ACT-O N°25

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Le journal du Cercle du Grand Théâtre et du Grand Théâtre de Genève Un théâtre enchanté N°25 | Novembre / décembre 2015 - janvier 20 16 BO SKOVHUS L'homme du nord chante Schubert 25 A MIDSUMMER NIGHT'S DREAM CASSE-NOISETTE DIE ZAUBERFLÖTE UNE FIN D'ANNÉE CRÉATRICE

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Grand Théâtre de Genève ACT-O n°25 Magazine du Cercle du Grand Théâtre de Genève

Transcript of ACT-O N°25

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Le journal du Cercle du Grand Théâtre et du Grand Théâtre de Genève

Un théâtreenchanté

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BO SKOVHUS

L'homme du nordchante Schubert

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A MIDSUMMER NIGHT'S DREAM CASSE-NOISETTEDIE ZAUBERFLÖTE

UNE FIN D'ANNÉE CRÉATRICE

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Boutiques Vacheron Constantin à GenèveQuai de l’Île 7 +41 22 316 17 20 — Place de Longemalle 1 +41 22 316 17 40

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260 ans d’histoire ininterrompue reflétéeà travers la collection Harmony. Une nouvelle légende est née.

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MARIE-PIERRE GENECANDJOURNALISTE CULTURE & SOCIÉTÉ@LETEMPS

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6A Midsummer Night’s Dream«Une musique à enchanter le sommeil ! »

15Rive droite/gaucheUn Grand Genève Culturel ?

ProchainementDans le n°26Alcina 15 > 29/02/2016

Diana Damrau 16/02/2016

Suzan Graham 20/03/2016

Le Médecin malgré lui 04 > 16/04/2016

Sara Mingardo 15/04/2016

La couverturePhoto librement réalisée autour des personnages

de Die Zauberflöte.

Photo Nicolas SchopferDA Aimery Chaigne

Maquillage : Anaïs ViglianoMannequins : Salvo Rattà &

Christelle Burrus

3 Le carnet du CercleL’Opéra des Nations se dévoile

14 Bo SkovhusLe Nøkken* du lied

16Casse-noisetteFormidable Ballet !

13Forza del destinoUn destin enchanteur

Cher public,Les jours passent, les saisons s’enchaînent, et très bientôt le Grand Théâtre de Genève migrera de la place de Neuve à la Campagne Rigot. C’est en février 2016 que nous vous accueillerons à l’Opéra des Nations et c’est en pensant à cet espace si particulier, structure en bois initialement créée pour faire résonner les vers du théâtre parlé (des textes élisabéthains aux écrivains contemporains) que nous avons construit notre thématique tissée de féérie. Féérie qui dans un grand arc de cercle se déploie de Shakespeare à… Shakespeare. De A Midsummer Night’s Dream en novembre 2015 à Falstaff en juin 2016 cette programmation vise en effet à fêter dignement le quatre centième anniversaire de la mort du plus grand poète et dramaturge anglais. Et pour que vous soyez totalement informés des caractéristiques et du mode d’emploi de ce bel outil théâtral, nous vous invitons (page 3), en compa-gnie de Claus Haessig, secrétaire général du Grand Théâtre de Genève, à en découvrir tous les arcanes.C’est tout d’abord la vision de Shakespeare de Benjamin Britten qui est à l’honneur avec son A Midsummer Night’s Dream. Pour évoquer la magie entremêlée de texte et de musique, portée par la mise en scène de cette nouvelle pro-duction, nous avons souhaité donner la parole à la metteure en scène Katharina Thalbach (elle fut également un inoubliable Puck à la scène) et à celui qui signe les décors, les costumes et les éclairages, Ezio Toffolutti (page 6). Pour émailler l’entretien de ce duo prestigieux, nous avons également voulu associer celle qui assumera à Genève le rôle de Puck – Anna Thalbach – et qui nous permettra d’évoquer la filiation artistique et la personnalité de Benno Besson, père et grand-père de Katharina et Anna Thalbach. Puis la reprise du ballet de Casse-Noisette, chorégraphié en 2014 par Jeroen Verbruggen, sera quant à elle évoquée par un portfolio consacré à cette production illustré tout particuliè-rement par ses trois danseurs solos : Sara Shigenari, Geoffrey Van Dyck et Nahuel Vega (page 16). Après avoir pu en-tendre l’un des grands cycles de lieds de Franz Schubert, Die Schöne Müllerin, interprété par le baryton Bo Skovhus (page 14), et qui sera à mettre en résonance avec le Winterreise et le Schwanengesang donnés au Grand Théâtre de Genève les saisons passées, c’est vers une nouvelle production lyrique emblématique que nos regards se porteront. Die Zauberflöte, opéra, connu de tous – et dont le metteur en scène américain Daniel Kramer nous propose une version personnelle (page 10) – nous accompagnera pour le passage à l’an 2016 et sera le dernier spectacle à la place de Neuve avant 2018. Nous vous proposons ici une vue renouvelée de cet opéra incontournable, puisqu’en parallèle aux mots du metteur en scène, ce sont deux solistes de cette double distribution, Pretty Yende (Pamina, également interprétée par Urška Arlič) et Stanislas de Barbeyrac (Tamino, également interprété par Joachim Bäckström), qui viennent parler de leurs personnages et de la place qu’ils occupent dans cette œuvre mythique. Début février, peu avant l’inauguration de l’Opéra des Nations, c’est la production en version de concert de La Forza del Destino que nous coproduirons au Victoria Hall dans un partenariat maintenant bien établi avec l’Or-chestre de la Suisse Romande. Cette année, c’est Paolo Arrivabeni, chef d’orchestre détenteur incontournable de la grande tradition verdiste, que nous rencontrerons (page 13).Enfin, le panorama de nos activités ne serait complet si nous n’évoquions notre attachement à la transmission des savoirs et aux publics jeunes. En effet notre partenariat avec la Fondation BNP Paribas permet à plusieurs chan-teurs de vivre les expériences musicales sans lesquelles ils ne pourraient développer leurs talents. C’est ainsi que vous retrouverez (page 19) les membres de la Troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève qui vous décriront leurs parcours. Deux nouveaux responsables du programme pédagogique ayant récemment re-joint nos équipes, c’est leur arrivée parmi nous, leurs profils et leurs projets qu’ils nous feront partager (page 18).Tous ces moments qui, malgré les inquiétudes bien normales engendrées par notre futur déménagement, sont les plus belles preuves de notre engagement. Car sans la détermination et l’énergie de nos équipes qui – par-delà un quotidien lié aux exigences des spectacles vivants – répondent toujours présent, rien de ce que le Grand Théâtre de Genève défend et magnifie ne serait possible.Qu’un grand « coup de chapeau » leur soit ici rendu.

Tobias RichterDirecteur général

10Die ZauberflöteVoyage au cœur de l’être humain

Directeur de la publication Tobias Richter Responsable éditorial Mathieu PoncetResponsable graphique & artistique Aimery Chaigne Ont collaboré à ce numéro Elsa Barthas, Anne Bruschweiler, Gabriele Bucchi, Marie Chabbey, Fabrice Farina, Aurélie Gfeller, Sandra Gonzalez, Olivier Gurtner, Isabelle Jornod, Mathieu Poncet Impression FOT Suisse SA

Parution 4 éditions par année ; achevé d’imprimer en novembre 2015. 6 000 exemplaires.Il a été tiré 45  000 exemplaires de ce numéro encartés dans le quotidien Le Temps.

11, bd du Théâtre - CP 5126 - CH-1211 Genève 11 T +41 22 322 50 00 F +41 22 322 50 [email protected] www.geneveopera.ch

* Esprit des eaux enchanteur des légendes scandinaves.

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LA FAÇADEComment nos publics auront-ils accès à l’OdN via cette façade ? L’accès en sera-t-il aisé ? La billetterie se situera-t-elle à l’exté-rieur du bâtiment principal ? Pour se rendre au spectacle, le public traversera le portail his-torique de la Campagne Rigot, à quelques mètres seulement de l’arrêt du tram et du parking des Nations, pour se trouver en face de cet immense paquebot en bois qu’est l’Opéra des Nations, repo-sant sur ses 300 pieux, avec sa façade haute de 19 mètres et large de 35. Après une dizaine de pas sur l’allée de maître nouvellement rénovée et plantée d’une double rangée de tilleuls de chaque côté, il empruntera la douzaine de marches d’un escalier monumental, qui incarne l’entrée dans un autre monde, celui de l’art lyrique. Cet escalier lui rappellera l’accès au Grand Théâtre depuis la place de Neuve, et encore, pour les grands mélomanes, l’un de ces lieux mythiques de l’art lyrique de campagne comme l’éphé-mère Country House Opera de Garsington. Tout aura été fait pour rendre cet espace magique. Si par malheur le spectateur n’est pas encore en posssession de son billet, il va l’acquérir à la billetterie sur la droite de l’escalier, avec ses trois guichets. Et bien entendu, tout est prévu pour accé-der à l’intérieur pour les personnes à mobilité réduite.

L’Opéra des Nations se dévoile

Nous pouvons aujourd’hui découvrir, in situ, avec Claus Hässig, l’un des principaux maîtres d’œuvre de cette nouvelle scène lyrique, la face jusqu’à présent « cachée » de l’Opéra des Nations. Cette nouvelle salle genevoise éphémère concentre toutes les attentions et les interrogations des mélomanes et des lecteurs d’ACT-O, tant l’aventure est extraordinaire. Faire « le tour du propriétaire » à quelques semaines de la remise des clefs est donc essentiel pour envisager le mode d’emploi de cet édifice. C’est pourquoi nous allons évoquer toutes les questions que vous vous posez.

Entretien avec Claus Hässig, secrétaire général du Grand Théâtre de Genève, par MatHieu PonCet

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ESPACES PUBLICSOù se situeront les espaces publics et les vestiaires ainsi que les bars proposés en amont du spectacle et aux entractes ? Y aura-t-il plusieurs circuits de déplacement pour le public ? Les commo-dités seront-elles accessibles facilement ?Une fois franchi l’une des trois vastes portes d’entrée – encore un rappel de la place de Neuve – le spectateur entre dans le foyer de 250m2, surmonté d’une mezzanine et décoré de lustres monu-mentaux, où un vestiaire est à sa disposition. Le long bar lui rap-pellera celui du Bâtiment des Forces Motrices, mais en plus grand ! L’endroit lui permettra de se restaurer avant le spectacle et à l’entracte. Les commodités nécessaires à un lieu public se trouvent au même niveau du bâtiment, dans l’aile droite.

