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Les vrais-faux dérapages de M. Guéant Charles Pasqua avait inventé le vrai-faux passeport. Quinze ans plus tard, son lointain successeur Place Beauvau fait preuve de plus d’imagination encore. L’actuel ministre de l’Intérieur ne vient-il pas de lancer sur le marché électoral un nouveau produit qu’il espère payant à terme : le vrai-faux dérapage. Car contrairement à ce que font semblant de croire les faux-naïfs de tous bords Claude Guéant ne commet pas de gaffe. Quand il explique qu’à force d’immigration incontrô- lée, les Français ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, quand il souhaite interdire aux usa- gers des services publics l’entrée à l’hôpital ou à la poste s’ils portent un signe religieux, quand il assure contre la vérité chiffrée qu’il y avait en 1905 peu de musulmans et qu’ils sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui, quand il explique qu’il faut limiter l’im- migration légale en réduisant l’immigration du travail, quand enfin il affirme ne pas vouloir subir la vague d’immigration tunisienne venue d’Italie, le ministre de l’Intérieur dit simplement haut et fort ce que pense le Président de la République. Claude Guéant ne dérape pas, il est aux ordres du chef de l’État et fait le travail pour lequel il a été nommé. L’ancien secrétaire général de l’Élysée a été installé place Beauvau pour être le porte-drapeau de ce glissement à droite, aux frontières de l’extrême, dont le Président et certains de ses conseil- lers pensent qu’il constituera le secret de sa réélection. Difficulté : le départ de Jean-Louis Borloo de l’UMP et son éventuelle candidature montre qu’une partie de la droite ne suit plus. Le gouvernement lui-même est agité de mouvements divers qui attestent du trou- ble d’un certain nombre de ministres. En laissant courir Claude Guéant et en se droitisant encore, Nicolas Sarkozy risque de se retrouver bien seul entre le Front national et une droite gaullo-centriste qui ne se reconnait plus aujourd’hui dans celui qu’elle a porté au pouvoir en 2007. 80 La Commission européenne a reçu la demande du gouvernement portugais pour une aide financière du FMI et de l’Union européenne. Un montant de 80 à 85 milliards d'euros a été sollicité pour le plan d'aide. Celui-ci devrait permettre de préserver la stabilité financière en Europe et aider le Portugal à faire face à ses difficultés économiques. Le chiffre Et aussi P avé dans la mare présidentielle ou candidature spectacle qui s’effondrera avant même l’échéance ? Avec Nicolas Hulot tout est possible. Le « retenez-moi ou je fais un malheur », il nous l’a déjà joué en 2007 avec un certain succès puisqu’au prix d’un renoncement personnel il a imposé à tous les candidats ou presque le pacte écologique. Cette fois l’animateur de TF1 semble décidé à occuper les écrans jusqu’au bout. Et il devrait accepter finalement de se plier au jeu des pri- maires qui l’opposera à Eva Joly. La partie ne va pas être simple pour lui tant il agace et provoque scepticisme chez les écologistes ancrés à gauche. Où est- il politiquement ? Est-il capable de dépasser le seul discours écologique pour porter un projet de campagne global ? Où sera-t-il finalement entre les deux tours ? Autant de questions légitimes posées par les partisans d’Eva Joly, restées pour l’heure sans réponse et qui prouvent que dans ce concours pour figurer sur la ligne de départ l’an- cienne juge d’instruction n’a pas dit son dernier mot. Mais enfin au final il n’est pas déraisonnable d’imaginer que Nico- las Hulot sera bien le candidat écologiste en 2012. Et dans ce cas c’est une partie impor- tante de la donne électorale qui va s’en trouver modifiée. Il va chasser sur tous les terrains, au PS comme à l’UMP, chez les jeunes comme chez les CSP + qui votent souvent en fonction de l’air du temps et des candidatures du moment. Après l’implosion de l’UMP et le coup d’éclat de Jean-Louis Borloo c’est bien la preuve qu’à tout juste un an de 2012 tout peut arriver. Rarement la compé- tition n’a été aussi ouverte. D’autant qu’on voit se profiler une palette de candidatures qui risquent de se parta- ger à parts presque égales un électorat aujourd’hui plus que déboussolé. R.N. > Lire en p. 2, 3 et l’opinion de Bruno Jeudy p. 4 . NUMÉRO 406 — MERCREDI 13 AVRIL 2011 — 1,30 ¤ Éditorial Robert Namias Directeur de la publication : Bruno Pelletier Directeur : Robert Namias BERTRAND GUAY / AFP BORIS HORVAT / AFP DR Écologistes : les humeurs de M. Hulot FRANÇOIS GUILLOT / AFP lhemicycle.com milliards (minimum) Va-t-il transformer sa popularité en bulletins de vote ? Chez les Verts, ses états d’âme agacent, mais la majorité d’entre-eux devraient malgré tout se ranger derrière l’animateur de TF1. Assemblée nationale Débats internes, tension Fillon- Copé, interrogations sur Sarkozy, les députés de l’UMP ont le moral dans les chaussettes. > Lire l’article de Nathalie Segaunes page 4 Focale Pierre Morel-A-l’Huissier, député de Lozère. Lui reste droit dans ses bottes. Sarkozyste fidèle d’entre les fidèles, il se dit inoxydable. > Lire page 8 À gauche ? À droite ? Ailleurs ? Yves Cochet > P. 2 Chantal Jouanno > P. 3 DAVID ADEMAS / AFP DAVID RAMOS / AFP Au sommaire Agora : Yves Cochet, Chantal Jouanno > P. 2-3 Initiatives : Le cartable numérique en Pays de Loire >P. 6-7 Expertises : Le phénomène des bandes : Joël Genard >P. 10 Sciences : Bernard Accoyer organise le débat députés-scientifiques >P. 12

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l'Hémicycle numéro 406 du mercredi 13 avril 2011

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Les vrais-fauxdérapagesde M. Guéant

Charles Pasqua avait inventé levrai-faux passeport. Quinze ansplus tard, son lointain successeurPlace Beauvau fait preuve de plusd’imagination encore. L’actuelministrede l’Intérieurnevient-il pasde lancer sur lemarchéélectoral unnouveauproduitqu’il espèrepayantà terme : le vrai-faux dérapage.Car contrairement à ce que fontsemblant de croire les faux-naïfsde tous bords Claude Guéant necommet pas de gaffe.

Quand il explique qu’à force d’immigration incontrô-lée, les Français ont parfois le sentiment de ne plusêtre chez eux, quand il souhaite interdire aux usa-gers des services publics l’entrée à l’hôpital ou à laposte s’ils portent un signe religieux, quand il assurecontre la vérité chiffrée qu’il y avait en 1905 peu demusulmans et qu’ils sont beaucoup plus nombreuxaujourd’hui, quand il explique qu’il faut limiter l’im-migration légale en réduisant l’immigrationdu travail,quand enfin il affirme ne pas vouloir subir la vagued’immigration tunisienne venued’Italie, leministre del’Intérieur dit simplement haut et fort ce que pensele Président de la République. Claude Guéant nedérape pas, il est aux ordres du chef de l’État et fait letravail pour lequel il a été nommé. L’ancien secrétairegénéralde l’Élyséeaété installéplaceBeauvaupourêtreleporte-drapeaudeceglissementàdroite,auxfrontièresdel’extrême,dont lePrésidentetcertainsdesesconseil-lerspensentqu’il constituera le secretdesa réélection.Difficulté : le départ de Jean-Louis Borloo de l’UMPet son éventuelle candidature montre qu’une partiede la droite ne suit plus. Le gouvernement lui-mêmeestagitédemouvementsdiversqui attestentdu trou-ble d’un certain nombre deministres.En laissant courir Claude Guéant et en se droitisantencore,NicolasSarkozy risquedese retrouverbienseulentre le Front national et une droite gaullo-centristequi ne se reconnait plus aujourd’hui danscelui qu’elle a porté au pouvoir en 2007.

80La Commission européenne a reçu la demande dugouvernement portugais pour une aide financière duFMI et de l’Union européenne. Un montant de 80 à85 milliards d'euros a été sollicité pour le plan d'aide.Celui-ci devrait permettre de préserver la stabilitéfinancière en Europe et aider le Portugal à faire faceà ses difficultés économiques.

Le chiffre

Et aussi

Pavé dans la mare présidentielleou candidature spectaclequi s’effondrera avant même

l’échéance ?Avec Nicolas Hulot tout est possible. Le« retenez-moi ou je fais un malheur »,il nous l’a déjà joué en 2007 avec uncertain succès puisqu’au prix d’unrenoncement personnel il a imposé àtous les candidats ou presque le pacteécologique. Cette fois l’animateur deTF1 semble décidé à occuper les écransjusqu’au bout. Et il devrait accepterfinalement de se plier au jeu des pri-maires qui l’opposera à Eva Joly. Lapartie ne va pas être simple pour lui tantil agace et provoque scepticisme chez

les écologistes ancrés à gauche. Où est-il politiquement ? Est-il capable dedépasser le seul discours écologiquepour porter un projet de campagneglobal ? Où sera-t-il finalement entreles deux tours ? Autant de questionslégitimes posées par les partisans d’EvaJoly, restées pour l’heure sans réponseet qui prouvent que dans ce concourspour figurer sur la ligne de départ l’an-cienne juge d’instruction n’a pas dit sonderniermot.Mais enfin au final il n’estpas déraisonnable d’imaginer queNico-lasHulot sera bien le candidat écologisteen 2012.Et dans ce cas c’est une partie impor-tante de la donne électorale qui va s’en

trouvermodifiée. Il va chasser sur tousles terrains, au PS comme à l’UMP, chezles jeunes comme chez les CSP + quivotent souvent en fonction de l’air dutemps et des candidatures dumoment.Après l’implosion de l’UMP et le coupd’éclat de Jean-Louis Borloo c’est bienla preuve qu’à tout juste un an de 2012tout peut arriver. Rarement la compé-tition n’a été aussi ouverte. D’autantqu’on voit se profiler une palette decandidatures qui risquent de se parta-ger à parts presque égales un électorataujourd’hui plus que déboussolé.

R.N.>Lire en p. 2, 3 et l’opinion

de Bruno Jeudy p. 4 .

NUMÉRO 406—MERCREDI 13 AVRIL 2011 — 1,30 ¤

ÉditorialRobert Namias

Directeur de la publication : Bruno Pelletier Directeur : Robert Namias

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Écologistes : les humeurs de M. Hulot

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lhemicycle.com

milliards (minimum)

Va-t-il transformer sa popularité enbulletins de vote ? Chezles Verts, ses étatsd’âmeagacent,mais lamajoritéd’entre-euxdevraientmalgré tout se ranger derrière l’animateur deTF1.

