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COMMISSIONS POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX MONASTIQUE BULLETIN DES COMMISSIONS FRANCOPHONES N° 51 - Janvier 2015 Rencontre au Village des Pruniers - Octobre 2014

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COMMISSIONS POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX MONASTIQUE

BULLETIN DES COMMISSIONS FRANCOPHONES

N° 51 - Janvier 2015

Rencontre au Village des Pruniers - Octobre 2014

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A l’occasion de l’année de la Vie Consacrée le Pape François a souligné l’importance du

« dialogue inter- monastique entre l’Eglise catholique et certaines grandes traditions reli-

gieuses ». dont voici le texte intégral :

«Nous ne pouvons pas ensuite oublier que le phénomène du monachisme et d’autres

expressions de fraternité religieuse est présent dans toutes les grandes religions. Des expériences,

même approfondies, de dialogue inter-monastique entre l’Église catholique et certaines grandes

traditions religieuses ne manquent pas. Je souhaite que l’Année de la Vie Consacrée soit

l’occasion pour évaluer le chemin parcouru, pour sensibiliser dans ce domaine les personnes

consacrées, pour nous demander quels pas supplémentaires sont à faire vers une connaissance

réciproque toujours plus profonde, et pour une collaboration dans de nombreux domaines

communs du service de la vie humaine.

Cheminer ensemble est toujours un enrichissement et peut ouvrir des voies nouvelles à des

relations entre peuples et cultures qui en ces temps-ci apparaissent hérissées de difficultés. »

Lettre apostolique du Pape François à tous les consacrés à l’occasion de l’Année de la Vie consacrée N° 4.

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Belgique : Le Centre Zen de Pleine Conscience de Liège

« Il pratique le zen selon l’enseignement de Thich Nhat Hanh (Maître zen vietnamien de la tradition

bouddhique Mahayana). Le centre met l’accent sur l’intégration de la pratique de la Pleine Conscience

dans tous les aspects de la vie quotidienne pour apporter à chacun la joie et l’harmonie avec soi-même,

avec les autres et avec la nature. »

Ces 20 et 21 septembre 2015, la retraite annuelle a eu lieu dans les locaux de l’hôtellerie, à l’Abbaye

Paix N.D. Le dimanche 21, dès 8h, la cérémonie de Transmission rassemblait plus de 100 personnes. La

cérémonie était présidée par les deux moniales de la Maison de l’Inspir. Deux heures durant, une longue

méditation fut soutenue par chacun, entrecoupée par quelques paroles et sutras.

Ensuite, la vingtaine de personnes préparées se sont avancées et agenouillées devant Mère Abbesse de

la Maison de l’Inspir qui leur a dit quelque parole et donné un petit livret. Cérémonie simple, belle,

dépouillée, qui nous parle intensément sans beaucoup de mots. Le soir même, une délégation de 50

personnes se retrouvait dans le nouveau local de la Sangha. C’était de l’autre côté de la Meuse

(en Outre-Meuse, comme on dit ici) : le bâtiment flambant neuf devait être inauguré. Quelques chants,

des « aspersions » et des prosternations devant le Bouddha ont consacré la salle de méditation

en « zendo ». Beaucoup de sobriété, mais aussi beaucoup de joie lors du repas fraternel qui a suivi.

(Rapport de sr Gaëtane de Liège)

EVENEMENTS - RENCONTRES

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SERIC 2014

Semaine Européenne des Relations Islamo-Chrétiennes.

Une activité a eu lieu à Liège :

PIERRE & MOHAMED,

UNE PIÈCE HOMMAGE À MGR PIERRE CLAVERIE, L’ÉVÊQUE D’ORAN ASSASSINÉ

IL Y A 15 ANS

« La pièce "Pierre & Mohamed" a été créée par les frères dominicains de la Province de France pour le festival d’Avignon 2011 en hommage à MgrPierre Claverie, assassiné il y a dix-sept ans en Algérie. » Quelques mois après les moines de Tibhirine tués en Algérie le 27 mars 1996, l’évêque d’Oran Pierre Claverie est à son tour assassiné le 1er août 1996 avec son chauffeur Mohamed. La pièce "Pierre & Mohamed" a été créée à partir des textes de Pierre Claverie pour commémorer la mémoire du père dominicain, son engagement pour l’amitié au-delà des religions. » C’est cette pièce, désormais accessible en DVD, qui a été visionnée à l’occasion de la rencontre de la SERIC. Critique de Paul Euzière, ( Président du Festival Transméditer ranée) : « Au-delà d’une interprétation et d’une mise en scène aussi remarquables que dépouillées, « Pierre et Mohamed »nous offre une rencontre bouleversante, à la fois témoignage et partage, mais aussi questionnement et défi. Le Témoignage, c’est celui de Pierre Claverie, Evêque d’Oran, assassiné par les terroristes islamistes le 1er août 1996, en compagnie du jeune Algérien, Mohamed Bouchiki, son chauffeur qui avait choisi de partager jusqu’au bout les risques de celui qui affirmait sans hésitation « la valeur de ma vie dépend de ma capacité de la donner ».

Pierre Claverie aimait à citer Rûmi, poète mystique soufi persan du XIIIe siècle, « Il n’y a qu’un pas sur la Voie, un pas hors de soi-même » C’est à ce prix que se forgent les fraternités vraies bâtisseuses d’avenir commun. « Découvrir l’autre, entendre l’autre, se laisser façonner par l’autre, cela ne veut pas dire perdre son identité, rejeter ses valeurs, cela veut dire concevoir une humanité plurielle, non exclusive ».

Le message s’adresse aussi bien à ceux qui croient au ciel qu’à ceux qui ne croient pas. Il est un défi individuel et collectif plus que jamais d’actualité. » Paul Euzière.

Rapport du Père Luc Moës, osb : S. Gaëtane Seulen, des Bénédictines, au 54 du Boulevard d’Avroy Mme Christine François, et Monsieur Lutfi Senlik, Président de la Cedicow*, avaient choisi la date du samedi 15 novembre pour rassembler une bonne septantaine de Musulmans et de Chrétiens de la Cité Ardente. Il s’agissait pour eux de se rencontrer, encore une fois, dans le cadre de la Semaine Européenne de Rencontre Islamo-Chrétienne. Tous, en effet, sont désireux de contribuer à une entente fraternelle accrue alors que partout dans le monde le fait religieux échauffe généralement gens et nations les uns contre les autres.

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Le Collège Saint-Servais, de la Rue Saint-Gilles, a servi de lieu de rendez-vous, d’autant qu’il dispose d’une salle de cinéma. En effet, il était prévu qu’après des interventions de bienvenue, par Mgr Jousten, évêque émérite de Liège – Mgr Delville a demandé qu’on veuille bien l’excuser car il était souffrant –, par M. Lutfi Senlik, Président du Cedicow, on projeta le film « Pierre et Mohammed » sur l’amitié de l’évêque d’Oran, Pierre Claverie, et de son chauffeur. Un échange de questions-réponses a permis à tel et tel de donner son avis. Cette mise en scène (une pièce de théâtre au départ), nous a montré – bien qu’au niveau religieux le point de vue chrétien était plus marqué – comment l’amitié profonde a pu lier ces deux hommes : c’est consciemment qu’ensemble ils ont fait le choix de rester unis se sachant menacés de mort. Le partage a donc suscité des questions autour de l’engagement…au-delà des religions ! Il convenait ensuite de partager un buffet de circonstance dans une salle assez vaste pour que chacun se serve et se joigne à quelque cercle d’invités, comme en vis-à-vis. Sans doute, était-ce enfin le bon moment pour fraterniser ! Avant de se séparer, un temps de prière à Dieu allait de soi, les uns selon leur tradition, les autres selon la leur, Lui demander la grâce de la paix et de la concorde parmi les croyants. Nous étions assis en cercle, les amis musulmans ont entendu un passage d’Evangile, après un moment de silence, ils ont entonné quelques invocations. Le temps a coulé depuis. On a ordonné ses impressions et ses souvenirs. Il me semble qu’il faille, à l’avenir, trouver un mode de rencontre où les relations interpersonnelles soient davantage favorisées, en regard d’un projet commun. En ce sens, « regarder ensemble dans la même direction » (Saint-Exupéry) et créer solidaires dans la foi, quelles que soient les communautés, les nationalités, un événement qui, à Liège, … questionne tous les autres citoyens sur leurs raisons de vivre, leur reconnaissance du Mystère ? Le matérialisme, le paganisme, l’égoïsme rallient comme jamais … L’homme s’abrutit. En se souciant de ce drame, les divers religieux trouveront tout naturellement à s’entendre, s’ils s’inquiètent de l’honneur de Dieu avant le leur. Bel avenir à tous ! (*Centre pour la Diversité et la Cohésion en Wallonie) Abbaye de Maredsous, 1 janvier 2015

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Marche pour la Paix à Liège organisée par Monseigneur Jean-Pierre Delville,

Sant’Egidio et les familles Musulmanes.

