NOTES SUR LES PLANTES - affo-nature.org · NOTES SUR LES PLANTES anciennement cultivée? dans le...

14
NOTES SUR LES PLANTES anciennement cultivée? dans le département de l'Orne par M. l'Abbé A.-L. LETACQ Cette étude intéresse à la fois l'Horticulture et la Botanique. Parmi les plantes qui servaient à la décoration des jardins de nos aïeux, un grand nombre alors très rares, mais banales aujourd'hui, sont à peu près délaissées ; il est utile pour l'histoire de l'Horticulture de conserver leur nom : à l'aide de ces indications, on pourrait pres- que reconstituer un jardin ornais au xvm e siècle. La plupart de ces plantes sont simplement acclima- tées ; elles vivent mais ne se reproduisent pas sans le secours de l'homme ; quelques-unes seulement se ressè- ment et se perpétuent comme des espèces indigènes. Celles-ci sont bien acquises à notre flore, mais le bota- niste doit apprendre à les reconnaître ; ces faits d'in- troduction et de naturalisation montrent comment à la suite d'apports successifs la végétation d'un pays se modifie dans la série des siècles. Ces faits si curieux relèvent de l'observation, de l'ex- périence et des documents historiques. L'observation combinée avec les principes de la géographie botanique permettra presque toujours de distinguer dans le tapis végétal une plante introduite, acclimatée ou naturalisée ; quant à la date de l'introduction, il est assez difficile de la préciser, les témoignages faisant défaut ou au moine restant très vagues : il faudra, dans la majeure e des cas, se contei idications approximatives.

Transcript of NOTES SUR LES PLANTES - affo-nature.org · NOTES SUR LES PLANTES anciennement cultivée? dans le...

NOTES SUR LES PLANTES

anciennement cultivée? dans le département de l'Orne

par M. l'Abbé A.-L. LETACQ

Cette étude intéresse à la fois l'Horticulture et laBotanique.

Parmi les plantes qui servaient à la décoration desjardins de nos aïeux, un grand nombre alors très rares,mais banales aujourd'hui, sont à peu près délaissées ; ilest utile pour l'histoire de l'Horticulture de conserverleur nom : à l'aide de ces indications, on pourrait pres-que reconstituer un jardin ornais au xvme siècle.

La plupart de ces plantes sont simplement acclima-tées ; elles vivent mais ne se reproduisent pas sans lesecours de l'homme ; quelques-unes seulement se ressè-ment et se perpétuent comme des espèces indigènes.Celles-ci sont bien acquises à notre flore, mais le bota-niste doit apprendre à les reconnaître ; ces faits d'in-troduction et de naturalisation montrent comment àla suite d'apports successifs la végétation d'un pays semodifie dans la série des siècles.

Ces faits si curieux relèvent de l'observation, de l'ex-périence et des documents historiques. L'observationcombinée avec les principes de la géographie botaniquepermettra presque toujours de distinguer dans le tapisvégétal une plante introduite, acclimatée ou naturalisée ;quant à la date de l'introduction, il est assez difficilede la préciser, les témoignages faisant défaut ou aumoine restant très vagues : il faudra, dans la majeure

e des cas, se contei idications approximatives.

Renoncuiacées

Clematis flanunula L. — Arbrisseau commun dans lesbois et les lieux incultes de la région méditerranéenne,depuis longtemps cultivé chez nous. Il est naturalisésur les anciens remparts de la Maison d'Ozé à Alençonet dans le parc de Glatigny, à Cuissai. M. Chevalierl'indique à Domfronl, sur les décombres du Chalet et-dans l'ancien parc. (1)

Anémone Ilepalica L. — Très jolie espèce acaule, àfeuilles trilobées et luisantes, dont les fleurs bleues,violettes, rosés ou tout à fait blanches sortent do terreen touffes serrées, en même temps que les feuilles et dèsles premiers jours du printemps ; la culture en a obtenudes variétés doubles ou pleines dans toutes les teintesque nous venons d'indiquer excepté le blanc, ce qui està regretter. (2)

L'Hépatique est très communément cultivée à causede la précocité de ses fleurs ; elles se montrent dès lemois de février. Renaut l'indique, en 1804, comme uneplante d'agrément dans les jardins do la région, maiselle était sans doute déjà connue depuis bien des an-nées. (3)

(1) A. CHEVALIER, Catalogue des plantes vasculaires de V arron-dissement de Domfront, avec notes critiques et observations biolo-giques, B. S. L. N., 1893, p. 123.

