Himyar et Israël

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Monsieur Christian Robin Himyar et Israël In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 2, 2004. pp. 831- 908. Citer ce document / Cite this document : Robin Christian. Himyar et Israël. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 2, 2004. pp. 831-908. doi : 10.3406/crai.2004.22750 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_2_22750

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Monsieur Christian Robin

Himyar et IsralIn: Comptes-rendus des sances de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e anne, N. 2, 2004. pp. 831908.

Citer ce document / Cite this document : Robin Christian. Himyar et Isral. In: Comptes-rendus des sances de l'Acadmie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e anne, N. 2, 2004. pp. 831-908. doi : 10.3406/crai.2004.22750 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_2_22750

COMMUNICATION HIMYAR ET ISRAL, PAR M. CHRISTIAN- JULIEN ROBIN, CORRESPONDANT DE L'ACADMIE La science europenne a commenc s'intresser la religion musulmane et ses origines au dbut du xixe sicle. Trs vite, il est apparu que l'une des principales sources d'inspiration du Coran tait le judasme, dont la trace est aisment identifiable dans le lexique, les concepts, les pratiques rituelles ou les rcits exemplaires1. La question s'est alors pose de savoir comment le premier islam avait t influenc par le judasme. Les sources islamiques dont nous disposons aujourd'hui, composes plus de deux sicles aprs les vnements - ce qui amne certains cher cheurs les rcuser - suggrent trois types de rponse. La premire est la prsence d'importantes communauts Taym3 ou les oasis du Nord du cette principalement Khaybar, juives dansYathrib. Or, c'est dans Hijz,dernire oasis (renomme par la suite Mdine) que Muhammad fonde la premire princi paut musulmane en 622. Il tait donc naturel de supposer que Muhammad tirait ses connaissances d'un contact direct avec les juifs de Yathrib, sans exclure une transmission secondaire par les polythistes de la mme oasis, qui taient les clients des tribus juives avant de former le noyau initial de la communaut musulmane. La deuxime rponse est donne par le mtier exerc par Muhammad La Mecque. On sait qu'il fut pendant une vingtaine d'annes un ngociant ais, conduisant des caravanes de mar chandises vers le Ymen, la Syrie ou l'Arabie orientale2, pays o il tait ais de rencontrer des adeptes de toutes sortes de croyances.

1. Torrey 1933. Nous renvoyons le lecteur l'Appendice II, en fin de communication, pour les rfrences bibliographiques. 2. Hamidullah 1977.

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Une troisime source d'influence pourrait tre la conversion du Ymen au judasme, sous des rois nomms Abu Karib3 et Joseph (Ysuf), de nombreuses gnrations avant Muhammad. Il apparat aujourd'hui que cette troisime explication s'im pose. Le judasme acquiert une position dominante dans la moiti Sud-Ouest de la pninsule prs de 250 ans avant la fondation de la principaut musulmane de Yathrib et la conserve pendant 150 ans. Cette conviction, progressivement partage par la plupart des spcialistes de l'Arabie du Sud4, peine encore s'im poser chez les islamisants. Or, les documents prouvant la vigueur et le rayonnement du judasme de Himyar se multiplient. Pour donner une ide de la rapidit des volutions, depuis un an, cinq inscriptions qui apportent de nouveaux clairages cette ques tion ont t dcouvertes ou sont parvenues ma connaissance. Par ailleurs, en juillet dernier, j'ai eu la possibilit de visiter en Isral le caveau dont la fouille est encore indite rserv aux Himyarites dans la ncropole de Beth Shecarm. Ces donnes nouvelles me conduisent vous proposer de rexaminer les rela tions complexes de Himyar avec le judasme la veille de l'islam. I. Le judasme de l'Arabie prislamique 1. Les sources externes Pour apprcier dans quelle mesure le judasme a gagn des adeptes et a jou un rle politique dans l'Arabie prislamique, je vais tout d'abord voquer les sources externes, dans lesquelles je regroupe les traditions manuscrites en langues grecque, syriaque, guze et arabe, mais aussi les inscriptions juives de Palestine. Je m'tendrai davantage sur ces dernires, dans la mesure o je peux faire tat de donnes nouvelles.

3. Le nom himyarite est Abikarib. Il a t rinterprt en arabe comme une kunya (c'est--dire un surnom indiquant le nom du fils an, rel ou souhait : Abu Karib, le pre de Karib ). 4. Robin 2003, qui dresse un inventaire complet des sources sudarabiques et prsente un tat de la question ( la bibliographie, ajouter Marrassini 1981, Garbini 1996 et Robin 2000). Afin d'allger l'apparat critique de cette communication, il sera frquemment renvoy cet article.

HIMYAR ET ISRAL A. La tradition manuscrite

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La tradition manuscrite nous claire avant tout sur Himyar. Je rappelle que ce royaume ymnite unifie l'ensemble de l'Arabie mridionale dans le dernier quart du 111e sicle, en conqurant les royaumes de Saba' et du Hadramawt. Pendant le IVe sicle, Himyar tend progressivement son influence sur l'Arabie cen trale et occidentale, jusqu' contrler prs de la moiti de la pninsule, ce qui est formalis vers 430 dans un ajout qu'Abkarib fait la titulature royale dans une inscription rupestre releve non loin d'al-Riyd, en Arabie centrale5. Le rejet officiel du polythisme intervient au dbut des annes 380. Ds lors, pendant 150 ans, toutes les inscriptions sont monothistes ou juives. Vers le dbut du vie sicle, il semblerait qu'Aksm (royaume chrtien de l'Ethiopie antique) vassalise les souverains himyarites. Un sursaut politique amne sur le trne un prince juif nomm Joseph6, dont les premiers actes sont le massacre des Aksmites en garnison Zafr (la capitale du royaume)7, la destruction des glises de Zafr et de Makhwn (aujourd'hui al-Makh3 ou Moca) et l'limination des populations chrtiennes lies Aksm et Byzance, notamment dans les rgions ctires et dans l'oasis de Najrn (522-523). Cette perscution sert de prtexte une expdition aksmite qui limine le pouvoir juif et le remplace par des souverains chrtiens, d'origine himyarite tout d'abord, aksmite ensuite8. Himyar demeure sous tutelle directe ou indi recte d' Aksm pendant une cinquantaine d'annes, jusqu' la conqute du Ymen par les Perses sassanides c. 570-575. La tradition manuscrite externe9 est unanime sur le fait que le judasme est la religion dominante dans le royaume de Himyar, au moins vers l'poque du roi Joseph. 5. Ry 509. A roi de Saba', dhu-Raydan, Hadramawt et Yamnat (mk S'b' w-d-Ryd" w-Hdrmwt w-Ymnt), Abkarib ajoute et des Arabes du Haut Pays et de la Cte (w-^rb Twd w-Thmt). Sous les successeurs d'Abkarib, la formulation est lgrement modifie. La titulature devient : roi de Saba1, dhu-Raydn, Hadramawt et Yamnat, et de leurs Arabes dans le Haut Pays et sur la Cte (mlk S'b* w-d-Ryd" w-Hdrmwt w-Ymnt w-"rb-hmw Twdm w-Thmt). 6. Son nom Himyarite est Ysuf As'ar Yath'ar ( Ys*f [ou Yws'f\ 's"r Yt'r). 7. Le site de Zafr se trouve 125 km au sud de San''. Pour les principaux toponymes et thnonymes, voir la carte p. 835. 8. Sur la chronologie de ces vnements, voir Beaucamp et al. 1999. 9. Les textes les plus importants sont cits dans Robin 2003. Pour une analyse de ces sources, voir Beaucamp et al. 1999.

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II s'agit tout d'abord de textes composs une date proche des vnements. Certains sont des chroniques historiques vises gnrales, comme celles de Procope et de Malalas rdiges en grec, et celle de Jean de Nikiou dont ne subsiste qu'une traduc tion abrge en thiopien10. Les autres ont une finalit plus rel igieuse, comme l' Histoire de l'glise de Philostorge, ou les textes hagiographiques rdigs en thiopien, en syriaque et en grec. Les ouvrages arabes islamiques transmettant des traditions anciennes ne sont pas moins unanimes. Parmi les trs nombreux auteurs, je ne citerai que Ya'qb (mort en 897 ap. n. .), qui indique dans une brve synthse sur les religions de l'Arabie : Quant ceux qui devinrent juifs, il s'agit du Ymen en entier. Pour le reste de l'Arabie, on dispose de donnes abondantes, transmises par les sources arabo-islamique, illustrant la vigueur du judasme dans plusieurs grandes oasis du Hijz septentrional l'poque de Muhammad, comme je l'ai dj indiqu. Enfin, quelques documents suggrent que des communauts juives taient prsentes en Arabie orientale. Le plus significatif est le recueil des actes et dcrets des synodes nestoriens. On lit par exemple dans le Canon XVII du synode qui runit, en 676 (plus de 40 ans aprs la conqute islamique), les vques de la rive ara bique du golfe Arabo-persique, le Pays des Qatry : Nous avons appris que, dans ce pays, des chrtiens, aprs avoir reu les saints mystres, s'empressent, en sortant de l'glise aux jours de messe, d'aller aux tavernes des Juifs boire du vin. Ils avilissent, dans leur insanit, le saint Sacrement qu'ils ont reu, par leur mlange avec les juifs qui ont reni la grce. u Seules les sources juives dtonnent dans cet ensemble. De manire tonnante, elles sont totalement muettes sur l'existence d'importantes communauts juives en Arabie12.

viie 10. La en grec, sauf quelques Nikiou semble avoir t rdigeauraient dernier quart du sicle chronique de Jean de passages relatifs l'Egypte qui vers le t composs en copte. Il n'en subsiste qu'une traduction guze, excute au dbut du xvne sicle sur une ancienne paraphrase arabe qui abrgerait l'original. 11. Synodicon orientale, p. 225 et 489, texte et traduction. 12. Krauss 1916 ; Newby 1988, p. 33 sq. (comparer avec p. 54-55).

