La Legion aujourd'hui,RAIDS N°183,2001

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95 <- Guadebupe : |7 Ff /7,11 € - Gayoïe : 47 FF/7,17 € - Martinique : 471 Ff 11,\7 € - Moyo»e : 45 FF/6,84 € - Réuni» ; 47 FF/7,17 410,50 FS - Luxembourg : 250 Ft/6,20 € - Canada ; Cnn

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En couverture.Constituée d'engagés étrangers, la Légion étrangère fait partie intégrantede l'armée de terre française. Si les structures des unités, les équipements,les missions et les règlements sont identiques à ceux du reste de l'arméede terre, la différence tient essentiellement au statut des légionnaires.Comme l'ensemble des forces armées françaises, la Légion a connudes transformations, et RAIDS se devait de vous les présenter.(Photos Yves Debay)

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DOSSIERLa Légion étrangère aujourd'huiréalisé par Jean-Louis PROMEphotos d'Yves DEBAY, José NICOLAS et Légion étrangère

La Légion étrangère,une singularité françaisetoujours aussi attrayante

Entretien avec le général Grail

Le 4e régiment étranger :le creuset de la Légion étrangère 26

Le 2e REI s'étoffe

Une force formatéepour l'intervention outre-mer

Vers une formation privéepour les chuteurs opérationnelspar Frédéric LERT

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IOUVEAUX MATERIELSpar Jean-Pierre HUSSON, Pierre TOUZIN,Antoine ALCARAZ et Leszek CZACHOROWSKI

FICHE TECHNIQUELe véhicule blindé léger italien Puma / 1

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Adorée du public lors desgrands défilés/ la Légion étrangère

cultive à plaisir les singularités. Maisles plus visibles, le pas lent, le képi blanc,

la barbe des pionniers, les fifres et le chapeauchinois de sa musique, ne constituent que la partie

émergée de l'iceberg. Le véritable attrait de la Légion,c'est sa capacité à accueillir sans exclusives de

nationalité, de race, de couleur et de languetout candidat satisfaisant aux épreuves de sélection,puis de lui offrir une « famille » le prenant en charge

même après son retour à la vie civile.

Dossier réalisé par Jean-Louis PROME

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Limage romantique d'une Légion accueillantles repris de justice ne répond plus que margi-nalement à la réalité. En revanche, la Légiondemeure un lieu d'enfermement, de vie de grou-pe, de promiscuité, d'efforts physiques intensesqui fait de ses hommes des soldats d'élite aumoins par leur esprit de corps sans faille. Pourle reste, la Légion ce sont des régiments pro-fessionnels intégrés dans l'armée de terre fran-çaise et parfaitement prêts à intervenir n'im-porte où que ce soit dans les plus brefsdélais et à s'adapter à des conditionsd'emploi qui ont nettement évolué depuisla fin de la guerre froide. La Légionétrangère, enfin, ce sont des soldatsétrangers et, à ce titre, probablementplus à même d'être risqués dansdes opérations sensibles...

Constituée d'engagés étran-gers, la Légion étrangère faitnéanmoins partie intégrante del'armée de terre française. Ses for-mations sont dotées des mêmeséquipements et structures queles unités comparables du res-te de l'armée. Les règlementssont identiques. Quant aux mis-sions attribuées à ses régimentsopérationnels, ce sont celles qu'ontà remplir toutes les autres unités d'in-fanterie, de cavalerie ou du génie de Il'armée de terre. La différence vientdonc essentiellement du statut deslégionnaires. Celui-ci est par définitionun volontaire étranger servant sous contratd'abord de cinq ans, puis de durée variable àla discrétion du COMLE et des souhaits dulégionnaire.

Un recrutementspécifique à la Légion

Ce particularisme vaut à la Légion une struc-ture spécifique : le commandement de laLégion étrangère (COMLE). Lequel est placésous les ordres d'un officier général assistéd'un état-major implanté à Aubagne, à proxi-mité de Marseille. Il est directement subor-donné au chef d'état-major de l'armée de ter-re (et non à l'EMAT comme le sont les autresgrands commandements de l'armée de ter-re). Le général commandant le COMLE exer-ce son autorité sur l'ensemble des régiments

de la Légion dans les domaines de la gestionet de l'administration du personnel, de la for-mation et de l'instruction des légionnaires, dela protection et de la sécurité des hommesservant à titre étranger, sans oublier ceux dumoral, des traditions et de l'action sociale.

Pour emploi, c'est-à-dire leur entraînementet la conduite des opérations, les régimentsopérationnels de la Légion dépendent de leur

brigade d'appartenance ou, lorsqu'il s'agitde formations installées hors de métropo-

le, des commandements Terre outre-mer.Du fait de leur vocation particulière, les

1er et 4e RE — le premier constituantle pilier administratif, la « maison-mère » de la Légion, à Aubagne, et

le second, à Castelnaudary, l'éco-le par où transitent tous les légion-naires — se trouvent directementsubordonnés au COMLE. Pour cequi concerne leur vie courante, lesunités de la Légion dépendent,lorsqu'elles sont implantées en

métropole, de la région TerreSud-Est de Lyon et du com-mandement militaire de l'Ile-de-France pour les autres.Dans la Légion, les officiers

sont, en principe, français et choi-sissent d'y servir à la sortie de l'Eco-le d'application d'arme concernée(infanterie, ABC ou génie). Au cours

de leur carrière, ils peuvent servirindifféremment au sein de la Légion ou

dans le régime général, en régiment ou dansles états-majors. Toutefois, 10 % d'entre euxproviennent du corps des sous-officiers de laLégion et sont donc des étrangers servantsous contrat. Les sous-officiers commencentobligatoirement leur carrière en tant que légion-naires de 2e classe et comme tels serventdonc tous sous statut d'étranger.Ci-contre, en hautParmi les traditions jalousement conservées,la relève de la garde au 2e REI de Nîmes.Les traditions passent aussi par les fêtes propresà l'ensemble de la Légion ou à chaque unité.Une occasion pour tous d'affirmer leurappartenance à une communauté étroite et unie.(Photo José Nicolas)

Ci-contre.Un groupe de combat du 2e REP : rien ne

les distingue d'un groupe de combat des autresformations parachutistes de l'armée de terre,

si ce n 'est le sentiment d'appartenir à une élite.(Photo Yves Debay)

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17O ans de sacrifices et de gloire partout dans le mondeC'est le 9 mars 1831, voici donc 170 ans, que le

roi Louis-Philippe, afin de fournir des renforts effi-caces à l'armée française lancée à la conquête del'Algérie, a créé la Légion étrangère ; c'est-à-dire,comme son nom l'indiquait, un corps formé de sol-dats étrangers appelé à combattre hors du territoi-re métropolitain. Il officialisait et pérennisait ainsi unevieille tradition qui avait vu l'armée française, tantsous l'Ancien Régime que pendant les années napo-léoniennes, compter en partie sur des troupes étran-gères. Mais la Légion allait se voir dotée par le légis-lateur de l'époque d'une originalité, à savoir l'enga-gement possible du candidat légionnaire sur simpledéclaration d'identité, sans pièces d'état-civil. Lamesure, qui allait contribuer à forger le mythe de laLégion, avait été prise pour favoriser l'engagementdes étrangers soldats de métier ou révolutionnairesqui avaient trouvé refuge en France. En 1835, laLégion étrangère est cédée à la reine Isabelle IId'Espagne pour l'aider dans sa lutte contre la rébel-lion carliste. Sur les 4 000 légionnaires ainsi cédés,seuls 500 survivront et rentreront trois ans plus tarden France, fondant ainsi le mythe du martyre quel'on retrouvera à Camerone et qui constitue encoreaujourd'hui la pierre angulaire de l'« esprit » Légion.De l'aventure espagnole, toutefois, naîtra le princi-pe de l'amalgame, aujourd'hui toujours en vigueur.Les bataillons constitués par nationalités disparais-sent au profit d'unités indifférenciées quant à l'ori-gine des légionnaires les composant. Le françaisdevient alors l'unique langue de commandement.Six mois après la cession de la Légion à l'Espagne,Louis-Philippe, le 16 décembre 1835, décide d'enformer une nouvelle à même de continuer le com-

bat en Algérie. Elle accumule les succès à Constan-tine (1837), Djidjelli (1839), Millianah (1840), Zaat-cha (1849), Ischeriden (1857), etc. En 1840, elle estscindée en deux régiments et, trois ans plus tard,les légionnaires construisent à Sidi-bel-Abbès leurmaison-mère. Parallèlement à l'Algérie, le SecondEmpire met la Légion à contribution en Crimée(1854-1856) avec le siège de Sébastopol, en Italie(1859) avec les batailles de Magenta et Solférino,au Mexique (1863), enfin, avec Camerone. Le30 avril, trois officiers et 62 légionnaires réfugiésdans l'hacienda de Camerone tinrent tête une jour-née durant à 2 000 Mexicains. Dans la soirée, lescinq derniers survivants chargent à la baïonnette.De là est née l'image du légionnaire fidèle jusqu'àla mort à la parole donnée, de la mission à remplirquel qu'en soit le prix. En 1870-1871, la Légion,contrairement à ce qui avait été prévu lors de sacréation, est appelée à combattre les Prussiens surle sol métropolitain, puis les communards françaisà Paris. A partir de 1883, en revanche, elle renoueavec ses traditions et participe à toutes les cam-pagnes outre-mer : Tonkin (à partir de 1883), For-mose (1885), Soudan (1892-1893), Dahomey (1892-

1894), Siam (1893-1897), Madagascar (1895-1905),Maroc (1900-1934). Les légionnaires y gagnent laréputation d'une troupe à qui l'on peut tout deman-der. Après une participation glorieuse à la guerre enmétropole, au cours du premier conflit mondial, laLégion participe à la pacification du Maroc et duLevant. La Seconde Guerre mondiale voit malheu-reusement des légionnaires se faire face et se com-battre en juin 1941 en Syrie. Puis s'ouvrent le conflitIndochinois et la guerre d'Algérie. Après la fin decelle-ci, la Légion doit replier son dispositif dans lesud-est de la France. Les légionnaires conserventnéanmoins de fortes implantations outre-mer, enPolynésie française, en Guyane, dans les Comoreset à Djibouti. Parallèlement, le Tchad, dans lesannées soixante-dix et quatre-vingt, permet à laLégion de participer à des opérations de guerre.Mais c'est le saut du 2e REP sur Kolwezi, en 1978,qui braquera à nouveau les feux de l'actualité surles légionnaires. Kolwezi marque d'ailleurs un tour-nant puisqu'il s'agit déjà d'une opération destinée àprotéger les civils européens. Lintermède irakienvoit, en 1991, la participation de 2 500 légionnairesaux combats de Désert Storm. Après quoi se suc-cèdent les opérations de maintien de la paix sousl'égide de l'ONU ou de l'OTAN dans des cadres mul-tinationaux : Cambodge (1992-1993), Somalie (1992-1993), Ruanda (1994), Bosnie (1993,1995-1997 et2000), Centrafrique (1996), Congo (1997) Kosovo(2000), Erythrée (2001). En 170 ans d'activités, laLégion a perdu au combat 35 000 des siens, « étran-

gers devenus fils de France, non par le sangreçu, mais par le sang versé » ! Une épi-

taphe toujours d'actualité. O

Ci-dessus.Les légionnaires sont des étrangers.Le patriotisme ne saurait donc servir de moteurà leur engagement au combat. D'où la nécessité,afin d'y remédier, de développer traditionset esprit de corps. Ici, à Aubagne, ce sontles fameux sapeurs barbus en tablier de cuir qui ycontribuent, soulignant la tradition de bâtisseursdes légionnaires gagnée tout au longde leur histoire coloniale.(Photo José Nicolas)

Le recrutement des légionnaires s'avèrespécifique à la Légion. Laquelle en assumed'ailleurs la totale responsabilité via la chaî-ne « recrutement », forte de 130 hommes,mise en place par le 1er RE d'Aubagne. Elle

14 repose sur un réseau de postes de recrute-

ment de la Légion étrangère (PRIE) tenuspar des sous-officiers supérieurs et couvrantl'ensemble du territoire national. Il y en a vingt.C'est là que débute l'action de recrutementde la Légion (le recrutement à l'étranger estinterdit). Le processus démarre avec l'entréedu candidat dans le PRLE. Toutes lesdémarches et frais nécessaires à l'obtentiondes visas et à sa venue en France sont doncà la charge du candidat. L'an dernier, quelque7 976 candidats se sont ainsi présentés dansl'un des PRLE (la Légion a tout de même reçu,en 2000, quelque 20 459 courriers de deman-de de renseignements ; c'est dire combienelle attire).

Le candidat doit nécessairement être urhomme célibataire et étranger âgé de 17 à 4Cans (les mineurs doivent bien évidemmerrapporter une autorisation parentale ou de leLtuteur légal). Ceci étant dit, la spécificité del'engagement sous identité déclarée permeau candidat de tourner certaines de ces restrictions. Par ce biais, la Légion entend offn-une « seconde chance » à ceux qui veulertourner la page et prendre un nouveau dépar

dans la vie. Cette disposition permet à de;mariés de se déclarer officiellement célib;taires ou à des candidats français, sous réseve d'accepter de prendre une nationalité thé:-rique francophone (Luxembourg, Monac:

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Les traditionsde la Légion

C'est dans l'esprit de corps que la Légion pui-se en bonne part la force qu'elle ne saurait trou-ver dans le patriotisme de ses hommes pourla plupart étrangers. Un esprit de corps repo-sant sur les quatre piliers formant l'essencemême de l'éthique légionnaire, à savoir le carac-tère sacré de la mission, la rigueur dans l'exé-cution, la solidarité et le culte du souvenir. D'oùl'importance du maintien des traditions qui pas-se, tout d'abord, par le musée d'Aubagne oùles souvenirs les plus importants de l'histoirede la Légion ont été rassemblés. C'est là, dansla salle d'honneur, que tout légionnaire débu-te sa carrière par la remise officielle de son acted'engagement et, ultérieurement, à l'issue deses quatre mois de formation à Castelnauda-ry, par la notification du régiment au sein duquelil va être muté. C'est encore là que le généralcommandant la Légion s'entretiendra avec toutlégionnaire, quelle que soit son ancienneté,ayant exprimé le désir de quitter la Légion.

Les traditions, c'est aussi la musique de laLégion étrangère. Dépendant organiquementdu 1er RE, elle conserve encore une soixan-taine d'exécutants et participe à de nombreusesmanifestations, dont certaines à l'étranger. Sesfifres, son chapeau chinois, son port particulierdu tambour et sa cadence de 88 pas à la minu-te (au lieu de 120 dans le reste de l'armée fran-çaise) contribuent à lui assurer sa renomméeet à fortifier l'esprit de corps.

Les chants, à la Légion, jouent un rôle impor-tant pour la cohésion et l'esprit de corps.D'ailleurs, toutes les occasions sont bonnespour les chanter à l'unisson. Les paroles,qu'elles soient grivoises, profondes ou mélan-coliques, reflètent souvent précisément la men-talité, les états d'âme et la philosophie deslégionnaires.

On le constate d'ailleurs lors de la fête du1er janvier, durant laquelle les sous-officiersreçoivent les officiers dans leur mess pour leurprésenter les vœux, et surtout lors de la fêtedes Rois. Lors de celle-ci, le 6 janvier, les offi-ciers rendent l'invitation aux sous-officiers. Selonun usage qui remonte à l'Ancien Régime, ontire les rois. C'est obligatoirement un sous-offi-cier qui devient le roi. Puis une cour est forméesur un thème choisi selon l'inspiration dumoment où trouvent place certains person-nages récurrents. Le discours du trône consti-tue l'occasion d'un commentaire humoristiquesur la vue du régiment. La traditionnelle fête deCamerone, le 30 avril, constitue le parfait contre-point des précédentes. C'est la fête solennellepar excellence avec lecture à haute voix du récitdu fameux combat. A Aubagne, la main articu-lée en bois du capitaine Danjou, retrouvée surles lieux du combat, au Mexique, est présen-tée devant le front des troupes, portée par unancien que la Légion entend honorer. Le toutcontribue certainement à souder les hommeset à forger un esprit de corps. O

• f

Belgique, Canada), de se présenter commeressortissants étrangers. Ce qui leur permetde postuler à l'entrée dans la Légion.

A l'issue d'une première visite médicale, les5 300 candidats reconnus physiquement aptesl'an dernier ont été ensuite expédiés vers l'undes trois PILE (poste d'information de la Légionétrangère) de Paris, Strasbourg ou Aubagne.Là, après un entretien avec le chef de poste,

Ci-contre.La Légion c'est toujours, pour le grand public,

l'uniforme particulier que doivent d'ailleursobligatoirement porter les légionnaires non

gradés lorsqu'ils quittent leur caserne. Chaqueélément de la tenue rappelle une tradition.

(Photo José Nicolas)

Ci-dessus.Les palmeurs-démineursdu 1er REG en action lorsd'une reconnaissancede coupure humide.Ils constituent un outilessentiel à la 6? brigadelégère blindée.

Ci-dessous.Le 2e REI, dans le cadre de la « quaternarisation » à venir des formations

d'infanterie de l'armée de terre, devrait perdre sa section régimentaired'appui mortier forte de six mortiers de 120 mm. Le régiment

ne conservera alors que ses six mortiers de 81LRR.La « quaternarisation » devrait cependant compenser cette réduction

de puissance de feu à longue portée par un net accroissementdes capacités d'infanterie à courte/moyenne distances.

(Photos José Nicolas)

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C/-dessus.Les compagnies de combat du 2e REP ontchacune une ou plusieurs spécialités se rajoutantà l'activité parachutiste de combat de base.Ici, une équipe cynophile de combat participeà la recherche de saboteurs.(Photo José Nicolas)

un officier ancien, les candidats ont signé leurcontrat. Pas tous. Lan dernier, 240 d'entre euxn'ont pas osé franchir le pas et ont abandon-né à l'issue de l'entretien. Les 5 060 restants,l'an dernier, ont ensuite été conduits au centrede sélection et d'incorporation (CSI) d'Aubagneafin d'y subir une visite médicale poussée, maisaussi toute une batterie de tests physiques etpsychotechniques d'évaluation et de sélection.

C'est également là que le candidat légion-naire va devoir passer sur le grill des questionsdu service de protection de la Légion étrangè-re (DSPLE). Linterrogatoire vise à reconstituertoute la vie du candidat et à déceler d'éven-

tuelles zones d'ombre. Il est vivement conseilléde tout dire, même le difficilement avouable.Le service de sécurité, qui dépend de la DPSD,dispose de sérieux moyens d'investigation etde vérification. Un jour ou l'autre, à en croire lahiérarchie, la vérité se fera jour. Et la Légion serévèle extrêmement sévère avec ceux qui luiont menti au CSI.

Une sévère enquêtede police

En revanche, pour ceux qui traînent quelquescasseroles judiciaires mais qui jouent franc jeu,la Légion joue son rôle de bouée de sauvetage.Tout au moins tant qu'il ne s'agit pas de faits cri-minels. La protection s'avère alors totale. Unenouvelle identité est fournie au légionnaire pourson temps de service et les éventuellesrecherches policières ou commissions rogatoiresdélivrées par des juges s'arrêtent à l'entrée de

la caserne au grand dam de la justice... iétant dit, l'image des délinquants cherchant refu-ge dans la Légion apparaît de moins en moinsd'actualité. Seuls 10 à 15 % des engagés traî-neraient ainsi des « casseroles » pénales.

