DIMANCHE 17 AOÛT 2014 AQ20 I-ENVOI...
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DIMANCHE 17 AOÛT 2014
AQ20
I-ENVOI
Compassion pour tous !
Psaume 67 (KUEN) Que Dieu nous fasse grâce ! Qu'il veuille nous bénir !
Que l'éclat de sa face Resplendisse sur nous, Afin qu'on reconnaisse Ses voies dans le
pays, Ainsi que son salut Dans toutes les nations.
Que les peuples te louent, O Dieu, oui, qu’ils te louent !
Et que les peuples te rendent grâces, tous ensemble.
Que les nations étrangères jubilent et soient dans l'allégresse,
Car Tu gouvernes avec équité les états de ce monde !
Notre terre a produit ses récoltes et ses fruits, Notre Dieu nous bénit.
Oui, que Dieu nous bénisse et que tous le craignent, Jusqu’au bout de la terre !
Les autres lectures sont reprises à la page précédente, sous onglets actifs.
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II- NOTES/ COMMENTAIRES/PREDICATIONS/ MEDITATIONS
AQ20 Matthieu 15/21-28 -> HOMELIES 1 Q18 et A20
Notes pour texte Luthérien Année 1
GLAUBE UND HEIMAT
APPROCHE
Friedrich HOLZE. Résumé d’une rencontre de gens intéressés et critiques. Il faut commencer par consulter une carte pour bien se situer et voir où la scène se
déroule.
La seule chose qui soit plus ou moins immédiatement compréhensible, c’est que la
femme n’est pas juive.
Mais alors, il y a vraiment de quoi se fâcher : comment peut-on comparer un être
humain à un chien !
En Orient, le titre de « fils de chienne » est la pire injure qu’il soit possible de
proférer. Jésus ne pratique pas une intolérance scandaleuse ? En ajoutant le fait de
ne pas vouloir aider au-delà des limites du peuple.
Dans l’actualité, on se pose parfois, en Allemagne, des questions sur le point de savoir
s’il ne faut pas réclamer des « honoraires » pour l’enterrement à de personnes qui,
pour ne pas payer l’impôt ecclésiastique, on déclaré précédemment sortir de l'Église.
La réponse est en général que Église est aussi l'Église des « autres ».
Le fait de vouloir limiter nos interventions et notre aide à une certaine catégorie de
personnes ne constitue-t-il pas une forme d’avarice ?
On peut prendre la chose par un autre bout : Il s’agirait peut-être d’un événement
datant des tout débuts du ministère de Jésus, lorsqu’il percevait encore sa mission
comme celle d’un simple « maître ou un prophète en Israël ».
Pourquoi Jésus, qui fut homme parmi les humains, n’aurait-il pas connu une évolution ?
d’abord : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
ensuite : Allez vers toutes les nations et prêchez à tous les humains !
Ce serait alors en particulier une « simple » païenne qui aurait contribué à lui ouvrir
les yeux.
Je suis très encouragé par ce fait que Jésus - tout comme chacun de nous - est passé
par des stades divers et n’a pas été « parfaitement accompli » dès le premier jour.
Il y a une apparence de confusion dans le fait que la femme semble demander en
même temps du secours pour elle et pour sa fille. Elle est venue pour sa fille, mais
elle doit dans une certaine mesure sentir que son sort à elle dépendait pour une partie
de celui de sa fille.
Et elle croit fermement au pouvoir de guérison de Jésus. Même s’il n’est pas très
enthousiaste, quelques « miettes » devraient suffire pour guérir l’enfant.
N’est-ce pas de la foi lorsque, face au refus, je ne cesse pas d’espérer ?
Il me semble que, dans cette affaire, Jésus a l’attitude d’un guru actuel.
Il y a d’abord la rencontre de la foi de la femme avec la personne de Jésus. C’est le
moment décisif.
Une sorte d’énergie positive est mise en action.
Lorsque deux énergies positives se croisent, il y a des choses qui se défont, se
dénouent.
Dans ce cas-ci, il y a dissolution du désespoir de la femme et de la maladie de l’enfant.
Ces choses tenaient ensemble, elles disparaissent donc ensemble.
Toutefois, l’ensemble présente un aspect dangereux. Comment Jésus pouvait-il savoir
que la maladie de l’enfant était curable par lui, que, dans ce cas-là, la foi agirait ?
La Bible nous tairait-elle peut-être certains échecs de Jésus ?
Il serait de toute manière intéressant de savoir de quelle maladie il s’agissait.
Maladie psychique, confusion mentale, épilepsie ?
Mon problème surgit lorsque, suite à ce récit, quelqu’un prétend : « Il suffit de croire,
et il te sera aussi aidé. »
Qu’est-ce qui agit dans cette guérison ?
Est-ce la foi de la femme qui provoque la guérison, ou est-ce la force qui émane de
Jésus ?
La pointe du récit est-elle : « Si tu crois convenablement, tu seras aussi aidé ? »
Ou bien est-elle : « Parce que ta foi est grande, je veux, moi Jésus, faire ce qu’il faut
pour que ton désir soit réalisé ! » Dans ce cas-ci, la guérison proviendrait de la
personne de Jésus et ne pour ait être indépendante de la rencontre. Mais alors
comment y aurait-il des guérisons aujourd’hui encore ?
ESQUISSE
Ralf HANDELSMANN Il me semble que la recherche exégétique a montré que le noyau du récit était plus
une discussion de séminaire, donc un enseignement qu’un récit de miracle. La
prédication devrait donc s’efforcer d’exposer ce que Matthieu a voulu nous enseigner
lorsqu’il mit ainsi en évidence une source qui se retrouve en Marc 7/24ss. Le texte
forme une unité qui se suffit à elle-même :
21-23a exposition
23b-24 enseignement aux disciples
25-28 entretien avec la femme et guérison.
La région de Tyr et Sidon était marquée par l’hellénisme et non le judaïsme.
Cela signifiait entre autres que les natifs de cette région ne pouvaient pas être des
partenaires valables pour des relations avec les juifs. Les bases religieuses étaient
radicalement différentes.
Il semble que Jésus se soit rendu dans cette région après les disputes avec les juifs.
Pourquoi y est-il allé ? Quand Matthieu écrit, il y a longtemps qu’il a appris que sa
mission dépasse de beaucoup les frontières d’Israël. Longtemps aussi que les judéo-
chrétiens ont quitté les synagogues.
Dans sa rédaction, Matthieu fait donc un pas en arrière lorsqu’il postule qu’au début
de son ministère Jésus a voulu se limiter à Israël. L’expansion du salut vers les non-
juifs resterait réservée au ressuscité et à ses disciples. Il y a là une différence avec
Matthieu 8/5ss (l’officier de Capernaüm) que Jésus accueillit favorablement et sans
marquer de réserves.
Notons que, là aussi, c’est la foi qui est mise en avant pour justifier l’intervention de
Jésus.
La femme cananéenne doit discuter ferme avant que Jésus se laisse convaincre.
La femme n’a pas de nom, elle est un cas-type.
païenne, femme, mère d’une fille, quémandeuse de secours. Elle reçoit le
qualificatif injurieux « chienne »
elle n’est en aucun cas une « brebis perdue » membre du peuple de Dieu.
d’autre part, elle est prête à s’humilier. Elle est persévérante. Donne à Jésus
des titres aussi bien païen que judéo-chrétiens (Seigneur, Fils de David).
en aucun moment, elle ne perd de vue son but.
Jésus finira par dire d’elle qu’elle a la foi.
Pour la prédication, il faudra essayer de la tirer de son anonymat. Cela rendrait le
rejet par Jésus plus sensible, et plus remarquable aussi le revirement ultérieur de
Jésus. Dans le meilleur des cas, elle ne connaît Jésus que par ouï dire. Sa foi n’a donc
pas de base théologique concernant Dieu. C’est une sorte de « confiance aveugle » à
l’occasion d’une rencontre sur le chemin. Pourtant, elle ne se serait pas laissé injurier
par n’importe quel guru ou faiseur de miracles, tout en continuant d’espérer.