(2) J. DÉCAISSE et Ch. NAUDIN, Manuel de VAmateur desJardins, T. II, p. 317.

(3) P.-A. RENAUT, Flore du département de l'Orne, ouvrageélémentaire de Botanique, composé de la réunion des systèmes deTournefort, de Linné et de Jussieu, avec une description exacte desplantes, Vindication des Heur où elles se trouvent, et une notice surleur usage et leur utilité dans les Arts. Alençon, Imp. Malassis-le Jeune, an XII, in-8°, X-222 p. — Cef ouvrage fut publié àune époque où in botanique descriptive n'était encore qu'à ses

- 69 -

Cette plante, originaire de la région subalpine, com-mune dans les montagnes du Midi et du Centre de laFrance, est indigène, bien que très rare chez nous ; on latrouve aux environs de Paris, de Louviers, d'Evreux etaussi dans l'Orne, mais à une seule localité, la forêt d'Ar-gentan, près du bourg de Crennes, où elle est abondante,et fut découverte vers 1850 par le Dr Prévost. A l'étatspontané, la floraison a lieu plus tard ; on ne voit guèrede pétales avant le mois d'avril.

A. pulsaHUa L. — L'Anémone pulsatille, désignéeparfois sous le nom vulgaire de Coquelourde, fleuriten avril et mai ; c'est une plante entièrement velue,soyeuse, à feuilles profondémment découpées, à tigeshautes de 1 à 2 décimètres, terminées par une seule fleur,un peu grande, dressée, à demi ouverte, d'un violetlilas, velue à la face externe comme la plante.

La Pulsatille est cultivée dans nos jardins, moinspeut-être aujourd'hui qu'autrefois ; on lui préfère, avecplus ou moins de raison, les espèces exotiques. Cetteculture, il est vrai, n'est pas sans présenter quelquesdifficultés ; la plante exige un sol exclusivement cal-caire et très sec ; un terrain humide ou contenant quel-ques éléments de silice lui est fatal. ...,;

débuts ; aussi ne doit-on pas lui demander plus qu'il no peutdonner • le titre promet « une description exacte des plantes »,et on n'y Irouve qu'une simple liste des noms latins et. des nomsfrançais plus ou moins vulgaires avec, la désignation des localitéspour les espèces rares, mais beaucoup de ces indications sontvagues, beaucoup sont, inexactes, et elles ne doivent être admisesqu'après contrôle. L'Horticulture trouvera peut-être autant àglaner dans la Flore de l'Orne que la Botanique; l'auteur a inféré,en effet, à leur place méthodique la liste des plantes cultivées dansle jardin botanique de l'Ecole centrale ou dans les jardins de larégion ; ce catalogue, bien que n'étant pas de date très ancienneest en réalité le seul document un peu complet que nous ayonssur les fleurs qui servaient jadis à l'ornementation des jardins du

— 70 —

Cette espèce est, comme l'Hépatique, indigène cheznous, mais un peu moins rare ; elle abonde près de Cham-bois sur les pelouses calcaires de Fel et de Sainte-Eugénie,d'où la culture et les plantations de Conifères ne tarde-ront pas à la faire disparaître. Nous avons aussi cetteplante aux environs d'Alençon mais dans la Sarthe ; elleest très commune et depuis longtemps connue à Ghau-miton ; plus près de la ville, je l'ai recueillie sur les cal-caires de Bourg-le-Roi, à gauche de la voie ferrée, vis-à-vis du hameau de Groutel.

La Pulsatille, bien que commune en Italie, y estcependant très prisée pour la décoration des jardins. (1)

A. hortensis L. — Indigène dans le midi de la France,de culture déjà ancienne chez nous ; très belle espèce,précieuse pour la flore printannière.

