Synthèse de l'enquête sur la filière de la traduction Trad Online KdzID
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Transcript of Synthèse de l'enquête sur la filière de la traduction Trad Online KdzID
Enquête 2008 auprès des traducteurs indépendants
Synthèse des résultats (en complément des résultats détaillés de l’enquête présentés dans un document annexe)
(disponible sur simple demande) 01 décembre 2008
Mathieu Maréchal
Directeur général et gérant majoritaire de Trad Online
www.tradonline.fr
Vincent Rivalle
Associé minoritaire de la société Trad Online et consultant indépendant, entreprise KDz’ID
www.kdzid.com
ENQUETE-TRADUCTEURS / ENQUETE 2008 AUPRES DES TRADUCTEURS INDEPENDANTS / RESULTATS
Synthèse-enquete-filière-traduction.docx / 30 novembre 2008 2/10
S O M M A I R E
1. Préalable 3
2. Pourquoi une telle enquête ? 3
3. Méthodologie 3
4. Réponses obtenues 4
5. Synthèse 5
ENQUETE-TRADUCTEURS / ENQUETE 2008 AUPRES DES TRADUCTEURS INDEPENDANTS / RESULTATS
Synthèse-enquete-filière-traduction.docx / 30 novembre 2008 3/10
1. Préalable
Cette synthèse n’engage que ses auteurs. Nous avons souhaité aller un cran plus loin
qu’un simple commentaire à plat des nombreux résultats obtenus (chiffrés ou contenus
dans les réponses aux questions ouvertes).
Mais nous avons aussi tenu à limiter la diffusion de notre propre analyse pour laisser
place aux échanges les plus libres et fructueux.
2. Pourquoi une telle enquête ?
Un constat a été à l’origine de la décision de mener cette enquête :
- La filière de la traduction en France et en Europe est très méconnue et pour ainsi dire
très peu étudiée ni répertoriée en tant que telle.
- La bonne santé de la filière repose sur deux acteurs principaux : les sociétés (ou
agences) de traduction et les traducteurs (indépendants en grande majorité).
Précaution : l’enquête cible la filière de la traduction dite technique. Le secteur de la
traduction littéraire n’est pas régi par les même règles et pratiques (ex. les droits
d’auteurs). L’interprétariat n’est pas non plus étudié, même si certains professionnels ont
une double expertise et proposent leurs services à la fois de traducteur et d’interprète.
Une ambition : appréhender la situation actuelle de la filière de la traduction technique
sous l’angle de la relation entre traducteurs indépendants et agences de traduction.
Cet état des lieux est un premier matériau permettant d'initier une meilleure connaissance
de ce secteur.
Notre ambition, au-delà de cette première enquête, nécessairement limitée, est
réellement de renforcer les liens entre les agences et les traducteurs et de contribuer à la
connaissance et reconnaissance de la filière auprès des entreprises et institutions.
Note : La question des tarifs n'est pas abordée. Cette question a été abordée dans la
dernière enquête de la SFT parue mi-novembre 2008, dont certaines données confirment
les enseignements recueillis dans notre enquête.
3. Méthodologie
Le questionnaire a entièrement été administré en ligne. Composé de 52 questions, il a
été adressé par email au mois d’octobre 2008 à environ 1400 traducteurs indépendants
dont le français est une des langues de travail (source, cible).
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Les traducteurs interrogés ont été identifiés auprès de ressources professionnelles (sites
personnels et professionnels, listes de traducteurs agréés, forums en ligne, places de
marché en ligne,…).
4. Réponses obtenues
410 réponses de traducteurs ont été reçues soit près de 30% des répondants (sur une
population déclarée d’environ 8000* traducteurs en France en 2003).
*Source : Gouadec et CIDJ
320 réponses complètes et 90 partiellement ou pas tout renseignées.
Les résultats rassemblés dans cette étude sont donc le reflet de la réalité vécue au jour le
jour par plus de 300 traducteurs indépendants.
Toutes les réponses recueillies sont de l’ordre du déclaratif.
Le questionnaire a permis une large expression à travers 11 questions ouvertes et 12
zones marquées « autre ». Le matériau reçu (verbatim) est extrêmement riche et dense
(environ 45 pages recto-verso).
Une synthèse est proposée tout au long de ce document et permet de compléter
certaines réponses.
