Il y a 30 ans,Kolwezi,RAIDS N°264,2008.máj.

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L'herbe à éléphant, qui réserve quelquesmauvaises surprises aux paras, à la réception,

puis lors de la traque des Tigres.

Ci-dessous, à gauche.Mais elle est aussi un moyen propice au

camouflage pour les paras du REF.

Le 19 mai 1978, pour la première fois depuis Dien Bien Phu, deslégionnaires paras sautaient en opération. Il y avait 2 500 otagesoccidentaux à libérer, retenus dans la ville minière de Kolwezi, auZaïre, par des rebelles katangais. Malgré un manque flagrant derenseignement sur l'opposition, le 2e régiment étranger de parachutistes(2* REP) n'a pas hésité une seconde. Cinq paras y ont laissé la vie1.RAIDS a retrouvé quelques acteurs de cette opération d'exception.

fexfe: Jean-Marc TANGUY, photos: collection privée, Képi Blanc et ECPAD \t 1978, les Bérets verts se de-

mandent s'ils vont réussir à partir enopérations. Leurs confrères des régi-ments de parachutistes d'infanterie demarine (RPIMa) s'exportent (notammentau Liban, où le 3e RPIMa du colonel Sal-van vient de s'implanter, le 24 mars),mais les «paras légio» restent ancrésà Calvi, malgré quelques missionsafricaines ponctuelles2. L'inspecteur

1. Le sergent-chef Daniel, le caporal Arnold, lelégionnaire Clément, le caporal Harte et le capo-ral-chef Allioui, morts à Kolwezi.2. La 2e compagnie du REP, avec la 13e DBLE,avait libéré des enfants pris en otages à Loyada(Djibouti), deux ans plus tôt. Le régiment avaitaussi préparé pendant quatre mois l'indépen-dance du Territoire français des Af f ars et des Issas,qui allait, en 1977, devenir Djibouti.

Ci-contre.Le message qui va faire entrer le REP dansl'histoire, en déclenchant l'opération Bonite.

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Devant un OC-7. les parachutistes s'engouffrentdans un Hercules zaïrois.

- K /

du 2e escadron n'a pas de détails, si cen'est que les dragons seront chargés dereconnaissance, mais aussi et surtout,d'assurer des liaisons à très grandedistance. Dans les sacs, vite prêts,des munitions et de la nourriture pourprès de 72 heures, et des piles pourhuit jours d'opérations. Le lendemain,l'équipe Prut saute dans un hélicoptère,puis un Nord 2501, direction Orly, oùles huit dragons vont traquer pendantprès de deux heures les DC-8 chargésde les convoyer jusqu'à Zara. Noyéedans le trafic, la colonne d'avions, quiveut opérer en toute discrétion, est pro-prement introuvable dans l'aéroport.Surréaliste!

A Calvi, rien nef iltrait encore, la veille.Le colonel Erulin, le patron du REF. ras-semble ses capitaines sans pouvoir lesinformer, pendant que les adjoints descommandants de compagnies listentle matériel. Des capitaines qui, pour laplupart, n'ont jamais vu le feu, contrai-rement à leur chef de corps, vétéran del'Algérie.

Comme quelques paras, Richoufftzrentre en coup de vent chez lui sanspouvoir éclairer sa famille. « J'ai dità monépouse que je devais partir, et qu'ellesaurait que nous partirions, quand elleentendrait passer devant la maison lesCMC filant vers Solenzara. » Des CMC quiont la réputation de mal braquer6. Plustard, dans la nuit, la famille Richoufftz

