ARTCOTEDAZUR N°8

48
MUSIQUE /// ART VIVANT /// EXPOSITIONS PHOTOS /// ART CONTEMPORAIN SUPPLÉMENT CULTUREL DES PETITES AFFICHES DES ALPES MARITIMES MALAVAL, LA ROCK ALTITUDE

description

Artcotedazur Arts and Culture on the French Riviera. Theaters, Gallery, Exposition, entertainment.. The most beautiful aspect of the "Cote d'Azur". Design, Architect, concerts, music, danse, and Opera.

Transcript of ARTCOTEDAZUR N°8

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MU S IQ U E / / / A RT V I VA N T / / / E X P O S I T IO N S P H OTO S / / / A RT C ON T E M P OR A I N

suPPlÉmenT CulTuRel Des PeTiTes AFFiChes Des AlPes mARiTimes

MALAVAL ,LA ROCK ALTITUDE

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makingof

Page 3: ARTCOTEDAZUR N°8

Art Côte d’AzurSupplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3460 du 9 au 15 octobre 2009 Bimestriel

ISSN 1962- 3569

Place du Palais17 rue Alexandre Mari06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel :

RédacteursFaustine Sappa Olivier MarroAlain Amiel

Direction ArtistiqueFrançois-Xavier Ciais

Création GraphiqueMaïa Beyrouti

Photographe Jean-Charles Dusanter

Photo de CouvertureRobert Malaval,Portrait© Dominique Tarlé

Contacter la Rédaction :Sidonie BoisTél : 04 92 47 21 81Fax : 04 93 80 73 [email protected] Publicité :Vanessa KrauseTél : 04 92 47 21 81Mob : 06 28 35 56 [email protected]

Abonnement :Téléchargez le bulletin d'abonnement sur :www.ArtCotedAzur.frou par tél : 04 93 80 72 72

Art Côte d’Azur Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créa-teurs « ImprimeurVert », sur un papier répondant aux normes FSC, PEFC et 100% recyclé.

La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.

L’été est mort hier sans frémir,Au fond d’un caniveau.Fauché sans un sursautIl n’a rien entendu venir.La collision était inévitable.Lancé à une allure déraisonnableSur la Promenade des Rosbifs,L’automne qui vous griffe,À déboulé comme une masse déjantée ;Broyant des grappes de touristes lividesCramponnés à la plage dévastée.Dans un fracas de galets arrachésDes ongles et des doigts saignent.Sur les peaux encore humides,D’un amas de corps fumants.Le soleil k.o debout se baigne,Dans un parfum de vanille Et s’écroule comme une quille.L’été surprisA portéUne main gantéeDe gris Avant de claquerÉtranglé puis asphyxiéPar un crachat comacSur le tarmacAu pied des putesSans jupesQui en ont leur claqueDes maquesPeu dupes.Quelques rescapésDes piétons attardésGluant de sueurPiétinent dans la peur.J’avise les miches d’une rousse Trop flasques et trop mochesLe premier qui tousseJe le buteD’un uppercutDu gauche.

Arnaud Duterque

Chaos d’Automne

photos ©J-Ch Dusanter

Page 4: ARTCOTEDAZUR N°8

En Ville

© Thierry gazzera

© J-Ch Dusanter

© georges Rousse

6 HORS LES MuRS

Biennale de Venise

10 HORS LES MuRS Expo Pinault

14 MOugINS

Musée de la Photographie “entre les lignes"

16 NICE Septembre de la Photo Marie-France Bouhours

20 CARROS Espace Carros Art Vivant

©Alain Amiel

Page 5: ARTCOTEDAZUR N°8

La Vie des Arts

©Adagp

23 Malaval

DESIgN SONORE

28 BOTOX[s]

ART CONTEMPORAIN

30 Les Tourneurs sur la Côte d’Azur PORTRAITS

34 Les Cimaises « Faites maison » La Maison Galerie Singulière La Villa Cameline

gALERIES

38 Saga BD Jean-Marc Eusébi

BANDE DESSINéE

45 La Côte d’Azur vu du Sexe

LITTéRATuRE

© Christian Ferroni

© Lina Henten et gaëlle Hyppolite

Page 6: ARTCOTEDAZUR N°8

6 E N V I L L E h O R s l e s m u R s : V e n i s e

B i e n n a l e

Venise 2009

Chaque Biennale dégage une tendance. Progressivement,

la peinture, la sculpture, le dessin ont laissé place aux

projections de films, de vidéos, aux écrans d'ordinateur…

et surtout aux installations qui se sont taillés la plus grande part

cette année (les lieux s'y prêtent parfaitement).

En revanche, très peu de sculptures. La peinture y est toujours

présente, elle constitue heureusement la trame de base et la maî-

tresse de tous les arts…

Donc, Installations (avec un grand I) partout. Occupation maximum

des espaces jusqu'à saturation... Comme cette gigantesque toile

d'araignée en cordons de chaussures avec planètes intérieures et

filins dans tous les sens qui interdisent l'entrée dans la salle.

Les Installations du pavillon russe sont souvent les plus intéres-

santes. On y a découvert là il y a des années l'œuvre de Kabakov,

présent depuis presque à chaque Biennale, mais pas cette année.

Mais on ne perd pas au change. Kabakov a fait des émules. une

installation à sa manière mais plus chargée encore de cette déré-

liction qui caractérise souvent les artistes russes.

L'installation de Kalyma est faite de bric et de broque, de bois

surtout grossièrement taillé et encore plus lourdement assemblé.

Construction précaire mais faite pour durer, éclairée de toutes pe-

tites loupiotes jaunes, les vieilles, les très vieilles ampoules de

10 ou 20 watts, très jaunes, éclairant si peu mais déclinant des

Déjà comblée par les arts, les architectures, la peinture, la musique, la cité des doges n'avait pas de vocation particulière à représenter l'art de son temps. Et pourtant, la Biennale existe depuis 1895, et s'il y a encore quelques années, elle se cantonnait dans les giardini, puis dans le magnifique Arsenale, elle ne cesse d'année en année de s'installer dans tous les lieux : Palais, anciens entrepôts, greniers à sel, places...

Cette année, les arts contemporains sont quasiment présents dans tous les quartiers de venise. Tous les pays veulent maintenant en être (cette année, 70 pavillons, dont monaco).

Cette page : Ci-dessus table et assiettes coupées en deux, pavillon danoisCi-dessus de gauche à droite cadres de vélos attachés à des poteaux

En bas à gauche Thomas saraceno

Page en face : En haut à droite livreur de pain à vélo, pavillon égyptienEn haut à gauche Claude lévêque

Photos ©A. Amiel

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7 h O R s l e s m u R s : V e n i s e E N V I L L E

ombres inquiétantes ou illuminant des pantins de bois qui des-

sinent et des mains émergeant de vieux pardessus pendus à un

clou qui font bouger les quelques tableaux-chromos d'une Russie

dépassée.

Toujours dans le pavillon russe et dans aussi peu de lumière, une

superbe installation de boules de verres suspendues par des filins

au plafond (Anatoly Shuravlev). Chaque boule contenant d'autres

plus petites boules qui jouent avec la lumière et d'encore plus

petites où un portait arrondi tournoie d'une personnalité célèbre :

John Lennon, guevara, Kennedy, etc., (son panthéon personnel ?)

Le titre de l'expo de cette année est " Victoire sur l'avenir "...

Dans le pavillon allemand, Liam gillick nous propose un délire de

rangement, - ça sent le pin fraîchement raboté et tout l'espace du

pavillon est occupé par ces simples étagères.

Au pavillon français, Claude Lévêque, qui s'est imposé au fil des

années et de ses installations, comme un des meilleurs installa-

teurs. Il s'adresse directement à notre sensibilité, à notre émotion

en créant des tensions dérangeantes en même temps qu'esthéti-

ques. " Le grand soir ", c'est le nom de cette installation qui nous

fait pénétrer dans un univers carcéral fait de hautes grilles sans

portes. Les murs métallisés mais joliment irisés rajoutent à cette

impression d'univers froid où aux quatre coins sont enfermés (ou

est-ce nous qui sommes enfermés ?) des drapeaux noirs (flottant

sous le souffle de ventilateurs invisibles). L'espace est beau et

malgré tout, pas triste.

Installation suisse dessin au mur au scotch noir d'éléments de

mobilier ? Sa représentation suffirait-elle ?

Autre belle installation au pavillon coréen, un assemblage de sto-

res multicolores découpant la lumière comme autant de traits ou

de croisillons colorés.

Tout au long des allées, on retrouve un signe habituel des rues de

nos villes, la carcasse de vélo encore attaché à un poteau.

Twombly très bien exposé chez Pinault semble avoir fait des ému-

les : on retrouve ses formes simples, enfantines chez l'Israélien

Raffi Lavie.

" For sale "*, au pavillon danois annonce un appartement témoin

très bizarre : une bibliothèque inaccessible (les premières mar-

ches de l'escalier ont été démolies), une salle à manger coupée

en deux tables et assiettes comprises, des tableaux aux murs - en

fait des écriteaux rachetés à des mendiants et mis dans des cadres

dorées et une cuisine à la vaisselle envahissante…

Au pavillon espagnol, pas d'installation (quoique), de la vraie pein-

ture et au-delà. Barcelo, qui aime la peinture-matière comme per-

sonne, la projette sur des toiles avec un canon à peinture de sa

* inspiré des « A Vendre » de Jean Mas ?

Page 8: ARTCOTEDAZUR N°8

8 E N V I L L E h O R s l e s m u R s : V e n i s e

création. Ecailles, filets, coulures, stalactites sont impressionnantes

et dégagent parfois des formes insolites comme celle d'un gorille

ou des paysages, des animaux marins, etc. Quelques céramiques

viennent compléter ce goût de la terre manipulée et colorée.

Roman Ondák au pavillon tchécoslovaque rend l'intérieur du pa-

villon à la nature qui l'entoure, niant ainsi la distinction entre l'in-

térieur et l'extérieur.

un très beau travail en peinture, basique à l'extrême. Sur de gran-

des feuilles, un rectangle peint d'un épais pinceau noir, avec une

couleur vaguement jaune-beige à l'intérieur, et c'est tout… Mais

c'est assez pour voir ce que Tony Conrad veut nous dire de la

présence de plus en plus envahissante des écrans... même s'il n'y

a rien dedans, l'artiste nous propose simplement d'y projeter ce

qu'on veut.

Au pavillon égyptien, on est accueilli par des géants de palme

tressée : vieux fumant le narguilé, femmes en prières, amoureux,

livreur de pain à vélo, et, le tout de la même matière qui sent bon

les vieux couffins de notre enfance.

Pavillon vénitien : un délire de verre. Murano se reconvertit dans

les formes et des textures renouvelées à l'infini. une expo " glass-

tress ", est aussi consacrée au verre dans le superbe Palais de l'Aca-

démie des Sciences et des Arts sur le grand Canal.

Avant de quitter les giardini, il faut aller boire un capuccino (mais

ne pas manger) au restaurant à la décoration folle de Tobias

Rehberger.

une très grande Biennale par la taille et le nombre d’artistes repré-

sentés, probablement la plus grande depuis sa création. A ne pas

manquer.

De gauche à droite et haut en bas :

For Sale, au pavillon danois

Tony Conrad

Cadre sur un des murs de la maison For Sale, pavillon danois

Le restaurant décoré par Tobias Rehberger

miquelo Barcelo

Pavillon egyptien

Photos © A. Amiel

AA

Alocco - Arman - Ben - Biga - Brecht - César - Chacallis - Charvolen  Chubac - Dezeuze - Dietman - Dolla - Farhi - Filliou - Flexner - Gette Gilli - Isnard - Klein - Maccaferri - Maccheroni - Malaval - Martinez  Mendonça - Miguel - Mas - Nivese - Pagès - Pinoncelli - Raysse  Rottier  -  Saytour  -  Serge  III  Oldenbourg  -  Sosno  -  Valensi  -  Venet  Verdet - Vernassa - Viallat 

Renseignements sur la venteMorgane Sabot - E-mail : [email protected] - Tél. : 01 42 46 41 91 Hôtel des ventes Nice Riviera - E-mail : [email protected] - Tél. : 04 93 62 14 71Catalogue sur demande 20 € ou consultable sur : www.expertise-ottavi.fr ou www.hdvnice.com

Expositions des œuvres À Paris : les 22, 23 et 24 octobre (durant la Fiac) À Nice : les 28, 29 et 30 octobre

L’ECOLE DE NICECRÉATION 1960-1980

PATRICK RANNOU-CASSEGRAIN & MARC OTTAVI PRÉSENTENT LE 31 OCTOBRE À NICE

VENTE AUX ENCHÈRES PUBLIQUES

Le creuset niçois, baptisé École de Nice fut un des mouvements artistiques les plus importants des années 60. Les yeux fixés sur Paris et New York, quarante artistes ont créé de 1960 à 1980 une œuvre unique et originale. Découvrez-les en consultant notre catalogue 300 pages, des centaines de reproductions illustrées et 200 lots mis à l’encans. Vente inaugurale de l’École de Nice.

À NICE

L’ÉC

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Alocco - Arman - Ben - Biga - Brecht - César - Chacallis - Charvolen  Chubac - Dezeuze - Dietman - Dolla - Farhi - Filliou - Flexner - Gette Gilli - Isnard - Klein - Maccaferri - Maccheroni - Malaval - Martinez  Mendonça - Miguel - Mas - Nivese - Pagès - Pinoncelli - Raysse  Rottier  -  Saytour  -  Serge  III  Oldenbourg  -  Sosno  -  Valensi  -  Venet  Verdet - Vernassa - Viallat 

Renseignements sur la venteMorgane Sabot - E-mail : [email protected] - Tél. : 01 42 46 41 91 Hôtel des ventes Nice Riviera - E-mail : [email protected] - Tél. : 04 93 62 14 71Catalogue sur demande 20 € ou consultable sur : www.expertise-ottavi.fr ou www.hdvnice.com

Expositions des œuvres À Paris : les 22, 23 et 24 octobre (durant la Fiac) À Nice : les 28, 29 et 30 octobre

L’ECOLE DE NICECRÉATION 1960-1980

PATRICK RANNOU-CASSEGRAIN & MARC OTTAVI PRÉSENTENT LE 31 OCTOBRE À NICE

VENTE AUX ENCHÈRES PUBLIQUES

Le creuset niçois, baptisé École de Nice fut un des mouvements artistiques les plus importants des années 60. Les yeux fixés sur Paris et New York, quarante artistes ont créé de 1960 à 1980 une œuvre unique et originale. Découvrez-les en consultant notre catalogue 300 pages, des centaines de reproductions illustrées et 200 lots mis à l’encans. Vente inaugurale de l’École de Nice.

