BAT'CARRÉ N°8

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BA CARRÉ T’ nUméRO 8 // féVRieR-maRS 2013 MafaTe LA VIE AUDESSUS DES NUAGES RenconTRe aVec TieRno MonéneMbo baTaYe kok JIM, UNE PURE LÉGENDE Corée du Sud LE PAYS DU MATIN CALME

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Le magazine de toutes les balades

Transcript of BAT'CARRÉ N°8

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É T’numéro 8 // février-mars 2013

MafateLA VIE AU-DESSUS DES NUAGES

RencontRe avec tieRno MonéneMbo

bataye kokJIM, UNE PURE LÉGENDE

Corée du SudLE PAYS DU MATIN CALME

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ÉVASION CULTURELLEÉVASION BEAUX LIVRES & ÉVASION ROMANS DU MONDEÉVASION JEUNESSEAU CŒUR DE L’ÎLE LE QUOTIDIEN À L’ÎLET À MALHEURCAYENNE, SI LOIN DU BAGNE !RENDEZ-VOUS AVEC RENÉ ROBERTAURÈRE, LE POINT D’ANCRAGECOUP DE CŒURADRIANA ET MOI, LE RENDEZ-VOUS D’AURÈRESAVOIR-FAIRELE MALOYA SUR LE BOUT DES DOIGTSINSTANTANÉMÉTAMORPHOSE SPECTACULAIRE DU PAYSAGEÎLE MYSTIQUEPROTECTIONS, TOUR D’HORIZONRENCONTRETIERNO MONÉNEMBO, CONTEUR ET COMPTABLE DE L’HISTOIREHORIZON SAUVAGEQUARTIER FRANÇAIS, LE PASSÉ MIS À NUVOYAGE-VOYAGELA CORÉE DU SUD, LE PAYS DU MATIN CALMEBATAYE KOKJIM, UNE PURE LÉGENDERENDEZ-VOUS BDZISKAKAN, LA MUSIQUE DES BULLESCHRONIQUE AKOUTSALEM EN DIX QUESTIONSPAPILLES EN FÊTERECETTE DE L’ATELIER DE BENJEUXRÉSULTATS DES JEUX

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Couverture Photographie de Igor TarasovÉditeur BAT’CARRÉ SARLbimestriel gratuit

Adresse 16, rue de Paris97 400 Saint-DenisTel 0262 28 01 86www.batcarre.comISSN 2119-5463

Directeur de publication Anli [email protected] 29 47 50

Directrice de la rédactionFrancine [email protected] 28 01 86

RédacteursGéraldine Blandin, René RobertJean-Paul Tapie, Anne-Line SieglerSerge Delmas, Sylvain GérardGuillaume Perroux, Francine George

Secrétaire de rédactionAline Barre

Directeur artistique P. Knoepfel, Crayon [email protected]

Photographes Géraldine BlandinAnne-Line SieglerStefan GripponJean-Noël EniloracÉric LafargueSerge DelmasHippolyte

Illustrateurs Hippolyte

Création & exécution graphique Crayon noir

Vifs remerciements à René Robert, Serge DelmasBenoît Vantaux, Éric Lafargue pour leur précieuse collaboration à ce numéro

Développement web Anli Daroueche, Axe Design

PublicitéFrancine George : 0262 28 01 86

DistributionTDL

Impression Graphica 305, rue de la communauté97440 Saint-AndréDL No. 5565 - Mars 2013

Tous droits de reproduction même partielle des textes et des illustrations sont réservés pour tous pays. La direction décline toute responsabilité pour les erreurs et omissions de quelque nature qu’elles soient dans la présente édition.

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Ce début d’année bouscule les habitudes, la saison cyclonique estdense, la crise s’installe et n’encourage pas à aller de l’avant, ledésespoir conduit au meurtre ou au suicide… alors, évadons-nous !

Il existe à La Réunion, et au-delà, des endroits, des paysages, despersonnages qui donnent envie de rêver. C’est ce que nous vousproposons dans ce numéro avec de très belles rencontres à Mafateet en Corée du sud. Un échange riche et passionnant avec le lauréatdu prix Métis 2012, Tierno Monénembo, écrivain engagé qui parlede la vie avec un enthousiasme lyrique. Bataye Kok met en scènesa figure légendaire. Vous découvrirez aussi la musique en imagesavec le dernier album de Ziskakan tandis que Christine Salem selivre à vous, en toute simplicité. Pour finir et continuer à mettrevos papilles en fête, Benoît Vantaux vous propose son coulant auchocolat. Que du bonheur !

Joyeuse année 2013 !

Francine George

www.batcarre.com

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SélectionFrancineGeorge

ÉVASION BEAUX-LIVRES · 4

MIXITÉ OCCITANE

Arnaud Späni, photographe aux multiples facettes, vient de s’installer à La Réunion. Né en Afrique, il a longtemps vécu en Espagne, puis dans le Gers et à Toulouse. Aventurier au regard plein d’entrain, Arnaud Späni sait mettre en lumière une conception architecturale, un paysage, une saveur, le style en vogue, l’âme d’un inconnu croisé au hasard du chemin. Il a publié une vingtaine d’ouvrages en France et en Espagne. Sa collaboration avec le Toulousain Alem Surre-Garcia, ancien président de l’Institut Occitania-al-Andalus, porte sur la mise en relation entre l’art mudéjar et l’art gothique occitan. Ainsi, ce superbe ouvrage raconte une histoire de l’art singulière « qui va de l’époque médiévale à l’époque baroque où Toulouse et Saragosse étaient à la tête de principautés prestigieuses, musulmanes ou chrétiennes. »

TITRE Clochers & Minarets, les influences orientales dans l’art religieux occitanAUTEURS Arnaud Späni – Alem Surre-Garcia ÉDITEUR Privat

UNE MER INTÉRIEURE EN LIMOUSIN

Julie Delfour, docteur ès lettres et docteur en géographie, dévoile les coulisses de la construction du barrage de Vassière mis en eau il y a maintenant 60 ans. Illustré par les belles prises de vue d’Arnaud Späni,cette unité de production hydroélectrique a créé « une petite mer intérieure »avec ses ports, ses rivages sur le plateau des Millevaches.

TITRE Vassivière, Lac de lumièreAUTEURS Julie Delfour et Arnaud SpäniÉDITEUR EDF - Privat - collection Patrimoine régional

FENÊTRE OUVERTE SUR CUBA

Ce livre sur Cuba est une avant-première, trois éditeurs sont sur la brèche.Le choix final est en cours. Le photographe Arnaud Späni nous livre ici sa vision de la société cubaine « au hasard des rencontres de ces hommeset de ces femmes, combattants du quotidien, qui nous dévoilent leurs joieset leurs souffrances, laissant ainsi la trace de leur existence, l’essence mêmede leur société. » Une balade insolite à découvrir sous peu.

TITRE Sin embargo… CubaAUTEUR Arnaud SpäniÉDITEUR en cours

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5 · ÉVASION ROMANS DU MONDE

DESTINS CROISÉS EN HAÏTI

Jean-Marc Pasquet est à la fois conteur, musicien, scénariste. Son roman nous embarque dans deux scénarios parallèles, l’un dans le Haïticorrompu d’aujourd’hui, et l’autre dans l’Hispanola du XVIe siècle, avec en trame de fond, les rites taïnos. Un thriller époustouflant et un tourde force pour un genre qui n’est pas nouveau. Jean-Marc Pasquet, au parcours familial cosmopolite, sait remarquablement bien insuffler du mystique au réel, de l’histoire à l’imaginaire, du possible au probable, de la musique aux scènes imagées… le tout sans répit ! Le sens de l’aventure a, ici, un rythme effréné !

TITRE Libre toujoursAUTEUR Jean-Marc PasquetÉDITEUR JC Lattès

L’AFRIQUE AU PREMIER PLAN

Auteur prolixe au succès mondial, Yasmina Khadra, ancien officier supérieurde l’armée algérienne, campe son intrigue, cette fois-ci, en Afrique. Kurt Kraussmann, médecin allemand, gâté par la vie au commencement, va sombrer dans une vertigineuse descente aux enfers pour se reconstruirede façon surprenante. Cette trajectoire est formidablement bien restituéedans tous ses différents épisodes douloureux, avec de temps à autre,quelques notes d’humour inattendues. Otage en Somalie, Kurt hait de primeabord l’Afrique pour toutes les souffrances infligées, tandis que Bruno, son compagnon français de mésaventure, en est totalement épris. Ils sont à l’image de ce continent complexe, multiple, en proie aux piresexcès terroristes comme aux grandes leçons d’humanité. Les échanges manichéens entre les deux protagonistes interpellent sans cesse ceux qui essayent de comprendre le monde.

TITRE L’équation africaineAUTEUR Yasmina KhadraÉDITEUR Pocket

UN DANGEREUX MÉTIER À BRODER

Premier roman de ce professeur d’université espagnol. L’action se déroule d’abord en Espagne puis à Tanger et Tétouan pendant la guerre civile et la seconde guerre mondiale. Sira, jeune femme issue d’un milieu modeste madrilène, a appris de sa mère le métier de couturière.Planche de salut qui va la conduire vers un destin auquel elle n’avait pas été préparée, l’espionnage dans les plus hautes sphères de l’État. De ce thrillermené tambour battant, on sort enchanté, surtout par la partie marocaine, la légèreté du ton faisant oublier quelques manques certains. Il s’agit plus de dépaysement, d’ambiance, que d’un véritable roman historique, même si l’on y côtoie l’univers feutré, mais féroce, des ambassades et l’on croise l’ombre de personnages ayant existé.

TITRE L’espionne de TangerAUTEUR Maria DuenasÉDITEUR Robert Laffont

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ÉVASION JEUNESSE · 6

PREMIÈRES BULLES

Premier tome, premier scénario, première BD…l’aventure commence vite,haut et fort. Les deux Réunionnais auteurs de Nogard ont défenduleur création au festival d’Angoulême en ce début d’année 2013. Pour ceux qui aiment le fantastique, tous les ingrédients de l’action sont réunis pour « faire souffler le feu de la soif ! » Souhaitons-leur longue vie !

TITRE Nogard – Tome 1AUTEURS Patrice Bavoillot et Afif Ben Hamida ÉDITEUR Des Bulles dans l’Océan

LA COLLECTION DES IMAGIERS

Les imagiers en album cartonné, très colorés, apportent aux tout-petits les premières sensations de lecture. Premier imagier sur les animaux, premier imagier sur les fruits, premier imagier sur les légumes… les pages se tournent facilement et résistent aux gestes brusques de bébé.

ILLUSTRATIONS ET TEXTE Guillaume BernardinÉDITEUR Tibaba

LA COLLECTION DES TITO

Tito, le ti’tang des hauts, partage avec joie ses aventures avec les petits qui font leurs premiers pas en lecture. Tito va au marché, Tito mange à la cantine, Tito va à la plage, Tito en randonnée…et à la fin de chaquealbum, un coloriage les attend pour continuer l’aventure.

ILLUSTRATIONS ET TEXTE Guillaume BernardinÉDITEUR Tibaba

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au-dessus des nuages, il y a le cirque de Mafate. Un coin isolé au milieu des montagnes, là où la route, le bruit des klaxons et la pollution n'existent pas. ils sont environ 700 à habiter le cirque. certains y sont nés, d'autres ont choisi de s'y installer. tous aiment leur vie mafataise si particulière. Rencontre avec quelques-uns de ces habitants, à l'Îlet à Malheur, juste en face d’aurère.

AU CŒUR DE L’ ÎLE · 8 TEXTE & PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

Le quotidien à l’Îlet à Malheur

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AU CŒUR DE L’ ÎLE · 10

Ce samedi après-midi, Gigi et Martiniensont aux fourneaux. Dans leur petite cuisinesous tôle, ils préparent un cari au feu de bois,« un vrai cari des hauts ». Les Hauts, Gigi etMartinien les connaissent bien. Ils ont tou-jours vécu à Mafate. Lui est originaire d'Îletà Malheur. Elle, de Grand Place, un autre îletqu'elle a quitté il y a une dizaine d'annéespour suivre « son prince charmant ». Depuis,les amoureux font leur chemin ensemble,à Malheur. L'îlet compte une soixantained'habitants, une boutique, une école, unechapelle et plusieurs gîtes. La vie de cesRéunionnais des Hauts est rythmée par lesvisites extérieures comme celle du facteurqui dépose le courrier chaque mardi ou celledu Père Stéphane qui vient donner la messerégulièrement. Quant aux visites des touristeset des hélicoptères, elles sont quasi quoti-diennes.

Toutes les deux semaines, un hélicoptère vientdéposer la nourriture pour les marmailles del’école. Une fois par mois, ce sont les déchetsque l’hélicoptère vient récupérer. À Mafate,le tri sélectif n’existe pas, mais les habitantsessayent au maximum de brûler et passer aucompost les déchets verts. Ces rotations sontrécentes, elles existent depuis six ansseulement, depuis, en fait, la naissance duParc National des Hauts de La Réunion.Avant, tous les déchets étaient entassés à l’airlibre. À ces rendez-vous se rajoutent de nom-breuses rotations pour la boutique, pourles gîtes ou celles de la DDASS, de l’ONF ouencore de la Gendarmerie.

« Habite un’autre place ? Peut-être quandnou sera vieux... Mais pas tout’suite, lé sûr !Nou veut garde les pieds sur terre ! », souritGigi. Avec Martinien, ils vont courir réguliè-rement sur les sentiers, par plaisir et parceque « le corps y veut bouger ! » Depuis tout-petits, leurs jambes sont habituées à ceschemins escarpés. Pour aller à l'école, à laboutique ou voir la famille, il faut marcher.

Pour aller travailler, il faut marcher aussi.Martinien est salarié du GCEIP, une structuregérée par le Conseil général et qui a pour butd'aménager les espaces naturels de La Réunion.Ainsi, une dizaine de jours par mois, avecses collègues, il arpente les sentiers mafataisafin de les « réparer » pour les habitants ducirque et les touristes.

le corps y veut bouger !