L'intendance a du mal à suivre et les parascherchent dans la ressource locale

Anecdote, livrée par Emmanuel de Richoufftz: «Au bout de huit jours, on n'avait plus rienà bouffer, je dis à Poulet: "On a trouvé trois chevaux de course efflanqués, mais c'est mieuxque rien." On a tiré un cheval, et c'est seulement ainsi qu'on a eu de la viande fraîche. Ce n'estseulement qu'après qu'un Transallnous a amené des légumes et des fruits frais du Cameroun,je crois. » Provenance locale, encore, des premiers moyens mobiles alignés par les para-chutistes : « Dès te premier jour, la 1re compagnie récupère un Berliet qui servira de... camiond'allégement, bientôt suivi par un deuxième. En fait, on se motorisera ainsi en récupérant desvéhicules au jour le jour, avant l'arrivée des Galaxy. » La donne est un peu la même à la «4».Dans sa progression, elle rencontre une multitude de camions laissés épars sur les routes,en panne d'essence, de pièces mécaniques et surtout de chauffeurs...

ii

6. Quand les C-5 Galaxy viendront chercher surla base aérienne de Solenzara les CMC françaispour les brouetter au Zaïre, ils ne croiront pas avoirdevant eux des CMC fabriqués aux Etats-Unis plusde trente-cinq ans auparavant. Et s'empresserontde les photographier.

Au premier plan, embarquement dans un C-160.A l'arrière-plan, un C-130H de l'armée de l'air^zaïroise. Peut-être un de ceux racJbotésrtfSnsles années 1990,jfatf»Hnêff^efair... française.

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Nathanaël Mbumba, le chefdu Front national de libérationcongolaise (FNLC), dontl'affiche a été récupérée par cepara du REP.

Ci-dessus.Un des camions d'allégement civil, ici un Fiat appartenant sans doute à une société minière,récupéré par les légionnaires avant l'arrivée de leurs propres véhicules de dotation.

SER et section 4e Compagniede mortiers

Axes de progressionde la Légion te 20 ma

entendra bien les GMC passer, mais ilfaudra attendre plusieurs jours avant decomprendre où est parti le capitaine.

Sur les routes sinueuses, les GMCtraversent la Corse. Un vrai périple pourl'époque, et personne ne dort vraimentpendant les trois heures que les plusrapides mettent pour rejoindre Solenzara.Si certains légionnaires ont bien été en-gagés en opérations extérieures, ce n'estpas le cas prédominant. «A l'époque, sesouvient Richoufftz, on avait un aviontous les quinze jours, et on sautait trèsrégulièrement. » Personne n'a donc vrai-ment de doute sur le saut lui-même, maison s'interroge sur ce qui viendra après.Tout ceci reste pourtant très diffus. «Onne savait pas précisément sur quoi onallait tomber, mais on savait qu'il faudraitun sacré rouleau compresseur pour nousarrêter. Le REP a cette culture des troupesd'assaut, cef ighting spirit, cette cohésionqui fait sa force», assure Dary.

C'est le général Lacaze en personne7

qui va affranchir les militaires, sur letarmac de Solenzara, vers 11 h 30. SonMystère 20 arrive en même temps que |le premier quadriréacteur DC-8 (trans-1portant huit dragons du 13e RDP...) qui f,va brouetter les troupes en Afrique. .,.«Kolwezi, au Zaïre», annonce le respon-:f

sable. Le nom n'évoque pas grand-chose.Et ne provoque pas un grand flot de ren-seignements : quelques documents, desphotocopies de plans de la ville et de pho-tos aériennes transmises par la sociétéGécamines, via les Belges. Dary rajoutetrente ans plus tard, avec un sourire: «Leseul renseignement un peu fiable qu'onavait sur l'ennemi, c'est qu'il avait desmortiers et qu'il savait s'en servir. »

Des renseignementstrès fragmentaires

Kolwezi est alors une ville de prèsde 100000 habitants, hébergeant plusde 2500 Occidentaux (majoritairement

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Avec les mortiers, à laprécision redoutable,le LRAC constituaitl'artillerie légère desparas. Elle n'a pasmanqué de travail,particulièrement dans les72 premières heures.

belges et français) .Elle s'étend sur plusde 40 km2.