À NICE

L’ÉC

OLE

DE

NIC

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10 E N V I L L E e X P O P i n A u l T

F o n d at i o n P i n a u l t

“Mapping the Studio”

C’est dans ce lieu, plus

qu’extraordinaire que

l’Art Contemporain est

présenté. Pas tout l’art de notre

début de XXIe siècle, mais celui

collectionné par le milliardaire

Pinault, homme de goût et de

culture qui a su avec l’architecte

Tadao Kondo magnifier le lieu,

s’il en était besoin.

L’architecte a fait simple : net-

toyer les briques rouges, celles-là

mêmes qui ont fait Venise, sup-

primer les cloisons, et mis au jour

les charpentes. Du béton lissé, lé-

gèrement brillant pour les parties

rajoutées et pour l’autel carré - sa

signature -, installée au cœur du

bâtiment.

Présent partout, le « Ma », inters-

tice de quelques millimètres pour

séparer l’ancien du nouveau (qui

ne doivent pas se toucher), carac-

téristique aussi de l’architecture

de Kondo.

On pourrait s’arrêter là. Ne don-

ner à voir que ça suffirait pour

ravir nos yeux et notre appétit

de beaux espaces bien dessinés,

bien pensés. Mais des œuvres

très choisies et surtout des instal-

lations viennent s’inscrire entre

ces briques au rouge indéfinissa-

ble et chatoyant.

un rideau de perles rouges et

blanches (métaphore de nos glo-

bules) franchi, nous sommes déjà

ailleurs.

Au dessus de nous, à quelques

mètres, un cheval dont la tête

disparaît dans le mur (Maurizio

Cattelan), et au sol (Rachel Withe-

read), bien rangées comme pour

un concert ou une conférence, les

ombres matérialisées (en résine

aux couleurs transparentes) de

cent chaises. La présence de ces

formes signant leur absence. On

est déjà dépaysé…

Des œuvres majeures, marquan-

tes, définitives comme celle des

frères Chapman : une svastica de

vitrines présentant l’horreur na-

zie revisitée. Les milliers de petits

personnages, comme des soldats

de plomb (probablement en ré-

sine), dans un enfer plus impres-

sionnant que celui de Dante.

Des petites mises en scène de

l’effroi se succèdent, pire que le

pire des cauchemars avec des

amoncellements de cadavres dé-

charnés, crânes empilés ou plan-

tés sur des pics, mares débordant

de corps mutilés...

Il faudrait plusieurs heures et un

Le lieu est superbe. Cette pointe de la Dogana était interdite depuis des lustres. De se retrouver là, au cœur de Venise, à son entrée, sa douane, est magique. Depuis 1676, les grands bateaux déchargeaient là leur livraison qui était comp-tée, pesée, taxée. Puis, de ces anciens entrepôts de douane, des barques emportaient les marchandises dans tous les sestieres (quartiers) de Venise.

Page 11: ARTCOTEDAZUR N°8

11e X P O P i n A u l T E N V I L L E

De cette pointe, tout Venise est à notre portée : le Lido en face, la giudecca à gauche, et devant nous, la voie royale, le grand Canal et les Palais qui le bordent. En face, la place San Marco et le Palais des Doges.

Jack and Dinos Chapman © Palazzo grassi SpA. Photo: ORCH, orsenigo_chemollo

photo page de gauche :Richard Prince© Palazzo grassi SpA. Photo: ORCH, orsenigo_chemollo

sigmar Polke © Palazzo grassi SpA. Photo: ORCH, orsenigo_chemollo

Page 12: ARTCOTEDAZUR N°8

12 E N V I L L E e X P O P i n A u l T

sang froid de métal pour observer

tous les détails, pour comprendre

le spectacle insoutenable que les

frères Chapman nous donnent

(nous force ?) à voir. Quelques tou-

ches d’humour qui parcourent cet-

te œuvre, nous aident à poursuivre

cette visite, mais vite, l’insupporta-

ble nous oblige à nous enfuir.

Les salles suivantes sont forcé-

ment plus fades… Pourtant, un

très intéressant travail photogra-

phique de Cindy Shermann : des

autoportraits en femme du mon-

de, en pute, en chanteuse, en fille

déglinguée, etc., autant de mas-

ques pour une femme d’âge mûr

qui se pose des questions sur son

apparence.

La salle Cy Twombly rend hom-

mage à Sesostris, dieu solaire.

Toiles carrées blanches couvertes

de signes, de textes et de dessins

proches de la toute petite enfan-

ce, évoquant les premiers signes

tracés sur une feuille.

Les grandes photos noir et blanc

de Sujimoto, présentent des man-

nequins transformés en sculp-

tures stylisées. une œuvre très

politique, celle de Mac Carty :

L’auto-sodomie de Bush par plu-

sieurs lui-même, dérangeante,

laide, en résine laiteuse dégouli-

nante symbolisant toute l’horreur

et l’absurdité de la période Bush.

La dernière salle, un terrain de

foot sur lequel des femmes en

burqas s’opposent aux gI’s, le

tout supporté par un astéroïde

d’où des chauves-souris pendent

laisse perplexe.

A part la faute de goût de l’extrê-

me pointe de la Dogana, où une

sculpture de Charles Ray - un en-

fant nu tenant un grenouille dans

sa main pour symboliser l’émer-

veillement, manque d’intérêt et

de présence dans un lieu aussi

éblouissant, les salles et les œu-

vres originales se succèdent dialo-

guant sans cesse avec les grandes

fenêtres ouvertes sur Venise.

AA

Felix Gonzalez-Torres, Rachel Whiteread, maurizio Cattelan, luc Tuymans, Richard Prince © Palazzo grassi SpA. Photo: ORCH, orsenigo_chemollo

Ci-dessus :

Page 13: ARTCOTEDAZUR N°8

13e X P O P i n A u l T E N V I L L E

Les salles et les œuvres originales se succèdent dialoguant sans cesse avec les grandes fenêtres ouvertes sur Venise.

huang Yong Ping

© Palazzo grassi SpA. Photo: ORCH, orsenigo_chemollo

Paul mcCarty

© Palazzo grassi SpA. Photo: ORCH, orsenigo_chemollo

Page 14: ARTCOTEDAZUR N°8

D’un côté, des photographies en noir et blanc, de l’autre

des barres colorées en trois dimensions. D’un côté, les

lignes courbes ou tendues et la pureté des formes d’une

architecture révélée, de l‘autre la droiture des lignes verticales,

invariablement parallèles. L’un a choisi de n’apposer aucune indi-

cation à ses photographies afin d’aider le spectateur à voir dans

les œuvres sa propre réalité. « Je laisse ainsi l’imagination des vi-

siteurs aller là où bon lui semble, explique Franck Follet. Il pourra

ainsi penser qu’une photo d’escalier a été prise dans un bâtiment

New-Yorkais, ville dont j’aime particulièrement photographier

l’architecture, alors qu’il s’agit en fait d’un hall d’immeuble du

quartier de l’Ariane, à Nice. » Dans l’œuvre de Franck Follet liée à

l’architecture, tout est question de contrastes et de mise en valeur

des volumes, par l’intervention du regard du photographe. « « Je

passe ma vie à photographier la ville, mais pas forcément ce que

tout le monde regarde, souligne Frank Follet. Il m’est arrivé de

prendre en photo un passage piétons et d’entendre les passants

dire « mais que fait-il ? Il n’y a rien à voir ! » » Or, à y regarder de

plus près, le photographe s’intéressait à une empreinte de pas,

incrustée dans le bitume. Entre les lignes de ce passage clouté,

une autre histoire s’était écrite.

« Une image est la réalité tronquée »

L’autre, à l’inverse, a choisi l’abondance de textes pour aider le

visiteur à déjouer les pièges d’une réalité qui n’est parfois pas là

où l’on croit la voir. « On différencie la réalité de l’image parce que

la réalité est complète, il n’y manque rien tandis qu’il manque tou-

jours quelque chose dans une image. Dans l’image d’un gâteau, il

manque son parfum, son goût, sa texture. Une image est la réalité

tronquée, comme le parfum ou la musique sont des images où il

manque les contours, la forme des choses. » (Extrait de Chapitre

2, texte accompagnant l’œuvre de Peter Larsen S. Pellegrino). Les

« barreOmètres » de Peter Larsen sont des barres en carton recou-

vertes de bandes de papier en couleur, collées symétriquement à

partir du milieu. L’artiste travaille de manière mathématique afin

de représenter un lieu ou un objet dont l’émotion qu’il suscite est

synthétisée. « La suite des bandes et des couleurs est en partie

aléatoire d'après des nombres fournis par Mads Haahr du Trinity

College à Dublin, indique Peter Larsen. La répartition des largeurs

des bandes est une suite mathématique de Leonardo Fibonacci.

Le choix des couleurs est subjectif, c'est un choix esthétique, une

envie du moment. » En outre, la barreOmètre est une ligne droite

conçue en analogie à la gastronomie. Le but de la forme et de ses

couleurs est de plaire à l'œil, d'être appétissante. « Plaire à l'œil,

c’est donner envie de goûter à une culture de l'image différente et

de nourrir l'intellect avec une cuisine où les ingrédients se nom-

ment couleur, mathématique, science et conscience. »

Un équilibre qui fonctionne à merveille

Les deux artistes sont amis et avaient depuis longtemps l’envie de

faire se rencontrer leurs œuvres. Le Musée de la Photographie An-

dré Villers de Mougins leur en donne enfin l’opportunité. Souvent,

leurs œuvres ont été inspirées par leur vision de Sophia-Antipolis.

Certaines d’entre elles sont exposées : l’occasion, pour le Musée,

de célébrer artistiquement le quarantième anniversaire de la tech-

nopole. Les travaux des deux artistes se croisent et se répondent

en créant un équilibre dont la convergence est bien sûr à chercher

du côté de la ligne. Et surtout, dans ce qu’il y a à voir entre les

lignes. « Mon chat fuit l’aspirateur comme il fuit Mozart. Aimer

ou ne pas aimer Mozart n’a rien de naturel ou d’intuitif, c’est de

la culture, une éducation qui s’apprend, se perfectionne, comme

savoir lire et comme interpréter une image. » (Extrait de Chapitre

7, texte accompagnant l’œuvre de Peter Larsen BGP 001).

En savoir plus

www.franckfollet.com / www.peterlarsen.fr

Franck Follet et Peter Larsen l’essentiel est Entre les lignesLe Musée de la Photographie André Villers de Mougins accueille, jusqu’au 1er novembre, Entre les lignes, l’exposition conjointe du photographe Franck Follet et de l’artiste contemporain Peter Larsen. Des univers parallèles qui se rencontrent et se croisent, et dont la réalité se trouve souvent là où on ne la voit pas.

E N V I L L E M o U G I n S14

FS

© J-Ch Dusanter

Page 15: ARTCOTEDAZUR N°8

M o U G I n S E N V I L L E 15

Parcours d’artistes

Franck Follet est né en 1964 et a fait ses premières photos en 1985. Il a reçu le 1er prix du concours Réponses photos en 1992, 1994, 1995, 1996. Il a également été finaliste au concours de la Fondation CCF pour la photo-graphie en 2002 et a décroché une Mention Exceptionnelle Noir et Blanc au concours Dotation Photo Service Agfa 2004. Son travail est une invita-tion à voir la beauté en toute chose : l’architecture, les nus, la nature…Peter Larsen est diplômé de l'école des arts graphiques de Copenhague. En 1986, il crée à Nice un atelier pour tra-vailler le papier. En 1990, il lance une société qui édite et diffuse des objets de son design. Il utilise la technique de la reliure comme support à sa créa-tion, mais sans jamais relier un livre : ce qu'il relie se trouve dans l'image de la réalité. Plus précisément la partie culturelle ou mathématique de l'image qui est propre à notre regard.

Page de gauche : Franck Follet (portrait)

Page de droite :

ci-dessus : Peter Larsen (portrait) ci-dessus à gauche : Vernissage de l'exposition ci-dessus à droite : Peter Larsen et l'une de ses œuvres "BarreOmètres" ci-dessous : Franck Follet

© J-Ch Dusanter

© J-Ch Dusanter © J-Ch Dusanter

Page 16: ARTCOTEDAZUR N°8

Marie-France Bouhours « Le TPI doit être plus largement reconnu »

Vous avez pris la direction artistique du TPI

au printemps, que révèle l’état des lieux ?

MF Bouhours : Il faut rappeler qu’il n’y a

dans notre département que deux espaces

dédiés au 8ème Art, le TPI créé à Nice sur

les fondations d’un théâtre de mémoire

« l’Artistique » et le Musée de la Photo

André Villers à Mougins. C’est dire l’im-

portance que peut avoir ce bel outil mis

à notre disposition par la Ville et l’effort

qu’il faut accorder à son rayonnement.

Quels sont ses points forts ?

Outre les expositions temporaires, quatre

ou cinq rendez-vous annuels, nous dis-

posons d’une belle collection de plus de

1500 œuvres, d’une centaine d’auteurs,

couvrant les débuts de la photo à nos

jours. Un patrimoine qui sera dévoilé en

partie lors du 10ème anniversaire du TPI

en décembre. L’occasion de revenir sur

une collection méconnue avec l’impor-

tant Fond Charles Nègre comprenant 40

tirages originaux réalisés à Nice entre

1863 et 1865, celui de Jean Gilletta ainsi

que sur des acteurs plus contemporains :

Gabriele Basilico, Ralph Gibson, Michael

Kenna, Dieter Appelt, Bernard Plossu,

Raymond Dityvon ou Bob Willoughby.