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LES REMPARTS À L’HORIZON

LE COMPTOIR À PALABRES

LE RENDEZ-VOUS DOMINICAIN

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AU CŒUR DE L’ ÎLE · 12

« J'aimerais travailler davantage… maisc'est déjà ça ! Le boulot, c'est la seule chosedifficile à Mafate… Il n'y en a pas assez pourtout le monde. Pour travailler, on est obligéd'enquiller plusieurs petits contrats oualors de créer sa propre structure. » Et c'estce qu'a fait Gigi. Après avoir cumulé pendantplusieurs années les petits boulots à Mafate,dans les écoles, sur les sentiers ou dans letourisme, la trentenaire a décidé d'ouvrir sonpropre gîte il y a un an avec l'aide de soncompagnon. Ensemble, ils régalent chaquesoir les touristes de passage avec leurs carisau feu de bois, leurs gâteaux péï et leur mu-sique seggaë. Martinien à la guitare, Gigi auchant… Les amoureux composent eux-mêmesleurs chansons comme Zozo blanc qu'ilsjouent ensuite chez eux ou lors de concertsqui ont lieu en ville. « En bas, personne nes'attend à voir des Mafatais jouer de lamusique… ça les surprend, c'est génial !Et faire découvrir nos compositions endehors du cirque, c'est un plaisir pournous. »

S'ennuyer dans les montagnes ? L'idée faitsourire le couple. « C'est le contraire, pouêtre tranquille, il faut ou ça va dans les basjustement ! Ici, si ou veux occup’ outtemps à Mafate, ou peux sans problème !Entre le travail, les enfants, la musique, lejardin… Néna toujours un afèr pour faire !»Graziella partage cette opinion. Pourtant,quand la jeune femme débarque à Mafateil y a treize ans, elle s'ennuie… le premiermois ! Originaire de Piton St-Leu, Graziellaest tombée amoureuse de Gilbert, un Mafa-tais qui n'aimait pas la ville. Pour vivre aveclui, elle l'a donc suivi dans son cirque. « La première fois que je suis venue, lechemin était long et difficile ! Je me disaisque je n'y arriverais pas… Je n'avais jamaisété à Mafate avant ! Et je ne savais pas dutout où je mettais les pieds ! » Aujourd'hui,Graziella ne veut plus quitter Malheur : « Je suis bien ici. C'est calme, c'est beau…Et j'aime ce que je fais.» En 2006, après plu-sieurs petits boulots, la Mafataise d'adoptioncrée un camping dans l'îlet. Elle y travailletous les jours avec son compagnon. Sa seulepause, c'est quand elle va voir sa famille dansles bas au moins une fois par mois. « Lé durlà-bas… Moin lé plus habituée au bruit parexemple. Mi gagn pas dormir, mi entend laroute, les voitures… Quand mi lé là-bas, milé pressée de remonter ! Pourtant, marcher…mi aime pas trop mais faut faire avec »,plaisante Graziella.

Car Mafate se mérite ! Plusieurs heures demarche sont nécessaires pour rejoindre lesHauts. L'Îlet à Malheur et Aurère sont à unevingtaine de kilomètres de la Rivière desGalets. « Seulement » huit se font à pied, lesautres à bord d'un 4x4, car c’est plus facileet surtout moins dangereux pour les mar-cheurs. En effet, il faut traverser à plusieursreprises le lit de la Rivière des Galets. Maisdébut janvier, le cyclone Dumile a ravagé lapiste… Les 4x4 ne peuvent plus circuler. C'estun problème pour les Mafatais d’Aurère et deMalheur qui doivent désormais parcourir lesvingt kilomètres à pied et surtout passerdans l'eau plusieurs fois.

Je suis bien ici.C’est calme,c’est beau...

et j’aime ce que je fais

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« C'est dangereux… La rivière est hautepar moments, elle nous arrive à la taille,raconte Guy, un habitant de Malheur. C'estfacile de tomber ! Sinon, il faut passer parSalazie, mais la route pour descendre estlongue... » Depuis Malheur ou Aurère, il estassez simple de rejoindre Salazie par le sen-tier Scout, qui s’étend sur huit kilomètres.Mais la route pour sortir du cirque est longueet sinueuse. Les Mafatais, plus habitués àl’hélicoptère qu’aux voitures, sont « sensibles »aux virages de la route de Salazie !Pour Guy, les ravages de Dumile lui posentun réel problème. Le gérant de la boutiqued'Îlet à Malheur doit descendre régulière-ment en ville pour faire ses courses. En tempsnormal, les marchandises sont ensuite ra-menées en 4x4 jusqu'à Deux-Bras, au boutde la piste, là où l'hélicoptère les récupèrepour les monter ensuite à Malheur. « Mais là,il va falloir s'organiser différemment… Lapiste ne va pas être réparée avant le moisd'avril.» S’organiser différemment, c’est trou-ver de nouvelles solutions. Des rotations sontenvisagées depuis la Rivière des Galets, Dosd’Âne ou encore Salazie, mais plus c’est loinet plus c’est cher !

Guy est né à Malheur il y a 47 ans. Il n'a jamaisquitté son îlet. Sa boutique, il l'a ouverte il ya 25 ans. Un rêve de gamin. « Petit, quandmi té à l'école, pou gagne un peu l’argent,nou té vend boissons pou band z’habitantsMalheur. Té un bon l’ambiance ! Alors moinl’a imagine fé pareil plus tard ! » En 1987,Guy ouvre la première boutique de l'îlet. Unepetite boutique qu'il agrandit au fil du temps.Guy surnommé Guito à Mafate, et sa femmeFabienne travaillent tous les jours de l'année.« Les vacances ? On verra plus tard… Carsi on part, il faut tout fermer. C'est embê-tant…» Le couple accueille dans sa boutiqueles randonneurs qui viennent se ravitailler,mais aussi, et surtout, les habitants de l'îlet.Car la boutique de Guito, c'est un peu le pointcentral de l'îlet, là où tout le monde passe pourcauser un instant. « Tous les soirs, les gensde Malheur et même d’Aurère viennent à laboutique boire une canette, grignoterquelque chose ou acheter un afèr pour lerepas… C'est surtout l'occasion de discuter

entre nous, de se retrouver et de se raconterce qui s'est passé dans la journée. »Comme partout, quelques ladi lafé traînentau milieu des conversations les plus sé-rieuses portant souvent sur le même sujetces derniers mois : l'eau. Les habitants de Malheur et d’Aurère sontconfrontés à un grave problème d’approvi-sionnement d'eau. Celui-ci, qui se fait depuisla ravine Joson, est insuffisant. Mais le cycloneDumile a apporté de la pluie et réglé le pro-blème… jusqu’à la prochaine saison sèche.Malgré tout, Guito ne quitterait pour rien aumonde son îlet natal. « Moin la jamais vécuen bas et moin l'en a pas envie ! Et pou quoifaire en bas ? Mi aime ma vie ici en haut »,explique le Mafatais, papa de quatre enfants.Deux d'entre eux, les plus grands, habitentpourtant en bas depuis quelques années déjà.Car à Mafate, l'école s'arrête en primaire. Lesenfants doivent quitter le cirque quand ilsentrent au collège. En période scolaire, ilssont en bas. Pendant les vacances, ils retrou-vent les Hauts. Mais une fois que ces petitsMafatais ont goûté à une autre vie, celle dela ville, certains ne reviennent pas dans leurcirque. Graziella a deux filles de sept et qua-torze ans. Leika, la plus grande, actuellementau collège de la Rivière des Galets, veut revenirvivre à Mafate quand elle sera adulte. Maispour sa sœur Kenza, les projets sont diffé-rents : « J'aimerais vivre à St-Paul quand jeserai grande, il y a plus de choses à faire »,confie la petite Réunionnaise. Quant à Guito,lui, il espère qu'un jour l'un de ses enfantsreprendra sa boutique et continuera de lafaire vivre, là-haut, au-dessus des nuages.

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AU CŒUR DE L’ ÎLE · 14 TEXTE JEAN-PAUL TAPIE

PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

Cayenne,si loin du bagne !

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Est-ce parce qu’il se trouve dans le fond dufond du cirque que l’îlet de la Cayenne estle moins connu du cirque de Mafate ? Peut-être. Le soleil, chaque jour, y séjourne unpeu moins longtemps qu’au-dessus desautres écarts. Il semble l’effleurer, l’espace dequelques heures, l’arrachant à l’ombre ma-tinale pour le replonger un peu plus tarddans l’ombre vespérale. C’est que l’îlet de laCayenne est un îlet discret. Il ne se pavanepas, ne s’exhibe pas. Il est tellement niché aucreux de la rivière des Galets qu’on a du malà le repérer de loin. Le plus souvent, on ne ledécouvre qu’en arrivant dessus. Au détourdu sentier qui serpente depuis la passerelled’Oucy ou de celui qui longe discrètementla rivière depuis le Bronchard, ou en contre-bas de celui qui descend de Grand-Place.Brusquement, Cayenne est là, sous vos yeux,devant vous. Quelques cases aux couleurspimpantes, nichées dans la végétation, commedes femmes dissimulées sous les frondai-sons, qui se taisent en vous apercevant del’autre côté de la ravine, avant de reprendreleur conversation, un ton en dessous. Ellesparaissent indifférentes au randonneur quipasse.

Cayenne attendra que vous preniez la peinede faire le petit détour de quelques minutesqui vous rapprochera de ses quelques cases,de son gîte flanqué d’un terrain d’atterris-sage pour l’hélicoptère. Vous pourrez vous yreposer un instant, en attendant de gagnerGrand-Place ou de poursuivre vers l’amontde la rivière des Galets, par où vous pouvezégalement rejoindre Grand-Place les Hauts :un superbe sentier sinueux vous attend à laRoche Ancrée pour vous voler votre derniersouffle et vous faire regretter de n’avoir pasfait halte à Cayenne.

Bien entendu, vous pouvez aussi choisirde passer quelques heures, voire la nuit, àCayenne. On sait être accueillant, même sil’on ne court pas après le touriste avec forcepanneaux indicateurs, comme un peu plushaut, à Grand-Place, où les gîtes se disputentles randonneurs. Le gîte de Cayenne n’a rien

de spécial, ni d’inoubliable. C’est le lieu quil’est. Et si vous restez pour y passer la nuit ouquelques heures, vous découvrirez, à unquart d’heure à peine de l’îlet, le cimetière deCayenne, que certains baptisent de Grand-Place, alors qu’il est nettement plus près del’un que de l’autre.

Il fait l’objet d’une description dans un romandont, oh tiens, quelle coïncidence, je suisl’auteur. La voici.

Le cimetière occupait un terrain de formequadrangulaire. Il ne reflétait pas une activitéfébrile. On mourait peu dans cet écart deMafate. Ou, plus vraisemblablement, les can-didats à l’inhumation se faisaient de plus enplus rares.Un portail de bois permettait de franchir legrillage tressé de liserons. On avait écrit à lapeinture blanche, sur les planches du portail,cette requête : Eteindre votre bougie avantde partir. Les tombes étaient éparpillées, unpeu au hasard, semblait-il ; il n’y avait pasd’allées, juste de l’herbe, qui avait été tonduerécemment. Certaines tombes étaient entou-rées de grilles, c’étaient les mieux entretenues.Des buissons de fleurs blanches poussaientun peu partout. Les croix, toutes identiques(elles provenaient sans doute du mêmefournisseur), portaient le nom du disparu etla date de sa mort, précédés de la mentionDCD (j’avais déjà remarqué ce détail sur lescroix plantées au-dessus du Gouffre, prèsd’Etang-Salé). Les Thiburce et les Thomasabondaient, suivis de plus loin par les Benoitet les Libelle.L’emplacement était superbe, invisible duchemin mais incroyablement ouvert sur l’es-pace. Le bord du rempart du Maïdo ne sem-blait être qu’une étape vers le ciel. L’endroitaurait séduit tout adepte de la translation desâmes.

Maintenant, si vous ne me croyez pas, sivous ne me faites pas confiance, rendez-vous à Cayenne et visitez le cimetière. Vousn’en reviendrez pas.Enfin, façon de parler, bien sûr !

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Le cirque de mafate : un attrait particulier pour les réunionnais et les amateurs de natureen général ; un cirque insondable dans son histoire ; une souffrance pour les mollets dela plupart d’entre nous ; une avalanche de questions face à cette multiplicité de paysageset d’îlets accrochés aux faîtes de précipices… et toujours cette envie d’y retourner, caron a l’impression d’être « ailleurs », sans pouvoir l’expliquer. Les repères sont toujoursdes ravines inquiétantes ou des remparts dominateurs. Dans ce labyrinthe de créationspaysagères, offrandes d’une nature riche dans son évolution, il est facile de perdre lenord, et on se raccroche comme l’on peut à une forme connue, un sentier habituel, un hameau comme aurère.

RENDEZ-VOUS AVEC RENÉ ROBERT · 16 TEXTE RENÉ ROBERT

PHOTOGRAPHIE STEFAN GRIPPON

Aurère,

VUES D’EN HAUT, VUES D’EN BAS... PERSPECTIVES VERTIGINEUSES !

