EDITO

une jeunesse de plus en plus diplômée (43 % diplômée de l’enseignement supérieur) et une féminisation plus forte de l’encadrement se poursuit et connaît une nouvelle accélération depuis le début des années 2000.Ainsi, en 1962 Les Ictam constituaient 14 % du salariat, dont 4 % de cadres.En 1982Les Ictam totalisaient 24 % du salariat, dont 8 % de cadres.En 2003Les Ictam représentaient 37 % du salariat, dont 14 % de cadres.En 2011 Ils constituaient 46 % du salariat, dont 19,2 % de cadres.La composante Ictam ne cesse de s’accroître, mais à un rythme accéléré (une augmentation de 1 % ou 2 % tous les dix ans de 1982 à 2000), puis en une décennie de 1 % an. L’évolution

C’est dans ce contexte que la CGT est aujourd’hui la deuxième organisation du pays représentative parmi les cadres et les techniciens, derrière la CFDT, devant la CGC.

moment où beaucoup estimaient ces catégories comme quantité négligeable, voire à part du salariat.Au-­delà donc d’une perception numérique, la direction confédérale de l’époque a mesuré l’enjeu stratégique que représentait l’encadrement et la nécessité de l’unité du salariat pour le rapport de forces.Cette décision n’est pas tombée du ciel, mais tirée des enseignements des périodes précédentes.

mai 1963, fait suite à d’importantes luttes de cadres et d’ingénieurs sur les questions industrielles. Dans son rapport introductif au 34ème Congrès confédéral, Benoît Frachon évoque l’attitude des Ict après la grève des mineurs « (…) Au cours de la grève des mineurs, les ingénieurs et cadres des mines ont manifesté leur inquiétude à propos du grave préjudice porté à l’intérêt national par la décadence de l’industrie houillère dans laquelle nous entraînent infailliblement les clauses du marché commun… Dans toutes les industries, des ingénieurs, des techniciens de haute valeur s’inquiètent de ce que leurs compétences, leurs savoirs sont détournés du but qu’ils en attendent. Parfois pour favoriser l’épanouissement des monopoles étrangers ou cosmopolites, on brise leur élan et leur enthousiasme… ».

pas être exclus des négociations sur les salaires, les retraites et la prise en compte de leur situation particulière dans les process de travail ainsi que leur volonté de rassemblement.

Création de nombreux syndicats de techniciens et cadres alors que la loi des 8 heures excluait un certain nombre de techniciens et tous les cadres.Ou encore en 1945

avec un régime de retraite plafonné.

IHS UGICT-­CGT

INTERVENTION DE MARIE-­JOSÉ KOTLICKI, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE, AU CONSEIL NATIONAL

DE L’UGICT-­CGT DES 15 ET 16 MAI 2013

BULLETIN DE LIAISON N° 3 MAI 2013

UGICTLa référence syndicale

INGÉSCADRESTECHS

Cinquante ans déjàNous nous retournons sur ce

de revendications nouvelles ;; travail infatigable pour être connus et reconnus ;; le journal Options ;; des campagnes électorales ;; des appels à manifester ;; des négociations réussies ;; la recherche de formes d’organisations ;; des échecs parfois. Des doutes également, ici et là, des doutes

d’attribuer à l’ouvriérisme parce qu’ils exprimaient des interrogations légitimes. Car c’est dans l’action qu’il s’agit de développer la convergence, dans l’action au sein de la CGT, organisation de lutte et pas simplement de négociation dans un cadre imposé. Tout en revenant sur tel ou tel de ces épisodes, l’Institut d’Histoire s’efforce d’organiser la conservation de nos archives. Il faut penser aux historiens et à notre image dans la société. Cinquante ans… toujours

André JAEGLÉGIC puis de

l’ (1963-­1981)GICT-­

CGT

expansion dans toutes les sphères d’activité.Mai 1970 -­ propose aux autres organisations de cadres une rencontre pour élaborer un programme revendicatif commun.24 octobre 1970 -­ tient un colloque

« Etre une femme cadre en 1970 »23 janvier 1971 -­ Conférence des techniciens avec 350 délégués. Au plan international,

