Le CLAS: Une piste pour l’accrochage scolaire? · 2017-01-12 · Accrochage scolaire et alliances...

Communication Salies de Béarn

15 Novembre 2016

Le CLAS: Une piste pour l’accrochage

scolaire?

Alice ANTON PHILIPPONDoctorante en Sciences de l’éducation sous la direction de C.Blaya

Université Nice Sophia AntipolisLaboratoire URMIS

Formatrice/Cadre Pédagogique ITS de Pau

Le décrochage scolaire

Définition: « Un jeune qui quitte prématurément un système

de formation initiale sans avoir obtenu de diplôme de niveau V

(BEP ou CAP) ou de niveau supérieur ». (Ministère de

l’éducation nationale).

Quelques chiffres et idées reçues:

En France, environ 140 000 jeunes quittent chaque

année le système scolaire sans aucun diplôme.

Selon Glasman (2004), « les élèves déscolarisés ne sont que la

partie la plus visible de l’iceberg des démobilisés de l’école, les

autres étant des décrocheurs de l’école ».

A. ANTON PHILIPPON 20162

Le décrochage scolaireQuelques chiffres et idées reçues:→Le décrochage scolaire n’est pas un phénomène nouveau. Ala fin des années 1970, près de 200 000 jeunes sortaientchaque année du système éducatif, sans aucun diplôme.→ Le décrochage scolaire n’est pas un problème purementfrançais puisqu’il touche tous les pays. En France: taux moyende 11,6% en 2012 # 13,5% moyenne européenne.Une priorité:→ La prévention du décrochage scolaire est une des prioritésde la Stratégie Europe 2020 et du ministère de l’Educationnationale en France qui souhaite réduire le taux de décrochageà moins de 10%.


Le décrochage scolaire: un problème

complexe

Selon Blaya (2003), le décrochage scolaire est un

problème multifactoriel, résultat d’un long

processus qui trouve son origine dès la petite enfance

et qui atteint son paroxysme autour de l’âge de quinze

ou seize ans.

⇒ Nécessité d’identifier les facteurs de risque de

décrochage scolaire.


Facteurs de risque du décrochage scolaire

Facteurs personnels:

Genre (les garçons décrochent plus que les filles; 20% # 15%).

Difficultés personnelles (troubles du comportement internalisés etexternalisés, faible estime de soi).

Mauvaises habitudes de vie (consommation de toxiques, rythmesinadaptés)

Facteurs familiaux:

Précarité du contexte socioéconomique

Fragilité du tissu familial (familles monoparentales, recomposées,nombreuses)

Inadaptation du rapport à la scolarité (manque d’investissementparental avec un faible soutien, peu d’encouragement, de faiblesattentes scolaires ou au contraire un investissement inadéquat).


Facteurs de risque du décrochage scolaire

Facteurs scolaires:

Qualité du climat scolaire (ambiance scolaire de l’établissementet/ou de la classe).

Qualité des relations professeurs/élèves (sentiment d’enseignantspeu à l’écoute, peu aidants, manquant de clarté dans les règles).

Orientation vers les classes spécialisées de type SEGPA (sentimentde stigmatisation, de marginalisation, d’anormalité des élève)s.

Orientation subie

Ennui à l’école

Facteurs environnementaux:

Difficultés relationnelles avec les pairs (conflits, harcèlement)

Ségrégation sociale, territoriale et scolaire


L’Accrochage scolaire


Définition de l’accrochage scolaire: « L’accrochage scolaire

correspond à l’acquisition par un individu d’au moins un diplôme.

[…] L’accrochage est le résultat d'un parcours constitué de

multiples processus complexes qui contribuent à cette

diplômation ». (Denecheau, 2013).

⇒ L’accrochage scolaire se construit sur plusieurs années

grâce à la combinaison de multiples facteurs de protection.

Facteurs favorisant l’accrochage scolaire

Facteurs personnels:

Estime de soi positive

Habitudes de vie saines chez l’enfant: sommeil, alimentation, activitéphysique.

Facteurs familiaux:

Relation d’attachement avec un adulte signifiant

Cohésion familiale

Soutien à l’encouragement, à l’autonomie

Dialogue entre enfants et parents

Valorisation de l’école

Investissement parental dans la scolarité des enfants


Facteurs favorisant l’accrochage scolaire

Facteurs scolaires:

Climat de classe et d’établissement harmonieux

Relations positives avec ses enseignants

Engagement des parents

Attentes élevées des enseignants et valorisation de l’effort

Croyance en la capacité de réussite de chaque élève

Facteurs environnementaux:

Pratique d’activités périscolaires

Réseau amical solide

Accès à des ressources communautaires (ex: médiathèque)

Valorisation de l’école par la communauté entière


Contexte de l’accompagnement à la scolarité

1989: le code de l’éducation pose le principe de partenariat avecles familles.