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Synthèse-enquete-filière-traduction.docx / 30 novembre 2008 5/10
5. Synthèse
La filière de la traduction : une filière « hyper-morcelée » et au cœur des enjeux actuels.
Enjeu de création d'emploi : création de son propre emploi
Enjeu technologique : l’importance de l’apport des outils basés sur le web et le
développement constant de solutions d’aide à la traduction (mémoires de
traduction, etc.) ou de traduction automatique
Enjeu de pérennité des entreprises françaises : des agences de traduction de
très petite taille qui ont du mal à grandir
Enjeu de croissance rentable et durable : un déterminant marché qui s’oriente
de plus en plus sur les prix et par conséquent, des marges qui se réduisent.
Enjeu de positionnement face à la mondialisation, un effet à double
tranchant :
o une opportunité (commercialisation, coûts de production)
o une contrainte : arrivée de la concurrence située dans des pays à faible
coût.
Enjeu d’animation de la filière : des acteurs isolés, peu visibles et peu soutenus
par les différents acteurs économiques français (étatiques ou privés), sans
véritable dynamique collective de représentation et de défense de la filière.
L’enquête est ici centrée sur la situation et la vision des traducteurs indépendants
traduisant de et vers le français. Une population de professionnels, composée de
personnes isolées physiquement et interconnectées par le Web. La traduction dite
« littéraire » n’est pas abordée dans cette enquête, étant basée sur un modèle
économique différent de la traduction dite « technique », cette dernière ayant comme
clients finaux les entreprises et prenant en charge tout type de document (rapports,
plaquettes, descriptions de produits, questionnaires, modules de formation,..), le contenu
de sites internet, …
La filière est constituée par les acteurs suivants :
les traducteurs indépendants,
les agences de traduction, entre 3 et 8 salariés pour la structure « standard »,
assurant une fonction commerciale, de gestion de projet et, pour les plus
importantes, ayant quelques traducteurs salariés en interne,
les éditeurs de logiciel (TAO = traduction assistée par ordinateur, mémoires de
traduction, correction,..)
les plateformes en ligne spécialisées de mise en relation agences<->traducteurs
et clients<->traducteurs ou agences.
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Un lien entre les traducteurs indépendants et les agences très important :
68% des répondants obtiennent 2/3 de leur CA auprès d’agences de traduction.
Plus de 50% des traducteurs répondants n’ont jamais de clients finaux en direct.
Un des maillons essentiels de la filière se situe au niveau de la relation entre les agences
et les traducteurs.
Les traducteurs professionnels : une population très largement composée
d’indépendants
Un statut d’indépendant revendiqué, assumé et recherché :
4% des répondants seulement souhaitent trouver un poste de salarié en entreprise,
3% seulement envisagent de se lancer dans la création d’une agence de traduction.
Une filière représentative de l’évolution actuelle de la structuration du marché de l’emploi :
la création de son propre emploi, le statut d’auto-entrepreneur,…
Les sources étant très peu nombreuses et fiables, on estimait (source Gouadec) en 2001
à plus de 8000 le nombre de traducteurs indépendants déclarés et à 700, le nombre
d’agences de traductions (pouvant être unipersonnelle).
Les agences de traduction sont de très loin les premiers clients/apporteurs
d’affaires des traducteurs indépendants.
Plus de la moitié des traducteurs interrogés n’ont jamais de contact avec le client final, et
le CA enregistré par les traducteurs provient en très grande partie des agences (par
l'intermédiaire des plateformes de mise en relation ou non).
Le fait même d’être indépendant est ressenti comme un frein à la mise en place de
démarches commerciales pertinentes et efficaces en direction des clients finaux. Une
relation directe avec les clients finaux est ressentie comme permettant d'afficher des tarifs
plus élevés que par l'intermédiaire des agences (notion de chiffre d’affaires) et parfois de
mieux comprendre le besoin et le contexte (notion de qualité).
Les autres limites ressenties par les répondants touchent à leur capacité de pouvoir
prendre en charge efficacement des projets de traduction complexes et multilingues. Les
clients recherchent en effet le plus souvent un interlocuteur unique pouvant répondre à
tous leurs besoins de traduction, quels que soient le type de documents et les langues
sources et cibles notamment. Enfin, nombreux sont ceux qui pensent ne pas être
suffisamment outillés (processus et outils commerciaux et marketing) et ne pas connaitre
suffisamment les clients (qui contacter dans l'organisation, où trouver ses coordonnées,
etc.) pour démarcher directement les clients finaux.