GICT est à l’origine de la création du CLICT(comité de liaison international…).24 et 25 novembre 1975 -­ 1éres rencontres d’ sur le thème de la révolution

30 mai 1985 -­ Ouverture du 9éme congrès à

contribution au 42ème congrès.24 octobre 1985 -­ Rassemblement de plusieurs milliers d’ICT à Beaubourg à l’appel de l’1987 -­ Le coquelicot devient l’emblème de l’15 novembre 1988 GICT à Paris

Bordeaux, Lyon, Marseille.Décembre 1988 -­ 10éme

progrès remarquables en organisations

er niveau de formation syndicale et du stage national

17 au 21 juin 1992 -­ 11ème GICT « Construisons ensemble le

syndicalisme dont les ICTAM ont besoin ».Mai 1994 -­ Publication dans Cadres infos des « Repères revendicatifs pour un statut de technicien-­technicien supérieur », contribution à un statut de l’encadrement et au statut du travail salarié.1996 -­ 12ème congrès à Nantes « Donnons un

. Période de forte GICT sur la réduction du

temps de travail de cadres, loi Aubry.2000 -­ 13ème congrès à Pantin « Débattre-­agir-­se syndiquer ». Publication d’un texte commun sur la responsabilité sociale des

dirigeants de l’économie sociale) et le CJD (centre des jeunes dirigeants).13 au 18 mars 2003 -­ 14ème congrès à Clermont-­Ferrand « Professionnellement engagé-­e-­s, socialement responsables ». Marie-­José Kotlicki et Jean-­François

en remplacement de Gérard Delahaye.27 au 30 mars 2007 -­ 15ème congrès à Marseille « Professionnalisme, citoyenneté, responsabilité. Un syndicalisme au coeur de vos réalités ».29 mars au 1er avril 2011 -­ 16ème congrès à

« L’UGICT-­CGT, votre force d’avenir ». GICT s’engage fortement sur la question

du management et publie deux livres dans

street management » (paru en 2009) et en « Laissez nous bien travailler »

de l’autre caricaturer un bloc de la contestation non fréquentable, l’enjeu, pour la CGT n’est donc plus seulement d’aller rencontrer des cadres, mais d’être représentative parmi les cadres et techniciens. La CGT ne peut plus se payer le luxe bien longtemps de n’être que première organisation des ouvriers-­employés si elle veut rester première organisation du salariat dans le paysage syndical français.Or, la représentativité n’est pas qu’une question électoraliste, il s’agit bien d’être représentatif des revendications des ICT, de ce qu’on est capable de gagner ensemble. Ce qui implique

beaucoup plus important concernant la masse

cadres de proximité, DRH, cadres managers, personnel de haute technicité, commercial…

Cet effort doit se réaliser dans le secteur privé comme dans le secteur public mais aussi dans la fonction publique, où l’on sait pertinemment que les cadres seront les vecteurs principaux des réformes (RGPP -­ Acte III de la décentralisation) qui déstructurent la conception même des

Nous avons besoin d’être la référence syndicale qui gagne la reconnaissance sociale des

responsabilités.À défaut, les cadres risquent d’abandonner aux portes de l’entreprise leurs valeurs éthiques professionnelles et personnelles, d’abdiquer sur les moyens d’exercer leurs responsabilités

du travail et de l’entreprise et chevaux de Troie de la déstructuration des garanties collectives pour tout le salariat.La CGT est bien la Confédération Générale du Travail. Elle défend à ce titre les travailleurs, mais aussi leur travail.

la transformation des rapports sociaux que l’on souhaite.Quelle nouvelle conception de l’encadrement pour gagner une entreprise qui soit une

cinquante ans.Nous fêtons donc un anniversaire qui ne vise pas à tourner une page du passé, mais un anniversaire profondément d’actualité pour sortir de la crise et se projeter vers l’avenir.Poursuivre cette histoire

imbriquée dans la CGT, en capacité de construire une

bataille contre le partage de la pénurie au sein du salariat qui dédouane le capital. Répondre aux préoccupations des ICT est un point nodal où se joue le renoncement ou non au progrès social pour les générations à venir, pour la société de demain.