Parallèlement nous sommes investis d’une

mission pédagogique. Notre médiatrice

reçoit régulièrement des visites scolaires

et organise des animations vers un public

plus large. Dans le cadre d'un partenariat

entre la Ville et le Rectorat de Nice nous

soutenons également des parcours édu-

catifs et culturels qui débouchent sur un

accrochage annuel des travaux réalisés.

Enfin pour ceux qui souhaitent faire des

recherches, nous mettons à leur dispo-

sition un grand choix d’ouvrages et de

postes informatiques.

Ses points faibles ?

Son implantation stratégique ne suffit

pas à drainer un large public. La jauge de

fréquentation est alimentée par un public

d’amateurs fidèles mais aussi par des visi-

teurs étrangers. Je pense que nous avons

une marge de progression et qu’il faut

inciter les niçois et notamment les plus

jeunes à franchir les portes de cet ancien

théâtre, rendre le lieu plus visible locale-

ment et plus lisible sur le plan national.

L’espace de monstration est-il perfectible ?

L’espace est approprié pour des photos

historiques et de petits formats, il s’avère

moins adapté aux grands formats de

la photo plasticienne. C’est pourquoi

j’aimerais obtenir des relais avec d’autres

lieux. J’ai constaté depuis mon arrivée

une réelle volonté de la plupart des ac-

teurs institutionnels et privés d’œuvrer en

synergie sur des événements ponctuels,

ce qui me paraît vital. J’étudie également

une scénographie spécifique pour la salle

de l’artistique qui reçoit d’autres manifes-

tations culturelles car l’éclairage est mal

adapté pour la photographie.

Il fêtera ses dix ans en décembre en même temps que sa nouvelle programmation concoctée par Marie France Bouhours, le Théâtre de la Photo et de l’Image Charles Nègre (TPI) entrera-t-il dans une ère nouvelle en 2010 ?

© André Kertész

André Kertész

Alexei Titarenko St Pétersbourg, 1998

Georges RousseLiberty, 2006

Page 17: ARTCOTEDAZUR N°8

n I c e E N V I L L E 17

J-ch DusanterUne des salles du théâtre de la photo et de l'image

Georges Rousse Clichy

Georges RousseVitry, 2007

© J-Ch Dusanter

Page 18: ARTCOTEDAZUR N°8

oM

Qu’en est- il du Septembre de la photo ?

Après avoir vécu son âge d’or le festival s’est

délité. J’ai rencontré les responsables du

« off » et il faut réfléchir à un autre événe-

ment fédérateur ou, en ce qui concerne le

TPI, l’arrêter. Cette année, dans le cadre de

la Hongrie nous montrons en collaboration

avec le Jeu de Paume une rétrospective André

Kertész dont le travail influença toute une gé-

nération dont Man Ray, Brassaï, Cartier-Bresson.

D’autres objectifs pour 2010 ?

Relancer les commandes est une priorité.

Il est vital de confier à des auteurs des mis-

sions autour du patrimoine humain, urbain et

historique de la ville. Nous avons déjà com-

mencé avec une artiste locale et travaillons

avec Georges Rousse sur une commande

sur la Station Lebon qui sera montrée lors

de l’exposition qui lui est dédiée en février.

Pour 2010, j’ai également un projet autour

du photogramme, un procédé sans appareil

lié à la genèse de la photographie et trop peu

montré.

Il semble que votre nouvelle mission ne

soit pas si éloignée du travail entamé

dans votre galerie Monégasque ?

Tout mon parcours m’a préparé à ce

nouveau défi. Il est vrai qu’en ouvrant « In

Camera » en 2006 j’avais envie de lier la

photo historique et celle d’aujourd’hui.

Ce que j’ai fait en exposant aussi bien

l’œuvre de Lartigue en Riviera qu’un

travail présenté à la FIAC en 2006 de

Stéphane Couturier explorant l’esthétique

numérique au travers des usines Toyota.

Ici, le cahier des charges est différent

mais je souhaite inviter des artistes de

tous horizons afin d’offrir au TPI une lisi-

bilité internationale et ouvrir ses cimaises

à la photo plasticienne. Mes contacts et la

confiance que j’ai établie avec ce réseau

devraient être un atout. Le TPI a besoin

d’une reconnaissance extra-muros. Et

cette reconquête passe par un reposition-

nement du lieu qui, tout en respectant

son projet lui permette d’être mieux

reconnu.

MF Bouhours enta-me son parcours dès 1974. Après un passage au Pa-lais de Tokyo elle intègre l’équipe qui lança le Centre Pompidou. Aux cô-tés du Conservateur Alain Sayag elle participera dès 1977 à la création de la collection du Cabinet de la photo-graphie du Musée National d’Art Mo-derne et aux premières expositions photographiques. Après presque 30 ans passés à Beaubourg, elle décide en 2003 de quitter Paris. Elle com-mence à prendre des contacts dans la région et organise pour les Ballets de Monte-Carlo une exposition sur le travail d’Helmut Newton autour des Ballets. Puis organise au Parc Phoenix une exposition de photogrammes réalisés par Simon Couvin autour de l’univers végétal du parc. Deux autres expositions seront montrées à la salle du quai Antoine 1er « Beautés insen-sées » et « la Trajectoire du Regard » en 2006 à partir d’une collection remarquable couvrant un siècle de photographies. Parallèlement, elle travaille avec Gabriele Basilico pour une commande sur Monaco, rencon-tre à cette occasion un collectionneur italien passionné par la photographie, Marco Bianco, ouvre la galerie « In Ca-mera » la seule dédiée sur le rocher au 8ème Art, et puis initie le « Point Art », fin 2006.

© J-C

h D

usa

nte

r

A gauche

GérardpierreNice1985

charles nègreLes Ponchettes, Nice1865

A droite

Jacques Godard La plaine du Var1997

Brigitte Bauerl'Odyssée Chant XII Vers 234-236, 1998

E N V I L L E n I c e18

Habillez-vous

d’Art et de Culture,

Portez

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EN VILLE

Saint Paul de Vence

Un habitologue dans sa bulle

Martine et les fumistes !

Alain Derey

Rock au Conservatoire !

Candidature Nice J.O. 2018,

Le grand tremplin culturel ?

Page 19: ARTCOTEDAZUR N°8

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Page 20: ARTCOTEDAZUR N°8

E N V I L L E c A R R o S20

Avec 1 200 adhérents pour une ville qui compte 10 000 ha-

bitants, le Forum Jacques Prévert peut se targuer d’être l’as-

sociation la plus importante de la commune de Carros. 500

d’entre eux pratiquent la danse en amateurs. Tout au long de la sai-

son à venir, les compagnies Ouragance et Voix Public vont animer

des stages et ateliers, avec les familles et des professionnels de la

petite enfance. Car l’un des axes sur lesquels le Forum a décidé de

mettre l’accent cette année, c’est l’enfance et le théâtre. « Le spec-

tacle vivant sert à la construction des individus, estime Sylvie Guigo

Lecomte, directrice du Forum, et cela commence dans l’enfance.

Nous proposons donc beaucoup de spectacles tous publics. » Cette

dernière estime que l’on peut parler de tout aux enfants, mais pas

n’importe comment. « Pas de niaiserie, chez nous ! Un spectacle

peut bien sûr être interactif et festif, mais on ne doit jamais prendre

les enfants pour des idiots. Quand on discute avec eux, on se rend

vite compte qu’ils sont capables de comprendre et de ressentir le

même théâtre que les adultes qui, comme les contes, peut com-

porter plusieurs entrées de lecture. Il suffit donc de le mettre à leur

portée. » Une démarche qui se poursuit à l’âge adulte, avec l’Ecole

du Spectateur : par le biais de stages et d’ateliers, on y apprend le

vocabulaire spécifique du théâtre, la façon dont on met en place les

lumières, les sons… tout pour faire comprendre aux gens ce qu’est

une vraie démarche artistique, et le travail qu’elle induit. « Notre

objectif principal est d’offrir à des publics non initiés un accès facile

à la culture », précise Sylvie Guigo Lecomte. Dans ce même cadre,

le Forum mettra cette année l’ac-

cent sur la création, via Le Labo-

ratoire, en mars prochain. Le cho-

régraphe Hamid Skif, en plus de

son spectacle La géographie du

danger, sera une semaine en ré-

sidence au Forum et accueillera,

chaque jour, des artistes locaux

afin de travailler avec eux sur des

improvisations. Ces répétitions

seront ouvertes au public et, cha-

que soir, la restitution du travail

sera présentée. L’occasion d’une

rencontre interdisciplinaire…

...entre amateurs et professionnels

Le Forum Jacques Prévert était à l’origine une MJC offrant la possibi-

lité de pratiquer en amateur le théâtre, la danse, la musique… Mais

il programme aussi des spectacles professionnels, à raison de trois

dates par mois en moyenne sur la saison. « Il y a sept ans, au mo-

ment de la construction de la salle Juliette Gréco, d’une capacité de

300 places, nous nous sommes demandé s’il ne serait pas judicieux

de scinder les deux activités, indique Sylvie Guigo Lecomte. Ce sont

en effet deux métiers différents. » La salle du Forum a donc été

transformée en studio de danse, « le plus beau du département ! »

Forum Jacques Prévertfaire du théâtreun acte citoyen

Présent depuis plus de vingt ans à Carros, le Forum Jacques Prévert propose la pratique en amateur du spectacle vivant et programme en moyenne 25 spectacles dans sa saison, entre septembre et juin, dans la salle Juliette Gréco. Du loisir, oui, mais surtout un propos qui s’inscrit dans une démarche sociale et citoyenne.

Sylvie Guigo Lecomte, directrice du Forum

© J-Ch Dusanter

Kamikaz Flex ©Thierry Gazzera

Les trois points de suspension © Fabrice Combe La compagnie Onstap ©Thierry Gazzera

Page 21: ARTCOTEDAZUR N°8

FS

La programmation de spectacles au Forum avait, à l’époque, com-

mencé en chanson, avec des artistes comme Léo Ferré ou Moulou-

dji, ce qui en avait fait sa notoriété. « Oui, il y a une vie culturelle à

Carros !, s’exclame Sylvie Guigo Lecomte. Et une vraie volonté politi-

que de l’entretenir et la développer. » Si le répertoire est aujourd’hui

principalement contemporain, Sylvie Guigo Lecomte veille à ce que

la programmation soit toujours accessible. D’autant qu’elle doit na-

viguer entre son propre projet associatif et les directives des collec-

tivités qui subventionnent le Forum. En outre, elle met en avant le

rôle social du spectacle vivant, notamment en travaillant avec l’as-

sociation Cultures du Cœur, issue des Restos du Cœur. « Pourquoi

les personnes défavorisées n’auraient-elles pas elles aussi le droit

d’aller au théâtre ? Cela peut en plus être un déclic pour eux, pour

rebondir vers autre chose et retrouver l’envie, estime-t-elle. Au théâ-

tre, on peut se forger un point de vue, un jugement. C’est un espace

qui se veut citoyen. Nous souhaitons que chacun se sente bien au

théâtre, en pressente la nécessité. » La programmation du Forum

intègre donc cette idée. « Le théâtre, c’est du loisir, oui, mais il

doit aussi apporter de la réflexion, de la surprise et des émotions

diverses. »

Des têtes d’affiche, mais pas seulement

Une envie parfois difficile à mettre en œuvre, quand on prend le par-

ti de ne pas programmer uniquement des têtes d’affiche. « Ces der-

nières peuvent attirer le public local une fois, mais ce n’est pas cela

qui fidélise les spectateurs. » La directrice estime également qu’une

programmation, même si une équipe entière y travaille (en l’occur-

rence, sept permanents), doit être au final décidée par une seule

personne. « Elle doit avoir une âme et, pour cela, correspondre à la

sensibilité d’un seul être, dans laquelle le public se retrouve. Sans ce

fil conducteur, il ne peut pas y avoir de progression linéaire. » Cette

professionnelle du spectacle, ancienne administratrice de compa-

gnies de danse et de théâtre, a également travaillé longtemps dans

le milieu de la brocante. Elle se sert de cette expérience pour « faire

son marché » sur les festivals. « Il peut m’arriver de programmer des

choses qui ne me plaisent pas mais dont je reconnais la dimension

professionnelle et artistique, souligne-t-elle. Je me dis alors « ça, ça

va marcher à Carros ! ».

Chaque année depuis 14 ans, un festival de théâtre de rue conclut

la saison des spectacles : les Siacreries. Une manifestation née au

moment où l’association n’avait pas de locaux, entre travaux et

construction de la salle Juliette Gréco. « Nous avons donc naïvement

investi la rue, alors qu’il s’agit de façons de travailler très différen-

tes, précise Sylvie Guigo Lecomte. Dans la rue, le public n’est pas

captif et on peut rencontrer de nombreux imprévus. » Toutefois, une

fois le pli pris, le festival s’est maintenu. Il programme aujourd’hui

20 compagnies et attire 3 000 spectateurs chaque année. « Le pu-

blic de Carros n’étant pas habitué à aller au spectacle, est facile à

surprendre, constate la directrice. Et, surtout, il joue très bien le

jeu. » Elle se souvient ainsi de la compagnie Délices Dada qui avait

organisé une « revisite » de la ville pour ses habitants, en inventant

une nouvelle histoire pour chaque lieu. « Douze ans après, on m’en

parle encore… »

Quelques dates à venir - Salle Juliette Gréco

18 novembre - Compagne Ouragane, Mains dans les poches25 novembre - Compagnie Arketal, L’œil du loup, d’après Daniel Pennac, spectacles de marionnettes / théâtre5 décembre - Ibrahim Maalouf en concert 11 décembre - Warren Zavatta, petit-fils du célèbre clown Achille Zavatta livre sa vision satirique du monde du cirque, où il a grandi26 février - Richard Bohringer, dans son spectacle Traîne pas trop sous la pluie

En savoir plus : www.forumcarros.com

Cie Onstap ©Thierry Gazzera

c A R R o S E N V I L L E 21

Page 22: ARTCOTEDAZUR N°8
Page 23: ARTCOTEDAZUR N°8

23A R T I S T e L A V I E D E S A R T S

Robert Malaval, né le 29 juillet 1937 à Nice, mis fin à ses jours le 9 août 1980 dans son atelier bunker Parisien. Artiste peintre, dessinateur, sculpteur, et écrivain qualifié de concep-tuel, trash, glam rock, son œuvre que l'on présente comme une version française du Pop Art, colle plus à sa peau qu’à aucune école. Retour sur un dandy kamikaze, une espèce rare non protégée atteinte d’un étrange virus blanc.