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Cet îlet est à peu près au centre du cirque, dominé par le Piton Cabri. Regardant vers le nordet la Pointe des Galets (invisible), on situe vers l’est la Roche Ecrite et le Cimendef ; versl’ouest le rempart de l’îlet des Orangers, et plus loin, celui du Maïdo. Dans notre dos, c’estl’énorme masse du Gros Morne qui culmine à plus de 3 000 mètres. Et dire que tous cesmonuments naturels sont souvent des ruines, des restes d’une évolution où les grandsglissements de terrain et l’érosion des torrents ont joué un rôle considérable. Commentimaginer que jadis, voici plusieurs centaines de milliers d’années, là où nous sommes,s’étendaient de vastes plateaux inclinés, réguliers, qui rejoignaient le Piton des Neiges, unvolcan actif qui devait trôner à plus de 3 400 mètres ?

le point d’ancrage

on a l’impression

d’être « ailleurs »,

sans pouvoir l’expliquer

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Pour les deux grands cirques voisins, Salazieet Cilaos, on note que cette série de crêtesrésiduelles n’est une évidence que pourMafate. ll y a bien le magnifique Bras de Ca-verne, parallèle à la Rivière du Mât, pour lecirque de Salazie ; mais il est tout seul. Au

total, si les trois cirquesont un indéniable airde famille, et notam-ment une forme géné-rale de poire, limitéepar de hauts rempartspresque verticaux, ilssont assez nettementdifférents par une foulede détails naturels. C’estdu côté d’Aurère que

l’on peut percevoir au mieux la puissance dutravail de la nature, et celle de l’eau en parti-culier, et aussi l’originalité de Mafate. On atous vécu les expériences des cyclones tro-picaux et de leurs crues dévastatrices pourse faire une petite idée de ce qui a dû se pas-ser dans la région d’Aurère au cours des mil-lénaires précédents.

C’est une région surprenante à bien deségards. Elle l’est par sa géographie, sespaysages actuels. Elle l’est aussi par sonhistoire géologique et toutes les questionsqu’elle suscite. Lors de votre prochaine ex-cursion dans cette région, prenez le tempsde dépasser le panorama qui s’offre à vousen vous projetant dans le passé pour essayerd’imaginer l’incroyable processus d’érosionqui a, peu à peu, transformé ce paysage.

En fixant son attention sur une carte ducirque, ou en regardant Mafate grâce à undéfilement de photographies prises du ciel(avec Google par exemple), on remarqueune suite de vallées profondes et de crêtesallongées qui sont autant de difficultés àfranchir. En partant durempart ouest de la RocheEcrite au-dessus du Brasde Sainte-Suzanne, c’estd’abord la Crête de laMarianne, puis la Crêted’Aurère, puis de l’autrecôté de la Rivière desGalets, la Crête des Oran-gers. Vers le sud d’Aurère,et proche de La Nou-velle, il y a une dernière crête, celle des Ca-lumets. Toutes ces crêtes sont minces etorientées dans le sens amont/aval et sontdes conséquences de l’érosion de torrentsparallèles.

la puissancedu travail

de la nature

RENDEZ-VOUS AVEC RENÉ ROBERT · 18 TEXTE RENÉ ROBERT

PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

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COUP DE CŒUR · 20 TEXTE JEAN-PAUL TAPIE

PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

Rendez-voUs n’est peUt-êtRe pas le teRMe adéqUat. Un Rendez-voUs iMpliqUe

qUe l’Une et l’aUtRe peRsonne soient aU coURant. paRleR de RencontRe seRait peUt-êtRe plUs appRopRié.

encoRe qU’Une RencontRe soUs-entend qUe chacUn, apRès coUp, se soUvienne d’avoiR RencontRé l’aUtRe.

contRaiReMent à Moi, je ne sUis pas sûR qU’adRiana kaRaMbeU

se soUvienne de M’avoiR cRoisé à aURèRe.

Adriana & moi

LE RENDEZ-VOUS D’AURÈRE

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Pour tout dire, je n’ai même pas la convic-tion qu’elle ait eu conscience de ma pré-sence. Pas même de mon existence. En fait,elle ne m’a pas vu. Elle est passée devantmoi, immense et élégante dans sa combi-naison beige teinte café au lait, le logo de laCroix-Rouge bien en évidence, souveraineet absente, pas même dédaigneuse, aussibien à sa place dans cet îlet du bout dumonde que sur le proscenium d’un défiléde mode. J’ai appris plus tard qu’elle étaitvenue là en hélicoptère pour réaliserquelques photos destinées à une campagnede levée de fonds en faveur de l’organisa-tion humanitaire dont elle était alors lesymbole dans le monde entier.

Il est très peu probable que, si je retourne àAurère, je la croise de nouveau. D’ailleurs,j’y suis retourné à plusieurs reprises depuislors, et jamais je ne l’ai revue. Rien ne prouvequ’elle y remette un jour les pieds, aussin’est-il sans doute pas indispensable que jem’y rende dans le seul but de la revoir.

Mais, me direz-vous, il n’est pas indispen-sable d’espérer rencontrer Adriana Karambeupour se rendre à Aurère. Et là, je suis tout àfait d’accord avec vous. L’îlet, à lui seul, jus-tifie une visite, et pas obligatoirement parhélicoptère. On peut s’y rendre à pied. J’aimême envie de dire : on doit s’y rendre àpied. D’autant que les chemins pour l’at-teindre ne manquent pas, et ils sont tousplus beaux et plus pittoresques les unsque les autres. Le plus classique, bien sûr,

consiste, à partir de Deux Bras, de monterpar le Bord Bazar en contournant le PitonCabri. On peut aussi, toujours à partir de DeuxBras, remonter le Bras de Sainte-Suzanne,puis se glisser dans la Ravine des Merles parun sentier exigeant, mais gratifiant. On peutencore l’atteindre en partant du cirque deSalazie et en empruntant le Sentier Scoutqui conduit jusqu’à Ilet-à-Malheur avant detraverser la Ravine Bémale par une joliepasserelle et d’attaquer un petit raidillondont vos jambes garderont le souvenir bienaprès être arrivé à Aurère. On peut enfindescendre le superbe Sentier Augustave,depuis Bord Martin, sur la route menant auCol de Fourche, et entrer dans l’îlet à l’en-droit même où parvient le Sentier du Brasdes Merles.

Je n’irais pas jusqu’à dire que tous les che-mins mènent à Aurère, mais vous remer-cierez tous ceux-là de vous y avoir conduit.Car Aurère est un îlet très convivial. Forcé-ment : c’est un carrefour de sentiers, et doncun rendez-vous de randonneurs. Il est doncaccueillant. On y compte plusieurs gîtes etchambres d’hôtes et un café idéalementsitué au croisement de tous ces chemins.On peut y admirer le Maïdo sous un angleoriginal et, quand descend le crépuscule,se laisser enchanter par le silence riched’échos qui entoure le lieu. Aurère est uneétape indispensable dans Mafate.

Même si le souvenir d’Adriana Karambeune l’habite plus vraiment.

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PUBLI-REPORTAGE BAT’CARRÉ · 22

nouveau nom, nouveau logo, nouvelle charte, nouvelle dynamique, qualité tourisme ile de la Réunion prend son envol !

l’iRt - Île de la Réunion tourisme - souhaite renforcer l’attractivité de l’île dans un contexte où la concurrence est de plus en plus exacerbée.

attirer plus de touristes, savoir les fidéliser passent par l’amélioration de la qualité des produits et des services qui leur sont proposés. le label redynamisé, un nouveau logo plus moderne avec sa grande lettre q - symbole de qualité reconnu dans le monde - emportée haut dans le ciel par un paille-en-queue répondent à cette démarche.

les professionnels du tourisme à la Réunion se regroupent autour de ce nouveau label pour lequel ils signent « l’engagement satisfaction. »

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UNE CHARTE D’ENGAGEMENTAU STANDING INTERNATIONAL

À La Réunion, 113 professionnels s’engagentet garantissent le respect des dix promesses dela charte de qualité dans tous les secteurs : hébergements classés, restaurants, accueilsinformation, loisirs culturels, activités sportivesde pleine nature, boutiques artisanales, trans-ports.

Chacune de ces branches professionnelles aétabli la liste des dix engagements prioritairesvisant à améliorer la qualité des prestationsoffertes.

Ces professionnels mettent un point d'hon-neur à accueillir les clients avec le sourire età répondre à leurs attentes.

Audits mystère, suivi personnalisé garantis-sent le niveau de service au standing interna-tional et la satisfaction des nouvelles exigencesdes touristes et des résidents.

Retrouvez les adhérents de « qualité tourisme - ile de la Réunion »

sur www. reunion.fr

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SUR LE BOUT DES DOIGTS

LeMaloya

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25 · SAVOIR-FAIRE TEXTE & PHOTOGRAPHIE ANNE-LINE SIEGLER

considéré comme subversif jusqu’au début des années 80, le Maloya, hérité de l’esclavage, est depuis 2009 classé au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. la reconnaissance de cette richesse identitaire et culturelle a encouragé jean-luc Robert, saint-andréen de 43 ans, à s’imposer dans la fabrication d’instruments traditionnels. soudeur de métier, il devient « facteur » d’instruments traditionnels à plein temps. en musique, « le facteur » est celui qui conçoit, réalise, ou répare les instruments.

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AU SERVICE DES ARTISTES

Familier du Maloya et des servis kabarédepuis toujours, le Saint-Andréen s’est lancédans la fabrication traditionnelle d’instru-ments de musique. « Au départ, c’était parbesoin, j’avais un roulèr familial à réparer.Après, j’ai appris tout seul, en regardant lesautres et j’ai ajouté ma touche personnelle. »Il est maintenant fortement apprécié dumonde culturel. « Les gens commencent àme faire confiance », reconnaît celui qui tra-vaille uniquement sur commande. Humble,discret et respectueux des artistes de renom-mée qu’il côtoie, Jean-Luc, alias Zanlik, segarde bien d’énumérer leurs noms.

DANS SON ATELIER DE CRÉATION…À Saint-André, sous la varangue familialeaménagée en atelier, se côtoient différentesfamilles de tambours, kayambs en série, bobresen cours de finition, pikèr et sati. Jean-LucRobert explique sa façon de travailler : pourlui, pas question de clouter son kayamb ni dele truffer de graines de lentilles. Car ce fabri-cant d’instruments traditionnels est un pu-riste, un partisan du retour aux sources. « Jeprivilégie le montage à l’ancienne. Pourle kayamb, j’utilise des tiges de fleurs decannes et du bois de goyave pour la cloison,le tout est attaché avec du fil ou « ligaturé »comme on dit. Avant c’était du fil de chocaou de vacoa qui était utilisé. » À l’intérieurdu cadre compartimenté en deux s‘équili-brent de petites boules noires circulaires, lesgraines de safran marron, et plus rarementdes graines de cascavel ou encore des grainesde Job. Malheureusement, ces pépites acous-tiques se raréfient. Dans ses kayambs, l’hommeglisse des petites pièces, comme un porte-bonheur, de façon à personnaliser l’objet.« L’artiste donne une âme à son instrument.Je ferme le kayamb devant lui. » Son pre-mier roulèr, il s’en souvient comme si c’étaithier, coupé morceau par morceau à la hachedans un bois de letchis vieux de 150 ans.« Le bois le plus noble, au son le plus puis-sant, c’est le bois de tamarin, avec le boisde letchis. Mais ce dernier est très dur, ilfaut le tremper un mois dans l’eau avant dele travailler. Je travaille tout type de boisselon la demande. Par exemple, les djembés,qui sont arrivés à La Réunion dans lesannées 80, sont issus de bois de mangue, lesroulèr sont faits avec du bois de tamarin…»

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LE RETOUR AUX SOURCES

Pour lui, le Maloya ne s’explique pas. Il doitse vivre, se ressentir. « Quand tu joues, il ya une magie. Une électricité, c’est en toi,c’est mystique, c’est comme une sensationde chair de poule. » L’apport de l’Afrique et deMadagascar sont indiscutables, même siles instruments ont été transformés et adap-tés à La Réunion. Le roulèr est par exemple« endémique » de l’île. « Le Maloya est néde pratiques cultuelles malgaches et afri-caines. Les esclaves charpentiers ont évidéun tronc d’arbre et pris une peau de bœufpour faire un roulèr. Le sati, c’est un mor-ceau de tôle, un « bac pétrole » sur lequelon a commencé à taper. » Aujourd’hui, lestechniques de fabrication ont bien évolué.On n’évide plus un tronc d’arbre, mais onmonte un roulèr à partir de morceaux de boisdécoupés à la hache ou à la tronçonneuse,cintrés puis cerclés. Le montage cordé desroulèr, qui a remplacé le cloutage, permetainsi de travailler différentes hauteurs desons auxquelles contribue l’épaisseur de lapeau choisie.

L’ART DE LA TRANSMISSION

Dans son atelier qui rappelle un amphithéâ-tre, le facteur couve des yeux ses « bébés », ilévoque avec affection les différentes sonoritésde ses instruments au « son clair », « grave » ou« renfermé ». Au bout d’une grande table estposé le bobre, à l’architecture originale, c’estl’un des instruments les plus difficiles à jouer.Attribut des conteurs, sa sonorité fait penserà une complainte lancinante. Tout en hautdes planches domine le tambour vouve, au-jourd’hui pratiquement disparu, sorte de roulèrallongé qui rappelle la vouve des pêcheurs.Chaque pièce est unique, signée par l’artiste,Z-Lik pour Zanlik. Au gré de sa fantaisie,Jean-Luc Robert revisite aussi les instru-ments traditionnels, tels le roulèr zébré outacheté. Effet garanti !

C’est pour préserver cette richesse culturelleque ce père de famille intervient aussi dansles écoles. Et comme chez les Robert leMaloya est une pratique familiale, voire an-cestrale, le facteur travaille en tandem avecson fils Luciano, percussionniste, qui l’aideà faire « évoluer l’instrument ». Après septans de conservatoire à Saint-Benoît, le jeunehomme à la tête du groupe « Loryzine » pro-pose au public un Maloya plus urbain, nourrid’un son traditionnel mélangé à des rythmesafro-cubains.

Atelier Z-Lik FabricationJean-Luc Robert110 rue des Pinpins 97440 Saint-André

[email protected] 14 76 32

27 · SAVOIR-FAIRE

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INSTANTANÉ · 28 TEXTE FRANCINE GEORGE

PHOTOGRAPHIE STEFAN GRIPPON

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Février 2013. Métamorphose spectaculaire du paysage.Les pluies cycloniques forment un arc de cascades sur le radier de la rivière d’Abord qui relie Saint-Pierre à Terre-Sainte.