En 2000, seuls 1 501 des 5 060 candidatsprésentés au CSI ont en définitive été recon-nus aptes à servir au sein de la Légion. Aprèsquoi, une commission de sélection — com-posée d'un médecin, du chef d'état-major duCOMLE, du chef de la DSPLE, du chef du CSIet du chef du groupe d'évaluation — va opé-rer, sur dossier, une ultime sélection, afin dene conserver qu'un nombre de candidats enadéquation avec les droits ouverts par leBudget pour la Légion.

Lan dernier, à l'issue de ce long processus,ce sont quelque 824 candidats, sur les 7 976qui s'étaient présentés dans les PRLE, quiont été immatriculés (soit un engagé pour9,6 candidats ; l'armée de terre, dans le même

16

Le FELE de la Légion : une nouvelle familleLa Légion étrangère constitue un milieu social par-

ticulier composé d'hommes qui, en s'engageant, ont,le plus souvent, rompu tous les liens qui pouvaientles rattacher à leur passé, à leur famille et à leur paysd'origine. Bref, au monde extérieur. D'ailleurs, dèsleur entrée dans la Légion, à Aubagne, les engagésse voient confisquer leurs documents et papiersd'identité civils. La légion leur fournit en échange desdocuments militaires. Ces derniers ne leur permet-tront ni de voter, ni de sortir du territoire, ni de semarier, ni d'ouvrir un compte bancaire.

Autrement dit, la Légion s'assure qu'elle consti-tuera bien le centre de leur vie, sans interférencesextérieures. Pour les légionnaires français enga-gés sous une nationalité étrangère, il sera possible,à l'issue d'un an de service, de faire valoir leur véri-table nationalité et de retrouver leur identité. Le ser-vice de protection de la Légion étudiera alors lademande, notamment pour vérifier la prescriptiondes éventuels délits commis, et décidera d'accor-der son feu vert. Si c'est le cas, le légionnaire ser-

vira en tant que français mais à titre étranger. Cestatut lui assurera de demeurer dans la Légion etde ne pas risquer d'être muté dans la « réguliè-re ». Quant au mariage, il ne faut pas y songeravant d'être au moins caporal.

D'où la nécessité, pour la Légion, de fournir à seshommes un cadre social de remplacement, unepuissante structure de solidarité au sein de laquel-le le légionnaire « orphelin » peut s'épanouir. Enpremier lieu, cela signifie, pour l'encadrement, unegrande disponibilité, une permanence et de réellescapacités d'écoute. Car les cadres deviennent, pourleurs légionnaires, à la fois des chefs militaires etdes « pères de famille ». Ce qui signifie de luiconsacrer beaucoup de temps, notamment endehors du service, de s'investir certainement plusqu'à l'égard d'EVAT de la « régulière ». C'est cequi rend le commandement si exigeant pour lesofficiers et sous-officiers servant dans la Légion.C'est aussi ce qui le rend, aux dires de l'encadre-ment, si passionnant.

Par ailleurs, qu'il soit en activité ou qu'il ait quit-té l'uniforme, le légionnaire peut à tout momen:trouver, auprès des services sociaux, s'il le dés •re, soutien, réconfort et protection... presque unefamille. C'est là toute la signification de la devise« Legio patria nostra » et de la tradition qui veu:que « la Légion n'abandonne jamais les siens, rau combat, ni dans la vie ».

C'est cette mission d'action sociale spécifiquenécessairement différente de celle réalisée dans \ereste des armées, que la Division service du moraet foyer d'entraide de la Légion étrangère(DSM/FELE) a été chargée de mettre en œuvre. LeFELE descend en droite ligne de la première mason de retraite pour légionnaires créée en 1933 ;Auriol, à une petite dizaine de kilomètres d'AubagneAujourd'hui, il s'agit d'un organisme administratif ;vocation sociale et culturelle, doté de la personna-lité morale et de l'autonomie financière. Ses res-sources proviennent du produit de l'activité du sep

vice des achats groupés de la Légion à Aubagre

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temps, pour ses EVAT, en est à un ratio de1,2). Ce qui assure une marge confortable(677 candidats reconnus aptes en 2000 maisrefoulés faute de postes ouverts) pour unéventuel accroissement du recrutement.Lequel se trouve d'ailleurs à un étiage histo-rique ayant pour cause la dissolution récentede plusieurs unités.

En effet, la moyenne annuelle des nouveauximmatriculés s'établit, si l'on considère les trei-ze années écoulées, à 1 305 légionnaires...avec même un pic à 1 713 en 1992. Et, cetteannée, avec un objectif de 850 recrutements,la situation ne devrait guère se modifier. Lenombre de candidats, en début de chaîne,demeurant stable, cela signifie l'assuranced'une extrême qualité des immatriculés. Ain-si, leur niveau général moyen se révèle, à12,67/20, plus élevé que celui des EVAT.

En outre, ils ont en moyenne entre 23 et24 ans. Il arrive même, certes rarement, que

soient pris des « jeunes » âgés de 40 ans.Mais les trentenaires sont relativement fré-quents à l'engagement. A en croire l'enca-drement, ils peuvent, c'est vrai, rencontrer par-fois quelques problèmes physiques pour suivrele rythme de l'entraînement. Mais ils bénéfi-cient de l'expérience... Ils relativisent mieux.Ils ont un vécu et des atouts. Beaucoup d'entreeux sont d'anciens militaires, sous-officiers,voire officiers... Ceux-là constituent donc desrecrues de choix pour la Légion. Lengagementtardif soulève surtout un problème de gestionde carrière. Pour devenir sous-officier, ils vontse trouver très rapidement confrontés auxlimites d'âge d'accès au stage. C'est ici quese situe le vrai problème.

Enfin, les engagés de la Légion présententun autre avantage. Quasiment tous s'engagentavec, chevillée au corps, la passion du com-bat. A la différence des engagés des arméesrégulières professionnalisées, qui peuvent avoir

Ci-contre.La Légion a dû s'adapter aux évolutions deces dernières années. Pour pouvoir continuerà participer à des opérations extérieures,les légionnaires ont ainsi accepté de, parfois,se muer en quasi gendarmes mobiles. C'est icile cas de ces soldats du 2" REP participant àdes opérations de maintien de l'ordre enex-Yougoslavie.

En bas.Les unités de la Légion alignent un certain

nombre de tireurs de précision dotés de fusilsFRF2 à même de frapper de nuit comme de jour

à 300 ou 400 m. Le 2B REI devrait, en outre,doubler sous peu le nombre de ses fusils PGM de12,7 mm en dotation au sein de ses cinq pelotons

de tireurs d'élite (un peloton par compagniede combat) pour frapper de jour jusqu'à 1 000 m.

(Photos Yves Debay)

des motivations plus terre à terre (apprentis-sage d'un métier, fuite devant le chômage, etc.),le légionnaire vient à la Légion essentiellementpour se battre. Il ne souhaite qu'une chose,c'est rejoindre un régiment opérationnel et par-ticiper le plus souvent possible à des OPEX oueffectuer des séjours outre-mer. C'est sa pas-sion. Une passion que l'on rencontre aussi,bien évidemment, chez nombre d'EVAT... Maispas chez tous. Quant aux légionnaires qui sesont engagés pour fuir d'éventuelles poursuitespénales, ils se muent en général, selon l'en-cadrement, en d'excellents soldats, car ilssavent que la Légion constitue leur protectionface à la justice...

Le combatpour la motivation

Ça, c'est le discours officiel. Dans les faits,si la passion du combat est bien une constan-te, s'y ajoutent fréquemment des considéra-tions pratiques. Le déferlement slave, depuisune dizaine d'années, se révèle avant tout« alimentaire ». Il s'agit de fuir des pays oùrègne la misère et où le légionnaire se per-çoit sans avenir. Le passage dans la Légion,généralement court, permet donc d'amasserun pécule qui permettra à l'ancien légionnai-re, de retour chez lui, de tenter de se lancerdans la vie civile avec de plus grandeschances de réussite. Ce n'est pas le cas desAsiatiques — Japonais et Sud-Coréens — quis'engagent plus fréquemment en vue de fai-re carrière et demandent à se former dansdes spécialités.

A la différence des Slaves et Francophones,qui possèdent souvent un vécu militaire acquis

Le FELE anime l'action sociale au profit deslégionnaires d'activé, mais aussi des anciens etde leur famille. Outre l'aide morale et sociale, voi-re l'assistance juridique ou administrative, l'actiondu FELE peut aller jusqu'à la fourniture d'un sou-tien pécuniaire ou matériel ponctuel.

Enfin, la Légion dispose, à Puyloubier, de sapropre institution des Invalides (IILE). Elle est char-gée de l'hébergement, de la rééducation fonc-tionnelle et de la réinsertion professionnelle etsociale des anciens légionnaires réformés, inva-lides ou rencontrant des difficultés d'adaptation àla société civile moderne. LIILE peut accueillir jus-qu'à 200 pensionnaires qui participent à des ate-liers de céramique, reliure et élevage, sans oublierla culture du fameux vignoble de la Légion, magni-fiquement exposé au pied de la montagneSainte-Victoire, qui fournit un vin des Côtes deProvence à la qualité unanimement reconnue ausein de la Légion... O

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La symbolique de la tenueParmi les symboles les plus remarquables

de la tenue de cérémonie du légionnairefigure le képi blanc. Dans le monde entier,il désigne le légionnaire. A l'origine, il s'agis-sait d'un couvre-képi de couleur kaki portépar toutes les unités employées à la pacifi-cation du Maroc. Sous l'action du soleil etdes lavages répétés que lui faisaient subirles légionnaires, le couvre-képi blanchit etdevint l'objet de fierté des anciens. C'est lorsdu défilé du 14-Juillet 1939, à Paris, qu'il fitsa première véritable apparition officielle etson port sera étendu à l'ensemble des régi-ments de la Légion à la fin du second conflitmondial. Le képi blanc n'est porté que parles légionnaires du rang. Officiers et sous-officiers portent le képi noir frappé de la gre-nade à sept flammes.

Grenade qui constitue elle aussi un sym-bole fort que l'on retrouve comme motif orne-mental dans la décoration des quartiers, surle fanion des compagnies et escadrons, surles épaulettes de tenue de sortie (surmon-tée des trois chevrons verts distinctifs de laLégion) ou sur les insignes de béret. Signede reconnaissance des troupes d'élite, leport de la grenade par les légionnaires a étéofficialisé en 1874. Et depuis elle a pris saforme actuelle à sept flammes.

Les épaulettes portées sur la tenue de para-de ont pris leur forme définitive à corps vert ettournantes rouges dès 1868. Ces couleurs ontété héritées des Suisses de la 2e Légion de1835. On les retrouve sur les fanions des uni-tés élémentaires. La ceinture bleue constituaità l'origine un accessoire destiné à protéger lepersonnel servant outre-mer des affectionsintestinales et se portait sous les vêtements.Depuis, elle se porte sur la veste ou la capo-te. Quant à la couleur bleue, elle constitue lesigne distinctif de la Légion. Lusage du béretvert, dont le port était initialement réservé auxlégionnaires parachutistes servant en Indo-chine, a été, depuis la guerre d'Algérie, éten-du à l'ensemble des unités de la Légion.

Les origines de certains symboles se révè-lent parfois fort anecdotiques. C'est le casde la cravate verte. Rendue réglementaireen 1946, elle fut adoptée à la suite de ladécouverte, par le régiment de marche dela Légion, d'un important stock appartenantaux Chantiers de jeunesse... C'est aussicelui des pionniers portant barbe et le tablierde buffle qui, en défilant avec la hache surl'épaule, rappellent la vocation de bâtisseursdes légionnaires. Selon une tradition quiremonte à la Grande Armée, ils sont placésen tête des défilés pour ouvrir la route. 3

Le socle

Commandementde la Légionétrangère

Les forces2" régimentétranger de

parachutistes

1er régimentétranger de

cavalerie

1er régimentétrangerde génie

2e régimentétranger

d'infanterie

2e régimentétrangerde génie

11e brigadeparachutiste

6e brigadelégère blindée

27e brigaded'infanterie

de montagne

L'outre-mer3e régiment

étrangerd'infanterie

13e demi-brigadede Légionétrangère

Détachement deLégion étrangère

de Mayotte

CommandementsupérieurGuyane

CommandementsupérieurDjibouti

CommandementsupérieurFAZSOI

avant de rejoindre la Légion, les Asiatiques font généra-lement preuve de connaissances militaires inexistantes.En revanche, ils se révèlent extrêmement volontaires. Ilsfont preuve d'une volonté d'adhérer et de faire partie dela famille beaucoup plus forte que chez les engagés d'uneautre origine. Ils s'intègrent donc, même si c'est plus com-pliqué, au début, pour des questions de langage.

L'« invasion » des SlavesEn définitive, à en croire l'encadrement, la diversité de

son recrutement constitue pour la Légion une extrêmerichesse. Les gens viennent de cultures très différentes,parlent des dialectes multiples, ont des formations variéesEt la Légion les amalgame en une structure qui trans-cende les différences. Toutefois, au-delà du discours offi-ciel, l'encadrement admet conduire une politique assiduede mélange des nationalités, afin d'éviter la formatiord'unités à forte dominante ethnique et son corollaire, asavoir des mafias. Ceci étant, avec l'importance actuelledu recrutement slave, cette politique rencontre ses limites..

De fait, l'absence affichée, pour le recrutement, depolitique de quotas par nationalité ou de sélection pa-les capacités supposées d'apprentissage du françaisgénère aujourd'hui une situation délicate à gérer, tarau niveau de l'instruction élémentaire que de la vie erEn haut.La Légion est parvenue à partiellement sauver sa fameusemusique qui, bien que réduite d'un bon tiers, continueà participer à de nombreuses manifestations publiques.La musique dépend du 1er RE d'Aubagne.Ci-contre.Le 2e REI a participé, en juin 2001, à l'exercice internationalTrident d'or en Sardaigne. Dans ce cadre, ses unitésont réalisé un débarquement, preuve de la polyvalenceet du savoir-faire des légionnaires.(Photos Yves Debay)

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Ci-contre.Le légionnaire, ici du 2F REI c'est avant toutun soldat professionnel à même de remplirles missions que lui confie l'armée de terre.Les missions dévolues aux régiments dela Légion sont les mêmes que celles confiéesaux unités du même type de la « régulière ».(Photo Yves Debay)

unités opérationnelles. En effet, traditionnel-lement, l'origine des candidats reflète la situa-tion internationale du moment. Depuis lachute du Rideau de fer, voici onze ans,puis l'implosion de l'Union soviétique, lerecrutement de la Légion étrangère s'afficheà dominante slave.

Pour ne prendre que le cas de l'année pas-sée, les Slaves des pays de la CEI ont repré-senté 22,7 % (61 Ukrainiens, 54 Russes,31 Lituaniens, 22 Biélorusses, 10 Lettons etquelques autres) des 824 légionnaires recru-tés et leurs « cousins » des pays d'Europeorientale 27,5 % (68 Hongrois, 57 Polonais,49 Slovaques, 21 Bulgares, 20 Tchèques).Ainsi, 50,24 % des engagés étaient desSlaves. Plus d'un sur deux ! Ceci étant dit,Slaves russophones et Slaves non russo-phones ne se mélangent pas volontiers ! Pourle reste, les « Latins », parmi lesquels 41 Rou-mains, représentaient près de 10 % du total,les Arabes 2,8 %, les Africains autant et lesAnglo-Saxons et Allemands 5 % à eux tous.

Quant aux francophones, leur part s'afficheen diminution constante depuis dix ans. Repré-sentant 55,6 % des candidats engagés en 1990,

ils ne constituaient plus que23,3 % de leurs congénèresrecrutés en l'an 2000 et pro-

bablement moins de 20 % cetteannée. Si l'on ajoute la montée en puis-

sance des recrues venues d'Extrême-Orient(5 %), pour lesquelles, par définition, l'appren-tissage du français pose davantage de pro-blèmes, on conçoit que la Légion doive désor-mais faire face à un sérieux problème linguis-tique. Et même si la langue de commandementdemeure le français, le nombre insuffisant defrancophones rend de plus en plus délicat sonapprentissage rapide par tous. Avec le risquede réflexes et dérives communautaires. Le côtépositif du problème, c'est qu'il souligne l'éton-nante aura internationale de la Légion étran-gère. La Légion, c'est avant tout une histoired'homme, l'aventure humaine avec un « A ».Tout au moins pour ceux qui ne sont pas tropépris de liberté... O

Le Code d'honneur du légionnaireDans les années quatre-vingt, constatant que les jeunes candidats manquaient parfois de

références morales, le COMLE a établi le Code d'honneur du légionnaire. Chaque engagéle reçoit dans sa langue maternelle et sa signification lui est expliquée durant sa périoded'instruction au 4e RE. C'est la référence de tous les instants. Il fixe l'élégance de la tenue,la nécessaire camaraderie au quotidien, tout autant que les règles de comportement à suivreau combat.

Article 1 : Légionnaire, tu es volontaire servant la France avec honneur et fidélité.Article 2 : Chaque légionnaire est ton frère d'arme quelle que soit sa nationalité, sa race,

sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'unemême famille.

Article 3 : Respectueux de tes traditions, attaché à tes chefs, la discipline et la camarade-rie sont ta force, le courage et la loyauté tes vertus.

Article 4 : Fier de ton état de légionnaire, tu le montres dans ta tenue, toujours élégante,ton comportement toujours digne mais modeste, ton casernement toujours net.

Article 5 : Soldat d'élite, tu t'entraînes avec rigueur, tu entretiens ton arme comme ton bienle plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique.

Article 6 : La mission est sacrée, tu l'exécutes jusqu'au bout dans le respect des lois, descoutumes de la guerre et des conventions internationales et, si besoin, au péril de ta vie.

Article 7 : Au combat, tu agis sans passion et sans haine, tu respectes les ennemis vain-cus, tu n'abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes. O

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eonimandan« Je ne pense pas que l'armée françaisesoit prête à se passer des servicesde la Légion étrangère »

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RAIDS : En ce début de troisième millénaire,alors que les forces armées françaises se pro-fessionnalisent, lui ôtant ainsi l'une de sescaractéristiques les plus évidentes, quelle estla raison d'être de la Légion étrangère ?

Général Grail : La Légion étrangère, le plus vieuxcorps de troupe professionnel de l'armée de terre,occupe une place à part. Elle le doit à son passéde gloire et de sacrifice, mais aussi au halo de mys-tère que l'on prête parfois à ses hommes. Elle ledoit surtout au statut très particulier du service àtitre étranger. A ce titre, elle conserve toute sa rai-son d'être dans une armée de terre professionna-lisée. II est vrai que la professionnalisation de la« régulière » place plus haut encore nos objectifsd'excellence. Je ne pense pas que l'armée fran-çaise soit prête à se passer de ses services.