Robert Malaval Le Voyageur imprudent

Frôler des pylônes /Des canyons/ Frôler l’éphémère /Si tu touches/ Si tu te crashes /Tu rentres dans le légendaire. Alain Bashung « Volontaire » 1982

Ch. Villeneuve © Galerie Chave

en dépôt au Mamac, Nice

Page 24: ARTCOTEDAZUR N°8

24 L A V I E D E S A R T S A R T I S T e

Robert Malaval a marqué si profondément et

traversé de manière si fulgurante, telle une

super nova, son époque qu’il semble que cel-

le-ci n’ait pas eu vraiment le temps de l’ap-

précier à sa juste valeur. « Même pas mort ! »

titrait en 2005 « Beaux Art Magazine » suite

à la double exposition revival que lui consa-

craient le Palais de Tokyo et la Biennale de

Lyon. Il semble en effet que, comme un strige

Malaval qui a vampirisé son siècle et « conta-

miné » par la bande de la contre culture tant

d’artistes, revienne hanter la scène contem-

poraine. Quatre ans après l’exposition « Ka-

mikaze » qui témoignait du caractère insolite

et avant-gardiste de l'œuvre Pop torturée de

cet homme tout entier tourné vers l'art, c’est

le Musée des Beaux arts d’Angers qui a mis

ses cimaises au tempo de Robert Malaval du

13 juin au 25 octobre. A Vence où vit sa fille,

la Fondation Emile Hugues dans le cadre d’un

« tir croisé » avec la collection Chave présente, elle quelques œu-

vres clés de l’artiste niçois. Lorsque que l’on se penche sur le cas

Malaval, on découvre au-delà d’une œuvre hybride, insondable,

une trajectoire qui fait fi de tous codes. Malaval n’a pas brouillé

les pistes, il n’en a suivi aucune ! Une trajectoire singulière qu’il a

choisi d’interrompre d’une balle dans la bouche en pleine période

post punk, trois mois après le suicide de Ian

Curtis. Comme le chanteur de Joy Division

et d’autres avant lui, du Comte de Lautréa-

mont à Antonin Artaud, Robert Malaval,

s’inscrit dans cette veine de créateurs qui

inventèrent un langage, se vouèrent corps et

âmes à la quête de l’absolu et finirent dans

la toile qu’ils avaient eux-mêmes tissée. Et

rien n’évoque mieux une toile d’araignée

que « l’aliment blanc ». Un piège immaculé,

tentaculaire digne des hallucinations pandé-

mique d’un Cronenberg au cinéma, qu’il ins-

talla avant de visiter d’autres univers paral-

lèles. Un voyage qui emmena l’artiste de la

croûte terrestre pour finir par une embardée

sous la voûte où les étoiles jouent en boucle

leur petite musique de nuit.

Un aliment pour vos nerfs

Car dans l’œuvre de ce plasticien pluridisci-

plinaire la musique a toujours tenu une place

prépondérante confirme Mathilde, sa fille « Il était fasciné par le

son, il enregistrait tout dans la maison et dans la nature avec un

Revox. Vincent Epplay a compilé toutes ces bandes pour l’expo

du Palais de Tokyo. Il voulait faire des peintures comme sonne

un riff de guitare. En fait, il n’a jamais vraiment aimé la peinture.

Il préférait ses amis musiciens, il aurait aimé être une rock star,

Robert Malaval Aliment Blanc (pendule) 1960 © Galerie Chave, Vence 2009

Ci-dessus Portraits de Malaval, par Dominique Tarlé Robert Malaval, Période paillettes, 1974. Acrylique et paillettes sur toile, 100 x 81 cm

©A

dag

p

Page 25: ARTCOTEDAZUR N°8

25A R T I S T e L A V I E D E S A R T S

il en avait le charisme mais il était né avec les odeurs de l’atelier

de peintre de son grand-père dans la demeure familiale de Saint

Sylvestre » Ainsi à l'âge de 16 ans, Malaval découvre Gene Vincent

et Van Gogh, en même temps que les lambretta et les surréalistes.

Il commence à peindre. Après un séjour « initiatique » à Paris en

1956, il décide de revenir à la terre et s'installe dans les Basses

Alpes avec son épouse où ils élèvent des vers à soie. Est-ce sous

l’influence de cette magnanerie ou de celle des Carnavaliers niçois

(pour lesquels il dessinera quelques chars), mais dès 1961 Mala-

val s’attaque à des motifs en relief faits à base de papier mâché

accouchant d’une série d’œuvres fantasmatiques, d’un alien avant

l’heure, qu’un enfant qualifiera un jour « d’Aliment blanc » « C’est

après ma naissance et celle de mon frère qu’il s’est mis à déve-

lopper ce projet envahissant au sens propre comme au figuré. Il

ne faisait pas de la récup, tous les objets qu’il métamorphosait,

infectait, avaient une valeur personnelle : le violoncelle de ma

mère, le fauteuil de la tante, le cadre de l’oncle. Faire proliférer

cette mycose blanchâtre et fongicide sur des objets familiers, sur

lui aussi, c’était aussi sa façon d’exorciser sa peur de l’enferme-

ment. Farouchement indépendant, il refusait les étiquettes. Et s’il

fréquentait Ben ou Arman il n’aimait pas le label Ecole de Nice ni

l’attitude de certains envers le marché de l’art »

Sauvage et « collector »

Malaval était intransigeant avec lui-même comme avec ses congé-

nères plasticiens mais encore plus avec les galeristes, excepté

Alexandre de la Salle, Antonio Sapone (dont le beau-père tailleur

lui offrit son premier costume d’artiste) et qui avec la Galerie Cha-

ve soutinrent son travail « Il était entier, direct. Plus d’une fois il a

failli en venir aux mains avec des marchands qui auraient préféré

pour leur business que mon père ne change pas aussi souvent

d’univers créatif. Les seules personnes qui trouvaient grâce à ses

yeux étaient les rockers. Avec les Rolling Stones, il redevenait

comme un enfant » Un fan qui séjournera en 1971 dans la villégia-

ture azuréenne où le band sulfureux enregistrera l’album mythi-

que « Exile on the main street ». De la villa Nelcote à Villefranche

sur mer, il reviendra avec six lithographies réalisées à partir des

clichés de Dominique Tarlé, un ami photographe à qui l’on doit les

très rares images le montrant vivant au quotidien dans ce jardin

d’Eden avec les quatre « sympathisants du diable ». Malaval s’at-

tèlera aussi à un livre sur les Stones. Un livre volé et récemment

récupéré par sa fille « l’œuvre de mon père a été dispersée, es-

saimée entre collectionneurs. Aucun catalogue raisonné n’existe

à ce jour. C’est toute une aventure quand on veut regrouper son

travail. Des fois je me dis que cela n’est pas plus mal comme ça !

ça lui ressemble » Malaval est collector comme les vinyles avec

lesquels il se baladait. Il est d’ailleurs un des rares plasticiens à

avoir intégré la culture rock dans son œuvre comme dans sa vie.

Et à l’instar de Keith Richard, l’artiste avide de découvertes mettra

dans les seventies son corps à l’épreuve des paradis artificiels.

Comme Camping Gaz Flash, fut un clin d'œil à Jumping Jack Flash

« Ziggy Stardust » ou « Aladdin Sane » de David Bowie influen-

ceront ces dernières investigations. Ainsi, après avoir dessiné à

Germination d'un fauteuil Louis XV, 1963 Sculpture-objet 90 x 63 x 68 cm Fonds national d'art contemporain, en dépôt au Mamac, Nice

©A

dag

p

©A

Gal

erie

Chav

e

Ci-dessus (haut à gauche) Julia Lamboley, Adjoint du Patrimoine, Commissaire d'expositionsCi-dessus (bas à gauche) Projet de Char de carnaval à Nice (détail)Ci-dessus (haut à droite) Ch. Villeneuve © Galerie Chave, en dépôt au MAMAC.

Page 26: ARTCOTEDAZUR N°8

26 L A V I E D E S A R T S A R T I S T e

l’encre de chine d’étranges paysages lu-

naires et organiques puis des « pastels

vortex » qui renvoient à son autre passion,

Philippe K Dick, Lovecraft et la SF, Robert

Malaval prendra la direction des étoiles.

En 1973, il s’entiche d’un nouveau maté-

riau, les paillettes. De simples pigments,

ils deviennent sujets de toiles sur fond de

néant, de trous noirs, de sa fascination

pour les arcanes du temps et le cosmos.

Sa série « Poussière d’étoiles » comme un

oracle clame alors l’éphémère. Ultime pos-

ture d’un Dandy qui vivait sa vie en nuit

américaine ? « Mon père avait un physique

d’acteur, on le voit dans un film sur l’école

de Nice ou sur les portraits de Dominique

Tarlé. Il aimait le cinéma, 2001 l’Odyssée

de l’Espace, Soleil vert mais, ne pouvait

pas tenir en place dans une salle obscure.

En fait sa propre vie était un film ».

À partir de 1977, Robert Malaval dont l’hu-

meur s’obscurcit lorsqu’il n’invente pas

des formes nouvelles, d’antidotes à l’ennui

pour apaiser sa soif, s’intéresse à l’inconnu,

trop, comme à son habitude. Installé à Car-

rières sur Seine avec des amis musiciens,

à 43 ans, il réalise une œuvre en forme de

testament « Carte postale du fantôme » et

une dernière performance choc à Créteil

"Peintures-Express" qui fait couler autant de

peinture que d’encre. A ce stade comme dit

des Esseintes, le héros huysmanien de « A

rebours » « il ne lui restait plus que les pieds

de la croix ou la bouche froide du canon ».

Le 9 août 1980 alors que la scène punk épin-

gle le « no future », quand l’étoile des Clash,

brille sur le tee-shirt maculé de sueur de Joe

Strummer, celle poudrée d’escarmouches

scintillantes, a déjà emmené Malaval à mille

lieues de là, le temps d’un riff, d’un éclat, le

temps d’une comète…!

« Que l’homme comprenne la liberté de s’en

aller, là où il veut » Olderlin

Les années qu’il a vécues, Malaval les a vécues de façon brûlante, atypique. C’était un écorché vif, un volcan d’idée et d’inven-tion, un artiste aux mille facettes qui s’intéressait à beaucoup de choses et fut en avance de 30 ans sur ses contemporains. César, Arman l’estimaient beaucoup. Il vivait à cent à l’heure, travaillait jour et nuit sans règle de vie comme les autres, dans un petit local, fuyant les mondanités. Très ordon-né pour son travail, il ne l’était pas pour le reste.

On était très amis et dans ses moments difficiles il m’appelait, même parfois la nuit. On restait au télé-phone longtemps. Quand il s’est suicidé, j’étais en Italie. Pendant longtemps j’ai pensé que j’aurais pu faire quelque chose. L’annonce de sa mort fut un choc, j’en ai souffert. Aujourd’hui encore Mala-val me manque. A la ga-lerie on avait présenté en 1974 sa période paillette. Je me souviens lorsqu’il est revenu à Nice avec cette toile qui s’appelait « Je suis une étincelle ».

C’était très audacieux, à contre courant. Quand il est mort beaucoup sont venus pour acheter ses toiles mais je ne voulais pas les montrer. On aurait compris de son vivant le génie qu’il était, peut-être que les choses auraient pris un autre tour. Malaval avait une stature internationale, il aurait dû être au devant de la scène, son œuvre est plus que jamais d’actualité.

Antonio Sapone (galeriste, Collectionneur)

La première fois que j’ai vu Robert Malaval, c’était, en 1964, il arrivait à Vence avec sa femme et ses deux enfants dans un attelage tiré par un âne. Une vision incongrue, surréaliste. Il venait s’installer dans un appartement prêté par « le père Chave ». Très rapi-dement j’ai exposé ses des-sins et quelques pièces de ce qui demeure pour moi sa grande œuvre : l’Aliment blanc. Il m’avait raconté l’origine de ce projet artisti-que. Juste avant de revenir sur la Côte, il élevait dans les Basses Alpes des vers à soie qu’il gavait de feuilles de murier. Un jour ouvrant l’une des claies, il avait dé-couvert que les vers avaient littéralement explosés, « il y avait de la giclure blanche partout ! ». Cet incident l’avait profondément marqué. Robert Malaval était un garçon sensible, agréable, très intelligent, doué d’un humour causti-que. Il n’était pas du tout piégé par le système. Nous avons eu une relation infi-niment cordiale. Lorsque

je l’ai revu plus tard à Paris malgré son état physique qui s ‘était dégradé à cause de tous ses excès, il avait conservé cette lucidité. Parfois il venait chez moi à Pont du loup. Il me parlait de sa passion pour la BD et la Science Fiction, de l’écrivain Jean Ray et de « Malpertuis » qu’il venait de lire. Je n’ai jamais aimé les armes mais ma sœur m’avait offert un superbe 22 long rifle en bois doré. Malaval en était tombé amoureux et me suppliait de le lui vendre. Un jour, il a posé sur la table une de ses gouaches et je n’ai pas pu faire autrement que de céder. Lorsque j’ai appris son suicide avec ce type d’arme j’ai été bouleversé mais aussi très troublé. S’il ne fallait ne retenir que 3 ou 4 artistes de l’école de Nice il en ferait partie. Mais il était le seul qui brûla sa vie avec autant de passion à la manière des «Montpar-nassiens».