LA SALLEQuelle est la jauge de la salle ? De quelle façon accèdera-t-on à sa place ? La visibilité et l’audition sont-elles diffusées de façon homo-gène depuis tous les sièges ? Quid des personnes à mobilité réduite ?Depuis le vestibule, le spectateur accède à la salle en passant le long de ce qui constitue en quelque sorte l’antre caché de l’Opéra des Nations, à savoir l’espace sous les gradins, qui dégage une at-mosphère simplement incroyable et qui préfigure les dimensions extraordinaires de la salle, avec ses gradins en pente et faciles d’accès, gradins qui montent jusqu’à une hauteur de 8,5 mètres – ce qui garantit une visibilité excellente à tous les spectateurs. Le tout s’agence sous la belle charpente qui commence à 13 mètres de hauteur et qui est soutenue par une poutre centrale d’un seul tenant de 34 mètres.Le spectateur est éloigné de la fosse et de la scène de 28 mètres au maximum : distance qui lui permet de déceler toutes les expres-sions du visage du chanteur ou du danseur. Les dimensions de l’espace occupé par les gradins sont de 28 mètres de largeur sur 25 de profondeur : dimensions qui, hormis la hauteur, sont  proches de celles qui caractérisent les maisons d’opé-ra historiques du XIXème siècle, comme l’ancien Met de New York. Entièrement construite en bois – on peut penser au théâtre du Jorat –, munie des panneaux acoustiques nécessaires sur ses murs latéraux, bien étudiée par les meilleurs spécialistes européens, la salle dégagera une forte chaleur émotionnelle, mais surtout une acoustique impeccable. Jusqu’au revêtement du sol, tout a été étu-dié pour garantir la meilleure sonorité.Des 746 places du Théâtre Éphémère parisien, nous serons passés à 1 166 places. Nous nous approchons ainsi des volumes idéaux pour une production lyrique. Un volume de 31 200 m3, une aug-mentation de 40% du volume par rapport à Paris. Les sièges du premier rang étant déclipsables, il sera alors poss-sible d’y installer, sur les bords, des fauteuils roulants.

LA SCÈNE ET LES COULISSES Quelles sont les caractéristiques de cette nouvelle scène ? Est-elle suffisamment grande pour accueillir des spectacles lyriques ? Les coulisses permettent-elles des changements de décors fluides ? Les changements se feront-ils « à vue » ?La scène et l’arrière-scène occupent plus d’un quart de la surface de l’Opéra des Nations. Tout est plus vaste qu’à Paris, et les ingé-nieurs et charpentiers ont dû faire preuve de génie pour maîtriser cette partie délicate du bâtiment.Derrière le cadre de scène de 15 m sur 7,50 m s’ouvre une surface de 475 m2 – correspondant à celle de deux surfaces de gymnas-tique répondant aux normes olymiques ! Une scène suffisamment grande avec ses 25 mètres sur 19 pour disposer d’espaces de stoc-kage au lointain et côté cour et côté jardin pour équiper en décors un spectacle de qualité. Bien entendu, il n’y aura pas de ponts mobiles comme à la place de Neuve, mais le cintre est largement pourvu d’équipements pouvant supporter et bouger des décors qui vont satisfaire le goût des spectateurs genevois.

LA FOSSE D’ORCHESTRECette fosse que vous avez dû construire permettra-t-elle à nos orchestres, et notamment à l’OSR, d’accueillir le nombre néces-saire d’instrumentistes ? Avec une surface de 82 m2 et d’une hauteur de 1,90 mètres, la fosse pourra accueillir des orchestres pour la plus grande partie du répertoire d’opéra. Bien entendu, construire une fosse pour pouvoir jouer du Wagner ou du Meyerbeer aurait fait exploser le budget de construction ! Notre but avait été d’atteindre un nombre de 65 à 70 musiciens. Le nombre réel dépendra bien entendu des instruments présents dans la fosse.Nous avons déjà présenté cette fosse au maestro du premier spec-tacle joué à l’Opéra des Nations que sera l’Alcina de Händel. Sa réaction a été enthousiaste, tout comme son avis concernant cette salle pleine de promesses. ■

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Bureau

M. Luc Argand, présidentM. Pierre-Alain Wavre, vice-présidentM. Jean Kohler, trésorierMme Véronique Walter, secrétaireMme Françoise de Mestral

autres memBres du comité

Mme Claudia GroothaertMme Vanessa Mathysen-GerstMme Coraline Mouravieff-ApostolMme Brigitte VielleM. Gerson Waechter

memBres Bienfaiteurs

M. et Mme Luc ArgandM. et Mme Guy DemoleFondation de bienfaisance du groupe PictetFondation Hans WilsdorfM. et Mme Pierre KellerBanque Lombard Odier & Cie SAM. et Mme Yves OltramareMrs Laurel Polleys-CamusM. et Mme Adam SaïdUnion Bancaire Privée – UBP SAM. Pierre-Alain WavreM. et Mme Gérard Wertheimer

memBres individuels

S. A. Prince Amyn Aga Khan Mme Diane d’ArcisS. A. S. La Princesse Etienne d’ArenbergMme Dominique ArpelsM. Ronald AsmarMme René AugereauMme Véronique BarbeyMme Christine Batruch-HawrylyshynMme Maria Pilar de la BéraudièreM. et Mme Philippe BertheratMme Antoine BestM. et Mme Rémy BestMme Saskia van BeuningenMme Françoise BodmerM. Jean BonnaProf. et Mme Julien BogousslavskyMme Christiane BoulangerMme Clotilde de Bourqueney HarariComtesse Brandolini d’AddaMme Robert BrinerM. et Mme Yves BurrusMme Caroline CaffinM. et Mme Alexandre Catsiapis

Mme Maria Livanos CattauiMme Muriel Chaponnière-RochatM. et Mme Julien ChatardM. et Mme Neville CookM. Jean-Pierre CubizolleM. et Mme Claude DemoleM. et Mme Olivier DunantMme Denise Elfen-LaniadoMme Maria EmbiricosMme Diane Etter-SoutterMme Catherine Fauchier-MagnanMme Clarina FirmenichM. et Mme Eric FreymondMme Elka Gouzer-WaechterMme Claudia GroothaertM. et Mme Philippe Gudin de La SablonnièreMme Bernard HacciusMme Théréza HoffmannM. Patrick Houitte de la ChesnaisM. et Mme Philippe JabreM. et Mme Eric JacquetM. Romain JordanMme Madeleine KogevinasM. et Mme Jean KohlerM. David LachatM. Marko LacinMme Michèle LarakiM. et Mme Pierre LardyMme Eric LescureMme Eva LundinM. Bernard MachMme France Majoie Le LousM. et Mme Colin MaltbyMme Catherine de MarignacM. Thierry de MarignacMme Mark Mathysen-GerstM. Bertrand MausM. Olivier MausMlle Lizy MaymardMme Béatrice MermodM. et Mme Charles de MestralM. et Mme Francis MinkoffMme Jacqueline MissoffeM. et Mme Christopher Mouravieff-ApostolMme Pierre-Yves Mourgue d’AlgueM. et Mme Philippe NordmannM. et Mme Alan ParkerM. et Mme Shelby du PasquierMme Sibylle PastréM. Jacques PerrotM. et Mme Wolfgang Peter Valaizon M. et Mme Gilles Petitpierre

M. et Mme Charles PictetM. et Mme Guillaume PictetM. et Mme Ivan PictetM. et Mme Jean-François PissettazMme Françoise PropperComte de ProyartMme Ruth RappaportM. et Mme François ReylM. et Mme Andreas RötheliM. et Mme Gabriel SafdiéComte et Comtesse de Saint-PierreM. Vincenzo Salina AmoriniM. et Mme Paul SaurelM. Julien SchoenlaubMme Claudio SegréBaron et Baronne SeillièreM. Thierry ServantMarquis et Marquise Enrico SpinolaMme Christiane SteckM. et Mme Riccardo TattoniM. et Mme Kamen TrollerM. et Mme Gérard TurpinM. et Mme Jean-Luc VermeulenM. et Mme Julien VielleM. et Mme Olivier VodozMme Bérénice WaechterM. Gerson WaechterM. et Mme Stanley WalterM. et Mme Lionel de WeckMme Paul-Annik Weiller

memBres institutionnels

1875 Finance SABanque Pâris Bertrand Sturdza SAChristie’s (International) SACredit Suisse SAFBT Avocats SAFondation BruGivaudan SAH de P (Holding de Picciotto) SAJT International SA Lenz & StaehelinMKB Conseil & CoachingSGS SAVacheron Constantin

Organe de révision : Plafida SACompte bancaire N° 530 290 MM. Pictet & Cie

Rejoignez-nous !Nous serions heureux de vous compter parmi les pas-sionnés d’ arts lyrique, chorégraphique et dramatique qui s’engagent pour que le Grand Théâtre de Genève conserve et renforce sa place parmi les plus grandes scènes européennes. Adhérer au Cercle du Grand Théâtre, c’est aussi l’assu-rance de bénéficier d'une priorité de placement, d'un vestiaire privé, d'un service de billetterie personna-lisé et de pouvoir changer de billets sans frais. Vous participerez chaque année au dîner de gala à l’issue de l’Assemblée générale et profiterez des cocktails d’entracte réservés aux membres. De nombreux voyages lyriques, des conférences thématiques « Les Métiers de l’Opéra », des visites des coulisses et des ateliers du Grand Théâtre et des rencontres avec les artistes vous seront proposées tout au long de la sai-son. Vous pourrez assister aux répétitions générales et bénéficierez d'un abonnement gratuit à ce maga-zine. Vous recevrez également tous les programmes de salle chez vous.

Fondé en 1986, le Cercle du Grand Théâtre s’est donné

pour objectif de réunir toutes les personnes et entreprises

qui tiennent à manifester leur intérêt aux arts lyrique,

chorégraphique et dramatique. Son but est d’apporter

son soutien financier aux activités du Grand Théâtre et

ainsi, de participer à son rayonnement.

Nos membres

Pour recevoir de plus amples

informations sur les conditions

d’adhésion au Cercle,

veuillez contacter directement :

Madame Gwénola Trutat

(du lundi au vendredi

de 8 h à 12 h)

T + 41 22 321 85 77

F + 41 22 321 85 79

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Cercle du Grand Théâtre de Genève

Boulevard du Théâtre 11

1211 Genève 11

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L’Opéra des NationsMode d’emploi

ACCESSIBILITÉBUS & TRAM5, 8, 11, 15, 22, 28, F, V et Z Arrêts Sismondi et Nations à quelques pas de notre opéra.

POUR VENIRSi vous empruntez le tram 15 depuis l’arrêt Cirque, direction Nations, vous parviendrez à l’arrêt Sismondi en 13 minutes. Départs toutes les 4-5 minutes les soirs de semaine et toutes les 6-8 minutes le week-end.

POUR RENTRERDéparts toutes les 10 minutes pour les représentations qui ont lieu le soir et toutes les 7-8 minutes pour les représentations du dimanche après-midi.

Durant les vacances scolaires, les TPG ajustent la fréquence de leurs lignes.

PARKINGS1520 places sécurisées à proximité de l’Opéra des Nations Nations (1182 places). Accès par la rue de Varembé P+R Sécheron (338 places). Accès par la rue Kazem-Radjavi

300 places en zones blanches ou bleuesRue de la Paix, avenue de l’Ariana, chemin du Petit-Saconnex, rue de Moilebeau, rue du Vidollet, chemin des Colombettes, avenue Giuseppe-Motta, rue de Varembé, rue de Vermont

RESTAURATIONIndépendamment des bars dévolus à la petite restauration qui seront disposés dans les espaces publics de l’Opéra des Nations, et qui permettront de répondre aux attentes de nos publics, nous souhaitons ici évoquer l’offre de deux partenaires restaurateur qui vous proposeront un accueil de qualité dès notre première production d’Alcina mi-février.

Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)Situé au dernier étage de la Maison de la Paix, à proximité de l’Opéra des Nations, il propose d’ouvrir, le soir, son restaurant sur réservation à partir de 20 personnes. L’occasion de découvrir un panorama à 360° sur la Genève internationale, le Jardin botanique et le lac léman. Tél. 022 908 43 34

Le Dorian Le restaurant situé près du Grand Théâtre tiendra ses portes ouvertes jusqu’à une heure avancée les soirs de nos représentations, afin de vous accueillir comme il le fait déjà lors de nos productions de la place de Neuve.Tél. 022 328 25 36

BILLETTERIEComme nous sommes conscients qu’un certain nombre d’entre vous apprécient de se rendre avec facilité auprès de notre billetterie, deux lieux seront dévolus dès le mardi 12 janvier 2016 à l’achat de vos billets et de vos abonnements. Ouverture de la billetterie du lundi au samedi de 10 h à 18 h, sauf les jours de spectacle jusqu’à l’heure du début de la représentation. Pour tout complément d’information, consulter notre site internet et les supports imprimés diffusés pour chacun des spectacles.

Maison des Arts du Grütli 16 rue du Général Dufour

L’Opéra des Nations40 avenue de France

Tél. 022 322 50 50 www.geneveopera.ch

Nous sommes persuadés que ce nouveau lieu engendrera de belles surprises et une écoute renouvelée dans un espace féérique en adéquation avec notre programmation lyrique actuelle. C’est pourquoi, à cette occasion, nous proposerons prochainement un abonnement spécial Opéra des Nations qui vous permettra de partager avec nous cette aventure extraordinaire.

Vous êtes un certain nombre à vous interroger sur divers aspects « techniques » liés à notre prochain déménagement de la place de Neuve à l’Opéra des Nations. C’est pourquoi nous aimerions ici revenir sur les points concernant l’accessibilité à la Campagne Rigot, les parkings disponibles, la restauration, la billetterie et ses offres spécifiques « Opéra des Nations ».

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A Midsummer Night’s Dream

Au mois d’août 1959, Benjamin Britten décide de composer un nouvel opéra pour la prochaine édition de son Festival d’Alde-burgh. La première aura lieu le 11 juin 1960 et coïncidera avec l’inauguration du Jubilee Hall, salle fraîchement rénovée, qui accueille le festival depuis sa création en 1948. Pressé par le temps, le compositeur

opte pour un livret abouti qu’il a réalisé jadis d’après A Midsummer Night’s Dream de Shakespeare, avec la collaboration de son com-pagnon, le ténor Peter Pears. Dans un article publié dans The Observer peu avant la création de l’opéra, Britten insiste sur les « problèmes sans fin » qu’ils ont connus pour garder la cohérence et l’équilibre de la pièce originale, alors qu’il était indispensable de la simplifier et surtout de l’abréger pour ne pas en faire « un opéra aussi long que le Ring ». Le livret témoigne du souci des auteurs

de ne jamais dévier du texte du poète élisabéthain ; seul un vers, justifié par la coupure d’un épisode, a été ajouté. L’originalité de l’adaptation de Britten, indépendamment de la fascinante adéquation entre sa musique et celle de la poésie de Shakespeare, tient à la prédominance de l’élément féérique qui la caractérise. Au théâtre, le rideau se lève sur la cour de Thésée, alors que l’opéra s’ouvre dans le monde des fées. Katharina Thalbach, metteur en scène, a été particulièrement enthousias-mée par ce changement : « Depuis le temps que je connais cette pièce de Shakespeare, et je la connais depuis que je suis enfant, j’ai toujours trouvé l’histoire qui se déroule à Athènes très irritante et ennuyeuse. Lorsque j’ai vu la magnifique approche artistique de Britten et Pears, qui ont enlevé le premier acte de la pièce et fait commencer l’opéra dans la forêt sans écrire d’ouverture, j’ai trouvé que c’était un « truc » dramaturgique génial ! »Musicalement, Britten illustre la puissance des forces enchan-

«Une musiq ue à enchanter le sommeil!»

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› A Midsummer Night’s Dream

Opéra en 3 actes Benjamin Britten Direction musicale

Steven Sloane Mise en scène

Katharina Thalbach Décors et costumes & lumières

Ezio Toffolutti Lumières

Simon Trottet Chorégraphie

Darie Cardyn Oberon

Christopher Lowrey Tytania

Bernarda Bobro Puck

Anna Thalbach Theseus

Brandon Cedel Hippolyta

Dana Beth Miller Lysander

Shawn Mathey Demetrius

Stephan Genz Hermia

Stephanie Lauricella Helena

Mary Feminear* Bottom

Alexey Tikhomirov Quince

Paul Whelan Flute

Stuart Patterson Snug

Jérémie Brocard Snout

Erlend Tvinnereim* Starveling

Michel de Souza* Cobweb

Oscar Colliar Leyth Ferguson Peaseblossom

Sarah Gos Mustardseed

Juliette Huber Moth

Caroline Guentensperger

Maîtrise du Conservatoire populaire de musique de Genève Direction Magali Dami et Serge Ilg

Orchestre de la Suisse Romande Au Grand Théâtre de Genève du 20 au 30 novembre 2015

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[ci-dessus]

La metteure en scène Katharina Thalbach, sa fille, la comédienne Anna Thalbach et le décorateur Ezio Toffolutti au milieu des enfants de la Maîtrise du Conservatoire populaire de musique de Genève pendant les répétitions au studio de Meyrin en octobre 2015.

teresses de ce lieu magique par une ritournelle instrumentale. Cette dernière introduit la première scène de l’opéra et assure la cohérence du premier acte par ses fréquentes apparitions. Ainsi, certains analystes estiment que la forêt est considérée comme le personnage principal de l’opéra. L’importance de l’élément naturel est également au cœur de la démarche proposée par la mise en scène et la scénographie : « Je viens du théâtre, précise Katharina, mais naturellement lorsque j’ai entendu l’opéra, c’est la musique qui m’a guidée. L’approche décisive a donc été la suivante : la forêt respire. Selon Ezio, quelque chose qui respire est un corps, et natu-rellement, pour lui, c’est une femme, c’est un lieu d’où nous venons tous». L’esthétique scénique proposée par Ezio Toffolutti, qui signe les décors et les costumes, est le fruit d’intenses recherches qu’il mène depuis de longues années sur les paysages anthropomorphes : « Ici, le fond de scène représente un corps défini, celui de la mère terre. C’est direct. Il n’y a pas de doutes. C’est un grand plaisir pour

moi de continuer cette démarche avec Katharina, que je connais depuis longtemps pour avoir travaillé avec elle en tant qu’actrice, mais aussi avec son père [le metteur en scène Benno Besson] ».L’intrigue proposée par Le Songe de Shakespeare, vraisemblable-ment écrit entre 1594 et 1596, a la particularité de traverser trois mondes distincts, représentés par autant de groupes  de protago-nistes : les amants (Lysandre, Hermia, Démétrius, Héléna) et les artisans (Bottom et ses comparses), appelés rustiques, s’ignorent mutuellement mais surtout, n’ont pas conscience de l’influence de la magie et de l’existence du monde des fées (Obéron, Titania, Puck, le chœur d’enfants). À l’opéra, cette organisation drama-turgique est révélée par la caractérisation musicale que pro-pose Britten, notamment grâce à une orchestration ingénieuse, sublime, qui enrichit la subtilité du texte et qui témoigne de la maturité musicale du compositeur. Ainsi, l’originale combinaison de timbres des instruments dits « magiques  » (célesta, harpe, xylo-

«Une musiq ue à enchanter le sommeil!»

TyTania, acTe iii, scène i

par Marie CHabey

* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence

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POUR NE PAS RATER L’AIR DE LA REINE DE LA NUIT,

PRENEZ LES TRANSPORTS PUBLICS

Les abonnés du Grand Théâtre bénéficient de la libre circulation en transports publics sur unireso Tout Genève, 2h avant et 2h après le spectacle.

Pour le Grand ThéâtreArrêt Place de Neuve : 12, 18 / 3 / 5, 36 – Arrêt Théâtre : 2, 19

Pour l’Opéra des Nations (ODN)Arrêt Nations ou Sismondi : 15 – Arrêt Nations : 5, 8, 11, 22, 28, F, V, Z

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O P É R A T I O N « U N E M U S I Q U E À E N C H A N T E R L E S O M M E I L ! »

[ci-dessous]

Les dernières retouches sur scène du décor anthropomorphe, imaginé par Ezio Toffolutti, par les accessoiristes pendant les réglages lumières en novembre 2015.

[en bas, à droite]

Anna Thalbach (Puck), lors des répétitions au studio de Meyrin en octobre 2015. [en dessous]

Alexey Tikhomirov (Bottom) essayant sa tête d’âne aux ateliers couture du Grand Théâtre.

[ci-dessus]

La construction du décor anthropomorphe aux ateliers du Grand Théâtre en septembre 2015.

phone, clavecin, glockenspiel, vibraphone) se joint aux voix aiguës des êtres féériques. La texture sonore associée aux rustiques, moins complexe, est confiée principalement aux cuivres, alors que les autres humains, dont les registres vocaux sont répartis confor-mément aux normes opératiques des XVIIIème et XIXème siècles, sont accompagnés par les cordes et les bois. Le souci de clarté qui anime Britten lorsqu’il compose est partagé par Ezio Toffolutti : «  Grâce aux costumes, le spectateur peut clairement lire les trois mondes. Les Elfes, Tytania, Oberon, sont vêtus dans un style qui rappelle le monde élisabéthain de Shakespeare, les Athéniens sont plus proches de Britten. La tenue de chacun des rustiques est un collage d’éléments et de couleurs qui permettra de les associer à leurs métiers. Par exemple, et de façon simplifiée, le menuisier a une couleur de bois… » Katharina Thalbach précise que la dis-tinction entre les mondes est également soulignée par les décors : « À la fin, à la cour des Athéniens, on perd la rondeur associée au corps. Tout devient carré et doré ! » La brutalité avec laquelle le spectateur quitte la forêt et revient à ce qui pourrait ressembler à la réalité, est ainsi renforcée. Au beau milieu des fées et des humains évolue Puck, un person-nage très particulier que Britten considérait comme ne ressem-blant à aucun autre : « tout à la fois totalement amoral et pourtant innocent. Ce n’est pas un rôle chanté ; Puck se contente de parler et de faire des cabrioles ». Oberon, roi du monde des fées, le charge de récolter une plante, dont le suc magique a le pouvoir de rendre un dormeur amoureux de la première personne qu’il voit en se réveillant. Katharina, qui l’a elle-même incarné avec le Berliner Ensemble, revient sur l’opportunité qui lui a été donnée de confier ce rôle à sa fille, la comédienne Anna Thalbach. « Quand j’ai eu la possibilité de choisir la distribution de ce rôle, j’ai eu envie de faire découvrir à ma fille ce qu’était le travail sur une production musi-

cale. J’ai déjà souvent eu l’occasion de collaborer avec Anna, notam-ment sur Shakespeare, et j’ai pensé qu’elle pouvait le jouer, car je suis une grande fan de son talent .» Anna se plaît à incarner ce per-sonnage qu’elle conçoit ainsi : « Puck n’obéit à aucune règle. En fait, il aime déranger. C’est un électron libre qui n’a pas de responsabi-lités et qui suit son instinct. Il désobéit à Oberon, son chef, mais ne sait pas lui-même s’il le fait exprès ou non ; il le fait. Contrairement aux autres protagonistes, il est libre émotionnellement car il ne doit ni être aimé, ni être détesté. Dans notre idée, c’est un Être, un vieil enfant, sans sexe ou avec tous les sexes. J’aime croire que finalement, c’est lui le vrai chef de la forêt et qu’Oberon est son locataire ! Naturellement je trouve que c’est le personnage le plus sympathique. » Si le rôle de Puck n’est pas chanté, le rythme de sa déclamation est néanmoins contraint par la musique ; une situa-tion très nouvelle pour la comédienne : « C’est mon premier contact avec la musique classique et avec Britten. En tant qu’actrice je suis bénie d’avoir la chance d’explorer tous les recoins de ma profes-sion. C’est un nouveau monde que je découvre pas à pas.» Dans un éclat de rire, elle confie : « Je ne me jette pas seulement dans une eau froide, mais dans une eau froide et sombre ! »Les répétitions du Midsummer Night’s Dream viennent de com-mencer à Genève lorsque je rencontre cette petite famille d’ar-tistes, fins connaisseurs du théâtre shakespearien, tombés sous le charme de la musique de Britten. Ezio Toffolutti précise qu’à ce stade du travail, il faut encore du temps pour que certaines idées issues de l’approche théorique de l’œuvre se vérifient, puis qu’elles s’enrichissent de celles des chanteurs : « On joue avec leur talent. » Katharina confirme : « La mise en scène est aussi un voyage, une aventure. C’est tardivement dans le processus que je sais sur quelle image, sur quelle émotion on termine. Est-ce que les senti-ments de tous ces couples sont résolus par la magie ? Qui sait ? » ■

