livre et lire n°267 - décembre 2011

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Lui aussi ! Je travaille dans le livre. Littéralement. Je n’en sors pas. Littéralement. Ma double vie n’en est pas une puisque d’un côté j’écris (sur les livres), de l’autre, j’écris (des livres). Double et pas même schizophrène. Double quand même. Je ne suis pas veilleur de nuit, je ne suis pas enseignant, je ne suis pas retraité, je suis salarié d’une structure régionale pour le livre. Une bonne place, en quelque sorte, près du livre. Oui, mais lorsque tout se mélange, tout ne se mélange pas, justement. Par exemple, dans le cadre de mon travail, je suis amené à fréquenter des écrivains. Je les écoute, je les fais parler, je les devine, je les fais briller, je note leurs propos et leurs traits de carac- tère, l’originalité de leur style ou de leur der- nier ouvrage. L’autre en moi se tait, ou presque. Il dit « moi aussi ! », « moi aussi ! » Je ne le laisse pas faire, le traite un peu négligemment, je dis « c’est bon, calme- toi, tu ne vois pas que je suis en train de travailler... » Il se calme. Il comprend ce que ça veut dire « travailler ». Depuis que je suis employé par cette struc- ture régionale pour le livre, j’ai écrit une dizaine de livres. Des romans pour l’essen- tiel. Il dit « moi aussi ! », « moi aussi ! », il ne se rend même pas compte que c’est de lui que je parle. À sa décharge, il n’a pas l’habi- tude que je le fasse à la une de Livre & Lire. D’ailleurs, il se plaint souvent. Il ne faut pas croire, il est comme les autres. Lui aussi vou- drait des bourses, des aides, des portraits dans le mensuel du livre en Rhône-Alpes... Et quoi encore ? Une résidence à Montréal, pendant qu’on y est ! Il le prend mal. Il dit que je ne pense qu’à mon travail, surtout que je ne crois pas en lui. Il m’agace parfois. Je lui rappelle qu’il a de la chance d’être à sa place, qu’il ne se soucie de rien, que c’est tout de même moi qui fais bouillir la marmite. Il se tait. Il voit bien que ce n’est pas la peine. Alors il écrit. Cette dernière chronique, par exemple. Il dit « peut-être même que je serai payé… » Pourquoi pas ? Je le comprends. Après tout, moi aussi j’écris. Je lui promets de poser la question au responsable de Livre& Lire. Laurent Bonzon n°267 - décembre 2011 le mensuel du livre en Rhône-Alpes en +++++++++ Rousseau avant 2012… Alors que, sous l’impulsion de la Région Rhône-Alpes, se préparent les festivités et l’ensemble des événements culturels pour le tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau – journées d’ou- verture les 20 et 21 janvier à Chambéry –, y compris les pique-niques républicains pour la journée anniversaire du 28 juin, retrouvez toute l’actualité sur le blog Rousseau 2012 : www.arald.org/rousseau > www.arald.org les écrivains à leur place Livre & Lire, prochaine étape Du mensuel Actualités Rhône-Alpes du livre à Livre & Lire, première et deuxième version (2001 et 2008), la publication mensuelle de l’Arald n’a cessé de s’ouvrir et de proposer une vision éditoriale toujours plus large, s’efforçant de rendre compte de la richesse et de la diversité régionales dans tous les domaines du livre et de la lecture. Après quatre années d’une nouvelle formule nettement remaniée sur le plan des contenus et de la maquette, et compte tenu des évolutions de la diffusion électronique de l’infor- mation via Internet, il est temps de faire franchir à notre journal, sup- plément à Livres Hebdo et à Livres de France, une nouvelle étape de son histoire. Livre & Lire fera donc son retour très prochainement sous une autre forme. L. B. !!!!!!!!!!!! 50 ans de presse alternative à Lyon Organisée par le Cedrats, cette exposition retrace l’histoire d’une presse alternative plurielle et foisonnante, des petits bulletins tirés à la ronéo dans les années 1960, à l’informa- tion qui circule aujourd’hui sur Internet. Archives municipales de Lyon, jusqu’au 25 février 2012 Une nouvelle version pour Mémoire et actualité Mémoire et actualité en Rhône-Alpes, le portail Internet de mise en valeur des fonds patrimoniaux des bibliothèques et des services d’archives, fait peau neuve début 2012. Nouveau graphisme et nouvelles fonction- nalités pour une meilleure valori- sation des ressources patrimoniales, ce portail enrichi en contenus et en informations proposera une recherche facilitée et une meilleure visibilité auprès d’un large public. Des outils de recherche plus per- formants, la mise en ligne de dossiers thématiques permettront ainsi aux lecteurs de naviguer entre images, notices des fonds des inventaires du patrimoine écrit et graphique et articles extraits de la presse ancienne. www.memoireetactualite.org patrimoine Benjamin Péret et André Breton à Saint-Cirq-Lapopie à la chasse aux papillons… Rencontre avec l’Association des amis de Benjamin Péret. (lire p.7) beaux-livres/ p.2-3 Avant Noël, après aussi Place aux beaux-livres des éditeurs, présentés à l’occasion du Rendez-vous des acteurs du livre, qui s’est déroulé le 7 novembre à Lyon, à l’initiative de l’Arald et de Libraires en Rhône-Alpes. poésie/p.7-9 Dans tous les sens La mémoire de Benjamin Péret, une traduction de Byron, les poèmes de Maya Ombasic, Fabienne Swiatly, Francis Pornon, Étienne Faure, le numéro 47 de la revue Bacchanales, les textes de Michel Deux et le Prix Mallarmé d’Annie Salager. multimédia/p.11 Dans la Vallée du Rhône L’Atelier platane mobile publie le numéro 9 du magazine Milieu du Rhône. ©Jean-Claude Seine / La Passe du vent

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L'Arald publie chaque début de mois "livre&lire", journal d'information sur la vie du livre en Rhône Alpes. Ce mensuel de douze pages est un supplément aux revues professionnelles Livres-hebdo et Livres de France publiées par le Cercle de la Librairie

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Lui aussi !Je travaille dans le livre. Littéralement.Je n’en sors pas. Littéralement. Ma doublevie n’en est pas une puisque d’un côtéj’écris (sur les livres), de l’autre, j’écris (deslivres). Double et pas même schizophrène.Double quand même. Je ne suis pasveilleur de nuit, je ne suis pas enseignant,je ne suis pas retraité, je suis salarié d’unestructure régionale pour le livre. Une bonneplace, en quelque sorte, près du livre.Oui, mais lorsque tout se mélange, tout

ne se mélange pas, justement. Par exemple,dans le cadre de mon travail, je suis amenéà fréquenter des écrivains. Je les écoute, jeles fais parler, je les devine, je les fais briller,je note leurs propos et leurs traits de carac-tère, l’originalité de leur style ou de leur der-nier ouvrage. L’autre en moi se tait, oupresque. Il dit « moi aussi ! », « moi aussi ! »Je ne le laisse pas faire, le traite un peunégligemment, je dis « c’est bon, calme-toi, tu ne vois pas que je suis en train detravailler... » Il se calme. Il comprend ceque ça veut dire « travailler ».Depuis que je suis employé par cette struc-ture régionale pour le livre, j’ai écrit unedizaine de livres. Des romans pour l’essen-tiel. Il dit « moi aussi ! », « moi aussi ! », il nese rend même pas compte que c’est de luique je parle. À sa décharge, il n’a pas l’habi-tude que je le fasse à la une de Livre & Lire.D’ailleurs, il se plaint souvent. Il ne faut pascroire, il est comme les autres. Lui aussi vou-drait des bourses, des aides, des portraitsdans le mensuel du livre en Rhône-Alpes...Et quoi encore ? Une résidence à Montréal,pendant qu’on y est ! Il le prend mal. Il dit queje ne pense qu’à mon travail, surtout que jene crois pas en lui. Il m’agace parfois. Je luirappelle qu’il a de la chance d’être à sa place,qu’il ne se soucie de rien, que c’est tout demême moi qui fais bouillir la marmite. Il setait. Il voit bien que ce n’est pas la peine.Alors il écrit. Cette dernière chronique, parexemple. Il dit « peut-être même que je seraipayé… » Pourquoi pas ? Je le comprends.Après tout, moi aussi j’écris. Je lui promets deposer la question au responsable de Livre& Lire.Laurent Bonzon

n°267 - décembre 2011le mensuel du livre en Rhône-Alpes

en + + + + + + + + +Rousseau avant 2012… Alors que, sous l’impulsion de la RégionRhône-Alpes, se préparent les festivitéset l’ensemble des événements culturelspour le tricentenaire de la naissance deJean-Jacques Rousseau – journées d’ou-verture les 20 et 21 janvier à Chambéry –,y compris les pique-niques républicainspour la journée anniversaire du 28 juin,retrouvez toute l’actualité sur le blogRousseau 2012 : www.arald.org/rousseau

> www.arald.org

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lace Livre & Lire,

prochaineétapeDu mensuel Actualités Rhône-Alpesdu livre à Livre & Lire, première etdeuxième version (2001 et 2008),la publication mensuelle de l’Araldn’a cessé de s’ouvrir et de proposerune vision éditoriale toujours pluslarge, s’efforçant de rendre comptede la richesse et de la diversitérégionales dans tous les domainesdu livre et de la lecture. Après quatreannées d’une nouvelle formulenettement remaniée sur le plandes contenus et de la maquette, etcompte tenu des évolutions de ladiffusion électronique de l’infor-mation via Internet, il est temps defaire franchir à notre journal, sup-plément à Livres Hebdo et à Livresde France, une nouvelle étape deson histoire. Livre & Lire fera doncson retour très prochainement sousune autre forme. L. B.

! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !50 ans de pressealternative à LyonOrganisée par le Cedrats,cette exposition retracel’histoire d’une pressealternative plurielle et

foisonnante, des petits bulletins tirés à laronéo dans les années 1960, à l’informa-tion qui circule aujourd’hui sur Internet.Archives municipales de Lyon,jusqu’au 25 février 2012

Une nouvelle version pourMémoire et actualité

Mémoire et actualité enRhône-Alpes, le portail Internetde mise en valeur des fondspatrimoniaux des bibliothèqueset des services d’archives, fait

peau neuve début 2012. Nouveaugraphisme et nouvelles fonction-nalités pour une meilleure valori-sation des ressources patrimoniales,ce portail enrichi en contenus et

en informations proposera unerecherche facilitée et une meilleurevisibilité auprès d’un large public.Des outils de recherche plus per-formants, la mise en ligne dedossiers thématiques permettrontainsi aux lecteurs de naviguer entreimages, notices des fonds desinventaires du patrimoine écrit etgraphique et articles extraits de lapresse ancienne.

www.memoireetactualite.org

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Benjamin Péret et André Breton à Saint-Cirq-Lapopie à la chasse aux papillons…Rencontre avec l’Association des amis de Benjamin Péret. (lire p.7)

beaux-livres/p.2-3Avant Noël, après aussiPlace aux beaux-livres des éditeurs,présentés à l’occasion du Rendez-vous des acteurs du livre,qui s’est déroulé le 7 novembre à Lyon, à l’initiative de l’Arald et de Libraires en Rhône-Alpes.

poésie/p.7-9Dans tous les sensLa mémoire de Benjamin Péret,une traduction de Byron, les poèmes de Maya Ombasic,Fabienne Swiatly, FrancisPornon, Étienne Faure, le numéro 47 de la revueBacchanales, les textes deMichel Deux et le Prix Mallarmé d’Annie Salager.

multimédia/p.11Dans la Vallée du RhôneL’Atelier platane mobile publie le numéro 9 du magazine Milieu du Rhône.©

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Il suffit de passer le pont…Petit format bien formé, Lyon,Place du pont, sous-titré « Laplace des hommes debout » enhommage aux habitants de cequartier de la Guillotière quifont de la résistance à l’aména-gement urbain, est à (re)décou-vrir. Réédition entièrement revi-sitée par l’auteur, Azouz Begag,qui vit dans ce quartier depuisvingt-cinq ans, ce livre est assu-rément pluriel, à l’image de lamosaïque des communautés quipeuplent cette place lyonnaisepopulaire traversée par l’histoire– les histoires – de l’immigration.

« Petit coin de vie lyonnais, qui accueille lemonde et qui l’abrite », dixit Corinne Poirieux,la responsable des Éditions lyonnaises d’art etd’histoire, la Place du pont a toujours « dérangé » :

dans un texte enlevé etsans détours, Azouz Begag« démonte les tentatives depliages à la norme d’unquartier populaire ». Les pho-tos noir et blanc ancienneset contemporaines sont làcomme autant de témoi-gnages de ces agressionsurbanistiques et architec-turales. Autant de crimescontre l’esprit des lieux.

Azouz BegagLyon, Place du Pont La place des Hommes DeboutÉditions lyonnaises d’art et d’histoire128 p., 14 €ISBN 978-2-84147-293-2

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Symétriedonne le laHabitué des travaux de recherche,des monographies, mais égalementéditeur de partitions de musique,Symétrie publie un guide des DVDde musique classique écrit par lescritiques Maxime Kaprielian etPierre-Jean Tribot. Ce guide contient

200 références sur un total d’envi-ron 3 000 DVD de musique publiésdans ce domaine. Une sélection opé-rée sur les critères de la qualité artis-tique et de la finition technique,dans le domaine des ballets, desconcerts, des documentaires sur lesœuvres ou les musiciens, et, princi-palement, des opéras. Ce choix deDVD récents, avec quelques inou-bliables toujours recherchés par lespassionnés, donne la distribution

des productions, complétée par untexte critique et les éléments tech-niques du DVD. Pour les amateurs,les responsables de médiathèque ettous ceux qui voudraient découvriren images le monde de la musiqueclassique.

Maxime Kaprielian et Pierre-Jean TribotGuide des DVD de musique classiqueSymétrie240 p., 19,50 €ISBN 978-2914373-72-2

beaux-livresEn décembre, on le sait, et on l’espère encorecette année malgré ce que l’on connaît ducontexte de crise, les livres sont en fête.Livre & Lire vous propose de revisiter à samanière les beaux-livres présentés par leséditeurs de Rhône-Alpes à l’occasion duRendez-vous des acteurs du livre, qui s’estdéroulé à Lyon le 7 novembre.

Rendez-vous desacteurs du livre :une première !Le temps d’une soirée, le 7 novembre, l’Araldet l’association Libraires en Rhône-Alpes ontrassemblé libraires, bibliothécaires, respon-

sables de manifestations et journalistes pour unecarte blanche aux éditeurs. Une nouveauté ou uncoup de cœur, cinq minutes de présentation faceau public façon speed dating. Un franc succès.

Il faudra le refaire… C’est ce qu’on entendait de toutesparts à l’issue de cette soirée organisée à la Villa Gillet,à Lyon. Une première, sous la forme de ces « rendez-vous rapides » proposés aux éditeurs, chacun ayant cinqminutes pour présenter à l’assistance – 80 personnesenviron – leur maison et une nouveauté de leur cata-logue. Seize éditeurs ont pleinement joué le jeu, en pré-parant une intervention originale et très personnelle :Rouge Inside Éditions, Éditions lyonnaises d’art et d’his-toire, Terre vivante, Bulles de savon, ActuSF, Chroniquesociale, Balivernes Éditions, Critères Éditions, Le Vampireactif, Symétrie, Lieux Dits, La Passe du vent, ÉditionsStéphane Bachès, Urdla, Fage Éditions et Tanibis.De la littérature, des livres pour la jeunesse, de la bandedessinée, des essais, des beaux-livres, chaque éditeura soigné sa présentation, donnant ainsi le ton et lerythme d’une soirée plutôt joyeuse, où libraires, biblio-thécaires, responsables de manifestations et journa-listes ont fait bon nombre de découvertes.Présence de l’auteur, projections d’images, musiques,lectures avec bruitages, et même, en vrai-faux duplex,une vraie-fausse interview d’un vrai-faux auteur debande dessinée américain par un auteur déguisé envrai-faux traducteur…Après les « performances », la soirée s’est poursuiviedans les salons de la Villa Gillet, où les éditeursdisposaient d’une table avec cinq nouveautés deleur catalogue. Les échanges entre professionnelsont duré jusqu’à 22h. Une manière conviviale etouverte de créer des rapprochements et de revisiterl’interprofession. L. B.

Dans lajungledesimagesComme l’explique DidierLevallois, directeur dela maison grenobloiseCritères Éditions, lacollection «  Artext  »«  confronte un texteclassique à l’œuvre d’unartiste contemporain ».La démarche de l’éditeurconsiste donc à poser à l’artiste la question sui-vante : « Quel est le texte emblématique que vousportez et qui influence aujourd’hui encore votreexpression artistique ? » Pour Éric Roux-Fontaine,voyageur, peintre et photographe, il s’agit duLivre de la jungle, « un texte de survie ». Résultat

de ce dialogue, un livre danslequel le travail de l’artistes’apparente à une créationautour du thème de lajungle (de l’Inde) et non pasà une illustration du textede Kipling. Une histoirebeaucoup plus rude et sau-vage que celle transmisedepuis plusieurs généra-tions par le monde mer-veilleux de Walt Disney…

Ce livre aux illustrations en pleines pages est unevéritable relecture en peintures de cette grandeœuvre littéraire. Les toiles d’Éric Roux-Fontaineparaissent contaminées par la profusion végé-tale et reflètent la dimension initiatique del’aventure et du voyage.

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Éric Roux-FontaineLe Livre de la jungleCritère ÉditionsCollection « Artext »216 p., 25 €ISBN 978-2-917829-41-7

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L’architecte etle dessinateurOn dirait une fable. Celle-ci relate la rencontreimprobable du Corbusier et de son cousin, LouisSoutter (1871-1942), « interné à l’asile pour vieillardset indigents de Ballaigues par sa famille endettée ».Un homme de 56 ans pourtant cultivé, architectede formation, violoniste et surtout incroyable des-sinateur, que son célèbre cousin, après leur pre-mière rencontre en 1927, va encourager, notam-ment en lui fournissant des feuilles de papier degrand format. Outre la production de ses dessins,cet artiste suisse méconnu recouvrira d’enlumi-nures plusieurs livres du Corbusier, dont le célèbreUne maison – Un palais, livre-manifeste paru en1928 dans lequel il « expose ses propositions sur lerenouvellement de l’art de bâtir ». C’est le fac-similéde cette édition unique, saisissant ouvrage, que publieaujourd’hui la maison lyonnaise Fage Éditions.

On découvreainsi un livrelittéralementdévoré par lesillustrations deLouis Soutter, figures ornementales,humaines ou animales qui s’enroulentautour du texte et, par leur profusion etleur style, prennent à contre-pied les idéeset les propos de l’architecte. Un dialoguetexte/images unique en son genre.

L’Inde et sesguerriers guérisseursLe savoir-faire de Lieux Dits au ser-vice de l’image… Maison lyonnaisespécialisée dans le patrimoine, qui s’estrécemment diversifiée à travers unecollection sur l’orientation et lesmétiers, Lieux Dits propose un livrecaptivant sur le kalaripayatt, art mar-tial indien à la tradition ancestrale etvéritable science antique du combat.Inde – Les Guerriers guérisseurs, de Hervé Bruhat,est le fruit de plusieurs voyages entrepris parl’auteur dans le Kerala, « pays des noix de coco »situé au sud-ouest de l’Inde et creuset de cet artqui s’inspire des attitudes des animaux au combat.Un texte dense et une splendide iconographie encouleur qui permet de s’avancer au plus près de cesguerriers d’un autre temps et d’un autre monde.