Un témoignage juif : Tout d’abord, je vous souhaite chaleureusement « Bonne année 2015, à vous tous, ici présents, et à vos familles, chnat chalom, ochèr ouvriout : année de paix, de bonheur et de santé. Et je vous dis aussi « chalom, chalom alèykhèm », la paix soit sur vous, le bonjour juif comme « salam alèqoum » est le bonjour musulman. Je suis juive mais je ne représente pas les multiples facettes du judaïsme. Contactée par François Delooz (responsable de Sant’Egidio à Liège), c’est à titre amical que j’interviens. Les intervenants de qualité (M. Fr. Delooz et Mgr J.-P. Delville) qui ont parlé jusqu’ici ont commenté l’actualité avec fermeté et avec émotion. Je vais m’attacher à la question : Que dit le judaïsme de la paix ? Voici quelques réponses. Pour savoir ce que dit le judaïsme, il faut aller au-delà de la Bible, dans le grand commentaire appelé le Talmoud, formé de la Michnah et de la Gmarah. Je vous citerai ici des versets des Chapitres des Pères, le dernier traité du 4e Ordre de la Michnah, qui a été mise par écrit vers l’an 200, afin que la tradition orale ne se perde pas. Hilèl [chap. I, verset 12] dit : « Sois un disciple d’Aaron [le prêtre, frère de Moïse] : il aimait la paix, recherchait la paix, aimait les créatures et les rapprochait de l’Enseignement-Torah. » Selon Hilèl, le modèle est un homme qui a une conviction : la paix. Mais cela ne suffit pas, il agit. Et on peut penser qu’avec tout son affect, il engage les autres à agir, comme cette marche du 1er janvier le fait. Il les aide ensuite à renforcer les convictions et l’action en étudiant le texte fondamental de la Bible juive qui est en quelque sorte un des modes d’emploi du monde. Au verset 18, Chimonn fils de Raban Gamlièl fait reposer le monde sur trois choses : la vérité, la justice et la paix, selon ce qu’avait dit le prophète Zèkharyah - Zacharie (VIII : 16) : « La vérité et des sentences de paix vous rendrez dans vos murs » c’est-à-dire « Faites régner dans vos murs la vérité, la justice et la paix ». Plus loin, il est dit comment aider à faire venir la paix. (Je ne citerai pas toutes les références !) Selon Hilèl encore [II : 7], multiplier l’Enseignement-Torah, c’est prolonger la vie, demander le point de vue, prendre l’avis d’autrui, c’est développer la prudence, multiplier les actes de charité, c’est propager la paix. Après lui, Rabi Elièzèr conseille : « Que l’honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien, et ne sois pas prompt à te mettre en colère. » Pour Rabi Yossèy [II : 12], ce sont les intérêts du prochain qu’il faut avoir à cœur. C’est un grand avertissement pour le rôle des adultes envers les jeunes qui se sentent exclus et qui sont la société de demain : avoir à cœur leur honneur et leurs intérêts et ne pas s’irriter trop vite, bref, les respecter.Rabi Yossèy [II : 12] ajoute : « Applique-toi à étudier la Torah car on n’en acquiert pas la connaissance par héritage ».

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1er janvier 2015.

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En effet, la Torah enseigne que la justice, en particulier la justice sociale en faveur des plus faibles, la justice est une des conditions de la paix. Justice et paix ne sont pas données une fois pour toutes : elles demandent la plus grande vigilance. Elles sont à construire et à protéger à chaque génération. Et cette année encore, il y aura beaucoup de travail pour rendre une place digne à tous ceux que le système actuel exclut. J’avais déjà souligné cela l’an dernier car, ancienne enseignante, je suis convaincue de la nécessité de l’éducation et du pouvoir positif de l’éducation. À partir de Psaumes, Proverbes et Samuel II : 30, le rabbin Ben Zoma [IV : 1] réfléchit : Quel est le vrai sage ? c’est celui qui ne dédaigne pas les leçons d’autrui. Quel est le véritable héros ? c’est celui qui sait vaincre ses passions. Quel est le vrai riche ? c’est celui qui est content de son sort. Qui est digne de respect ? c’est celui qui respecte son prochain. » Voilà des façons d’agir par lesquelles chacun peut travailler à amener la paix autour de soi, mais c’est bien loin et même aux antipodes des modèles simplificateurs des médias. Rabi Hanina ben Dossa conclut [III : 9] en disant : « Celui qui est aimé des hommes est aussi aimé de D-ieu et celui qui n’est pas aimé des hommes n’est pas non plus aimé de D -ieu ». Il pense donc que la concorde, la paix, est ce que D-ieu attend de l’être humain. Je vais conclure aussi. En citant deux versets. Le verset 19 du chapitre V : « Celui qui possède les trois qualités suivantes est un disciple d’Avraham Avinou, le Patriarche Abraham : la générosité, la modestie et le dévouement ». Et le verset dû à Rabi Tarfon [II : 16]: « Tu n’es pas obligé d’achever le travail, mais tu n’es pas libre de t’y soustraire complètement. » Car nous sommes réunis ici en enfants d’Abraham et nous ne nous sommes pas soustraits au travail. Marcher, c’est un outil, un outil pacifique qui lance un défi aux fabricants, aux vendeurs et aux acheteurs d’armes et aux gens sans scrupules avides de pouvoir. Et les marcheurs, nous les marcheurs, sommes venus dire aux passants : la paix est un idéal certes mais elle sera possible si nous le voulons ; il faut le vouloir et refuser d’être indifférent. Une marche comme celle-ci commence l’année par un exemple positif.

Dinah Korn-Lewin, (enseignante de judaïsme retraitée.

Le Village des Pruniers, au nom plein de charme et de poésie, est un monastère bouddhiste. Il fut fondé par le maître vietnamien Thich Nhat Hanh, appelé Thây (Maître),initiateur du « Bouddhisme engagé » de « la pleine conscience » et de « la marche méditative ». Son combat pacifique, entamé durant la guerre du Viet Nam avec le moine cistercien Thomas Merton, l’a conduit à l’exil. Réfugié politique en France depuis 1972, il a créé en 1982, avec la nonne Chân Không, le «Village des Pruniers » et ne retourna au Viet Nam que 39 ans, après en 2005. Actuellement, âgé et fatigué, il vit toujours au Village des Pruniers, dans la solitude dans son ermitage.

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6-10 Octobre 2014, visite des membres du DIM-France

au Village des Pruniers en Dordogne.

France

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Dans le cadre du DIM, quatre moniales bénédictines (Jouarre, Maumont, Martigné-Briand, Urt,) et trois moines bénédictins (deux d’En Calcat, un de La Pierre qui Vire), rejoints par un frère de la Communauté Saint Jean et deux dames sympathisantes du DIM, se sont retrouvés dans ce lieu paisible de Dordogne. Les 200 moines et moniales réunis en quatre hameaux ont la plupart moins de 50 ans ! Quelques occi-dentaux attirés par la proposition bouddhiste ou vietnamiens exilés de leur pays, ils sont tous convaincus que le bonheur se vit au présent et va de pair avec un travail de chaque instant sur soi-même. Ils prati-quent aussi un large accueil ; chaque année des milliers de retraitants viennent du monde entier. Les Frères étaient reçus dans le Hameau du Haut, tandis que les Sœurs étaient accueillies dans le Hameau du Bas, où vivent une soixantaine de « nonnes ». Elles sont en grande majorité vietnamiennes, fort jeunes et pleines de vitalité ; on y reconnaît quelques nonnes occidentales, pratiquant trois langues successives : le vietnamien, l’anglais, le français. Un texte écrit en lettres blanches sur le fronton de l’entrée nous don-nait la tonalité de ces journées : « Ecoutez bien pour mieux comprendre. Regardez bien pour mieux aimer » Les bâtiments de ferme, reconstruits à l’ancienne, sont disséminés dans la propriété, avec des plantations de pruniers qui ont remplacé les ceps de vigne, une serre pour les légumes, un jardin splendide où poussent des arbres aux espèces variés. Tout respire la beauté, l’harmonie, la paix. Nous avons été accueillis comme saint Benoît le recommande dans sa Règle. Pour nous les moniales, nous avions comme guide notre- chère sœur bien connue déjà de longue date, la bhikshuni soeur Diêu Nghiêm (Jina) (néer landaise) ainsi que la bhikshuni sœur Dao Nghiêm (française). Dès le premier soir de notre arrivée, nous avons eu une rencontre avec la sangha (communauté) et nous avons été invitées à nous présenter : mains jointes devant nous pour prendre la parole et mains jointes à nouveau lorsque nous avons terminé de parler ; une bonne leçon de respect pour ne pas se couper la parole ! Pour conclure cette rencontre elles ont chanté : « Le bonheur c’est maintenant, j’ai laissé tous mes soucis, Nulle part où aller, rien à faire, Pas besoin de se presser. Le bonheur c’est maintenant, j’ai laissé tous mes soucis, Quelque part où aller, quelque chose à faire, Mais à présent j’ai tout mon temps ». Les journées sont rythmées par le son de la cloche. Le matin, à 5h, nous étions réveillés par un son grave, qui retentit à intervalles réguliers jusqu’à se perdre dans le silence de la nuit, chaque coup étant suivi d’une mélodie chantée par une jeune vietnamienne à la voix pure et cristalline. Comment ne pas entendre la voix du Prophète Isaïe : « Chaque matin, le Seigneur éveille mon oreille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire » (Is 50) et nous nous retrouvions au zendo à 5h45, pour la première méditation suivie de la récitation des « Cinq Entraînements à la pleine conscience ». Dans la journée, au moindre son de cloche, nous étions invités à arrêter nos échanges pour un moment afin de nous recentrer sur l’essentiel, la terre sur laquelle nous marchons, le grand univers auquel nous appartenons, sur l’absolu ou l’éternel ! Vécu paisiblement dans le quotidien des activités, cela tient de la ferveur contemplative à laquelle nous ne pouvions être indifférents. Cet appel à rentrer dans la demeure de son cœur, à revenir à la source, était inscrit sur un mur : « Remonter chaque jour à la source d’où jaillit la sève de notre vie ». Cette pratique, nous dit Sœur Daô, aide beaucoup les gens dans leur quotidien, car au son de la cloche, nous mettons un frein à notre vie survoltée ; nous faisons une pause pour prendre conscience de ce qui se passe à l’intérieur de nous et autour de nous.