Assemblée nationaleDébats internes, tension Fillon-Copé, interrogations sur Sarkozy,les députés de l’UMP ont le moraldans les chaussettes.>Lire l’articledeNathalie Segaunes page 4

FocalePierre Morel-A-l’Huissier, député deLozère. Lui reste droit dans ses bottes.Sarkozyste fidèle d’entre les fidèles,il se dit inoxydable.>Lire page 8

Àgauche ?Àdroite ?Ailleurs ?

YvesCochet>P. 2

ChantalJouanno>P. 3

DAVIDAD

EMAS

/AFP

DAVIDRA

MOS

/AFP

Au sommaire • Agora :Yves Cochet, Chantal Jouanno >P. 2-3 •

Initiatives : Le cartable numérique enPays de Loire>P. 6-7 •Expertises :Le phénomène des bandes : Joël Genard>P. 10•Sciences :BernardAccoyerorganise ledébatdéputés-scientifiques>P. 12

NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE 3

Quevachanger la candidaturedeNicolasHulot à l’électionprésidentielle ?C’est un ami, je le respecte beau-coup, mon avis sur lui n’est doncpas très objectif ! J’espère pour luiqu’il ne se sera pas cannibalisé parles Verts, qui ontmalheureusementabandonné l’esprit initial d’EuropeÉcologie. Nicolas Hulot a toujourssu dépasser les clivages. Je crainsque, là, il soit obligé de se cliver etde se positionner à gauche.Mais sacandidature aura un effet positifcar elle va remettre les questionsécologiques au cœur dudébat. Tousles autres candidats devront les abor-der.Même si lemessage qu’il porte,notamment à travers son film Lesyndrome du Titanic, est dur, il esttrès juste et il est indispensable queles Français l’entendent.

Vous le connaissezbien.Sonchoix vous surprend?Non. Il sait qu’il va devoir faire dessacrifices et renoncer à une vie ins-tallée. Il sait aussi qu’il va prendreun gros risque et écorner son image.Mais il est convaincu aujourd’huiqu’il doit passer par cette expériencepolitique.

Selonvousquimenacera-t-il leplus?Lagauche?Ladroite?En raison du positionnement d’Eu-rope Écologie, c’est aux autres can-didats de gauche qu’il posera pro-

blème. C’est là que ce sera un fac-teur de division.

Cantonales, régionales,européennes…EuropeÉcologieenchaîne les succès électoraux.Qu’est-ce-que cela vous inspire?Les questions énergétiques ou desanté publique (notamment cellesqui touchent les enfants) sont au

cœur des préoccupations. Les genss’interrogent sur une société où lesdeux règles sont « toujours plusvite » et toujours plus de Finance.Il y a aussi une tentation d’alter-native à la gauche et à la droite. Etpuis l’abstention le montre : ungrand discrédit touche tout ce quiest institutionnel.

Parallèlement, ona le sentimentaujourd’hui que lesquestionsécologiques sontmoinsunepriorité pour lamajorité…Cette majorité a fait le Grenelle del’Environnement, elle l’a conçu, l’avoté. Elle lemet enœuvre. Ce sontles résultats qui comptent. Ils sontlà. Après leGrenelle, il y a une nou-

velle étape à franchir. Il reste parexemple à faire sur la consomma-tion ou l’aménagement du terri-toire. Comment faire pour trouverdemain des produits qui polluentmoins à un prix abordable ? Com-ment faire pour que personne netravaille plus à plus d’une heure dechez soi ? Il faut aussi réfléchir aumodèle de prise de décision, en

incluant notamment davantage lesproblématiques de long terme, ouà des nouveaux indicateurs de déve-loppement économique.

Vousêtiez en2007auprèsdeNicolasSarkozy enpointe sur cesujet pour«verdir » sa campagne.Allez-vousprendredes initiatives?Je n’étais pas la seule ; il y avaitaussi Nathalie Kosciusko-Morizet. Ily aura bientôt une convention del’UMP sur ces questions. C’est unevraie politique de civilisation qu’ily a derrière toutes ces questions.

Quepensez-vousde la conversionduPSsur le nucléaire?C’est très ambigu. Sortir de la dépen-

dance du nucléaire, cela ne veutpas dire sortir du nucléaire. Il fautégalementnepas seulement se limi-ter au pétrole et au nucléaire,comme le font les socialistes, maisaussi inclure le gaz et le charbon. Jetrouve en fait qu’ils ne vont pasplus loin que le Grenelle : nous yavons déjà mis en place une vraiepolitique de développement des

énergies renouvelables. Autre exem-ple lorsqu’ils proposent la mise enplace de crédit d’impôts et d’aide àla filière bio. Dans leGrenelle, nousavons obligé l’État à s’approvision-ner en bio. Nous voulons mainte-nant passer aux collectivités locales.

Dans lamajorité, nedevrait-il pas yavoir plusdedébats sur le sujet ?Il aura lieu par la force des chosesavec notamment le retour des dif-férents audits actuels. Nous verronss’il y a de nouvelles exigences desécurité. Il y aura aussi inévitable-ment un débat sur l’exportation dunucléaire et la nécessité de prendreen compte la stabilité politique etgéomorphologique d’un pays. Je

n’aime pas le nucléaire,mais on nepeut pas faire sans aujourd’hui sil’objectif premier est de réduire lesgaz à effet de serre.Quandonpourras’en passer, il faudra le faire.

La taxeécolomodulablequ’ontrouvedans leprojetPS est-elleun remakede la taxe carbone?Je regrette que, lorsque j’ai défendula taxe carbone, le PS ne m’ait passoutenue. Ilm’expliquait à l’époquequ’une telle taxe ne pouvait êtrequ’européenne et que l’Allemagnela bloquait. À ma connaissance,cela n’a pas changé.

Ladroite devrait-elle un jourréfléchir à desalliances électoralesavec les écologistes, commec’estle cas enAllemagne?Les Verts allemands sont très diffé-rents des Verts français : ils sontmoins à gauche. Et aujourd’hui, ilssont tellement forts qu’ils sontincontournables. À droite, nousavons toujours été très ouverts surl’intégration d’unmouvement éco-logiste. Mais force est de constaterque les Verts français ont toujoursvoulu s’ancrer à gauche.Cen’est pasunproblèmede volonté de la droite,c’est une volonté de positionne-ment très à gauche des Verts !

Propos recueillispar Ludovic VigogneChef du service politique

de Paris Match

L’ancienne secrétaire d’État à l’Écologie, aujourd’huiministre des Sports, ne s’inquiète pasde la candidature deNicolas Hulot. Elle pensemêmeque cette candidature vamettre,mieux que toute autre, les questions écologiques au cœur du débat présidentiel.

Agora

CHANTAL JOUANNO

«J’ESPÈRE POURNICOLASQU’IL NE SERA PASCANNIBALISÉ PAR LES VERTSQUIONT

MALHEUREUSEMENTOUBLIÉ L’ESPRIT INITIALD’EUROPE ÉCOLOGIE»

«C’estauxautres candidatsdegauchequeNicolasHulot vaposer unproblème.C’estde

cecôté-làqu’il peut êtreun facteurdedivision»

DAVIDRA

MOS

/AFP

2 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011

Agora

PourquoiNicolasHulot serait, selonvous,unboncandidatà l’électionprésidentielle?Il y a quatre raisons. 1. C’est le plusconnu d’entre nous. 2. Il est identi-fié comme un vrai écologiste, quivient du monde associatif et veutaujourd’hui entrer enpolitique. 3. Ila un talent de pédagogue, une ima-ginationpour faire comprendre auxgens les grands enjeux et une capa-cité à ne pas faire de langue de boisremarquables. 4. Il est complète-ment compatible avec les idéesd’Eu-rope Écologie-Les Verts. La preuve:il dit désormais qu’il faut sortir dunucléaire; il ne le disait pas avant.

Sondiscours très radical neva-t-ilpaseffrayer lesFrançais?Il dira le plus possible la vérité surl’état de santé de la planète sur lesplans écologique et social, qui sontmalheureusement très mauvais.Mais Nicolas Hulot n’est pas unextrémiste. Il l’exprimera avec desmots simples, des mots d’amour,dans une totale empathie avec lesFrançais. C’est quelqu’un qui abesoin d’amour et qui sait en don-ner. Dans une présidentielle, il n’ya pas que le programme et l’éti-quette. Il y a aussi la personne !C’estpour nous la personne adéquate.

Necraignez-vouspasunphénomène«à laSimoneVeil» :une fortepopularité,maisdesrésultatsdans lesurnesdécevants?

C’est une crainte, bien sûr. Sa cotede popularité est excellente. LesFrançais l’apprécient, comme ilsaiment Zidane ouNoah.Mais c’estvrai aussi que faire de la politique,c’est autre chose. On sait très bienqueNicolas Hulot ne fera pas 80 %des voix. Il le sait aussi. Il est prêt àfaire les efforts et les sacrifices néces-saires pour se lancer en politique.Je lui fais confiance pour fairemen-tir cette règle. Et puis il faut quandmême toujours mieux partir encampagne avec un candidat qui aun tel potentiel plutôt qu’avecquelqu’und’inconnuoude détesté.

Êtes-voussûr aujourd’hui qu’il seprésenteraà laprimaireorganiséeparEuropeÉcologie?C’est vrai qu’après le conseil fédé-ral des 2 et 3 avril, il a expriméun coup de gueule. Les décisionsd’organisation de la primaire quiy avaient été prises étaient riqui-qui, faisaient preuve de fermeture.On sentait une réticence à l’ac-cueillir. C’est passé. Je pense quetout risque de candidature exté-rieure est derrière nous et queNico-las Hulot va se présenter dans lecadre de la primaire. Il n’y aurapas d’aventure solitaire.

Vousaviezannoncéque, s’il étaitcandidat, vous retireriez votrecandidaturepour le soutenir.Vouspassezauxactes?Bien entendu. Dès qu’il se seradéclaré, je le ferai.

EvaJolydevrait-elle fairedemême?Elle n’a jamais dit cela. Au contraire,elle a toujours affirmé qu’elle iraitjusqu’aubout. Elle a une autre expé-rience, une autre personnalité. Leurdébat sera sérieux et servira la démo-cratie.