Les lendemainsqui rêvent« Un ouvrage important, un livre à part pour lamaison d’édition », c’est Thierry Renard, respon-sable de La Passe du vent, qui le dit lorsqu’ilévoque Un prolétariat rêvé, album publié enfévrier 2011 qui rassemble les photographies deJean-Claude Seine sur la classe ouvrière, ainsiqu’un texte de Lionel Bourg. Une histoire de fidé-lité aux origines pour cet éditeur qui a grandi àVénissieux, dans la banlieue de Lyon, et la mémoire

persistante de « l’utopie bienveillante »qui traverse ces images du mondeouvrier et des luttes sociales. Les pho-tographies de Jean-Claude Seine, long-temps collaborateur de L’Humanité, duMatin de Paris et de France Nouvelle, racontentles paysages d’usines dans leur abandon, les dif-ficultés de la lutte et les douleurs de la grève.« Il y a dans ces images quelque chose de tou-chant qui rappelle bien sûr les photographieshumanistes des plus grands (on pense au mondedu travail photographié par Kollar dans les annéestrente), et qui nous fait éprouver de près les luttes,

les joies ou les renonce-ments d’un groupe d’ou-vriers qui manifestent –Tous ensemble ! – ou d’uncouple qui se retrouve après une journée de labeur –tout ensemble… Le noir et blanc, le gris aussi,leur vont si bien. » (Roger-Yves Roche, Livre & Lire,février 2011).

beaux-livres

Lyon etmerveillesL’objet est imposant. Près de400 pages, une iconographieriche et une qualité de repro-duction irréprochable, un textefouillé et d’une grande érudi-tion signé Patrice Béghain,c’est Une histoire de la pein-ture à Lyon (de 1482 à nosjours), et trois ans de travail…« La peinture à Lyon et non pasla peinture lyonnaise », l’éditeur

Stéphane Bachès insiste sur ce point :« Beaucoup de peintres se sont arrêtés à Lyonsur le chemin de Rome, il y a eu des influences,il y a eu des escales, il y a eu des partages… ».Ce livre est en fait une chronique de la pein-ture à Lyon et s’appuie sur une série de dates« retenues de façon à mettre en évidence,autour d’un peintre ou d’un groupe depeintres, un moment-clé dans l’histoire de lapeinture à Lyon, et permettent d’évoquer, selonle cas, la scène artistique contemporaine, ledéveloppement d’un genre ou l’affirmationd’un courant pictural particulier. »Véritable somme, à l’image du Dictionnairehistorique de Lyon, publié également par lesÉditions Stéphane Bachès en 2009, ce livreest une invitation à la découverte d’unerichesse artistique et patrimoniale largementinsoupçonnée du grand public.

Hervé BruhatInde Les Guerriers guérisseursÉditions Lieux Dits276 p., 260 illustrations, 45 €ISBN 978-2-36219-042-1

Patrice BéghainUne histoire de lapeinture à LyonÉditions Stéphane Bachès368 p., 59 €ISBN 978-2-35752-084-4

Le CorbusierUne maison Un palaisEnluminures de Louis SoutterFage ÉditionsNon paginé, 49,50 €ISBN 978-2-84975-243-2

Photographies deJean-Claude SeineTexte de Lionel BourgUn prolétariat rêvéLa Passe du vent125 p., 20 €ISBN 978-2-84562-170-1

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Un autretemps pourNotre Temps

Jean-Louis Jaudon tourne la page.Libraire emblématique de Notre Temps,à Valence, depuis 1985, il prend sa retraitede cette librairie atypique, créée en 1973dans la mouvance des courants politiquesde gauche et des mouvements ouvrierset syndicaux. « La librairie émane de lavolonté du Parti communiste dans lesannées 50 de créer un réseau de diffusiondes livres communistes  », explique lelibraire, mais « nous ne sommes pas liésdirectement au Parti et il n’y a pas du toutde droit de regard sur le choix des livres »,précise-t-il. Seules trois librairies en Franceont conservé ce fonctionnement, àToulouse, Nîmes et Valence. La librairie propose un rayon conséquentd’ouvrages de sciences humaines et depolitique et participe à de nombreuxévénements en lien avec les mouvementsassociatifs et militants. « Nous sommesà l’origine de la création de la Fête du livrejeunesse de Saint-Paul-Trois-Châteaux etnous avons également beaucoup militépour le prix unique du livre », rappelle lelibraire. Généraliste avant tout, NotreTemps a mis cependant l’accent sur lefonds jeunesse, BD et littérature : « nousétions les premiers à vendre des bandesdessinées à Valence, à l’époque où c’étaitun genre très peu développé en librairie »,se souvient Jean-Louis Jaudon. Référenceen matière de livres pour l’agglomérationdrômoise, la librairie a doublé de surfaceet propose désormais un espace de ventede 150 m2. Trois libraires – Marie-Ève Dupin,Cécile Reynaud et Véronique Bret – ontrepris les commandes de cette librairieengagée, (deux d’entre elles travaillaientdéjà avec l’ancien libraire), dans le mêmeétat d’esprit que leur prédécesseur, avecl’idée, à moyen terme, de développerencore le rayon jeunesse. J. B.

concert (le 13 décembre à 12h30)et un cycle de rencontres autour desmusiques actuelles avec les élèvesdu Conservatoire de Lyon ; « Petiteshistoires pour grandes oreilles »,lecture d’un conte pour les enfants(les 7 et 17 décembre à 14h). J. B.

Bibliothèque Annie Schwartz4, place de l’Abbé Pierre69009 Lyon Tél. 04 78 35 43 81 Mél. [email protected]

même idée ». Pour ce projet porté parla médiathèque Jules Verne, il s’agit,selon l’écrivain, qui récolte les histoiresdes habitants, de leur permettre « dese réapproprier leur ville ». Ville plutôtdéfavorisée, La Ricamarie est une sur-prise pour l’auteur stéphanois qui,depuis octobre, a découvert « plein detrucs bizarres… ». « C’est une ville àtiroirs » , raconte Jean-Noël Blanc, « loinde se résumer à son artère principale,longtemps nommée la Rue sans joie.En fait, la commune peut se révéler trèscampagnarde, avec des paysagesmagnifiques. » Pour le romancier etsociologue spécialiste des questionsurbaines, la surprise naît aussi des ren-contres, notamment avec les anciensmineurs et leurs récits d’une autreépoque, mais aussi avec les popula-tions immigrées venues du Maghrebet d’Europe centrale. Trois interven-tions de l’auteur à la médiathèque etdes ateliers de lecture sont prévus pen-dant la durée de la résidence, avantla publication d’un livre, à la manièred’un carnet de voyages. Stéphane Bouquet, poète et critique,auteur de Nos Amériques et Un Peuple(Champ Vallon), est à Saint-Étiennepour une résidence en deux temps :

Jean-Noël Blanc est invité à parcou-rir La Ricamarie pendant neuf mois ;Stéphane Bouquet réside à Saint-Étienne cet hiver et reviendra au moisde mars ; Michel Besnier, lui, a passétout l’automne à Grigny. Des rythmesdifférents pour ces romanciers,poètes, écrivains pour la jeunesse, quipartagent un objectif : aller à la ren-contre d’une population et d’un ter-ritoire par l’intermédiaire de leurstextes et de leur travail.Du côté de La Ricamarie, petite citéouvrière de la Loire, Jean-Noël Blancest en résidence jusqu’en juin, avecpour ambition de publier un texte«  puzzle, ou kaléidoscope, c’est la

présent en novembre et décembre,il sera de retour au printemps, à laSerre, lieu d’accueil d’artistes à Saint-Étienne. Pour cette deuxième rési-dence organisée par la Ville et lamédiathèque de Tarentaize, soute-nue par la Région et la Drac Rhône-Alpes, la municipalité souhaite offrirà un écrivain du temps et un cadrepropice à son travail d’écriture, maisaussi susciter des occasions de ren-contre entre l’auteur et les lecteurs.La présence du poète dans la ville estdonc multiforme : animation d’ate-liers d’écriture, rencontres autour deses lectures (« Les livres de ma vie »),rendez-vous en librairie.Même esprit à Grigny pour MichelBesnier, poète, romancier, auteur deLa Vie de ma femme (Stock) ou deMon Kdi n’est pas un Kdo (Motus), quiclôture le 9 décembre sa résidenceau Manoir, une belle bâtisse réhabili-tée par la Ville. Cet accueil d’auteurorganisé en collaboration avecl’Espace Pandora et soutenu par leCnl et la Drac Rhône-Alpes, s’achèvepar une lecture-surprise, suite à troismois de présence, d’écriture et derencontres avec différents publics.Julie Banos

Jean-Noël Blanc : MédiathèqueJules Verne, la Ricamarie (42)http://mediatheque.laricamarie.over-blog.com

Stéphane Bouquet : Médiathèquede Tarentaize, Saint-Étienne (42)www.bm-st-etienne.fr

Michel Besnier : Médiathèque Léo Ferré, Grigny (69)www.mairie-grigny69.fr

Trois résidences d’écrivains enRhône-Alpes

Écrituresen villeÀ Grigny, à Saint-Étienne et à LaRicamarie, trois auteurs s’insè-rent dans le paysage, quelquessemaines ou quelques mois, pourune résidence. Le temps de fairedes rencontres, de lire et d’écrire.

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actualités /bibliothèques

/résidences

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Librairie Notre Temps30, Grande-rue - 26000 ValenceTél. 04 75 43 78 79

Située sur la place Abbé Pierre, égale-ment réaménagée de façon plus convi-viale, la bibliothèque Annie Schwartzest désormais au cœur du quartier.Elle occupe le même bâtiment que laMaison du Département du Rhône,dans des locaux très lumineux,aux parois de verre. Plus grande, plusverte, plus centrale,la médiathèque pro-pose enfin de nou-veaux services : unespace numériqueagrandi, une équiperenforcée, un espacepour les tout-petits,un accès Wifi et enfintrois automates quipermettent d’em-prunter et de rendrerapidement lesdocuments. Au pro-gramme des anima-tions, en décembre :« Electro-choc », un

À l’image du quartier lyonnais deLa Duchère, en pleine réhabilitationdans le cadre du Grand Projet de Ville,la médiathèque du neuvième arron-dissement a fait peau neuve. Elleoccupe, depuis juin dernier, des locauxà la pointe du développement durable.Isolation par l’extérieur, raccordementau chauffage urbain collectif à bois,eau chaude avec complément solaire,toitures-terrasses végétalisées…La liste des aménagements écolo-giques de ce nouvel espace de lec-ture publique est encore longue, cequi n’empêche pas la bibliothèquede proposer à ses abonnés 30 000documents, livres, CD ou DVD dis-ponibles sur 700 m2, soit le doublede la surface des anciens locaux.

Lyon : une nouvelle bibliothèqueà La Duchère

Des livresau vert

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installées à Saint-Égrève, dans l’Isère,ont présenté à Pékin un aperçu dutravail de l’auteur italien Sergio

Toppi. Des reproductions

de planches de l’album Sharaz-deet différentes illustrations compo-sent une exposition itinérante pré-vue pour se déplacer jusqu’en 2013

Les aventures de Mosquito en Chine

Des bullesà PékinLes Éditions Mosquitoreviennent de Chine…Récit d’un voyageentre les planchesde bandes dessinées d’auteurschinois et français.