// existe semble-t-il une différence marquéeentre les taux de sélection enregistrés à l'en-trée de la Légion et de l'armée de terre réguliè-re. Situation qui pourrait offrir à la Légion unpotentiel de croissance...

C'est exact. Nous avons, dans la Légion, à peuprès 9,6 candidats pour un poste contre 1,2 dansle reste de l'armée de terre. Aujourd'hui, la Légionétrangère ne rencontre aucun problème de recru-tement. Et il n'y a aucune raison pour que cela chan-ge à court/moyen terme. Ceci étant dit, j'estime,personnellement, que la Légion étrangère a atteint,aujourd'hui, avec environ 7 867 hommes, son plan-cher. Réduire davantage ses moyens nous pose-rait de délicats problèmes de gestion des ressourceshumaines. En revanche, si l'état-major de l'arméede terre devait souhaiter, à l'avenir, disposer d'unvolume d'infanterie débarquée plus important etque l'armée régulière éprouve des difficultés à recru-ter suffisamment pour cela, alors on pourrait comp-ter sur la Légion. Elle serait en effet parfaitementcapable, en trois ans, sans accroître le volume descadres du 4e RE de Castelnaudary, notre régimentécole, de créer un régiment étranger d'infanteriesupplémentaire. Nous pourrions même assez rapi-dement et sans difficultés majeures monter jusqu'àun effectif de 10 000 légionnaires. Mais rien ne ditque l'état-major prendra cette décision, car celaaccroîtrait sensiblement le poids de la Légion —une force « étrangère » — au sein d'une armée deterre en pleine déflation d'effectifs.

La qualité du recrutement de la Légion étran-gère demeure-t-elle stable ?

Il n'y a pas de variations significatives si ce n'est unelégère progression du niveau général moyen. Enrevanche, nous avons beaucoup moins de franco-phones qu'auparavant, notamment à cause de la repri-se du marché de l'emploi en France, mais aussi durecrutement de militaires par les armées régulièresfrançaises en voie de professionnalisation. Lesemplois-jeunes nous causent aussi du tort. Et l'ima-ge de la Légion, qui serait peuplée de fortes têtes oude délinquants cherchant à se soustraire à la justice,ne facilite pas le recrutement des jeunes Français. Or

un engagé français dansla Légion possède de fortes chances de fai-re une plus belle carrière, de monter plus vite les éche-lons que dans l'armée régulière. Toujours est-il qu'en2001, nous devrions recruter moins de 20 % de fran-cophones. Il s'agit d'un profond retournement de ten-dance puisque, voici dix ans, les proportions étaientquasi inversées. Pour ma part, afin de respecter uncertain équilibre, je préférerais qu'il y ait un peu plusde francophones. En fait, nous recrutons aujourd'huibeaucoup de Slaves. C'est un peu l'histoire de laLégion étrangère. Son recrutement répercute lesgrands changements de la géostratégie mondiale etdes problèmes rencontrés par tel ou tel peuple. Depuisla fin de la guerre froide et l'écroulement de l'Unionsoviétique, nous voyons de plus en plus de Russes,Biélorusses, Ukrainiens, Polonais et autres tenter denous rejoindre. Je ne sais pas combien de temps dure-ra ce phénomène. Reste que nous avons dans noseffectifs de nombreux jeunes Français qui se sontengagés sans avoir de casier judiciaire et qui sontdevenus d'excellents sous-officiers. Le « petit Fran-

C'est le 1er septembre 1999 que le général Ber-nard Grail a pris le commandement de la Légionétrangère. Admis à l'Ecole spéciale militaire deSaint-Cyr, promotion Lieutenant-colonel de Sai-rlgné, en septembre 1967, il opte, à sa sortie,pour l'infanterie mécanisée et suit successive-ment, en 1969 et 1970, les cours des Ecoles d'ap-plication de l'ABC à Saumur et de l'infanterie àMontpellier. Après un séjour de trois ans au35e régiment d'infanterie mécanisée, il rejoint, enaoût 1973, le 2e REP. Là, il occupe successive-

ment les fonctions de chef de section, puis d'ad-joint au commandant de compagnie et enfin decommandant de compagnie. En mai 1978, c'està la tête de la 4e compagnie qu'il saute sur Kol-wezi dans le cadre de l'opération Bonite. Aprèssept années passées au 2e REP, il intègre l'état-major de la 11e DP à Toulouse. Deux ans plustard, il rejoint l'Ecole d'application de l'infanterieet s'occupe d'élèves officiers d'activé. Il est admisen septembre 1984, à l'Ecole supérieure de guer-re à Paris en qualité de stagiaire. Il retrouve laLégion en juin 1986 en prenant les fonctions d'ac-joint au bureau Emploi-Instruction du COMLE aAubagne. En juillet 1989, il prend le commande-ment du 4e RE de Castelnaudary. A la suite dequoi, il occupera, à partir d'août 1991, diversesfonctions à Paris au sein de la Direction du per-sonnel militaire de l'armée de terre et, à part •d'août 1996, de l'EMAT. Le 1er septembre 199"il rejoint la 6e division légère blindée de Nîme;en tant qu'adjoint au général la commandant. Legénéral Grail, marié et bientôt âgé de 55 ans. £été porté, le 13 juillet 2001, à la dignité de Cc~mandeur de la Légion d'honneur, puis nommele 1er août suivant, général de division.

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çais » qui souhaite venir chez nous sera accueilli àbras ouverts. Si c'est un « gars » physique, qui aimecommander et vivre l'aventure, il sera comblé.

La diversité des nationalités d'ori-gine des légionnaires, voire des reli-gions, ne soulève-t-elle pas des dif-ficultés spécifiques dans la vie quo-tidienne de la Légion ?

Nous avons effectivement près de 130nationalités différentes représentées ausein de la Légion étrangère. Cela soulè-ve nécessairement de petits problèmesde communication. Face à une popula-tion linguistiquement aussi hétérogène,le caporal, le sergent et le chef de sec-tion rencontrent bien évidemment plus dedifficultés à faire passer leurs ordres. Maisnous possédons un réel savoir-faire en ce domaineet ça se passe bien. Quant aux questions religieuses,nous sommes une institution laïque et nous ne ren-

controns pas de problèmes particuliers en ce domai-ne. La Légion étrangère, qui fait fi des races et reli-gions, c'est l'expression militaire d'une France qui ade tous temps été reconnue comme une terre d'im-

migration et d'intégration. En cela notrecorps affiche une valeur emblématiqueau sein du patrimoine français.

Le programme de formation debase du légionnaire, à Castelnauda-ry, correspond-il encore aux réalitéset aux besoins du jour ?

C'est un programme que nous faisonsévoluer en fonction de nos besoins. LaLégion formant elle-même ses hommes,cela lui laisse une très grande souples-se. Il est clair, par exemple, qu'il nous fautmaintenant faire porter un plus grand effort

sur l'apprentissage du français qui doit rester la languede commandement. Cet effort se justifiait moinslorsque la proportion de francophones au sein de la

Ci-dessus.Les légionnaires s'adaptent aux évolutions

du combat. Ainsi, les hommes du 2e REI seronttotalement équipés, dès cet automne, en moyens

pré-FELIN préfigurant le fantassin du futur.Le régiment est aussi pilote pour

l'expérimentation du système d'informationrégimentaire, le fameux SIR.

(Photo Yves Debay)

Légion avoisinait, il n'y a pas si longtemps, les 50 %.Cela a donc nécessité de faire évoluer notre forma-tion. Par ailleurs, l'état des jeunes de nos sociétésmodernes, nettement moins robustes et rustiques qu'ily a ne serait-ce qu'une dizaine d'années, nécessiteaussi une montée en puissance plus progressive denotre entraînement physique. Nous faisons donc évo-luer notre programme en tenant également comptedes axes fournis pour l'instruction des EVAT par lecommandement chargé de la formation, au sein del'armée de terre, car on ne peut pas s'en démarquertotalement. Ce que nous faisons actuellement à Cas- 21

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telnaudary est donc parfaitement adapté à nos besoinset à notre population.

Qu'en est-il du recrutement des officiers ?La professionnalisation a-t-elle modifié lesdonnées ? L'attrait de la Légion est-il moindre ?

Du fait de la professionnalisation des forces régu-lières, certains officiers peuvent aujourd'hui légiti-mement penser avoir autant de possibilités de « bou-ger », de participer à des OPEX, que les légionnairestout en restant hors de la Légion. Ils peuvent aussiestimer que le commandement, au sein de la Légion,s'avère plus exigeant et contraignant qu'ailleurs, qu'yservir demande plus de disponibilité. Chez nous, parexemple, on travaille encore le samedi matin... C'estvrai que le légionnaire, le plus souvent étranger, acoupé les ponts avec son cadre de vie précédent etne peut pas rentrer chez lui. Ce qui nécessite de lapart de nos cadres une plus grande implication pouroccuper ses loisirs. Les jeunes officiers, qui ont ten-dance à se marier plus tôt qu'auparavant, parfois dèsl'école d'officier, ce qui entraîne des charges de famil-le et une moindre disponibilité, hésitent donc davan-tage à nous rejoindre. Et, c'est vrai, depuis peu, laLégion étrangère n'est plus forcément le choix prio-ritaire des officiers. Toutefois, si la tendance est réel-le, son impact n'est pas encore significatif. Les jeunesofficiers qui ont envie de se donner à fond dans leur

Ci-dessous.Le 2e REI aligne cinq VAB Drakar équipés d'uncanon de 20 mm sous tourelle. Le parc des VABva devoir bénéficier d'une profonde rénovation,afin de pouvoir attendre les futurs VBCI tout ens'adaptant au fantassin FELIN du futur et au SIR,(Photo 2e REI)

métier, de faire un travail intéressant, viennent tou-jours chez nous. Ceci étant dit, on va certainementdécouvrir, dans la régulière, que la gestion des EVATn'est pas celle des appelés et qu'il faut que les cadress'impliquent davantage même si, par définition, lejeune engagé volontaire de l'armée de terre n'est pasde même nature que le légionnaire.

Pourquoi conserver une telle diversité d'armes— génie, infanterie, cavalerie — au sein de laLégion ?

Tout d'abord, il faut bien se rappeler que les légion-naires ont, de tous temps, maîtrisé le métier de sapeur.Le légionnaire, même fantassin, a toujours su, lorsquecela se révélait nécessaire, se transformer en sapeur,en constructeur et bâtisseur. C'est ce qui expliquequ'il existe aujourd'hui encore deux régiments étran-gers du génie et que nous ne souhaitons pas laisserdisparaître ce savoir-faire. D'autant qu'il s'agit ici degénie de combat. Quant au régiment étranger decavalerie, qui vient de fêter le 80e anniversaire de sacréation, il répond également à une longue tradition.De même que l'infanterie. En revanche, c'est vrai,créer dans la Légion des unités de transmissions oude l'artillerie ne correspondrait pas vraiment à notretradition et à la mentalité « légionnaire ». Je suis per-suadé qu'il est souhaitable de conserver cette relati-ve diversité. D'ailleurs, elle permet à nos hommes,qui peuvent rester dans la Légion un bon quart desiècle, d'étendre leurs compétences et ainsi de nepas s'emmurer dans un métier unique. Cette politiquea assuré une montée en puissance harmonieuse du2e REG, tout récemment recréé, avec l'intégrationdans l'unité de sous-officiers fantassins depuis lorsdevenus d'excellents cadres du génie.

Ci-dessus, à gauche.Les problèmes de langue risquent de devenirde plus en plus importants au sein d'une Légionrecrutant de moins en moins de francophones(20 % cette année). Outre la difficulté à se fairecomprendre, les cadres ont aussi à gérer, faceà l'arrivée massive des Slaves, les risquesde communautarisation,

Ci-dessusLe niveau général des engagés volontaires os

la Légion a tendance à demeurer nettenau-dessus de la moyenne. Nombre d'entre <

bénéficient d'ailleurs d'une première expertede militaire, parfois en tant qu'officier. Mais me

ces derniers doivent suivre l'intégralité de !•formation de base du légionnaire..

(Photos 2e RE

L'optimisation des moyens limités de la Légiorétrangère passe-t-elle par une réduction de Isdiversité de ses régiments et spécialités,recentrage vers le cœur de cible, à savoir /';fanterie ?

C'est vrai que pour beaucoup la Légion traîrencore ce cliché d'une force de fantassins. Rtant, l'armée de terre se modernisant à grands.nous avons besoin nous aussi de nombreux spé-cialistes, d'informaticiens et de mécaniciens potus à même d'assurer le soutien de moyens de pu;en plus sophistiqués. Ainsi, sur 53 unités éléme"-taires, au sein de la Légion, nous alignons 25 ur-tés de combat et 28 unités de soutien ou d'ins-truction. Nos bons éléments, nos sous-officiers îfort potentiel doivent aussi être orientés vers ce=spécialités dont nous avons le plus grand beso "Et il est clair que si la Légion étrangère devait serévéler incapable de satisfaire sur son vivier sesbesoins en spécialistes, alors elle devrait faire appaà des soldats du régime général de l'armée de te--re, à des « cadres blancs ». Et un « cadre blancc'est, en fin de compte, un sous-officier de Léç :étrangère en moins...

Vous disposez également, dans certains rég-ments, de compagnies spécialisées dans destâches comme l'assaut amphibie ou l'infante-rie de montagne...

Cette politique a démarré avec le REP dont il f&lait bien remotiver les troupes à son retour d'A-gérie au début des années soixante. S'étant m: -•trée efficace, elle a été poursuivie. Aujourd'r.chacune des quatre compagnies du REP pos;:

de ainsi, outre sa fonction de base d'infanterie çîchutiste, une vocation opérationnelle bien pa~-culière : la première est ainsi spécialisée dar; -combat nocturne et antichar, la deuxième dar;combat de montagne, la troisième dans le corr: =amphibie et la quatrième est pilote en matière :•=snipers et tireurs d'élite. Cela signifie, par exemp«que lorsque le REP conduit un exercice ave:marine, sa 3e compagnie est ainsi à même d'£5surer tous les mouvements du régiment : Ira":bordements en zodiacs, activités sur l'eau. '=:naissances de plages, etc. Si le REP doit ac imontagne, il revient à la 2e compagnie d'éqi : =les parois et les passages ainsi que saurait le •

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Ci-dessus, à dro/te.4vec pas mp/ns de 730 nationalités différentes

répertoriées en son sein, la Légion pourraitsouffrir de multiples conflits à base raciale

ou religieuse. Il n'en est rien. Elle constitue belet bien l'emblème d'une France d'immigration

et d'intégration.(Photo 2e REI)

re, pratiquement, un bataillon de chasseurs alpinsclassique. Ceci étant posé, la compagnie de mon-tagne du REP s'avère tout aussi apte que sesconsœurs à faire le métier de base du régiment.En outre, un légionnaire restant longtemps dansun régiment fera assez rapidement le tour de saspécialité. D'où l'intérêt de la formule qui permetaussi aux légionnaires appartenant à d'autres com-pagnies de venir se former ponctuellement dansl'unité-pilote d'une spécialité et y obtenir un bre-vet de montagne ou de tireur d'élite. Les légion-naires peuvent ainsi accumuler des compétencesfort variées. Ce qui rend leur métier plus valorisantet attrayant. Il faut bien comprendre, en revanche,qu'un légionnaire servant, par exemple, dans lacompagnie amphibie du 2e REP n'est pas unnageur de combat, même s'il bénéficie d'une pra-tique de la plongée sous-marine. Ce n'est pas lecœur de son métier. Il y a des unités dans l'arméefrançaise dont c'est la justification. Il n'en reste pasmoins vrai que ces « spécialités » multiples confè-rent au 2e REP une plus grande autonomie aucombat. On retrouve un peu cette politique de com-pagnies spécialisées au sein du 1er REG. De soncôté, le 2e REG, qui appartient à la 27e brigadealpine, est entièrement tourné vers les activités demontagne.

La Légion étrangère entretient-elle, en fait,une culture de l'autonomie au sein de l'arméede terre ?

En opérations, la Légion étrangère est amenée àtravailler avec les unités du régime général de l'ar-mée de terre. Un régiment n'agit pas seul. Certes,cela a été le cas en 1978 à Kolwezi, au Zaïre. Maisaujourd'hui, on ne saurait imaginer que ce soit enco-re possible. Au Kosovo, en Bosnie, en Afrique ouailleurs, les interventions nécessitent la mise enplace d'un dispositif multiarme. Nous pensonsaujourd'hui en termes d'opérations interarmes, inter-armées, interalliées. Il est donc totalement exclud'imaginer, comme certains peuvent encore par-fois le faire, la mise en place d'une division auto-nome de Légion étrangère...

Quelles seront les conséquences pour laLégion de la « quaternarisation » à venir pro-grammée par l'armée de terre ?

Nous ne savons pas encore quel sera le contenuexact de cette mesure, dont l'ambition est d'ac-croître le volume de l'infanterie débarquée qui faitsi cruellement défaut à l'armée de terre pour occu-per le terrain lors des OPEX. Pour moi, il est clairque si l'on devait « quaternariser » nos unités decombat d'infanterie, c'est-à-dire amener chaquecompagnie de combat à quatre sections au lieu de

trois aujourd'hui, à terme cela signifierait que l'ac-tuelle cinquième compagnie du 2e REI serait dis-soute et ses hommes ventilés dans les quatre autrescompagnies. En outre, cela devrait conduire à larétrocession à l'artillerie de la section de mortiersde 120 mm et 81 mm dont disposait la compagnied'appui des régiments d'infanterie. Lesquels conser-veraient toutefois l'intégralité de leurs effectifs : les60 servants de mortiers redevenant de simples fan-tassins. La perte de contrôle direct de ses mortierspar l'autorité régimentaire peut sembler une régres-sion en terme de puissance de feu. Mais ce ne seraitpas la première fois que l'infanterie devrait s'adap-ter à de nouvelles structures. Pour l'heure, toute-fois, aucune décision définitive n'a encore été pri-se. L'Ecole d'application de l'infanterie de Montpel-lier et le Commandement de la doctrine et del'enseignement travaillent dessus.

Le principe de la « tournante » récemment misen place par l'armée de terre, qui prévoit quel'ensemble de ses unités, toutes armes confon-dues, puisse participer à des opérations exté-rieures ou à des stationnements temporairesdans les Dom-Tom ou en Afrique, soulève-t-ildes difficultés, notamment lorsque ces unitésse voient intégrées pour un temps dans uneunité de la Légion, comme cela peut être le casau sein du 3e REI en Guyane par exemple ?