Des DC-8 d'UTA et du COTAM8 en-gloutissent les légionnaires et leurspaquetages, par sections entières.Certains appareils effectuent un voldirect vers le Zaïre, où le premier, celuitransportant notamment le PC, arrivevers 23 heures9; d'autres effectuent uncrochet par Dakar (Sénégal), faute d'en-durance suffisante. Le tout arrive doncen ordre très dispersé, bouleversant leplan de chargement initial. Le dernierquadriréacteur se pose à 11 heures.C'est... trente minutes après le décol-lage du premier des quatre C-130 zaïroisengagés dans le largage10.

Entre-temps, les parachutistes ontété accueillis par deux personnagesdéterminants dans le succès de l'opéra-

(un ancien du 13e RDP...), et le colo-nel Gras, chef de la mission militaire.Depuis que les Katangais ont attaquéKolwezi, ces deux officiers ont planchésur une opération aéroportée, et leurenthousiasme, contagieux, a vraisem-blablement décidé Paris à intervenir".Comme nous l'ont rappelé plusieursdes témoins de l'époque, « Gras était lepatron de l'opération», même si l'his-toire a oublié son rôle. Larzul, lui, a peséde tout son poids, y compris lors d'uneconversation avec le président de laRépublique française.

La première vague, 381 paras répartisentre la 1"' compagnie (capitaine Poulet),la 2e compagnie (capitaine Dubos) et la3e compagnie (capitaine Gaussères),ainsi que l'équipe Delavergnedu 13e RDP,prend l'air, les cargos chargés jusqu'à lagueule, comme jamais. Des paras s'ins-tallent même sur la rampe arrière, pourdesserrer l'étreinte. Richoufftz raconte:« C'était éprouvant car on ne pouvait passe déséquiper, ni même bouger dansl'avion. C'était une telle étuve que quandon est montés à très haute altitude, des

stalactites se sont formées dans la carlin- [_gjj 3VJQI1S PJQUBIlt

que mal vers son objectif; 1350 kilomè-tres séparent la capitale de Kolwezi, soitun peu plus de quatre heures et demie devol à très haute attitude, suivi d'un courtvol tactique.

La «scoumoune» semble poursuivreles légionnaires, depuis que les pre-miers sont arrivés. Les renseignementssont toujours aussi fragmentaires. Lesparachutes sont des T10 de provenanceaméricaine, et là, ça ne colle pas. «Çan'allait pas, confirme Richoufftz, alors ona accroché les gaines de saut au harnaisavec du fil de fer. » Le lieutenant Jolivet,spécialiste 3D du REP et concepteur del'opération aéroportée elle-même, prendles choses en mains et, assisté des moni-teurs, vérifie tout le monde. Les Français

Ileur casque, au sol. Une façon comme uneautre d'éviter les erreurs d'identification.

Le leader zaïrois est finalement déchude son rôle, après une erreur de na-vigation. Un Transall transportant lecolonel Gras remet tout le monde sur

7. Ancien du REP, et alors patron de la 11e DP.8. Premier événement dans une longue série de«scoumoune», un cinquième avion ne vient pas,et est remplacé au pied levé par un Boeing 707d'Air France.9. Cet avion est tout simplement le seul à avoir prisle risque de survoler, à très haute altitude, la Libyedu colonel Kadhafi, permettant ainsidegagner untemps précieux.10. La « scoumoune », version africaine de la loi de 'Murphy, poursuit son œuvre: un des cinq C-130est tombé subitement en panne, et un des deuxTransall suit le même chemin.11 Çnt-tniit rinnnÎQ nnp te 1R mai IAC Tinrias ont

commencé à massacrer des Européens, aprèsl'intervention des paras zaïrois, dans la zone del'aéroport de Kolwezi.

Une Peugeot ambulance. Les moyens aérienslimités ont aussi contraint le volume du soutien

" médical, relativement réduit dans les premièresheures des combats.