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Carte. 1. - L'Arabie au vie sicle ap. notre r

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B. Les inscriptions de Palestine et des rgions voisines J'en viens maintenant aux inscriptions dcouvertes au ProcheOrient, qui prouvent la vigueur du judasme arabique, dans sa composante himyarite. a. Beth Shecarm : le caveau des Homrites Pour commencer, je voudrais rexaminer le caveau des Homr ites(nom grec des Himyarites) dans la ncropole de Beth Shecarm, en Isral. On sait que cette bourgade de Basse Galile connut son apoge entre la fin du IIe sicle et le milieu du IVe (date de sa destruction, soit au moment d'une rvolte en 352, soit du fait d'un tremblement de terre dix ans plus tard). Pendant cette priode d'un sicle et demi, Beth Shecarm fut le lieu de spulture le plus recherch par les juifs de Palestine et de la diaspora, notam mentceux de Palmyre, Antioche, Byblos, Beyrouth, Sidon et Tyr, comme le signalent 250 inscriptions, principalement en grec (218) mais aussi en hbreu, en aramen et en palmyrnien. La tombe n 7 qui compte sept caveaux (fig. 1 et 2) est particu lirement intressante. Sur l'arc du dernier caveau de gauche, une courte inscription grecque, peinte en rouge, se lit Homritn, (proprit) des Homrites . Cette inscription, bien lisible au moment de la fouille, est aujourd'hui moiti efface (fig. 3). Il est notable que des Himyarites aient dispos d'un caveau Beth Shecarm, mais aussi que ce caveau (qui compte seulement quatre locul) ait t de dimensions si modestes. Selon toute vra isemblance, quelques juifs pieux de Himyar se sont fait ensevelir dans la ncropole de cette ville, pour reposer en terre d'Isral. Mais on ne saurait exclure une seconde ventualit, l'existence d'une petite communaut de juifs himyarites tablis Beth She'arm pour suivre un enseignement religieux. Dans les deux cas, l'inscrip tion prouve indirectement l'existence d'une communaut juive dans le royaume himyarite au me sicle ou au dbut du IVe. La description du tombeau de Beth She'arm que je viens de donner se fonde sur les notes prises au cours d'une visite du site effectue en juillet 200313. En effet, les fouilles, qui remontent aux annes 1930 et 1940, ne sont pas encore publies.

13. Je suis redevable de cette visite MM. Avi Shoket et Tsvika Tsuk.

Fig. 1. - La tombe dans laquelle se trouve le caveau des Himyarites (ncropole de Beth She'arm, Galile, Isral). Ce caveau se devine au fond gauche.

Fig. 2. - La tombe dans laquelle se trouve le caveau des Himyarites (ncropole de Beth She'arm, Galile, Isral). Croquis indit de la tombe (remis obl igeamment par Ronny Reich). Le caveau des Himyarites se trouve en bas, gauche (III, 3).

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b. Su'ar : l'pitaphe de Yoseh Si le tombeau himyarite de Beth She'arm parat modeste, deux inscriptions toutes nouvelles illustrent de manire clatante la vigueur du judasme himyarite. Elles ont t publies en hbreu, par Joseph Naveh, en 1999 et en 2003. La premire, qui appartient un collectionneur anglais, pro vient vraisemblablement de Sucar, un site byzantin important du rivage mridional de la mer Morte, aujourd'hui en Jordanie. C'est l'pitaphe d'un certain Yoseh fils d'Awf (fig. 4 et Appendice I, document n 8), qui trpassa dans la ville de Tafar dans le Pays des Himyarites, partit pour le Pays d'Isral et fut enterr le jour de la veille du Sabbat, le 29e jour du mois de tammz, la premire anne de la semaine (d'annes), gale l'an [400] de la destruction du Temple. Paix [shalm], paix sur toi dans ta demeure souterraine . La date de 400 aprs la destruction du Temple, dont la lecture n'est pas compltement sre, correspond 470-471 ap. n. . Le dfunt mentionn sur cette stle, Yoseh fils d'Awf, est incontestablement juif, comme le prouvent son nom, le fait qu'il veuille se faire enterrer en terre d'Isral, les modes de datation, la rfrence au sabbat et l'exclamation rituelle shalm. Mais si Yoseh est un nom attest dans le judasme, ce n'est pas le cas du patronyme Awf, qui est typiquement arabe. Le pre de Yoseh est donc originaire d'une rgion de langue arabe, recher cher Proche-Orient ou en Arabie dserte, mais non d'une au contre de langue sudarabique, comme le cur du royaume de Himyar, o la langue de rfrence est le saben14. Yoseh fils d'Awf serait donc un juif d'origine arabe, dont les ossements, aprs sa mort au Ymen Tafr (graphie aramenne de Zafr), ont t transports en terre d'Isral. La raison de son sjour Zafr est inconnue.

14. En saben, le correspondant de Awf wfy) est Hawf (Hwfm), avec un h en ini tiale, la place du alif: voir CIH 545 = Louvre 100/3. Awf et Hawf1 sont l'abrviation par apocope d'anthroponymes composs avec les verbes awf ou hwfy (racine WFY la forme factitive) et un nom de divinit. En arabe, seul Awf est attest ; pour le sudarabique, voir Hwf'l, Hwfm, Hwftt, Hwfwd, etc.). J. Naveh n'avait pas reconnu l'origine arabe d'Awf. Pour la rsolution des sigles et la bibliographie des inscriptions, voir Robin 2003, comp lter ventuellement par Kitchen 2000.

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Fig. 3. - L'inscription grecque indiquant que le caveau est la (proprit) des Himyarites (ncropole de Beth Shecarm, Galile, Isral). Elle se lit Omritn. Cette photographie, prise en juillet 2003, montre que les inscrip tions peintes se dgradent rapidement depuis l'ouverture du tombeau.

Fia 4. - L'pitaphe de Yoseh fil d'Awf (d'aprs Joseph Naveh). Voir Appendice I, document n 8.

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c. L'pitaphe de Leah La seconde inscription, elle aussi la proprit d'un collection neur, a galement t publie par Joseph Naveh. Il s'agit nouveau d'une pitaphe, grave sur une dalle d'albtre, qui ne ressemble nulle autre, de sorte que son origine est totalement inconnue. Elle est rdige en aramen et en saben (fig. 5 et Appendice I, document n 9). L'emploi de l'aramen et les maladresses du saben (Ywdh pour Yhwdh ; w crit sur la ligne la fin de la 1. 1) suggrent une origine proche-orientale, sans qu'on puisse exclure le Ymen. Aramen Ceci est la spulture de Leah, fille de Juda. Puisse son me (reposer) pour la vie ternelle et elle reposera et se tiendra (prte) pour la rsurrection la fin des jours. Amen et Amen. Shalm . Saben Spulture de Leah, fille de Yawdah. Que Rahmnn lui accorde le repos. Amen, shalm . La dfunte, Leah fille de Juda, est incontestablement juive. Son nom et les exclamations rituelles amen et shalm le souli gnent. Mais les deux versions ne le confirment pas de la mme manire. Autant l'aramen est explicite, avec une prire inspire du Livre de Daniel, autant le saben est vague, avec un vu plutt anodin. Noter que Dieu n'est pas cit en aramen, mais qu'il est appel Rahmnn en saben, nom qui tait dj attest pour le Dieu des juifs himyarites. Mme enterre en Palestine ou proximit, Leah fille de Juda a tenu rappeler son origine par un petit texte en saben, excut avec soin. Les deux pitaphes illustrent le souhait des juifs d'Arabie de reposer en terre d'Isral aprs leur mort. On le supposait dj grce au caveau de Beth She'arm. L'inscription de Leah apporte galement un clairage intres sant sur les habitudes stylistiques des inscriptions himyarites juives. Si l'aramen fait rfrence la vie future, mais sans ment ionner le nom de Dieu, le saben nomme Dieu (sous son appel lation de Rahmnn, le Clment ), mais reste vague dans la prire qui Lui est adresse. Ce sont deux traits qui se retouveront.

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Fia 5. - L'pitaphe de Leah fille de Juda (dessin de Maria Gorea). Voir Appendice I, document n 9. 2. Le judasme en Arabie d'aprs les sources internes A. Arabie du Nord-Ouest Parmi les nombreuses inscriptions dcouvertes en Arabie du Nord-Ouest, bien peu paraissent avoir un auteur juif15. Pourtant, si l'on en croit les sources manuscrites arabo-musulmanes, le judasme tait bien implant et solidement organis dans le nord du Hijz c. 600 ap. n. .16. Les inscriptions rdiges par des juifs se rpartissent en deux catgories : - d'une part les petits textes rupestres, htivement gravs en certains lieux par des plerins ou des voyageurs, qui souhaitent laisser une trace de leur passage ; - d'autre part les pitaphes inscrites sur une stle ou sur un rocher proximit d'un tombeau. 15. Frey 1952 : Noja 1979. 16. Lecker 1995 b et 1998.

