Mutuelle et Santé

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Mutuelle et Santé REVUE TRIMESTRIELLE D’INFORMATION DE LA MTRL – N° 89 – MARS 2016 – 1 ¤ LA REVUE DE LA MTRL Mutuelle et Santé Mutuelle et Santé Mutuelle et Santé Mutuelle et Santé Oxygénation et pathologies dégénératives Létonnante histoire du bol dairde René Jacquier Les miracles de loxygène Les miracles de loxygène Les miracles de loxygène Les miracles de loxygène Les miracles de loxygène Oxygénation et pathologies dégénératives Létonnante histoire du bol dairde René Jacquier Oxygénation et pathologies dégénératives Létonnante histoire du bol dairde René Jacquier Oxygénation et pathologies dégénératives Létonnante histoire du bol dairde René Jacquier Oxygénation et pathologies dégénératives Létonnante histoire du bol dairde René Jacquier

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La Revue de la MTRLMutuelle et Santé

n° 89

La Revue de la MTRL - Mutuelle et Santé est la publication officielle de la MTRL, une Mutuelle pour tous,37, avenue Jean-Jaurès 69007 LyonTél. : 04 72 60 13 02. Fax : 04 78 60 87 25Internet : mtrl.fr et mtrl-id.com

e-mail : [email protected]° de CPPAP : 0417 M 05960.23e année – trimestriel – mars 2016 – n° 89Le numéro : 1 ¤, dans tous les bureaux et agences de la MTRL. Abonnement annuel : 4 ¤.Directeur de la publication : Romain Migliorini.Administrateur : Thierry Thévenet.Éditeur délégué : Les Éditions du Chaland.ISSN : 1253-921XImpression : imprimerie Mordacq, 62120 Aire-sur-la-Lys.

VIE DE LA MTRL• Rencontres santé

• Qalyo• Brèves

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SE SOIGNER AUTREMENTOxygénation et pathologies

dégénératives6

ÉCONOMIE DE LA SANTÉLes médicaments

de nouvelle génération10

NUTRITIONLe gluten est-il mauvais

pour la santé ?13

UNE AUTRE PRATIQUE MÉDICALELa médecine intégrative en France :

un avenir proche ?16

CONNAÎTRELes probiotiques

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SAVOIRL’étonnante histoire du ‘bol d’air’

de René Jacquier(Seconde partie)

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ÉDITORIAL

plusieurs reprises déjà nous avons évoqué, dans ces pages, la questionde la transparence sur les données de santé que les pouvoirs publicsdoivent aux citoyens, d’abord car ces données leur appartiennent et

surtout car il est bon qu’ils en connaissent la nature si l’on veut qu’ils adoptentindividuellement un comportement plus responsable afin de maintenir lesdépenses de santé à un niveau acceptable.

L’Initiative Transparence Santé, association à laquelle nous adhérions, avaitcette ambition en dénonçant notamment le nombre considérable de victimesd’accidents médicaux pas suffisamment pris en compte pour pouvoir y porterremède. Nous en avions fait d’ailleurs le sujet de notre 4e colloque d’économiede la santé en octobre 2014, au cours duquel le Pr Didier Sicard, ancienprésident du Comité consultatif national d’éthique, avait vigoureusementdénoncé « l’opacité des pouvoirs publics [qui ne] vise qu’à maintenir l’illusionque la santé des Français est gérée avec rigueur et discernement ». Ce mêmemois d’octobre voyait la dissolution de ladite association à laquelle le ministèresubstituait aussitôt sa Base de données publique Transparence-Santé. A côté decela, un Institut des données de santé étroitement contrôlé par le ministère – dont le président vient, en ce début mars, d’être débarqué par la ministre –assurait le verrouillage d’une information tout sauf libre et ouverte.

De la même façon, la loi Sunshine (sur la transparence des contrats despersonnels de santé avec les industries de santé) adoptée fin 2011 n’est toujourspas appliquée à ce jour, malgré une décision du Conseil d’Etat, enfévrier 2015, condamnant l’Etat pour abus de pouvoir (article du Formindepintitulé “Le ministère de la Santé organise le black-out sur la transparence…avec des décrets écrits en sous-main par les firmes”, publié in extenso dansMutuelle et Santé n° 83 - sept. 2014).

Plus récemment, cet Appel pour une opération “Mains Propres” sur la santé,pétition initiée par Michèle Rivasi, députée européenne, et Serge Rader,« pour en finir avec les conflits d’intérêts dans la santé et pour réaliser10 milliards d’euros d’économies par an en révisant la politique dumédicament » (Mutuelle et Santé n° 86 - juin 2015), signée par un millierde médecins et autres professionnels de santé et bon nombre de personnalitéspolitiques. Aucun écho Avenue de Ségur…

Les événements de ces derniers jours enrichissent encore cette saga avec ladémission fracassante du secrétaire général de la Conférence nationale de santéaffirmant que « la démocratie en santé n’est qu’une vaste mascarade », tandisque les responsables de Que Choisir et de la CLCV (Consommation LogementCadre de Vie), écartés d’un nouveau “machin” administratif (l’Unaass –essayez de prononcer ça sans rire !) au profit d’une association complaisante etsubventionnée, s’en prennent vigoureusement à la ministre en dénonçant « unenavrante pensée unique qui affaiblira le système de santé dans son ensemble ».

Fermez le ban !Le président,

Romain Migliorini

A

Photo de couverture : Anna Grigorjeva / Shutterstock

Transparence ? Démocratie ?Cause toujours !

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Vie de la MTRL

La Revue de la MTRL � mars 2016 � numéro 89

LES RENCONTRES SANTÉ ORGANISÉES PAR LA MTRL

Les rencontres se déroulent au siège de la Mutuelle, 37 avenue Jean-Jaurès à Lyon, les mercredis ou jeudis à 18 heures.

Jeudi 24 mars. Mme Anne Caron,sophrologue, « Découverte de la sophrologie,outil privilégié de la gestion du stress »Mercredi 6 avril. M. Jean-Pierre Croutaz,médecine traditionnelle chinoise, « Laprévention au cœur de la médecine chinoise »Jeudi 12 mai. Dr Jacques Fumex, médecinhypnothérapeute, « Les troublespsychosomatiques : qu’est-ce que c’est ?comment les identifier et les juguler »Jeudi 19 mai. M. Loïc Fournet, ostéopathe,« L’ostéopathie, le mouvement c’est la vie »

Jeudi 26 mai. Dr Béatrice Mercier, biologiste,« Mauvaise oxygénation et maladies : de la cause àl’effet – les bienfaits d’une oxygénation équilibrée »

Jeudi 2 juin. Mme Pénélope Restoy,diététicienne, nutritionniste : « La gestiondu stress par la cohérence cardiaque »

Jeudi 13 juin. Dr Bernard Croisile,neurologue, « Peut-onentretenir sa mémoire ? »

Pour toute information, contacter Frédérique Ersonmez-Barbierau 01 44 71 52 41 ou par mail : [email protected]

LES RENCONTRES SANTÉ DE STRASBOURG

Toutes les conférences se dérouleront à l’Auditorium du CIC Est31, rue Jean Wenger Valentin à Strasbourg.

Les réunions commencent à 18 heures. Accueil ouvert dès 17 h 30.

Mardi 29 mars. M. Philippe Schweickart, ostéopathe, « Ostéopathie : mythes et réalités »Mardi 10 mai. M. Pierre Mougel, praticien spécialisé en médecine traditionnelle chinoise,« Stress, angoisse, burn-out… Qu’est-ce qui nous arrive ? »Mardi 7 juin. M. Jacques Kopferschmitt, professeur de thérapeutique médicale, « Y a-t-il une place pour les thérapies complémentaires ? »

Afin de vous garantir un accueil dans les meilleures conditions, merci de bien vouloir vous inscrire en confirmant votre présence par mail : [email protected]

A LA MÉMOIRE DE SYLVAINET POUR LA RECHERCHE MÉDICALE

A près le décès de Sylvain, le 24 décembre 2014, à l’âge de 35 ans, à la suite d’un cancerde la peau, un mélanome, l’organisation d’un événement en sa mémoire, ainsi que pouraider la recherche contre cette maladie, nous semblait indispensable.

Avec l’aide de la MTRL, de nombreux sponsors, du club de rugby de Genas-Pusignan, desmairies environnantes, des membres de l’association “Leucémie Espoir 69”, des ami(e)s deSylvain, nous avons organisé une manifestation sportive le 27 juin 2015 austade Jean-Bouin de Pusignan, agrémentée d'animations diverses. Ce futune belle journée, remplie d’émotion, d’amitié et de générosité.

Pour matérialiser notre engagement, un chèque de 6 550 ¤ a été remis auDr Caroline Robert, de l’Institut Gustave-Roussy, pour la recherche contrele mélanome, le 9 décembre 2015, en présence de M. Romain Migliorini,président de la MTRL et fervent de la prévention.

Nous comptons sur vous afin que la recherche contre le mélanome avance,sachant que la sensibilisation à ce fléau qui touche beaucoup de jeunes soitencore plus forte. Merci à tous avec une pensée pour Sylvain.

Maryse et Michel ses parents, Sophie son épouse, Tom, Luka et Emily ses enfants, Guylaine sa sœur, Brice son frère, ainsi que toute sa famille et ses nombreux amis

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La Revue de la MTRL � mars 2016 � numéro 894

SUR SMARTPHONE

Votre carnet de santé électroniqueet assistant personnel connecté

A la fois carnet de santé et plate-forme connectée, l’application Qalyo est un véritable outil d’accompagnement au quotidien. La promesse ?

Vous aider à rester en bonne santé le plus longtemps possible

Ce carnet de santé tire parti des fonctionnalités permises par les applications digitalessur smartphone et des objets connectés.

Un éventail de servicesL’ambition de Qalyo ? Vous proposer un suivi renforcé, que vous soyez bien portant, malade ou à risque. Cela permet d’éviter certaines maladies ou de diminuer leurs complications.

En pratique, sur votre smartphone, vous créez votre carnet de santé électronique. Vous renseignezvos données et obtenez des conseils personnalisés. Vous seul y accédez de façon sécurisée à toutmoment. L’application vous envoie aussi des informations de prévention et de bien-être, des sujetssanté qui vous concernent et les actus de votre mutuelle ou de santé publique. D’autre part, à partir de l’application, vous accédez directement aux différents services d’accompagnementtéléphonique proposés par votre contrat Réflexe Prévention Santé : Médecin direct, pour poser unequestion à un médecin, Psya, pour vous entretenir avec un psychologue, ou encore MondialAssistance, pour bénéficier de conseils nutritionnels.

« L’intégration d’un carnet de santé électronique, d’objets connectés de bien-être et de santé, d’uneanalyse continue des données, des conseils et des experts santé disponibles au téléphone pour répon-dre à vos questions constituent la particularité de Qalyo », explique son concepteur.

Des données sécuriséesAucune information n’est communiquée à quiconque, et en aucun cas à votre assureur.Vos données sont hébergées chez un hébergeur agréé de données de santé, elles sontcryptées et les accès aux informations sont hautement sécurisés.

En effet, ces données sont analysées en continu par des algorithmes dans le respectdes recommandations de bonne pratique médicale édictées par la HAS (Haute Auto-rité de santé).

Attention : les conseils formulés par Qalyo ont pour objectif de préparer vos consul-tations médicales et d’enrichir les échanges avec votre médecin. Ils ne remplacent enaucun cas une consultation.

Qalyo est un véritable carnet de santé électronique personnel et confidentiel. Ainsi,lors d’un rendez-vous médical, vous savez exactement où vous en êtes.

Des infos cibléesDès que vous vous connectez à l’application Qalyo et que vous y entrez vos données(comme votre poids, votre tension, votre taux de cholestérol, par exemple), un algo-rithme les analyse et liste les conseils qui vous seront utiles.

Comment cela se passe concrètement ? Selon vos antécédents familiaux et votre âge,vous recevez un conseil personnalisé de la part de Qalyo. L’appli, par exemple, comptetenu de votre profil, peut vous suggérer de prendre rendez-vous pour un dépistage del’hypertension artérielle, ou d’échanger avec votre médecin sur une éventuelle prise desang pour vérifier votre taux de cholestérol et de sucre dans le sang, ou de vous inciterà adopter certains comportements favorables à votre santé.

Ce type d’accompagnement est particulièrement vertueux pour les personnes âgées,bien sûr, les personnes qui prennent un traitement médical récurrent, comme les diabétiques ou les hypertendus, et aussi les femmes enceintes.

L’application vise ainsi un très large public, malade ou bien portant.L’idée est de favoriser la prévention, la compréhension de la maladie et les avantages que procure la régularité de la

prise des traitements prescrits par le médecin. Qalyo est un service pour rester en forme le plus longtemps possible.