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Au fur et à mesure qu'ils vont nettoyer les abords de la ville, les Bérets verts vont rencontrer desTigres qui préféreront la reddition à une fuite plus que hasardeuse. Mais aussi des habitants deKolwezi qui ont fui à l'approche des Tigres et qui, sans nouvelles, sont restés terrés dans la forêt.

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Increvable-Jeep Willis, lorsd'une patrouille dans les zonesminières.

la voie12, un peu trop tard, ce qui obligela caravane aérienne à effectuer unpremier passage au-dessus de Kolwezi.Dans les soutes, personne ne remarquerien, mais dans les postes de pilotage,on s'interroge. Le largage est maintenu.Très bas, le plus bas possible. Lespremières corolles s'ouvrent à 15 h 30.«Ce n'est qu'au dernier moment queles avions ont piqué, pour voler à trèsbasse altitude et nous larguer, expliqueRichouf ftz. On a fait un premier passageau-dessus de la ville, avant d'être finale-ment largués. A peine sortis du Transall,on arrivait au sol; on avait été largués àmoins de 150 mètres d'altitude, je pense.

Mon premier souvenir au sol, c'est cettechaleur étouffante, l'herbe à éléphant etles termitières, hautes d'un à deux mè-tres, et dans lesquelles il ne fallait pastomber..." » Ces termitières sont autantde pièges pour les paras. Le colonelErulin lui-même s'y fait prendre, et s'yégratigne le visage. Le choc est aussiun peu rude pour le matériel radio del'équipe du 13e RDP (Delavergne). Seulun para du REP périt dans le saut, cueillià l'arrivée par les Katangais.

A peine sur le sol, les paras ne perdentpas une seconde. Ils savent qu'unefois que les Tigres seront revenus deleur surprise, ils s'en prendront vrai-

semblablement aux Européens. S'ilen reste (vivants) dans la ville. «On acommencé à filera toute allure sur nosobjectifs, poursuit Richoufftz. Et trèsvite, on a été accueillis par des Belgesqui nous ont offert du café. De façon unpeu inconsciente, car c'était au plus fortdes combats, mais ils étaient tellementcontents de nous voir qu'ils allaientmême ravitailler les tireurs des FM...»La 1re compagnie est notamment char-gée d'occuper le lycée Jean XXIII, dansle sud de l'ancienne ville, où, croit-on,des Occidentaux sont concentrés. La«2» doit reprendre l'hôpital (à l'ouest),tandis que la « 3 » investit l'hôtel Impala.La Ve section y effectue des découver-tes macabres : une vingtaine de mains,tranchées, et plusieurs cadavres.

La première nuit à Kolwezi est blan-che, pour les légionnaires, comme lesdeux qui l'ont précédée.

Avec des échelles à bras!Pendant ce temps, à l'autre bout du

pays, la loi de Murphy continue à fairedes siennes. La deuxième vague, soit 250paras de la 4e compagnie (capitaine Grail),de la section d'éclairage et de reconnais-sance (capitaine Halbert), regroupant enfait tous les chuteurs opérationnels du

12. Ce Transall R18 du «Poitou» est encore enservice aujourd'hui au sein de l'escadron 1.61«Touraine» d'Orléans. En souvenir de ce fait d'ar-mes, cet avion porte, peinte sur le côté gauche duposte de pilotage, la mention «Ville de Kolwezi»,ainsi que l'insigne du 2e REP.13. Encore hilare, trente ans après, Richoufftzraconte que sa première préoccupation, alors queles balles sifflaient, a été d'uriner, ce qui avait étéimpossible depuis que les paras étaient montésdans le cargo.

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Ci-contre, à droite.Un autre cliché en couleurs, qui n'a pasdû être pris dans les premiers jours, lesparas portant leur tenue camouflée, et

non plus la tenue verte.

Des problèmes finalement; très actuelsSi une bonne part du succès a reposé sur

la surprise tactique, une partie des grains desable qui auraient bien pu précipiter un échecsont des classiques du genre, qui ont de quoifaire sourire, puisqu'on les retrouve encoreaujourd'hui avec une certaine acuité.