C’est une première pour lesÉditions Mosquito ! L’invitationau « 2011 Sino-Europe ComicFestival », un festival de bandedessinée organisé à Pékinpour faire découvrir auxétudiants chinois desœuvres européennes, maisaussi leur permettre derencontrer des auteurset des éditeurs franco-phones, a rassembléune dizaine d’acteursfrançais dans le domainede la BD, dont la maison d’éditionrhônalpine, ravie de cet échangedépaysant. Les Éditions Mosquito,

dans les universitésdes villes de Shanghai,Hangzhou, Suzhou etGuangzhou.« Les Chinois connais-

sent le travail deToppi depuis lesannées 80, c’estsurprenant ! Il estenseigné dans lesécoles d’art, c’estune référence pour certainsauteurs », explique Michel

Jans, qui édite l’auteur ita-lien depuis de nombreusesannées : « Nous avons ren-contré, au cours des confé-rences et des dédicaces, desétudiants très curieux de labande dessinée française,mais également une jeunegénération d’auteurs quidessine déjà pour diffé-rentes maisons d’éditionen France ».La proximité du graphismechinois avec le travail des

illustrateurs français a surpris l’édi-teur : « Le manga influence de plusen plus les illustrateurs chinois, mais

la manière traditionnelle de dessinerest encore très présente, et il existeune école de dessin réaliste trèsrigoureuse ». De retour de leur loin-tain périple, les Éditions Mosquitoont des projets plein la tête.Pourquoi ne pas publier SergioToppi en Chine ? C’est le souhaitde la société  Total Vision  qui aconvié les différents acteurs del’Hexagone au festival. Michel Jansa surtout envie de faire des livresavec les Chinois qu’il a rencontrés :« Ensemble, nous voulons éditer desbeaux livres, des livres chinois, maissurtout universels. » La suite auprochain épisode… Julie Banos

www.editionsmosquito.com

livres ont déjà paru :La Fièvre des corpscélestes, signé par l’éditrice, etMine de petits riens sur un lit à bal-daquin de Radu Bata. Sorti dans lacollection « Galimatias Noir » dédiéeaux littératures policières, le premierest un roman dont l’intrigue se situeen Rhône-Alpes. Le second, accueillidans la collection «  GalimatiasGris », est un recueil de chroniquesnocturnes décalées ou, selon lesmots de l’auteur, un recueil de« rêves d’insomniaque transcritsdans un journal de bord judicieuse-ment déraisonnable ». Affaire et édi-teur à suivre. Marie-Hélène Boulanger

www.editions-galimatias.fr

actualités /édition

Les publics desmanifestations littéraires« Manifestations littéraires : publics,

territoires et médiations du livre et de lalecture », c’est l’intitulé de la journée orga-nisée par la Région, la Drac Rhône-Alpeset l’Arald à l’occasion de la restitution desrésultats de l’étude sur les publics desmanifestations littéraires en Rhône-Alpes,menée en 2009-2010 par Joëlle Le Marecet son équipe de recherche de l’ENS. Unejournée consacrée aux manifestations lit-téraires et à la portée de ces manifestationsdans le contexte d’une réflexion plus géné-rale sur les pratiques, les médiations et lesterritoires contemporains de la lecture.L’étude dirigée par Joëlle Le Marec (pro-fesseur en sciences de l’information etde la communication, CERILAC, UniversitéParis 7), suite à une commande de laRégion et de la Drac Rhône-Alpes élabo-rée avec le concours de l’Arald, est avanttout l’occasion d’apporter des connais-sances inédites sur les pratiques despublics des manifestations littéraires.Elle révèle la densité et la force des atta-chements des visiteurs à l’amour des livreset de la lecture, aux valeurs culturelleset politiques qui s’y rattachent, mais aussià l’identité territoriale des manifestationslittéraires, qui sont des moments fortsdans les communes petites et moyennes.

Cette étude permet également de sortird’une vision limitée de la manifestationcomme événement ponctuel, avec l’im-portance des rendez-vous réguliers au fildes éditions successives et l’ancrage dansdes pratiques privées, familiales ou insti-tutionnelles qui lui prêtent, au moins par-tiellement, leurs temporalités. Elle montreenfin quantités de médiations du livre etde la lecture rendues visibles et dispo-nibles dans ces manifestations, qui devien-nent des éléments d’une culture à la foismédiatique et réflexive des conditionsde la pratique culturelle en général.Cette journée sera également l’occasionde proposer en 2012 une série de sémi-naires à partir des questions soulevéespar les savoirs, les expériences et les pré-occupations partagées par les chercheurset les professionnels. Il s’agira notammentd’étudier dans quelles conditions les résul-tats d’une recherche peuvent nourrir uneréflexion de nature politique chez lesacteurs engagés à tous les niveaux dansl’action culturelle – médiateurs, biblio-thécaires, libraires, élus et inspirateursdes politiques culturelles.

Journée d’étude « Manifestations littéraires : publics, territoires et médiations du livre et de la lecture »Lundi 23 janvier à Lyonà partir de 9h

Programme et inscription surwww.arald.org

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Originaire de Roumanie et instal-lée en France depuis plus de vingtans, Carmen Duca a fondé en avril2011 à Meylan, dans l’Isère, la mai-son d’édition Galimatias, afin demieux faire connaître la littératureroumaine contemporaine encoretrès peu traduite en français. Deux

Un nouvel éditeur,entre noir et gris

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Dédicade de Lu Mingà Sergio Toppi

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de l’enfance. C’est en tout cas ce quitraverse les trois textes du recueilde Jean-François Dupont. On voitcomment les expériences adoles-centes évoquées laisseront une traceprofonde chez ceux qui les vivent.Dans la première nouvelle, ondécouvre à travers le regard d’unjeune garçon le singulier voyageen Italie d’une classe de collège.Un périple au cours duquel le menuclassique que l’on peut attendred’un séjour scolaire – visites de

Le lien entre les trois longues nou-velles que Jean-François Dupontpropose dans Via Dante et autresissues est constitué par une périodeprécise, celle de la fin de l’adoles-cence et des dernières années delycée. Celle où l’adulte en devenirse fait jour chez celui qui, pourquelques mois encore, n’est pasmajeur. C’est évidemment un âgepassionnant et parfois, contraire-ment à ce qui est souvent admis,plus déterminant encore que celui

monuments répertoriés et tuttiquanti – sera loin d’être respecté.En effet, les adultes en charge desélèves, notamment un professeur defrançais déboussolé et un chauffeurde bus suicidaire, les entraînent dansune dérive nettement moins balisée,qui se révélera à la fois dramatique,instructive et très marquante. Dans la deuxième nouvelle, l’âgeadulte se rapproche. Le narrateur ena un avant-goût lors de ses vacancesd’été, où il expérimente ce quepourrait être sa vie future : celled’un champion de tennisde seconde zone, avecson cortège de matchsdécevants ou exaltants,de rencontres furtives quise présentent dans lespetites villes où il n’estjamais que de passage. Enfin, dans le dernier récit,

ce n’est pas l’âge adulte qui s’annonce,mais plutôt l’enfance qui ressurgit.Héros de cette histoire, un adoles-cent traque un traumatisme qui l’amarqué lorsqu’il était petit garçon,au point de se lancer par les moyensles plus inattendus à la poursuited’un passé enfoui. Dans chacune de ces trois nouvellesqui composent Via Dante et autresissues, Jean-François Dupont dépeintles sentiments contradictoires quicaractérisent cette période de transi-tion : l’enthousiasme et l’abattement,

la passion et l’oubli,l’espoir et la résignation.Nicolas Blondeau

Jean-François Dupont Via Dante et autres issuesJacques André Éditeur 240 p., 16 € ISBN 978-2-7570-0218-6

dans un hôpital psychia-trique ou en liberté. Il n’ya aucun rapport entre maconscience d’aujourd’huiet ce souvenir d’hier dans lequelje ne peux pénétrer qu’avec leregard de mes neuf ans. J’évite depasser devant la maison de Cécile.Je ne m’arrête pas. Je ne suis jamaisentrée dans le magasin qui occupeaujourd’hui le rez-de-chaussée. Jene suis pas retournée au cimetière.J’ai totalement oublié le visage desa mère. Je ne m’en souviens pas. »Mais justement, beaucoup d’annéesplus tard, l’écriture va permettre àSabine Bourgois de chercher le sou-venir, de le traquer, de le pousser

Sabine Bourgois : dans lelabyrinthe du deuil impossible

Au chevetdu souvenirLes Unités. C’est l’une de ces his-toires douloureuses qui arriventaux enfants et qui durent secrè-tement toute une vie. La mémoirepersistante d’un drame qui finitpar peser sur les fondements del’existence et tout remettre encause. Un récit de Sabine Bourgois.

Lorsqu’elle a neuf ans, la narratricede ce court récit perd l’une de sesplus proches amies dans un incen-die, qui s’avère être en réalité unsuicide familial. Drogués par leursparents, le fils et la fille décèdent.Le père meurt également, seule leurmère survit à la tragédie.La disparition de Cécile, camaradede classe et de jeu, creuse dans lanarratrice une cavité de tristessedans laquelle, avec le temps, unepartie de sa personnalité se perdpeu à peu. Non seulement, c’est lapremière irruption de la mort danssa vie, mais cette perte aussi inat-tendue qu’inexplicable refermeaussi très brutalement la porte del’enfance. Juste avant l’âge de dix ans.« Ils sont trois au cimetière et la mère

dans ses retranchements, de leforcer à dire la charge émotion-nelle qu’il continue de renfer-mer : « Écrire ce serait pour tirer,séparer, aller aussi loin qu’onpuisse aller, passer au crible cetévénement jusqu’à ce que de lamenace il ne reste rien. » Rien,c’est le contraire du malheuret du chagrin qui pèsent sur lasurvivante. C’est l’image retrou-vée, c’est la mort bien morte

qu’on finit par laisserreposer. Dans la terre,entre les lignes. L. B.