Alexandre de la Salle (Galeriste, collectionneur)

c’était un être volcanique, un visionnaire…

« Il y avait de la giclure blanche partout ! »

Robert Malaval, Projecteur 3D, Expérience tactile de l'image1965

Antonio Sapone et Robert Malaval, 1974 Nice - Galerie Sapone A la galerie Sapone, 1974

oM

Page 27: ARTCOTEDAZUR N°8

laissez-vous conter Grasse

Grasse vous ouvre ses portes, pour des visites découvertes animées par des guides conférenciers agréés par le ministère de la Culture.

Programme sur www.ville-grasse.frrubrique « sortir à Grasse »Tél. 04 97 05 58 36

son centre historiqueet ses hameaux

Page 28: ARTCOTEDAZUR N°8

28 L a v i e d e s a r t s a r t c o n t e m p o r a i n

Oui, il se passe des choses à Nice ! Et BOTOX[S] veut les rendre visibles

Pourtant, entre la ville et l’art, c’est une longue

et belle histoire d’amour. Parfois semée d’em-

bûches, mais qui se poursuit aujourd’hui,

plus que jamais. « Nous souhaitons que BOtOX[s]

serve à éveiller les consciences sur les problémati-

ques de l’art à Nice pour faire perdurer cette belle

histoire, indique Florence Forterre, la présidente de

BOtOX[s]. si nous ne faisons rien, les lieux dédiés à

la création contemporaine fermeront. » Un constat

amer qui a donné à quelques-uns de ces lieux la vo-

lonté de donner naissance, en 2007, à un réseau dé-

terminé à représenter de façon objective et profes-

sionnelle le monde de l’art contemporain. Une union

scellée par une première participation commune au

Printemps des Poètes, en mars 2007, en organisant

des conférences, lectures, performances sonores

et expositions. BOtOX[s] est unique en son genre,

puisqu’il réunit à la fois des associations, un centre

d’art, des musées nationaux et des galeries privées.

« Chacun des membres a des objectifs différents,

souligne Florence Forterre. il a donc fallu trouver des

points d’entente pour les mettre tous en avant. » La

philosophie est commune : « imaginer ensemble ce

que nous pouvons apporter à Nice et aux artistes ».

Chaque lieu demeure indépendant, garde son iden-

tité et sa programmation. Les intérêts de chacun se

retrouvent dans une communication conjointe et

l’organisation d’événements, en veillant toujours à

ne pas créer de concurrence entre les vernissages et

à proposer une offre complémentaire. autre ciment

du réseau : les membres se doivent de respecter une

charte par laquelle ils expriment leur engagement

personnel et sincère auprès du groupement. « afin

de mener à bien les ob-

jectifs de BOtOX[s], il

est nécessaire que les

différents lieux adop-

tent une politique de

diffusion, d’édition,

d’ouverture aux publics

et de soutien aux artis-

tes, avec production si

possible. » Ce dernier

point fait d’ailleurs par-

tie des développements

prévus dès cet automne.

il est bien connu que les arts plastiques sont les pa-

rents pauvres des pouvoirs publics… alors BOtOX[s]

compte bien mettre tout en œuvre pour trouver les

moyens de financer et promouvoir les artistes.

De la nécessaire professionnalisation des métiers de l’artL’association se réunit tous les mois pour faire le

point sur ses actions et ses projets et, une fois sur

deux, elle invite une personnalité du monde politi-

que ou économique afin de discuter de la meilleure

Le réseau de promotion d’art contemporain BOtOX[s] est né en 2007 de la volonté de 10 lieux d’exposition de défendre les intérêts des différents acteurs de la création actuelle à Nice. aujourd’hui au nombre de 12, les membres de BOtOX[s] entendent intensifier leur action, notamment en trouvant des moyens pour produire des artistes émergents.

Des collectionneurs qui trouvent plus valorisant d’acheter de l’art à paris ou Berlin, des galeristes qui s’expatrient, des artistes qui manquent d’ateliers… il n’est pas facile de vendre de l’art ou de vivre de ses créations à nice.

« »Si nous ne faisons rien, les lieux dédiés à la création contemporaine fermeront.

Page 29: ARTCOTEDAZUR N°8

29a r t c o n t e m p o r a i n L a v i e d e s a r t s

FS

façon de travailler ensemble. « L’art fait partie inté-

grante de l’activité économique de la Côte d’azur,

estime Florence Forterre. sa professionnalisation est

nécessaire car il s’agit d’un métier très nouveau, pas

forcément bien structuré. Mais, ici comme ailleurs,

il existe un certain tabou français

qui crée une rupture entre l’art et

le reste du monde. il n’y a donc pas

de réponse au niveau national. » et

de prendre le contre-exemple de

l’allemagne, de l’angleterre ou

de l’italie, où il existe une vraie

conscience politique du rôle de

l’art et où les entreprises s’impli-

quent dans le financement d’artis-

tes et d’événements. « Ouvrir au

public les structures artistiques, muséales ou autres,

c’est très bien, poursuit la présidente de BOtOX[s].

Mais cela ne suffit pas si l’on ne donne pas à la créa-

tion les moyens de travailler. »

Des actions d’envergure et ouvertesMais preuve qu’une prise de conscience collective

est peut-être en train de s’opérer : l’association a

reçu, pour la première fois cette année, des aides du

Conseil régional et de la ville de Nice. « Nous allons

pouvoir nous engager sur un projet ambitieux et

réaliste, comme une publication pour rendre compte

des choses, se félicite Florence Forterre, qui s’oc-

cupe aussi de del’art, newsletter trimestrielle recen-

sant les expositions de 40 lieux de la Côte. L’édition

d’un catalogue de BOtOX[s] d’une

année d’art sur la Côte d’azur

n’est pas à exclure. »

Le fil conducteur des actions de

BOtOX[s] est de faire sortir l’art

des structures du réseau afin de

le rendre plus visible encore. Le

réseau s’est fortement impliqué

dans des manifestations com-

me indisciplines, festival d’art

contemporain hors les murs initié

par le dojo, dont la 3ème édition s’est déroulée du

15 mai au 15 juin dernier dans toute la ville. Les visi-

teurs du soir ont également rencontré un vif succès :

une trentaine de lieux, appartements privés, ateliers,

restaurants, ont ouvert leurs portes au public pour

un parcours de nuit à la découverte d’artistes et de

leurs créations. des opérations qui devraient être re-

conduites en 2010, preuve que l’action de BOtOX[s]

n’est pas près de se figer…

Douze membres,des lieux

1] L’atelier soardi 2] Le dojo / del’art 3] espace à vendre 4] La Maison, galerie singulière 5] Les musées nationaux des alpes-Maritimes 6] La sous-station 7] Galerie sandrine Mons 8] Galeries municipales (galerie a. et galerie de la Marine) 9] Galerie Norbert Pastor10] La station11] La villa arson12] La villa Cameline / Maison abandonnée

en savoir plus

www.botoxs.fr

Mais, ici comme ailleurs, il existe un certain tabou français qui crée une rupture entre l’art et le reste du monde.

Feu de hune, œuvre de Lina Henten et Gaëlle Hyppolite produite par les galeries d’art contemporain de la ville de Nice dans le cadre d’indisciplines 2009. «Présentation de trois points de vue qui confrontent l’observateur à un monde réduit, énigmatique et offrent aux promeneurs du bord de mer une vision miniature et animée du paysage urbain.»

soirée projection cinéma dans les jardins du Parc Chambrun, une proposition de l'eclat et de la villa arson, dans le cadre d’Indisciplines.

Page 30: ARTCOTEDAZUR N°8

L a v i e d e s a r t s m U S i Q U e30

T o u r n e u r s

Musiques actuellesIls nous font tourner la têtevendre le spectacle d’un artiste, c’est la vocation du tourneur. Mais ce métier englobe aussi bien d’autres activités et se heurte à certaines difficultés spécifiques à la Côte d’azur. rencontre avec quelques acteurs incontournables des scènes émergentes de la Côte : Michel sajn (image Publique), Mickaël Carsenti (MC5), Benoît Géli (Panda 06 Production) et Yan degorce-dumas (Fonétiq).

De gauche à droite : Yan degorce-dumas (Fonétiq), Benoît Géli (Panda 06 Production) et Mickaël Carsenti (MC5).

© J-

Ch d

usa

nte

r

Page 31: ARTCOTEDAZUR N°8

31m U S i Q U e L a v i e d e s a r t s

Si au métier de tourneur ne corres-

pond aucun profil type, c’est tout

simplement parce que chacun a sa

façon d’exercer sa profession, dans toute

la diversité qu’elle représente. avoir un

bon réseau, entretenir une relation de

confiance avec les artistes et avoir du nez,

ou plutôt de l’oreille, pour miser sur le

bon cheval… autant de qualités toutefois

indispensables pour faire la différence sur

un marché très concurrentiel. Ce qui unit

aussi tous les tourneurs, c’est leur passion

indéfectible pour la musique, quelle qu’el-

le soit. « et notre obstination ! », s’amuse

Benoît Géli de Panda 06 Production, asso-

ciation créée en 2004. Car, comme toute

activité professionnelle, celle de tourneur

se doit d’être rentable. « si nous avons fait

le choix de monter une structure associa-

tive, c’est pour travailler en bonne intelli-

gence avec nos membres et partenaires,

mais aussi pour recevoir des fonds publics

afin de nous aider dans le développement

des musiques actuelles », poursuit Benoît

Géli. et ce n’est pas toujours aisé, même

si, selon lui, les musiques actuelles coûtent

moins cher que d’autres styles, comme le

classique ou l’opéra, voire les musiques

traditionnelles. simplement, l’enjeu électo-

ral est peut-être moins important… « C’est

très difficile de vendre de la culture, ren-

chérit Michel sajn, cogérant d’image Publi-

que. Outre les contraintes économiques,

nous sommes soumis à des pressions

d’ordre sécuritaire : nous devons veiller à

ce que tout se déroule bien pendant les

événements que nous organisons. » autre

difficulté : Michel sajn estime que la vraie

crise est culturelle. « C’est la culture qui fait

sens et entretient le lien entre les person-

nes, et elle n’est pas qu’artistique. Le vrai

créneau à prendre, c’est le populaire. sur

la Côte, on peut d’ailleurs miser sur du po-

pulaire glamour, en jouant sur l’image de

Cannes ou de Monaco. » Car les musiques

actuelles ont un peu de mal à trouver leur

place dans notre région. La promotion de

la musique traditionnelle y est plutôt bien

encouragée, accompagnée de son folklore.

Or, pour Michel sajn, « le folklore tue la tra-

dition ». et, surtout, la lutte entre les diffé-

rentes chapelles qui coexistent est parfois

absurde. « Ce qui éclaire nos choix, c’est

la révélation de ce qu’est notre région. Or,

on peut très bien manger des raviolis en

écoutant du jazz ! », sourit-il.

c’est quoi, en fait, un tourneur ?

Promoteurs locaux, sous-traitants de pro-

ducteurs, diffuseurs, organisateurs de

concerts, managers… difficile de savoir

vraiment qui fait quoi. « Le rôle du tour-

neur est de commercialiser le travail des

musiciens, explique Mickaël Carsenti, di-

recteur de MC5. L’autre façon de le faire

est via un support, et ça, c’est le rôle des

maisons de disques. »

Le tourneur vend donc le spectacle d’un

artiste, en lien direct avec les programma-

teurs de salles, dans le but de monter un

maximum de dates dans la tournée. Le plus

souvent, il est rémunéré en pourcentage

si nous misons sur des groupes émergents, c’est parce que nous souhaitons que les musiques actuelles se développent, mais aussi parce que nous avons envie de voir sur scène des artistes qui n’auraient jamais été programmés dans la région sans nous !

Gilles Peterson, dJ internationalement reconnu, en concert au Casino de Beaulieu-sur-Mer le 22 mai dernier, un soirée organisée par Panda 06 Production.

Ci dessus :Michel sajn et sa femme

© J-Ch dusanter

© Marc Huguenin - www.funk-fu.com

Page 32: ARTCOTEDAZUR N°8

32 L a v i e d e s a r t s m U S i Q U e

sur la vente du produit fini au promoteur

local. il négocie les contrats avec les salles,

avec les directions des affaires culturelles

des villes, les responsables de festivals,

gère les plannings, la logistique, recrute

les équipes techniques… il peut travailler

de différentes façons : en coréalisation, en

coproduction, en achat direct ou en promo-

tion locale. toutefois, le métier de tourneur

n’est pas reconnu en tant que tel, alors que

celui de producteur ou d’agent bénéficient

d’un cadre juridique bien défini.

Outre son flair, il se fie à ses coups de cœur

pour choisir ses artistes. « si nous misons

sur des groupes émergents, c’est parce

que nous souhaitons que les musiques

actuelles se développent, mais aussi parce

que nous avons envie de voir sur scène

des artistes qui n’auraient jamais été pro-

grammés dans la région sans nous !, admet

Benoît Géli. Ce serait terriblement frustrant

de ne pas aimer ce que joue l’artiste que

nous avons mis sur scène. »

Le tourneur connaît bien ses artistes. il sait

ce qu’ils peuvent accepter ou non en terme

de salle ou de rythme de tournée. « Notre

vraie valeur ajoutée, c’est d’avoir de bon-

nes idées pour vendre les artistes, les pré-

senter au mieux, au bon moment, indique

Mickaël Carsenti, et de pouvoir les associer

à d’autres artistes. »

manque de structures et isolement Pour autant, ce dernier estime que la Côte

d’azur n’est pas une région où il est facile

d’organiser des tournées. « Le plus sou-

très peu de stations de radio locales sont par exemple capables de diffuser tous les styles de musique. difficile alors pour le public de découvrir de nouvelles choses.

Face au succès grandissant du festival Les plages électroniques, à Cannes, une nouvelle structure a dû être créée pour gérer son organisation : Les Plages.

© Olivier simon - Photo Géovar

La philosophie des Plages electroniques, festival organisé depuis 5 ans par Panda 06 Production et Fonétiq, est de démocratiser les musiques électroniques avec un tarif maintenu à 5 €, un acte symbolique pour le grand public, plus que jamais confronté à une inflation des prix d’entrée des manifestations estivales.