D’autres informations QALYO sur mtrl-id.com

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Un circuit pour le cerveau :remise d’un chèque de 40 000 ¤

Durant le week-end des 12 et 13 septembre 2015, le Lions Club de Lyon Doyen avait organisé un événement automobile d’exception sur le circuit de Bresse (Saône-et-Loire), auquel participait laMTRL, en soutien à l’action de l’ICM, l’Institut du cerveau et de la moelle épinière.

Cette manifestation autour de l’automobile Grand Tourisme (Ferrari, Lamborghini, Porsche…) était ouverteau public, avec des expositions et des baptêmes à bord de ces voitures de rêve, et de nombreuses animations.

Des figures sportives de renom étaient présentes, commeJacques Laffite, ancien pilote de F1, Cris, l’ancien inter-national de football de l’OL, ou Ari Vatanen, ancienchampion de rallyes…

Suite à cet événementautomobile, les organisa-teurs de la manifestation,membres du Lions ClubLyon Doyen, sont venusle 5 février 2016 remettreleur chèque de soutien auPr Gérard Saillant, prési-

dent de l’ICM, en présence du général Michel Commun, président duLions Club Lyon Doyen, et du Pr Jean-Michel Chevalier, président du fonds de dotation du Lions Club.

L’ICM remercie grandement l’ensemble des organisateurs et des participants de cette belle manifestation,placée une fois de plus sous le signe de la générosité.

La Revue de la MTRL � mars 2016 � numéro 89

Ménagez vos yeux !

Une recommandation extrêmement intéressante sur la page d’accueil du sitedu Dr Philippe Fiévet : http://www.intestin-carrefour-de-mon-destin.fr/

que vous pouvez partager avec tous les utilisateurs d’écran de votre entourage.C’est un véritable service que vous leur rendrez.

P our les internautes insatiables de curiosité, sachez qu’une toute nouvelleétude révèle que nous passons en moyenne le tiers de notre journéedevant un écran d’ordinateur ou de tablette. Vous avez peut-être déjà

entendu parler des émissions nocives de lumière bleue issues des écrans : ceslongueurs d’onde favorisent la fatigue oculaire, la cataracte, la DMLA, etretardent le sommeil d’environ une heure et demie, provoquant des troublesde la sécrétion circadienne de mélatonine et donc induisant des troubles dusommeil particulièrement nocifs chez nos jeunes (fatigués) qui tentent des’endormir avec leur smartphone ou leur tablette sous les draps. Pour remédier à cela, certains opticiens propo-sent des lunettes filtrantes mais, au lieu de payer, il existe un logiciel libre, et donc gratuit, qui annule leslongueurs d’onde dans le bleu et qui est recommandé par la Société francophone de chronobiologie. On peuttrès facilement télécharger le logiciel f.lux sur tout système (Windows, Linux, Mac…). Essayez, c’est surprenantet vraiment très efficace. Ce logiciel ne ralentit aucunement les systèmes et travaille en tache de fond ; il est enfrançais, et paramétrable. Je vous encourage fortement à l’installer comme suit :

1 � tapez http://www.sf-chronobiologie.org/2 � en bas à droite dans “Vous êtes”, cliquez sur “Professionnels”3 � tout en bas, sous “Logiciels libres”, cliquez sur “Protéger son système circadien”4 � téléchargez après avoir sélectionné votre système d’exploitation5 � installez l’application en l’ouvrant

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Vie de la MTRL

La fille et le petit-fils de Ari Vatanen, Jacques Lafitte, le Pr Gérard Saillant, le général Michel Commun, Ari Vatanen et Jack, l’animateur de ce week-end.

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M erci à la MTRL et à voustous d’être là pour mepermettre de vous parler de

l’oxygène, qui est mon gaz préféré. Etpour bien vous faire comprendrel’importance de l’oxygène, j’aimeraisen appeler à un merveilleux philoso-phe belge, M. Jean-Claude VanDamme. Que nous dit-il ? « Entre toiet moi, il y a un produit qui s’appelleun produit. C’est un produit quis’appelle l’oxygène. Alors si tu faiscomme ça [il inspire], tu vis. Mais sije tue l’oxygène comme sur la Lune,tu meurs. » Jean-Claude Van Dammea toujours raison ! Si toutes vos réac-tions chimiques créatrices d’énergiese mettaient à faire grève, vous n’au-riez que cinq secondes de survie. Oril est absolument nécessaire d’avoirun métabolisme oxygéné pour avoirde l’énergie… C’est le métabolisme leplus performant, 18 fois plus perfor-mant que la respiration !

A quoi va servir cette énergie ? Il ya tout d’abord l’énergie mécanique,celle qui vous fait bouger. Ensuite, ily a l’énergie osmotique. A l’intérieuret à l’extérieur des cellules, il n’y a pasles mêmes ions. La cellule déteste lecalcium ; pour elle, c’est la mort ; elleprend donc le calcium et le rejette, cequi lui demande de l’énergie. Inverse-ment elle a besoin de potassium, alorselle va le prendre dans la circulationsanguine, ce qui lui demande aussi del’énergie.

Il y a aussi l’énergie chimique, pourl’ensemble des réactions chimiques devotre organisme ; l’énergie calorifique

– parce que vous êtes des humains àsang chaud –, et l’énergie électriquebien sûr, pour faire fonctionner l’en-semble de votre cerveau, de votremoelle épinière et de vos nerfs.

On est ici en biologie. En biologie,l’oxygène, il en faut un peu mais pastrop. On a des problèmes quand on atrop d’oxygène, et on a des pro-blèmes quand on manqued’oxygène. L’excès d’oxygènes’appelle l’hyperoxie. A-t-il unintérêt scientifique et médical ?Oui, puisque quand on faitappel à des data base – des lieuxoù l’on référence les publicationsscientifiques et médicales –, c’està ce jour 6 559 références. Quelest le dégât principal de l’excèsd’oxygène ? C’est le stress, lestress oxydatif. Et comment peut-onentrer en excès d’oxygène sur notrebonne vieille Terre ? Essentiellementpar l’usage d’oxygène médical,comme l’hyperbarie par exemple.

Ce qui est plus inquiétant encore,c’est l’hypoxie, littéralement “en des-sous de l’oxygène”. Attention, ce n’estpas l’oxygène dans l’air, c’est l’oxy-gène dans la cellule, puisque c’est ellequi l’utilise et qui a besoin d’être oxy-génée. Et là, les références scientifi-ques s’élèvent à 122 861 ! C’est donctrès important… Là aussi, le manqued’oxygène génère du stress. Prenezpar exemple le syndrome d’apnéeobstructive du sommeil : vous avezles personnes qui respirent et qui ontde l’oxygène, et qui après arrêtent derespirer : il n’y a plus d’oxygène au

niveau cellulaire, et “l’usine” qui estchargée de récupérer l’oxygène, puisde créer l’énergie et un métaboliteque l’on appelle la mitochondrie, semet en grève : « Puisque tu ne mefournis pas d’oxygène, tu attendrasque je veuille bien repartir ! » Etl’oxygène qui revient ne doit pas être

utilisé pour fabriquer de l’énergie,mais va l’être pour fabriquer des radi-caux libres. On est alors en pleinstress oxydatif : il est donc essentielque la cellule soit oxygénée en perma-nence. Car, quand on monte en alti-tude, on n’a pas d’air !

Pollution aérienne etpollution à l’intérieur desmaisons : de laquelle faut-ille plus se méfier ?

Le stress quotidien, le vieillissement,une mauvaise hygiène de vie, le taba-gisme, la sédentarité, les différentespathologies, les pollutions de toutordre vont générer un manque d’oxy-gène. La pollution aérienne, que vousla voyiez ou non (les fines particulesde matière, vous ne les voyez pas), est

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Se soigner autrement

La Revue de la MTRL � mars 2016 � numéro 89

Oxygénation et pathologiesdégénératives

Encore un article qui reprend une intervention faite dans le cadre des conférences prononcées

fin mai 2015 pour le 50e anniversaire de la MTRL. Il a toute sa place dans ce numéro de

revue pour sa complémentarité avec l’analyse faite, dans ces mêmes pages, par Pierre Lance

des travaux réalisés au milieu du XXe siècle par l’ingénieur chimiste René Jacquier

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très dangereuse car elle pénètre dansle sang. N’oubliez pas que l’on a plusde problème avec l’air pollué des mai-sons qu’avec l’air extérieur ! Et il y ace que vous ingérez, que ce soit del’eau, des salaisons avec des nitrates…Certains médicaments vont aussiprovoquer une hypoxie cellulaire.Sans oublier bien sûr ce qui nouspend au nez à l’heure actuelle : lesondes électromagnétiques. Chez lespersonnes qui sont électrosensibles etchimiosensibles (un syndrome désor-mais pris en compte), il est reconnuque tout l’arrière de leur cerveau estmal irrigué. Elles ont donc des pro-blèmes d’hypoxie au niveau du cer-veau, et c’est très dangereux.

Tout déséquilibre entre apport etdemande d’oxygène conduit à unehypoxie tissulaire et va gêner les cellu-les dans leur fonctionnement. C’est uncercle vicieux. Le manque d’oxygènegénère un dysfonctionnement de lamitochondrie, qui induit une diminu-tion d’énergie. L’énergie est créée sousla forme d’une petite molécule que l’onappelle l’ATP, qui va provoquer leralentissement de l’activité cellulaire :la cellule va moins fonctionner, moinsassimiler, moins éliminer, moins serenouveler, moins communiquer…Cela génère tout un ensemble de dys-fonctionnements qui provoquent àleur tour de l’hypoxie. Quand vousêtes obèse, par exemple, vous générez

de l’hypoxie, mais l’hypoxie génèrel’obésité. C’est le cercle vicieux parfait.

Si l’on se réfère toujours à cettedata base PubMed, et que l’on associedes mots avec “hypoxie”, on trouveratous les dysfonctionnements des sys-tèmes qui sont là pour amener cetoxygène au niveau de la cellule, c’est-à-dire le système respiratoire, c’est-à-dire la circulation sanguine…

Il y a des choses qui sont plus inquié-tantes : cerveau, cancer, obésité, dia-bète. Toutes ces maladies sont reliéesentre elles et sont reliées à l’hypoxie.

Exemple de relations entre elles : lecerveau, qui représente 2 % du poidsdu corps, mais 20 % de votre oxygé-nation (60 % chez le nouveau-né).L’hypertension artérielle, l’obésité,l’inactivité physique, la dépression, letabagisme, le niveau faible d’éduca-tion – qui, pour le coup, n’est pasrelié à l’hypoxie – sont tous des fac-teurs qui prédisposent aux cas d’Alz-heimer. On appelle Alzheimer le dia-bète de type 3, et je vous en supplie :arrêtez de noyer vos cellules dans dusucre ! La prochaine fois que vousvoyez une tarte, vous dites non, je neveux pas d’Alzheimer donc pas desucre – allez, une fois de temps entemps, mais c’est tout !

Dans des revues comme Le Quoti-dien du médecin (c’est pour vous prou-ver que votre médecin est au courant),on a des relations entre toutes les

pathologies que je vous ai indiquées :entre l’obésité et le diabète, entrel’obésité et l’hypoxie, entre l’hypoxie etle diabète, entre l’obésité et le cancer,etc. Je vais donc vous expliquer entrois points la relation entre l’oxygèneet l’obésité, et le diabète, et le cancer.

D’abord, la relation entre oxygène etobésité. Le professeur De Cristofaro,du centre de Teramo, en Italie, nous apassé cette courbe, où l’on voit de gau-che à droite le taux d’oxygène à dispo-sition des personnes en fonction deleur indice de masse corporelle (IMC).Quand on est inférieur à 18, on estgénéralement anorexique ou malnutri.Eh bien, ces personnes ont 3,02 mld’oxygène par kilo et par minute à dis-position. Une personne d’indice nor-mal (18 à 25) descend à 2,91 ml.Quand on est en surpoids, on descendà 2,73, quand on est en obésité instal-lée, on est à 2,49, et quand on est enobésité morbide (qui génère de grossespathologies), on descend à 2,42. Doncplus on est gros, moins on a d’oxy-gène, et il faut de l’oxygène pour mai-grir, c’est tout à fait comptable.

Que se passe-t-il ? Pour maigrir,vous devez utiliser la graisse. L’oxy-gène, c’est un comburant mais, pourobtenir de l’énergie, il faut du carbu-rant. Dans un moteur à explosion, lecarburant c’est l’essence ; dans votrecorps, il y a deux carburants princi-paux : le sucre et la graisse.

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Ici on s’oxygène, là-haut, on en manque.

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Face Nord de l’Everest vue du Tibet.

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C6H12O6, ce n’est pas une insulte,c’est la formule chimique du glucose :pour brûler 1 dose de glucose, il faut6 doses d’oxygène, qui génère duCO2 (gaz carbonique), de l’eau et quidonne 4,02 kcal pour 1 g de substrat.Votre cerveau et votre système ner-veux utilisent obligatoirement lesucre. C’est pour ça que vous l’aimezautant ! Votre cerveau le réclame,mais si vous le noyez dans le sucre, là,les pathologies commencent.

