue au Victoria Hall sous la baguette de Marek Janowski pour interpréter Haydn.Soyez des nôtres pour accueillir cette artiste qui ne cesse d’accumuler des succès, que la scène métamorphose et qui reste d’une simplicité touchante et émouvante. DD

PROGRAmmE

Echi della belle époque

CLAuDE DEBuSSy"Echi della belle époque"

GABRiEL FAuRéCinq mélodies de Venise

REyNALDO HAHNMélodies françaises

ALFRED BACHELETChère nuit

PAOLO TOSTi Quatro canzoni d'Amaranta

FRANCESCO CiLEANon ti voglio amar

ALFREDO CATALANi Senza baci

PiETRO mASCAGNiSerenata

OTTORiNO RESPiGHi3 canti all’antica

Pioggia Nebbie

Sopra un'aria antica

RiCCARDO ZANDONAi “Paolo, datemi pace!”

Le retour de Cassandre

Son calendrier 28 mai 2011

Gala avec l'orchestre philharmonique de Rotterdam, De Doelen, Rotterdam4 juin 2011

Idomeneo, rè di Creta, W. A. MozartElettra, Vogel Convention Center, Wurtzbourg9 juin 2011

Idomeneo, rè di Creta, W. A. MozartElettraFestspielhaus Baden-Baden11 juin 2011

Barbican Centre, London

Son dernier enregistrement

Pour clore somptueusement la saison

des récitals, le Grand Théâtre se réjouit

d’accueillir le 18 mai Anna Caterina

Antonacci. Cassandre remarquée et

remarquable au Théâtre du Châtelet

et au Grand Théâtre (2007), elle re-

vient sur la scène de la place de Neuve,

non pour nous annoncer la prise de

Troie ou un quelconque malheur, mais

pour nous parler d’une époque, celle

qu’on dit belle, une époque qui connaît

une création artistique foisonnante.

Verlaine et Satie fréquentent le Caba-

ret du Chat noir. Le théâtre et la poé-

sie explorent des voies nouvelles. La

vie musicale est marquée par Fauré,

Saint-Saëns, Debussy et Ravel.

ERA LA NOTTE Claudio Monteverdi, Barbara Strozzi, pietro Antonio GiramoOrchestre modo antiquo Dir. Federico maria SardelliNaïve, 2006B000E1KKmi

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20 ACT.0 | N°6 | LE MAGAzINE DU GRAND THéâTRE DE GENèVE | SaiSON 10 | 1 1

Le mélomane qui fréquente le Grand Théâtre, assiste aux productions récentes, se doute-t-il que non loin de la Place de Neuve où il se rend régulièrement sont conservées les archives du Théâtre – celui que l’on nomme Théâtre de Neuve au XVIIIe siècle ou Nouveau Théâtre dès 1879 ? En effet, la Bibliothèque de Genève (BGE) aux Bastions et la Bibliothèque musicale à la Maison des arts du Grütli pos-sèdent, entre autres, une collection d’affiches unique pour retracer la vie lyrique à Genève, et plus particulièrement celle qui s’est déroulée dans les murs du « Grand Théâtre ».Ce sont plusieurs milliers d’affiches – allant du simple pla-card annonçant le jour même de la représentation l’œuvre jouée, à l’affiche commandée à un graphiste célèbre – que les deux institutions de la Ville de Genève collectent, cata-loguent et conservent comme collections patrimoniales.Aujourd’hui, deux cents ans d’histoire de la vie musicale genevoise ornent les murs de la Bibliothèque musicale, du Café du Grütli et du Grand Théâtre. Les petits placards du XVIIIe siècle s’assimilent aux pro-grammes imprimés à l’époque. Puis, au XIXe siècle, les affiches typographiques témoignent de l’activité impor-

1836

Zampa ou La Fiancée de marbre, Louis-Joseph-Ferdinand Hérold

La Savonnette impériale d’Anicet Bourgeois et Dumanoir

Typographie en noir, 42 x 53 cm

Bibliothèque musicale

1871

La Fille du régiment, Gaetano Donizetti

Typographie en noir, 95 x 65 cm

Bibliothèque de Genève

1978, Roland Aeschlimann

Carmen, Georges Bizet

Sérigraphie en couleur, 100 x 65 cm

Bibliothèque de Genève

tante du théâtre pour une ville comme Genève. La pro-grammation est fortement liée au goût français. Les vau-devilles débutent la soirée avant le grand opéra-comique. Les genres lyriques évoluant, le Théâtre des Bastions se ré-vèle trop étroit. En 1879, l’ouverture du Nouveau Théâtre permet des représentations lyriques avec des orchestres dépassant trente musiciens. Le répertoire allemand appa-raît peu à peu avec les créations genevoises des opéras de Wagner.Parmi les milliers d’affiches disponibles, l’exposition pré-sente des placards liés soit à des œuvres essentielles du ré-pertoire, soit à des moments décisifs de l’histoire du Grand Théâtre. Non seulement, ils annoncent les pièces au pro-gramme mais ils fournissent nombre d’informations sur le fonctionnement même de l’institution  : engagement des chanteurs, nombre de représentations, succès rencon-tré, etc. Ils retracent également les saisons des concerts symphoniques organisés par la Société des concerts au sein du Grand Théâtre de 1879 à 1918.A la fin du XIXe siècle, les placards s’enrichissent d’images. L’ère de l’affiche illustrée a sonné et Genève – riche de