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Protec-

le mauvais œil et le besoin de s’en protéger existent depuis la nuit des temps. Malchance, nadjar, bouche cabri, mové zieu… la Réunion, héritière de diverses cultures au fil des migrations, n’y échappe pas. ces protections auxquelles l’individu menacé peut recourir portent un nom en créole : garanties ou garde-corps. elles évoluent avec ou en marge des différentes instances religieuses qui les tolèrent ou les considèrent comme idolâtriques dès lors qu’elles frôlent la sorcellerie.

ÎLE MYSTIQUE · 30 TEXTE & PHOTOGRAPHIE ANNE-LINE SIEGLER

tionsTOUR D’HORIZON

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LES TROUBLES DE L’ÂMEMaladies, problèmes de nature financière,amoureuse ou sociale, mauvaises âmes àgérer… autant de manifestations de forcesnégatives qui menacent le quotidien desRéunionnais. L’auteur, les auteurs des malé-fices ? Un voisin, un camarade, un ancienconcubin ou même une mauvaise étoile.Dès lors, les moyens de protection mis enœuvre sont multiples, de la simple prière àl’usage de talismans savamment confec-tionnés. Diverses matières peuvent entrerdans la composition d’une garantie et diffé-rents supports : papier, tissu, métal, poinçons,gravures agrémentées de symboles ou non.Ces objets peuvent être sacralisés, « chargés »par un intercesseur – prêtre, devineur ou gué-risseur – dont le rôle se situe à mi-cheminentre le religieux et le thérapeutique. De fait,il est souvent difficile de tracer une frontièrenette entre médecine, magie, religion et sor-cellerie.

Outre la transgression d’un interdit, le mau-vais œil « s’attrape » par la médisance et lajalousie. Prégnant dans le milieu malbar,le regard de l’autre, tout comme la parole(bouche cabri ou mauvaise langue) sontconsidérés comme potentiellement malveil-lants. Un simple regard admirateur, ou desparoles trop élogieuses peuvent déclencherinvolontairement des forces négatives. Lesmusulmans redoutent aussi ce pouvoir mal-sain du regard et de la parole et appellent« nadjar » le mauvais œil.

Face à ces risques, les plus vulnérables sontles jeunes enfants et les femmes enceintes.Dans l’hindouisme réunionnais, on peintalors un « poutou » (point noir) au milieu dufront de l’enfant et/ou sur sa joue gauche ;on peut aussi orner ses yeux de kajal (khol),lui faire porter des bracelets noirs aux poi-gnets. À noter que le noir est une couleur deprotection en Inde.

Le recours aux garanties se fait aussi lorsquel’on rentre dans une phase négative de sonsigne astrologique. « Cet état de faiblesse en-traîne de mauvaises choses », explique unpusari de l’île. Et de préciser que « beaucoupde jeunes cherchent à se protéger psycho-logiquement. » Mais ces personnes devien-nent aussi des proies faciles pour les devineurs,plus intéressés par l’appât du gain que parl’apport d’une aide thérapeutique. « Plus de90% des gens se font berner », estime le prê-tre tamoul.

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LE SACLON

Le saclon ou saklon est un talisman fré-quemment employé. Terme créolisé à partirdu tamoul « cakkaram » qui signifie roue,énergie, le saclon sert à concentrer les forcespositives et l’énergie d’une divinité sur unindividu ou un espace. Sur une plaque demétal est gravée en sanskrit ou en tamoulune figure magique (ou yantra), un diagrammereprésentant une divinité, orné de formules etde symboles sacrés.Lorsque ces garanties sont portées autour ducou, on utilise alors de petits saclons simpli-fiés, gravés sur des feuilles de métal et roulésdans de longs tubes, des taïtou. La personneest alors placée sous la protection de Maria-men pour la maladie et Karli pour le mauvaisœil. En outre, à chaque grande fête, lesbijoux personnels peuvent être bénis lors dubain de la divinité célébrée ce jour-là, lemétal étant conducteur de la force divine.Les garanties pour fonctionner pleinementdoivent être portées au contact de la peau.

LES TAWIZ

Les zarab disposent également de garantiesappelées « tawiz ». Ces derniers, confection-nés dans des sachets de tissu vert, contiennentdes versets du Coran ou des formules deprières traduites en chiffres. On les porte sursoi ou on les affiche dans la maison ou lecommerce. Certains tawiz doivent être glis-sés dans de l'eau que l'on boit après dilutionde l’inscription.Les tawiz sont aussi présents dans les ritesliés à la maternité : on les noue autour duventre pour éviter les fausses couches, à lacheville droite pour un accouchement sansproblème et au poignet droit du bébé. Ilspeuvent également être placés sous unoreiller. Comme dans l’hindouisme, les tawizservent à repousser une mauvaise âme oudjinn. Mais cette pratique divise les musul-mans : pour certains, porter un tawiz est« shirk » ou péché d’idolâtrie, pour d’autresil relève d’une science talismanique au mêmetitre qu’une science médicale. Du coup, c’està des molwis venant d’Inde ou de l’Ile Mau-rice que l’on s’adresse, pour les cas difficiles.Dans les communautés musulmanes ma-horaises et comoriennes, ces pratiques detawiz se nomment « hiriz ».

L e s p o r t e - b o n h e u r

En honorant et remettant des offrandes aux anciens, ces derniers

protègent les vivants.

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LA MÉDAILLE

Quant à La Réunion catholique, les saintsy sont très sollicités : médailles de la Vierge,de Saint Benoît, Saint Christophe, Sainte Rita,Saint Michel, statues et images de Saint Ex-pédit. Le crucifix en lui-même est une pro-tection contre les démons.

Certains devineurs incorporent ces médaillesà leurs garanties y ajoutant des élémentsmalbars ou malgaches. À l’inverse, Malbarset Malgaches introduisent des éléments chré-tiens dans leurs talismans. Les garanties« créoles » se présentent sous forme de sa-chets en toile et contiennent des ongles,de la cendre, des prières de Sainte-Croix,des litanies de Saint Expédit, parfois desmorceaux de bec de coq. Là aussi, pour quele talisman fonctionne, il doit être porté aucontact de la peau. L’Église s’oppose à ces« garde-corps », considérés comme « sa-crements du diable », surtout lorsqu’ils serapprochent de la sorcellerie.

LES ODY

Pour ce qui est des communautés malgacheet chinoise, il est plus question de culte que dereligion, notamment de cultes aux ancêtres.En honorant et remettant des offrandes auxanciens, ces derniers protègent les vivants.Les Réunionnais d’origine malgache dispo-sent d’équivalents créoles de garanties, les ody,fabriqués par des devineurs et guérisseurs.Ces ody, « rechargés » pendant le serviskabaré, se présentent sous plusieurs formes,entre autres des cornes de zébu dans les-quelles sont introduits bois, métal, os, dents,griffes, poils, miel, terre... Comme l’esprit yhabite, il faut régulièrement réactiver leurpouvoir.

LE PA KUA

Pour la communauté chinoise, l’héritage dela religion populaire, apportée à La Réunionpar les premiers migrants au début du XXe

siècle, tend à disparaître. En effet, peu sesouviennent des dessins ésotériques affichésdans les maisons, les restaurants ou les bou-tiques, et des miroirs convexes appelésPa Kua, censés rejeter les ondes négatives.Cela dit, le culte à la divinité protectrice Guandiest toujours en vigueur. Ce dernier est censépourchasser les mauvais esprits et luttercontre les mauvais sorts. Certaines amulettesauraient le même effet, comme l’anneau-disque de jade Pi ou les pendentifs figurantle symbole yin et yang.

Pour un tour d’horizon plus approfondi

Jean Benoist,

Anthropologie médicale en société créole.

1993, Paris, PUF

Jean Benoist,

Hindouismes créoles. Mascareignes, Antilles.

Paris, CTHS

Françoise Dumas-Champion,

Le mariage des cultures à l’île de La Réunion.

Paris, Karthala, 2008

Marie-France Mourregot,

L’islam à l’île de La Réunion.

L’Harmattan, 2010

Jacques Brandibas,

Psychopathologies et Thérapeutiques Réunionnaises.

Saarbrücken, Editions Universitaires Européennes,

2010

33 · ÎLE MYSTIQUE

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PUBLI-REPORTAGE BAT’CARRÉ · 34

SFSle spécialiste de l’assuranceconstruction

Partout dans le monde,

SFS est proche

de ses clients

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LE POIDS DU GROUPE SFS

Le groupe SFS (Securities & Financial Solu-tions) a été créé en 2002 par Patrice Gillesfondateur de la SARL Securities & FinancialSolutions. Cette société de courtage étaitinitialement spécialisée dans la souscriptionde contrats d’assurances RC décennale etprotection juridique sur le département deLa Réunion. Désormais, avec son statut demandataire de compagnies d’assurances, legroupe SFS est le spécialiste de l’assuranceconstruction sur le territoire français, maisaussi dans les DOM et en Nouvelle-Calédo-nie. Après dix années d’existence, le GroupeSFS représente un capital social de 3.88 mil-lions d’euros, près de 100 millions de primesd’assurance gérées, plus de 240 salariés dansle monde au travers de 49 représentationsdans dix pays sur les quatre continents.

L’EFFICIENCE AU SERVICE DU CLIENT

SFS a réussi à développer des programmesadaptés et souples, permettant à sa clientèle debénéficier de couvertures optimales avec untarif parmi les plus performants du marché. Son PDG, Patrice Gilles, le confirme : « L'accompagnement de nos assurés dansle respect de notre dénomination « Sécuritéet Solutions Financières » guide le dévelop-pement de nos produits tout en orientantnos choix d’organisation et d’expansion ter-ritoriale. Dans cet esprit, nous poursuivonsnotre progression sur trois axes prioritaires :

• la recherche permanente de nouveaux • produits performants en mettant notre • expertise en oeuvre pour offrir • des solutions d'assurance construction • respectant les exigences • règlementaires et légales les plus • complexes. • le rapprochement de nos clients • pour mieux satisfaire leurs besoins. • C’est le cas avec notre présence • à Mayotte. • des processus surveillés, mesurés, • analysés, visant à toujours améliorer • la qualité de notre organisation • et de nos services. »

L’ÉVOLUTION DE L’AGENCE DE MAYOTTEDepuis 2009, le Groupe SFS est présent àMayotte avec le rachat de la société decourtage en assurances Espace Conseil deMamoudzou. Kevin Moutien, le nouveaureprésentant du Groupe SFS à Mayotte, ensouligne les particularités : « Par Skype,Intranet et Internet, je suis relié à tous lescollaborateurs, administrateurs et expertsdu groupe SFS. Cette facilité de communi-cation, cette proximité font de nos agencesdes modèles de réactivité. Nous collaboronsà de nombreux projets, et nous devons donnerà nos clients les réponses dans les meilleursdélais tout en étant précis et pointus. SFS,c’est un accompagnement au niveau juri-dique et technique (service gratuit offert auxadhérents). Les collaborateurs de SFS sontégalement sensibles à la prévention : nousn’attendons pas qu’un problème surviennepour nous déplacer sur un chantier. En casde sinistre, c’est également SFS qui est l’in-terlocuteur des assurés. SFS est à l’écoutepermanente des constructeurs et artisansmahorais qui sont de plus en plus conscientsde l’utilité et la sécurité que leur apporte lagarantie décennale. » Son expertise avérée,sa présence locale et l’obligation d’appli-quer la loi Spinetta à Mayotte donnent àl’agence mahoraise de SFS toutes les rai-sons de progresser rapidement.

Patrice Gilles, fondateur du groupe Securities & Financial Solutions

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RENCONTRE · 36 PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCINE GEORGE

PHOTOGRAPHIE JEAN-NOËL ENILORAC

Tierno MonénemboConteur et comptablede l’histoire

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RENCONTRE · 38

Il vient d’arriver de Conakry. Un longvoyage qui ne lui enlève pas son sourired’enfant. Très impressionné par l’accueilqu’il reçoit, fier d’être le nouveau lauréat duprix Métis après Maryse Condé et LyonelTrouillot, il nous invite à découvrir sondernier roman Le terroriste noir qui a éga-lement été sélectionné dans la premièreliste du prix Goncourt. Né en Guinée en1947, Tierno Monénembo a fui, très jeune,la dictature de Sékou Touré. Il arrive enFrance pour passer son doctorat en biochi-mie. Il enseigne ensuite au Maroc, puis enAlgérie et se met à l’écriture, puis vients’installer en France. Son premier romanLes crapauds-brousse édité au Seuil en1979 décrit de manière acerbe une sociétéafricaine corrompue. Toujours en quêted’identité, il met en scène l’histoire de sonpeuple, les Peuls. Avec Le roi de Kahel, ilobtient le prix Renaudot en 2008. Il avaitauparavant obtenu le prix des Tropiquesavec L’aîné des orphelins qui traite dugénocide rwandais. Que ce soit dans l’es-prit des légendes peules ou dans celui d’unvillage des Vosges, l’écriture de TiernoMonénembo est toujours aussi belle, ima-gée, drôle, tout en donnant au tragique uneprofondeur inédite. Ses personnages noushabitent longtemps après avoir tourné ladernière page, un signe qui ne trompepas. Tierno Monénembo est sans contesteun grand écrivain qui reste étonnammentmodeste et discret, malgré son succès. Il sesent « comptable des douleurs nationales »et garde la rage au ventre pour témoignerdes violences que subissent son peuple etson pays, l’Afrique toute entière.

votre réaction lorsque vous avez su que vous étiez le lauréat du prix Métis ?Je ne connaissais pas l’existence du prixMétis. Je l’ai appris par une alerte Google.Et lorsque j’ai découvert que deux grandespersonnalités littéraires - Maryse Condé et Lyonel Trouillot – étaient les lauréatsprécédents, je me suis dit que j’étais en trèsbonne compagnie ! Je suis évidemmenttrès fier d’avoir reçu ce prix.

comment vous est venu le sujet de votre roman Le terroriste noir ?En tant qu’exilé, je suis très attentif à ce qui se passe dans mon pays et très attentifaussi aux événements qui touchent un Guinéen. Un jour, je lis dans un hebdomadaire que l’on remet une médailleposthume, soixante ans après son exécution, à un Guinéen qui s’est illustrécomme résistant pendant la secondeguerre mondiale. Je me dis, tiens voilà un sujet intéressant, un Guinéen, héros de la Résistance dans les Vosges ! On a tellement écrit sur la Seconde GuerreMondiale qu’il y a usure du sujet. Il fallait que je trouve un point de vue original. Et, à ma connaissance, Addi Bâ est le seul engagé des Tirailleurs Sénégalaisà avoir été chef de la Résistance. C’est exceptionnel. Et ce qui est exceptionnel aussi c’est qu’il ait été aussibien accepté dans cette France des années40. D’autre part, ses compagnons fusillésavec lui ont été immédiatement reconnuscomme résistants. Pour Addi Bâ, il a fallu attendre soixante ans !