L'objectif de ce concept est d'éviter la constitutionde deux armées : celle qui tourne, qui peut vivre àl'étranger ou outre-mer, et celle qui demeure en

métropole sur la ligne bleue des Vosges. Cette déci-sion, accessoirement, a aussi été prise pour atti-rer, avec des perspectives de voyages, les jeunes.Et, à partir du moment où tout le monde est pro-fessionnel, il est normal que toutes les unités soientcensées pouvoir intervenir n'importe où, mêmeoutre-mer. Ce qui signifie que tous les soldats béné-ficient à un moment ou un autre d'un entraînementspécifique (accoutumance à la chaleur, à l'humidi-té, au froid, au désert, à la jungle, etc.) aux diffé-rentes zones possibles d'opérations. C'est la phi-losophie de la « tournante ». Elle apparaît logique.Mais, pour les régiments installés outre-mer, qu'ilsappartiennent à la Légion étrangère (13e DBLE deDjibouti et 3e REI de Guyane) ou aux troupes demarine, je pense qu'effectivement le principe de la« tournante » soulève quelques problèmes. En effet,ces régiments possèdent tous des traditions bienancrées et une identité forte. Il est évident que l'in-tégration de compagnies tournantes venues de tousles horizons de l'armée de terre génère un véritablechoc de culture avec le noyau de légionnaires oude troupes de marine constituant le cœur du régi-ment outre-mer ; des « permanents » demeurantdeux ans sur place. Le régiment a ainsi parfois l'im-pression d'être le moulin ouvert aux quatre ventset il devient plus difficile de forger son âme, d'as-surer sa cohésion. D'autant que les compagniestournantes n'effectuent qu'un bref passage dequatre mois. Ceci étant dit, le système est en pla-ce et nous nous y plions en faisant de notre mieuxpour qu'il fonctionne. 23

Page 15: La Legion aujourd'hui,RAIDS N°183,2001

Estimez-vous que vos régiments peuvent s'in-tégrer aisément dans les dispositifs interalliésdans lesquels se réalisent aujourd'hui les OPEX ?

Nous avons les moyens de l'armée de terre. Il ya des insuffisances. C'est vrai. Des militaires pro-fessionnels souhaiteraient bien évidemment dis-poser d'équipements plus performants et en plusgrand nombre. Mais nous avons aussi des atouts.Ainsi le 2e REI est-il pilote en matière d'intégrationdu SIR, le système d'information régimentaire...Mais, c'est vrai, nous sommes parfaitemen:conscients que nous allons devoir, dans le cadrede la future Force de réaction rapide européenneque l'Union européenne entend mettre en placed'ici 2003, développer nos capacités de rensei-gnement, de commandement et de contrôle. Nousavons effectivement des efforts à faire pour parve-nir au niveau atteint par les Américains. Mais rierici ne se fera de façon isolée. La Légion étrangèrese dotera des matériels et des doctrines de l'arméede terre. Car la Légion étrangère est embrigadéeau sein de grandes unités mixtes mêlant des for-mations de Légion et des unités de l'armée régu-lière. La Légion ne constitue pas une armée auto-nome. Elle est une pièce de l'armée de terre.

24

Ci-dessus.Echange de bons procédés entre un légionnairedu 2? REI et un fantassin américain au cours dela récente manœuvre Trident d'or. Chacun évalueen professionnel l'arme de son homologue.Le Pâmas « pré-félinisé » avec sa lunette de viséeà point rouge ne laisse pas l'Américain de marbre,(Photo 2e REI)

Existe-t-il des différences marquées de niveauentre les compagnies tournantes et les noyauxde légionnaires de ces régiments outre-mer ?

Ces régiments outre-mer sont soumis à desrégimes spécifiques différents de ceux que peuventrencontrer les unités tournantes dans leur garnisonmétropolitaine. Dans la Légion, on dirige le soldatdu rang d'une manière particulière qui peut ne pastotalement correspondre à la façon dont les EVATsont commandés dans l'armée régulière. En outre,la « tournante » fournit des soldats de toutes lesarmes et non pas seulement des fantassins. Lescultures s'avèrent ainsi fort variées et les savoir-fai-re également. Les soldats des compagnies tour-nantes mettent en général trois bonnes semainesà s'intégrer et pensent déjà à leur départ un moisavant la fin de leur séjour. C'est vrai que cela nuitun peu à l'homogénéité du régiment outre-mer.Lequel doit en outre renouveler cet effort d'inté-gration tous les quatre mois. Mais les régimentsde la Légion étrangère ont à cœur de mener lamission à bien.

La participation de la Légion étrangère auxopérations en ex-Yougoslavie a-t-elle modifiévotre perception des réalités opérationnelles etnécessité une adaptation de vos forces ?

Un peu. C'est valable pour toute l'armée de terreet un peu plus encore pour la Légion étrangère. Voi-ci encore une vingtaine d'années, le recours à laLégion étrangère constituait un signe politique fortde l'engagement de la France sur le terrain. Maisles missions extérieures ont, depuis, évolué. Il s'agitessentiellement de missions de maintien de la paix.Pour y participer, la Légion étrangère a dû s'adap-ter. Mais c'est son métier que de savoir remplir tousles types de missions. Vous n'avez qu'à voir les opé-rations de projection intérieure, c'est-à-dire enmétropole, auxquelles ont participé les légionnairesces derniers temps : tempête de l'automne 1999,intempéries diverses. Les légionnaires y ont faitmerveille. En outre, cela a permis de resserrer lesliens entre la Légion et la population.

Mais l'éventualité, durant les missions demaintien de la paix, de voir des légionnairessubir des tirs sans pouvoir riposter, comme cefut un temps le cas à Sarajevo, ne pose-t-ellepas des cas de conscience à une force forméeet entraînée pour combattre ?

C'est effectivement difficile à admettre pour le sol-dat. Celui-ci est formé pour se battre avec un adver-saire clairement identifié en tant que tel, qui lui tiredessus et qu'il doit réduire au silence.

Ce type d'intervention est-il bien du ressortde l'armée de terre ? Les escadrons de la gen-darmerie mobile ne seraient-ils pas plus adap-tés au maintien de la paix face à des popula-tions civiles comme au Kosovo ?

C'est un autre débat. En ce qui concerne la Légionétrangère, elle appartient à l'armée de terre et ellene peut pas refuser telle ou telle catégorie de mis-sions sous prétexte que cela ne lui conviendrait pas.Auquel cas, depuis une quinzaine d'années, leslégionnaires n'auraient plus participé à la moindreOPEX. Et se serait vite posée, dans ce cas, la ques-tion de la légitimité du maintien d'une Légion étran-gère destinée à un hypothétique conflit et parfaite-ment inutile dans l'intervalle. On n'a donc pas lechoix. Il nous faut montrer notre aptitude à remplirtoutes les missions s'offrant à nous. Ceci étant dit,il est exact que toute l'armée de terre s'est posé laquestion lorsqu'il s'agit de missions de maintien del'ordre et que ce n'est pas facile pour des militairespas formés a priori pour ce métier spécifique. Maisles forces de la gendarmerie se révélant trop peunombreuses pour assurer ces missions, il faut bienque nos légionnaires s'adaptent... Mais ce n'estpas évident.

Ci-contre.Le propre des unités de la Légion a toujours

été la présence outre-mer. On voit ici une équipede tireurs équipés de PGM près d'un Puma

en zone désertique. Toutefois, laprofessionnalisation de l'armée de terre a eu

pour effet pervers d'imposer le principede la tournante, c'est-à-dire de l'envoi outre-mer,pour des périodes de quatre mois, de la totalité

des unités de la régulière. Ce qui réduit d'autantles opportunités outre-mer pour la Légion...

(Photo 2e REI)

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Trouvez-vous que la Légion étrangère est suf-fisamment employée dans le cadre des OPEX ?

Si j'écoute mes légionnaires et si je raisonneégoïstement en tant que général commandant laLégion étrangère, je dirais, bien sûr, que l'on n'enfait pas assez, que l'on pourrait faire appel plus sou-vent à nous. Cela dit, je conçois parfaitement que,l'armée de terre se professionnalisant, il faut bienque toutes ses unités, même celles n'appartenantpas à la Légion, puissent participer aux OPEX. Ilme revient d'expliquer aux légionnaires que tout lemonde désormais est censé intervenir.

Qu'en est-il des problèmes rencontrés par lesAMX-W RC du 1er REC ?

C'est un problème qui concerne globalement l'ar-mée de terre et pas seulement la Légion. De mêmeque son régiment frère de spahis de la 6e brigadelégère blindée, le REC souffre en effet de problèmesliés à la maintenance des AMX-10 RC, notammentau niveau des freins. Cela provoque une indispo-nibilité de temps de paix. On ne peut se permettrede faire rouler sur la voie publique des véhiculespouvant présenter des déficiences de freinage.Mais si le REC doit intervenir à l'extérieur, ses

En haut.Les légionnaires spécialistes

des mortiers devrontse recycler en fantassins

traditionnels ou se contenterde mettre en œuvre

des mortiers de 81 LRR.

Ci-dessus.Du fait du taux de disponibilitéfort réduit du parc de Pumade l'ALAT, les fantassins de laLégion se plaignent amèrementde ne plus pouvoir réaliserd'opérations d'hélitransportd'assaut. Une mission pourtantd'actualité.

Ci-contre.La « quaternarisation » laisseraaux fantassins six mortiers81 LRR. C'est peu. Mais Useraitaujourd'hui impensable de nepas fonctionner au combat dansun contexte interarmes et doncde ne pas profiter du soutiende l'artillerie.(Photos 2e REI)

AMX 10 RC ne se trouveraient pas nécessairementdans l'incapacité de partir. Ils ne sont d'ailleurs pasinterdits de tir... Les mesures de sécurité de tempsde paix pourraient donc être levées pour permettrele départ en opérations de ces engins. Il n'empêchequ'il serait éminemment souhaitable que tous cesproblèmes soient levés. En principe, la situationdevrait redevenir normale dans les mois qui vien-nent. Ainsi, au cours de cet été, le REC devrait voirla moitié de sa flotte d'AMX-10 RC à nouveau opé-rationnelle. Mais il est vrai que nous n'avons pasde parcs doubles (AML ou ERC-90) et que cettedéficience des AMX-10 RC soulève des problèmes.

La Légion participe actuellement à une inter-vention en Erythrée...

C'est exact. Un détachement du 1er régimentétranger du génie, fort d'environ 170 hommes, par-ticipe en ce moment à une mission au profit desNations unies dans le cadre de la mission desNations unies en Ethiopie et Erythrée, la Minuee.La mission devrait durer six mois et donc prendrefin en décembre prochain. Il s'agit d'une missiond'interposition visant à assurer le respect desaccords de paix entre les deux anciens belligérants.Une tâche pour le moins dure et délicate, mais quinous convient parfaitement. En effet, elle procureà nos légionnaires le dépaysement tant recherché.Ceci tout en restant proche de Djibouti que la Légionconnaît bien. La participation à la Minuee justifieégalement a posteriori le maintien de Djibouti com-me base avancée française en Afrique. Pour facili-ter la logistique, certes, mais aussi pour assurer unentraînement de nos forces sous un climat similai-re à celui rencontré en Erythrée. Cette interventionen Erythrée correspond parfaitement aux attentesde la Légion. Je pense que nos légionnaires vonten retirer une solide expérience. Nous aimerionsseulement qu'il s'en présente davantage...

Pourquoi avoir choisi des hommes du génie ?Il y avait un certain nombre de postes à fournir

par la Légion. Nous avons opté pour le 1er REG. Enfait, il ne devrait y avoir que peu de travaux propresau génie. Quelques terrassements sans doute, destravaux d'aide au déploiement, du sanitaire, du trai-tement des eaux. En fait, il devrait s'agir essentiel-lement d'un travail toutes armes. Et nos soldats dugénie demeurent à la base des légionnaires à mêmede répondre à ce type de mission. En outre, parmiceux que l'on a envoyés sur place, certains anciensont pu servir dans des régiments d'infanterie ou decavalerie de la Légion étrangère. Ce qui permet defaciliter l'adaptation de tous à cette mission parti-culière qui n'a pas grand-chose à voir avec le génie.Le légionnaire s'adapte très bien, car nous avonsdes gens qui bénéficient de savoir-faire divers etde « vécus » et d'expériences militaires antérieuresà leur entrée dans la Légion. Ce qui fait qu'on peutdemander beaucoup de choses à une troupe delégionnaires ; bien plus en tous cas que ce qui cor-respond à son domaine spécifique théorique. 3 25

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Ns

2*.

la Légion puise dans son esprit de corps une bonnepart de la force qu'elle ne peut/ ses engagés étantpar définition étrangers/ tirer du patriotisme classiqueauquel peuvent se référer les soldats français. C'estce qu'exprimé la devise de la Légion : « Legio patrianostra ». En outre/ la présence de plus en plus grandede non-francophones parmi les engagés imposeune approche spécifique. D'où la nécessité de formerles légionnaires au sein même de la Légion.C'est la mission exclusive du 4e RE de Castelnaudary.

26

Le 4e régiment étranger (4e RE), installédepuis un quart de siècle à Castelnaudary,d'abord en tant que GILE (groupement d'ins-truction de la Légion étrangère), puis, à partirde juin 1980, sous son actuelle désignation,constitue l'école de la Légion. Son unique mis-sion consiste à former les légionnaires. La

Légion pratiquant le système de l'instructioncentralisée, le 4e RE voit ainsi passer en sonsein tous les légionnaires aux différentes étapesclés de leur carrière. D'où l'importance de sonrôle, notamment en matière d'uniformisationdes compétences et de transmission de la« culture » Légion dont il est le creuset.

Le 4e RE est formaté pour permettre anr.lement l'instruction de 800 engagés vole"taires. Il assure également la formation osspécialistes (600 stagiaires par an) et defuturs cadres (550) de la Légion. Tous les fmis de conduire délivrés par la Légion le :aussi au sein du 4e RE qui ouvre, cet été.centre d'instruction et d'entraînement aconduite (CIEC 2500).

Malgré ce rôle exclusif de formation, iest organisée comme un régiment class :.de 1 200 hommes, dont la moitié de stagia •-•avec un état-major et six compagnies. Le en:d'une structure régimentaire a été fait pou- :mettre au jeune engagé, le plus souvent enger, de savoir de suite ce qu'est un régime-la française. Ainsi, il ne sera pas perturbéqu'il rejoindra une unité opérationnelle.

Mais l'unité n'est pas projetable et ne sarait pas même fournir une compagn -.marche pour une éventuelle OPEX. D'aillé.'elle ne possède pas de véhicules tactiq^de moyens de combat. Ceci étant, certa •

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ta nostra»" "

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parmi ses personnels, peuvent, à l'occasion,servir de renforts à titre individuel à des uni-tés participant à des opérations extérieures.Toutefois, les effectifs actuels du 4e RE serévèlent à peine suffisants pour former lescontingents de jeunes légionnaires et de sta-giaires. Lécole aurait donc du mal à fonction-ner de manière optimale si on lui retirait de lasorte trop de ses hommes.

Transmettrela « culture » Légion

Les six compagnies du 4e RE assurent laformation et le soutien. Elles sont spécialisées.Trois d'entre elles, les CEV (compagnies d'en-gagés volontaires), forment les nouveauxlégionnaires. La CIC (compagnie d'instructiondes cadres) assure la formation des futurscadres. Une autre, la CIS (compagnie d'ins-truction des spécialistes), s'occupe d'instrui-re les spécialistes. Quant à la 6e compagnie,celle de commandement et de soutien, elle

A Castelnaudary, les légionnaires suiventun entraînement physique intense.

Toutefois, ces dernières années, il a fallu, au vude la moindre qualité physique de la ressource

humaine moderne, adopter une montéeen régime plus progressive.

(Photo José Nicolas)

fait vivre, avec ses 300 hommes, l'ensemble.La première mission du 4e RE, à l'égard desjeunes engagés arrivant à Castelnaudary,consiste à les intégrer à la collectivité queconstitue, au sein de l'armée française,la Légion étrangère. Cela passe par latransmission de la « culture » Légion.Il s'agit de leur faire connaître lesfondements de la nouvelle famille à

qu'ils se sont choisie. Il leur fautdonc apprendre les traditions etracines de la Légion, ses faitsd'armes historiques. Il leur fautaussi vouer un véritable culte auxanciens et mémoriser une bonne dizai-ne de chants spécifiques à la Légion.

On leur explique aussi ce qu'est la NLégion aujourd'hui, ses structures et mis-sions. Ce qui permettra aux légionnaires dese déterminer plus aisément quant au choixde leur unité opérationnelle à la fin de l'ins-truction (le légionnaire choisit en fonction deson classement). Mais ce n'est pas tout. Il

convient aussi de bien préciser aux apprentislégionnaires les spécificités de leur statutd'étranger : anonymat, régularisation de la

situation militaire, etc. Mais, contrairementà ce qui se passe pour la formation des

EVAT de l'armée régulière, les instruc-teurs doivent aussi, dans la plupart

des cas, apprendre... le français àleurs élèves. Et cet apprentissage

w constitue une tâche ardue.A En effet, en l'affaire de dix ans,r le ratio des francophones, parmi

les engagés, est passé de plus de*^§// 60 à moins de 30 %. De ce fait, les

formateurs recourent maintenant auRp « trinômage », voire au « quadrinôma-

Wf ge »... C'est-à-dire que les engagés sontW répartis en équipes mêlant trois, voire quatre,

non-francophones à un francophone ; ce der-nier servant de répétiteur. Cette situation impo-se un très gros effort à l'encadrement — le chefde section ayant la responsabilité de l'appren-tissage du français de ses hommes — pour 27

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que le légionnaire parvienne in fine, à l'issuedes quatre mois d'instruction, à la maîtrise, parla répétitivité en groupe de termes précis(méthode Képi blanc en 52 leçons d'une heu-re formatées avec des aides audiovisuelles !),d'un vocabulaire minimal de 500 mots(250 civils et autant de termes militaires).

C'est suffisant pour que le légionnaire tien-ne sa place dans un régiment. Car il ne lui estdemandé, à ses débuts en unité opération-nelle, que de maîtriser les savoir-faire fonda-mentaux du combat, de se servir de son arme,de se déplacer et d'agir au sein d'un élémentcommandé. Donc d'obéir correctement. C'estdéjà pas mal. La part laissée à l'initiative neviendra qu'avec l'ancienneté et donc unemeilleure connaissance du français. Avec sonvocabulaire de 500 mots, il peut donc tenir saplace... juste sa place. C'est bien un minimum.Et, bien évidemment, un vocabulaire aussiréduit ne lui permet pas d'être autonome dansla vie courante et dans la vie civile.

Les plus gros problèmes rencontrés au4e RE viennent, du fait de la totale absencede cousinage de leurs langues avec le fran-çais, des Asiatiques (dont la part avoisine les5 % du recrutement actuel). Pour autant, la

Des marches, encore des marches avec • - - .des charges sur le dos pouvant atteindre y

/es 20 kg. Tel est le régime quotidien Edes légionnaires en instruction de base m

au 4e RE de Castelnaudary. jp(Photo José Nicolas) ¥

Légion ne souhaite pas opérer une sélectionprivilégiant les candidats pour lesquelsl'apprentissage du français serait a priori plusaisé. Le stagiaire le plus rapide à apprendrele français ne sera pas forcément in fine lemeilleur légionnaire. Donc pas de bannisse-ment des Asiatiques... mais un fort soutien.

Mais, par la suite, au sein des régimentsopérationnels, l'entretien du français a ten-dance à ne pas se faire efficacement. C'estpourquoi, à Aubagne, au sein du commande-ment de la Légion étrangère, un grouped'études spécifique travaille depuis le mois dejuin, en liaison avec le 4e RE, à la mise en pla-ce de nouvelles procédures pour, tout au longde la carrière d'un légionnaire, prévoir des ren-dez-vous successifs permettant de contrôlerson niveau de français. Les non-francophonesse verraient ainsi fixer des objectifs à atteindre.Le niveau minimal de français ainsi exigé sera,au fil de la carrière, de plus en plus élevé. Cesera une condition impérative pour obtenir l'au-torisation d'accéder aux stages de formationdes cadres et de spécialistes.