Des opéras sur nos murs

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21 SaiSON 10 | 1 1 | LE MAGAzINE DU GRAND THéâTRE DE GENèVE | ACT.0 | N°6

nombreux artistes prêts à devenir affichistes – se lance dans une aventure qui continue aujourd’hui. Dès lors, les annonces du Grand Théâtre deviennent plus ambitieuses. Elles peuvent être des créations originales ou reprendre des affiches parisiennes comme, par exemple, celles de Mucha. Les artistes-graphistes réalisent des œuvres qui re-prennent des éléments de l’opéra ou des décors. Les plus intéressantes compositions sont sans aucun doute celles qui cherchent à interpréter l’œuvre, à en approfondir le propos. Des affiches mémorables sont alors produites no-tamment depuis la réouverture du Grand Théâtre en 1962. Beaucoup de graphistes renommés ont ainsi participé à l’annonce des opéras joués à la Place de Neuve : Roland Aeschlimann, Roger Pfund, Jean-Michel Folon, Paul Cox, Aki Kuroda et d’autres. Durant de nombreuses années, la charte graphique de l’Atelier Roger Pfund a été utilisée.Mais l’affiche d’opéra – comme celle de théâtre – garde à travers les siècles une préférence marquée pour le pla-card typographique, fait simplement de lettres. Suivant les saisons, le Grand Théâtre revient parfois à de telles

affiches plus neutres même si elles témoignent d’un soin particulier dans le choix des polices de caractères ou de la mise en page. Elles ne confèrent que plus de valeur aux affiches profondes, graves ou sentimentales des artistes-graphistes qui donnent aux passants – même ceux qui n’iront pas au Grand Théâtre – l’occasion de participer d’une certaine manière au spectacle organisé derrière la façade majestueuse de la Place de Neuve.

Du Théâtre de Neuve au Grand Théâtre : 200 ans d’aff ichesUne exposition d’affiches

réalisée par la Bibliothèque musicale de la Ville de Genève 

Maison des arts du Grütli

16 rue Général-Dufour

Exposition jusqu’au 28 mai 2011

1978, Roland Aeschlimann

Carmen, Georges Bizet

Sérigraphie en couleur, 100 x 65 cm

Bibliothèque de Genève

1982, Jean-Michel Folon.

Le Vin herbé, Frank Martin

Sérigraphie en couleur, 100 x 65 cm

Bibliothèque musicale2002, Roger pfund.

Hänsel und Gretel, Engelbert Humperdinck

Sérigraphie en couleur, 128 x 90 cm

Bibliothèque musicale

Des opéras sur nos murs par muriel Hermenjat & Jean-Charles Giroud © G

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22 ACT.0 | N°6 | LE MAGAzINE DU GRAND THéâTRE DE GENèVE | SaiSON 10 | 1 1

1er mai 1951, 12 h 08...

par Pierre Frei

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PleinsFeux

23 SaiSON 10 | 1 1 | LE MAGAzINE DU GRAND THéâTRE DE GENèVE | ACT.0 | N°6

Les risques d’ incendie restent

l'une des préoccupations

majeures dans les théâtres.

Dans l’histoire récente, il faut

rappeler les incendies du Liceu de

Barcelone (suite à des travaux de

soudure) et de La Fenice à Venise

(incendie criminel allumé par des

électriciens pour ne pas payer les

pénalités liées à leur retard sur

un chantier). La question mérite

donc d’être posée : Que fait-on

à l’heure actuelle à Genève pour

prévenir de telles catastrophes ?

Les mesures prises sont de

plusieurs ordres :

Prévention. Les matériaux

utilisés sur la scène du théâtre

sont sévèrement réglementés. Ils

doivent correspondre à l’indice

d’incendie 5.1 (selon l’AEAI)

soit difficilement combustible.

Les effets pyrotechniques

et les flammes vives (y

compris les cigarettes) font

systématiquement l’objet d’ une

étude par des spécialistes et sont

présentés à un inspecteur de

prévention incendie de la police

du feu qui doit donner son aval.

Une attention toute particulière

est portée aux projecteurs et à

tous les équipements électriques

susceptibles de produire de

la chaleur. Dès les répétitions

d’orchestre, une équipe est

détachée par la compagnie de

pompiers volontaires de la ville

de Genève. Ces pompiers restent

tout le temps du spectacle en

communication directe avec la

centrale du SIS et mènent des

rondes dans tout le Théâtre pour

assurer une veille la plus efficace

possible.

Alarme. Le théâtre est équipé

dans tous les locaux d’un

système d’alarme avec détection

de fumée et quelques détecteurs

optiques. L’alarme est transmise

au SIS. Nous disposons, bien

sûr, de haut-parleurs capables

de transmettre le message

d’évacuation jusqu’au moindre

recoin du théâtre.

équipements. Un rideau de fer

de 16 tonnes ferme l’ouverture

de scène pour, en cas d’ incendie,

réaliser une séparation étanche

entre scène et salle. Ce rideau

peut descendre même en

l’absence totale d’énergie.

Toutes les portes du Théâtre

sont munies d’électro-aimants

et de ferme-portes, qui, lors

d’une alarme, ferment toutes les

issues susceptibles d’alimenter

un foyer en air frais. Un réseau de

buses d’arrosage automatique

déclenché par la chaleur couvre

tout les locaux techniques, scène

comprise. Deux rideaux d’eau

isolent les dégagements latéraux,

cour et jardin, de la scène

principale. La scène et les couloirs

sont équipés d’extincteurs et de

lances à incendie. Sur le toit de

la cage de scène, un lanterneau

peut s’ouvrir pour permettre

l’évacuation des fumées qui

restent le plus grand danger lors

d’un incendie.

L’ensemble de ces mesures

permet d’atteindre le niveau

de sécurité requis pour un

bâtiment de cette importance.

Les priorités en cas d’incendie

sont évidentes : 1 Sauver les

personnes, 2 Sauvegarder le

bâtiment. Pour les techniciens

c’est au quotidien que la vigilance

est de mise ; ne pas relâcher

son attention est la meilleure

méthode pour éviter de revivre le

cauchemar du 1er mai 1951.

PréludeLe 1er mai 1951 au Grand Théâtre, règne l’effervescence coutumière précédant la répétition générale du soir. Les techniciens du plateau achèvent la mise en place et partent à la pause de midi après avoir fermé le rideau de fer séparant la scène de la salle.Sur le plateau restent le metteur en scène, le chef électricien, le chef d’orchestre et un accessoiriste.Ces quelques protagonistes préparent un test d’effet de feu. Ce soir on joue La Walkyrie et, dans ce chef- d’œuvre wagnérien à la fin de l’acte deux, lorsque Wotan tue Siegmund, le livret réclame : « une vive lueur qui éblouit Sieglinde », « des éclairs et le tonnerre ». La grandeur wagnérienne doit se voir sur scène, la suite ira malheureusement au-delà des exigences du maître. 1er acte « Zu Schutt gebrannt der prangende Saal, zum Stumpf der Eiche blühender Stamm » (En feu, en cendre / Tout le logis, / Brûlé le chêne / Au tronc florissant )L’Anneau du Nibelung. La Walkyrie. Acte I, scène 2, Siegmund

Pour produire le fameux effet d’incendie, on va utiliser une pipe à lycopode. Le principe en est simple : un tube creux plein de lycopode (poudre extrêmement fine formée par les spores de lycopodium clavatum une plante de montagne),

à l ’extrémité est f ixée une étoupe enflammée. On injecte dans le tube de l’air comprimé, celui-ci projette le lycopode qui s’enflamme au passage et produit de magnifiques « langues de feu » de plusieurs mètres. Le principal avantage est une flamme spectaculaire à l ’ e x t i n c t i o n immédiate.