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Les temps de méditation, à l’aube et à la tombée de la nuit, réunissent dans une grande salle les Nonnes et les hôtes. C’est impressionnant de voir ces jeunes sœurs, en posture de lotus, immobiles, le visage grave, impassible, alors que nous les voyons, à la rencontre, éclater de joie ! Méditation en silence, suivie d’une récitation des « Entraînements à la pleine conscience » pour tous ceux qui suivent la voie bouddhiste et des « Préceptes », pour les Nonnes, ce sont là des exigences qui rappellent nos vœux de pauvreté, de chasteté, … avec des expressions bien particulières, comme les « manières raffinées », pour évoquer les relations entre sœurs et frères, les nonnes et les moines se retrouvant 2 jours par semaine pour entendre l’enseignement du Thaï et partager.

La marche méditative est une autre pratique : marcher au rythme de sa respiration, en se concentrant uniquement sur l’inspir et l’expir, est un exercice qui nous aide à revenir à l’ « Ici et Maintenant », à lâcher tout ce qui nous traverse l’esprit pour prendre conscience de notre corps, de nos sensations. En marchant, nous « caressons » la terre, notre mère, nous laissons notre empreinte sur le sol, nous entrons en communion avec tous les êtres vivants.

Pour les repas, chacun se sert des mets préparés, selon un régime végétalien, et se rend dans une salle ou sous une tente. Avant de commencer à manger, l’usage est de s’incliner devant son assiette, les mains jointes, puis de saluer sa voisine, toutes celles qui sont à table. Nous sommes touchées par la politesse exquise de nos sœurs vietnamiennes qui vivent le repas comme un rituel, avec ces deux dimen-sions, reconnaissance pour la nourriture donnée alors que tant de gens ne mangent pas à leur faim et attention aux autres.

Nous avons échangé les jours suivants sur notre pratique de la vie monastique chrétienne. La nouvelle responsable de la Communauté du Hameau d’en Bas où nous étions, la bhikshuni soeur Hôi Nghiêm, (vietnamienne), impressionnée par le nombre d’années de vie monastique que nous avions, nous a demandé : « Qu’est-ce qui vous fait durer si longtemps dans la joie ? » Alors nous avons expliqué notre « suite du Christ » à l’école de notre père saint Benoît et la réalité de « l’Unique nécessaire ». Nous avons remarqué aussi qu’il n’y a pas beaucoup de statues du Bouddha en ce lieu et l’on nous a expliqué que « dans la pratique de la pleine conscience, dans chaque individu, il y a un bouddha ; et donc il s’agit de prendre refuge dans cette racine, dans le Bouddha. Ici, c’est un endroit où il y a très peu de statues du Bouddha, ainsi les chrétiens peuvent se sentir à l’aise. Et puis il ne faut pas oublier que dans une vie antérieure, nous étions des fleurs, des rochers, des arbres, des insectes … ce sont aussi nos ancêtres. Chacune cherche une autre dimension qui nous dépasse ; conscience

juste, vision profonde ». Nous avons évoqué leurs relations frères/sœurs puisqu’il y a deux hameaux de sœurs (Hameau du Bas et Hameau du Milieu) et un de frères (Hameau du Haut). Ils se rencontrent le Jeudi et le Dimanche pour un enseignement, repas et détente en commun. ; « on prend refuge dans le frère », « on prend refuge dans la sœur » nous disaient-ils ! Le Jeudi nous avons participé à cette journée de rencontre au Hameau du Milieu où le matin nous avons bénéficié de l’enseignement d’une nonne américaine suivie de la marche méditative sous une pluie fine. Ensuite chacun s’étant servi des mets préparés c’est en procession que nous nous sommes dirigés vers le grand hall pour prendre le repas en silence. L’après-midi les huit moines et moniales catholiques répondions aux questions posées par les très nombreux laïcs retraitants, nonnes et moines.

Au terme de ces quatre jours, nos hôtes du Village du Bas, nous ont invitées dans leur salle de communauté, pour le dernier repas pris ensemble, suivi d’une soirée récréative, avec chants vietnamiens et français, remerciements, cadeaux. Les sœurs bouddhistes ont promis de nous rendre cette visite, en venant séjourner dans nos monastères chrétiens.

Sr Marie (Urt) - Sr Paula (Maumont ) - Sr Samuel (Martigné-Briand) - Sr Solange (Jouarre ) Fr Ambroise ( La Pierre-Qui-Vire ) - Fr Columba- Fr.Daniel (En Calcat ) –

Fr Marie-Benoît ( Congrégation St Jean)

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Abbaye Ste Lioba – Simiane – Juillet 2014 : conférences du Rabbin Philippe Haddad : sur les psaumes associés à chacune dans trois fêtes de pèlerinage Pessah (Pâques), Chavouot (Pentecôte) et Soukot (la fête des cabanes) Ces trois fêtes rappellent les trois moments de l’intervention de Dieu. Elles célèbrent trois attributs de Dieu, dans l’ordre : la libération, la révélation et la providence ; trois attributs qui s’ajoutent à celui de la création, en vue de la rédemption et de la rétribution. Ces pèlerinages eurent lieu jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem en 70. Dieu est partout, mais il y a des lieux, des temps et même des êtres qui font davantage ressentir sa présence. Se retrouver à Jérusalem, c’était rencontrer les hommes de Dieu, c’était aussi reconstruire l’unité du peuple, redevenir le peuple de Dieu . Lorsque le Temple fut détruit, les sacrifices furent remplacés par la prière, par la louange (‘Tehillim’), le psautier, le seul livre de la Bible qui utilise le mot ‘Alleluia’, « louez Dieu ». Le psautier est divisé en cinq parties, comme le Pentateuque. On met ainsi en parallèle les deux grandes figures de la Bible : -Moïse (au Pentateuque) : l’homme qui fait descende la parole de Dieu (la Loi) et fait ainsi le lien entre le ciel et la terre. -David (auteur attribué aux psaumes ou à une grande partie) : l’homme qui fait monter la parole de l’homme vers Dieu et fait ainsi le lien entre la terre et le ciel. Premier psaume : le psaume 107, psaume de la fête Pessah (Pâques) Ce psaumes s’adresse aux libérés du Seigneur. Dieu est le ‘goêl’, le libérateur de ceux qui sont dans l’oppression, la sortie d’Egypte en est le paradigme. Ces libérés rassemblés de toute la terre sont invités à louer le Seigneur. Quatre situations de péril sont évoquées, la traversée du désert, la prison, la maladie, la traversée de la mer. Chacune est terminée par l’appel à Dieu durant le malheur et la reconnaissance à Dieu une fois qu’est venue son aide. Remarquons simplement pour ce psaume : -ce sont les merveilles pour les fils de l’homme qui sont célébrées c'est-à-dire pour tous -le miracle de Dieu, c'est traverser sereinement l’épreuve. -les prisonniers du v. 10 le sont parce qu’ils ont été rebelles aux paroles de Dieu. Et c'est la parole de Dieu qui va les guérir ! (verset 20) La fin du psaume décrit l’action de Dieu, le Créateur et maître de la nature. Le Rabbin Philippe Haddad remarque les similitudes de ce psaume avec les béatitudes. Jésus était en effet imprégné des psaumes. Deuxième psaume : le psaume 68, psaume de la fête Chavouot (Pentecôte) qui comporte un appel pour le déplacement de l’arche, une référence au dévoilement de la présence divine au cours du combat, le déroulement d’une fête dans le Temple à Jérusalem. Citant la phrase de Jésus « il a été dit tu haïras ton ennemi… », Ph. Haddad fait remarquer que Jésus était imprégné de la torah, qui dit « tu aimeras ton prochain comme toi-même », et il en donne sa lecture, il va plus loin. Si tu aimes celui qui t’aime, c'est un jeu de miroir ! Aimer celui qui est différent de toi, c'est révolutionnaire ! Nos ennemis, ce sont nos ennemis intérieurs, il n’il y en a pas d’autre. - Philippe Haddad cite aussi Ep 4,1-13 où Paul fait une lecture midrashique du verset 19. Paul est imprégné de midrash ! il est monté. Qui ? le Christ. S’il est monté, c'est qu’il est parti d’en bas, des régions inférieures. Il a donné des dons. Ce don, c'est quoi ? L’inspiration de Dieu pour chacun, la pluie généreuse qui tombe sur tous, c'est l’amour de Dieu. On ne voit Dieu que de dos. Le dos de Dieu, dit Lévinas, c'est la trace de Dieu, la bonté, la générosité, l’amour, la miséricorde. Dieu est partout, mais si tu tires les rideaux, la lumière ne passe plus !