Sabine BourgoisLes UnitésComptoir d’éditioncollection « Nous y sommes »100 p., 12 €978-2-919163-01-4

nouvelles & romans

dans un roman. C’est pourtant ce queréussit à mêler Le Poignet d’AlainLarrouquis, le dernier ouvrage deLaurent Cachard. Il nous fait partagerla vie d’un jeune homme, le narrateurdu livre, au moment où des questionsessentielles s’imposent à lui : faut-ilquitter le basket quand les exploitsparaissent hors de portée et qu’onconnaît trop bien la solitude du joueurcantonné sur le banc de touche ?Faut-il se détacher de ce champion,Alain Larrouquis, dont le tir raté lorsd’un match d’anthologie est devenuune sorte de mythe ? Faut-il préférerl’érotisme teinté de perversion à unerelation plus stable ? Faut-il écriresur la Guerre d’Espagne ou sur soi-même ? Autant d’interrogations aux-quelles le personnage principal finitpar répondre, aidé en cela par lesaléas et les surprises que lui réservel’existence qu’il a choisi de menerentre la France et l’Espagne. Ses faits

et ses gestes sont fine-ment analysés, dissé-qués, comme ces gestessportifs qui font bascu-ler un match dans unsens ou dans un autre.N. B.

Laurent Cachard Le Poignet d’Alain LarrouquisÉditions Raison et Passions184 p., 14 € ISBN 978-2-2917615-15-4

À la force dupoignetL’art du tir à trois pointsau basket, la fascinationcréée par les grands cham-pions, le libertinage, l’éro-tisme, la Guerre d’Espagne,l’écriture et la passionamoureuse… Autant d’élé-ments que l’on ne s’attendpas forcément à voir réunis

Jean-François Dupont : trois longues nouvelles ou trois courts romans

Via Dante, la voixde l’adolescenceDans Via Dante et autres issues, Jean-François Dupont se penche sur lesadolescents actuels, avec acuité et empathie.

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Je ne mange pas de ce pain-là, quifait du bien à notre couarde époque.On y entend Péret comme s’il yétait, grossiers gros mots qui s’affi-chent comme autant de viscéralesconvictions. Lisez pour l’exemplel’Épitaphe sur un monument auxmorts de la guerre. De l’humour,du grand humour, avec un H…assassin. R.-Y. R.

Benjamin Péret, le poète sur-réaliste, auteur de Dormir,dormir dans les pierres, LeGrand Jeu ou encore Jesublime, vous vous souve-nez ? Non ? Alors abonnez-vous de toute urgence àTrois cerises et une sardine,le bulletin de l’Associationdes amis de Benjamin Péret,domiciliée à Lyon (lire ci-dessous l’entretien avec sonprésident Gérard Roche). 28 numéros et autant defaçons de redonner des nou-velles de l’exilé mexicain qui n’avaitpas sa langue dans sa poche, forten calembours et roi de l’écritureautomatique, la seule, la vraie,celle qui se pratique comme on secouche, ou se lève, ça dépend, lelit de la langue défait et les motsencore tout chauds. À signalerparmi les dernières rééditions quel’on doit à l’Association, un virulent

Bacchanales, 47e épisodeLe numéro de novembre deBacchanales, revue de la Maisonde la poésie Rhône-Alpes, se

prend à rêver sur le thème de l’arbre.« Poémons-nous dans les bois » paraîtau moment du 16e Festival internatio-nal de poésie, jusqu’au 15 décembre.68 poètes d’ici et d’ailleurs composentce numéro illustré par les créationsvisuelles de Guth Joly, en résidence àla Maison de la poésie jusqu’en jan-vier 2012. Linda Maria Baros, Jean-Pierre Chambon, Alain Chanéac, DeniseDesautels, Pavlina Pampoudi, JamesSacré… Le tour de l’arbre qui est ennous à travers 68 regards : « offrir / offrirmes jambes / à l’arbre / qui est en moi /qui pousse / qui veut / veut savoir / cequ’est le chemin / ce que sont les pas. »(Michel Reynaud).Côté festivités, on ne manquera pas laGrande fête de la poésie et des motsà L’heure bleue, à Saint-Martin-d’Hères,les 3 et 4 décembre. Rencontres poé-tiques – « Poésie-Pratiques artistiques& éducation populaire » –, ateliers,lectures avec de nombreux poètes :Jean-Pierre Bobillot, Jean-PierreSiméon, Laurent Poncelet, Yves Béal,Francis Combes…

Bacchanales n°47Poémons-nous dans les bois204 p., 20 €ISBN 978-2-918238-07-2 www.maisondelapoesierhonealpes.com

livres & lectures /poésieRencontre avec l’Association des amis de Benjamin Péret

Péret, comme si vousy étiez

Byron enbeautéLord Byron  (1788-1824) :difficile d’imaginer vie plusromanesque. Œuvre plusromantique. Ceci contre-disant cela ? Voyez plutôtses frasques amoureuses,quand elles ne sont pasincestueuses, ses mœurs decanard douteuses, etc., etc. Et puislisez le poème qui ouvre cesMélodies hébreuses que les éditionsFougerouse ont eu la bonne idéede rééditer : « Elle avance en beauté,telle la nuit des climats sans nuageet des cieux étoilés ; et tout ce qu’ontde mieux le sombre et le brillantse retrouve dans son aspect et dansses yeux : ainsi fondus en cettelumière tendre que le ciel dénie aujour éclatant ». Les Mélodies hébreuses n’est certespas le recueil le plus connu de Byron.Les poèmes sacrés qu’il écrivitpour le compositeur Isaac Nathanlui valurent quelques critiquesacerbes, venant de contemporainsindignés, jaloux, perplexes, mais

ils sont à redécou-vrir. D’autant plusque l’ensemble estcomme toujourschez cet éditeurd’une grande qua-lité. Beau papier,appareil critique etannexes à l’avenant.R.-Y. R.

Lord ByronMélodies hébreusesÉditions Fougerouse164 p., 18 € ISBN 978-2-9527483-4-6

Quand et comment est néel’Association des amis deBenjamin Péret ?Elle a été fondée en mai 1963 àl’initiative d’André Breton et de sesamis surréalistes français et étran-gers. Au départ, cette association

s’est donnée comme but de défendre lamémoire du poète injustement calomniéet surtout de défendre son œuvre en lapubliant tout d’abord chez Éric Losfeld puischez José Corti. Aujourd’hui, c’est chosefaite puisque au total sept tomes ont paru.

Vous éditez un bulletin, Trois cerises etune sardine…Depuis 1995, nous publions un modestebulletin dont le titre est celui d’un recueilde Péret. Nous avons réalisé en tout 28numéros à raison de deux numéros paran. Au cours des années, nous avonspublié un assez grand nombre de textes :articles, correspondances et des poèmesinédits ou qui n’avaient pas été recueillisdans les œuvres complètes.

Et vous rééditez aussi Péret… (cf. lerécent Je ne mange pas de ce pain-là)Oui, mais avant cette réédition aux éditionsSyllepse, nous avons organisé en septembre2009 à la Maison de l’Amérique Latine à

Paris, pour le cinquantième anniversairede la mort du poète, une exposition :Benjamin Péret et les Amériques. Leparadoxe est le suivant : alors quePéret demeure encore un inconnu, ilne cesse de se produire autour de luides manifestations et des rééditionsà travers le monde.

Péret n’est pas un surréaliste commeles autres. Il y a incontestablement une singularitéde Péret et de son rôle dans le mouve-ment surréaliste. Comme le préciseClaude Courtot, dont l’ouvrage écrit en1965 demeure l’une des meilleures intro-ductions à l’œuvre de Péret, ce dernierest celui qui, au sein du mouvement, apratiqué l’écriture automatique avec leplus de ferveur, de régularité et de spon-tanéité. En même temps, sans être unthéoricien, sa curiosité intellectuelle, sonengagement militant, lui permettentd’explorer des domaines très divers dansle champ de la connaissance et de laculture. Son intransigeance et sa rigueurfont de lui un redoutable polémiste et unsurréaliste de combat qui tranche et piquecomme une « fourchette coupante » – titred’un article d’hommage que lui a consacréson ami le poète Jehan Mayoux.

On a dit de lui qu’il avait vécu sa viede surréaliste par procuration, dansl’ombre très, trop massive de Breton.Rien n’est plus inexact et me paraîtrelever plutôt de la méconnaissance,pour ne pas dire de la malveillance àson égard. Nulle procuration dans cettevie amplement remplie pendant prèsde quarante ans au cœur de l’activitésurréaliste, en France, au Brésil, dansle combat révolutionnaire en Espagneou bien encore au Mexique, où il entre-prend un vaste travail sur les mytheset les légendes de l’Amérique. On avoulu faire de lui un suiveur, l’ombreportée de Breton. Au contraire, plus sonœuvre me devient familière et plus jesuis frappé par l’extraordinaire com-plémentarité entre lui et Breton.

Quels sont les projets de l’Association ?Nous préparons actuellement la paru-tion des Cahiers Benjamin Péret, c’est-à-dire une revue qui nous permettrad’aborder l’œuvre dans toute sa diversité.Bien des aspects de celle-ci demeurent eneffet encore inexplorés.

Propos recueillis par R.-Y. R.

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Péret vers la fin de sa vie à une terrasse de café.©

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au coin du pourpre,il est question desœurs fugitives à tra-vers le temps et l’his-toire, de danses quitentent de rassurerl’incertitude des corps,d’amours qui patien-tent, de pays qui secherchent à travers lesêtres et les sentiments,mais aussi et surtoutdans l’écriture. « Les cyprès de lavallée », poème au père, mort enexil, évoquent tout cela : « Ta valléelumineuse / Demeure intacte /Malgré la haine / Qui ronge lessquelettes / Au moins / Maintenant /Tu as une demeure / Éternelle ».