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Dans la premire catgorie, on relve huit graffites rdigs en hbreu. On leur ajoutera une signature en nabaten sur un cadran solaire, ainsi que deux graffites lihynites et quatre nabatens, dont les auteurs paraissent porter un nom juif. Les pitaphes sont au nombre de six, toutes en langue et en criture nabatennes : - une datant de l't de la troisime anne de Maliku, roi de Nabatne (42-43 ap. n. .) dont l'auteur, un certain Shubaytu, se dclare juif ou juden (Yhwdy') ; - deux autres (dates de 306-307 et de l't 356 ap. n. .), dont les auteurs portent des noms juifs, tels que Simon ou Samuel ; - trois comportant des formules ou des titres qui ont t consi drs comme juifs. La plus tardive de ces inscriptions est celle de 356 ap. notre re. En dehors des graffites hbraques et de l'pitaphe du juif (ou juden) Shubaytu, on conviendra que les indices de judasme sont tnus. Sur des documents tels que des pitaphes, il est tonnant de ne lire aucune indication explicite d'affiliation religieuse, aucune prire pour le repos de l'me ou la vie future, aucune exclamation liturgique explicitement juive, aucun symbole, aucune mention d'Isral. Ce petit corpus, qui provient surtout de Mad'in Slih et alcUl, invite supposer que, vers les ier-ive sicles ap. notre re, il existait probablement de petites communauts juives dans les grandes oasis du Nord du Hijz, mais que ces communauts res taient trs discrtes sur leurs prfrences religieuses. Cette pru dence est sans doute l'indice d'une situation politique mal contrle et d'une certaine vulnrabilit. Aucun texte pigraphique ne date de la priode o le judasme tait une puissance politique en Arabie du Nord-Ouest, vers la fin du vie sicle et le dbut du vne. B. L'Arabie mridionale Pour l'Arabie mridionale, la moisson est notablement plus riche. Treize documents sont juifs avec un trs haut degr de pro babilit. Onze sont rdigs en langue et en criture sabennes17 : 17. Voir Robin 2003 pour les textes connus l'poque.

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- trois invoquent le peuple d'Isral , expression sur laquelle je vais revenir (Appendice I, documents nos 1 et 2, fig. 13 et 11-12)18 ; - un autre commence par la prire : Que bnissent et soient bnis le nom de Rahmann qui est au ciel, Isral et leur dieu, le Seigneur des Juifs, qui a aid son serviteur (Appendice I, docu ment n 3)19 ; - le quatrime est un dcret instituant un cimetire rserv aux juifs (Appendice I, document n 4)20 ; - trois ont pour auteur un gnral du roi Joseph (en saben Ys1/ [ou Ywsf\ V V Yfr), roi qui porte un nom trs probablement juif21 ; ces inscriptions voquent des mesures anti-chrtiennes, la plus explicite tant la destruction d'glises ; l'une d'entre elles appelle Dieu "lhn (pluriel dtermin de 7/z, dieu ), calque de l'hbreu elohim ; une autre se termine avec une invocation au Seigneur des juifs ; - une se termine par l'exclamation Seigneur des juifs 22 ; - un fragment d'inscription indit a pour auteur un personnage dont le nom, Yshq, est certainement juif (fig. 6, Appendice I, document n 5) ; - un sceau indit avec deux noms comporte une mnorah (fig. 7, Appendice I, document n 10). Deux autres documents sont en hbreu ou en judo-aramen : - l'inscription hbraque de Bayt Hdir, reproduisant une partie de la liste des 24 classes sacerdotales donne par le livre des Chroniques (I Ch 24, 7-18) (fig. 8 et 9, Appendice I, document n 6)23 ; - un sceau reprsentant une sorte de tabernacle sur pieds dans une niche (sans doute l'arche dans laquelle sont dposs les rou leaux de la Torah), avec l'inscription judo-aramenne Isaac fils de Hannah (Yshq br Hnynh) (fig. 10 et Appendice I, document n 7). Il a t rcemment dcouvert par Paul Yule Zafr24 ;

18. ZM 2000/8 Garb Bayt al-Ashwal 1/3, et Garb Frammenti II, 7 (Garbini 1973, p. 590 et pi. I d). Le nom d'Isral se trouve galement dans CIH 543/1. 19. CIH 543 = ZM 772 A + B. 20. Hasl. 21. Ry 508, Ja 1028 et Ry 507. 22. Ry 515/5. La mme dsignation de Dieu se trouve galement dans CIH 543/2 et Ja 1028/12 dj mentionns. 23. DJE 23. 24. Yule 2005, p. 28, fig. 10.

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A ces treize textes juifs, il faut en ajouter neuf autres, vraisem blablement juifs qui comportent les exclamations liturgiques sHwm {shalm) (trois) et 3m {amen) (sept)25. Pour tre complet, il convient de rappeler que l'pitaphe de Leah, rdige en saben et en aramen, pourrait provenir du Ymen, comme nous l'avons dit. Un seul de ces documents est identifi comme juif cause de l'onomastique : de fait, les noms de personnes, sauf exception, restent himyarites. Quant aux nombreux termes emprunts l'aramen, ils ne constituent pas un critre dcisif, puisque les ins criptions chrtiennes en comptent tout autant. II. La rforme d'Abkarib 1. Le peuple d'Isral du royaume de Himyar Dans ce corpus, je voudrais m'attarder sur les deux inscrip tions, plus peut-tre une troisime, qui invoquent le peuple d'Is ral (s2cb- Ys3fl)26. On a coutume d'appeler invocations les formules strotypes en fin de texte, dans lesquelles les Sudarabiques numrent les entits surnaturelles et terrestres qui ont accord leur patronage ou apport leur aide. L'expression le peuple d'Isral a t releve tout d'abord dans une belle inscription dcouverte en 1969 par Giovanni

25. La liste des textes avec shalm donne dans Robin 2003 (p. 107, n. 62) n'a pas chang : ce sont Ir 71 (deuxime monogramme partir de la droite), Robin-Najr 1/3 et Ry 534 + Rayda 1/5. Celle des textes comportant amen (p. 107, n. 61 : Ir 71/6 dj cit pour shalm, Ry 403/6, Ry 513/5 et Mller-Tan'im) s'est allonge depuis lors de quatre units : un texte indit du Muse de Zafr, dat de fvrier 433 (d-hlr [5]42), o cette exclamation se lit avant la date ; deux autres o la mme exclamation peut tre restitue dans la mme position (Garb NIS 4/8 et Gl 1194/11) ; un dernier texte dj cit pour sa mention du peuple d'Isral (ZM 2000/11). Noter que amen et shalm se trouvent aussi dans le graffite hbraque au centre de l'inscription Garb Bayt al-Ashwal 1, ainsi que dans l'pitaphe de Leah, dj cite (en saben et en aramen). Ni shalm (sHwm) ni amen mn) ne se trou vent dans les inscriptions chrtiennes ; noter cependant l'emploi de s'im dans une inscrip tion d'Abraha, souverain ymnite chrtien, d'origine aksumite (Ja 545/4), et de slm sur les monnaies d'Armah, souverain aksumite chrtien du dbut du vne sicle (Munro-Hay 1999, p. 45-46, argent et bronze, et p. 26 pour la date). 26. Ys3fl est le dcalque exact de l'hbreu Yisra'el. L'un et l'autre taient probablement prononcs /Yisra'el/ dans les premiers sicles de l're chrtienne. Dans cette orthographe, noter que le y' initial est conserv, alors qu'il est remplac par un alif dans l'arabe du Coran (Isr'l). Le mme phnomne s'observe dans les anthroponymes Yshq ou Ys'm"l (arabe Ishq et Ism'l) : ce propos, voir le commentaire de ZM 020134, ci-dessous, Appendice I, document n 5.

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Fig. 6. - Inscription indite provenant Zafr (capitale du royaume antique de Himyar au Ymen). Elle a pour auteur un certain Isaac (Yshq) dont le nom indique l'adhsion au judasme. Photographie Paul Yule. Voir Appendice I, document n 5.

Fig. 7. - Sceau indit provenant d'une collection prive. La menorah (chandelier sept branches) signale que Hayy (fils de) cAwdum (Hyw 'dm) est certain ement Voir Appendice I, document n 10. juif.

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Fia 8. - Appendice I, hbraque n 6. 23, de Bayt Hdir ( quelque 15 km l'est de SancJ). Voir L'inscription document DJE

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Fia 9. - L'inscription hbraque DJE 23, de Bayt Hadir ( quelque 15 km l'est de San'5) (dessin Maria Gorea). Voir Appendice I, document n 6.