Sa manière de croire fait penser à l’évangile des enfants dans Marc 10 « Celui qui ne
reçoit pas le Royaume comme un petit enfant... »
Dans Praxis 1991, Dietrich ZEILINGER a dit de cette foi qu’elle était une confiance
intelligente associée à un vif esprit de répartie. Théologiquement, il reste jusqu’ici
indiscutable que la foi a deux aspects : l’un objectif, l’autre subjectif.
La foi est une prise de risque (un pari), mais ce n’est pas un risque aveugle ou non
motivé.
On parle de la foi qui croit... et de la foi qui croit que...
On ne sait pas ce qui a motivé la confiance de cette femme. Ce qui compte, c’est que
Jésus a remarqué les deux aspects chez elle et a donc employé le terme de foi. S’il n’y
avait eu que de la sentimentalité, Jésus n’aurait pas changé d’avis -- il a fait
suffisamment d’expériences avec les gens impulsifs !
La prédication doit se préoccuper de trouver ce qui a motivé, d’abord le changement
chez Jésus, et ensuite la guérison. Pour moi, il est indiscutable que ce n’est pas la foi
seule qui guérit, c’est Jésus qui guérit. Il demeure toujours souverainement libre.
Mais le fait qu’il a décelé la foi est un facteur important dans sa décision d’agir.
On ne peut pas parler d’automatisme ; lorsqu’on croit, on est guéri. Ce texte ne
permet en tous les cas pas de dire cela. Le prédicateur devra parler de ce risque de
fausse interprétation.
Jésus a t-il eu besoin de rencontrer quelqu’un d’aussi têtu pour modifier son
attitude ?
Est-ce que la foi de la femme a montré à Jésus ce que son attitude première
avait d’injuste ?
Peut-on aller jusqu’au parler de guérison (de transformation) dans les deux
sens :
Jésus est changé et amené à franchir une limite insensée
la femme et la fille sont changées et reçoivent une nouvelle base de vie.
Choix homilétique Je prendrai le thème « franchir les limites ». Il faudra des éléments narratifs
capables de reproduire la situation de la péricope.
Montrer comment il est possible, aujourd’hui, de passer par-dessus des fossés qui
séparent les humains.
PLAN DE PRÉDICATION Montrer un morceau de fil de fer barbelé. Qu’est-ce ?
Utiliser pour marquer les limites - des pâtures - des états - des camps de prisonniers.
Pas facile à franchir, mais pas forcément infranchissable. Plus facile à franchir qu’à
ôter.
notre texte une femme et Jésus ont à surmonter des obstacles, des
barrières.
Ce n’est pas un fil, c’est quelque chose dans les têtes.
Les limites dans les têtes sont plus difficiles à franchir que des barbelés.
Lire le récit
Le récit étant bref, je vais le reprendre en expliquant.
Deux personnes peu ordinaires se rencontrent.
D’abord Jésus. Il vient d’avoir du « fil à retordre » avec des personnalités
religieuses juives. Fatigué par ces discussions, il se retire en territoire non
juif.
Les disciples l’accompagnent, évidemment. Il se produit alors un « incident ».
Une femme de la région a l’audace de vouloir parler à Jésus. (Appelons cette
femme Aïcha pour ne pas lui donner un nom trop courant). Jésus a dû être
quelque peu surpris. Un non juif, une femme donc, visiblement agitée. Beaucoup
de choses sont en jeu pour Aïcha.
Elle n’est pas venue inviter Jésus à prendre une tasse de café, c’est plus important
que cela.
Quelque chose qui ne va pas avec la fille d’Aïcha. Sa vie est même en danger.
Dans sa détresse, la mère cherche de l’aide. On peut donc s’attendre à une
nouvelle histoire de guérison.
Mais la femme essuie des rebuffades. Ce sont d’abord les disciples qui ne
veulent pas la laisser approcher. Puis Jésus lui-même la renvoie brutalement.
Son refus est même une insulte. Il la compare à un chien. Lui donner ce qu’elle
demande reviendrait à retirer cela de la part des enfants d’Israël.
On n’est pas habitué à de telles attitudes de la part de Jésus. Qu’a fait Aïcha
pour se voir si brutalement refoulée ?
Aïcha n’est pas une femme ordinaire. Elle écoute attentivement et commence
par avaler la pilule. Elle pense à sa fille et elle est convaincue que Jésus
pourrait l’aider ; elle se sait à la bonne adresse.
« Je comprends que tu gardes tes distances, je ne suis qu’une femme et une
étrangère pour toi - mais je ne réclame la part de personne. Je sais que tu
peux m’aider. Et pour employer ton vocabulaire : - Je ne suis qu’une chienne.
Mais les chiens vivent de ce qui tombe de la table de leurs maîtres. Tu n’es
pourtant pas plus méchant qu’un maître ordinaire ? »
La sage réponse a son effet. Jésus va changer d’avis. C’est vrai que la femme
n’est pas juive et que Jésus se sent envoyé vers les juifs.
Pourtant la femme a raison. Frappé par son attitude, Jésus considère ce qui est au
fond du cœur de cette mère. Ce qu’il y trouve lui fait franchir les limites nationales :
Femme, ta foi est grande ! C’est la phrase décisive. Aïcha verra son désir
exaucé, par surcroît.
Qu’as-tu fait, Aïcha ? Tu a fait plus que de franchir une clôture de barbelés ;
tu as fait changer d’avis Jésus de Nazareth, vrai homme et vrai Dieu, tu as
déplacé une barrière au-dedans de lui. La foi, cela peut déplacer plus que des
montagnes !
Il faut maintenant réaliser un transfert pour que les auditeurs et auditrices
comprennent que peu de choses ont changé depuis lors. Il reste tant de
barrières dans nos têtes. Si notre foi au Christ ressuscité vaut quelque chose,
il faudrait que nous puissions marcher sur les traces d’Aïcha, au moins en
écartant les frontières qui favorisent le mépris entre les humains. Chercher
des exemples significatifs.
Au niveau de l'Église, de la société locale, régionale, etc. ou de la « grande » politique.
1. La barrière entre les riches et les pauvres. Elle paraît infranchissable et
occasionne chaque année la mort de millions de personnes. Il faut plus que des
paroles. Il est rare que des gens s’engagent avec la même ardeur et la même
obstination qu’Aïcha. Aïcha agit et demande ! Quand faisons-nous la même
chose ? Il se pourrait que notre Dieu attende que beaucoup d’entre nous
s’investissent avec autant d’ardeur.
2. Il y a souvent beaucoup de barbelés entre les membres d’une même famille.
Les raisons peuvent être multiples. Qui s’investit vraiment pour rétablir la
concorde ? Aïcha n’a reculé devant rien pour sauver sa famille. Elle a accepté
l’humiliation - sans jamais perdre de vue le but recherché.
3. Dans le domaine ecclésiastique, les barrières sont souvent imposantes. On est
capable de rappeler des broutilles pour freiner un rapprochement. Cela ne
concerne pas rien que le mouvement œcuménique. C’est souvent au cœur d’une
communauté que des groupes, des fractions et des factions s’opposent.
N’oublions pas que le fossé franchi par Jésus ce jour-là était quelque chose de
phénoménal, on ne pouvait pas imaginer pire.
Après la présentation des « exemples », il sera aussi nécessaire de mettre en
garde contre une l’attente d’une relation automatique entre foi et guérison.
Aïcha s’est adressée à Jésus, et c’est Jésus qui a réalisé le désir d’Aïcha. Ne
généralisons pas, tous nos soupirs ne sont pas exaucés... et surtout, ils ne sont
pas forcément exaucés de la manière imaginée par nous.