Vous avez une autre formule, celled’un acide gras, d’un lipide. Pour brû-ler 1 dose de lipide, il faut 29 mold’oxygène (6 pour le glucose, qui vousdonne de l’eau et du gaz carbonique)et 9 kcal pour 1 g de substrat. C’est-à-dire qu’il vous faut cinq fois plusd’oxygène pour brûler 1 g de lipideque pour brûler 1 g de glucose, pourseulement deux fois plus d’énergie.

Moins d’oxygénation =plus de graisse

Est-ce que votre corps a le sens de l’hu-mour ? Non, ça se saurait. Si vousmanquez d’oxygène, vous allez pré-cieusement conserver votre graisse,d’autant plus que la sœur de la tantede votre grand-mère a réussi à survivreà une famine épouvantable parcequ’elle était capable de stocker lagraisse, et que le mari était plutôt attirépar cette femme, capable de porter lesenfants parce qu’elle avait de la réserve,et du coup ils ont choisi les gros. Evi-demment, ce n’est plus à la mode

mais, à l’époque, c’était super.Seulement, votre cerveaufonctionne comme si on étaiten période de famine : je n’aipas assez d’oxygène, alors je

préserve mon oxygène et je stocke magraisse. Donnez de l’oxygène à votreorganisme – accompagné d’un petitrégime et d’un peu de sport – et, à cemoment-là, votre corps, qui est trèsintelligent, va utiliser ce surplus degraisse pour obtenir de l’énergie etvous permettre de bouger, d’allermieux. Faites-lui confiance !

Par rapport au diabète : il y a quel-que chose de terrible qui se passedans votre sang quand vous avez tropde sucre dans le sang, soit parce quevous êtes diabétique, soit parce quevous venez de manger au MacDo etqu’en postprandial vous avez un tauxde sucre absolument épouvantabledans le sang : c’est la glycation, la“caramélisation”. Une sorte de cara-mélisation des protéines, qui vontvirer au noir, et là ce n’est plus dutout amusant.

Quelle est l’origine de la glycation ?Vous avez du sucre, donc des acidesaminés dans le sang, et il se formeune réaction chimique réversible : laglycation des protéines. Et si vousinsistez un petit peu avec un taux desucre élevé, vous allez avoir un déve-loppement réversible d’autres pro-duits, les produits d’Amadori.Cependant, si vous avez beaucoup deproduits d’Amadori qui restent dansle sang, ce n’est plus du tout marrant,puisque l’on va passer au stadeultime : l’advanced glycation end pro-ducts. Cela ressemble à de l’humus, etça en a aussi la structure. C’est-à-direque vous vous faites de l’humus dansle sang : vous imaginez l’état de votresang, l’état de vos cellules ! Plus viteles protéines de votre organisme suc-combent aux réactions de glycation,

plus vite vous mourrez… C’estvraiment une question de vie oude mort.

La glycation des protéinesaugmente la production de radi-caux libres et les risques dedégradation de tous les tissus.Vous vieillissez plus vite. Lesprotéines glyquées augmententtrès significativement les mar-queurs de l’inflammation ; ellesaugmentent le risque de mala-dies auto-immunes, de problè-

mes rénaux, de problèmes oculaires,de problèmes cardiovasculaires… Ça,ce sont des pathologies que l’onretrouve chez les gens très âgés et chezles diabétiques.

Les protéines glyquées dégradent lastructure et les fonctions des mem-branes cellulaires. Vous avez de peti-tes choses à la surface cellulaire, quisont des “protéines serrure” : c’est-à-dire que vous allez avoir un messagerclé qui va pénétrer dans la cellule etl’informer de tout ce qui se passeautour. Si vous glyquez cette “pro-téine serrure”, c’est comme si vousmettiez du chewing-gum dans la ser-rure : forcément, vous rendez votrecellule sourde et, en la rendantsourde, vous la rendez muette… Il nefaut quand même pas lui demanderde mieux fonctionner après cela !

S’il y a glycation des protéinesinternes à la cellule – car on n’est pasforcément à la surface cellulaire, onest aussi à l’intérieur de la cellule –, lacellule ne fonctionne plus du tout.C’est un profil que l’on retrouvebeaucoup, comme dans le cas de lamaladie d’Alzheimer.

On a fait une expérience parrapport à l’oxygène. On a pris dusang et on l’a séparé par centrifuga-tion : en haut le plasma, en bas lesglobules rouges. On n’a pas touchéaux globules rouges, par contre leplasma a été, lui aussi, séparé : unepartie n’a pas été traitée et l’autremoitié a été traitée avec un appareilqui génère de l’oxygène. Puis on aréuni la moitié des globules rougesavec la moitié du plasma non traité etl’autre moitié des globules rougesavec le plasma traité à l’oxygènependant 3 heures. Après, on a évaluéles hémoglobines glyquées : sansoxygène et avec oxygène. On a lemême sang au départ : ça veut direque l’oxygène est capable de dégly-quer l’équivalent des produitsd’Amadori. Si vous avez suffisam-ment d’oxygène, vous allez empêcherla formation des produits d’Amadoriet donc empêcher la formation decette sorte d’humus dans votre sang.Avouez que ça vaut le coup d’êtrebien oxygéné !

Se soigner autrement

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Pour terminer : l’oxygène et les cancers

Bien sûr, le manque d’oxygène n’estpas seul à l’origine des cancers, ça sesaurait… Mais le premier qui adécouvert que lorsqu’on mettait unecellule en hypoxie on générait uncancer, c’est Otto Warburg (prixNobel de médecine en 1931) : c’estdonc quelque chose qui est connudepuis très longtemps. Après, on a eules travaux de Judah Folkman, qui ditque, placée en situation d’hypoxie, lacellule émet un signal chimique quiva générer une vascularisation. C’est-à-dire que vous avez quelques cellulesqui ne vont pas très bien, qui sebaladent, ou un groupe cellulaire demoins de 3 cm3 – ce n’est pas uncancer : ce sont des cellules malparties, mais enfin rien de dramati-que – qui émettent ce signal : « Ohles copains, les vaisseaux sanguins,venez un peu vers nous ! » Vous allezme dire alors qu’ils vont leur donnerde l’oxygène… Eh non, ils vont leurdonner des sucres ! Donc je vousrépète : arrêtez de noyer vos cellulesavec du sucre !

Les cellules cancéreuses fonction-nent sur le métabolisme de fermenta-tion. Une cellule normale, saine,fonctionne sur le métabolisme d’oxy-dation, avec des mitochondries enpleine forme. A présent, c’est quelquechose qui est reconnu. Il est reconnuque les cellules cancéreuses présen-tent 60 à 70 % de mitochondriesendommagées ; il est reconnu que lescellules cancéreuses à croissance

rapide n’arrivent pas à s’autodétruire.Parce que vous avez un corps qui estabsolument magnifique et qui aprévu le cas où il y aurait des cellulesmal parties, cancéreuses, avec desvirus ou des bactéries… Et vous avezla possibilité d’autodestruction – c’estune destruction propre – et ça s’ap-pelle l’apoptose. Or pour avoir del’apoptose, il vous faut de l’oxygène,plus de la vitamine D et du calcium.L’apoptose va permettre de réduire lacellule en fine poussière. Les macro-phages vont alors passer par là et éli-miner ces poussières : plus de cellulescancéreuses, plus de cellules parasi-tées et tout va bien dans l’organisme.

L’oxygène est utilisé en prévention,mais aussi en accompagnement –pour éviter qu’une tumeur ne métas-tase, il faut lui fournir plus d’oxy-gène. Récemment, l’équipe du doc-teur Michael Sitkowski, qui officie àBoston, a travaillé sur des poumonscancéreux de souris, et ils ont mis enévidence que l’immunothérapie étaitutile, mais quand il y avait de l’oxy-gène. C’est un peu compliqué, alorsje vais vous expliquer tout ça sousforme de film !

« Nous sommes dans un organismeville. Tout va bien, sauf dans un quar-tier. C’est un quartier où il y a beau-coup de fumée, beaucoup de pollu-tion. Comme c’est noir, des élémentsétrangers commencent à s’installer :ce sont des parasites. Ils vont prendrela nourriture, ils vont appauvrir lesautres. Alors bien sûr, le maire vaenvoyer les gendarmes lymphocytes.

Mais ces étrangers les rejettent et leurimposent de rester en dehors de ça.Survient le général oxygène qui s’in-forme sur ce qui se passe. Il réveilleles gendarmes et les somme de passerà l’action : « A l’assaut de la forteresse,je vais vous donner le moyen pourentrer ! » Les gendarmes enfoncent laporte, les forces spéciales – thérapie,chimiothérapie – arrivent, et le quar-tier est nettoyé. »

Plus sérieusement, les petites sourisont eu le meilleur effet antitumoralen respirant 60 % d’oxygène en pluspendant 24 heures…

Pour conclure, je ne vais pas vousdire que l’oxygène est unique pourêtre en bonne santé, mais je vais vousprésenter la méthode RASSSSS, quej’aime beaucoup : “R” pour respira-tion ; “A” pour alimentation ; “S”pour soleil ; “S” pour sport ; “S” poursommeil ; “S” pour sourire ; et “S”pour sexe… Même si je n’ai pas osé le présenter ! �

Dr Béatrice Mercierbiologiste

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C ’est un nouveau médicamentcontre l’hépatite C, leSofosbuvir1, développé par la

firme américaine Gilead Science etcommercialisé sous la marqueSovaldi, qui a révélé, en 2014, augrand public le problème du prixexorbitant de certains médicaments,qui ne les rend accessibles qu’à ceuxqui ont les moyens de les payer ou depayer des primes d’assurance élevées,ou, dans nos pays, crée un gouffrefinancier pour les organismes d’assu-rance maladie. Le prix initial, dans lecadre d’une autorisation temporaired’utilisation, était de 18 600 ¤ parmois, soit, pour un traitement de12 semaines recommandé par leshépatologues, une somme de56 600 ¤2. L’Assurance maladie a étédébordée par le succès des prescrip-tions : pour le total de l’année 2014,la dépense a été de 1,15 Md¤. Ledéveloppement des ventes de cettemolécule a été le plus rapide enFrance : un million de comprimésvendus en 2014, soit 154 unitésstandards pour 10 000 habitants,contre, par exemple, 90 enAllemagne. A la suite de ce constat, legouvernement a obtenu, de la part dulaboratoire, une baisse du coût totald’une phase du traitement de12 semaines à 41 000 ¤.

Mais les chiffres réels et potentiels,si l’on se fie aux données américaines,sont bien plus élevés dans le domainede certains cancers, ou de maladiesrares, pour lesquelles le médicamentn’est amorti que sur un nombre réduitde patients. Les anticancéreux Her-ceptin (cancer du sein) et Avastin(cancer colorectal associé à une chi-miothérapie) tous deux du laboratoireRoche, Ritximab (lymphome, leucé-mie chronique, arthrite rhumatoïde)de Genentech, exposent des coûts detraitement de 50 000 à 70 000 ¤3.

S’agissant des maladies rares, pourles médicaments desquelles les labora-toires amortissent leurs coûts fixes,

notamment les essais cliniques, sur unnombre faible de patients, en 2014,aux Etats-Unis, sept médicaments ontprésenté un coût de plus de100 000 dollars par an et par patient.Ainsi le Revlimid, indiqué dans lemyélome multiple, et produit par lelaboratoire Celgene, coûte aux assu-rances ou patients américains plus de160 000 $ par an.

On peut, au passage, se demanderpourquoi les laboratoires s’échinentainsi à trouver des thérapies pour cesmaladies rares, visant donc un faiblenombre de patients. S’il s’agissait d’en-treprises publiques soucieuses priori-tairement de l’intérêt général, ce seraitpour elles un devoir absolu. Mais lescontraintes de rentabilité, toujours trèsfortes aujourd’hui, écartent toutemotivation de cet ordre dans le secteurprivé. Il faut malheureusement plutôtcroire que les prix de ces molécules,fixés en raison justement du faiblenombre de patients, que l’ondénomme quelquefois “niches à bus-ters”, à de très hauts niveaux, recèlentencore des marges globales aussiimportantes, sinon plus, que les“blockbusters” antérieurs.

Quel est le coût réel de la recherche-développement(RD) pharmaceutique ?

Cette question est évidemment aucœur du problème ici posé. Estnotamment en cause le coût desessais cliniques.

A partir de la molécule mise au pointdurant la phase préclinique, et sesessais sur animaux, la phase 1 des essaisest destinée à mesurer la tolérance ettester l’absence d’effets secondaires surl’homme. Elle est donc conduite sur25 à 50 individus, volontaires indem-nisés ou patients en impasse thérapeu-tique, sur deux à trois ans. Son coût,selon un informateur privé éminent,serait d’environ 5 à 10 M¤.