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Un bel hommage aux oubliés de l’histoire comme vous l’avez mis en relief au début du roman :Oui, en citant cette belle phrase de SédarSenghor : « On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat inconnu, Vous, mesfrères obscurs, personne ne vous nomme. »Il est vrai que la France a du mal à reconnaître ses héros noirs. Addi Bâ est une figure très charismatique et un peu mystérieuse à la fois. Il a écrit son nom dans l’histoire de la région. À Langeais et dans deux villages vosgiens,une rue porte maintenant son nom. Il serait probablement président du conseilgénéral, ou quelque chose comme ça, s’il vivait encore. Mais il reste un héros sur le plan local seulement.

et en Guinée ?En Guinée, on sait juste qu’il est venu enFrance et qu’il s’est fait tuer par les Allemands. J’ai rencontré l’un de ses parents. Il savait peu de chose sur lui, justele nom du village dont il était originaire.

comment avez-vous retrouvé l’histoire d’addi bâ ?Je ne connaissais rien d’Addi Bâ. Et j’ai eu beaucoup de chance. J’ai rencontré un journaliste vosgien -Étienne Guillermond - qui a compilé lettres, photos et témoignages sur Addi Bâ.Il a même créé un site internet très bien fait - www.addiba.free.fr. La famille de ce journaliste avait hébergéAddi Bâ à Tollaincourt, Romaincourt dansle roman. C’est lui-même qui avait gardéson Coran et quelques-unes de ses affaires.Je me suis donc rendu dans ce village à la rencontre des protagonistes de l’histoire.Chacun avait sa version selon l’âge qu’ilavait à l’époque et selon sa proximité avecAddi Bâ, c’est ce qui m’a aidé à créer duflou, car je ne voulais absolument pas fairequelque chose d’historique.

pourquoi ?Je voulais m’exprimer en tant qu’écrivain.L’histoire vraie est le fil conducteur, mais je suis un romancier, pas un historien. Je laisse la chronique des événements objectifs aux historiens. Un écrivain n’estpas objectif, il travaille sur l’émotion. L’art n’est pas objectif. L’art est subjectif car il part du sentiment. La littérature a tendance à humaniser. Au fin fond de labarbarie, il reste quelque chose d’humain.L’écrivain ne procède pas par la haine, il fonctionne sur l’affection. l’essencemême de la littérature est l’âme humaine. Flaubert, Dostoïvski, Faulkneront un regard différent sur l’histoire, un œilinventif. Ce sont les guerres et les grandestragédies humaines qui font la richesse de la littérature. Sans la guerre de sécession,il n’y aurait pas eu Faulkner aux Etats-Unis,sans toute la violence et la souffrance que les Russes ont subies du temps des Tsars, il n’y aurait eu ni Tolstoï, ni Dostoïevski. C’est la douleur qui crée l’art.

vous avez réussi à recréer l’ambiance d’un village, le parler, les comportements vosgiens ?je crois en l’esprit des lieux. Ma femmeest vosgienne et j’ai eu la chance de meprocurer une sorte de lexique en patoisvosgien, c’est ce qui fait que mes personnages ont cet accent authentique.Je voulais trouver une tonalité, restituer la richesse des paysans vosgiens. J’ai donc donné la parole à Germaine, une vieille vosgienne qui parle au neveud’Addi Bâ autant qu’elle se parle à elle-même et exhume son passé. Je voulaisévoquer le personnage d’Addi Bâ, son parcours, sans toutefois l’exposer. Mon envie était de donner au lecteur la possibilité de l’imaginer sous ses différentes facettes.

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RENCONTRE · 40

dans un passage du livre, vous évoquez l’implication de la Grande Mosquée de paris dans la Résistance ?Oui, en effet. Addi Bâ était musulman et fut un temps aide-cuisinier à la Mosquéede Paris. Il avait gardé des contacts et, ce qui n’est pas forcément très connuparce qu’ils sont d’une grande discrétion à ce sujet, la Grande Mosquée de Paris a été un haut lieu de la Résistance. Le recteur faisait semblant d’être avec les Allemands alors qu’il protégeait de nombreux résistants, et de nombreuxJuifs. Cette histoire que je relate de messages cachés dans les pelures d’oignons est tout à fait réelle, c’était une façon de correspondre sans éveiller les soupçons.

le roman pourrait devenir un film ?Il est question d’une adaptation cinématographique. Oui, la première scène où Germaine Tergoresse raconte la découverte d’Addi Bâ est imprimée avec précision dans la tête de chacun au village. Étienne a aujourd’hui 84 ans, il n’en avait que dix-huit à l’époque, mais il en parle comme si ça venait de se passer.

EXTRAIT

« Sonnez à n’importe quelle porte et l’on vous décrira mieux que si Renoir en avait fait un film sa petite taille, son teintde ricin, son nez de gamin, ses yeux de chat, ses habits de tirailleur, tachés de sueur et de boue, le buisson d’alisierssous lequel il gisait, l’odeur de la tourbe, et le bruit des sangliers sous les châtaigniers.Il en faut des tas de petits hasards pour tisser une existence, n’est-ce pas ? Pensez que cette histoire n’aurait pas eu lieu, que je ne serais pas là en train de pérorer sur votre oncle si l’Étienne avaitobéi à son père.»

il s’agit d’un parcours inverse au personnage de votre précédentroman, Le Roi de Kahel, qui, lui aussi, a existé. Oui, il y a un effet miroir entre les deuxhistoires. Dans le roi de Kahel, je racontel’histoire d’un aventurier qui a existé, Aimé Olivier de Sanderval, admirateur du peuple Peul et devenu un « roi » Peul.Cette histoire se situe aux prémisses de la colonisation pour rappeler que les premiers colons étaient avant tout des explorateurs, les commencements de la colonisation étaient l’œuvre de pionniers. Ce sont des histoires complémentaires.Addi Bâ, qui est Peul aussi, a fait le chemininverse. L’un quitte le monde des Blancs en France pour aller se mêler à l’histoiredes Africains et l’autre, à l’inverse, quittel’Afrique pour se mêler à l’histoire des Blancs, en France.

vous êtes un écrivain voyageur. vous avez toujours besoin de vous immerger dans le pays de vos romans ? Oui, j’ai besoin de comprendre le pays, de me frotter au quotidien, aux gens, et de laisser décanter avant de me lancerdans l’écriture. Mais j’écris à tout bout de champ, à n’importe quel moment de la journée, j’ai mon carnet de notes.

J’ai vécu six mois au Brésil pour m’imprégner et j’ai écrit, bien plus tard,mon roman Pelourinho. J’ai eu besoin de vivre au Brésil, de comprendre le sensdu Brésil, je me suis frotté aux gens, j’ai compris les relations fortes qu’il y aentre l’Afrique noire et le Brésil, et aprèsque tout ça soit décanté dans mon corps et dans mon esprit, j’ai pu écrire ce roman,deux ans plus tard !

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Un autre exemple. J’ai passé trois mois à Cuba en résidence d’écrivain. C’est un très beau pays, très grande littérature, une belle musique, une granderévolution. À Cuba, les choses sont faites, il n’y a pas que des promesses, la santé, la pharmacopée, les clubs de littérature…Tout ça existe. Ils n’ont jamais coupé lesgrands courants de la création. Tout lemonde sait lire et écrire là-bas. Ils ont laisséles mœurs libres, ce n’est pas comme enChine. Mon projet de roman est de parlerd’un métis qui revient sur les traces de samère. Son père est Guinéen et sa mère estCubaine, il vient marcher dans les pas de la révolution à travers l’histoire de sa mère.

J’ai enseigné en Algérie. J’ai un roman enmoi depuis les années 80 où j’étais là-baspendant les événements sanglants. J’y ai perdu beaucoup d’amis. J’étais très lié à un écrivain algérien. Je dois écrire surl’Algérie pour lui.

Ce travail d’écriture m’aide aussi à mecomprendre. La psychanalyse ne se fait pas seulement sur le divan, elle se fait aussidans le voyage et dans l’écriture. J’ai l’impression de mieux me connaître etde faire partie du monde dans lequel je vis.

et votre récent retour en Guinée ?Ça fait plus de quarante ans que j’avaisquitté la Guinée ! Il était hors de questionpour moi de revenir sous une dictature,même s’il est difficile de couper le cordonavec le pays de sa naissance. J’ai le projetd’écrire un roman qui va célébrer la ville de Conakry et qui va raconter l’histoired’une jeune fille guinéenne d’aujourd’huiqui concentre sur elle, sur sa personne, sur sa vie, l’ensemble des douleurs nationales vécues depuis 1958.

c’est important pour vous de témoigner par la fiction ? La Guinée est un pays qui depuis 1958 est sans droit, où le principe du droit a toujours été violé par ceux qui dirigentl’État. L’État guinéen se comporte commeun prédateur, comme un bandit, commeun cow-boy. Il vole, il mange et tuecomme il veut. Il piétine la constitutionguinéenne et tous ses principes. La constitution de la Guinée était certainement la meilleure du monde dans les années 60. Mais Sékou Touré l’atoujours violée. Et aujourd’hui, ça continue.Alpha Condé mène une approche ethno-stratégique pour masquer une gestion qui va vers le pouvoir personnel.Les Guinéens n’ont jamais été vraimentopposés. L’utilisation des ethnies et des régions pour prendre le pouvoir et le conserver existe depuis Sékou Tourédans les années 50. Il a opposé les Peulhset les Soussous artificiellement pour s’imposer face à Yacine Diallo. Ensuite, il a opposé les Peuhls et les Malinkés. Et aujourd’hui, Alpha Condé entre dans ce créneau-là. Il faut le dire. C’est le chaos.Une des plus longues dictatures. La violenceest visible partout. Notre devoir d’écrivain,c’est de raconter la douleur nationale. Il est très difficile d’être écrivain chez noussans être militant.

q seriez-vous tenté par une carrièrepolitique dans votre pays ?Non, car je témoigne à ma manière et depuis que j’ai reçu le prix Renaudot, ce que j’écris sur mon pays, sur l’Afrique, est plus écouté qu’avant. Les écrivains africains sont presque tous exilés. On se voit, on se rencontre dans des colloques. Les jeunes générations commeWabery ou Mabanckou alimentent desblogs, créent des lieux de débats,d’échanges, les choses avancent beaucoupplus vite avec les jeunes.

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RENCONTRE

SUITE PAGES 44 & 45

QUARTIER FRANÇAIS, LE PASSÉ MIS À NU

Squelettes moribonds, les structures métalliques de l’usine sucrière offrent dans un furtif trait de lumière un tableau saisissant. Par endroits, lianes et ronces tentaculaires recréent, en tissant leur toile, un paysage sur les ruines du passé.

Seule, la cheminée en pierre de basalte,droite, presqu’intacte, s’impose au regard de celui qui se souvient.

HORIZON SAUVAGE · 42 TEXTE FRANCINE GEORGE

PHOTOGRAPHIE ERIC LAFARGUE

pourquoi choisir une femme pour porter votre roman sur conakry ? Les femmes et les enfants sont d’excellentspersonnages de roman. Ce sont des personnages très riches et très fluides, perméables et modelables. On peut façonner ces personnages à sa guise. Avec deux trois mots mis dans la bouched’une femme ou d’un enfant, on peut raconter le monde entier. Alors qu’avec un homme, il faut des tonnes de mots pour dire la même chose. Au cinéma, dans les romans ou en art plastique, la femme est expressive, il suffit d’un souffle, une larme au bord des cils …

quelle image avez-vous de la Réunion ?J’ai l’impression qu’il y a quelque chosed’africain ici, que le degré de métissage est plus fort que dans les autres DOM. Je ne connais pas cette partie du monde et j’espère pouvoir la découvrir un peu,même si je ne peux pas rester longtemps.En tous les cas, la cuisine a l’air excellente !

sur www.batcarre.com, retrouvez Tierno Monémemboet sa bibliographie

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45 · HORIZON SAUVAGE

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47 · VOYAGE VOYAGE TEXTE & PHOTOGRAPHIE SERGE DELMAS

La Corée du SudLE PAYS DU MATIN CALME

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la corée du sud est un « petit pays »(100.000 km2 soit 1/5 de la france métropolitaine) comparée à ses grandsou puissants voisins : la chine, la Russie et le japon. séparée de la partie nord depuis la guerre de corée, elle reçoit la protection américaine et accueilleses Marines. devenue une démocratie,de culture asiatique et de culture occidentale, elle est à la fois très différente et très proche de nous. Modèle économique libéral et volontéd’être reconnu sur le plan mondial ont conduit le pays à un niveau de développement comparable à celui des pays européens. à titre d’illustration, ses marques les plus connues : samsung, lG ou encore hyundai et kia. la culture coréenne est également en pleine évolution. Gangnam style et ses multiples variantes déferlent sur la toile, la k-pop (korean-pop) a envahi les oreilles des teenagers du monde entier, les dramas (séries tv)sont vus dans tous les pays et le cinémacoréen est sans doute aujourd’hui le plus dynamique d’asie. en littérature, les traductions en français donnent accès à la lecturede grands écrivains coréens tels que hwang sok-yong ou jo jong-Mae,les mahwas, bandes dessinées coréennes « cousines » des mangas japonais, sont diffusées aussi bien sur papier, que sur internet hd… la corée du sud se montre de par le monde.