© Christian Ferroni - Les Plages electroniques © Christian Ferroni - Les Plages electroniques

Page 33: ARTCOTEDAZUR N°8

33m U S i Q U e L a v i e d e s a r t s

vent, si nous voulons monter des dates

pour nos artistes, il faut qu’ils soient déjà

connus. » et de citer Brian auger et B-real

de Cypress Hill, deux artistes dont il s’oc-

cupe et qui ont joué l’été dernier à Nice. « en

revanche, nous faisons le plus souvent en

sorte que la première partie soit assurée par

un artiste local », ajoute Benoît Géli. « Nous

souffrons d’une certaine uniformisation des

médias, estime pour sa part Yan degorce-

dumas. très peu de stations de radio loca-

les sont par exemple capables de diffuser

tous les styles de musique. difficile alors

pour le public de découvrir de nouvelles

choses. » d’autant que les azuréens n’ont

pas forcément l’habitude d’aller au concert.

en cause ? Le manque de salles, notamment

à Nice. Pour assurer un meilleur maillage

dans la ville et amener la culture dans les

quartiers, et pas seulement en périphérie,

des projets sont en cours. « Les collectivités

doivent prendre conscience que les organi-

sateurs de spectacle sont de vrais moteurs

économiques et peuvent être fers de lance

dans le développement de l’urbanisme

commercial », affirme Michel sajn. Pour lui,

les salles de spectacle ont en outre un rôle

important de socialisation. « ici, nous nous

heurtons souvent à une forme de répression

nous interdisant de faire du « bruit ». il faut

pourtant éviter de faire un lien entre bruit et

violence. Celle-ci vient de la frustration liée

au manque de créativité de l’offre musicale.

C’est simple : il n’y a jamais de problèmes

à la sortie des lieux où la programmation

est de qualité, quelle que soit la population

qui les fréquente. » « La musique adoucit les

mœurs » ne serait donc pas qu’une simple

formule !

travailler de concertdernière contrainte qui rend difficile l’orga-

nisation de tournées à Nice : historiquement

isolée en regard du national, bien que cela

ait tendance à évoluer, la ville l’est égale-

ment géographiquement. « Nous sommes

situés dans un coin !, déplore Mickaël Car-

senti. Pour qu’un artiste international y soit

programmé, il faut qu’il soit très bien payé

ou que Nice soit une étape avant de se ren-

dre en italie ! »

afin de contourner ces difficultés, ces ac-

teurs de la scène azuréenne ont choisi de

travailler ensemble, en mettant en commun

leurs savoir-faire et compétences propres.

autour d’événements ponctuels, chacun en-

dosse tour à tour le rôle de producteur, de

directeur artistique, de promoteur… Le fes-

tival Cross Over, qui s’est déroulé en juillet

dernier, en partenariat avec la ville de Nice,

en est un parfait exemple. des artistes com-

me 2manydjs, Miss Kittin and the Hacker,

Washing Majazzz, Brian auger, dj Food, Ni-

colas Masseyeff, Ludovic vendi, atomart ou

No stress People se sont produits dans dif-

férents lieux de la ville. « La programmation

était dédiée au métissage des publics, des

professionnels, mais également des champs

artistiques : musiques émergentes, arts

plastiques, vidéonumériques… », indique

Yan degorce-dumas. Preuve qu’en local, le

collectif profite à tous.

© Christian Ferroni - Les Plages electroniques

Le festival Cross Over s’est déroulé du 28 au 30 juillet dernier à Nice et a réuni, dans sa mise en place, différents acteurs de la scène musicale local, en partenariat avec la ville de Nice.

Brian auger en concert au restaurant Chez simon, à Nice, dans le cadre du festival Cross Over, en juillet dernier.

© Marc Huguenin - www.funk-fu.com

FS

Page 34: ARTCOTEDAZUR N°8

34 L a v i e d e s a r t s g a l e r i e S

Des cimaises faites maison !

Les galeries ferment, les maisons rouvrent ! « singulières » ou « abandonnées », appartements ou villas, l’art contemporain a pris à Nice ses quartiers chez des particuliers, qui, s’ils ne sont que semi-profes-sionnels ne sont pas qu’à moitié passionnés. Utopie, épiphénomène, en attendant, ça marche !

la maison abandonnée : Des expositions dans le jus

« Papa est en haut, il fait des travaux, maman est en bas elle fait

des expos ! » pourraient fredonner les 4 enfants (Louise, thomas,

Bénédicte, sophie) de François et Hélène Fincker, heureux proprié-

taires de la villa Caméline. Une villa rebaptisée paradoxalement

depuis qu’elle est revenue à la vie : « la Maison abandonnée » !

Née en 1920 au flanc de Cimiez sur son versant ouest, à deux

pas de l’église Jeanne d’arc, la demeure de maître est sortie de

15 ans de sommeil en 2001 lorsque ce couple originaire d’alsace

décide de l’acquérir « Nous habitions juste à coté de cette maison

mystérieuse livrée aux squatters, pendant six ans elle nous a fait

les yeux doux. On a fini par craquer ». depuis, Hélène, attachée

de presse des Musées Nationaux de la Côte d’azur et son époux,

spécialiste en médecine nucléaire, restaure l’ancienne demeure de

maître avenue Montplaisir par petites touches en prenant soin de

ne pas gâter son jus « elle a été dessinée à la Belle epoque pour

un pâtissier niçois par l’architecte adrien reiss, qui a édifié éga-

lement la Chambre de Commerce de Menton et l’ecole Normale.

C’est le lieu où je me fais plaisir, ce qui permet à cette maison de

revivre autour d’événements artistiques de qualité. Nous y pas-

sons le plus clair de notre temps, mais nous n’y habiterons ja-

mais ! Pour nous, elle restera toujours un rêve d’enfant, la cabane

au fond du jardin !( rires) »

Une annexe de luxe avec ses 300 m2 sur trois niveaux, ses mou-

lures « meringuées » son envolée de marches à la française, son

jardin sauvageon piqué d’orangers et sa vaste terrasse à l’italien-

ne. et si ses propriétaires continuent de vivre dans leur ancien

domicile sur le terrain mitoyen, la Maison abandonnée ne l’est

plus pour tous ! Fort des 3 ou 4 expositions qu’Hélène organise

annuellement, elle est devenue un lieu d’art et de culture incon-

tournable qui brasse la création locale, des artistes étrangers com-

me le gotha des acteurs de l’art en région « Nous avons pendu

la crémaillère avec la station et reçu depuis des artistes locaux

comme Marc Chevalier ou stéphane steiner, d’autres venus d’al-

sace : Christophe Meyer, François Nussbaumer, le peintre Pascal

et si l’art plastique manifestait lui aussi le besoin de sortir de son ornière mercantile ou du moule muséal, de s’offrir des chemins de traverses. exposer dans des lieux non adaptés, s’exprimer en terrain neutre voire accidenté, le concept n’est pas nouveau. De tous temps des galeristes ont reçu chez eux des collectionneurs pour présenter leurs coups de cœur et de façon moins confidentielle, lola gassin à nice. certes on a vu des squats ou des friches de londres à Berlin drainer plus de monde que certaines galeries avec pignon sur rue, mais avec la maison abandonnée et la maison galerie singulière, deux « foyers des arts » à l’aise dans leurs cimaises improvisées, c’est encore un autre profil d’ac-cueil qui s’est imposé à nice, « une sorte de retour au communautaire sans le pathos » tient à préciser Jeremy Strauch, adepte d’un art contemporain qui n’hésite pas à briser sa coquille pour mieux se montrer

Maison abandonnée Hélène Fincker © J-Ch. dusanter

Page 35: ARTCOTEDAZUR N°8

35g a l e r i e S L a v i e d e s a r t s

Poirot, invité quelques semaines plus tard au Musée d’art Mo-

derne de strasbourg, la suissesse agnès dallenbach, le vidéaste

plasticien belge « Messieurs delmotte » en partenariat avec la ga-

lerie sandrine Mons » des rendez vous collectifs sont même nés

ici avec l’association le Labo sur le thème du cabinet (érotique,

névrotique, démocratique) présentant chaque année les œuvres

d’une trentaine d’artistes pour la plupart issus de la villa arson.

au printemps dernier, c’est le collectif « Und 5 » composé lui de

plasticiens autrichiens, allemands et hollandais qui venaient cour-

tiser la belle cendrillon. tous sans distinctions d’origine ou de

pratique se sont nourris de l’imaginaire de cette maison dont la

façade kitsch n’aurait pas dépareillé dans une opérette viennoise.

tous ont su composer avec ses murs vintage et tagués (séquelles

des années de squat), sa hauteur de plafond, l’éclairage de vieux

lustres en perles de verre, afin de créer une scénographie sur me-

sure, de s’approprier le lieu. Une règle du jeu à laquelle Catherine

Macchi, commissaire d’exposition qui œuvra à la villa arson puis

chez soardi s’est pliée aussi signant plusieurs expositions dont

au printemps encore celle du peintre Joao villhena. Même succès

lors de lectures ou happening organisés avec le poétesse Cécile

Mainardi (ex de la villa Médicis), Gérard Malanga (ex partenaire

d’andy Warhol), Joseph Mouton, l’écrivaine Maryline desbiolles ou

sophie taam ou encore lors de soirées privées relayant des événe-

ments locaux et nationaux. La dernière en date étant le concours

de design organisé chaque année par la Maison Malongo.

« Je souhaite faire partager mes goûts, mes passions tout en

ouvrant ce lieu à la création sans frontières » explique Hélène

qui entre son travail d’attachée de presse, l’organisation de ses

expos, son engagement avec l’association BOtOX et sa petite fa-

mille trouve encore le temps d’arroser son potager. Car la pas-

sion qui l’anime semble le meilleur des carburants. ainsi l’année

2010 verra dès les beaux jours se succéder aux murs de la Maison

abandonnée les photographies sur Berlin d’anne Favret et Patrick

Manez (south art) puis les œuvres de Michou strauch. Une artiste

qui n’est autre que la maman de Jérémie strauch, à l’origine d’une

autre maison pas vraiment close non plus…!

Maison abandonnée Hélène Fincker © J-Ch. dusanter

© J-Ch. dusanter

© J-Ch. dusanter

© J-Ch. dusanter© J-Ch. dusanter

Page 36: ARTCOTEDAZUR N°8

36 L a v i e d e s a r t s g a l e r i e S

la maison/galerie singulière : ça déménage !

« J’ai tenté d’échapper à l’art, il a fini par me rattraper » commente

avec un brin d’ironie Jérémie. enfant de la balle, né d’une mère

artiste proche de Fluxus, d’un père qui professa à la villa arson

et avec un beau-père directeur de l’école de Photographie d’ar-

les, il aurait pu emprunter l’itinéraire d’un enfant gâté. Mais avant

d’ouvrir en 2007 La Maison/galerie singulière qui n’est autre que

son propre appartement au 1er étage d’un vieil immeuble niçois,

Jérémie a passé son BaFa et suivi un parcours d’éducateur social

qui l’emmena de Nantes à Marseille puis à Nice. de retour au ber-

cail, il a 30 ans « La maison singulière est née spontanément, en

2006. Je cohabitais avec une amie qui exerçait le métier de mas-

seuse. afin d’animer le couloir qui servait de salle d’attente, j’ai

demandé à des copains dessinateurs ou peintres d’en décorer les

murs. Quelques semaines plus tard, on lançait une programma-

tion. sans le savoir, j’étais déjà victime de l’effet boomerang ».

en effet, le concept prend forme lorsqu’il est rejoint par diane Pi-

geau, alors assistante à la galerie Pastor et Charlotte Pavanello qui

exerce, elle à l’atelier soardi. « de mon coté j’avais pris la direction

artistique du Museaav, mais le désir de voler de nos propres ailes

fut plus fort. en 2007, réunissant nos compétences nous avons

décidé de donner carte blanche à des plasticiens afin d’investir les

80 m2 de la rue Offenbach. deux options au choix : le couloir et

le salon double vidé de son contenu offrant une sorte de white

cube alors que dans la salle de bain et la cuisine, l’accrochage

s’effectue en incluant le mobilier et la fonction de lieu de vie ».

Une formule à la carte qui séduit. Les expositions se succèdent

à un rythme qui ne sacrifie pas au diktat du calendrier mais sont

rythmées par les rencontres avec les artistes. en moins de deux

ans, la Maison accueille plusieurs expositions monographiques

(Jean-Baptiste Ganne, Benjamin Hugard, Frédéric Nakach etc).

des premières, parfois, mais toujours de savoureux moutons

à cinq pattes qui attirent de fins connaisseurs. des galeristes

comme Bertrand Baraudou (espace à vendre), ou d’éminents

responsables de lieux d’art tels Cédric teisseire (La station)

eric Mangion (directeur du Centre d’art de la villa arson) ou JM

avrila (ex directeur de l’espace de l’art concret) deviennent ra-

pidement des fidèles de cet espace à géométrie variable. « L’un

des atouts de ce terrain de jeu est de permettre aux artistes de

pouvoir tester leurs travaux ou de tenter des choses qu’ils ne

pourraient pas faire sous pression en galerie » explique diane.

aux cotés de cette nouvelle génération, la grande famille des

arts plastiques y compris celle proche de Jérémie est aussi in-

vitée. deux expositions collectives : « le 6 rue Fodéré » et celle

dédiée cet été à Jean dupuy et ses amis lui permettent de payer

son tribut familial « Pendant plus de 20 ans du côté du port, le

6 rue Fodéré fut un lieu de vie mais aussi de création intense.