Le 4e RE met en œuvre un système d'ins-truction particulier. Dès leur arrivée au quar-tier Capitaine Danjou (le commandant des

légionnaires lors du fameux combat de Came-rone, au Mexique, le 30 avril 1863 ; tout unsymbole !), siège du régiment inauguré er1991, les engagés sont constitués en sectionsaussitôt expédiées dans des fermes. Ils vonty passer un mois en totale autonomie avec!leur encadrement. La ferme constitue unsatellite. Elle est indispensable pour créer lacohésion des sections et permet de beaucouctravailler l'acquisition du français.

En « villégiature »dans les prés !

Afin de faciliter l'apprentissage de la vie e~collectivité et d'obtenir rapidement une exce-1lente cohésion des troupes, le premier des]quatre mois de la période d'instruction, aJ4e RE, se passe ainsi en section complète et'isolée dans l'une des quatre fermes que pos-sède l'unité aux alentours de Castelnaudar..!Il s'agit de fermes perdues en pleine car-pagne. Chacune dispose d'un terrain de 8C ~-200 hectares qui assure un isolement cor-jplet et permet d'effectuer en toute tranquill '3quantité de marches et exercices.

Elles ont été restaurées par les génératicrde légionnaires qui s'y sont succédé. Les éq_pements sanitaires et de cuisine sont a.normes actuelles. Toutefois, foin du moirespace de liberté individuelle. Les légionnaires'entassent à une douzaine par chambrefont à tour de rôle la cuisine pour l'ensemtde la section. Même l'encadrement, pênece mois à la ferme, partage sept jours sur ;24 heures sur 24, la vie rustique de sa ition à l'instruction. A l'issue de ce premier rla cohésion de la section se voit en princbien assurée. La vie au sein du quartier DEjou, en n'autorisant pas une vie en autantotale, ne permettrait pas, selon le colo"Barbaud, le chef de corps, de parvenir àaussi bon résultat.

Cette promiscuité forcée entre des homrvirils ne va pas, parfois, à en croire le colcBarbaud, sans quelques difficultés :effectivement, un tout petit peu plusbagarres qu'ailleurs. C'est clair. Mais je c \ y en a moins que dans le temps. L-.

légionnaires actuels sont moins vindicatifs :leurs anciens. Pour le reste, c'est le rôlel'encadrement — il y a un caporal danschambrée et un sergent dans le bâtimer -que d'intervenir et de séparer les bataillePuis on cherche à déterminer qui est à •g/ne de la bagarre. On le punit en l'enven prison... Il paye et il revient ! »

En section, les hommes vivent en vase coDonc tout se dit, tout se sait... La vie soi/:raine au sein de la section est parfaiter-connue de l'encadrement. Grâce à ce syme des fermes, la section profite d'une e>lente cohésion et le jeune légionnaire va :naturellement y trouver sa place. Pour le <nel Barbaud, « la ferme, c'est le secret œ iréussite de l'amalgame ».

A l'issue de ce premier mois à la campa:qui a permis le démarrage de l'apprentisdu français, du maniement du Famas etmontée en puissance de l'entraînement :

Ci-contre.Le chant constitue une constante propreà construire l'esprit de corps si particulieraux unités de la Légion.(Photo José Nicolas)

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sique, sans oublier l'instauration de la cohé-sion de la section, les légionnaires rentrent auquartier Capitaine Danjou. Là, ils vont pour-suivre leur formation dans un cadre moderneet parfaitement équipé : piscine, gymnaseomnisports, salle de musculation, trois stadeset terrains de sports collectifs, parcours ducombattant, parcours d'audace, stand de tircouvert à cibles télécommandées et afficha-ge vidéo des résultats, régie vidéo disposantd'un réseau interne de diffusion, etc.

Avant de démarrer leur troisième mois, lesjeunes engagés bénéficient d'un séjour d'unesemaine dans le chalet que possède le 4e REdans les Pyrénées, à Formilier. Ce séjour offreune rupture bienvenue dans leur formation. Illeur permet de s'oxygéner et de suivre desentraînements spécifiques — ski, spéléo oukayak par exemple — et donc d'améliorerencore leur condition physique, tout en diver-sifiant l'environnement de l'entraînement.Après quoi, c'est le retour au quartier Danjoupour les deux derniers mois.

Lentraînement physique se révèle intense.Pas moins de dix parcours du combattant, troistests de Cooper (plus de 2,8 km), quatrecontrôles de natation (100 m, plus dix enapnée), des tests d'aptitude des troupes aéro-portées et des marches de 30 à 50 km sur pis-te avec sac opérationnel de 8 à 15 kg — dontun raid à pied de 120 km en sept jours en finde formation — viennent émailler ces quatremois d'instruction. Mais, à en croire les res-ponsables du 4e RE, l'engagé volontaire de2001 a évolué au rythme de la société civile.Il s'avère un peu moins rustique et sportif quevoici seulement une dizaine d'années. Ce quiimpose une plus grande progressivité dansl'intensité du programme physique.

Des engagés moinsrustiques et sportifs

Toutefois, le colonel Barbaud l'affirme hautet fort : « Bien que nous partions d'une res-source humaine extrêmement hétérogène, le4e RE parvient sans trop de difficultés à fairedes engagés qui lui sont confiés — même si,aujourd'hui, le goût de l'effort physique est unpeu perdu dans la société civile — des spor-tifs rustiques. >>

A ses yeux, « la capacité du soldat françaisà se prendre en compte, à être autonome surle terrain ou en opérations, à être suffisam-ment rustique pour se contenter de peu, à êtreen bonne condition physique pour tenir dansdes situations qui ne sont pas toujours trèsfaciles, demeure un impératif. Et il faut quenous donnions à nos légionnaires le goût del'effort poussé jusqu'au-delà des limites. C'estavec ce dépassement de soi réalisé en com-mun que l'on obtient la cohésion. Et c'est vraique c'est quelque chose qui nous est un peuparticulier. On continue donc, malgré la spé-cialisation et la technicité toujours plus grandesde notre métier, à valoriser l'effort physique etla rusticité. Ces qualifications resteront tou-jours utiles. »

II n'en reste pas moins vrai que les quatremois que dure l'instruction de base des enga-gés constituent un enfermement. Pas un seulweek-end de libre. A peine deux quartiers libresde trois heures en quatre mois de présence.Et encore s'agit-il de sorties en uniforme encompagnie de leurs cadres. Des sorties qui

Ci-contre.Au cours de ses quatre mois d'instruction

de base, le légionnaire fait aussil'apprentissage du combat. Mais il ne

s'agit de lui donner que les basesfondamentales du combat et non d'en

faire un spécialiste à même d'employertoutes les armes du fantassin.

(Photo 4e RE)

Ci-contre.En quittant le 4e RE,le légionnaire possède lesrudiments du combat etdoit pouvoir tenir sa placeau sein du régiment desforces dans lequel il va setrouver muté. C'est danscelui-ci qu'il apprendratous les raffinementsdu combat propres àl'infanterie, à la cavalerieou au génie.(Photo José Nicolas)

Ci-contre.Le maintien en condition physique,

ou plutôt la récupération d'uneexcellente forme physique, ne va pas,

au 4e RE de Castelnaudary, sans« casse ». L'intensité des exercices

est telle que les anciennes blessuresmal « réparées » font sentir leurs

effets et que peuvent se produire desfractures liées à la fatigue.

(Photo 4e RE)

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visent avant tout à leur présenter une ville française, àles accoutumer aux produits occidentaux que l'on peuttrouver dans les commerces et à vérifier leurs capacités,notamment linguistiques, à se débrouiller seuls.

Quatre mois intensifsC'est dur et le moral, notamment au cours des pre-

mières semaines, en prend souvent un coup. Mais, à encroire l'encadrement, le rythme de vie des légionnaires,au cours de ces quatre mois, se révèle si intense quela situation n'est jamais explosive. La journée type, encaserne, au 4e RE, commence à 5 h 30. Après une toi-lette rapide, petit-déjeuner à 6 heures, puis corvées. A7 h 30, on sonne le rassemblement. Cours et activitésphysiques jusqu'à 11 h 30. Puis le déjeuner. Entre12 heures et 14 heures, quelques corvées. De 14 heuresà 17 h 30, le légionnaire suit à nouveau ses cours oupratique des activités sportives. Ensuite c'est le repas,puis un petit peu de temps libre au foyer, avant de tra-vailler, encore, en études de 19 h 30 à 21 h 30. Sur leterrain ou en ferme, le déroulement de la journée estdifférent. Ce sont quand même des journées bien rem-plies. Les engagés n'ont ainsi pas le temps de se poserdes questions. Et, la fatigue aidant, le soir ils dorment...

Ceci étant dit, il arrive que certains engagés ne sup-portent pas cette vie qui ne correspond peut-être pas àce qu'ils pensaient trouver à la Légion et qui s'avère fina-lement, à leurs yeux, trop dure. Mais il leur faut attendrela fin des quatre mois pour pouvoir officiellement dénon-cer leur contrat. C'est pourquoi il arrive que des légion-naires le dénoncent « officieusement » en désertant. Lephénomène, à en croire le colonel Barbaud, irait en dimi-nuant. L'an dernier, seulement seize d'entre eux n'au-raient pas été récupérés. Mais cela ne décrit pas vrai-ment l'ampleur du phénomène. Il y a dans les faits beau-coup plus de déserteurs. Mais nombre d'entre euxsont « récupérés ». La sanction se révèle lourde : unebonne vingtaine de jours d'arrêt au trou...

La « récupération » des déserteurs constitue unenécessité pour le 4e RE. En effet, la chute du moral,notamment au cours des premières semaines, se consta-te chez la plupart des engagés arrivant à Castelnauda-ry. Ils arrivent là, ne connaissent personne, sont aussi-tôt expédiés en ferme où, totalement coupés du mon-de, ils partagent une vie faite de promiscuité et d'activitésintenses. C'est un choc tant moral que physique. Onserait déprimé à moins.

En leur imposant l'enfermement et en les empêchantde déserter, ou en les récupérant, l'encadrement espè-re leur permettre de franchir ce cap difficile. Ce qui estgénéralement le cas puisque la plupart ne dénoncentpas, par la suite, leur contrat. Ensuite, laisser ouverte lasoupape des désertions sans réagir constituerait un véri-table appel du pied pour tous ceux qui sont déprimés etle résultat serait une envolée des désertions.

Le colonel Barbaud estime la question des déserteursparfaitement maîtrisée : « Lan dernier, à peine 16 desengagés confiés au 4e RE ont définitivement déserté aucours des quatre mois de leur période d'instruction. Unesoixantaine ont dénoncé leur contrat à l'issue de l'ins-truction. Ce qui me paraît bien plus inquiétant, c'est lenombre de ceux reconnus inaptes sur le plan médicalpendant l'instruction, à savoir 61. »

Certes, les cas d'inaptitude pour raisons psycholo-giques se révèlent particulièrement rares. En revanche,du fait de l'intensité de l'entraînement physique, réappa-

Ci-cpntre. en haut.C'est en emportant son armement antichar portableque le légionnaire apprécie l'entraînement éreintant

subi à Castelnaudary.

Ci-contre.Le 4e RE a pour mission d'aguerrir le légionnaire, d'en faire

un soldat rustique à même de se débrouiller dansdes circonstances de combat extrêmes.

(Photos José Nicolas)

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Le 1er RE : la « maison-mère » de la LégionA vocation essentiellement administra-

tive, le 1er régiment étranger assure, àAubagne, le soutien de l'état-major ducommandement de la Légion étrangère. Il met en œuvre la chaîne durecrutement de la Légion, gèrela carrière de l'ensemble despersonnels, comprend la divi-sion sécurité et protection qui apour tâche d'enquêter sur les anté-cédents des candidats à l'engagementet s'occupe, au travers de la division dumoral et du foyer d'entraide (FELE),

de procurer une seconde famille auxlégionnaires. C'est au 1er RE que sont

rattachées la musique de la Légion(récemment réduite de 100 à seu-

lement 55 musiciens) et l'équipeofficielle de cross (16 légion-

'i naires). Tous les légionnaires enr transit, en congés entre deuxaffectations, en convalescence,

se trouvent sous sa responsabilitéadministrative. Il contrôle la compa-

gnie de transit basée en régionparisienne au fort de Nogent. O

Ci-dessus.A Castelnaudary, la Légion forme également ses gradés.

Il s'agit ici de fabriquer des « chefs », des cadres à mêmede commander, tout en sachant écouter et respecter

leurs hommes, notamment en tenant compte de leursdifficultés à maîtriser le français.

Ci-dessus, à gauche.Les légionnaires affichent un niveau général largementsupérieur à la moyenne et à celui des EVATde la « régulière ».(Photos José Nicolas)

raissent les séquelles de certaines blessures antérieureset demeurées insoupçonnées lors de la sélection initia-le, à Aubagne. Certains présentent alors des problèmesde genoux, de dos, de hanche, etc. D'autres subissentdes accidents tout simplement parce qu'ils sont trop fati-gués. Ce sont les fameuses fractures de fatigue.

Quatre mois pour devenirun soldat ?

Le colonel Barbaud estime « qu'un effort particulierdoit être consenti afin de réduire le volume de casse liéà l'instruction ». Certes, le légionnaire blessé est conser-vé jusqu'à sa guérison, puis reprend sa formation. Mais,généralement, il se démotive très vite et préfère quitterla Légion. En définitive, bon an mal an, environ 80 %des engagés demeurent dans la Légion à l'issue de leurpériode de formation. C'est un taux jugé encore insa-tisfaisant par la hiérarchie.

Pour le colonel Barbaud, « le 4e RE produit des légion-naires bons sportifs, sachant tirer, parlant français etbien imprégnés de la culture Légion étrangère ». Sont-ils pour autant, en rejoignant leur régiment opération-nel, de parfaits soldats ? En fait, au cours de ses quatremois d'instruction, le jeune légionnaire passe relative-ment peu de temps en camps. Il ne va que deux ou troisjours s'entraîner au tir dans le camp de Vilmauric, ausud de Carcassonne. Mais le camp ne constitue pas dutout le but du stage. C'est un travail d'apprentissage quise fera en régiment de combat.

Au bout des quatre mois de formation initiale, donc, ilne tire qu'au Famas. C'est son arme de dotation et il saitaussi l'entretenir. C'est tout. Il ne connaît pas les autresarmes de l'infanterie. Le 4e RE forme tous les légionnaires.« A quoi servirait-il », s'interroge le colonel Barbaud, « d'ap-prendre à de futurs sapeurs ou cavaliers le maniement del'ensemble des armes spécifiques à l'infanterie ? Le 4e RE

Ci-contre.Le 4e RE produit des légionnaires bons sportifs, sachant tirer,parlant un minimum de français, et imprégnés de la cultureet des traditions de la Légion. C'est déjà beaucoup.(Photo José Nicolas) 31

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Ci-contre.A Casteinaudary sont également formés un certain nombre

des spécialistes employés par la Légion, Pour une raisonfort simple : leur connaissance insuffisante du français leurrendrait malaisé le passage dans les écoles de spécialistes

du régime général de l'armée de terre.(Photo José Nicolas)

leur apprend seulement à être des combattants de base,à se déplacer, observer, désigner un objectif, couvrir leterrain, utiliser leur arme individuelle, se poster, »

Mais pas le corps à corps. Faire désigner un objec-tif à un légionnaire qui a du mal à parler français repré-sente déjà, à en croire l'encadrement, pas mal detravail. Il faut du temps pour y parvenir. Pour le colonelBarbaud le résultat est clair : « En quatre mois, nousfaisons de l'engagé un légionnaire à même de tenir saplace dans son futur régiment opérationnel. C'est tout.C'est déjà énorme I »

Des formationscomplémentaires

On l'a vu plus haut, le 4e RE ne se contente pas d'ali-gner trois compagnies d'engagés volontaires, les CEV.Il possède aussi une compagnie, dite CIS, spécialiséedans l'instruction des spécialistes, et une autre, diteCIC, pour la formation des gradés, sans oublier le toutnouvellement créé CIEC 2500 de formation à laconduite automobile.

Car le 4e RE ne se contente pas de transformer lesengagés en soldats. Il en fait aussi des légionnairessachant... conduire. En effet, le régiment organise desstages de formation « véhicules légers » et « poidslourds » au profit de l'ensemble de la Légion étrangè-re. Déjà, à l'issue de leurs quatre mois d'instruction,les légionnaires présentent normalement le permis deconduire VL. Le permis PL étant plus difficile à passer,peu de jeunes le tentent. Ils reviennent ultérieurementà Casteinaudary pour effectuer le stage spécifique PL.Globalement, le 4e RE délivre annuellement quelque1 500 permis de conduire.

En outre, la CIS organise annuellement 40 stagesd'une durée de 3 à 16 semaines qui permettent la for-mation d'environ 600 spécialistes dans des domainesaussi variés que les transmissions (opérateurs etdépanneurs), la mécanique auto et engins blindés,l'administration, la cuisine, la santé (infirmiers), le sport(moniteurs). La Légion forme en autonome ses spé-cialistes pour la bonne et simple raison que la barriè-re de la langue, pas toujours excellemment franchie àce stade, exige un outil de formation adapté. Il s'agitde l'acquisition du niveau élémentaire de spécialité.Le légionnaire maîtrisant le français pourra ultérieu-rement suivre des stages d'approfondissement de sesconnaissances au sein des écoles du régime généralde l'armée de terre.

Le 4e RE, au sein de la CIC, propose, au profit del'ensemble de la Légion, les stages de formation desgradés. Il s'agit de former des caporaux chefs de grou-pe et des sergents chefs de section. Pour les premiers,le stage dure deux mois. Il s'adresse à des légionnairesayant en moyenne 2,5 ans de service. Il s'agit de lestransformer en chefs d'équipe capables de diriger —sur le terrain, en opérations ou au quartier — un grou-pe de cinq ou six hommes. Près de 400 sont ainsiformés chaque année à Casteinaudary.

Par ailleurs, un autre stage vise, ultérieurement, àtransformer les légionnaires les plus prometteurs en

Ci-contre, au centre.C'est par une marche de 120 km en cinq jours,

paquetage sur le dos, que se concluentles quatre mois de l'instruction de base.

Ci-contre.Exercice du parcours du combattant en groupe où l'aide

des camarades est primordiale pour passer les obstacles.32 (Photos José Nicolas)

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sous-officiers. Ce sont les régiments opération-nels qui opèrent la sélection des candidats. Le sta-ge s'adresse à des gens qui ont déjà en généralcinq ans de Légion. Il dure quatre mois. Il est dif-ficile. Les stagiaires doivent en effet totalementchanger d'état d'esprit en passant du corps desmilitaires du rang à celui de sergent. Ils doiventse muer en chefs et justifier les galons qu'ilsrecevront. Ils changent de statut. Environ 150 sontainsi formés chaque année au 4e RE.

