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Accrochage scolaire et allianceséducatives : vers une intégrationdes approches scolaires et communautaires
Catherine BLAYAUniversité de Bourgogne, Observatoire international de la violence scolaire, France
Jean-Luc GILLESHaute école pédagogique du canton de Vaud, Laboratoire sur l’accrochage scolaire et les alliances
éducatives (LASALÉ), Suisse
Ghislain PLUNUSUniversité de Liège, Service Apprentissage et formation continue des adultes (AFA), Belgique
Chantal TIÈCHE CHRISTINATHaute école pédagogique du canton de Vaud, Laboratoire sur l’accrochage scolaire et les alliances
éducatives (LASALÉ), Suisse
VOLUME XXXIX : 2 – AUTOMNE 2011
Revue scientifique virtuelle publiée parl’Association canadienne d’éducationde langue française dont la mission estd’offrir aux intervenants en éducationfrancophone une vision, du perfection-nement et des outils en constructionidentitaire.
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Liminaire1 Valorisation de la diversité en éducation : défis contemporains et pistes d’action
Luc PRUD’HOMME, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, CanadaSerge RAMEL, Haute école pédagogique du canton de Vaud, SuisseRaymond VIENNEAU, Université de Moncton, Nouveau-Brunswick, Canada
6 La légitimité de la diversité en éducation : réflexion sur l’inclusionLuc PRUD’HOMME, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, CanadaRaymond VIENNEAU, Université de Moncton, Nouveau-Brunswick, CanadaSerge RAMEL, Haute école pédagogique du canton de Vaud, SuisseNadia ROUSSEAU, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada
23 Pas plus spécial que nécessaire : analyse des politiques scolaires de la Nouvelle-Écosse à l’égard de l’inclusion scolaire des élèves avec handicapsAngèla AUCOIN, Léonard GOGUEN, Raymond VIENNEAU, Université de Moncton, Nouveau-Brunswick, Canada
50 Évolution des lois, règlements et politiques en matière d’inclusion scolaire au Manitoba: une analyse critique des directives administrativesHermann DUCHESNE, Collège universitaire de Saint-Boniface, Manitoba, CanadaAngèla AUCOIN, Université de Moncton, Nouveau-Brunswick, Canada
71 L’inclusion en service de garde au Québec: la situation d’une étape essentielleMathieu POINT, Marie-Élaine DESMARAIS, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada
87 La pédagogie universelle: au coeur de la planification de l’inclusion scolaireLéna BERGERON, Nadia ROUSSEAU, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, CanadaMartine LECLERC, Université du Québec en Outaouais, Québec, Canada
105 Réflexions autour du concept de coenseignement en contexte inclusifValérie BENOIT, Université de Fribourg, SuisseValérie ANGELUCCI, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Suisse
122 La gestion des problèmes de comportement en classe inclusive: pratiques efficacesNancy GAUDREAU, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada
145 S’approprier une pratique inclusive: regard sur le sentiment de compétence de trois équipes-écoles au cœur d’un processus de changementNadia ROUSSEAU, Stéphane THIBODEAU, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada
165 Le sens construit autour de la différenciation pédagogique dans le cadre d’une recherche-action-formationLuc PRUD’HOMME, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, CanadaAndré DOLBEC, Université du Québec en Outaouais, Québec, CanadaMarie-Hélène GUAY, Commission scolaire des Trois-Lacs, Québec, Canada
189 Communautés d’apprentissage professionnelles dans huit écoles inclusives de l’OntarioMartine LECLERC, André C. MOREAU, Université du Québec en Outaouais, Québec, Canada
207 L’apport d’une communauté d’apprentissage pour développer des pratiques collaboratives et inclusives: une recherche-actionSylvie OUELLET, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, CanadaIsabelle CAYA, Commission scolaire de la Riveraine, Québec, CanadaMarie-Pierre TREMBLAY, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada
227 Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautairesCatherine BLAYA, Université de Bourgogne, France, Jean-Luc GILLES, Haute école pédagogique du canton de Vaud, SuisseGhislain PLUNUS, Université de Liège, Belgique Chantal TIÈCHE CHRISTINAT, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Suisse
250 Développement d’un modèle d’évaluation d’un dispositif de soutien à l’inclusion scolairePatrick BONVIN, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Lausanne, Suisse
272 L’intégration scolaire au Québec: regard exploratoire sur les défis de la formation à l’enseignement au primaire et préscolaireGeneviève BERGERON, Lise-Anne ST-VINCENT, Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada
Valorisation de la diversité en éducation : défis contem -porains et pistes d’actionRédacteurs invités :Luc PRUD’HOMME, Serge RAMEL et Raymond VIENNEAU
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Accrochage scolaire et alliances éducatives : vers une intégration desapproches scolaires et communautaires
Catherine BLAYAUniversité de Bourgogne, Observatoire international de la violence scolaire, France
Jean-Luc GILLESHaute école pédagogique du canton de Vaud, Laboratoire sur l’accrochage scolaire et les
alliances éducatives (LASALÉ), Suisse
Ghislain PLUNUSUniversité de Liège, Service Apprentissage et formation continue des adultes (AFA),
Belgique
Chantal TIÈCHE CHRISTINATHaute école pédagogique du canton de Vaud, Laboratoire sur l’accrochage scolaire et les
alliances éducatives (LASALÉ), Suisse
RÉSUMÉ
À partir d’une revue des facteurs de risque du décrochage scolaire et en vue
d’illustrer le caractère multidimensionnel de la problématique, le présent texte
montre l’importance des facteurs scolaires et en particulier la prégnance des effets
de l’étiquetage et du climat scolaire sur le phénomène du décrochage. Si l’école peut
générer de l’exclusion, elle peut aussi, dans certains cas, cultiver des facteurs de pro-
tection, par exemple par des relations de soutien, d’empathie et d’accompagnement
individualisé, qui peuvent faciliter l’accrochage scolaire de jeunes à risque. Dans ce
contexte, nous illustrons l’approche scolaire du traitement du décrochage en
décrivant des structures qui permettent aux élèves en difficulté de sortir, pour des
périodes plus ou moins courtes, d’un environnement scolaire avec lequel ils entre -
tiennent des interactions problématiques pour les amener à se reconstruire dans des
lieux qui offrent des possibilités de réinvestissement affectif et cognitif. À côté de
cette approche scolaire, se développe depuis une quinzaine d’années une autre
approche qualifiée de communautaire, car elle mobilise un ensemble très large d’ac-
teurs de toutes les sphères de la société qui peuvent contribuer à l’accrochage sco-
laire et à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes. Cette approche est illustrée à
travers l’exemple de la recherche collaborative menée en Communauté française de
Belgique et qui vise la mise en place d’un dispositif de concertation intersectorielle
de lutte contre le décrochage scolaire. Enfin, dans la dernière partie de ce texte nous
avançons quelques propositions pour une approche qualité dans la mise en place,
l’analyse et la régulation de nouvelles alliances éducatives incorporant les approches
scolaire et communautaire.