Puis viennent la phase 2 (étude“pilote” sur le dosage) pour laquelle on

convoque environ500 patients, dont100 à 200 pourl’efficacité et 300pour la fixation dela dose thérapeuti-que, et la phase 3qu’on appellel’étude “pivot”, quiporte sur 10 000ou 15 000 patients.Pour les vaccins, cenombre peut mon-ter à 30/40 000.Ainsi Sanofi, quivient de sortir levaccin anti-dengue, affirme avoirdépensé 1,3 Md¤ pour le développeraprès essai sur 40 000 personnes. Moninformateur, cadre éminent de larecherche française, la chiffre de 100 à200 M¤. Mais, bien entendu, si, sor-tant alors de la RD, l’on ajoute lesautres frais de développement, d’enre-gistrement et de lancement, on peutparvenir à 1 Md¤. C’est ce milliardqui devrait alors, selon les laboratoires,être amorti sur le chiffre d’affaires de1 milliard par an, soit 8 à 10 milliardssur la durée de vie du “blockbuster”.

D’autres sources, émanant deslaboratoires, vont beaucoup plusloin. Selon une étude du Tuft Centerfor Study of Drug Development, engrande partie financé par les firmespharmaceutiques4, le coût en RD,jusqu’à l’autorisation de mise en mar-ché, serait en moyenne de 2,56 mil-liards. Mais cette estimation est trèscontestable. Selon le PDG de Glaxolui-même, Andrew Witty, le chiffrede 1 milliard pour chaque nouveaumédicament est un mythe, notam-ment parce qu’il intègre les échecs etles “fausses routes”. De plus, le chiffrede 2,56 Mds évoqué plus haut inclu-rait aussi le manque à gagner du faitqu’on aurait pu investir la mêmesomme ailleurs que dans la RD phar-maceutique ! Médecins sans frontiè-res, de son côté, affirme que par

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Les médicaments deLes médicaments deLes médicaments deLes médicaments deLes médicaments de

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médicament fina-lement validé lesdépenses de re-cherche seraientplutôt de 50 à100 M$ et, si l’ony affecte les dé-v e l o p p e m e n t sn’ayant pas abouti,on parvient à unchiffre de 186 M$.Notre fourchettede coût estiméeplus haut entre100 et 200 mil-lions pour la RD

elle-même, incluant les essais clini-ques, est plus près de la vérité.

« C’est une illusion de laissercroire que notre industrie, ou toutautre, fixe le prix d’un produit auniveau voulu pour couvrir les dépen-ses de RD. » Ainsi s’exprime HansMcKinnel5, PDG de Pfizer. Le prixdemandé par les laboratoires pourune nouvelle molécule est, en fait,fixé au maximum de ce que leursdirigeants pensent que les entitéspayeuses de santé sont prêtes àpayer, de façon tout simplement àmaximiser les profits.

Pour les administrations de santé,le risque d’accepter les prix de plus enplus élevés – et les profits ! – des labo-ratoires est double Il les poussera àaugmenter sans cesser les cotisationsou primes, ce qui évince indirecte-ment les moins aisés des soins. Il lesobligera aussi, à partir d’un certainniveau, à ne plus accepter des molé-cules qui ne donnent qu’une survietrop faible, affectant donc une valeurfinancière à chaque mois ou trimestrede survie, ce qui pose un rude pro-blème éthique !

On peut alors imaginer trois solu-tions : une tarification beaucoup plusrigoureuse de la part des autorités desanté, une nouvelle forme de tarifica-tion au résultat, enfin une autre orga-nisation de la recherche.

Une tarification plus sévèredes autorités de santé

Celles-ci sont donc fondées à durcirfortement leurs tarifications et à êtrebeaucoup plus exigeantes dans lesdémonstrations préalables de vraie“valeur ajoutée” des médicaments parrapport à ceux existants sur le mar-ché, faute de quoi le prix doit être fixéau niveau de ceux-ci, et même plusbas. C’est ainsi que pratique l’Alle-magne depuis sa loi AMNOG6 de2011. De plus, en Allemagne, c’est lecoût global du traitement qui est pla-fonné, et non le prix lui-même, cequi, en un sens, oblige le laboratoireà fixer bien précisément le dosage etla durée de traitement, donc le coûttotal pour le payeur de santé !

Le NHS britannique, pour sa part,tient compte dans la fixation du prixde l’impact économique global de lamolécule : les journées d’hospitalisa-tion que l’on espère éviter, les compli-cations que l’on n'aura pas à traiter etles arrêts de travail que l’on n'aura pasà payer. C’est aussi une piste sérieuseà explorer en France.

Mais cette voie est d’effet économi-que limité. Les laboratoires ont unpuissant moyen de chantage avecl’emploi, et les patients-électeursrefuseraient l’idée qu’on puisse ne pasleur payer le médicament salvateur.De plus, une suspicion forte pèse surla parfaite transparence des décisionsprises par les organes de fixation desprix, dans lesquels siègent évidem-ment des professionnels par ailleursliés aux laboratoires7.

Un paiement des moléculesselon les résultats

Une idée neuve, qui semble en voied’introduction dans les divers systè-mes de santé, serait la fixation du prixen fonction de la performance théra-peutique réelle8. Elle a fait l’objetd’un accord signé entre le Comitééconomique des produits de santé(CEPS) et le syndicat des entreprises

du médicament du 10 octobre 2012.Moyennant un accord initial rapidesur le prix, le laboratoire pharmaceu-tique prend l’engagement de rem-bourser en partie ou en totalité lavaleur qui a été négociée si les résul-tats du traitement ne sont pas à lahauteur des espoirs suscités.

On peut prendre comme exemplel’accord passé dès 1999 entre NorthStaffordshire Health Authority et lelaboratoire Parke Davis, aujourd’huiPfizer. Le laboratoire voulait démon-trer que la prise d’Atorvastatine(Tahor) faisait diminuer significative-ment le taux de cholesterol LDL. Il devait baisser de 3 mmol par litreaprès traitement. Pour la dose choisie,le taux de réponse observé dans lesessais avait été de 89 %. Cependant,comme l’observance dans la vraie vien’est jamais la même qu’en phased’essais, le laboratoire ne s’étaitengagé que sur 71 %. Le taux deréponse fut finalement de 88 %, cequi évita tout remboursement dulaboratoire au NHS.

La vérification est évidemment pluscomplexe dans le cas des traitementslourds et coûteux du cancer, ou desmaladies orphelines. Des biais statis-tiques de vérification peuvent appa-raître en raison d’une plus ou moinsbonne observance du patient, desprédispositions génétiques de celui-ci, lesquelles sont cependant quelque-fois mesurables a priori. Mais unetelle vérification est tout à fait possi-ble et devrait, si elle est faite avecrigueur et sans “conflit d’intérêt”,pouvoir mieux adapter la dépense del’autorité de santé à l’efficacité réellede la molécule.

Une autre organisation de la recherche

A l’élaboration entièrement interned’un médicament ou d’un vaccindans un grand laboratoire, courantsur 10 ans à partir de l’idée initiale, etjusqu’au lancement permettant de

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récupérer encore des profits élevés pardiffusion du médicament, “blockbus-ter” ou “nichebuster”, sur 8/12 ans,jusqu’à la mort du brevet et l’appari-tion des génériques, s’est substituéeaujourd’hui une élaboration partagéeavec externalisation des phases initia-les de la recherche. Comme le recon-naît bien volontiers le directeur de larecherche pharmaceutique deJohnson & Johnson, Paul Stoffels9 :« Plus de la moitié de nos médica-ments commercialisés sont nés endehors de nos laboratoires », ajoutantque « le portefeuille de nos moléculesen développement en comptait 250 ily a cinq ans ; il n’y en a plus que 150,dont 25 d’avenir ».

Tous les grands laboratoires recher-chent aujourd’hui des “start-up” derecherche à acheter pour réduire lesfrais initiaux de recherche et les délais.Les jeunes chercheurs qui fondent lesstart-up n’ont pas les mêmes contrain-tes de gestion que les laboratoires. Ilsse contentent, pendant deux ou troisans, de revenus faibles, trouvant sansdoute dans le plaisir de la recherche,et dans l’espoir d’une revente juteuse,la compensation de revenus plusélevés qu’ils pourraient touchercomme salariés dans un grand labora-toire. Car, au terme de leurs recher-ches, ces jeunes créateurs sont prêts àvendre leur jeune entreprise et sa ouses molécules, à un stade non totale-ment finalisé, à un grand laboratoirequi, aujourd’hui, se charge d’allerjusqu’au médicament10.

La France, dans ce schémanouveau, n’est pas désavantagéequant à l’imagination des jeunesdiplômés, ni quant à leur dynamismecréateur, mais ceux-ci se heurtenttrop vite chez nous à un manque defonds trop précoce pour finaliser uneinnovation avant de la mettre, avecl’entreprise, sur le marché. C’estl’objet du fonds nouveau annoncépar Marisol Touraine de 100 M¤

destiné aux start-up françaises pourfranchir, selon ses propres termes,cette “vallée de la mort” financièrequi force trop de ces nouvelles entre-prises à se vendre précocement à descapitaux étrangers.

Du fait de ce nouveau schéma de la“chaîne” économique conduisant aunouveau médicament, l’hypothèseavancée dans un article précédent dusignataire11 prendrait plus de sensencore. Les trois phases de la produc-tion-commercialisation d’un médica-ment seraient séparées.1 � Une administration de santénationale, voire européenne, lanceraitun concours pour le traitement, oul’amélioration du traitement, de telleou telle pathologie. Plusieurs entre-prises de recherche s’y engagent. Onleur demande d’apporter au concoursune molécule ayant franchi, parexemple, la phase 1 des essais, ens’associant à des équipes médicales.2 � L’administration de santé choisitune ou deux des molécules proposéeset indemnise déjà largement les“inventeurs” et les équipes médicalesqui les auraient aidés.3 � La même administration pro-cède, à ses frais, aux phases 2 et 3, enchoisit une à un certain stade,

augmentant alors le versement àl’entreprise dont la molécule a étéfinalement retenue.4 � L’administration de santé lance lafabrication du médicament par lesentreprises de façonnage qui, déjà,fabriquent les génériques.5 � Elle la fait distribuer par le circuitpharmaceutique usuel.6 � Si brevet il doit y avoir, il serait lapropriété de l’administration desanté.

Le prix final du médicamentdeviendrait indépendant dumontant total affecté à la RD, de lafréquence de la pathologie qu’ilsoigne, ou le nombre de maladestraités. Son montant ne résulteraitplus d’un amalgame obscur entreRD, frais d’enregistrement, coûts deproduction et de mercatique etrémunération du capital. �

Jean Matoukagrégé de sciences économiques,

professeur des universités

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1. Beta-D2-deoxy -2-fluoro-2-C-methyluridine monophosphate.2. La Croix, 2 juill. 2015.3. Le Monde, 7 oct. 2014.4. Conférence-débat “Pilule d’or”, Prescrire 2015. Pr M. A. Magnon, Univ. de Carleton(Ottawa, Canada).5. “Pilule d’or” 2015, déjà cité.6. Arzneilittelmarktneuordnungsgesetz. Loi sur la réorganisation du marché pharmaceutiqueen Allemagne (janv. 2011).7. “A propos des conflits d’intérêt dans la santé”, du même auteur. Revue de la MTRL, n° 86, juin 2015.8. “Paiement à la performance et fixation conditionnelle du prix du médicament”. Documentation française, n° 4, 2014. Revue française des affaires sociales.9. Le Monde, 4-5 mai 2014.10. C’est le cas, entre cent, de l’entreprise Eligo, créée par deux jeunes chercheurs qui ont dû faireleurs premières armes aux Etats-Unis mais viennent d’intégrer, dans l’Institut Pasteur, leur start-upqui développe des virus génétiquement modifiés bien plus efficaces que les antibiotiques,évidemment très prometteurs alors que l’antibiorésistance se développe.11. Revue de la MTRL, n° 64, déc. 2009. “Réflexions sur la politique du médicament en France”.

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L e sans gluten est devenutendance aux quatre coins despays industrialisés. Des restau-

rants les plus branchés aux supermar-chés, l’offre de produits sans gluten semultiplie. Et ils sont des millions àavoir succombé à ce régime, quiexclut de nombreux aliments. « Deplus en plus de personnes cherchentun diagnostic à leurs maux sur dessites internet dont la fiabilité estdouteuse. Beaucoup d’idées reçues s’ytrouvent confortées, comme uneméfiance envers le blé, qui nourritpourtant une grande partie de lapopulation mondiale », remarqueBrigitte Jolivet, présidente del’Association française des intolérantsau gluten. « On sait que l’exclusiondu gluten est indispensable dans lamaladie cœliaque et l’allergie au blé,ajoute-t-elle. Si on parle de plus enplus de sensibilité au gluten, saresponsabilité est encore à définir. ».