La poésie est là

« Une main appuyée sur le bureau /l’œil sur l’écran / le dossier du siège /qui tient : il dit / il dit ce qu’il y a dansmon ventre / ce qui s’y trame / ce quipourrait prendre forme / ce qui est / ildit le dedans / il dit la période / il ditla date / il emploie des termes justes /il nomme le vivant sur l’écran / ilmesure en noir et blanc / Je n’ai pasregardé ». Une musique minimale et

Fruit de la résidence à Lyon de MayaOmbasic en 2009, organisée dansle cadre des échanges entre laRégion Rhône-Alpes et le Conseildes arts et lettres du Québec, cettepublication comprend une série depoèmes et un entretien avec l’auteur,qui vit à Montréal et dont on attendle troisième roman, Mostarghia.Découvrir la poésie de Maya Ombasic,née à Mostar, en Bosnie-Herzégovine,en 1979, c’est découvrir les tourmentsde son histoire, la douleur du déra-cinement, la cicatrice des frontières,l’impossibilité de la langue mater-nelle et le paradis perdu d’uneenfance yougoslave. Dans Étrangers

la précision des mots, le squelet-tique des phrases, le rythme dela scansion – « il dit » –, c’est toutcela qui frappe le lecteur de Lignede partage des eaux. FabienneSwiatly se montre là au plus prèsd’une émotion tue, qui traversecette longue forme poétiqueretraçant un avortement. On s’ac-croche, la poésie est là.« Je n’ai jamais abstrait l’écriturede la parole », confie FrancisPornon dans l’entretien quiclôt son recueil, Par-delà le grandfleuve, justement sous-titré« Poèmes dits ou à dire ». Un aveuqui éclaire la poésie et le parcoursde l’écrivain. Textes dits, « parolesà chanter », mélange des genres,la vie de ses mots se traverse à

l’état sauvage, convoquant les grandsaînés tels Pier Paolo Pasolini et JeanBaudou. Le travail, l’immigration,l’exil, l’altérité… une colère poétiquebouillante et désespérée : « Nous autresqui sans le vouloir / Sommes poissonsdans l’océan / Au fond que pouvons-nous savoir / Des visages qui nous

entourent / De leurs mal-heurs, de leurs espoirs /De ceux qui cherchent lalumière / Et ne rencon-trent que le noir / Deceux qui aiment la chan-son / Et s’en vont sourdsdans le noir ». L. B.

Aux éditions La Passe du vent

Fabienne SwiatlyLigne de partage des eaux54 p., 10 €ISBN 978-2-84562-168-8

Francis PornonPar-delà le grandfleuve128 p., 10 €ISBN 978-2-84562-175-6

Maya OmbasicÉtrangers au coin du pourpre64 p., 10 €ISBN 978-2-84562-178-7

l’undergroundstéphanois, unpersonnage quitraversa le cielpunk/rock des annéesquatre-vingt, quatre-vingtdix à la vitesse de l’ombreet de la lumière. Les fanzines ontété ses repères, la revue VoluptiareCogitationes son repaire – 6 numérosparus-disparus. Qui s’en souvient ?Nous maintenant.Entre le temps de la vie et celui dela mort, Deux devient donc écrivain,ou plutôt est en passe de. Car onsent l’œuvre en gestation, les motsencore un peu frais, trop vite criéspeut-être. Mais qu’importe ! Cescris sont de ceux que n’auraientpas reniés les poètes des annéessoixante-dix, les Bulteau et Messagier

Il est des livres non identifiables,comme les objets volants du mêmenom ou presque, qui nous (re)vien-nent de nulle part et que leur auteurmême n’aurait sans doute jamaisosé imaginer. Et certains oiseauxmeurent en vol est de ces livres-là.Un opus bigarré, morcelé, inachevé.Et pour cause.C’est que trop vite Michel Deux futet ne fut plus. 38 ans au compteurde la vie et c’est déjà le comptoirde la mort. Heureusement, il y eutun avant. Au pluriel : littérateur età travers, traducteur à ses heures,musicien-plasticien, animateur deradio, manipulateur de réseauxet organisateur d’événements (cequi revient un peu au même !),Deux fut une figure de proue de

du Manifeste électrique aux pau-pières de jupes par exemple :

« Au travers d’une tache nousvoyons voir, par l’action d’unegoutte notre raison vacille.

De ne pas voir nous cher-chons à entrevoir. Nous per-cevons en cet « entre » la

cruauté de notre condition ».Michel Deux se fait aussigribouilleur d’idées-images,

de celles que l’on trouve dansles manifestes du surréalisme et

ailleurs, du côté des situationnistes.Il n’a de cesse de (se) programmer,de (se) projeter : « Nous nous vou-lons éblouis par le silence des signes.Habités, nous ne le sommes, pas dedémons à pourfendre. Nous ne pou-vons nous effacer, nous ne cherchonspas à apparaître. » Il aurait fallu dutemps pour parfaire l’œuvre, luidonner un peu plus de corps. Tantpis. À la fin, c’est quand même lelivre qui gagne. Le livre qui (re)donnevie à l’auteur. Le livre qui fait la niqueà la mort. Roger-Yves Roche

Michel DeuxEt certains oiseauxmeurent en vol[opus posthumus]Fage Éditionscollection « particulière »119 p., 18 €ISBN 978-2-84975-223-4

livres & lectures /poésie Dans la collection « poésie » deLa Passe du vent

Pluralitédes voixTrois nouveaux recueils dans lacollection « poésie » de La Passedu vent lancée en 2009 : Étrangersau coin du pourpre, de MayaOmbasic, Par-delà le grand fleuve,de Francis Pornon et Ligne de par-tage des eaux, de Fabienne Swiatly.

La Scène poétiqueLe « cycle de poésie parlée » orga-nisé par Patrick Dubost propose unnouveau rendez-vous alléchant le14 décembre à 18h30, avec LucienSuel et Julien d’Abrigeon. Les œuvreset les prestations scéniques du pre-

mier « couvrent un large registre, allantde coulées verbales beat à l’expérimen-tation de nouvelles formes, du collageet du caviardage à la performance »(http://luciensuel.blogspot.com) ; quantau second, « poète stéréophonique àfacettes », il est membre du collectifBoXoN, fondateur du site TAPIN, et arécemment publié Le Zaroff (Léo Scheer,2009. http://tapin.free.fr).

La Scène poétique�mercredi 14 décembre, 18h30École normale supérieureSalle Kantor15, Parvis René Descartes69007 Lyon�- Tél. 06 21 11 22 54

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Opus posthumusEt certains oiseaux meurent en vol [opus posthumus].Un livre de Michel Deux, pour Michel Deux.Torturé et tortueux. Comme un hommage àun homme de passage.

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À PLUS D’UN TITRE

L’Impasse industrielled’Ingmar GranstedtPour ce socio-économisted’origine suédoise, l’èreindustrielle a produit destechnologies de puissancedisproportionnées parrapport à ses besoins. Il envisage donc des pistespour se débarrasser de cet outillage destructeurpour le fonctionnement de notre société.368 p., 22 €ISBN 978-29174-8621-4

livres & lectures /poésie

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partout, chez les hommes ou dansles paysages, dans le présent oudans l’histoire. La vie est là aussi,l’une ne va pas longtemps sansl’autre. « Les soirs d’été au pas desportes, / toutes chaises et vieux ossortis / dans la rue qui descend versle port, / on dirait que l’éternité vautpour tous, / y compris chiens, vieuxrubiconds / versés dans la mélan-colie des soleils couchants. » Puisle soleil nous laisse et « survientle passé / indivis tel un rêve ancrésous le crâne / d’un chien que la

main bleue de veines / très au-dessus de la première sacrée /caresse : hein, Bobby / tu n’a pasle souci, toi, des souvenirs ; / lagrève en béton, la jetée en béton /vont nous survivre. »Sur la trace des morts surgissentdonc les émotions. Étienne Faureles cerne dans l’inattendu de leursurgissement. Il plante ses titres àla fin de chaque poème, pour sur-tout ne pas prendre de hauteur.Et rester fidèle à cette poésie déli-cate et subtile qui dit les ombresderrière les lumières éphémères.L. B.

La fragile existence et le « cortègedes ans » dessinent leur voie à tra-vers les poèmes d’Étienne Faure,fragments ou éclats de vision quis’arrêtent sur « le détail de la vie »et arpentent ici ou là le « plaisird’être encore sur le sol avec d’autres ».Chez nous, êtres humains, tout sepasse finalement à ras de terre etse termine à peine au-dessous. Pasde quoi avoir des ailes.Avec lenteur et simplicité, dans lescorps et dans les plaines, le poèteobserve la mort qui se glisse un peu

Étienne FaureHorizon du solChamp Vallon

ÉDITIONS DU CAÏMAN

Adriende Sandrine LamourDu haut de son balcon,Adrien observe ses voisins de la Tour du grand jardindésespérément seuls ettristes. Jusqu’au jour où,trouvant une lettre par terre,il vient une idée au petit

L’ouvrage présente quarantelogements du quartier de laGoutte d’Or à Paris et autantde manières d’habiter, d’être « chez soi ». De courtsextraits d’entretiens avec les habitants illustrent les images. Une approcheanthropologique et artistiquepermettant de mieuxcomprendre des milieuxsociaux changeants et unterritoire urbain en mutation.

180 p., 25 €ISBN 978-23542-8054-3

ENS ÉDITIONS

Rousseau, politique etesthétique - Sur laLettre à d’Alembertsous la direction de BlaiseBachofen et Bruno BernadiLorsque l’article « Genève »paraît dans l’Encyclopédie,Rousseau réagit aussitôt en publiant une Lettre à d’Alembert, réponsefoisonnante et virulente à son contemporain. Cette étude tente d’éclairerles enjeux et les logiquescomplexes d’un texte queson auteur, alors malade, a rédigé comme s’il devaits’agir de son testamentpolitique.

256 p., 25 €ISBN 978-28478-8306-0

Un recueil d’Étienne Faure chez Champ Vallon

Pas plus haut que çaLa mort est un rêve, et la vie au réveil ne dépasse pas cet Horizon dusol cher à Étienne Faure. Ses poèmes sont des tableaux, instantsd’arrêt dont l’écho résonne loin derrière les mots et le moment.

Dans la tasse des mortsnous buvons.Les vaisselles ont changé de mains, non de maison.

Déjà l’escalier de chêneemprunte aux pasla cadence de la cognéequi le vit naître.

Ainsi reviendront les mortsen personne,une paume à la main couranteoù, pendue, la descendance apprend la gravité.

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Le Mallarmépour AnnieSalagerTroisième femme seulement à

recevoir le Grand Prix de poésie del’Académie Mallarmé pour l’ensemblede son œuvre et son dernier recueilintitulé Travaux de lumière, paru auxéditions La Rumeur Libre, AnnieSalager s’est vue récompenser le9 novembre dernier, lors de la Foiredu livre de Brive.Fondée en 1937 par Paul Valéry,l’Académie Mallarmé récompensedepuis 1976, à travers un prix, unpoète d’expression française. Présidépar Lionel Ray, ce prix prestigieux anotamment honoré Andrée Chedid,Vénus Khoury-Gata, Alain Veinsteinou Michel Butor.

