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Projet de recherche Réussir : 15 constats révélateurs sur l’impact
des activités d’engagement civique chez les jeunes de niveau
secondaire au Québec
Rapport préparé par
Frédérick L. Philippe, Ph.D
Professeur agrégé
Département de psychologie
Université du Québec à Montréal
13 Décembre 2019
PROJET RÉUSSIR
2
RENSEIGNEMENTS
Rapport préparé et rédigé par
Dr. Frédérick L. Philippe, Ph.D
Professeur agrégé
Département de psychologie
Université du Québec à Montréal
514-987-3000 #5098
elaborer.org
reussir.elaborer.org
Description de l’organisation :
Le Laboratoire de Recherche sur les Émotions et les Représentations (ELABORER) est situé au
département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal. ELABORER s’intéresse au
développement des représentations cognitives complexes chez les adolescents, notamment celles
en regard des idéologies, de l’engagement civique et de la citoyenneté.
Équipe de recherche :
• Stéphane Dandeneau, Ph.D, professeur au département de psychologie, Université du Québec
à Montréal
• Anne-Sophie Denault, professeure au département des fondements et pratiques en éducation,
Université Laval
• Marie-Claude Geoffroy, professeure au Department of Educational and Counselling
Psychology, McGill University
• Frédérick L. Philippe, Ph.D, professeur au département de psychologie, Université du Québec
à Montréal
• François Poulin, Ph.D, professeur au département de psychologie, Université du Québec à
Montréal
• Jean Robitaille, M.Sc, co-chercheur de la communauté au projet Réussir, Alliance pour
l’engagement jeunesse
3
Problématique
L’engagement civique reflète les actions individuelles ou collectives effectuées dans le but
d'améliorer les conditions des autres et le futur de sa communauté (Adler & Goggin, 2005).
L’Alliance pour l’engagement jeunesse précise qu’il peut s’agir de la pratique de toute activité se
rapportant aux valeurs de Démocratie (ex., la défense des droits humains, des minorités),
d’Écologie (ex., la protection de l’environnement, le recyclage), de Solidarité (ex., l’aide aux
autres en difficulté, le bénévolat) ou de Pacifisme (ex., paix dans le monde, lutte contre
l’intimidation) (Alliance pour l’engagement jeunesse, 2015). Le développement de l’engagement
civique chez les jeunes correspond depuis un certain temps à un des axes prioritaires visés par les
Politiques jeunesse des Gouvernements du Canada et du Québec (Secrétariat à la jeunesse, 2015).
En ce sens, depuis quelques années, les écoles secondaires implantent certains programmes axés
sur l’engagement civique et des organismes communautaires offrent des ateliers d’éducation ou
des activités civiques dans les écoles (ex. nos partenaires de l’Alliance, Amnistie internationale,
Oxfam-Québec, Fondation Monique-Fitz-Back, EVB-CSQ). Ces initiatives sont importantes
puisque les activités civiques favoriseraient une meilleure réussite scolaire, un meilleur bien-être
et une relève de citoyens engagés dans leur milieu (Astin & Sax, 1998; Davila & Mora, 2007).
Cependant, nos partenaires se questionnent sur l’impact réel de ces programmes et activités, car
ils n’ont jamais fait l’objet d’une évaluation formelle auprès des élèves du secondaire. Bien que
les gouvernements provinciaux et canadiens promeuvent l’engagement civique, l’impact des
activités civiques chez les jeunes Canadiens et Québécois est très peu documenté. Est-ce que la
promotion d’activités civiques auprès des adolescents est un levier d’action efficace dans le
développement des jeunes d’aujourd’hui et de leur citoyenneté ? L’objectif principal de la
présente recherche était d’évaluer l’impact de la participation à des activités civiques chez les
élèves du secondaire sur leur réussite éducative au fil du temps et leur développement en tant que
futur citoyen engagé.
En collaboration avec l’Alliance pour l’engagement jeunesse, la présente recherche est née
afin d’identifier comment des pratiques éducatives axées sur l’engagement civique favorisent la
réussite scolaire, en plus d’examiner les caractéristiques de ces activités qui sont les plus
bénéfiques. Nous avons également commencé à mettre en lumière certains obstacles pouvant nuire
à l’engagement civique des adolescents dans le milieu scolaire. Les objectifs spécifiques étaient :
1) D’identifier si les activités civiques organisées entreprises à long terme (sur le cours d’une
année scolaire) ou ponctuelles (ex. prendre part à une marche pacifique soutenant une
cause) pouvaient avoir un impact sur la réussite éducative,
2) De dégager les pratiques exemplaires en ce sens et déterminer si certaines activités ou la
façon d’entreprendre ces activités peuvent avoir un impact plus bénéfique,
3) D’identifier les obstacles personnels et sociaux pouvant faire obstacle à la participation des
jeunes à des activités civiques.
4
Nous discutons de ces résultats en formulant des recommandations et stratégies concrètes
visant à soutenir les politiques jeunesse futures et sur lesquelles les commissions scolaires, les
écoles, les intervenants scolaires et les parents pourraient s’appuyer pour favoriser la bonne
réussite de nos adolescents et le développement de leur citoyenneté.
État des connaissances sur l’impact des activités civiques
Certaines études témoignent des effets bénéfiques chez les jeunes de la participation à des
activités d’engagement civique. La participation à de telles activités est associée à un meilleur
bien-être psychologique (ex., moins de symptômes dépressifs, Albenesi et al., 2007; meilleure
estime de soi, Yates & Youniss, 1996), des attitudes prosociales plus importantes (ex., coopération,
tolérance et ouverture aux autres, Chan et al., 2014) et une diminution de comportements à risques
(ex., consommation de tabac, d’alcool et de drogues; Ludden, 2011; Vieno et al., 2007).
