Et si on s’appelait - Daily Rock

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TOE L’ACTUATÉ BRÛE DU ROCK ROMANDIE CONCERTS Nos meilleurs moments INTERVIEWS Alestorm DOSSIER Kinda Agency # Onne 02 - MAI 2020 - gtu Et si on s’appelait !

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TOUTE L’ACTUALITÉ BRÛLANTE DU ROCK EN ROMANDIE

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# OnLIne 02 - MAI 2020 - gratuit

Et si on s’appelait !

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ARCHIVES NOS MEILLEURS

MOMENTS EN IMAGES !

INTERVIEWS ALESTORM10 INTERVIEWS ALL TIME LOW12 NIGHTWISH ET SI ON S'APPELAIT ?14 INTERVIEW TRIVIUM16 INTERVIEWS VIOLENT SOHO

Daily Rockeurs ! Daily Rockeuses !

Nous y voici, nous y voilà!

Une pause bien méritée dans votre journée à faire défiler news, podcasts, sites web, distractions, à cliquer, à réorganiser...

Voilà enfin de quoi égayer votre quotidien musical: le nouveau Daily Rock et son lot de sorties d'albums et d'interviews. Les fraises et les cerises sont de saison, le rock pousse comme des timides pissenlits (qui eux, ne sont plus de saison, pas de sa-lade de dents-de-lion pour vous, désolée), et l'on se retrouve avec de réjouissantes nouvelles de Nightwish, All Time Low et consorts. Vous le remarquerez sûrement, nos journalistes se sont retrouvés assaillis d'excellents sons et ne peuvent cacher leur enthousiasme face à ces sublimes albums qui font plaisir à écouter. Mais on se retrouve aussi à cuisiner, à découvrir des séries, à devenir curieux, tout pour garder notre cerveau actif et trouver de la joie dans les petits détails. Bref, au Daily Rock, on est au four et au moulin, à travailler bénévolement pour vous offrir de réjouis-santes nouvelles de la planète rock. Le reste, on s'en lave les mains.

Bonne lecture !

DAILY ROCK Online 02 MAI 2020

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Daily Media/Daily RockRue Gutenberg 5 1201 Genève +41 (22) 796 23 61 [email protected] www.daily-rock.com facebook.com/dailyrock666

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18 • DOSSIER ULCREATE

20 • COSMIC RAIN – EN QUÊTE DE BONHEUR

21 • SPEED CUISINE –

La créativité aux fournaux

22 • CHRONIQUES

26 • SWISS MADE

28 • DOSSIER

. KINDA AGENCY

Par Laure Noverraz

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ACDC Stade de Suisse Berne 29.05.2016 ACDC Stade de Suisse Berne 29.05.2016

Billy Idol-Hallenstadion Zurich 06.07.2018 Billy Idol-Hallenstadion Zurich 06.07.2018

Bruce Springsteen - Letzigrund Zurich 31.07.2016Bruce Springsteen - Letzigrund Zurich 31.07.2016

Arch Enemy - Komplex 457 Zurich, 15.01.2017 Michael Schenker Fest - Z7 Pratteln 31.10.2018

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ARCHIVES

Credit photo : Gilles Simon

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Credit photo : Gilles Simon

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Europe - Guitares en scène - St-Julien en Genevois 16.07.2016 Europe - Rock The Ring Hinwil, 18.06.2016

Green Day - Hallenstadion Zurich 16.01.2017 Green Day - Hallenstadion Zurich 16.01.2017

Hollywood Vampires - Samsung Hall Zurich 03.07.2018Hollywood Vampires - Samsung Hall Zurich 03.07.2018

Whitesnake - Z7 Pratteln 09.08.2018 Whitesnake - Z7 Pratteln 09.08.2018

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ARCHIVES

Credit photo : Gilles Simon

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Scorpions - Arena Genève 08.12.2015

Steel Panther - Z7 Pratteln 19.02.2019

The BellRays - Rocking Chair Vevey 21.02.2018

Iron Maiden - Arena Genève 26.06.2018

Credit photo : Gilles Simon Credit photo : Gilles Simon

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La date de sortie du sixième album d’Alestorm se rapproche. Tu es impatient et meurs d’envie de l’ecouter ? Je peux dejà t’assurer que tu vas adorer. Pour l’occasion, nous avons eu la chance de pouvoir poser quelques questions à

Mister Christopher Bowes, le chanteur du groupe.

Votre sixième album sortira en mai. Après l’écoute de celui-ci, j’ai l’impression que vous avez franchi un nouveau cap.On est définitivement plus sur un son punk. Il y a plein de petits riffs à la pop-punk-rock fin 90 qui sonnent très The Offspring. Tous ces petits trucs comme les “wohooo” qui sonnent vraiment pop punk party mais qu’on transforme en sorte de parodie metal.Pour l’écriture, j’ai un ami d’Australie, Mat, du groupe Troldhaugen (il joue aussi de la guitare dans mon groupe Christopher Bowes and His Plate of Beans) qui m’a aidé à écrire plusieurs chansons. Il a toujours des idées folles. On les transforme en chansons pour Alestorm. Nous avons incorporé beaucoup de choses dans cet album que nous n’avions encore jamais expérimentées auparavant.

Comme le morceau “Tortuga”, si différent et imprévisible. D’où vous est venu cette idée d’ajouter tous ces différents types de sons?Mat m’a envoyé cette démo qu’il a écrit il y a des années avec cet espèce de rap. J’ai pris ça comme une sorte de challenge. J’y ai ajouté tous ces petits trucs à la Alestorm comme ces parties de choeurs, l’orchestre, les guitares et évidemment des paroles à propos de choses de pirates. D’habitude, avec les chansons d’Alestorm, c’est vraiment direct avec la batterie, la basse, la guitare, le chant, le violon, etc. Mais avec celle-là, c’était vraiment marrant de se poser en studio avec toutes ces différentes idées et de se dire “faisons ci, ajoutons ça, essayons ces sortes de sons bizarres pour la voix”. C’est super cool d’avoir ce rap fait par le Captain Yarrface du groupe Rumahoy (qui est aussi un groupe de pirate metal).

Vous avez un tas de magnifique guests. Sont-ils principalement des connaissances? C’est un mélange entre les deux. Dans tous nos albums nous avons des guests pour le violon, les cuivres et les instruments folk, etc. En général, nous avons besoin des ces instruments mais on n’en joue pas car c’est parfaitement inutile pour un metalleux. Notre producteur connaît tout le monde en Allemagne ! Un jour, il nous a dit : ''J’ai cette violoniste, Ally, qui joue dans le groupe Subway to Sally (ils sont vraiment cool), elle est incroyable !'' On lui envoyait des bandes sons pour qu’elle aie une idée de l’album et elle nous les renvoyait une heure plus tard enregistrées professionnellement. C’était bluffant.On a aussi le chanteur de Finntroll, Mathias Vreth. On a partagé une affiche de festival l’année passée, on a tous finis complètement bourré après le concert et j’ai dit : ''Hey ! Tu veux chanter sur notre album ?!'' - et il a dit oui !Pour le reste, j’ai simplement envoyé des mails en disant : ''Hey ! Est-ce-que tu veux jouer sur notre album ?” Ils ont répondu “Yup” et c’est comme ça qu’on a eu cette fille, Patty Gurdy, qui fait du hurdy gurdy. Cet instru sonne vraiment bien et authentique. Elle prête aussi sa voix dans “Zombies Ate My Pirate Ship” avec toutes ses harmonies.

Allez-vous jeter des noix de coco en cristal sur la foule à la fin des concerts?[rire] On a dû abandonner le fait de balancer des trucs sur la foule. On jettait parfois un canard mais on ne peut plus le faire car le nouveau pèse dans les 50 kilos. Donc si on le lance en l’air, il y a de fortes chances de tuer quelqu’un à l'atterrissage.

Pour toi quel est le meilleur alcool pour écrire de la musique ?J’adore les cocktails ! Tout spécialement ceux oranges, roses, qui changent de couleurs, avec une tranche d’ananas, des cerises, une grande paille... Plus c’est stupide meilleur c’est. Si tu prends une bière ça te rend triste. Je pense qu’il faut une boisson joyeuse pour avoir ces inspirations. Tout le monde me dit : ''Oh non tu devrais boire des bières !'' Non mec, ne buvez pas des bières, prenez des cocktails.

As-tu des conseils pour des jeunes marins qui voudraient devenir pirates ?Tu ne devrais pas vraiment en devenir un. A vrai dire, en ce moment ce n’est pas une si mauvaise idée avec cette quarantaine et nul part où travailler.Donc trouve un navire, munis-toi d’un masque, lave-toi bien les mains et lance-toi !

Penses-tu qu’il est plus difficiles de durer longtemps avec un groupe humoristique ?Non, je pense que c’est au contraire plus simple, c’est pas comme si on racontait des blagues, mais plutôt des situations amusantes, ce qui est plus facile à faire. Ce qui est cool dans le fait qu’on n'a pas besoin de prendre ça trop au sérieux c’est qu’au niveau mental ça nous fait du bien.On voit un tas de groupe s’imposer de toujours garder une image hyper sérieuse, diabolique, vraiment metal... Je me dis que garder cette apparence tout le temps ça doit finir par te peser. Au final, on est juste nous-mêmes, à raconter des blagues, s’amuser, on n'a pas besoin de faire semblant. On fait ce qu’on aime sans avoir de pression de faire attention d’être plus metal ou plus ceci. [HB]

www.alestorm.net

ALESTORM Piña Colada de cristal

INTERVIEWS

ALESTORM Curse of

the Crystal Coconut

Napalm

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Quelques jours avant la sortie de 'Wake Up, Sunshine', All Time Low s'amusait avec des chèvres dans le Maryland. C'est bourre d'une energie brute et positive que le groupe se lance à l'aventure.

Comment se passe le confinement ? J’ai vu que vous vous amusiez bien avec les chèvres !Le Maryland a déclaré le confinement il y a quelques jours. Mais on va bien ! Et comment ne pas aimer les chèvres ?!

‘Wake Up, Sunshine’ est sorti le 3 avril. Vu la situation, vous avez prévu quelque chose de spécial pour fêter la sortie ?Oui ! On va pas pouvoir faire tout ce qu’on a prévu donc c’est assez inhabituel et un peu compliqué. Mais on a préparé quelques trucs sympas. On va faire un live, on va écouter l’album avec les fans, faire la fête et s’amuser ! Ça va être cool malgré la situation. On a l’habitude de sortir, faire des dédicaces, mais là on ne peut rien faire de tout ça. Donc on s’adapte et on trouve de nouvelles idées !