Queldoit être l’objectif d’EuropeÉcologie en2012?Au sujet de la présidentielle, je feraiune réponse à la Dany : « un scoreà deux chiffres » ! Quant aux légis-latives, je pars d’un calcul simple.Dans vingt régions sur 22, nousavons au minimum 10 % desconseillers régionaux. À l’Assem-

blée nationale, l’an prochain, nousdevons donc avoir, en cas de vic-toire, 10 % des 577 députés, soit58 députés élus.

Leprojet socialistenemontre-t-ilpasdevraiesévolutions sur lesquestionsécologiques?Il y en a mais très peu. La taxe éco-lomodulable est une bonne idée.Le développement des énergiesrenouvelables, c’est unebonne idée,mais la droite dit lamême chose. Enrevanche, leur formule « Sortir du

tout nucléaire et inverser le mixénergétique » est très ambiguë. Onpeut en déduire tout et soncontraire. Si c’est Christian Bataillequi l’utilise ou si c’est FrançoisBrottes, cen’est pas du tout lamêmechose ! C’est avec nous une vraiedivergence. Notre position est, elle,très claire : il faut sortir dunucléaireen 20-25 ans.

MartineAubryest laplusenpointepour sortir dunucléaire.Sa lignevoussemblemajoritaire?Je vois ce qu’elle dit, c’est très bien,mais sa position est encore loind’être majoritaire. Nous allons l’ai-

der dans ce combat. En tout cas, sic’est elle la candidate à la prési-dentielle ou si c’est François Hol-lande, ce ne sera pas sur le sujet lamême chose.

Depuis 15ansest-ceque ladroiten’apasplus fait que lagaucheenmatière écologique?C’est vrai. Le Grenelle de l’envi-ronnement, sur la pressiondeNico-las Hulot et des ONG, c’est NicolasSarkozy, François Fillon et surtoutJean-Louis Borlooqui l’ont fait et pas

Lionel Jospin ! J’espère que cettefois, avec la gauche, nous irons plusloin qu’entre 1997 et 2002.

Quevous inspire l’incroyable succèsélectoral desGrünenallemands?Ils ont toujours été en avance surnous et plus fort que nous ! Ils sontentrés auBundestag dès 1983, grâceà la proportionnelle intégrale. Nousnous sommes entrés à l’Assembléeseulement en 1997. Ils ont égale-ment profité historiquement beau-coupde l’absenceduPC, récupérantle vote protestataire, du reste duromantisme allemand duXIXe siè-cle, de leur réputation d’expertisescientifique ou encore de person-nalités de talent comme JoschkaFischer. Aujourd’hui, nous sommesquand même les deux partis vertsles plus importants sur la planète.

Laquestiond’uneallianceentre lesGrünenet laCDUest sur la table.EnFrance,uneallianceentreEuropeÉcologie et ladroite est-elleun jour envisageable?On ne s’est plus posé la questiondepuis 1994 et on ne se la poserapas. La culturede la coalition est toutautre en Allemagne. En raison dumode de scrutin notamment, nousnous sommes totalement liés au PSet j’espère que cela portera ses fruitsen 2012.

Propos recueillispar Ludovic VigogneChef du service politique

de Paris Match

«NICOLASHULOTVA SEPRÉSENTERDANS LE CADRE

DE LA PRIMAIRE. IL N’Y AURA PASD’AVENTURE SOLITAIRE»

YVES COCHET

«Iln’yapasque leprogrammeet l’étiquette.Il y aaussi lapersonne.NicolasHulot est

pournous lapersonneadéquate»

DAVI

DAD

EMAS

/AFP

Loin des hésitations et des silences de certains Verts, le député Yves Cochetaffiche franchement sa couleur. Verte commeNicolas Hulot.

4 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011

Plan large

Du côté des Quatre Colonnes

C’est une anecdote queraconte, ou plutôt dont sedélecte Laurent Fabius (PS):

« Nous étions l’autre jour quelquesdéputés socialistes à la buvette, àcôté d’un petit groupe de collèguesde droite. Ils parlaient de 2012.Onva être battus, dit l’un d’eux, acca-blé. Non, non, on va être écrabouillés !rectifie l’autre. Et un troisième, quia sans doute un peu plus d’esprit,

se tourne vers nous et lance :Notreseul espoir, c’est vous ! Sous-entendu,que nous les socialistes commet-tions suffisamment d’erreurs pourleur permettre de gagner »…La saynète résume assez bien l’étatd’esprit des députés UMP au len-demain d’élections cantonalesravageuses : résignés à perdre. « Ilsfont leurs valises », confirmeNico-las Dupont-Aignan (Debout laRépublique).Chaque week-end dans leur cir-conscription, les parlementairesde la majorité mesurent le rejetdu chef de l’Etat au sein de leurélectorat. Dupont-Aignan, qui aentamé la tournée des mairesruraux pour récolter ses 500 signa-tures en vue de l’élection prési-dentielle, peut en témoigner : « Cequi me frappe, c’est l’anti-sarko-zysme desmaires de province, dit-il. J’ai entendu des apostrophescomme Quand est-ce que vous nousen débarrassez ? ou Qu’il retourneavec Kadhafi sous la tente ! C’esttrès violent, cela relève de l’aller-gie ». Tony Dreyfus, député PS peususpect de sectarisme, a établi lemême constat : « Sarkozy pourrafaire ce qu’il voudra, les gens n’enveulent plus. Cela relève du délitde sale gueule ! »Conclusion de Fabius : « Si cette

fois-ci les socialistes ne sont pascapables de gagner, c’est qu’ils sontnuls ! » Pour l’ancien Premierministre, ce qui fera la différenceà gauche avec 2007, c’est l’envie degagner des élus PS : « Les seuls quiont encore la confiance des gensdans ce pays, ce sont les éluslocaux. Et quand les élus s’enga-gent à fond, ça fait une sacrée dif-férence ! » Allusion discrète à la fai-

ble implication des élus PS dans lacampagne de Ségolène Royal…Excitation de la gauche à l’odeurdu pouvoir, fatalisme de la droiteà l’idée de la défaite et… une cer-taine mauvaise humeur des parle-mentaires à l’égard de la dernièredécision en date du bureau del’Assemblée auront marqué lasemaine. Pour en finir avec la sus-picion à l’égard des élus, et s’ins-pirant des recommandationsde la commission Sauvé, BernardAccoyer a en effet annoncé lanomination prochaine d’un déon-tologue, type « ancienmagistrat au-dessus de tout soupçon » dit-on àl’hôtel de Lassay. Et l’obligationpour chaque parlementaire de rem-plir une déclaration d’intérêts (nonrendue publique), relativementintrusive puisque chaque élu, outreses propres intérêts, devra égale-ment déclarer la profession de…son conjoint, de ses ascendants etde ses descendants. Ce dispositif,qui découle des travaux d’ungroupe de travail animé par ArletteGrosskost (UMP) et Jean-Pierre Bal-ligand (PS), heurte certaines sensi-bilités de droite. Ainsi Lionel Luca(UMP), membre du bureau, a-t-ilpris prétexte de la venue de l’am-bassadeur d’Israël devant la com-mission des Affaires étrangères,

mercredi, pour s’éclipser et ne pasprendre part au vote. Le députédes Alpes-Maritimes juge l’inven-tion du déontologue « incongrueet ridicule ». « Vous allez avoir unesorte de zozo, tombé d’on ne saitquel nid…Et lui, il va nous dire quisont ses ascendants ? » L’obligationde déclarer l’activité profession-nelle des membres de sa famillerelève selon Luca d’une « société

orwellienne ». « Et pourquoi pas laprofession des amants et des maî-tresses ? s’interroge-t-il. Pourquoine pas aller jusqu’au bout et met-tre des micros sous le lit des dépu-tés ? À force de laver plus blanc queblanc, disait Coluche, ça fait destrous ! » Le député juge que ladéclaration de ses propres intérêtset « l’engagement sur l’honneurde chaque député » auraient étésuffisants, et regrette la « lâchetédevant les groupes de pression ».Ces nouvelles règles, toutefois, nes’appliqueront qu’après le renou-vellement de 2012. « Ils veulenttransformer l’Assemblée nationaleen couvent, ironise Luca. Vive-ment qu’on soit battus ! »

N.S.

Velléitaires.Vous avez ditvelléitaires ?Jusqu’où ira Jean-Louis Borloo ?Incontestablement, l’ancienminis-tre de l’Écologie a pris la tête dupeloton centriste. Cinqmois aprèsavoir quitté le gouvernement, leprésident du parti radical vientd’infliger un camouflet à NicolasSarkozy, qui n’aura rien pu fairepour le retenir. Preuve que le pou-voir de séduction du chef de l’Étatn’opère plus. Que son autorité surson camp diminue de semaineen semaine. et que lamenace d’unnouveau « 21 avril » n’a pas décou-ragé Jean-Louis Borloo.En deux semaines, c’est bien sim-ple, nous sommes passés d’unecrise de nerfs postcantonale à unevraie crise politique. Voilà doncl’UMPenvoie d’implosion. Et feuel’UDF en train de ressusciter sousle nomdeConfédérations des cen-tres. Eneffectuant cebondenavant,le « kangourou » Borloo doitmain-tenant transformer l’essai s’il veutêtre sur la ligne de départ de la pré-sidentielle. Il devra afficher concen-trationetdéterminationsur ladurée,compter ses amis, réunir les finan-cements et décoller dans les son-dages où il pointe... à 7%. Prouver,enfin,qu’il n’est plusunvelléitaire.Car la bataille du centre n’est pasencore gagnée. Il y a embouteillagede candidatures. Hervé Morin, leprésident du Nouveau centre, adéjà pratiquement lâché prise.N’est-il pas venu encouragerl’ex-maire de Valenciennes sur leplateau de France 2 ? On a connucandidat plusmotivé. Dominiquede Villepin, le plus centriste desgaullistes, n’a pas l’intention des’effacer. Pas encore. Malgré lesecondprocèsClearstream(qui s’ou-vrira le 2 mai), l’ancien Premierministre veut entrer dans lamêlée,même si peu de gens dans lamajo-rité ne croient réellement à sa can-didature. Après toutVillepin a déjàrenoncé de facto en 2006, devantl’irrésistible ascension de Sarkozy.Reste le cas François Bayrou. Incon-testablement le moins velléitairede tous les centristes. Candidat en2002 et en 2007, le Béarnais n’estpas homme à renoncer devant lepremier coup de tabac. Mais pourla première fois depuis bien long-temps, il n’est plus lemeilleur pourincarner les idées centristes (enquêteIfop-JDD). Borloo le devance.Cette primaire au centre est loind’être finie. Le « velléitaire » Borloon’apeut-être pasfini de surprendre.Ycomprissespropresamisducentre.