ABSTRACT
Educational Alliances to Keep Kids in School: Integrating Educational and Community Approaches
Catherine BLAYA
University of Bourgogne, International Observatory on Violence in Schools, France
Jean-Luc GILLES
Vaud Township High School, Switzerland
Ghislain PLUNUS
University of Liège, Belgium
Chantal TIÈCHE CHRISTINAT
Vaud Township High School, Switzerland
Starting with a review about school dropout risk factors illustrating the multidi-
mensional aspect of the phenomenon, the authors set out to highlight the impor-
tance of school factors, and more specifically, the importance of labeling and school
climate. If a school can exclude, it can also act as a protection factor in a variety of
ways, for example, relationships based on individual support and empathy, facilita -
ting school affiliation. In this context, the authors describe organizational systems to
prevent school dropouts that provide students in difficulty the chance to get out of
their regular school environment where the problems originate in order to recover
cognitively and emotionally. In parallel with this type of intervention, another
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method, known as the “community approach” has been developing for the last
15 years. It requires the involvement of actors from all sectors that can contribute to
better school affiliation and the social inclusion of the young people. This article
presents the example of French- speaking Belgium, which is attempting to set up a
multi-partnership collaboration to prevent school dropouts. Finally, in the last part
of this article, the authors suggest a few ideas for a quality approach to the imple-
mentation, analysis and piloting of new educational partnerships, including schools
and communities.
RESUMEN
Retención escolar y alianzas educativas: hacia una integración de losenfoques escolares y comunitarios
Catherine BLAYA
Universidad de Borgoña, Observatorio Internacional de la Violencia Escolar, Francia
Jean-Luc GILLES
Escuela superior de pedagogía del cantón de Vaud, Lausana, Suiza
Ghislain PLUNUS
Universidad de Lieja, Bélgica
Chantal TIÈCHE CHRISTINAT
Escuela superior de pedagogía del cantón de Vaud, Lausana, Suiza
A partir de una revisión de los factores de riesgo de abandono escolar y con el
fin de ilustrar el carácter multidimensional de la problemática, el presente texto
muestra la importancia que tienen los factores escolares y en particular el impacto
de los efectos provocados por el marcaje social y el clima escolar sobre el fenómeno
del abandono escolar. Si la escuela puede generar la exclusión, también puede, en
ciertos casos, cultivar los factores de protección, por ejemplo a través de las rela-
ciones de apoyo, de empatía y de acompañamiento individualizado, que pueden
favorecer la retención escolar de los jóvenes que corren el riesgo de abandonar. En tal
contexto, ilustramos el enfoque escolar del tratamiento del abandono mediante la
descripción de las estructuras que permiten a los alumnos con dificultades de salir,
durante periodos más o menos cortos, de un entorno escolar con el cual mantienen
interacciones problemáticas para así permitirles reconstruirse en lugares que les
ofrecen oportunidades para rehacerse afectiva y cognitivamente. En forma paralela a
este enfoque escolar, desde hace unos quince años se ha venido desarrollando otro
enfoque calificado de comunitario ya que moviliza un conjunto muy amplio de
actores provenientes de todas las esferas de la sociedad que pueden contribuir a la
retención escolar y a la inserción profesional de los jóvenes. Se ilustra dicho enfoque
mediante el ejemplo de la investigación colaborativa realizada en la Comunidad
francesa de Bélgica, cuyo objetivo es organizar un dispositivo de concertación inter-
sectorial de lucha contra el abandono escolar. En la última parte del presente texto,
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
desarrollamos las proposiciones de un enfoque de calidad para la organización, el
análisis y la regulación de nuevas alianzas educativas que incorporen los enfoques
escolares y comunitarios.
Introduction
Dans cet article, nous cherchons à illustrer le caractère multidimensionnel des
facteurs de risque du décrochage scolaire. Parmi ceux-ci, les facteurs scolaires préoc-
cupent depuis longtemps les chercheurs en éducation. La recherche a ainsi pu mettre
en évidence certains effets pervers liés à l’isolement des élèves dans des structures
séparées, tels que des effets d’étiquetage, et pouvant engendrer une amplification du
décrochage. Dès lors, afin d’éviter de sortir les décrocheurs du système ordinaire,
l’approche inclusive pourrait offrir de nouvelles perspectives. Par ailleurs, le carac-
tère multidimensionnel du décrochage scolaire souligne l’importance de facteurs
extérieurs à l’école qui doivent être pris en compte dans une approche écosys-
témique de l’échec scolaire des élèves en situation de décrochage.
Dans cette perspective, nous décrirons l’intérêt de dispositifs de lutte contre le
décrochage scolaire impliquant des alliances éducatives qui dépassent le cadre sco-
laire pour atteindre un cadre communautaire et proposerons une approche qualité.
Les facteurs de risque du décrochage scolaireLa recherche, tant au Québec qu’en Europe (Millet et Thin, 2006; Blaya, 2010;
Fortin, Marcotte, Royer et Potvin, 2005; Janosz, 2000), montre que le décrochage sco-
laire est un problème multidimensionnel et qu’il existe des parcours différenciés
selon les individus. L’approche par facteurs de risque va tout à fait dans ce sens et
démontre que le décrochage ne peut se réduire à un seul facteur déterminant les dif-
ficultés des jeunes. Plusieurs chercheurs se sont attachés à identifier quels sont les
facteurs favorisant l’apparition de difficultés d’adaptation sociale et scolaire chez les
élèves dans un contexte donné, afin d’élaborer et de mettre en œuvre des pro-
grammes de prévention ou d’intervention. Ainsi, sur la base des facteurs de risque
identifiés, est-il possible de mettre en évidence des facteurs de protection qui pré -
viennent l’apparition du problème étudié ou qui permettent la résilience chez cer-
tains élèves, afin d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes de prévention ou
d’intervention mieux adaptés aux jeunes en décrochage qui sont loin d’être le groupe
homogène que l’on pourrait penser (Glasman et Oeuvrard, 2004).
Selon Fortin et al. (2005), au Québec, sept facteurs sont les plus prédicteurs du
décrochage scolaire. Par ordre d’importance, ce sont la présence de sentiments dé -
pressifs, le manque d’organisation et de cohésion familiale, les attitudes négatives de
l’enseignant envers les élèves, le manque d’engagement de l’élève dans ses acti vités
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scolaires et la faible performance en français et en mathématiques. Ainsi les facteurs
scolaires ne sont pas négligeables dans le processus de décrochage.
L’importance des facteurs scolairesEn France, nos travaux (Blaya, 2010) auprès d’une population de collégiens
(secon daire inférieur) de 12 à 16 ans identifient cinq facteurs scolaires qui carac-
térisent le décrochage scolaire. Il s’agit, par ordre d’importance, du climat scolaire, de
la perception qu’ont les élèves d’un faible soutien de la part des enseignants, d’un
faible engagement scolaire, du sentiment des élèves que leurs enseignants ont une
faible capacité d’innovation et, enfin, du sentiment que les règles sont peu claires
dans la classe. L’effet d’étiquetage du mauvais élève ou le climat scolaire sont des fac-
teurs prédominants.