A l’instar du célèbre proverbe africain: « Il faut tout un villagepour élever un enfant », les recherches montrent que lacollaboration entre l’école, la famille et la communauté aboutit àdes résultats plus efficaces dans l’éducation des jeunes (Epstein,1995) → importance d’une approche globale de l’espace éducatif(Francis & Join-Lambert, 2010).

2001: Accompagnement à la scolarité intégré dans la Charteinterministérielle → actions centrées hors du temps scolaire surl’aide aux devoirs et des apports culturels nécessaires à la réussitescolaire.


Définition de l’accompagnement à la

scolarité C’est « l’ensemble des actions visant à offrir aux côtés de l'Ecole

l'appui et les ressources dont les enfants ont besoin pour leurréussite scolaire, appui qu'ils ne trouvent pas dans leurenvironnement familial et social. Ces actions, qui ont lieu en dehorsdes temps de l'Ecole, sont centrées sur l'aide aux devoirs et lesapports culturels nécessaires à la réussite scolaire. Ces deux champsd’intervention, complémentaires, à vocation éducative, contribuentà l’épanouissement personnel de l’élève et à de meilleures chancesde succès à l’Ecole" (Charte nationale de l'accompagnement à lascolarité, 2001).

Quelques chercheurs en France se sont intéressés à l’évaluation deces dispositifs (Glasman, 2001; Glasman et Besson, 2004 ; Piquée2001; Rayou, 2009; Suchaut, 2007).


Les effets des dispositifs d’accompagnement

à la scolarité

Pas d’effet massif sur l’amélioration des résultats scolaires: les

performances scolaires ne semblent pas massivement être

améliorées par la fréquentation de ces dispositifs.

Hypothèse: Ce constat peut s’expliquer par le fait que si les

élèves s’acquittent de leurs obligations scolaires en faisant leurs

devoirs, ce n'est pas pour autant que ces derniers sont compris

→ écart entre les devoirs qui sont faits et les leçons qui ne sont pas

toujours sues (Glasman et Besson, 2004).


Les effets des dispositifs

d’accompagnement à la scolarité

Des effets positifs sur l’apprentissage du « métier d'élève »

notamment pour les élèves les plus en difficultés, les

redoublants et ceux issus d’un milieu social très modeste qui

tirent davantage de bénéfices de ces dispositifs (Piquée, 2001,

2003; Piquée et Suchaut,2002).

Des effets accentués quand les parents s’investissent même peu

fréquemment dans le dispositif d’accompagnement à la

scolarité (Suchaut, 2007) .



à la scolarité

Des effets positifs concernant la socialisation de l’élève qui se

traduisent par une amélioration du "comportement" davantage en

adéquation avec les attentes de l’école et avec le « métier d’élève ».

→ Effets positifs sur la vie de l’élève dans le groupe de pairs

(attitudes dans le groupe, échanges avec les camarades)

→ Effets positifs sur son rapport au travail scolaire grâce à

l’acquisition de gestes quotidiens (préparer son cartable,

regarder son cahier de textes, faire ses devoirs).



à la scolarité

Des effets positifs sur l’estime de soi et le sentiment de compétence des

enfants par:

Une compensation du manque de relation ressentie en milieu

scolaire. Au sein des dispositifs, l’enfant se sent « écouté »,

« respecté », dans un contexte où le « dialogue » est possible entre

les différents membres du dispositif. (Glasman & Besson, 2004)

Une valorisation des enfants dans d’autres activités que celles

évaluées d’un point de vue scolaire (Bandura, 1997).

⇒ L’estime de soi et le sentiment de compétence renforcent lamotivation et la santé psychique, favorisant ainsi les progrès, la réussite

scolaires et l’insertion socioprofessionnelle (Blaya, Gilles, Plunus,

Tièche-Christinat, 2010).


Qu’en est-il plus précisément du dispositif CLAS?

Le dispositif CLAS, par son approche centrée sur l’enfant et non surl’élève peut (re)donner confiance et estime de soi à un enfant qui sesent momentanément ou de façon plus persistante, isolé, incompris,en difficulté au sein du milieu scolaire.

Le dispositif CLAS peut permettre d’être un sas qui assure latransition entre l’école et la famille, permettant à l’enfant d’êtreaccompagné dans ses devoirs et réduisant ainsi les risques de conflitsautour du travail scolaire.