Voilà la théorie. En pratique, à la suite d’une confusion dans la commande et la livraison de la bouteille d’air comprimé, c’est une bouteille d’oxygène qui arrive au théâtre. Lors du test, l’oxygène explose au contact de l’étoupe enflammée et projette celle-ci dans les cintres, quinze mètres plus haut là où sont stockés les décors de la tragédie wagnérienne.

Le personnel présent ne se rend pas immédiatement compte que le feu à pris dans les décors. Le chef d’orchestre est le premier qui apercevra les flammes. Il est 12 h 08. L’alerte est donnée à la caserne des pompiers du poste permanent rue Ferdinand-Hodler.Dès lors tout s’accélère. Quelques minutes plus tard, c’est tout l’arrière du bâtiment, scène et administration qui est en feu, sous la pression du foyer, les vitres volent en éclats et toute la toiture de cette partie du bâtiment s’écroule dans un nuage de fumée.Il est 12 h 30 et c’est 250 pompiers qui tentent de circonscrire le sinistre. Vers 13 heures, le rideau de fer s’écroule à son tour. Il devait tenir 20 minutes, il a heureusement fait mieux. Les flammes envahissent alors la partie supérieure de la grande salle et le feu prend dans le magasin des décors côté jardin.

2ème acte « Er verschwindet mit Blitz und Donner. Der Vorhang fällt schnell » (Il disparaît dans les éclairs et le tonnerre. Le rideau tombe rapidement)L’Anneau du Nibelung. La Walkyrie. Acte II. Notes de mise en scène

Sous les yeux médusés de l’importante foule venu assister aux dernières lueurs des Walkyries (Blitz und Donner comme dans l’opéra) le bâtiment achève de se consumer en un énorme panache de fumée. Il faudra attendre la fin de l’après-midi pour que l’imposant dispositif déployé par les pompiers vienne à bout du sinistre qui heureusement ne fait aucune victime.Il faut bien reconnaître que si l’effet de feu a été un échec, le spectacle de l’après-midi à été extraordinaire, malheureusement dans cette apocalypse la scène et ses dessous ont disparu totalement. La salle, elle même trop abîmée par la fumée et l’eau, devra être démolie jusqu’au gigantesque lustre en cristal qui est resté suspendu sur deux de ses quatre câbles les autres ayant cédé sous l’effet de la chaleur.À terme ne subsisteront du bâtiment originel que les foyers, les escaliers et le grand hall ainsi que leurs murs extérieurs.La salle et le plateau, pour lesquels au lendemain de l’incendie, on craignait deux ans de travaux, mettront onze ans à être reconstruits. À la suite d’un de ces feuilletons politiques dont Genève a le secret, ce n’est que le 12 décembre 1962 que le phénix municipal renaîtra de ses cendres sous la forme que l’on connaît aujourd’hui. PF

1er mai 1951, 12 h 08...

L'incendie, une préoccupation majeure

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Pierre Frei est l'ingénieur bâtiment et sécurité du Grand Théâtre de Genève.

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Ça aurait pu avoir lieu le 1er avril. Mais on courait le risque de faire croire à un poisson et de n’avoir personne. Donc le 6 avril, le Foyer du Grand Théâtre était bien rempli pour accueillir le Rossignol milanais, sous forme de réhabilita-tion. Qu’on se le dise : la Castafiore chante bien ! Car c’est ainsi que Frédéric Wandelère a intitulé son plaidoyer.L’Association genevoise des Amis de l’opéra et du ballet se doit de s’intéresser aux grandes stars du chant, toutes époques confondues. Il était évident qu’il lui appartenait de rendre hommage à Bianca Castafiore, sans conteste la plus connue de toutes les cantatrices du XX e siècle, spécia-liste du rôle de Marguerite du Faust de Gounod : elle a ren-du encore plus célèbre qu’il ne l’était déjà l’Air des bijoux : Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir.Le conférencier a rappelé la présence de la cantatrice dans les divers albums des Aventures de Tintin, depuis le Sceptre d’Ottokar (1939) jusqu’aux Bijoux de la Castaf iore (1963). Bianca a donc passé du statut de figure secondaire à celui de personnage principal, devenant d’ailleurs de plus en plus élégante et de plus en plus charmante. Elle en est venue à jouer un rôle essentiel  : au lieu de tomber dans les pommes pour échapper à la dure réalité (comme cela lui arrive maintes fois), elle trouve l’inspiration décisive pour imaginer la solution qui permettra de sauver la vie à Tintin, à son souffre-douleur le Capitaine Haddock et à son soupirant secret, le Professeur Tournesol. Dans le développement du personnage, il était essentiel de relever le rôle capital qu’a joué Edgar P. Jacobs, lui-même chanteur et grand connaisseur de l’opéra, qui ap-paraît lui-même sous les traits de Jacobini, interprète de Méphisto. D’autre part, des images et des enregistrements ont permis de repérer les éventuelles cantatrices du début du siècle dont Hergé s’est peut-être inspiré. On a dit que Maria Callas a pu elle aussi servir de modèle. Or son tapage dans la presse people et le roman sentimental avec Onassis sont postérieurs aux albums : c’est donc Callas qui a imité Castafiore, et non l’inverse !Cette conférence hors série des Amis de l’opéra venait compléter son cycle régulier de présentations des ou-vrages à l’affiche du Grand Théâtre.

