La Légion,RAIDS N°26,1988.júli

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LEGN'

La Légion attire. Elle est la foisune énigme et un mythe sanscesse renouvelle. Aussi, lecteursde RAIDS, vous êtes nombreux àvouloir des articles consacrés àcette force d'élite qui, tout aulong de son histoire, n'a cesséd'être au premier rang. Jalousede ses secrets, la Légion estbeaucoup plus qu'un temple dé-dié à la guerre et un refuge pourdes hommes qui ont tourné ledos à leur passé. C'est une fa-mille, dure et exigeante. Mais,tous les légionnaires vous le di-ront, unique et irremplaçable.D'ailleurs, pour les officiers, ser-vir à la Légion est une fierté etlorsqu'ils réintègrent la «Régu-lière », Ils portent haut le boutonde la Légion pour se faire recon-naître des autres Hommes ayantservi au sein de l'Elite.Nous avions déjà évoqué la Lé-gion dans les précédents numé-ros. En Guyane, tout d'abord,avec le 3e RE./, lors de missionsprofondes ou encore pour laprotection des sites de lance-ment de la fusée européenne.Puis ce fut au cœur des Alpesavec les skieurs du 2eR.E.P. Cemois-ci, nous avons choisi deprésenter plusieurs unités de cecorps d'élite, dans le monde eten France où ces soldats profes-sionnels, plus souvent armésd'une pioche que d'un fusil, assu-rent la pérennité du drapeau tri-colore. De la corne de l'Afrique aufer de lance des Forces d'ActionRapide, après un retour au cœurdu Continent noir, suivez avecnous les hommes au Képi blanc.

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VOLONTAIRE EN 1988.Lejour

lisse dans le bureau <adjudant-chef Ordonez.>ans la cour de la caserne la rue Mathieu àBordeaux, quelquesbérables hurlent à lauille. Sur la Garonneroche, un cargo ponction appareillage dulugissement de sa cornee brume ; après la pointee Grave, l'Afrique... Et là,n face du patron du postee recrutement de laégion Etrangère, un jeuneomme de 25 ans.

FEXTE : PIERRE DUFOUR

" Alors ! Vous voulez vous engagerns la Légion ?... Vous avez bien réflé-i ? Ici. les engagements sont de cinq

ans. et c'est long cinq ans. Vous êtesFrançais, vous oourriez essayer deux o- •

i chez les paras... J

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Ci-dessus. Les légionnaires aujourd'hui.Du combat à la tenue de parade (PhotoJ.P. Husson).Page de gauche. Les bérets Verts du 2e R.E.P.défilent après la victoire à Kolwezi en 1978.Ci-contre. Légionnaire-bâtisseur du 5e R.E.i.dans le Pacifique.

ne vous demande rien. Je vous laissejusqu'à demain matin pour prendre vo-tre décision. Après, elle sera irrévocable.En attendant, allez voirie caporal-chef, ilva nous donner un lit et vous faire man-ger. »

Tous âges et tous paysLe lendemain, le chef du P.R.LE. aura

un entretien avec le jeune homme, aucours duquel il lui expliquera sommaire-ment ce qu'est la Légion, brossant un

rapide tableau de ses unités : Infanterie,cavalerie blindée, génie d'assaut, para-chutistes et de ses spécialités : choc etfeu, conduite, sapeurs, administration,musique pour ceux qui sont doués d'uneoreille musicale, administration, « trans »ou maintenance pour les autres. 11 y aune place pour chacun à la Légion ; puis illui tracera une ébauche de carrière', luigarantissant, à de rares exceptions près,un séjour outre-mer dans son premiercontrat de cinq ans. Enfin, il lui parlera deses droits et surtout de ses devoirsavant d'aborder le sujet de sa sécurité etde son anonymat que la Légion garantiten lui fabricant une identité d'emprunt." Je reste. » - « D'accord, on va te donnerun nom et faire les papiers. Tu t'appelle-

ras Paul Delmas, et tu es né à Monaco en19... Signe ici. Tu rejoindras Aubagneavec le prochain détachement. »

Voici le schéma classique d'un enga-gement à la Légion Etrangère. Le plusdur reste à faire. Au bout de trois ouquatrejours, le candidat à l'engagementest dirigé sur la section des engagésvolontaires au Quartier Viénot, à Auba-gne, où il retrouve des hommes de tousâges et de toutes nationalités, venantdes quatre coins de l'Hexagone. Tousensemble, ils vont subir une série detests médicaux et psychotechniquesagrémentés d'entretiens avec des spé-cialistes et des médecins qui détermine-ront le profil du jeune engagé volontaire.

Sévère écrémogePlus de 130 nationalités sont repré-

sentées dans les dossiers du Bureau desPersonnels de la Légion Etrangère. Qua-tre mille candidats défilent chaque an-née dans les couloirs du B.P.L.E., à l'in-firmerie ou au centre de sélection-orientation. Moins du cinquième rejointCastelnaudary où les attend encore unsévère écrémage avant d'être enfin af-fectés dans un régiment pour commen-cer leur vie de légionnaire.

La légion.

gardienne de latradition militaire

françaisePlus que jamais, dans cette fin de siè-

cle marquée par un boulversement decivilisation, la Légion demeure terre d'a-sile et gardienne de la tradition militairefrançaise. Non, « Legio Patria Nostra»n'est pas un vain mot Depuis plus decent cinquante ans, elle est un refuge,suprême espoir d'une douloureuse ré-demption. Alsaciens-Lorrains de 1870,Russes blancs de 1920, Républicains es-pagnols de 1839, Allemands, Slaves etMagyars de 1945, Portugais des années70, tous en témoignent par l'honneur dusacrifice. Aujourd'hui, si les motifs sem-blent moins nobles ou moins romanti-ques, si l'on ne s'engage plus « pour voirdu pays », si Mac-Orlan ou « Beau Geste »sont tombés en désuétude, il n'en de-meure pas moins que la Légion attiredes candidats de plus en plus nombreux,tout en précisant qu'elle ne fut jamais lerefuge de criminels endurcis ou d'asso-ciaux pervertis. Avec la fin de l'Empire etde l'Armée d'Afrique, le rêve est passé. Ila fait place à la crise économique, auchômage et aux mutations socio-profes-sionnelles, laissant pour compte touteune population mal préparée à ces chan-gements. Voilà l'essentiel du recrute-ment de la Légion des années 80 : chô-meurs en fin de droits, nouveaux pauvreset parias d'une société qui n'a plus lesmoyens de ses ambitions.

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La « Renaissancelégionnaire »

Plus jeunes (25 ans en moyenne) queleurs aînés des années 45-60, plus culti-vés, posant sur le monde qui les entoureun regard critique, ce qui les attire à laLégion, ce sont: la sécurité du lende-main, le moyen de se refaire une « san-té ». la possibilité d'apprendre un métierou celle de faire carrière. Plus rares sontles baroudeurs : on les trouve surtoutdans le recrutement anglo-saxon. LesFrancophones, battant le plus souventpavillon de complaisance (Belge, Moné-gasque, Canadien...) représentent l'élé-ment dominante du recrutement, maisl'apport germanique demeure importantet maintient une certaine raideur dans lestyle légionnaire. Polonais et Yougos-

Rigueur desAllemands etsouplesse des

Latinslaves symbolisent les pays de Kest etsuccèdent aux Hongrois de 1956. Legroupe des Latins est formé des Espa-gnols, des Portugais, et, à un degrémoindre, des Italiens. Mais pour ces der-niers, il est curieux de noter qu'ils four-nissaient il y a quelque peu, la majoritédes officiers à titre étranger de la Lé-gporv. Enfin, incontournables, les Anglo-

8 Saxons, regrettent peut-être le temps

où l'Union Jack voisinait avec le drapeaude la République.

Rigueur des Allemands, souplesse desLatins, intuition des Slaves, originalitéanglo-saxonne, tous ces concepts vontse fondre dans le creuset du 4e Régi-ment Etranger, l'école de la Légion. ACastelnaudary, l'apprenti-légionnaire dé-couvre le dernier-né des quartiers mili-taires français. C'est ici qu'il abandonne-ra la défroque du « vieil homme » pour sa«renaissance légionnaire». Cette muene se fera pas sans douleur ; plusieursfacteurs rentrent enjeu : tout d'abord labarrière linguistique (à part quelquescours, le Français s'apprend sur le tas),une forme physique généralement mé-diocre évaluée par des tests médico-sportifs ( 1 ), auxquelles s'ajoutent le plussouvent un caractère friable et le désar-roi d'une transposition sociale. En contre-partie, une constitution saine et robuste,un environnement favorable, la vie encommunauté et le stimuli professionnelconstituent autant d'atouts dans le jeude l'engagé volontaire.

Dégauchir le matériau brutCette première période de 14 se-

maines d'instruction conditionne pourtoujours la vie du légionnaire. C'était vraià Sidi-Bel-Abbès et à Saïda, ce l'est en-core à Aubagne et à Castelnaudary. Dèsle début, les cadres de la section vontdégauchir le matériau brut et s'attacherà rendre sa fierté physique à l'individu.

Ci-dessus. Section du 2e R.E.l. dans la région deSalal-Moussoro au Tchad en 1987.Ci-contre. Illustrant la tradition de la Légion, celégionnaire au « présentez-armes » devant lecélèbre monument aux morts de la Légion àAubagne.

Au cours des semaines suivantes, l'en-gagé volontaire va découvrir la vie mili-taire, l'école du soldat et les gestes pro-fessionnels de base. Au gré des séjoursdans des fermes (2), lors des exerciceset des manœuvres régimentaires, lejeune légionnaire apprend le goût de l'ef-fort et son métier, puis il découvre l'ar-mement et les matériels plus sophisti-qués.

L'instruction est ponctuée d'une séried'événements qui marquent lejeune en-gagé volontaire : La « prise en main » dudébut, le premier 8000 TAP, le premierparcours du combattant, la découvertedu terrain et des exercices, la marche dufanion au bout de laquelle a lieu la remisedu képi blanc qui intronise le légionnaire,le premier Camerone et pour terminer,le raid de synthèse qui précède l'affecta-tion dans un régiment, selon les goûts,mais surtout les aptitudes du légion-naire.