L’engagement civique à l’adolescence est également relié à un plus grand engagement civique à
l’âge adulte (Finlay & Flanagan, 2013), engendrant ainsi des citoyens plus impliqués dans leur
communauté (Balsano, 2005; Flanagan & Levine, 2010; Gaventa & Barrett, 2012). De plus,
certaines études soulignent que l’engagement civique au secondaire est associé à la persévérance
et la réussite scolaires (Schmidt et al., 2007). Ces études sont toutefois transversales, ce qui
empêche de déterminer la direction de l’effet. Par exemple, il est possible que les élèves qui
réussissent déjà bien à l’école soient ceux qui décident de s’impliquer dans des activités civiques.
Le fait de promouvoir ces activités à l’école n’aurait alors pas d’effet sur la persévérance et la
réussite scolaires. À l’inverse, faire la démonstration de façon longitudinale qu’une participation
accrue dans des activités civiques améliore la réussite scolaire au fil du temps constituerait un
appui à l’investissement de ressources dans les écoles en vue de promouvoir les activités civiques.
Plusieurs études longitudinales ont examiné l’effet de la participation à différentes activités
organisées (culturelle, sportive, bénévolat) sur la réussite scolaire, mais sans différencier l’impact
des activités civiques des autres activités (pour une revue, voir Feldman & Matjasko, 2012). À
notre connaissance, seule l’étude de Davila et Mora (2007) a examiné le lien longitudinal entre
l’engagement dans des activités civiques spécifiques et la persévérance et la réussite scolaires.
Cette étude a démontré que l’engagement dans un gouvernement étudiant à l’école secondaire et
dans des services communautaires (volontaires ou à l’intérieur d’un cursus scolaire) prédisait une
augmentation des résultats scolaires dans diverses matières, l’obtention du diplôme d’études
secondaires quatre ans plus tard et l’obtention d’un diplôme universitaire de 1er cycle (collège
américain). Cependant, la participation à d’autres types d’activités, telles que des activités
sportives, artistiques ou culturelles, n’a pas été prise en compte et donc l’effet des activités civiques
n’a pu être isolé de l’effet possible de ces autres activités organisées. De plus, l’étude de Davila et
Mora a été menée aux États-Unis avec le système d’éducation américain, qui peut inclure des
cursus scolaires avec des services communautaires obligatoires. Qu’en est-il au Québec ? Quels
sont les effets associés à l’offre d’activités civiques par les partenaires de la communauté
québécoise dans nos écoles secondaires? Trois questions de recherche spécifiques ont été co-
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construites avec nos partenaires et répondues de par une vaste enquête auprès de plus de 1 600
élèves du secondaire.
Question 1 : Quel est l’impact des activités civiques offertes par les écoles et les organismes
communautaires sur la réussite éducative des élèves?
Plusieurs élèves participent à diverses activités civiques, organisées à long terme (ex.
bénévolat hebdomadaire) ou ponctuelles (atelier sur l’intimidation), que celles-ci soient offertes
par les écoles sur l’heure du midi ou en parascolaire ou par les partenaires de la communauté. Par
exemple, chaque année, l’Alliance pour l’engagement jeunesse organise des journées #Onsengage
à l’intention de plus de 600 élèves du secondaire dans les régions du Québec. Ces journées
fournissent aux élèves des outils leur permettant de s’engager dans un projet civique dont
l’Alliance assure un suivi au cours de l’année scolaire dans chacun des établissements participants.
Amnistie internationale propose des actions en faveur des droits humains à plus de 200 Groupes
Jeunes que l’organisme soutient dans les écoles secondaires du Québec. Chaque année, 5 000
jeunes participent à la Marche-Monde organisée par Oxfam-Québec visant à dénoncer les
inégalités sociales. Cette 1ère question permettra d’étudier les effets associés à l’engagement des
élèves dans des activités civiques entreprises tout au long de l’année scolaire ou ponctuelles, sur
leur réussite scolaire. Les activités les plus bénéfiques pourront être identifiées, permettant ainsi
aux organismes communautaires et aux écoles de s’y concentrer. La participation des élèves à
d’autres types d’activité (sportives, artistiques, culturelles, etc.) sera également mesurée afin de
prendre en compte les effets de ces activités et de les comparer à l’effet des activités civiques.
Question 2 : Quelles sont les caractéristiques des activités civiques qui facilitent une
meilleure réussite scolaire et de quelle façon promouvoir l’engagement des jeunes dans ces
activités?
Les activités civiques peuvent différer énormément sur plusieurs caractéristiques, comme
le nombre d’heures qui y sont consacrées, la durée de ces activités (un mois ou toute l’année
scolaire), la structure de ces activités, notamment la présence d’adultes ou non durant l’activité ou
leur lieu (à l’école ou dans la communauté). La question est de savoir si les activités civiques
organisées, c’est-à-dire des activités à long terme au cours de l’année scolaire, qui sont répétées
avec une certaine fréquence (ex. une fois par semaine ou une fois par mois), sont aussi bénéfiques
sur le plan de la réussite scolaire que les activités civiques ponctuelles, c’est-à-dire des activités
effectuées une seule fois par année (ex. participer à la Marche Monde, avoir effectué du bénévolat
une journée pour les paniers de noël).