Depuis que la scène de la Place Neuve s’est rouverte en 1962 après l’incendie, l’Association s’est vouée à la tâche de fournir au public les clés qui lui permettront de mieux entrer dans l’œuvre, de connaître les circonstances de sa genèse, d’en comprendre l’intrigue et d’en apprécier la musique. À l’aide d’exemples enregistrés, les conférenciers ont un peu plus d’une heure pour faire de leurs auditeurs des spectateurs avertis.Les Amis de l’opéra organisent aussi des rencontres et des voyages, pour visiter d’autres théâtres et découvrir d’autres titres. Cette saison, Strasbourg et Lyon auront permis à ses membres de voir L’Affaire Makropoulos de Janáček et Luisa Miller de Verdi. pM

La Castaf iore enflamme le Foyer

Andrea Chénier (Giordano) par Sandro Cometta mardi 6 septembre

Autour des Ballets Russes par mathilde Reichler

et Lada mamedova

vendredi 7 octobre 2011

L’Enlèvement au sérail (Mozart) par Pierre michot

mardi 15 novembre 2011

Le Comte Ory (Rossini) par yaël Hêche 

Jeudi 15 décembre 2011

Richard III (Battistelli) par Daniel Dollé 

Jeudi 19 janvier 2012

Juliette ou La Clef des songes (Martinů) par ivana Rentsch

Jeudi 23 février 2012

Le Chevalier à la rose (R. Strauss) par Alain Perroux

mercredi 28 mars 2012

Mignon (Thomas) par Florent Lézat

mardi 8 mai 2012

Macbeth (Verdi) par Sandro Cometta

Lundi 12 juin 2012

En outre, nous prévoyons au Foyer du Grand Théâtre une série de quatre cours-conférences par Pierre

michot consacrés aux Voix dans l’opéra (dates à fixer). Tout renseignement supplémentaire sur notre site www.amisdelopera.ch.

* Sauf indication contraire les conférences ont lieu au Grand Théâtre

Programme 2011-2012*

La grande soprano italienne Renata Tebaldi,

ici dans le fameux rôle de Marguerite du Faust de Gounod

est pour certains passionnés tintinophiles

le modèle de la Castaf iore d'Hergé.

par Pierre michot

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À la découverte de la culture russe

Fondation Neva

Qu'il s'agisse de la restauration de Valaam, l'un des joyaux du patrimoine monastique orthodoxe du XIVe siècle, de la collaboration étroite avec l'Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, en Russie, ou du soutien à des projets académiques visant à mieux connaître des figures de la pensée russe, comme le philosophe Léon Chestov, ou en-core du financement d'une édition française des poèmes d'Anna Akhmatova, à Genève, la Fondation Neva et sa pré-sidente Elena Timtchenko (en photo) affirment depuis 2008, leur vision de la philanthropie. La Fondation Neva définit une nouvelle forme de mécénat dont la multiplicité des engagements reflète un but : la mise en valeur des patri-moines tangibles et intangibles de la culture russe.Elena Timtchenko, native de Saint-Pétersbourg, est, comme sa ville, tournée vers l’ouverture d’esprit et les échanges culturels. S'il est vrai que l'histoire russe a connu des périodes de repli sur soi et d'enfermement, elle est éga-lement faite d'ouverture, de curiosité et d'esprit universel ; rien ne symbolise mieux cette Russie éclairée, cosmopolite, lettrée et tolérante que la capitale élégante que Pierre le Grand fit surgir de l'estuaire de la Neva au XVIIIe siècle. Elena Timtchenko, quelle est votre vision, en tant que Russe vivant à Genève, de l'engagement local de la Fondation Neva ?D’une certaine manière, nous les Russes, et particuliè-rement les Saint-Pétersbourgeois, nous avons une dette historique envers Genève. Car c'est un Genevois, François Lefort, qui fut non seulement le mentor mais aussi le meilleur ami de Pierre le Grand et le premier amiral de sa marine. C'est au bout de la promenade qui porte son nom qu'a été bâtie la paroisse russe orthodoxe de Genève. Nous avons à cœur de soutenir la vie culturelle à Genève en invi-tant les Genevois à la découverte de pages peu connues de l'art russe, comme par exemple la projection pour la Fête de la musique 2009 du film La Nouvelle Babylone (1929), avec l'exécution de la musique, que Chostakovitch écrivit pour accompagner ce film muet, par l'Orchestre univer-sitaire de Genève. Mais aussi des projets tous récents qui, pour une raison ou une autre, n’arrivent pas sur la scène genevoise – on peut citer la projection du film Tsar de Pavel Loungine, offrant une nouvelle vision de la période controversée du règne d’Ivan le Terrible. Cet automne, nous espérons pouvoir présenter aux Genevois deux créa-tions du Théâtre de Petr Fomenko, l'une des meilleures compagnies russes. Dans l’autre sens, la Fondation Neva est fière de pouvoir soutenir la première tournée russe de l’Orchestre de la Suisse Romande, prévue en 2012. Cette année, la Fondation Neva a décidé de soutenir une production lyrique du Grand Théâtre de Genève, L'Amour des trois oranges de Sergueï Prokofiev. Parlez-nous de la signification que cette œuvre a pour vous et du sens parti-culier de votre engagement dans le projet des Trois Oranges.Vous savez, L'Amour des trois oranges est une œuvre qui est à la fois très cosmopolite et 100% russe. Prokofiev l'a com-posée en 1921 aux états-Unis, suite à une commande de

la Chicago Opera Association : c'est donc une œuvre qui a un côté américain. Le livret russe écrit par le composi-teur s'inspire d'une pièce comique du théâtre vénitien du XVIIe, mais fut traduit en français pour la création : voici sa dimension européenne. Et Prokofiev y a mis tout l'es-prit décalé et festif de la comédie traditionnelle de notre peuple, à tel point qu'un critique de Chicago y entendit du « jazz russe aux ornementations bolchéviques » !C'est donc le partenariat idéal pour nous. L'œuvre est re-présentative de la Russie d'hier et d'aujourd'hui et cette production, imaginée par un grand artiste suisse, trop tôt disparu, le comédien et metteur en scène Benno Besson, est en même temps un fleuron de la production scénique romande. Nous y voyons une excellente manière d'unir notre vision culturelle globale à notre souci pour un enga-gement local.