Parlons plus précisément de l’album. Comment s’est passé l’écriture ?C’était génial. On a commencé dans un studio à Nashville en janvier de l’année passée. On a écrit des démos pour voir un peu ce que ça donnait, puis on a sorti quelques chansons qui formaient une idée d’album. Ensuite, on a loué une maison dans le désert en Californie pendant l’été. On a installé un studio et on a fait de la musique de manière très organique. La plupart du processus était assez proche de la manière dont on travaillait au tout début du groupe. Ecrire ensemble dans une pièce et enregistrer tout de suite après. Je crois qu’on s’est imprégnés de cette énergie assez cool.

J’ai lu que vous avez plein d’histoires sur la naissance de certains morceaux, quel est votre meilleur souvenir ?Tout s’est fait de manière tellement naturelle qu'on n’avait même pas l’impression qu’on faisait un album avant qu’il soit fini. On s’est beaucoup inspirés les uns des autres et je crois que ça s’entend. On s’est laissés aller pour faire ce qu’on sait faire ce qu'on sait faire de mieux, sans prise de tête. On était dans cette maison, un bossait sur une partie de guitare ou de basse pendant qu’un autre était dans la piscine et puis on montrait ce qu’on avait composé. C’était vraiment une énergie positive qui se ressent dans l’album.

Vous composez seulement avec l’instrument dont vous jouez généralement dans le groupe ou ça vous arrive d’échanger les rôles ?C’est une bonne question ! Parfois je prends une basse ou Zack prend une guitare parce qu’on a un rythme en tête. C’est cool de pouvoir jongler entre les instruments parce que ça nous ouvre à différentes approches créatives. Je peux sortir quelque chose à la basse à laquelle Zack n'aurait pas pensé et vice-versa. Pareil pour la batterie. Personne en dehors de Ryan ne

joue vraiment de la batterie mais on arrive à l’imaginer donc on l’écrit comme on peut. C’était vraiment un effort de groupe !

Vous vouliez que ‘Wake Up, Sunshine’ soit plus lumineux, estival comparé à ‘Last Young Renegade’. J’ai l’impression que vous revenez à quelque chose de plus basique. Oui, c’est clair. Je ne crois pas que ça sonne comme si on avait voulu revenir au tout début, mais on revient à l'idée basique de nous quatre en train de jouer. Avec 'Last Young Renegade', c’était expérimental et on essayait plein de trucs. C’est pour ça que le son est allé dans une certaine direction. Là, je crois qu'on a pris tout ce qu’on a appris de ça et on l’a appliqué à la base, à ce qu’on sait faire le mieux.

‘Monsters’ est votre première collaboration avec un rappeur, Blackbear. Vous trouvez que ce genre de collaborations manque dans le paysage musical ?Je dirais qu'en tant que groupe, oui. Mais en général, je crois qu’il y a plein de musique qui brouille les frontières des genres. On voit de plus en plus d’artistes alternatifs qui incorporent des éléments de rap ou de hip-hop et des rappeurs qui incorporent du rock ou du punk à leur musique. Et ça ça ouvre les portes pour des collaborations encore plus originales.

Comment ça s’est passé ?On avait déjà écrit la chanson, elle était presque finie. On avait déjà le deuxième couplet et dans cette première version, ça sonnait comme un titre de All Time Low. Et puis on a eu l’idée d’inviter Blackbear sur la chanson ; il l'a écoutée, a sorti le couplet et le pont et tout est parti de là.

Certaines chansons sont nées à un moment que vous avez appelé une 'dépression saisonnière' et on dirait que la musique vous a beaucoup aidé. L’album sort maintenant dans une période où les gens peuvent être sujets à une sorte de 'dépression passagère' à cause de la situation. Quel message donneriez-vous à ces personnes ?J’espère que cet album pourra être une lumière dans ces moments difficiles et sombres. Ça m’a aidé à comprendre ce que je traversais. Et j’espère qu’une partie de l’énergie qu’il y a dans cet album pourra aider d’autres personnes.

Si vous deviez finir cette interview avec une phrase d’un titre de ‘Wake Up, Sunshine’, ce serait quoi ?Ouh ! C’est dur, il y a plein de phrases sympas… Mais je vais partir sur “Wake up sunshine, somebody loves you for yourself”. [AMe]

www.alltimelow.com

INTERVIEWS

All Time Low Retour à la lumière

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All Time Low

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INTERVIEWS

N’AYANT PAS PU NOUS RENCONTRER LORS DE LA TOURNÉE PROMOTIONNELLE DE L’ALBUM FIN MARS – À CAUSE DE QUOI VOUS SAVEZ - C’EST DEPUIS SA TERRASSE, CHEZ ELLE EN SUÈDE, QUE FLOOR JANSEN ME PASSA UN PETIT COUP DE FIL AFIN DE ME PARLER DU DERNIER ALBUM EN DATE DE NIGHTWISH 'HUMAN. :II: NATURE.'. UNE LONGUE ET CONVIVIALE CONVERSATION AVEC EN FOND SONORE LE GAZOUILLIS D’OISEAUX SCANDINAVES. MUSIQUE, ÉCOLOGIE, CARRIÈRE, LES SUJETS FURENT VASTES ET NOUS DÉPASSÂMES LARGEMENT LA DURÉE D’INTERVIEW AUTORISÉE. PRENEZ DE QUOI VOUS SUSTENTER ET BONNE LECTURE.

nightwishEt si on s’appelait !

NIGHTWISH 'Human. :II:

Nature.'Nuclear Blast

Comment vas-tu ? En ce moment, (interview réalisée le 20 mars) tu étais censée être en Chine pour le départ de la tournée de Nightwish, mais à la place tu te retrouves, aujourd’hui, en train de parler à un journaliste Suisse, ce qui est bien moins sexy…Floor : (rires) Je vais bien merci ! Actuellement je suis dehors dans mon jardin en train de profiter du soleil. C’est vraiment plaisant. J’apprécie de ne pas être assise dans un avion et de pouvoir me réveiller dans mon propre lit, de faire mon propre café et de me cuisiner des plats avec l’aide de mon mari (Hannes Van Dahl, batteur de Sabaton) qui est un excellent cuisinier. Je suis très contente d’avoir du temps à partager avec lui car comme tu peux le deviner, nous sommes souvent absents en tournée. Ce qui est génial, c’est que j’ai du temps pour monter à cheval aussi !

'Human. :II: Nature.' est sorti le 10 avril dernier. Cela doit être compliqué de promouvoir un album dans les conditions actuelles à cause du Coronavirus. Quels sont les différents scénarios dont Nightwish discute concernant les concerts, la tournée et cette année qui s’annonce très compliquée ?En ce moment, nous sommes juste en train de reporter toutes les

dates que nous pouvons. Celles qui étaient déjà bookées. C’est juste une question de temps, cette situation ne va pas durer pour toujours. Je crois que tout ce que nous pouvions faire physiquement a été fait, les clips ou encore les vidéos. Nous avons pu faire notre tournée de promotion de l’album. En revanche, nous avons dû malheureusement annuler en Suisse et en Pologne. Nous essayons de repousser nos concerts en Chine en octobre prochain… Nous étions supposés être en Russie la semaine prochaine… C’est vraiment compliqué car nous ne savons pas jusqu’à quand cela va durer. Penses-tu que ce nouvel album est la suite logique de 'Endless Forms Most Beautiful' ? Une sorte d’albums 'frère' ?Oui absolument. Tu peux entendre que nous possédons une nouvelle palette de couleurs sonores que nous avons expérimentée lors de la dernière tournée, notamment grâce aux instruments de Troy. Cette dernière tournée nous a aussi permis d’arranger nos voix avec Troy et Marco. Et puis nous sommes aussi restés dans les mêmes thématiques au niveau des paroles. Donc oui, comme tu dis, ce sont des albums 'frères'.

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nightwish

Tu m'as a très clairement mis les voix en avant sur cette dernière galette. Elles sont souvent arrangées à trois voix pour de meilleures harmonies entre toi, Troy et Marco. En ce qui te concerne, tu es absolument fantastique tout du long. Comment as-tu travaillé toutes ces parties très complexes de chant ?(Rires) Des mois et des mois de labeur ! Quand j’ai reçu les démos de Tuomas, nous avons commencé à répéter pendant deux semaines. J’ai commencé petit à petit à me rappeler les lignes vocales et à basiquement réussir à les chanter. Mais ça ne sonnait pas du tout comme c’était supposé sonner ! Je parvenais simplement, si on veut, à sortir les sons de ma bouche, ce n’était pas posé. J’ai dû travailler afin de raconter une histoire en chantant tout en y ajoutant aussi des émotions. Et cela m’a de nouveau demandé beaucoup de travail individuel à la maison. Puis nous avons énormément répéter les parties chantées. J’aime les défis, alors ça ne me dérange pas d’être poussée à fond dans mon travail.

'Pan' est pour moi le titre 'old-school' de l’album, quelque part entre ‘Oceanborn’ et 'Wishmaster'. Est-ce que tout le monde prend son pied en rejouant ce genre de morceau ?Alors oui on adore ça… A part peut-être Emppu qui trouve que ce titre est une véritable torture pour lui qui vieillit (rires).

'Shoemaker' est pour moi le meilleur titre de l’album. Les lignes vocales sont rapides. De plus, rythmiquement et harmoniquement cette composition est super intéressante. Dû à sa complexité, penses-tu que 'Shoemaker' soit un bon titre pour la scène et pensez-vous l’inclure dans vos futures set-lists ?(Elle réfléchit) Ce n’est effectivement pas la meilleure chanson pour du live, mais j’adorerais pouvoir encore la chanter. Mais nous nous devons de jouer des titres un peu plus complexes, même sur scène. Si nous prenons ‘Ghost Love Score’, c’est un titre de dix minutes, et quand nous la jouons en festival le public l’adore !

Johanna, la femme de Tuomas, lit un passage de Romeo et Juliette dans 'Shoemaker'. Pourquoi Romeo et Juliette ?Tout simplement car ce texte va très bien avec l’histoire que raconte cette chanson. Il faut connaître l’histoire de Eugene Shoemaker (ndrl: Un homme décédé dans un accident de voiture dont les cendres ont été envoyées sur la Lune avec une plaque commémorative où est écrite une citation de Shakespeare).

La vidéo du titre 'Noise' est très sombre. Elle nous montre la relation que nous avons avec les réseaux sociaux. Dans ce clip, tu joues le rôle d’une femme qui se met en avant en utilisant une enfant. A la fin de la vidéo on voit un superbe paysage. Est-ce que vous avez voulu dire par là que la vraie vie c’est dehors et pas devant un écran ?Exactement ! Nous ne voulons pas critiquer la technologie, mais le comportement humain derrière. C'est pour cela que tu vois tous ces gens qui sont censés faire de bonnes choses, une femme étant censée prendre soin de son enfant, un vendeur censé croire en ce qu’il

vend. La technologie est faite pourrendre les choses meilleures, mais seulement si nous l'utilisons à bon escient.