Qu’est-ce que le gluten ?Le gluten est un mélange de protéi-nes combiné avec de l’amidon dansl’endosperme de la plupart des céréa-les. Il constitue environ 80 % desprotéines contenues dans le blé etd’autres céréales (voir encadré). « Legluten est principalement constituéde deux protéines : la gliadine et lagluténine, explique Yrsa Prietzel,naturopathe diplômée du Cenatho1.Ce sont elles qui sont responsablesdes propriétés viscoélastiques de lafarine et permettent à la pâte de lever

lors de la fermen-tation. Ces protéinesdu gluten ne sont pas solublesdans l’eau. Elles se caractérisent parune teneur élevée en acide glutami-que et en proline et par une faibleteneur en acides aminés basiques. Laprolamine (dans le seigle, l’avoine etle blé) et la glutamine sont résistantesaux protéases et peptidases (enzymesqui “digèrent” les protéines). Cela setraduit, chez les personnes intoléran-tes au gluten, par une réactioninflammatoire anormale qui vaendommager la paroi de l’intestingrêle et déclencher la production

d’anticorps :les malades cœliaquesprésentent des anticorps de type IgAdirigés contre la gliadine du gluten etcontre la transglutaminase tissulaire2.Cette réaction va provoquer uneréponse inflammatoire qui aura pourconséquence la destruction progres-sive des villosités intestinales (replisde la muqueuse) chargées de l’assimi-lation. » C’est la raison pour laquelleelle recommande également auxpatients atteints de MICI (maladies

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Nutrition

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Le gluten est-il mauvaispour la santé ?

TÉMOIGNAGE DE CLAIRE, 27 ANS, ATTEINTE DE MALADIE CŒLIAQUE

« J’ai été diagnostiquée atteinte de la maladie cœliaque vers l’âgede 6 mois, quand mes parents ont commencé à me donner desbouillies à base de blé. Je ne le supportais pas et j’ai présenté unedénutrition et une anémie. J’ai été hospitalisée en pédiatrie, et lediagnostic a été confirmé par une biopsie des intestins. Pendantmon enfance, c’était difficile de trouver des produits sans gluten.

Mais j’avais la chance d’avoir une maman à la maison et elle a beaucoup cuisiné etinventé des recettes sans gluten. Il a fallu aussi déménager pour que j’aille dans desécoles proches de la maison ; je ne pouvais pas manger à la cantine car les plateauxpour allergiques n’existaient pas encore. Lors des sorties scolaires ou des goûters, mamère me préparait un repas à emporter. Aujourd’hui, je gère ma maladie assez facile-ment. C’est plus facile de trouver des produits dans la grande distribution et l’offre enrestaurants sans gluten s’est démultipliée en région parisienne. Le seul traitement estl’éviction totale du gluten, mais il y a beaucoup de contaminations croisées. Il m’arriveparfois d’absorber sans m’en rendre compte des produits avec des traces de gluten et,là, j’ai des symptômes de type cutané (dermatite atopique), des crampes de ventre, desproblèmes de transit, etc. Ces symptômes peuvent apparaître 2 ou 3 jours aprèsl’ingestion de produits contaminés par du gluten. Le gluten se cache partout, mêmedans les épices en poudre ! La législation oblige les fabricants à le mentionner, mêmeen cas de traces, mais il faut être vigilant pour faire le tri. »

On voit de plus en plus la mention “produit sans gluten” fleurir sur les emballages.

Faut-il que tout un chacun s’en méfie ? Est-ce un phénomène de mode relayé par

quelques stars comme la chanteuse Lady Gaga ou le tennisman Novak Djokovic ?

Le point avec une naturopathe et des spécialistes de l’Inserm

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inflammatoires chroniques de l’intes-tin, qui regroupent la maladie deCrohn et la rectocolite hémorragi-que) et à ceux souffrant de patholo-gies auto-immunes d’éviter le gluten.

Qu’est-ce que la maladie cœliaque ?

La maladie cœliaque (MC) est unemaladie intestinale chronique due àune intolérance au gluten, qui atteintde 0,5 à 1 % de la population. C’estune maladie auto-immune qui affecteles villosités recouvrant l’intestingrêle. Ces structures interviennentdans l’absorption des nutrimentscontenus dans les aliments digérés.Cette destruction des villosités vadonc provoquer une malabsorptionde certains nutriments essentiels, cequi entraîne des carences. La MC se

manifeste typiquement dans la petiteenfance et est diagnostiquée vers l’âgede 2 ans, parfois plus tôt (voir témoi-gnage). Les principaux symptômessont à type de douleurs gastriques, de

nausées, de ballonnements, de vomis-sements, de diarrhée. Elle peuts’accompagner d’une perte de poids,d’un retard de croissance, d’uneanémie, de douleurs osseuses et

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Dans quelles pathologies le gluten est-il fortement déconseillé ?Le gluten est totalement déconseillé dans la maladie cœliaque,l’allergie au blé et l’hypersensibilité non cœliaque au gluten. Cettedernière pathologie est difficile à diagnostiquer car nous n’avonspas de marqueur spécifique, contrairement aux deux premières.Ces patients présentent les mêmes symptômes que ceux souffrantdu syndrome du côlon irritable avec des manifestations intestinales(douleurs accompagnées de constipation, diarrhée, ou alternancedes deux) et extra-intestinales (douleurs musculaires, maux detête…). Environ un tiers des personnes souffrant de ce syndromesont en fait hypersensibles au gluten, mais on ne peut pas dire que la cause de cette maladie soit due exclusivement au gluten.

Comment détecte-t-on une intolérance au gluten ?L’intolérance est difficile à diagnostiquer et peut passer inaperçuependant plusieurs années. Les symptômes peuvent être mineursvoire trompeurs. Les principaux signes sont généralement des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhéeschroniques voire des nausées… mais ces symptômes peuventaussi avoir d’autres origines. Ces signes apparaissentprogressivement et non de façon soudaine comme cela est parfoisle cas dans les allergies.

Afin de déterminer des groupes de personnes intolérantes augluten, nous devons suivre en milieu hospitalier leur alimentation de manière très précise, retirer le gluten de leur nourriture pendantun certain temps et voir l’impact que cela a ; puis réintroduire legluten et voir si les patients présentent à nouveau des symptômesabdominaux. Le diagnostic d’intolérance est donc difficile à établir.

Les naturopathes recommandent de ne pas introduire decéréales contenant du gluten chez le nourrisson avant 6 mois.Qu’en pensez-vous ?Je vous apporterai une réponse de mère. Effectivement, des étudesont montré que si on introduit trop tôt certains éléments comme le

gluten, on favorise l’apparition d’intolérance.Mieux vaut le faire quand le bébé est plus âgé.

Les protéines du gluten se caractérisent parune teneur élevée en acide glutamique, ou sa forme ionisée,le glutamate, et en proline. Le glutamate est le plus importantneurotransmetteur excitateur du système nerveux central. Doit-on pour autant recommander aux personnes souffrant de troubles neurologiques d’éviter le gluten ?Nous savons que le gluten peut être associé à certains troublesneurologiques comme la dépression chez les individusvéritablement diagnostiqués hypersensibles au gluten. Mais legluten n’est pas systématiquement déconseillé pour des personnessouffrant d’épilepsie ou d’hyperactivité. Il faut avant tout identifier la réalité de l’intolérance au gluten chez les patients. L’effet nocebo(effet indésirable lié à la prise d’une substance inerte mais que l’on pense néfaste) du gluten est important. Si l’on supprime les aliments contenant du gluten, il faut veiller à maintenir un bonéquilibre alimentaire et vitaminique.

La sélection de souches céréalières par modification génétiqueau cours des dernières décennies aurait-elle pu contribuer à l’émergence de pathologies associées au gluten ?Il existe des arguments en faveur de cette hypothèse, notammentparce que l’on voit apparaître de plus en plus ces intolérances, mais nous n’avons pas de preuve scientifique qu’il existe de liendirect. Outre les modifications génétiques des souches céréalières,de nombreux paramètres de notre alimentation ont changé etpeuvent être corrélés à l’apparition de ces hypersensibilités(pesticides, additifs alimentaires, désherbants…) ; il ne faut pasoublier que nous avons été exposés à ces différents produitstoxiques depuis notre enfance, tout comme nos parents. Ce sont des sujets complexes sur lesquels nous manquons encore de données.

a : muqueuse intestinale saine, villosités de hauteur normale,b : maladie cœliaque : atrophie totale des villosités.

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DR NATHALIE VERGNOLLE, DIRECTRICE DE L’INSTITUT DE RECHERCHE EN SANTÉ DIGESTIVE,UMR-1220, INSERM, INRA (CHU PURPAN, TOULOUSE)

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articulaires, d’une dermatite de typeherpétique, d’aphtes récidivants, etc.Chez le nourrisson, les premierssymptômes surviennent quelquessemaines après l’introduction desbouillies dans l’alimentation. Cechangement déclenche une diarrhéequi devient chronique (durant plusde 15 jours), avec des selles abondan-tes. Le bébé manque d’appétit etchange de comportement, devenantmoins actif. Son poids peut stagnerpuis diminuer, et sa croissance entaille est parfois perturbée.

Toutefois, beaucoup de patients nesont pas diagnostiqués, car la MCpeut être asymptomatique ou évoluerà bas bruit pendant des années aucours desquelles peuvent apparaîtredes carences nutritionnelles ou uneostéoporose. La cause exacte de laMC n’est pas connue, mais elle seraitessentiellement d’origine immuni-taire et est souvent héréditaire. 95 %des malades possèdent les gènes HLAde type DQ2 et DQ8. Mais toutes lespersonnes prédisposées génétique-ment ne développent pas forcémentla maladie. L’environnement auraitaussi un rôle : des infections bacté-riennes ou virales pourraient favoriserla maladie. Le traitement consiste enun régime sans gluten à vie, quientraîne une nette amélioration clini-que et histologique. A l’arrêt de laconsommation de gluten, au termede quelques mois, l’intestin cicatrise.Cependant, il faut savoir quel’absorption de la moindre moléculede gluten peut redéclencher l’attaquedirigée contre la muqueuse intesti-nale et donc la maladie. Notons queles patients qui respectent leur régimeont une bonne qualité de vie engénéral, et une espérance de vienormale.

Association française des intolérants au gluten. http://www.afdiag.fr/

1. Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique. http://www.cenatho.fr/2. La transglutaminase tissulaire est un des auto-antigènes majeurs, cible de la réactivité auto-immuneobservée au cours de la MC. Elle possède une affinité particulière pour la gliadine dont elle peut désaminercertains résidus de glutamine en acide glutamique.

Le saviez-vous?Le terme “cœliaque” vient du greckoiliakos qui signifie littéralement“souffrance dans les intestins”, employélors de la première description de lamaladie dans l’Antiquité par Arétée deCappadoce, médecin grec contemporainde Galien.

Aliments contenant du gluten Aliments sans gluten

Seigle, avoine, blé, orge, (SABO) épeautre, petit épeautre et kamut

Protéines de soja (le gluten est un agenttexturant mélangé au soja comme substitut de viande)

Chewing-gum

Charcuteries (le gluten retient l’eau dans le saucisson, les saucisses et le pâté)

Chapelure

Plats préparés en sauce (agent liant)

Entremets, flans, pâtisseries, confiseries

Produits panés

Pommes de terre préparées sous plastique.(solution de gluten)

Moutarde (le gluten améliore la répartition hydrique), épices en poudre

Bière

Boudin, quenelles

Tarama, mousse de crabe, crustacéscuisinés

Cacahuètes grillées à sec

Les enrobages : médicaments dragéifiés qui comportent des farines dans l’enrobage

Riz, maïs, sarrasin, quinoa, millet, amarante

Teff, foenio

Tous les légumes y compris les pommes de terre

Châtaignes

Oléagineux

Igname, manioc

Patate douce

Fruits frais (attention, les fruits secspeuvent contenir du gluten)

Poissons (sauf chapelure et cuisinés)

Produits laitiers (fromages, beurre,crème fraîche, yaourts)

Viandes, œufs, jambon

Sucre (plutôt de coco ou intégral), miel

Levure alimentaire (autorisée, mais autreproblématique : candidose)

Farines de légumineuses (farine de haricots,de pois chiches, de lentilles, de pois et puréede légumineuses dont le soja)

Nutrition

1 % d’intolérants et10 % d’adeptes du sans gluten

Si 1 % de la population souffrevraiment d’intolérance diagnosti-quée, aujourd’hui, de nombreusespersonnes se déclarent pourtant“hypersensibles” au gluten et excluentd’office les aliments en contenant deleur alimentation. « On s’interrogesur l’existence d’une nouvelle entité,l’hypersensibilité non cœliaque augluten, explique Dominique Turck,professeur de pédiatrie à la faculté demédecine de Lille et coordonnateurdu comité de nutrition de la Sociétéfrançaise de pédiatrie (Unité Inserm995). La notion est encore floue. Sanscritère diagnostique. Elle évoque unsyndrome du côlon irritable. »

De plus, certains accusent l’indus-trie agroalimentaire d’avoir renforcécette méfiance à l’égard du glutenpour en tirer profit. A la grande joiedes vrais intolérants pour qui s’ali-menter sans gluten devient plus

simple que par le passé. Alors,nouveau marché de dupes ? Nosconfrères du magazine 60 Millions deconsommateurs se sont penchés sur lesujet dans un récent numéro. Et ilsont cherché à savoir si les produitssans gluten vendus en grandessurfaces étaient meilleurs pour notresanté. Verdict ? Contre toute attente,manger sans gluten n’est pas forcé-ment meilleur pour notre corps,comme le révèle la simple lecture desétiquettes. Nos confrères ont décou-vert que certains de ces produits sansgluten étaient bourrés d’additifs, encomparaison avec leurs homologuescontenant du gluten. Un conseil,lisez les étiquettes et n’oubliez pas quela plupart des pains sont faits avecune grande quantité de levure. Cettelevure en excès, très acidifiante pourl’organisme, peut aussi provoquer destroubles digestifs ! �

Brigitte Postel

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L e concept de MedicineIntegrative (MI) est né auxEtats-Unis dans les années

1990, porté par deux médecins :David Eisenberg (nutritionniste,professeur à Harvard, fondateur etresponsable du département pour larecherche et l’éducation dans lesthérapies médicales complémentaireset intégratives) et Andrew Weil (bota-niste, médecin diplômé de Harvard,professeur de médecine publique,directeur du centre de médecine inté-grative du collège de médecine, àl’université d’Arizona). Par ailleurs,David Servan-Schreiber, médecinpsychiatre français, a dirigé de 2000 à2002, aux États-Unis, le CentreDuke de médecine intégrative.