L’effet d’étiquetage
Il est bien difficile d’approcher le phénomène du décrochage en faisant l’im-
passe sur la sociologie de l’étiquetage construite par l’école de Chicago dans le cadre
de l’interactionnisme symbolique : si cette théorie n’explique certainement pas tout
(voir les critiques de Fillieule, 2001), elle aide à nous interroger sur le rôle du système
scolaire mais aussi des enseignants quant à l’étiquetage du bon ou du mauvais élève
et à son incidence sur la scolarité. Sous l’influence des pouvoirs publics et des dis-
cours politiques selon lesquels le fait de décrocher ou d’être en dehors de l’école ou
du milieu professionnel est source de comportements déviants, voire délinquants, la
recherche s’est de longue date intéressée aux problèmes de décrochage comme étant
le fait d’une jeunesse déviante. Selon Lagrange (2001), l’engagement des jeunes dans
la délinquance va peu à peu les amener à se désengager de leur scolarité. Les travaux
de Roché (2001) concluent que la propension à la délinquance est forte chez les
jeunes absentéistes qui trouvent aussi dans ce comportement un moyen d’expres-
sion de leur opposition à l’autorité des adultes de l’établissement. D’après Jimerson,
Egeland, Sroufe et Carlson, 2000), la fréquence élevée des troubles du comportement
est un des facteurs les plus prédicteurs du décrochage scolaire. Les conduites
inadéquates ont pour conséquences un nombre élevé de retenues, d’absences, d’ex-
clusions de l’école (Alexander, Entwisle et Horsey, 1997), voire une orientation vers
les classes spéciales. Ces classes spéciales accueillent à la fois des jeunes en grande
difficulté d’apprentissage, des jeunes en difficulté de comportement ou encore des
jeunes pouvant cumuler les deux. On pense notamment pour le cas français aux
classes SEGPA (Sections d’enseignement général et professionnel adapté) ou encore
aux classes relais, ce que l’on nomme les classes en adaptation scolaire et sociale au
Québec. Les jeunes regroupés dans ces classes sont souvent issus de milieux défa-
vorisés, en situation d’échec scolaire depuis l’enseignement primaire et ils cumulent
les difficultés scolaires, personnelles, familiales. Le redoublement est une des carac-
téristiques communes chez ces élèves. Ce qui a d’ailleurs engendré une incitation à
réduire le redoublement tant au Québec qu’en France de la part des autorités éduca-
tives. Toutefois, en France, les enseignants ont encore des difficultés à accepter que
le redoublement soit inutile, voire contre-productif, en termes d’accrochage scolaire
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(Blaya, 2010). Le processus de différenciation qu’ils subissent, la disqualification
sociale et symbolique dont ils font l’objet amènent les jeunes à se regrouper, dans
une sous-culture d’opposition au système et à l’image qu’il leur renvoie, dans un
processus réactionnel à la stigmatisation ou à l’exclusion qu’ils subissent
(Debarbieux, 1999; Elias et Scotson, 2001). Cette opposition se manifeste par du
chahut, des absences répétées et de la violence verbale. À l’école, les élèves à risque
de décrochage sont souvent en conflit avec leurs enseignants (Fortin et al., 2005).
Conflits et violence qui vont peu à peu amener le jeune à décrocher ou à être exclu
du système scolaire. D’autres réagissent par la passivité, attendant que le temps
passe au fur et à mesure que leur estime de soi diminue.
Parfois, l’institution scolaire, à la suite de diverses interventions, ne réussit pas
à «accrocher », voire à intégrer une partie de ses élèves. Devant cette impuissance, il
est tentant d’identifier chez l’autre le stigmate, la différence qui individualisera le
problème et l’adolescent à « traiter » car il met en danger le système unique et globa -
lisant de l’institution qui l’exclut ou l’écarte sur des classes « impasses ». Chez les
élèves, c’est le sentiment de ne pas pouvoir apprendre, de ne jamais « pouvoir s’en
sortir », de n’être bon à rien qui prédomine et qui transforme l’expérience scolaire en
souffrance. Or, Rutter (1983) mais aussi Janosz et Leblanc (1997) définissent les
classes spéciales comme un des facteurs de risque du décrochage scolaire.
Le décrochage et le climat scolaire
Le climat scolaire, la qualité des interrelations entre les différents membres de
la communauté éducative, le climat de classe ont un effet sur l’engagement du jeune
dans ses activités scolaires et sociales (Rothman, 2001). L’impression du manque
d’ordre et d’organisation dans la classe, une perception négative de l’enseignant aug-
mentent le risque de décrocher (Potvin et Rousseau, 1993). La relation aux adultes de
l’établissement et la clarté des règles sont deux facteurs discriminants tant pour la
violence à l’école que pour le décrochage scolaire. Le sentiment que les enseignants
ne sont pas suffisamment à l’écoute, qu’ils sont peu aidants, le manque de confiance
en leurs capacités d’innovations pédagogiques sont autant d’éléments qui distin -
guent les élèves qui sont à risque de décrochage de ceux qui ne le sont pas, les élèves
qui ont un sentiment d’insécurité et une vision négative de l’établissement dans son
ensemble de ceux qui trouvent la vie agréable dans leur collège (Debarbieux, 1996).
De plus, la recherche sur le harcèlement en milieu scolaire (school bullying)
montre la relation entre la violence subie et le décrochage. Selon Mellor (1991) mais
aussi Olweus (1999) et Smith, Pepler, Rigby (2004), les victimes éprouvent de la diffi-
culté à se concentrer en classe. Or, le déficit d’attention est significativement corrélé
au décrochage scolaire (Fortin et al., 2005; Blaya et Fortin, 2011). De plus, ce type de
victimisation engendre une dévalorisation de l’estime de soi, mais aussi une plus
grande difficulté à socialiser, ce qui rejoint les travaux sur la dépression qui montrent
que les adolescents en difficulté souffrent d’isolement social et ont peu d’amis. La si -
tuation peut être difficilement supportable et amener les jeunes à mettre en place
des stratégies d’évitement de leur(s) agresseur(s), telles que l’absentéisme et, finale-
ment, le décrochage (Reid, 1999).
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
Les travaux de Paredes (1993), sur la corrélation entre climat scolaire et décro -
chage, confirment d’ailleurs ce lien. Ils montrent que le climat scolaire est plus dis-
criminant que les conditions socioéconomiques des élèves et qu’il représente à lui
seul 71 % de la variance. Selon Broccolichi, « une analyse des dossiers scolaires centrée
sur l’ordre chronologique d’apparition et de développement des différentes compo -
santes de l’inadaptation scolaire indique que l’indiscipline et l’absentéisme sont
presque toujours réactifs ou au moins postérieurs aux difficultés repérables au niveau
des notes » (p. 46) (cité dans Tanon, 2000, p. 62). Les humiliations, la violence verbale,
le manque d’empathie des enseignants sont souvent rapportés par les élèves et sont
invoqués pour justifier des conduites absentéistes ou des exclusions (Merle, 2005).
L’école comme facteur de protectionLes facteurs de protection font référence aux influences qui modifient,
améliorent ou transforment la réponse d’une personne face à un évènement qui
prédispose à une mauvaise adaptation (Rutter, 1985). L’identification de ces facteurs
permet de mieux analyser et comprendre les processus de résilience chez les jeunes
en mal d’école (Cyrulnik et Pourtois, 2007). En effet, si des relations tendues, con-
flictuelles avec les enseignants, la stigmatisation des élèves et leur inscription dans
un parcours scolaire négatif sont des facteurs qui favorisent le décrochage dans un
processus d’internalisation de la stigmatisation, il ne semble pas incohérent d’a-
vancer que des relations de soutien, d’empathie visant à faire progresser les élèves et
à les valoriser peuvent faciliter l’accrochage scolaire. Pourtois et Moscovi (2002)
montrent que des enseignants qui félicitent et valorisent sont médiateurs de
résilience. Si les expériences négatives et l’échec scolaire sont bien souvent le lot des
décrocheurs, les expériences positives, la valorisation des individus dans d’autres
activités que celles évaluées d’un point de vue scolaire peuvent contribuer à restau-
rer l’estime de soi (Bandura, 1997) et le sentiment d’appartenance des jeunes à
l’établissement scolaire. Or, le sentiment d’appartenance tant pour le décrochage
que pour le climat scolaire et la victimisation est un facteur de protection reconnu de
longue date (Gottfredson, 2001). Quant au sentiment de compétence, il renforce la
motivation et la santé psychique des individus, favorisant ainsi les progrès et la réus-
site scolaires ainsi que l’insertion socioprofessionnelle. Lorsque ces éléments sont
réunis, l’école peut être un lieu de protection permettant aux individus de dévelop-
per des habiletés sociales et scolaires indispensables à leur insertion ultérieure en
tant qu’adultes dans la société.