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Troisième psaume : psaume 42-43, psaume de la fête Soukot (la fête des cabanes) Ces deux psaumes n’en formaient qu’un. C'est la prière d’une personne qui avait l’habitude de monter à Jérusalem. Exilé, il ne peut plus faire le pèlerinage et pleure de ne pouvoir vivre cette expérience de bonheur. Il a un désir ardent de se trouver face à Dieu. Ne pourrait-il pas vivre cette expérience là où il se trouve ? La Bible dit : c'est au cœur du Temple que l’expérience la plus forte peut être vécue, une expérience personnelle et aussi collective. La prière est une expérience personnelle qu’on vit ensemble. L’individu alimente le collectif et le collectif alimente l’individu. Le bonheur, c'est la proximité de Dieu, mais le rassemblement rajoute au bonheur. Quatrième psaume, le psaume 12 Philippe Haddad nous a proposé de l’étudier comme le font les juifs dans les ‘Yeshiva’, lieux d’étude de la Torah : deux par deux nous allons partager et discuter ce que nous dit ce psaume, puis nous en faisons une mise en commun. La méthode est radicalement nouvelle pour nous autres moines ou moniales puisque nous avons l’habitude de faire notre ‘lectio’ seuls et en silence. Il nous propose de 1) confronter différentes traductions, 2) d’essayer de dégager le plan, les thèmes et comment ils sont abordés, 3) de retenir une ou deux idées que le psaume nous a inspirées. Pour terminer, évoquons deux moments importants de ces rencontres, qui ont apporté encore profondeur et joie à nos échanges. Au milieu de la session nous avons pris un temps de prière commune avec le Rabbin Philippe Haddad, les participants et la communauté. A la fin de notre dernière conférence, à notre grand étonnement, le Rabbin Philippe Haddad nous dit : « Maintenant c'est le temps de la fête : on danse et on chante !

Le 11 novembre 2014 a eu lieu pour la 15e année consécutive la rencontre interreligieuse au monastère des Bénédictines d’Urt.

Les « religions traditionnelles africaines » en étaient le sujet. Pierre Diarra, père de famille, originaire du Mali, docteur en théologie, en histoire des religions et anthropologie religieuse, enseignant à l’Institut catholique de Paris (ISTR) a animé cette journée qui a réuni environ soixante dix personnes ; parmi elles, des « fidèles » de ces rencontres, mais aussi des religieux qui sont ou ont été missionnaires en Afrique. Pierre Diarra : « Parler de « Désirs religieux » chez les Africains est difficile tant la distinction entre le religieux, entre le profane et le sacré est mince. Ensuite, on a

l’impression que Dieu est absent et que le but c’est de rejoindre des ancêtres. L’Afrique est vaste, les religions animistes très diverses, les coutumes différentes même à l’intérieur d’un même pays. Chaque village, communauté, ethnie les organise en l’absence d’une autorité qui dise « ceci est vrai, cela est faux. »

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Des ancêtres au cœur des « religions » traditionnelles africaines . La relation avec les ancêtres est filiale : ils sont là, on ne les voit pas. On essaie de trouver une bonne relation avec ces êtres. Plusieurs signes manifestent qu’on ne les a pas oubliés, comme verser de l’eau dans un lieu où peut-être ils ont été enterrés. Que faire pour bien vivre et, après la mort, être dans de bonnes conditions ? Il y a toute une organisation sociale. Le chef, les plus vieux vont avoir une dimension religieuse. Est-ce que les Africains sont incurablement religieux ? Un dominicain Camerounais a écrit dans sa thèse que « même en Afrique, il y a de l’indifférence religieuse mais on ne peut pas le dire, il y a des incroyants et des athées qui ne peuvent pas toujours parler». Il est demandé de participer à la démarche religieuse et non pas de créer une pensée qui irait à l’encontre de la pensée du plus grand nombre.

Au Mali, à l’Assemblée nationale, les députés on fait une loi pour mettre un peu d’égalité entre les hommes et les femmes. Mais les musulmans -95% de la population- sont descendus dans la rue pour dire que dans l’Islam, il n’y a pas d’égalité possible entre les hommes et les femmes. Au Bénin, les adeptes du Vaudou ont revendiqué de fêter le Vaudou en janvier. Comment interpréter la photo de gens masqués, perchés très hauts sur des bâtons ? Cela permet de dire que toutes les réalités sont à considérer comme ayant une face visible et une face invisible, telles, la mort, la vie, y compris nous-mêmes. Quand un Africain animiste se convertit au christianisme où à l’islam, la tendance est de retrouver la logique des religions traditionnelles africaines et le soubassement animiste. Un monde « animé » ou deux mondes où il faut savoir tisser des relations L’homme se sent tout petit dans le cosmos pour vivre et survivre. Il faut qu’il tisse des relations avec ce monde invisible et tous les êtres, d’où l’importance des salutations, saluer les ancêtres le matin et aussi saluer les gens. J’ai l’habitude de dire aux jeunes coopérants qui partent en Afrique : « Vous aurez l’impression de perdre du temps en salutations. Mais il faut le faire, sinon vous ne pourrez rien faire quand vous voudrez résoudre des problèmes ou travailler avec eux ». Un « sacré » présent partout : difficile distinction entre profane et sacré De plus, le fait d’appartenir à une ethnie implique de vivre selon la tradition culture et religieuse de cette ethnie. Invocations, prières, recours, interprétations… au cœur de la vie Il y a des prières, des recours, des interprétations qui montrent qu’on est dans une logique religieuse à tous les niveaux. Le travail de sarcler ou d’ensemencer son champ commence par une prière. Avant de partir en voyage, on informe les ancêtres. Une prière est adressée aux ancêtres avant la saison des pluies pour que tout se passe bien. On est partout dans une logique religieuse : penser à Dieu et aux ancêtres. Chaque geste a un sens : se saluer avec la main gauche indique qu’on va se séparer pour longtemps et que l’on ne le fera pas de bon cœur. Une « initiation » complétera l’éducation reçue en famille en vue de la vie au sein d’un peuple qui se réclame de cette tradition.

Un Dieu proche et lointain Il faut respecter l’ordre cosmique, Dieu et les ancêtres, la vie et les rites. Les fêtes et les sacrifices

en l’honneur de Dieu sont rares mais ils existent. Dieu est omniprésent dans le langage, les vœux.. « Que Dieu vous donne… » mais en même temps on ne sait pas trop où il est, s’il s’occupe de nous et s’il nous voit.

En côte d’Ivoire, lors de la fête des ignames, le chef se met à danser en pointant le doigt vers le ciel pour signifier qu’au dessus de lui, le chef, il y a un Dieu plus grand. En même temps, on affirmera que Dieu n’a besoin de rien et qu’il est au-delà de tout.

Les proverbes africains sont parfois critique vis-à-vis de Dieu, « Si Dieu est un sauveur, il arrivera quand tu auras beaucoup souffert». Cela nous entend que Dieu n’est pas pressé de venir nous sauver et que, peut-être, pendant ce temps, qu’il faut s’adresser aux ancêtres ou à d’autres plus prompt à venir nous aider.