Ce qui serait surtout fatal, serait de tirer la conclusion suivante : en présence d’une
apparence de non-exaucement ’imaginer qu’on n’a pas assez prié, ou que notre foi était
trop faible. Il suffit peut-être de penser à Job pour nous souvenir de ce que Dieu
reste près de nous, et que la souffrance fait partie de la vie, même de la vie des
chrétiens.
La foi peut déplacer des montagnes, c’est vrai, mais c’est toujours Dieu qui nous
accorde son secours, à sa manière.
suite 3 :
Des auditeurs pourraient, avec raison, demander COMMENT franchir les barrières.
L’exemple de Aïcha donne quelques indications :
C’est elle qui se met en route, et il s’avère que le chemin n’est pas aisé !
Nous ne sommes pas encore au Paradis et Jésus n’a pas promis d’écarter le
moindre gravillon de notre parcours.
Il faut savoir persévérer, ne pas perdre de vue le but, et exprimer sa
demande. Ce sont des éléments importants. Donc, rôle de la prière, puisque
Jésus ne peut plus être rencontré corporellement. Mais il a promis d’entendre
nos prières.
Une telle prière n’a pas besoin de formules pieuses, il s’agit de demander,
simplement, humblement, sincèrement, comme Aïcha. Elle a exprimé ce qui
était en elle : sentiments, pensées raisonnables, etc. Elle nous encourage à
nous présenter ouvertement devant Dieu.
L’auteur dit qu’il reprendra les exemples encore une fois sous l’angle de la prière.
Conclusion possible J’aimerais posséder la ténacité qui était en Aïcha.
Je ne sais pas quels sont les « franchissements de limites » que vous vous souhaitez.
Je sais seulement fermement qu’en se mettant courageusement en route et en
demandant le secours de Dieu, on arrive à quelque chose.
Cela vaut pour notre propre vie, dans ce monde ci.
VOYEZ CE MORCEAU DE BARBELE !
C’est dur, c’est raide, on n’en vient pas à bout sans outillage.
Pour démonter une clôture, il faut des tenailles. Alors, c’est possible, on peut ouvrir
le passage.
Jésus et Aïcha on démonter des barrières beaucoup plus difficiles. Ils nous ont
montré comment faire.
Chacun d’eux a dû se vaincre lui-même, surmonter ses propres réticences. Cela n’est
jamais facile, mais c’est possible.
Je souhaite, pour vous comme pour moi, que nous soyons toujours en train de nous
attaquer à de telles barrières, avec l’aide de Dieu. Je jette ce morceau de barbelé. Il
est à terre, Il ne joue plus aucun rôle.
Je vous fais maintenant une proposition :
dans un moment, lors de la grande prière, je formulerai un certain nombre de
demandes. Que cela vous encourage à exprimer vous-mêmes, dans le secret de votre
cœur, ce que vous souhaitez plus particulièrement.
Dieu recevra ce que vous lui présenterez.
Tout ne sera pas forcément changé du premier coup.
Comme Aïcha, chacun aura besoin de persévérance et de ténacité.
Mais si Aïcha s’était contentée de pleurer à côté de son enfant, rien n’aurait été
changé.
C’est pourquoi je vous encourage à vous mettre sur le chemin suivi par Aïcha.
Un jour, pas forcément déjà demain, la barrière apparemment insurmontable sera
devant vous, à terre, comme ce morceau de barbelé.
Il vaut toujours la peine de s’y mettre.
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Matthieu 15/21-28 -> Notes pour A/20 et 1Q18 (18-8-96)
FEU NOUVEAU (1981) Pierre-Marie GALOPIN Les textes d’A2 concernent le problème de l'accès des non-juifs à la grâce de Dieu. Es. 56/1-7 annonce l'ouverture, leur ouvre le temple, leur donne accès à l'autel, pour
ce temps déjà.
Romains 11/13-15,29-32, médite sur le refus de l'Évangile par les juifs et l'accès
des païens.
Matthieu 15/21-28 s'insère dans ce qu'on appelle "la section des pains" (MT 14/13 à 16/12) quand, après un accueil enthousiaste au message de Jésus, la foule va
manifester son incompréhension devant le mystère de sa personne. L'essentiel est
dans le dialogue en quatre temps.
1 Prière véhémente de la femme cananéenne.
Elle emploie des termes judéo-chrétiens (Seigneur et Fils de David -22). Jésus se
tait.
2 Les disciples veulent avoir la paix. Jésus répond et indique les limites: brebis
d'Israël.
C'est la théologie judéo-chrétienne stricte.
3 Nouvelle prière de la femme et réponse de Jésus. La femme emploie des
termes juifs.
La réponse de Jésus est plus forte que son silence.
Il emploie le terme des Juifs chiens, en adoucissant avec petits, les non Juifs sont
des petits chiens, tandis que les Juifs sont des enfants.
4 La femme reconnaît la supériorité d'Israël, les enfants deviennent des
maîtres, puis, si Jésus a mis un diminutif pour chiens, on doit pouvoir faire de même
pour pain.
Les miettes pour les petits chiens.
Alors Jésus abandonne les diminutifs et emploie le mot noble de FEMME et dit que sa
foi est GRANDE. La prophétie Esaïe se réalise en faveur des brebis dispersées = les
païens (Jean 11/52) tout comme en faveur des brebis perdues d'Israël (Lc 15/4-6).
L'adhésion au Christ l'emporte sur l'appartenance à la race d'Abraham.
Les trois lectures forment un ensemble sur le mystère du salut.
Offert à tous depuis les origines, pour parvenir aux Gentils comme aux Juifs, le salut
passe par l'élection d'Israël (1ère lecture) et par la médiation du Seigneur Jésus en
qui tous seront réunis (2ème lecture) dans la même foi (3ème lecture).
***
Jean DEBRUYNNE Jésus est en pleine terre étrangère, traversant la région de Tyr et de Sidon ; c'est là
qu'il rencontre le cri de la Cananéenne. Étrangère, donc infidèle.
Étrangère à la nation, et aussi à la foi d'Israël.
La première réaction de Jésus est de répondre qu'il n'a été envoyé qu'aux brebis
perdues d'Israël.
Ce n'est pas encore le final de l'Évangile de Mathieu qui s'élargit à toutes les nations.
La prise de conscience de l'universalité ne se fait que progressivement.
Cela pose bien sûr la question de ceux qui sont loin.
Ceux qui sont les plus étrangers sont parfois ceux qui sont les plus proches. Les plus
éloignés de l'Église peuvent parfois être ceux qui sont dedans.
Dans l'Évangile, la frontière de l'étranger n'est pas sociologique : c'est la frontière
de la foi.
Jésus dit : Femme, ta foi est grande.
C'est que justement la foi est toujours une étrangère parce qu'elle vient toujours
d'ailleurs, parce quelle est irruption de l'Autre. La foi ne s’hérite pas, elle n'est pas
un droit civique.
ELLE SURVIENT. Elle est don de Dieu. Et Esaïe écrit que ce don est pour tous, nul
n'en est exclu, car Ma maison s'appellera maison de prière pour tous les peuples.
Dieu accueille tous les étrangers, même ceux qui le sont devenus aujourd'hui parce
que ce sont eux que l'on appelle les fidèles. On est toujours l'étranger de quelqu'un,
et Paul a eu raison de rappeler qu'à partir du jour où les païens avaient pris le pouvoir
dans l'église, ce sont les juifs qui sont devenus des étrangers.
***
Charles WACKENHEIM. Les trois lectures de ce dimanche développent le thème de la catholicité du peuple de
la Bible.
Esaïe nous ramène à la période qui suivit le retour de l'Exil ; à ses compatriotes
humiliés, le prophète annonce que le Seigneur accueillera dans son temple les païens
devenus ses serviteurs.
Cinq siècles plus tard, Jésus réalise cette annonce en exauçant la prière de la femme
cananéenne.
Paul appelle à la catholicité les chrétiens venus du paganisme : il les met en garde
contre le complexe de supériorité que peut inspirer leur propre conversion à
l'Évangile, comparée à la désobéissance des fils d'Israël.