La médecine intégrative est unemédecine axée sur la guérison, quitient compte de la personne dans sonensemble (corps, esprit et âme),incluant tous les aspects du mode devie. Elle met l’accent sur la relationthérapeutique et a recours à toutes lesthérapies appropriées, tant conven-tionnelles qu’alternatives. Elle faitappel à l’utilisation conjointe de lamédecine conventionnelle et demédecines complémentaires.

La médecine (en latin medicina, quisignifie “art de guérir”) est la science

et la pratique (l’art) étudiant l’organi-sation du corps humain (anatomiehumaine), son fonctionnementnormal (physiologie), et cherchant àrestaurer la santé (physique et/oumentale) par le traitement (thérapie)et la prévention (prophylaxie) despathologies.

La médecine conventionnelle cor-respond à la médecine occidentalemoderne, qui emploie l’allopathie etdes techniques validées selon l’Evi-dence based Medicine (médecinebasée sur les preuves). Les médecinescomplémentaires sont encore appe-lées non conventionnelles ; ellesappartiennent au terme plus vaste deMédecine complémentaire et alterna-tive (MAC), et sont connues dans lespays anglo-saxons sous le terme deComplementary and AlternativeMedicine (CAM) ; il ne s’agit pas demédecines parallèles puisqu’elles sonten relation permanente avec la méde-cine conventionnelle. La médecinetraditionnelle chinoise fait partie desmédecines non conventionnelles. Onrecense plus de 300 médecines com-plémentaires. Les plus connues sontl’homéopathie, l’acupuncture, l’os-téopathie, la médecine chinoise…

Pour l’instant, nos instances ordi-nales et politiques ont choisi la voie

de la méfiance vis-à-vis de ces théra-peutiques et nous sommes très enretard à leur endroit par rapport auxautres pays*.

Comment concevoir un centrede médecine intégrativemultidisciplinaire ?

Il existe déjà en France des centres demédecine intégrative ; le centre Res-source à Aix-en-Provence en est unmodèle, porté par le Dr Mouysset,oncologue ; ce centre qui fonctionnesur un mode associatif est réservé àl’accompagnement des patients prisen charge pour un cancer.

Dans l’avenir, il faut créer d’autresunités de médecine intégrative pri-vées ou publiques ; l’objectif est d’ap-porter au patient atteint d’une patho-logie complexe un plan personnaliséde soins intégrant la médecineconventionnelle et les médecinescomplémentaires.

Par exemple, un patient atteintd’un cancer du pancréas, suivi par unoncologue qui prescrit une chimio-thérapie et des antalgiques, bénéfi-ciera aussi d’une prise en chargenutritionnelle, de techniques derelaxation ou de méditation, de séan-ces d’acupuncture pour diminuer ladouleur et d’une consultationhoméopathique pour diminuer leseffets secondaires des traitements etaméliorer la qualité du sommeil et lestroubles de l’humeur.

Les praticiens qui exercent dans cescentres multidisciplinaires peuventêtre des médecins, ou des non-méde-cins mais ayant passé des diplômesaccrédités pour exercer certaines pra-tiques complémentaires (exemple, lediplôme de sophrologue reconnu).

Dans l’idéal, il serait importantque chaque patient soit reçu dansune réunion pluridisciplinaire pourvalider avec lui le parcours de soin

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Une autre pratique médicale

La Revue de la MTRL � mars 2016 � numéro 89

La médecine intégrative en« I have a dream : créer un

La mésothérapie : une autre réponsemédicale à la douleur.

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personnalisé adapté à sa pathologie.Les pathologies concernées, à monavis, ne doivent pas se limiter à lapathologie cancéreuse mais à toutesles pathologies lourdes, les maladiesneurologiques (sclérose en plaques,maladie d’Alzheimer, maladie deParkinson…), les maladies rhuma-tologiques immunitaires (polyar-thrite rhumatoïde…), maladiescardiovasculaires, pour lesquelles lesystème immunitaire est déficient,l’inflammation chronique encause ; dans ce cas, il y a unbénéfice certain à coupler médecineconventionnelle et médecinescomplémentaires.

Les différents axes de soins seraientla nutrition, l’activité physiqueadaptée, la psychologie et les théra-pies complémentaires validéescomme l’homéopathie, l’acupunc-ture, l’ostéopathie, la sophrologie.

Ces centres devraient accepter des’évaluer et de publier leurs résultatsen termes de qualité de vie du patient,d’amélioration de sa pathologie avecdes échelles d’évaluation validées.

Qu’est-ce qu’onen attend ?

Chacun s’accordera àdire que ce projet estun magnifique projetet qu’il n’y a “plusqu’à”, mais il existedeux principaux pro-blèmes à résoudre :1 � L é g i s l a t i o nancienne qui interdità un médecin d’exercer avec un théra-peute non médecin sous peine decomplicité d’exercice illégal de lamédecine.2 � Problème de financement : cetype de structure ne peut fonctionneravec une cotation à l’acte puisquechaque consultation sera longue et qu’il s’agit d’un plan personnaliséde soins incluant plusieurs prises en charge.

Il faut sans doute impliquer lepatient (cotisation) ; le patient acteurde sa santé comprend très bien quetout n’est pas gratuit. Dans les patho-logies lourdes, il n’est pas rare de voirdes consommations très onéreuses

de compléments alimentaires dontl’innocuité est loin d’être prouvée.

Il doit être possible de trouver desmécènes privés intéressés par le sensmoral de la démarche et souhaitantparticiper à un projet de santéinnovant.

Il faut faire intervenir des mutuellesqui auront un intérêt à ce qu’unadhérent concerné soit pris en chargede cette façon (diminution de laconsommation des médicamentsallopathiques, éducation thérapeuti-que et amélioration de l’hygiène devie, susceptibles de réduire le risquede récidives ou d’autres pathologies).

Les hôpitaux auraient tout intérêtégalement à signer des contrats avecces structures qui les aideront àaccompagner les patients tout aulong de leur parcours.

Quant aux instances politiques, ceserait un beau projet électoral de sub-ventionner ce type de centre…

Rêve ou prémonition, l’avenir nousle dira.

N’hésitez pas à contacter la revuepour commenter cet article et m’aiderdans la réalisation du projet. �

Dr Christelle Charvetgynécologue obstétricienne

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Une autre pratique médicale

La Revue de la MTRL � mars 2016 � numéro 89

France : un avenir proche ?centre de médecine intégrative »

L e 25 juin 2014, la MTRL et le Tout Lyon organisaient un petit déjeuner deprévention santé consacré précisément à la médecine intégrative. Notre

revue (n° 83) en a donné un large compte rendu, dans lequel Christelle Charvet,déjà, rappelait qu’une note d’analyse datant d’octobre 2012 avait été produitepar le ministère de la Santé pour répondre à “l’engouement pour les médecinesnon conventionnelles”. Une série de mesures étaient prévues : l’ouverture d’uneplate-forme d’information ; le développement des études bénéfice-risque etcoût-efficacité pour interdire ou promouvoir, voire rembourser ; l’établissementd’un label de thérapeute en pratiques non conventionnelles ; la labellisation desoffres de formation des écoles privées ; l’obligation de proposer aux étudiantsdes filières médicales et non médicales des modules facultatifs d’initiation auxmédecines non conventionnelles pour qu’ils puissent informer leurs futurspatients sur les intérêts et les risques… C’était beau comme un arbre de Noël etses guirlandes… mais il est resté dans un placard !

Courage Christelle, Noël reviendra !

* http://social-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/qualite-des-soins-et-pratiques/article/pratiques-de-soins-non-conventionnelles

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est l’année du centenaire de lamort d’Elie Metchnikoff, père del’immunité innée, découvreur de laphagocytose par les globules blancs,et prix Nobel en 1908. Il obtint unegrande renommée parallèlement avecses recherches sur les probiotiques,ses fameux “élixirs de longue vie”.

Des bactéries ennemies aux bactéries amies

C’est à peu près à cette même époqueque Pasteur déclarait en 1885 que “lavie n’est pas possible sans bactéries”.Il a fallu plus de cent ans pour passerdu concept des bactéries ennemies àcelui des bactéries bénéfiques.Car, en cours de route, s’estinsérée la découverte fabu-leuse des antibiotiques. Mais,comme toujours, les extrêmesont une limite et, passé l’en-gouement effréné pour cesmolécules pourtant capitales,il est apparu progressivementque les bactéries amicalesreprésentaient une arme aussiimportante que les antibioti-ques, non seulement enversles infections, mais aussi dansl’économie tout entière desorganismes vivants. Car,maintenant, il est bien clairque le microbiote, avec sesbactéries bénéfiques, est un

organe à part entière, intégré intime-ment à l’individu. Sans aller plusavant, on sait maintenant de plus enplus utiliser les transferts de micro-biotes sains chez les malades pourrégler certains problèmes graves desanté antérieurement insolubles.

Haro sur le microbioteActuellement, le mode de vie de notresociété met à mal les microbiotesintestinaux : l’obsession maximalistede l’hygiène, les désinfectants de toutacabit et les antibiotiques mal ou troputilisés, les stress, les polluants, la viecitadine coupée de la nature, l’alimen-tation occidentale qui est devenue ina-déquate aux humains… On recensedes centaines de maladies, plus oumoins graves, reliées à un déséquilibredu microbiote : car un déséquilibremicrobien déclenche toujours un fléaubiologique, c’est-à-dire une inflamma-tion chronique. Et celle-ci s’exprimepar une multitude de symptômes, desplus rudimentaires (constipation,douleurs abdominales, diarrhées béni-gnes, céphalées, acné…) aux plus gra-ves (maladies cardiovasculaires, infec-tions chroniques, maladies inflamma-toires et auto-immunes, allergies, sur-poids et obésité, diabètes, voire diffé-

rents cancers…). Les maladies en lienavec un microbiote déséquilibré ontglobalement une caractéristique com-mune : leur flore intestinale est appau-vrie en richesse bactérienne, ainsiqu’en diversité, à la fois en espèces eten souches. On pourrait presque affir-mer que c’est une constante, caracté-ristique par exemple dans le surpoidset l’obésité. Moins de souches de bac-téries et moins d’espèces présentesouvrent grand la porte à l’implanta-tion de microbes indésirables etamoindrissent leurs nécessaires fonc-tions symbiotiques : immunitaires,digestives, métaboliques, anti-infec-tieuses, nutritionnelles, notamment.L’inflammation dite de bas grade cha-peaute alors le tout, car une altérationde microbiote retentit immanquable-ment sur la bonne santé de lamuqueuse intestinale, créant ipsofacto une hyperperméabilité de celle-ci, dont on sait qu’elle enclenche aussil’inflammation si elle perdure.

Il est donc temps d’arrêter de fairela guerre à outrance aux bactéries.

Vive les probiotiques !Il existe un moyen simple et efficacepour corriger la majorité des ennuisde santé en régularisant les popula-

tions bactériennes de notreintestin, et cela depuis lanaissance. Régulariser l’ali-mentation pour influencer ledéséquilibre du microbioteest certes, en parallèle, haute-ment souhaitable – senourrir correctement nourritaussi correctement le micro-biote – mais n’est pas forcé-ment chose aisée. Il existeheureusement une alterna-tive : aller à la source, c’est-à-dire utiliser les probiotiques,les amis de la santé !