L’opinionde Bruno Jeudy

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COIS

GUIL

LOT

/AFP

«CE QUI ME FRAPPE, C’ESTL’ANTI-SARKOZYSME

DES MAIRES DE PROVINCE »Nicolas Dupont-Aignan

Moral dans les chaussettes à l’UMP et volonté de transparencequi agace à droite. Les troupes de Christian Jacob font plutôt grisemine dans les couloirs de l’Assemblée.Par Nathalie Segaunes

«L’IDÉE DUDÉONTOLOGUEEST INCONGRUE ET

RIDICULE !»Lionel Luca

Lionel Luca. Il regrette « la lâcheté des députés devant les groupesde pression ».

Les deux étapes -expérimentationpuis généralisation- de l’initiativevisent à inscrire le programme dansla durée. « Il ne s’agit pas de faire uneopération « one shot » pour une seulerentrée, mais au contraire de bâtir undispositif efficace sur la durée », pour-suit Matthieu Orphelin. Et d’éviterles bonnes attentions avortées enIle-et-Vilaine, dans les Landes, enSavoie, en Isère, ou non renouve-lées enGuadeloupe. « Il s’agit d’unedémarche ciblée, qui s’adresse à ceuxqui en ont besoin, sur la base de cri-tères sociaux que nous allons tester.L’efficacité de la mesure sera doncimportante » annonce MatthieuOrphelin qui privilégie une

approche prenant en compte les «usages et la pédagogie », au-delà duseul aspect « matériel ». « L’infor-matique peut apporter une partie dela solution pour lutter contre le décro-chage scolaire, certains jeunes étantplus réceptifs aux cours interactifs ».

Un Espace numérique de travailRéduire les inégalités, accompa-gner l’essor des nouvelles techno-logies d’information et de com-munication, et favoriser l’accès àla connaissance constituent le nou-vel enjeu des collectivités territo-riales. L’originalité du cartablenumérique développé en Pays dela Loire est d’associer un ordinateur

individuel à un Espace numériquede travail (ENT). « L’ENT est unportail de services en ligne, sécurisé,centré sur un établissement. Ouvertaux enseignants, aux élèves, auxparents d’élèves, aux personnels… ilpermet d’accéder à des données com-munes -notes, devoirs, cahier de cor-respondance…- et d’échanger » sou-ligne Jacques Auxiette.Le programme lancé à la rentréedernière s’adresse à terme à plus desept cents établissements, publicset privés, représentant 320 000élèves et potentiellement un mil-lion d’utilisateurs. « Il s’agit d’unprojet parmi les plus ambitieux deFrance par le nombre d’établissements

concernés et d’acteurs impliqués ». Ilregroupe notamment le Rectorat etl’ensemble des collectivités ayantla charge des établissements dusecond degré.Autre signe des temps, la région quia achevé cet hiver lamise en réseauinformatique des lycées publics,favorise par ailleurs le développe-ment de tableaux blancs interac-tifs. Techniquement, il s’agit detableaux tactiles de deux mètresde diagonale, qui remplacent lestraditionnels tableaux noirs. Et derenvoyer craie, encre et plume aurang de simple souvenir.

Ludovic Bellanger

NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE7

«Cette petite révolution va pro-fondément modifier l’image

de notre territoire. Au-delà d’unnouveau moyen de transport encommun plus propre et plus éco-logique, le tramway a déjà contri-bué à embellir la ville, à lui redon-ner des couleurs » confie AdelineHazan, maire de Reims.Depuis 2009 un programme derénovation urbaine baptisé « Laville change avec vous » animel’agglomération. En l’espace detrois ans, la capitale champenoisea remodelé son visage. Un liftinginédit par son ampleur en France.Le projet conclu avec l’Agencenationale pour la rénovationurbaine (ANRU) et les bailleurssociaux prévoit également la réno-vation de plusieurs quartiers dela ville.

Une ligne verte de 11 kmSymbole de ce renouveau, « le tram-way constitue un trait d’union entretous les habitants de lamétropole ».Nouvel outil de cohésion socialeet de développement du territoire,la ligne verte de 11 km contribueà « valoriser les artères empruntées,et offre la possibilité de porter unautre regard sur la ville, une autreimage des quartiers traversés » pour-suit Adeline Hazan.Après deux années de travaux, lesfestivités du printemps soulignentle dynamisme de la métropole, aumoment où la ville s’engage dansson projet Reims 2020 : pour unenouvelle conception de la ville duXXIe siècle. « L’année qui s’ouvres’inscrit commeune année de chan-gement, un tournant importantdans l’histoire de Reims ». �

ÀReims, le tramwayde l’avenir

ILE-DE-FRANCEDESLOGEMENTSPOURLESSANS-ABRIS� La région Ile-de-France a signé finmars à Paris, une convention avecla Fondation de l’AbbéPierre pourla création de 150 logements trèssociaux par an. Unemanièreaussi d’interpeller l’État sur saresponsabilité enmatière delogement. « Alors que l’État sedésengage de plus en plus enbaissant ses crédits enmatière delogement, la Région fait un effortsans précédent pour la constructionde logements sociaux », souligneJean-Paul Huchon, dont l’objectifest de répondre aux besoins despersonnes aux faibles ressourceset de construire des habitationséconomes afin de lutter contre laprécarité énergétique. Pour SylvieGuichard, directrice desmissionssociales de la FondationAbbé-Pierre,« la signature de cette conventionva renforcer nos liens et rendre pluslisible nos efforts conjoints. ».

INITIATIVES D’EXCELLENCE7UNIVERSITÉSRETENUES� Sept pôles universitaires et derecherche ont été pré-sélectionnésdans le cadre de l’appel à projets dugrand emprunt intitulé « initiativesd’excellence », qui vise à créer cinqà dix campus à vocationmondiale.En Ile-de-France, l’Université ParisScience et Lettres (Normale Sup,Collège de France, etc.) et SorbonneUniversités (Paris-2, 4, 6), restenten lice. En province, Bordeaux, Lyon,Toulouse, Strasbourg et Grenoble-Alpes Université de l’Innovation ontété retenus. Les lauréats définitifsseront connus à l’été 2011.

LIMOGESLAMAIRIEENLANGUEDESSIGNES� Déclarations de naissance,mariage, carte d’identité…Afin defaciliter l’accès des sourds et desmalentendants aux formalitésadministratives, lamairie de Limogesvient demettre en place un systèmede visio-interprétation. Le serviceWebsourd permet aux usagerscommuniquant en Langue des signesfrançaise (LSF) de « dialoguer » avecle personnelmunicipal, et d’accomplirleurs démarches en toute autonomie.

PARISLES«CAFÉSCULTURES»ENMUSIQUE� Dévoilé à Paris et soutenu par leMinistère de la culture, le dispositifnational des « cafés cultures »constitue un support inédit depromotion des artistes interprètes.Particulièrement impliqués danscette initiative, les Pays de la Loireet l’Aquitaine ont élaboré un projetglobal qui vise à redonner touteleur place aux cafés cultures au seinde la filièremusicale.

En bref

Renouveau.Reims inaugure son tramwayet saconceptionde lavilledu21e siècle. PHOTOALAIN ET FENGHATAT

Reims change de visage et se construit un nouveau destin.La ville inaugurera à Pâques son tramway futuriste et coloré.

Innovation.Lacombinaisond’unmatériel informatiqueetd’unEspacenumériquedetravail(ENT)constituele«cartablenumérique».PHOTOPAYSDELALOIRE

ordinateur fixe, portable, ou net-book, financés partiellement ouintégralement par les établisse-ments sous forme de prêt, de don,ou d’aide à l’achat. L’initiative régio-nale concerne pour l’heure 400élèves issus de quinze lycées publicset de quatre centres de formationd’apprentis. Des jeunes lycéens etapprentis sélectionnés par les éta-blissements en fonction de critèressociaux (nombre de parts de boursepour les lycéens, ou quotient fami-lial pour les apprentis). « Cette expé-rimentation vise à tester différentstypes d’équipements et modes d’attri-butions » souligneMatthieuOrphe-lin. Un premier bilan sera réalisé enjuin, avant une généralisation dudispositif début 2012. Pour JacquesAuxiette, président de la région :« La question de l’égalité des lycéensface aux nouvelles technologies se posepleinement aujourd’hui. Nous avonsdonc eu l’idée de mettre à dispositionun ordinateur personnel pour les élèvesles moins aisés. À terme, nous comp-tons aider chaque année 4000 à 5000jeunes ».

Démocratiser l’accès desjeunes à la formation, à l’in-formation et à la culture.

« La démarche mise en place par lesPays de la Loire est unique » avanceMatthieuOrphelin, président de lacommission éducation et appren-tissage à la région, à propos duprogrammeCartable numérique. Ilexplique : « Cette action répond à unbesoin de société. Aujourd’hui, lesusages pédagogiques du numériquese multiplient. Il faut avoir à l’espritl’ampleur de la révolution numériquedans les établissements, et ses concré-tisations telles que l’espace numé-rique de travail. Dans le même temps,on estime qu’environ 5 % des jeunesn’ont pas d’ordinateur chez eux. Ilfaut aussi considérer les familles quidisposent d’un ordinateur familial,peu performant ou peu accessible dansdes conditions propices au travail.Nous devons lutter contre cette frac-ture numérique ».

« Nous comptons aider4000 à 5000 jeunes »L’expérimentation actuellementmenée dans les départements desPays de la Loire repose sur la four-niture aux élèves défavorisés d’un

6 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011

Initiatives

JACQUESAUXIETTEPRESIDENTDELAREGIONPAYSDELALOIRE

Quelleest l’ambitionduprogrammeCartableNumérique?Les outils numériques doivent être au cœur de l’en-seignement, que ce soit sous forme de services pra-tiques, d’appui aux cours, ou d’innovation pédago-gique. C’est pour cette raison que nous voulonsmettre à disposition des jeunes, qui en sont dépour-vus, un ordinateur.Nous continuons par ailleurs de développer lesEspaces Numériques de Travail. J’ai été enseignantet proviseur durant toute ma carrière profession-nelle. Aussi, je veille tout particulièrement à ce queles ligériens puissent bénéficier de ces avancées tech-nologiques précieuses qui sont au service de l’ensei-gnement en particulier, et de la vie des établisse-ments en général.