Il ne suffit pas de porter le nom de catholique pour se croire pénétré du sens
chrétien de l'universel. Le combat pour la catholicité consiste d'abord à prendre le
contre-pied de ceux qui, au cours des siècles, ont dramatiquement déchiré la famille
chrétienne : ruptures entre les églises d'Orient et d'Occident, entre Rome et les
chrétiens réformés.
Positivement, chacun de nous œuvre pour la catholicité en acceptant la différence de
l'autre (chrétien ou non), en mettant en question son ethnocentrisme, en
s'enrichissant au contact des traditions spirituelles différentes de la sienne. Mais,
pour s'ouvrir, il faut être soi-même enraciné.
Les chrétiens ne répondent à leur vocation "universelle" qu'en se greffant résolument
sur Jésus, l'homme universel par excellence.
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AQ20 Matthieu 15/21-28-> PRESSE 2002
COURRIER DE L’ESCAUT - VERS L’AVENIR (avec Esaïe 56/1-7, Romains 11/13 – 32)
Abbé André HAQUIN Une place pour les païens
Les vacances d’été sont l’occasion de nombreux séjours à l’étranger.
A travers la diversité des langues et des cultures - notamment culinaires - on peut se
rendre compte de la richesse de chaque peuple et de la complémentarité des races.
Les textes bibliques de ce dimanche soulignent, à leur manière, non seulement
l’égalité des peuples telle que la philosophie des droits de l’homme l’a affirmée, mais la
volonté de dieu d’unir l’ensemble des peuples du monde dans une seule alliance.
Cette réalisation prend du temps :
elle est encore loin d’être complètement achevée.
Envoyé aux brebis perdues de la maison d’Israël
Cette phrase adressée par Jésus à la cananéenne, une païenne venue le supplier de
libérer sa fille tourmentée par un démon, peut nous étonner.
Jésus semble se cantonner dans les catégories étroites du Judaïsme de son temps :
on ne fréquente pas les païens, ni les marginaux (employés des impôts et pécheurs =
viveurs) du peuple d’Israël.
En fait, c’est petit à petit que l’ouverture va se faire en direction du monde des non-
juifs.
Rappelons la finale de l'Évangile selon Matthieu :
le Christ ressuscité invite ses apôtres à la mission universelle :
Allez dans le monde entier, de tous mes peuples faites des disciples, baptisez-les au
nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
D’ailleurs, dans l'Évangile d’aujourd’hui, Jésus félicite la femme païenne pour la qualité
de sa foi :
Ta foi est grande. Que tout se passe comme tu veux !
A son tour, Paul devenu l’apôtre des Gentils (= des païens), comprendra, mieux que
tout autre, que l’évangile est destiné à tous :
le seul privilège désormais est celui de la réponse de foi et non celui de la race ou du
mérite.
Tout être humain est une histoire sacrée
L’alliance universelle, la «nouvelle alliance» des temps évangéliques correspond bien
aux intentions primordiales du Créateur : il fit «l’homme et la femme à son image».
Dieu est le créateur de tout homme et de toute femme, et pas seulement de l’homme
et de la femme bibliques !
Quelles ouvertures l'Église doit elle faire aujourd’hui pour être fidèle à la nouvelle
alliance ?
Quelle inculturation de la foi dans les nouvelles communautés chrétiennes, surtout
occidentales ?
Quel accueil aux blessés de la vie,
à ceux qui connaissent l’échec,
à ceux et à celles qui ignorent le patois de Canaan ?
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GLAUBE UND HEIMAT
Christhard WAGNER (après la chute du mur de Berlin, cette fois-ci)
22 Voici qu’une femme cananéenne de la région vint vers Jésus et l’implora ; Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi ! ma fille est possédée par un esprit mauvais !
Ce sont toujours des femmes qui réalisent l’impossible, ... avec leur amour.
On ne connaît même pas le nom de cette cananéenne, pourtant elle est devenue
célèbre.
On commence par bien nous avertir : cette femme n’a aucun droit !
On ne devrait même pas s’occuper d’elle, elle ne fait pas partie du peuple élu.
Quant à penser à une guérison ...
Mais elle ne se laisse pas impressionner.
L’amour pour son enfant ne respecte pas les limites de la société, ni celles de la
religion.
Sa confiance en Jésus renverse tous les obstacles.
Elle crie. Elle court après Jésus.
Rien ne l’arrête.
Elle devient encombrante, enquiquineuse.
Elle casse les oreilles de Jésus.
Sa foi vient à bout de la réserve de Jésus.
Elle sait que l’amour de Jésus n’a pas de limites.
Et sa foi triomphe, elle avait raison !
Qu’en est-il de notre engagement pour les autres ?
pour ceux qui ont besoin de nous, de notre soutien, de notre intercession, de notre
aide ?
Souvenons-nous de nos réunions de prière pour la paix, en 1989 !
Nous nous réjouissions du nombre de personnes qui priaient sérieusement.
Et quelle joie lorsque nous avons vécu l’exaucement :
nos prières pour nous-mêmes, pour notre pays, sont exaucées,
du moment que nous les présentons à Dieu.
Et maintenant ?
Lorsqu’on recommença les prières pour la paix, lors du putsch de Moscou,
j’entendis dire par beaucoup de personnes :
Est-ce si pressant, ne peut-on pas attendre dimanche ?
Le nombre de participants resta réduit....
Et puis, il y eut la Croatie, l'Éthiopie, le Bangladesh,
simples nouvelles que l’on entend à peine, dans l’indifférence.
Où plaçons-nous les limites de notre intercession ?
Pourquoi ne crions-nous pas ?
Pourquoi ne cassons-nous pas les oreilles de Dieu ?
Pourquoi, lorsque nous prions, ne nous laissons-nous pas animer,
animer au point de faire nous-mêmes quelque chose en vue de l’exaucement !
Les femmes des groupes de prière d’Erfurt,
celles qui se sont mises à prier bien avant le temps des changements,
et elles n’ont pas cessé de le faire,
ces femmes vous saluent fraternellement.
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Matthieu 14/25 à 30 -> PRESSE 2005
14e dimanche A avec Zacharie 9/ 9 à 10 et Romains 8/9. 11 à 13
COURRIER DE L’ESCAUT
d'après Sœur Myriam HALLEUX Quelle femme !
Un souffle neuf pousse Jésus vers la frontière nord, à la limite du pays étranger.
Le même peut-être qui le conduisit un jour vers la synagogue de Nazareth, pour
ébranler quelques certitudes chez les bons croyants.
Le Messie viendrait-il pour les marginaux, les étrangers ?
Jésus va vers . . . qui, quoi ? Le sait il ?
Fois hors norme.
Une femme vient . . . une étrangère, une différente.
Mais quelle femme !
Venue de ces territoires méprisés, elle passe courageusement toute frontière
géographique et religieuse, transgresse les convenances, le repli frileux du chacun
chez soi.
Son bien le plus précieux en vaut la peine !
Elle s'identifie à son enfant : Aie pitié de moi, Seigneur, ma fille est tourmentée !
Quoi resterait insensible au cri de l'amour maternel ? Jésus ?
La maman n'entend pas son silence étonnant, elle est pleine de la détresse de sa fille.
Cette détresse lui donne toutes les audaces.
Elle les poursuit de ses cris, disent les disciples.
Habituée à se battre dans la vie et pour la sauvegarder, la Cananéenne poursuit ses
efforts avec une ténacité admirable.
Quelle mère ne garde pas confiance envers et contre tout ?
Elle franchit le pas de la foi qui faisait encore défaut à Pierre, sur la mer.
Qui n'aurait pas laissé tomber les bras en face d'un Sauveur aussi déroutant ?
Foi qui interroge Jésus
Serait-il surpris lui-même d'être confronté à cette mission hors frontière ?