Ces probiotiques sont desbactéries vivantes possédantdes effets bénéfiques pourl’hôte. Les plus étudiées sont

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Les probiotiques

Utiliser des produits bactéricides en établissement de soinsest indispensable. Dans la vie courante, ces mêmes produitsn’ont aucune justification.

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les espèces de Lactobacilles et deBifidobactéries. Elles permettent delutter efficacement contre lestroubles digestifs, optimisent unesaine digestion, protègent des infec-tions, entretiennent fortementl’immunité, et fabriquent toute unevariété de vitamines, de nutriments,de molécules anti-inflammatoiresdont nous profitons à chaqueinstant. Elles interviennent égale-ment en profondeur dans diverssystèmes hormonaux, endocriniens,reproducteurs, dans la régulationdes fonctions cérébrales, et entre-tiennent une certaine jeunesse,c’est-à-dire ralentissent un vieillisse-ment accéléré par notre mode devie, à commencer par l’état de lapeau ou des cheveux ! Finalement,c’est normal : les bactéries sont unorgane à part entière.

Il est d’autant plus facile de les utili-ser qu’en quelques jours, en général,leur prise orale modifie l’état de notremicrobiote intestinal ; une rectifica-tion alimentaire concomitante ampli-fie évidemment la chose. Par ailleurs,ces probiotiques sont sûrs : ils nedéclenchent pas d’infection et neproduisent quasiment pas d’effetsindésirables, d’ailleurs mineurs le caséchéant. Les très rares cas d’infectionsse rencontrent sur des terrains forte-ment immuno-déficients.

Au sein des espèces bactériennesprobiotiques, Lactobacilles etBifidobactéries, chaque souchemontre des qualités différentes ; leursprocessus d’obtention et de matura-tion (compliqués) modifient aussileurs propriétés. Les souches les plusétudiées, documentées, les plusefficaces sont représentées par lesBifidobactéries : souches bifidobacte-rium, brevis, longum, infantis, lactis,et par les Lactobacilles : helveticus,rhamnosus, acidophilus, plantarum,bulgaricus, paracasei, delbruckei,gasseri, reuteri. On trouvera aussi desStreptococcus thermophilus ou desSaccharomyces (levures). Toutes cessouches sont les plus communémentrencontrées dans les préparationscommerciales que l’on trouve trèsfacilement.

Comment les utiliserintelligemment ?

La durée de vie des probiotiquess’améliore régulièrement par destechniques sophistiquées d’encapsu-lation, leur conférant une résistanceaux agressions (chaleur, froid, acidegastrique, antibiotiques et antisepti-ques), et par un contrôle génétiquerigoureux : tous les gènes bactérienssont caractérisés, on en possède lacarte génétique.

S’il existe des souches possédantdes effets assez spécifiques, unprobiotique correct “de base” devraitassocier au minimum 3, 4, 5 voiredavantage de souches différentes, afinde cumuler les effets bénéfiques(digestion + immunité, par exemple).L’utilisation de souches particulièresdestinées à corriger des problèmesspécifiques n’a pas beaucoup d’intérêtà mon sens, car cela reviendrait ensomme à “traiter” le symptôme (aller-gique, cutané, vaginal…), un peu à lamanière d’un médicament chimiquehabituel spécifique antisymptomati-que. L’objectif, avec les probiotiques,n’est pas pour moi de lutter contre,mais de faire bien mieux, c’est-à-direde réguler : l’effet obtenu est alorsplus fondamental, plus global, plusprofond, plus “holistique”, et doncpotentiellement plus puissant et plusstable sur le long terme. A l’époqueactuelle de la “spécificité”, il existedonc une sorte de flou artistique bienpeu dans l’air du temps, mais quipermet sur cette base d’affiner lasingularité de la prescription. Onpeut d’ailleurs renforcer facilementtel ou tel effet bénéfique souhaité parl’addition d’une autre souche, renfor-çant ainsi potentiellement un effetbénéfique que l’on veut obtenir plusparticulièrement. On ne peut s’empê-cher de penser quand même qu’unediversification spécifique en probioti-ques répond à des critères de segmen-tation commerciale (probiotiquespour la peau, l’acné, l’infection, levieillissement…). Pourquoi pas, maisà mon sens on peut faire mieux.

Les produits laitiers enrichis enprobiotiques, s’ils présentent quel-ques qualités – goût, conservation,

acidité –, ont assez peu d’effets engénéral, contrairement à ce qui estdit. Ce sont pour moi des “produitsdérivés”, car rien ne vaut les souchespures. Cela est d’ailleurs confirmé parles études et va à l’encontre de certai-nes publicités.

Il faut bien savoir que l’effet probio-tique dépend de la dose. La plupartdes préparations contiennent descharges variant entre 3 et 10 milliardsde germes, ce qui correspond auxconcentrations habituellement utili-sées dans les très nombreuses étudesréalisées à ce jour. Mais, dans bien descas, il faut augmenter les concentra-tions. Une préparation de probioti-ques, au vu de son efficacitépotentielle, devrait vraiment êtreadaptée à chaque occurrence. Il nefaut pas avoir peur de la dose, et sesouvenir quand même que quelquesmilliards de probiotiques ne sontqu’une petite goutte d’eau dansl’immense océan des bactéries intesti-nales (100 000 milliards en moyenne,pour 1 400 espèces !).

Car les effets attendus, parfois, nesont pas au rendez-vous. Soit les pro-biotiques n’étaient pas très adaptés àla personne, soit les dosages étaienttrop faibles (ce qui est fréquent), soitla durée de prise est trop brève, oubien le tout à la fois. C’est dire quemaximiser les effets doit relever d’une

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Bifidus ou pas, le yaourt ‘enrichi’ n’est qu’un produit ‘dérivé’ !

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étude personnalisée de l’individu, cequi est assez simple à réaliser maispeut prendre du temps. Les étudessur simulateurs d’intestins montrentque les probiotiques doivent être prisau cours des repas, ceux-ci compor-tant des graisses si possible. Tout lemonde n’est pas d’accord là-dessus,car différents modèles expérimentauxdonnent des résultats différents. Peuimporte finalement, car l’importantest de les avaler ! Enfin, on pourraégalement se tourner vers tous les ali-ments lacto-fermentés bien sûr, maisce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Un exempleSi vous avez bien compris, il existeun complément alimentaire à monsens indispensable, tant en préven-tion qu’en curatif : les probiotiques.Compte tenu de notre mode vie,c’est une excellente assurance debonne santé. Certains diront que çapeut coûter cher. Il faut savoir queles coûts de fabrication sont assezsimilaires pour les différentessouches ; la différence de prix estessentiellement dictée par la margebénéficiaire que veut réaliser lasociété. Pourtant, les prix restenttrès majoritairement modestes etaccessibles, et les effets bénéfiquesvalent largement la dépense. Il vautbien mieux se “priver” d’aller uneou deux fois au cinéma par mois,par exemple, ou d’une soirée aurestaurant, ou ailleurs, pour vrai-ment améliorer sérieusement sasanté ! On trouve des préparations“sérieuses” de probiotiques comme,par exemple, le Maxi-Flore du labo-ratoire Synergia : 4 souches intéres-santes bien documentées(rhamnosus, longum, 2 helveticus),contrôlées, bien étudiées chez l’hu-main, 15 milliards de germes parprise. Le rapport qualité/prix estexcellent ; un avantage, c’est qu’onle trouve partout. La forme infantileexiste aussi. D’autres préparationsdu même genre existent, bienentendu, mais c’est “mon” probioti-que passe-partout en premièreintention, et j’assume, puisque jel’avale personnellement au quoti-

dien – puisqu’on me demandesouvent ce que je prends –, sachantque je n’ai pas de problème particu-lier de santé. Je n’hésite pas à enprendre jusqu’à 10 par jour, en casd’épidémie ambiante hivernale(gastroentérites, grippe, rhinopha-ryngite…), pendant quelques jours,et je ne connais même pas le moin-dre rhume depuis des années !

Prébiotiques ?Je ne conseille pas la prise concomi-tante de prébiotiques, c’est-à-dire defibres au sens strict (tous les végétauxne contiennent pas de fibres), essen-tiellement de type galacto-oligosac-charides (GOS) ou fructo-oligosac-charides (FOS). Pourquoi ? Car cesfibres fermentescibles peuvent facile-ment faire ballonner (elles dégagentdu gaz), ce qui est relativementsouvent inconfortable et peut déclen-cher des douleurs de distension duventre, parfois assez violentes. Certes,ces fibres sont un excellent alimentpour les probiotiques, et en leurdonnant leur plat préféré, onaméliore leur survie dans l’intestin. Il est intéressant de consommer depetites quantités d’acides gras poly-insaturés, spécialement des oméga 3– à longue chaîne (EPA), ce quiaccroît leur durée de vie tout en favo-risant leur implantation, ce quiretarde leur élimination et prolongel’effet bénéfique des probiotiques. Siles prébiotiques (fibres FOS et GOS,inuline) possèdent des effets bénéfi-ques bien démontrés, les inconfortsoccasionnés peuvent amener les indi-vidus à rejeter les préparations deprobiotiques associésaux prébiotiques(appelés alors symbioti-ques). L’autre raison estencore plus simple :mangez des alimentsriches naturellement enprébiotiques : prunes,pruneaux, figues, pourfaire simple immédia-tement. C’est bienmeilleur au goût, et çan’apporte pas que desprébiotiques !

PsychobiotiquesEnfin, les nombreuses étudesportant sur l’axe intestin-micro-biote-cerveau ont fait émerger le trèsrécent concept, en plein développe-ment, de psychobiotique. Car ons’aperçoit que les bactéries ont aussileur mot à dire dans la régulation dustress, de l’humeur, de l’anxiété, dela dépression, du comportement, etde certaines maladies psycho-psychiatriques (schizophrénie,troubles du spectre autistique…).C’est un nouveau domaine fascinantqui s’ouvre, où l’on découvre jouraprès jour des effets totalementinattendus occasionnés par dessouches impactant la sphère cérébro-cognitive, émotionnelle et compor-tementale. Mais cela est une autrehistoire… Les bactéries ont plusd’un tour dans leur sac ! �

Philippe FiévetMédecin nutritionniste

Maître en sciences et biologie médicales

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C ’est donc à partir d’uneculture et d’une expériencede chimiste, au sens le plus

étendu de ce terme, que RenéJacquier va d’abord mettre au pointl’appareil que la coqueluche de sesdeux filles lui avait suggéré, puis, toutnaturellement, il va se tourner versl’étude des pathologies humaines lesplus diverses et les plus graves,persuadé que l’oxygénation peut,sinon tout guérir, du moins placerl’organisme dans les meilleuresconditions de régénération et fortifierson système immunitaire.

Sa théorie sur le cancerC’est ainsi qu’il va soumettre à sespénétrantes réflexions la plus terriblemaladie du siècle, le cancer. Dès octo-bre 1946, toujours à Rio de Janeiro, ilélabore sa théorie sur le cancer,laquelle constituera, seize ans plustard, un chapitre de son livre. Je nepuis évidemment reproduire ici cechapitre, mais je tiens cependant àvous restituer une page prise ailleursdans cet ouvrage dans laquelle ildécrit la formation d’un cancer avecune remarquable clarté, en mêmetemps qu’il fait ressortir l’importancedu rôle de l’oxygène : « Si l’on cultivedes cellules vivantes saines, sur unmilieu sain, des repiquages successifsde ces cellules sur des milieux sainsengendrent toujours une multiplica-tion de cellules saines. En partant dela souche de cellules mères, nousaurons des cellules filles, petites-filles,arrière-petites-filles… toujours sai-nes. La descendance des cellules ori-ginelles sera toujours faite de cellulessaines. Mais si, à un certain momentdans la culture d’un de ces repiqua-ges, on ajoute un hydrocarbure can-

cérigène comme le phénanthrène, onprovoque, par cette addition, la can-cérisation de la culture. […] Cetteculture de cellules cancérisées parl’hydrocarbure constituera alors unesouche de cellules éternellement can-céreuses. […] Toutes les générationsde cellules issues de la souche de cel-lules rendues cancéreuses artificielle-ment seront cancéreuses, mêmeensuite en l’absence d’hydrocarburecancérigène. Il est en effet évidentqu’après, par exemple une dizaine degénérations de ces cellules, la quantitéd’hydrocarbure contenue sera insi-gnifiante. […] Ces faits constatés,comment pouvons-nous les expli-quer : lorsqu’il y a présence d’hydro-carbure cancérigène dans la culture,nous pouvons admettre, d’après nosthéories, qu’il y a formation d’un filmautour de la cellule. Ce film, commenous l’avons exposé, ne permet alorsqu’une alimentation carencée de lacellule. En particulier, l’aliment oxy-gène arrivant mal, la cellule devientgrosse productrice de déchets. Lephénomène du cancer est amorcé.Les propres déchets, résidus alors éla-borés par la cellule, sont cancérigè-nes. […] Ces déchets, élaborés à par-tir d’un milieu sain et d’un métabo-lisme réduit de la cellule, seront éter-nellement reproductibles. Comme ilssont eux-mêmes cancérigènes, les cel-lules, automatiquement, seront can-cérisées par un film où l’hydrocarburede départ sera remplacé, dans les repi-quages successifs, par les résidus issusd’un métabolisme réduit. Le proces-sus sera amorcé, toutes les généra-tions de cellules seront cancéreuses.Cette expérience est en plein accordavec notre théorie du cancer et per-met de dire, de démontrer même,

que dans des conditions de bonmétabolisme cellulaire, les déchets nepeuvent apparaître et que, par consé-quent, ces déchets naturels cancérigè-nes peuvent donc, avec un bon fonc-tionnement cellulaire, disparaître. »