On ne peut éviter d’aborder alors la nécessaire formation initiale et continue
des enseignants. En effet, nous avons mentionné à plusieurs reprises que les élèves à
risque de décrochage ou décrocheurs percevaient que leurs enseignants avaient de
faibles capacités d’innovation pédagogique. Or, cela ne s’invente pas, on ne naît pas
pédagogue, et nous parlons ici d’un métier, voire d’une profession. Aussi la formation
des enseignants en termes d’adaptation pédagogique, de gestion des situations diffi-
ciles, d’accompagnement des élèves en difficulté nécessiterait-elle d’être renforcée.
Bien des enseignants souffrent eux-mêmes d’un sentiment d’incompétence ou
d’usure, car ils s’épuisent à une tâche pour laquelle ils n’ont pas toujours été pré-
233volume XXXIX:2, automne 2011 www.acelf.ca
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parés, en France en tout cas. Le climat scolaire est un des éléments décisifs quant au
décrochage scolaire. Un climat scolaire positif implique l’adhésion de l’ensemble des
adultes de la communauté scolaire à un ensemble de normes et de valeurs en pré -
vention des problèmes de violence et de décrochage, une perception positive de
l’établissement par les adultes de l’établissement et leur satisfaction dans le travail.
Cela ne peut s’obtenir qu’avec le soutien de leur direction, la collaboration des
familles et le partenariat d’agences extérieures s’occupant de la jeunesse. La prise en
compte de la multiplicité des acteurs et une approche systémique sont des éléments
indispensables à la prévention du décrochage, comme l’indiquent l’ensemble des
méta-analyses consultées (Fashola et Slavin, 1997; Prevatt et Kelly, 2003) quant à
l’efficacité des programmes d’intervention.
L’émergence d’une approche communautaireAinsi, à côté d’une approche scolaire traditionnelle et en phase avec une vision
globale et systémique du phénomène du décrochage scolaire, on assiste depuis une
quinzaine d’années dans plusieurs pays occidentaux (y compris en Amérique du
Sud) à l’émergence d’une approche communautaire du traitement du décrochage,
impliquant la mobilisation d’un ensemble très large d’acteurs engagés dans des ac -
tions au niveau de la réussite éducative. Nous reviendrons plus loin sur la recherche
collaborative qui a permis la mise en place du dispositif de concertation intersecto-
rielle pour l’accrochage scolaire en Communauté française de Belgique. Ce disposi-
tif réunit depuis quelques années une diversité d’intervenants, tant du scolaire que
de la sphère sociale et du monde judiciaire, autour de la prise en charge de jeunes en
situation de décrochage.
Au Québec, l’expérience du Saguenay–Lac-Saint-Jean (Perron, Gaudreault,
Veillette et Richard, 1999) menée depuis 15 ans constitue une référence en matière de
lutte contre le décrochage scolaire dans une approche communautaire, à tel point
qu’on parle aujourd’hui de « modèle saguenéen ». Aux États-Unis, depuis le milieu
des années 1980, l’approche communautaire a également fait ses preuves, notam-
ment dans le cadre de la mise en place du BUILD (Baltimoreans United in Leadership
Development) dans la région de Baltimore (Orr, 1999). En résumé, comme le signale
Pinard et Potvin (à paraître) : « Dans cette approche, le décrochage scolaire est vu
avant tout comme un problème social et doit être assumé par l’ensemble de la com-
munauté. Ses impacts sont ressentis dans toutes les sphères de la société, d’où une
responsabilité partagée par tous les acteurs de la communauté et la nécessité que
chacun participe à sa solution. Les principales actions se déroulent en dehors de
l’école, d’où l’expression de “communautaire”. »
L’exclusion des inclus ou l’inclusion des exclus: le ruban de Moebius
Bien que sa progression et les conséquences de son impact soient reconnues
depuis peu, le phénomène de décrochage scolaire ou de déscolarisation est une
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
préoccupation qui a généré des solutions institutionnelles diverses et variées.
Plusieurs études menées dès les années 1980 signalent l’importance d’une approche
écosystémique et particulière du phénomène du décrochage, prenant en compte
aussi bien l’individu que son environnement. Des alternatives à la pédagogie tradi-
tionnelle, des lieux nouveaux et des prises en charge thérapeutiques sont ainsi créés
en dehors de la structure scolaire. Par exemple, en Suisse romande1, ces lieux nom-
breux regroupaient un ensemble d’élèves qui accumulaient les facteurs de risques de
décrochage et pour lesquels les facteurs de protection ne semblaient pouvoir être
présents. Considérées il y a quelques années encore comme politiquement correctes,
ces structures séparatives sont à l’heure actuellement fortement remises en question.
Cependant un rapide survol des organismes mis à la disposition des décrocheurs
montre qu’une réelle volonté de lutte contre le décrochage existe et qu’elle s’opéra-
tionnalise dans la création de structures transitoires et de courte durée, et ayant pour
objectifs une inclusion ou un retour aux structures normales. Nous voyons ainsi sur-
gir en Suisse romande ainsi qu’en Suisse alémanique1 des classes parenthèses pre -
nant en charge des élèves décrocheurs. Il en va de même en France avec les
structures classes relais et en Communauté française de Belgique avec les services
d’accrochage scolaire (SAS). Le temps laissé à l’élève pour reprendre pied et retrou-
ver son métier d’élève se raccourcit; il en va de même pour les équipes qui fonction-
nent au sein de ces classes, qui ont pour lourde tâche de réussir à accrocher l’élève.
Ce mouvement rapide d’exclusion-inclusion ou d’aller-retour entre une école
régulière et une structure particulière soulève des questions. L’élève est comparable
à la mouche sur le ruban de Moebius à la fois sur une face et sur l’autre. La métaphore
s’arrête cependant après deux tours complets. Si l’insecte peut continuer infiniment,
ce n’est pas le cas de l’élève qui va soit retrouver sa place dans le cursus scolaire
régulier, soit être mis dans une structure séparative ou être totalement exclu du sys-
tème scolaire. Le modèle de l’inclusion scolaire pour ce type de population résonne
bizarrement. En effet, les élèves qui étaient inclus ont été exclus du système scolaire
en raison des différents facteurs invoqués ci-dessus, dont celui de l’incapacité de
l’école à répondre aux signes et à la fragilisation des élèves qui la fréquentent.
L’exclusion ainsi faite a paradoxalement pour but l’inclusion dans l’école régulière.
Au-delà de ce paradoxe, il nous semble intéressant de cerner quels sont les éléments
nécessaires à la réussite de l’élève.