Parallèlement, nous cherchons à mieux connaître la façon dont les jeunes s’engagent dans
ces activités, c’est-à-dire la qualité de leur motivation. Est-ce que les jeunes qui pratiquent ces
activités par plaisir ou parce que ces activités sont cohérentes avec leurs valeurs en retirent
6
davantage de bénéfices que les jeunes qui y participent parce qu’il se sentirait mal de ne pas le
faire ou parce qu’ils sentent une pression à le faire? Cette question de recherche permettra
d’examiner si certaines pratiques (durée des activités, fréquence des activités, façon de motiver les
élèves à y participer) sont plus utiles que d’autres quant à la réussite éducative des jeunes du
secondaire.
Question 3 : Quels sont les obstacles pouvant faciliter ou nuire à la participation des élèves à
des activités civiques ? Du point de vue des élèves et de leurs parents.
Ce ne sont pas tous les élèves qui participent aux activités civiques. En moyenne, 25% des
adolescents rapportent faire du bénévolat régulièrement et 39% être un membre actif d’un groupe
ou d’une association communautaire (Keeter et al., 2003). De plus, les élèves issus de
l’immigration et de milieux défavorisés, et les garçons, sont ceux qui pratiquent le moins
d’activités reliées à l’engagement civique (Foster-Bey, 2008). Quels sont les facteurs individuels
(ex., attitudes face aux activités civiques de l’élève) ou sociaux (ex., attitudes civiques des parents)
faisant obstacle à la participation civique ? Le présent projet de recherche a examiné cette question
sous deux angles, soit selon la perspective des élèves et selon celle de leurs parents.
Méthodologie
Participants et procédure. Un total de 1 650 élèves (1 049 filles, 601 garçons) du
secondaire I à V provenant de 16 écoles de diverses régions du Québec ont été recrutés pour
répondre à un questionnaire papier ou en ligne. Leur âge moyen était de 14.21 ans (E-T = 1.45
ans). De ce nombre 1 035 nous ont donné accès à leur bulletin de notes scolaires et ce dernier a pu
être obtenu auprès de leur école. En tout, 750 élèves avaient des notes de l’année précédente et de
l’année actuelle, permettant ainsi d’examiner l’augmentation des notes scolaires au fil du temps.
Les élèves en 1ère secondaire n’avaient pas de notes de l’année précédente, car ils étaient au
primaire. Les directions des écoles ont d’abord été contactées afin d’obtenir leur collaboration à
participer à notre étude. Certaines écoles où intervenaient nos partenaires ont été retenues. D’autres
écoles ont été aléatoirement choisies par notre équipe de recherche. Les écoles intéressées à
participer à la recherche pouvaient alors identifier un ou plusieurs intervenants scolaires pouvant
se charger de la passation des questionnaires à leurs élèves. Les intervenants prenaient alors contact
avec nous et recevaient la formation et les instructions nécessaires pour effectuer la passation des
questionnaires à leurs élèves. Un consentement parental était préalablement envoyé aux parents
sous la forme électronique ou papier réquisitionnant leur autorisation à ce que leur enfant puisse
participer à une étude en classe et à ce que l’équipe de recherche ait accès à leurs bulletins de notes
de l’année précédente et de l’année actuelle. Les élèves, pour lesquels l’autorisation parentale a
été obtenue, complétaient le questionnaire en classe en format papier ou dans la salle informatique
de l’école pour la version en ligne. Les élèves étaient libres de participer ou non à l’étude. Les
questionnaires étaient complétés en cours d’année entre décembre et avril selon la disponibilité
7
des écoles. Les bulletins étaient envoyés à notre équipe de recherche par le personnel de la
direction des écoles à la fin de l’année pour l’année actuelle et l’année précédente.
Mesures
Activité civique organisée. Des instructions tirées de Denault & Poulin (2009)
expliquaient aux élèves ce qu’était une activité civique, c’est-à-dire une activité qu’ils pratiquent
et qui touche aux valeurs de Démocratie (ex., la défense des droits humains, des droits des
minorités, activités contre la discrimination, la bonne tenue d’élections), d’Écologie (ex., la
protection de l’environnement, le recyclage, etc.), de Solidarité (ex., l’aide aux autres en difficulté,
bénévolat) ou de Pacifisme (ex., sur la paix dans le monde, l’arrêt de la guerre). Les élèves
indiquaient s’ils pratiquaient durant la présente année scolaire (depuis septembre) une telle activité
ou s’ils allaient en pratiquer une (jusqu’à juin) et la décrivaient en détails. Ils indiquaient ensuite
depuis quand ils pratiquaient cette activité (depuis le début de l’année ou avant et sinon depuis
quand) et s’ils allaient pratiquer cette activité jusqu’à la fin de l’année ou sinon à quel mois ils
allaient arrêter. Ils indiquaient également la fréquence à laquelle ils prenaient part à cette activité
(ex. 1 fois par semaine, 1 fois par mois), s’il y avait d’autres jeunes avec eux ou des adultes
lorsqu’ils pratiquaient cette activité et si oui combien. Finalement, les élèves indiquaient les raisons
pour lesquelles ils pratiquaient cette activité. Deux aspects étaient mesurés, soit la motivation
autodéterminée et l’intérêt dû à la présence d’amis. Pour mesurer la motivation autodéterminée, 6
items mesuraient à quel point les élèves pratiquaient cette activité civique :
• pour le plaisir,
• parce que cette activité était en harmonie avec les autres choses qui font partie d’eux,
• parce que cette activité était importante à leurs yeux (raisons autodéterminées),
• parce qu’ils se sentiraient mal de ne pas y participer,
• parce qu’ils ressentent un sentiment presque obsessif à y participer,
• ou pour obtenir des récompenses comme un certificat ou un prix (raisons non
autodéterminées).