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49 · VOYAGE VOYAGE

LA SCISSION DES CORÉES

La République de Corée (Corée du Sud) oc-cupe 45 % du territoire de la péninsule. Elleest gouvernée par un régime démocratiqueet compte aujourd'hui plus des deux tiersde la population. La République populairedémocratique de Corée (Corée du Nord),gouvernée par un régime totalitaire, estenviron deux fois moins peuplée. PascalDayez-Bourgeon, agrégé d’histoire, anciendiplomate en poste en Corée du Sud, dansson dernier essai L’histoire de la Corée,présente ainsi « le pays du matin calme » :

« La Corée n’est pas une île. C’est une presqu’île, solidement arrimée aucontinent chinois. Mais dans notre géogra-phie imaginaire, la Corée est bien une île, etmême plutôt deux fois qu’une.Une île parce que la Corée du Nord verrouillela frontière qui la sépare de la Chine. Entreles deux Corées, la terrible DMZ, cette bandede territoire hermétiquement fermée, coupele pays en deux depuis 1953 (60 ans cetteannée !). Le Sud est donc doublement isolé,on ne peut plus y accéder qu’en avion ou enbateau. La Corée du Sud est bien une île : une île politique. »

Chine

Corée du Sud

Japon

Corée du Nord

Séoul

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Tout commence à Séoul, principale ported’entrée du pays, grande métropole dépassantles 10 millions d’habitants dans laquelle vitun Coréen sur cinq. Ce qui caractérise Séoulpeut-être, c’est le mélange du passé et duprésent, les palais royaux, les temples et lesportes d’enceinte qui côtoient les grandsimmeubles de verre et leurs écrans géants,buildings sur lesquels se reflètent les multi-ples néons d’une ville qui vit jour et nuit. Cesdernières années, ont été construits des im-meubles design, conçus par de grands ca-binets d’architectes à l’instar de la nouvellemairie de Séoul qui se dresse à l’arrière del’ancien bâtiment, témoin de la périodecoloniale (l’occupation japonaise a duré de1910 à 1945). Il semblerait que les autoritésséoulites aient la volonté de faire de lacapitale de la Corée du sud la ville monde del’Asie du nord-est. Séoul est en perpétuellemutation…

La ville est très étendue, les quartiers dissem-blables, les ruptures surprenantes. Les trans-ports en commun sont bien développés. Lemétro, moderne, et d’une propreté remar-quable, possède de multiples ramificationspouvant atteindre les villes voisines. Les bus,très nombreux, ont des trajets plus difficilesà appréhender en raison des itinéraires in-diqués en hangeul (l’alphabet coréen trèsgraphique), et les taxis sont pratiques et sur-tout pas chers.

La ville se divise en deux parties de part etd’autre de la rivière Han. Au nord, Gangbuk« l’ancienne ville », qui regroupe les princi-paux sites historiques et culturels. Au sud,Gangnam, la ville récente, quartiers d’affaires…dont le nom est désormais mondialementconnu !Outre la Namsan, la colline située en pleincentre, au sommet de laquelle se dresse laSeoul Tower, la capitale est largement entou-rée de montagnes. Aussi, ne vous étonnezpas de croiser des randonneurs dans lemétro, dont les dernières stations arriventaux pieds des montagnes. Comme à LaRéunion, beaucoup de Coréens sont fousde randonnée, véritable « sport national ».Chaque fin de semaine, ils envahissent leschemins balisés. Il est facile de les distinguercar ils sont tous équipés de tenues adaptées.En Corée, « l’habit fait le moine », le vêtementa un rôle de reconnaissance et de marqueursocial.

VOYAGE VOYAGE · 50

SÉOUL, UNE CAPITALE AU BOUILLONNEMENT PERMANENT

DÉTAIL DE LA STATUE MONUMENTALE DE BOUDDHA

AU TEMPLE DE SINHEUNG-SADANS LE PARC NATIONAL DE SEORAKSAN.

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SÉOUL - VUE DE LA NAMSAN ET DE LA TOUR QUI DOMINE LA VILLE DEPUIS LE QUARTIER HISTORIQUE DE BUKCHON.

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Impossible de décrire tous les lieux à visiter,par contre quelques sites s’imposent.

Le palais Deoksugung et la mairie de Séoulretracent en plein centre-ville une grandepartie de l’histoire moderne de la Corée.Dernière résidence de l’Empereur d’un paysdéjà sous le joug japonais, les bâtimentsroyaux traditionnels tout de bois et de tuilescolorés côtoient les bâtiments de style néo-classique occidental. Annexe du musée na-tional d’art contemporain, des expositionssont organisées y compris dans les bâtimentshistoriques associant la tradition à la visionmoderne des artistes. Sur la place, la mairierappelle également le passage du temps avecson bâtiment classique du XX e siècle etson « annexe » résolument du XXI e. La visiteest incontournable pour les amateurs d’ar-chitecture, ou ceux qui prennent plaisir àdécouvrir l’âme des lieux. La structure tubu-laire du bâtiment se dresse entre les mursvégétaux, la façade tout de verre ouvre sur laville laissant ainsi la lumière inonder le hall.Un joyau !

Le sanctuaire Jongmyo abrite les tablettes desesprits des rois et des reines de la dynastieJoeson. Leurs esprits résident dans un trouspécialement creusé dans une tablette debois. Tout en longueur, le bâtiment principal,début du XVII e siècle, accueille les tablettes-esprits de 19 rois et 30 reines, chacune instal-lée dans une pièce séparée. Le parc est calme,mystérieux, la visite le samedi peut s’effec-tuer à sa guise, un bonheur. À l’entrée du site,des retraités jouent la journée au baduk (nomcoréen du jeu de go) ou au janggi (échecschinois).

La colline boisée de la Namsan, située enplein Séoul, permet de voir la ville du nord etcelle du sud tout en se promenant. Le lieuest très prisé au printemps en raison de sesarbres en fleurs. Au sommet se dresse la tourde Séoul, offrant un point de vue encoreplus élevé sur la ville et les environs monta-gneux, permettant aussi de voir la mer àl’ouest. Le flanc sud plus calme vous amènevers Itaewon et le splendide musée d’Art dela fondation Samsung : le LEEUM.

VOYAGE VOYAGE · 52

BALADE DANS SÉOUL

LA MAIRIE DE SÉOUL

EN PREMIER PLAN, L’ANCIEN BÂTIMENT DATANT DE 1926 ET, LE RECOUVRANT PRESQUE COMME UNE VAGUE, LE NOUVEAU

BÂTIMENT CONSTRUIT EN 2012 RÉPONDANT AUX NORMES

ENVIRONNEMENTALES. À L’INTÉRIEUR, SON HALL DE VERRE ET D’ACIER AUX MURS

VÉGÉTALISÉS.

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Le LEEUM est composé de trois bâtimentsmodernes. Le premier conçu par Mario Bottaabrite la collection d’art traditionnel coréenfaite de pièces exceptionnelles de céramique(de céladons entre autres dont plusieurs sontestampillés « Trésor national »), de métal et depeintures bouddhiques. Le second est l’œu-vre de Jean Nouvel, il accueille la collectiond’art contemporain : un artiste, une œuvrede choix en général. Enfin le dernier, conçupar Rem Koolhaas présente des expositionstemporaires de niveau international. À l’entrée, sur la terrasse esplanade, les sculp-tures araignées (femelle et male) de LouiseBourgois valent, à elles seules, la visite !

Cheonggyecheon : la rivière retrouvée. Elles’étend sur plus de 5 km en plein centre deSéoul. En 1958, une route fut construitedessus. En 2005, après travaux, la rivière estréapparue au jour. Elle constitue aujourd’huiun lieu de promenade unique avec ses 22petits ponts et ses décorations de pierre.Début novembre, la fête des lumières inves-tit les lieux tout le long de ses berges : unemise en scène de personnages historiqueset folkloriques faits de fil de fer et de papierhuilé, éclairés de l’intérieur. Dans la nuit, ilsapparaissent flottant sur la rivière, la fouledense formant une procession de part etd’autre. C’est magique et très populaire.

À SEOGWIPO, PORT DE L’ÎLE DE JEJU DO, LA NOUVELLE GALERIE-CAFÉ VUECREST DANS

UNE CONSTRUCTION À L’ARCHITECTURE MODERNE.

LES ARAIGNÉES - MÂLE ET FEMELLE - SCULPTURESGÉANTES DE LOUISE BOURGOIS À L'ENTRÉE DU LEEUM

À SÉOUL.

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La Corée est très montagneuse, les plainesy sont rares. Le pays est composé de nom-breuses vallées fluviales et de massifs ro-cheux qui font le bonheur des amateursd’excursions en plein air. Les sorties à lajournée sont la règle, ce qui n’empêche pasle randonneur de faire de beaux déniveléss’il le souhaite. Malgré l’industrialisation desannées 80 et 90, la Corée reste verte et lesnombreux parcs nationaux ou régionauxsont facilement accessibles. Ils sont trèsfréquentés les fins de semaine, pendant lesvacances et tout spécialement au printemps,lors de la floraison des cerisiers formant desvoutes enneigées de délicates fleurs blancheset, à l’automne, pendant la « foliage period »,feuillages flamboyants embrasant la mon-tagne de mille feux. Début du printemps etdébut de l’automne constituent des tempsforts pour visiter le pays et jouir de ces sibeaux spectacles naturels.

Le parc national du Seoraksan se situe dansle nord-est aux portes de la petite ville deSokcho. Coincée entre la mer de l’est et lemassif montagneux, Sokcho est un port depêche actif. Des panneaux en russe indi-quant le terminal des ferries pour Vladivostokfont réaliser combien la Corée est proche de laSibérie. Le parc comporte plusieurs accès, denombreux chemins de promenade, de ran-donnée ou d’alpinisme selon son niveau etquelques sommets dignes d’être gravis. Lesparcs nationaux ont des sources thermalesavec des bains, des villages pour se restau-rer, des auberges et des temples bouddhistesrenommés qui méritent la visite ou le séjour.

VOYAGE VOYAGE · 54

BALADE EN PLEINE NATURE ET DANS LES PARCS NATIONAUX

RETOUR DE PÊCHE VERS LE PORT DE TONGYEONG, AU SUD-EST DE BUSAN.TONGYEONG EST LA PORTE DU PARC NATIONAL MARITIME DE HALLYEO

DONT LES NOMBREUSES ÎLES SONT RELIÉES PAR FERRY CÔTIER.

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Le parc national de Jirisan, autre grandparc réputé pour ses sommets de plus de1 500mètres, certains difficiles d’accès, dontle Jiri San seulement destiné aux randon-neurs aguerris et bien équipés. Le parc offrede somptueux paysages avec ses cours d’eauqui serpentent à travers des forêts denses.Au pied des montagnes se dressent de nom-breux temples anciens, maintes fois recons-truits ou réaménagés, signes d’une religionvéritablement pratiquée. C’est au temple deSanggyesa qu’il est possible d’admirer lafloraison de printemps, féérique et inoublia-ble. Pour accéder au temple, une petite routeremonte la vallée. Le départ est indiqué encoréen et en anglais : « National scenic roadof Korea ». Très vite, vous comprenez pour-quoi. En cette période, la route passe sousune voute faite de fleurs de cerisiers. Quatrekilomètres d’un ruban bordé de vieux arbresnoirs aux troncs noués, tordus, qui portentdes millions de fleurs blanches nacrées dontles pétales s’envolent au moindre souffled’air. Vous entrez alors dans un monde en-chanté. Un sentiment de profonde sérénitévous habite en marchant dans une lumièredouce filtrée par les fleurs.

Le départ est indiqué en coréen et en anglais : « national scenic road of Korea ».Très vite, vous comprenez pourquoi.

DANS GYEONGJU, L'ANCIENNE CAPITALE DU ROYAUME DE SILLA

AVEC SA FORTERESSE DE BANWOLSEONG - LE CHÂTEAU DU CROISSANT DE LUNE - IL NE RESTE QU'UN PARC AVEC QUELQUES VESTIGES SOUS LES PINS ET, AU PRINTEMPS, LES MAGNIFIQUES CERISIERS EN FLEURS.

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Le bouddhisme est une des composantesessentielles du patrimoine culturel coréen.Aujourd’hui, il coexiste avec le christianismeet le chamanisme en tant que croyance etpratiques religieuses. Le bouddhisme estindissociable de l’histoire du pays et de sonunification. Introduit au IV e siècle, le boud-dhisme ne fut définitivement adopté qu’auVI e siècle à l’époque des Trois royaumes.L’art religieux bouddhique constituait alorsle principal élément culturel commun auxcoréens.

Deux exemples à ne pas manquer pour se faireune idée de la beauté de l’art bouddhique etdu haut savoir atteint par les artistes et artisanscoréens se trouvent à Gyeongju, anciennecapitale du royaume de Silla puis de toute laCorée après unification.

Le temple de Bulguk-sa et la grotte de Seok-guram se situent à la périphérie de la ville(laquelle aurait compté jusqu’à un milliond’habitants à son apogée). Erigé sur des ter-rasses de pierre en 535 et agrandi en 752,classé au patrimoine mondial de l’UNESCO,Bulguk-sa est un joyau de l’art de Silla. Siles bâtiments en bois ont été plusieurs foisrestaurés ou reconstruits, la qualité et lacomplexité des charpentes et la finesse despeintures rendent compte de la ferveur descroyants au fil des siècles. Les édifices enpierre : ponts, escaliers, dont l’un comprend33 marches représentant les 33 étapesconduisant à l’Eveil, les pagodes enfin, sontdes chefs-d’œuvre originaux ayant survécuaux invasions.

Relié au temple par un agréable chemin debalade à flanc de montagne, la grotte deSeogkuram est l’un des plus beaux sanctuairesdédiés à Bouddha. Entouré de bodhisattvaset de divinités gardiennes de la grotte, unimmense Bouddha Sakyamuni contempleavec sérénité les collines boisées, et au-delàla mer de l’est. La construction de la rotondeen blocs de granit blond constitue un tourde force architectural au VIII e siècle.