Bientôt, il franchira les portes duQuartier Capitaine Danjou, fier de sonsavoir tout neuf qu'il brûle d'envie demettre en pratique.

(1) Tests de Cooper. indice de Ruffier - Dicksonpremière partie des tests T.A.P.(2) LE 4e RE. possède plusieurs fermes aux alen-tours de Castelnaudary.

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V

En face, Aden et le Yémenoù depuis longtemps, lelion britannique a cessé derugir. Par haut-parleurinterposé, le muezzinappelle à la prière. Petit àpetit, de la place Ménélikau Plateau du Serpent, laville s'anime. Tandis que lesAscaris essaient de mettreun peu d'ordre au départdelà « Rafale », leTranséthiopien, lesderniers permissionnairesde la 13e D.B.L.E. se hâtentvers le quartier Général-Monclar à Gabode.

TEXTE PIERRE DUFOURPHOTOS S.I.H.LE.

Depuis une quinzaine d'année, le vieuxcamp a bien changé. Certes, il restetoujours une ou deux baraques en bois,vestiges de l'occupation italienne. Maispar ailleurs, que de progrès : bâtiments

12 cadres, logements troupe modernes,

LAI 3e D.B.L.E. VEILLEA BAB-EL-MANDEB

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ff

Page de gauche, ci-contre. Dans un univers deroches volcaniques, une section de légionnairesveille et protège l'intégralité du territoirenational djiboutien.En bas. Présentation en tenue camouflée etgants blancs du drapeau de la 13e D.B.LE.Ci-dessus. Légionnaire de la « 13 », lors d'unemarche au bord de la Mer Rouge.Ci-contre. Paysage sans fin dans le centre dupays.Au centre. Véhicules de la 13e, Jeep et V.L.RA.,sur les pistes « typiques » de Djibouti.En bas. Embusqué sous les «kékés », un A.M.L.de 90 de la Demi-Brigade.

spacieux et climatisés, foyer et salle àmanger agréables, et des installationssportives à rendre jalouses beaucoup depetites communes en France. Le claironsonne aux couleurs ; d'un côté le drapeaudjiboutien, de l'autre le pavillon françaiset la flamme Légion. La journée des

La flamme légionflotte sur Djiboutilégionnaires de la 13 commence : sportpour la majorité, tâches urgentes pourles autres...

Manœuvre grandeur na-ture

Prête à toutes les éventualités, la 13e

D.B.LE. remplit plusieurs missions enRépublique de Djibouti, la première d'en-tre-elles étant de dissuader les turbu-lents voisins de la jeune république des'occuper de trop près de ses affaires.Avec pour corollaire, la sauvegarde desintérêts français et une assistance tech-nique et humanitaire auprès des popula-tions de l'intérieur. Formée de légion-naires aguerris, professionnels de com-bat, la 13e D.B.LE., pour des raisonsbudgétaires que l'on devine aisémentforme elle-même ses cadres et ses spé-cialistes, tout en leur dispensant uneinstruction adaptée au contexte territo-rial. Grâce à ses installations techniquesde Gabode, son centre d'entraînementcommande d'Arta-Plage, ses différentschamps de tir et surtout les espacesdésertiques qui permettent la manoeu-vre en grandeur nature, la « 13 » main-

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tient une condition opérationnelle opti-mum. Son bureau opérations-instruction,tout au long de l'année organise desstages et délivre des certificats mili-taires ou techniques élémentaires et dupremier degré.

Pelotons de caporaux et de sous-officiersformés à la dure école du désert, stagesMilan, mortiers de 81 ou de 120, pilotesd'AML ou tireur canon de 90, stage ti-reur d'élite, formation de pilotes de Zo-diac et de nageurs de reconnaissancepour la section « crabe » de la 3e Compa-gnie, séjours à Arta-Plage pour les uni-tés, constituent l'essentiel de l'instruc-tion combattante. Au sein de son unité,le légionnaire continuera à s'instruiredans un cadre tactique et collectif : ca-mouflage, maintien de l'ordre, combaten zone urbaine, mise en œuvre des ma-tériels et armement, combat et surviedans le désert, opérations amphibies...

Conformément à sa mission d'assis-tance technique, la 13e D.B.L.E. accueillele plus souvent possible des Djiboutiensde l'armée nationale et il n'est pas rarede voir des bînomes formés d'un légion-naire et d'un Djiboutien. Très désireuxd'apprendre et de se montrer à la hau-teur de leurs compagnons d'armes, cesderniers « mettent le paquet » et obtien-nent de bons résultats.

Régulièrement, au cours d'exercices

ou de manœuvres à l'échelon territorial,la « 13 "teste son potentiel opérationnel.Shiddaï, Odsamaï, Naja, autant de « cam-pagnes victorieuses » pour la Demi-Bri-gade. Si certains de ces exercices pré-sentent un caractère interarmes ouinterarmées, d'autres plus réduitsdemeurent à usage et n'engagent que

Pour être à lahauteur, lesDjiboutiens

mettent le paquetles moyens de la Demi-Brigade. C'estsans conteste ceux que préfère le lé-gionnaire. Il y a le défi aux copains, l'hon-neur du fanion ou, comme c'était le caslors de la visite du général Roué, com-mandant la Légion étrangère, le besoinde se dépasser. A cette occasion, la 13e

D.B.LE. lui présentait un exercice bapti-sé Galgalo. Opération amphibie, Galgaloa regroupé les moyens de la 3e Compa-gnie renforcée d'un peloton de l'Esca-dron de reconnaissance. Largage en merdes nageurs de reconnaissance, beachingdes Zodiac sur la plage de l'oued Qiqule,organisation d'une tête de plage, infil-tration et attaque d'un poste de surveil-lance, débarquement des blindés suivid'un héliportage de l'infanterie sur les

hauteurs d'AliFaden, tout y est passé, enfait la parfaite restitution de techniquesmille fois répétées.

Des « plages blanches »Comme pour les autres régiments

outre-mer la dualité socio-militaire estprésente dans beaucoup d'activités. C'est

14

LA 13eD.B.L.E. DENARVIK A DJIBOUTI

Actuellement stationnée en Républi-que de Djibouti, la 13e Demi-Brigade deLégion Etrangère constitue le fer de lancedes forces armées préposrtionnées sur leterritoire. Vingt-six ans de présence sur laCorne de l'Afrique lui ont donné une expé-rience inégalée.

La situation de Djibouti, à la conjonctionde la Mer Rouge et de l'Océan Indien, faceà Aden et à mi-chemin de Suez et du GolfePersique lui confère une importance stra-tégique certaine. Le pays compte 350000habitante dont 50000 réfugiés d'Erythréeet de l'Ogaden. Répartie en quatre eth-nies principales (Afars, Issas, Arabes. In-diens), la population est essentiellementregroupée dans la capitale (200 000 habi-tants,} le reste se répartissent entre lesgros bourgs de la côte ou de l'intérieur etles nomades. Entièrement dépendantede la France pour son économie, la Répu-blique de Djibouti constitue à ce jour unenjeu vital pour l'Occident. Lorsqu'en 1962la 13e D.B.LE. s'implante à Djibouti, lasituation est loin d'être aussi explosive. LaCôte française des Somalis somnole dansle souvenir d'Henry de Monfreid et le Né-gus, fort de l'apathie de ses sujets couleune vieillesse aussi paisible que despoti-que.

La 13e D.B.LE. est née de l'idée franco-anglaise de couper la Route du Fer enNorvège. Constituée à partir dés batail-lons du Maroc et de personnels de Sidi-Bei-Abbès, elle est officiellement créée le27 février 1940 sous le commandementdu lieutenant-colonel Magrin-Vernerey etintégrée à la 1ere Division Légère de Mon-tagne du général Béthouart. Avec lesChasseurs Alpins, elle obtient, à Bjerviketà Narvik. les seuls succès français de cette

triste année 1940. Rapatriée sur l'Angle-terre, elle se scinde en deux groupes, l'unretournant à Casablanca, l'autre restantà Plymouth, Le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey prenant le pseudonyme deMonclar se rallie alors au général deGaulle avec la fraction restée dans l'île. Le10 octobre 1940 marque le début d'unpériple qui étonnera les soldats tes pluschevronnés : Dakar, le Cameroun, le Ga-bon, puis après avoir contourné le cap deBonne-Espérance. l'Erythrée et les pre-

miers succès : prises de Cheren et Mas-saouah. 1942, l'année de Bir-Hakeim,mais aussi EI-Himeimat et la mort du lieu-tenant-colonel Amilakvari. De 1943 à1945, la 13e D.B.LE. s'illustre en Italie eten France.

Le 8 mai 1945 la trouve dans le massifde l'Airthion, Sans même souffler, l'Unitéréorganisée, augmentée par les enrôle-ments de la fin de la guerre, prend, début1946, le chemin de l'Extrême-Orient. Ceseront neuf années d'une guerre impi-toyable où la « 13 » déplorera plus de2500 tués et disparus. Parmi eux/les lieu-

tenants-colonel Brunet de Sairigné, vic-time d'une embuscade à Dalat en 1948,et lieutenant-colonel Gaucher tombé àDien-Blen-Phu. en même temps qu'étaientanéantis les 1er et 3e Bataillon de la 13e

D.B.LEDès son retour du TonWn, la Demt-Bri-gade est engagée dans les opérations enAlgérie. Comme les autes unités de l'Ar-mée d'Afrique, elle subira la cruelle « dé-chirure » d'une ère nouvelle.

Le 15 octobre 1962. ta 13e D.B.LE. dé-barque à Djibouti ; sa dernière unité arri-vera le 3 novembre, A partir de cettedate, son implantation évoluera de la ma-nière suivante : E.M. et C.C.A.S. à Gabode.dans la banlieue de Djibouti ; 1ere Compa-gnie à Oueah, où lui succédera l'escadronde reconnaissance créé en 1968, puis Di-khil : 2e Compagnie à Obock, puis Arta,avant d'être dissoute en 1969 et de re-naître en 1973 sous la forme d'une com-pagnie de travaux ; 3e Compagnie à Ali-Sabieh; 4e Compagnie à Holl-HolI. Aucours des vingt-six années passés à Dji-bouti, la 13e D.B.LE. a vécu plusieurs mu-tations qui en ont fait routil performantqu'elle est aujourd'hui. Les jeunes légion-naires ont connu les missions opération-nelles et l'épreuve du feu, notammentlors de la prise d'otages en 1976 à Loya-da.