L'équipement du para a bien progresséen trente ans

Même pour une opération de choc commeKolwezi, courage et surprise ne font pas tout.Pourtant, en 1978, c'est bien tout, car l'arme-ment reste des plus modestes. La MAT 49arrivée en Indochine est toujours une armetrès répandue, comme le fusil MAS 49/56,et la mitrailleuse AA52. Pas de gilets pare-balles, évidemment. Seule concession à lamodernité, les fusils de précision FRF1 quiferont miracle pour neutraliser les Tigres etcontribuer à alimenter la panique psycholo-gique de l'ennemi.

Autre problème à peine plus philosophique,l'identification ami/ennemi sur le champ debataille (problème lié notamment au déficit enmoyens de communications terminaux) n'apas non plus diminué. Lors des opérationsde réduction des poches ennemies, lescompagnies françaises se sont tiré dessus,sans conséquences, heureusement. Enavril 2007, la même mésaventure a failli ar-river (est arrivée, disent certains) quand lesparas du COS ont progressé vers le poste deBirao (RCA), où d'autres paras, ceux de la11e BP (GCP17), étaient retranchés.

Les opérations nocturnes ont bien changé,aussi. Les premiers intensificateurs de lu-mière (IL) pour tireurs d'élite sont arrivés di-rectement à Kolwezi autour du 22 mai, selonDary, alors qu'aujourd'hui les équipements

de vision nocturne sont nettement mieuxdiffusés, sans pour autant être généralisésau niveau individuel - ce qui est la normedans les unités américaines. Par contre, etc'est le grand changement, nos paras n'ontplus les cadences d'entraînement au sautde leurs anciens. Cela aurait-il un impactsur la sécurité des sauts lors d'une opérationréelle? Vraisemblablement.

Un renseignement pas au topLe courage et l'effet de surprise doivent

pallier l'absence de renseignement. Ce grandclassique des opérations aéroportées n'apas menti, sur Kolwezi. Mais aujourd'hui, laFrance a toujours du mal à générer des flux,malgré la possession des satellites d'obser-vation (Helios 1 et 2), l'achat d'images deprovenance civile. On l'a bien vu sur l'affairetchadienne de février dernier, la possessiond'un large spectre de capteurs n'est pastout pour immortaliser la progression d'unecolonne de rebelles - qui n'est pourtant pasune menace très technologique... D'autantplus que le spectre en question est plutôtmince actuellement: les Mirage IVP dereconnaissance stratégique sont partis aurebut, la nacelle de reconnaissance Reco-NG (Thaïes) a pris bien du retard, les dronespermettant une réelle permanence en volsont particulièrement rares, et le SIDM at-tendu cette année ne comblera qu'une partiedu déficit capacitaire. Un paradoxe, alorsqu'une organisation interarmées, la DRM, aprécisément été montée après la guerre duGolfe pour pallier ce type de situations.

Quant au renseignement avec un grand R,celui pratiqué par la DGSE, il n'a pas connu,pour sa dimension humaine, une augmenta-

tion spectaculaire de ses crédits, en trenteans. Le dossier d'objectifs Kolwezi seraitdonc forcément plus alimenté en volumeaujourd'hui qu'il ne l'était le 19 mai 1978,mais, en qualité, on n'y gagnerait pas for-cément.

Une aéromonilité déficienteFaute de transports stratégiques (inexis-

tants), les paras partent sans leur para-chute, et mettent armements et équipementsen soute. Trente ans après, et alors queI'A400M multiplie les retards, un « Kolwezi »s'effectuerait à peu près de la même façon,en ayant recours à des avions de type civil.Sauf qu'entre-temps l'armée de l'air a acquisdes A310 et loue actuellement deux A340 degrande capacité.