Le Souffle du Père l'entraîne-t-il plus profondément dans la recherche de la volonté
de Dieu ?
La femme confiante et audacieuse insiste encore et encore, crie, se prosterne devant
lui, l'empêchant de poursuivre sa route :
Ton chemin, Seigneur, s'arrête là où la vie a besoin d'être relevée.
Jésus semble embarrassé : faut-il prendre le pain destiné aux enfants d'Israël pour
le jeter à ces petits chiens d'étrangers ?
La Cananéenne traverse ce qui pourrait lui sembler offensant ; elle devine chez lui
bien plus que des principes à la limite de l'insulte, elle rejoint son cœur, le prend au
piège de sa bonté :
Soit, je suis un petit chien, rassasie-moi seulement des miettes qui tombent de ta
table !
Femme ! ta foi est grande !
Jésus vibre de toute sa joie ; il perçoit chez elle une part de sa propre confiance à
l'égard de son Père.
Voilà une femme qui ne doute pas de la sollicitude du Père pour tous ses enfants, juifs
ou païens. Oui, son regard abolit toute frontière ; le don de son amour court jusqu'au
bout du monde et de l'histoire. Quelle joie chez Dieu !
Il en viendra de partout pour prendre place à la table du Festin dans le Royaume. Tous
ces hommes et ces femmes dont la foi en l'autre auront soulevé les montagnes de
l'intolérance.
Émerveillement du Seigneur devant notre petite foi et nos étincelles d'espérance,
écho de celles qui habitent son propre cœur.
Qu'il t'arrive comme tu veux !
Énorme ! Il met entre nos mains la puissance même de sa vie et de son amour, pour
faire dès aujourd'hui le mini pas dont nous sommes capables vers l'abolition des
petites ou grandes frontière qui, en famille, dans le quartier, au travail ou dans la
société nous empêchent de nous retrouver ou de nous rencontrer enfin.
***
PPT 2005
d'après Daniel BACH Une prière libérée des formules toutes faites
La femme cananéenne
Que de tempérament ! Quel affrontement de volontés !
La femme cananéenne demande du secours, avec insistance !
Les disciples cherchent fermement à l'écarter de Jésus.
Jésus refuse son aide à l'étrangère.
Dans sa prière, la femme ne renonce pas.
Elle approfondit sa relation avec celui qu'elle considère comme le représentant de
Dieu.
Ce véritable combat de la prière l'amène à soupeser avec persévérance la demande
qu'elle porte en elle
Le temps de la prière augmente la force de cette femme.
Elle peut alors faire face à la situation si négative où Jésus et ses disciples la
plongent.
La force de la prière lui donne de créer des paroles si fortes
qu'elles emportent la conviction de Jésus lui-même !
Une prière libérée des formules toutes faites,
elle entraîne le Christ et les siens dans l'aventure à l'étranger,
elle fait de la femme cananéenne un témoin de la sollicitude de Dieu.
Prière Seigneur notre Dieu,
Comme la femme cananéenne, nous sommes venus avec nos peines et nos espoirs.
Mais nous sommes essoufflés par tous les détours de nos vies,
Nous hésitions souvent à te faire confiance,
et nous connaissons de terribles passages à vide.
Nos faiblesses et celles de beaucoup de chrétiens nous égarent.
Pourtant, nous sommes là, et tu veux nous écouter.
Donne à notre prière
du temps pour que mûrissent nos demandes,
de la persévérance pour rester debout devant toi,
de la force pour faire face à la nouveauté que tu prépares pour nous.
Alors, Seigneur, nous virons l'exaucement que tu nous offres :
la possibilité de faire ce bout de chemin avec toi.
***
DIMANCHE (commentaire des lectures de dimanche prochain )
Par Philippe LIESSE Quand l'étrangère enfante l'avenir !
Vraiment, Jésus ne cherche guère à s'attirer la sympathie des pharisiens et des
scribes.
Ceux-ci s'offusquent parce que les disciples de ne lavent pas rituellement les mains
avant de manger. Jésus les traite alors d'hypocrites qui n'honorent Dieu que du bout
des lèvres (15/8).
Pierre et les autres disciples de Jésus ne semblent pas avoir mieux compris son
message sur le pur et l'impur.
Il leur faut un complément d'informations (15/15). Jésus le leur donne, patiemment,
crûment, sans détour ! Est-ce tellement compliqué ? Faut-il avoir compris, potassé,
mémorisé un ensemble de doctrines et maximes pour accéder à la foi ?
Faut-il être un surdoué pour recevoir le titre de croyant ?
Face à cette incompréhension, Jésus cherche à faire une pause en se retirant dans la
région de Tyr et Sidon, une contrée peu fréquentée par les juifs. Les anciens conflits
entre juifs et cananéens restaient vivants dans la mémoire de chacun, les juifs
méprisaient la religion des cananéens.
Une femme cananéenne, inconnue, mécréante de naissance, a l'audace de transgresser
la frontière des religions :
« Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! »
Courage ? Aveuglement ? Toupet ? Jésus ne lui répond pas.
Les disciples sont énervés par les cris de la femme.
« Donne-lui ce qu'elle demande ! et elle cessera de crier ! »
Jésus reste imperturbable, car sa mission, semble-t-il, ne vise que les brebis perdues
de la maison d'Israël.
L'étrangère se fait plus pressante : « Seigneur, viens à mon secours ! »
Jésus durcit le ton :
« Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ! »
Devant une telle fin de non-recevoir, personne n'aurait insisté; il y a de quoi se vexer
devant un tel affront !
Mais la Cananéenne saisit la balle au bond.
Elle ne joue pas la défensive,
elle encaisse, elle se livre,
elle fait confiance,
elle se rend vulnérable,
elle enfonce le clou :
« Justement, les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître.
Pourquoi les chiens ne pourraient-ils pas profiter des restes ou des déchets que
laissent les maîtres au cours du repas ? »
Jésus en reste ébahi : « ta foi est grande ! »
Au-delà de son émerveillement devant une telle attitude de confiance, le moment est
décisif.
Grâce à la Cananéenne, Jésus prend conscience que le don de Dieu ne connaît aucune
frontière, qu'elle soit géographique ou spirituelle.
C'est une ouverture décisive !
Le vrai Dieu n'est pas la propriété d’un groupe de sympathisants qui développent
théories et maximes dans le respect de la tradition des anciens (15/2).
Dieu donne et se donne à tout qui veut bien se laisser rencontrer dans une histoire
d'alliance où l'amour gratuit est la seule valeur qui se multiplie à profusion.
Si Jésus avait demandé à la Cananéenne d'expliquer le sens de sa démarche, elle
n'aurait sans doute pas ouvert la bouche.
Elle a ouvert son cœur, elle s'est livrée dans toute sa souffrance, elle a enfanté un
véritable avenir en s'accrochant à Jésus et en jouant sur lui toute sa vie !
***
GLANURES : PRAXIS 1999
Klaus REBLIN CURE D'ÂME
Je sais bien en quoi consiste le devoir de cure d’âme :
écouter, écouter encore, écouter toujours.
Mais je me trébuche dans mes propres pieds, et je parle, je parle, je parle.
Et je sais pourquoi je parle tant. C’est par peur.
Par peur que les gens placent devant moi des choses que je ne pourrais maîtriser.
C’est là ma véritable crainte : j’ai peur de moi.
Je ne me fais pas assez confiance. Donc, je parle.
Seigneur, je crois ! viens au secours de mon incrédulité !
*** ***
Matthieu 15/ 21 à 28 -> PRESSE 2008 Matthieu 15/ 21 à 28 : les petits chiens mangent les miettes de la table !
Avec Esaïe 56/ 1 à 7 : pratiquez la justice !
et Romains 11/ 13 à 32 : Dieu ne reprend jamais ce qu’il avait donné !