Actuellement, la 13e D.B.LE. comprendun état-major, une C.C.A.S., une compa-gnie de travaux, un escadron de recon-naissance, une compagnie de combat po-lyvalente et une unité tournante du 2e

R.E.P. qui renforce cette grande unité in-terarmes. Hormis l'escadron à Oueah, lacompagnie du 2e R.EP. à Arta, et te centred'entraînement commando d'Arta-Plage.tous les moyens de la 13e D.B.LE. sontconcentrés au quartier Général-Monclar,à Gabode. D

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ainsi que les différentes unités de la« 1 3 » effectuent de nombreuses tour-nées dans l'intérieur du pays ou auxfrontières, tant pour seconder l'A.N.0.dans sa tâche, que pour accoutumer lelégionnaire aux conditions de combat enzone aride. Programmées de longuedate, ces nomadisations permettent de

mieux connaître le pays et ses habitants.Elles sont également matière -à descontrôles opérationnels laissés à la dili-gence des commandants d'unités : enjargon militaire, ce sont des «plagesblanches ».Hormis des manœuvres ou des liaisonssur Holl-Holl, Dikhil et Ali-Sabieh, la ma-

Page de gauche, en bas. Légionnaires de la 13e

Demi-Brigade en Libye (1942).Au centre. Poste MILAN de la compagnieantichars.Ci-dessus. Tir au mortier de 120 mm au champde tir Myriam.Ci-contre. Opération hélicoptère à partir dePuma.Ci-dessous. La « bête de somme » de l'Arméefrançaise en Afrique, le V.L.RA,jorité des activités se déroule dans lenord, de l'autre côté du golfe de Tadjou-rah jusqu'à hauteur de Bab-El-Mandeb.

C'est ainsi qu'en suivant la 3e Compa-gnie, après avoir «beaché» d'un bâti-ment de la Royale, vous traverserez Tad-jourah, harcelés par les « naïas » et lesenfants, toujours heureux de pratiquerun fructueux négoce avec les légion-naires. Puis, ayant surmonté crevaisons,vapor-lock et autres avatars sur lespistes de l'arrière-pays. un Transall vousattendra pour un poser d'assaut sur unterrain sommaire du côté d'Herkale oùvous passerez la nuit dans l'attente d'uncoup de force du Commando Jaubert...Soudain, surgissant à la crête des va-gues, les Puma enlèveront les groupesdans une manœuvre maintes fois effec-tuée pour aller réduire des résistances à20 minutes de vol tactique. Le lende-main, les sections à nouveau motoriséespoursuivront leur périple entre Dora,Randa et Ambabo.

« Croisière » enAML dans l'anciensultanat d'ObockDans le même ordre d'idée. l'Escadron

de reconnaissance peut vous proposerune « croisière A.M.L » dans l'ancien sul-tanat d'Obock. Après une randonnéed'une dizaine de jours le long de la fron-tière éthiopiennejusqu'au poste de Kho-r-Angar, réputé pour ses sources sau-mâtres, vous découvrirez Assa-Gayla.Dadaetto. Ali-Dada... Dans ce genre d'ex-cursion, il n'y a pas de temps morts : 15

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Ci-contre, Tenir sans esprit de recul prendpleinement sa signification pour ce légionnaireembusqué dans les rochers.

exercices tactiques, topographie, orga-nisation du terrain et pour se rafraîchir,entraînement nautique dans les criquescoralliennes du Ras-Bir, le tout se dérou-lant sous un « soleil de Satan ». L'aidehumanitaire est également pratiquée àgrande échelle. Ce fut notamment le casfin 1985 lors de l'Opération « Biofbrce ».Quatorze équipes médicales soutenuespar l'A.L.A.T. et TA.N.D. ont mené à biencette mission. Parmi elles, celle de la 13e

D.B.L.E. A partir d'une base aérienneavancée à Assaguela, les médecins de la«13» ont pu vacciner et porter des soinsdans le nord-ouest du territoire, à lafrontière éthiopienne, dans des zonesjusqu'alors inaccessibles à toute médica-lisation.

De véritables expéditionsMettant en œuvre des moyens du gé-

nie importants, la 2e Compagnie de tra-vaux, aux ordres du COMSUP pour em-ploi, participe pleinement à l'assistancetechnique et ses réalisations sont una-nimement appréciées. On peut citer leterrain de sport de Dikhil, l'entretien desbâtiments, ses missions opérationnellesou l'ouverture des pistes, particulière-ment celle qui mène au Day. De mon

séjour à Holl-Holl, au temps des tournéeschameaux (irascibles bestioles !), j'avaisgardé le souvenir de véritables expédi-tions débutant dès les premiers contre-forts du massif, à partir de Randa, sousle regard ironique des Pachas blancs (1 )qui ne dédaignaient pas de vous lancerdes cailloux (2)

On le voit la 13e D.B.LE. n'a guère letemps de s'adonner au "farniente».Pourtant par la diversité des activités,leur intensité et leur rythme soutenu,passer à la « 13 » est un des séjours

outre-mer préféré des légionnaires. D'ail-leurs ceux-ci sont toujours volontairespour y retourner. Certes, le climat estpénible et rude est la vie en opération,mais dans cette Corne de l'Afrique enproie à l'agitation et à la déstabilisation,le parfum de l'aventure est toujours pré-sent. D{1 ) Cynocéphales(2) Grâce à la 2e Compagnie la piste est devenuepraticable. Elle a nécessité plus de 676 kg d'explo-sifs, 1940 m de cordeau détonant, 24 détonateursélectriques. 500 kg de ciment et ZOO m de fer àbéton...

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MISSION AU TCHADLE 6e R.E.G., UN RÉGIMENT DELÉGION PAS COMME LES AUTRES« Depuis son arrivée auTchad le 2 novembre 1987,dans le cadre del'opération « Epervier », aparticipé comme adjoint auchef de section à toutes lesmissions de déminagedans le secteur de Faya-Largeau avec une totaledisponibilité et une rigueuropérationnelle exemplaire.Le 14 janvier 1988, lorsd'une mission d'ouverturesur l'itinéraire Kirdimibedo,a été tué par l'explosiond'une mine antichar aupassage de son véhicule... ».

TEXTE : PIERRE DUFOURPHOTOS : 6e R.E.G.

Ce texte de la citation à l'ordre del'armée attribuée au sergent-chef StevoPanic, premier mort du 6e RégimentEtranger du Génie en mission opéra-tionnelle extérieure, est connu de tousles légionnaires à Laudun. Il symbolise àmerveille ce besoin de servir qui caracté-

La pourne pasl'humilité

rise légionnaires et sapeurs. Pourtant,nulle vanité dans le propos du capitainequi nous reçoit, un sentiment de recon-naissance teinté de l'amertume de ladisparition du camarade. Ici, on sent la

Ci-dessus. L'une des équipes de déminage du 6e

R.E.G. autour de Faya-Largeau.

mécanique bien huilée, la discrétion pourne pas dire l'humilité de professionnelssûrs de leur fait, au sommet de leur artpourrait-on dire.

L' « outil » au pointTrop jeune de quelque mois pour par-

ticiper à l'Opération Manta en 1983 leRégiment, depuis lors, a largement eul'occasion de se rattraper et d'atteindresa plénitude. Désormais. l'« outil • est aupoint prouvant, sortie après sortie, satotale disponibilité et ses capacrtés opé-rationnelles. Sous les ordres du colonelMartial, il regroupe actuellement deuxcompagnies de services et d'appui aux-quelles s'ajoutent trois compagnies decombat Avant de nous parler des mis-sions du Régiment en Outre-Mer notre 17

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hôte, qui exerce également d'importantesfonctions opérationnelles, évoque les dif-férents aspects et les particularités deces unités. Il tient à préciser que dans laconfiguration des missions du régiment,la spécificité (amphibie-action profondesur les arrières de l'ennemi-troisièmedimension), qui a cours au 2e R.E.I. et au2e R.E.P., a été abandonnée au profitd'une polyvalence qui donne son identitépropre au régiment.

Le 6e R.E.G., unité de tête à la 6e D.L.B.,est, comme toute la F.A.R. à même d'in-tervenir dans le cadre du CENTAG, comme

dans celui des opérations extérieures.Selon le cas, son intervention prendraune forme différente : génie d'assaut etbâtisseur sur le théâtre d'opérationsCentre-Europe (appui direct au combatet organisation du terrain) : aménage-ment de positions militaires, améliora-tion de l'infrastructure, aide aux popula-tions lors des missions outre-mer ( 1 ).

Dès sa création, en 1984, le 6e R.E.G. a(1) Ainsi les compagnies tournantes effectuent denombreux séjours en Guyane et assurent soientdes missions profondes, la surveillance sur le Ma-roni ou encore la protection des camps des réfu-giés de l'Acarouany.

18

HAUTE TECHNICITELe 6e R.E.G. est organisé en trois com-

pagnies de combat et deux compagniesde services et d'appui. Les compagnies decombat mécanisées, équipées de VAB/Génie sont articulées en sections à deuxgroupes entraînent les légionnaires auminage et déminage, à la mise en œuvredes explosifs ainsi qu'au franchissementdes coupures, sèches ou humides verti-cales ou horizontales. Les sections met-tent aussi en œuvre des lance-flammesdans les missions d'appui direct au com-bat (réductions de points forts, destruc-tions de dispositifs ennemis ou combat enzone urbaine).

Agissant dans le cadre interarmes, lescompagnies d'appui se composent detrois sections : obstacles, équipement etfranchissement. Elle est dotée de maté-riels presque tous aérotranspprtables, al-lant des enfouisseurs et distributeurs demines (4 à 500 par heure), aux Moyens deForage Rapide et Destruction (M.F.R.D)...un forage de 6 mètres en 10 minutes, enpassant par les Moyens Polyvalents duGénie (M.P.G.), les pelles de l'avant ou lesexcavateurs de tranchées (un AMX10 RCest enfoui selon le terrain, en 20 ou 30minutes;. Tout aussi spectaculaires sontles Moyens Légers de Franchissement

(M.L.F) qui permettent un franchissementcontinu, à moins que les portières nesoient utilisées en embarcation d'assautpour une tête de pont conquise de viveforce.