Adonis oostivalis L. ; A. autumnalis L. — Les Adonidescroissent spontanément chez nous comme les espècesprécédentes ; ce sont des plantes annuelles ne venantque dans les moissons et toujours sur les sols calcaires :on les trouve dans les plaines de Chambois, d'Argentande Sées et d'Alençon ; l'année dernière, lors de l'excur-sion de la Société Linnéenne de Normandie à Chambois,au mois de juin, nous avons vu VA. sestivalis en quantitédans les champs de blé (2). La culture s'est emparée deces deux espèces surtout de VA, autumnalis connue sousles noms vulgaires de Goutte-de-Sang, Œil-de-perdrix,mais sans beaucoup les modifier.

Quelques auteurs pensent que les Adonides, qui necroissent que dans les moissons, sont des plantes impor-

(1) K. di Pogciio, Matinale di Sotanica coraparala ed originedélie plante coltivate, Milano, 1890, in-8°, 9G p.

(2) A.-L. LF.TACQ, Excursion botanique de la Société TAnnéennede Normandie à Chambois le 2fi juin 1905, B. S. T.. N. , 1905,p. XXIII-XXX.

tées de l'Orient à une époque très reculée. Elles habitentl'Europe moyenne et australe et l'Orient jusqu'en Arménie.

Ranuuculus acris L. ; R. ropcns L. ; R. bulbosus L.—On désigne sous le nom générique de Bouton-tïor cestrois espèces de Renoncules à fleurs doubles, très culti-vées autrefois dans nos jardins. C'était, je crois, la pre-mière qui était la plus répandue : Renaut l'appelle R.acri multiplex.

R. asiatieus L. — La Renoncule d'Asie est connuesous le nom vulgaire de Renoncule des fleuristes. Cetteplante, originaire de la Perse, fut, dit-on, apportéed'Orient par les Croisés. D'après Seringe, elle n'auraitété introduite en Europe qu'en 1596. Quoi qu'il en soit,elle a subi depuis son introduction de grandes modifica-tions dues à la diversité des climats, des sols et surtoutdes soins donnés à sa culture. On obtient journellementde nouvelles variations de cette belle plante au moyendes semis nombreux, que les amateurs en font chaqueannée (1).

Erantliis Iiiemalis Salisb. - - L'Ëranthis d'hiver estsurtout curieux par la précocité de ses fleurs ; commecelles du Perce-neige, elles se montrent dès le mois defévrier avant le développement des feuilles.

Cette plante, indigène dans les montagnes du Sud-Ouest de la France, de la Suisse, de l'Autriche et de l'talioà une faible altitude, est depuis plus d'un siècle intro-duite dans nos jardins ; les anciens naluralistes l'appe-laient Hellébore d'hiver (Helleborus hiëmalis L.), (2) à

(I) N.-C. SERINGE, Flore des Jardins et des grandes cultures(1S'I9), T. ni, p. 59 ; D. Bois, Dictionnaire d'Horticulture art.Ranuncuius ; DECAISNE et NAUDIN, Manuel de. V Amateur desJardins, T. Il, ]). 272.

(2)RENAUT, Flore de l'Orne, p. 17f>.— Morison. Tlist. pi. la carac-térise ainsi Helleborus rtmunculoid.es prœcox tuberosus Ilore luteo.

cause de ses affinités avec les autres espèces de cegenre. Elle s'est naturalisée ou pour mieux dire sim-plement acclimatée sur quelques points de la région ; jel'ai vue à Ticheville, au Sap, dans le parc de Vimer àGuerquesalles sur des pelouses, dans les bosquets ou auvoisinage des jardins, mais nulle part à l'état spontané.

Hclleborus oecldentalis L.— Cette espèce, connue aussisous le nom d'Hellébore vert, très employée jadis dansla médecine vétérinaire, est-elle spontanée chez nous ?La station où on la trouve généralement ne permet pasde l'affirmer. Elle ne se voit guère qu'au voisinage deshabitations et des jardins, dans les cours des fermes oùelle est simplement naturalisée. Elle est aujourd'huiassez rare, mais elle a dû disparaître d'un certain nombrede localités. Renaut l'avait indiquée à Hesloup ; je l'aivue à la ferme de Grand-Hertré à Condé-sur-Sarthe, oùelle est connue de temps immémorial. Duhamel lasignale à Camembert et à Champosoult. MM. Chevalieret Savouré l'ont observée sur un grand nombre depoints du Bocage, où elle a été évidemment plantée, carc'est une plante calcicole (1). Elle est indigène et ré-pandue dans le Sud-Ouest de la France.