Précisément, la formationet les jeunessont-ils aucœurdesenjeuxd’aujourd’hui ?Le rôle premier de la Région est de leur donner lesmoyens de faire éclore leurs potentiels à travers une

politique de formation qui instruit, éduque et insèredans la vie sociale et professionnelle, en proposantun panel de formation diversifié et adapté à chacun.Pour cela, la Région construit des établissementstournés vers la réussite de tous, la citoyenneté desjeunes et la solidarité. Ce sont à la fois des lieux deformation et de vie culturelle ouverts sur la cité.

La future réforme territorialepeut-elleremettre encausecetteapproche?La future réforme territoriale est dangereuse à biendes égards ! Les conséquences du volet fiscal de laréforme territoriale et ses répercussions sur les dota-tions régionales vont impacter les investissements etpénaliser tous les secteurs. J’appelle demes vœux unealternance politique en 2012, seule solution pouréchapper à cette réforme et continuer de permettreaux collectivités locales, qui sont au plus près des ter-ritoires et des besoins des citoyens, d’agir au mieuxde leurs intérêts.

« La future réforme territoriale est dangereuse »3 questions à

Uncartablenumériquepourles lycéensdesPaysde laLoire

PHOTOPAYSDE LA LOIRE

L’essor sans précédent du numérique dans l’enseignement a conduit les Pays de laLoire à équiper d’un ordinateur les lycéens et les apprentis socialement défavorisés.Lamesure, actuellement en test, sera généralisée à la rentrée prochaine.

«LECARTABLE

NUMÉRIQUEN’EST PAS UNEOPÉRATIONONE SHOTPOUR UNESEULERENTRÉESCOLAIRE.IL S’AGIT DECONSTRUIREUN DISPOSITIFEFFICACE SURLA DURÉE »

Matthieu Orphelin.Présidentde la commissionéducationetapprentissagede la régionPaysdeLoire.PHOTOPAYSDE LA LOIRE

Par éthique, je rejettela médiatisation de lapetite phrase, et jerejette la dictatured’un pseudo pouvoir

journalistique, souvent d’unniveau abrutissant. »D’entrée de jeu le ton est donné.PierreMorel-A-l’Huissier n’est plusun homme qui fait de la politique– au sens romain du terme – mais« un homme politique ». Un vrai,un dur, un pro. Il veut que cela sesache. De lui, il veut que l’on disequ’il travaille. Il est content d’êtredans le top 20 des députés les plusbûcheurs, si l’on en croit l’étudeannuelle d’un cabinet spécialisédans le domaine des affairespubliques et du lobbying.« Je bouscule ma famille politiqueet le gouvernement ! » Comment ?Une pluie de questions écrites, derapports et de propositions de loisqui, malheureusement n’arriventpas jusque dans l’Hémicycle. Pource membre de la commission deslois, la surproduction législativeest la faute du gouvernement. « Ily a trop de lois, souvent de mau-vaises lois, mal faites ». Le remède ?La coproduction législative, un

concept cher à Jean-FrançoisCoppé, un homme qu’il apprécie.Le patron de l’UMP a d’ailleursbombardé Morel secrétaire natio-nal en charge des services publics.Un domaine que le député deLozère, avocat de professionconnait bien.« Les gens ne perçoivent pas lacomplexité des choses. Il faut chan-ger la France. On demande beau-

coup à Sarko. Qui ferait mieux quelui ? Personne ! Du bout des lèvres,il reconnait que les idées agitéespar le Président, déboussolent unpeu les gens… Sarkozy au plus basdans les enquêtes d’opinion… Ils’insurge contre la dictature dessondages. « Un mal moderne !C’est comme l’horoscope, on s’enfichemais on le lit quandmême. »Pierre Morel-A-l’Huissier a été lerapporteur d’une institution à assise

constitutionnelle : le défenseur desdroits. Une autorité qui fait passerà la trappe la Halde et lemédiateurde la République. Il a voulu quecette autorité soit dotée du champd’intervention le plus large possi-ble. Il a bataillé ferme, contre le PSbien sûr,mais aussi contre le lobbydes ONG. Au final le défenseur desdroits est une autorité gratuite etindépendante pouvant être saisie

par tous. Fier du travail accompliil veut qu’on dise de lui « Morelc’est l’homme des droits ».17 ans durant il fut le collaborateurde Jacques Blanc. « J’ai sué sang eteau durant ces années à la région…Il s’arrête, réfléchit, « heureuse-ment que le suis restémoi-même ».À la question, pour vous qui estJacques Blanc aujourd’hui ? Laréponse tombe comme un coupe-ret : « un sénateur. »

Au petit jeu du redécoupage des cir-conscriptions la Lozère perd unsiège. En 2012 un seul hommereprésentera ce département de78000 habitants. C’est un sujet quifâche ce spécialiste de la ruralité.« C’est une bêtise ! Cela a été faitpour trouver 11 postes de députéspour les Français de l’étranger ». Unfauteuil pour deux. C’est une litotede dire que les deux députés deLozère sont à couteaux tirés. Morelrefuse d’entrer dans la polémique.Sa ligne de conduite est simple.« L’an prochain je me présentequoi qu’il arrive ! et si besoin estje me désiste au profit du candidatde droite qui sera en tête. Ce sontles Lozériens qui doivent déciderpas Paris ! »La Lozère, il la connait comme sapoche. Sans cesse sur les routes deson département. Rien ne luiéchappe. « Un député, aime-t-il àdire, est une sentinelle des terri-toires ». Les Lozériens lui en sontgré. Toujours élu, au premier touravec des scores à faire pâlir d’en-vie, ou de jalousie ses collègues.Le débat sur la laïcité vu deLozère ? « Lancer un débat sur lalaïcité ne me gêne pas. L’UMP est

dans son rôle. La laïcité est un phé-nomène de société. On ne peutêtre plus clair ou plus langue debois. Le terme est au choix. EtMorel de s’en prendre une nou-velle fois à la presse. De dénoncer« les insanités journalières des jour-nalistes. On a une presse orientéeà gauche en France , et elle n’aimepas les élus. » En souriant, il ajoute« Je suis inoxydable. » L’essentiel,c’est d’y croire !

Jean-FrançoisCoulomb des Arts

Focale

PIERRE MOREL-A-L’HUISSIERDÉPUTÉDELOZÈRE

Pierre Morel-A-L’Huissier est un fervent défenseur de la ruralité. Il appartientau collectif « Droite rurale » qui a été reçu la semaine dernière par Nicolas Sarkozy.Avec 55 députés UMP, il milite en faveur d’un « plan Marshall » des campagnes.

La Lozère dans les tripes

3 dates

1989« Je deviens avocatspécialisé en

collectivités locales. »

1998« Ma premièreélection au Conseil

Général dans le canton de Fournelsau premier tour. »

2002« Maire de Fournels,Je suis élu député

de la Lozère au premier tour. »

PHOTO DR

8 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011

«

«ONDEMANDE BEAUCOUPÀ SARKO. QUI FERAITMIEUX

QUE LUI ? PERSONNE ! »

«Quand on veut en finir avecune guerre, on est prêt à sai-

sir toutes les options », expliquesous couvert d’anonymat un expertdes questions militaires et finconnaisseur des rouages de l’État.Dans les opérations multinatio-nales, l’enlisement est non seule-ment un risque mais la règle, toutcomme la brièveté, l’exception.Les soldats de la Finul sont au Libansud depuis 1978, les Américainset leurs alliés sont en Irak depuis2003 et ceux de l’ISAF en Afghanis-tan depuis bientôt dix ans...Et après avoir vainement essayéde balayer la rébellion avant quela communauté internationale nese mobilise, le colonel Kadhafipourrait bien être tenté de jouer lamontre.Adoptée à l’arraché sous l’impul-sion de la France et de la Grande-Bretagne, la résolution 1973 desNations Unies porte en elle lesgermes d’une situation inextrica-ble. Elle n’autorise aucune opéra-

tion terrestre d’envergure contre lesforces du leader libyenmais enjointde « protéger les populationsciviles ».Tant que les violences dureront,les alliés devront poursuivre leursopérations aériennes et « il n’y aaucune raison pour que cela s’ar-rête », souligne un analyste.Alors, quelle planche de salut ? Enpremier lieu, l’espoir d’une implo-sion du régime libyen. Et sur cepoint, Washington et Paris sont àla manœuvre avec la volonté àpeine dissimulée d’en saper les fon-dements.La présidence française encourageouvertement les dirigeants libyens« à faire défection » et à « rejoin-dre » le Conseil national de tran-sition (CNT), brandissant lamenace de poursuites devant laCour pénale internationale (CPI).« La meilleure solution seraitqu’une partie de l’armée de Kadhafise retourne contre lui », observe unanalyste, tandis qu’un autre rap-

pelle la formule de Churchill : « siHitler envahissait l’enfer, je feraisalliance avec le diable », pourensuite contraindre Kadhafi ànégocier son départ.Autre option : armer la rébellion.

« C’est ce que les Américains ou laDGSE (renseignements extérieursfrançais,) ont fait en Afghanistandu temps de l’occupation sovié-tique, le genre de choses que l’onfait sans le dire, mais qui est tou-jours risqué », observe-t-il.D’autant plus que les insurgéslibyens n’ont pour la plupartaucune expériencemilitaire et quedes islamistes pourraient récupérerune partie de lamanne. « Il ne suf-fit pas de donner des armes auxgens pour constituer une armée »,note un troisième expert.

Les forces spéciales ? « À moins dedisposer de Libyensdans leurs rangs,elles seraient visibles comme le nezaumilieu de la figure ». Seuls les ser-vices de renseignements disposentde « gens capables de se fondre dansla population pour conduire desopérations clandestines ».Mais la plupart de ces hypothèsessouffrent d’un grave défaut. Ellessortent totalement des rails de larésolution 1973 qui ne donneaucun mandat aux forces de lacoalition pour faire tomberKadhafi. Joël Genard

NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE 11

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Devant le risque d’enlisement en Libye, les analystes rivalisent d’inventivité sur la meilleurefaçon d’écourter les opérations : armer la rébellion, conduire des actions clandestines,appeler à l’insurrection, fomenter une conspiration... ou tout simplement négocier.

ODDAN

DERS

EN/A

FP

Ce n’est pas« 24 h Chrono »Vous évoquiez dès le débutdu conflit la probabilité d’unstatu quo avec l’hypothèsed’un enlisement. Est-ce ce quise passe aujourd’hui ?Nous sommes dans une phaseétrange où aucune des partiesn’arrive à l’emporter. La rébel-lion a reçu l’appui de l’aviationde la coalition,mais sur le terrain,quand les forces loyalistes sontdélogées par les frappes, la rébel-lion prend position, sans pourautant pouvoir semaintenir. Ellesouffre de sonmanque d’organi-sationmilitaire. Il faut cependantfaire attention à notre société del’impatience. Un conflit de cetype n’est pas écrit par le scéna-riste de « 24 heures Chrono ».