Un index d’autodétermination était calculé en faisant la différence entre les motivations
autodéterminées et non autodéterminées. Finalement, les élèves indiquaient, sur quatre items, s’ils
pratiquaient cette activité parce que d’autres amis y participaient ou parce que cette activité leur
permettait de rencontrer d’autres jeunes qui partagent les mêmes valeurs. Tous ces items, de même
que tous les autres présentés ci-dessous (sauf lorsque mentionné comme étant différent) étaient
répondus sur une échelle de type Likert allant de 1 (pas du tout en accord) à 5 (tout à fait en
accord).
Autre activité organisée. Les élèves étaient ensuite questionnés sur leur participation à
des activités autres que civiques, soient des activités sportives, culturelles ou artistiques. Les
8
mêmes questions sur la fréquence et la durée de participation et les raisons de participer étaient
demandées aux élèves. Des juges ont ensuite lu les descriptions des activités civiques et non
civiques des élèves et re-catégorisé, si nécessaire, ces activités selon qu’elles étaient effectivement
civiques ou non et s’il s’agissait bel et bien d’activités organisées ou plutôt d’activités ponctuelles
ou d’actions civiques. Si une activité ponctuelle ou une action civique était inscrite à la place d’une
activité organisée, l’élève était réassigné comme ne participant pas à une activité civique organisée.
Activités civiques ponctuelles. Une liste de 16 activités civiques ponctuelles (participer à
une marche pacifique comme la Marche Monde ou la marche pour le climat, participer à un
congrès de jeune comme celui d’Amnistie internationale, participer à une collecte de fonds, etc.)
était fournie aux élèves. Les élèves cochaient chacune des activités auxquelles ils ont participé au
cours des deux dernières années. La somme de ces activités constituait la mesure d’activités
civiques ponctuelles.
Résultats scolaires. Les notes de l’année précédente et de la présente année ont été
obtenues pour chaque élève. Les bulletins ont été fournis par les directions d’école à notre équipe
de recherche et la moyenne globale en pourcentage a été calculée pour toutes les matières évaluées.
Appartenance envers son école. Un total de cinq items ont été utilisés afin de mesurer
l’appartenance des élèves envers leur école (Janosz et al., 2007, ex. « Je suis fier de faire mes
études à cette école »).
Valeurs intrinsèques. Un total de 6 items tirés de l’échelle de Kasser et Ryan (1993)
mesurant les valeurs intrinsèques et extrinsèques ont été utilisés. Les valeurs intrinsèques se
rapportent à la croissance personnelle, à la contribution à la communauté et aux relations
interpersonnelles profondes. Les valeurs extrinsèques portent sur l’apparence physique, la
popularité et les gains financiers. L’échelle de mesure demandait aux élèves d’indiquer les choses
qui seront importantes pour eux lorsqu’ils seront adultes. Un exemple d’item reflétant des valeurs
extrinsèques est « Avoir assez d’argent pour acheter tout ce que je veux » et un exemple d’item
relatif aux valeurs intrinsèques est « Sentir qu’il y a des gens qui m’aiment vraiment et que
j’aime ».
Comportements civiques actuels. Un total de 20 items représentant des actions civiques
a été utilisé. Les élèves indiquaient sur une échelle allant de 0 (jamais) à 4 (5 fois et plus) à quelle
fréquence ils ont fait différentes actions dans la dernière année, telles que discuter de ce qui se
passe dans l’actualité sociale ou politique, recycler, composter, donner des biens ou des vêtements
à une organisation charitable, etc.
Comportements civiques futurs. Les élèves indiquaient ensuite à quel point il était
probable (1 = pas du tout probable, 5 = très probable) qu’ils fassent différentes actions dans leur
9
vie future. Un total de 12 items présentaient différentes actions civiques telles que prendre part à
des activités pour protéger l’environnement, signer une pétition (manuscrite ou par courriel) à
propos d'une problématique sociale ou politique, être candidat(e) pour un poste au sein d'une
association étudiante.
Variables contrôles. Étant donné l’aspect longitudinal, mais non causal de notre étude, il
est possible qu’une tierce variable explique les effets potentiels des activités civiques sur la réussite
scolaire. Pour contrer cette possibilité, nos modèles statistiques ont été ajustés en contrôlant pour
l’effet d’autres variables qui pourraient potentiellement influencer la réussite scolaire des élèves.
Un inventaire de 10 items mesurait l’estime de soi des élèves (Rosenberg, 1965), 10 autres items
mesuraient le continuum de motivation autodéterminée pour l’école selon la motivation
intrinsèque, régulation identifiée, régulation introjectée, régulation externe et l’amotivation
(ex. « Je vais à l’école parce que j’aime vraiment ça aller à l’école » [motivation intrinsèque] ou
« Je vais à l’école pour avoir un meilleur salaire plus tard » [régulation externe]). Un index de
motivation autodéterminée est calculé selon l’algorithme suivant, tel que recommandé par les
chercheurs de la théorie de l’autodétermination (Ryan & Deci, 2017) : intrinsèque*2 + identifié*1
+ (introjection*-1 + externe*-1)/2 + amotivation*-2. Finalement la qualité de la relation avec les
parents a été mesurée à l’aide de six items provenant du Network Relationships Inventory –
Relationship Qualities Version (Buhrmester & Furman, 2008). La qualité de la relation avec le
père et la mère était mesurée séparément avec six items chacun. Un index de la qualité de la relation
avec les parents a ensuite été calculé en faisant la moyenne des scores de la qualité relationnelle
de la mère et du père.