« Je suis réellement certaine que je n’aurais jamais mis

en scène A Midsummer Night’s Dream au théâtre. L’opportunité de travailler

sur l’opéra est plus intéressante grâce à la

musique de Britten. Pour lui, la langue elle-même était déjà

musique. Il ne pouvait que comprendre la musique de la

poésie de Shakespeare. »Katharina thalBach

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POUR NE PAS RATER L’AIR DE LA REINE DE LA NUIT,

PRENEZ LES TRANSPORTS PUBLICS

Les abonnés du Grand Théâtre bénéficient de la libre circulation en transports publics sur unireso Tout Genève, 2h avant et 2h après le spectacle.

Pour le Grand ThéâtreArrêt Place de Neuve : 12, 18 / 3 / 5, 36 – Arrêt Théâtre : 2, 19

Pour l’Opéra des Nations (ODN)Arrêt Nations ou Sismondi : 15 – Arrêt Nations : 5, 8, 11, 22, 28, F, V, Z

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Voyage au cœur de l’être humain

O P É R A T I O N

Comme le fameux Requiem, commandé par l’émissaire du comte Walsegg-Stuppach, Die Zauberflöte fait partie des dernières

œuvres de Mozart, puisqu’il mourut 10 semaines après la première, le 30 septembre 1791. Son format, un Singspiel, assez proche

du parlé (psalmodié, devrait-on dire) – chanté. L’argument, un itinéraire entre

amour, sagesse et place de l’être humain dans l’univers. Une pièce « qui ressemble

aux jeux d’une imagination tendre en délire, est divinement d’accord avec le talent du

musicien », selon les mots de Stendhal .À Genève, le Grand Théâtre accueille une

production dirigée par le chef Gergely Madaras aux commandes de l’Orchestre de

la Suisse Romande (OSR), du 23 décembre au 8 janvier. L’occasion d’échanger avec le metteur en scène de cette Flûte enchantée, Daniel Kramer, et deux interprètes, Pretty

Yende (Pamina) et Stanislas de Barbeyrac (Tamino).

Image retouchée de «Boy in yellow Pullover» issue de

la collection Works IV de la photographe allemande

Loretta Lux qui a inspiré la créatrice des costumes Heidi

Hackl pour le costume de Tamino enfant.

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› Die Zauberflöte Singspiel en 2 actes Wolfgang Amadeus Mozart Direction musicale

Gergely Madaras Mise en scène

Daniel Kramer Scénographie

Giles Cadle Costumes

Heidi Hackl Lumières

Charles Balfour Vidéo

Frieder Weiss Sarastro

Jeremy Milner Tamino

Joachim Bäckström Stanislas de Barbeyrac L’Officiant

Tom Fox La Reine de la nuit

Mandy Fredrich Svetlana Moskalenko Pamina

Urška Arlič Gololičič Pretty Yende Première Dame

Emalie Savoy Deuxième Dame

Inès Berlet Troisième Dame

Lyndsay Ammann Papagena

Mary Feminear* Amelia Scicolone* Papageno

Andreas Wolf André Morsch Monostatos

Loïc Félix 1er Homme en armure

Michael Austin 2ème Homme en armure

Alexander Milev*

Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge

Orchestre de la Suisse Romande Au Grand Théâtre de Genève du 23 décembre 2015 au 8 janvier 2016

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Voyage au cœur de l’être humain

Un entretien avec le metteur en scène Daniel KraMer par olivier gurtner

O P É R A T I O N

Il ne faut pas l’appeler Wunderkind et pourtant c’est bien l’envie qui nous prend. Avec Daniel Kramer, employer le terme touche-à-tout n’est pas galvaudé, lui qui travaille le théâtre, la danse, les marionnettes et bien sûr l’opéra, notamment Carmen et Pelléas et Mélisande. Rien ne semblait prédestiner cet Américain né dans une communauté fondamentaliste républicaine de l’Ohio à travailler sur les scènes du monde en-tier, à commencer par Londres où la presse salue ce metteur

en scène au flair extraordinaire (The Daily Telegraph) et capable de mettre le feu à une scène (The Observer).

Certaines mises en scène de La Flûte enchantée se rapprochent du libretto (exemple Jean-Pierre Ponelle à Paris), d’autres non. Et vous ?Dans le livret, Tamino nous est présenté la toute première fois poursuivi par un serpent. Sa vie est en danger : la mort frappe à sa porte. Du point de vue métaphorique et métaphysique, la symbo-lique du Ouroboros – le serpent qui se mord la queue – revêt une grande importance. Comme ce reptile, le jeune Tamino doit muer et perdre une peau pour continuer à vivre. Les thèmes de la mort et de la renaissance continuent de se dévoiler et se déplier tout au long de l’opéra, comme dans un dessin de M. C. Escher. Après que Tamino a sauvé la jeune Pamina dans l’acte II, également soumise à un rite de renaissance, les deux amoureux passent à travers une série d’épreuves qui les transforment progressivement en adultes, sages, matures, raisonnables et prêts à se marier dans la joie du finale. Mais par quelles étapes doivent passer Tamino et Pamina – et nous-mêmes –, de quelle(s) peau(x) doivent-ils se débarrasser pour grandir ?J’ai passé beaucoup de temps à étudier les francs-maçons, pour comprendre leur philosophie et leurs rites. Finalement, je trouve inapproprié et irrespectueux de chercher à singer les pratiques maçonniques, ce qu’on voit trop souvent dans certaines mises en scène. Il m’a fallu regarder en mon for intérieur pour saisir la profondeur de l’acte II.Que se passe-t-il en réalité dans cet opéra ? Sauvé d’une mort cer-taine, Tamino se retrouve enrôlé par une Reine de la nuit matriar-cale et dévorante pour sauver sa fille Pamina des griffes d’un père tyrannique, Sarastro. Celui-ci parvient à imaginer le futur radieux qui peut s’offrir aux deux amoureux, à condition qu’ils deviennent des adultes éclairés. Dans ce deuxième acte, il soumet donc le duo à une série d’épreuves : faire vœu de silence, se séparer, franchir le feu et passer sur l’eau. Seulement après avoir franchi ces étapes, séparément puis ensemble, les prétendants pourront revendiquer leur droit au bonheur conjugal. Une flûte enchantée – symbolisant la bonté et la créativité pour résoudre les problèmes, plutôt que la violence – devient leur guide.Regardant dans ma propre vie et mon entourage, je me suis demandé : quelles sont les épreuves que je rencontre au quoti-dien, en termes de silence, séparation, amour, mariage, paternité, maternité, fraternité et feu ? Tout de suite ma propre existence a pris place dans cette musique : comment aimer vraiment mon par-tenaire, moi-même, la difficulté de mes parents à communiquer, à écouter, à accepter, le combat de mes amis célibataires contre la dépression ou contre l’alcoolisme – à l’image de Papageno, le défi d’éduquer trois enfants turbulents tout en honorant son époux. Voilà des expériences que nous vivons tous, parfois le suicide ; c’est d’ailleurs un thème important dans cet opéra. Chaque jour, dans notre salon, salle à manger, chambre à coucher, au bureau, dans la rue, avec notre compagnon, nos enfants, nos parents et grands-parents – à l’image de la Reine et Sarastro – l’amour et la vie nous testent. Certains parviennent à l’amour véritable, dont parle Sarastro, tandis que d’autres n’arrivent pas à entamer la mue.Notre société contemporaine est obnubilée par la jeunesse

éternelle, au détriment de la sagesse et de la maturité. Dans mon Amérique natale, je vois des adultes conduire des 4x4 comme des jouets, privilégier les jeux vidéo à 50 ans et abandonner leur famille pour une jeunette qui leur fait revivre une seconde jeunesse. Les rites de passage de l’enfance à l’âge adulte, qui per-mettent de grandir en tant qu’individu autonome, fort et aimant à la fois, de trouver ses propres parents intérieurs (un père doux et une mère nourricière), ont disparu de la société moderne. Voici ce que Mozart veut montrer dans le chemin parcouru par Tamino et Pamina, mais aussi par Papageno. Le pouvoir de Sarastro à prédire l’avenir et sa manière de soumettre les bien-aimés à une série d’épreuves les forcent à explorer le côté sombre de l’amour et de l’existence pour qu’ils finissent par découvrir la meilleure manière de vivre et d’aimer, grâce à une société réinventée, basée sur le bien, la sagesse et la conscience. Mozart a composé un chef-d’œuvre musical et philosophique. J’espère encourager toutes les générations à une prise de conscience par ce festival d’images et de réflexions.

Die Zauberflöte est un itinéraire vers la sagesse. Comptez-vous le montrer dans votre mise en scène ?Tout à fait. Par-dessus tout, cet itinéraire spirituel commence à la fin de l’opéra, après les nombreuses expériences sur la vie et l’amour, après la cérémonie de mariage, après que l’on quitte cet opéra si spécial, nous devons nous poser les bonnes questions pour nous-mêmes, privilégier la connaissance, la conscience et la douceur à chaque instant de notre vie. Les leçons de vie dépendent de ce que nous voulons bien en retenir. Ainsi, au dîner d’après-spectacle ou le jour suivant avec notre mère, saisissons chaque occasion de faire preuve de sagesse, dans les gestes les plus anodins de la vie quotidienne. Là est le vrai défi. C’est ce que j’aime dans le bouddhisme : chaque pensée doit s’incarner dans une action, un geste. Tout le reste n’est que du vent, agité par des va-t-en-guerre. Quand avez-vous vu Die Zauberflöte pour la première fois ?En 2001 dans une salle fameuse qui restera secrète. Je ne savais pas vraiment ce qui allait se passer. Ce fut terrible : un spec-tacle kitsch, comme un clown qui venait de vomir sur scène. Un Papageno au jeu dépassé et une flûte qui tombait à plat. La Reine, vêtue d’une robe noire et de faux bijoux totalement prévisibles, donnait son air sans l’incarner. Tamino et Pamina chantaient bien, sans avoir aucune idée de ce qu’ils disaient. Le deuxième acte a duré une éternité, avec les interprètes qui faisaient sem-blant d’être effrayés par un vieil homme à peine audible. La ©

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« J’espère encourager toutes les générations à une prise de conscience par ce festival d’images et de réflexions.»daniel Kramer

Die Zauberflöte

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* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence

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représentation manquait totalement de sens et de profondeur. Les adultes autour de moi regardaient avec politesse pendant que les enfants s’endormaient sur leur siège. L’unique solution pour moi fut de fermer les yeux et de me laisser emporter par la musique de Mozart. Je me rappelle avoir écouté le n°17 de l’acte II pour la pre-mière fois (« Ach, ich fühl’s, es ist verschwunden ») et de penser : « Y a-t-il une quelconque passion ou profondeur dans cette musique, ou s’agit-il seulement de pantomime ? » L’opéra est souvent perçu comme élitiste, un divertissement pour la bourgeoisie. Comment changer cela ?Je vois deux moyens : l’éducation et l’innovation.Il faut enseigner la musique classique à l’école de la première à la douzième année (de 5 à 16 ans). L’art exige d’y être exposé quoti-diennement et de façon répétée, de manière à s’ouvrir, s’inspirer et entraîner l’oreille aux merveilles que seule la musique classique peut offrir (désolé Beyoncé). Un jour, on réserve 15 minutes pour chaque enfant, afin qu’il écoute un air chanté par deux solistes, permettant ainsi un dialogue au sujet de l’interprétation. Le jour d’après, on fait étudier le même aria en vidéo, représenté par deux metteurs en scène pour élargir la discussion vers l’image, le jeu d’acteurs, la psychologie et les échanges intellectuels autour de la mise en scène. Enfin, distribuer à tous les élèves (et toute personne jusqu’à 25 ans) des billets gratuits pour assister à tous les opéras d’une saison. Je préfère largement que mes impôts soutiennent l’art dans l’éducation plutôt que l’achat de drones ou de chars d’assaut.Ensuite, sur scène, les metteurs en scène et chefs d’orchestre doivent innover sur la forme et être capables d’extraire le fond (ce qui importe) des œuvres contemporaines et de répertoire. Nous devons soutenir les artistes qui savent dépasser les productions simplement divertissantes ou poussiéreuses ; il faut appuyer ceux qui parviennent à tirer la substantifique moelle –les thèmes fonda-mentaux et actuels–, qui parle à l’ensemble de la société. En ce sens, une maison d’opéra est comme un centre communautaire, et non un bar à champagne, un lieu à la mode ou encore un dîner mon-dain. Elle reste l’un des rares lieux où l’on peut débattre et échanger de sujets qui nous concernent tous, en tant que corps politique.

Dans une interview au Telegraph (2009) vous avez dit : « A l’opéra, les règles sont souples et on pense à grande échelle, contrairement au théâtre. » C’est-à-dire ? Dans les maisons d’opéra que je fréquente et où j’aime travailler, on demande aux artistes d’innover sur la forme et de dénicher les enjeux contemporains les plus profonds au sein des grands classiques. Le répertoire opératique est limité et évolue peu, tandis qu’au théâtre, il peut y avoir une nouvelle pièce tous les jours, parce que chacun peut, de chez lui, écrire une œuvre pour un comédien –ou deux, même cinq– et la voir mise en scène, même si cela coûte. En revanche, c’est beaucoup plus compliqué de composer un opéra pour 8 solistes, un cœur de 44 chanteurs et un orchestre de 50-60 musiciens. Cela prend bien plus de temps et demande des fonds extrêmement importants.Ainsi, La Traviata, Carmen, La Bohème et La Flûte enchantée sont constamment à l’affiche. Comme toute scène d’opéra compte au moins un de ces chevaux de compétition dans son écurie, elle exige des metteurs en scène capables d’interpréter et de livrer leur propre regard sur ces icônes musicales. Certains publics ne cherchent qu’à retrouver ce qui leur est familier sur le plateau : chandeliers, robes à crinoline, fausses bougies et faux verres de champagne. D’autres préfèrent un espace dépouillé, où l’action se distancie malheureusement de la vision profonde et des thèmes, qui pourtant résonnaient hier comme aujourd’hui, et sans doute demain. Pour être clair, je ne soutiens pas cette nouvelle tendance, assez facile, des productions avec costumes contemporains,

l’exercice se réduisant à aller au H&M d’à côté et d’en ramener les tenues de soirée de couleur noire et quelques contrefaçons Gucci. À force de distiller au théâtre et à l’opéra cette approche chic et pseudo-intellectuelle, qu’on pourrait retrouver dans une publicité Prada, on tombe dans le banal et le factice, s’éloignant du désordre qui existe pourtant dans la ville réelle.Certains théâtres – à Berlin, Varsovie et Munich – sont heureuse-ment ouverts d’esprit et ne sacralisent pas le répertoire. Pourtant, dans tous les opéras où je me rends (excepté les scènes améri-caines), les publics semblent plus ouverts et armés pour – au pire – affronter la nouveauté. Même si certains vont huer une produc-tion, au moins ils vont en débattre. En Europe, quand des specta-teurs n’apprécient pas une production, ils semblent préparés à se poser des questions : « Quel sens le metteur en scène  a-t-il tiré de l’opéra ? A qui s’applique cette nouvelle métaphore ? » C’est une véritable bénédiction pour l’opéra en Europe : les publics n’aime-ront peut-être pas, mais ils se donneront la peine d’y réfléchir. A contrario, les spectateurs de théâtre ont tendance à rejeter une pièce si elle ne correspond pas à leurs attentes, en particulier lorsque celle-ci les pousse à devoir trop y réfléchir. C’est une situa-tion assez triste et alarmante en réalité : les gens cherchent à être divertis plutôt que d’être poussés à penser et évoluer. En tant que citoyen du monde, cela m’effraie, car nous avons besoin de réflé-chir, de manière active, ensemble, aujourd’hui plus que jamais. ■

Étoile australeTalent incandescent au parcours

fulgurant, Pretty Yende est née en Afrique du Sud où elle a grandi

avant de chanter sur les plus belles scènes opératiques : La

Scala, le Met, le Liceu ou encore le Deutsche Oper Berlin. Lauréate

du premier prix à l’Operalia competition créée par Plácido

Domingo, Pretty Yende interpré-tera Pamina, en alternance avec Urška Arlič Gololičič. Rencontre en PCV entre Berlin et Genève.

Qui est Pamina pour vous ?C’est une princesse ! [rires] Pour

moi, il s’agit d’une jeune fille forte intérieurement, ce qui se remarque dans la musique que Mozart lui attribue : belle et si

puissante. Pamina sait ce qu’elle veut et elle finit par l’obtenir, cet

homme qu’elle l’aime. Connaissez-vous les interprètes

de Tamino au Grand Théâtre de Genève ?

Je chante avec eux pour la première fois, ce qui me plaît.

Dans ce métier, découvrir un interprète et chanter avec lui est une démarche passionnante, qui

m’attire énormément.Vous avez déjà incarné Pamina

en 2014, au Metropolitan Opera. Racontez-nous…

C’était absolument fantastique ! Le plus beau spectacle auquel j’ai eu l’honneur de participer,

notamment parce que je chantais aux côtés de René Pape, que

j’avais étudié en regardant des DVD, avec lui dans le rôle de

Sarastro. Me retrouver sur une scène aussi magique à ses côtés

fut une expérience magique. Comment avez-vous découvert

l’opéra ?En 2001. Dans ma famille en

Afrique du Sud, il y avait toujours de la musique à la maison. Un

jour, en regardant la télévision, je tombe sur une publicité avec « Le

duo des fleurs » de Lakmé. J’ai été éblouie par ces voix et je me

suis dit : « Est-il possible pour des êtres humains de chanter ainsi,

de cette manière surnaturelle ? »Dans une interview au New York Times (2013), vous vous décrivez comme une fille pieuse. Pouvez-

vous expliquer ?J’ai grandi dans une famille qui

allait à l’église, notamment avec ma grand-mère, qui m’appre-nait des chansons religieuses.

Je me définis comme chrétienne et je crois que la spiritualité est

importante, pour garder les pieds sur terre, savoir garder son calme

malgré un rythme de vie fréné-tique. Après tout, nous sommes

juste des êtres humains essayant d’accomplir le meilleur.

Interprète esthèteIl a commencé au berceau et a failli s’arrêter en si bon chemin, pour deve-nir journaliste. Membre des Petits chanteurs de Bordeaux, Stanislas de Barbeyrac interrompt son parcours pour finalement revenir à ses premières amours. Victoire de la musique en 2014, d’une voix au « style accompli » selon Diapason, le ténor fréquente les plus belles scènes européennes, notamment l’Opéra national de Paris et La Fenice. Après avoir chanté Tamino à Aix-en-Provence l’été dernier, c’est à Genève qu’il incarne ce rôle, en alternance avec Joachim Bäckström. Discussion depuis Amsterdam. Diapason (juillet 2014) écrit que vous incarnez à Aix « un prince aussi doux que mâle ». Qu’en pensez-vous ?Dans la partition, il n’y a qu’une seule rencontre charnelle avec Pamina. Dans ses interactions avec les autres protagonistes, j’aime que Tamino fasse preuve d’une virilité saine et assumée, pas uniquement d’une candeur naïve. Dans les rapports entre hommes et femmes, je m’efforce toujours de jouer ce petit élan de séduction.CultureBox écrit que vous campez « un personnage actuel, amou-reux, plein de désir pour la fille de la Reine de la nuit. » Vous reconnaissez-vous ?[Rires] Je n’avais pas lu ça. Oui je suis assez d’accord. Pour autant, ce n’est pas un personnage énamouré, mais bien ancré et posé, avec les pieds sur terre et des convictions fortes. Quelqu’un de très actuel au fond.Que retenez-vous du livret de Schikaneder ?Contrairement à ce qu’on peut penser de prime abord, le texte – et la musique – sont en réalité très denses et le message à découvrir plus complexe. Je suis toujours impressionné par ce livret riche et poétique, qui s’adapte facilement à la modernité.

Faisant référence à vos envies de journalisme, vous avez dit dans La Croix (2014) : « Je voulais mieux comprendre la réalité qui m’entoure. » L’opéra vous permet-il de l’appréhender ?Avec un peu de recul, je réalise que l’opéra me permet de découvrir d’autres pays, d’autres manières de vivre et de travailler, ce qui est formidable. À São Paolo en 2014 par exemple (pour Salomé), je m’attendais à trouver une ville ouverte et belle. La réalité a été plus difficile : une cité bruyante et dangereuse où je me suis retrouvé bloqué dans un hôtel. Malgré tout, c’est une expérience qui nourrit beaucoup.

O P É R A T I O N V O Y A G E A U C Œ U R D E L ’ Ê T R E H U M A I N

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Maquette d’un des panneaux du décor de cette production. ©

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O P É R A T I O N

Un enchanteur

par gabriele buCCHi

L a Force du destin est, avec Le Trouvère, l’opéra de Verdi où se côtoient les sentiments les plus extrêmes et les passions les plus contrastées : la vengeance et le pardon, l’honneur familial et l’humiliation chrétienne, les ambitions collectives (la guerre) et le salut individuel (la vie religieuse). Pour mieux comprendre les spécificités dramatiques et musicales de cette œuvre, tirée

du drame espagnol Don Álvaro o la fuerza del sino du duque de Rivas, nous avons posé quelques questions au chef d’orchestre Paolo Arrivabeni, à la tête de l’OSR pour quatre représentations en version de concert du 3 au 7 février 2016.