H. niger L. — Connu sous le nom vulgaire doRose-de-Noel, l'Hellébore noir est estimé en horticultureà cause de sa floraison d'hiver ; il fleurit en efïet de dé-cembre en mars. C'est une plante originaire des Alpesdu versant italien ; elle croit aussi en Autriche et dansla Russie méridionale. On la trouve ça et là acclimatéeplutôt que naturalisée au voisinage des jardins, où ellepersiste assez longtemps. C'est dans des conditions ana-

(1) A. CHEVALIER, Catalogue des Plantes vasculaires de Varron-dissement de Domjront, avec notes critiques et observations biolo-giques, K. S. L. N. 1893, p. 127. — H. SATNTANGE SAVOURÉ,Contribution à la Flore du département de l'Orne, Ibid. l'.)03, p. 78.

îogues sans doute que Rcnaut l'indique au Cercueil(1), carelle n'est nulle part spontanée dans le pays.

Xigclla dainasceiia L. — Spontanée dans les moissonsde l'Europe méridionale et du Nord de l'Afrique, où ellea peut-être été importée d'Orient, la Nigelle de Damasest bien connue dans nos jardins et depuis longtemps :ses graines se répandent aussi dans le voisinage, et plu-sieurs fois je l'ai recueillie au pied des murs dans la villed'Alençon.

If. sativa L. — Cette seconde espèce de Nigelleappelée Nigelle cultivée était autrefois connue chez noussous le nom de Cumin noir, Poivrette, à cause de la saveurépicée de ses graines ; on la cultivait comme planted'ornement au début du xixe siècle. Renaut dit que leshabitants des campagnes se servent de sa graine au lieude poivre ; c'est un usage chez les Orientaux ; peut-êtrea-t-il existé chez nous au Moyen-Age, où la plante étaitdéjà introduite dans nos jardius et appelée Git (2). CetteNigelle est spontanée ou au moins naturalisée dans lemidi de la France.

Aqu'legfa vulgaris Tournef. — L'Ancolie vulgaire estbien connue dans nos jardins ; à l'état spontané sesfleurs sont en forme de clochette et d'un bleu un peuviolacé, mais par la culture elle a donné de nombreusesvariétés à fleurs blanches rosés ou violettes puis desvariétés doubles, les unes non déformées et dont lescornets en contiennent plusieurs autres de moindretaille et emboîtés, les autres déformées où les cornetsont fait place à des pétales entièrement planes. (3)

(1) Flnre de l'Orne, p. 176.(2) L. DE LA SICOTIERE, Notes pour servir à l'Histoire des Jar-

dins et de L'Arboriculture dans le département de l'Orne, Alençon,E. De Broise, 1867, in-8°, 95 p., p. 5.

(3) J. DECAISNE et Ch. NAUDIN, Manuel de VAmateur des Jar-

74

L'Ancolie est indigène dans la région. Renaut lasignale dans les bois de Saint-Nicolas, près d'Alençon,où elle existe encore, du moins je l'ai vue dans le tailliscontigu au cimetière. C'est en réalité une plante assezrépandue chez nous et sur tous les terrains ; elle se plaîtsurtout aux endroits ombragés.

Dclphiiiiuni Ajacis L. — Cultivé sous le nom dePied-d'Alouette se naturalise vite au voisinage des jar-dins; je l'ai recueilli plusieurs fois dans les moissonsde la plaine d'Alençon ; spontané dans l'Europe méri-dionale.

D. orientale Gay. • Egalement connu sous lenom de Pied-d'Alouette ; diffère surtout du précédentpar ses grappes plus serrées et sa capsule pubescentevisqueuse ; s'échappe parfois des jardins, mais ne per-siste pas longtemps; originaire de l'Orient.