Attention aussi, car les dictateursconnaissent la fragilité des opinionspubliques occidentales.

Les frappes de l’Otan n’ont détruitque 30 % des capacités militairesde Kadhafi…Les frappes françaises des premièresheures, qui ont fait le travail pré-paratoire habituel des Américainset qui consiste à détruire le poten-tiel anti-aérien de l’adversaire, ontpermis de sauver Benghazi. Enrevanche, si 30 à 35 % de l’outilmilitaire de Kadhafi a été détruit,ce qui reste debout est, certesmoinssophistiqué, mais reste très meur-trier. À ce jeu les miliciens de Tri-poli qui viennent de Mauritanie,duMali et du Tchad, qui sont bienpayés et aguerris, ne font pas decadeau aux civils armés qu’ils trou-vent en face d’eux.

Les insurgés accusent l’OTANde bavures. Qu’en est-t-il ?C’est une contradiction de la rébel-lion. Elle demande plus de frappesà l’OTAN, notamment quand il y aune imbrication des forces en pré-sence pour se dégager, mais celaaugmente le risque des frappes «amies » ce qui, hélas, est uneconstante des conflits. Ce fut le casdans la guerre duGolfe, où les Amé-ricains avaient bombardé une posi-tion britannique.

Parmi les rebelles, il y a descombattants islamistes de laguerre d’Irak. Quel est leur poids ?C’est difficile à estimer. Les servicessecrets tentent de le savoir. Entout cas, c’est un élément supplé-mentaire dans la complexité duconflit, quand on pose la ques-tion d’armer les rebelles. Le pre-mier problème est qu’il faut lesformer avec du personnel. Lesecond, c’est l’expérience des Amé-ricains contre les Soviétiques enAfghanistan. Que deviendront cesarmements ? Iront-ils au Sahel ?Ailleurs ? Lesmiliciens pro Kadhafipeuvent, eux aussi récupérer desmissiles sol-air…

Dans votre nouvel essai,« Le complexe de l’autruche »,vous soulignez la difficultéqu’éprouve la France à regarderles situations en face.Qu’en est-il ici ?Je suis plutôt positif. Pour la Libyeou laCôte d’Ivoire, la France prenddes risques calculés. Elle démon-tre son talent à réunir un consen-sus international.

Propos recueillispar Antoine Colonna

Vientdeparaître :«Lecomplexede l’autruche.

Pour en finir avec les défaitesfrançaises ». Éd. Perrin.

L’EXPERTPIERRE SERVENT

DR

10 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011

Expertise

Ceux-là savent que ce soirencore ils vont en découdreà Gennevilliers avec d’autres

jeunes de leur âge dans cette cité,théâtre de rixes de plus en plusfréquentes et violentes. Leur par-cours se résume au chômage, par-fois de petits boulots, mais surtoutun commerce de drogue et d’au-toradios volés. Ces adolescents enperte de repères ont choisi de bâtirleur identité sur leur territoire. Icila frontière existe et pas questionde la franchir, « si l’on est pas dela même bande ! »« Tout peut dégénérer très vite »constate un éducateur de la citédu luth à Gennevilliers. À tel pointqu’un adolescent de 15 ans estmort récemment après un coup decouteau.Mais jusqu’à l’impositiond’un couvre-feu, ce drame n’a pasempêché les jeunes du quartier desCourtilles, à Asnières, et de la citédu Luth, à Gennevilliers, de con-tinuer les provocations, les bataillesrangées, à coups de battes de base-ball, parfois à coups de couteauet de tournevis. « ils viennentchercher la bagarre, parfois à caused’une fille ! On se laisse pas faireet on riposte ! » commente le jeunehomme, fier de ses récentes

descentes dans le quartier voisin.Ici plus personne ne sait pourquoicette haine s’est instaurée : une« querelle de clochers », selon uneexpression dumaire PS d’Asnières,Sébastien Pietrasanta. « Querellede clochers » certes, mais versionbitume, ultra-violente que mêmeles policiers ont dumal à contrôler.

Samy, ce gamin d’Asnières, est sansdoutemort d’avoir habité dumau-vais côté du boulevard qui séparele Luth des Courtilles. Commisespar de très jeunes hommes, pourla plupart mineurs, les violencessont devenues gratuites, au nomdela seule identité du quartier.Cette rivalité s’est installée au fil du

temps et trouve son origine dansle trafic de stupéfiants. Mais ladrogue ne suffit plus à expliquerla violence de ce phénomène deterritoire. « On ne sait pas » où cesaffrontements prennent leur ori-gine, abondeMarwanMohammed,sociologue au CNRS, co-auteur de« Les bandes de jeunes, des blousons

noirs à nos jours ».Si elles ne finissent pas aussi tragi-quement qu’à Asnières-Gennevil-liers, ces bagarres sont devenuesle lot quotidien dans ces banlieuesdifficiles. Les forces de l’ordre enont dénombré 77 en janvier etfévrier, un chiffre stable par rap-port à la même période en 2010,une année qui avait connuune aug-mentationnotable du phénomène.« Quand on parle d’affrontementsde jeunes, comme ceux des Hauts-de-Seine, on parle de groupes de cir-constance, qui ne sont pas struc-turés et non de bandes organisées,avec un leader, comme on a pu envoir aux Etats-Unis », explique unesource policière.Ces jeunes « s’identifient avant toutà un territoire », souligne un autrepolicier, dont le constat est partagépar Marwan Mohammed : « Il y aune identité-territoire très forte ».C’est notamment vrai « en Ile-de-France où l’identité de quartier estsurévaluée ».Pourquoi des jeunes en arriventà s’entre-tuer, sansmême avoir prisconsciencede la gravité de leur geste.Les réponses sont multiples, lessolutions jusqu’à présent peuefficaces. Joël Genard

Quand l’identité se limite au quartierEntre bandes

Marwan Mohammed, sociologue au CNRS. PHOTODR

SYLVIE FEUCHERSECRÉTAIREGÉNÉRALEDUSYNDICATDESCOMMISSAIRESDELAPOLICENATIONALE

Comment peut-on lutterefficacement contre ces violenceset ces phénomènes de bandes ?Pour lutter efficacement contre cephénomène, il faut d’abord êtrecapable de le quantifier et je doutedes chiffres indiqués actuellement.Ce phénomène est sociétal et édu-catif. Il est nécessaire aujourd’huide renforcer le partenariat avec lesélus pour que l’éducation de cesjeunes ne se fasse pas uniquementau travers des cages d’escalier. Cesjeunes créentdesvaleurs communesqui reposentsur legroupe, lavictimi-sation. Ils ne savent pas qu’il existeunailleurs et unautrement commel’und’entre euxm’avait dit un jouret qui était malgré tout resté dansune de ces bandes.Ces bandes ne sont pas assez sui-vies par la police. Dans un commis-sariat, nous avons trop de chosesà traiter au quotidien. Il en est de

même pour la sûreté départemen-tale. Quant à la police judiciaire,elle agit sur les plus gros trafics.Il est clairqu’il yadoncactuellementune « zone grise » qui pose problè-me. Le commissaire de police estfinalement assez démuni comptetenudes problèmes d’effectifs et debudget.

Qu’est-ce qui caractériseune bande ?C’est difficile de répondre, car jecrois que le phénomène n’a pasété suffisamment étudié et analysécomme aux États-Unis. Il faudraitune commission d’enquête par-lementaire pour évaluer cephénomène et le mettre en pers-pective. Il n’existe pas d’étude com-plète. Il est clair cependant que lebusiness d’une bande rapporte plusqued’aller à l’école. Il est àmonavisénorme lorsque l’on sait par exem-

ple qu’un simple guetteur gagne de50 à 100 euros par jour ! Le chiffred’affaires des bandes dépend del’étendue du territoire. Ce sont desbandes très fluctuantes et l’on adu mal à donner des chiffres pourtraduire exactement la réalité.Nous ne sommes pas assez outilléspour cela.À Paris le phénomène est plus intra-muros et concerne des arrondisse-ments comme le 18e, le 19e, le 20e,le 13e, mais moins que dans le 93.Il concerne également les grandesgares parisiennes.

Que proposeriez-vous pours’attaquer efficacementà ce phénomène de bandes ?Il faut utiliser le registre contraven-tionnel lors d’une infraction pourune première consommation destupéfiants. Cela permettrait unsuivi plus efficace et nous pour-

rions ainsi attaquer les délinquantsdirectement au porte-monnaie.Il faut ainsi choisir des voies plusintelligentes et une réponse pénalesystématique pour, par exemple, leport d’armes que constituent descouteaux ! il faut démontrer à cesjeunes qu’ils risquent une contra-vention de 5e classe à 1500 € !

Quel peut être le rôle des maires ?Je crois qu’il est indispensabled’impliquer plus les maires dansl’évaluation du phénomène, ycompris avec les polices munici-pales. Il est urgent de définir devraies politiques locales en colla-boration avec les services de l’État.Actuellement, cela fonctionne tropen intuite-persone Nous devrionsdisposer d’outils qui survivent auxrapports inter-personnels pourquantifier, analyser et agir sur cesphénomènes.

Mieux se coordonner avec les maires4 questions à

DR

Assassinat de sang froid d’un jeune hommeàVillepinte.Meurtres d’adolescents.Règlement de comptes à la porte des villes. La violence des bandes de quartierdevient de plus en plus incontrôlable. Et difficile à expliquer.

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EXPERTISEMazars est un groupe international d’audit et de conseil qui rassemble les compétences de 13 000 professionnels présents dans 61 pays.

Grâce à ses équipes pluridisciplinaires, Mazars accompagne les grandes sociétés internationales et les PME

dans/à toutes les étapes de leur développement : création, gestion, développement, cotation, transmission,

expansion internationale, fusions…

laquelle elle évolue et a toujours eu la volonté de s’impliquer dans le débat d’idées.

C’est dans cet esprit qu’en 2004 Mazars a créé avec L’Hémicycle des rendez-vous privilégiés, réunissant personnalités politiques et dirigeants d’entreprises

juridiques ou encore l’attractivité du territoire.

vous donner rendez-vous dans ces pages pour de prochaines rencontres autour d’invités passionnants.