Quelle fut ta réaction quand Tuomas t'as dit que la deuxième partie de l'album serait uniquement instrumentale ? S'il m'avait dit il y a vingt ans 'vas-y, écrit une interlude de dix minutes', j'aurais paniqué ! Mais c'est génial que nous puissions tous participer à la musique qu'il crée dans sa tête, c'est quelque chose de très spécial. On se réjouit tous d'entendre ce qu'il a fait ! Ce serait une excellente introduction à la musique de film ! Tuomas est très inspiré par la musique de film et il se réjouirait si quelque chose se ferait. Mais je ne pense pas que c'est quelque chose pour Nightwish.

Vous voyagez beaucoup, pensez-vous à une forme plus 'eco-friendly' de transport ? Oui absolument. Muse a fait un grand effort là-dessus et il me semble que nous utilisons les transports au mieux. En Amérique, l'utilisation de plastique est énorme et tellement inutile ! Quand tu regardes ce que les gens, juste les artistes et leur équipe, laissent derrière eux, c'est terrifiant ! Nous pensons beaucoup à la façon dont nous utilisons nos ressources. C'est assez difficile, par exemple, je ne boirais pas l'eau du robinet à Mexico City, mais volontiers en Suisse. Nous avons beaucoup d'ustensiles réutilisables, mais cela dépend vraiment d’où nous sommes. L'Amérique, l'Asie, c'est assez difficile. Mais j'ai l'impression que nous faisons au mieux, et je continuerai ma quête !

Steve Harris a dit que Nightwish avait le potentiel d'égaler Iron Maiden en matière de succès.Je suis prête ! (rires) Il faut que la musique soit bonne, qu'elle soit bien jouée, que le songwriting soit exceptionnel. Nous avons une alchimie entre nous qui est géniale – mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. Il faut beaucoup de chance, le bon management, la bonne équipe, la même optique. C'est un processus qui est en constante évolution. Merci Steve, c'est un énorme compliment !

Tu as participé à 'Beste Zangers', un TV show hollandais. Qu'est-ce que ça t'a apporté ? Le metal n'est pas très populaire, donc c'est génial de voir que les gens se sont dit 'wahou, comment ça se fait qu'on n'a jamais entendu parler de cette femme ?!' Le show a duré huit semaines, l'album est devenu numéro un en une semaine, ce qui n'a jamais été fait auparavant. Pour moi, ça a mis en optique une carrière solo. J'ai joué dix shows qui se sont retrouvés complets de manière incroyablement rapide. J'ai été pas mal sous le feu des projecteurs télévisuels, c'est nouveau pour moi mais c'est également assez réjouissant. Je ne veux pas être une star de la télé, mais cela m'a vraiment inspirée pour écrire. J'ai été très occupée avec Nightwish, je suis devenue mère et j'ai mis beaucoup de choses de côté. Ce que j'écris n'est pas rock, pas metal, assez doux. C'est intéressant, après vingt ans, d'avoir quelque chose de plus nuancé. Il y a pourtant plein de groupes de metal en Hollande !

On a de bons groupes et de bonnes émissions musicales. Mais les groupes ne restent pas forcément dans le pays, ils s'exportent assez bien.

Tu dirais quoi à la Floor qui a fait le Wacken en 2013 ? Rien ! Ah oui, change de fringues ! (rires) Je les détestait ! Ma façon de chanter ne change pas selon mes vêtements, mais ceux-ci étaient très moches. J'ai appris à être confortable sur scène plutôt que d'essayer de rentrer dans un rôle.

C'était quoi ton album préféré de Nightwish avant de rejoindre le groupe ? 'Once' !

Comment mélanges-tu le côté sympathique avec les fans, et ton côté privé ? Les fans de Nightwish sont parfois un peu invasifs. C'est difficile, surtout avec les réseaux sociaux. Je dois être capable d'être moi-même, et j'y arrive le plus souvent. Mais si tu me pousses jusque dans mes retranchements, alors je me rebelle – et les gens trouvent ça étrange ! Nightwish reste Nightwish et nous avons cet espace pour nous et nos fans, mais si on m'arrête à l'aéroport, alors ce n'est pas l'environnement Nightwish, cela rentre dans mon espace personnel. Certains s'insurgent et me disent 'ouais mais on a fait 5 heures de routes !' et je leur réponds 'mec, j'ai traversé la moitié de la planète ! Je suis crevée, je ne veux pas de photos'. C'est dommage car les gens ne réalisent pas souvent à quel point c'est fatiguant. Si je suis connue, c'est parce que je fais de la musique, pas parce que je veux être ton amie. Je ne vais pas t'inviter à la maison. La télé suédoise a fait un gros dossier sur moi, chez moi. C'était très intimidant, d'avoir des gens chez soi, et il faut vraiment savoir ce que tu veux que les gens voient ou non. Je ne suis pas intéressée à partager ma vie privée avec des gens, je veux partager ma musique.

Tu connais quoi de la Suisse, sans utiliser le mot 'chocolat', 'fromage', et 'montres' ? Y a quelque chose d'autre ? (Rires) J'ai un ami suédois qui parlait avec un Américain. L'Américain demande d'où il vient, et il répond 'La Suède' – 'Ah ouais, avec le fromage et le chocolat !' 'Non mec c'est la Suisse'. Galère pour aller en vacances ! Quand j'étais petite nous voyagions régulièrement en Suisse et passions par le Gothard pour aller skier. Notre appartement était chez un vieux fermier, qui nous offrait du lait directement trait. Nous avons beaucoup joué au Greenfield, qui est magnifique. Et vous avez trois langues officielles !

Quatre ! Et bien tu m'apprends quelque chose ! Mais vous parlez tous anglais c'est pratique ! Dernière question : qu'est-ce que tu veux ? Que ce virus disparaisse ! [PD]

www.nightwish.com

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INTERVIEWS

triviumLes morts parlent

Sur 'What The Dead Men Say', les Americains ont trouve leurs marques. En ligne directe avec 'The Sin And The Sentence', ce nouvel opus est sombre, torture, et plus puissant que jamais. Corey Beaulieu (guitares) se prête au jeu des questions.

Beaucoup de groupes font des livestreams, mais vous le faites depuis un moment. Vous voyez ça sous quel oeil ? Oui, on est sur Twitch, on a enregistré des lives et streamé en direct, c'est cool de créer une communauté ainsi. Nous avions des grands plans de jouer l'album sur Twitch le jour de sa sortie, mais vu que nous ne vivons pas dans la même région, tout est un peu flingué maintenant. Nous avons changé notre approche pour sortir cet album, mais ouais on a plein de trucs prévus en matière de livestream. C'est génial d'être aussi interactif. Matt va faire un Twitch tout seul. Les gens cherchent quelque chose de différent vu qu'ils ne peuvent pas aller voir de concerts et qu'il n'y a plus d'interaction physique. J'ai l'impression que les gens cherchent cette proximité via le virtuel. C'est intéressant. Les titres sont sombres, la mort, la maladie, les catastrophes. Cela se développe assez naturellement. Quand j'écris, j'ai souvent un titre en tête, en rapport avec un état d'esprit. Paulo prend ce titre de démo et pose des paroles dessus, c'est génial comme processus de création. On a passé trois ans sur cet album, trois ans sur beaucoup de choses se sont passé. J'ai répandu les cendres de mes grand-parents , on a euthanasié notre chien, mon ami a eu des jumeaux récemment, tout fait partie de notre vie privée, mais aussi de notre vie de groupe. La vie est un processus créatif. Vous deux albums sont très similaires en matière de son. Vous avez trouvé votre patte ? On était tous si jeunes quand on a commencé ! On se cherche beaucoup, individuellement, on a signé chez Roadrunner quand j'étais encore à l'université, et joué dans des pubs où nous n'avions pas le droit d'être car on était sous l'âge légal de boire ! Quand tu es jeune tu veux essayer des trucs, mais on a grandit, vieillit, et on s'est beaucoup remis en question : ce qui marche, ce qu'on chercher à faire, et ce qu'il n'arrive pas bien à faire. On en a tiré l'essence de tout cela afin

d'affiner notre travail. Les gens sont plus intéressés par une certaine partie de Trivium, et c'est cool d'expérimenter, mais les fans perdraient trop le fil si l'on s'éparpillait comme à l'époque. C'est la première fois que nous sommes assez linéaire, donc assez réconfortant, et tu crées une relation plus facilement car tu te sens en terrain connu.

'Catastrophist' pourrait être un clip issu de Black Mirror ! Je n'y ai jamais pensé ! On a une idée en tête de ce que l'on aimerait faire, et ici on voulait que le réalisateur, Ryan Mcfall, se sente libre de faire ce qu'il veut en ligne avec notre son. Ici, il avait une idée assez claire de ce qu'il voulait faire visuellement. Il nous lance toujours des idées de shows ou films, je t'avoue que je n'ai jamais vu Black Mirror, mais c'est probablement un exemple de ce qu'il cherche à faire. Je

trouve ça assez cool d'avoir un univers visuel créé avec juste un son. Nous sommes à Orlando, notre réalisateur est en Angleterre, donc c'est assez réjouissant de ne pas avoir de contact visuel avec ce qui se passe ! C'est une surprise qui rend le tout très frais. Et avec la situation actuelle, il faut penser à des choses à réaliser sans contact humain. Sur 'What The Dead Men Say', on voit une femme qui chuchote à l'oreille d'un homme. Elle lui dit quoi ?

Oh ! Je ne l'avais jamais remarqué ! (rires) – Ryan a fait cette vidéo quand la quarantaine commençait, c'est pour ça qu'il y a plein de masques et pourquoi nous ne sommes pas dans le clip : nous ne pouvions pas être présents. Le titre vient d'une histoire de Philip K. Dick, il est très futuriste, et a plein d'idées cool. Ce que disent les morts, c'est que tu ne sait jamais si tu es vivant ou mort, et que tu existes dans cette constante ubiquité. [AMe]

www.trivium.org

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trivium

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Très bien. Parfait. La petite emoticône de la main qui fait 'OK' avec son pouce et son index, le reste des doigts fièrement en l'air. Tout va bien. C'est neanmoins le titre du cinquième album des Australiens qui sent le grunge et l'energie pure. Michael Richards, batteur

de la formation, revient sur cet album taille sur mesure.