Le dispositif CLAS peut offrir aux jeunes qui en bénéficient uneouverture sur le monde culturel, artistique, sportif qui leur faitparfois défaut à la maison.

Le dispositif CLAS peut aider l’élève à comprendre commentorganiser son travail scolaire et être en adéquation avec les attentesde l’école.


Qu’en est-il plus précisément du dispositif CLAS?


Des parents interrogés dans une récente étude menée par la CNAF(2016) corroborent ces résultats. Ils se déclarent satisfaits par ledispositif CLAS, qui selon eux, aide leur(s) enfant(s):

dans les matières scolaires qui leur posent problème,

à s’organiser et à se concentrer en classe,

à apprendre en s’amusant,

à se sentir plus à l’aise en classe,

à intégrer les règles scolaires.

Les élèves de fin d’école primaire et de collège qui fréquententvolontairement les dispositifs d’accompagnement à la scolaritésoulignent qu’ils sont un lieu plus propice au travail quel’espace familial et regrettent parfois de ne pas pouvoir enbénéficier plus longuement (Francis & Join-Lambert, 2010).

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Conclusion


En agissant sur la réduction des conflits entre enfants et

parents autour de la question des devoirs, en favorisant

l’implication des parents dans l’accompagnement à la

scolarité de leurs enfants, en permettant à l’enfant-élève de

comprendre les attentes scolaires, en étant à l’écoute de

l’enfant et en le valorisant dans des domaines autre que la

seule scolarité, le dispositif CLAS peut participer au

processus d’accrochage scolaire de certains enfants,

notamment ceux qui rencontrent le plus de difficultés avec le

monde scolaire.

Bibliographie

Blaya, C. (2010). Décrochages scolaires : L’école en difficulté. Bruxelles: De

Boeck.

Blaya, C., Gilles, JL., Plunus, G., Tièche Christinat, C. (automne 2011).

Accrochage scolaire et alliances éducatives : vers une intégration des approches

scolaires et communautaires. Volume 39, numéro 2.

Denecheau, B. (2013). Étude comparative de l'accrochage scolaire des enfants placés en

France et en Angleterre : La suppléance familiale à l'épreuve de la question scolaire, Th.

univ : sciences de l’éducation, Université Bordeaux Segalen.

Francis, V. & Join-Lambert, H. (2011/2). Accompagnement de la scolarité des

enfants et soutien aux parents dans les programmes de réussite éducative. Nouvelle

revue de psychosociologie, n° 12, p. 113-127.

Glasman, D. (2000). Le décrochage scolaire : une question sociale et

institutionnelle, in Le décrochage scolaire : une fatalité ?, VEI enjeux, n°122.

Glasman D., Besson L. (2004). Le travail des élèves pour l'école en dehors de

l'école. Rapport pour le Haut conseil de l'évaluation de l'école. Paris.


Glasman, D. & Oeuvrard, F. (2004). La déscolarisation, Paris, La Dispute.

Moeneclaey J. (2016). Evaluation des Contrats locaux d’accompagnement à la

scolarité (Clas). CNAF/DSER, Dossier d’étude n°186.

Peillon, V. Conférence de presse du 29/08/2012 [en ligne] disponible sur :

http://www.education.gouv.fr/cid61272/annee-scolaire-2012-2013-dossier-

de-rentree.html#25

Piquée, C. (2001). Gérer les inégalités de réussite à l'école primaire : public,

modes de fonctionnement et efficacité pédagogique des dispositifs

d'accompagnement scolaire. Thèse de doctorat de Sciences de l'Education,

Université de Bourgogne. Piquée C. (2003). Public, modes de fonctionnement

et efficacité pédagogique de l'accompagnement à la scolarité. Ville-Ecole-

Intégration, N°132, Mars 2003.


Bibliographie

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http://www.education.gouv.fr/cid61272/annee-scolaire-2012-2013-dossier-de-rentree.html

Bibliographie


Piquée, C., Suchaut B. (2002). Efficacité pédagogique d’une action

d’accompagnement scolaire : l’évaluation du « Coup de pouce de Colombes ».

Rapport pour l’A.P.F.E.E., Mars 2002, 80p.

Suchaut, B. (2008). Accompagnement à la scolarité et réussite éducative.

Intérêts et enjeux de l’évaluation. ”Deuxième rencontre de l’accompagnement

à la scolarité et de l’édition éducative”, Université Paris X Nanterre, Sep 2007,

Paris, France. p.70-73.

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