Institut d’Histoire Sociale UGICT-­CGT Case 408 93516 Montreuil CedexIhs-­ugict.cgt@laposte.net

Tel. : 01 55 82 83 40 -­ Fax : 01 55 82 83 33

D’autant que le cartel confédéral des ingénieurs et cadres, mis en place en 1946 par la CGT,

pas à la CGT de se déployer parmi ces catégories qui rejoignent plus massivement la CGC,

Et alors que ce cartel confédéral des ingénieurs et cadres s’est s’impliqué fortement dans la création d’un régime complémentaire de retraite et de prévoyance pour les cadres (le 14 mai 1947, naît l’Agirc).

à la CFTC par les organisations catégorielles de cadres non confédérés. Le développement de la CGC, la reconnaissance de sa représentativité sont aussitôt instrumentalisés et encouragés par le patronat.

Il existe plusieurs façons de créer et d’encourager la fracture dans le salariat ;; soit en décrétant en amont l’uniformisation du salariat, indépendamment de la prise en compte de la place de chacune de ses grandes composantes dans le process de travail, ce qui a pour effet de laisser seul l’encadrement face aux contradictions auxquelles il est confronté et sous la pression patronale d’accroître les tensions entre ouvriers-­employés et ingénieurs, cadres et techniciens ;; soit en cultivant le corporatisme et aboutir ainsi à des impasses catégorielles (cadres contre les autres) structurant les divisions au sein du salariat.La CGT s’appuie aussi sur des expériences structurelles en son sein et son audience dans les

des cadres. Avec la création de l’organisation

avec les cadres pour mieux se structurer en son sein et travailler aussi leurs propres revendications.

bouffée d’air par un certain nombre de cadres, qui d’emblée en validant cette nouvelle conception du

Le mouvement de Mai 68 donne un nouvel élan à

occupations d’usines des techniciens. Lesquels découvrent les responsabilités que leur confèrent

dans la gestion stratégique des entreprises.En 1968, le CNPF (Medef de l’époque) ne s’y trompe pas non plus en déclarant aux Assises de

« (…) Il faut empêcher à tout prix que les cadres basculent » et en poussant la CGC à se structurer dans les entreprises au plus près des cadres.

au capital, les cadres en tant qu’encadrant, mais elle se structure également sur les rapports

et au rôle dans le process de travail des composantes du salariat, la question des rapports sociaux dans l’entreprise.

Des luttes se développent, arrachant au patronat des conventions collectives et des grilles de « techniciens » et la Convention nationale des

cadres dans la métallurgie dans les années 70.

de cadres et de techniciens dans le salariat, de luttes fortes de cette population contre la désindustrialisation (exemple Creusot-­Loire).

1905catholiques).1919 -­ Csyndicats de techniciens de l’industrie,

(union des syndicats d’ingénieurs français). et la CGT collaborent pour des

propositions économiques, notamment un programme de nationalisations proposées par le CET (le conseil économique du travail créé en 1920 par la CGT).1920 -­ Ainstituteurs à la CGT.1920 -­ Création de la CTI (confédération des travailleurs intellectuels), les non-­salariés.1925 -­ Constitution du Bureau international des cadres (dont ceux des chemins de fer français).1928 -­ L

1930 -­ Création de la fédération des cadres qui adhèrera à la CGT en 1936.1936 -­ Le bureau confédéral lance un « appel aux ingénieurs et techniciens de l’industrie ».10 et 11 mai 1936 -­ Pourparlers entre la fédération des dessinateurs de France

fusionnent le 21 juin donnant naissance à la fédération des techniciens Dessinateurs et Assimilés de l’industrie et des Arts appliqués.6 mars 1936 -­ À

marchande et la création du GNC (énergie), de la fédération des cadres cheminots, des techniciens de la métallurgie.1936 -­ Création d’une section syndicale CGT d’employé-­e-­s, technicien-­ne-­s et cadres dans l’entreprise Alsthom-­Rateau à la Courneuve

1936 -­ Création de l’union syndicale des techniciens de l’aviation au statut de syndicat national rattaché à la CGT.19 décembre 1937 -­ Le congrès extraordinaire de la fédération des syndicats d’agents, de cadres et techniciens des chemins de fer français et coloniaux décide d’adhérer à la fédération nationale des cheminots CGT.