Quels projets d'avenir à Genève pour la Fondation Neva ? Aurons-nous le plaisir de vous revoir comme mécène des productions de la Place de Neuve ?Dans l'avenir immédiat, dès le 13 mai, nous invitons tout le monde à la Fondation Bodmer de Cologny où nous lançons un événement unique en son genre : une rétrospective de la vie et de l'œuvre d'Alexandre Soljenitsyne, à travers ses ma-nuscrits et ses publications. Pour ce qui est des projets musi-caux et lyriques, nous voulons d'abord savourer le parfum de nos Trois Oranges, mais nous souhaitons évidemment retrouver au programme lyrique genevois d'autres occasions de partager notre passion pour la culture russe.

Propos recueillis par Christopher Park

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L’aventure était nouvelle et le résultat fut au dessus de toute attente. La Petite Zauberflöte, version remaniée et raccourcie de l’opéra de Mozart, a été jouée du 31 mars au 3 avril dernier, pratiquement à guichets fermés. Les deux premières représentations réservées au public scolaire ont attiré quelque 2'700 élèves de 9 à 16 ans et près de 300 enseignants ; les trois autres représentations ouvertes au public, ont été applaudies par près de 4'500 spectateurs totalement conquis.

même Wagner peut séduire les jeunes élèvesLe Grand Théâtre avait jusqu’à présent très rarement programmé des ouvrages s’adressant spécifiquement au jeune public. Les Enfants du Levant de la compositrice Isabelle Aboulker, programmé durant la saison 2003-2004, faisait figure d’exception. L’ancien directeur général, Jean-Marie Blanchard estimait en effet que les enfants, quel que soit leur âge, pouvaient « tout voir ». C’est ainsi qu’une classe de 6ème primaire fut invitée à assister, en décembre 2006, à la répétition générale des Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner. Et contrairement à nos craintes, ces élèves de 11 à 12 ans, au demeurant fort bien préparés en amont du spectacle par leur maître et l’équipe pédagogique du Grand Théâtre, sortirent ravis de cette « expérience » que nous avons toutefois évité de systématiser.

La Petite Zauberflöte, un spectacle pour les enfantsLes choses ont bien changé avec l’arrivée de Tobias Richter qui, dès sa deuxième saison à la tête du théâtre de la place Neuve, programmait cette Petite Zauberflöte, version tronquée de La Flûte enchantée de Mozart, créée en 2003 à l’Opéra de zurich. Plus qu’une reprise, ce spectacle fut une véritable recréation qui a nécessité la construction d’un nouveau décor réalisé d’après la maquette originale de Luigi Perego, mais adapté aux proportions imposantes de la scène du Grand Théâtre. Posé à plat au centre du plateau, un grand livre cachait dans ses lourdes pages ouvertes à vue par des machinistes déguisés en perroquet, de ravissantes images en pop-up. Les costumes hauts en couleurs également sortis flambant neufs des ateliers

de la maison, collaient comme une seconde peau aux différents protagonistes et apportaient cohérence à ce spectacle réellement conçu pour des yeux d’enfants.Ajoutons à cela que la jeunesse s’était donnée rendez-vous sur la scène comme dans la fosse, grâce aux chanteurs choisis pour la plupart au sein de la troupe des jeunes solistes en résidence au Grand Théâtre et aux jeunes musiciens de l’Orchestre du Collège de Genève.

une logistique efficaceLes deux premières représentations réservées aux élèves des écoles publiques et privées du canton de Genève, furent littéralement prises d’assaut par les enseignants, qui dès la rentrée scolaire réservèrent les 2'900 places disponibles. Les premiers inscrits furent servis. Ceux sur liste d’attente, espérèrent en vain parce qu’il n’y eut aucune annulation... La Fondation Hélène et Victor Barbour a par ailleurs apporté son précieux soutien financier, en participant de moitié aux prix des billets, réduisant ainsi à cinq francs la part de chaque élève.Il fallut mettre très rapidement en place une logistique efficace pour gérer l’afflux des demandes. Courriers et e-mailing furent confiés à Damien Lopez, stagiaire nouvellement arrivé au service pédagogique, qui se montra d’un grand secours et devint l’un des acteurs indispensables à l’organisation de cet événement. Plusieurs services sollicités comme la billetterie qui s’est chargée d’émettre les billets, et la comptabilité qui effectua, quant à elle, la facturation, apportèrent leurs précieuses compétences. Un dossier pédagogique a permis aux enseignants et aux maîtres de musique de préparer leurs élèves en classe. Le résultat fut étonnant lorsque tous les jeunes spectateurs, invités par le chef d’orchestre Philippe Béran, ont interprété d’une seule voix : « Das klinget so herrlich ». Moment de grande émotion qui fut bissé par près d’un millier de petits gosiers ravis de vocaliser ensemble.

Les élèves étaient à la fêteSavamment « mutilée », la partition de La Flûte enchantée réduite à 90 minutes, entremêlait, dans un subtil équilibre, airs chantés en allemand, dialogues parlés en français et remarques comiques de Papageno qui faisait également office de conteur. Une version que n’aurait sans doute pas désapprouvée Mozart. Durant ce spectacle plein de gaîté et de fantaisie, les enfants sollicités par les interprètes, ont participé avec beaucoup de spontanéité, riant, chantant et applaudissant sans retenue à l’air célèbre de la Reine de la Nuit.Entrées dans la salle en moins de trente minutes, les classes se sont succédées dans un ordre parfait. Les élèves rangés et disciplinés suivaient leur maître comme des petits soldats à la parade. La sortie s’est faite dans le même ordre et le théâtre alors vidé, a conservé quelques instants encore, des rires d’enfants restés accrochés aux grandes pages du décor. A l’issue du spectacle, les élèves « enchantés » s’étonnaient que ce soit déjà fini. Quelques uns m’ont confié qu’ils auraient aimé que : « ça dure toujours ! », d’autres auraient : « souhaité le revoir encore une fois ! »Tobias Richter les a sans doute entendus puisque durant la saison prochaine, La Petite Zauberflöte sera à nouveau programmée du 20 au 23 octobre 2011. Les spectacles pour jeune public, s’ils furent longtemps ignorés de la scène genevoise, en s’intégrant désormais aux programmations du Grand Théâtre, ont déjà trouvé leurs spectateurs qui deviendront peut-être les amateurs d’opéra de demain... KA