Maison singulièreJeremie strauch

© J-Ch. dusanter

© J-Ch. dusanter

© J-Ch. dusanter

Page 37: ARTCOTEDAZUR N°8

g a l e r i e S L a v i e d e s a r t s 37

J’y habitais avec ma mère, j’avais huit ans et côtoyais Caminiti,

dolla, Baudoin. Quant à Jean dupuy, c’était aussi un proche,

enfant j’allais souvent à Pierrefeu dans l’arrière-pays niçois, où

il vit et travaille toujours » enfin celle organisée en décembre

2008 fut une dédicace aux artistes qui ont d’emblé soutenu le

projet. en ajoutant leur complémentarité (diane suit un cursus

de commissaire d’exposition), le trio épaulé par Jean-Charles

Michelet a fait de l’appartement un carrefour endémique de l’art

contemporain où tous se sentent chez eux, qu’ils soient conviés

à y exposer ou visiteurs. « Contrairement au dispositif de la

galerie classique, les gens viennent ici, entre amis, se lient fa-

cilement avec d’autres. Ce n’est pas qu’un lieu de monstration,

c’est aussi un lieu de partage où l’on aime s’attarder. aussi

afin d’éviter les embouteillages dans le couloir nous faisons

aujourd’hui deux vernissages au lieu d’un » ajoute Jérémie.

Ce lieu interactif n’a pas fini de fédérer car après l’exposition

automnale concoctée avec l’artiste alexandra Guillot « La mai-

son, galerie singulière » devrait encore élargir son cercle. Un

nouvel enjeu pour diane : « Nous avons exposé des artistes

parisiens comme eric Pougeau et tissé des liens avec des réseaux

à l’étranger. Pour éviter la monotonie, nous devons encore ouvrir

des fenêtres. dès cet automne nous partons prospecter en ita-

lie, slovénie et arménie. Nous envisageons des échanges avec

d’autres lieux qui fonctionnent comme le nôtre là-bas. C’est une

sorte de time share : Nous leurs donnerons carte blanche pour

investir la Maison à Nice, de notre côté nous irons chez eux pour

installer nos projets »

300 m2 dans une maison d’architecte ou 80 m2 dans un apparte-

ment niçois du cœur de ville, malgré leur différence de taille ces

deux lieux alternatifs (membres de l’association BOtOX aux côtés

de géants comme le Musée Chagall ou la villa arson) participent

au rayonnement culturel de Nice tout en obéissant à un régime

particulier. tout en reposant sur le bénévolat - aucun de ces deux

lieux régis en association n’a demandé de subventions - la notion

de plaisir entre artistes et occupants, s’impose comme la seule et

unique motivation. Les projets sont montés dans le partage des

idées, des frais comme des efforts. Jérémie comme Hélène avoue

d’ailleurs tirer de cet élan collectif, l’énergie nécessaire pour pour-

suivre l’aventure. enfin qu’il s’agisse de la Maison abandonnée

ou de la Galerie singulière, l’axe créatif est proche d’un travail

en résidence temporaire avec une contrainte supplémentaire pour

l’artiste : faire vivre un espace dans une dimension autre que celle

pour laquelle il est destiné. C’est pour toutes ces raisons que ces

habitations ouvertes à la « re-création » ont sûrement tant de suc-

cès, plus une, bien sûr sémantique car « Comment pourrait-on

songer une seule seconde, à s’ennuyer rue Offenbach ou dans une

avenue baptisée Montplaisir ? » om

diane et Charlotte

F. Nakach

© J-Ch. dusanter

© J-Ch. dusanter © J-Ch. dusanter

Page 38: ARTCOTEDAZUR N°8

38 l a v i e d e s a r t s d e s s i n

eusébi se fait les CedACalors dès le 12 octobre tous les CedaC de

Nice se mettront à la page d’eusébi. Un uni-

vers fantasmagorique, truculent, irrévéren-

cieux qui investira Nice en ses quatre points

cardinaux. les grand thèmes ont été déga-

gés en accord avec sa famille. a Cimiez, nous

accueillerons une rétrospective de l’ensem-

ble de son œuvre ! au CedaC terra amata,

« eusébi et Nice » à saint-antoine « eusébi et

le carnaval ». a la Costière « eusébi et le théâ-

tre » sera ponctué de représentations pour

les enfants. enfin à l’ariane nous déploierons

l’univers de la Carna-crèche concoctée avec

le CedaC afin de mélanger deux grandes tra-

ditions « Noël et le Carnaval ». de mon coté

j’ai continué à faire vivre la Carna crèche au

CedaC et au CUM dont je suis aussi la prési-

dente. Chaque année dans le cadre d’ateliers

de nouveaux sujets sont créés, si bien que

nous avons aujourd’hui à django reinhardt

une grande Carna crèche avec une dizaine

de santons, dont la nativité réalisée par

eusébi. il y aura aussi des affiches, des céra-

miques et des planches du journal « Barre à

mine » ou de son premier album « Caresses

d’écorcheur »

Cet événement sera l’occasion de lancer of-

ficiellement, l’association placée sous l’égide

de son fils raphaël « les amis de Jean-Marc

eusébi » présidée par alexandra Masson

et Olivier Bettati. Bref l’affaire eusébi

n’est pas

prête d’être

classée, une

bonne nou-

velle par ces

t e m p s

de grise

mine !

benvegut a eusebilanD (Made in Eusébi)Jean-Marc Eusébi nous a quittés voici trois ans, mais il est resté dans le cœur de tous ceux qui l’ont aimé dans « la Baie des Paradoxes ». Afi n de rendre hommage à cet attachant et prolixe dessinateur, auteur de pièces, créateur de presse et de chars de carnaval, le groupement des CEDAC de Nice accueille du 12 octobre au 27 novembre le meilleur et le pire de l’ex-travagant Monsieur Eusébi.

cet automne les CEDAC de Nice ont décidé de faire revivre l’un de leur plus fi dèle complice Jean-Marc

Eusébi. Alexandra Masson, présidente du groupement s’en explique « Jean-Marc Eusébi a réalisé dès 1988 les catalogues du CEDAC, graphismes, campagnes et affi ches. De notre côté nous avons soutenu bon nombre de ses aventures sur le papier de la Baie des Paradoxes à Emma ratatouille. Nous avons eu avec lui un vrai par-cours, une complicité active et cha-leureuse. Chaque fois que Jean-Marc avait un projet, il venait nous voir. On essayait d’offrir une lisibilité à son travail talentueux qui avait le don de fédérer les niçois de 7 à 77 ans sans distinction aucune »

JM eusébi

de son fils raphaël « les amis de Jean-Marc

eusébi » présidée par alexandra Masson

et Olivier Bettati. Bref l’affaire eusébi

n’est pas

prête d’être

classée, une

bonne nou-

velle par ces

t e m p s

de grise

mine !

Page 39: ARTCOTEDAZUR N°8

39d e s s i n l a v i e d e s a r t s

La caresse de l’écorchéil aurait su trouver les mots et le coup de

crayon pour nous parler de la crise, de la grip-

pe a ou de la mort de Michael Jackson. Jean-

Marc eusébi restera à jamais cet elfe sur-vita-

miné dont le regard bleu perçant était aussi

imprévisible que le ressac de Coco Beach, un

lieu où il aimait se ressourcer entre amis. Né à

Nice le 15 février 1962, ce fils d’agriculteur de

la vésubie a troqué très tôt la pioche pour le

crayon gras et le pinceau. dessinateur de Bd,

auteur dramatique, éditorialiste, graphiste de

publicité, enseignant en art et communica-

tion, imagier du Carnaval de Nice, quand on

demandait au « touche à tout inspiré » son

activité principale, il déclarait sans ambages

« la schizophrénie ! ». il aimait Matisse et rei-

ser, « la déconnante » pas vraiment light, la

provocation et la tendresse (dans cet ordre),

était capable de faire les 400 cents coups avec

les enfants qu’il rencontrait lors d’interven-

tions en milieu scolaire comme avec

les vieilles dames (indignes). Concep-

teur de chars et de 56 grosses têtes,

s’il regrettait parfois que les plus im-

pertinents de ces projets ne soient

pas retenus, son attachement au

pays demeurait : « Certains chars

partent au Japon, ce qui n’est pas

pour me déplaire car si je défends

l’identité niçoise c’est pour qu’elle sorte de

ses gongs et passe la frontière de la xénopho-

bie ». Mais les racines, ne lui suffisaient pas. il

voulait aussi les feuilles, des feuilles blanches

pour en faire voir de toutes les couleurs à ses

contemporains. Un travail, une mission qu’il

partagea avec quelques complices du cru :

louis Pastorelli (le Cd + Bd Coucou Cougour-

don) et Nux vomica (le Carnaval de Cougour-

don) Michel sajn (scène d’azur) Max denfer

("la Guerre des étals" Bd en édition bilingues

français-niçois), richard Cairaschi, Boccarossa

et tant d’autres….et à toutes fins utiles, l’ar-

tiste mettait les bouchées doubles. en 2003,

il signe le char du "roy de la com média" avec

"arleKing", l'un des plus grands mannequins

articulés du monde culminant à 15 m., adapte

pour la scène deux de ses Bd. en 2000 « Hôtel

Beau Potage » avec la Cie du théâtre Chou.

trois ans après "Carnavalloween" avec la Cie

Miranda. Mais freiné par la maladie, l’auteur

ne pourra achever le scenario tiré d’une pièce

en chantier « dillan Mahmoud, un beurre in

the mood ».

eusébi voyait tout en grand ou plutôt dans

les grandes largeurs de l’esprit. l’un de ces

premiers avatars de papier « Membror » en

témoigna de façon si cru et si efficace, que

cela valut au journal « Barre à Mines » de

comparaitre devant le tribunal de Nice. Mais

le brulot « bimestriel de contre-information »

monté avec Jack lalli, fidèle lieutenant, dé-

fraya si bien la chronique en 15 numéros qu’il

s’attira également les louanges de la presse

nationale et comparut cette fois très cathodi-

quement à Canal +. au-delà de l’attachement

qu’il suscitait auprès des femmes comme des

hommes (surtout des femmes !), eusébi était

indéniablement de la même trempe sangui-

ne et jubilatoire que les reiser ou vuillemin.

Que grâce lui en soit rendue encore pour très

longtemps !

emma la tomate

tion, imagier du Carnaval de Nice, quand on

demandait au « touche à tout inspiré » son

activité principale, il déclarait sans ambages

« la schizophrénie ! ». il aimait Matisse et rei-

ser, « la déconnante » pas vraiment light, la

provocation et la tendresse (dans cet ordre),

était capable de faire les 400 cents coups avec

les enfants qu’il rencontrait lors d’interven-

tions en milieu scolaire comme avec

les vieilles dames (indignes). Concep-

teur de chars et de 56 grosses têtes,

© J-Ch. dusanter

Page 40: ARTCOTEDAZUR N°8

40 l a v i e d e s a r t s d e s s i n

Des Discussions autour D'un verre, espérer un autre monDe, parler D'affiches, De spectacles, De l’un, De l'autre, re-boire un coup, raconter l'histoire, la dessiner pour mieux la faire vivre, parler de Nice, de son manger et de son boire, de son histoire qui est aussi la nôtre, de l'avenir. Cet "à venir" qui est venu trop vite, et ce vide qui s'est créé et qui dure. ton travail d'artiste nous reste, mais tu manques, Jean-Marc, tu me manques, eusébi.Richard Cairaschi Auteur, metteur en scène, acteur et humoriste

Jean Marc eusébi c'est l'urgence d'être et de vivre avec passion ses passions. il est toujours là pour moi, donc je parle au présent. Un hyper actif qui aime la Bd, le rock, le ciné, le bon vin et les femmes. Nos points communs d'une rencontre choc au (feu) cinéma le Balzac à Nice pour une soirée « ciné rock dédicace » pour laquelle il conçut l’affiche... dans la Bd, il aime reiser, vuillemin, et bien sur le journal Hara Kiri et Prof' Choron, tous incon-tournables ! de bonnes influences pour Jean Marc qui avec ses dessins et bulles t'emportent loin, dans ses délires, de la vie quotidienne. ses premières Bd « Cons d'hommes » (1986) et « Caresses d'écorcheur » (1988) sont un must de bon mauvais goût. et oui, il a un esprit fin, c’est un créatif infatigable, un génie ! dans sa vision de situations rocambolesques, il dérape vite, pardon il surfe à l'aise pour te faire plier en

4 !... de là à notre aventure avec « Barre à Mine » il n'y a qu'un pas... 25 ans d'amitié, d'échanges d'idées et de création de journaux, d’organisa-tions de concerts et d’événements (soirées rock et strip-tease, Convention du disque et de la Bd…). Mais c’est aussi et surtout plein de « fourres de rire ». Je n’ai jamais autant ris, et encore aujourd’hui en relisant ses planches... sa nissar-titude et son ancrage au païs nissart il en fait des prouesses artistiques pour le Carnaval de Nice, des chars et grosses têtes qui ne sont pas aux antipodes de son travail initial bien « destroy » mais une simple continuité et évolution ! Un homme de goût, quoi… !Jack Lalli Journaliste La Strada

eusebi c’est comme ça qu’on l’aime

Ben, alexandra Masson et JM eusébi

Page 41: ARTCOTEDAZUR N°8

41d e s s i n l a v i e d e s a r t s

deux années de souffrances. Jean-Marc, le temps ne doit pas effacer ton calvaire : l’oublier, ce serait te faire mourir une deuxième fois. Pourtant, tous ceux qui t’aiment, et ils sont légions, conservent d’abord tendrement ancré au cœur de leur mémoire ton sou-rire décapant et l’image de ta silhouette impertinen-te. ecorchée vive, railleuse et inventive. Parfois, elle semble se profiler parmi les hauts lieux du Comté de Nice au fil desquels tu déambulais, sans doute en quête du bonheur. Ces fiefs de la Nissartitude dont tu déclinais la diversité de manière si loufoque. Jean-Marc, grâce à ton crayon, tes créations sont là à portée de mains et de nos souvenirs. elles nous procurent la sensation qu’une part essentielle de ton être est encore parmi nous. là, au coin de la rue.Paul Barelli Journaliste, le Monde, le Petit Niçois

la Dernière fois que j’ai croisé ton regarD, éternellement bleu et chaleureux, tes yeux trahissaient le combat inégal que tu menais contre cette saloperie De cancer.