Mais, côté transport tactique, la donne n'apas beaucoup changé, elle est même encorenettement plus fragile, du fait du vieillissementaccéléré de Transall et de la disponibilité tou-jours chancelante des Hercules. Si une OAPgrand style est toujours possible, comme laBP l'a montré en sautant sur les Balkans, en2004, ce n'est possible que par une program-mation (donc une réservation des moyensaériens) plusieurs mois auparavant.

La seule marge de manœuvre dont disposedésormais la France repose sur les opérationsspéciales et ses six ATT (quatre Transall,deux Hercules). Précisément le format retenupour l'ouverture de porte, à Bunia, en 2003.Encore le format mobilisé par l'armée de l'airpour transporter le GIGN et les CRS en Corseen septembre 2005, lors de l'affaire du ferry.Toutes proportions gardées, donc, la petiteréserve dont dispose la France, en métropole,les bons jours.

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G3, FAL, mais g ussicanons sans recul

Ci-dessus.LANF1, alors mitrailleusestandard. Trente ans plus

tard, c'est encore le cas enversion embarquée à bord

de véhicule, même si laMinimi a pris le pas dansles sections d'infanterie.

Ci-contre.Le maréchal Mobutu vienten personne remercierles soldats français et,d'abord, leur chef, lecolonel Erulin. En sauvantles Occidentaux, ilsont aussi contribué àpréserver pour encorequelques années unepaix relative dans la zone.

-.amoncelé par. les •""soldais français, et quisera exploité ensuiteparie «enseignementmilitaire.

REP, et des mortiers (lieutenant Verna),ainsi qu'une grande partie du PC, a finipar décoller à bord de quatre C-130. Maisbien en retard, par rapport aux prévisions.Afin de réduire le temps de transit, ladeuxième vague est transportée par DC-8à Lubumbashi. Mais - scène surréaliste -l'appareil atterrit dans un aéroport désert.Impossible de trouver un débarcadère!Les légionnaires débarquent donc grâceà une échelle de fortune, confectionnéeavec des ceinturons. Une escouade arécupéré des échelles à bras ( !) et lesgaines sont ainsi débarquées une à une,puis par un bulldozer.

La deuxième vague, qui comprendDary et ses snipers, arrive en vue deKolwezi alors que la nuit vient de tom-ber il y a seulement quelques minutes.Erulin refuse de prendre le risque delarguer, alors que la situation est stabi-lisée, dans Kolwezi même. La formationrebrousse chemin et va se poser à uneheure de vol de la ville, à Kamina.

Elle est larguée au petit jour, le len-demain, dans l'est de la ville nouvelle.L'équipe de Dary se voit aussitôt at-tribuer une mission14: chercher... descadavres introuvables, alors que sescamarades continuent à se battre par-tout dans la ville. Après un rapide tourd'horizon dans la zone concernée, lelieutenant ne trouve rien et en rendcompte au PC, qui insiste. Grâce à desrenseignements des autochtones, seshommes trouvent enfin, dans la pièced'une villa, une trentaine de cadavresd'Européens. Paris-Match en fera saune -et il va sans dire que ce documentcontribuera à justifier, aux yeux de l'opi-nion mondiale, l'opération française.

La 2e section (4e compagnie) peut

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•3NB"

Retour au quartier, àCalvi.

C/'-dèssoys.Le général Jeannou Lacaze, ancien élu REP

lui-même, passe en revue le «régimentdes tempêtes». Plusieurs futurs généraux

figurent parmi les paras de 1978: Richoufftz,Poulet, Dary, mais aussi l'actuel sous-chef

OPS de l'EMA, le général Puga. Chef desection à la 1" compagnie, il venait juste

d'arriver au ¥ REP.

enfin rejoindre ses frères d'armes surune ligne de front encore incertaine.C'est même elle qui mène la manœuvredans la zone de Metal-Shaba, et bientôt,c'est l'accrochage ; un des plus sévèresdepuis que le REP est dans la place.Plus de 250 Tigres sont retranchésdans la zone. Le sergent-chef NorbertDaniel, l'adjoint de Dary, reçoit une balleen pleine poitrine, alors qu'il tente derécupérer des armes ennemies15.