Variables sociodémographiques. L’âge de l’élève, son sexe biologique (garçon, fille), et
la scolarité de ses parents (mère et père biologique ou personne s’occupant principalement de
l’enfant et jouant ce rôle) ont été recueillis auprès de l’élève.
Résultats
À noter que toutes les analyses présentées ci-dessous ont été ajustées pour les différences
existantes entre les écoles d’où provenaient les participants recrutés.
Analyses descriptives
Constat 1 : Une participation relativement faible à des activités civiques
organisées.
Seulement 18.7% des élèves ont rapporté pratiquer une activité civique organisée durant
l’année scolaire. Comparativement, 46.3% des élèves ont rapporté participer à une activité
10
organisée sportive, culturelle ou artistique. Toutefois, 87.7% des élèves ont rapporté avoir pratiqué
au moins une activité civique ponctuelle au cours des deux dernières années.
Tableau 1 – Proportion d’élèves participant ou ne participant pas à au moins une activité civique
ou à au moins une activité d’un autre type.
Participe à une activité
civique organisée
Ne participe pas à une
activité civique organisée
Total
Participe à une autre
activité (sportive,
culturelle, artistique)
8.1% 38.2% 46.3%
Ne participe pas à une
autre activité (sportive,
culturelle, artistique)
10.5% 43.1% 53.7%
Total 18.7% 81.3%
Constat 2 : Une corrélation positive entre la pratique d’activités civiques et les
résultats scolaires.
Le Tableau 2 ci-dessous montre l’association entre la participation à des activités civiques et à
d’autres activités et les notes scolaires à la fin de l’année. Comme il est possible de le constater,
les notes scolaires les plus faibles sont obtenues par les élèves ne participant à aucune activité,
alors que les élèves rapportant les meilleures notes sont ceux participant à la fois à une activité
civique et à une autre activité, des proportions statistiquement différentes, F(1, 1045) = 5.26, p
< .05.
Tableau 2 – Distribution des résultats scolaires à la fin de l’année selon les élèves participant ou
ne participant pas à au moins une activité civique ou à au moins une activité d’un autre type.
Participe à une activité
civique
Ne participe pas à une
activité civique
Participe à une autre activité
(sportive, culturelle, artistique) 83.85% 80.31%
Ne participe pas à une autre activité
(sportive, culturelle, artistique) 81.53% 75.10%
N = 1035;
11
Analyses principales
Constat 3 : Les effets de la pratique d’activités civiques et de la pratique
d’autres activités sont cumulatifs sur les résultats scolaires.
Afin d’examiner l’association entre la participation à des activités civiques et la réussite
éducative, une analyse par régression multiple a été effectuée en utilisant les notes scolaires à la
fin de l’année comme variable dépendante. Les variables indépendantes étaient les variables
sociodémographiques et les variables de contrôle, qui ont toutes été entrées à l’étape 1 de la
régression. À l’étape 2, la participation ou non dans une activité civique et dans une autre activité
ont été ajoutés. Les résultats montrent que les activités civiques et d’autres types sont positivement
associées aux résultats scolaires et ce indépendamment l’une de l’autre et même après avoir
contrôlé pour l’effet des variables sociodémographiques et de l’estime de soi, la motivation
scolaire et la qualité de la relation avec les parents.
Tableau 3 – Effet de la participation à des activités civiques et à d’autres types d’activités sur les
résultats scolaires à la fin de l’année
Variables indépendantes
(début de l’année)
Notes scolaires fin de l’année
(bulletin)
t(1020)
Étape 1 Âge -.07 -2.36*
Sexe (F = 0; M = 1) -.21 -7.79*
Scolarité parents .20 6.82*
Estime de soi .16 5.58*
Motivation scolaire .20 6.99*
Qualité relation parents .04 1.46
Étape 2 Activité civique organisée .14 5.23*
Autre activité organisée .15 5.59*
Note. N = 1035; *p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement
les résultats, les lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 4 : La pratique d’activités civiques et d’autres activités contribuent à
l’augmentation des résultats scolaires au cours de l’année scolaire
La même analyse de régression a été effectuée, cette fois-ci en contrôlant pour l’effet des
notes scolaires de l’année précédente, permettant ainsi d’examiner la direction de l’effet des
activités sur les résultats scolaires. Les résultats ont indiqué que la participation à une activité
civique organisée prédisait l’augmentation des notes scolaires au cours de l’année, et ce,
12
indépendamment des autres types d’activité et des variables de contrôle. La participation à une
activité civique et à d’autres activités prédisaient chacune une augmentation de 1% des notes
scolaires en moyenne sur l’année. Ceci peut paraître peu, mais il s’agit d’une augmentation en
moyenne par année. À la fin du secondaire, c’est une différence de 10% dans les notes scolaires
qui serait ainsi attendue entre les élèves pratiquant à la fois une activité civique et une autre activité
comparativement aux élèves ne pratiquant aucune activité.
Tableau 4 - Effet de la participation à des activités civiques et à d’autres types d’activités sur
l’augmentation des notes scolaires au cours de l’année.
Variables indépendantes
(début de l’année)
Notes scolaires fin de l’année
(bulletin)
t(729)
Étape 1 Notes année précédente .82 38.26*
Âge .06 2.68*
Sexe (F = 0; M = 1) -.09 -4.88*
Scolarité parents .04 1.72
Estime de soi .04 1.82
Motivation scolaire .06 3.12*
Qualité relation parents .06 3.14*
Étape 2 Activité civique organisée .04 2.24*
Autre activité organisée .04 2.10*
Note. N = 749 (exclus les élèves de secondaire I qui n’ont pas de notes de l’année précédente).