Aconitum Xapcllus L. — Cette Renonculacée estassez connue chez nous sous le nom vulgaire de Casque ;l'épithète de Napel lui vient de sa racine tubéreuse,allongée en forme de Navet.

L'Aconit napel répandu dans les pâturages desVosges, des Alpes, des Pyrénées, etc., n'est abondantchez nous qu'au bord des rivières de la vallée d'Augeet du Pays d'Ouche. La Vie, la Touque, le Guiel, la Cha-rentonne et la Rille coulent aux mois de juillet etd'août entre deux haies de fleurs violettes, qui ne sontautres que celles de l'Aconit. Il est très rare ailleurs àl'état spontané, mais il existe comme plante ornementaledans la plupart de nos jardins, où il fleurit dès le mois de

diiia, T. ii. p. 31*». — A.-P. de Candolle a distingué ces formessous les noms de Aquileçia videfiris simnler. — cormcidata, —strltala, Syst. i, p. 334 (1813).

— 75 —

mai. On sait que l'Aconit est une plante très vénéneusedans toutes ses parties. (1)

Pseonia officinalis L. — La Pivoine officinale dési-gnée communément sous le nom vulgaire de Pione estune de nos espèces horticoles classiques ; ses grandesfleurs d'un rouge cramoisi sont très ornementales, sur-tout quand elles sont doubles ; elle fleurit en juin.

La Pivoine est une des plantés les plus anciennes dansnos jardins. L'auteur du Ménagier de Paris qui nousintroduit dans un jardin du xive siècle, nous y montrela Pivoine à côté du Romarin, de la Sauge, etc. parmi lesfleurs cultivées de son temps (2).

Cette espèce est indigène dans les Alpes, les Pyrénées,les hautes montagnes de l'Europe méridionale et del'Asie centrale.

P. corallina Retz. — La Pivoine corail a des fleurs d'unbeau rouge pourpre plus petites que la précédente. Quel-ques auteurs en font une simple variété de la Pivoineofficinale.

Sa culture ne semble pas moins ancienne ; les vieuxauteurs confondaient les deux espèces sous le nom géné-rique de Pivoine et Pione en langage populaire. Elle estoriginaire des Alpes Tyroliennes ; on la trouve aussi àl'état spontané dans l'Asie mineure.

On avait longtemps cru cette Pivoine indigène dansle centre de la France, notamment aux environs deBlois, dans le parc des Montils et dans le bois de Pou-

(1) A.-L. LF.TACQ, Plantes médicinales et vénéneuses du départe-ment de l'Orne, Almanacîi de l'Indépendant de l'Orne pour 19O'i,]). 107.

(2) i.. DELISLE, Éludes sur la condition de la classe agricole etl'état de Vagriculture en Normandie au Moyen-Age, Evreux, in-8°,1851, p. 490 ; !.. DE LA SICOTTERE, Note* pour servir à Tllistoiredes Jardins et de V Arboriculture dans le département de l'Orne,p. 6.

til près Orléans, mais il résulte des recherches et desobservations de Franchet qu'elle y est simplement natu-ralisée (1).

P. peregrina Andr. — Cette autre espèce de Pivoineappelée Pivoine pèlerine ou Pivoine paradoxale est égale-ment cultivée chez nous depuis fort longtemps. C'estune de celles que la culture a le plus profondément modi-fiée; ses variétés sont fort nombreuses. Renaut, dans saFlore de l'Orne, la mentionne après la P. officinale sousle nom de P. Variegata.

Elle est spontanée dans l'Europe australe ; en France,on la signale dans les Cévennes, le Dauphiné, les Pyré-nées-Orientales.

Berbéridées

Berberis vulgaris L. — Arbrisseau indigène, connusous le nom vulgaire d'Epine-vinette, parce qu'il est garnid'épines et à cause de ses baies d'un rouge vineux. Ilsert à la décoration des jardins paysagers, et il est fré-quemment planté dans les haies et les vergers, mais ilne réussit bien que sur les sols calcaires ou mélangés decalcaire ; on ne le trouve d'ailleurs chez nous que là àl'état spontané et il est assez rare ; je l'ai vu sur lespelouses arides de Sainte-Eugénie, près Chambois.