Vous êtes satisfaits du résultat de 'Everything is A-OK'? Michael Richards : C'est notre cinquième album, et probablement celui sur lequel nous avions le plus de contrôle, surtout en matière de production. Nous avions cet album bien préparé et savions dans quelle direction nous souhaitions nous lancer dès le début. Nous avions une liste des personnes avec qui nous aurions aimé travailler, et ceux tout en haut de cette liste ont participé à 'Everything is A-OK'. Tout cela pour te dire que nous avons fait cet album avec un certain état d'esprit et que le résultat est exactement celui que nous recherchions. La façon dont les gens réagissent à ton travail est toujours très subjective, et cela ne devrait jamais définir ton succès, surtout si tu travailles de manière honnête.

La vidéo de 'Pick It Up Again' est vraiment drôle! Vous avez fait du porte à porte pour demander à des inconnus de faire des concerts chez eux? Nous avons passé plus d'une journée à patrouiller dans les endroits où nous avions grandit afin de faire ce clip. L'idée, c'était d'avoir une satire sur l'industrie musicale. Et d'avoir ce truc très spontané, où on fait un concert dans le salon ou les toilettes de personnes complètement néophytes, dans une région où nous avons grandit, c'était assez détonant – de nous projeter comme si nous étions des rock star à l'égo démesuré, limite un produit de la société. J'espère que cette espèce de satire résonnera chez les gens, et qu'ils gardent cette ironie et cette façon de voir le monde dans leur quotidien.

Vous êtes amis avec Dune Rats et Tired Lion, il me semble que la scène australienne est très prolifique! Absolument! La scène rock est en train de vivre un âge d'or en plein essor. Brisbane, où nous vivons, a une communauté très forte et très

soudée. Beaucoup de groupes s'entraident et ne laissent personne leur marcher sur les pieds. Ils savent exactement où ils se situent en matière de carrière musicale et personne ne tarit d'éloges ou d'encouragements. Nous avons toujours en tête de ne pas nous transformer en machine à fric – et cela crée un environnement assez sain, où personne ne se prend la tête et créer un organisme qui est plus grand qu'un individu, plus grand qu'un groupe, et cet esprit communautaire est la clé de ce qui fait que la scène australienne est si vivante et saine. D'ailleurs, va écouter la chanson de Dune Rats : 'Mountains Come And Go But Aussi Pub Rock Lives On Forever'. C'est un hymne!

Qu'est-ce qui a changé depuis votre premier album? On est devenus de meilleurs musiciens.

Violent Soho était-il plus agressif à ses débuts? D'une certaine façon. Je pense que le côté agressif est désormais plus contemplatif, et plus conscient du monde. On fait de la violence intelligente.

Comment vivez-vous le Covid-19 en tant que groupe? Comme tout le monde. On prend ce qui vient chaque jour. Pas

d'interactions avec qui que ce soit. Nous sommes juste isolés avec nos familles. C'est pas facile. Le point positif d'après moi, c'est que cela a brisé ce mythe du confort de la classe moyenne, et que beaucoup de gens ont réalisé à quel point nous vivons dans une oligarchie. Si l'on peut se l'admettre, alors peut-être que nous pourrons désormais avoir une meilleure vue de la structure mise en place, afin de la rediriger vers quelque chose de plus humain, avec plus d'entraide, plus sociale. Si ce n'est pas le cas, alors je vois beaucoup plus de morts que prévus. Mais j'ai toujours de l'espoir. Toujours. [SL]

www.violentsoho.com

VIOLENT SOHO Tout va bien

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INTERVIEWS

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DOSSIER

Ulcerate Puissance plutôt que chaos

Le trio de death metal neo-zelandais est de retour avec un sixième album intitule 'Stare into Death and Be Still'. Une oeuvre puissante et majestueuse où l'equilibre entre l'intensite et la melodie est parfaitement maîtrise. J'ai eu le plaisir de poser quelques questions à

l'incroyable Jamie Saint Merat, le batteur et co-fondateur du groupe qui realise egalement l'art visuel, l'enregistrement et le mixage de

tous leurs albums. Il nous raconte comment il a approche la composition pour ce nouveau chapitre.

'Stare into Death and Be Still' est le premier album que vous publiez sur le label Debemur Morti Productions. Avant celui-ci vous avez sorti deux albums sur Relapse Records, 'Vermis' et 'Shrines of Paralysis'. Pourquoi avez-vous continué avec un autre label et comment les choses se sont-elles mises en place avec Debemur Morti?Après 'Shrines' je sentais que c'était le moment de nous aligner avec un label qui est conceptuellement plus proche de nous. D'un point de vue professionnel, Relapse a été excellent et je suis content de considérer tous les gens avec qui on a travaillé là-bas comme des amis. Mais cette nouvelle collaboration fait juste sens pour nous à ce stade. Debemur Morti nous a contactés à l'époque de 'Vermis' et ils étaient évidemment dans notre vision périphérique depuis longtemps. Nous avons reconnecté quand on a commencé à travailler sur ces nouveaux morceaux et en l'espace de quelques jours tout était très naturel avec eux, donc j'ai pris la décision de continuer avec ce partenariat.

Ton artwork pour la pochette est exceptionnel. Peux-tu expliquer ce qu'il représente pour toi et comment tu as approché le design pour cet album?Pour moi l'art visuel de l'album est une matérialisation de ce qu'on essaie de dire musicalement et thématiquement. J'ai toujours approché notre esthétique visuelle de cette manière, les deux aspects doivent être entrelacés en une seule entité. Le travail en soi a été construit sur une période de deux à trois mois, avec beaucoup de tâtonnements pour essayer de trouver la bonne 'graine' qui donnera naissance au produit final. Je ne peux pas vraiment décrire le processus en tant que tel, je ne suis pas un artiste visuel de métier, et je ne trouve pas tout ça particulièrement agréable. Mais avec chaque album le design part d'un sentiment que je développe et je fais au mieux du point de vue de l'exécution.

Qu'est-ce que la phrase 'Regarde à l'intérieur de la mort et sois immobile' veut dire pour toi?Elle englobe beaucoup de pensées qu'on a eues collectivement ces dernières années. Nous avons tous les trois perdu des personnes proches... Et tout s'est passé d'une façon calme en apparence. Le titre de cet album et de nombreux thèmes des morceaux explorent l'horreur de cette passivité et du fait d'être témoin de

l'emprise de la mort qui prend ce qu'elle veut sans avertissement, mais aussi sans violence physique. Regarder un être proche rendre littéralement son dernier souffle était profondément touchant.

Votre façon d'écrire a évolué vers des compositions moins frénétiques et dissonantes, avec plus de place accordée à la mélodie. Vous gardez aussi certains phrasés sur des périodes de temps plus longues, ce qui permet à la musique de respirer davantage. Je trouve que votre musique sur cet album est un parfait équilibre entre virtuosité technique, brutalité écrasante, belles atmosphères et puissantes vagues émotionnelles. Comment avez-vous approché la composition pour ce disque depuis ton point de vue?C'est exactement notre état d'esprit en ce moment. Depuis très tôt notre objectif pour cet album était 'puissance plutôt que chaos', ce qui se manifeste de nombreuses façons. Nous avons commencé l'écriture en sachant que nous allions prendre un chemin différent d'avant et en sachant aussi que nous voulions faire des choix audacieux (pour nous en tout cas), notamment pour distiller les idées rythmiques et mélodiques jusqu'à leur essence. Donc les six premiers mois environ étaient une période d'expérimentation, nous rassemblions les idées qui semblaient intéressantes, nouvelles ou satisfaisantes, et nous jetions rapidement les idées que nous considérions moins bonnes, même si elles faisaient bouger les choses en dehors de notre instinct et de nos habitudes. Nous sommes très conscients que nous ne pouvons pas perdre l'identité de ce groupe en voulant introduire trop de mélodie.

Donc vers la fin de 2018 nous avions les squelettes de quelques morceaux où les choses commençaient à faire sens, et au début de 2019 on a vécu une avalanche d'idées parce qu'on s'était habitués à cette nouvelle approche. Donc ce qui avait commencé comme un changement inconfortable s'est transformé en un niveau d'expression très puissant que l'on n'avait jamais exploré autant dans les détails auparavant.

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Votre musicalité en tant que groupe est magnifique. Les vocaux de Paul Kelland sont parfaits, ils sont à la fois puissants et féroces, et Michael Hoggard compose des riffs de guitare incroyables, il a un style tellement complexe et unique et il peut aussi créer des mélodies très accrocheuses. D'ailleurs vous avez intégré pour la première fois des solos dans vos morceaux. Qu'est-ce qui vous a amené à faire ce choix?Oui c'est la première fois, nous avons senti que c'est quelque chose qui marchait très bien étant donné la nature plus mélodique des chansons dans l'ensemble. Et comme tu l'as mentionné avant, pour laisser les choses respirer et pour amener plus de puissance grâce à des accents et des placements de notes minutieux. L'objectif pour cet album était vraiment de trouver le bon espace pour chaque élément sans qu'il empiète sur les autres. Ce n'était pas le cas lors des albums précédents où il y avait beaucoup plus un sentiment de tourbillon claustrophobique.

Ta performance à la batterie est superbe comme toujours. Est-ce qu'il y a des nouveaux éléments dans ta façon de jouer que tu as utilisés ou avec lesquels tu as expérimenté sur cet album?Je dirais que la retenue était l'ingrédient principal cette fois. J'ai fait bien plus attention à ne pas piétiner les lignes mélodiques. Et comme Mike et moi nous construisons la façon dont le rythme et la mélodie s'entremêlent, j'ai senti très tôt que c'était la bonne approche pour rendre la musique la plus puissante possible. Je préfère aussi de plus en plus ne pas marteler un maximum de breaks en double-croches, de nouveau pour trouver cet espace pour respirer et laisser l'essence des morceaux résonner. Même chose pour les blast beats, je les utilise avec plus de modération maintenant. Au final je veux faire de la musique, pas de la batterie, et si l'album ne demande aucun feu d'artifice alors ainsi soit-il. J'essaie toujours de trouver ce point d'équilibre.

Sur quoi as-tu travaillé au niveau de la batterie durant ces derniers mois ou dernières années?J'évolue en m'éloignant du drumming 'rapide' ou au moins du drumming qui est rapide sans autres raisons. La majeure partie de mon temps d'entraînement est consacré au feeling, à la mesure et au touché. J'explore de plus en plus d'autres styles et je regarde comment je peux injecter ces attributs dans Ulcerate. Je suis infiniment plus intéressé à voir comment la musique peut avoir un impact sur notre esprit et je m'intéresse moins à l'aspect pratique de développer de l'aisance à la batterie. Je suis toujours obsédé par l'envie d'explorer l'instrument aussi profondément que je peux mais je suis de plus en plus fasciné de voir que des phrasés de batterie simples et bien choisis peuvent souvent propulser la musique d'une façon que le drumming complexe ne peut pas.