Le temple de Haein-sa fondé en 802 estpeut-être le plus connu des temples coréens.Il conserve nombre de trésors artistiquesrépartis dans plus de 90 bâtiments : sanc-tuaires, ermitages et temples secondaires.Mais ce qui en fait son plus grand intérêtsont les 81 258 tablettes en bois qui repré-sentent l’ensemble de textes bouddhiques leplus complet d’Extrême-Orient : le tripitakakoreana. Littéralement « trois corbeilles »,son nom évoque les trois branches dubouddhisme : les sutra (les écritures), lesvinaya (les lois) et les abhidharma (les trai-tés). Cette seconde édition des tablettes enbois de bouleau, celle existante aujourd’hui,date de 1251. L’ensemble est conservé depuisle XV e siècle dans des petits bâtiments conçusspécifiquement, chefs-d’œuvre d’ingénio-sité qui évitent toute dégradation des tablettes,encore une prouesse !

VOYAGE VOYAGE · 56

BALADE SEREINE DANS LES TEMPLES BOUDDHISTES

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Presqu’île, péninsule, la Corée est bordée parles mers. La mer de l’ouest (ou mer jaune),peu profonde, sépare la Corée de la Chine.La mer de l’est (ou mer du Japon) borde lesCorées, le Japon et la Russie jusqu’à l’îleSakhaline. La mer du sud et le détroit de Coréeséparent le pays du Japon. Entre les deuxpays se trouve la plus grande île coréenne etla plus différente : Jeju Do, différente par sonclimat nettement plus tempéré que sur lecontinent.

Ici abrités par le Hallasan, le grand volcancentral, les mandariniers et les arbres auxtangerines poussent à profusion sur lespentes du grand volcan. Jeju est différentepar son histoire insulaire et sa langue parlée.Différente par ses terres de lave, l’île, commeLa Réunion, est née de volcans qui, au-jourd’hui, sont bien assoupis. Le Halla Sandomine l’île et constitue le point culminantde la Corée du sud (1 950 m). D’autres ontémergé, dont le volcan Ilchulbong en bor-dure de côte, que le temps a relié au littoralpar un cordon alluvial. Vision magique d’unvolcan « miniature », facilement accessibletout comme l’est U Do, la petite île voisine(à peine 20 minutes en ferry) qui avec sespaysages, ses cultures protégées par des muretsde pierre, rappelle quelque peu la Bretagne.

BALADE MARITIME : LES MERS, LES CÔTES ET LES ÎLES

ULLEUNG DO (ÎLE DE LA MER DE L'EST). ARRIVÉ AU VILLAGE DE DODONG-RI, UN SENTIER COURT LES ROCHERS

JUSQU’AU PHARE PUIS AU PETIT PORT DE JEODONG-RI.

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Jeju Do est renommée pour son tourisme etses groupes de visiteurs en provenance deChine, du Japon ou de Corée. On y vient envoyage de noces ou en sortie scolaire. Plusqu’ailleurs, on y mange des fruits et bien sûrdu poisson et des produits de la mer. Outrel’ascension du Hallasan pour les randon-neurs les plus émérites, l’île se visite en em-pruntant les fameux « Olle ». Ces chemins demarche font découvrir des paysages, deshabitats et des points de vue uniques. Voussurplombez les falaises de basalte, traversezdes vergers, passez devant un café, unegalerie ou un marché, ils sont sources dedécouvertes et de rencontres. Bien aména-gés, ils se parcourent facilement. Pour leretour, vous trouverez toujours un bus ouun taxi pour vous ramener à bon port. Ontombe vite sous le charme de Jeju et il estdifficile d’en partir.

Les côtes coréennes sont très variées,découpées, faites de petits ports, de criques,de baies…. On dit qu’il y a 4 000 îles, îlets,îlots, rochers ou cailloux… pour certainshabités et reliés par des petits ferries assurantles liaisons. Prendre un ferry dans le petit matinbrumeux, vers une destination « invisible »est une expérience magnifique. Parfois,plusieurs arrêts vous attendent avant de faireescale dans un petit port ou une simple caleoù descendent des îliens, des travailleursoccasionnels ou des randonneurs venuspour en parcourir les hauteurs. En fin dejournée, de retour au port en même tempsque les bateaux de pêche, vous aurez l’im-pression de revenir d’un ailleurs, d’un boutdu monde.

VOYAGE VOYAGE · 58

CHEODONG-RI, PETIT PORT TRADITIONNEL DE ULLEUNG DO, LES BATEAUX Y PARTENT LE SOIR POUR PÊCHER LE CALAMAR

À LA LUMIÈRE ÉBLOUISSANTE DE DIZAINES DE LAMPES.

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Une autre île incontournable : Ulleung Do.Une île-volcan située dans la mer de l’esttout proche des « rochers Liancourt », quelquescailloux que les Coréens nomment Dok Doet que les Japonais revendiquent. Les merssont riches en ressources halieutiques, pois-sons, calamars, bases de l’alimentation, aussisont-elles disputées. La pêche aux calamarsrythme la vie à Ulleung Do. Les bateaux quit-tent les ports nichés entre les falaises le soirpour s’allumer plus loin au large et attirerainsi les mollusques. 15-20 hommes ontdéployé leurs lignes garnies d’hameçonsqui courent de part et d’autre des flancs dubateau. Les lignes sont déroulées et enrou-lées avec rapidité, les calamars prestementattrapés. Des dizaines de lumières éclairentles bateaux et luisent à l’horizon dans la nuit,jusqu’au petit matin.

Au port, près des bateaux que l’on décharge,des fils sont tendus pour faire sécher la pêchedu jour. Il y a toujours quelques vendeurs decalamars séchés réchauffés sur des pierreschaudes que l’on consomme ainsi en amuse-gueule en buvant du Soju, le soir venu.

LES BATEAUX DÉCHARGENT À MÊME LE QUAI LES CALAMARS PÊCHÉS. ENSUITE, LES FEMMES LES VIDENT ET LES ENFILENT SUR DES TIGES

DE BOIS. UNE FOIS LAVÉS, ILS SONT SUSPENDUS AU SOLEIL POUR SÉCHER.

MARCHÉ AUX POISSONS VIVANTS EN VENTE DANS DES BASSINES.

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Si la gastronomie coréenne n’est pas vraimentréputée, sans doute est-ce parce qu’elle n’estpas connue. Le riz et les produits de la meren constituent la base. Les restaurants depoissons foisonnent dans les ports et sur lescôtes. Séoul et Busan ont un marché auxpoissons et coquillages qui valent la visite etla dégustation sur place. Légumes et végé-taux sont souvent employés pour compléterle repas coréen fait de multiples petitsplats disposés sur la table. Il revient à chaqueconvive de faire son choix avec ses baguetteset d’alterner les saveurs selon son propregoût. Le riz est mangé avec la cuillère, le bolreste posé sur la table, le tenir dans sa mainserait inconvenant. Je ne voudrais pas ou-blier de mentionner le mets national quiaccompagne tous les repas : le Kimchi oulégume fermenté. Souvent fait à partir dechou, son absence de la table coréenne estimpensable. Véritable institution, il est pré-paré à l’automne dans toutes les familles etil n’est pas rare de voir des restaurants ou desentreprises s’installer sur le trottoir pour pré-parer le Kimchi. Le spectacle est fréquent àSéoul et dans toutes les villes et villages deCorée. Bien sûr, chacun a sa recette propre,sa façon de l’accommoder ; et pour le conser-ver, on remplit de grandes jarres en terrecuite brunes vernissées que l’on place devantsa porte ou à défaut sur son balcon. Le goûtne nous est pas familier, pourtant, petit àpetit, on s’y habitue et on ne conçoit pas unrepas façon coréenne sans Kimchi !

Pour finir, une autre particularité de la Coréedu sud, le café ! Les Coréens sont des buveursde café, et sacrément ! Le thé est grandementconsommé, mais vous trouverez partout,dans chaque rue de centre-ville, un « salonde café ». Des chaînes de salon existent, ainsique des indépendants, véritables artisans dusavoir faire un « bon café ». Et savez-vous com-ment s’appelle un professionnel du café, celuiqui a étudié à Turin ? Un barrista ! Le barrista,en Corée, vous reçoit dans son salon à ladécoration originale, presque chez lui, et c’esttoujours fort sympathique.

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Références bibliographiques

Pascal Dayez-Burgeon :

Histoire de la Corée des origines

à nos jours

Editions Tallandier

2012

Robert Kœhler :

Korea Guide

Seoul Selection Publisher

2012

Numéro spécial sur la Corée dans

La Revue des deux mondes

mars 2012

Conseils pratiques

• Vols quotidiens avec Air France

• en passant par Paris

• Meilleures saisons : le printemps (avril-mai)

• et l’automne (septembre-octobre).

• Température clémente toute l’année

• sur la grande île de Jeju DO

• Pas de visa obligatoire pour tout séjour

• touristique de moins de 3 mois

• pour les ressortissants français

• Pas de vaccination obligatoire

• Décalage horaire : plus cinq heures

• (12h à Saint-Denis – 17h à Séoul)

BALADE GASTRONOMIQUE ET DÉCOUVERTE DU CAFÉ !

sur www.batcarre.com, retrouvez le reportage avec plus de photos et de conseils pratiques

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VOYAGE VOYAGE · 62

la littérature coréenne est riche, dense et créative, du roman sociétal aux histoires les plus fantaisistes. les éditeurs de l’hexagone, en particulier zulma, actes sud ou philippe picquier se sont emparés de textes variés et proposent, traduits en français, des nouveautés chaque année dans leur catalogue.

Balade littéraire

BIBLIOTHÈQUE DE RUE À SÉOUL

sur www.batcarre.com, retrouvez un complément bibliographique dans le blog et le sommaire de la Revue des deux mondes

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LE CHANT DE LA FIDÈLE CHUNHYANG

Yi Mongnyong, le fils d’un gouverneur, s’éprend de Chunhyang, la fille d’une ancienne courtisane. Malgré la différence de classe sociale, ils se marient à l’insu de tous. Mais la vie les sépare. Le gouverneur est appelé à la capitale où Yi Mongnyong doit poursuivre ses études. Le nouveau gouverneur, homme autoritaire et cruel, exige que la belleChunhyyang se mette à son service, mais fidèle à son serment, elle refusede se soumettre. Pendant ce temps, Mongnyong devient inspecteur royal et se déguise en mendiant pour débusquer les mauvais serviteurs du royaume. Arrivé à Namwon, il révèle son identité et peut ainsi délivrer sa fidèle épouse…

TITRE Le chant de la fidèle ChunhyangAUTEUR anonymeÉDITEUR Zulma

HISTOIRE DE BYON GANGSOÉ

Joueur, voleur, buveur, Byon Gangsoé, dont le nom signifie « rigide commele fer », jouit d’une grande santé sexuelle. Jusqu’au jour où ce vaurien vagabond rencontre une jeune veuve en exil, belle à se damner, sur quipèse une lourde malédiction : tous ceux qui l’approchent passent de vie à trépas. Byon ne craint pas de braver le sort. Malgré ses dons, il rejointpourtant la cohorte de moines, saltimbanques, mendiants qui, dans l’espoird’une union avantageuse et à leurs risques et périls, prêtent leur concours à de picaresques funérailles…

TITRE Histoire de Byon GangsoéAUTEUR anonymeÉDITEUR Zulma

HWANG SOK YONG

Lu dans le monde entier, Hwang Sok Yong est un des rares écrivains coréens appréciés en Corée du nord tout autant qu’en Corée du sud. Œuvre charnière dans la littérature coréenne, Monsieur Han, raconte la vie d’un médecin pendant la guerre de Corée. L’auteur dresse le portraitd’un monde divisé, en pleine tourmente idéologique, dans lequel le héros,candide, est pris entre soumission et trahison dans l’engrenage de l’histoire.

TITRE Monsieur HanAUTEUR Hwang Sok YongÉDITEUR Zulma

COLLECTIF

Cette brève et dense galerie de nouvelles écrites par huit femmes d’aujourd’hui bouleverse et secoue le lecteur, soudain projeté dans un univers qu’il connaît et ignore en même temps : car s’il s’agit de la vie quotidienne, ces histoires d’amour et de désillusion ont une force d’évocation intensément charnelle, soucieuse de l’instant et comme ancréedans les mémoires.

TITRE Coktail sugar et autres nouvelles de CoréeAUTEURS collectifÉDITEUR Zulma

SélectionSerge Delmas

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JIM

BATAYE KOK · 64 ILLUSTRATION, TEXTE & PHOTOGRAPHIE HIPPOLYTE

TEXTE EN CRÉOLE SYLVAIN GÉRARD

UNEPURELÉGENDE

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PORTRAIT

dans tous les ronds de coqs de l'île et évidemment au port, où il vit depuis toujours, jim est une figure, une légende dansl'univers des bataye kok.

il a la gueule et la prestance de ces pirates qui peuplaient les livres de notre enfance, à la fois effrayant et fascinant. jim a le regard fier, un peu fou, le port de tête et le poitrailhauts, surmontant ses jambes de cow-boy chaussées d'incontournablessantiags. jim est presque trop pourêtre vrai. ses amis l'affublent de surnoms tels que « le Maître », « le professeur »… tout le monde a une histoire sur jim.

Jim en raconte beaucoup lui aussi, toujours sur la brèche, en tension, il hurle,gémit, harangue, prend la pose, pleure,remplit l'espace, fabrique son personnage.Il a les plus beaux coqs de l'île, « cendrés »,« tapisserie » et s'enorgueillit de tout savoirsur eux. Il se dit « dangereux », redouté,adulé, incompris, épié. Sorte de BillyBones, flibustier de quartier, il construit sa légende, entre fantasme et réalité, mais qui connaît vraiment Jim ?

Jim est semblable aux bataye kok, il se donne beaucoup, flatte au premiercoup d'œil, fascine ou repousse à la première approche, mais le vrai Jim se mérite, il est là, caché derrière cette image et, comme les bataye kok, il est complexe, dense, et vit avec passion. Toujours à fond.