DIMANCHE, (commentaire des lectures du 20ème dimanche)
dérivé de Philippe LIESSE Question de confiance
Probablement fatigué par les discussions (disputes) avec les pharisiens et les scribes
(Matthieu 15/ 1 à 20), Jésus quitte la Galilée juive et passe chez les païens, dans le
territoire de Tyr et Sidon :
les légalistes zélés ne l’y suivront certainement pas, par peur de se souiller !
Et voilà qu’une cananéenne, une inconnue, mécréante de naissance, ose franchir,
transgresser, la frontière des religions !
« Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ! »
Est-ce de l’inconscience, de l’aveuglement, de la témérité, de la provocation ?
Jésus ne répond pas. Joue-t-il le jeu du juif pieux qui «ignore» le païen ?
N’est-il pas plutôt en train de sonder le cœur de la femme en détresse, pour savoir ce
qui se cache derrière la formule religieuse ?
Les disciples voudraient qu'Il la renvoie, elle importune vraiment !
Jésus reste imperturbable : sa mission ne concerne-t-elle pas les brebis perdues de la
maison d’Israël ?
La femme persiste, s’obstine. Jésus rétorque :
« Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ! »
Il y a de quoi renoncer, être vexée, ulcérée.
La femme encaisse, mais garde sa confiance.
Elle risque tout, humblement mais courageusement, et renvoie la balle :
« Justement, les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leur maître. »
La grâce de Dieu est si immensément grande !
Elle ne connaît aucune frontière, ni géographique, ni spirituelle.
Le vrai Dieu n’est pas la propriété des vrais croyants.
Les prioritaires ne l’épuiseront jamais.
Dieu donne et se donne à quiconque veut bien se laisser rencontrer.
Livrée telle qu’elle était, dans toute sa souffrance, en bravant les interdits pieux, la
femme a provoqué l’avenir.
Elle a misé le tout de sa vie sur Jésus :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
« Femme, ta foi est grande !
Que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Ma foi ? Croyance de la tête Ou confiance du cœur ? *****
Matthieu 15, 21-28 ->INTERBIBLE, dimanche 14 août 2011
Nathalie HENCHOZ Une femme déraisonnable donne le ton
Compromis, accommodements et autres quêtes identitaires.¹ « Entre ce que je pense,
Ce que je veux dire,
Ce que je crois dire,
Ce que je dis…
Ce que vous voulez entendre,
Ce que vous entendez,
Ce que vous croyez comprendre,
Ce que vous voulez comprendre,
Et ce que vous comprenez….
Il y a au moins neuf possibilités de ne pas s'entendre… » [2]
… Et la campagne d'automne de Terre Nouvelle [3] veut parler de dialogue, et de plus
de dialogue au Proche Orient. Il y a de quoi rire, ou pleurer. Ce coin du monde où il
semble bien que la Paix n'ait jamais été autre chose qu'une utopie…
D'ailleurs même Jésus s'y est laissé prendre. Même lui, si, si ! J'adore cette histoire,
peut-être parce que c'est celle où Jésus me parait le plus humain, le moins divin. Car,
il faut bien l'avouer, dans cette rencontre Jésus ne se montre de prime abord tout à
fait à la hauteur de la situation… Pas très éclatant d'amour et de tendresse… Les
mauvaises langues iraient même jusqu’à lui prêter une attitude xénophobe. Pensez : il
injurie quasiment une femme, une étrangère qui plus est, qui n'avait rien fait de mal,
si ce n'est d'avoir d'oser lui adresser la parole. Traiter quelqu'un de chien, même
aujourd'hui ça paraît difficile d’en faire un compliment.
Eh oui ! Cette fois Jésus semble bien s’être laissé prendre au jeu du chauvinisme : on
est les meilleurs, y'en a point comme nous, nous sommes le peuple élu… Eh oui ! Jésus,
cette fois, commence par se taire, par s'enfermer dans le silence, faire semblant de
rien, ne pas voir la misère de l'autre, de l'étrangère, qui n’est pas comme lui… Eh oui!
Jésus, acculé à devoir répondre, dit : Je suis venu pour sauver les brebis perdues
d'Israël, sous-entendu pas les autres. Merci pour nous ! Et si on était du mauvais côté
de la barrière ? Quand j’y pense, ce n’est pas droit plaisant…
Bon, quand j’y réfléchis, je me dis que Jésus a des excuses quand même. Mais oui,
attendez, que je vous explique : Israël, au temps de Jésus, vit sous la domination
romaine. C'est un moment difficile de son histoire (encore un…), un moment où d'une
part ce petit peuple est confronté à la grandeur du monde (le monde s'arrêtait aux
frontières de l'empire à cette époque-là) et donc à l'expérience de la mondialisation.
Et à ce jeu-là, le petit peuple n'est pas tout gagnant : il est envahi, dominé par une
puissance étrangère, étranglé financièrement par les taxes en tous genres, envahi par
des dieux qui ne sont pas les siens… Une époque de perte de repères et de valeurs,
une époque où l’on a peur de se perdre dans la multitude du monde, de perdre sa
culture, sa foi, ce qui fait son identité… À ce stade, je tiens à préciser que tout
ressemblance avec une situation connue ou actuelle est fortuite… quoi que…
Et dans l'histoire du monde, d’Abraham à nos jours, quand un peuple a peur de
perdre son identité, il répond généralement par un repli sur lui-même, un
renforcement des lois, un renforcement de la notion d'identité, et l'exclusion de tous
ceux qui n’en sont pas : les différents, les pas comme nous, étrangers, malades,
personnes âgées, handicapées…
Le peuple d'Israël, à l'époque de Jésus, est très conscient de ce qui fait son
identité : la Torah, la Loi, donnée par Dieu à Son Peuple Élu. Pas étonnant que la Loi
soit justement la pierre d'achoppement de Jésus avec les Pharisiens… pas étonnant
que Jésus, malgré toute son ouverture d'esprit et son esprit critique n'ait pas
répondu à l'étrangère…
Oui, mais…
Mais notre histoire ne s'arrête pas là. Heureusement ! Sinon ce serait une
invitation à la rupture du dialogue à laquelle je vous inviterai. L'histoire ne s'arrête
pas là grâce à la ténacité de l'étrangère, mais aussi et surtout à son art du dialogue.
Impressionnante cette femme, je vous le dis.
En réfléchissant à ce que pouvait bien être les conditions d'un dialogue réussi, je
me suis replongée dans la lecture d'un tout petit livre, édité il y a quelques années par
« La Main Tendue » : « Écouter, c'est l'Aventure… ». J'ai remplacé les mots
« écouter », par celui de « dialoguer » et j'ai été vraiment surprise de voir que tous
les conseils qui sont donnés dans ce livret ont été scrupuleusement suivis, des siècles
auparavant (!) par la Cananéenne. Écoutez plutôt :
Dialoguer, c'est risquer: elle apostrophe un homme à qui, normalement, elle
n'aurait jamais dû parler. Elle risque et s'en prend plein la figure.
Dialoguer, c'est savoir se taire: elle n'en rajoute pas, elle ne répond pas à la
provocation, elle ne fait pas la leçon à Jésus en le contredisant. Elle ne met pas
d’huile sur le feu.
Dialoguer, c'est lui dire avec mes mots ce que j'entends de ses mots : au
lieu de s'offusquer, elle reprend les mots de Jésus (les petits chiens, les
miettes, la table…) pour les lui retourner.
Dialoguer, c'est se laisser toucher: elle est émue et mue par la détresse de
sa fille. Et sa compassion lui permet de se dévoiler.
Dialoguer, c'est voir au-delà des apparences : malgré les réponses
conventionnées de Jésus, elle continue à penser que cet homme est
extraordinaire. Elle l'appelle Maître, elle lui fait confiance.
Dialoguer, c'est percevoir ce qui n'est pas dit: elle parie sur la compassion
qui habite Jésus, au-delà des mots; elle sait, elle sent, que cet homme peut
quelque chose pour elle et elle insiste.