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Il semble pourtant que les répondants ne prennent pas, en grande majorité, conscience
de l'importance du rôle de commercialisation pris en charge par les agences. Ce rôle,
pourtant essentiel, semble peu perçu à leurs yeux comme une réelle valeur ajoutée des
agences. La valeur ajoutée qui leur est très largement demandée est d’assurer la qualité
finale de la prestation (qualification précise de la demande, relecture, mise en page,
maîtrise des délais, gestion de projet), et de bien comprendre et transmettre les besoins
du client aux traducteurs.
De plus, une bonne moitié des répondants pense que les agences sont responsables de
la baisse généralisée des prix au mot proposés aux clients.
Le diplôme de traduction n’est pas un sésame pour réussir, sur un plan
commercial, dans le métier de traducteur
50% des répondants possèdent un diplôme de traduction. Seuls 10% des répondants
pensent que la détention d’un diplôme peut être un facteur décisif dans une relation
commerciale. 15% des répondants lient le fait d’avoir un diplôme à la capacité d’afficher
des tarifs plus élevés.
En résumé, les répondants pensent que le diplôme n’est pas un facteur clé pour la
réussite commerciale des traducteurs et n’est pas un gage de qualité du traducteur. Le
diplôme est aujourd’hui dans les faits très rarement un préalable au référencement
auprès d’agences et n’est quasiment jamais demandé par les clients finaux dans le cas
d’une relation directe traducteur/client final. Le métier de traducteur n’étant pas
réglementé, un diplôme de traduction n’est pas un préalable à l’exercice de l’activité.
L’importance de la double expérience (autres activités (donc expertise sectorielle) /
traduction) est très souvent soulignée et identifiée comme étant le facteur le plus
important permettant de remporter des projets de traduction.
Enfin, le diplôme est vu certes comme l’acquisition d’une certaine expertise en matière de
traduction mais surtout comme un moyen de se constituer un premier réseau et
d’échanger sur le fond avec les experts du sujet.
Le fait que certaines agences rendent obligatoire le fait d’avoir un diplôme dans leur
processus de référencement des traducteurs est généralement compris sous l’angle d’un
critère « comme un autre » et qui est intuitivement « facile » à mettre en avant par les
agences. Pourtant, une grande majorité des répondants insistent sur le fait que le diplôme
n’est aucunement corrélé à la qualité du traducteur. La connaissance intime du contexte
(expertise sectorielle essentiellement) est très souvent citée comme étant la composante
numéro un de la qualité de la prestation (le préalable, mais faut-il le rappeler, étant de
traduire bien évidemment vers sa langue maternelle).
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Quelles visions de la filière ont les traducteurs indépendants sollicités et comment
caractérisent-ils leur relation avec les agences, leur premier apporteur d’affaires ?
Petit préalable, on retrouve certaines caractéristiques « classiques » d’une filière
composée d’indépendants, isolés de fait et n’étant pas intégrés à ce qui pourrait être
appelé « une dynamique collective de filière » :
30% des répondants disent ne pas avoir d’avis sur la situation actuelle de la
filière,
30% encore disent ne pas savoir si l’organisation de la filière est optimale.
En ce qui concerne la relation traducteur-agence, les informations recueillies sont
intéressantes :
Trois quarts des répondants estiment avoir de bonnes relations avec les agences
de traduction, tout en précisant toutefois qu’ils ont dû faire face à certaines
difficultés avec certaines d’entre elles. Ces difficultés ne sont toutefois pas des
pratiques courantes de la filière et ne concernent qu’un petit nombre d’agences.
18% des répondants décrivent leur relation avec les agences comme étant
mauvaise.
Les mauvaises pratiques rencontrées concernent très largement le non-respect
des délais de paiement (et dans certains cas, le non-paiement) ainsi que des
contraintes fortes et en augmentation sur les délais de réalisation de la prestation
de traduction. La question de la « non-reconnaissance » de la qualité du travail
du traducteur est aussi abordée.