Nous avions fait une interview en 2012 après la sortie de votre troisième album 'The Destroyers of All'. Qu'est-ce qui a changé pour vous depuis?Je dirais qu'à ce stade nous avons une vision très bien définie de où nous voulons emmener ce groupe et nous pouvons tirer parti de cela d'une façon bien plus précise. Je pense que le rendu de notre musique est enfin en train de rattraper notre envie, dans le sens que chaque album se rapproche de comment j'ai envie qu'on sonne. En ce qui concerne les tournées, nous avons beaucoup plus d'opportunités et de liberté en terme de logistique ces temps et nous avons réussi à nous retrouver dans une position où nous pouvons décider où l'on joue et les groupes avec qui nous tournons. Pendant les huit dernières années nous avons avancé pour être de plus en plus autonomes.

Est-ce que tu crées de l'art en dehors d'Ulcerate? Non, j'ai une carrière en dehors du groupe (ndrl: il est web designer front-end) donc je n'ai pas le temps libre pour ça. C'est aussi une question d'être aligné conceptuellement, je ne commencerais pas un projet s'il ne me touche pas d'une façon ou d'une autre. [AM]

www.ulcerate-official.com

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INTERVIEWS

COSMIC raINEn quête de bonheur

Le groupe de metal progressif genevois Cosmic Rain sort "Heliopolis" en mai et part en quête du bonheur à travers sa musique lourde et travaillee. Decouvrez leur univers en interview.

Comment vous vous sentez pour la sortie de ce nouvel album, malgré les circonstances? [Laurent Nigg, voix et guitare] Nous sommes un peu déconcertés comme tout le monde, mais il y a malgré tout un point positif à la sortie de notre album dans ces circonstances. Cette période est idéale pour lire et écouter de la bonne musique. Etant donné que la nôtre n’est pas directe, mais progressive et relativement complexe, c’est les meilleures conditions possibles pour nous découvrir !

Vous avez enregistré votre album au Rec Studio, vous collaborez souvent avec Serge  Morattel?Serge Morattel a mixé et masterisé notre album précedent ˈSeekersˈ sorti en 2019, mais il ne l’avait pas enregistré, nous nous en étions occupé lors d’un séjour assez intéressant à la ferme du Gatillon en Savoie… La grande différence avec ce nouvel album, c’est qu’il a entièrement été enregistré au Rec Studio, nos idées ont pu recevoir une grande attention, un savoir-faire rassurant et nous avons pu nous concentrer sur l’aspect purement artistique, vocal et instrumental de l’album, le top !

On sent une influence d'Opeth des années 2000 et beaucoup de stoner; ce sont des sources d'inspirations ?Beaucoup de stoner ? Non, personnellement j’écoute très peu de stoner, car je trouve ça assez ennuyant. En ce qui concerne mon jeu de guitare, mes influences viennent plutôt du metal (heavy, black et death), du rock et prog rock, sans doute également des guitar heroes: Petrucci, Vai, Malmsteen, etc.

Sinon, on trouve l’inspiration dans les harmonies du rock progressif des années 70’s, qui sont à mon sens bien plus aventureuses que ce que je connais de la production metal ou stoner actuelle. Des groupes comme Gentle Giant ou Yes sont par exemple beaucoup plus radicaux harmoniquement que beaucoup de ces groupes contemporains. C’est bien plus dissonant, varié et barge !

En ce qui concerne Opeth, c’est une influence assumée à 100 %. Ce que j’apprécie chez eux ce sont ces virages radicaux entre des parties calmes et des parties très intenses, le feu et la glace exprimée en musique. Enslaved aussi est fantastique. J’ai regardé leur live sur Facebook durant le confinement avec le plus grand plaisir, c’est le genre de groupe qui ose s’aventurer hors des sentiers battus tout en gardant une forte identité !

Est-ce qu'il y a un message particulier que vous cherchez à exprimer à travers cet album ?Le thème qui traverse ˈHeliopolisˈ est la quête du bonheur. Certains philosophes comme Aristote définissent le bonheur non pas comme un état statique et permanent, mais comme une forme d’activité, quelque chose comme un mouvement, un processus dynamique. Il faut rester attentif et combatif envers le monde, mais également envers soi-même et cette lutte existentielle est exprimée dans l’artwork magnifique de Costin Chioreanu : le personnage porte ses passions, positives et négatives, il se bat et compose avec elles… [CM]

www.cosmicrain.net

COSMIC RAIN

HeliopolisUrgence Disk

Records

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DOSSIER

SPEED CUISINELA CRÉATIVITÉ AUX FOURNEAUX

On va aborder un sujet grave. Si tu aimes la bouffe et que tu le dis, soit tu passes pour quelqu’un de lisse ('cuisiner c’est ma vie'), soit pour une morfale, soit pour quelqu’un de pretentieux. Et par pitie, 'foodie' comme description sur instagram, ce n’est pas un trait de

personnalite sauf si tu as couche pour avoir un billet pour Coachella.

La survie du plus apte : je me suis mise à cuisiner beaucoup plus depuis que j’ai le temps parce qu’à 30 ans je voulais commencer à moins manger de la merde. Bon : je mange tout de même parfois des choses plus ou moins merdiques en rentrant de soirée, en général des trucs qui sont encore digestes. Une fois j’ai dû aller chercher au fond de mon frigo et j’ai oublié mon soutif à la place d’un plat de falafel ; mais ça, c’était avant - et mon soutif m'a pardonné depuis. Maintenant je suis une adulte à peu près responsable même si j’ai toujours besoin d’aide pour faire mes taxes et que je n’ai toujours pas le permis de conduire. Bientôt je pourrai espérer me déplacer en tondeuse à gazon comme dans le film de David Lynch. Voici mes conseils pour grandir culinairement, sans devenir Maïté, car on n’atteindra jamais le niveau de la déesse créatrice de la soupe à la bière et au potiron (non, ce n’est pas du vomi de meuf de sororité américaine le lendemain d’Halloween). 1. Votre ennemi est le micro-ondes. Pas besoin de triper sa mère et dire que c’est paranormal à cause des 'ondes' ; mais les pizzas maison sont bonnes, même froides (lifehack) ou en tout cas meilleures réchauffées au four. 2. J’ai commencé à cuisiner plus souvent car j'ai réalisé que que pendant que tu cuisines, tu peux picoler, ou t'essayer à d'autres choses plus revigorantes. Si tu as vu ta grand-mère cuisiner en buvant du vin rouge, tope-là. 3. Cuisiner sous influence peut vraiment apporter un petit truc en plus à votre bouffe. Vous pouvez donc justifier de taper un peu de speed pour faire de la bolo de qualité le dimanche, si vous en avez envie. L’important, c’est que Modération - ce relou - soit présent. Et puis ne mentionnons même pas les champis, qui vont à merveille sur une pizza ! 4. Les épices tunent ta nourriture et rendent ton plat blafard en quelques chose de plutôt raffiné et jouissif pour tes mandibules. Les épices c’est les épicXzibit de la bouffe. Il faut investir dans une collection d’épices du monde entier, c’est impressionnant et ça fait plus adulte que du ketchup rance et qu’un vieux paquet de graines de chia pourries recommandées par votre pote babos aux 7 cristaux, que vous n’avez jamais su utiliser. 5. Il existe des tutos cuisine faits par Paris Hilton qui cuisine une

lasagne avec des gants de biker et qui qualifie les spatules de 'brutal' avant d’écraser 2kgs de bœuf rance dans un wok; à regarder si tu doutes de toi culinairement, à ne pas regarder si tu as facilement mal au coeur (mais alors tu ne devrais pas continuer à lire cet article). Youtube a la cote, et la majorité des vidéos nous proposent des recettes pas à pas, si l'on ne fait pas confiance à la simple lecture. 6. Une fois j’ai fait un gâteau à la boisson officielle des Irlandais : l’irn bru. Recette sur le web ! Attention : non vegan. Bref, Internet c'est super pour ceux qui restent bloqués devant le frigo sans savoir quoi manger ce soir. Il y a même des sites (Marmiton, mon ami), qui vous propose des recettes après que vous ayez indiqué ce qui se trouve dans votre garde-manger.

7. Mangez du riz avant d’aller en soirée, vous serez – au pire- constipé(e) et de toute façon personne ne veut aller chier en club ou en concert. Si les portes ne ferment pas à clé, j’espère que vous savez faire des bons squats/développé du bras appuyé sur porte. 8. Les épices ne font chier personne (littéralement), par contre allez-y mollo avec les crèmes. Et l’huile est recommandée par votre ami Modération. 9. Utilisez votre four, autant de fois que vous le pouvez. En 1h, vous pouvez faire des trucs vraiment fun (ou non), et le goût caramélisé vous fait directement level up aux yeux de vos amis.

10. Les gens qui disent : 'bof, pourquoi cuisiner 40 min, c’est bouffé en 12 minutes ?', je réponds : 'Bof, pourquoi travailler quelqu’un deux semaines sur Tinder pour avoir un rencard et voir qu’après 10 minutes c’est quelqu’un qui pense que les Killers déchirent et qui mange ses frites une par une avec une fourchette ?'. Il faut vivre dangereusement les amis. Et avoir le goût du travail bien fait. Même sur Tinder. 11. Faites cuire vos frites une deuxième fois - Conseil de meuf bruxelloise.  12. Prenez soin de vous, buvez au moins 3 litres d’eau par jour, pour purifier votre corps. Sinon vous aurez des cystites et des calculs rénaux que vous confondrez avec des MST. 13. Si tu remplaces l’eau de ta gourde avec de la vodka, personne ne verra la différence, Jeanine, peut-être que tu seras même sympa avec tes collègues !... [KK]

21DOSSIER MUSIQUE

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La pause d’une année qu’offrit Tuomas à l’ensemble des membres de Nightwish porta ses fruits. 'Human : II : Nature' en est la preuve vivante.Lors de l’écriture de 'Endless Forms Most Beautiful' (2015), Tuomas semblait hésiter sur ce qu’il pouvait demander à Floor Jansen pour son premier album studio avec le groupe. Tout le contraire avec cette nouvelle galette, où il utilisa enfin Floor à sa pleine capacité. Quelle performance de la vocaliste hollandaise qui nous prouve toute l’étendue de son talent. La mise en avant des voix n’est pas réellement une surprise, tant le trio Marco-Troy-Floor fait merveille. Sur le premier