*p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les résultats, les
lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 5 : La pratique d’activités civiques contribue à de meilleurs résultats
scolaires alors que les comportements civiques posés n’y contribuent pas.
Mais est-ce la pratique d’une activité civique ou les comportements civiques posés
(recycler, composter) qui sont au cœur de cette relation sur les notes scolaires ? La même analyse
a été effectuée en contrôlant pour la fréquence des comportements civiques posés. Les résultats
ont démontré que la fréquence des comportements civiques n’était pas associée aux résultats
scolaires, seule la pratique d’activité civique organisée l’était. Ceci suggère que la pratique d’une
activité civique organisée pourrait permettre de forger des représentations du monde plus
complexes, ce qui en retour augmenterait les ressources intellectuelles des élèves. Les actions
civiques en tant que telles (recycler, composter) n’engendrent pas directement cette
complexification des représentations du monde et des ressources intellectuelles.
13
Constat 6 : La pratique d’une activité civique organisée est associée à
l’appartenance envers son école.
La pratique d’une activité civique organisée était également associée positivement à
l’appartenance envers son école. De façon intéressante, peu importe si l’activité était pratiquée à
l’école ou dans la communauté, la pratique d’une activité civique augmentait l’appartenance
envers son école. De plus, le fait de contrôler pour l’appartenance envers l’école n’expliquait pas
le lien entre la pratique d’activités civiques organisées et les meilleures notes scolaires.
Tableau 5 - Effet de la participation à des activités civiques et à d’autres types d’activités sur la
satisfaction envers son école.
Variables indépendantes
(début de l’année)
Appartenance envers son
école
t(729)
Étape 1 Notes année précédente .08 2.20*
Âge -.05 -1.41
Sexe (F = 0; M = 1) .04 1.24
Scolarité parents .03 0.85
Estime de soi .08 2.61*
Motivation scolaire .51 16.63*
Qualité relation parents .09 2.84*
Étape 2 Activité civique organisée .06 2.08*
Autre activité organisée -.01 -0.29
Note. N = 749 (exclus les élèves de secondaire I qui n’ont pas de notes de l’année précédente). *p < .05, ce qui
signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les résultats, les lignes non colorées
représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 7 : La présence d’adultes est une caractéristique importante des
activités civiques organisées favorisant l’augmentation des résultats scolaires.
Lorsqu’on examine les caractéristiques de l’activité civique organisée (nombre d’heures
consacrées, fréquence par semaine, etc.), aucun de ces critères ne prédit les notes scolaires.
Toutefois, la présence d’adultes dans l’activité est un fort prédicteur des notes actuelles, = .40,
t(162) = 2.78, p < .05, et de l’augmentation des notes au cours de l’année, = .27, t(111) = 2.27,
p < .05. Ceci est conforme avec la documentation scientifique spécifiant que les activités
organisées pouvant compter sur la présence d’un adulte ont une meilleure structure et sont ainsi
plus bénéfiques pour les élèves (Denault & Poulin, 2009; Larson, 2000).
14
Constat 8 : Le plaisir à s’engager dans une activité civique organisée et la
cohérence avec ses propres valeurs prédisent une augmentation des résultats
scolaires.
Les raisons de s’engager dans l’activité civique organisée ont ensuite été examinées. Les
raisons autodéterminées (parce que c’est plaisant ou cohérent avec mes valeurs vs. pour obtenir un
certificat) étaient un prédicteur important de l’augmentation des notes scolaires au fil de l’année.
Les raisons sociales, c’est-à-dire pour développer des liens d’amitié, n’étaient pas un prédicteur de
l’augmentation des notes scolaires.
Tableau 6 - Effet des raisons de s’engager dans une activité civique organisée sur l’augmentation
des notes scolaires au cours de l’année.
Variables indépendantes
(début de l’année)
Notes scolaires fin de l’année
(bulletin)
t(120)
Étape 1 Notes année précédente .84 16.56*
Âge .02 0.38
Sexe (F = 0; M = 1) -.10 -2.29*
Scolarité parents .02 0.45
Estime de soi .08 1.58
Motivation scolaire .01 0.29
Qualité relation parents .03 0.67
Autre activité organisée -.01 0.13
Étape 2 Raisons autodéterminées .09 1.98*
Raisons de relations sociales -.09 -1.90
Note. N = 132; *p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les
résultats, les lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 9 : La participation à des activités civiques ponctuelles contribue aussi
à la réussite scolaire et les résultats croissent en fonction du nombre d’activités
proposées.
La participation à des activités ponctuelles a-t-elle un effet sur la réussite scolaire? Un total
de 87.7% des élèves ont rapporté avoir pratiqué au moins une activité civique ponctuelle au cours
des deux dernières années. Le tableau ci-dessous montre la relation entre la pratique d’activités
civiques ponctuelles et les notes scolaires à la fin de l’année. La relation entre les deux est très
15
linéaire et augmente en fonction du nombre d’activités civiques ponctuelles pratiquées au cours
des deux dernières années.