La C.C.S. n'est pas une compagnie deservices comme les autres ; ses caracté-ristiques méritant d'être mentionnées.Elle comporte notamment trois Détache-ments de Liaison et de Reconnaissancedu Génie (D.L.R.G.) recrutées parmi lesspécialistes confirmés du génie d'assaut.Opérationnels en moins de deux heures.ces détachements accompagnent les es-cadrons C.L.B. de tête. Disposant de mo-yens « trans » puissants, ils sont en me-sure de reconnaître la zone de manœuvreet de rendre compte instantanément deleurs observations. Ce fut particulière-ment le cas lors du récent « Moineau Har-di». Enfin, nous ne saurions oublier legroupe S.A.F./T.S.I.O. (Spécialistes d'Aideau Franchissement/Travaux Subaquati-ques et Interventions Offensives). Com-parables en certains points, par leur en-traînement et leur haut degré de techni-cité, aux C.R.A.P.S., ils sont en mesured'aider et de particper au franchisse-ment, d'assurer des reconnaissances enmilieu subaquatique et, doux euphé-misme, d'exécuter des travaux spéciali-sés en intervention offensive. D

effectué des missions en Afrique, dans ladroite ligne de la tradition légionnaire.Effectuant ses premières armes dans lecadre du Détachement Interarmes deBouar. en République Centrafricaine, leRégiment a participé à la remise en étatde l'infrastructure (pistes, ponts,bâtiments...).

Concrétisationopérationnelle

Mais à tout ceci, il manquait l'épreuveopérationnelle. Depuis l'opération» Eper-vier ». et plus encore les offensives suc-cessives du président Hissène Habrécontre les Libyens, c'est désormais chosefaite. Plus encore que pour le 2e R.E.P. oule 2e R.E.I., vigiles attentifs, mais passifsd'une situation conflictuelle donnée, le 6e

R.E.G., comme le 17e R.G.P., au Liban,s'est investi entièrement à Faya-Lar-geau, payant cette consécration opéra-tionnelle du lourd tribut du sacrifice." Plusieurs cas de ligure dans notre mis-sion au Tchad, nous déclare le capitainePradeyrol : appui à la mobilité, organisa-

Opération« depollution »autour de Faya

tion du terrain, (la piste d'aviation étantdu domaine réservé du Génie de l'Air) etbien entendu, l'amélioration de l'infras-tructure, dont la plus belle réussite est laremise en état du bord de Moussera »Puis il évoque les opérations de démi-nage et de «dépollution» (2) dans lazone de Faya-Largeau, et l'ouverture del'axe routier Faya-Largeau - Bedo, plusau nord, en souvenir des camaradestombés dans l'accomplissement de leurdevoir.

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Page de gauche. Marquage d'une sente sur unchamp de mines posé par les Libyens. Enencadré, le poignard et le courage sont toujoursles seuls moyens de déminage.Ci-dessus. Explosion d'un obus piégé à

proximité de Paya.Ci-contre. L 'un des T-SS soviétiques dedéminage récupéré par les légionnaires.Ci-dessous. Légionnaire examinant une bombelibyenne de 250 kg non explosée.

« Cette mission est la conséquence inat-tendue du succès foudroyant d'HissèneHabré. On voit bien que les Libyens ontabandonné un énorme matériel •. profu-sion d'armement léger, mais aussi despièces d'artillerie de gros calibre ; desvéhicules blindés et chenilles, des di-zaines de chars, dont un superbe T-SSKMT-5 (version déminage) que nousnous sommes empressés, vous connais-sez les possibilités infinies des légion-naires, de remettre en état. Grâce à sesfléaux disposés à l'avant, il nous a étébien utile pour le déminage surtout en-tre les mains de certains à qui il étaitmanifestement familier...

Totale remise en causeLorsque les Libyens se sont enfuis, ceux-ci n'ont pas eu le temps de piéger lesbouchons de mines ou les stocks d'obuset de bombes. Ce n'est pas Bir-Hakeim

Pas le temps depiéger les « colis »

ou EI-Alamein. mais tout autour de Faya-Largeau, nous avons relevé plusieurs mil-liers de « colis ". Cela va de la grenadeordinaire à la bombe d'avion de 500kg,en passant par des obus de 122 mm etdes mines yougoslaves, belges, ita-liennes... ». Lorsque l'on fait le bilan, en-tre le matériel, les véhicules, l'arme-ment, les mines et munitions, on se rendcompte que le commandement libyentenait absolument à Faya-Largeau etl'on mesure l'étendue du désastre : il yavait tout autour de quoi équiper unegrosse brigade interarmes}« Quant à la méthode de déminage, re-prend le capitaine, des plus sommaires...Comme moyens, la pelle U.S., la baïon-nette et... la brosse de tapissier. Dans cecapharnaùm, l'appareil de détection nesert pas à grand chose. On y va avec lestripes et beaucoup de confiance en soi.Pour ça, il faut être professionnel jus-qu'au bout des ongles. Lorsqu'on la sentau bout du poignard, lorsqu'on la caresseavec la brosse et qu 'on l'injurie, c 'est unetotale remise en cause de soi-même. Ace moment, il ne reste que l'essentiel : lelégionnaire. » (3)

Pour la majorité des Bérets Verts du6e R.E.G. c'était le baptême de la peur ;grâce à l'entraînement et aux techni-ques acquises, l'épreuve a été surmon-tée, la mémoire du sergent-chef StevoPanic faisant le reste : « Hier matin, sescamarades de l'unité qu'il commandaitn 'ont pas pu capter le message du colo-nel Martial, chef de corps, car là-bas.dans les zones bourrées de pièges, ilscontinuent à déminer. » (4)

(2) Par « dépollution », // faut entendre I enlève-ment des épaves, neutralisation de tout engin ex-plosif et munition ainsi que l'évacuation des maté-riels ennemis aux fins d'étude, ainsi que tedésobusage.(3)La 1re Compagnie, à qui cette mission dtfficie aété confiée, vient d'être citée a I ordre de l'Arméeen 1988.(4) Le Provençal. Quotidien du Sud de la France, le22 janvier 1988. 19

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En fond. Se détachant d'un soleilcouchant provençal, unAMX-WRCdu RégimentCi-contre. Chef de char du RoyalEtranger

10 mai 1988. 20 h 30. Le 1er

Escadron du 1er R.E.G. reçoitpour mission de détruire ungroupe ennemi composé delances-missiles SAM-8. Entrelui et son objectif, une rivièrede 25 m de large qu'il fautfranchir. Un maréchal deslogis scrute à la jumelle larive opposée. Avec sapatrouille, il doit assurer laprotection rapprochée de la

; zone de franchissement.

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ROYAL ETRANGER

LE PREMIER REGIMENT ETRANGERDE CAVALERIE ^

TEXTE ET PHOTOS :JEAN-PASCAL HERAUT

En silence, les SAF du 6e R.E.G. (1)reconnaissent et équipent rapidementla coupure ; juste un jalon pour la sortied'eau sur l'autre berge. Pendant cetemps, un lieutenant place ses binômesen surveillance de la plage de sortie etrecherche des postes d'observation etde tir pour le premier peloton qui doit lesrejoindre. Sur l'autre rive, un « margis »

(1) Section d'Aide au Franchissement du 6e Régi-ment Etranger de Génie.

repère un endroit où les blindés vontpouvoir se « préparer ». Son groupe estchargé de l'accueil des chars et de leurguidage vers la plage d'entrée. '

Automatisme, cent foisrépété ,

Tandis que le VAB de l'officier-adjoint Vde l'Escadron se poste, le premier pelo-ton se présente sur la zone de franchis-sement. Les équipages savent ce qu'ilsont à faire. On répète des gestes, c'estl'automatisme cent fois ressassé. Encinq minutes, les légionnaires-cavaliersont équipé leur blindé. Le chef de charVérifie : tout est O.K. Au Signal, ce der- Insignedu 1« Régiment Etranger de Cavalerie. 21

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nier place son véhicule de 161. face à lacoupure. Un signe de l'officier-adjointl'AMX 10-RC descend lentement dansl'eau. Après avoir ajusté ses jumellesOB.41 à intensificateur de lumière, lechef de char ordonne à son pilote, qui a

les yeux rivés à son épiscope OB.31, deprendre le régime moteur adapté et d'a-vancer. Déjà, le char suivant est sur laplage d'entrée.

En trente secondes, le premier AMX10-RC a franchi la rivière. Sur l'autre rive,

22

«LE PLUS BRAVE AUCOMBAT... »

Créé en 1921, le 1er Régiment Etrangerde Cavalerie est l'héritier du célèbreRoyal-Etranger de Cavalerie de l'AncienRégime, unité où les cavaliers étrangersont servi la France et ce, depuis Louis XIII.Initialement, l'ossature du Régiment aété constituée à partir d'un fort contin-gent de Russes «blancs», ayant servi,souvent, comme officier dans la cavaleriedu tsar Nicolas II : puis successivement,dans les armées des généraux « blancs »,dont celle de Dénikine, avant de s'engagerdans la Légion Etrangère.

En août 1925, alors qu'un escadron re-joint le Maroc pour prendre part à la paci-fication du pays, le 4e Escadron du capi-taine Landriau est envoyé au Levant pourréduire l'insurrection druze. Le 17 et 18septembre, l'Escadron Landriau, renforcépar le 5e Bataillon du 4e Etranger, s'illus-tre au combat de Mousséfré, où il réussità tenir tête à l'assaut de 3 000 cavalierset fantassins druzes. Avant de quitter laSyrie, le 4e Escadron aura de nouveau l'oc-casion de faire parler de lui au cours desféroces combats de Rachaya (19-24 no-vembre 1925 ) face à 2 500 rebelles druzes.