Originaire du Languedoc et lyonnaised’adoption, Annie Salager a publiéune quinzaine de livres de poésie,mais aussi des récits, un roman etplusieurs traductions de l’espagnol.Elle est par ailleurs membre du jurydu Prix Kowalski de la Ville de Lyon.« Nourrie de Notes de chevet, de pen-

sée chinoise, de pensée franciscaine,Annie Salager opte pour la brièveté (duvers, de la strophe, dans les morceauxde prose) et pour un vers libre très libéré.C’est la constance de sa recherche quiautorise l’appellation de Travaux. »(À propos de Travaux de lumière,Livre & Lire, février 2011)

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nouveautés des éditeurs

Sélection des nouveautés deséditeurs de Rhône-Alpes réalisée par Marie-Hélène Boulanger

DELATOUR FRANCE

Enquêtes sur le sacrédans la musiqued’aujourd’huide Pascale Rouet etChristophe MarchandComment se manifeste le sacré dans les œuvresde notre temps ? Les auteurs ont entreprisune série de discussionsavec treize compositeursd’aujourd’hui, découvrant des œuvrescontemporaines dont la portée sacrée leurparaissait évidente.

300 p., 22 €ISBN 978-27521-0112-9

garçon… Un album où l’enfant rétablit lacommunication dans le monde des adultes.

32 p., 13,90 €ISBN 978-29190-6604-9

CRÉAPHIS

Intérieursphotos d’Hortense Soichet

collection « recueil »128 p., 12 €ISBN 978-2-87673-550-7

D. R

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ENSSIB

Dix ans d’histoireculturellesous la direction d’EvelyneCohen, Pascale Goetschel,Laurent Martin et Pascal OryAu terme d’une décennied’activité, l’Association pour le développement del’histoire culturelle souhaitaitfaire un bilan et tracer de nouvelles perspectives. Cette anthologie desconférences et tables rondesorganisées dans le cadre du congrès annuel del’association propose unpanorama unique del’histoire culturelle vue parles plus grands spécialistes.

314 p., 39 €ISBN 978-29102-2794-4

FAGE ÉDITIONS

Lyon. Vues dessinéesde Vincent Brunot, textes de Laurent BonzonL’ouvrage invite à découvrirla ville de Lyon à travers unebalade illustrée dans sesdifférents quartiers : Croix-Rousse, Confluence, Vieux-Lyon, Part-Dieu, Fourvière... Les « vues dessinées » deVincent Brunot, tendres et

LIEUX DITS

Être librairede Frédérique LeblancDernier-né de la collection« Être », cet ouvrage envisage le métier de libraire sous toutes ses facettes, des pluspassionnantes aux plusdures, comme lamanutention, la gestion des stocks ou de l’entreprise.Émaillés de témoignages, les chapitres donneront les clefs nécessaires auxpersonnes qui seraientintéressées pour exercer ce métier de passionné.

128 p., 12 €ISBN 978-23621-9013-3

LES MOUTONSÉLECTRIQUES

Monty Python ! Petit précisd’iconoclasmede Patrick Marcel1969-1989. En vingt ans, le groupe désormaismythique a imposé unstyle décapant et unique.Ce livre examine lesorigines des MontyPython, leurs biographies,les circonstances de lacréation du groupe, sacarrière jalonnée descandales, sa fin tragiqueet sa postérité.

244 p., 23 €ISBN 978-23618-3069-4

PUL

Rousseau Introduction à unepensée vagabondede Robert WoklerCet ouvrage est la premièretraduction française d’untexte de Robert Wokler(1942-2006) paru en 1995.L’auteur, l’un des plus finsconnaisseurs de la penséephilosophique du siècle desLumières, montre commentla pensée de Rousseau a eu une profonde influencesur l’histoire intellectuellede l’Europe moderne.

188 p., 12 €ISBN 978-27297-0847-4

subtiles, sont accompagnéesdes textes vifs et piquants de Laurent Bonzon.

150 p., 29,90 €ISBN 978-28497-5239-5

GUÉRIN

Les Grandes Premièresdu Mont-Blancde Gilles ModicaIllustré de 260 photographiesen noir et blanc, l’ouvrageretrace les principales premièresdu massif du Mont-Blanc, deHorace-Bénédict de Saussure en1786 jusqu’aux enchaînementsrécents de Patrick Berhault.Alpiniste lui-même, l’auteurraconte chacune de cesascensions historiques avec précision et poésie.

328 p., 55 €ISBN 978-23522-1054-2

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regard

Chaque mois, retrouvez Géraldine Kosiak, en texte et en image, pour un regard singulier, graphique, tendre et impertinent sur l'univers des livres, des lectures et des écrivains...

Au travailPas facileL’auteur contemporain a souvent tendance à se plaindre del’époque dans laquelle il vit. Les nouvelles technologiesl’inquiètent, la peur de ne pas vendre assez d’ouvragesle panique, le refus d’un manuscrit l’anéantit, la mortannoncée du livre le paralyse, tous les problèmesliés au petit monde de l’édition le tourmentent.Pour l’auteur, tout serait forcément plus simpledans un autre temps. Il ignore ou il oublie qu’iln’a jamais été facile de faire exister un livre, etcela quelle que soit la période.Prenons l’exemple de l’édition américaine dansles années 1830, au moment où Edgar Allan Poeécrit son œuvre. Entre 1825 et 1850, les États-Unis vivent un véritable âge d’or despériodiques, conduisant aux short stories. Le public américain estpourtant friand de romans, mais les éditeurs préfèrent publier lesœuvres à succès des auteurs anglais, et cela pour des raisons financièresbien précises : il n’existe pas d’accord international entre l’Angleterreet les États-Unis sur le copyright. En 1836, Edgar Allan Poe a 28 ans, il est rédacteur en chef de la revueSouther Literary Messenger et n’est plus un inconnu, ce qui n’em-pêche pas l’éditeur new-yorkais Harper de refuser son premier volumede contes : « (…) Nous avons trois raisons de décliner l’édition devotre ouvrage. La première est qu’une partie de ces textes sont déjàparus dans des périodiques. La seconde, qu’il s’agit de contes et de

morceaux indépendants… deux sérieuxobstacles au succès d’un livre. Les lec-teurs de ce pays ont une préférencemarquée pour les ouvrages dans les-

quels une intrigue unique et cohérenteoccupe tout le volume (…) et nous avons

toujours constaté que la reproduction de textesde magazines, connus comme tels, est le moins

rentable des produits littéraires. La troi-sième objection est également impor-tante : (…) (vos textes) ne seraient com-pris et goûtés que par un petit cercle etnon par la masse des lecteurs (…). Il estextrêmement important pour un auteur

que son premier volumesoit populaire (…) ».Poe réagit rapidementen écrivant son premierroman Les Aventuresd’Arthur Gordon Pym.

Il suivra à la lettre les conseilsde Harper ; très peu de publications dans

une revue, un récit pris en charge par un nar-rateur unique racontant une seule histoire,celle d’un périple maritime riche en rebon-dissements. Le sujet est populaire, un romand’aventures. Le thème est bien affiché, un

voyage d’exploration vers le pôle sud. Leroman sera publié en 1838 chez Harper.

L’accueil à la sortie du livre est cepen-dant glacial. Malheureusement, rien

ne parviendra à faire le succès dece magnifique roman.

Edgar Allan PoeLes Aventures d’Arthur Gordon PymFolio Gallimard

chronique Géraldine Kosiak 26 /

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Sous tous les angles

« Chaque thème présente plusieurs facetteset tous les types d’activités nous intéressent :histoires individuelles, professionnelles, dansle milieu agricole, culturel, ou industriel… »,précise Pascale Puéchavy. « Nous sommes à larecherche de l’extraordinaire variété des lieuxde ce territoire, où sont implantées des industriesnucléaires face aux vignobles des grands crus ».Les projets sont en effet le reflet de cette diver-sité avec des sujets traités subjectivement, àtravers des entretiens, des images poétiques,des reportages.« Les constructeurs de réseaux d’énergie et legamelan des terres d’eaux », numéro 9 de lacollection, mêle des histoires entre terre etfleuve : la rencontre d’une troupe de musiciensjouant du gamelan (instrument collectif indo-nésien) sur une île du Haut-Rhône ; le portraitd’une famille d’entrepreneurs spé-cialisés dans la pose de canalisa-tions au Pouzin, en Ardèche.Trois numéros du Milieu du Rhônesont édités chaque année et diffu-sés dans le cadre d’un partenariatprivilégié avec les bibliothèques dela région, abonnées au magazine.L’Atelier organise également desprojections publiques dans la Valléedu Rhône et souhaite développerla diffusion auprès des habitantsde la région. J. B.

Le premier numéro de cette série de magazinesdonne le ton d’un projet éditorial singulier. Paru enjuin 2008, Le Vigneron et le potier invite à faire unpas de côté au-delà de la Route Nationale 86 ainsiqu’un arrêt au bord de la Route Nationale 7, poursuivre le récit de deux artisans qui vivent entre leRhône, la Drôme et l’Ardèche. Un vigneron deCharnas, sur la terre du Saint-Joseph, côtoie dansce récit sensible et documenté un responsabled’entreprise coopérative, qui façonne des objetsde haute technologie en électro-céramique.Pascale Puéchavy, réalisatrice, glaneuse de récits devie et de témoignages, et Franck Miyet, réalisateur-dessinateur, souhaitaient créer une collection docu-mentaire sur l’activité des hommes en Vallée duRhône afin de valoriser ce patrimoine. Chaquenuméro de ce magazine audiovisuel baptisé Le Milieudu Rhône se compose d’un DVD et d’un livret quirassemble archives et articles inédits. Pour PascalePuéchavy, « c’est une démarche originale qui rendcompte d’un territoire à travers deux entrées : les acti-vités et le paysage ». L’équipe s’est agrandie depuispeu avec l’arrivée de Maryline Fournier, chargée dela diffusion, et Caroline Heretynski, chargée de déve-loppement. Le projet a bénéficié du plan Rhône, undispositif interrégional soutenu par l’État, l’Europe,la Région et la Compagnie nationale du Rhône.