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Garbini (fig. 11 et 12, Appendice I, document n 2). Un person nage inconnu par ailleurs, qui ne donne ni patronyme, ni nom de lignage, commmore la construction d'un palais dans la capitale de Himyar. Il s'agit sans aucun doute d'un juif, comme l'indiquent son nom (Yahda5), l'invocation d'Isral et un petit texte en hbreu grav dans le monogramme central. La question qui reste en suspend est de savoir si Yahda' est d'ascendance himyarite ou non, en d'autres termes s'il est un himyarite converti ou un juif de la diaspora. L'pithte (c'est--dire le second nom) Yakkuf est porte par un roi de Himyar postrieur : elle oriente vers une origine himyarite noble. Mais l'absence de patronyme et de nom de lignage suggre en sens inverse un statut social de dpen dance, qui conviendrait bien pour un tranger. Les invocations de l'inscription de Yahda3 numrent succes sivement Dieu, le peuple d'Isral, le roi Dhara"amar et la famille de Yahda3. Cet ordre prsente une innovation sur laquelle je reviendrai. Je voudrais seulement souligner ici que l'interprta tion de l'expression son peuple Isral prsente une difficult : on ne saurait dire si le pronom possessif son renvoie Dieu ou Yahda3. La mention du roi Dhara"amar permet de dater le texte des annes 380-420. La dcouverte d'un nouveau texte, publi par Mme Iwona Gajda dans les Mlanges Piotrovskij (fig. 13, Appendice I, docu ment n l)27, permet aujourd'hui de rsoudre les deux principales difficults de l'inscription de Yahda3. La premire interrogation tait relative au peuple d'Isral, dont on ne pouvait pas tablir s'il tait le peuple de Dieu ou celui de l'auteur du texte. Or, l'inscription Gajda est explicite sur ce point : le peuple d'Isral est celui des auteurs. La seconde interrogation dans l'interprtation de l'inscription de Yahda3 concernait l'origine de ce dernier : tait-il un Himyar ite converti au judasme ou un juif de la diaspora ? L aussi, le nouveau texte apporte une rponse franche : ses auteurs, incon testablement juifs, sont des Himyarites de souche, comme l'indique explicitement leur identit, qui numre six maisons aristocratiques sur lesquelles ils ont autorit.

27. Gajda 2004 b.

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Fig. 10. - Le sceau d'un certain Isaac fils de Hanina (Yshq br Hnynh), dont le nom est crit en judo-aramen. Au centre, on reconnat, semble-t-il, la niche et l'armoire dans laquelle sont rangs les rouleaux de la Torah. Ce sceau a t acquis Zafr. Photographie Paul Yule. Voir Appendice I, document n 7.

Fig. 11. - Inscription d'un certain Yahuda' Yakkuf qui commmore la construction de son palais Zafr (c. 380420). Ce Yahda' est incontestablement juif, comme l'indique notamment son nom, l'invocation son peuple Isral et le graffite en hbreu incis dans le monogramme central (voir fig. 12 et Appendice I, document n 2). Enfin, comme dans l'inscription de Yahuda', les trois invoca tionsqui prcdent la date numrent successivement Dieu, leur peuple Isral et le souverain. Ce document capital, qui appellerait bien d'autres commenta ires, dat d'avril 470 ap. notre re. Il est donc postrieur de. est quelque 70 ans au prcdent.

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

Fia 12. - Le graffite en hbreu dans le monogramme central de l'inscription de Yahda' (voir fig. 11 et Appendice I, document n 2).

Fig. 13. - L'inscription du muse de Zafar 2000. Son auteur, un aristocrate ymnite, se rcl Yule. Voir Appendice I, document n 1 .

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

Une invocation au peuple d'Isral peut encore tre resti tue dans un petit fragment publi par Giovanni Garbini en 1973, dans lequel on trouve nouveau la squence Dieu-Peuple d'Is ral-Rois28. La mention conjointe des rois [Dhara"amar] Ayman et Hassan Yuha'[min], corgents d'Abkarib, date ce document des annes 400-420. Nous disposons donc dsormais de trois textes dont les auteurs invoquent leur peuple Isral entre Dieu et les souverains. 2. Le peuple d'Isral et la rforme sociale Pour interprter la signification de cette expression, il importe d'examiner trois aspects. Le premier est le sens et les emplois du mot s27 S1myn wme 3rdn w-b-rd3 me (s2)cb-hmw Ys3r3l w-b-rd3 mf-hmw S2rh(b)= 7 mlk Sb3 w-d-Rydn w-Hdrmwt w-l-(h) mr-hmw b-hw Rhmn" hywm ks3h[m] wrfhjhw d-tbt" d-l-tmny w-hms1 m3(tm 3m)[nj

Monogrammes : - droite, Hryn ; gauche, Nhs1". - au milieu, le nom de l'auteur du texte (avec les lettres y/\ ni3, b, m et peut-tre s1) ; les mmes lettres se trouvent dans le mono gramme (lgrement diffrent) CIH 815. La lecture Bnymn est conjecturale. [Benja]min Abshammar, son pouse Abfal et leurs enfants Ya[h|da]3 Marthad'ln, ban Hry", Dhrih, Kahnal, B3ln,

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NhsJn et Haywatum, ont construit, pos les fondations et achev leur maison Yrs3 pour la vie et le salut d'eux-mmes, de leurs enfants, | de leurs proches et de leurs serviteurs. Avec l'assi stance et la puissance de leur seigneur Iln, seigneur du Ciel et de la Terre, avec l'assistance de leur peuple Isral et avec l'a ssistance de leur seigneur Shurihbi3l,| roi de Saba3, dhu-Raydn et du Hadramawt. Que Rahmann leur y donne une vie digne. Au mois de dhu-thabatn de cinq cent quatre-vingts . | | | Parmi les noms de lignage des lignes 2-3, seuls sont dj attests Khnl ( Baynn), Nhsln ( cAmrn et peut-tre Ma'rib) et Hywtm (ci-dessous, document n 5). Ce n'est pas suffisant pour tablir l'origine des auteurs du texte. 2. Inscription de Yahda3 (fig. 11 et 12) Provenance : Zafr. Date : 380-420. Bibliographie : - Giovanni Garbini, Una bilingue sabeo-ebraica da Zafar , dans Annali dell'htituto Orientale di Napoli, 30 (N.S. XX), 1970, p. 153-161 et pi. I a ; - S. D. Goitein, Ktovet du-lashont himyart civrt [A Himyarite-Hebrew 'Bilingual' Inscription], dans Tarbiz, 41, 1972, p. 151-156 [en hbreu], I-II [rsum en anglais]. - Walter W. Mller, Eine hebrisch-sabische Bilinguis aus Bait al-Aswl [lire : Aswal] , dans Neue Ephemeris fur Semitische Epigraphik, 2, 1974, p. 117-123 et pi. x, 33-34 ; - Christian Robin, L'Arabie antique de Karib'l Mahomet, Nouvelles donnes sur l'histoire des Arabes grce aux inscriptions, Revue du Monde musulman et de la Mditerrane, 61, 1991, p. 30 (fig. 8) et 145 ; Robin 2003, p. 100, n. 16. 1 YhwcT Ykf bf w-hwtrn w-hs2qrn byt-hw Ykrb bn mwtr-hw cdy mrymn 2 b-rd" w-b-zkt Mf-hw d-bf nfs^-hw Mf hyn w-mwtn Mf S13 myn wJrdn d-bf klm w-b-slt s2cb-hw Ys3fl w-b-mqm mf -hwD) 4 r"mr "yrri'n mlk S1^ w-d-Rydn w-Hdrmwt w-Ymnt w-b-mqm [bny-J 5 hw w-^rht-hw 'hlkff. yknn l-s3cn-hw [ou : gs3Cn-hw] w-mknt mlkn l-mkrbn w-k-d-'l ] | | |

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Yahda3 Yakkuf a construit, pos les fondations et termin son palais Yakrub, des fondations au sommet, avec l'aide et la grce de son Seigneur qui a cr sa personne, le Seigneur des vivants et des morts, le Seigneur du Ciel et de la Terre, qui a tout cr, avec la prire de son peuple Isral, avec le soutien de son seigneur Dhara^amar Ayma(3)n, roi de Saba3, dhuRaydn, Hadramawt et Yamnat, et avec le soutien de [ses fils] et de sa famille, et afin qu'il n'y ait personne qui intente une action (?) contre lui et le mknt du roi concernant la synagogue Ahlk, ..[ ] Le petit texte, en hbreu, du monogramme central (fig. 12) se lit: ktb Yhwdh zkwr l-twb 'mn slwm 'mn Yahdah a crit ; qu'on s'en souvienne en bien ; amen, shalm ; amen . \ \ Aux 11. 4-5, la difficult rside dans le mot l-s3Cn-hw, qui peut tre lu galement ls3Cn-hw ou gs3Cn-hw (mais non l-m'n-hw comme le proposait Millier 1974) et dans la lacune de quinze vingt signes la fin du texte. L'interprtation retenue suppose l-s3'n-hw (racine WS3C). 3. CIH 543 = ZM 772 A + B Provenance : Zafr. Bibliographie : Yusuf M. Abdallah, The Inscription CIH 543. A new reading based on the newly-found original , dans Sayhadica. Recherches sur les inscriptions de l'Arabie prislamique offertes par ses collgues au Professeur A.F.L. Beeston, dites par Christian Robin et Muhammad Bfaqh (L'Arabie prislamique, 1), San'3 (Centre franais d'tudes ymnites - Centre ymnite d'tudes et de Recherches) - Paris (Geuthner), 1987, p. 3-8 et pi. 1. Pour le sigle du Muse de Zafr, voir Alexander Sima, Der Lautwandel s3>s' im Sabischen : Die Wiedergabe fremden Wortgutes , dans Zeitschrift der Deutschen Morgenlandischen Gesellschaft, 154, 2004, p. 17-34, p. 24. 1 2 3 4 5 fbjrk w-tbrk s1 m Rhmnn d-b-Slmyn w-Ys3fl w3lh-hmw Rb-yhd d-hrtf cbd-hmw S^t w"m-hw Bdm w-hs2kt-hw S2mslm w-7= wd-hmy Dmm w-*bs2ir w-Msrm w-kl bht_-h[... \