Ben, alexandra Masson et JM eusébi

Max denfer, richard Cairaschi et JM eusébi

JM eusébi et Metcuc

Page 42: ARTCOTEDAZUR N°8

42 l a v i e d e s a r t s d e s s i n

voilà qui –après l’effet de surprise - délaya nos plumes pendant quelques mois, réarmées par un esprit vengeur tombé tout droit d’un incontrôlable astéroïde pétaradant. la seule fois où Jean-Marc s’est tu (sur ordre), c’était devant la Cour, au tribunal de Nice, jugé pour ses crayonnés méfaits par de noirs corbeaux en

compagnie du pote lalli : magnifique et inoubliable plaidoirie en leur faveur de Me Borghini, happé par l’ambiance, qui ne tarda pas à s’égarer sciemment dans des références bibliques aux tendances

zoophiles… sans doute un peu trop près de Jean-Marc, le divin baveux, et l’ignominie bon enfant fut contagieuse, à

notre grand plaisir, avec ce fond de réflexion et de sagesse qui rendait toute parole glauque im-

parable. aux marches du Palais, tout juste le temps de fustiger quelques braves gens (qui n’aiment pas que…) et nous voilà

tous repartis derrière eusébi pour l’une de ces aléatoires bringues qui nous menaient souvent dans d’inconnus logis, où le verbe volait haut pour s’abattre en piqué sur l’hôte et ses invités, plus

ou moins bienveillants devant nos facéties les plus grasses. rien que du bonheur, partagé par un improbable gang d’artistes survolté par son gourou. Ca manque un peu d’épi-

ces, ces temps-ci…isabelle Auzias Rédactrice en chef de la tribune Côte d’azur

De jean marc eusébi, je garDe le souvenir ému (et craintif) D’une première et tonitruante rencontre la nuit tombée Dans les locaux De l’etenDarD, hebDo mal pensant qui se faisait un Devoir D’accueillir en ses murs le saignant barre à mine : Des christ à poil, Des chats gays, Des convictions aussi…

a gauche :JM eusébi en Février 2005 © O. Marro

jean marc c’était un regarD, un écorché amoureux De la vie, le passionné avec tout ce qu’il y a De Dérapages, plus ou moins contrôlés à la recherche du bonheur su-prême. il s’en est allé, comme il est terrible de manquer de temps, de ne pas profiter des moments les plus longs avec les êtres vivants, et s’apercevoir que le manque est crucial quand ils ne sont plus là. Jean Marc ne pouvait pas laisser indifférent, comme tous les artistes de ce monde il avait ce plus, cette flamme tout au fond des yeux, cette liberté inventive, cette création intempes-tive, cette verve acide. Que la nature est dure avec ceux qu’elle honore, et comme une force vengeresse, il fallait que le créateur s’en prenne tout d’abord à son corps, avant de nous l’ôter totalement..ahhhh c’est un fait cer-tain, ils doivent bien se fendre là haut avec toi Jean Marc. Bravo l’artiste, tes créations seront donc eternelles, le roi est mort, vive arleking, l’ecorcheur, emma, al capote et tant d’autres..F.Xavier CiaisDirecteur de la publication Art Côte d’Azur.

Page 43: ARTCOTEDAZUR N°8

43d e s s i n l a v i e d e s a r t s

et toi ! tu crois que l’on peut vivre 80 ans à 300 à l’heure ? et vas-y, Des banDes Dessinées, Du théâtre, Du jour-nalisme, le carnaval, et quel roi messire ! De la musique et même Des crèches !!! nom De D…tout, il faut que tu touches à tout et avec talent, en prime une imagination qui déborde comme une bière pression, tiens à pro-pos c’est le moment de piquer une tête au « Plongeoir » ! Jamais eu peur de te jeter à l’eau, franchement tu en fais un peu trop, dit, la « Baie des Paradoxes » cela ne serait pas autobiographique, par hasard ? Para-doxe, tu as écrit paradoxe, le provocateur timide, le survolté Zen, le foisonnement au cordeau, le décontracté besogneux, avec ton regard bleu laser, qui dissèque, scanne, contrôle, redoublé d’une écoute qui guette, qui traque chaque murmure en suspens, et à ce moment, ton analyse suraiguë va délivrer son verdict ; ça claque sec comme un coup de fouet, d’un dessin craché, d’une phrase reçue comme un uppercut, tout est là, une synthèse ciselée au scalpel : bravo Maestro !!! Un vrai travail d’écorcheur !Mais surtout quel pote, quel père, quel ami, quel amant !(cela s’est dit). en trois mots, mon très cher Jean-Marc, « tu es eUseBieN », et c’est parfait, puisque c’est comme cela que l’on t’aime. allez salut l’artiste !Jean-Charles dusanter qui a goutté à « La caresse de l’Ecorcheur »

au centre : JM eusébi et J.C. dusanter

Ci dessus : Jean-Marc eusebi

a gauche : alexandra Masson, JM eusébi, Max denfer et dominique estrosi

©tous crédits photos J-Ch. dusanter sauf photos p.42

Page 44: ARTCOTEDAZUR N°8
Page 45: ARTCOTEDAZUR N°8

45L i t t é R A t u R e l a v i e d e s a r t s

«Sea » c’est fait, « sex », ça vient, à quand

le soleil ? les editions Gilletta égraine-

raient-elles leur parution au rythme du

refrain de Gainsbourg « sea, sex and sun ». Non,

plus sérieusement inscrire le sexe au menu de la

Côte, l’idée émoustille d’autant que « cela n’a jamais

été fait », confirme les auteurs, Bertrand roussel et

Faustine sappa qui ont répondu au sOs lancé par Gil-

bert Grisoni « il aura fallu exactement 9 mois pour

accoucher du bébé ! » explique Faustine.

On veut bien le croire car ce pavé de 176

pages est une véritable encyclopédie qui

ne se lit pas d’une seule main. « la Côte

d’azur vue du sexe » c’est tout ce que

vous avez toujours voulu savoir sur eros

au soleil sans jamais oser le demander et

tout en s’amusant « Nous avons essayé

d’aborder sous cet angle universel une

région qui a la réputation d’être sulfureu-

se. Méritée ou pas ? Ce n’est pas l’objet

de ce livre qui se veut une sorte d’inven-

taire à la Prévert, débridé et à 360 ° pour

évoquer tout ce qui touche de près ou de

loin sous ce climat tempéré aux choses

brûlantes du sexe et de l’amour » alors

comment va-t-on la déguster, Bertrand

cette salade niçoise…bien relevée ?

Culture sexe« Nous avons opté pour une forme ludi-

que, un abécédaire en 26 lettres, chacune

étant illustrée par Patrick Moya, pour 26 mots choisis

de a comme amour à Z comme zygomatiques, parce

que c’est bien connu le sexe ça fait rire ! » poursuit,

l’œil qui frise cet archéologue et historien habitué à

d’autres fouilles mais qui n’a pas froid aux yeux (il

a signé un ouvrage sur la Production du feu) « On

s’est aperçu qu’en progressant dans les lettres, cela

devenait de plus en plus hard. On commence avec

Cet obscur objet… de la Côte d’Azurencore un baptême pour Gilletta/Nice-Matin ! après avoir publié cet été « Carnet de voiles latines », leur premier ouvrage sur la mer, voilà que les éditions lancent un ouvrage inédit « la Côte d’azur vue du sexe ». et si les niçois qui n’ont pas le pied marin, avaient l’esprit beaucoup plus leste ?

©Je

an-P

ierr

e a

met

Page 46: ARTCOTEDAZUR N°8

46

amour, Contraception,

désir et on finit par so-

domie, turlutte et Uro-

philie ». « Nous avons

voulu aborder le sexe en

frontal, mais sans vulga-

rité sur une note d’hu-

mour, décomplexée, dé-

calée. » rajoute Faustine

qui de son côté a sévit

dans la presse et tenu

une rubrique dans la re-

vue « Union » avant de

signer le ‘bricolage pour

les Filles’. Malgré leurs

parcours divergents,

nos deux aspirants ès

« sex on the beach » ont

un point commun : ils

se sont connus enfants

en arles, leur ville natale

et filent aujourd’hui le

parfait amour à Nice. Un

regard complice mascu-

lin/féminin qui permet

d’ouvrir bien des portes

dérobées. a commen-

cer par les coulisses du

patrimoine nissart: « su-

cette » une grande figure

de la prostitution de Papa qui œuvra jadis dans le

quartier de Notre dame, l’enseigne « interna Melio-

ra » (a l ‘intérieur, c’est le meilleur) que l’on peut

encore lire au fronton d’une maison place vieille

qui fut l’une des maisons closes les plus prisées du

Comté. sans oublier bien sûr le Morou di Carras,

c’est-à-dire « le Maure de Carras » (va-t’en voir un

peu le Morou di Carras ) réputé pour la monstruosité

de son appendice auquel on pouvait, si l’on en croit

la rumeur, arrimer plusieurs pointus. et ne vous de-

mandez plus pourquoi, ni où ni comment un beau

jour le bel apollon de la place Masséna s’envola, la

réponse est dedans. Mais on y trouve aussi en rayon

des articles plus neufs comme cet étonnant gode-

miché en or créé par un bijoutier érotique à saint

laurent du var d’une valeur de 45 000 euros (faut

l’amortir !) à remplir d’eau pour se réchauffer ou se

rafraîchir selon la saison, ainsi que des myriades

d’artistes avec bizarreries : Une culotte à poils, les

investigations de Metcuc, une artiste performer qui

a prouvé, jusqu’ au cœur de la galerie Ferrero qu’elle

n’avait rien à cacher, les photos nus de culturistes

prises par Mr Ferrero himself, « « v.drey » qui, avec

son complice musicien schulz animent des soirées

sM « électro-bondange » les dums dum boys, fa-

meux rockers alternatif niçois qui s’illustrèrent dans

un film X « Porno vista » dont ils signèrent la BO,

plus de 70 ans après que fut tourné à la victorine,

« la sultane de l’amour », l’un de ces premiers films

« olé olé » qui défraya la chronique.

Live chauds et bons tuyauxMais l’autre attrait de cette encyclopédie friponne

et exhaustive est d’avoir donné la parole à des azu-

réens, connus ou anonymes. Près d’une centaine

en live chaud « Certains ont refusé, d’autres ont

accepté de nous parler librement comme Patrick

Mottard ou Gaston Franco. souhaitant brasser aussi

large que le sujet, nous avons invité aussi bien la

présidente de « Ni putes ni soumises » à l’ariane

que la dame du Négresco, Jeanne augier qui a tenu

a dénoncer les dérives de la zoophilie » au fil de ces

pages rythmée par les lettrines espiègles de Moya

on y découvrira aussi le procureur eric de Montgol-

fier évoquer le racolage actif et passif, eve ruggieri

louant tous ces artistes qui confondirent Beaux arts

et sex appeal, Frère Benoit, le point de vue de l’ec-

clésiaste, eric Zemmour, journaliste et chroniqueur

à la télé donnant lui sa version du vacancier en go-

guette. Mais aussi des étudiants, des Quidams, tous

âges confondus. « Comme on a tous un sexe dès

que l’on parle de cul, forcément ça fédère ! Nous

nous adressons sans distinction à tous. Ceux qui vi-

vent la Côte comme à ceux qui la visitent et avons

inclus un recueil de bonnes adresses testées, pour la

plupart ». Une riche idée pour redonner une seconde

virginité à cette destination phare » Une région clas-

sée deuxième spot pour l’échangisme après Paris, et

où le club 54 fait figure de pionnier. « Mais au fait,

savez-vous qu’il y des fresques kamasoutra dans la

vallées des merveilles et que l’avortement est encore

interdit à Monaco ? » vous croyez connaître la Côte

d’azur de a à Z ? en parcourant ce bestiaire vous

vous rendrez compte que malgré vos heures de vols

vous n’êtes encore qu’un novice.

« la Côte d’azur vue du sexe » à découvrir au salon

du livre de Mouans-sartoux et au salon de l’erotisme

à Nice.

l a v i e d e s a r t s L i t t é R A t u R e

©Pa

tric

k M

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OM

Samedis 3, 10, 17 et 24 octobre 2009 à 14h30au Palais de l’Europe

Samedis 3, 10, 17 et 24 octobre 2009 à 14h30au Palais de l’Europe

Science &Conscience

LA BIOÉTHIQUE :ENJEUX ET PERSPECTIVES

Philippe BasXavier LacroixJean LeonettiJacques Testart

La Citédes Hommes

QUEL MONDEAPRÈS LA CRISE ?

Jean-Paul BetbezePascal BonifaceBernard Guetta

Samedi 17 octobre

Rencontres sur les Origines

L’HOMME EST-ILL’ABOUTISSEMENTDE L’ÉVOLUTION ?

Jean-Claude AmeisenHenry de LumleyMarie-Christine MaurelMichel Vervoort

Quelle Philosophie pour notre Temps ?

LE BONHEUR OU LA QUÊTE DE SOI

Pascal BrucknerRobert MisrahiJean Salem

Samedi 24 octobreSamedi 3 octobre Samedi 10 octobre

Con f é r e n c e s - d éba t s - E n t r é e l i b r e 04 92 41 76 76 - www.men ton . f r/ c o l l o q ue s

Ci-dessus :seins ©valérie arboireau

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Samedis 3, 10, 17 et 24 octobre 2009 à 14h30au Palais de l’Europe

Samedis 3, 10, 17 et 24 octobre 2009 à 14h30au Palais de l’Europe

Science &Conscience

LA BIOÉTHIQUE :ENJEUX ET PERSPECTIVES

Philippe BasXavier LacroixJean LeonettiJacques Testart

La Citédes Hommes

QUEL MONDEAPRÈS LA CRISE ?

Jean-Paul BetbezePascal BonifaceBernard Guetta

Samedi 17 octobre

Rencontres sur les Origines

L’HOMME EST-ILL’ABOUTISSEMENTDE L’ÉVOLUTION ?

Jean-Claude AmeisenHenry de LumleyMarie-Christine MaurelMichel Vervoort

Quelle Philosophie pour notre Temps ?

LE BONHEUR OU LA QUÊTE DE SOI

Pascal BrucknerRobert MisrahiJean Salem

Samedi 24 octobreSamedi 3 octobre Samedi 10 octobre

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