L'objectif affiché de ces stages est de fabriquerdes chefs. A en croire le colonel Barbaud, « celapasse par un enseignement moral. C'est à l'en-cadrement qu'il revient, par l'exemple, de montrerce que c'est que de commander, ce qu'est un sty-le de commandement, quelle doit être la place duchef. Ce dernier donne les ordres et les contrôle,mais il doit aussi être attentif à ses subordonnés.Par rapport à la notion anglo-saxonne de leader-ship, // y a, chez nous, un plus grand intérêt duchef pour ses hommes, leur bien être. Il les écou-te. Le respect et la parfaite connaissance de sessubordonnés constituent chez nous les qualitéspremières du chef. »

Former des « chefs »C'est une conception effectivement très françai-

se du rôle du chef. Selon le colonel Barbaud : « Lesstagiaires-cadres apprennent aussi à être des ins-tructeurs, afin qu'ils puissent former ceux qu'ilsauront sous leurs ordres. Un instructeur adapté ànotre recrutement non francophone, c'est-à-direavec des méthodes d'instruction basiques. » Lesstagiaires-cadres sont également formés à leurrôle de combattant. Ils doivent devenir des chefsmaîtrisant les techniques fondamentales du com-bat moderne. Les formations plus spécifiques àl'ABC, au génie ou à l'infanterie seront effectuéesultérieurement, si le cadre en a les potentialités,notamment linguistiques, au sein des Ecolesd'application des armes de l'armée de terre.

Les deux stages de formation de cadres s'ap-pliquent à tous quelle que soit la spécificité du sta-giaire. Il peut très bien venir d'un domaine admi-nistratif/secrétariat, de la mécanique ou du com-bat. Tous vont apprendre la même chose. A ce sujet,le colonel Barbaud précise : « Avant d'être un chefspécialiste, le cadre sera un chef, un instructeur etun combattant. Le légionnaire est un combattantavant d'être un spécialiste. Il est évident que ceuxvenant du domaine combat auront moins de malque les autres à suivre les stages. Les autresdevront consentir un surcroît d'efforts. Mais c'estle jeu. Ceux qui sortent de ce stage avec le galonde sergent feront en général carrière chez nous. »

Ceci étant dit, les stagiaires, au cours de cesdeux stages de formation, ne vivent pas un enfer-mement de même nature que lors de la formationinitiale du légionnaire. Ils profitent, bien évidem-ment, d'une plus grande liberté. Toutefois, selon lecolonel Barbaud, « au vu du rythme de travail quileur est imposé, de la densité des connaissancesà acquérir durant leur stage, ils n'ont pas, dans lesfaits, beaucoup de week-ends de libres »...

Ainsi, par exemple, sur les dix semaines detemps que dure un peloton de formation de capo-ral, la moitié au moins est passée dehors, encamps et en exercices. Et là il ne peut y avoir demoments de libres. En fait, le légionnaire, sonencadrement s'y emploie, n'est pas près deconnaître les « tourments >> des RTT... C'est leprix à payer pour que le 4e RE fournisse àla Légion une ressource humaine homogène,rustique, sportive et motivée. D 33

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Le 2e REI (régiment étranger d'infanterie)/ qui a fêtéle 4 avril dernier le 160e anniversaire de sa création,appartient de même que les 1er REC et 1er REG,à la 6e brigade légère blindée. Il constitue l'un desdeux régiments d'infanterie blindée de cette brigade— l'autre étant le 21e RIMa de Fréjus.Il présente, avec un effectif de près de 1 300 hommes(dont près de 25 % de cadres)/ la particularité d'êtrele plus « gros » régiment de l'armée de terre.En effet, il aligne pas moins de neuf compagnies.

Un nombre qui s'explique par la formation,voici quelques mois, afin de satisfaire lesbesoins de l'armée de terre en fantassinsdébarqués, en ex-Yougoslavie, d'une cin-quième compagnie d'infanterie et par la récu-pération de la compagnie antichar de la6e BLB, forte de 15 VAB Mot répartis entre cinqsections et de 112 légionnaires et cadres, quiétait jusqu'alors intégrée au 1er REC. La CACMot demeure pour emploi sous les ordres

directs du commandant de la brigade. Le 2e

REI, donc, est une unité d'infanterie. Avec cinqcompagnies de fantassins débarqués, il repré-sente une force non négligeable. Le VAB

Ci-dessous.Le 2e REI présente une forte densité d'armementsantichars. Toutefois, ces armes peuventégalement être employées avec efficacitéà /'encontre de cibles blindées légères, d'abris,de bâtiments, etc.(Photo 2e REI)

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Avec ses hommes « pré-félinisés »,te 2e REI sera à même, dès cet automne, «

d'occuper une surface de terrain deuxfois plus grande qu'auparavant. L'usage ,du PRI, par exemple, évite aux hommesd'un groupe de combat de devoir rester

à portée de voix.(Photo Yves Debay)

V

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constitue le matériel de base du régiment ;lequel en aligne au total quelque 135. Il estconsidéré par les personnels comme un maté-riel tout à fait honnête, fiable et solide. Il devraitpouvoir durer une grosse quinzaine d'annéesencore moyennant la revalorisation du parc,notamment par le changement des moteurset, peut-être, l'intégration d'une mitrailleusesous tourelle manœuvrable depuis l'intérieurde la cabine. Toutefois, le VBCI aurait été,sembie-t-il, le bienvenu. Mais, dans un pre-mier temps, il ne devrait remplacer que lesAMX-10R

Un régimentà neuf compagnies

Les cinq compagnies d'infanterie sont struc-turées à l'identique. Chacune est forte de 151soldats et possède une section de comman-dement, une autre d'appui et trois sectionsdites Eryx. Celle d'appui possède un groupeantichar Milan (deux postes de tir), un grou-pe de tireurs d'élite (un trinôme mettant enoeuvre un, et bientôt deux, fusil PGM de12,7 mm, précis de jour seulement jusqu'à1,2 km) et un groupe avec un VAB doté dela tourelle canon de 20 mm d'une portéeefficace de 1,5 km.

Quant aux trois sections Eryx, elles com-prennent un élément de commandement (quiinclut deux tireurs de précision à 400 m dotésde fusils FRF2 capables de tirs nocturnes jus-qu'à 300 m), un groupe antichar Eryx (deuxpostes de tir) et trois groupes de neuf fantas-sins. Chaque groupe est commandé par unsergent ou un caporal-chef avec sous sesordres deux trinômes spécialisés, l'un dans lacouverture d'un rayon de 300 m (Famas et sixABL), l'autre d'un rayon de 600 m (Famas, uneMinimi, un LGI). A quoi s'ajoute l'incontour-nable mitrailleuse de 12,7 mm, d'un kilomètrede portée, montée sur le VAB porteur du grou-pe. Elle est servie par le conducteur et le chefd'engin qui tous deux demeurent à bord duVAB pour assurer la couverture du groupe.

Les lance-roquettes ABL (antiblindé légerconsommable) procurent au groupe une cer-taine autodéfense jusqu'à 300 m de distance.De son côté, le LGI (lance-grenades individuel)se révèle particulièrement silencieux et sansfumée de départ, efficace de 300 à 600 mcontre des personnels non abrités. La Minimide 5,56 mm, pour sa part, qui peut fonctionnerpar bande ou chargeur, affiche une grande pré-cision jusqu'à 400 m. Quant à l'Eryx, il est effi-cace jusqu'à 600 m et peut être tiré à partird'espaces confinés. Ce qui en fait une armeredoutable en zone urbaine. En revanche, ils'agit d'une arme délicate à utiliser et qui exi-ge des tireurs parfaitement formés et entraî-nés, notamment par le biais de la simulation.Chaque groupe de combat dispose ainsi d'unepuissance de feu non négligeable s'étageantde la courte distance jusqu'à 1,2 km.

Une puissance encore accrue par la com-pagnie d'éclairage et d'appui qui dispose d'unesection de six mortiers de 120 mm (autant demortiers de 81 mm en double dotation)capable de délivrer 108 obus à la minute à13 km (toutefois, il est prévu à terme que cet-te section disparaisse, les mortiers de 120 mm

Suite en page 47

Ci-contre.Le groupe de combat constitue l'unité élémentaire

de l'infanterie. Il s'articule autour du VAB à partirduquel chef de bord et conducteur assurent avec

la mitrailleuse de 12,7 mm une couvertureà longue distance du groupe débarqué.

Ci-dessous.La Minimi peut fonctionner avec des chargeursou des bandes. Elle procure au groupe de combatune extraordinaire puissance de feu. Si sonemploi sera possible avec les équipements FELINdu fantassin futur, elle ne sera cependant pas,à la différence du Famas, intégrée au système quine pourra, par exemple, afficher sur le Thompaddu chef de groupe la consommation en munitionsde la Minimi.

Ci-dessous, page de droite.Le groupe de combat se subdivise en deux

trinômes spécialisés, l'un dans la couvertured'un rayon de 300 m (Famas et lance-roquettesABL consommable) et l'autre de 600 m (Famas,

lance-grenades individuel et Minimi).(Photos Yves Debay)

i

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;. ,»

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ECAD est mort, vive FELIN !

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Vers une coopérationfranco-allemande ?

Discrètement, le programme ECAD de démons-trateur technologique du fantassin du futur fran-çais est parvenu fin 2000 à son terme contractuel.Mais il a parfaitement joué son rôle. Larmée de ter-re a pu ainsi établir une fiche-programme relative-ment précise pour son fantassin du futur, FELIN,qui devrait arriver en unité début 2006. Dès la finde l'année débutera la phase de définition indus-trielle du programme. Un programme qui, surpri-se, pourrait bien se faire dans un cadre bilatéral.

Le programme ECAD d'études sur l'équipementdu fantassin du futur, perçu comme un système d'ar-me complet à l'échelle du groupe de combat d'in-fanterie, a pris fin l'automne dernier. Le démons-trateur technologique d'ECAD, à savoir les onzeéquipements fournis par Thaïes à l'armée fran-çaise, a beaucoup servi, notamment dans lecadre, l'an dernier, d'expérimentations techni-co-opérationnelles au sein des 110e RI,35e RIMeca et 92e RI. Expérimentations trèsutiles pour valider un certain nombre de choixet faire évoluer le concept. Aujourd'hui, huitde ces équipements servent toujours au seinde la DGA à diverses expérimentations, parmilesquelles la prise en compte de la menaceNBC. Quant aux trois autres, ils sont désormaisrelégués aux opérations de communication...

Le 2e REI « pré-félinisé »

Un certain nombre des équipements étudiés etdéveloppés dans le cadre d'ECAD ont d'ailleurs étéretenus pour équiper les fantassins d'aujourd'hui.Ainsi ceux du 2e REI sont déjà dotés de l'ensembledit pré-FELIN. Le parc de Famas du régiment esten voie d'être totalement adapté, d'ici la fin de l'an-née, avec, monté sur le côté, le pointeur PIRAT infra-rouge d'aide au tir, et, pour le chef d'équipe, uneoptique de tir à grossissement 1 à 3. Les combat-

tants du 2e REI reçoivent aussi, actuellement, lesjumelles de vision nocturne OB70 à intensificationde lumière qui, fixées sur un châssis sur le visage,permettent de voir de nuit le point rouge du poin-teur du Famas, de tirer et de se déplacer de nuit.

De même, tous les fantassins se dotent du PRI,le poste de radio individuel. Doté d'un petit microdevant la bouche et d'écouteurs dans les oreilles,il permet, via dix fréquences préréglées, le dialogued'homme à homme au sein du groupe de combaten restant dispersé, en étalant le dispositif. Lesrécepteurs GPS permettant de localiser précisé-ment les positions des unités élémentaires sontégalement déjà en dotation jusqu'à l'échelon chefde section, voire chef de groupe. A la fin de l'an-

née, le 2e REI devrait avoir perçu la totalité deses dotations en équipements pré-FELIN. Letout contribue déjà à faire évoluer les tech-niques de combat des fantassins débarquéset permet, à effectifs constants, d'occuper unesurface de terrain beaucoup plus grande.

ECAD n'a donc pas été inutile. Pour autant,les équipements pré-FELIN ne constituentqu'une première étape vers le fantassin du

futur. Pour preuve, l'émission par l'armée deterre, tout récemment, de la fiche de caracté-ristiques militaires provisoire pour l'équipement

du fantassin futur FELIN. En fait, on se retrouveici au point de départ d'un nouveau programme.Autrement dit, avoir réalisé ECAD ne constitue paspour Thaïes la garantie de fournir FELIN.

Que souhaitent les militaires à en croire leur nou-velle fiche-programme ? D'abord repenser totale-ment l'équipement du fantassin en s'appuyant sur

Ci-contre.L'armée de terre souhaite disposer, pour sonFELIN, d'équipements de protection balistiquemodulaires — notamment les éléments protège-nuque ou épaules, voire les visières de casque —pouvant être installés ou retirés en fonction dudegré de la menace,(Photo Ecole d'application de l'infanterie/DGA)

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Ci-dessus.te 2e REI constitue une unité d'infanterie etl'arrivée des équipements du fantassin du futurdevrait accroître largement son efficacité.(Photo Ecole d'application de l'infanterie/DGA)

les nouvelles technologies et en recherchant lameilleure cohérence possible entre les sous-ensembles, tout en jouant de la modularité pourpouvoir faire évoluer le système au gré des cir-constances opérationnelles et des fonctions du sol-dat porteur. Ceci avec un impératif incontournable :25 kg au maximum en version tir de nuit avec unFamas paré et une protection balistique légèrepare-éclats. Un pari audacieux. Car les 25 kg s'en-

Le fantassin du futur tel que présenté dansle cadre du démonstrateur ECAD. FELINreprendra la plupart des concepts illustrés ici,mais en imposant de nouvelles technologieset de nouveaux concepts,(Photo Ecole d'application de l'infanterie/DGA)

tendent y compris les sous-vêtements et rangers.Les militaires misent d'ailleurs sur FELINE, lavariante qu'il conviendra de développer pour lesfemmes chefs de section ou de groupe, pourcontraindre les industriels à trouver des moyensefficaces de réduction de la masse de l'ensemble.

25 kg maximum pour FELIN

L'un des impératifs fixés par la nouvelle fiche-pro-gramme provisoire est d'obtenir une probabilité de100 % d'atteinte au premier coup de Famas à300 m de distance de nuit comme de jour. LeFamas et tout l'équipement de visée ne devraientpas peser plus de 6 kg. Ensuite, sur un plan plus

terre-à-terre, les militaires souhaiteraient suppri-mer le dévers de 20 cm existant, sur les Famaspré-FELIN actuels, entre les axes de la lunetteoptique et du canon. Ceci en montant la lunette detir sur un rail situé juste au niveau de la partie bas-se du levier armement, c'est-à-dire directementsur le tube de tir. Un industriel finaliserait ence moment le développement d'une poignéecorrespondant à cette exigence.

Bien évidemment, FELIN devra pouvoir effectuerles visées et tirs déportés : le fantassin effectuantsa visée sur son écran sans avoir à sortir la tètede l'abri. Ce qui devrait exiger l'installation d'unpetit écran intégré directement sur l'arme, car sinonle tir instinctif n'est pas possible en visée dépor-

Chaque groupe de combat du 2e REI disposed'une Minimi efficace jusqu'à 400 mètres.

La puissance de feu d'un tel groupese révèle impressionnante.

(Photo Ecole d'applicationde l'infanterie/DGA)

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tée. Les militaires aimeraient bien aussi dis-poser, sur la visière amovible de casque,

d'un écran identique — type viseur deI caméscope — à celui porté au poignet

et permettant à la fois le déplacementet le tir nocturne. Sur l'écran, le chefde groupe devrait pouvoir, à l'aidede son petit ordinateur portableThompad, indiquer à tel ou tel deses hommes, par des icônes, un

nombre restreint d'ordres basiquestactiques : interdiction/autorisation de

tir, zone polluée NBC, etc.

L'armée de terre, consciente des faiblesses du IGPS (liaisons coupées avec les satellites) en corn-1bats urbains, lorsque les hommes évoluent dans!des bâtiments, des parkings souterrains ou deslégouts, demande également que soient proposées Ides solutions techniques permettant de conserver!pour le chef de groupe la connaissance du posi-1tionnement de ses hommes et même de l'étage]où ils se trouvent... Des solutions qui passeraienpar le recours à des relais type microdrones, <re à de nouvelles techniques pouvant aller jusqu'àl'emport de mini centrales inertielles.

Rester au courant...

En matière de fourniture d'énergiela fiche-programme exige un t

unique (au lieu de deux bâtiries sur ECAD) de 2 kg au ma

mum et une autonomie con» prise entre 24 et 48 heurf

II est précisé que le fant;sin devra pouvoir rechari

| son bloc énergie en rentrdans son VBCI en brachant simplement seéquipement sur un rât<lier spécial, lui permettaussi de se brancher sl'interphone du véhicu— l'adaptation d'un 1râtelier sur les VAB c

être envisagée pour leopération de rénovation

En outre, il est dema-dé la réalisation d'umoyen de rechargen

collectif déployabhors du VBCI, i '

de permettre ;groupe de cbat de

rechargerénergie sans <

à revenir au véhicAucune solution tenologique — pile]combustible, grouaélectrogène, etc.n'est écartée a pr-:

k " pour ce moyen colisdéployable qui devra t

tefois fonctionner en toute ccrétion sonore et thern

La climatisationsera fournie

Les fantassins du 2e REIde Nîmes sont en voie de« pré-félinisation ». Ainsiqu'on peut le voir ici, ilsemportent un équipementde vision nocturne OB70, unsystème de visée point rougesur le Famas et les postesde radio individuels. Ce n'estpas encore le fantassin dufutur, mais cela n'a déjà plusgrand-chose à voir avecle fantassin classique.(Photo Ecole d'applicationde lïnfanterie/DGA)

' £^' !> --

Chaque fantassin pourraitaussi capturer sur son écranune image intéressanteobservée et l'envoyer au chefde groupe. Lequel aura éga-lement une connaissanceautomatique de la localisa-tion de ses hommes et de'état de leurs ressources

énergétiques et en munitionsFamas. Il sera égalementpossible de se placer enboucle directe d'une unitéélémentaire à une autreg é o g r a p h i q u e m e n tproche mais dépendantde grandes unitésdistinctes.

Le casque lui-même est esaré largement modulaire a.=possibilité de changervisières de protection, d'ôter

équipements de vision noctuipar exemple pour le combat

jour, mais aussi tout ou partie des DItections balistiques suppléments;'

accrochables sur le devant du casque, les < "et la nuque, en fonction de l'intensité des risc.Avec là encore une contrainte de masse fixe=2,5 kg pour un casque avec visière de prote:balistique et laser, optique de nuit et transmiss :(micros et écouteurs intégrés au casque).

Le FELIN devra être opérationnel dans une çame de températures allant de - 30 à + 40 CCre + 50 °C par temps sec). Ce qui signifie la :sence d'un équipement actif de climatisationne venant supplémenter quand nécessai-système passif de régulation thermique que c: ~;tue le treillis en fibres plastiques qui isole le ^tassin de son gilet pare-éclats. Est égalemervue une protection NBC avec, comme pour ECune ventilation forcée d'air (filtré par deu>touches) grâce à un petit moteur installé dansmusette. Lutilisateur déterminant lui-même le :dans son casque, afin de l'adapter au ryth

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son effort physique du moment et donc de sonbesoin en oxygène. La masse de la protection NBCs'inscrira en sus de la cible des 25 kg de FELIN.Luniforme va également changer de couleur.