L'enchantement de La Petite Zauberflöte

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par Kathereen Abhervé

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Labo-M au BalBal du printemps

Cette année, la soirée caritative a eu lieu à l’hôtel Président-Wilson dans un décor baroque à l'italienne sous le thème « Bas les masques » et a réuni plus de 400 personnes. Au final, près de 240 000 francs ont ainsi pu être récoltés afin de financer des projets de recherche en paraplégie en Suisse et dans le monde. Quelques relais du club Labo-M du Grand Théâtre étaient invités à cette soirée avec pour mission de représenter, de manière bénévole, l’institution partenaire de l’événement en costumes d’époque. 17h : nous arrivons à l’hôtel Président-Wilson et nous nous remettons entre les mains de la costumière, de la coiffeuse et de la maquilleuse du Grand Théâtre pour nous transformer en dames de cour du XVIIe siècle, inspiration Carnaval de Venise. Crêpage de cheveux, coup de laque, une touche de fond de teint, un trait de rouge à lèvre carmin, le jupon, le faux-cul, la jupe, le corset, peu à peu chacune de nous prend la forme d’une aristocrate romantique et s’enveloppe de son nouveau personnage. La tenue, la voix, la démarche, tout y est.19 h30 : les premiers invités arrivent. Nous les accueillons puis discutons avec l’un et l’autre, tantôt un baron, tantôt une femme d’affaires. Les dames dans la fleur de l’âge jouent le jeu du masque et avancent de froufrous, soie et dentelles vêtues. 20 h : Coupes de champagnes et petits amuse-bouches circulent avant que chacune ne regagne sa table.La salle est parée de tentures aux couleurs chaudes, petites alcôves, un espace photo-studio pour la prise de clichés des beautiful people qui évoluent dans les lieux. Un immense masque trône sur la scène s’ouvrant pour laisser passer les invités.Après avoir dégusté l’entrée, nous avons droit aux témoignages de Patrick Segal, auteur du célèbre ouvrage L'homme qui marchait dans sa tête et du Genevois Marc Ristori, champion de motocross, tous deux paraplégiques. C’est impressionnant d’entendre la force dont font preuve ces deux hommes lorsqu’ils parlent de leur accident et de leur vie quotidienne qui s’est vu transformée à jamais. L’émotion prend toute l’assemblée lorsque sont projetées des séquences vidéo de la traversée du Désert de la Mort par Patrick Segal et du retour sur une moto par Marc Ristori. Ensuite, ce fut le tour de la vente aux enchères sous le marteau de Caroline Lang, managing director de Sotheby’s Genève. Les enchères ont eu de la peine à décoller au

début, les mains se levaient timidement. Mais finalement, la vente de treize lots, dont des bijoux, un week-end Formule 1 à Monaco avec Philippe Streiff, ancien pilote, et la croisière MSC de huit jours en Méditerranée, a permis de récolter 72 000 francs. Pour clore la soirée, au moment du buffet de desserts et avant d’ouvrir la piste de danse, retour dans le passé avec Nicoletta, un des grands noms de la chanson française des années 70. Nos voisins de table se mettent à fredonner ses airs qui ont marqué toute leur jeunesse. Enfin, voici venu le temps de la danse, les convives se lancent sur la piste pour des pas de deux endiablés qui les tiendront éveillés jusqu’à l’aube, heure où le carrosse les attend pour regagner leurs pénates.* alias Laura Mancilla et Julie Wynne Mancilla, (relais Labo-M 10-11)

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Le 21 mars, le jour de l’arrivée du prin-

temps, réunit à son accoutumée une

foule de convives à l’occasion du tradi-

tionnel Bal du printemps, un bal caritatif

au profit de la Fondation internationale

pour la recherche en paraplégie, l’IRP.

par Les demoiselles mancy du Châtelet*

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Abonnez vous pour une saison colorée et ambitieuse

Présentée à la presse et au grand public

le 19 avril, la saison 11-12 du Grand Théâtre

se présente sous les meilleurs auspices.

par Albert Garnier

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Le slogan L’Opéra pour tous barrant la façade du vénérable bâtiment de la Place Neuve annonce la couleur d’une sai-son placée sous le signe de la diversité des spectacles pré-sentés et de la diversité des spectateurs attendus.Ce sera une campagne colorée, illustrée par une file d’at-tente de spectateurs sur un tapis rouge avec des chaus-sants particulièrement divers et colorés, de la tong à la chaussure de soirée.Déclinée sur tous les supports, programmes de saison, affiches, annonces dans la presse, site internet et vidéo, cette campagne a été saluée pour son audace et la nou-velle ambition qu’elle donne au Grand Théâtre d’être vrai-ment l’Opéra pour tous à Genève.Les spectacles seront quant à eux présentés tout au long de la saison par de nouvelles affiches illustrées par de magnifiques visuels « origami » réalisés par le graphiste Aimery Chaigne. Ces affiches systématiseront le lien avec le site web au moyen d’un QR code ou flashcode utilisable avec un téléphone mobile.Au-delà de cette campagne, c’est bien entendu la pro-grammation de la saison qui a séduit la presse et le grand public, avec selon la formule traditionnelle huit opéras, parmi lesquels un certain nombre d’œuvres jamais jouées à Genève.Des œuvres comme Andrea Chénier, Richard III et Juliette ou la clé de songes et d’autres comme Mignon n'ont pas été jouées depuis la réouverture. La saison d’opéras est com-plétée par L’Enlèvement au sérail dans une mise en scène de la talentueuse metteure en scène suédoise Mira Bartov, Le Comte Ory pour les fêtes dans de somptueux décors et costumes de Ezio Toffolutti et une mise en scène de Giancarlo del Monaco. Macbeth dans une mise en scène de Christof Loy avec Jennifer Larmore et Davide Damiani dans le rôle-titre ! Et enfin Der Rosenkavalier.