Maestro Arrivabeni, vous avez déjà dirigé La Force du destin à Lièges et vous allez la reprendre à Genève dans quelques mois. Malgré la grande qualité de sa musique, cette œuvre est rarement à l’affiche des théâtres. Pour quelles raisons, d’après vous ? C’est vrai, malheureusement, La Force du destin n’apparaît plus très souvent dans la programmation des théâtres : ce qui est bien dommage, vu que la musique est d’une qualité extraordinaire. Je crois qu’on peut expliquer ce fait par la difficulté à réunir une distribution adéquate. L’œuvre est en effet assez longue et très exigeante pour les voix.

Depuis la création de Rigoletto (1853), Verdi est à la recherche d’un équivalent musical du mélange des styles, prôné, sous l’influence du théâtre de Shakespeare, par la génération romantique (notamment par Victor Hugo, que le compositeur italien admirait énormément). La Force du destin présente une gamme très riche de styles et de couleurs différents : le lyrisme de Leonora, les emportements dramatiques de son aimé Alvaro et surtout de son frère Carlo, les plaisanteries comiques de Fra Melitone et de Preziosilla… Quelle est d’après vous la couleur dominante dans cette partition ? Comment la restituer depuis le pupitre ? Je pense que la couleur dominante de cette partition est le noir, en tout cas une couleur plutôt sombre, menaçante même. Pour le chef d’orchestre, la difficulté consiste à rendre à la fois évidents et cohérents les changements subits de situation et d’atmosphère, dont Verdi est un maître absolu. Il faut réussir à restituer tout cela sans perdre de vue l’unité de l’œuvre.

La religiosité de Verdi demeure un aspect de sa personnalité difficile à saisir, pour les biographes comme pour les musicologues. L’homme, nous le savons, n’était pas pratiquant, et pourtant sa musique exprime souvent un véritable sentiment religieux, comme dans l’œuvre que vous allez interpréter… Dans La Force du destin ce sentiment est en effet très présent et s’exprime particulièrement à travers les personnages opposés du Padre Guardiano (le franciscain qui accueille Leonora au deuxième acte, Nda) et de Fra Melitone, son subalterne. Le premier incarne un sentiment religieux profond, compatissant, éclairé, tandis que le deuxième évoque plutôt une religiosité simple, pragmatique et populaire. Je crois que c’est surtout dans la musique confiée au Padre Guardiano que l’on peut percevoir le véritable sentiment religieux de Verdi.

Vous avez un répertoire très vaste et vous dirigez souvent des œuvres du Belcanto. Quels sont d’après vous les caractères spécifiques de la vocalité verdienne par rapport à celle de Bellini et de Donizetti ? Vous pouvez nous donner un exemple ?Je pense qu’il y a à maints égards une continuité entre la vocalité du Belcanto et celle de Verdi. Cependant, à la différence des compositeurs nommés, Verdi ne conçoit pas le chant en termes de beauté abstraite de la mélodie, mais plutôt comme une union

parfaite entre le texte et la musique. Le compositeur italien met au centre de son art le concept de «parole scénique», c’est-à-dire une parole théâtralement puissante, dont il exalte l’accent, la force, le sens. Je ne trouve un meilleur exemple de cette union entre l’héritage du Belcanto et la nouvelle déclamation dramatique que le rôle de Léonore dans Le Trouvère. Celui-ci exige en effet une cantatrice virtuose autant qu’une véritable interprète. On peut retrouver les traces de cette nouvelle vocalité également dans l’écriture orchestrale, où l’on remarque une instrumentation beaucoup plus riche et variée.

La Force du destin a été chérie depuis toujours par les grands chefs d’orchestre du passé, non seulement de tradition italienne (il suffit de penser à Walter, Mitropoulos ou Schippers). Vous avez suivi une formation en Italie mais vous dirigez souvent à l’étranger. Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, croyez-vous qu’on peut encore parler de traditions d’interprétation liées à un pays?Je crois que oui. Le répertoire italien, en particulier, conserve encore aujourd’hui une très riche mémoire des traditions d’interprétation d’autrefois. C’est à l’interprète que revient la responsabilité de faire le tri entre les « bonnes » et les « mauvaises » traditions, en respectant son propre goût et surtout les intentions du compositeur.

› La Forza del destino Opéra en 4 actes (version de concert) Giuseppe Verdi Direction musicale

Paolo Arrivabeni Le Marquis de Calatrava

Slobodan Stankovic Donna Leonora

Csilla Boross Don Carlo di Vargas

Franco Vassallo Don Alvaro

NN Preziosilla

Ahlima Mhamdi* Le Père gardien

Vitalij Kowaljow Frère Melitone

José Fardilha Chœur du Grand Théâtre de Genève Direction Alan Woodbridge

Orchestre de la Suisse Romande Au Victoria Hall du 1er au 7 février 2016

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* Membre de la Troupe des jeunes solistes en résidence

[ci-dessous]

Estampe de l’affiche de la première représentation de La Forza del Destino en 1862 par Charles Lecoq.

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Baryton de talent, Bo Skovhus suscite l’admiration du public aussi bien à l’opéra qu’en concert ou en récital. Né à Ikast au Danemark, il étudie le chant à l’Institut de musique d’Aarhus, à l’Académie royale d’opéra de Copenhague et à New York. Étoile montante dans les années 1990, il fait des débuts très remarqués au Wiener Staatsoper lorsqu’il remplace au pied levé celui qui devait interpréter le

rôle-titre du Don Giovanni de Mozart. Dès lors, il se produit sur les plus prestigieuses scènes du monde, du Metropolitan Opera de New York, où il fait ses débuts dans Die Fledermaus de Johann Strauss en 1998, à l’Opéra national de Paris, où il est à l’affiche de deux productions durant cette saison 2015-2016 – Sixtus Beckmesser dans Die Meistersinger von Nürnberg de Richard Wagner, sous la baguette de Philippe Jordan, et le rôle-titre de Lear d’Aribert Reimann, sous la direction de Fabio Luisi. Depuis 1997, Bo Skovhus porte le titre de « Kammersänger », distinction décernée aux artistes lyriques par le ministère de la Culture autrichien. Les qualités vocales et scéniques de l’artiste en font un chanteur très recherché pour les grands rôles de baryton. Interprétant Hamlet d’Ambroise Thomas, il suscite un regain d’intérêt pour l’œuvre. Souvent sollicité pour chanter les rôles-titres d’Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaïkovski et de Wozzek d’Alban Berg, il interprète aussi régulièrement d’autres rôles de baryton dans les opéras composés par Mozart sur un livret de Lorenzo da Ponte : don Alfonso dans Così fan tutte et le comte Almaviva dans Le Nozze di Figaro. Son répertoire s’étend aux œuvres contemporaines. Michael Jarrell a composé spécialement pour l’artiste le mono-drame Siegfried nocturne, d’après un texte d’Olivier Py, présenté en création mondiale en 2013 à la Comédie de Genève. Bo Skovhus se produit également avec succès en concert. Il chante avec les orchestres les plus prestigieux d’Europe, des États-Unis et d’Asie. Son interprétation des œuvres de Gustav Mahler, des Jedermann Monologe de Frank Martin et de la Symphonie lyrique d’Alexander von Zemlinsky lui ont valu les louanges des critiques. Depuis son récital au Lincoln Center de New York en 1997, l’artiste est aussi considéré comme l’un des plus talentueux inter-prètes de lieds de sa génération. Accompagné par de brillants pia-nistes tels que Helmut Deutsch, Stefan Vladar, Andreas Haefliger, Yefim Bronfman, Leif Ove Andsnes, Christoph Eschenbach et Daniel Barenboïm, il se produit dans les plus importants festivals et salles de concert du monde. Ce sont précisément des lieds – Die schöne Müllerin (La Belle Meunière) de Franz Schubert – qu’interprétera le baryton danois au Grand Théâtre de Genève le 6 décembre 2015. Il poursuivra ainsi une série de récitals d’exception consacrés au maître du lied. Accompagné par Stefan Vladar, il nous emmènera au bord du ruisseau pour nous raconter l’histoire de l’apprenti meunier qui, abandonné par la jeune fille dont il est éperdument amoureux, finira par se noyer de désespoir. Nul doute qu’avec le naturel et la sincérité qui le caractérisent, Bo Skovhus saura émouvoir le public du Grand Théâtre de Genève.

Le Nøkken*

du lied

Son dernier CDLeise flehen meine Lieder

Danish National Symphony OrchestraDM : Stefan Vladar

Franz Schubert, Robert SchumannSony BMG, 2009

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Son agenda17 | 29.11 & 8.12.15

Le Nozze di Figaro (Almaviva) DM : A. Kober MS : M. Hampe

Deutsche Oper am Rhein

31.12.2015 & 1 | 4 | 6 | 8.01.2016Die Fledermaus (Eisenstein)

DM : K. Petrenko MS : A. WeirichBayerische Staatsoper de Munich

1 | 5 | 9 | 13 | 21 | 25 | 28.03.2016Die Meistersinger

von Nürnberg (Sixtus Beckmesser)DM : P. Jordan MS : S. Herheim

Opéra de Paris-Bastille

20 | 23| 26 | 29.05 & 1 | 6 | 9 | 12.6.2016Lear (König Lear)

DM : F. Luisi MS : C. BieitoOpéra de Paris - Palais Garnier

› Bo Skovhus Baryton Piano

Stefan Vladar Schubert Die schöne Müllerin (La Belle Meunière)

Au Grand Théâtre de Genève 6 décembre 2015 à 19 h 30

Son dernier DVDDon Giovanni

Freiburger Barockorchester DM : Louis Langrée

MS : Dmitri TcherniakovBel Air Classique, 2013

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par aurélie gfeller

* Selon le folklore scandinave, les nøkken, grim ou fossegrim sont des esprits des eaux masculins qui

jouent une musique enchanteresse afin d’attirer les innocents dans

les eaux.

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part et d’autre du Rhône. Car le paysage a peu évolué au cours des décennies. Si l’on excepte le Musée de la Croix-Rouge et le Théâtre Forum Meyrin qui rayonnent loin à la ronde, le Théâtre du Léman et l’Aréna qui attirent un public nombreux, l’offre artistique reste nettement moins diversifiée – et surtout moins prestigieuse – sur la rive droite.

Quiconque a la chance de voyager en Europe peut constater que les espaces dédiés à la culture font désormais partie intégrante des grands projets urbanistiques. Paris, Lyon, Barcelone, Berlin, Londres, Copenhague se reconfigurent pour faire face à l’exten-sion de leur population en tenant compte des circulations engen-drées par les nouvelles pratiques, professionnelles ou privées. Conscients de l’impact positif d’une offre artistique de qualité sur l’image de leur ville, les responsables politiques s’entourent d’une « direction artistique et culturelle » chargée d’orienter les choix des urbanistes. À Paris, par exemple, le projet porté par José Manuel Gonçalvès et Jérôme Sans accompagnera l’extension du réseau de transport par des actions culturelles éphémères ou pérennes mises en œuvre tout au long des 200 km de lignes du Grand Paris Express.