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Que bnissent et soient bnis le nom de Rahmnn qui est au ciel, Isral et son Dieu, le Seigneur des juifs, qui a assist Son serviteur Shahrum, sa mre Bdm, son pouse Shamsum, leurs en|fants ( eux deux) Dimm, Abshacar et Misr|um, et tous leurs proch[es... | Le sens de la formule de bndiction pourrait tre galement : Que bnissent et soient bnis le nom de Rahmnn qui est au ciel, (celui) d'Isral et (celui) de son Dieu, le Seigneur des juifs. L. 4, Dmm : lire ainsi en non Dmm. Cet anthroponyme est mentionn trois fois par Ibn al-Kalb, avec la vocalisation Dimm, dans la gnalogie de tribus arabes mridionales (Caskel 1966, II, p. 242). 4. Has 1 Provenance : Has (220 km au sud-est de Sanc3). Bibliographie : Christian Robin (avec une contribution de Serge Frantsouzoff), Les inscriptions de Has , dans Raydn, 7, 2001, p. 182-191 et fig. 2-14 et 30 (p. 207-215 et 223)! 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 7y/c >s3l bn Hsbh w-Tgfw-Yq'mwt d-Vfr w-3s2rq d-Sht qyl s2cbynyhyn Mdhym w-S^r gz= r l-Mf-S1myn 'rb) cbrtm cbrn dn zf1 wrd/ tw hzr gnt" l-qtbr b-hn yhdn w-b-hymntm bn qtbr b-hmw *rmym d-l-ywfynn l-*yhdn w-tlt cbrt w-b'r" 'Iht ws1} hzf1 f-k-gzr l-mkrbn Swry^ / w-cbrn dt tht S(wr)y'l d-hzf1 f-l-mkrbn f-l-ywfyn w-stdq(n) w-k-fk whbw [wj-bhr w-cqbn l-byt d-c= mr(.) "bf71 s3'-hw [w]-tq[rn-h]w w-l-byt d-'mf" f-cqbw b'f" w-"rdm t-qyzm[/]w-t-srbm s3' w-tqrn hyt/ Vf1 w~rdn w-b-[hym]nt w-hrm w-s'b'n Mf S1my= n w-'rdn bn qtbr 'rmym b-hnt 'brf1 w-byn-hw wbn 'In d-'l y(h)knn l-mkrbn 'rd-hw w-l-'yhd" cbrt-hmw w-k-hzn Swry'l f-(y)s3kw w-kl d-yhznn mkrbn b3r t-mrbCn t-s2fl 'kbdy w-b-hymnt d-ys2'n b*rn cmn kl d-yhznn Swry'l ws](km/y)htl(db) | | |

Ilyafac Arsal ibn Hasbah, Ya'guf, Yq'mwt dhu-Sufr et Ashraq dhu-Sht, qayl des deux tribus Madhm et Sufrum, a conc|d au Seigneur du Ciel quatre parcelles, ct de ce rocher, en descendant jusqu' la limite de la zone arable, pour |

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y enterrer les juifs, avec l'assurance d'|viter d'enterrer avec eux un non-juif, ceci pour qu'ils s'acquittent de leurs obliga tionsenvers les juifs. Les trois parcelles et le puits qui sont dans le terrain dlimit, il (les) a concds l'oratoire (syna gogue) Sr|5l, et la parcelle qui est sous Sr'l, celui du terrain dlimit, elle appartient l'oratoire, pour que celui-ci soit lga lement garanti et jouisse d'un titre de proprit. En contre partie, ils ont donn, choisi et cd au lignage dhu-c|mir(um) une parcelle de mme importance et de mme valeur, et au lignage dhu-cmirum, ils ont cd un puits et un terrain qui produit des rcoltes d't et des rcoltes d'automne, (ayant) l'importance et la valeur de ce puits et de (ce) terrain, avec l'assurance, l'interdiction et la menace du Seigneur du Ciel et de la Terre pour viter d'enterrer un non-juif sur ces parcelles. Quant sa proclamation (?), (c'est) cause de ceux qui ne reconnaissent (?) pas l'oratoire sa terre et aux juifs leurs par celles. Quant aux gardiens de Surfil, ils recevront comme moyen de subsistance, (eux) et tous ceux qui garderont l'ora toire, un puits fait en maonnerie en aval du (wd) Akbad, avec la garantie de celui qui construira le puits pour tous ceux qui garderont Surfil | | | | | | Surfil : ce nom propre de l'oratoire ou synagogue (mkrb) est un emprunt l'hbreu Sr'l ( Mon roc est El , anthroponyme dans Nb 3/35). 5. ZM 894 (Fig. 6) Provenance : Zafr. Texte indit100. 1 Yshq w-bn-hw [. 2 w-Qs2'dn w-Hyw[tm 3hqhw(h)f. 4..[ Yishaq et son fils, [ construit,]! ralis et ..[ bnw ... bfw w| |

ban ...,] Qs2'dn et Hyw[f" ] ...[... |

ont

100. Je remercie vivement M. Paul Yule, qui fouille le site de Zafar, pour ce document fort intressant.

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L. 1, Yshq : anthroponyme transcrivant l'hbreu Yshq, Yishaq, Isaac . Si c'tait un nom local, il se prsenterait avec un d et non un s (*Ydhq ou Ydhk). En Arabie du Sud, il est remarquable que la graphie originelle de l'hbreu soit conserve aussi bien en criture sudarabique comme ici, qu'en criture judo-aramenne : voir le sceau Yule, ci-dessous n 7 (Yshq br Hnynh). Il n'en est pas de mme en Arabie du Nord-Ouest o les juifs, mme quand ils crivent avec l'alphabet hbraque, retiennent une graphie drive de l'aramen : voir le graffite JS hbreu n 1 de Mad'in Slih101, dans lequel on relve *shq (Isaac), avec un aleph et un samekh. En aramen, en effet, le nom peut tre crit 'shq, avec un shn : voir Lemaire 2003, Ossuaire n 2, inscription A, p. 307-313 et fig. 4 (p. 309), 'rnh d-'mh brt Sn'yl khnh hznh d-knsth d-pnC w-dJmh d Hnnh br *shq khnh hznh d-knsth d-Tdmr, Ossuaire d'Imah fille de Samuel le prtre, servant de la synagogue d' Apame, qui est la mre de Hananah fils d'Isaac le prtre, servant de la syna gogue de Palmyre . Cette graphie 3shq drive manifestement de la variante Yshq dj prsente dans la Bible : voir Jrmie 33/26, Amos 7/9 et 16, Psaumes 105/9. Pour le passage de y \ comparer avec Ysm"l et *sm"l (Ismal), relevs sur des ossuaires (P. B. Bagatti et J. T. Milik, Gli scavi del Dominus Flevit , I, 1958, p. 76-77). Voir aussi 'smcyl dans un graffite hbraque d'al-'Ul, JS hbreu n 8102. La mme volution s'observe dans les inscriptions d'Arabie mridionale, o le nom original, Ys1m"l (voir par exemple Macn 1/1 etc.) est orthogra phi fois Vm7 dans un texte dont les auteurs sont des Arabes une (Ry 547/5). Dans le Coran, on relve la graphie Ishq, comme dans le graff ite hbraque de Mad'in Slih. Elle est emprunte aux juifs du Hijz, qui eux-mmes ont t influencs par le judo-aramen. Apparemment, le judasme du Ymen est plus conservateur et pr serve des graphies calquant l'hbreu. Peut-on en dduire qu'il exis tait deux traditions juives relativement indpendantes en Arabie ? Un nom tel que Yshq peut tre port par un juif. Peut-il l'tre par un chrtien ? Sans que ce soit totalement exclu, c'est bien peu vraisemblable : c'est la raison pour laquelle nous classons cette inscription de Zafr comme juive . \ 101. Jaussen et Savignac 1909, vol. II, p. 641 et pi. CXXI. 102. Jaussen et Savignac 1909, vol. II, p. 644 et pi. CXXI. |

COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS L. 2, Qs2'dn : nom de lignage de second rang, dont c'est la pre mire attestation. Hywft : voir dj ZM 2000/3 (ci-dessus, document nl). 6. DJE 23 (Fig. 8 et 9) Provenance : Bayt Hdir ( 15 km environ l'est de San'3). Bibliographie : - Ja. B. Gruntfest, Nadpis3 "dvadcati cetyreh ceredov" iz Beit Hdira , dans Drevnaja Aravija (materialy i soobscenija) (Pis'mennye pamjatniki i problemy istorii i kul'tury Narodov Vostoka, IX godicnaja naucnaja sessija LO IV AN SSSR), Leningrad (Izdatel'stvo Nauka ), 1973, p. 71-81. - Rainer Degen, Ktovet mi-Teyman cal kaf-dalet mishmart hakohanm , dans Tarbig., 42, 1973, p. 302-303. - E. E. Urbach, Mishmart u-macmadt , dans Tarbig, 42, 1973, p. 304-327. - Rainer Degen, Die hebrische Inschrift DJE 23 aus dem Jemen , dans Neue Ephemeris fur Semitische Epigraphik, 2, 1974, p. 111-116. - Gabriella Moscati Steindler, Le mismart in una iscrizione di Beit Hadir (Yemen) , dans Annali delVIstituto Orientale di Napoli, 34 (N.S. XXIV), 1974, p. 277-282. x x x x x x x x x x x x x x + + + + + + + + + + + + + + 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 fSJrym[ cyt](lw) msmr h-rbycy [Mlkyh ](Byt L)hm msmr h-hmysy Mymyn Ywdpt msmr h-ssy Hqws cylbw msmr h-sbycy *byh cdw Kpr 'wzy'l msmr h-smyny Yswc Nsrp ^rb'l msmr h-tsycy Sknyh bwrh Kbwl msmr h-psyry] Hysyb khn Qnh msmr chd c[sr] Yqym Pshwr Spt msmr snym c[sr] [Hwjph Byt Mcwn msmr slsh [cs]r YsVb Hwspyt $(y)hyn [msjmr *rbch 'sr [... |

[S]9corm [de cAyata]l, quatrime veille ; [Malkia ](de Beth Le]hem, cinquime veille ; Miyamn de Ydsphat, sixime veille ; Haqs de clab, septime veille ; | Abiyah cdw de Kaphar czf el, huitime veille ; Y9shac Nsrp d'Arb(')el, neuvime veille ; Shakhanyah 'bwrh de Kabl, [dixime] veille ; Eliyashb prtre de Qanah, [o]nzime veille ; Yaqm Pashhr de Saphat, [dojuzime veille ; | | | | | | |

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[H]pah de Beth Ma'n, tr[ei]zime veil|le ; Yesheb'ab Hwspyt de Shhn, quatorzime [veil]le [.... | La liste complte comporte 24 veilles (mishmart). Selon les Chroniques et la tradition rabbinique, les prtres et les lvites taient rpartis en 24 groupes, qui servaient dans le Temple tour de rle, une semaine par semestre. La liste des Chroniques ne comporte pas les lieux d'origine (tous situs en Palestine, princ ipalement en Galile) ; ceux-ci apparaissent dans les pomes litu rgiques appels piyytm. Chroniques I, 24 (d'aprs la Bible de Jrusalem) 3. David, assist de Sadoq, des descendants d'lazar, et Ahimlec, des descendants d'Ithamar, les rpartit en sections pour leur service. 4. Il se trouva que les fils d'lazar comptaient un plus grand nombre de chefs de groupes d'hommes que les fils d'Ithamar ; aussi rpartit-on les fils d'lazar en seize chefs de famille et les fils d'Ithamar en huit chefs de famille. 5. Pour les uns comme pour les autres, la rpartition se fit par la voie du sort, les fils d'lazar et les fils d'Ithamar devant fournir les princes du sanctuaire et les princes de Dieu. 6. Chemaa, fils de Nethanel de la tribu de Lvi, faisant fonc tion de secrtaire, inscrivit leurs noms en prsence du roi, des seigneurs, de Sadok le prtre, d'Ahimlec, fils d'biatar, et des chefs de famille des prtres et des Lvites : tour tour une famille tait dsigne (1) pour lazar et une famille pour Ithamar. 7. Yoarib fut indiqu le premier par le sort. Yedaa le second. 8. Harim le troisime, Seorm le quatrime, 9. Malkia le cinquime, Miyamn, le sixime ; 10. Hakkos, le septime, Abia le huitime ; 11. Ychoua le neuvime, Chekhaniahou le dixime ; 12. Elyachib le onzime, Yakm le douzime ; Houppa le tre izime, Ychbab le quartorzime ; 14. Bilga le quinzime, Immr le seizime ; 16. Hzir le dix-septime, Happics le dix-huitime ; 16. Ptahia le dix-neuvime. zchiel le vingtime ; 17. Yakhn le vingt-et-unime, Tamoul le vingt-deuxime ; 18. Delaahou le vingt-troisime, Maaziahou le vingt-quatrime. |

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

19. Tel fut leur sectionnement quant au service qui leur incomb ait d'entrer dans la maison du Seigneur, conformment aux rgles suivies par Aaron, leur pre, telles que l'ternel, Dieu d'Isral, les lui avaient prescrites. 7. Le sceau judo-aramen dcouvert par Paul Yule (fig. 10) Provenance : Zafr (en surface). Bibliographie : Paul Yule, Zafar - The Capital of the Ancient Himyarite Empire Rediscovered, dans Jemen-Report, 36, Heft 1, 2005, p. 22-29, p. 28, fig. 10. Yshq br Hnynh Isaac fils de Hannah Les documents juifs et judasants les plus significatifs dcouverts en dehors du Ymen ou de provenance inconnue 8. Naveh-Sucar 24 : l'pitaphe de Yoseh (Fig. 4) Provenance : peut-tre le site de Sucar (Jordanie), sur la rive mridionale de la mer Morte. Collection prive. Date : juillet 470 ap. notre re ou les annes qui suivent. Bibliographie : - Joseph Naveh, Seven New Epitaphs from Zoar , dans Tarbiz, LXIX, 1999-2000, p. 619-635, 8 pi. sans numrotations (en hbreu, avec p. vin un rsum en langue anglaise), p. 624-626, 634 (fac-simil) et 2 pi. sans numr otation ; - Klaus Beyer, Aramische Texte vom Toten Meer, Ergnzungsband, Gttingen (Vandenhoeck), 2004, p. 309, lit la date 408 aprs la destruction de temple de Jrusalem, soit 477/478 ap. notre re. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 ttnyh nfsh d-Ywsh br 3wfy d-gz b-Tfr mdynth b-^fhwn d-Hmyfy w-nfq /-V7z d-Ysfl w-'qbr b-ywm crwbth b-csryn w-tsch ywmyn b-yrh tmwz b-sth qdmyth d-sbw'h swt snyn [t] l-hrbn Byt mqdsh slwm slwm clyk b-skb-k

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Puisse reposer l'me de Yoseh fils d'Awf, qui trpassa dans la ville de Tafar dans le Pays des Himyarites, partit pour le Pays d'Isral et fut enterr le jour de la veille du Sabbat, le 29e jour du mois de tammuz, la premire anne de la semaine (d'an nes), gale l'an [400] de la destruction du Temple. Paix (shalm), paix sur toi dans ta demeure souterraine. L. 2, Tfr : c'est la graphie aramenne de Zafr. 9. Naveh-Bilingue : l'pitaphe de Leah (fig. 5) Provenance : inconnue. Collection prive. Date : vers les ive-vie sicles d'aprs la graphie. Bibliographie : - Joseph Naveh, A Bilingual Burial Inscription from Saba , dans Lsonnu, LXV/2, mars 2003 (5763), p. 117-120 (en hbreu, p. II, rsum en langue anglaise) ; - G. Wilhelm Nebe und Alexander Sima, Die aramisch/hebrischsabische Grabinschrift der Lea , dans Arabian Archaeology and Epigraphy, 15, 2004, pp. 76-83. Aramen 1 hdh qbwrth d-Vh brt 2 Yhwdh nsmt-h l-hyy cwlm 3 w-tnwh w-fmwd l-gwrl hyym Iqs 4 h-ymyn 'mn w-'mn slwm Ceci est la spulture de Leah, fille de Juda (Yehuda). Puisse son me (reposer) pour la vie ternelle et elle reposera et se tiendra (prte) pour la rsurection la fin des jours. Amen et Amen. Paix (shalm) Saben 5 qbwrt Uh bt Yw6 dh l-nhn-hw Rhmnn 7 "mn s2lwm Spulture de Leah, fille de Juda (Yawdah). Que Rahmnn lui accorde le repos. Amen, shalm 10. Le sceau himyarite avec menorah (Fig. 7) Provenance : inconnue. Collection prive. Document indit.

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

Sur l'empreinte dans une pte molle, on lit de droite gauche : Hyw Hayy mnorah c(d)m cAwd

Sur le sceau lui-mme, le texte se prsente l'envers. c(d)m : la deuxime lettre est un b ou un d. Seule cette dernire lecture prsente des correspondants en arabe : voir cAwd, al-cd ou cIdh dans Caskel 1966, II. La provenance est inconnue. Si le sceau est authentique, il est vraisemblable qu'il provient du royaume de Himyar.