De la théorie à la pratiqueJacquier n’est pas médecin, mais entant qu’ingénieur chimiste expéri-menté, sa démarche habituelle est dedéboucher sur l’action concrète et lerésultat pratique. Il ne saurait donc secontenter d’une “théorie”, et il va, àpartir de ses découvertes, mettre aupoint un traitement du cancer, traite-ment complet et détaillé qu’il ira pré-senter en 1974 au Congrès interna-tional du cancer qui se tient à Flo-rence. Je vous laisse deviner l’accueilque les cancérologues patentés pou-vaient réserver à ce chimiste, à cet“amateur”, qui se mêlait vraiment dece qui ne le regardait pas. Mais si Jac-quier a l’audace intellectuelle desvrais découvreurs, il n’a pas que celle-là. Il a, comme je vous l’ai dit, uneforte personnalité qui sait capter l’at-tention. Mais laissons-le nous conter

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L’étonnante histoire du“bol d’air” de René Jacquier

(SECONDE PARTIE)

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lui-même ce qu’il advint de cettecommunication : « Cette note a unehistoire. Au congrès, elle fut officiel-lement, parmi beaucoup d’autres,diffusée deux jours durant. La diffu-sion fut faite parce qu’ordonnée parla secrétaire scientifique du congrès,le docteur Paola de Paoli, de Milan.Une conversation que j’avais eue avecMme Paola de Paoli sur le problèmedu cancer, avec beaucoup de docu-ments à l’appui, l’avait bien convain-cue de l’importance de la chose. Elleordonna donc que la note fut diffu-sée. Elle le fut deux jours mais, sur lesinstances faites au président duCongrès par certains, elle fut rapide-ment retirée de la diffusion. Lesgrands cancérologues étaient pré-sents. J’ai surtout eu l’impression quebeaucoup d’entre eux étaient là entouristes, appareils photographiquesen bandoulière. […] Malgré tout, jefis remettre par courrier cette noteaux plus connus. Ils ne m’en accusè-rent jamais réception. En prirent-ilsconnaissance ? Je ne sais pas. Ce sontdes gens d’une telle importance,d’une telle supériorité, qu’ils n’ontpas de temps à perdre avec ces babio-les. Tant pis pour les cancéreux ! »

Le médecin et le chimisteDans les années cinquante, un pontede l’Institut Pasteur, dont quelqu’unavait dû échauffer les oreilles en luiparlant un peu trop de notre inven-teur, voulut le voir simplement pourlui déclarer en substance : « Que leschimistes nous foutent la paix, qu’ilsrestent dans leurs laboratoires, qu’ilsfassent marcher leurs industries, c’esttout ce que j’avais à vous dire, Mon-sieur ! » Ce délicat personnage n’ou-bliait qu’une chose : le père fondateurde son Institut nourricier, Louis Pas-teur en personne, “n’était” qu’un chi-miste lui-même. Et sans doute aurait-on bien étonné le drôle en lui disantque l’important était de guérir lesmalades avec la plus efficace et lamoins coûteuse des thérapies, quecelle-ci soit due à un chimiste, à unélectricien ou à un cuisinier. Maispardon, je déraisonne ; l’importantaux yeux de ce cuistre, c’était de pou-

voir exploiter tranquillement sonfilon : la maladie humaine, plus assu-rément inépuisable que le pétrole.

Le traitement contre le cancer misau point par Jacquier, entièrementdécrit dans son livre et qui se réalisesur une durée de quarante jours, peutêtre appliqué légalement par toutmédecin, les produits indiqués parJacquier étant tous disponibles enpharmacie ou dans le commerce. Iloffre en outre l’avantage appréciable

d’être dépourvu de toute toxicité etd’éviter au malade les traitementsdouloureux ou traumatisants, sansparler des chocs psychologiques. Jac-quier le présente également pour lesnon-cancéreux comme un moyend’assurer un bon fonctionnement del’organisme et d’éviter ainsi l’appari-tion des maladies. Il l’a expérimentémaintes fois sur lui-même et desmembres de sa famille. Indépendam-ment de ce traitement général, Jac-quier a également proposé une théra-pie extrêmement simple et d’un coûtdérisoire pour traiter en particulier lestumeurs cancéreuses, à l’aide d’injec-tions d’eau oxygénée. Voyons ce qu’ilécrit à ce propos en 1981.

Les miracles de l’oxygène« Deux savants anglais ont trouvéque, dans certains cas de cancer, l’eauoxygénée était curative. Là encore,nous l’avions écrit bien antérieure-ment et nous répétons nos propos del’époque : la tumeur cancéreuse, dufait de son métabolisme réduit, semet à produire de plus grandes quan-tités de déchets qu’un tissu normal.Pour empêcher cette production dedéchets par la tumeur, il faut évidem-ment la détruire, par exemple l’extir-

per chirurgicalement ou bien tuer lescellules qui la composent, mais nonavec les rayons X, le radium ou lecobalt radioactif, qui sont les métho-des radiothérapiques le plus couram-ment employées, parce que cesméthodes tuent les cellules et laissent,pourrait-on dire, leurs cadavres sur leterrain… Ces cadavres sont de vérita-bles “charognes” de l’importanced’une cellule. Ils sont eux-mêmes, parconséquent, la source de nouveauxdéchets. Il faut donc, si l’on ne peutl’extirper, détruire la tumeur par untout autre procédé, en employant unmoyen qui brûle ces résidus de cada-vres cellulaires. Un produit qui peutremplir ce rôle, c’est l’eau oxygénée,qui peut détruire la tumeur en la brû-lant au sens chimique, c’est-à-dire enla tuant et en faisant la combustiondes déchets dus aux cellules mortes.On comprend d’ailleurs de cettefaçon pourquoi la radiothérapie,connue depuis plus de cinquante ans,n’a pas conduit à la solution dans lalutte contre le cancer ; qu’aucontraire, nous pouvons l’affirmer,sauf dans le cas de tumeurs superfi-cielles ou peu profondes (utérus oupeau), facilement atteintes, ces théra-peutiques conduisent à la productionde déchets en tuant la tumeur. Enconséquence, momentanément, sousl’influence des radiations, la tumeurdisparaît, mais ensuite le terraininfesté de résidus est propice à unenouvelle apparition de la tumeur (parsuite d’une plus grande formation dedéchets) et à celle des métastases oucancers secondaires. D’autre part, lesang, après quelques irradiations, estlésé et perd de son pouvoir d’oxygé-nation tissulaire, c’est-à-dire qu’il y aproduction plus grande encore dedéchets dans un état colloïdal défi-cient. […] L’eau oxygénée, elle,détruisant la tumeur par superoxygé-nation conduisant à la combustiondes déchets formés par la mort descellules, devait donc nous conduire àde bien meilleurs résultats. A ce sujet,nous nous citons : “Nous, ce quenous proposons, comme méthodedestructive de la tumeur, c’est unedestruction totale oxygénante

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conduisant à des dégradations impor-tantes des cellules malignes, dégrada-tions conduisant ensuite à des solubi-lisations. Cette destruction doit êtrefaite par un produit non toxique etviolemment oxygénant, comme l’eauoxygénée superconcentrée à 130 ou160 volumes. Lorsque la tumeur estaccessible, on peut la détruire par desinjections périphériques et à cœurd’eau oxygénée superconcentrée. Uneffet secondaire (utile) de l’eau oxygé-née par suite de cette destruction parbrûlures internes peut être un effet deconcentration de plasma favorable”. »(Le cancer vaincu ? - 1954)

Pourquoi faire simple…Toutefois, en nous délivrant cetteextraordinaire “ordonnance”, RenéJacquier me semble avoir oublié unetrès grave contre-indication. C’estque l’eau oxygénée, cela ne coûtepresque rien, et rapporte donc moinsencore. Les cancérologues vont-ils jeter à la casse tous leursmerveilleux appareils à rayons,toute leur panoplie de produitschimiques sophistiqués, sansparler des séjours hospitaliers,alors que la Sécurité sociale dis-tribue les milliards comme s’ilen pleuvait ? Allons, vousrêvez ! Cependant, malgré l’in-compréhension, l’adversité ettous les obstacles accumulés sursa route, René Jacquier, inacces-

sible au découragement autant qu’àl’amertume, continua inlassablementde présenter partout son fameux “Bold’Air”. Et cette persévérance porta sesfruits. C’est ainsi qu’au début de l’an-née 2001, Laurence Salomon, unenaturopathe enthousiasmée par lesrésultats obtenus auprès de sespatients grâce à l’invention de RenéJacquier, publie sous le titre évocateurRespirez la santé ! (Ed. Grancher), unesynthèse remarquablement claire deseffets du “Bol d’Air”. Le 19 août2002, Europe 1 recevait en ses stu-dios René Jacquier et Laurence Salo-mon pour une interview de deuxheures au cours de la chronique deMarc Menant. Cette émission eut unsuccès considérable qui devait susci-ter plusieurs centaines de lettres d’au-diteurs. Des témoignages saisissantsde patients furent diffusés, dontnotamment celui de la maman d’unejeune femme atteinte de leucémie, à

qui le cancérologue ne donnait quesix mois à vivre si elle ne suivait pasun traitement classique, et qui s’étaitguérie seule grâce à la pratique du Bold’Air. D’autre part, une journalistebritannique, enthousiasmée par l’ap-pareil qu’elle avait expérimenté elle-même, publiait à son sujet un articlede deux pages dans la revue anglaisePure Modern Lifestyle, en novem-bre 2002, portant ainsi outre-Man-che la notoriété de cette thérapie.Entre 2004 et 2008, à l’université deBourgogne, Béatrice Mercier, biolo-giste et docteur en écologie, réalisades études sur des mammifères quimirent en évidence l’action positivedes sessions respiratoires du “Bold’Air”. Dans les derniers temps de savie, René Jacquier, toujours enthou-siaste, volubile et juvénile à vous cou-per le souffle, était capable de vousrésumer toutes ses recherches en uneheure de téléphone. Né à Lyon le

5 juillet 1911, il est décédé le21 mars 2010, à l’âge de 98 ans.Il avait donné sa dernièreconférence à Tours, en décem-bre 2009, trois mois avant samort. Il reste, pour reprendreune formule célèbre, l’un desêtres les plus extraordinairesque j’aie jamais rencontrés. �

Pierre Lance

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8 heures - 9 heures � Accueil9 heures - 9 h 30 � Ouverture de la journée – Romain Migliorini, président de la MTRL

Introduction – Dr Patrick Lemoine, psychiatre

Thème 1. Prévenir les maladies9 h 30 - 10 h 15 � Gestion des émotions pour développer la santé, Anna Komkova, psychologue du travail

10 h 15 - 11 heures � Activité physique et prévention des cancers, Julien Carretier, docteur en santé publique (Centre Léon-Bérard)11 heures - 11 h 30 � Pause café, visite de l’exposition

11 h 30 - 12 h 15 � Une alimentation positive pour préserver sa santé, Carole Deschamps, Ardab (réseau Corabio)12 h 15 - 13 h 30 � Pause déjeuner – Buffet

Thème 2. Se soigner autrement13 h 30 - 14 h 15 � Les bonnes pratiques de la sieste et ses bienfaits, Clémence Peix-Lavallée, sophrologue

14 h 15 - 15 heures � La rigologie, la thérapie par le rire, Cécile Arnold, rigologue15 heures - 15 h 30 � Pause café, visite de l’exposition

15 h 30 - 16 h 15 � Médecine intégrative : une approche globale de l’humain, Dr Christelle Charvet, gynécoloque homéopathe16 h 15 - 17 heures � Le shiatsu, le toucher pour ramener l’équilibre, Anthony Cortinovis et Stephen Bellaches, praticiens shiatsu17 heures - 17 h 30 � Restitution, synthèse – Dr Patrick Lemoine, psychiatre

Clôture de la journée – Romain Migliorini, président de la MTRL

VENDREDI 29 AVRIL 2016 À L’ENS (LYON)

JOURNÉE “RÉFLEXE PRÉVENTION SANTÉ” DE LA MTRL