La réussite éducative et le décrochage scolaireLa réussite éducative et corollairement l’échec scolaire sont clairement liés au
contexte dans lequel ils émergent et nécessitent de penser l’apprentissage en termes
de dynamisme et d’investissement. Producteur de sens grâce au dialogue de l’appre -
nant avec la situation (Schön, 1993), l’apprentissage est un processus dynamique
déclenché par la situation et par le besoin de l’apprenant de répondre à celle-ci. Par
ailleurs, la construction de la connaissance est issue de négociations engagées par les
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
1. Nous pensons en particulier aux modules d’activités temporaires alternatives à la scolarité (MATAS) et auxclasses Time-out.
individus avec des circonstances matérielles, des traditions culturelles et avec
d’autres individus (Bruner, 1990; Bruner et Bonin, 1991; Clot, 1999; Rogoff, 1990).
L’apprenant s’engage en tant que participant au processus d’enseignement/appren-
tissage (Moro, 2001) et l’enseignant est conçu comme un co-participant à l’appren-
tissage de l’élève. C’est grâce à ces échanges entre l’enseignant et l’élève que les
connaissances nouvelles peuvent se développer. L’inscription socioculturelle ou
sociohistorique de chaque acteur formate le type de compétences construites ainsi
que les outils et les médiations dont dispose l’apprenant. L’apprentissage et la cogni-
tion sont ainsi non plus perçus comme le résultat de « l’expérience de sujets solitaires
dans un monde stable et objectifs », mais comme celui de la « participation active des
sujets apprenants aux contextes sociaux et matériels qui les entourent, la personne
et le monde étant entendus comme mutuellement constitutifs » (Moro, 2001, p. 494).
De plus, puisque tout apprentissage est accompli dans un contexte et est constitutif
de l’activité elle-même, l’activité elle-même véhicule des pratiques, des normes ou
des significations propres à ce contexte. La participation des apprenants et des
enseignants dans un contexte social et culturel déterminé et partagé semble ainsi
offrir un contexte permettant l’émergence de la réussite éducative.
L’accrochage ou la création de nouvelles alliances S’il nous semble nécessaire d’évaluer l’efficacité des mesures proposées par les
structures mises en place pour favoriser l’accrochage scolaire, il nous paraît urgent
de dégager les modalités de prise en charge qui génèrent la réussite. Les modules
scolaires établis au sein de ces structures s’avèrent être selon notre étude de nature
ségrégative et transitoire et ils s’inscrivent dans une durée qui varie entre 3 et
24 mois. L’analyse des paradigmes pédagogiques fait apparaître dans des propor-
tions plus ou moins importantes un souci de restauration symbolique de l’individu
ainsi qu’une réparation du pédagogique. Pour exemple, l’École de la Chance étudiée
par Adamo et Adamo Serpieri (2010) permet un travail extrêmement important sur le
processus de construction de l’identité personnelle et sociale de chaque élève. Ainsi
un travail psychothérapeutique y est conduit parallèlement à une prise en charge
scolaire. Cette double approche est effectuée dans un lieu qui permet d’obtenir un
diplôme. Ces chercheuses signalent l’importance donnée au temps d’observation, au
travail de reconstruction du sens des apprentissages et à la prise en charge psycho -
thérapeutique. Ces trois facteurs sont indissociables de l’inclusion sociale ou scolaire
future. La qualité de l’approche scolaire et pédagogique se fonde essen tiel lement sur
un accompagnement psychologique des enseignants et sur une prise en charge de
l’élève par une équipe de professionnels.
Les éléments cités dans cette étude italienne rejoignent dans une certaine
mesure les dimensions que Pain et Hugon (2006) ont prises en considération pour
travailler avec les décrocheurs. En effet, Hugon (2010) rappelle que les relations
établies entre l’adulte et l’élève et qui étaient pointées comme un déterminant
majeur pour la persévérance scolaire par l’équipe de Potvin, Fortin, Marcotte, Royer
et Deslandes (2004) sont à reconstruire et nécessitent des enseignants « formés pour
travailler auprès des publics en difficulté » (p. 39). Parmi les pistes pédagogiques
236volume XXXIX:2, automne 2011 www.acelf.ca
Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
proposées et expérimentées, les expériences sur le terrain montrent que les activités
outrepassent les objets de savoirs habituellement enseignés dans les classes régu -
lières. Les travaux de Boimare (1999; 2002) en sont des exemples éloquents. De
même, la planification horaire des activités est à reconsidérer afin de permettre un
décloisonnement des matières qui favorise la mise en lien des apprentissages et des
connaissances construites. Une souplesse dans la gestion du temps et de l’espace
constitue ainsi un paradigme pédagogique important qui autorise le jeu nécessaire
entre les activités individuelles et collectives. D’autres contrats et de nouvelles
alliances entre l’élève, l’enseignant et le savoir semblent nécessaires pour favoriser
l’accrochage.
L’étude menée par des chercheurs de la Haute École pédagogique de
Kreuzlingen (Brüggen, 2010; Brüggen, Maeder, et Kosorok Labhart, 2010) sur les
classes Time-out de Suisse alémanique met en évidence les mêmes préoccupations
que celles observées dans les classes relais ou à l’École de la Chance. Bien que ces
dernières aient été mises en place pour contourner l’exclusion scolaire ou éviter le
décrochage, les objectifs visés, outre celui de délester la classe ordinaire d’un élément
qui fait le mort ou le fou, pour reprendre les termes de Houssaye (1988), consistent
essentiellement à offrir un espace d’action de socialisation et de reconstruction de
l’identité personnelle du jeune. Les conclusions quant à la réussite de la mesure sont
selon Bruggen et al. (2010) contrastées, puisque les tensions générées par le va-et-
vient entre exclusion et inclusion semblent importantes. La reconstruction de l’iden-
tité n’est pas garantie et peut basculer vers des signes d’aliénation et de déprivation.
De façon analogue aux structures plus en marge de l’école comme l’École de la
Chance, ou les structures qui mettent en application la pédagogie institutionnelle,
l’émergence de nouvelles alliances avec d’autres adultes et d’autres enseignants
semble être à l’œuvre. En effet, les facteurs d’échec ou de réussite sont dans cette
étude sociologique expliqués essentiellement par les pratiques et les interactions qui
ont lieu au sein de l’école, autant celles tissées dans la classe ordinaire que celles qui
se nouent dans les classes Time-out.
En Suisse romande, les structures étudiées dans le canton de Vaud offrent des
réponses diverses d’un point de vue organisationnel, proposant d’une part un travail
sur l’individu et son identité et, d’autre part, une autre approche de l’apprentissage
et du travail en classe (Tièche Christinat, Baeriswyl, Delévaux, Savoy et Cassagne, à
paraître).
• Le développement individuel apparaît réellement comme un moyen d’ancrage
psychosocial et culturel. Cette idée de réparation de la personne s’appuie sur
une prise en compte des besoins et des souffrances. Ces éléments de la prise en
charge relèvent de la relation d’aide à l’individu. Cet aspect de la prise en charge
est considéré comme premier et alternatif à l’école ordinaire, et il prime sur les
modifications pédagogiques.