En novembre 1939, le Régiment contri-bue à la création du Groupe de Reconnais-sance Divisionnaire 97 en lui fournissantun de ses escadrons. Cette unité, ratta-chée à la T Division d'Infanterie Nord-A-

fricaine, participe à la campagne de Francede mai-juin 1940 avant de se faire déci-mer au cours des durs combats sur l'Oiseet la Seine. Après une brillante campagneen Tunisie où deux de ses escadrons fer-ment le Groupe Autonome de la DivisionMarocaine, le Régiment au complet (6escadrons) débarque en Provence en sep-tembre 1944 et participe, au sein de la 5e

Division Blindée, à la libération de laFrance et à la campagne d'Allemagne.

Débarqué à Tourane (Da Nang) en jan-vier 1947, le 1er R.E.C. prend part à laguerre d'Indochine, opérant principalementen Annam et en Cochinchine. Ses esca-drons, équipés de véhicules amphibiesCrabes et Alligators, sillonneront les ri-zières et les marais jusqu'au cessez-le-feu. De retour en Afrique du Nord en1955, le Régiment participera à toute lacampagne d'Algérie. En 1956, ses esca-drons opèrent dans le Constantinois et lelong de la frontière tunisienne. Sa zoned'opération s'étend peu à peu aux Aurèset aux Némentchas. Après avoir pris partaux dernières grandes opérations du PlanChalle, il est envoyé sur la frontière algé-ro-marocaine, où il resterajusqu'enjuillet1962. Ses escadrons seront regroupésdans le Sud-Oranais avant d'être assi-gnés, en février 1964, à la protection de labase française de Mers-el-Kébir. Le 17octobre 1967, le 1er R.E.C. quitte la Tuni-sie pour venir s'installer définitivement àOrange, dans le Midi de la France. D

a-dessus. Fer de lance de la S* D.L.B., le R.E.C.est l'héritier du Royal Etranger de Cavalerie del'Ancien Régime. Leur professionnallisme en faitun plastron de choix lors des exercices, lesescadrons sont d'ailleurs très sollicités.Ci-contre, à droite. Avant de recevoir bientôt lesAPILAS, ce légionnaire de l'un des pelotonsantichars présente le LftAC de 89 mm.

la pente est rude. Le monstre d'acierrugit, accélère, se cabre et enfin, dé-passe l'obstacle. Rapidement, le premierpeloton est de l'autre côté. Trois canonsde 105 mn assurent maintenant la dé-

Le monstred'acier se cabre,rugit, et passe

fense de la berge est En moins d'uneheure. l'Escadron au complet a franchi lacoupure. Désormais, il n'y a plus d'obsta-cle entre lui et son objectif. Alors que larivière retrouve son calme et que leséléments de couverture restent en pro-tection de la zone, les AMX 10-RC du 1 *Escadron foncent dans la nuit vers lesvéhicules lances-missiles ennemis. Lapremière phase de l'opération a été ron-dement menée. Le reste le sera aussi...

Noblesse oblige IVoilà, en résumé, un des multiples

exercices tactiques, avec franchissemen:de coupure humide en configurationamphibie, auxquels se livre régulière-

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ment le 1er R.E.C. pour accroître ainsi sacapacité opérationnelle en cas de confliten Centre-Europe ou d'intervention Outre-Mer. Fer de lance, avec le 1er Régimentde Spahis, de la 6e Division Légère Blin-dée à laquelle il appartient depuis lacréation (juillet 1984), il est au sein decette grande unité blindée rattachée à laForce d'Action Rapide. Le 1er R.E.C. atroqué depuis longtemps déjà ses che-vaux pour de nouvelles montures. Aujour-d'hui, bien qu'il conserve toujours un cer-tain nombre de chevaux pour usage

Des chevauxcontre des blindés

à rouescérémonial - noblesse oblige -, ce sont lesvéhicules blindés sur roues 6x6 AMX 10-RC qui donnent au Régiment sa remar-quable mobilité et sa toute aussi im-pressionnante puissance de feu.

Amphibie, apte au combat antichars àgrande distance, de jour comme de nuitcapable de combattre en atmosphèrecontaminée et d'effectuer des étapes de800km sans ravitaillement l'AMX 10-RC est, sans aucun doute, le véhiculeblindé sur roues de reconnaissance et decombat le plus puissant et sophistiquéparmi ceux actuellement en service dansles armées occidentales. Trente six AMX10-RC sont en dotation au 1er R.EC. qui.

LA 6e DIVISION LEGEREBLINDEE

" Porter des feux antichars vite et loinpour créer une situation de contre-sur-prise», telle est la devise de la 6e D.LB.Grande unité blindée de type entière-ment nouveau, rattachée à la Force d'Ac-tion Rapide, la 6e D.LB. a été formée àNîmes, le 1er juillet 1984, à partir d'élé-ments déjà existant de la 31e Brigade.Conçue pour le combat antichars en ter-rain difficile, elle peut être engagée, surpréavis très court, aussi bien en Europequ'Outre-Mer, seule ou avec d'autres uni-tés.

Regroupant des régiments issus del'Armée d'Afrique, la 6e D.LB. est consti-tuée par : - le 6e Régiment de Comman-dement et de Soutien (Nîmes), - le 1er

Régiment Etranger de Cavalerie (Oran-ge), - le 1er Régiment de Spahis (Valence),- le 68e Régiment d'Artillerie (La Val-bonne), - le 6e Régiment Etranger duGénie (L'Ardoise), - le Ze Régiment Etran-ger d'Infanterie (Nîmes), - le 21e Régi-ment d'Infanterie de Marine (Fréjus). D

par ailleurs, met également en œuvrequelques 250 véhicules divers, dont 32VAB, versions « PC », « dépannage », « sa-nitaire », etc. Environ 80 Jeeps et 46 vé-hicules tous terrains TRM 4000.

Installé depuis 1967 dans le vasteQuartier « Labouche », le 1er Etranger deCavalerie compte actuellement environ840 hommes. Héritier du célèbre Royal-Etranger de Cavalerie de l'Ancien Ré-gime, ce Régiment, qui est resté l'uniqueunité blindée de la Légion Etrangèreaprès la dissolution du 2e R.E.C. en 1962,

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24

L'AMXIO-RCEngin de reconnaissance puissamment

armé, doté d'une très bonne mobilité surroute et tout chemin, amphibie, protégécontre les armes légères d'infanterie etles éclats d'obus d'artillerie, capable decombattre en atmosphère contaminée,l'AMX 10-RC est destiné aux missions dereconnaissance et de combat en ambianceclassique ou nucléaire impliquant des dé-placements rapides et de grande ampli-tude avant l'engagement

D'une masse de 161. en ordre de com-bat, il est équipé d'un moteur diesel His-pano HS115 de 260 cv. qui lui confère unevitesse moyenne sur route de 60 km/h(vitesse maximale : 85 km/h) pour uneautonomie de 800 km ou 17 heures. Lapropulsion aquatique (7.2 km/h) est as-

surée par hydrojets directionnels à com-mande hydraulique.

Comme armement principal. l'AMX 10-RC est doté d'un canon de 105 mm soustourelle (38 obus, type explosif ou àcharge creuse, dont 12 en tourelle). L'ar-mement auxiliaire est constitué par unemitrailleuse de 7,62 mm (4.000 cartou-ches) et par quatre tube lance-fumigènes( 16 engins fumigènes). La conduite de tirde jour comprend une lunette M. 504 as-sociée à un télémètre laser pour le tireur(en tir automatique, la lunette M.504 estassociée à un boitier tachymétrique à dif-férents capteurs et à un élaborateur d'é-carts), alors que pour le tir de nuit unecaméra de télévision à bas niveau de lu-mière et deux récepteurs de visualisationsont à la disposition du chef de char et dutireur. EJ

est constitué de cinq escadrons :• Un escadron de commandement etservices, comprenant un peloton de dé-fense antiaérienne équipé de huit ca-nons de 20 mm.• Trois escadrons blindés, articulés cha-cun sur un peloton de commandement(deux VAB «PC» et un VAB «dépan-nage ») et quatre pelotons de reconnais-sance et de combat (trois AMX 10-RCpar peloton),• Un escadron antichars à quatre pelo-tons, monté sur VAB et doté de Jeep« Milan ».

Avant la fin de cet été, l'Escadron anti-chars, devrait avoir perçu ses douze VAB/HOT tant attendus. La livraison des« Méphisto » (2) permettra au Régimentd'accroître sensiblement sa puissancede feu antichars, chose fort souhaitable,notamment dans le cas d'un conflit enCentre-Europe. Naturellement, pour lecombat antichars rapproché (jusqu'à400 m environ), les légionnaires-cavalierssont encore équipés de lance-roquettesde 89 mm, en attendant la distributionprochaine du système Apilas de 112 mm.

Cent jours de sortieLa technicité des moyens actuellement

en service nécessite une sélection rigou-reuse, ainsi qu'une instruction soignéetant sur le plan individuel qu'au niveaudu peloton. Au « Royal-Etranger », l'en-traînement est continu : les exercices,nombreux et diversifiés, les campagnesde tir et les séjours en camp s'étalenttout au long de l'année. Plus de 10Ojoursde sortie en moyenne dont la moitié avecmatériel organique. C'est à Canjuers queles trois escadrons blindés viennent ha-

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bituellement effectuer leurs campagnesde tir canon. Le 4e Escadron vient y tes-ter régulièrement ses capacités anti-char. Quant au peloton antiaérien, c'est àBiscarosse ou dans la presqu'île de Saint-Mandrier qu'il peut venir prouver sonaptitude à suivre, traiter et détruire unobjectif aérien.

Ces nombreux exercices d'entraîne-ment sont complétés par des séjours enOutre-Mer, fort appréciés, d'ailleurs, parces nouveaux « centaures » à béret vert.C'est ainsi que le 1er R.E.C. participe aurenforcement du Détachement de Lé-gion Etrangère de Mayotte, en envoyantrégulièrement dans l'Océan Indien, entant qu'unité tournante, un de ses esca-drons pour une durée de quatre mois.