Tableau 6 – Distribution des notes scolaires à la fin de l’année en fonction du nombre d’activités
civiques ponctuelles pratiquées
Activités civiques
ponctuelles
Proportion
d’élèves (%)
Notes à la fin de
l’année (%)
Écart-type
des notes
Aucune 12.3% 72.75 8.70
1 activité 18.2% 76.69 8.39
2 activités 17.7% 78.25 7.98
3 activités 14.4% 80.28 8.38
4 activités et + 37.4% 81.63 6.80
Total/Moyenne 100% 78.80 8.31
Note. N = 1035;
Constat 10 : Les résultats de l’effet de la pratique d’activités civiques organisées
s’additionnant à des activités civiques ponctuelles sont cumulatifs sur la
réussite scolaire.
Tout comme les activités civiques organisées, la pratique d’une activité civique ponctuelle
était associée à de meilleures notes scolaires à la fin de l’année et à l’augmentation des notes entre
le début de l’année et la fin de l’année. De plus, les activités civiques ponctuelles contribuaient à
la prédiction des résultats scolaires s’ajoutant aux bienfaits déjà mesurés de la pratique d’activités
civiques organisées et de la pratique d’autres activités.
16
Tableau 7 – Effet des activités civiques ponctuelles sur l’augmentation des notes scolaires au cours
de l’année.
Variables indépendantes
(début de l’année)
Notes scolaires actuelles (fin
de l’année)
t(729)
Notes année précédente .81 37.73*
Âge .06 2.88*
Sexe (F = 0; M = 1) -.08 -4.54
Scolarité parents .03 1.45
Estime de soi .03 1.62
Motivation scolaire .06 2.96*
Qualité relation parents .07 3.46*
Activité civique ponctuelle
(0 = aucune; 1 = 1 et plus) .04 2.43*
Autre activité organisée .04 1.97*
Note. N = 749; *p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les
résultats, les lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 11 : La pratique d’activités civiques est associée au développement de
valeurs intrinsèques plus que toutes autres activités.
À la différence des autres activités, les activités civiques organisées ou ponctuelles sont
associées positivement au développement de valeurs intrinsèques (aspirer à contribuer à sa
communauté, à forger des relations interpersonnelles profondes, à la croissance personnelle) plutôt
qu’au développement de valeurs extrinsèques (aspirations fondées sur l’image, la popularité,
l’apparence physique ou les gains financiers).
17
Tableau 8 – Associations des activités civiques ponctuelles et organisées sur les valeurs
intrinsèques
Variables indépendantes
(début de l’année) Valeurs intrinsèques
t(729)
Notes année précédente .03 0.78
Âge .03 0.81
Sexe (F = 0; M = 1) -.16 -4.43*
Scolarité parents .11 2.56*
Estime de soi .03 0.72
Motivation scolaire .15 4.06*
Qualité relation parents .14 3.60*
Activité civique organisée .12 3.21*
Autre activité organisée .05 1.34
Activités civiques ponctuelles
(0 = aucune; 1 = 1 et plus) .10 2.70*
Note. N = 749; *p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les
résultats, les lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 12 : La pratique d’activités civiques est associée positivement à
l’adoption de comportements civiques.
Sans surprise, la pratique d’activités civiques organisées ou ponctuelles était associée à la
fréquence de comportements civiques (recycler, composter, céder son siège dans l’autobus, etc.).
Leur effet était toutefois indépendant suggérant que les apports des activités civiques organisées
et ponctuelles s’additionnent afin d’augmenter la fréquence d’actions civiques. À noter que la
pratique d’une autre activité (culturelle, artistique, sportive) était aussi positivement associée aux
comportements civiques, et ce, de façon indépendante également.
18
Tableau 9 – Associations des activités civiques ponctuelles et organisées sur les comportements
civiques
Variables indépendantes
(début de l’année) Comportements civiques
t(729)
Notes année précédente -.11 -2.63*
Âge .07 1.83
Sexe (F = 0; M = 1) -.05 -1.41
Scolarité parents .17 4.19*
Estime de soi .01 0.25
Motivation scolaire .11 2.91*
Qualité relation parents -.01 -0.19
Activité civique organisée .14 3.92*
Autre activité organisée .16 4.51*
Activités civiques ponctuelles
(0 = aucune; 1 = 1 et plus) .19 5.50*
Note. N = 749; *p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les
résultats, les lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Constat 13 : La pratique d’activités civiques favorise le développement
d’attitudes et de comportements civiques futurs.
Les activités civiques organisées et ponctuelles sont également associées à davantage
d’attitudes ou de comportements civiques futurs. De façon intéressante, la pratique d’autres
activités était également positivement et indépendamment associée aux intentions de
comportements civiques futurs.
19
Tableau 10 – Associations des activités civiques ponctuelles et organisées sur les comportements
civiques futurs.
Variables indépendantes
(début de l’année) Comportements civiques futurs
t(729)
Notes année précédente .04 0.87
Âge .02 0.53
Sexe (F = 0; M = 1) -.10 -2.87*
Scolarité parents .21 5.24*
Estime de soi -.05 -1.46
Motivation scolaire .08 2.31*
Qualité relation parents .04 1.18
Activité civique organisée .18 5.18*
Autre activité organisée .12 3.43*
Activités civiques ponctuelles
(0 = aucune; 1 = 1 et plus) .16 4.64*
Note. N = 749; *p < .05, ce qui signifie un résultat statistiquement significatif. Afin de visualiser plus facilement les
résultats, les lignes non colorées représentent des résultats non significatifs sur le plan statistique.