On n’en est pas là chez nous, tant s’en faut ! L’organigramme du Grand Genève, fort d’une vingtaine de professionnels aux com-pétences diverses, ne recèle au demeurant aucune personnalité repérée pour ses qualifications en matière culturelle. La culture, d’ailleurs, ne figure pas parmi les thématiques traitées par ce cénacle. Il convient donc de rester modestes dans nos ambitions en espérant tout de même que, profitant de leurs futurs équipées sur la rive droite, les amateurs d’art lyrique auront envie d’arpen-ter les allées du Jardin Botanique ou de (re)découvrir les collec-tions de céramiques de l’Ariana, situé à deux pas de l’Opéra des Nations. Pour peu que se réalise le projet d’installer dans le même périmètre la rutilante Cité de la Musique récemment promise et c’est tout le quartier, sa circulation, ses usages qui s’en trouveront transformés.■

Native de Chêne-Bourg, « sur la rive gauche  », comme on dit à Genève, je me suis longtemps demandée à gauche de quoi j’étais née. Et, souf-frant d’un trouble chronique de l’orientation, je ne suis pas encore tout à fait sûre d’avoir compris. Pourquoi parler de rive droite ou gauche, alors que la géographie se réfère habituellement aux

points cardinaux ? Moi qui ai mis un temps fou à retenir que l’est était à droite et l’ouest à gauche ; puis un autre temps d’une durée inavouable à intégrer que je devais tourner sur moi-même pour repérer ma position sur un plan de ville ; il m’a fallu encore digérer que ma commune de la rive gauche se trouvait à droite sur la carte de canton, et la droite à gauche… Étonnez-vous qu’on soit fâché avec la géographie ! On m’a expliqué par la suite que tout cela dépendait du Rhône et du sens dans lequel il coule – qui n’est inscrit, si je ne m’abuse, nulle part. « Y’a qu’à savoir. Et pourquoi pas l’Arve ? », se demandait la petite Anne qui pique-niquait parfois le dimanche sur la rive droite de cette riante rivière de la rive gauche .

Autre source d’étonnement, la supériorité avec laquelle mes camarades habitant la rive sud du Rhône toisaient ceux du rivage opposé. D’où venait-elle ? Pourquoi nous sentions-nous privilégiés, mieux dotés, plus en sécurité, moins à l’étroit, moins exposés aux inconvénients de la vie urbaine ? « Ils se sentent plus forts parce qu’ils sont plus riches », m’ont expliqué mes amis étudiants en so-ciologie. Certes. Mais en y repensant aujourd’hui, je me demande si ce n’était pas aussi une affaire de culture.

Quand j’étais petite, nous traversions le pont du Mont-Blanc pour nous rendre à la Placette ou aux matchs du Servette. C’est à peu près tout. Parfois, mais il fallait que le film soit bon, nous poussions nos vélomoteurs jusqu’au cinéma Cosmos, à Meyrin, qui nous semblait le bout du monde. La plupart des salles de cinéma ou de concert se trouvaient sur la rive gauche, tout comme les théâtres, l’opéra, le conservatoire, les musées, les galeries, les bibliothèques, les librairies. En tant qu’adolescents, puis jeunes adultes, à moins de rejoindre la gare ou l’aéroport pour partir en voyage, nous n’avions aucune raison particulière de changer de rive.

Placée sous le signe de la traversée, cette saison d’opéra entamée au Grand Théâtre aboutira l’an prochain à l’Opéra des Nations. Dû aux circonstances (des travaux, une scène éphémère, un terrain éligible), le déménagement même provisoire de cette institution emblématique pourrait bien prendre valeur de symbole. Il a en tout cas le mérite de réduire quelque peu l’étonnante disparité qui règne aujourd’hui encore en matière d’équipements culturels de

Rive droite, rive gauche

par anne brusCHweiler

* Après avoir exercé le journalisme, notamment à la RTS, Anne Bruschweiler écrit et anime des évènements autour de la littérature et de la poésie. Elle prend ses fonctions de directrice artistique du Théâtre Forum Meyrin, pour succéder à Mathieu Menghini en 2010.

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Deuxième invité de notre rubrique « De cour à jardin »,

Anne Bruschweiler, la directrice du Théâtre Forum Meyrin

rêve à une transformation de la géographie «culturelle»

d’un grand Genève .

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La saison passée son succès fut si grand que c’est tout naturellement que le Grand Théâtre de Genève vous propose la reprise du ballet Casse-Noisette. Nombreux sont en effet ceux qui n’avaient alors pu assister aux représentations de cette création prise d’assaut par nos publics. C’est en pensant à eux que sont maintenant programmées ces cinq repré-sentations, et notamment la séance du dimanche 29 novembre à 15 h qui permet-tra d’accueillir les jeunes et leurs familles. L’imaginaire et la modernité de Jeroen Verbruggen ayant redéfini avec tant d’intel-ligence une œuvre connue de tous, il nous faut rap-peler qu’après Genève en novembre 2014, ce spectacle a notamment été applaudi lors de tournées en Italie puis proposé sur les ondes internationales de Mezzo HD et de Mezzo Asie. Dès que les représentations genevoises de novembre 2015 seront terminées, le ballet du Grand Théâtre de Genève partira pour une tournée de pas moins de 18 dates, confirmant l’engouement du public pour cette production féérique up to date. Redécouvrez la poésie dégagée de cette production grâce à ce portfolio, là où tout le corps de ballet du Grand Théâtre de Genève, et particulièrement les trois solistes de cette chorégraphie, Sara Shigenari, Geoffrey Van Dyck et Nahuel Vega, vous emmènent de l’autre côté du miroir.

tt› Casse-Noisette Ballet-féerie en 2 actes Piotr Ilitch Tchaïkovski Direction musicale

Philippe Béran Chorégraphie

Jeroen Verbruggen Scénographies & costumes

Livia Stoianova & Yassen Samouilov (On Aura Tout Vu)

Lumières Ben Ormerod

Ballet du Grand Théâtre de Genève Direction Philippe Cohen Basel Sinfonietta Au Grand Théâtre de Genève du 21 au 29 novembre 2015

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et Master de pédagogie en chant à La HEM de Genève, agrégée de musique, enseignante au Collège des Barattes. Outre ses nom-breux concerts solistes – notamment un récital sur la scène de l’Opéra national de Bordeaux – elle connaît également « la maison » car elle a chanté avec le Chœur du Grand Théâtre, le Requiem de Verdi et plus récemment Les Troyens de Berlioz où sa voix de mezzo-soprano a solidement étoffé le pupitre. Nul doute que ce poste au sein d’une institution qui mêle l’artistique et la didac-tique reflète bien sa double casquette de chanteuse lyrique confir-mée et d’enseignante expérimentée. Enthousiaste et créative, Elsa a pris un départ fulgurant en ce début d’année, menant le pôle pédagogique vers une belle saison d’ateliers et d’activités pour les jeunes des classes des établissements scolaires. Je me réjouis de partager l’aventure à ses côtés.

Nous tenons à remercier la Fondation de bienfaisance du groupe Pictet, le département de l’instruction publique de la culture et du sport de la République et du Canton de Genève, qui nous per-mettent avec la précieuse collaboration des enseignants de sensi-biliser les jeunes au patrimoine lyrique et chorégraphique et à des modes d’expression différents de ceux de leur réalité quotidienne, de les extraire des écrans habituels : Soprano n’est pas une série télé ! Nous souhaitons en effet de tout cœur faire vivre aux jeunes une émotion forte, un moment magique, ouvrir leur horizon en leur montrant d’autres modes de représentation du monde.Comme l’a si bien dit Frédéric Mitterrand, « rien ne remplace l’expérience d’un rideau de scène qui s’ouvre, rien ne se substi-tue au frisson ressenti à l’écoute des voix ». Alors osez enlever vos écouteurs, ouvrez votre cœur, et embarquez dans le vaisseau opéra, vertige garanti ! ■

C’est sur YouTube que j’ai connu Fabrice. Bon, j’ignorais que ce jeune homme dynamique, chanteur amoureux de l’opéra dont il souli-gnait la beauté, allait être mon collègue au pôle pédagogique du Grand Théâtre pour éveiller chez les jeunes l’amour de l’opéra et de la danse. À travers ce teaser sur La Sorcière Hilary, je restai bouche bée devant les talents

pédagogiques d’un heureux papa, en entendant la voix de ténor d’un petit bout de chou (tel père, tel fils !), bravant l’aigu redoutable avec maestria et en voix de poitrine s’il vous plaît ! et chantant éga-lement la partie d’orchestre de l’air de Verdi « La donna è mobile ». Preuve à l’appui ! : youtube.com/watch?v=LcTbqGLo-dE, à 3’05.Rompu à l’exercice de la scène, Fabrice a été notamment applaudi à Düsseldorf et à de nombreuses reprises sur la scène du Grand Théâtre de Genève avec la jeune troupe, dans de nombreux opéras ainsi que dans des ouvrages pour le jeune public. Tout récemment, vous avez pu admirer ses talents de chanteur et d’acteur dans La Belle Hélène dans le rôle d’Ajax 1er, en rappeur survitaminé qui augure d’une énergie nécessaire pour motiver et galvaniser nos jeunes ! Vous l’aurez compris, Fabrice connaît parfaitement les rouages d’une maison d’opéra et nous pourrons nous appuyer sur ses connaissances afin de proposer des activités encore plus liées aux réalités du spectacle vivant.

Vers le mois de juillet 2015, dans le couloir du 4ème étage du Grand Théâtre, une souriante et charmante personne sortit du bureau, m’acceuillit et me serra la main : c’était Elsa. Rien de mieux qu’un déjeuner pour faire connaissance. Au fil de la conversation, je découvris qu’elle a effectué un cursus musical et universitaire très complet : diplôme de piano à Toulouse, Master d’interprétation

Des regards croisés instructifs...

Le nouveau pôle pédagogique

Elsa Barthas et Fabrice Farina sont les nouveaux talents du pôle pédagogique du Grand Théâtre. La rédaction leur a demandé de se prêter au jeu du portrait par leur alter ego.

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heur la troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève. Elle se réjouit en effet de pouvoir se produire aux côtés de talents internationaux confirmés sur l’une des plus impor-tantes scènes d’Europe. Ainsi espère-t-elle se faire remarquer par des agents et des directeurs de maisons d’opéra et de festi-vals influents. Fils de Guillaume Tell dans l’opéra de Gioacchino Rossini, elle trouva en Jean-François Lapointe (Guillaume Tell) et Doris Lamprecht (Hedwige) « un père et une mère merveilleux ». Les critiques élogieuses de son interprétation de Jemmy et de celle d’Ascagne aux côtés de Béatrice Uria-Monzon (Didon) dans Les Troyens laissent présager un bel avenir.

Erlend Tvinnereim s’initie au chant dans un chœur d’enfants de sa ville natale de Bergen. Il l’aurait délaissé à l’adolescence si ses enseignants d’une école secondaire avec spécialité musique ne l’avaient persuadé de se concentrer sur l’apprentissage du chant plutôt que sur celui du piano jazz. Pour autant, il ne pense pas à en faire son métier. C’est pour suivre l’exemple de ses camarades qu’il s’inscrit au concours d’entrée de la Grieg Academy de l’Université de Bergen, où il est le seul d’entre eux à être admis. Il poursuit ensuite sa formation à la Hochschule für Musik de Zurich puis à l’Opéra Studio de Bâle. Peu après, il obtient son premier enga-gement au Grand Théâtre de Genève dans une production de Parsifal sous la direction de John Fiore. Il se produit ensuite à de multiples reprises en concert, notamment dans des œuvres du répertoire baroque qu’il affectionne tout particulièrement, avant de retrouver les planches du Grand Théâtre pour Guillaume Tell. Un défi puisqu’il interprète deux rôles très différents : le colé-rique Rodolphe, capitaine dans la garde de Gessler, qui use du registre moyen de la voix ; et Rudi, un aimable pêcheur se ser-vant du registre aigu. Cette expérience est pour lui d’autant plus enrichissante qu’il observe le travail de Jean-François Lapointe et de John Osborn (Arnold). Il se lie d’amitié avec le célèbre ténor américain, et tous deux finissent par se chauffer la voix ensemble avant le spectacle. Du répertoire dramatique, il passe à l’opéra-bouffe (Ajax  II dans La Belle Hélène) et à l’un de ses compositeurs préférés, Benjamin Britten : il est Snout dans A Midsummer Night’s Dream, à l’affiche en novembre 2015.