Ci-dessus, de gauche à droite. Tels les« nouveaux centaures » du 1er R.E.C., plusieurs«gueules » de légionnaires cavaliers enopération. Les escadrons du Régiment ont été

présents à toutes les dernières grandesmanœuvres Moineau Hardi, Gentiane...Ci-dessous. Exercice en ambiance contaminéeavecl'ANPMI.51.

Sans égalDepuis qu'ils tiennent garnison à

Orange, les légionnaires-cavaliers sontintervenus plusieurs fois au Tchad (d'a-bord dans le cadre de l'Opération « Ta-caud » et, récemment, dans celui du Dis-positif « Epervier ») et pnt participé, en1983, à la Force Multinationale de Paix àBeyrouth prouvant, chaque fois, qu'ilsétaient bien les dignes héritiers des hé-ros de Mousseifré et de Rachaya. Depuisla date de sa création, le 1er R.E.C. atoujours su se montrer à la hauteur de ladevise inscrite sur son emblème et quifut, il y a maintenant plus de trois siècles,celle du Roi Soleil : « Née Pluribus Im-par»!(3) D

(2) Le «Méphisto», véhicule de I'avant-blindé,équipé de missiles MOT, est apte au combat anti-chars à longue portée.(3) « Sans égal ».

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Cinq heures. Un pâle soleiltente d'éclairer la base.« Debout!» hurle le cabot-chef. Les légionnaires de la4e compagnie du 2e REPs'extraient de leurs sacs decouchage. Tous, y comprisle « padre » qui dormaitsous l'un des hangars de laBOMAP (1 ) sur la base deFranscal. « Au jus !

26 Rassemblement ! Direction

le camion à parachutes /».Parmi les légionnaires quifont la queue pour toucherleurs pépins, trois garçons :Philippe, un Franco-canadien ; Charlie, l'Anglaiset Malcolm un pur produitde la verte Erin. Leurspécialité, tireur d'élite.Leur compagnie : laquatrième, spécialisée« destructeurs snipers ».

TEXTE ET PHOTOS : YVES DEBAY

Dans quelques heures, Phil, Charlie etMalcolm sauteront au cœur du Cantal,dans le cadre de l'exercice aéroportéFrégate 88. La mission de la compagnieva consister à s'emparer de l'aéroportd'Aurillac et de le tenir jusqu'à l'arrivéedes renforts.

Frégate est l'exercice type de la 11e Divi-sion parachutiste à laquelle appartient leB.E.P. (2). Aujourd'hui, une manœuvre.Demain, peut-être, la réalité. Le Légion-naire, lui, obéit.

Parallèles au Transall, sur quatre files,les légionnaires s'équipent. Chaque file

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f

représente un « câble » (3). Dans l'herbe,Phil donne un dernier coup de chiffon àson FR-F1 avant de la placer dans sagaine. « Un bon tireur d'élite doit cajolerson arme comme une femme, pour entirer le maximum... » a-t-il coutume dedire. Philippe, 19 ans et quatre mois deREP seulement, mais déjà spécialiste.L'air un peu timide, il ne correspond pasdu tout à l'image classique du légion-naire. Probablement engagé pour •< voirce que c'est», il est intelligent et ferasans aucun doute du chemin dans la« grande famille » qu'est la Légion. Trèstechnique, il choisit une position de tircomme on résout un problème de maths.

Les courroies scient lesépaules.

A sept heures retentit « l'Equipez-vous!» En cinq minutes, les quatresfiles, impeccablement alignées, maiscourbant sous le poids du sac lourd de lagaine et des pépins, attendent l'inspec-tion des chefs de câbles. Huit heurestrente, les hommes sont toujours enbout de piste et attendent. Les courroiescommencent à drôlement scier lesépaules. Aux légionnaires se sont mêlésdes sapeurs parachutistes du 17e Régi-

(1) Base Opérationelle Mobile Aéroportée. Unitéspéciale chargée du largage et du conditionnementdes parachutes et des charges au sein de la IIe D. P.(2) Thème de la manœuvre. Un pays ami de laFrance situé outre-mer se voit menacé par un deses voisins lui-même soutenu par une grande« puissance ». Il fait alors appel à la France et aussi-tôt les bérets rouges et verts interviennent. Cegenre de scénario, les légionnaires et leur officiersle connaissent par cœur !(3) « Stick » en anglais ou groupe de saut dansl'avion.

ment du Génie Parachutiste. Ils sontchargés de débarrasser l'objectif desmines et autres « pièges à cons ». « Cesont des petits gars fantastiques » dé-clare l'un des « chef » du R.E.P. qui a pour-tant fait Kqlwezi mais qui les a vu àl'œuvre au Liban et en Afrique.

Mi-figue mi-raisin, un lieutenant re-vient de l'Etat Major du GAP. (4) « Dé-séquipez-vous ! La météo sur zone est

Cajoler son armecomme unefemme...

dégueulasse. Pas un brin de vent maisles Transall n 'ont pas les quatre kilomè-tres de visibilité nécessaire à un vol tac-tique en temps de paix». Sans broncher,tout le monde se débarasse des para-chutes. Les légionnaires remettent leurbéret vert Un énorme Finlandais a déni-ché une Kronenbourg et la partage avecun légionnaire japonais.

(4) Groupement Aéroporté.Unité d'intervention comprenant les régiments

professionnalisés M de la Division •.2e R.E.P.. y 8e //RP./.M.A et 1 " B.P.C.S.

2e R.E.P.Ci-dessus. En face, l'ennemi n'a plus quequelques secondes à vivre. Chaiiie, le légionnaireanglais ne fait plus qu'un avec son FR-F1.Ci-contre. Ultime vérification du FR-F1 sur letarmac avant le saut.

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quatre semaines. Chacun a brûlé pas malde cartouches. Un bon «sniper» peutêtre amené à travailler seul. Aussi, Char-lie a pas mal « bossé » sur la topo et lerenseignement. Souple, fin et musclé, ilexcelle lors des courses d'orientation.Reconnaissant un adversaire à sa si-lhouette, il est capable de toucher unhomme agenouillé à 600 mètres. Si toutse passe bien, il sera sans doute bientôt'un de ces cadres qui forment l'ossature

d'un régiment comme le R.E.P.

Ci-contre.Dans quelques instants, le traditionnel" Equipez-vous » va être hurlé dans le bruit desmoteurs.

Ci-dessous. Un poser d'assaut. Mêlés aux" snipers » du R.E.P. une équipe antichars du8eR.P.l.Ma gicle du Transall.Ci-dessous, en bas. Très flegmatique, Charliecherche le poste de tir le plus favorable. Les« snipers » de la « 4 » ont participé auprogramme d'élaboration du FR-F2.

TAP (6), 1 arrivée à Calvi où il fut sélec-tionné comme candidat tireur d'élite.

Une étrange somnolenceUne heure plus tard le capitaine arrive

en courant « Équipez-vous. On part. Onessaye de profiter d'un trou dans lesnuages pour sauter. »

Dans la carlingue, il est pratiquementimpossible de bouger. Tous bercés parles moteurs, ils profitent de cette étrangesomnolence qui accompagne les parasde tout pays, après la tension du départet avant la tension du saut. Charlie lui,est plongé dans ses rêveries. Le tempsdes faubourgs de Liverpool et du RoyalFusillier est loin maintenant. Charlie re-pense souvent à ses débuts au R.E.P.,

28 après Castelnaudary (5) et son cours

11 répondait parfaitement aux critèresde sélection : vue parfaite, calme et sûr

Toucher unhomme

agenouillé à 600mètres

de lui, de plus c'était un réel spécialistedu camouflage. Le stage « sniper » a duré

(5) Tous les légionnaires passent au 4e R.E. faireleurs « classes ».(6) Troupes Aéroportées.

Page 25: La Légion,RAIDS N°26,1988.júli

« Debout Accrochez !» Tant bien quemal, les hommes se lèvent. Le rythmecardiaque augmente. Tous attendent lalumière verte qui donne le signal du saut.Hélas, dans les hauts parleurs de bord, lepilote annonce. « Désolé les gars, on estdans la crasse, il faut rentrer». Le len-demain, la « poisse » semble poursuivrela compagnie. Après une heure et demied'attente dans l'avion, l'ordre d'annulerl'OAP (7) arrive. La mise en place va sefaire par aérotransport d'assaut.

A midi juste, le premier Transall sepose sur la piste de l'aéroport ennemique les CRAPS (8) du 17e R.C.P. viennentde saisir.

Une bonne tête d'IrlandaisLe Transall inverse le pas de ses hé-

lices. Tout en roulant, la tranche arrières'ouvre. « Go ! Tous par la droite » !Comme des diables, légionnaires et sa-peurs « giclent ». Le dernier homme a àpeine quitté la carlingue que le gros car-go s'élance sur la piste.

Une heure, plus tard l'aéroport estsolidement verrouillé et toutes les sec-tions sont sur la défensive. Phil s'est

Ci-dessus. Primordial pour un tireur d'élite, lecamouflage du visage.Ci-contre. « Phill » cherche ses angles de tir. Il n 'apas encore enfilé son gant qui le camoufleratotalement.

aucune chance» pense-t-il. Petit, rou-geaud, Malcolm a sous son crâne raséune bonne tête d'Irlandais. Il aime commeses corélégionnaires et légionnaires...),la bière et l'aventure. C'est sa troisièmeannée de légion au R.E.P. Il adore embê-ter ses camarades avec ses discours surla « psychologie du sniping ».

« Tu voisavec mon FR-FI je brise le

moral de toute une compagnie de Mon-gols. Je descend les chefs de char, et les

le

choisi un beau buisson, un peu à l'écart.Casque couvert de feuilles et filet facialsur le FR-FI. Il ne faut pas qu'un éclat desoleil sur la lunette trahisse sa position.Charlie lui, s'est installé près d'un arbreaprès avoir étudié ses champs de tir, etson chemin de repli (d'un arbre, on ne

(7) Opérations aéroportées.(8) Commando de Renseignement et d'Action enProfondeur. Voir RAIDS 19

peut guère tirer plus de deux coups,après il faut dégager en vitesse).