12 L’HÉMICYCLE NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011

Sciences

La rechercheest undes leviersde la croissance, enquoi ladémarcheduPrésident del’Assembléepeut y contribuer ?La recherche est un des leviers decroissance les plus puissants car ilconcerne l’avenir. Ces dix dernièresannées, la France a perdu un tiersde ses parts de marché, ce quiexplique en partie notre chômagestructurel et la faiblesse de nosexportations. Une des explicationsréside dans nos dépenses enrecherche et développement quirestent trop faibles et diminuentencore. De 1,35% du PIB en 2000,elles sont passées à 1,27% en 2008,soient 24,8 milliards d’euros.Les dépenses allemandes ont enrevanche progressé, atteignant48,8milliards d’euros en 2008, soit1,84 % du PIB. Depuis 2007, lerenforcement de la politiquedes pôles de compétitivité et ledéveloppement du crédit impôtrecherche ont permis de soutenirl’innovation, les dépenses enRecherche et développementmaisnous devons aller plus loin et pla-cer la recherche au cœur de notrestratégie de croissance. Les parle-mentaires doivent en avoir tousconscience et c’est pourquoi jem’emploie à resserrer les relationsentre députés et scientifiques.

Est-ceunemanièrede reconnaîtreque les élusont parfois dumalà se tenir informésdes évolutionsde la recherche?Il s’agit aujourd’hui d’améliorer etde renforcer le dispositif existantparce que le dialogue entre lesdéputés et les scientifiques estdevenu une urgence nationale. Lesdéputés sont informés et se tien-nent informés, notamment par lebiais des auditions qui sont orga-nisées au sein des différentes com-missions ainsi qu’à l’Office parle-mentaire d’évaluation des choixscientifiques et technologiques(OPECST). Ce que je souhaite, enaccord et avec le soutien de Valé-rie Pécresse, ministre de l’Ensei-gnement supérieur et de larecherche, c’est qu’il y ait plus dedébats communs et des échangesplus réguliers, plus fréquents, entrele monde de la science et la repré-sentation nationale.

Deux séancespar an réservéesàdesquestionsoralesposéesaux scientifiques seront-ellessuffisantes?Nous pourrions considérer cettedémarche comme un renforce-ment de ce qui existe déjà. Ce queje constate, c’est que nous assistons

de nos jours à des bouleversementsplanétaires considérables et à desmutations aux conséquencesmul-tiples qui engendrent d’innombra-bles questions : par conséquent,il nous faut être de plus en plusvigilants et de plus en plus exi-geants dans les réponses à y appor-

ter. Cette nouvelle forme de dia-logue que je souhaite mettre enplace entre le monde de la scienceet le monde politique répond àcette exigence stratégique maisaussi à un besoin d’explication etde pédagogie. Je suis convaincuqu’il est du rôle du Parlement

d’apaiser dans la transparence cer-taines craintes et de tenter derépondre aux inquiétudes de nosconcitoyens. Et je suis encore plusconvaincu que, dans notre société,la voix des scientifiques doit êtredavantage prise en compte etentendue.

Commentaller plus loin en termedecoopérationavec l’Officeparlementaire d’évaluationdeschoix scientifiques ettechnologiques (OPECST)?Tout d’abord, je rappellerai que,depuis 2005, un partenariat a étémis en œuvre entre l’OPECST etl’Académie des sciences afin decontribuer justement à l’instaura-tion de ce dialogue : concrètement,chaque année, des jumelages sontconstitués sous forme de « tri-nômes » réunissant pour chacund’entre eux un parlementaire, unacadémicien et un chercheur. Cetteinitiative est concluantemais il faut,à mon sens, aller encore plus loin.C’est pourquoi, en liaison avecClaude Birraux, le président del’OPECST, je souhaite approfondiret élargir ce partenariat avec l’Aca-démie des Sciences en établissant unlien permanent entre des expertsscientifiques, l’OPECST et les com-

missions des Affaires économiques,du Développement durable et del’aménagement du territoire, desAffaires culturelles et de l’éduca-tion, et des Affaires sociales.

Peut-onespérer uneplus grandemobilisationdesdéputés en faveurd’uneaugmentationdesbudgetsde la rechercheet del’enseignement supérieur ?Depuis 2007, l’investissement enfaveur de l’enseignement supérieuret de la recherche est une prioritédu Président de la République. Legouvernement l’a mise en œuvreet les députés se sont mobiliséspour maintenir la priorité faite aubudget de la recherche et de l’en-seignement supérieur, y comprisdans le contexte difficile de la crise.C’est une politique volontaristeque le gouvernement a engagéeenmatière de recherche, d’emploiscientifique et d’enseignementsupérieur afin de renforcer le posi-tionnement de la recherche fran-çaise sur la scène mondiale, d’ac-croître la compétitivité et derépondre efficacement aux défissociétaux duXXIe siècle. Je rappelleque le Parlement y a largementcontribué en votant, déjà en 2006,la loi de programme pour larecherche, traduction législativedu Pacte pour la recherche, et sur-tout, en août 2007, la loi relativeaux libertés et responsabilitésdes universités. Désormais, larecherche s’appuie sur quatrepiliers : des universités puissanteset autonomes, des organismes derecherche performants, le finan-cement de la recherche sur projetset l’innovation. À cette dynamique,s’ajoute l’effort sans précédentconsenti dans le cadre des inves-tissements d’avenir qui consacrentprès de 22 milliards à l’enseigne-ment supérieur et à la recherche.Le gouvernement et le Parlementse sont totalementmobilisés pourl’avenir de nos universités et denotre recherche : de 2007 à 2011,les crédits de lamission interminis-térielle « Recherche et enseigne-ment supérieur » (MIRES) ont pro-gressé de 18,4 %.

Propos recueillispar Joël Genard

Courde rattrapagepourdéputésqui n’ontpas la science infuse

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Bernard Accoyer.«Nosdépensesen recherche restent trop faibles.»

«NOUSDEVONS PLACERLA RECHERCHE AUCŒUR

DENOTRE STRATÉGIEDE CROISSANCE»

Bernard Accoyer a décidé de multiplier les rencontres entre les chercheurs et les députés.Biologie, médecine, physique…, les députés doivent avoir les moyens de mieux s’informer avantde légiférer. Le président de l’Assemblée nationale va organiser des séances de questions oralesposées aux scientifiques dans le cadre de la mission d’information complémentairesur la compétitivité de l’économie française.

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2.0

Sur le Web, le programme du PSfait brouillon

Hostilité et critiques desinternautes de droiteÀ droite, le coût et le réalisme duprojet concentrent les critiques :« Avec le PS, ce sont encore les classesmoyennes qui vont trinquer ! Lesriches ont les moyens de quitter laFrance ou de se payer des conseillersfiscaux pour trouver des niches intéres-santes et mettre leur argent à l’abri »,avance un internaute sur lefigaro.fr.Même tonalité sur 20minutes.froù un internaute écrit : « plus devacances, plus de fonctionnaires, plusde démagogie, plus de promessesintenables, plus de tout et surtoutplus d’impôts pour ceux qui travail-lent tout ça en nous disant que c’estpour la jeunesse, un monde meilleur.À quand l’actualité réaliste ? »Les critiques portent aussi sur lesresponsables politiques qui ontconçu ce projet et qui le portent,au premier rang desquels MartineAubry et Dominique Strauss-Kahn :« Ni DSK ni Aubry ne répondent auxproblèmes qui se posent à la France »,dit un internaute sur le jdd.fr. Leprogramme est jugé comme datéet peu en phase avec les problèmesdu pays en 2011 : « Et hop ! On fait

du neuf avec du vieux. Quelle déma-gogie ! Le coût, on s’en fiche. L’impor-tant c’est de «surtout» démolir cequ’ont fait les précédents. Commentvoulez-vous que la France avance. »(lexpress.fr).

Les internautes de gauchebalancent entre soutienet déceptionÀ gauche, les internautes sontpartagés. Certes, ils saluent l’ar-rivée de ce document et sontsensibles au retour des « emplois-jeunes » : « ces emplois ont été unevéritable aubaine pour toute unegénération, car ils ont créé à la foisdes compétences et des emplois, là oùles entreprises n’auraient pas spon-tanément embauché. » (liberation.fr).

Mais la déception est visible dansnombre de commentaires : « il y aencore du travail ; ce projet manqued’imagination et d’audace. Pas demesure phare comme l’abolition de lapeine de mort en 1981. Pourquoi pas,enfin, le droit de vote aux étrangers ?Et puis, où est l’Europe dans leprojet ? » note un internaute surlemonde.fr.Cette déception porte aussi surl’absence de certaines mesuresprécises et attendues par une par-tie des internautes, au premier rangdesquelles, un retour sur la réformedes retraites. Ainsi, une commenta-trice constate sur le nouvelobs.com :« le parti socialiste avait promis derétablir la retraite à 60 ans etapparemment dans leurs projets pourl’élection de la présidentielle pour2012 il n’en parle pas. est-ce un oubli?Nous sommes des milliers de person-nes à l approche de la retraite à atten-dre ce projet. » Le manque d’ambi-tion écologique est aussi pointédu doigt : « Les mesures concrètesdans le domaine écologique nefrappent pas dans le programmePS. Quelques mots sur la réduc-tion du nombre de centrales. »(lemonde.fr).Au final, c’est un internaute surliberation.fr qui analyse le senti-ment général des internautes de

gauche sur ce programme : « Bof,un catalogue sans plus pour un pro-jet de gestion, qui n’a rien d’enthou-siasmant. Outre qu’il a peu de chancesde s’appliquer dans sa totalité parmanque de sous, je doute qu’il changequoi que ce soit au niveau structurel.On aura donc quelques pansementssociaux, pas plus. Mais quelle estsa vision ? Vers quoi va-t-on ? Quellesociété prépare-t-on pourmes enfants ?On n’a pas grand chose à se mettresous la dent. »

«BOF, UN CATALOGUE SANSPLUS POUR UN PROJET

DE GESTION, QUI N’A RIEND’ENTHOUSIASMANT. »Un internaute sur liberation.fr

Le chiffre

51%des possesseurs detéléphones mobilesfrançais ont un abonnementqui leur permet de surfersur Internet depuis leurtéléphone, signe que lemarché de l’Internet mobilearrive à maturité en France.(Source : Observatoire de l’Internet mobile)

Michel Sapin

La citation

«ON NE PEUT PASPROMETTRE

AUTANT AUJOURD’HUIQU’EN 2002 OUEN 2007.»