Dialoguer, c'est ne pas se laisser dominer par ce qu'on a envie de dire : elle ne répond pas vertement à l'homme qui la traite comme une moins que rien ;
elle ne laisse rien paraître de la colère qui pourrait l'habiter; elle ne tourne pas
les talons de désespoir.
Dialoguer, c'est accepter de se remettre en question : elle accepte d’être
aux yeux de Jésus et des siens différente, étrangère, pas comme les autres. Et
elle accepte de ne pas rester murée dans sa différence, mais d’appeler à l’aide
celui qui, pour elle, est un étranger.
La Cananéenne connaît l'art du dialogue, pour sûr, toute femme et minorité muette
qu’elle est. Inquiète pour sa fille, elle a su se glisser dans un interstice pour obliger
Jésus à agrandir son horizon. Il allait dire « non ». Elle lui dit « oui, mais…. » Elle a été
assez audacieuse pour acquiescer à sa parole, tout en la retournant. Et ce oui appelle
le oui de Jésus.
Il dit « oui » à la Cananéenne, et ce oui l’ouvre à tous les étrangers : à partir de cette
rencontre, Jésus comprend que son ministère ne s'arrête pas aux frontières de son
pays, de son peuple, mais que sa parole de libération est une parole pour tous les
hommes. Elle est ouverture au monde. Elle enverra ses apôtres vers toutes les nations
pour en faire des disciples. Nous pouvons remercier cette Cananéenne…
Savoir être une girouette
L'attitude de Jésus est forcément de la provocation aux yeux des gardiens de la Loi…
La loi, c'est le cadre solide qui fait qu'on ne peut pas tomber, la rambarde à laquelle
on se tient, durant les périodes mouvantes. Sans la loi, on s'écroule. Mais Jésus ne
s'est pas écroulé…
Je me rappelle d'un jour où, en visite à la synagogue de Lausanne, le rabbin avait dit
des protestants (avec beaucoup de respect, mais un brin d'ironie quand même) qu'ils
étaient des girouettes, se tournant dans la direction où le vent, la mode, les
circonstances, les poussent. Il voulait dire par là, que, contrairement aux Juifs qui
s'appuient de tout leur poids sur la Loi et les commentaires de la Loi et les ajouts à la
Loi, en toutes circonstances les protestants changeaient d'avis en fonction de l'air du
temps. Pas très glorieux comme image!
Et pourtant je me souviens de la réponse extraordinaire d'un ami à cette remarque :
« Monsieur le Rabbin, c'est vrai, nous sommes des girouettes. Mais si vous croyez que
c'est l'axe horizontal qui est important dans une girouette, vous faites complètement
erreur. Car ce qui est important, c'est l'axe vertical ! »
Et tant que notre axe vertical est fermement ancré en Christ, dans notre foi en Dieu,
immergé dans son Amour, nous pouvons tourner notre regard dans tous les sens, le
porter vers qui nous voulons, vers quoi nous voulons, nous ne risquons rien.
L'axe vertical de Jésus était fermement ancré dans sa relation à son Père et c'est ce
qui lui a permis de tourner son regard vers la Cananéenne et de lui dire « oui », sans
avoir à s'agripper à la rambarde de la Loi, mais sans tomber non plus.
Et ce oui de Jésus nous invite au dialogue : avec nous-mêmes, avec nos proches, avec
nos compatriotes, avec les étrangers d'ici, et ceux de là-bas… N'ayons pas peur!
Encrons solidement notre girouette dans notre foi en Dieu et tournons-nous avec
respect vers les autres, tous les autres, de tous les côtés…
Notes [1] Référence à l’actualité de l’automne 2007 : campagne populiste du mouton noir en
Suisse et consultations sur les accommodements raisonnables au Québec.
[2] L’auteur de ce passage nous est inconnu.
[3] Terre Nouvelle regroupe les trois œuvres d'entraide à caractère missionnaire des
églises protestantes romandes : PPP, EPER et DM-Echange et mission.
www.interbible.org, consulté le 09/08/11
*****
GLANURES
PRAXIS 1997
Y a t-il de l’espoir ? Parfois,
je vais jusque sur le seuil,
je respire à fond, me frotte les yeux,
et observe,
y a t-il de l’espoir ?
J’observe l’atmosphère,
détermine la couleur du vent,
contrôle la position du soleil sur ma maison,
examine la rue pour savoir si elle est sûre.
Mais quels sont les signes,
les critères fiables ?
L’amabilité des passants est si variable,
On n’est même pas sûr avec la femme des journaux.
Ou bien,
cela dépendrait-il du rythme de mon propre cœur ?
ou de l’état de mon système digestif ?
ou du taux de calcium de ma petite philosophie ?
Les fenêtres du voisin ont un air menaçant.
Je pense alors à celui
qui discerna la foi derrière la superstition.
Il n’a pas rejeté la main qui, en secret, tâtait son manteau,
rien que le manteau, pour voir s’il y avait un espoir,
et je saisis la main !
***** *****
Romains11/ 25-32 : Notes pour texte Luthérien /Année 2- 10ème
dimanche après Trinité .
GLAUBE UND HEIMAT
Martin HERRMANN Frères en chemins 32 « Dieu a permis que tous les êtres humains refusent d’obéir, pour montrer à tous sa pitié. »
Paul est en chemin. Il veut établir un pont entre les juifs et les chrétiens, éveiller une
compréhension mutuelle. Il voudrait faire comprendre l’incroyable : Comment celui qui
était envoyé par Dieu a t-il pu être condamné par la maison d’Israël ? Mais cela a une
signification. Tous sont inclus dans le projet de salut. Ainsi, personne n’est en droit de
jeter la pierre à l’autre. Celui qui tente de le faire tout de même détruit les
passerelles de compréhension et se place en-dehors du projet de Dieu.
Devant Dieu, il n’est pas admissible de se monter le cou.
Paul avait de grandes attentes et de grandes espérances pour son temps.
Il nous présente son point de vue.
Le Sauveur viendra de Sion, pour les juifs comme pour les païens.
Car tous sont inclus dans le plan de Dieu.
Près de 2.000 ans se sont écoulés depuis lors. Paul écrirait ces lignes très
différemment s’il le faisait aujourd’hui. Les chemins suivis par l'Église n’ont pas
toujours été les chemins de Dieu. L’orgueil humain et l’esprit de séparation ont
souvent primé sur le commandement de l’amour de Dieu. L’histoire humaine est faite
de fossés et de barricades, de préjugés et de méfiances. Nous pensons aux guerres
du passé et du présent, aux souffrances indicibles et la culpabilité difficile à
surmonter, surtout à l’égard du peuple juif. Ce savoir ne nous facilite pas la tâche
lorsqu’il s’agit de persister dans l’annonce de l’espérance et de la grâce.
Nous nous en tiendrons pourtant à la confession de Paul.
La volonté divine prime sur tout le reste, elle est agissante pour relier ce qui est
séparé et elle nous accepte en dépit de toutes nos limitations et fautes.
Nous sommes aujourd’hui comme Paul l’était de son temps : nous sommes en chemin.
La miséricorde de Dieu nous permet de ne pas nous perdre dans les profondeurs
infinies de nos séparations et de nos orgueils. Les chrétiens et les juifs sont en
dialogue.
Ce qui les unit, c’est la Bible, ancien et nouveau Testaments.
Tous, nous sommes personnellement invités à réfléchir, à rechercher des possibilités
de se faire confiance. C’est le seul moyen de surmonter les moments où l’on, se sait
pas que dire. Nous sommes réconciliés lorsque nous nous estimons mutuellement et
apprenons les uns des autres. Jésus-Christ a réconcilié les humains et les peuples au
nom de son Père.
C’est en regardant à lui que nous oserons nous engager vers de nouveaux rivages.
***
PRAXIS 1998
APPROCHE
Reiner JANSEN Par une équipe suisse qui se réunit mensuellement pour une de préparation de prédications. Les participants ne savaient pas d’avance qu’il s’agissait du dimanche d’Israël.