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BATAYE KOK · 6

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LA RENCONTRE

Jim rakont anou son vi, son bataye, son konba. Jim sa in boug i woi èk le zyelèspri. Jim la viv zafèr pa gayar, la pa toultan fé le bon shoi soman astër lu na la « Foi », soman astër lu na « l'Espoir ». Son kozman i fann, lémosion kapaye ayi,digdig souk son kadav, son zye i koulkomsik dann son fonnkër na la houl. Lu koz, lu koz son gadianm, lu koz son fièlnoirsi, lu koz son kontan, lu kozson malizé, lu kass la blag, lu koz sèrye.Jim pou lu, « Bataye Kok » sa, in zistoir Gan Diab èk Bondye.

In boudtan apré nou bouj, nou sa o ron, « Snack Bar Bataille Coq » (en français s'il vous plaît !), inn ti koinn lonm dannkërdsolèye. Kazboisoutol èk dë-troi murbéton, nad kok i réponn linn é lot dann kat koin le kartié. In gran ron kourandèr,fasad an tol pinn tout an blan, in shaporouj fine délavé èk le tan. An fass, lot kotéshemin, juss par dèrièr, su in boudmurnéna in tag... « Bataille Coq City ! », lé pinnan blë.

Nou lé an plin dann lërdmidi, shakinn asiz su inn ti ban béton ousa desu le pié lé ékri... « Le Port Sa mêm-mêm ». Rant in lonbraj, rant in féklèr, Jim i préparin bon boushon èk in boushonnlièj boutèye de vin akoz son kok na in zèrgo in pë fèb. Inn-dë loto i pass tanzantan, dë marmaye su in vélo, inn madam, foular su la tèt, abiyé tout an blan épui sa inn ot afèr...

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Lër i pass, lër i pass, ayi minm jordu laaranjé, lër i pass, rezman nad boug i finipar débarké. Inn ti kok noir kolé rouj san,inn ti kaye, in moushté, kolé rouj san, innti réyé, inn ti sandré, azot osi kolé rouj san.Bann kok i kakaye tout ansanm in ninstanapré sa i arèt din kou pou arkomans ti dousman. Lër i pass, lër i pass, na poinrien ki spass.

Lër i pass, lër i pass, néna in pëdmonn i débark, dousman dousman, i fé le tour, i di bonjour, i asiz sinon sa i sa joué kart.Le ron i ranpli ti bout, ti bout…..« Oté Jim ! Okilé konba ? Na inn 2kg6 pou ou la, si ou vë ! »Ala ! Premié défi lé lansé ! Soman, i batayepa, i défil, bann gro kajo lé dann ron méapré sa dirèk zot i fil surman zot néna innot filon, inn ot landroi ousa i koz pou in pëplus larjan. Kan mêm sa, Jim i rouv konba !

Astër, le vré i komans. Inn ti konba 200soman vitman vitman Jim lé an difikulté,lu la done lavantaj, son ladvèrsèr lé pamové, i done pou alé. Su son figur, trakarouv son siyon, la i sa pèrd larjan mé Jimstin Kok Dur, lu tienbo droit juskobout,juskobout...

Le jour la, Jim la pa ginye son konbamé lu la rouv le bal, le bal zèrgo, le balgalo, le bal paryaj dann Galodrome le Port.Jamé Jim va larg son Bataye.

UN ROND DE BATAYE KOK DESSINÉ PAR HIPPOLYTE

Retrouvez le webdoc de Bataye Kok sur pils.re

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RENDEZ-VOUS BD · 68 ILLUSTRATION & PHOTOGRAPHIE HIPPOLYTE ET EMMANUEL PROST

TEXTE EN CRÉOLE GILBERT POUNIA

kanZiskaLA MUSIQUE DES BULLES

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Les Bulles dans l’océan sortent un ouvrage dédié au groupe Ziskakan. Illustré par EmmanuelProst, l’auteur de Zorey Dedan, et par Hippolyte, le dalon de Bataye kok, ce carnet de musiquemet en scène l’ambiance des concerts et les textes de Gilbert Pounia en créole, écrits de samain, et, traduits en français. Lors du concert au Sakifo, la belle équipe avait complété le livepar des dessins réalisés en temps réel et projetés sur grand écran pendant le show. De bellesphotos et les illustrations happening sont complétées par de nouveaux dessins qui, à euxseuls, racontent une histoire autour d’un baobab. Donc, plein de belles choses à découvrirdans ce carnet de voyage musical intitulé sobrement Ziskakan ! Il faudra pourtant patienterjusqu’aux premiers jours d’avril pour découvrir cet album inédit.

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CHRONIQUE AKOUT · 70 PROPOS RECUEILLIS PAR GUILLAUME PERROUX

PHOTOGRAPHIE AGENCE VEKHA

au rythme du kayanm, son instrument de prédilection, christine salem ouvre les portes d’un maloya hypnotique, vibrant,qui prend aux tripes, un mélange raffiné de transe et de blues.

Salem en dix questions

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QU’EST CE QUI AURA LE PLUS MARQUÉ TON ANNÉE 2012 ? Professionnellement, on peut parler du concert Sacem que j’ai fait au IOMMA en mai dernier. Il est à la source de toute une nouvelle dynamique de travail. Mon manager, mon producteur et mon tourneur étaient présents et ils ont tenté ensemble de voir comment ils pouvaient optimiser ce qu’il se passait.Côté perso, j’ai pris la décision d’arrêter mon travail au CAP, c’est vraiment une annéede changement !

2013 COMMENCE SOUS DE BONS AUSPICES,AVEC LA SORTIE DE TON CINQUIÈME ALBUM « SALEM TRADITION ». POURQUOI CET HOMMAGE AUX DIX ANS DE CARRIÈRE SOUS CE NOM ? C’est 15 ans de carrière ! C’est une décision prise dans la foulée du IOMMA, nous voulions créer un lien entre l’ancienne formation et la nouvelle, pour ceux qui n’avaient pas encore capté.

TU AS COMPOSÉ DEUX TITRES AVEC MORIARTY. IL EN RÉSULTE UNE SUPERBE ALCHIMIE. COMMENT S’EST PASSÉE CETTE COLLABORATION ? Fliiiiiii (sifflet) C’est une rencontre qui date de quelques années ! Thomas, un des musiciens, était notre régisseur de tournée. J’ai rencontré Rosemary quand elle a fait le premier Sakifo et on s’est souvent vu par la suite ici, ailleurs ;nous avions aussi une copine en commun et puis un jour on a eu envie de faire quelquechose ensemble et c’est parti.

RACONTE-NOUS D’OÙ EST NÉE CETTE RENCONTRE COMPLICE AVEC ROSEMARYSTANDLEY. Je viens de le dire, c’est l’histoired’une rencontre et d’une amitié.

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LE PREMIER MORCEAU DE CE NOUVEL OPUS SE NOMME « TI BLÉ » EN RÉFÉRENCE À TONSURNOM. D’OÙ TE VIENT-IL ? De mon papa. Il rêvait d’une petite cafrine (il était yab !) et quand il m’a vue j’étais au-delà de son espérance, et il m’a appelée Ti blé !

LES PAROLES DE TES CHANSONS SONT UN MÉLANGE AUX ACCENTS CRÉOLES, ARABES,MALGACHES ET SWAHILIS. UNE INSPIRATIONEN LIEN AVEC TA QUÊTE IDENTITAIRE ?Oui, c’est en lien avec mes ancêtres. Ces dernières années, j’ai beaucoup cherchéen allant dans les pays voisins (Comores, Madagascar et Zanzibar). ça m’a permis de mieux comprendre qui je suis.

LE MALOYA EST UNE MUSIQUE QUI AMÈNE À LA TRANSE. EST-CE UN SUPPORT NÉCESSAIRE POUR TON ÉCRITURE ET TES COMPOSITIONS ? Certains morceauxme viennent sur scène, mais j’en écris aussi.J’accueille ce qui vient quand ça arrive et ça peut avoir plusieurs formes.

TU TE NOURRIS DE LA SCÈNE, PEUX-TU NOUS EXPLIQUER CE QUE TU RESSENS DANS CES MOMENTS D’INTENSE CRÉATIVITÉ ?Une énergie incroyable !

QUELS SONT LES COMBATS, LES ENGAGEMENTS DE CHRISTINE SALEM ?Il me semble important de positiver la transe et le côté mystique du maloya. Souvent quand on parle de service Kabaré, on voit la sorcellerie, le diable… moi j’ai envie de changer ce regard. Si tout ça n’était pas positif, je ne serais pas en train de vous répondre.

POUR 2013 QUELLES SONT TES BONNES RÉSOLUTIONS ? Peace and love et apprendrel’anglais !

CHRONIQUE AKOUT · 72 PHOTOGRAPHIE ZIM

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Ingrédients pour six personnes

3 œufs100 g de beurre80 g de sucre150 g de chocolat noir50 g de crème liquide

Six cercles à mousse de 7,5 cm de diamètre.

cœur coulant au chocolat

recette de l’Atelier

de ben

PAPILLES EN FÊTE · 74 PHOTOGRAPHIE PIERRE CHOUKROUN

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étape 1 Faire fondre le chocolat. Ajouter le beurre ramolli et mélanger.

étape 2 Fouetter les œufs avec le sucre.Ajouter le chocolat puis la crème.Bien mélanger. Réserver au réfrigérateur pendant deux heures. Cette ganache se conserve trois jours.

étape 3Poser chaque cercle sur un morceau de papier sulfurisé et le mettre sur une plaque de cuisson. Remplir de ganacheaux trois-quarts. Cuire au four (un maximum de quatre cercles à la fois) à 180 °Cpendant dix à douze minutes. Laisser refroidir quinze minutes.

étape 4Passer un couteau à l’intérieur des cercles pour faciliter le démoulage.

étape 5Servir avec des noisettes concassées, une boule de glace vanille, de la crème anglaise en verrine ou un coulis de fruitsrouges.

Pour accompagner avec finesse ce cœur coulant au chocolat, La Cave de La Victoire vous conseille un Porto Churchill’sfinest Rosare Port.

www.batcarre.comRetrouvez

cette recette filmée sur notre site dans la rubrique

Café coulé

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HoriZonTaLemenT

Diminuées

Captivant

Un peu avant mille. Démesuré

Fleuve de Suisse. Est renversé

Membre de l’UE. Coiffure de douanier

Avili. Au pied de la lettre

Préposé à la coordination. Tressée

Côté d’une feuille. Il eut son culte

Tiens ! Pris sur le vif

Il est apparu en janvier 2002. Support de trafic

La belle Hellène

Carnaval. Patrie d’Henri IV

Au goût du jour. Il masque le jour

Pleine de sillons. Pour un ancien

Lecteur mystérieux. Dessus

Astuces. Tel quel dans le texte

Commerçant

Mère de Caïn. Servante

Répandu

Est à Londres. Domaine réservé quand il est carré.

Élément du hasard

Défrichée

Terre à labourer. Propulsa

Pue. Mélangea

Zig ou zigoto

Eau forte. Polit

Faire venir à soi. Langue méridionale

Cent centavos. Portes au pouvoir

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Habiller. Corresponds. Es agité. Ville du Dauphiné

Dénoncé. Terme de rugby. Équipe milanaise.

Couverture de fonds. Arasé

Vedettes. Navire. Blouser. Fruits

Parfois préposition. Le non-être. Mot de transition.

Lava à l’eau. Activités physiques. Drame lyrique

Figure sportive. On y trouve Vientiane.

Voit sans être vu. Partie de la Russie. Place forte

Adjectif numéral. Prêt-à-porter. Voussoirs. Livres.

Premier magistrat municipal.

Partie d’une fusée. Lève son verre. Bâtiment industriel.

Princes arabes

Vêtues. Léger comme l’air. Nombre pair.

Personnel réfléchi

Ineptie. Perfections. Éclate. Ils s’en vont en fumée

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La grille du jeu est composée de 9 lignes, 9 colonnes et de 9 régions (les 9 carrés).

La grille du jeu contient toujours des chiffres de 1 à 9 et des cases vides, le but est donc de remplir entièrement

la grille de manière logique.

La règle du jeu est simple : chaque ligne, colonne et région ne doit contenir qu’une seule fois tous les chiffres

de un à neuf.

Formulé autrement, chacun de ces ensembles doit contenir tous les chiffres de un à neuf.

La plupart du temps, le jeu est proposé sous la forme d’une grille de 9×9, et composé de sous-grilles de 3×3,

appelées « régions ».

Quelques cellules contiennent des chiffres, dits « dévoilés ».

Le but est de remplir les cellules vides, un chiffre dans chacune, de façon à ce que chaque rangée, chaque colonne

et chaque région soient composées d’un seul chiffre allant de 1 à 9.

En conséquence, chaque chiffre dans la solution apparaît une seule fois selon les trois « directions »,

d’où le nom « chiffre unique ». Lorsqu’un chiffre peut s’inscrire dans une cellule, on dit qu’il est candidat.

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SUDOKU

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NOUVEAU SERVICE ABONNEMENT BA C

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NUMÉRO 1 // JUILLET - AOUT 2011

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LISBONNEÀ L’OMBRE DES CONQUISTADORS

RENÉ ROBERTLE FEU SACRÉ DE LA TRANSMISSION

TERRE DE PASSION

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NUMÉRO 2 // OCTOBRE - NOVEMBRE 2011

VOYAGE DANS LE PATRIMOINEÀ LA RÉUNION

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NUMÉRO 3 // DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012

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É T’NUMÉRO 6 // SEPTEMBRE - OCTOBRE 2012

PATAGONIEFIN ET COMMENCEMENT D’UN MONDE

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É T’NUMÉRO 7 // NOVEMBRE - DECEMBRE 2012 // JANVIER 2013

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Pour numérosau Tarif De 42,50 € *

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NOUS TENONS À REMERCIER

NOS PARTENAIRES

QUI SOUTIENNENT NOTRE PROJET

AVEC UNE BELLE CONSTANCE :

nos ParTenaires

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