Le Milieu du Rhône n°940 p., avec un DVD, 15 €Atelier du platane mobile14, rue Ferdinand Rey69001 LyonTél. 04 78 21 11 54www.lemilieudurhone.eu

La Vallée du Rhône : nature et paysages humains

Récits le longdu fleuveLe Milieu du Rhône est une série de magazinesdocumentaires créée par Pascale Puéchavy etFranck Miyet, réalisateurs et récolteurs de témoi-gnages pour l’Atelier du platane mobile.

LE VAMPIRE ACTIF

Brueghel en mesdomainesde Lionel-Édouard MartinCe recueil présente centquarante proses poétiquesqui disent l’itinéraire de lacréation, ses explorations etses méditations. L’œil auxaguets, l’oreille tendue vers les accords du monde,l’écriture de Lionel-ÉdouardMartin transforme etfaçonne les éléments, les rencontres, les aléas du quotidien en une parole charnelle.

174 p., 16 €ISBN 978-29170-9406-8

multimédia

Un Prix Territoria 2011pour Savoie-biblio Parmi les récompenses annuelles de l’Observatoirenational de l’innovation publique, un Territoriad’argent mention « Presse en ligne et liseusesdans toutes les bibliothèques » a été décerné à

l’Assemblée des Pays de Savoie pour l’expérimenta-tion menée par Savoie-biblio sur les ressources numé-riques. Dans le cadre de cette action menée avec22 bibliothèques de Savoie et de Haute-Savoie, lesusagers ont bénéficié d’un accès en ligne gratuit à labase de données Europresse, c’est-à-dire à des milliersd’articles de presse, consultables par les abonnés dansles établissements et depuis chez eux. Par ailleurs, cetteexpérimentation numérique s’est poursuivie en sep-tembre 2011 par le prêt de liseuses contenant, sous laforme électronique, une trentaine d’ouvrages de litté-rature, ainsi que des essais et des livres pour la jeunesse.Une opération de mise à disposition qui s’est accom-pagnée d’un travail de médiation et de suivi.

www.savoie-biblio.com

« Nous avions jusqu’à maintenant accès aux filmsde la BPI sur place, nous étions également abon-nés à l’offre d‘Arte VOD, mais ni l’un ni l’autren’étaient entièrement satisfaisants. Nous avonsdonc imaginé un système sur mesure pour lesGrenoblois », explique Thierry Maillot, responsablede la coordination cinéma des bibliothèquesde Grenoble. La participation à un appel àprojets sur les pratiques numériques inno-vantes du Ministère de la Culture et de laCommunication a fourni à la bibliothèquela somme de départ pour mettre en placecette offre de vidéo à la demande. Environ 1 000 films sont désormais accessiblesen ligne pour les abonnés, dans la limite de 20heures de visionnage par mois. Œuvres de fictionou documentaires, l’offre est variée, l’idée dela bibliothèque étant d’offrir un service sup-plémentaire, en lien avec l’actualité, tout enmettant en avant la création locale. La catégorie« Vues d’ici » du portail d’accès en ligne CinéVOD

de la bibliothèquerépertorie ainsiune sélection defilms réalisés enpartenariat avecdes institutionslocales : le Centrechorégraphiquede Grenoble, leMusée de la mon-tagne, mais aussides œuvres documentaires d’auteurs de la région.Pour Thierry Maillot, il s’agit maintenant de« continuer à enrichir la liste des films, de propo-ser un contenu plus éditorialisé aux abonnésavec des critiques de films, par exemple, et dedévelopper le nombre d’utilisateurs ». Quelquesbeaux projets pour cette bibliothèque en ligneouverte 24h/24… J. B.

Portail VOD des bibliothèques municipales de Grenoblewww.bm-grenoble.fr/669-vod.htm

Films à la demande La Bibliothèque municipale de Grenoble propose désormais àses abonnés un système de cinéma VOD (Vidéo à la demande).

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s’attendrir. La belle découvertetient aux illustrations de la jeuneLyonnaise Alexandra Huard, 23 ans,dont c’est le premier album. À lagouache, elle combine charme rétroet composition intelligemmentcontemporaine, avec ses couleursraffinées et son trait girly, dyna-mique et délicat. Myriam Gallot

La Lettre deBuenos AiresQui se souviendra de nous ?, ques-tionne à mi-voix un homme, un deshommes humbles qui traversent cesneufs nouvelles. Qui sera là pour sesouvenir de l’humanité, de l’infimeconsolation, de la nuit fraternelle ?Pour dire sur une note sobre l’errance,la mort ou la forêt des rêves ? Pournouer le silence des êtres à la sauvagebeauté de la nature, renouer les brasd’un père à l’amour du fils ? Réponse :Hubert Mingarelli. Danielle Maurel

Sang damnéAlexandre Bergamini revient sur cer-tains éléments biographiques quihantaient déjà son précédent livre,le fulgurant Cargo Mélancolie – lesuicide du frère, l’affirmation de sonhomosexualité, la séropositivité –,en les inscrivant dans les dimensionssociale, politique et historique d’unegrande partie du XXe siècle. Constituéde divers matériaux, ce beau romanintrospectif et subversif prouve laradicalité, la force et l’engament d’unauteur absolument admirable. LisezBergamini ! Yann Nicol

Anamoureux préparturientAlain Turgeon a fait de sa vie unfeuilleton dont il est l’antihéros. Lesépisodes les plus drôles deviennentdes livres, portés par une écritureinimitable, où les jeux de mots« capillotractés » sont monnaie cou-rante, tandis que les plus petits évé-nements deviennent des épopéescomiques. Pour son dernier opus,on pourrait parler de crise de la qua-rantaine… si cette crise ne duraitdepuis plus de vingt ans. Sauf queça empire. Les comportements ado-lescents sont regardés avec moinsd’indulgence, l’absence de revenusréguliers pose un sérieux problèmeet l’alcool peut finir par en être un…Mieux vaut en rire, et Alain Turgeon,ça, il sait ! Nicolas Blondeau

L’Amour à Londres& en d’autres lieuxÀ Londres, sur le rocher, c’est-à-direen Sardaigne, à Rome, à Florence,en Ligurie, à Naples ou dans les villesdu sud – ce pourrait être partoutailleurs –, Flavio Soriga, écrivainsarde, fait résonner la petite musiquedouce et triste de l’évanescenceamoureuse, de la fragilité des senti-ments, de leur profondeur aussi.La rencontre et la perte, l’amouret l’ailleurs, les erreurs d’aiguillage,les maris qui disparaissent et leshistoires qui renaissent, ce recueilde nouvelles donne une chancelittéraire à l’hypothèse de l’amour.Laurent Bonzon

La ChoseL’idée n’est pas neuve : raconter un(heureux ?) événement du point devue des chiens de la maison, forcé-ment critique, forcément distancié.Les deux canidés évincés parlentcomme de vieilles Anglaises pincéesqui prêtent à sourire autant qu’à

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Livre & Lire : journal mensuel, supplément régional à LivresHebdo et Livres de France, publié par l'Agence Rhône-Alpespour le livre et la documentation.

nous écrire > > > > > >

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Directeur de la publication : Geneviève Dalbin

Rédacteur en chef : Laurent Bonzon

Assistante de rédaction :Julie Banos

Ont participé à ce numéro : Nicolas Blondeau,Marie-Hélène Boulanger,Myriam Gallot, Géraldine Kosiak,Danielle Maurel, Yann Nicol,Vincent Raymond et Roger-Yves Roche.

Livre & Lire / Arald 25, rue Chazière - 69004 Lyon tél. 04 78 39 58 87 fax 04 78 39 57 46 mél. [email protected] www.arald.org

Siège social / Arald1, rue Jean-Jaurès - 74000 Annecy tél. 04 50 51 64 63 - fax 04 50 51 82 05

Conception :Perluette & Albane Derenne

ISSN 1626-1321

Une lecture marquante parmi toutes celles de 2011… En cette find’année, les collaborateurs de Livre & Lire choisissent un roman, unalbum pour la jeunesse ou une bande dessinée dans la production desauteurs, illustrateurs ou éditeurs de Rhône-Alpes.

La Maison de paind’épiceAncien meneur du groupe lyonnaisL’Affaire Louis’ Trio, le chanteurHubert Mounier est aussi réputépour les illustrations qu’il signeCleet Boris. Avec La Maison de paind’épice - Journal d’un disque, Cleets’est fait le diariste d’Hubert : dansun style admirable d’épure, ce fande Jijé et digne émule de Chalandraconte l’élaboration de son CDéponyme, des phases de galère auxinstants de grâce. Une plongéeintime et inspirée dans l’acte decréation ; l’une des BD de l’année.Vincent Raymond

Pas d’inquiétudeParce qu’un livre n’est jamais aussijuste que lorsqu’il contient en luila – vraie – vie qui le fait naître. Lamanière banale, presque bancale,qu’on a de basculer dans le mondede la maladie. Parce que le romande Brigitte Giraud ose encoreemprunter la voie du réel et dire Jecomme il faut parfois dire Je : à voixbasse. Parce qu’un auteur n’oubliepas la littérature et ses fantômes,Palabaud qui revient de chezReverzy et qui échange sa conditionde grand malade contre celle depauvre médecin. Parce que les motssont toujours plus forts que lesmaux. Roger-Yves Roche

coups de cœur

Alain TurgeonAnamoureux préparturient La Fosse aux ours190 p., 17 €ISBN 978-2-35707-023-3

Flavio SorigaL’Amour à Londres & en d’autres lieuxTraduit de l’italien (Sardaigne)par Marc PorcuRouge Inside108 p., 16 €ISBN 978-2-918226-109

Textes Béatrice FontanelIllustrations Alexandra HuardLa ChoseÉditions Sarbacane32 p., 14,90 €ISBN 978-2-848654619

Hubert MingarelliLa Lettre de Buenos AiresBuchet-Chastel180 p., 15 €ISBN 978-2-283-02486-7

Alexandre BergaminiSang damnéSeuil236 p., 17 €ISBN 978-2-02-103495-0

Cleet BorisLa Maison de pain d’épice Journal d’un disqueDupuis112 p., 22 €ISBN 978-2-8001-4828-1

Brigitte GiraudPas d’inquiétudeStock266 p., 19 €ISBN 978-2-234-06505-5