1ère réaction négative à cause de l’emploi du terme « endurcissement ». Peut-on
employer un tel terme lorsqu’il s’agit d’un peuple ? Paul n’aurait-il pas mieux fait de
dire ; « J’étais endurci » ?
On pourrait croire que Paul se croit complètement initié aux secrets de Dieu.
APPROCHE APPROFONDIE En cours d’entretien, on découvre que le secret, c’est que Dieu a compassion de tous
les humains, ce qui inclut aussi la totalité d’Israël.
Paul dirait-il aujourd’hui : « Malgré tous les détours et contours, Dieu trouvera une
solution » ?
25 : Qui sont ces gens qui se considèrent sages ? Serait-ce ceux qui parlent d’un
endurcissement et d’un rejet définitifs d’Israël ? Si Dieu était l’instigateur direct de
l’endurcissement, pourquoi aurait-il précisément choisi son peuple ? Dieu utilise-t-il les
humains et les peuples comme des marionnettes ?
Ou plutôt : « Quelles sont les interrelations des actions des humains et celles de
Dieu » ?
A quoi Paul pense-t-il concrètement lorsqu’il parle de désobéissance ?
Découverte importante : Israël conserve sa vocation de réaliser dans le monde la
volonté de Dieu, même si la totalité du peuple ne s’y consacre pas.
Pour les non juifs, l’endurcissement d’une partie d’Israël a une conséquence positive :
ils sont ajoutés aux élus parce que Dieu a pitié d’eux.
Cela nous fait penser à la parabole du grand festin dans Luc 14 / 15ss, sans le verset
24. Paul écrit par impatience. Il a contribué à ce que beaucoup de païens trouvent la foi en
Christ.
Il attend la prochaine irruption du Royaume de Dieu. Le fait que beaucoup de gens de
son peuple ne parviennent pas à croire au Christ l’irrite profondément. Nous vivons
2.000 ans plus tard. Quel est pour nous le sens des déclarations de Paul, alors que
nous ne comptons plus sur la fin prochaine de l’histoire ?
Une prédication sur ce texte devrait aussi mentionner qu’au cours des 20 siècles
écoulés les paroles de Paul ont aussi été utilisées pour mettre Israël à l’écart et le
persécuter.
Même si nous ne jugeons pas Paul, pouvons-nous transmettre ses déclarations d’une
façon « innocente » ?
Concrètement : pouvons-nous encore dire que l’endurcissement persiste sur une partie
d’Israël et que, pour les païens, les Juifs sont encore ennemis de Dieu à notre
avantage ?
Il est devenu clair pour nous que les Juifs n’entreront pas dans le Royaume de Dieu
grâce à nos efforts. Les efforts missionnaires ne semblent guère utiles.
Une autre question nous a préoccupés :
Paul passe de l’impatience à la patience lorsqu’il s’appuie sur la compassion de Dieu.
D’où tirerons-nous la patience et la persévérance nécessaires ?
ESQUISSE
Klaus VON MERING Depuis 30 ans que je prêche, je constate maintenant que pendant ce laps de temps,
rien n’a autant évolué que notre compréhension de la relation avec le peuple d’Israël.
Dans mes premières prédications, au cours des années 60, j’ai sans me poser de
problème, repris la thèse de Luther selon laquelle la destruction de Jérusalem était le
signe visible du remplacement du peuple d’Israël par l'Église. Cette possibilité d’un
rejet par Dieu donnait la note dominante : veillons, car si nous ne restons pas fidèles,
Dieu interviendra contre nous !
Il est vrai que Gerhard VON RAD nous a enseigné qu’il était faux de placer la
relation entre Ancien et Nouveau Testaments dans la polarité Loi et Évangile. De ce
fait, par exemple, le terme de pharisien ne signifie pas systématiquement hypocrite
satisfait de lui-même.
Mais ce que Paul dit dans les chapitres 9 à 11 de la lettre aux Romains à propos du
maintien de l’alliance, tout comme le fait que Jésus était juif, restait sans effets
sensibles lors de l’interprétation pratique des textes.
La tension entre l’exégèse historique / critique et les efforts d’interprétation
existentielle éclipsait aussi bien la question du rôle d’Israël dans l’histoire du salut
que celle de ce rôle actuel dans la l’Occident chrétien, et particulièrement en
Allemagne.
Les jeunes collègues se trouvent actuellement dans une situation différente.
Mais ils ne peuvent échapper au problème ; ne serait-ce que parce qu’une bonne partie
de leurs auditeurs ont grandi avec les anciennes « traditions » et n’ont pas encore
appris à remarquer que dans le témoignage rendu au Christ dans le Nouveau
Testament nous avons affaire à des déclarations de juifs concernant un juif.
Il en résulte un double problème :
les remous de l’holocauste sont tels qu’ils tendent à provoquer un réflexe
inconscient d’autodéfense contre toute velléité de se laisser enseigner sur ce
sujet.
d’autre part, il ne suffit pas de décréter un Dimanche d’Israël. Le fait que le
thème devienne une sorte d’exercice imposé peut empêcher de se rendre compte
de ce qu’il s’agit ici des points centraux de la foi évangélique, tout particulièrement
exposés en Romains 3.
Pour le Kirchentag de Leipzig, 1997, on a donné la traduction suivante : la justice de Dieu est devenue visible en-dehors de la Tora, comme la Tora et les
Prophètes l’avaient annoncé. ... Nous comptons en effet que l’être humain est rendu
juste par la confiance, sans considération des œuvres de la Tora. ... Tout comme il est
certain que Dieu est unique et qu’il veut que le peuple de la circoncision soit rendu
juste par la confiance, les peuples de l’in-circoncision le sont par la confiance.
Écartons nous la Tora lorsque nous insistons sur la confiance ? En aucun cas ! Bien
plus : nous accomplissons la Tora !
La Tora est avant toutes choses un document instituant une communauté pour que
tous soient élus par grâce. Dieu a un parti pris pour les petits et les faibles. Il a choisi
Israël, le plus petit parmi les peuples (Deutéronome 7/7) pour que sa justice
parvienne à tous les peuples. Pour les juifs, la Tora est en même temps un conseiller
qui permet de triompher des troubles dans la relation avec Dieu. Ces troubles
proviennent souvent du fait qu’au sein du peuple on a méconnu le parti pris de Dieu en
faveur des faibles.
On l’a méconnu aux dépens des faibles d’Israël et aux dépens des faibles étrangers
(Exode 22/20, Nombres 15/15, etc). Paul dit que cette seconde fonction (rituelle)
de la Tora ne vaut pas pour les peuples étrangers. C’est pourquoi ceux-ci peuvent venir
à Christ sur base de son sacrifice, sans devoir devenir juifs.
Il est clair que lui, Paul, reste juif. Chaque prédicateur devra choisir sa manière
d’aborder ce problème.
Peut-être pourrait-on, en particulier, déclarer simplement qu’au cours des prochaines
semaines, les textes proposés pour la prédication seront particulièrement écoutés
pour discerner ce qu’ils comportent en provenance de la foi et de la pensée judaïques.
On pourrait aussi envisager des entretiens pour y traiter de sujets en relation avec
ce contexte. Ou dénicher (ou rédiger) un texte accessibles a de non théologiens,
textes que les participants au culte pourraient emporter avec eux. Prendre contact,
s’il en est encore temps, avec les « spécialistes » des relations avec le judaïsme.
Thèmes à éviter absolument : esquiver en traitant de sujets humains plus généraux, par exemple « L’endurcissement
en tant que phénomène psychologique », ou, partant de l’exemple de Paul, « les
mésententes dans les relations amicales ou familiales. »
Plus que jamais, en ce dimanche, la voie conduisant à une prédication non engagée nous
reste barrée. Ne faisons pas semblant de croire que l’être humain puisse exister en-
dehors de sa particularité personnelle : femme ou homme, juifs ou non juif, européen
ou autre !
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