La nuit est tombée. Tout est calme etrien ne peut trahir la présence de la 4e.Sur un muret de pierres sèches Malcolma posé son FR-FI. L'œil directeur fixécontre la lunette de tir nocturne OB-25, ilsuit les mouvements d'une patrouille. Illes voit comme en plein jour. « Si c'é-taient des adversaires, ils n'auraient

Commentmoral d'une

compagnie deMongols

gars qui ont des jumelles et des portes-cartes par exemple. Bref, après monpassage le reste de la Compagnie a leboulot facilité !... » « Tais-toi et observe»lui réplique un «chef».

Du boulot pour les« snipers »

Le lendemain, la 4e est héliportée àune centaine de kilomètres plus à l'ouestDes blindés ennemis sont signalés, il fautles jalonner. Dans un petit bois, la 2e

Section s'est installée en défensive. Lelieutenant fait appeler Philippe, Charlie 29

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LA COMPAGNEu DESTRUCTEURSSNIPERS » PU2e R.E.P.

Cent trente-huit légionnaires y comprisofficiers et sous-officiers composent la 4e

Compagnie du 2e Régiment Etranger deParachutistes. La Compagnie, comme sontitre l'indique, est spécialisée dans lesdestructions et la formation des tireursd'élite. Cependant, les légionnaires nesont pas des sapeurs ultra-spécialisésdans les explosifs, mais des parachutistesqui en connaissent plus. Au R.E.P., lesspécialités de compagnie sont complé-mentaires à la fonction de parachutiste.En applicant ce genre de formation, lespatrons du Régiment disposent toujoursd'un réservoir de soldats capables d'effec-tuer un travail particulier. La 4e Compa-gnie s'articule en quatres sections decombat et une section de commande-ment. Une section lourde peut être éven-tuellement formée avec des mortiers de81 mm et des mitrailleuses de 50.

Au sein de chaque groupe de combat,on retrouve chacun des spécialistes de laCompagnie, en l'occurence les « snipers ».Théoriquement, il y en a un par groupe,conformément à l'organisation de l'Ar-mée Française, cependant dans la 4, cha-que groupe dispose de trois tireurs d'éliteformés, disponibles en cas de besoin. AKolwezi, l'emploi des tireurs d'élite a ététrès payant. Soumis à un harcèlement in-cessant de la part des tireurs de la 4. lesrebelles, déjà militairement surclassés.n'ont pu monter aucune grande contre-attaque coordonnée. Les légionnaires dela 4e Compagnie ont appliqué à la lettre laconsigne du colonel Erulin qui. dans Kol-wezi voulait créer un état d'insécurité gé-nérale à rencontre des envahisseurs < .faut que les rebelles Katangais pensent àleur peau avant de penser aux otages.Ainsi, lors de combats d'arrière-garde, la4e Compagnie est bien sûr l'instrumentidéal. Quatre « snipers » motivés, peuventen travaillant en binôme, bloquer un axedurant plusieurs heures. Comme toutesles companies du R.E.P., la Quatre estsans arrêt sur le terrain et passe aumoins quatre mois par an en Outre-Mer. D

30

Ci-dessus. L'Irlandais Malcolm cherche sa proie.Ci-contre. Lorsque la compagnie va décrocher,« Phill » et ses coéquipiers sont chargés deretarder l'ennemi.

et Malcolm. « J'ai du boulot pour vous,des blindés arrivent La Compagnie vadécrocher. Vous trois, vous restez. Mis-sion, retarder au maximum l'ennemi.Choisissez bien vos cibles et décrochezen «perroquet ». Rendez-vous ce soir surce point-là» termine l'officier en mon-trant sa carte.

Tandis que la section décroche, lestrois tireurs d'élite choisissent soigneu-sement leur emplacement de tir, et leurposition de rechange et de repli.

« Avec ses trois lascars lancés dans lanature l'adversaire va souffrir.'» pensele lieutenant. Il sait qu'on peut toujoursfaire confiance aux «snipers» du 2e

R.E.P. D

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I

LA C.M.LE. AU TCHADDE MASSAGUET A LARGEAU,SUR LES TRACES DE LECLERCCorte, 1er octobre 1969. Ledétachement de LégionEtrangère est sous lesarmes. Les sections àl'instruction et les engagésvolontaires ont quitté laMinoterie et la citadelle letemps d'une prise d'armesau quartier Grossetti. Cettemanifestation destinée àsaluer la naissance d'unenouvelle unité, en

32 l'occurence la Compagnie

Motorisée de LégionEtrangère, (C.M.L.E.) « estune chose d'importance »pour les légionnaires.( 1 )Aussi, cette remise defanion prend-t-elle uneimportance certaine auxyeux du colonel Fuhr,patron de la Légion et ilconvient donc de luidonner un éclat particulier.

TEXTE : PIERRE DUFOURPHOTOS : LÉGION ÉTRANGÈRE

Depuis quelques temps déjà, l'inter-vention au Tchad est un fait acquis. Danstoutes les popotes, les bouteillons vontbon train. Une chose est sûre : on vapartir, mais qui ? Orange ? Non, le1erR.E.C. est unité D.O.T. (2). Alors, la« 1 3 » ou le « 3 »? Douteux, il leur faudraittraverser l'Afrique dans sa largeur et lemoment n'est pas bien choisi pour dé-garnir Djibouti et Madagascar. Donc...restent le 2e R.E.P. et le 1er R.E.

En avril 1969, un état-major tactique

( 1 ) Car il faut bien le dire à cette époque les réor-ganisations successives de la Légion Etrangèreavaient plutôt habitué les Légionnaires à des disso-lutions qu'à des créations !

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aux ordres du colonel Jannou-Lacaze.chef de corps du REP, comprenant les1ere et 2e Compagnies fait mouvementvers le Tchad. Bien vite, il apparaît que ladispersion des théâtres d'opérations né-cessite l'envoi de renforts. L'EMT n° 2(3) rejoint le Tchad à son tour. Il com-prend la CEA et la 3e compagnie. A cesunités purement para-Légion, il fautajouter l'unité qui vient d'être créée : LaCompagnie Motorisée de Légion Etran-gère du 1erR.E.

Amazones emplumées etcruels ToubousLes débuts sont cahotiques. D'un effectifd'environ 150 hommes, elle est com-mandée par le capitaine Aubert, et com-prend trois sections de combat aux or-dres des lieutenants Flour et Beaud deBrive, et de l'adjudant-chef Spath. Enseptembre 1969, les premiers élémentsont rejoint Corte. Le recrutement esttrès diversifié : anciens du 2e R.E.P., per-sonnels en fin de séjour outre-mer, lé-

gionnaires de la portion centrale d'Au-bagne (4), et surtout une section dejeunes tout droit sortis de l'instruction.

Depuis la fin de la guerre d'Algérie,c'est la première fois que le 1er R.E. placeune de ses unités en configuration opé-rationnelle. Mais comme toujours à laLégion, l'amalgame prend. De septem-bre à octobre la Compagnie s'entraîneferme.

Comme toujours àla Légion,

l'amalgameprend

Le Tchad, tout le monde y pense. Lesimages se font précises ! Pour certains,c'est Dodds (5) assailli par des hordesd'amazones emplumées brandissant dessagaïes empoisonnées ; pour d'autres,c'est l'enlisement dans les savanes pu-trides qui bordent le lac en décomposi-tion. On parle des cruels Toubous re-tranchés au Tibesti... Bref, chacun y va

Page de gauche. Tir à la hanche àlaAASZ pource sergent de la C.M.L.E.Ci-contre. Après une séance de tir, retour enDodge 6X6. A noter le foulard de couleurdésignant une compagnie, noué autour duchapeau brousse.Ci-dessous. Halte en brousse durant unereconnaissance dans l'est du Tchad.

de son fantasme perso. D'autant que leREP s'entoure d'un silence inquiétant, àmoins qu'il ne fasse du bilan, auquel casla CMLE n'aurait plus de raison d'être.

« Dropper le Djebel »Soulagement ï La Compagnie quitte la

Corse le 22 octobre. Transit à Istres, puisc'est Fort-Lamy où elle s'installe provi-soirement. C'est qu'il y a affluence auCamp Dubut ! La base arrière, des élé-ments des services et l'EMT 2 au grandcomplet... L'entassement est à son com-ble. Dès la fin octobre l'EMT 2 est enga-gé. Pendant que le PC et la base arrières'installent en dur, la CEA fonce vers l'estet la CMLE rejoint Massaguet à 80 kmau nord-est de Fort-Lamy. Luxe inouï,dans ce coin brûlé par un soleil d'enfer,où le moindre kéké est roussi par la cha-leur, chacun dispose d'une guitoune per-sonnelle. Vaille que vaille le bivouac s'ins-talle au carré mais prend rapidementl'allure d'un camp nomade. En attendantmieux, la compagnie dite motorisée s'ac-climate. C'est à dire qu'elle « droppe ledjebel ».

Enfin, la CMLE reçoit ses véhicules enmême temps que les premiers rensei-gnements opérationnels lui parviennent.Des bandits ont opéré dans les fau-bourgs de Fort-Lamy. Le capitaine Aubertlance Béaud de Brive et Auguet à leurpoursuite. Bientôt la « 3 » de Spath s'enmêle. Hélas, les rebelles échappent auxlégionnaires. Pendant ce temps, le capi-taine Delorme, resté au camp avec laSection Flour apprend d'un renseigne-ment côté A/1 qu'il va être attaqué par800 rebelles qui ont décidé de s'emparerde Massaguet ! Ce sera Camerone ! Enfait, ce fut le Désert des Tartares...