On le constate, FELIN poursuit dans la voie défri-chée par ECAD. Mais les ambitions techniquessont grandes. Et le calendrier serré. Des consul-tations ont été lancées dès le début de l'hiverauprès de l'industrie et, cet été, les militaires et laDCA examinent les réponses et offres industrielles.Une sélection devrait intervenir dès le mois de sep-tembre, afin de permettre la notification du contratde définition industrielle en janvier 2002.

FELIN en unité en 2006

Solution originale, la DGA aurait d'ores et déjàdécidé d'attribuer un tel contrat à deux, voire troiséquipes industrielles différentes pour conduire enparallèle leurs études. Les noms de Giat Industrieset de Thaïes sont bien évidemment évoqués. Maisaussi celui d'EADS, voire d'industriels allemandsou plus largement européens. Le calendrier offi-ciel du programme prévoit la publication dèsfévrier 2003 de la fiche définitive des caractéris-tiques militaires. La sélection de l'équipe indus-trielle gagnante devrait intervenir au début de l'étésuivant. Ce qui permettrait de notifier le contrat dedéveloppement dès le mois de novembre 2003.

Les livraisons de l'équipement FELIN V1 devraientainsi pouvoir démarrer dès le début de 2006. Il estprévu la fourniture de quelque 11 388 équipementsFELIN V1 complets pour fantassin débarqué, maisaussi de 9 400 équipements FELIN V1 incompletsau profit des conducteurs et chefs de bord des VABet autres engins de combat d'infanterie (5 480 équi-pements dotés des éléments de protection/obser-vation/communication de FELIN) et des véhiculesnon blindés (poids lourds, etc.) régimentaires (3 920FELIN limités aux fonctions protection/communi-cation). Le tout devrait revenir à 2,5 milliards defrancs. Au-delà, à l'horizon 2015, les militaires son-gent déjà à la variante évoluée du système, déjàpoétiquement baptisée V2...

Ci-contre.Parmi les options envisagées par l'armée

de terre pour son fantassin du futur de deuxièmegénération, le FELIN V2, à l'horizon 2015,

avec l'arme multimunitions à même de tireren tir tendu des munitions cargo explosives

pour frapper des adversaires se cachantderrière un muret ou un abri,

(Photo Ecole d'application de l'infanterie/DGA)

Elle intégrera une nouvelle arme capable de tirerdes projectiles classiques, mais aussi des muni-tions cargo explosives de 20 à 40 mm à tir tendu.Grâce à l'incorporation d'une télémétrie sur ciblecachée, le système fournira au soldat la distancede la cible et la munition cargo sera programméepour aller exploser juste derrière le mur ou l'obs-tacle où l'adversaire a trouvé refuge.

Ceci étant dit, l'information probablement la plusimportante, à propos de FELIN, concerne la possi-bilité d'une coopération franco-allemande. Depuis ledébut de l'année, d'étroits contacts se sont nouésentre les responsables des deux pays en charge, ausein de la DGA, du BWB et des armées, des études

Ci-dessus.Avec cinq compagnies de fantassins débarquéset 135 VAB, le 2e REI constitue le plus importantrégiment de l'armée de terre.(Photo Ecole d'application de l'infanterie/DGA)

sur les fantassins futurs. Avec, semble-t-il, un parfaitaccord quant à la définition des performances du sys-tème. Côté français, l'apport, en matière devisée/optronique, de certaines firmes allemandesserait fort apprécié. La forme de cette coopérationest en cours d'étude, mais il semble se confirmer qu'iln'y aurait qu'un unique maître d'œuvre industriel, pro-bablement franco-allemand, même si l'Allemagnesouhaite germaniser son futur FELIN. a

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C/-cfessus.Tir d'un mortier de 120 mm au cours de l'exerciceTrident d'or qui s'est déroulé en Sardaigne enjuin dernier.

Ci-contre.Le 2e REI devra bientôt accepter, en perdant sesmortiers de 120 mm, de se reposer entièrement,

pour son appui longue portée, sur l'artillerie.Le commandant du régiment dépendra désormaisdu bon vouloir du commandant de sa brigade qui

fournira ses moyens d'appui en fonction de sespriorités et non forcément de celles du régiment.

Ci-dessous.Le 2e REI va doubler sa dotation de fusils PGMde 12,7mm qui va passer de cinq à dix. Chaquecompagnie de fantassins débarqués aligneun groupe de tireurs d'élite fort de trois hommes :deux tireurs et un pourvoyeur,(Photos Yves Debay)

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44

L'infanteriemarche vers la

« quaternarisation »Le 2e REI, ainsi que les 19 autres régiments d'in-

fanterie de l'armée de terre, va bientôt connaîtreun considérable bouleversement de ses structures.En effet, l'armée de terre française s'est renducompte, au fil de ses récentes interventions exté-rieures, qu'elle manquait de fantassins débarqués.Elle a donc lancé des études visant à trouver dessolutions pour améliorer la situation. C'est ainsiqu'est né, ces derniers mois, le concept de la« quaternarisation ». L'idée de base consiste àrajouter une section de combat de 39 hommes auxtrois dont dispose déjà chaque compagnie d'in-fanterie. Chaque régiment verra de la sorte, avecseize sections au lieu de douze, le volume de soninfanterie débarquée croître d'un tiers. Chaquecompagnie de combat verra également sa sectiond'appui réduite à un simple élément d'appui (legroupe tireurs d'élite étant toutefois porté à sixhommes pour tenir compte de l'intégration d'undeuxième PGM). En effet, il va falloir densifier lacompagnie régimentaire d'éclairage et d'appui(CEA) qui, dans le cadre de la « quaternarisation »,perdra, au profit de l'artillerie, sa SAM ou sectiond'appui mortiers forte de six mortiers de 120 mm.D'où l'idée de prélever dans la section d'appui dechaque compagnie de combat son groupe anti-char Milan et de les rassembler pour former ausein de la CEA une deuxième section Milan. Demême, les groupes de mortiers de 81 LRR exis-tant au sein de chaque section d'appui de com-pagnie de combat (2 mortiers par compagnie) pour-raient être rassemblés en une section mortiers de81 mm au sein de la CEA. La création d'une sec-tion de tireurs d'élite est également évoquée, ain-si que la mise en place, toujours au sein de la CEArégimentaire, d'une section d'aide à l'engagementdes débarqués (SAED). Celle-ci, forte de 20hommes, serait sécable en deux commandos etaurait pour fonction d'aider à l'éclairage de la com-pagnie de combat se trouvant en premier échelon.

Ci-contre.La section Milan mise en œuvre par

la compagnie d'éclairage et d'appui du 2e REIpossède trois VAB emportant chacun deux

postes de tir antichars.(Photo Yves Debay)

Ci-dessus.La « quaternarisation » des régimentsd'infanterie pourrait se traduire, pour le 2e REI,par la perte de sa 5e compagnie de fantassinsdébarqués et par le regroupement au sein de sacompagnie d'appui de tous les Milan anticharspour l'heure dispersés dans les compagnies.(Photo Yves Debay)

Page 36: La Legion aujourd'hui,RAIDS N°183,2001

Ci-contre.Après avoir enchaînéles déploiements outre-mer, ces deux dernièresannées, le 2e BEI espèrepouvoir enfin rejoindre,l'an prochain, le Kosovo.En attendant, ce sera,cet automne, le Sénégal...

Ci-dessous.La section

de reconnaissancerégimentaire du 2e REI

aligne dix VBL, dont deuxdotés de Milan. Sa mission

consiste à éclairerle régiment sur son avant,

tout en allant jusqu'aucontact, ou à le couvrir

sur ses flancs.(Photos Yves Debay)

Les SAED entérineraient, en fait, pour les régi-ments d'infanterie mécanisée ou motorisée lesGCP, SR et autres URH déjà en fonction dans lesunités parachutistes et de montagne. A en croireles études réalisées par l'EMAT, la « quaternari-sation » permettra l'obtention, au total, de 3 000fantassins débarqués supplémentaires. La moitiéde ces postes pourra être servie par la redistribu-tion des soldats récupérés suite à la dissolutiondes SAM (60 hommes par régiment) et de deuxdes six compagnies antichars Mot mises en œuvrepar certains régiments d'infanterie au profit de leurbrigade d'appartenance — les SAM seront trans-férées à l'artillerie sous peu et les deux compa-gnies Mot seront dissoutes d'ici 2003. Lopérationdevant se réaliser, à l'échelle de l'armée de terre,à effectifs constants, il conviendra donc que l'EMATpuisse trouver, au sein des autres armes, quelque1 500 hommes supplémentaires à transférer à l'in-fanterie. Ce qui s'avérera malaisé... Quant au2e REI, la « quaternarisation » devra se faire sanspouvoir « piocher » dans les autres armes, maissimplement dans la Légion. Ce qui pourrait impli-quer la dissolution de la cinquième compagnie ouun accroissement des effectifs de la Légion. Surle plan des moyens, la « quaternarisation » impli-quera aussi l'attribution aux régiments, par uneredistribution des parcs existants, de VAB ouAMX-10P supplémentaires en nombre suffisantpour doter les nouvelles sections de fantassins.Pour l'infanterie, la « quaternarisation » signifie évi-demment l'abandon à l'artillerie, la cavalerie etl'ALAT du combat longue portée. Le régiment d'in-fanterie devra davantage faire appel à ses col-lègues des autres armes. Cela s'inscrit dans lesens d'un combat plus intégré, interarmes, inter-armées et interallié, qui s'affirme comme la nou-velle norme. En contrepartie de cette perte réelled'autonomie, le régiment d'infanterie devrait s'avé-rer un outil plus puissant et efficace pour ce quiconcerne le combat à courte et moyenne portées.Un outil resserré sur le cœur de métier de l'infan-terie. A en croire le schéma mis au point par l'ar-mée de terre, ce sont trois régiments d'infanteriequi chaque année, à partir de l'an prochain,devraient basculer dans la « quaternarisation ». Cl

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Organigramme du 2e REI- 6e BLB -

-Milan

Compagniede baseet d'instruction

Compagnie de commandementet de logistique

Compagnie antichar Hot

Tireurs d'élite- Fusils PGM

O VJ - 2 Fusils FRF2 - 2 postes- VAB canon 20 mm de tir Eryx -9 h.

- 1 Minimi- 6 antiblindés ABL- 1 LG1 [lance-grenades

individuel) par groupe

PC

Compagnied'éclairage et d'appui

\• ••

Section reco - 6 mortiers *** 3régimentaire de 120 mm ~ 3 VAB(SRR) -6 mortiers - 6 Mita- 10 VBL de 81 mm

Composition du 2e REI :- 15 VBL, 1 35 VAS dont 15 VAB antichars Hot,- 39 postes de tir missiles AC Eryx,- 1 8 postes de tir missiles AC Milan,- 6 mortiers de 1 20 mm, 6 mortiers de 81 mm,- 36 lance-grenades individuels,-51 FRF2, 6 PGM, 108 mit. ANF1 de 7,62 mm,

107 mit. de 12,7 mm.

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Page de gauche.Le groupe de combat se mue de plus en plusen un véritable système d'arme intégré.Une tendance qui se confirmera avec l'arrivée,à terme, de FELIN.

Ci-dessus.Le 2e REI est quasi intégralement équipé

du Famas doté de son pointeur PIRAT.Reste encore, pour l'adapter aux exigences

de l'armée de terre pour son fantassin du futur,à monter l'équipement de visée directement sur

le canon du Famas et non à 20 cm au-dessuscomme c'est encore le cas ici.

(Photos Yves Debay)

Suite de la page 36

étant attribués aux unités de la brigade d'ar-tillerie) et d'une section antichar Milan (3 VABportant chacun deux postes de tir Milan), ain-si que d'une section de reconnaissance régi-mentaire à dix VBL (dont deux avec Milan).Si l'on intègre la CAC Mot, à même de lancer45 missiles antichars Mot en l'espace d'uneminute, le 2e REI semble bien correspondreau concept américain des unités légères aisé-ment déployables tout restant à même defaire face à une menace blindée.

L'EMAT l'a bien compris. Pour s'en persua-der, il suffit de jeter un rapide coup d'œil surles déploiements outre-mer de l'unité depuisdeux ans : en 1999, le 2e REI a ainsi expédiéau Tchad, pendant l'été, un état-major tactiqueet deux compagnies, alors qu'une autre deses compagnies se trouvait détachée en Bos-nie, une en Guyane et une au Sénégal ; l'an-née dernière encore, deux de ses compagniesont été détachées au Tchad, une autre en Côted'Ivoire et une à Djibouti et en Guyane.

Cette année, le rythme devrait se restreindreavec seulement le détachement d'unecompagnie à Djibouti, durant le printemps, etd'une autre au Sénégal à l'automne. Mais pasle temps de souffler, le Kosovo serait en vuepour 2002... O

Bien que le débarquement ne constitue pasl'une des spécialités du 2e REI, celui-ci s'est prêté

avec intérêt à cette manœuvre lors du récentexercice Trident d'or.

(Photo Yves Debay)

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La Légion, si elle se composede soldats d'élite/ ne se veutpourtant pas une réunion derégiments de forces spéciales.Ses chefs insistent bien surce point : les régiments dela Légion sont des unitésd'infanterie, de cavalerie oude génie comparables à ceuxde la régulière, tant par leursmatériels que par leurstactiques et doctrines d'emploi.Il est néanmoins indéniableque ces régiments font preuvede compétences particulièresen matière de présenceoutre-mer.

La Légion, aujourd'hui, c'est une force de dix régi-ments rassemblant près de 7 900 professionnels :les droits ouverts pour 2001 s'élèvent à 394 officiers,1 705 sous-officiers et 5 768 légionnaires. Notez quedepuis 1995, le taux d'encadrement est passé d'unsous-officier pour cinq légionnaires du rang à un pourtrois. A l'exception du 1er RE, unité administrative et« maison-mère » de la Légion, à Aubagne, et du4e RE de Castelnaudary, l'école par où passenttous les légionnaires, les formations de la Légionétrangère sont toutes des unités de combat.

Cinq d'entre elles sont basées en métropole etdépendent du commandement de la force d'actionterrestre. Le 2e REP, basé à Calvi, dépend de la11e brigade parachutiste ; le 2e REG (Apt-Saint-Chris-tol), créé en 1999, appartient à la 27e brigade d'in-fanterie de montagne ; les 1er REC (Orange), 1er REG(Laudun) et 2e REI (Nîmes) font partie de la 6e bri-gade légère blindée. Ces cinq régiments sont entiè-rement projetables, à l'exception de leur compagniede base et d'instruction. Ils participent aux opérationsextérieures, soit en unité constituée, soit par le déta-chement d'unités élémentaires. Ils assurent aussi,dans le cadre des cycles fixés à leurs brigades, desmissions de courte durée, à savoir la fourniture decompagnies tournantes aux formations de la Légionstationnées outre-mer.

Suite en page 55En haut.Malgré la volonté du COMLE d'uniformiser la qualitéde ses régiments opérationnels, il est indéniable quele 2e REP se distingue par le très haut standardopérationnel de ses personnels.(Photo Yves Debay)

Page de droite, en haut.Des plongeurs de reconnaissance de l'une

des compagnies de combat du 1er REC. Lequel aligneégalement des matériels lourds spécialisés, notamment

dans le franchissement de coupures humides.(Photo José Nicolas)

Ci-contre.Le 1er REC rencontre aujourd'hui de sérieux problèmes delogistique avec ses AMX-10 RC. Un problème qui concernela totalité du parc d'AMX-10 RC de l'armée de terre.(Photo José Nicolas)

Page de drojte, en bas.Quoique récemment réduite à un noyau

de 290 permanents, la 13? DBLE, à Djibouti, rassembleencore, grâce au système de la tournante, quelque

700 hommes, ici au Rwanda lors de l'opération Turquoise.Pour l'heure, le COMLE est parvenu à faire en sorteque les compagnies tournantes proviennent toutes

des unités de la Légion basées en métropole.(Photo Yves Debay)

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Le 1erau service de la 6e BLB

Créé en 1984 en tant que 6e REG, le 1er régiment étrangerde génie, basé à Laudun, a pris sa désignation actuelle voicià peine deux ans. Malgré sa création relativement récente, ilpossède déjà une solide expérience opérationnelle acquiselors de la guerre du Golfe, en 1991, puis au Cambodge, enBosnie et, tout récemment encore, au Kosovo. Il constitue l'uni-té du génie de la 6e brigade légère blindée. Il aligne toute lapanoplie des moyens de génie d'assaut. Ainsi, outre sa CCI(compagnie de commandement et de logistique) et sa CEI(compagnie de base et d'instruction), il met en œuvre une com-pagnie d'appui comprenant plusieurs sections permettant lefranchissement de coupures humides (6 ponts automoteursde l'avant et 6 engins de franchissement de l'avant) par lesblindés de la brigade, des sections d'organisation du terrain etd'aide au déploiement (4 MATS d'aide à la « traficabilité » dusol et 39 moyens polyvalents du génie) et une section d'équi-pement des plages (3 TN D5, bulldozer dérouleur de tapis deplage) pour permettre à la 6e BLB de participer à des opéra-tions amphibies. A quoi s'ajoutent quatre compagnies de com-bat en charge des opérations d'obstruction et de déminage,ainsi qu'une URRP (unité de réserve de régiment profession-nalisé) en cours de montée en puissance. La 6e BLB nesaurait se passer des 990 légionnaires du 1er REG. 0

Composition du 1 er REG : 38 VAB génie, 39 MPC (moyens polyvalents du génie),6 PAA (ponts automoteurs de l'avant), 6 EFA (engins de franchissement de Pavant),4 MATS (matériels d'aide à ta traficabilité du soi), 3 TN 05 [bulldozer dérouleur de tapis de plage).

Cie de baseet d'instruction Cie d'appui

Unitéde réserve

PC OT AD OST EFA PTA 1 1 SEP PCOT : Organisation du terrain AD : Aide au développement PTA : Poseur travures de l'avantOST : Obstacle EFA : Engins de franchissement de l'avant SEP : Equipement de plage

I

Ci-dessus.Le déminage constitue l'une des activités

opérationnelles les plus fréquentes et les plusdangereuses que doive assumer le 1er REG,

C'est aussi celle qui vaut le plus dereconnaissance aux légionnaires de la partdes populations civiles qui en bénéficient.

(Photo José Nicolas)

ECL Escadron de commandementI et de logistique

IEscadron de baseet d'instruction

Composition du 1er REC :48 AMX-10 RC, 80 VBl, 32 VAB.