LARRYPAGERÉ-INSTILLEL’ESPRITSTART-UPCHEZGOOGLE� À peine revenu aux manettes,le cofondateur de Google décide deremettre en question l’organisationtrès centralisée de Google. Il veutredonner une certaine autonomieaux différentes divisions produitsdu groupe avec lesquelles il souhaiteêtre en prise directe. Une évolutionsimilaireàcellequ’AppleaconnueavecSteve Jobs, lui aussi très impliquédansla création de nouveaux produits.

PAYPAL,FUTURMOYENDEPAIEMENTPRÉFÉRÉDESFRANÇAIS?� Telle est l’ambition affichée parAlexandre Hoffmann, directeurgénéral pour la France de cettedivision du groupe Ebay. Prèsde 20 000 sitesmarchands et4millions de français utilisent cesystème de paiement électronique.Le futur : les réseaux sociaux,maisaussi le téléphonemobile, que Paypalsouhaite transformer enmoyen depaiement et offrir la possibilité auxconsommateurs de faire leurs achatsenmagasin sans passer en caisse.

LACNILEXPLIQUECOMMENTEFFACERSESTRACESSURLEWEB� La CNIL a publié sur son site unguide en deux parties expliquant auxinternautes français les démarches àsuivre pour effacer leurs traces sur lesdifférents sitesWebqu’ils fréquentent.Ce guide est accompagné demodèlesde courriers pour contacter lesresponsables des sites. Il fait enrevanche l’impasse sur les réseauxsociaux, sitesWebou les internauteslaissent la plus grande quantité dedonnées personnelles.

LESTABLETTESARRIVENTAUSSIDANSLESENTREPRISES� Lesardoises sontdepuis lelancementde l’iPadunvéritablesuccès auprèsdugrandpublic.Les entreprises les étudient elles ausside très près et commencent à leurtrouver uneplace.Aideà la relationclient chezNatixis ou remplacementduPCportable comme l’envisagentles laboratoiresRoche. Cette tendanceva segénéraliser aupoint que selonDeloitte, une tablette sur 4 vendueen2011 auraunusageprofessionnel.

MICROSOFTVACONNECTERTOYOTALe géant américain et le numéro 1mondial de l’automobile ont signéun partenariat pour installer uneplateforme informatiqueembarquéesur les prochainsmodèlesde véhiculesde lamarque japonaise. Les logicielspourront suivre la consommationdecarburant et gérer la navigation. Desfonctions de connexion sans fil sontaussi évoquées. Ambition : disposerd’une informatique complète à borddes voitures d’ici 2015.

En bref

Le programmeduParti socialiste a soulevé un intérêt très fortchez les internautes.Mais les réactions publiées sur lesmédiasen ligne sont pour l’instant sans surprise. Seul fait notable, à gauche :il y a plus d’interrogations critiques que d’approbations.

MartineAubry.Un programme pour une Première secrétaire candidate ?

Àgauche, les propos portentbeaucoup sur les questionsde personnes. Cabanel se

penche cette semaine sur la candi-dature de François Hollande et sesatouts :

Cabanel« De nombreux politologues ledonnent gagnant en 2012 pour 5raisons : c’est un homme « libre » :ni premier secrétaire du PS, niprésident du FMI, il a la statured’un homme d’État, il a le profild’un rassembleur, il avait cédé saplace à Ségolène, et a donc unerevanche à prendre, s’il passe lesprimaires, tout lui est possible, ycompris être performant dans undébat face à Sarkozy, et enfin, lesFrançais aiment qu’un candidatque tout le monde avait rangé dansun placard, renaisse de ses cendres,tout comme Chirac en 1995. »> cabanel.7duquebec.com

Sarkofrance,blogueuranti-sarkozyste,s’agace, lui, des hésitations deNico-las Hulot.

Sarkofrance« Nicolas Hulot pourrait aller “seul”à la présidentielle. Pourquoi ?Parce que le calendrier des primairesdécidé le weekend dernier ne luiconvient pas. «Toutes, absolumenttoutes les options sont sur la table»a expliqué son confident Jean-PaulBesset. Ces histoires de primairesont de quoi décourager l’électorat leplus persévérant. Le plus drôle, danscette affaire, c’est que Nicolas Hulotn’est pour l’instant … pascandidat ! Quand on est nouveauen politique, on pense pouvoir fairedifféremment… Des leçons doiventêtre tirées. » Hulot fait son Strauss-Kahn. Attendez-moi ! Attendez-moisemble-t-il nous chanter. »> sarkofrance.wordpress.com

Laurent David Samana, ancienchroniqueur à Causeur et actuelblogueur à La Règle du Jeu, posela question qui fâche à droite.

Laurent David Samana« Un an tout juste avant 2012,l’UMP risque l’implosion ; plusque jamais, le parti des Sarkozy,Copé, Fillon pourrait arriver enordre dispersé à l’électionprésidentielle. D’apparence futile,ces divergences si elles ne sontpas solutionnées pourraient vitedevenir insurmontables. Carà droite, pas de guerre d’égoscomme au PS. Il ne s’agit pasde se trouver un chef mais biende s’accorder sur un projet etdes valeurs. Coincée entre Frontnational et Modem, l’UMP doitsavoir où placer le curseur…Vu d’avril 2011, règne doncun sentiment d’inquiétude mêléde stupéfaction. Qu’il semble loinle temps où Nicolas Sarkozytenait solidement son UMP, latransformait en instrument àdétruire le PS et en impitoyable,irrésistible, machine à gagner.Quel élément peut donc expliquerce délabrement rapide de lamaison présidentielle ? Lançonsune hypothèse… Et si finalementNicolas Sarkozy n’était pas le seulfautif dans cette affaire ? Et si ilfallait voir dans son entourageet parmi ses conseillers la raisondu désamour des Français pourleur Président ? »> laregledujeu.org/samama/

En revanche, Jérôme Grondeux,historien, relativise l’annonce del’échec du Président en 2012,même s’il ne nie pas les difficultésactuelles du gouvernement, dues,selon lui, à un comportement tech-nocratique.

JérômeGrondeux« L’idée selon laquelle chaqueréforme devait être bouclée en sixmois a été désastreuse ; elle aconduit à multiplier les demi-mesures et les réformes troptechnocratiques, et accru lesdéfauts du système. Le problèmeest ancien en France, oùtraditionnellement lescontrepouvoirs sont faibles. Àforce de taxer de “corporatisme”

tous ceux qui sont en désaccord,même partiel, avec les projets quiles concernent, on se prive de leurexpertise propre. Une certainedémagogie renforce ici la dérivetechnocratique du régime. Cettedémagogie est particulièrement

ruineuse auprès de l’électorat dedroite modérée, légaliste et attachéaux institutions. Elle dévoilesurtout l’ampleur de la criseidéologique de la droite française,que les difficultés du partisocialiste avaient fait oublier.D’où l’impression d’une faillite,impression que je persiste à jugerexcessive, mais qui n’est pas unsimple malentendu. Le joueurqu’est Nicolas Sarkozy n’a pasabattu toutes ses cartes, et lacampagne commençant, il vase retrouver sur son terrain.Son impopularité record ne peutmasquer deux vérités : il reste lecandidat incontestable de la droitepour 2012, et aucun candidatdéclaré ne suscite pour l’instant, àgauche ou au centre, un véritableenthousiasme dans le pays. »> jeromegrondeux.blogspot.com

Un ancien officier aujourd’huiexpatrié en Russie à Saint Peters-bourg, nous livre en définitive, le

regard le plus distancié sur cettecampagne qui commence.

Expat« Aujourd’hui alors que l’UMPorganise son colloque sur l’islam etla laïcité, le PS dévoile le détail deson programme pour les échéancesélectorales de 2012. Peut-être peut-on considérer ce jour comme le jourdu lancement officiel de lacampagne pour l’électionprésidentielle ? Officiel car il mesemble que cette campagne a dansles faits été ouverte dès le lendemainde l’élection de Nicolas Sarkozy. Defaçon maladroite et improductivecertes, par le biais de l’insultepermanente et de la critiquesystématique et à bon compte.Mais le fait est de constater que lequinquennat et ce calendrier quifixe les législatives juste après laprésidentielle, donc aux résultatsnormalement sans surprise,focalisent toutes les énergies, mêmenégatives, et ceci très rapidement surla première. Mais peut-être aussique la démocratie sied mieux àd’autres pays que la France ? »> expat-spb.blogspot.com

NUMÉRO 406, MERCREDI 13 AVRIL 2011 L’HÉMICYCLE 15

Déblogage

EIP l’Hémicycle, Sarl au capital de 85 890¤. RCS : Paris 443 984 117.44, rue Blanche - 75009 Paris. Tél. : 01 55 31 94 20. Fax : 01 53 16 24 29. Web : wwww.lhemicycle.com - Twitter : @lhemicycle

GÉRANT-DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONBruno Pelletier ([email protected]). DIRECTEURRobert Namias ([email protected]) RÉDACTEUR EN CHEF JoëlGenard ([email protected]). ÉDITORIALISTESGérard Carreyrou, Michèle Cotta, Bruno Jeudy, Paul Lefèvre, Catherine Nay AGORA Ludovic Vigogne ONT COLLABORÉ À CENUMÉROLudovic Bellanger, Antoine Colonna, Jean-François Coulomb des Arts, Nathalie Segaunes, Manuel Singeot ÉDITIONEdit (Paris) MAQUETTEDavid Dumand DIRECTRICEDELACOMMUNICATIONETDELAPUBLICITÉJuliette Boudre ([email protected]) IMPRESSIONRoto Presse Numéris, 36-40, boulevard Robert-Schumann, 93190 Livry-Gargan.Tél. : 01 49 36 26 70. Fax : 01 49 36 26 89. Parution chaque mercredi [email protected] COMMISSIONPARITAIRE0413C79258 ISSN 1620-6479

Campagneprésidentielle :leWeb-scepticismeChaque

semaine,le tourde Francedes blogspar Manuel Singeot

«HULOT FAIT SON STRAUSS-KAHN. ATTENDEZ-MOI !

ATTENDEZ-MOI SEMBLE-T-ILNOUS CHANTER. »> SARKOFRANCE.WORDPRESS.COM

Unan avant l’échéance, les internautes sont déjà entrés de plain-pied dansla campagne présidentielle. À gauche, l’incertitude provoquée par les futuresprimaires du PS agace plus qu’elle n’enthousiasme. À droite, pour s’en réjouirou s’en inquiéter, de nombreux blogueurs s’interrogent sur la capacité deNicolas Sarkozy à rebondir.

LION

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