En fait, pendant 72 heures, les tirs vontbon train. « Certains vétérans de l'Algé-rie nous diront même qu'ils n'avaient

ipas connu une telle densité de feu àleur époque», raconte Prut. Les parasrestent pourtant très mesurés dans leurconsommation, conséquence de leuréducation au tir et aux... ressourceslimitées en matière de cartouches.

La récupération d'armes autochtonesfait donc assez vite partie de la cou-tume. Prut confesse: «En tant qu'offi-ciers, nous n'avions qu'un pauvre PAMAC50. On sautait léger, mais arrivés

,«; : au sol, on se sentait comme nus. J'aii| donc récupéré un M16, et les munitions~ qui allaient avec. »H C'est que l'opposition est en effet

mieux fournie en armement que lesFrançais. Pêle-mêle, des WI16, donc,mais aussi des AK-47, des PM Uzi, desG-3, des FAL et, en grand nombre, desMauser allemands qui ont fait toutes

(Suite page 74)

$ 14. L'équipe de Prut connaît, elle aussi, sa première;'•' déception : sécurisé, l'aéroport accueille son pre-; mier avion, un Transall, qui transporte les... quatref : chuteurs OPS du « 13 », lesquels sortent du C-160,- le parachute sous le bras...

f: 15. Evacué par voie aérienne, le sergent-chef périra' pendant le vol.

'

En Corse, au 2e REP, leslégionnaires se recueillent

devant leurs cinq morts.

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les révolutions du continent depuis laSeconde Guerre mondiale. Un sujet, quiparmi d'autres, nourrira les interroga-toires des Tigres, effectués notammentpar Prut et l'officier « Rens » du 2e REP, lecapitaine T. (un ancien du 13e RDP).

Au bout de 48 heures, les paras com-mandos belges viennent effectuer l'ex-traction des Occidentaux, par Hercules.Les Belges devaient, dans le plan initial,barrer la route aux Katangais avant leur

repli vers l'Angola. Mais leur gouverne-ment en a décidé autrement. Certainslégionnaires les huent, mais ils sont viterepris par leurs officiers, qui leur expli-quent qu'«/7s n'ont pas eu le choix».

Les derniers légionnaires quitterontla zone après un mois de présence. Onretrouvera pendant plusieurs jours en-core des Occidentaux réfugiés dans larégion. Revenus en France, les militairesseront célébrés, pour certains décorés16.

D'autres, comme Prut, estiment avoirreçu leur récompense dans les ruesde Kolwezi, où ils ont été accueillis parLa Marseillaise. «Une Marseillaise quivous prenait aux tripes... »

Destins tragiquesLe colonel Erulin périra un an plus tard

(septembre 1979) d'un accident cardia-que. Il avait 57 ans. Un autre acteur em-blématique de Kolwezi est parti tragique-ment, il y a peu : le général Poulet. D'autres 'ont bouclé la boucle. Une des rescapéesciviles de Kolwezi est aujourd'hui sous-officier dans l'armée de terre. Elle avait10 ans en 1978, et n'a jamais oublié, ma-nifestement, ce qu'elle devait aux paras."C'est une opération unique que l'on nerefera jamais. Evidemment, à l'époque,on ne s'en est pas rendu compte. C'étaittrès risqué, et aujourd'hui, on ne referaitplus les choses de cette façon», estimeRichoufftz. «On a tous vécu là-bas quel-que chose de difficilement définissable,de la fraternité, de la confiance récipro-que, conclut Prut. On a eu du mal à sequitter.» C'était la première fois que le13e RDP de l'époque travaillait au contactd'unités conventionnelles. Et ce devaitêtre la dernière, avant longtemps, pour lesparas de l'ombre. D

16. Dary ira décorer certains de ses légionnairesun peu trop expansifs... au trou.