CD, on retrouve évidemment ce qui fait la patte Nightwish ('Pan') mais aussi un côté celtique ('Harvest') et plus surprenant, une empreinte Doom ('Endlessness') qu’on n’attendait pas de la part des Finlandais. L’omniprésent sens de la mélodie, couplé à des structures de morceaux complexes permettent à des compositions créatives et inspirées de voir le jour.Le pavé de 30 minutes que constitue le deuxième album se veut uniquement un instrumental aux consonances plus classiques que metal. Par contre, je ne pense pas que cela

puisse décontenancer les fans du groupe qui connaissent l’attrait de Tuomas pour les musiques de film et les grandes épopées musicales. Le poète Lord Byron et le scientifique Carl Sagan mettent des mots sur ce titre maousse qui racontait déjà une histoire avec ses notes.Au risque de me prendre une tannée sur le porte-moque, je dirais que cet album est le meilleur du groupe depuis 'Century Child' (2002). Honnêtement, 'Human : II : Nature' est un album ‘floormidable’. [PD] www.nightwish.com

Le dis

que d

u mois

CHRONIQUES

ALESTORMCurse Of The Crystal Coconut

Napalm Records

Trois ans après “No Grave But The Sea”, je suis plus qu’impatiente de découvrir le sixième album d’Alestorm “Curse of the Crystal Coconut” !Je lance la lecture et je me dis “mais c’est du hard-rock?!”. Puis j’écoute les paroles et je retrouve tout de suite le style d’humour de Christopher Bowes, qui heureusement ne changera jamais. Sans m’en rendre compte, je me retrouve très vite sur un navire au milieu de l'océan. Je voyage à travers de multiples récits surprenants.Mais je ne suis pas au bout de mes surprises : j’ai trouvé mon nouveau tube de l’été avec “Tortuga”! Il y a tellement de choses à dire sur ce titre inattendu. C’est un mélange entre des sons des années 2000, Rage Against The Machine et Skrillex tout en gardant l’esprit d’Alestorm. J’ADORE! Après ce dépaysement total et quelques éclats de rires, je reprend mon périple avec des sons bien énervés cette fois. Lors de l’excursion, on croise un bateau bien minable et on le lui fait bien remarquer avec “Shit Boat (No Fans)”. Puis l’équipage chante en choeur un hymne des plus explicites avant de partir faire le tour du monde en quête de vengeance. On finit paisiblement avec la triste histoire d’Henry Martin et ses trois frères. Pouf, je suis de nouveau sur mon canapé, sans avoir vu le temps passer.

Sur certaines chansons, on peut profiter de featuring tels que la voix de Vreth (Finntroll) dans “Chomp Chomp”, mais aussi Captain Yarrface (Rumahoy) et Ally Storch (Subway to Sally) qui joue du violon sur l’intégralité de l’album. Les pirates du metal savent se réinventer et ne se contentent pas de jeter l'ancre dans des eaux stagnantes. [HB] www.alestorm.com

NIGHTWISHHuman II : NatureNuclear Blast

ALL TIME LOWWake Up Sunshin

Warner

Avec ‘Last Young Renegade’, All Time Low étaient partis dans un trip conceptuel qui avait plus ou moins plu aux fans. Que ceux-ci se rassurent, en 2020, les pop-rockers vont remettre tout le monde d’accord. ‘Wake Up, Sunshine’ est une boule d’énergie qui mêle du bon vieux All Time Low à de la nouveauté - et ça claque ! Son titre ne ment pas : l’album est imprégné de summer vibes et de positivité bienvenues. Comme nous l’a confié Alex Gaskaarth, écrire ces chansons l’a aidé à traverser une phase de dépression, et si ça peut aider des gens en cette période difficile, c’est tant mieux. En plus, les quatre musiciens se sont réunis sous un même toit pour l’écriture, comme à leurs débuts. Ça peut paraître anecdotique mais on ressent cette énergie et cette déconnade qui leur est propre. Et du coup, ça vous met encore plus de bonne humeur !Plus on est de fous, plus on rit, non ? Du coup, All Time Low ont invité The Band CAMINO et Blackbird sur deux titres. Si le premier nom de surprend pas, le deuxième attise la curiosité. En effet, c’est leur toute première collaboration avec un artiste issu du rap. Une première plus que réussie puisqu’en quelques jours, le titre était sur toutes les lèvres et avait déjà son défi sur Instagram !Pendant trois quarts d’heure, on n’a pas une seconde pour s’ennuyer. Déjà parce qu’il n’y a pas un mauvais morceau. Ensuite, parce qu’ils les ont agencés d’une manière très maline. C’est-à-dire qu’au lieu de regrouper les titres plus puissants au début, on en retrouve tout au long du disque, que ce soit 'Some Kind of Disaster', 'Wake Up, Sunshine' ou 'Clumsy', qui nous surprennent du début à la fin. [AMe] www.alltimelow.com

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DANZIGSings Elvis

Cleopatra/Membran

Le père Danzig, la soixantaine bien assénée, qui se lance dans le crouningue comme un vacancier aviné au karakoké d'une plage de Pattaya ! Il vous fallait un signe supplémentaire de la fin de la civilisation ? Plus proche du déambulateur que du stage-diving, le gaillard n'a certes pas perdu grand-chose de son légendaire organe, dont la chaleur sauvage semble mieux se prêter à l'exercice que celui de son quasi-contemporain Blackie Lawless ou de Dani Filth, c'est évident. Sa discographie a toujours rendu un double hommage à la figure tutélaire du rock'n'roll comme à l'archange Jim Morrisson. Ça ne met personne à l'abri, sinon d'un faux pas, du moins d'une galette dispensable. Signe d'un certain courage, les titres retenus ne font guère partie des titres les plus connus du King et sont volontiers d'une lenteur et d'une mélancolie de bon aloi. Mais où est passée la noirceur typique du New-Jersiais bodybuildé et colérique ? Certes un peu injuste, la comparaison est pénible avec Projet 1950 des Misfits (avec le très capable Jerry Only au chant), qui en 2003 avait réussi l'exercice des reprises décalées de grands classiques des fiftizes, avec le gros son caractéristique du groupe dans sa seconde vie. On aurait apprécié un Elvis 'sauce Danzig', mais les titres nous sont livrés bruts, honnêtement interprétés, mais sans passion, touche personnelle ou prise de risque. Une seule d'entre elle aurait plaisamment conclu un album originel sur une note intimiste et loin de l'outrance proverbiale du personnage. Bout à bout, c'est une compile n'offrant guère plus que les version originales hormis une qualité d'enregistrement moderne. Le type s'est fait plaisir, on est contents pour lui.[LN] danzigsingselvis.bandcamp.com

DAVID BOWIEChangesNowBowieParlophone Records

Le 8 janvier dernier, Bowie aurait eu 73 ans, et Parlophone Records nous annonçait pour l’occasion la sortie le 18 avril d’une compil intitulée 'ChangesNowBowie', sortie CD et vinyle. L’artiste avait déjà de son vivant donné dans la compile, avec 'ChangesOne' en 1976, et 'ChangesTwo' en 1981. Mais bon me direz-vous à part se faire de la thune, à quoi bon sortir une compile de titres même pas posthumes de l’homme caméléon ? Certes, on peut avancer sans autre que cet album disponible en édition limitée intéressera sans doute plus particulièrement les inconditionnels de Bowie et les collectionneurs à l’affut d’objets cultes que le commun des mortels et les néophytes. Les titres sont des inédits, des perles rares enregistrées en acoustique à New-York lors d’une session de répétitions pour les 50 ans de Bowie (le 8 janvier 1997) ; ils ont été diffusé par la BBC à cette occasion. Il y était notamment accompagné par Reeves Gabrel de The Cure à la guitare. Bref, un moment suspendu dans le temps qui dévoile ici toute sa magie. On y trouve une version rare de ‘The Man Who Sold The World’, magnifique chanson au solo de guitare mémorable dont on saisit ici l’essence même. Des essentiels comme le mythique ‘Aladin Sane’, ‘Lady Stardust’ ou ‘Supermen’ à redécouvrir mis à nu. Sans oublier un clin d’œil aux années Tin Machines avec ‘Repetition’ et au Velvet avec une reprise de ‘White light/White Heat’. Un objet qui va attiser des convoitises et peut-être provoquer quelques convulsions chez les Bowiens de tous poils. [RC] www.davidbowie.com

DAXX & ROXANEDaxx & Roxane

Republic of Music

Vous êtes nostalgique des années 80 ? Vous réécoutez tout le temps les mêmes albums et vous vous dites que ce serait bien d’avoir du sang neuf là-dedans ? Et bien j’ai exactement ce qu'il vous faut ! Daxx & Roxane, les Romands expatriés en Angleterre, viennent de nous livrer un album qui vous plonge dans une autre dimension. Simplement intitulé ‘Daxx & Roxane’, ses onze titres vont vous faire chanter, danser et envie de vous lancer dans un solo de air guitar en plein milieu de vos commissions (histoire presque véridique). Pour celles et ceux qui auraient déjà croisé leur route, c'est avec plaisir que vous découvrirez la version finale de ‘Fast Lane’. Mention spéciale à ‘Broken’ qui, avec son refrain construit pour les stades, m'aura fait chanter sur le parking en finissant mes courses solidaires ! En bref, balancez ça dans vos oreilles. [AMe] www.daxxroxane.com

NADA SURFNever not Together

Barsuk Records

Peut-on être objectif quand on est amoureux ? L’idée même de retrouver la bande à Matthew pour un nouvel album studio fait saliver mes oreilles, ce qui relève de la prouesse physiologique et du conditionnement pavlovien. ‘Never not Together’ possède tous les marqueurs d’un groupe qui n’a plus rien à prouver aux amateurs de pop rock. Mélodies imparables, arrangements harmonieux et paroles intelligentes se succèdent pour former une galette cohérente. Quelque part entre the Posies (pour les arrangements), Teenage Fanclub (pour les mélodies) et les Go-Between (pour la pop céleste), les New-Yorkais enchantent par leur lumineuse simplicité. ‘So much Love’, ‘Looking for You’, ‘Mathilda’ ou ‘Ride in the Unknown’ se détachent à mon goût. Et si certains esprits chagrins trouvent que cela manque un peu de mordant, qu’ils s’achètent un chihuahua. [FM] www.nadasurf.com

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CHRONIQUES

VIOLENT SOHOEverything is A-OkPure Noise Records

Nouveau label, même son. La première fois que j'ai entendu Violent Soho, ça m'a fait l'effet d'un 'Smell like Teen Spirit', vingt ans après. Cinq albums plus tard, toujours pas de déception. Il m'est rare d'être satisfaite à la première écoute d'un album que j'attends depuis si longtemps sans être influencée par les attentes que j'y avaient placées. Peut-être que le confinement me rend moins exigeante ? Quand je regarde par la fenêtre, c’est le printemps, mais l'ambiance est oppressante. Le soleil brille, mais les gens sont anxieux dans la rue. C'est l'atmosphère de cet album : il donne envie de sautiller durant 35 minutes, mais aussi de cracher son anxiété comme si on lisait son journal intime en criant. Ces temps, on a envie de réconfort, et quoi de mieux pour ça qu'un groupe qui te rappelle les douces années 90' pendant lesquelles tu as grandi ? Un chant nonchalant à la Billy Corgan des Smashing Pumpkins et des relents de Pixies et Mudhoney. 'Everything is A-Ok', titre éponyme, parle de la façon dont le monde est devenu obsédé par le fait de se créer une identité sur les réseaux sociaux et comment nous sommes presque tous devenus des représentants de notre propre 'marque' et de la façon dont les émotions sont devenues de la pub. Cynique et apolitique, mais qui pointe les échecs de notre société, cet album est parfait pour s'ouvrir quelques bières dans son jardin et entamer cette belle saison qui arrive et s'annonce très étrange. Après le confinement, faisons comme dans leur clip de 'Pick it up' : prendre sa guitare ou son groupe et aller sonner chez tout le monde pour répandre la bonne parole du rock. Grunge's not dead ! [SL]  www.violentsoho.com