Près des Berberis (quelques auteurs même en fontune simple section de ce genre), se placent les Mahonia,arbrisseaux exotiques, qui fournissent à l'arboriculturepaysagiste plusieurs espèces précieuses ; le plus répanduest le M. repens Don. qui semble subspontané danscertains parcs ; il est originaire de l'Amérique du Nord.Les Mahonia doivent être d'introduction récente dansnotre région, car Renaut n'en fait pas mention.

(1) \ . FRANCHET, Flore de Loir-et-Cher, p. 24.

Fumariacées

Corydalis bulbosa 1). C. - - Cette Fumariacée se voitdans un grand nombre de nos jardins : l'élégance et ladélicatesse de son feuillage, ses grappes de fleurs rosés,et surtout la précocité de sa floraison la recommandentaux amateurs ; comme l'observent Decaisne et Naudin,elle fait plus d'effet en roeailles ou en pots que sur lesplate-bandes du parterre. (1)

La Corydale bulbeuse est indigène dans notre pays.Renaut la signalait on 1804, sous le nom de Fumariabulbosa à Saint-Germain-du-Corbéis (2). Elle y est en effettrès abondante sur les rochers, dans le parc de Flsle, oùLelièvro l'indiquait à nouveau en 1836 (3); je l'ai vueégalement non loin de là, dans les parcs de Vervaine etde Chauvigny; je l'ai en outre recueillie à plusieurs en-droits sur les rochers, dans la région de Saint-Céneri etde Moulins-le-Carbonnel (4).

Morière l'a signalée à Habloville et M. Chevalier l'in-dique aux environs de la Ferté-Macé d'après M. l'abbéFrébet (5).

C. lutea D. C. - • La Corydale à fleurs jaunes n'estpas moins gracieuse que sa congénère ; elle lui est

(1) .1. DECAISNE cl Ch. XAUDIN, loc. cit. p. 3T8.

(2) Flore de l'Orne, p. 180.' (3) Catalogue dressé par il/. Lelièvre des plantes phanérogames

observées aux environs d'Aient -on dans un rayon de '?. à 3 heues nuplus, tant par lui que pur quelques botanistes ci considérés commerares dans la Flore do Xoraiiindio, Annuaire Normand, 1837,p. 256-2f)2.

(-'i) A.-L. LETACQ, inventaire des plantes phanérogames et cryp-togames vaeculaires croissant spontanément ou, cultivées en granddans le déparlement de l'Orne, Bull, de la Société des amis desScien-ces naturelles de Rouen, 1905, 1er fascicule.

(5) A. FRÉBET, Flore du canton de la Ferté-Macé, Annuaire ducanton de la Ferté-Macé, 1333, p. 48 el GO.

- 78 -

même supérieure comme plante d'agrément, car sesfleurs se succèdent sans interruption pendant tout l'été.On la cultive dans un grand nombre de jardins et elles'est naturalisée sur les murs du voisinage, en particu-lier à Alençon, où elle est assez répandue. Je l'ai encoreobservée à Vimoutiers, Sées, etc. M. Corbière la signale àArgentan et aux environs et M. Chevalier à la Chapelle-Moche.

Cette Corydale est spontanée sur les rochers des mon-tagnes de la France méridionale; aussi à l'état cultivéréussit-elle surtout sur les rocailles.

La culture l'a introduite dans une grande partie de laFrance ; elle est également naturalisée en Angleterre (1).

C. glauca Pursh. FI. H or. Am. n, p. 463 (1814); N.-C. Seringe, FI. des Jardins, T. II, p. 89 (1849); Fumariasempervirens L., Spec. 984 (1764). —Plante introduitedu Canada en 1683 et connue chez nous depuis lexvme siècle. Renaut la signale dans les jardins duchâteau de l'Isle.

Le même auteur indique à Hesloup un F. spicata,que je n'ai pu identifier.