Quant à Mary Feminear, elle s’est tournée vers le chant en par-ticipant à un programme estival de musique destiné aux ado-lescents (le Boston University Tanglewood Institute). Elle quitte son Alabama natal pour intégrer à Boston une école secondaire privilégiant l’étude des arts avant d’être admise à la prestigieuse Juilliard School. Elle enchaîne ensuite une formation d’enseigne-ment à l’Université de Columbia et un diplôme d’artiste d’opéra à la Juilliard School. Elle chante alors son premier rôle de Georg Friedrich Händel dans une production de Radamisto présentée au Peter Jay Sharp Theater. Elle y découvre son goût pour l’écriture d’ornement caractéristique du répertoire baroque. Elle réalise qu’elle peut d’autant plus incarner un rôle si elle en a composé certains passages. Dotée d’une voix au large spectre, elle hésite encore entre la tessiture de mezzo-soprano et celle de soprano. Sur les conseils de Stephen Wadsworth – « un mentor extraordi-naire » – elle opte pour la voix de soprano, notamment pour conti-nuer à chanter des œuvres baroques où tous les registres tendent à être plus bas. C’est avec Händel (Semele dans l’opéra du même nom) qu’elle a fait ses récents débuts à l’opéra de Seattle. Après son parcours outre-Atlantique, la jeune étasunienne est heureuse de se produire en Europe. Elle apprécie la quiétude de Genève et le caractère intimiste de la troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève. Elle se réjouit d’autant plus de son engagement qu’elle interprétera à nouveau un rôle de Händel (Oberto dans Alcina) sur les planches de l’Opéra des Nations. Nous avons hâte de l’entendre ! ■

Originaire de Sicile, Amelia Scicolone débute le piano à l’âge de huit ans. C’est cependant d’emblée la voix qu’elle perçoit comme l’instrument susceptible de lui permettre d’exprimer sa créativité et ses émotions. Pendant onze ans, elle chante en solo chaque dimanche à l’église. Une expérience formatrice qui lui permet aujourd’hui de

se produire sans trac devant le public. Formée à la Hochschule für Musik de Bâle, elle est choisie en 2013 pour interpréter les airs de la Reine de la nuit dans une version pour enfants de Die Zauberflöte présentée au prestigieux festival de Baden-Baden avec des musiciens du Berliner Philharmoniker. Ce rôle la conforte dans sa vocation. D’autres engagements suivent, notamment au Théâtre de Bâle (L’Enfant et les Sortilèges) et à l’Opéra de Lausanne (Die Entführung aus dem Serail). Repérée par Tobias Richter au Concours International Mozart Salzbourg, elle intègre avec bon-

Des solistes créatifsLa Troupe s’agrandit

Trois chanteurs viennent d’intégrer la Troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève : la soprano italo-suisse Amelia Scicolone, le ténor norvégien Erlend Tvinnereim et la soprano américaine Mary Feminear. Créée en 2008 avec le soutien de la Fondation BNP Paribas, cette troupe constitue un tremplin pour des artistes lyriques à l’aube de leur carrière.

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La Fondation BNP Paribas SuisseEn 2002, à l’occasion des 130 années d’existence du groupe en Suisse, BNP Paribas (Suisse) SA a créé sa propre fondation, à l’image de celle de la maison mère à Paris, afin d’inscrire son engagement pérenne dans ses actions. L’ancrage de la banque en Suisse l’a incitée à engager des activités de mécénat dans l’ensemble du pays depuis de nombreuses années. En créant sa fondation – une nouveauté pour une banque étrangère en Suisse –, BNP Paribas marquait ainsi sa volonté d’œuvrer pleinement en faveur de la vie culturelle et sociale helvétique. Aujourd’hui, la Fondation BNP Paribas Suisse est considérée comme un exemple éloquent de mécénat d’entreprise et comme une véritable référence en la matière. La Fondation a pour vocation de développer et soutenir en Suisse des actions concertées dans trois domaines bien définis : la connaissance du patrimoine et l’expression artistique, l’aide sociale à travers des programmes solidaires et pédagogiques et des projets pilotes en faveur de la santé. La Fondation BNP Paribas Suisse encourage également des initiatives régionales et des projets de proximité. Il faut toujours garder à l’esprit que le patrimoine artistique d’un pays est non seulement un précieux témoin de l’histoire, mais aussi une source d’expériences et d’inspiration à laquelle chaque individu doit pouvoir accéder. La Fondation BNP Paribas promeut également les talents artistiques en accompagnant, jour après jour, des créateurs dans le domaine de l’art lyrique...

Alexander Milev La jeune basse ukrainienne Alexander Milev que vous avez pu entendre dans Medea (Un capitaine de la garde royale) et Guillaume Tell (Walter Furst / Melcthal) vient de rejoindre la Troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève, ce 1er novembre. Vous pourrez le découvrir bientôt dans un prochain ACT-O et bien sûr l’entendre dans notre production de fin d’année Die Zauberflöte (Homme en armure) et à la fin de cette saison dans Falstaff (Pistola) à l’Opéra des Nations.

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Nous nous réjouissions tous de l’accueillir à nouveau parmi nous pour interpréter le rôle de la Troisième

Dame dans Die Zauberflöte, que le Grand Théâtre de Genève vous présentera pendant les Fêtes de fin d’année. Malheureusement, le 22 octobre 2015, Isabelle Henriquez a décidé de nous quitter, de nous pri-ver de son sourire et de son extrême gentillesse. Elle était la bonne hu-meur et la joie de vivre incarnées. Pendant de nombreuses années, elle s’est battue avec courage et détermination contre cette cruelle maladie qu’on peine à nommer. Lorsqu’elle nous a appelés pour nous annoncer qu’elle ne pourrait pas participer à la nouvelle pro-duction de La Flûte enchantée qui commencera à quelques jours de son anniversaire, nous ne pouvions, ni ne voulions y croire. Connaissant son courage et son énergie, nous savions qu’elle allait se battre et qu’elle ne se laisserait pas vaincre par la maladie. Aujourd’hui, elle

nous laisse sans voix, orphelins, car nous ne la reverrons plus égayer les murs du Grand Théâtre de Genève par son sourire et sa bonne humeur.Isabelle a été parmi les premiers artistes qui ont rejoint la Troupe des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre de Genève. Lorsqu’au bout de trois ans, la durée maximale de ce type de contrat, elle nous a quittés, elle est restée fidèle à l’institution en répondant présente à chacune de nos sollicitations. Quand elle n’était pas sur scène, elle fréquentait les

L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ; Le soir brumeux ternit les astres de l’azur.

Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent. Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent ! Comme le temps s’en va d’un pas précipité ! Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été,

Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.

Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes, L’automne est triste avec sa bise et son brouillard,

Et l’été qui s’enfuit est un ami qui part. Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure,

Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu’un souffle tiède effleure ! Voluptés du grand air, bruit d’ailes dans les bois,

Promenades, ravins pleins de lointaines voix, Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées,

Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! rosées !

Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux ! Hélas ! vous reviendrez ! me retrouverez-vous ?

Victor Hugo

spectacles, dès que son calendrier le lui permettait, témoignant ainsi son attachement et sa fidélité au Grand Théâtre de Genève où elle a participé à de nombreuses productions. Je garderai jalouse-ment son dernier message, car jusqu’aux derniers moments, elle a fait preuve de sa générosité, de son humanisme, de sa grandeur d’âme et de sa passion pour la Vie et l’Art. Certes, elle ne chantera plus, mais elle restera gravée dans nos cœurs et nos mémoires. Sois assurée, Isabelle, tu as contribué à écrire une page de l’histoire du Grand Théâtre de Genève. MERCI !!! ■

Xerxès (Chœur) 97-98, Macbeth (La Suivante) 98-99, La Pùrpura de la Rosa (Le Soupçon) 99-00, Les Enfants du Levant (Augustine) 04-05, Ariane à Naxos (Dryade) 06-07, I Puritani (Enrichetta di Francia), Elektra (Erste Magd) 10-11, Récital (Th. Les Salons), Le Comte Ory (Dame Ragonde), La petite Zauberflöte (3ème Dame) 11-12, JJR (Citoyen de Genève) (Thérèse) 12-13.

En ce samedi 24 octobre 2015 c’est la fête à l’Organisation des Nations Unies (ONU). À l’occasion du

soixante-dixième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies, l’organisation ouvre les portes du Parc de l’Ariana et du Palais des Nations à toutes et à tous afin de faire découvrir jardins et bâtiments ainsi qu’un grand nombre d’animations. Ce ne sont pas moins de 18 000 personnes qui répondent alors à cette invitation tout au long de la journée. Dans le cadre du partenariat associant le Grand Théâtre de Genève à l’ONU, et afin de rappeler la proximité de notre nouvel Opéra des Nations avec les organisations internationales, le Grand Théâtre de Genève a bien

évidemment répondu présent.C’est dans une Salle des Assemblées comble que le ballet du Grand Théâtre de Genève a eu le plaisir de proposer une représentation de Glory dont la chorégraphie d’Andonis Foniadakis rencontre un vif succès de par le monde.Autre temps fort de notre présence, la rencontre à notre stand, avec nos équipes de communication, d’un public nombreux, varié et curieux qui a pu prendre connaissance de nos futures productions et de l’avancée du projet de l’Opéra des Nations. Enfin, c’est devant une assemblée constituée de mélomanes avertis et de nouveaux conquis que le film documentaire de Chantal Chappot Notre Ring - Genèse

(dédié à la nouvelle production de Der Ring des Nibelungen réalisée en 2013-2014) a été projeté. Il a permis de dépeindre les coulisses de l’institution et de saisir tous les aléas d’une telle aventure.Une collaboration forte avec l’Organisation des Nations Unies qui illustre nos relations avec ce partenaire incontournable et bienveillant. ■

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L’opéra s’invite au Palais

Elle ne chantera plus...par Daniel Dollé

par MatHieu PonCet

Le 31 décembre 2015, à l’issue de la représentation de Die Zauberflöte, venez fêter le réveillon de fin d’année sous les ors des foyers du Grand Théâtre. Un dîner de fête vous sera servi autour de tables de 10 convives pour un prix de Fr. 195.- tout compris. Réservation vivement recommandée ! [email protected]+ 41 22 322 50 50

Réveillonnez au foyer ! Recevez ACT-O chez vous !

Abonnement pour un an 4 numéros Suisse Fr. 20.- étranger Fr. 30.-

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à retourner au Grand Théâtre de GenèveAbonnement ACT-O / 11 bd du Théâtre, CP 5126 - CH 1211 Genève 11 Remplissez ce bulletin en lettres capitales.

[ci-dessus, à gauche]

Isabelle Henriquez lors d’un récital devant les jeunes Labo-M en 2011. [à droite]

Elle interprète Enrichetta di Francia avec Alexey Kudrya (Lord Arturo Talbot) dans I Puritani en janvier 2011.

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Page 23: ACT-O N°25

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MARIE-PIERRE GENECANDJOURNALISTE CULTURE & SOCIÉTÉ@LETEMPS

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