THE STROKES The New Abnormal

Cult Records/RCA Records

J’aurais aimé être une mouche, celle que l’on entend voler dans ces grands moments d’embarras, celle qui était là pour découvrir les discussions précédant l’enregistrement de ce premier album en sept ans des Strokes. Entre les New-Yorkais et Rick Rubin qui vient de découvrir les maquettes, d’abord un grand silence, puis Casablanca qui ose : 'Mais si Rick, je t’assure nous avons bien écrit de nouvelles chansons'. Et le légendaire barbu, après un second long silence : 'Yeah, mais vous avez tout piqué à Billy Idol et aux Psychedelic Furs'. Troisième silence avant d’ajouter 'et aux Strokes aussi' (rires jaunes). La mouche ayant bêtement été éclaffée d’un revers de main du légendaire producteur des Red Hot, de System of a Down ou de Shakira (!) on ne saura pas qui a finalement brisé le silence pour imposer les saignées synthétiques qui secouent les neuf titres de 'The New Abnormal' et la manière dont la matière originale a été triturée. C’est là que réside le charme de cette galette, elle n’est pas rock, ou si peu, elle n’est pas pop, ou pas trop, elle n’est surtout pas punk, quoi qu’un tout petit peu, mais elle est tout à fait Strokes. Riffs secs, rythmique hyper calibrée, basse qui s’enroule autour de la mélodie et cette voix qui traîne entre grâce fatiguée et intensité hautaine. On se laisse porter d’un bout à l’autre par la grande cohérence et la maîtrise de ces dérives musicales hors-norme, de l’ouverture mécanique façon synthético-bricole de 'The Adults Are Talking' à la conclusion mélancolico-pastorale de 'Ode To The Mets', en passant par la mélopée crado-acidulée de 'Brooklyn Bridge To Chorus'.Sans oublier les deux pompages totalement assumés au point d’en créditer les sources originales, le ronflant 'Bad Decisions' avec l’aimable apport de Billy Idol et le soyeux 'Eternal Summer' qui n’aurait rien été sans les Psychedelic Furs. Et vous savez quoi ? Notre aimable mouche avant de rendre l’âme croit avoir entendu Rick Rubin conclure, 'Ben les mecs pour aller au bout des choses, on va piquer aussi l’idée aux Beatles de leurs discussions façon fond de studio, ça finira de faire totalement assumer à ce disque son petit côté resucée ! [YP] www.thestrokes.com

MARK LANEGANStraight Songs of Sorrow

Heavenly Recordings/Musikvertrieb

Mark Lanegan est désormais un compositeur et une voix reconnue, mais il n'en n'a pas toujours été ainsi. Il retrace ici le long fleuve de son existence (en parallèle avec la sortie de ses mémoires, 'Sing Backwards and Weep') avec toute la variété musicale dont il est capable, nous berçant de ballades mélancoliques simples aux expérimentations plus modernes. 'Straight Songs of Sorrow', sorte de journal intime musical, illustre une vie plutôt tumultueuse. Cet album regorge de moments de grâces crépusculaires comme 'Ketamine' (aux relents nirvanesques de 'Where did you Sleep Last Night'), le sublime hymne sur la décadence de l'addiction 'Stockholm City Blues' ou encore le génial 'Skeleton Key', confession sans détour avec son violon hanté (le même qu'on retrouve sur 'At Zero Below' qui donne un petit côté cowboy, joué par Warren Ellis des Bad Seeds). En écoutant 'Straight Songs of Sorrow', on se dit que la vie de Lanegan oscille entre périodes sombres et exaltations psychédéliques, mais quoi qu'il arrive, il s'évertue à transcender tout ça en énergie créatrice et on prie pour que cela continue le plus longtemps possible. Lanegan a toujours beaucoup chanté pour les autres (QOTSA, UNKLE, Eagles of Death Metal, quelques noms d'une longue liste) et quelques grands noms lui prêtent main forte ici (John Paul Jones, Warren Ellis, Greg Dulli). Le duo qu'il forme avec sa femme, Shelley Brien, et sa voix androgyne sur le cathartique 'Game of Love' est délicieux. 'Elle est la seule qui ne m'ait pas quitté', remarque Lanegan. Ne dit-on pas qu'un compositeur triste est souvent un meilleur compositeur. Mark Lanegan est sincère, frontal, peu condescendant avec lui-même. Mark Lanegan est encore une fois grand. [JM] www.humanimpactband.com

PERFUME GENIUSSet My Heart on Fire Immediately

Matador Records

Maîtriser la pop de chambre est un art très complexe. Cette musique peut vous élever vers des sommets grâce à des arrangements lumineux ou vous plonger dans les abîmes à cause de mélodies trop ternes. Pour apprécier à sa juste valeur un album feutré, il faut paradoxalement pousser le volume. Se révèlent alors les meilleurs morceaux : du ‘PJHarveysque ‘Describe’ au distordu ‘Some Dream’. On découvre quelques perles comme le presque dansant ‘Without You’, le baroque ‘Jason’ au clavecin envoûtant ou le très pop ‘On the Floor’. ‘Nothing at all’, dont l’étonnant refrain, à la fois jubilatoire et contenu amorce un crescendo réjouissant, vient rehausser la fin d’un album qui sombre parfois dans une monotonie de mauvais aloi. Cet opus délicat ne s’apprivoise pas facilement, mais se montre finalement assez attachant. [FM]  www.perfumegenius.org

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SWISS MADE

COSMIC RAINHeliopolis

Urgence Disk Records

Le groupe Genevois de prog metal  Cosic Rain sort son nouvel album Heliopolis en mai 2020 et ce n’est pas la moindre des sorties pour la scène locale ! L'album commence avec ˈApproaching Heliopolisˈ, une intro d'un peu plus d'une minute de guitare mélancolique. On entre ensuite vraiment dans le cœur d’Heliopolis avec ˈHyperboreanˈ et là, la distorsion est au rendez-vous, avec des riffs progs à la Opeth et une voix profonde qui nous emmène dans une ambiance bien particulière où les changements d'atmosphères sont extrêmement bien maitrisés. La musique est dense et je relève avec plaisir que tous les instruments se démarquent bien. ˈHyperboreanˈ prend un nouveau souffle de vie vers les deux-tiers pour laisser le synthé s’exprimer par-dessus une lourde rythmique, qui nous fait inévitablement secouer la tête en rythme. On entame ˈTired Sunˈ, que l’on prendrait pour une ballade compte tenu de son intro, mais qui part de façon surprenante en gros rock et à nouveau en ballade. La douceur semble de mise pour cette chanson portée par un refrain glorieux. Notons au passage le très beau travail du batteur qui nous livre un groove et une précision remarquable ! ˈEpiphanyˈ retourne dans une atmosphère plus metal psychédélique et on se sent de retour au temps de Blackwater Park d’Opeth. La composition est soigneuse, les détails nombreux et les riffs lourds ! ˈThe Happiest Manˈ conclut l’album en mêlant la douceur, la psychédélie, les riffs progressifs et la lourdeur rythmique que l’on a su apprécier sur tout l’album pour un final en beauté ! Bref, Heliopolis est pour moi un des meilleurs albums de prog metal de cette année 2020 et n’a clairement pas à rougir face à la concurrence internationale ! [CM] www.cosmicrain.net

POSTHUMANBIGBANGJungle Eyes

Czar Of Crickets

Après un hiatus, Posthumanbigbang retourne sur l’avant de la scène avec ce deuxième opus. La longueur de l’album nous annonce déjà la couleur : passé une heure, occurrence rare de nos jours où la plupart des albums tournent autour de 45 minutes (sans parler de grindcore !). On se prépare donc à une immersion dans le monde expérimental de Remo Häberli, l’homme derrière ce projet. On démarre avec une intro, ‘Cycles’, d’inspiration très orientale, rapidement mêlée à des riffs lourds. On retrouve une belle variation entre passages atmosphériques et progressions rapides. Très bon choix comme accroche ! Le deuxième titre, ‘Homebound II’, fait suite au 1er du titre sur l’opus précédent. Plus court, il est malheureusement moins marquant par sa composition. ‘Bury’ est à peu près dans le même cas de figure, comportant une outro très avant-gardiste semblant un peu hors-sujet, même s’il s’agit d’un projet expérimental. Vient ensuite ‘’Bitter Tears’, titre le plus long de cet opus. Le tempo laisse le temps à la détresse de s’installer dans notre cœur, le chant clair éthéré laisse place momentanément à des hurlements désespérés ; la chanson se termine par un passage au piano à pleurer. On passe ensuite à ‘Jungle Eyes’, dont le titre nous vend l’ambiance de l’intro avant qu’un riff puissant ne s’immisce et garde le rythme jusqu’au bout. Changement brutal d’ambiance pour ‘Theme’, transitionnant brutalement dans ‘Coals’, avec des sonorités plus électroniques. La fin de l’album reste sur des changements de tempo élevés, mais sans éléments très notables. Il est clair que l’expérimental est un terrain de jeu vaste, permettant beaucoup de libertés ; mais les titres n’ont pas de liens visibles entre eux, ce qui ne permet pas une immersion idéale. Mais comme on le dit si bien, les goûts et les couleurs… Alors faites la découverte ! [MF] posthumanbigbang.bandcamp.com