• Les formes d’enseignement sont généralement dépeintes comme étant alterna-
tives aux pédagogies traditionnelles. Cette dissidence relative se repère essen-
tiellement dans le dosage et l’accentuation de certaines composantes péda-
gogiques visant à rendre l’élève plus actif : pédagogies coopérative, différenciée,
237volume XXXIX:2, automne 2011 www.acelf.ca
Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
individualisée, active, participative, de mise en projet, principe de réalité sont
autant de termes ou d’expressions extraits des données. Les accents sont ainsi
mis sur une pédagogie différenciée du point de vue des objets à enseigner et des
modalités d’enseignement. En plus, il apparaît que l’enseignement sous forme
d’atelier ainsi que l’enseignement individualisé sont fortement privilégiés, per-
mettant ainsi ce jeu d’aller et retour entre l’individuel et le collectif, entre le
formel et l’informel, entre l’action ou le geste et la pensée. Ces pratiques
reposent conceptuellement sur une circulation interdisciplinaire des savoirs
d’un lieu à un autre, mettant en place des espaces de prise en charge variés qui
ont leurs propres objectifs et leurs règles. Parmi les objets de savoirs, les textes
analysés ne signalent guère de nouveautés fondamentales, mis à part le fait
qu’on n’y aborde pas les savoirs de manière formelle. On favorise plutôt une
rencontre informelle de ces savoirs au moyen d’activités plus concrètes ou ma -
nuelles et dont le résultat est manifeste. Sur le terrain, les pratiques se révèlent
parfois décevantes dans la différenciation des objets de savoirs enseignés, mais
plus encourageantes quant au nombre des intervenants et à la diversification de
leurs profils.
Ces deux dimensions semblent ne pouvoir être assurées que par des profession-
nels variés et nombreux; les actions entreprises auprès des jeunes incluent des
enseignants, des thérapeutes, des éducateurs, des maîtres socioprofessionnels et des
artisans. Les alliances ont ainsi une coloration pédagogique, éducative et sociale et
nécessitent sans nul doute un travail de partenariat exigeant, faute de quoi la réus-
site de l’accrochage pourrait être compromise.
L’approche communautaire à travers la lutte intersectorielle en Communauté française de Belgique
Si l’école joue, évidemment, un rôle fondamental et incontournable quant à
l’intégration de l’élève, l’expérience nous apprend également que dans bon nombre
de cas elle ne peut résoudre seule des situations de jeunes exclus.
Le contexteNous sommes dans la ville de Seraing, principale ville du bassin de l’industrie
métallurgique liégeoise (en déliquescence) en Belgique. Dans certains quartiers, le
taux de chômage avoisine les 40 %, et il n’est pas rare de trouver des familles où trois
générations de chômeurs se côtoient… Que peuvent encore vouloir dire l’école et les
perspectives d’insertion dans le monde professionnel chez une génération d’enfants
qui n’ont jamais vu leurs parents se lever pour aller travailler? Des enfants qui vivent
dans une précarité constante avec tout le cortège de problèmes financiers, familiaux
et relationnels. Ici, l’exclusion est déjà en amont de toute scolarité; elle est sociale,
économique et culturelle. Dirigés par des phénomènes de relégation vers des filières
d’études peu prometteuses quand elles ne sont de véritables impasses, nombre
238volume XXXIX:2, automne 2011 www.acelf.ca
Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
d’élèves attendent plus ou moins patiemment la fin de l’obligation scolaire (18 ans en
Belgique). Est-ce à dire que l’école ne peut plus jouer de rôle? Non, bien au contraire,
mais elle ne peut affronter seule la problématique de l’exclusion. Dans un tel con-
texte, l’approche scolaire et la meilleure pédagogie en matière d’accueil et de soutien
n’arrivent pas à juguler l’hémorragie d’élèves en décrochage.
Dès la fin du siècle dernier, le principal pouvoir organisateur en place ici
(province de Liège en Belgique) pour l’enseignement technique et professionnel
prend la mesure du phénomène. Un programme politique provincial est alors lancé
qui se concrétisera par deux mesures qui feront école dans l’ensemble de la commu-
nauté francophone : la création de services d’accrochage scolaire (SAS) et la mise en
place d’un dispositif de « maillage social ». La première mesure vise l’établissement
de structures ayant une visée d’accueil et d’accompagnement pour des élèves qui
sont soit exclus, soit en proie à de gros problèmes de comportement empêchant la
classe de fonctionner de manière optimale ou encore en décrochage long (plusieurs
mois, voire plusieurs années).
La deuxième mesure, le « maillage social », vient du constat que certains élèves
cumulent une série de problématiques importantes. Parmi celles-ci se trouvent la
précarité financière et, souvent en corollaire, les problèmes familiaux. Les principaux
services d’aide dans le domaine sont les suivants :
• Le Centre public d’action sociale (CPAS) qui a, entre autres, la mission d’ap-
porter le « minimum vital » aux citoyens de la commune et qui déploie une série
de services en ce sens (apport financier, médiation de dette, service de réinser-
tion, etc.).
• Le Service de l’aide à la jeunesse (SAJ) qui, par l’intermédiaire d’une politique
d’aide non contraignante, peut apporter aux familles un soutien psychosocial
mais également financier (à destination du jeune) dans certains cas.
Au début des années 2000, ces deux services réfléchissent, d’abord de manière
locale, aux moyens d’optimaliser leurs apports respectifs dans le soutien aux
familles. Parallèlement, les SAS se mettent en place et sont confrontés à la nécessaire
anamnèse de la situation des jeunes qu’ils accueillent. L’accueil d’un jeune en
décrochage au sein d’un SAS est limité dans le temps (trois mois renouvelables une
fois). Bénéficiant d’un taux d’encadrement optimal (un éducateur ou enseignant
pour sept élèves), l’objectif des SAS est d’assurer le retour du jeune dans un cursus
scolaire « normal » le plus rapidement possible, dans les meilleures conditions et, si
possible, dans son école d’origine. Une concertation s’établit, voire une collaboration
étroite avec l’établissement scolaire, l’équipe éducative et le centre psychomédicoso-
cial (C.P.M.S.) attaché à l’établissement. Par ailleurs, les ressources d’encadrement
des SAS permettent un réel investissement dans le lien avec les parents. Ces derniers
sont rencontrés régulièrement pour faire le point sur l’évolution de « l’enfant/élève ».
Dès leurs débuts, les SAS prennent la mesure du nombre élevé d’intervenants de pre-
mière ligne qui sont ou devraient être concernés par la situation du jeune. À l’origine,
chaque service est, et c’est normal, centré sur sa mission et il existe un manque criant
de concertation entre les équipes, ce qui aboutit souvent à des discours et des actions
239volume XXXIX:2, automne 2011 www.acelf.ca
Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
contradictoires ou inappropriés, faute d’une vision globale. Il n’est pas rare d’assister
à l’abandon du dossier d’un jeune parce que le responsable d’un SAS estime qu’il est
du devoir d’un autre service d’agir.