HIMYAR ET ISRAL

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TABLEAU I Les inscriptions himyarites juives et judasantes, classes chronologiquement N.B. : pour chaque inscription, les lments qui signalent une apparte nance judasme (ou une sympathie pour le judasme) sont numrs de au manire abrge. Pour la rsolution des sigles et les rfrences bibliogra phiques,se reporter Robin 2003. Dynastie d'Abikarib, XII (ca 375-440) 1. Inscription de Yahda3 (Appendice I, document n 2), roi Dhara"amar Ayman : peuple d'Isral , graffite en hbreu, ono mastique. 2. Garb Frammenti II, 7, rois [... Dhara"amar] Ayman, Hassan Yuha3[min ...] : peuple d'Isral. 3. Ry 534 + Rayda 1, date d'aot 433 : shalm. 4. Inscription indite du Muse de Zafr (ZM 5 +8 +10), date de fvrier 433 (d-hlf1 [5]42 him.) : amen. Dynastie de Shurihbfl Yakkuf, XIII (ca 465-485) 5. ZM 2000 (Appendice I, document n 1), date d'avril 470 : peuple d'Isral. 6. Robin-Najr 1, date de dcembre 487 : shalm. 7. Gl 1194, roi [Shu]rihbi'l Yakku[f] : [ajmen (1. 11). Voir aussi l'pitaphe de Yoseh, qui trpassa dans la ville de Tafar (= Zafr) dans le Pays des Himyarites (Appendice I, document n 9). Date de 470 ou des annes suivantes, elle pro vient probablement de la ncropole de Su'ar (Jordanie). Rgne de Marthad" iln Yanf, XIV (ca 500-515) 8. Garb NIS 4 : date de juillet 507 ou 509 (d-mdfn 617 ou 619 him.) : [a]men (1. 8). Rgne de Joseph, XVI (522-aprs 525) 7. Ry 508, date de juin 523 : "lhn pour lohim ; le nom juif du roi Joseph ; la destruction des glises de Zafr et Makhwn (Moca).

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

8. Ja 1028, date de juillet 523 : Rb-hd, Seigneur des juifs ; le nom juif du roi Joseph ; la destruction de l'glise de Zafr. 9. Ry 507, date de juillet 523 : le nom juif du roi Joseph ; la destruction des glises de Zafr et Makhwn. 10. Ry 515, contemporaine de Ry 508 : Rb-hwd, Seigneur des juifs. 11. Ry 513, contemporaine de Ry 508 : amen. Sans date 12. DJE 23 (Appendice I, document n 6) : liste de 24 classes sacerdotales, en hbreu. 13. Sceau avec inscription judo-aramenne, acquis par Paul Yule Zafr (Appendice I, document n 7). 14. CIH 543 (Appendice I, document n 3) : Que bnissent et soient bnis le nom de Rahmann qui est au ciel, Isral et leur dieu, le Seigneur des Juifs, qui a aid son serviteur. 15. Has 1 (Appendice I, document n 4) : cration d'un cimet ire rserv aux juifs, yhd. 16. ZM 894 (Appendice I, document n 2) : anthroponyme Isaac (Yshq). 17. Ir 71 : shalm et amen. 18. Ry 403: amen. 19. Mller-Tancim : amen. 22. Inscription de Leah (Appendice I, document n 9) : ono mastique, shalm, amen, aramen. 23. Sceau avec deux noms propres en criture sabenne (Appendice I, document n 10) : menorah.

HIMYAR ET ISRAL

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TABLEAU II Les dix-huit dynasties des rois de Himyar, d'aprs les inscriptions Dates du rgne [-30 ?] [? 0-40 ?] [? 40-70 ?] Dyn. I II III Rel. P P P

Souverain(s) 1. Shammar dhu-Raydn 2. Dhamar'al Watr Yuhanim TC (fils de Sumh'al Dharih) 3. kail)3l Watr Yuhanim I TC (fils de Dhamar'a Bayn) - Karib'l Watr Yuhancim - Karib'l Watr Yuhan'im + Halak'amar, son fils, sans titre 4. Dhamaral Dharih TC (fils de Karib'l Watr Yuhan'im I ) 5. Karib'l Bayn TC (fils de Dhamarcal Dharih) - Mentions de Yuhaqm, son fils, sans titre - Roi de SabaD : Nasha'karib Yuha'min 6. A nul n (Bayn) (Yuhaqbid) TC - cAmdn (Bayn) (Yuhaqbid) - cAmdn Bayn Yuhaqbid + Wadd'l, son fils, sans titre 7. Ysirum Yuhasdiq TC - Ysirum Yuhasdiq TC - Ysirum YuhasdiqTC + ses fils Shammar et Licazzum, sans titre 8. Dhamaral Yuhabirr TC (fils de Ysirum Yuhasdiq) - Dhamarcal Yuhabirr TC Tha'rn TC Dhamar'al + fils 9. [Tha'rn Yuhani]m Dhamarcal) TC (fils de

[? 70-85 ?] [? 85-100 ?]

P P

[? 100-120 ?]

IV

P

[? 120-140 ?]

V

P

[? 140-160 ?]

P

[? 160-180 ?]

P

896

COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS Dates du rgne Dyn. Rel P P VI VII VIII IX P P P P P Souverain(s) 10. [Dhama]rali Yuhabirr [TC ?] (fils de Tha'rn Y[uhancim]) 11. Tha'rn (Yab) Yuhanim TC [fils de Dhamar'al Yuhabirr ?] 12. Liazzum Nawfn Yuhasdiq TC (variante : Laczzum Yuhanif Yuhasdiq) 13. Shammar Yuhahmid TC 14. KaribO Ayfa' TC 15. Ysirum Yuhanim I TC 16. Shammar Yuharish TC/TL (fils de Ysirum Yuhancim) - Shammar Yuhar'ish TC - Shammar Yuhar'ish TL 17. Karib'fl (Watr) Yuhanim III TL 18. Ysirum Yuhanim II TL -Ysirum Yuhancim + fils Dhara"amar Ayman I TL - Ysirum Yuhancim + Tha'rn Ayfac TL - [Ysirum Yu]hancim + fils [Tha'rn A]yfac TL -Ysirum Yu[hancim ] T(L), ou Ysirum Yuhanim et son fils [ ] TL 19. Tha'rn Ayfac TL (fils de Ysirum Yuhancim) ? - Thavrn + fils Malkriym TL - [XXX fi]ls de Ysirum Yuhan'im et [son] fils [XXX T]L 20. Dhamaral Yuhabirr TL - Dhamarcal Yuhabirr TL - [Dhamarcal Yuhabirr] + frre Tha'rn Ayfac -Dhamarcal Yuhabirr + fils Tha'rn Yuhancim TL 21. Tha'rn Yuhanim (TC)/TL (fils de Dhamar'al Yuhabirr) - Tha'rn Yuhancim TC

[? 180-200 ?] [? 200-220 ?] [? 220-235] [c. 235-245] [c. 245-265] [c. 265-287] [c. 287-312]

[c. 312-316] [c. 316-319]

X XI

P P

[c. 319-321]

P

[c. 321-324]

XII

P

[c. 324-375]

P?

HIMYAR ET ISRAL Dates du rgne Dyn. Rel. Souverain(s)

897

- Tha'ran Yuncim (sans titulature) Mention du roi Tha'rn Ayfac Mention du roi Dhamarcal Ayfac -Tha'rn Yuhancim + fils Malkkarib (Yuha'min) TL - [Thaj'rn Yuhan'im + [fils Malkkari]b Yuha'min et [ ] T[L] [c. 375-400] 22. Malkkarib Yuhamin TL (fils de Tha'rn Yuhan'im) - Malkkarib Yuha'min + fils [Abkarib Ascad] - Malkkarib Yuha'min + fils Abkarib Ascad et Dhara"amar Ayman II TL - Mentions de Dhara^amar Ayman II TL seul, dans trois invocations 23. Abikarib Asad TL/TTL1 (fils de Malkkarib Yuha'min) -Abkarib Ascad + un frre (Dhara^amar Ayman) + trois fils (Hassan Yu'min, Macdkarib Yuncim et Hugr Ayfac) TL - [Abkari]b Ascad [+ un frre Dhara33amar Ayman + trois fils Hassan Yu'min, Macdkarib Yun'im et] Hugr Ayfac TL - [Abkarib Ascad + Dhara^amar] Ayman + Hassan Yuha' [min ... -Abkarib Ascad+ Hass[n Yu]ha3min, Macdkarib Yuhancim, Marthad'iln Yaz'an et Shurihbfl Yacfur TL -Abkarib Ascad + Hassan Yuha'min TTL1 (fils de Hassan Malkkarib Yuha'min TL) 24. [Hassan Yuha min 1 TTL2 (fils d' Abkarib scad) ? - [Hassan Yuha'min] + frre Shurihbfl YacfurTTL2 25. Shurihbi'l Yafur TTL2 (fils d'Abkarib Ascad) [Interrgne]

[c. 400-440]

[c. 440-448]

[c. 450-463]

COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS Dates du rgne [c. 465-485] Dyn. XIII Rel. J Souverain(s) 26. Shurihb'fl Yakkuf TTL (une fois TLA, sans pithte) - Shurihbf Yakkuf - Shurihbi[3H Yakkuf + fils ...] Nawf, Lahay'at Yanf et Ma'dikarib Yun'im - [ShurihbiT]l Yakkuf [+ fils Lahayca]t Yanf et Macdkarib Yuncim 27. Marthad'iln Yunim TTL2 (fils de [Lahayca]t Yanf) - Marthad'iln Yuncim TTL2, fils de Lahaycat Yanf TTL2, fils de Shurihbi'il Yakkuf TTL2 [Interrgne] XIV Ch? XV XVI Ch J 28. Marthad 'iln Yanf TTL2 [Interrgne] 29. Madkarib YaJurTTUl 30. Ysuf As'ar Yath'ar, roi de toutes les communes