C’est aussi une belle saison de ballet qui s’annonce avec notamment une soirée « Ballets russes » par les choré-graphe Benjamin Millepied, Laurence Yadi et Nicolas Cantillon, le retour de la compagnie de Pina Bausch et Anna Karenina, un projet emmené par Valery Gergiev et le Ballet du Mariinski.Mentionnons aussi les récitals des plus grands artistes du monde lyrique : Marlis Petersen, René Pape, Matthias Goerne, Waltraud Meier, ainsi que nombre de spectacles de grande qualité auxquels participera la troupe des jeunes solistes en résidence : Scènes de la vie de Bohème de Murger, le retour de la Petite Zauberflöte après son succès retentissant de ce printemps.Pour permettre au plus grand nombre d’apprécier cette saison dans toute sa richesse, un effort particulièrement important a été fait sur les tarifs et l’offre d’abonnements. Avec des tarifs permettant de réaliser une économie jusqu’à 30 % sur le tarif de billetterie et trois nouveaux abonnements, le « Pleine Saison » vous permettant de ne rien manquer, l’  « ABO-M » destiné au public jeune et le First Minute Online, qui à l’image de ce qui se fait dans le tourisme propose un avantage financier conséquent à ceux qui se décideront rapidement.Même si la campagne d’abonnement bat son plein jusqu’à fin Juin, le plus tôt sera le mieux pour profiter des meil-leures places et de vos dates de prédilection.Programme complet, renseignements et abonnements, du mardi au samedi de 10 h à 18 h directement au Grand Théâtre et par téléphone 022 418 31 30, et 24h/24 sur www.geneveopera.ch

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OPéRAS

L'Amour des trois orangesOpéra en un prologue et quatre actes de Sergueï ProkofievAu Grand Théâtre de Genève13 | 15 | 17 | 20 | 23 | 25 juin 2011 à 20 hDirection musicale michail JurowskiMise en scène Benno Besson & Ezio Toffolutti Orchestre de la Suisse RomandeChœur du Grand ThéâtreProduction en collaboration avec le Deutsche Oper am Rhein et le Gran Teatro La Fenice.Un voyage dans le monde de la loufoquerie, une œuvre à découvrir ou à redécouvrir. Lorsque Benno Besson dirigeait la Comédie de Genève, il avait imaginé une production mémorable de L’Oiseau vert de Carlo Gozzi. Pour sa deuxième et dernière mise en scène lyrique, il s’est laissé tenter par un opéra inspiré par L’amore delle tre melarance du même auteur. Grâce à son complice de longue date, Ezio Toffolutti, nous pourrons clore une nouvelle saison sur un conte tel que l’avait imaginé Benno Besson, le citoyen d’Yverdon. La lutte entre le chaos et l’ordre, entre le bien et le mal s’achève, comme dans tous les contes, dans l’ordre et la paix recouvrés.

Conférence de présentation par Mathilde Reichler, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 9 juin 2011 à 18 h 15.

Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 25 juin 2011 à 20 h.

En vente dès le 1er juin 2011

Andrea ChénierDramma di ambiente storico en quatre actes d'Umberto GiordanoAu Grand Théâtre de Genève7 | 15 | 17 | 19 | 22 septembre 2011 à 20 h11 septembre 2011 à 15 hDirection musicale John FioreMise en scène John DewOrchestre de la Suisse RomandeChœur du Grand ThéâtreProduction du Deutsche Oper BerlinUne œuvre absente de la scène du Grand Théâtre qui ré-pond aux canons du vérisme et qui connut un triomphe à la création. Un jeune poète guillotiné lors de la Révolution française ouvre la saison 11-12 du Grand Théâtre et nous entraîne vers deux heures de musique colorée empreinte de passion et d’idéaux humanitaires. L’amour de la pa-trie côtoie le culte de l’amitié et se mêle à la jalousie et au conflit amoureux dans un lyrisme torrentiel et emporté. L’occasion pour le Grand Théâtre d’entamer une collabo-ration avec l’une des grandes scènes lyriques de Berlin : le Deutsche Oper Berlin.

Conférence de présentation par Sandro Cometta, en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’Opéra et du Ballet, le 6 septembre 2011 à 18 h 15.

Diffusion du spectacle sur Espace 2, le samedi 22 octobre 2011 à 20 h.

bALLET

Préludes & FuguesLe Clavier bien tempéré de J. S. BachAu BFMBallet du Grand Théâtre de GenèveChorégraphie, costumes et lumières Emanuel Gat 21 | 24 | 25 | 26 | 27 | 28 mai 2011 à 20 h22 | 29 mai 2011 à 17 hCréation mondiale« Sur le frontispice du Clavier bien tempéré, Bach écrit : “ Pour la pratique et le profit des jeunes musiciens désireux de s’instruire... ” et cette oeuvre (comme toute la musique de Bach) joue pour moi le rôle d’une sorte de mentor, de manuel, de guide, de compagnon. À mon avis, Bach n’avait pas son pareil pour transformer la structure et la forme en un objet musical incorporant les vérités fondamentales. Le Clavier bien tempéré est l’incarnation de la plupart de mes convictions sur la production artistique en général, et la chorégraphie en particulier. J’aborde donc ce projet avec une profonde reconnaissance, en toute humilité et rempli d’amour pour cette musique. Préludes & Fugues ne sera aucunement une tentative d’illustrer la musique de Bach ou de la traduire en mouvement, mais plutôt une proposition de co-existence des structures. Le noyau de ma recherche chorégraphique tourne autour du développement de mécanismes et le processus de leur ajustement. Je suis convaincu que la danse est dotée, pour la plus grande partie, des qualités qu’on prête à la musique, et avant toute autre chose, de ses qualités non-verbales. Tout comme l’art musical résonne au plus profond de nous-mêmes au travers de structures de son abstraites, la danse met à nu la capacité de donner substance par le biais de structures mobiles qui changent constamment. » Emanuel GatDans le contexte d’une pertinence ardente à la pratique de la danse contemporaine, Préludes & Fugues propose une réflexion sur la structure et la forme, une méditation sur les aptitudes singulières de la danse.

Agenda

RéCiTAL

Anna Caterina Antonacci18 mai 2011 à 20h au Grand Théâtre de GenèvePiano Donald Sulzen Vitellia remarquée en 2006 au BFM, la flamboyante Cassandre des Troyens est de retour sur le plateau du Grand Théâtre. Sans grandiloquence, elle excelle dans la tragédie et alterne le répertoire baroque et le grand opéra français. Elle ne cache pas sa passion pour la culture française, en particulier pour le beau chant. Dans un univers réputé pour son cloisonnement, elle brave les interdits, impose ses convictions, et comme Poppea, elle se donne les moyens pour arriver là où elle le souhaite. Un grand moment en perspective avec une diseuse, une tragédienne, une cantatrice incandescente et hallucinée à la voix ample.