France combattante) née pendant la guerre se

1943 -­ L1944 -­ Constitution du syndicat national des

CGT.A la Libération, création de la CGC, résultant du refus de la CGT et de la CFTC d’accepter

14 novembre 1944 -­ La CFTC créée le fédération française des syndicats

DATES ET REPÈRES

Avril 1946 -­ A son 26ème congrès, la CGT met en place le cartel confédéral

qui s’implique dans la création d’un régime complémentaire de retraite et de prévoyance pour les cadres.14 mars 1947-­ Naissance de l’AGIRC.Avril 1948 et création de FO.D’où la FEN qui devient autonome, sauf les enseignants du technique.24 et 25 avril 1948 -­ Conférence nationale réunissant 250 délégués ingénieurs et cadres destinée à remplacer le Cartel.

GIC dont ANDREJEAN est secrétaire général. Dans les départements

une revue « Travail et technique ».1959 -­ Congrès de la CGT à Toulouse, Benoît Frachon appelle à renforcer les organisations CGT d’I. et C. 14 décembre 1961-­5 juillet 1962dans l’entreprise grenobloise Neyrpic dans lequel les I.C.T. sont partie prenante. Décembre 1961 -­ Lsigne une circulaire provoquant l’acte de

1963 -­ Importante grève des mineurs appuyée par les ingénieurs et cadres. Forte progression du nombre de ces catégories.11 mai 1963 -­ Conférence nationale de

GICparticipants.1964 -­ sortie du 1er n° d’15 et 16 mai 1965 -­ 1er congrès de

GIC avec 380 délégués. La place des techniciens et maitrises est abordée.18 novembre 1966 -­ Création de l’APEC.18 mai 1968 -­ Appel de l’ en direction des ICT pour qu’ils s’engagent dans l’action.1969

GICT en son sein. La même année, à son 3ème congrès, GIC devient avec la prise en compte de la catégorie des techniciens en pleine

-­ 2 000 cadres et techniciens). C’est aussi l’apparition des premiers signes de divorce entre les cadres et les stratégies des directions d’entreprise.

Berlin scellera le passage d’une démarche d’adhésion des cadres, encore plutôt idéologique, au primat du revendicatif. En effet, le 44ème Congrès confédéral, sous l’impulsion d’Henri

CGT pour déployer une syndicalisation de masse des ICT sur des bases revendicatives d’interventions dans la gestion et démocratique avec la consultation des salariés.

et revendicative, dépassant l’Hexagone, puisqu’elle adhère à Eurocadres, organisation

« le coquelicot »

des préoccupations des cadres et des techniciens, au-­delà de la diversité des organisations CGT qui

CGT pour s’adresser et se développer parmi les ICT et, dans le même temps, l’organisation qui rassemble les ICT dans la CGT comme l’indique les statuts

Dans le but de mieux interprofessionnaliser son

dans les années mi 80 à 95 en développant les

Des premiers mouvements d’ensemble de cadres

dans les années 99-­2000, une réduction du temps de « cadres salariés, non pas

comme les autres mais au même titre que les autres salariés ».Les années 2000 voient une augmentation constante des ICT avec pour corollaire une

conception de syndicalisation de masse des ICT.)

des fonctions d’encadrement (cadre manager, de proximité, commercial, expert…), s’émerge une plus forte lisibilité des préoccupations transversales et communes de l’encadrement. Au-­delà de la RTT et de l’équilibre vie privée -­ vie au travail, la quête de sens et la soif de reconnaissance, de moyens pour exercer ses responsabilités sociales, traversent les luttes de début 2000 et structurent un changement d’état d’esprit des ICT, attentifs, disponibles, à la recherche d’alternatives.

le fait que la CGT se donne les moyens de porter confédéralement le déploiement des ICT en

Ce bref retour historique nous permet de mesurer la longue et lente maturation de la CGT sur

syndiqués ICT, outil de la CGT toute entière, imbriquée dans la CGT et portée par toute la CGT.

les orientations confédérales alors que les questions d’implication et d’anticipation sur les

la représentativité, qui relance la stratégie de constituer un fort bloc syndical réformiste et