Près des Corydalis se placent les Dièlytra dont le plusbeau et le plus répandu est le D. spectabilis D. C, superbeplante spontanée aux confins de la Chine et de la Sibérie,importée en France vers 1810, selon H.-A. Jacques (2).On ne la connaissait guère dans notre région avant 1850.C'est une espèce vivace, rustique sous notre climat,mais comme ses graines y mûrissent assez mal, elle neressème pas et ne s'est pas naturalisée ; elle se multi-plie par des éclats du pied.

(1) G. DENTHAM, J.-D. IIOOKER. Tfanbeak of the British Flora :a âescriptiarîjpf die jloveruia, PlanU and Ferns indigenous to, ornaturalised injhc British Isles, London. 1000, ia-g», p. 22.

(2) II.-A. JACQUES, Maint-! général des piaules, arbres et arbustes,ire Edit. (18'i.ï), p. 67.

— 79 ~

Papavéracées

Papayer somnlferum L. - - Le Pavot somnifère futautrefois cultivé en grand sur plusieurs points de laNormandie ; dès le Moyen-Age, on en extrayait l'huiled'œilette produite par les grains ; le suc de ses capsulesest l'opium.

D'après Alph. de Candolle on doit considérer le Pavotsomnifère comme une modification du Pavot appeléPapaver setigerum, qui est spontané dans la région de lamer Méditerranée, notamment en Espagne, en Algérie,en Corse, en Sicile, en Grèce et dans l'île de Chypre (1).

On peut distinguer chez nous deux variétés du P. som-nijerum, le P. hortense Huss, et le P. officinale Gmel,d'une taille supérieure au précédent et dont la capsule estbeaucoup plus grosse ; toutes deux, cultivées autrefoiscomme plantes ornementales dans nos jardins, s'y com-portent aujourd'hui comme des plantes indigènes.

Le Pavot somnifère est naturalisé sur les ruines duVal-Dieu (commune de Feings). Il y a soixante ans,on le trouvait également en abondance au voisinage duMonastère de la Trappe.

P. orientale L. — Le Pavot d'Orient, appelé aussiPavot de Tournejort parce qu'il fut observé pour lapremière fois par ce célèbre botaniste lors de son voyageen Arménie, introduit en Europe en 1717, est depuisplus d'un siècle cultivé dans les jardins de la région.

L'espèce voisine (P. bracteatum) Lind., considérée parla plupart des auteurs comme une simple variété, (2)

(1) A. de CANDOLLE, Origine des Plantes cultivées, Paris,F. Alcan. : 886, in - . p. "19.

(2) /'. • • SERINGE Flore des Jardins, T. i'\p. 5S1 ; D. ! " '••>. d'Horticulture art. Papaver.

— 8o —

n'en diffère que par ses dimensions plus fortes et la pré-sence de une ou deux bractées au-dessous du calice ; elleest spontanée dans le Caucase et également de cultureancienne chez nous.

Glaucium fluvum Crantz. — Cette espèce est cultivéedans nos jardins et se ressème parfois au voisinage. Jel'ai trouvée autrefois dans une carrière près de l'église dela Chapelle-près-Sées.

Le Glaucium flavum est répandu tout autour de laMéditerranée et sur le littoral normand de la France etdo l'Angleterre.

Mfconopsis cambrica L. — Connu des horticulteurssous le nom de Pavot jaune des Pyrénées, le M. cambricaest une plante vivace à fleurs d'un jaune vif, de moyennegrandeur. Elle croît spontanément dans les montagnesde la France centrale et les Pyrénées.

Cultivé autrefois dans nos jardins, mais presqueabandonné aujourd'hui, comme la majeure partie desPapavéracées, à cause de la caducité de ses pétales, leM. cambrica fut trouvé vers 1840 par le Dr Vaullegeard,de Condé-sur-Noireau, dans un bois rocailleux près dusentier, qui monte au village de Vervaut, commune deBerjou (Orne). Il fut considéré comme indigène et à cetitre il a figuré dans plusieurs éditions de la Flore deNormandie, II est disparu depuis longtemps de la localité,où il n'était qu'introduit et subspontané (1).

{A suivre ).

(1) A. CHEVALIER, Recherches et observations sur la flore de l'ar-rondissement de Domfront (Orne). Plantes vasculaires et Characre-B. S. L. N., 1897, p. '37.