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Rendre un culte à un être suprême par des rites, des offrandes et des sacrifices. Cet être suprême est-il une force ? Un principe ? Il peut avoir plusieurs noms et il est là pour garantir une organisation sociale et que chacun y trouve sa place dans l’unité, l’ordre, le respect de la hiérarchie. Dieu aux multiples visages Ce Dieu à une multitude de visages, plus ou moins bons, en fonction de ce qu’on pense de lui. Par exemple lors de funérailles et de deuils des jeunes, on chantera le mauvais nom de Dieu qui veut dire « Dieu qui donne et reprend ». Il donne mais pas totalement et cela pose question. Il y a cependant des signes pour dire que Dieu est attentif et qu’il fait de bonnes choses : la petite fenêtre dans les habitations au Rwanda par où Dieu voit et veille sur les habitants ; un petit trou dans le pagne de la maman qui porte un enfant et par où Dieu surveille l’enfant… Dieu au fondement de tout « Si l’homme doit à ses prochains aide, courtoisie, politesse, hospitalité, il a des devoirs envers les animaux, les végétaux et le milieu ambiant par souci de respecter le rythme de la vie universelle. » (Amadou Hampate Ba) Avant de couper un arbre, on lui demande pardon ; avant de creu-ser le sol pour enterrer quelqu’un, on lui demande pardon. Il y a une relation avec tout ce qui nous en-toure. Chaque élément du monde a son importance. Là comme en toute activité de création rien n’est profane, ni un moyen pour s’enrichir mais pour plaire à Dieu et aux ancêtres. Une « moralité noire » et une « moralité blanche » (René Bureau) ? Quelques tr aits culturels au niveau des comportements quotidiens sont choquants chez un européen en Afrique, et vice-versa. La colère, perdre la maîtrise de soi n’est pas un comportement humain pour les Africains. La corruption est souvent pratiquée en Afrique au bénéfice de son réseau familial : frères, sœurs, oncles, tantes. Un défaut caractéristique des européens souvent pointé par les Africains serait l’indiscrétion, dévoiler le secret pour garder la gestion des choses. Alors que pour eux, la richesse des relations est conditionnée par le secret partagé et gardé, la discrétion dans les paroles et sur les informations concernant les personnes privées. En conséquence, il faut privilégier les palabres. Il faut donc regarder ces religions traditionnelles comme un art de vivre, comme une manière d’être dans le monde et agir avec tout un symbolisme. C’est le social qui met en forme l’individu. Le « moi » est posé, non comme un absolu mais en lien avec d’autres, avec la collectivité. Je suis avec l’ensemble des relations qui me permettent de vivre. Les anthropologues disent qu’en Afrique la personne est présentée comme un nœud de relations. Les mythes pour expliquer, rassurer ,poser des questions, donner des éléments de réponses. Un mythe des Dogon sur la création dit que Dieu a crée deux êtres dans un œuf. L’un s’est révolté contre son créateur et est parti de l’œuf avant sa maturité ; il est devenu le semeur de trouble. L’autre, sage, est resté tranquillement. Dieu va se servir de lui pour essayer d’arranger tout ce que le révolté va détruire dans la création. Ce mythe met l’accent sur la solidarité, sur le rôle que les animaux vont jouer dans l’avenir de l’humanité. Il y a beaucoup d’aspects dans la création qui peuvent l’aider à réfléchir et à aller vers Dieu. Mythe du Nord-Cameroun : « Jadis le ciel était proche de la terre. Bumbulvum (le nom de dieu) vivait avec les hommes, si proche que les hommes ne pouvaient se déplacer que le dos courbé. Par contre, il n’avait pas de souci à se faire pour leur subsistance. Il leur suffisait de tendre la main pour ramasser des lambeaux du ciel et les manger. Mais un jour, une jeune fille, fille du chef qui était mukunda, c'est-à-dire méchante et faisait le contraire des autres , au lieu de prendre des morceaux de voûte céleste pour s’en nourrir, commença à regarder à terre et à choisir des graines qu’elle y trouvait. Elle se plia à moitié et prit un pilon pour écraser les graines qu’elle avait choisi sur le sol. A genou, à terre chaque fois qu’elle levait son pilon, celui-ci allait le ciel et Dieu. Gênée dans son travail, la jeune fille dit au ciel « Ne vas-tu pas t’éloigner un peu ? Le ciel s’éloigna un peu et la jeune fille put se tenir debout. Mais elle implora le ciel une 2e fois, une 3e fois, alors le ciel s’en alla au loin là où il est maintenant. Depuis ce temps-là, les hommes

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marchent et se tienne debout. Ils ne se nourrissent plus de lambeaux du ciel et son devenus mangeurs de mil. De plus, dieu ne se montre plus aux hommes comme jadis où tous les soirs il venait régler les palabres dur la terre. »

Ce mythe est souvent représenté comme la cause de l’éloignement de Dieu. Il faut un coupable et c’est une femme ! Mais dans d’autres mythes ce sont les hommes qui provoquent la colère de Dieu. Le mythe raconte comment les choses se passent quand Dieu est proche et quand Dieu est parti. Il est sous-entendu que l’homme n’était pas très heureux en étant courbé : la proximité de Dieu est trop gênante. On explique qu’en Afrique, on préfère que Dieu soit plus loin et on négocie avec les ancêtres ; les êtres invisibles. Il s’agit aussi de la fille du chef qui peut se permettre des choses non permises à d’autres mais elle peut aussi entendre le cri du peuple qui souffre et marche courbé car Dieu est trop proche. De plus, on est dans un monde gouverné par des hommes et on comprend que ce soit une femme qui se révolte. Bien vivre c’est savoir tisser des relations. Il est nécessaire d’être en bonne relation avec les vieux car cela peut servir quand ils seront dans le monde invisible. Mais encore il y a une exigence de fréquenter les vieux auprès de qui on apprend les histoires et les secrets de la famille, les formules et les médicaments. L’ancêtre mythique est généralement celui qui a fondé le lieu où habite la famille. Là, au pied d’un arbre, il y a un autel ou un fétiche où on vient faire les sacrifices : égorger des poulets ou une chèvre pour honorer les ancêtres et leur faire des demandes. Mais il existe une hiérarchie entre les ancêtres mythiques et les ancêtres plus proches. Il ne faut pas oublier l’an-cêtre mythique qui peut donner l’ordre à celui est invoqué de ne pas satisfaire la demande car une bonne éducation demande qu’on s’adresse d’abord aux anciens avant de s’adresser aux plus jeunes. L’initiation est au service de la cohésion sociale. Elle consiste à éduquer les jeunes ou les moins jeunes, à travers des rites d’initiation, que désormais ils sont frères et sœurs, qu’ils peuvent et doivent se soutenir et s’entraider. La peur est véhiculée par les religions des ancêtres : la peur du mal, des interdits, des maladies ; la peur de ne pas trouver les bons rites, les pratiques efficaces ; la peur de la parole du devin dont on n’est jamais sûr ; la peur du sorcier et derrière la sorcellerie il ya des histoires de jalousie, de méchanceté humaine. La sorcellerie, en sorceller ie, l’acte c’est le verbe et il peut y avoir une psychose du mal et des pratiques occultes d’empoisonnement. En sorcellerie la parole devient la guerre d’où l’instauration de la peur au service du pouvoir. Les conditions pour devenir « ancêtres ». . avoir bien vécu : on sous-entend ici qu’il faut avoir fait toute l’expérience humaine. Dans l’au-delà, il y a le village des ancêtres, des adultes et des tout-petits. Un enfant peut être chargé de mission par un ancêtre. Il vient, regarde et retourne dans l’au-delà. Ceci justifie une sorte de tolérance de la mort des enfants. Avoir bien vécu suppose une vie vertueuse, avoir pratiqué les lois en vigueur de la société, n’avoir pas trempé dans les histoires de sorcellerie, ni avoir été coupable de vol, ni avoir été coléreux… . avoir eu une descendance sur terre car la vie reçue doit être communiquée. Est-on entré dans une logique de vie, dans le renouvellement d’une société à tout point de vue ? Pas forcément par une descendance charnelle mais pour avoir participé à l’éducation des enfants de sorte qu’on puisse vous appeler « maman » ou « papa. . avoir eu une « bonne mort », de préférence naturelle, rassasié d’années et après avoir livré son message aux siens. Avoir eu une bonne sépulture ; il peut y avoir des excès mais une bonne sépulture implique d’organiser la fête pour tous ceux qui y viennent et cela coûte cher. On peut cependant organiser plus tard l’entrée officielle de cette personne dans le monde des ancêtres. L’importance des liens de sang. Chaque individu qui devient père ou accède au rang de père, tous les enfants sont ses enfants et doivent l’appeler « papa ». De même pour la mère, ce qui fait qu’en Afrique on a plusieurs papas et mamans. L’alliance est élargie à toute la famille : ce qui fait que pour résoudre des problèmes, notamment dans le mariage, il y a toujours des solutions, la palabre.

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Les religions traditionnelles en Afrique sont un ensemble culturel d’idées, de sentiments, de rites basés sur un certain nombre de points : la croyance à l’existence de deux mondes, visible et invisible ; la croyance au caractère communautaire et hiérarchique de ces deux mondes, et l’interaction du monde invisible avec le monde visible. La religion des ancêtres englobe toute la vie. La croyance en un être su-prême, créateur de tout ce qui existe est aussi présente et les ancêtres s’occupent de faire le lien entre les hommes et dieu. Le pèlerinage des hommes vers le monde invisible se passe sous le regard des ancêtres.