Après avoir participé à l'OpérationAbeille avec la compagnie-para tchadien-ne, la CMLE qui, au cours de ce raid, apleinement goûté le miracle de la multi-plication des pannes, quitte Massaguetle 25 novembre. S'étant aguerrie aucours de nomadisations et de reconnais-sances sableuses, la CMLE est prête àparticiper à l'Opération Cantharide. Lecapitaine Aubert s'installe à Bokoro,sous commandement 2e R.E.P. 11 pousseaussitôt une tête de colonne vers Abé-ché. Quelques éléments du 6e RIAOM etun appui hélico (depuis juin, un Piratecanon de 20mm et six H-34 Sikorskyconstituent une DIH (6)), complètent lamanœuvre. Les Sikorsky sont mis àtoutes les sauces : appui-feu du Pirate,

(2) Défense Opérationnelle du Territoire(3) Etat-Major Tactique(4) La Maison Mère à Aubagne(5) Commandant ! 'expédition au Dahomey en 1896(6) Détachement d'Intervention d'Hélicoptères 33

Page 29: La Légion,RAIDS N°26,1988.júli

hélitransport des sections ou Evasanacrobatique, une roue dans le vide et lavoilure à 50 cm de la paroi, le tout enrègle générale, de nuit FAu bilan

Hélas le matériel est vieux, désespé-rément usé ; c'est ainsi que le Pirate, lorsde Cantharide sera immobilisé au solalors qu'un Flash de Vert (7) précise :« Suis au contact avec HLL (8) très supé-rieurs en nombre -stop- Demande Pirateimmédiat et DIH -stop et fin ». Passantoutre la protection, le DIH décollera sansle Pirate. Il est fréquent de voir un«piège» (9) quitter la formation et seposer seul en pleine brousse, entre troiskékés. Souvent, le temps de souffler, uncoup de vapor-lock (10), puis ils repar-tent

Ratissages et bouclages semblent inef-ficaces. Au PC du colonel Jannou-Lacaze,à Melfi, les bilans sont dérisoires. Pour-tant, Cantharide bascule le 3 décembre.Les unités passent à l'est du quadrila-tère initial. La pêche devient bonne :"Nombreuses pertes ennemies dont

L'ETOILE A CINQBRANCHES

L'histoire de la Légion au Tchad débuteen 1969. Le 24 avril de cette année, unepartie du 2e REP atterrit à Fort-Lamy. Dèsle 22 octobre, ce groupement est rejointpar le reste du Régiment puis par unecompagnie du 1er Régiment Etranger.C'est son aventure que nous vous propo-sons de suivre, de sa formation, le 1er oc-tobre 1969, à son rapatriement en dé-cembre 1970. Il faut encore noter à sonsujet que son existence ne fut pas éphé-mère — te temps d'une intervention —mais qu'à travers la fameuse 5e Compa-gnie du Groupement Opérationnel de laLégion Etrangère (GOLE), qui a repris soninsigne, puis de la 5e Compagnie du 2*R.E. I. en Corse, qui maintient sa tradition,la CMLE continue d'être présente auTchad lors des compagnies tournantes du2e R.E.I. Rers de porter l'insigne frappé del'étoile à 5 branches de la CMLE, lesjeunes légionnaires de la 1er6 Compagniedu 2e R.É.I., à Nîmes, se montrent entoutes circonstances dignes de leurs an-ciens de Mongo ou de Largeau.

plusieurs chefs de bande - Importantarmement récupéré dont une AA 52 -Documents envoyés au B2», précise lejournal de marche de la CMLE. Dès la finde l'opération, la Compagnie reprend sanomadisation : Bokoro, Bitkine, Mongo,encore Bitkine pour un convoi d'essence,Ati... puis Mongo. La CMLE découvreMongo comme la terre promise. Le campde toile, composé de tentes Mie 56 fait lameilleure impression aux légionnaires.Fini la transhumance, entre deux es-cortes du côté de Am-Timan, Noël pour-ra être fêté décemment.

(7) Message d'une extrême importance(8) Hors-la-loi(9) Appareil(10) Panne d'arrivée d'essence courante dans les

34 régions désertiques

Coccinelle, avec la CPIMa et le 2e REP,ouvre l'année 1970. Déployées vers Az-rak, les 2e et 3e Sections trouvent descaches et font du bilan. A Tchalak, lecommandement et la « Une » accrochentune forte bande rebelle. L'assaut estmeurtrier. Les légionnaires Meleket As-tolfi tombent au combat, un autre lé-gionnaire est blessé. Les rebelles lais-sent une trentaine des leurs sur leterrain. Premières pertes, mais aussipremières citations pour la Compagnie.

Janvier débute mal. A N'Goura, un« power-wagon » de la 2e Section se re-tourne. Tandis qu'un légionnaire trouvela mort, le lieutenant Beaud de Brive etquatre autres légionnaires sont griève-ment blessés. Après ce coup du sort, la« 2 » emboîte les traces de Leclerc et

monte sur Largeau en effectuant la« traversée héroïque » du Bahr el Ghazaavant de s'installer dans la splendidepalmeraie. Le lieutenant Ripert qui rerr-place de Brive, la rejoint à Kirdimi.« Des tôles de bière »

L'opération Chacal, du 11 au 18 fé-vrier donne l'occasion aux légionnaire;de l'EMT 2 de Am-Timan de visiter le sucdu Tchad. Si le mois de février est médio-cre en bilan, il n'en sera pas de même e."mars. Pas moins d'une dizaine de recor-naissances à partir de Mongo et de Lar

geau, des accrochages avec les rebellesdont celui de Safay, le 8 mars 1970, où smédecin-capitaine de Larre de La Dor;qui accompagnait la 1/2e R.E.P. est tuéau combat. Dans le nord, le capitaine

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Page de gauche, en haut Entrainement à laAA 52. La puissance de feu de cette armecollective a permis à cette époque de stopper etd'écraser de nombreuses bandes rebelles.Page de gauche, en bas. Au bilan, après unsérieux accrochage au-dessus de Mongo(centre du Tchad). Outre les AMS 36 et 36/51.on distingue 2 fusils mitrailleurs soviétiquesPKM et une majorité de FAL.Ci-dessus. Récupération en savane d'une sectiondu Détachement d'Intervention Héliporté.Ci-contre. D'avril à septembre 1969. troiscompagnies du ZeR.E.P. quittent CaM pourFort Lamy. Ici, le colonel Lacaze. commandant leZ*R.E.P. passe en revue un détachement de sonrégiment

Aubert et le lieutenant Ripert se portentau secours du village de Koulka attaquédans la nuit du 2 mars. La poursuite desrebelles se termine par l'anéantissementde la bande (20 HLL au tapis).

Le 10 mars, Tadjudant-chef Parsanyremplace Spath' à la tête de la 3e section.Il est tout de suite dans le bain : Lesrebelles ont abaque le poste de Karay le15 mars au matin. Une panne de H-34empêche la 1ere section de poursuivreson action de dégagement. La « 3 » prendle relais avec le capitaine Delorme. Ilsréduisent la bande du côté de Oum-Had-jer. Un beau résultat et de nouvelles ci-tations pour la CMLE.

En avril et juin, la saison des pluiesimpose un ralentissement des activités.La CMLE est regroupée à N'Gama. Faceaux intempéries, le matériel est obso-lète. Et si la 2/2e R.E.P. inaugure un pelo-ton de cavalerie, la CMLE reprend à soncompte la tradition des compagniesmontées en utilisant des ânes : les bau-

dets portent, les hommes marchent. LesHLL sont surpris de cette nouvelle orga-nisation et y laissent des plumes. Mais sile bourricot convient parfaitement auconcept opérationnel, il n'en est pas demême pour la « log ». Ici, une seule solu-tion : l'avion. L'impraticabilité des pisteset les conditions climatiques font duNord-2501 ou du Transall les seuls ravi-tailleurs efficaces en permanence. Paraérotransport pour les EMT dotés d'unepiste, par largage pour les naufragés duSahel, entre deux séances de sauts (lecommandant en second du REP atterritchez le préfet de Am-Timan), on profited'une éclaircie pour balancer le courrier

et quelques « tôles de bière » aux défavo-risés de Bokoro ou de N'Gama. Et puis, ily a le rêve, Odile, Martine, Isabelle, Mo-nique, convoyeuses du COTAM ou infir-mières, dont le sourire berce les longuesnuits de garde ou d'embuscade... Hélas,le rêve passe \s différents

Les opérations reprennent avec la finde la saison des pluies. En novembre, lepotentiel véhicules et hélicos est renfor-cé. Les méthodes de l'Algérie donnentde bons résultats et les grandes bandesdu centre et de l'Est ont été décimées. 35

Page 31: La Légion,RAIDS N°26,1988.júli

Ci-contre. Tir au MAS 49/56 en calibre 7,5 mm.Cette arme excellente sur des cibles à grandesdistances, est bien connue et portée parplusieurs générations de soldats français !

Comme en Kabylie à l'époque, reste àréduire les Toubous du Tibesti. Les pa-ramètres sont modifiés. Le renseigne-ment se fait rare et l'approche toujoursdifficile des caches provoque de vérita-bles batailles rangées. En novembre, laCMLE, après une période de reconnais-sances tout azimut, est regroupée àAbéché. Le 24, elle est héliportée surl'Ouaddi-Ga, puis dans le secteur de Fa-da. Le 27, nouvel héliportage sur l'Ouad-

Surpris par lesbaudets les HLL y

laissent desplumes

di-Haroungourou. Les légionnaires sontalors cloués au sol par le feu ennemi despositions dominant le Guelta-Maya. La1ere section se dégage à la nuit tombéeet déborde le Guelta par le fond del'Oued. Au matin, les recueils sont enplace. La fouille du terrain peut com-mencer. Le légionnaire Fourmann estabattu en pénétrant dans une grotte.Deux autres sont blessés. Un déluge degrenades force alors les rebelles à sortir.Ils sont descendus sans pitié cependantqu'une Evasan a lieu sous le feu ennemi.

Les 29 et 30 novembre, le bouclageest complété et la fouille continue : récu-pération d'armement, de munitions, dematériel et de documents. La « 2 » et la« 3 • arrivent à la rescousse ; la CMLE aucomplet fouille le terrain. Les Touboussont des combattants terribles et la ré-duction des points d'appui est chaquefois une véritable bataille de plusieursheures.

Le 1er décembre, la CMLE est relevée

de sa position et envoyée au repos à|Fada.Fin décembre, en même temps quail'EMT 2, la CMLE quitte le Tchad. Delretour en Corse, elle s'installe à Bonifa-lcio. Une fois de plus, les légionnaires ontlrempli leur mission sans faillir ; plusieurs Icitations et de nombreuses décorations Iet récompenses individuelles témoignent Ide leur ardeur au combat et du sacrifice!de nombre d'entre eux.

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