THE ANIMENSame Sun / Different Light

Two Gentlemen

Quelle meilleure période pour un groupe suisse pour sortir un album et passer sur les ondes que pendant le confinement ? Avec la situation actuelle du COVID-19, les radios passent davantage de groupes suisses en signe de soutien. Mais même en temps normal, cet album des Animen aurait eu sa part d'ondes radio. Hein ? Un nouvel album des Animen, vous dites ? Et oui ! Un troisième album qui arrive pour leur onzième année de carrière. Est-ce que l'attente en valait la peine ? Spoiler alert : OUI ! Après trois ans de travail de composition, on retrouve ici ce qui a toujours constitué l'identité du groupe : un son terriblement rétro avec une formule rock’n’roll classique typée anglaise et des mélodies qui donnent envie de taper du pied. S’y ajoutent parfois un peu de psyché, souvent sixties et garage tapant dans le lo-fi aux influences parfois blues folk. À l'image du titre, ˈmême soleil mais lumière différenteˈ, l'inspiration est toujours avec nos quatre genevois, mais ils l'utilisent différemment. Le producteur Samy Osta (Feu Chatterton, La Femme) les a aidés à dépasser leurs limites, parce que les règles, même celles qu'on se pose à soi-même, sont parfois faites pour être dépassées. Le résultat est un album plus ancré dans le présent en alliant l'analogue et le digital mais aussi le traditionnel et le moderne. La formule magique semble être une histoire d'équilibre. Ce qui fait la force de cet album ? Cet équilibre justement ! Son rock’n’roll flamboyant, mais avec un son propre et travaillé de haut niveau tout en sachant rester frais, avec un côté dandy désinvolte, distingué et racé. Difficile de ne pas succomber à ces mélodies et à la voix chaude de Théo Wyser ! [SL] www.theanimen.com

DARIUSVoir

Hummus Records

Dans l'ensemble, vraiment bon. Comme avant, avec moins de mélodies clean. Ils ont dissimulé quelques blasts ou mélodies un poil tire-larmes bien dosées, pour la surprise. Du reste, on connaît la marchandise : un son brut, stoner / post-rock, souvent assez rapide, parfois metal, et un travail sur les ambiances. Toujours sans voix – pas besoin, quand on a déjà cinq instruments qu'on sait bien mettre en avant. Oreilles et esprit accrochent tout de suite à ce que veut dire la basse (souvent affirmée au premier plan) ou une des guitares du quintet (qui ne tombe pas dans l'écueil du même riff). On peut écouter une basse, une batterie et trois guitares jouer en même temps des riffs (assez souvent) différents, mais on comprend le tout – le travail de mix et production ne devait pas être de la tarte... Essayez 'Men Er Grah', l'exemple parfait ! [AZ] www.dariusband.com

MNEMOCIDEFeeding The Vultures

Czar Of Crickets

Mnemocide sont de retour cette fois-ci avec un album complet de 12 titres. Quoi de mieux durant une période de pandémie mondiale que d’écouter du death metal parlant d’un futur dystopique, peut-être trop proche que ce qu’on aimerait du ‘worst case’ scénario de notre crise bien actuelle ? On se lance dans l’écoute par une intro, ‘Manifest’, assez classique dans le death, pour plonger directement dans le single tiré de l’album, ‘Crash & Burn’. Les riffs sont lourds et sales et on ne peut qu’approuver une entrée en matière pareille. L’ensemble de l’album reste dans la même veine, je vous balance volontiers mes titres phares : ‘In Pain’ avec des riffs très efficaces, ‘Like Ghosts’ et ‘Let me feed you’ pour leur death metal oldschool. [MF] soundcloud.com/mnemocide

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DOSSIER

UNDONECe serait un crime de ne pas vous

en parler ! Je crois que je n'ai jamais visité autant de sites web de toute ma vie. Et croyez-moi, j'en ai passé des heures derrière mon ordinateur durant mes trente ans d'existence. Durant une recherche naïve, mon attention a été captée par cette accroche si facile : 'vous êtes attristé de voir Bojack Horseman s'arrêter ? Essayez 'Undone' !' Ni une ni deux, je me rend sur Amazon Prime (enfin, c'est le compte de mon copain, si cela ne tenait qu'à moi je me serait directement dirigée vers la Baie des Pirates), et clique voracement sur cette série, sortie en septembre 2019. Produit par Raphael Bob-Waksberg et Kate Purdy (Tornante Company), la comparaison avec Bojack Horseman s'arrête ici. 'Undone' n'a pas de cheval alcoolique à l'égo surdimensionné, mais on se retrouve avec Alma Winograd-Diaz, 'incarnée' par Rosa Salazar, victime d'un violent accident de voiture, qui lui fait communiquer avec son défunt père.

'Incarnée', car la série est en réalité animée grâce à la technique rotoscopique (stop-motion), lui donnant une identité unique, façon jeu vidéo. Cela m'a fait penser visuellement à un savant mélange de 'The Wolf Among Us' et 'Heavy Rain', deux jeux vidéos point&click. Filmé entièrement sur fond vert avec très peu d'éléments réels, le résultat est tout simplement bluffant. Ce côté surréaliste tirant toujours entre le réel et le dessin 3D nous immerge totalement dans une histoire elle aussi oscillant entre surnaturel et dure réalité.

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Mais assez parlé du côté visuel, plongeons-nous dans l'histoire, en essayant de ne rien vous dévoiler. On démarre sur des chapeaux de roue avec Alma, vingt-huit ans, son adorable copain Sam, sa mère hystérique Camila, et sa soeur légèrement égocentrique, Becca. Becca et Alma vivent leur sororité de manière unique, et l'annonce du mariage de Becca à un homme riche et insipide effraie Alma, avide de liberté. Sam ne fait rien pour arranger la chose, car lui aussi aimerait pouvoir se poser et avoir des enfants avec cette femme unique. C'en est trop pour Alma, qui se retrouve tourmentée au volant. Mais les accidents arrivent vite, surtout lorsque les larmes obstruent la vue.

Sortant difficilement du coma, son père décédé depuis des années, vient lui demander de l'aide. Il cherche à retrouver son meurtrier. Mais tout tourne dans la tête d'Alma, et il lui semble faire des aller-retour entre le passé et le présent, bloquées dans une sortie de circuit infernal. Pourrait-elle effectivement contrôler le temps ?

Sur fond d'enquête policière à la recherche de la vérité, on se retrouve bien vite (seulement 8 épisodes de 25 minutes chacun!) dans l'exploration de la santé mentale, des relations romantiques, et des relations familiales. Les souvenirs d'enfances, les évènements qui changent des vies, tout cela est superbement amené par des acteurs si justement joués – je me suis presque demandée si Tornante Company ne s'était pas invité dans mon journal intime - , un décor unique et surréel. 'Undone' est une perle à savourer intensément. [LN]

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DOSSIER

KINDA AGENCYune grande famille

Faisons de la place à ceux qui vous font decouvrir vos futurs groupes preferes ! Ici, rencontrons Denise de KINDA Agency, basee à Milan, pour nous parler de son travail chez KINDA. Papa Roach, Enter Shikari, Silverstein, Sum41, All Time Low, The HU, si vous avez

entendu parler de ces artistes, c'est probablement grâce à KINDA et leur travail acharne. Chapeau bas.

Qui êtes vous? Je m'appelle Denise, je fais partie de l'équipe PR (relations presse) à KINDA Agency. Je ne suis pas très bonne pour me décrire, mais je pense être la plus organisée de l'équipe, ce qui est complètement à l'opposé de ma vie privée! Je n'ai pas d'antécédents professionnels, ce qui me rend très ennuyeuse, mais cela veut également dire que je fais partie de ces rares personnes qui ont pu commencer leur carrière directement dans la musique. Mais c'est toujours difficile de décrire mon travail à mes grands-parents. Pour ce qui est de KINDA, nous sommes une compagnie de relation presse basée à Milan, mais nous sommes également bien plus que cela! Nous faisons beaucoup de marketing, bref tout ce qui aide un groupe et un label à atteindre une plus grande audience et générer plus de fans. Chez KINDA, nous travaillons sur plusieurs niveaux : sites musicaux, plateformes online, magazines musicaux, et même la radio pour atteindre les gens sur les ondes plus traditionnelles. Récemment, nous avons entamé un travail avec tout ce qui est digital et influenceurs. Cela aide les musiciens à devenir viral sur TikTok ou Instagram par exemple. Bref, en quelques mots, nous passons la majorité du temps derrière notre ordinateur à expliquer aux gens pourquoi ce groupe est génial. Et sans oublier tout ce qui est street marketing, où nous travaillons le marketing musical sous tous les angles.

Quand as-tu commencé à travailler chez KINDA ? En 2015. J'étais encore à l'université et je cherchais de quoi m'occuper en allant à des concerts, écrivant pour des magazines musicaux, et en travaillant pour une salle de concert à Milan, malheureusement fermée depuis. La majorité des groupes dont nous nous occupons ont joué dans cette salle lors de leur passage en Italie. J'ai toujours adoré la musique et j'ai toujours été à l'aise dans l'interview des musiciens, donc j'ai toujours été, d'une certaine manière, en lien avec la scène italienne. C'est ainsi que je suis rentrée en contact avec Walter, qui m'a dit qu'il cherchait une stagiaire pour sa compagnie. Cela tombait bien car je devais trouver un stage pour terminer mes études, et tout est parti de là.

Quel est ton artiste préféré avec lequel tu as travaillé ? A travers l'histoire de l'agence, nous avons travaillé avec plein de groupes qui, d'une certaine manière, deviennent nos groupes préférés. Tout le monde au bureau te le dira ! Pour ma part je dirais Four Year Strong, Sum41 car ce sont des personnes merveilleuses sur la scène et hors de scène, mais la liste est interminable. Nous avons de la chance d'avoir travaillé avec des musiciens très dédiés à leur musique. Nous sommes devenus de bons amis avec pas mal d'entre eux – Can't Swim, Counterparts, Seaway, Void of Vision et plus encore ! Je suis heureuse de me considérer comme leur amie, et ils ne me détestent pas trop si je leurs envoie trop d'emails !

D'après toi, qu'est-ce qui fait que KINDA sort du lot ? La plupart des compagnies de PR se focalisent sur un pays en particulier, mais nous avons en tête d'être une agence qui se répand dans chaque pays d'Europe. De plus, nous nous dépla4ons pas mal et somment autant connus en Allemagne, en France, en Suède, en Pologne, que dans nos quartiers généraux en Italie. Si tu ne travaillais pas dans la musique, que ferais-tu ? Honnêtement, je ne pourrais pas me voir dans quoi que ce soit d'autre. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, car cela signifie également que je n'ai pas de plan B. J'ai un papier en Communication et Relations Publiques, donc probablement quelque chose dans cette veine ? Mais je pourrais également être gérante de boulangerie, qui sait ?!

Et pour finir, décris ton affiche de festival de rêve ! Difficile à l'imaginer – il y aurait mes groupes préférés, mais également des artistes que j'aime sans l'avouer, et pas mal de styles musicaux se mélangeraient ! Je dirais My Chemical Romance car je ne les ai jamais vu jouer, Jonas Brothers pour me rappeler mon adolescence, et The Front Bottoms et Modern Baseball car ce sont deux de mes groupes préférés. [LN]

www.kinda.agency

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