Sr Marie Pinlou osb -Urt

A l’ ISTR de Paris - le 19 Mai 2015 : 9 H 00 – 18 H 00 Colloque : les 50 ans de Nostra Aetate Lieu : 21 rue d’Assas – 75006 Paris ************************** Colloque Bouddhistes-Chrétiens au CTM-Meylan – Grenoble Du jeudi 9 juillet 20H30 au dimanche 12 juillet 2015 La mort, un passage ? Regards croisés bouddhistes et chrétiens En partenariat avec des instances européennes bouddhistes et chrétiennes, la question de la mort humaine sera explorée. Sous la présidence de Dennis Gira, auteur de nombreux ouvrages et enseignant le Bouddhisme au Centre Sèvres, à l’Institut Catholique de Paris et à l’Université Catholique de Lyon. ************************** A l'ashram de Gretz, en collaboration avec le DIM, aura lieu la rencontre interreligieuse (Hindouisme-Christianisme - Bouddhisme - Islam) les : 27 et 28 juin 2015 avec pour thème : Dieu, voici comment les différentes traditions te prient **************************

Abbaye Sainte Lioba - Simiane : Session Interreligieuse 25-27 Aoüt 2015 animée par le Rabbin Philippe HADDAD Les psaumes : prière commune entre Juifs et Chrétiens : A la découverte des psaumes 111 à 117 prière de Jésus en allant vers le Mont des Oliviers

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PROJETS

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Dans le cadre de nos échanges du DIM francophone (Belgique-France -Suisse)

Du lundi 5 octobre 2015 au vendredi 9 octobre 2015 après-midi.

une session sera animée par : Bernard DUREL, op

« Méditation chrétienne dans l’esprit du zen » lieu : Monastère Bénédictin Saint Remacle de Wavreumont, 4970 Stavelot, Belgique. Renseignements et inscriptions: soeur Gaëtane, Abbaye Paix Notre-Dame, B-4000 Liège. Tél (032) 04 223 77 20, ou GSM O491 15 56 16, entre 14 et 16h, ou après 21h. Courriel: [email protected] possibilité d'arriver la veille. - (Inscriptions dès maintenant jusqu'au 15 août 2015)

FILM DOCUMENTAIRE sur le dialogue inter religieux monastique Lizette Lemoine et Aubin Hellot des Les Films du Large ont mis à disposition un teaser d'un film documentaire sur le dialogue interreligieux monastique qu'ils produisent pour DIMMID. Ils ont déjà filmé sur place en Europe (Belgique, France, Italie et Allemagne), le Maroc et le Japon. En mai, ils seront aux États-Unis pour filmer la quatrième Rencontre Gethsémani. Le film sortira aux environs du 28 Octobre, 50e anniversaire de la promulgation de Nostra Aetate. À l'heure actuelle, le projet est en cours pour le lancement du film à Paris et à Rome. D’autres lieux sont également projetés. Lemoine et Hellot sont les cinéastes du documentaire pour le 50e anniversaire de la fondation de l'AIM. Thich Nhat Hanh hospitalisé Le site du Village des Pruniers rapporte que le 11 Novembre 2014 Thay, Maître Zen Thich Nhat Hanh, a été victime d'une hémorragie cérébrale grave. Thay reçoit des soins intensifs. 3 Janvier 2015 : La condition physique de Thay demeure stable, grâce aux excellents soins qu'il reçoit de l'équipe médicale. Il fait des progrès quotidiennement et ses aides apprennent de son esprit de détermination.

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INFORMATIONS ET NOUVELLES

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400 participants à une marche multiconfessionnelle à Cannes Dimanche 16 novembre, une marche multiconfessionnelle a rassemblé les responsables religieux de la ville à l’appel de l’association « Festival vivre ensemble à Cannes », qui tisse depuis trois ans des liens d’amitié entre les croyants. « Il faut élargir la Croisette ! » Hilare, le rabbin David Moyal marche, en cortège serré, avec le cheik Khaled Bentounès, leader spirituel de la confrérie soufie Alâwiyya. Dans une cohue bon enfant, les représentants des communautés catholiques, juives, musulmanes, arméniennes, protestantes et bouddhistes de Cannes ont marché dimanche 16 novembre sous l’œil des passants. Le cortège suivi par 400 personnes a planté face au Palais des festivals un olivier, symbole de paix et du vivre-ensemble.« Nous voulons témoigner de façon visible que ce dernier est possible », indique Pierre Chevallet, président de l’association Festival vivre ensemble à Cannes (VEAC). « IL FAUT TOUJOURS USER DU REMÈDE AVANT LA MALADIE » Depuis trois ans, tous expérimentent « l’aventure » de la fraternité, commencée en novembre 2011, à l’occasion du 25e anniversaire de la rencontre interreligieuse d’Assise. À l’initiative de Pierre Chevallet, membre de Fondacio, les responsables religieux se sont réunis pour organiser une marche sur la Croisette, choisie pour sa visibilité. Face à l’affluence (1 200 personnes) l’initiative a perduré. Pourquoi un tel festival alors que Cannes ne connaît pas de tensions interreligieuses ? « Il faut toujours user du remède avant la maladie », affirme le rabbin David Moyal. L’association revendique 70 membres actifs et autant de sympathisants et 450 abonnés à sa newsletter. L’initiative a créé une dynamique collective entre des communautés aux relations jusqu’alors quasi inexistantes. Lors des fêtes religieuses, elles s’invitent les unes les autres. Une dizaine de groupes mosaïques, réunissant des croyants de toutes confessions, ont vu le jour. « Comprendre le sens spirituel du mariage catholique ou de Yom kippour pour un juif est une vraie source de richesse », sourit Mabrouka, chercheuse musulmane.

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« LE VIVRE-ENSEMBLE EST DEVENU UNE HABITUDE » Depuis octobre 2012, une émission hebdomadaire sur RCF explore la vision de chacun sur le silence, la famille, le sens de la prière, tandis que des ateliers cuisine réunissent tous les deux mois une cinquantaine de personnes. « Des relations d’amitié solides sont nées », affirme le rabbin David Moyal. « Le vivre-ensemble est devenu une habitude », abonde le P. Jean Gautheron, curé de Cannes qui a spontanément invité juifs et musulmans à chanter lors de l’animation qu’il organise à l’église Notre-Dame-du-Bon-Secours, en mai, lors du Festival de Cannes. Claire, elle, « revisite sa foi » au contact des autres membres comme Mabrouka. « La voir prier cinq fois par jour m’a aidée à ne pas oublier ma prière », indique cette hôtelière catholique. Directrice d’une agence de relations presse, Florence, protestante, dit avoir « grandi » en « expérimentant l’amour du prochain » : « Un fil divin nous unit. Avec nos différences, nous composons tous désormais une même communauté. » Ces valeurs, VEAC les a réaffirmées en décembre 2013 dans une charte et en condamnant cet été les violences en Afrique et au Moyen-Orient. In memoriam : Frère Mayeul – François de Dreuille (1920-2014) Dans notre dernier numéro de Juillet 2014 nous annoncions le décès du Père Mayeul de Dreuille, moine de la Pierre-qui-Vire. Ces quelques lignes évoqueront le grand moine et l’artisan convaincu du dialogue interreligieux monastique. Si nous nous attarderons principalement à ce dernier aspect en ce bulletin du DIM, on ne peut ignorer son éducation chrétienne d’abord en famille, puis sa formation monastique et presbytérale reçues à La Pierre-qui-Vire où il entra au noviciat à l’âge de 18 ans. Il fut envoyé en 1954, prieur fondateur du monastère malgache ; il avait 34 ans. « Madagascar fut le creuset de formation du père Mayeul. Il en gardera la marque toute sa vie. » Après avoir servi dix ans à Madagascar, il est envoyé en Inde. Là sur le terrain, il découvre la rencontre interreligieuse, et s’y forme. Près du monastère catholique d’Asirvanam, à côté de Bangalore, des familles musulmanes et hindoues travaillent parfois pour le monastère. Ayant participé au Congrès de Bangkok en 1968, le père Mayeul initiera les travaux de l’Association monastique indienne et lancera un certain nombre d’initiatives dans le cadre du dialogue interreligieux. Selon le bulletin de l’AIM, son premier voyage à Dharam Sala s’effectue en 1975. Au cours de cette seconde période, il a longuement rendu service à l’AIM en visitant presque tous les monastères du monde : « J’ai eu ainsi la chance, inattendue pour un moine vivant habituellement en Asie, de pouvoir participer, au moins pour quelques heures, à la vie de près de trois cents monastères européens. » « Il est difficile de raconter en quelques pages ma visite à près de 125 monastères des Etats-Unis et du Canada en deux voyages, l’un de trois mois, au printemps de 1973, l’autre d’avril à novembre 1974. » « Le but de ces voyages, faits au nom du Secrétariat de l’Aide à l’Implantation Monastique, était de développer des relations entre les monastères des pays de mission et ceux d’occident. Bien peu, en effet, de nos maisons réalisent qu’il y a environ 200 monastères de moines Bénédictins et Cisterciens, répartis entre l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie. Moins encore savent-ils que plus d’une centaine de ces maisons ont été fondées depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, que leur recrutement est bon, et que nous voyons maintenant surgir un jeune monachisme africain, asiatique, latino-américain. Essor à la fois vigoureux et difficile dont nous sommes solidairement responsables, et que nous pouvons aider par mille moyens auxquels nous ne pensions pas. Il me fallait donc rendre présent ce problème à la conscience des monastères visités, et leur offrir les moyens de s’organiser pour y faire face. »