Toutefois, après avoir contrôlé pour l’effet des comportements civiques des élèves, seules les
pratiques d’activités civiques (organisées et ponctuelles) demeuraient un facteur significatif. La
pratique d’autres activités ne l’était plus. Ceci implique que la pratique d’autres activités pourrait
augmenter la sensibilité des jeunes aux enjeux civiques et augmenter leur fréquence de
comportements civiques, ce qui en retour, influencerait leurs comportements civiques futurs. La
pratique d’activités civiques, toutefois, semble créer cet effet, en plus d’avoir un effet direct sur
les intentions de comportements futurs.
Obstacles à l’engagement civique des élèves
Les élèves ont également été sondés sur les obstacles perçus dans leur tentative de
participer à des activités civiques. Leurs parents ont également été questionnés à cet effet. Des
analyses factorielles ont identifié deux obstacles majeurs provenant des parents et trois obstacles
perçus par les élèves.
Constat 14 : La méconnaissance des parents des bienfaits potentiels des
activités civiques et l’attitude de ces derniers à l’égard de ce type d’activité est
un obstacle important à la participation civique des élèves
20
Chez les parents, la méconnaissance des activités civiques était un facteur très important.
Certains parents indiquaient avoir peur de l’effet négatif que les activités civiques peuvent avoir
chez leur enfant, tel qu’engendrer des contestataires ou que ces activités rendent les jeunes hostiles
face à l’autorité. En ce sens, un travail important d’éducation semble requis auprès des parents. Ce
constat est appuyé par le fait que les parents ayant une méconnaissance des activités civiques ont
des enfants qui sont moins engagés civiquement et qui participent moins à des activités civiques.
Un deuxième facteur identifié chez les parents est leur perception d’une faible motivation de leur
enfant à s’engager dans de telles activités. Cependant, la méconnaissance des activités civiques
par les parents est un fort prédicteur de cette amotivation de leur enfant à s’engager dans de telles
activités.
Constat 15 : Le manque de motivation des jeunes et la méconnaissance des
activités civiques offertes ainsi que l’attitude perçue des parents envers
l’engagement civique limitent la participation des jeunes à des activités
civiques.
Du côté des élèves, trois facteurs ont été identifiés :
1) La faible motivation à participer à ce type d’activité,
2) Les élèves qui rapportent ne pas s’engager dans ce type d’activité car leurs parents
sont contre,
3) Les élèves rapportant manquer de temps pour s’engager dans de telles activités.
Les résultats montrent que les élèves qui déclarent manquer de temps pour s’engager
civiquement à cause de leur travail ou d’autres responsabilités ne s’engagent dans les faits pas
moins que les autres élèves. Ce facteur ne semble donc pas un obstacle ayant un impact important.
Toutefois, les élèves qui perçoivent que leurs parents sont contre ou les élèves rapportant une faible
motivation à s’engager sont ceux qui s’engagent effectivement le moins, tant sur le plan de leur
participation à des activités civiques organisées, ponctuelles que des actions civiques actuelles ou
futures. Il faut toutefois noter que la plupart des raisons justifiant une faible motivation des élèves
sont liées à leur méconnaissance de ces activités (ex. « Je ne connais pas grand-chose de ces
activités »). Ceci pointe vers l’importance de mieux informer les élèves sur les activités civiques,
leur utilité et leurs bénéfices.
Conclusion
Les résultats de cette recherche sur les effets de l’engagement civique sur la réussite
scolaire des élèves du secondaire permettent de tirer certaines conclusions de nature à influencer
l’offre et la forme d’activités civiques présentes dans les écoles secondaires du Québec.
21
Une conclusion importante est la suivante : malgré la corrélation positive existante entre la
pratique d’activités civiques et les résultats scolaires, l’offre d’activités civiques organisées en
milieu scolaire demeure relativement faible et celle-ci à des répercussions négatives, telles que la
faible participation civique des élèves.
Or, les résultats de l’étude démontrent que :
1. La pratique d’activités civiques organisées est faible.
2. La pratique d’activités civiques et d’autres activités est associée aux résultats scolaires.
3. La pratique d’activités civiques ou autres activités contribue à l’augmentation des résultats
scolaires au courant de l’année scolaire.
4. Les effets de la pratique d’activités civiques et de la pratique d’autres activités sont cumulatifs
sur les résultats scolaires.
5. La pratique d’activités civiques contribue à de meilleurs résultats scolaires alors que les
simples comportements civiques posés n’y contribuent pas.
6. La pratique d’une activité civique organisée est positivement associée à l’appartenance envers
son école, même si cette activité est faite en dehors de l’école.
7. La présence d’adultes appuyant les jeunes dans la pratique d’activités civiques contribue à
l’augmentation des résultats scolaires.
8. Le plaisir à s’engager dans une activité civique organisée et la cohérence avec ses propres
valeurs prédisent une augmentation des résultats scolaires.
9. La participation à des activités civiques ponctuelles contribue aussi à la réussite scolaire et les
résultats croissent en fonction du nombre d’activités proposées.
10. Les effets de la pratique à la fois d’activités civiques organisées et d’activités civiques
ponctuelles sont cumulatifs.
11. La pratique d’activités civiques contribue au développement de valeurs intrinsèques plus que
toutes autres activités.
12. La pratique d’activités civiques est associée positivement à l’adoption de comportements
civiques.
13. La pratique d’activités civiques favorise le développement d’attitudes et de comportements
civiques futurs.
14. La participation des jeunes à des activités civiques est fonction de la connaissance des bienfaits
potentiels et de l’attitude des parents à l’égard de ce type d’activité.
15. Le manque de motivation des jeunes dû à la méconnaissance des activités offertes ainsi que
l’attitude des parents envers l’engagement civique limitent la participation des jeunes à des
activités civiques.
22
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