Des racines et des solutions qui dépassent le cadre scolaire pour atteindre un cadre communautaireL’article de synthèse de Janosz et Leblanc (2005) propose une rétrospective des
principales études (généralement nord-américaines) qui concernent les causes du dé -
crochage. Nous avons, à des fins de formation et de partage dans le cadre de recherches
collaboratives, dégagé six grands types de déterminants (Gilles, Plunus, Renson, Polson,
Dethier, 2009) : structurels, organisationnels, sociaux, interpersonnels, familiaux et
personnels. Si l’on se réfère au contexte de la Communauté française de Belgique,
pour chaque catégorie de déterminants il existe des acteurs spécialisés susceptibles
d’intervenir dans le traitement des situations de décrochage scolaire. C’est, au total,
plus d’une vingtaine de services qui sont concernés pour les seuls secteurs de l’en-
seignement, de l’aide sociale (au sens large) et de la justice, un regard pluriel sur des
situations qui n’était pas exploité il y a quelques années. De ce constat va naître un
dispositif de concertation intersectoriel d’abord appelé « maillage social » en province
de Liège, mais qui trouvera son extension dans un déploiement de « commissions
intersectorielles » actuellement en phase de structuration et d’extension sur l’ensemble
du territoire de la Communauté française de Belgique (Plunus et al., 2010).
Quatre principaux apports d’un maillage social à travers un dispositif de concertation intersectorielleLa création des commissions locales rassemblant les acteurs de terrain avec la
diversité de leurs missions et de leurs compétences permet :
• Une vision « plurielle » et globale de la situation qui prend en compte les déter-
minants sociaux, interpersonnels, familiaux et personnels du jeune (cela évite
par exemple de sanctionner un élève qui n’aurait pas fait ses devoirs quand on
sait qu’il s’occupe de ses frères et sœurs dans un contexte de déstructuration
familiale);
• La mise en place d’un « dispositif ponctuel d’accompagnement » du jeune où les
services concernés se concertent sur un plan d’action systémique, priorisent et
organisent l’accompagnement en articulant et en créant un maximum de sy -
nergie. Bref, développent de la cohérence dans les actes et les discours;
• Une réelle influence sur les « déterminants organisationnels » du ressort des
établissements qui vont non seulement réfléchir leur projet pédagogique à la
lumière des réalités locales, mais aussi inclure des collaborations avec des ser -
vices externes à l’école.
Enfin, des constats de la portée des politiques sectorielles peuvent être trans-
mis, via un droit d’interpellation, vers les politiques et les hautes administrations en
vue de réajustements. Le dispositif offre ainsi l’avantage d’un véritable « observatoire
in situ».
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
L’école est et demeure souvent le réceptacle et le reflet de la société qui la man-
date. Comment l’école et ses équipes pédagogiques peuvent-elles inclure là où la
société exclut? Régulièrement, et de manière souvent purement réactive, nous
voyons des services éclore pour venir en aide aux « moins favorisés ». Tant mieux si
des moyens supplémentaires sont octroyés, mais ne sommes-nous pas devant une
forme d’amendement facile?
Une approche qualité pour de nouvelles alliances éducatives incorporant les approches scolaires et communautaires
La recherche collaborative menée dans le cadre de la construction du dispositif
de concertation intersectorielle de lutte contre le décrochage scolaire en
Communauté française de Belgique ainsi que d’autres expériences menées dans une
approche communautaire depuis une quinzaine d’années montrent la très grande
diversité d’acteurs qui ont un rôle à jouer pour favoriser l’inclusion scolaire de jeunes
en risque de décrochage (Shirley, 1997; Orr, 1999; Perron et al., 1999; Gilles et al., 2009;
Perron et Veillette, à paraître; Plunus et al., 2010). La première partie de cet article a
montré le caractère multifactoriel des causes de l’abandon scolaire et, selon les types
de facteurs en jeu, ce sont autant de catégories d’acteurs qui devront intervenir dans
la mise en place des accompagnements individualisés. Par ailleurs, ces recherches
mettent aussi en évidence l’importance d’amener les multiples intervenants à tra-
vailler de concert, en « alliances éducatives », de façon concertée et de les mobiliser
au sein de communautés ou de réseaux plus ou moins larges. De telles alliances
éducatives peuvent se mettre en place à un niveau micro, en partenariat « jeune –
famille – école », à un niveau méso en s’étendant à d’autres acteurs des sphères
sociale, judiciaire ou du monde de la santé. Enfin, à un niveau macro englobant les
niveaux micro et méso, des dispositifs communautaires peuvent mettre en œuvre de
larges alliances au sein de régions ou d’États, comme c’est le cas dans le cadre de la
politique éducative menée par le Conseil régional de prévention de l’abandon sco-
laire (CRÉPAS) du Saguenay–Lac-Saint-Jean au Québec (Perron et Veillette, 2010), qui
coordonne les efforts et les ressources de tous les intervenants (les jeunes eux-
mêmes, leurs parents, les enseignants et le monde scolaire, les élus, le gouverne-
ment, les syndicats, les intervenants en santé publique, les entreprises, etc.) en vue
de prévenir l’abandon des études chez les jeunes de la région.
En ce qui concerne l’impact des actions entreprises à l’intérieur de commu-
nautés éducatives en vue de favoriser la réussite scolaire dans des contextes difficiles,
Hargreaves et Shirley (2009) signalent qu’il y a une dizaine d’années, aux États-Unis,
on ne connaissait presque rien du potentiel des actions communautaires comme
catalyseur des changements éducatifs. À la fin des années 1990, deux ouvrages mar-
queront le début d’une nouvelle ère dans la prise de conscience collective de l’impor-
tance des stratégies communautaires pour améliorer l’école. Dans le premier
ouvrage intitulé Community Organizing for Urban School Reform (Shirley, 1997),
241volume XXXIX:2, automne 2011 www.acelf.ca
Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
l’auteur documente les origines, l’expansion et l’impact de l’expérience des Alliance
Schools, menée en partenariat avec l’IAF (Industrial Areas Foundation) au Texas où
une centaine d’écoles se sont organisées pour élaborer de nouvelles approches de
soutien aux enfants de milieux défavorisés. Dans le second ouvrage, Black Social
Capital: The Politics of School Reform in Baltimore, 1986-1998 (Orr, 1999), l’auteur
relate comment un autre groupe soutenu par l’IAF, le BUILD (Baltimoreans United in
Leadership Development), est parvenu à améliorer le système scolaire de la région de
Baltimore dans un contexte de déclin industriel, de ségrégation et de pauvreté.
Hargreaves et Shirley (2009) rapportent qu’en dehors de ces deux ouvrages et
des travaux d’Epstein (1992) sur les partenariats école-famille, il n’existait pratique-
ment pas de corpus de connaissances étayés sur les approches communautaires en
éducation. Cependant, depuis quelques années, les choses ont bien changé et l’en-
trée en fonction en 2009 du 44e président des États-Unis, Barack Obama n’y est pas
étranger. Dans les années 1980, Obama (1995), dont le credo concerne l’implication
systématique des membres des communautés en vue d’en faire les premiers acteurs
du changement (Yes, we can!), fut en effet un travailleur social et un organisateur de
communautés (community organizer) actif dans les quartiers noirs défavorisés de
Chicago.
Plusieurs faits révélateurs illustrent la dynamique nouvelle et l’engouement sus-
cités par les alliances éducatives et l’approche communautaire : un SIG (Special
Interest Group) a été créé en août 2007 sur ce thème au sein de l’American
Educational Research Association (AERA)2 et l’on estime entre 500 et 800 le nombre
de groupes qui travaillent aujourd’hui aux États-Unis à l’amélioration du système
éducatif dans une approche communautaire (Warren, 2010).