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DOCUMENTS

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Le père Mayeul gardait dans la table de sa chambre plusieurs passeports rappelant les innombrables voyages qui l’ont conduit sur les cinq continents. Dans une relation de voyage en Afrique en 1976, il soulignait avec humour toutes les aventures imaginables et inimaginables de ces périples internationaux : « On pourrait remplir un livre avec les histoires, tantôt charmantes ou merveilleuses, tantôt dramatiques, des péripéties de ce long voyage. Comme dans les contes d’autrefois, on y trouverait des rondes d’enfants et des fêtes populaires, des permis arrivant comme par miracle à la dernière minute, des amoureux réconciliés, des sœurs intrépides, de saints moines, des ivrognes et des brigands ; le cadre tropical y ajouterait des ciels flamboyants, la savane et la forêt vierge, des oiseaux extraordinaires, des girafes, des singes et des crocodiles rencontrés au détour des pistes et le zèbre, si familier qu’il a donné son nom aux passages cloutés des villes avec l’avis « marchez sur le Zèbre ! »

Rencontre interreligieuse et Dialogue Interreligieux Monastique

Après le long service rendu en Inde qui se prolongera de manières épisodiques jusqu’en 2005, le père Mayeul rendra service au monastère de la Bouenza puis rejoindra pour une dizaine d’années la maison saint Ambroise, siège de la Congrégation de Subiaco, comme procureur auprès de l’abbé président. Ce long séjour romain lui donnera l’occasion d’écrire l’histoire de San Ambrogio, maison de la famille de saint Ambroise, et de poursuivre ses nombreuses rencontres interreligieuses. Pour ce paragraphe, je lui donne la parole au moment

où il présente l’œuvre de sa vie au Congrès des Abbés bénédictins en septembre 2000 : La Règle de saint Benoît et les traditions ascétiques de l’Asie à l’Occident. « Depuis 1954 je me suis trouvé dans l’obligation d’expliquer et de faire vivre la Règle de saint Benoît à de jeunes moines, d’abord à Madagascar, ensuite en Inde, puis en Afrique. En même temps, travaillant pour l’AIM, j’ai visité beaucoup de monastères en Europe, en Asie, En Afrique, en Amérique du Nord. Les moines de ces divers continents sont affrontés à des problèmes semblables dans deux domaines particuliers : D’abord, presque partout on est maintenant confronté à des monachismes d’autres religions, et nous nous sentons une certaine parenté avec eux. Qu’avons-nous en commun ? Qu’est-ce qui distingue les moines chrétiens des autres ? Un autre genre de problèmes vient de ce que souvent il n’y a dans la région où se trouve le monastère aucune tradition monastique chrétienne. Seuls sont présents des Ordres actifs et des Congrégations missionnaires. Quelle est notre identité en tant que moines bénédictins ? En Inde j’ai rencontré des musulmans ainsi que des moines hindous et bouddhistes. Je me suis donc mis à étudier leurs religions, puis, dans l’histoire, les autres monachismes qui ont existé avant le Christ, en Asie, en Palestine et en Egypte, toujours en référant méthodiquement chacun de leurs aspects à la Règle de saint Benoît. Cette étude a donné le livre sur la Règle que je vous présente. (…) Sur chaque sujet, j’ai étudié ce que disent les hindous, les bouddhistes : parfois les esséniens de Qumran, les soufis, et les traditions d’Afrique et de Madagascar. Qu’avons-nous en commun ? Qu’est-ce qu’apporte ou demande le christianisme, et, dans le christianisme, quel est l’apport particulier de saint Benoît ? Ces comparaisons aident à discerner les points essentiels reconnus par tous les monachismes dont aucun ne peut se passer. Etudiant tous ces monachismes, j’ai vu qu’il n’était connu que par bribes, sans vue d’ensemble qui les situe dans l’histoire et la spiritualité. D’où le petit livre sur l’histoire des monachismes (History of Monasticism) où j’essaie de donner le maximum de précisions dans le plus petit espace possible. A la fin il y a une vue générale du monachisme chrétien, moines et sœurs. Cela constitue le minimum que tout novice devrait savoir de l’histoire de l’Ordre. Cette présentation du monachisme chrétien étant très élémentaire, j’ai fait un autre livre sur les Fondateurs du monachisme chrétien (The Founders of Christian Monasticism) d’Origène à saint Bernard, montrant le chemin spirituel de chacun et sa contribution à la spiritualité monastique. La Règle de saint Benoît trouve ainsi une profondeur de sens insoupçonnée. Enfin, l’étude de ces monachismes, qui ont parfois plus de mille ans d’avance sur nous, permet de voir évoluer les institutions et de découvrir des lois sociologiques qui sont les mêmes dans toutes les religions et peuvent nous guider dans l’évolution actuelle. Ainsi, par exemple, dans les modes de gouvernement, la façon de décider et de prendre conseil, la relation entre la lecture des textes sacrés et la contemplation, la formation des jeunes moines et les relations fraternelles. Pour terminer, je voudrais remercier les supérieurs, les frères et sœurs des très nombreux monastères visités, qui m’ont fait partager leur vie fraternelle et leurs aspirations. Voyageant dans le monde entier, j’ai pu expérimenter que les enfants de saint Benoît forment une vraie famille. »

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En 2004 il rédigera un livre, paru en 2005, relatant son itinéraire intellectuel et spirituel : « Chemin de paix, pratiquer en chrétien la méditation bouddhique ? » J ’invite le lecteur à lire ce livre en parallèle du livre de Bernard SENECAL, Jésus le Christ à la rencontre de Bouddha, identité chrétienne et bouddhisme et de celui de Dennis GIRA, Le lotus ou la croix : les raisons d’un choix. Ces trois ouvrages se complètent dans le sens où leur enracinement est différent : en Corée pour Bernard Sénécal, jésuite, au Japon pour Dennis GIRA, laïc, et en Inde pour le père Mayeul, bénédictin. L’intérêt du livre du père Mayeul vient de sa manière d’avancer dans la découverte de l’autre. Son approche vient surtout des rencontres qu’il fait, c’est une approche pragmatique plus que livresque. L’auteur précise souvent le fait d’avoir écouté quelqu’un sur une question donnée dans une rencontre interreligieuse. La réponse entendue le marque et il en rappelle le contenu qui a changé sa manière de voir la question traitée. Dans les nombreux articles parus dans le Bulletin de l’AIM, nous découvrons l’évolution de sa pensée à la suite du Concile Vatican II. Tout à coup, grâce aux circonstances ecclésiales, il pourra vivre en Inde une ouverture qui manquait lors de la fondation de Madagascar. Ces notes pour un portrait avec quelques lignes sur le dialogue, tirées du même livre : « Le dialogue commence par une écoute de l’interlocuteur, afin de le comprendre et d’établir un climat de confiance, dans lequel chacun puisse s’exprimer sincèrement. L’erreur que nous avons mentionnée vient d’un phénomène très courant, à savoir que chacun s’exprime selon le mode de pensée auquel il est habitué et qu’il lui est très difficile de concevoir qu’une personne normale puisse penser différemment. Dans ce système, il n’y a place ni pour Dieu, ni pour la relation avec lui par la prière, simplement ces choses n’existent pas. Alors, dire qu’on peut se passer d’elles ne pose aucun problème et le bouddhiste a normalement tendance à croire que tous partagent son avis. Un autre aspect du problème est que, lorsqu’on se trouve devant une question difficile ou un adversaire qu’on n’est pas capable de maîtriser, la solution la plus simple est de dire que le problème n’existe pas ou de supprimer l’adversaire, physiquement quand on le peut – on le voit tous les jours dans les médias – ou moralement en le méprisant ou l’ignorant. Combien de fois en Inde ai-je fait l’expérience suivante : demandant des renseignements sur un groupe religieux à un groupe concurrent, je me suis fait répondre que ce groupe n’existe pas ! Mais il est bon de se rappeler que, jusqu’à Vatican II, les chrétiens ont souvent eu la même attitude méprisante vis-à-vis des « païens ». Un moyen de comprendre le problème est peut-être de revenir sur la question du conditionnement. Nous avons vu, en parlant de l’expérience religieuse, qu’elle est inexprimable en elle-même. Celui qui l’a faite s’exprime à lui-même le souvenir qu’il en a et le transmet aux autres, mais il ne peut le faire qu’au moyen des instruments intellectuels donnés par sa culture et sa formation. Il est donc nécessairement conditionné par ces moyens d’expression et c’est illusoire de vouloir trouver une expression non conditionnée de l’expérience religieuse. (…) Dans le dialogue, chacun arrive avec son propre conditionnement et la première chose à faire est peut-être d’en prendre conscience.»