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LELe Barbier de Séville de Gioacchino Rossini, Grand Théâtre de Genève, septembre 2010

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dans la vie de Jean-Pascal Cottalorda

Chaque année à la mi-avril, le renouvelle-

ment des abonnements est une période

intense pour Jean-Pascal Cottalorda et

son équipe. En quelques semaines seule-

ment, 75% des abonnements seront réa-

lisés. Penchons-nous donc sur une de ses

journées trépidantes, menée tambour

battant, par ce méridional qui a su garder

son accent du Sud.

6 H 30 Le réveil sonne. 7 H Il éteint enfin son réveil pour la dernière fois et se lève. Il réveille ses enfants, avale deux espressi et file sous la douche. Après avoir déposé l’une de ses filles à l’école, il rejoint le théâtre en voiture.9 H Billetterie du théâtre. Jean-Pascal fait, comme tous les matins, le point avec son équipe. « Cette période de l’an-née est d’une extrême importance pour le Grand Théâtre. Mon rôle est d’encadrer et de motiver mes collaboratrices et mes collaborateurs. Je suis à l’écoute de toutes leurs demandes. » 10 H Une imposante quantité de courrier est déposée à la billetterie par les huissiers du Grand Théâtre. « L’ouverture quotidienne du courrier est toujours un moment d’excita-tion intense. Combien y aura-t-il de demandes d’abonne-ments aujourd’hui, quelles formules seront choisies et par combien de personnes ? ».11 H 30 Durant les premières semaines de la campagne, des points abonnements sont installés dans le hall du Grand Théâtre afin de pouvoir répondre au mieux à toutes les demandes. Jean-Pascal s’y rend régulièrement pour parler avec son équipe et pour répondre personnellement aux abonnés. « Dans mon métier, il faut savoir écouter, rassurer et aider. J’aime entrer en contact avec nos specta-teurs, partager ma passion avec eux, les convaincre. » 11 H 40 Un abonné, fidèle depuis trente ans, lui demande si, comme chaque saison, il pourra conserver sa place. Jean-Pascal lui explique qu’en tant que possesseur d’un Grand Abonnement aux Premières, sa place sera conser-vée tout au long de la saison.11 H 45 Il répond à son téléphone portable. C’est Carine Druelle, son assistante, qui l’informe qu’un client désire des renseignements sur les abonnements Loge. Il réajuste sa cravate et se rend dans le hall du théâtre.12 H 30 Son téléphone sonne à nouveau. La billetterie l’avise qu’une abonnée ne pourra pas se rendre à la repré-sentation des Vêpres siciliennes qu’elle avait choisie il y a un an lors de la souscription de son abonnement et qu’elle désire changer de date. Comme elle est abonnée, le chan-gement peut s’effectuer.13 H La pause déjeuner. Jean-Pascal aime manger à la buvette du théâtre. Lieu de détente, mais pas seulement.

Le chorégraphe Emanuel Gat y déjeune avec quelques danseurs du Ballet. Après s’être présenté, Jean-Pascal lui demande s’il est possible d’assister à une répétition. « Emanuel Gat présente une création mondiale en mai au BFM, il faut savoir ce que l’on commercialise. Même si nous sommes en campagne d’abonnement, la saison en cours n’est pas finie. ». Une assiette fumante est déposée devant lui. Jean-Pascal peut enfin se détendre.13H 45 Après deux cafés, c’est reparti. Tout méridional qu’il est, pas question de faire une petite sieste. Il remonte dans son bureau du quatrième étage à pied. Comme il ne fait plus d’exercice physique, Jean-Pascal s’impose cet ef-fort au moins une fois par jour. 14 H Seconde livraison journalière du courrier. Jean-Pascal se trouvant au téléphone, c’est Carine Druelle qui gère ce nouvel arrivage dans le hall du théâtre. Il est en train d’ex-pliquer à un jeune couple l’abonnement Pleine Saison, une nouveauté pour 2011-2012.16 H Le service de presse du théâtre le prévient qu’un cri-tique souhaite assister au spectacle du soir. Le journaliste pourra retirer ses billets tout à l'heure au guichet accueil. Alors qu’il s’apprête à redescendre dans le hall, il revient sur ses pas pour répondre au téléphone. Le concierge d’un grand hôtel de Genève désire, pour l’un de ses clients, deux places pour la représentation du soir. La réservation et le paiement sont effectués en quelques clics. 17 H 30 L’heure du bilan de la journée est enfin arrivé. Un document récapitulatif est complété avec les derniers chiffres et envoyé par courriel à la direction qui souhaite être informée quotidiennement de l’état des souscriptions aux treize différents abonnements proposés cette saison. 18 H La billetterie ne ferme pas ses portes comme à l’ac-coutumée car il y a spectacle. Jean-Pascal est là dans le hall pour accueillir les spectateurs et résoudre les demandes de dernière minute. 19 H C’est l’effervescence. Les spectateurs arrivent et le point abonnement dans le hall du théâtre est pris d’assaut pour des ultimes questions. « Les soirs de spectacle, nous pouvons vraiment visualiser le résultat de notre travail. C’est toujours une énorme satisfaction lorsque la salle est pleine. »20 H La représentation débute. Le hall est calme. L’effer-vescence est passée dans la salle. FL

24h

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Une reconversionOriginaire de Sète, Jean-Pascal

Cottalorda quitte le sud de la

France à 17 ans lorsqu’il est

engagé comme danseur au Ballet

de l’Opéra de Lyon. Puis vient

la reconversion. En 2002, il est

nommé responsable commercial

de l’Opéra de Lyon et cinq ans plus

tard, il rejoint l’équipe du Grand

Théâtre de Genève en tant que

responsable du développement

commercial et de la billetterie.

Jean-Pascal est marié, père de

deux f illes, Aude, 9 ans

et Julia, 15 ans.

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SaiSon 09 | 10 | Le magazine du grand ThéâTre de genève | ACT.0 | N°1 3

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