I i-l

Escadron d'éclairageet d'investigation

Peloton RASIT

PC m

Toulouse|Castelnaudary |

~ ~

Régiments du COMLE

Régiments des forces

3 AMX-IORC

Ci-dessous.Le 1er REC, ici en Bosnie, aligne quatre escadronsblindés dotés chacun de douze AMX-10 ftCparticulièrement redoutables — démonstrationen a été faite lors de la guerre du Golfe.(Photo Yves Debay)

50

Le 1er RECde tous les combats

Stationné au quartier Labouche, à Orange, le 1er régimentétranger de cavalerie a participé, depuis sa création, en 1921,à la plupart des engagements de l'armée française : Tchad,Liban, Irak, Cambodge, Centrafrique, ex-Yougoslavie, etc. Ildépend aujourd'hui de la 6e brigade légère blindée dont ilassure, avec le 1er spahis de Valence, l'élément de cavale-rie. Le 1er REC, fort de 950 légionnaires, aligne sept esca-drons : un ECL (commandement et logistique) ; un EBI (esca-dron de base et d'instruction) ; quatre escadrons blindés dotéschacun de douze AMX-10 RC ; quant à l'EEl (escadron d'éclai-rage et d'investigation), tout récemment créé, il est monté surVBL et doté d'un peloton de surveillance RASIT — bien qu'or-ganiquement intégré au régiment, il dépend directement, pouremploj, de l'EM de la 6e BLB. Le 1er REC souffre aujourd'hui,de même que tous les régiments dotés d'AMX-10 RC, del'immobilisation, suite à des problèmes de freins, d'une gran-de partie de son parc de blindés de combat. Une situationqui nuit gravement à ses capacités d'intervention extérieure.Ceci étant dit, du fait du retour en grâce des blindés à roues,bien mieux adaptés aux OPEX que les lourds Leclerc, le1er REC fait partie des unités phares de l'armée de terre. 3

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Ci-dessus.Le 2e REP a été de tous les combats et le dernier régimentfrançais à conduire en autonome une action de l'ampleurdu saut sur Kolwezi, en 1978. Ses hommes se révèlentparfaitement aptes à effectuer des opérationsen montagne, des débarquements, des combatsen zone urbaine, des sabotages, etc.(Photo Yves Debay)

Le 2e REPle plus prestigieux régiment

de la LégionLe 2e régiment étranger de parachu-

tistes (2e REP) est l'héritier direct desBEP qui servirent en Indochine et desREP de l'Algérie. Le régiment est interve-nu au Tchad dès 1967 et a depuis été depratiquement toutes les opérations extérieuresconduites par l'armée française. C'est à lui quefut confiée, en 1978, la tâche de sauter au-des-sus de Kolwezi, au Zaïre, pour assurer la sauve-garde des civils européens alors menacés par lesrebelles. En 1997 encore, il opérait à Brazzaville. C'estprobablement l'unité la plus prestigieuse de la Légionétrangère. Aujourd'hui installé en Corse, plus précisémentau camp Raffali de Calvi, il appartient à la 11e brigadeparachutiste dont il constitue l'un des quatre régimentsd'infanterie. Il aligne quelque 1 050 hommes répartis enhuit compagnies : la CBI (compagnie de base et d'ins-truction) qui rassemble les services administratifs et finan-ciers, s'occupe aussi des ressources humaines, du messet du casernement ; la CCL (compagnie de commande-ment et de la logistique) comprend l'état-major, les trans-missions, la santé et assure le ravitaillement en carbu-

Ci-dessous.Un VLB du REP au Kosovo. Le 2e REP demeure l'unité

la plus prestigieuse et la plus demandée parles légionnaires à leur sortie de Castelnaudary.

(Photo Yves Debay)

Cie de baseet d'instruction

Cie de maintenancemixte Matériel/Légion

1re cie : combat de nuit/localité/contrôle de foule

2e cie : combat en montagne3e cie : combat amphibie4e cie : destruction et sniping

Composition du 2e REP :

~ 80 VAB, 28 véhicules aérolargabîes Auverland,- 1 2 postes de tir antichars Eryx, 14 postes de tir Milan- 6 mortiers de 120 mm, 6 mortiers de 81 mm LLR.

Commandosparachutistes

rant et munitions des forces de combat ; la compagnie demaintenance, qui assure le soutien de tous les organismesmilitaires stationnés en Corse, constitue une formationmixte mêlant légionnaires et hommes du matériel ; la CEA(compagnie d'éclairage et d'appui) ; quatre compagniesde combat dont chacune, en sus du tronc commun defantassin parachutiste, est spécialisée dans un domainespécifique : combat en localité, opérations amphibies,combat en montagne, sabotages. Bien que la politiqueactuelle de la Légion vise à éviter la formation de « cha-pelles » et donc à uniformiser la qualité de ses régimentsen faisant tourner les personnels d'une unité à l'autre, le2e REP demeure un peu à part et reste l'unité la plusdemandée à la sortie de Castelnaudary. D'ailleurs, lelégionnaire débarquant au camp Raffali devra encoreconsentir quatre bons mois d'entraînement supplémen-taire, au sein de la CBI régimentaire, avant de pouvoirintégrer une compagnie de combat. Et il ne sera consi-déré comme un véritable combattant qu'après une annéede présence et un entraînement soutenu au sein de sacompagnie. Parmi les traditions du 2e REP, on trouve lafameuse marche annuelle qui voit l'ensemble du régimenttraverser à pied la Corse, d'une côte à l'autre, soit envi-ron 200 km à travers un relief pas toujours facile... Ulti-me détail : le 2e REP n'est pas fait pour les claustro-phobes : les légionnaires qui le rejoignent ne peuvent quit-ter la Corse durant toute leur première année de séjour.C'est la tradition de l'unité. 3

51

Page 43: La Legion aujourd'hui,RAIDS N°183,2001

I

Le 2ele dernier-néde la Légion

La création ab initio, le 1er juillet 1999, du2e régiment étranger de génie, sur le sited'Apt-Saint-Christol resté vacant depuis ladissolution des unités de missiles sol-solstratégiques du plateau d'Albion, a démon-tré les étonnantes capacités de la Légionétrangère à adapter ses hommes à de nou-velles tâches. En effet, c'est avec, pour unebonne part, les légionnaires récupérés lorsde la dissolution du 5e REI, c'est-à-dire desfantassins, que le régiment a été formé. Iltermine actuellement sa montée en puis-sance et constitue l'unité du génie de la27e brigade d'infanterie de montagne. Fortde 900 hommes, il aligne une CCL, uneCEI, trois compagnies de combat et unecompagnie d'appui. Cette dernière ras-semble, au sein de sections spécialiséesdans l'aide au déploiement, l'organisationdu terrain, le franchissement d'obstacles

et l'équipement de montagne, desengins de génie spécifiquementadaptés à la montagne : che-

nillettes articulées Hàg-glunds, filet d'assautpour le franchissementde coupures verticales,téléphérique de cam-

pagne, etc. Le 2e REGpossède aussi une unitéde recherche humaineen altitude. O

Ci-dessus,A Djibouti, la 13e DBLE possède un escadronpermanent fort de douze ERC-90 Sagaie à mêmede tenir la dragée haute aux moyens militairesde la région.

En bas.Le 1er REG dispose de quatre MATS. Il s'agit demoyens d'aide à la « traficabilité » des sols meublesdéroulés par le camion porteur.(Photos Képi blancj

Composition du 2e REG :36 VAB du génie, 26 MPG (moyens polyvalents du génie),moyens spécifiques de montagne (chenillettes Hâgglunds, téléphérique, etc}.

Cie de baseet d'instruction Cie d'appui

T T

PC OT AD OST MLF MEQMlOT : Organisation du terrain AD : Aide au développement OST : ObstacleMLF : Matériel léger de franchissement EQM : Equipement de montagne

;,.,,

E

M

Le DLEMla Légion monte

la garde à Dzaoudzi

Particulièrement convoitée par les légion-naires, l'affectation au sein du détachement deLégion étrangère de Mayotte s'avère fort diffi-cile à obtenir. Il est vrai que l'unité, basée surle rocher de Dzaoudzi, à l'entrée du canal deMozambique, entre le continent africain etMadagascar, est de taille réduite avec, pournoyau, l'escadron de commandement et desoutien fort de 80 légionnaires permanents,auquel vient s'ajouter une compagnie tour-nante de 160 hommes de n'importe quelle ori-gine. Pour les légionnaires, tous des anciensla vie y est relativement plaisante. Le DLEMconstitue une force de présence à même d'in-tervenir par ses propres moyens ou de ser.en support à la mise en œuvre de moyens plusimportants, comme ce fut le cas en 19£ret 1995 lors des interventions françaises darsles Comores.

Page 44: La Legion aujourd'hui,RAIDS N°183,2001

I Mayotte- iDLEM

En haut.A Djibouti, les légionnaires de la 13e DBLEvivent au quotidien en situationopérationnelle et peuvent s'entraîneren conditions très réalistes.

CCL Cie de commandement *«I et de logistique (permanents et tournants!

Cie tournantedu génie fourniepar les 1er et 2e REG

Ci-contre.Un peloton d'ERC-90 Sagaie de la 13* DBLE

s'engage sur une zone de tir à Djibouti.(Photos Képi blanc,)

La 13ela Légion gère seule

sa tournanteLa 13e demi-brigade de Légion étrangère, ins-

tallée au quartier Gabode, dans la capitale, fait par-tie des forces françaises stationnées à Djibouti,territoire d'un grand intérêt géostratégique (contrô-le de l'accès à la mer Rouge et au canal de Suez).Elle participe, dans le cadre d'accords de défen-se passés entre la France et ce pays, indépendantdepuis un quart de siècle, au maintien de son inté-grité territoriale. Ces dernières années, la situationpour le moins instable de la corne de l'Afrique a

conduit la 13e DBLE à intervenir dans uncontexte opérationnel sur le territoire même

i de la république de Djibouti mais aussi à! l'extérieur, notamment en Somalie en 1993.i Bien qu'affichant une désignation laissant

supposer un effectif important, la 13e DBLEn'aligne plus aujourd'hui, avec l'instau-ration récente du système de la tour-nante, qu'à peine 290 légionnaires per-manents. Toutefois, le système de la tour-

'W if" nante assure le maintien sur place d'une'•^ force d'à peu près 700 légionnaires dont

les permanents constituent le noyau. Les effec-tifs sont répartis entre une compagnie de com-mandement et de logistique mixte mêlant person-nels permanents et tournants, une compagnie demaintenance mixte (elle travaille au profit de l'en-semble des unités françaises présentes à Djibou-ti), un escadron — totalement composé de per-manents — équipé de blindés de combat 6 x 6ERC-90 Sagaie, une compagnie tournante de fan-tassins et une autre également tournante du génie.Il convient de noter que, jusqu'ici, Aubagne est par-venu à faire en sorte que les personnels tournantsde la 13e DBLE soient exclusivement des légion-naires : du 2e REI ou du 2e REP pour la compa-gnie de fantassins ; du 1er ou du 2e REG pour lacompagnie du génie. Il n'est pas sûr que cette« exception » puisse être maintenue dans le futur.Toujours est-il que le légionnaire en poste à la13e DBLE peut être sûr de participer à de multiplesexercices de nomadisation en brousse et dans ledésert, ainsi qu'à de l'entraînement aux opérationsde débarquement. Le tout dans une ambiance trèssouvent opérationnelle : les conflits tribaux y sontfréquents, tandis que les zones frontalières avecl'Ethiopie et l'Erythrée doivent faire l'objet d'unesurveillance constante. Remarquez que pour leslégionnaires, la vie à Djibouti présente plusieursavantages : les salaires sont élevés, la vie sur pla-ce n'est pas chère et l'ambiance plus relaxe, tan-dis que l'absence de permissions permet de jouirde trois mois de vacances au retour en métropo-le. En revanche, la Légion doit se plier aux cou-tumes : Djibouti se trouvant en terre d'Islam, leslégionnaires travaillent le samedi et le dimanche,le jeudi et le vendredi constituant le week-end. O

I Escadron de commandementCCL et de soutien

I (permanent de la Légion)

Unité tournante provenantde toutes les armes

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LEGIÛPATRIA NDSTRA

3eRE.I

Ci-contre.En Guyane,les légionnaires du 3e REIdoivent plus se méfier desdangers de la nature qued'adversaires potentiels.Néanmoins, le 3e REIassure un énorme travailde sécurisation et desurveillance des frontièreset de la base spatialede Kourou,

En bas.Le Centre d'entraînementen forêt équatoriale misen œuvre par le 3e REIconstitue une formationpilote dont la qualité estmondialement reconnue.Tous les candidatsofficiers sortant deSaint-Cyr doiventréaliser le stage de survieen jungle.(Photos Yves Debayj

><L^__\Cie d'infanteriede la Légion (permanents)

I Centre d'entraînementI en forêt équatoriale

Cie mixtetournante

Cie de combattournante toutes

i.

c1

X.1.

îCanonsAA 20 mm

.J

2MissilAA2(

| Mortiers de 81 mrn

Le 3e REIen opérations au cœur

de la jungle

Héritier des traditions des deux régiments demarche de la Légion étrangère, les RMLE de 1915-1918 et de 1943-1945, le 3e REI, implanté à Kou-rou, en Guyane française, est l'unité la plus déco-rée de la Légion. Il aligne quelque 250 légionnairespermanents. Auxquels s'ajoutent 380 soldats detoutes origines détachés sur place pour quatremois dans le cadre de la tournante. Le régimentpeut ainsi armer quatre compagnies : une com-pagnie mixte de commandement et logistique(CCL) avec 80 % du personnel en légionnairespermanents ; la 2e compagnie de combat perma-nente de la Légion ; une compagnie tournante den'importe quelle arme ; une compagnie tournan-te mixte mêlant des sections d'artillerie sol-air, desapeurs et de reconnaissance (qui met en œuvredes chenilles Hàgglunds identiques à ceux destroupes alpines pour patrouiller dans les marais).Parmi les missions, fort diverses, du 3e REI, il yen a une d'une importance stratégique pour l'Unioneuropéenne, à savoir la défense du Centre spa-tial guyanais. C'est en effet le 3e REI qui en a lacharge depuis 28 ans. Tout tir de fusée s'accom-pagne du déploiement, deux jours à l'avance, d'unesection de reconnaissance et de recherche pourla protection terrestre du site et de deux sectionsd'artillerie sol-air servant, sous la coordination dusystème de défense aérienne Samantha, deuxpostes de tir de missiles sol-air Mistral et troiscanons de 20 mm. A cette mission stratégiquemais relativement peu gourmande en temps,s'ajoute une activité, particulièrement motivante...pour ceux qui apprécient l'aventure.

En effet, installé depuis quinze ans en pleinejungle, à 190 km de Kourou, le Centre d'entraîne-ment en forêt équatoriale (CEFE), qui fait admi-nistrativement partie de la CCL régimentaire.constitue « La Mecque » de l'armée de terre ermatière de mise au point et de maintien des tech-niques et tactiques liées au combat en forêt équa-toriale et dans la jungle. Ses officiers et sous-offi-ciers, au nombre d'une quinzaine, possèdent tousles qualifications instructeurs-moniteurs com-mandos. Ils effectuent de fréquents stages àManaus (Brésil), au Belize et au Venezuela pouraméliorer leurs connaissances. Ils accueillent, àleur arrivée en Guyane, toutes les compagniestournantes venues de métropole pour un staged'acclimatation et de formation à la survie dans lajungle. Tous les élèves-officiers de Saint-Cyrhommes et femmes, doivent également suivre cestage. Des stages plus pointus d'apprentissagedu combat dans la jungle sont également réalisesau profit des compagnies permanentes de Guya-ne et des troupes d'élite étrangères (Royal MarinesUSMC, SEAL, etc.).

Par ailleurs, la 2e compagnie du 3e REI partici-pe, notamment en effectuant des patrouilles pro-fondes en jungle pouvant durer un mois, à la sur-veillance des frontières et à la recherche des sitesclandestins d'orpaillage. Les moyens de transporles plus courants sont alors la pirogue et la marcheà pied. Le plus souvent avec des impedimenta de40 kg sur le dos, car il faut bien emmener avec seun GPS, des explosifs et une tronçonneuse afrde pouvoir en quelques heures défricher dans :;forêt une zone suffisante pour permettre un hél -treuillage dans le cas où une évacuation sanita -re d'urgence se révélerait nécessaire. Quant au>compagnies tournantes attribuées au 3e REI, ellescontribuent aussi a la surveillance des frontières(contrôle du trafic transfrontalier) depuis des postespermanents sur le fleuve Oyapock, à Camopi e~Saint-Georges. Chaque poste est confié à une sec-tion qui, pendant un mois, doit assurer, en autc-nomie complète, la surveillance du secteur, éver-tuellement en effectuant des patrouilles fluviale;en pirogue de plusieurs jours.

u.

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Ci-dessus.Les légionnaires sont de tous les combats. Ici, des éléments du2e REP à Brazzaville. Le pouvoir politique, à l'heure du zéro mort,voit probablement quelque avantage à privilégier l'envoi dansles combats à risques d'étrangers plutôt que de nationaux.(Photo Yves Debay)Suite de la page 48

Outre-mer, la Légion ne possède plus que trois implantations :la 13e DBLE à Djibouti, le 3e REI à Kourou (Guyane) et le DLEMde Mayotte. En effet, ces dernières années, la Légion a connuquelques modifications au sein de ses unités. Ainsi, le 5e REI,implanté en Polynésie française, a été dissous l'an dernier du faitde l'arrêt définitif des essais nucléaires français. En outre, la 3e

compagnie d'infanterie et la compagnie d'appui de la 13e DBLEont également été dissoutes voici quelques mois et remplacéespar des compagnies tournantes fournies à tour de rôle par les2e REI, 2e REP, 1er et 2e REG de métropole. Quant au 3e REI, ila également perdu sa 3e compagnie d'infanterie et sa compa-gnie d'éclairage et d'appui au profit de compagnies tournantesprovenant des formations de l'armée de terre « régulière ».

Selon ce nouveau mode de fonctionnement, les régimentsoutre-mer possèdent un noyau de « permanents » qui demeu-rent deux ans sur place ; ce qui assure le maintien des traditionsdu régiment, des savoirs locaux et des compétences. Le restede l'effectif est fourni par des unités tournantes ne restant quequatre mois et qui usent sur place de matériels prépositionnés.Les unités élémentaires des régiments étrangers de métropolepeuvent également, par ce système, effectuer des séjours ausein des unités outre-mer des troupes de marine.

La Légion, qui aligne 28 compagnies ou escadrons de com-bat—10 d'infanterie, 7 de génie, 5 de cavalerie, 2 d'appui, 1antichar, 3 d'éclairage et d'appui —, s'affirme comme un outilmilitaire toujours plus d'actualité de par sa longue traditionoutre-mer et la qualité de soldat d'élite de ses hommes. Unoutil d'autant plus apprécié qu'il réduit pour l'armée de terreses besoins en recrutement d'EVAT. D'ailleurs, la Légion affir-me pouvoir aisément recréer un régiment étranger d'infante-rie qui simplifierait la gestion des tournantes vers les régimentsinstallés outre-mer.

En définitive, la Légion, loin de vouloir apparaître commeune armée dans l'armée, refuse de se laisser enfermer dansune trompeuse autonomie et joue de plus en plus le jeude l'interarmes, de l'ouverture sur la régulière égalementprofessionnalisée. Non sans parfois cultiver un légercomplexe de supériorité... O

Le 1er REC a vu récemmentla création d'un escadron

d'éclairage et d'jnvestigationmonté sur VBL et doté d'un

peloton de surveillance RAStT.'- (Plmo Yves Debay)