Frère Ambroise osb- la Pierre-qui-Vire

Janvier 2015 : Le Pape au Sri Lanka Devant une assemblée de responsables religieux représentant la diversité des religions au Sri Lanka, le pape François a affirmé que l’efficacité de la rencontre et du dialogue interreligieux passait par « une présentation complète et sincère » des convictions respectives de chacun. C’est à cette condition, a-t-il ajouté, ... que « nous serons capables de voir plus clairement tout ce que nous avons en commun », ouvrant ainsi la voie à « une estime mutuelle, une coopération et, certainement, une amitié ». A Colombo, le pape a rencontré plusieurs centaines de représentants des différentes religions présentes dans le pays. Avant de prendre la parole devant cette assemblée, il a entendu les mots de bienvenue, de salutation et de prière des dignitaires bouddhistes, hindous, musulmans et anglicans.

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A l’issue de la prière de bénédiction qu’il a prononcée, le représentant hindou, membre d’une religion présente uniquement au sein de la minorité ethnique des Tamouls, a passé sur les épaules du Saint-Père une large écharpe, signe de paix et de bienvenue. Le maulavi musulman, M. F. M. Fazil, secrétaire du All Ceylon Jamiyyathul Ulama, a prononcé une très ferme condamnation du terrorisme commis au nom de l’islam, dénonçant les attentats commis à Paris le 7 janvier et le massacre du 16 décembre dernier perpétré dans une école militaire de Peshawar, au Pakistan. « L’islam, a-t-il dit, n’a pas de relation avec de telles pratiques et ces conduites diaboliques.» Quant au moine bouddhiste Vigithasiri Niyangoda Thero, représentant de la religion majoritaire dans le pays, il a lancé un appel à construire la paix au Sri Lanka et dans le monde. Dans son allocution, le Saint-Père a inscrit son voyage dans les traces de ses prédécesseurs Paul VI (en visite au Sri Lanka en 1970) et Jean-Paul II (en visite en 1995), citant Nostra Ætate, la déclaration sur les relations de l’Eglise catholique avec les religions non chrétiennes du Concile Vatican II. L’Eglise « ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions ; elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines », a-t-il rappelé, affirmant à ses hôtes faire sien « le respect de l’Eglise pour [eux], pour [leurs] traditions et [leurs] croyances ». Le pape François, a affirmé que, si l’Eglise abordait la coopération avec les autres religions dans « un esprit de respect », l’expérience montrait que le dialogue et la rencontre interreligieuses, pour être « effi-caces », devaient « se fonder sur une présentation complète et sincère » des convictions respectives des uns et des autres. C’est à cette condition, a-t-il poursuivi, qu’« un tel dialogue fera ressortir combien nos croyances, traditions et pratiques sont différentes », préalable nécessaire pour accéder à une claire vision de « tout ce que nous avons en commun ». C’est alors, a-t-il ajouté, que « de nouvelles routes s’ouvriront pour une estime mutuelle, une coopération et, certainement, une amitié ». Le Saint-Père n’a fait aucune allusion aux violences exercées ces derniers temps par des moines bouddhistes radicaux contre des communautés musulmanes et chrétiennes, mais il a appelé chacun à la clarté. « Nous devons êtres clairs et sans équivoque lorsque nous mettons nos communautés au défi de vivre pleinement les commandements de paix et de la coexistence, qui se trouvent en chacune des religions, ainsi que lorsque nous dénonçons les actes de violence qui sont commis », a conclu le pape.

Avec près de 21 millions d’habitants, le Sri Lanka compte 70 % de bouddhistes (au sein de la composante cinghalaise de la population), 13 % d’hindous (parmi les Tamouls), 10 % de musulmans (considérés comme à la fois comme une ethnie et une religion) et 7 % de chrétiens (6 % de catholiques et 1 % de chrétiens d’autres confessions).

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Le dialogue islamo-chrétien à l’épreuve

Père Anawati, o.p. – Dr Barak Une controverse au vingtième siècle Emmanuel Pisani Collection « Religions & Spiritualité » 212 pages, 20 euros Aux controverses et polémiques du Moyen Âge, le dialogue islamo-chrétien connaît sous l’impulsion du Concile Vatican II un tournant heureux. Ce dialogue n’en demeure pas moins exigeant et difficile. Ses prophètes et artisans doivent parfois s’affronter à des oppositions ou des critiques émanant tout aussi bien de leurs coreligionnaires que des penseurs de l’autre religion. L’histoire que retrace dans cet ouvrage le dominicain Emmanuel Pisani est celle de la position théologique du Père Anawati, personnalité éminente et expert au Concile sur les questions relatives à l’islam. S’il a cherché à justifier dans une conférence donnée au Caire le 11 septembre 1978 le dialogue et la rencontre inter-religieuse sur la base d’une foi commune entre christianisme et islam, sa position suscita les foudres d’un enseignant de la prestigieuse Université d’al-Azhar, le Dr. al- Baraka. Dans sa réponse, celui-ci semble renouer avec les heures les plus vives des controverses théologiques. La traduction et la présentation des textes est donc une contribution notoire à l’histoire contemporaine de ce dialogue. Dans son commentaire, l’auteur offre par ailleurs des clefs précieuses de discernement et de méthodologie afin d’éviter les confusions sémantiques et théologiques pour ceux qui s’intéressent à la connaissance de l’une et l’autre religion ou qui s’impliquent dans le dialogue islamo-chrétien. Emmanuel Pisani, Dominicain de Montpellier et membre de l’IDEO (Institut Dominicain d’Études Orientales, Le Caire) est Directeur de l’ISTR de l’Institut Catholique de Paris. Il enseigne l’islamologie à Paris, Lyon et Rome. Il a soutenu une thèse de doctorat en philosophie et théologie sur les hétérodoxes et les non musulmans dans la pensée d’al-Gazali (m.1111). L'énergie féconde des sacrements , Ces rites qui prennent soins de nos vies Benoît Billot - moine bénédictin

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RECENSIONS

Editions MEDIASPAUL

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SECRETS DE L’INDE

LE SAUX, Dom Henri (Swami Abhishiktananda). Secrets de l’Inde / introduction et notes par

Frère Antoine Desfarges. - Le Bec-Hellouin : Les Ateliers du Bec, 2014. - 308p. ; 22cm ISBN 978-2-908109-06-1 : 27 €

Pionnier de la rencontre entre le christianisme et l’hindouisme, le Père Henri Le Saux (1910-1973), moine bénédictin de l’abbaye Sainte-Anne de Kergonan, a passé les 25 dernières années de sa vie en Inde en vue d’y développer un «essai d’intégration chrétienne de la tradition monastique de l’Inde». C’est là qu’il fonda, en compagnie du Père Jules Monchanin, l’ashram de Shantivanam, au Tamil Nadu. Durant les premières années de son séjour, il découvrit la montagne sacrée d’Arunachala à Turivannamalai et ses grottes abritant des sâdhus. Il y fit un certain nombre de séjours au cours desquels il fit peu à peu l’expérience de l’advaita. C’est à la même époque qu’il fit la connaissance, dans les environs, de Gnânânanda, un maître spirituel dont il devint le disciple. Dans les deux textes réédités ici, il nous livre son expérience et ses découvertes de la tradition vivante de l’Inde spirituelle. Ces pages, écrites dans un style

alerte et parfois poétique, témoignent d’une profonde intériorité, dans laquelle il voyait l’apport spécifique de l’Inde à la quête spirituelle de l’humanité et c’est en ce sens qu’il convient de comprendre les ‘‘secrets’’ qu’elle est amenée à révéler au coeur de celui qui se laisse toucher par l’appel du dedans.

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Les Pruniers - 2014

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Table des matières

Evènements-Rencontres ………… p. 2 Projets……………….......................p. 14 Informations – Nouvelles ............... p. 15 Documents …………………………p. 17 Recensions………….........................p. 21

Nous vous invitons à consulter les deux sites du DIM :

pour l’Europe : www.dimmid.eu

bulletin international Dilatato Corde on line : www.dimmid.org

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Ce bulletin de liaison est publié deux fois par an par les Commissions Francophones pour le Dialogue Interreligieux Monastique.

Pour la Belgique, la France et la Suisse :

Sr. Marie Pinlou Monastère des Bénédictines F-64240 URT [email protected]