En juin 2010, dans le cadre du 16e congrès de l’Association mondiale des sciences
de l’éducation (AMSE), un colloque intitulé Alliances éducatives3 réunissait des
chercheurs de sept pays (Belgique, Bolivie, Canada-Québec, France, Luxembourg,
Suède et Suisse) pour débattre des problématiques d’alliances entre le monde sco-
laire et la société civile. Des lignes de force apparaissent dans les multiples expériences
sur les plans micro, méso et macro relatées lors de ce colloque. Il s’agit maintenant
de les mettre en évidence en vue de faciliter les analyses et les comparaisons. Il s’agit
aussi de fournir aux divers acteurs les grilles de lecture communes qui faciliteront les
échanges et les interactions. Dans cette perspective, depuis une dizaine d’années,
nous développons une approche qualité dans le cadre de projets de recherche et
développement en collaboration avec différentes équipes et sur des champs aussi
divers que l’ingénierie de l’évaluation, la didactique ou l’accrochage scolaire (Gilles,
2002; Gilles et al., 2007a; Gilles et Renson, 2009; Gilles et al., 2009; Crahay et Monseur,
2008; Plunus et al., 2008). L’approche qualité que nous proposons constitue un mode
d’appréhension des réalités perçues par les acteurs, qui peut être assimilé à un para-
digme au sens de Kuhn (1983) : « un ensemble de croyances, de valeurs reconnues et
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
2. L’intitulé de ce groupe spécial d’intérêt est Grassroots Community & Youth Organizing for Education Reform(SIG #172). Pour plus d’information, consulter la page Web www.annenberginstitute.org/AERA.
3. Pour plus d’information sur les communications proposées lors du colloque « Alliances éducatives », consulterla page Web http://rire.ctreq.qc.ca/repertoires/?id=56.
de techniques qui sont communes aux membres d’un groupe donné ». Cette
approche commune présente aussi l’avantage souligné par Raynal et Rieunier (1997,
p. 231) de servir de point de ralliement à une communauté : « En partageant l’infor-
mation en son sein, cette communauté renforce sa cohésion intellectuelle et
sociale… » Trouvant son origine dans les recommandations de la norme interna-
tionale ISO 9004-2 pour les systèmes de qualité4, le paradigme proposé constitue un
outil facilitant les analyses et les interactions entre acteurs d’horizons très différents.
Il repose sur deux cadres de référence et sur quatre facteurs clés à prendre en consi -
dération dans toute alliance éducative. Ces quatre facteurs clés sont les suivants : un
ensemble de besoins exprimés par les acteurs; un corpus scientifique reprenant des
principes et des pratiques dont l’efficacité est validée; des modèles théoriques qui
donnent de la cohérence aux interventions des acteurs; des ressources humaines et
matérielles nécessaires à la mise en place de solutions. Selon nous, des alliances
éducatives de qualité, qu’elles se situent au niveau micro, méso ou macro, devraient
prendre en compte ces quatre facteurs clés de manière cohérente et simultanée. Ces
facteurs clés subissent également l’influence d’éléments positionnés sur deux cadres
en toile de fond : le premier, de nature axiologique, concerne les valeurs véhiculées
dans le système, tandis que le second est contextuel et concerne une série de va -
riables organisationnelles, socioéconomiques, historiques et culturelles qui déter -
minent l’état de l’environnement, au sens large du terme, dans lequel les alliances
éducatives se mettent en place.
Conclusion
Au départ d’une revue des facteurs de risque liés au décrochage scolaire, nous
avons illustré le caractère multidimensionnel du phénomène et, aux origines du
décrochage, les facteurs scolaires tels que l’étiquetage du mauvais élève ou le climat
scolaire sont prédominants.
Dans ce contexte, les enfants en proie à de grosses difficultés d’apprentissage ou
qui présentent des problèmes de comportement sont souvent mis à l’écart et réo -
rientés vers des classes séparatives (par exemple les « classes relais » en France, les
« services d’accrochage scolaire » en Communauté française de Belgique) pour des
périodes plus ou moins longues. Même si les intentions sont louables (par exemple
fournir un accompagnement individualisé), ces jeunes exclus du parcours scolaire
«normal » subissent un processus de stigmatisation et d’étiquetage qui peut
entraîner une baisse de l’estime de soi. L’exclusion risque également d’augmenter les
probabilités d’une spirale négative de dévalorisation de l’estime de soi avec à la clé
une augmentation de l’absentéisme. À l’inverse, des relations de soutien et de valori-
sation à travers des activités où les élèves à risque connaissent le succès sont de
nature à restaurer leur estime de soi et à favoriser un accrochage scolaire. L’école
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
4. Gestion de la qualité et éléments de système qualité – Lignes directrices pour les services.
peut donc aussi, dans certains cas, être un lieu de protection et d’insertion ultérieure
dans la vie d’adulte pour des élèves à risque.
Aujourd’hui, les structures séparatives transitoires sont fortement remises en
question, notamment au regard du paradoxe qu’elles présentent : exclure l’élève de
l’école régulière pour mieux l’inclure ensuite. Cependant, elles offrent des occasions
de reconstruction du jeune en souffrance dont les besoins spécifiques peuvent être
pris en compte dans ce genre de structure. Les pédagogies qu’on y pratique sont
généralement plus actives, différenciées et individualisées. Mais, à côté de l’ap-
proche scolaire décrite, une approche communautaire émerge depuis une quinzaine
d’années. Le phénomène du décrochage scolaire est en effet multifactoriel et à
chaque facteur correspond une catégorie d’acteurs qu’il convient de mobiliser en
synergie avec d’autres acteurs, au cas par cas, en fonction des caractéristiques de la
situation du jeune en décrochage. Un traitement efficace du phénomène nécessite
donc une approche communautaire, globale, systémique qui, selon nous, inclut l’ap-
proche scolaire.
Ce type d’approche communautaire implique des « alliances éducatives » entre
de nombreux acteurs venant de mondes aussi différents que ceux de la justice, de la
santé, du travail social, des entreprises et de l’école. Cette approche se développe
particulièrement aux États-Unis et au Canada, surtout au Québec où son impact
positif sur la diminution du décrochage scolaire a été démontré (Perron et Veillette, à
paraître). Quelles sont les lignes de force de ces alliances éducatives mises en place
dans une approche communautaire? Quelles grilles de lecture communes offrir aux
acteurs d’une approche communautaire en vue de les aider à décoder la complexité
des situations qu’ils sont amenés à traiter? Sur quels éléments communs amener les
analyses et les comparaisons? Sur quelles bases peut-on juger de la qualité des
alliances éducatives et réguler celles-ci? En réponse à ces questions, nous offrons un
paradigme de l’approche qualité reposant sur la prise en compte de quatre facteurs
clés : les besoins des acteurs; le corpus scientifique sous-jacent au domaine du
décrochage scolaire; les ressources matérielles et humaines disponibles; les modèles
théoriques qui amènent de la cohérence dans les actions entreprises. Enfin, ces fac-
teurs clés doivent être reliés à des éléments de cadrage en toile de fond : le premier
cadre est de nature axiologique et concerne les valeurs du système qui influeront sur
les actions des acteurs et le second concerne les éléments de contexte. Mieux vaut
prévenir que guérir dans ce cas également. Et, de notre point de vue, c’est de l’analyse
des alliances éducatives dans une approche communautaire intégrant l’approche
scolaire que devraient émerger, à terme, les conditions de succès et les modalités
d’une prévention efficiente et systémique du décrochage scolaire.
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Accrochage scolaire et alliances éducatives: vers une intégration des approches scolaires et communautaires
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