Enfin, les 2 éléments centraux les plus cités qualifiant une bonne relation avec
une agence concernent (et c’est en rapport avec les difficultés rencontrées
énoncées ci-dessus) les délais de paiement et l’obtention d’un retour qualité du
client final, dans une logique d’amélioration continue.
La filière et sa dynamique interne sont critiquées relativement sévèrement par les
répondants, qui affirment pourtant pour la plupart avoir conscience de la difficulté de la
mise en œuvre d’une animation collective d’une filière composée d’un tissu extrêmement
morcelé d’acteurs - les traducteurs indépendants et les très nombreuses petites agences
de traduction.
Ce scepticisme concernant la capacité de la filière à s’organiser (sentiment reposant sur
une analyse factuelle de la situation actuelle et depuis quelques années) se traduit
notamment dans les chiffres suivants : 60% pensent que la filière n’est pas suffisamment
organisée et seulement 11% pensent que la filière est bien animée.
Pourtant, 77% des répondants estiment que la filière doit s’organiser pour promouvoir et
assurer son excellence, mais sur la question du « comment » - la question opérationnelle
donc, la plus épineuse – peu de pistes sont énoncées. Ce besoin est clairement exprimé.
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Il faut pourtant noter que, pour une majorité des répondants (mais de notre point de vue,
heureusement pas la totalité d’entre eux), cette question de la dynamique collective n’est
envisagée qu’entre traducteurs et non pas au niveau de la filière dans son ensemble. En
grossissant un peu le trait, cela pourrait être interprété davantage comme une vision de
défense du métier de traducteur que de défense de la filière de la traduction dans son
ensemble.
La filière française de la traduction souffre de son isolement et de son manque de
visibilité
40% des répondants pensent que la filière se porte bien, 30% sont sans avis et 30%
pensent qu'elle se porte mal.
Les reproches qui apparaissent fréquemment sont les suivants :
un manque de connaissance/reconnaissance du métier de la part des clients,
institutions, acteurs des politiques publiques,
un manque de réglementation,
un manque criant de collaboration entre acteurs,
et aussi un sentiment généralisé que les agences de traduction tirent les prix à la
baisse.
La technologie, au cœur de l’évolution du marché de la traduction
Deux évolutions majeures sont apparues au cours des 10 dernières années :
1. Les outils d’aide à la traduction, suivis aujourd’hui par de nombreux projets
(soutenus par des financements importants de R&D, en forte croissance) visant à
l’élaboration d’outils de traduction performants.
2. La naissance des plateformes de mise en relation des acteurs de la traduction et
supports de présentation et commercialisation pour les traducteurs.
Les outils et moyens de communication actuels ont aussi modifié en profondeur la filière
et les modes de relation entre les différents acteurs. Enfin, les récentes initiatives en
matière de mémoires de traduction et de leur mise en commun doivent être analysées
avec précision.
Les répondants ne considèrent pourtant pas les avancées de la traduction automatique
comme une menace à horizon 5 ans.
Commentaire de notre part : angélisme, ignorance, réalisme ?
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Synthèse-enquete-filière-traduction.docx / 30 novembre 2008 10/10
Une « aire de jeu » sans limite
Avec l’arrivée des plateformes spécialisées en ligne de mise en relation, la zone de
contact d’un traducteur est illimitée. Cette évolution leur a permis de trouver des clients
hors des frontières sans limite géographique (seuls 15% des traducteurs se limitent au
niveau local/national pour trouver des clients agences ou clients finaux).
La mondialisation a ici encore des effets contradictoires sur la filière :
un accroissement du marché global de la traduction, qui se traduit dans cette
enquête par 56% des répondants annonçant une hausse de leur CA sur les 5
années passées (14% seulement déclarant le contraire),
mais une offre en provenance des pays à faible niveau de vie qui tire les prix vers
le bas (pourtant, 53% des répondants expriment leur confiance dans la capacité
de la filière à résister à la baisse des tarifs et à l’arrivée de solutions basées en
« offshore » grâce en grande partie à la qualité, voire, mais c’est une solution
rarement évoquée, à l’aide de la réglementation et des normes),
une ouverture sur des clients partout dans le monde,
mais un risque accru concernant les délais de paiement et non-paiement avec un
recours juridique plus difficile à mobiliser à l’international.