[c. 485-vers 495]

J

[c. 495-500] [c. 500-515] [c. 515-519] [c. 519-522] [522-525/530]

Roi plac sur le trne de Himyar par l'invasion aksOmite Dates du rgne [c. 531-535] Dyn. Rel. Souverain(s) 31. Sumuyafa' Ashwac T[TL2]

XVII Ch

HIMYAR ET ISRAL Dynastie d'origne aksOmite Dates du rgne fc. 535-565] [c. 565-568] fc. 568-570] Dyn. Rel. Souverain(s) 32 Abraha TTL2

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xvm Ch Ch Ch

33 [Aksm], rgne connu seulement par les traditions arabo-islamiques 34. [Masrq], rgne connu seulement par les traditions arabo-islamiques.

titulature courte (mlk S'b' w-d-Ryd") titulature longue (mlk S'b' w-d-Ryd" w-Hdrmwt w-Ymni) titulature longue abrge (mlk S'b' w-d-Ryd" w-Hdrmwt) titulature trs longue du type mlk S'b' w-d-Ryd" w-Hdrmwt w-Ymnt w-^rb Twd w-Thmt TTL2 titulature trs longue du type mlk S'b' w-d-Ryd" w-Hdrmwt w-Ymnt w-"rb-hmw Twdm w-Thmt P Polythiste ; J : Juif (noms soulign); Ch : Chrtien (noms en italique). Dbut de l're himyarite (ou de Mabhd b. Abhad) : probablement avril 110 av. notre re. TC TL TLA TTL1

APPENDICE II Bibliographie N. B. : pour la rsolution des sigles et la bibliographie des inscriptions, voir aussi Robin 2003, complter ventuellement avec Kitchen 2000.

al-Agani : voir al-Isfaham 1994. al-Bakr (Abu cUbayd cAbd Allah b. cAbd al-cAzz... al Andalus) 1945 Mu'jam ma 'stacjam min asm" al-bild wa-'l-mawd (al-Machad al-half li-1-abht al-magribiyya, Bayt alMagrib), 4 vol., d. Mustaf 51-Saq, Le Caire, 1364 h./ 1945 m. Bauer (G. M.) 1995 pigrafika Rejbuna (sezony 1983-1984 gg., obscij obzor) , dans Hadramaut. Arheologiceskie, etnograficeskie i istoriko-kul'turnye issledovanija. Trudy Sovetskojemenskoj kompleksnoj ekspeditsii, t. I, Moscou, 1995, p. 112-152. Beaucamp (Jolle), Briquel-Chatonnet (Franoise) et Robin (Christian) 1999 La perscution des chrtiens de Nagrn et la chronol ogie himyarite , dans Aram, 11-12, 1999-2000, p. 15-83 (paru en septembre 2001). Beeston (A. F. L.) 1984 a Himyarite Monotheism , dans Studies in the History ofArabia, IL Pre-Islamic Arabia, d. A. Abdalla, S. AlSakkar and R. Mortel, supervision A. al-Ansary, Riyadh, 1404 h./1984, p. 149-154. 1984 b Judaism and Christianity in Pre-Islamic Yemen , dans Joseph Chelhod (d.), L'Arabie du Sud, histoire et civil isation, I. Le peuple ymnite et ses racines (Islam d'hier et d'aujourd'hui, 21), Paris, 1984, p. 271-278.

HIMYAR ET ISRAL

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

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HIMYAR ET ISRAL 2001

905

2003 2005 a 2005 b

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

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M. Andr Lemaire, correspondant de l'Acadmie, prsente les observations suivantes : La rfrence aux inscriptions funraires de Beth Shecarim jette une certaine lumire sur la diffusion du monothisme en Arabie du Sud, plus prcisment sur le type de judasme qui s'y est rpandu. En effet, l'importance archologique de la ncropole de Beth She'arim en Basse Galile occidentale ne s'explique bien que par la renomme de Rabbi Yehoudah Ha-Nassi ("Juda le patriarche") qui y tait enterr. Ce dernier enseigna d'abord Beth She'arim puis dans la ville voisine de Sepphoris ; il fut le porte-parole de la communaut juive palestinienne vis--vis des Romains et, surtout, acheva vers 200 la rdaction des principaux lments de rfrence de l'enseignement halakhique traditionnel dans la Mishnah, base de rfrence des futurs commentaires du Talmud. De fait, comme le montrent de nombreuses inscriptions, les dfunts de la ncropole de Beth Shecarim sont souvent des rabbis

HIMYAR ET ISRAL

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ou des membres de leurs familles, ayant vcu soit en Palestine, soit en Diaspora. Ceux qui tenaient tre enterrs dans cette ncropole manifestaient leur attachement l'enseignement de Yehouda Ha-Nassi et la Mishnah. Dans ces conditions, la mention de Himyarites Beth She'arim rvle que, au moins en partie et probablement ds le 111e sicle d'aprs la datation prl iminaire de la tombe, le judasme de Himyar se rattachait direct ement courant principal du judasme rabbinique. au M. A. Caquot prsente les observations suivantes : Depuis longtemps intress la phase himyarite de l'histoire ancienne du Ymen, M. Robin se devait de reprendre le dossier des inscriptions monothistes sabennes ouvert par Gonzague Ryckmans. La documentation pigraphique maintenant dispo nible atteste une judasation du Ymen aux alentours de l'an 400 plus importante que l'on ne croyait, ce qui invite reconsidrer le problme des influences du judasme sur l'islam primitif, tout en confirmant certaines traditions arabes. Mais de quel judasme s'agit-il ? Il est sans aucun doute de tradition pharisienne, mais quelques dtails d'expression rvlent des particularits. La plus significative est la dsignation de Dieu par l'pithte devenue thonyme rhmn(n), "(le) Misricordieux", qui n'est pas biblique, ni la plus usuelle de la liturgie juive, et qui en revanche semble avoir connu au 111e sicle une certaine diffusion dans les marges arabes du monde aramophone hellnis. C'est ainsi qu' Palmyre "le Misricordieux" (rhmn) s'applique au "Seigneur du ciel" (bc Ismyn), ce qui fait penser "rhmn qui est aux cieux" de l'inscription sabenne CIH 543. Alfred Beeston avait donc quelques raisons d'appeler "rahmanisme" la forme sabenne de la monoltrie. M. Robin prsente d'excellents arguments pour que le "rahma nisme" himyarite soit identifi au monothisme juif, et son expli cation politique de cette initiative de Karibil Asad est des plus sduisantes : en constituant son royaume en une unique "tribu (sb) d'Isral", le souverain cherchait surmonter les antago nismes des tribus traditionnelles, comme plus tard l'islam prten dant abolir le "tribalisme" (su ubiyya). On est convi se demander s'il ne s'est point pass quelque chose de semblable un peu plus tt dans cette province africaine de la civilisation

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COMPTES RENDUS DE L'ACADMIE DES INSCRIPTIONS

sabenne qu'est l'Ethiopie axoumite : le roi Ezana, d'abord polythiste, s'est plac sous la protection du "Seigneur du ciel" avant de faire (dans une inscription grecque) profession de chris tianisme. M. Daniel Gimaret intervient aprs cette communication.

LIVRES OFFERTS M. Jacques Gernet a la parole pour un hommage : J'ai l'honneur de dposer sur le bureau de l'Acadmie, l'ouvrage de M. Christian Lamouroux, Fiscalit, comptes publics et politique financire dans la Chine des Song. Chapitre 179 du Songshi, Paris, Collge de France, Institut des Hautes tudes chinoises, 2003, 314 pages. M. Lamouroux s'attache dans ce livre une tude approfondie d'un cha pitre de l'histoire officielle des Song (960-1297) en 496 chapitres intitul "Synthse les comptes publics", septime des quatorze chapitres du "Trait des denres et monnaies" qui porte sur les questions de comptabilit publique et dont il donne une traduction abondamment annote. Mais ce n'est l qu'un des aspects de ce travail particulirement instructif et d'une grande richesse, car cette traduction d'un texte trs technique est prcde par une tude prcise de l'histoire antrieure de la comptabilit publique en Chine, des questions que posent les transformations du systme fiscal et financier au cours des annes 960-1297 et de celles de la rdaction de V His toire des Song (Songshi). M. Lamouroux montre que la comptabilit publique en Chine remonte au Ve sicle av. notre re et rappelle une particularit chinoise dont on ne trouve l'quivalent en Europe qu' une date bien plus tardive : l'importance attache, ds l'poque des Royaumes combattants aux ve-ine sicles avant notre re, la connaissance des moyens en hommes et en biens dont les tats pouvaient disposer. Sous les Han, la comptabilit s'applique, au niveau des circonscriptions : aux foyers, individus, surfaces cultives, entres et sorties de monnaie et de crales, nombre de hors-la-loi et bandits. Des fiches sur bambou retrouvs sur le limes chinois dans les territoires du NordOuest fournissent des listes de fonctionnaires, d'quipements et de res sources fournies par chaque commanderie. Pour les Tang (618-907), on dispose de grands documents comptables l'chelle de l'empire. Les manusc rits Dunhuang en ont fourni nombre de tmoignages directs. C'est une de poque o l'on porte une plus grande attention aux donnes chiffres sur les cots, les prix sur les marchs, les changes. Ainsi sont fournis, pour les haras